UNIVERSITE DE LOME
N°d'ordre
08/03/AE
ECOLE SUPERIEURE D'AGRONOMIE
BP : 1515
LOME-TOGO
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique1.png)
MEMOIRE
Présenté en vue de l'obtention du grade
d'Ingénieur Agronome
OPTION : AGROECONOMIE
Par
KOMBATE Tchabletienne
THEME :
Demande du riz importé, demande et offre du
riz produit localement au Togo : une étude
économétrique.
Soutenue publiquement le 30 juin 2008 devant la commission
d'examen composée comme suit :
Président : Prof. Kako NUBUKPO,
enseignant-chercheur à la FASEC
Directeur de mémoire : Prof.
Egnonto KOFFI-TESSIN, enseignant-chercheur à l'ESA
Superviseur : Dr. Aliou DIAGNE,
économiste à l'ADRAO
Examinateur : Dr. Yaovi SAMLABA,
enseignant-chercheur à l'ESA
REMERCIEMENT
Ce mémoire est une première consécration
de longues études commencées à l'école primaire
catholique Jean Paul II à Lomé. Le thème de cette
étude est la demande de riz importé, demande et offre de riz
produit localement au Togo. Ce sujet traite des déterminants de l'offre
et de la demande du riz au Togo. Sa principale contribution réside dans
l'utilisation des modèles économétriques pour analyser les
comportements de demande et d'offre du riz.
Cette étude a permis non seulement de renforcer nos
capacités en analyse microéconomique, mais aussi d'avoir une
connaissance en économétrie comme outil d'analyse quantitative et
qualitative des comportements des agents économiques. Au-delà de
ces connaissances, elle a permis de vérifier que l'endurance, la
persévérance et l'humilité sont très
déterminantes pour tout travail de recherche. Tous ces acquis n'eut
été qu'illusion sans la contribution de nombreuses personnes
auxquelles nous voudrions profiter de l'occasion pour remercier.
Nous exprimons notre profonde gratitude au directeur
général de l'ADRAO, Dr. Papa SECK ainsi que tout son personnel
pour nous avoir permis de bénéficier d'un stage dans leur
institution. Spécialement, que le Dr. Aliou Diagne, le promoteur de ce
travail trouve ici l'expression de notre reconnaissance.
Nous voudrions dire également un grand merci au Pr.
KOFFI-TESSIO qui nous a apporté tout le confort technique indispensable
à la réalisation de cette étude. Son sens de
responsabilité, sa rigueur dans le travail, son énorme potentiel
scientifique ont été gracieusement mis à notre disposition
durant toute la période de l'étude. Aussi fut-il pour nous un
grand honneur de faire notre premier pas dans la recherche à ses
côtés. Nous lui restons infiniment reconnaissants.
Nous voudrions dire un grand merci au Prof. Kako NUBUKPO pour
avoir accepté présider le jury d'évaluation, malgré
son emploi du temps très chargé : merci également au
Dr. Yaovi SAMLABA, de faire parti du jury d'évaluation.
Nous remercions également tout le personnel du
Laboratoire de Recherche sur la Pauvreté et la Sécurité
Alimentaire Durable (LARPSAD), spécialement Mme ADJOH Sophie pour sa
grande gentillesse et amabilité.
Nos remerciements s'adressent également au Dr.EVLO,
chef de département d'économie à la FASEG. C'est lui qui
nous a initiés à l'économétrie, outil quantitatif
qui nous a servis à modéliser les comportements des producteurs
et consommateurs du riz au Togo. Que M. TCHAMDJA qui nous a appris à
utiliser EVIEWS trouve également ici notre reconnaissance.
Qu'il nous soit aussi permis de remercier toutes les personnes
qui ont d'une manière ou d'une autre contribué à la
réalisation de ce mémoire. Merci à mes parents, mon
père feu KOMBATE Lenga, ma mère KOMBATE Larba pour tous les
efforts consentis à notre éducation ; un grand remerciement
à mon oncle Ogamo BAGNA pour son soutien financier et moral. Merci
également à mes frères et soeurs, mes amis de promotion,
spécialement KPERIM Tabone, TSOGONNIN Komi, TAKPA Gnantoulouma pour tout
le chemin parcouru ensemble, pour leur soutien et leur compréhension. Je
ne s'aurais terminé ces remerciements sans penser à ma
chérie ZAGLAGO Davy, merci pour ta patience et compréhension.
Merci à Dieu.
SOMMAIRE
|
|
Remerciement
|
ii
|
Sommaire
|
iv
|
Liste des tableaux
|
vi
|
Liste des figures
|
vii
|
Listes des sigles et abréviations
|
viii
|
Résumé
|
ix
|
Abstract
|
x
|
Introduction
|
1
|
CHAPITRE I : CADRE GÉNÉRAL DE
L'ETUDE
|
|
1.1.
|
Problématique
|
4
|
1.2.
|
Objectifs de l'étude
|
6
|
|
1.2.1.
|
Objectif général
|
6
|
|
1.2.2.
|
Objectifs spécifiques
|
6
|
1.3.
|
Hypothèses de l'étude
|
6
|
|
1.3.1.
|
Hypothèse générale
|
6
|
|
1.3.2.
|
Hypothèses spécifiques
|
6
|
CHAPITRE II : REVUE DE LA
LITTERATURE
|
|
2.1.
|
Définition de quelques concepts
|
9
|
|
2.1.1.
|
Production et offre
|
9
|
|
2.1.2.
