5.4. Les données utilisées et
propriétés statistiques des variables
Les données utilisées sont des séries
chronologiques qui couvrent la période de commercialisation de 1980
à 2006. Les données utilisées proviennent de
différentes sources qui sont essentiellement : DSID, FAOStat
(productions annuelles, prix aux producteurs), IFDC (prix des engrais),
annuaire statistique de la BCEAO (pluviométrie moyenne annuelle). Tous
les prix ont été déflatés par l'indice des prix
à la consommation togolaise de la DGSCN, pour obtenir les prix
réels de chaque produit.
Les estimations d'offre agricole à partir des
séries chronologiques sont généralement influencées
par le temps et les résultats économétriques obtenus
malgré les coefficients de détermination (R2) et de
Student-Fisher élevés, ne sont pas fiables à cause de
l'hypothèse implicite irréaliste d'une offre agricole cible fixe
basée sur des anticipations stationnaires. Cette absence de
vérification préalable de l'hypothèse de
stationnarité limite la validité des résultats
économétrique dans le contexte de la modélisation
dynamique du comportement d'optimisation (Hallam et Zanoli, 1993
cité par Koffi-tessio, 1997).
Disposant pour cette étude des données
chronologiques, il s'avère donc indispensable de tester la
stationnarité des variables du modèle avant sa
spécification.
Une variable est dite stationnaire si ces
caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il
existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une
variable chronologique, notre étude retient le test de racine unitaire
de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Les résultats du test sont
reportés dans le tableau
5.5. Résultats empiriques
5.5.1. Test de
stationnarité
Le tableau 5.1 montre qu'au seuil de 5 %, le test de
stationnarité de Duckey-Fuller Augmenté indiquent que toutes les
variables sont non stationnaires en niveau (ADF>0,05) à l'exception
de la variable pluviométrie qui est I(0) (ADF<0,05). Aussi, les
statistiques de l'ADF montrent-elles que les variables sont stationnaires en
différence première, elles sont donc intégrées
d'ordre 1.
Toutes les variables n'étant pas d'un même ordre
d'intégration, une relation cointégrante ne peut donc pas exister
entre elles. De ce fait, Il n'y a pas de relation de long terme entre les
variables du modèle d'offre, puisqu'une relation de cointégration
est une relation de long terme.
Tableau5.1 : Test de racine unitaire de
Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)
|
En niveau
|
En Différence
|
Variables
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
logY
|
1
|
-1
|
-2,98
|
1
|
-3,87
|
-2,99
|
logp
|
0
|
-2,4
|
-2,97
|
1
|
-3,94
|
-2,99
|
logPe
logPl
|
0
0
|
-2,3
-4,96
|
-2,97
-2,97
|
0
1
|
-6,14
-5,30
|
-2,99
-2,99
|
Note : le nombre de retards est défini
à partir du critère d'information d'AIC.
L'offre de riz au Togo sera estimée en
considérant les relations de court à travers à partir du
Modèle à Correction d'Équilibre (MCE).
5.5.2. Modèle à correction d'erreur
(ECM)
Le modèle à correction d'équilibre permet
de prendre en compte l'ajustement qui s'opère à court terme en
vue de rétablir l'équilibre de long terme.
L'estimation du MCE porte sur des variables calculées
en différence. Dans le cas de cette étude, les variables sont en
différence première.
Le MCE est formulé de la manière
suivante :
où :
est l'impact immédiat ou de court terme de
sur ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique181.png)
est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la
période antérieure entre et ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique185.png)
est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de
l'écart par rapport à l'équilibre.
L'estimation du modèle à correction d'erreur est
présentée dans le tableau 3.2 suivant.
Tableau 5.2 : Résultat de l'estimation du
modèle à correction d'erreur (modèle de court terme)
Dependent Variable: DLOGY
|
Method: Least Squares
|
Date: 09/09/08 Time: 18:07
|
Sample (adjusted): 1983 2006
|
Included observations: 24 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
DLOGY (-1)
|
0.172074
|
0.182490
|
0.942923
|
0.3582
|
DLOGP
|
-0.191478
|
0.225499
|
-0.849129
|
0.4070
|
DLOGPE
|
0.761351
|
0.260563
|
2.921950
|
0.0091
|
DLOGPL
|
0.706838
|
0.265141
|
2.665895
|
0.0158
|
DV
|
0.031366
|
0.051736
|
0.606277
|
0.5519
|
E(-1)
|
-1.393085
|
0.290746
|
-4.791418
|
0.0001
|
R-squared
|
0.701124
|
Mean dependent var
|
0.063529
|
Adjusted R-squared
|
0.618103
|
S.D. dependent var
|
0.269029
|
S.E. of regression
|
0.166254
|
Akaike info criterion
|
-0.538284
|
Sum squared resid
|
0.497526
|
Schwarz criterion
|
-0.243770
|
Log likelihood
|
12.45940
|
Durbin-Watson stat
|
1.236906
|
Source : Auteur
Le modèle à correction d'erreur est
validé puisque le coefficient de l'erreur du déséquilibre
est à la fois négatif et significativement différent de 0.
Il correspond à la force de rappel. De plus, le modèle est stable
dans le temps puisque le coefficient de la variable retardée
estimée à 0,17 est inférieur à l'unité.
Toutes les variables exogènes considérées expliquent
l'offre du riz local à 62 % ( =0.62).
5.5.3. Commentaire des
résultats
Le coefficient d'ajustement évalué à 0,83
montre une capacité très faible d'ajustement du secteur rizicole.
