CHAPITRE V :
ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE L'OFFRE DE RIZ
LOCAL AU TOGO
5.1. Base théorique
Sur le plan théorique, cette recherche s'appuie sur la
théorie de la firme pour dériver la fonction d'offre du riz
local. Cette théorie stipule que le producteur tend à maximiser
son profit économique, c'est-à-dire la différence entre le
revenu reçu par l'entrepreneur (producteur) et tous les coûts
supportés (Goffin, 1993).
Les revenus et les coûts dépendent des
activités de l'entreprise ; qui peuvent être des
activités de production courante, l'acquisition des facteurs de
production, la publicité, etc.
En supposant que la technologie du producteur est une fonction
de production, , fonction dans laquelle est le vecteur de variables de quantités produites, x
est le vecteur de variables de quantités d'intrants et z le
vecteur des facteurs fixes. Les facteurs variables sont
généralement la main-d'oeuvre, les engrais, les semences, les
pesticides... Quant aux facteurs fixes, ils peuvent être la terre, les
équipements, les infrastructures, les services de vulgarisation, le
climat, l'accès au marché (Tannon, 2004).
Si est le coût total des intrants et p le prix du produit,
le profit ð, du producteur est
(1)
(*) indique la transposition de
vecteur.
Le profit ainsi calculé est un profit
« restreint», car seuls les coûts des facteurs variables
sont déduits des recettes totales.
Le producteur est sensé choisir la combinaison des
quantités d'intrants à utiliser et des quantités de bien
à produire qui maximise son profit étant donné son niveau
de technologie.
sous contrainte (2)
La solution à ce problème de maximisation est un
système composé des fonctions d'offre de produit et de demande
d'intrant comme suit :
et (3)
En substituant ces expressions dans la définition du
profit, l'on obtient, une fonction de profit, qui est le profit maximum que
peut obtenir le producteur étant donné le niveau de prix et p ; des facteurs fixes disponibles z ;
et la technologie de production :
(4)
Il existe une correspondance unique entre la fonction de
production et la fonction de profit. Toutefois, cette correspondance ne peut
pas toujours être établie analytiquement (Sadouet et de Janvry,
1995).
Selon Tannon (2004), le concept de la fonction de profit dans
la détermination de la réponse de l'offre, bien que rigoureuse,
parce que respectueux de la théorie économique, comporte quelques
difficultés. Selon cet auteur, il n'est pas possible de
déterminer la fonction de profit des producteurs, car les données
pour y arriver sont difficiles à obtenir ; surtout dans les pays en
développement. Aussi poursuit-il, dans l'usage de ce concept, les
mécanismes de la formation des attentes des prix et de l'ajustement
partiel de la production ne sont pas suffisamment prises en compte.
Les agents producteurs n'ont pas nécessairement des
comportements synchroniques, mais retardés (Koffi-Tessio, 1997). Le
cadre dynamique est donc celui approprié pour analyser ces
comportements.
Pour les besoins de l'analyse, deux cas seront
examinés : le modèle d'ajustement partiel et le
modèle d'anticipation adaptative.
5.1.1. Modèle d'ajustement
partiel
Selon Koffi-Tessio (1997), la rigidité des institutions
ou des structures ne permet pas à l'offre désirée de se
réaliser en une seule période. Ainsi, l'offre peut être
formulée de la manière suivante :
(1)
Où :
, est l'offre désirée au temps t et, est la variable explicative de l'offre au temps t, et les paramètres estimés et le terme de l'erreur. Comme n'est pas connu, l'équation ne peut être estimée par
la méthode des Moindres Carrés Ordinaire (MCO). En revanche, (offre observée) est connue ; une relation peut donc
être spécifié entre et telle que :
0 (2)
Où :
est le coefficient d'ajustement
Par substitution de (1) dans (2) on obtient un
modèle simplifié de Koyck de la manière suivante :
ou avec ; et
L'équation peut donc être estimée par la
méthode des MCO.
5.1.2. Modèle d'anticipation
adaptative
Dans cette spécification, les valeurs de la variable
à expliquer sont fonctions des valeurs, non pas observées d'une variable
explicative, mais des valeurs attendues, telles que :
(1)
où est la valeur prévue de la variable explicative. , n'est pas connu ; néanmoins, une hypothèse sur peut être spécifiée (anticipation adaptative),
soit :
, avec 0 (2)
où est le coefficient d'anticipation. En développant
l'équation (2), on obtient :
(3)
En remplaçant dans l'équation (1), on obtient un modèle à retards
échelonnés :
(4)
À partir d'une transformation de Koyck, on obtient la
formulation autorégressive suivante :
(5)
Le modèle peut être donc estimé
économétriquement.
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