|
Demande et consommation
|
10
|
|
2.1.3.
|
Élasticités
|
11
|
2.2.
|
Déterminant de la demande des produits alimentaires
|
13
|
2.3.
|
Déterminant de l'offre des produits agricoles
|
14
|
2.4.
|
Problématisation de la construction des modèles
d'analyses
|
17
|
|
2.4.1.
|
Présentation générale du modèle
multi-marché
|
17
|
|
2.4.2.
|
Problèmes liés au cadre théorique
|
17
|
|
2.4.3.
|
Problèmes liés à la modélisation
économétrique
|
18
|
|
2.4.4.
|
Choix de la forme fonctionnelle du modèle empirique
|
18
|
2.5.
|
Présentation des travaux empiriques
|
22
|
CHAPITRE III : DESCRIPTION ET ANALYSE DE LA
FILIÈRE RIZ AU TOGO
|
|
3.1.
|
Description sommaire
|
26
|
3.2.
|
Évolution de la production, des besoins et des
importations de riz au Togo
|
27
|
3.3.
|
Analyse de la production et de la consommation de riz au Togo
|
29
|
|
3.3.1
|
Production du riz au Togo
|
29
|
|
3.3.2.
|
Consommation du riz au Togo
|
37
|
3.4.
|
Échanges de riz au Togo
|
38
|
|
3.4.1.
|
Importations
|
38
|
|
3.4.2.
|
Exportations et les réexportations
|
40
|
CHAPITRE IV: ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE
LA DEMANDE DE RIZ
|
|
4.1.
|
Base théorique
|
43
|
4.2.
|
Choix de la forme fonctionnelle du modèle
|
45
|
4.3.
|
Données utilisées et propriétés
statistiques des variables
|
48
|
4.4.
|
Résultats empiriques
|
48
|
|
4.4.1.
|
Test de stationnarité
|
48
|
|
4.4.2.
|
Test de cointégration.
|
49
|
|
4.4.3.
|
Test de validation du modèle de long terme
|
50
|
|
4.4.4.
|
Modèle à Correction d'Erreur
|
50
|
|
4.4.5.
|
Commentaire des résultats.
|
52
|
4.5.
|
Conclusion
|
54
|
CHAPITRE V: ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE
L'OFFRE DE RIZ LOCAL
|
|
5.1.
|
Base théorique
|
53
|
|
5.1.1.
|
Modèle d'ajustement partiel
|
54
|
|
5.1.2.
|
Modèle d'anticipation adaptative
|
55
|
5.2.
|
Choix de la forme fonctionnelle du modèle
|
56
|
5.3.
|
Spécification du modèle empirique
|
58
|
5.4.
|
Données utilisées et propriétés
statistiques des variables
|
58
|
5.5.
|
Résultats empiriques
|
58
|
|
5.5.1.
|
Test de stationnarité.
|
58
|
|
5.5.2.
|
Modèle à Correction d'Erreur
|
59
|
|
5.5.3.
|
Commentaire des résultats
|
60
|
5.6.
|
Conclusion
|
63
|
CHAPITRE VI : CONCLUSIONS ET
RECOMMANDATIONS
|
|
6.1.
|
Conclusion générale
|
64
|
|
6.1.1.
|
Sur le plan des résultats empiriques
|
64
|
|
6.1.2.
|
Sur le plan de la démarche méthodologique
|
65
|
|
6.1.3.
|
Sur le plan des politiques agricoles et commerciales
|
66
|
6.2.
|
Recommandations
|
66
|
|
6.2.1.
|
Sur le plan technique et empirique
|
66
|
|
6.2.2.
|
Sur le plan de la démarche méthodologique
|
67
|
|
6.2.3.
|
Sur le plan des politiques agricoles
|
67
|
BIBLIOGRAPHIE
|
68
|
ANNEXE
|
73
|
LISTE DES TABLEAUX
|
|
Tableau 2.1 :
|
Les différents types
d'élasticité-prix
|
12
|
Tableau 2.2 :
|
Classification des biens
|
13
|
Tableau 3.1 :
|
Situation des surfaces irriguées et irrigables en
hectare
|
31
|
Tableau 3.2 :
|
Évolution des montants des crédits
octroyés par l'OSAT dans le
périmètre irrigué de la vallée du
Zio
|
35
|
Tableau 3.3 :
|
Évolution des superficies cultivées et de la
production dans la zone
UEMOA en 2006
|
35
|
Tableau 3.4 :
|
Évolution de la consommation apparente par habitant de
1990 à 2006
|
37
|
Tableau 3.5 :
|
Évolutions des réexportations de riz au Togo de
2000 à 2006
|
41
|
Tableau 4.1 :
|
Test de racine unitaire de Dicker-Fuller Augmenté
(modèle avec constante)
|
48
|
Tableau 4.2 :
|
Test de stationnarité des résidus de la
relation de long terme
|
49
|
Tableau 4.3 :
|
Relation cointégrantes (modèle de long
terme)
|
50
|
Tableau 4.4 :
|
Test d'autocorrélation et
d'hétéroscédasticité
|
50
|
Tableau 4.5 :
|
Résultat de l'estimation du modèle à
correction d'erreur
|
51
|
Tableau 4.6 :
|
Élasticités de long terme et de court terme de
la demande de riz au point moyen des observations
|
52
|
Tableau 5.1 :
|
Test de racine unitaire de Dicker-Fuller Augmenté
(modèle avec constante)
|
59
|
Tableau 5.2 :
|
Résultat de l'estimation du modèle à
correction d'erreur
|
60
|
Tableau 5.3 :
|
Élasticité de court et de long terme des
variables prix
|
62
|
LISTE DES FIGURES
|
Figure 3.1 :
|
Évolution de la production du riz paddy au Togo par
région
de 1990 à 2005
|
26
|
Figure 3.2 :
|
Évolution de la production, des besoins et des
importations de riz
au Togo de 1987 à 2006
|
27
|
Figure 3.3 :
|
Évolution du prix réel au producteur du riz
paddy de 198 à 2006
|
33
|
Figure 3.4 :
|
Évolution des superficies cultivées de riz au
Togo de 1980 à 2006
|
36
|
Figure 3.5 :
|
Évolution de la production du riz paddy et