Ainsi, les nouvelles productions sont très inférieures à
celles désirées par les riziculteurs. En effet, plusieurs
facteurs interviennent pour limiter les objectifs de production rizicole au
Togo. Ces facteurs sont essentiellement d'ordre économique, puisque
l'inexistence de crédit dans la filière ne permet pas aux
producteurs de faire face à leurs dépenses d'exploitation que
sont surtout les dépenses d'acquisition d'intrants (engrais, semences
améliorées, etc.). Aussi, le résultat de l'estimation
montre que les producteurs ne tiennent-ils pas compte de la production
antérieure pour ajuster leur production actuelle, puisque le coefficient
de la variable retardée de l'offre n'est pas significatif.
L'analyse menée sur la base d'élasticités
permet de relativiser les effets individuellement estimés par rapport au
niveau moyen de la variable dépendante et de la variable explicative
correspondante. L'élasticité de court terme de l'offre du paddy
par rapport aux prix réels au producteur est de -0,19. Bien que les prix
réels au producteur aient connu une baisse moyenne de 1 % par an
entre 1980 et 2006, l'offre du riz local n'a pas baissé puisque la
valeur de l'élasticité est négative. Ce résultat
qui semble être contradictoire à la théorie montre en fait
que le riz en tant que produit alimentaire est principalement produit au Togo
pour l'autoconsommation. De ce fait, ce n'est que le surplus
dégagé de cette autoconsommation qui entre sur le marché
pour être vendue. C'est ainsi que pour répondre aux besoins
alimentaires en riz de leur famille sans cesse croissante depuis 1980, les
riziculteurs augmentent leur production de riz sans tenir vraiment compte de
l'évolution à la baisse du prix au producteur.
Par ailleurs, il est remarqué que
l'élasticité l'offre de riz par rapport aux prix au producteur
évalué à -0,19 est inférieur à
l'unité en valeur absolue, ce qui montre que l'offre de riz par rapport
aux prix au producteur est inélastique et confirme l'hypothèse
selon laquelle les facteurs prix influencent très peu l'offre de riz au
Togo. En effet, de nombreux autres facteurs interagissent en priorité
sur la production avant que ce ne soit le caractère incitatif du prix
(Combe 1999).
L'élasticité de l'offre par rapport au prix de
l'engrais est estimée à 0,71 alors que le prix réel des
engrais a connu une hausse moyenne de 7 % par an. Dans cette logique, une
hausse des prix réels des engrais entraîne une hausse de l'offre
de 0,71 ce qui n'est pas le cas en réalité. D'ailleurs, cette
assertion est contraire à la théorie. Ce résultat peut
être expliqué par rapport à l'environnement dans lequel
évolue l'offre de riz au Togo. En effet, dans les trois zones
écologiques de production rizicole au Togo, la riziculture de bas-fond
et celle pluviale représentent respectivement 65 % et 10 %.
Dans ces zones de production, l'engrais est peu ou pas utilisé (SOFRECO,
1996). Bien que l'utilisation de l'engrais soit essentiellement pour
l'obtention de bons rendements à l'hectare, la plupart des riziculteurs
soit l'utilise en petite quantité soit ne l'utilise pas. Les
riziculteurs n'ont pas le capital nécessaire pour faire face à
leurs dépenses d'exploitation. Même en riziculture irriguée
comme dans celle de la vallée de Zio, les riziculteurs sont
confrontés à ce même problème de crédit en
intrant et surtout pénurie d'engrais. Ceci explique d'ailleurs les
faibles rendements de riz observés au Togo (1,40 à
2,75 kg/ha). Ainsi, l'une des contraintes majeures à la production
rizicole au Togo est la pénurie d'engrais et l'absence de Crédit
Agricole (Agbogbli et Tétévi, 2004). L'on comprend alors que les
riziculteurs togolais sont indifférents à une augmentation du
prix de l'engrais puisqu'ils ne l'utilisent pratiquement pas sinon en petite
quantité.
Les élasticités de court terme de l'offre de riz
paddy par rapport au prix au producteur et au prix de l'engrais sont
présentées dans le tableau 3.3 ci-dessous.
Tableau 5.3 : Élasticité de court et
de long terme des variables prix
Élasticité
|
Court terme
|
Offre/prix au producteur
Offre/prix de l'engrais
|
-0,19
0,71
|
Source : Auteur
Les résultats montrent une forte variation de l'offre
de riz paddy par rapport à la pluviométrie,
l'élasticité étant évaluée à 0,71.
Ainsi, une augmentation dans les niveaux de pluies de 1 % induira
l'amélioration des rendements de l'ordre de 0,71 %. C'est dire que
l'offre de riz au Togo est encore très dépendante de la
pluviométrie.
5.6. Conclusion
À la lumière des résultats obtenus
ci-dessus, il ressort que : (i) les prix au producteur interviennent
très peu dans l'explication de l'offre du riz local au Togo, ceci
pourrait être dû à la faible variation de ces prix au
producteur ; (ii) le résultat contraire de
l'élasticité de l'offre du riz paddy par rapport au prix de
l'engrais peut s'expliquer par la très faible utilisation de l'engrais
dans la filière riz au Togo ; (ii) l'offre du riz au Togo est
très dépendante de la pluviométrie.
Tous ces éléments d'analyse permettent de
conclure que les facteurs non prix (facteurs institutionnels, facteurs
socio-économiques, etc.) sont plus déterminants que les facteurs
prix dans l'offre du riz au Togo. Il convient donc de jouer plus sur les
facteurs non prix que les facteurs prix dans l'élaboration des
politiques de relance du secteur rizicole au Togo.
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