décortiquée au Togo
de 1990 à 2005
|
37
|
Figure 3.6 :
|
Évolution du bilan vivrier au Togo de 1990 à
2006
|
39
|
Figure 3.7 :
|
Évolution des importations de riz au Togo de 1990
à 2006
|
40
|
LISTE DES ABREVIATIONS
AIDS : Almost Ideal Demand System
BADEA :
Banque Arabe pour le Développement Economique en
Afrique
BCEAO : Banque Centrale des
États de l'Afrique de l'Ouest
CRAL : Centre de Recherche
Agricole du Littoral
DSID : Direction de la
Statistique de l'Information et de la Documentation
DGSCN : Direction
Générale de la Statistique de la Comptabilité Nationale
ESA : École
Supérieure d'Agronomie
FASEG : Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion
FAO : Food and Agriculture
Organisation
FCFA : Franc des
Communautés Françaises d'Afrique
FSD : Fond Saoudien de
Développement
ITRA : Institut Togolaise de
Recherche Agronomique
LES : Linear Expenditure System
MCO : Moindre Carrée
Ordinaire
MCG : Moindre Carrée
Généralisée
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
OSAT :
Observatoire pour la Sécurité Alimentaire au
Togo
PIGLOG : Price Independent
Generalized log Linearity
RESIMAO : Réseaux des
Systèmes d'Information des Marchés Ouest africaine
ROPPA : Réseaux des
Organisations paysannes des Producteurs d'Afrique
SOFRECO : Société
Française d'Etude et de Conseil
TEC : Tarif Extérieur
Commun
UEMOA : Union Économique et
Monétaire Ouest Africain
RESUME
Le riz est devenu un aliment de grande consommation pour les
populations ouest-africaines. Mais depuis un certain moment, il se
développe autour de cette denrée un certain nombre d'enjeux.
Ceux-ci d'ordre politique, économique et social relancent le
débat d'un approvisionnement domestique de plus en plus important et
surtout d'une adéquation de cette offre locale à une demande qui
est aujourd'hui satisfaite en grande partie par des importations massives. Il
s'avère alors nécessaire de connaître les facteurs qui
influencent l'offre actuelle du riz local et les facteurs qui expliquent la
demande du riz importé et du riz local afin d'agir sur ceux-ci. La
présente étude qui s'inscrit dans le cadre des travaux de fin
d'études d'agroéconomie et intitulée
« demande du riz importé, demande et offre du riz produit
localement au Togo » vise cet objectif.
Afin d'atteindre cet objectif, les déterminants de
l'offre et de la demande de riz au Togo sont analysés à l'aide
des élasticités calculées à partir des
paramètres estimés de différents modèles
économétriques. Le modèle d'offre de Nerlove sous
l'hypothèse d'ajustement partiel est utilisé pour évaluer
les déterminants de l'offre du riz. La demande du riz importé et
du riz local est modélisée à l'aide du modèle
Almost Ideal Demand System (AIDS) au deuxième stade d'un
processus de maximisation de l'utilité.
Les différentes élasticités
conditionnelles calculées sont théoriquement et statistiquement
significatives. Il apparaît que la demande du riz importé est
très élastique, faisant de cet aliment un bien de luxe parmi les
deux types de riz considéré. Par contre, le riz local est un bien
normal et l'augmentation de sa demande dépend à la fois de
l'accroissement du revenu et de la hausse du prix du riz importé. Il est
également apparu que le riz local et le riz importé sont
substituables. Cependant, cette substitution ne sera efficace que si des
mesures de qualité sont prises pour rendre le riz local plus
compétitif sur le marché togolais.
Dans le cas de l'offre du riz, les résultats ont
montré que l'offre est très peu influencée par les
facteurs-prix, en occurrence par le prix d'achat au producteur. Concernant les
facteurs non-prix, la dévaluation et la pluviométrie ont eu une
influence positive sur l'offre du riz local au Togo. D'une manière
générale, la contribution des facteurs-non-prix dans
l'explication de l'offre du riz local est plus forte que celle des
facteurs-prix. Il convient donc de jouer plus sur les facteurs non prix que les
facteurs-prix dans l'élaboration des politiques de relance du secteur
rizicole au Togo.
Mot-clé :
Demande, offre, élasticité conditionnelle, facteur-prix, facteur
non-prix, utilité, qualité.
ABSTRACT
Rice has become a food of big consumption in West Africa. But
since a certain moment, some challenges are being developed around this staple
food. These challenges which are political, economic and social order throw
back the debate, of an increasing domestic provision and especially adequacy of
this local supply to a demand that is satisfied largely by the massive imports.
Thus, it is necessary to know factors that influence the actual supply of local
rice and factors that explain the demand of the imported rice and local rice,
in order to act accordingly. The current study titled «Demand of rice
imported, demand and supply of rice produced locally in Togo'' is a
partial requirement for the fulfillment for the Degree of Agricultural
Economist ".
To reach this objective, the behavior of Togolese rice
producers and consumers are analyzed using the elasticities calculated from the
estimated parameters of different econometrics models. The Nerlove supply model
under the hypothesis of partial adjustment is used to modeless the behaviors of
rice producers. The demand of imported rice and local rice are analyzed using
the Almost Ideal Demand System (AIDS) at the second stage of utility
maximization process.
The calculated elasticities are theoretically and
statistically significant. It appears that the demand of imported rice is very
elastic, making this food luxury among both types of rice considers. On the
other hand, the local rice is the normal good and the increase of its demand
depends at the same moment on the increase of the income and on the increase of
the price of the imported rice. However, this substitution will be efficient if
measures of quality are taken to make the local rice more competitive on the
Togolese market.
In the case of the supply of local rice, the results showed
that the supply is little influenced by price factors, in occurrence by the
cost price to the producer. Concerning no prices factors, the devaluation and
the pluviometry have a positive influence on the supply of the local rice in
Togo. In general, the contribution of prices factors, in the explanation of the
supply of local rice is more important than the one of prices factors. To
develop viable policies for rice sector in Togo, it is important to emphasize
on no prices factors than factors prices.
Key words: Demand, supply,
elasticity, prices factors, no prices factors, quality, utility.
INTRODUCTION
Troisième céréale la plus produite au
monde après le blé et le maïs, le riz occupe une place
importante dans les systèmes alimentaires ouest-africains. Il se
distingue des autres produits vivriers de base par l'accroissement rapide de sa
consommation et par la dépendance accrue qui en résulte
vis-à-vis du marché mondial. Les importations représentant
en moyenne la moitié de la consommation totale de riz (Lançon et
al, 2002).
La consommation apparente moyenne par habitant pour l'ensemble
de la zone CEDEAO, qui était inférieure à 12 kg par
an durant les années 1960 est passée à plus de 27 kg
au cours de la dernière décennie (Lançon et al,
op.cit). Cette forte croissance de la demande à laquelle la
riziculture ouest-africaine n'a pas pu répondre immédiatement a
entraîné donc une vague d'importation massive. Cependant, des
efforts fuient fournis pour relancer la production rizicole. Le riz ayant
mobilisé une large part, sinon la quasi-totalité des moyens
publics alloués au développement des productions
vivrières. Mais tous ces efforts ont été compromis par les
politiques de libéralisation et de privatisation dans l'application des
ajustements structurels au niveau des systèmes alimentaires.
Les années 1990 sont ainsi marquées par une
libéralisation des importations de riz dans l'ensemble des pays de la
sous-région ouest-africaine. Selon les prometteurs de cette politique,
les changements qu'entrainent cette libéralisation, notamment les
changements des prix relatifs devraient produire les incitations
nécessaires à la relance de la production vivrière locale
et à la reconquête des marchés urbains (Lançon et
al, op.cit). Selon Lançon (2001), le
démantèlement des institutions publiques d'intervention et de
contrôle des filières devait permettre le renforcement ou
l'émergence d'un secteur privé qui assurerait une meilleure
adéquation entre l'offre locale et la demande urbaine sur la base d'une
économie de marché revitalisée. Force est de constater
aujourd'hui que ces mesures furent un grand échec, non seulement pour la
filière riz, mais aussi pour toutes les filières agricoles en
Afrique.
Ainsi, « Le maintien de la part des importations
dans l'approvisionnement des consommateurs ouest-africains plusieurs
années après la mise en place des premières mesures de
libéralisation des filières rizicoles témoigne des limites
des stratégies de libéralisation comme cadre de relance de la
riziculture ouest-africaine» (Lançon et al, 2002).
Certes, la mise en place de ces réformes a coïncidé avec une
baisse des cours mondiaux du riz qui a rapidement annihilé les gains de
compétitivité escomptés suite à la
dévaluation Dawe (2002). Cependant, il apparait plus qu'évident
que la libéralisation est la cause majeure du déficit
rizicole ; parce qu'elle a entraîné une importation massive
de riz. Ce qui constitue une concurrence déloyale face à la
riziculture locale du fait que la plupart du riz importé reçoit
une certaine subvention à l'exportation au niveau des pays producteurs.
Face à tous ces constats, il est apparu indispensable
de définir une politique de protection des marchés
régionaux pour une relance des filières importantes. Mais
l'adoption du niveau du TEC par l'UEMOA en janvier 2001 et récemment par
la CEDEAO semble compromettre davantage l'avenir des grandes filières
naissantes, en particulier la filière riz dans la zone ouest
africaine.
Aussi, selon Lançon et al (2002), qu'elles
reposent sur une stratégie productiviste d'intensification ou sur une
régulation par le marché, les limites des politiques de
développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest sont-elles
inhérentes à une conception qui n'a pas pris en compte les
exigences des producteurs et des consommateurs et l'incidence de la
qualité sur la compétitivité des riz locaux et
importés sur les marchés urbains.
Loin de traiter les questions de la
compétitivité des riz locaux et importés sur les
marchés togolais ; cette étude se propose d'étudier
à travers les élasticités calculées à partir
des modèles économétriques appropriés, les
déterminants de l'offre du riz local et les déterminants de la
demande du riz.
Le mémoire comprend six (6) chapitres (i) le cadre
général, (ii) la revue de la littérature, (iii) l'analyse
de la filière riz Togo, (iv) l'analyse économétrique de la
demande de riz au Togo, (v) l'analyse économétrique de l'offre de
riz au Togo, (vi) les conclusions et recommandations.
CHAPITRE I :
CADRE GÉNÉRAL DE L'ETUDE
1.1. Problématique
La production vivrière en Afrique de l'Ouest est
essentielle pour assurer la sécurité alimentaire. Or l'offre
locale des pays africains ne permet pas toujours de couvrir en totalité
les besoins des populations. En effet, les systèmes de production
existants sont de faibles performances et ne répondent pas toujours aux
besoins de la croissance alimentaire. Cette croissance est due essentiellement
à la forte augmentation de la population africaine.
Le continent qui représente 14 % de la population
mondiale connaît actuellement les plus fortes croissances
démographiques mondiales ; par exemple, la population
ouest-africaine (29 % de la population du continent) enregistre un taux de
croissance proche de 3 % par an, passant d'un effectif total de 40
millions d'habitants en 1930 à 290 millions en 2005. Cette dynamique
devrait se poursuivre au cours des prochaines décennies : la
population de l'Afrique de l'Ouest pourrait atteindre 430 millions d'habitants
à l'horizon 2020 et dépasser le demi-milliard autour de 2040 (FAO
et CSAO, 2007). Cependant, le fait le plus marquant est celui de la croissance
très rapide de la population urbaine en raison de l'exode rural. Cet
effet de l'urbanisation croissante combiné à celui de la hausse
des revenus dans les villes africaines (David-Benz et al
2004); a eu pour conséquence majeure le changement des modes de vie
et de comportements alimentaires, lesquels changements ont porté la
demande alimentaire principalement sur les produits d'importation1(*), et notamment sur le riz.
Le riz longtemps considéré comme l'aliment de
base des pays asiatiques est devenu l'une des denrées les plus
demandées par les ménages africains. Plus que la production, la
demande en riz des pays africains connaît une augmentation très
importante. Cette demande croît en Afrique de l'Ouest au taux de 6 %
par an, plus que la croissance démographique et plus vite nulle part
ailleurs au monde (David-Benz et al, 2004) ; alors que la
production intérieure ne couvre qu'environ 60 % de la demande des
populations (RESIMAO, 2007).
Cette forte demande faiblement comblée par l'offre
intérieure s'est immédiatement traduite par un accroissement
très rapide des importations. Plus de 40 % de la consommation de
riz en Afrique de l'Ouest est importée, ce qui représente environ
2,75 millions de tonnes/an (Barris et al, 2005) et constitue
d'importantes pertes de devises pour la sous région ouest-africaine.
Selon les estimations de la FAO, si rien n'est fait les projections pour 2020
font état d'importation de l'ordre de 6,4 à 10,1 millions de
tonnes (Barris et al, 2005 ; ROPPA, 2005)2(*).
Cette forte dépendance de l'Afrique pour le riz
importé est une menace réelle pour son économie, sa
souveraineté alimentaire et pour la paix sociale au regard du contexte
actuel de l'environnement rizicole. En effet, l'environnement mondial du riz
connaît aujourd'hui de grandes mutations : les stocks mondiaux
diminuent, les importantes superficies rizicoles en Asie se transforment en
parc industriel et zones de résidences à cause du
développement industriel et de l'urbanisation très rapide dans
les grandes régions productrices du riz, les tendances actuelles des
prix sont à la hausse.
Ces changements structurels en cours en Asie et sur le
marché mondial du riz vont compromettre à court et long terme
l'approvisionnement du riz des pays africains sur le marché mondial. Il
y a donc de graves risques de pénuries de riz dans les villes
africaines. Aussi, l'étroitesse du marché international3(*) et l'augmentation structurelle
de la consommation en riz dans les principaux pays producteurs asiatiques
laissent-elles prévoir une tension croissante dans le domaine de
l'approvisionnement des pays ouest-africains dont la demande va continuer de
croître. Par ailleurs, la faible capacité de ces pays à
générer des ressources par les exportations pour financer leurs
importations laisse penser qu'à terme une grande crise de
sécurité alimentaire menace toute l'Afrique.
Face à cette situation, l'Afrique doit se donner les
moyens de son indépendance rizicole, indépendance qui doit
passer nécessairement par une relance soutenue de la production.
Aujourd'hui, bien que le riz soit la céréale qui connaît
une croissante de production annuelle plus forte (4,4 % entre 1985 et 2003
(Kormawa et al ,2004)) ; celle-ci est faible et ne permet pas de
répondre à la demande de plus en plus croissante. Ainsi, il
devient plus urgent de définir une politique rizicole pouvant permettre
une relance soutenue de la production afin d'obtenir une croissance qui puisse
permettre de répondre à cette demande en rizvde plus en plus
croissante.
Il existe bien sûr de réelles marges de manoeuvre
pour un accroissement plus quantitatif et qualitatif de l'offre de riz
ouest-africain. En effet, l'Afrique de l'Ouest présente une
diversité de situations agro écologiques favorable pour la
riziculture, avec sa pluviométrie et ses nombreux cours d'eau. L'Afrique
dispose de 10 millions d'ha de terre irrigables, dont seuls 10 % sont mis
en valeur (Faivre et al, 2007).
Le Togo présente presque la même image rizicole
que les autres pays africains, outre que durant ces dernières
années la filière riz se trouve être difficulté au
regard de l'évolution de la production. La production rizicole a
fortement diminué ces neuf dernières années. Elle est
passée de 56355 tonnes de riz usiné en 1998 à 52273 tonnes
en 2007, soit un recul de près de 8% alors que les besoins alimentaires
en riz ne cessent de connaître d'importantes augmentations. Ils sont
passés de 60511 tonnes en 2001 à 70283 tonnes en 2006, soit une
augmentation de 14 % (DSID, 2007). Les déficits enregistrés
entraînent des importations massives, ces importations se sont
évaluées à plus de 4 milliards de FCFA en 2005 (DSID,
2007).
Cependant, le Togo à l'instar de la plupart des pays de
la sous région ouest-africaine dispose d'importantes ressources en eau
et en terres irrigables pour permettre une relance de sa production rizicole,
mais toutes ces potentialités sont sous-utilisées et celles
utilisées actuellement ne sont pas aménagées.
Dans le contexte actuel de crise alimentaire et surtout du
fait que le riz est devenu une denrée stratégique, des actions
doivent être menées pour permettre une relance de la production au
Togo. Il importe alors de définir une politique rizicole qui
réponde à un développement effectif de la filière
rizicole tout en tenant compte des besoins réels des consommateurs et
des producteurs. La définition d'une telle politique doit passer par
l'identification des facteurs qui expliquent d'une part la demande du riz et
d'autre part l'offre de riz au Togo. La présente étude s'inscrit
dans ce contexte et veut aider à la définition d'une telle
politique.
1.2 Objectifs de l'étude
1.2.1. Objectif général
L'objectif général de cette étude est
d'analyser les facteurs quantitatifs qui déterminent la demande et
l'offre du riz en vue de contribuer à une meilleure formulation d'une
politique rizicole au Togo.
1.2.2. Objectifs
spécifiques
Spécifiquement, cette étude vise
à :
Ø Identifier les déterminants de la demande du
riz.
Ø Identifier les déterminants de l'offre du riz
Ø Interpréter les résultats obtenus et
formuler des recommandations d'ordre méthodologique et politique.
1.3. Hypothèses de l'étude
1.3.1. Hypothèse
générale
Les facteurs quantitatifs (Prix,...), et qualitatifs
(qualités organoleptiques,...) expliquent les comportements de demande
et d'offre du riz au Togo.
1.3.2 Hypothèses
spécifiques
Ø Les facteurs prix sont plus déterminants que
les facteurs non-prix dans l'explication de la demande du riz au Togo.
Ø Le faible prix relatif du riz importé
détermine sa plus grande demande par les ménages urbains, ce qui
représente pour eux un grand coût d'opportunité par rapport
au prix du riz local de même qualité.
Ø Les facteurs non-prix sont plus déterminants
que les facteurs prix dans l'offre du riz au Togo.
CHAPITRE II :
REVUE DE LA LITTÉRATURE
2.1. Définition de quelques
concepts
2.1.1. Production et offre
Goffin (1993) définit la production comme étant
une opération qui consiste à créer des besoins. Il
identifie alors trois facteurs de production à savoir : le travail,
la terre et le capital. Les premiers sont ceux dont la quantité ne peut
être modifiée dans un délai très bref pour permettre
une variation presque immédiate de la production ; tandis que les
derniers sont ceux dont la quantité peut être modifiée
instantanément pour permettre une variation presque immédiate de
la production.
Silem et Albertin (1995), dans leur lexique économique
ont défini, la production comme l'activité économique
socialement organisée consistant en l'obtention de biens et de services
destinés à la satisfaction directe ou indirecte des besoins par
la transformation de biens intermédiaires en combinant le travail et le
capital, et donnant lieu à un revenu en contrepartie.
Selon Kintche (2005), dans le secteur agricole, la fonction de
production est un concept, biophysique qui établit une relation entre
les quantités physiques d'une culture et l'ensemble des intrants
utilisés dans le processus de production.
La formulation théorique de la fonction de production
est la suivante, Y=f (L, K) où Y est la
quantité physique du produit, L le vecteur travail, K
le vecteur capital et f la fonction de production ou encore le
processus de combinaison et de transformation. Trois concepts en
découlent, à savoir le produit moyen (PM), le produit
marginal (Pm) et l'élasticité de production x
qui particulièrement, présente le plus grand
intérêt pour le besoin de l'étude.
On appelle, production marginale d'un input, l'accroissement
de l'output consécutif à l'accroissement de cet input ; on
appelle, produit moyen d'un input, le rapport entre la productivité
totale et la quantité utilisée de l'input.
L'élasticité quant à elle indique le degré de
flexibilité de la réponse de la production ou de l'offre aux
variations dans l'utilisation des facteurs de production.
Ces trois définitions se recoupent pratiquement et
décrivent la production en tant qu'activité. Or dans le cas de
cette étude, il s'agit de la production comme résultat de cette
activité ; c'est le volume de riz que les agriculteurs sont en
mesure de produire.
Le concept d'offre quant à elle, est un peu complexe
à définir et varie souvent d'un auteur à un autre. Silem
et Albertin (1995) ont défini l'offre comme étant le volume de
biens ou de services mis à la disposition du marché afin
d'être vendus. Selon ces auteurs, l'offre est une fonction croissante du
prix, quant aux produits agricoles, les matières premières, le
travail ; l'offre peut être atypique c'est-à-dire qu'une
diminution du prix peut entraîner une augmentation des quantités
offertes afin que l'offreur puisse obtenir un revenu global minimum.
Pour sa part, l'Encyclopédie économique
définit l'offre en ces termes :
« L'offre d'un produit ou d'un service se
compose des quantités disponibles ou à venir, qui
dépendent des prix possibles et d'autres facteurs. L'offre est ainsi
symétrique à la demande. Toutefois, le terme d'offre se rapporte
souvent à une quantité plus ou moins bien définie comme la
récolte d'une année, d'un mois... Ces quantités
résultent des décisions passées du producteur qui se
fondait sur ses anticipations de prix... »
Goffin (1993) définit l'offre individuelle du
producteur comme les quantités offertes par ce producteur pour chaque
niveau de prix. L'offre individuelle, poursuit l'auteur, constitue la partie de
la courbe de coût marginal située au-dessus de la courbe de
coût moyen). Derson et Quaudt, cités par Koffi-Tessio (1998),
définissent l'offre globale comme étant la quantité de
produits offerte par l'ensemble des producteurs en fonction du prix.
Dans le cadre de cette étude, l'offre du riz est la
quantité de riz grain que les producteurs sont en mesure de livrer
à un certain prix.
2.1.2. Demande et consommation
Selon Dadié (anonyme), la théorie
microéconomique néoclassique et marginaliste confond la
consommation et la demande d'un bien, confondant ainsi la destruction d'un bien
avec l'intention d'achat qui dépend du prix.
Selon cet auteur, la demande est une intention d'achat d'une
certaine quantité d'un bien ou d'un service pour un prix donné.
On parle alors de demandes virtuelles, idéales, notionnelles et
rationnelles.
La demande de marché est une demande solvable car elle
indique la quantité de biens et services qu'un agent peut acheter. La
relation entre le prix et la quantité demandée est telle qu'une
augmentation de prix entraîne une baisse de la demande pour un revenu
donné, et inversement une diminution du prix entraîne une
augmentation de la demande. Cette loi formulée par Cournot (1838,
cité par Dadié, op.cit) a néanmoins des
exceptions : l'effet Giffen qui s'applique aux biens
inférieurs ; l'effet d'anticipation ; l'effet de snobisme et
d'imitation. Ces deux derniers effets impliquent cependant une
hétérogénéité des produits disponibles pour
satisfaire le même besoin fondamental. Deux produits de même
apparence, mais de prix différents par la fonction d'information seront
considérés comme différents. Il se peut donc que le
produit le plus cher soit le plus demandé par le jeu de l'effet de
snobisme ou par le jeu de la sélection adverse compte tenu de
l'asymétrie de l'information (demandeur moins bien informé que
l'offreur).
Selon J.Boncoeur et H.Thouément, cités par
Dadié (op.cit.) la notion de demande dans la théorie
économique fait très souvent appel au prix pendant que celle de
consommation fait plus souvent appel au revenu, le prix des biens étant
fixé.
2.1.3. Élasticités
Les élasticités sont dérivées
directement de la fonction de demande ou de la fonction d'offre. Elles mesurent
la sensibilité des acheteurs et des vendeurs à une variation dans
les conditions du marché et permettent alors d'analyser l'offre et la
demande avec une plus grande précision. « Étant des
nombres sans dimension, les élasticités permettent des
comparaisons entre classes et par conséquent l'énoncé de
jugement de valeur quant à l'effet des politiques
étatiques » (Savadogo, 1990). Par exemple, lorsque le
revenu par tête augmente, que se produit-il sur le marché du riz?
Quel est l'effet des changements des conditions de marché sur les
producteurs ? Et si l'effet s'amplifie, quel serait l'impact pour
l'économie globalement ? Pour analyser ces questions, Savadogo
(1990), précise que l'on doit disposer d'une
« connaissance des réactions à la marge des agents
économiques, au changement des variables sous le contrôle du
décideur ».
Il existe quatre (4) types d'élasticités,
l'élasticité-prix de la demande,
l'élasticité-revenu, l'élasticité-prix
croisée de la demande et l'élasticité-prix de l'offre.
Ø Elasticité-prix de la demande et
l'élasticité prix de l'offre
L'élasticité-prix exprime la variation relative
de la demande ou de l'offre induite par une variation relative du prix, toutes
choses égales par ailleurs. L'élasticité-prix directe
fournit la variation que subira la demande ou l'offre en réponse
à la variation de 1 % du prix.
Dans le cas de la demande, les élasticités-prix
directes sont négatives puisque la plupart du temps une augmentation du
prix entraîne une diminution de la consommation (exception faite des
biens de « Giffen» dont la consommation augmente avec le prix).
C'est-à-dire que lorsque son prix monte, la quantité
demandée diminue (Bazoche et al, 2005). Selon Ravelosoa, et
al (1999), en moyenne à Madagascar une hausse de 1 % du
prix de riz entraîne une baisse de sa consommation de 0,8 %.
Les élasticités-prix directes sont positives
dans le cas de l'offre, puisque contrairement à la demande, une
augmentation du prix entraîne dans la plupart du temps, une augmentation
de l'offre.
Les produits dont l'élasticité (en valeur
absolue) est supérieure à 1 sont fortement sensibles au
prix ; cela indique qu'une augmentation de 1 % du prix fera diminuer
la consommation ou fera augmenter l'offre de plus de 1 %. Ainsi, la
variation de la consommation et celle de l'offre sont plus que proportionnelles
à la variation du prix. Ceux dont l'élasticité (en valeur
absolue) est inférieure à 1, est inélastique et est donc
peu sensible aux prix. Les différents types d'élasticités
sont présentés dans le tableau 2.1 ci-dessous.
Tableau 2.1 : Les
différents types d'élasticité prix
Différents
valeurs de
l'élasticité
|
Différents types
d'élasticité
|
Caractéristique du comportement du consommateur et du
vendeur
|
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique2.png)
>1
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique4.png)
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique5.png)
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique6.png)
|
Parfaitement
Élastique
Élastique
Élasticité unitaire
Inélastique
Parfaitement
inélastique
|
Une petite variation du prix entraîne une augmentation
infinie de la quantité demandée ou offerte ; courbe de
demande et d'offre horizontale ; prix du produit fixe.
Une petite variation du prix entraîne une variation plus
grande (plus que proportionnelle) des quantités demandées ou
offertes.
Une petite variation du prix entraîne un changement
proportionnel dans la quantité demandée ou offerte.
Une petite variation du prix entraîne une variation
encore plus petite (moins que proportionnelle) de la demande ou de l'offre.
Un changement donné de prix n'entraîne aucune
modification de la demande ou de l'offre ; courbe de demande ou d'offre
verticale ; demande ou offre fixe quelque soit le prix.
|
|
Source : adapté de Ravelosoa, et
al (1999).
Ø Élasticité-prix
croisée de la demande
La consommation d'un bien peut être influencée
par le prix d'autres biens et l'on parle alors d'élasticités
croisées. À Madagascar, par exemple, dans certaines
régions le prix du riz influe fortement sur le niveau de consommation du
manioc (Ravelosoa, et al, op.cit). Ce type
d'élasticité permet de distinguer les biens
complémentaires des biens concurrents.
Un bien est dit « complémentaire »
si l'augmentation du prix diminue la consommation du bien initial, alors que le
prix de celui-ci est resté inchangé ( <0). Un bien est considéré comme
« substituable » si une diminution relative de prix de
celui-ci implique une diminution relative de la consommation du bien
initial >0).
L'évaluation de l'impact de la variation du prix d'un
bien substitut permet de déterminer à quel point ces deux
substituts sont proches du point de vue du consommateur.
Ø
Élasticité-revenu
Elle mesure la variation en %, de la quantité
demandée d'un bien suite à une variation de 1 % du revenu
des consommateurs. Les élasticités par rapport au revenu sont des
informations essentielles pour prévoir les structures de la demande des
consommateurs à mesure que l'économie croît et que les gens
deviennent plus riches.
Il s'agit cette fois-ci de comprendre l'impact d'une variation
du revenu sur la consommation du riz. L'un des apports essentiels de cette
notion d'élasticité-revenu est qu'elle permet une classification
des biens (Tableau 2.2). Ainsi, la consommation d'un bien
« inférieur » diminue avec l'augmentation du revenu.
Celle d'un bien « normal » augmente moins que
proportionnellement avec le revenu, la consommation d'un bien de
« substitution » augmente plus que proportionnellement avec
le revenu.
Tableau 2.2 : Classification des biens
Valeur de l'élasticité-revenu
|
Caractéristique du bien
|
< 0
[0 1]
> 1
|
Bien inférieur
Bien normal
Bien de luxe
|
Source : Bazoche et al, 2005
2.2 Déterminants de la demande des produits
alimentaires
Selon la théorie économique le prix, le revenu
et les préférences des consommateurs, sont les principaux
facteurs qui déterminent la demande d'un bien. Mais en
réalité, les facteurs sociodémographiques conditionnent
également pour une grande part la demande de consommation au niveau
ménage. C'est pourquoi de nombreuses études portant sur la
demande des biens alimentaires incorporent dans le modèle final les
facteurs sociodémographiques (Savadogo et al, 1988 ;
Savadogo, 1990, Koffi-Tessio, 2002, Chern et al, 2002).
Les variables démographiques souvent prises en compte
sont : éducation, composition du ménage par âge et par
sexe, état matrimonial, occupation.
Savadogo (1990) a montré que la composition par
âge et par sexe a un effet significatif sur la demande du riz en Sierra
Léonne. Selon son étude, la présence de femmes
âgées de 35 à 64 ans dans les ménages
libériens a un rôle positif sur la part du riz local, tandis que
celle de femmes plus jeunes (13-34 ans) et d'enfants d'âge moyen influe
positivement sur la part du riz importé. Savadogo et al (1988),
montre également que le revenu, l'éducation, la taille et la
composition des ménages sont les facteurs qui déterminent, la
consommation des biens alimentaires et non alimentaires des ménages au
Burkina Faso.
2.3 Déterminants de l'offre des produits
agricoles
Koffi-Tessio (1997) dans son étude sur l'estimation
économétrique de l'offre de coton et de café au Togo
souligne que le débat sur les incitations de l'offre agricole est
partagé entre deux courants de pensée : les
défenseurs des facteurs-prix ("Pricistes?) et les
défenseurs des facteurs autres que le prix
("Structuralistes?).
Les "Pricistes" pensent que l'accroissement des prix au
producteur et la dévaluation constituent des mesures incitatives
à l'offre. Lipton (1987, cité par Koffi-Tessio, op.cit)
est l'un des "Pricistes" qui pensent que cette politique est une solution
à la crise agraire en Afrique. Il affirme par ailleurs que :
« Les petits agriculteurs réagissent de manière
significative aux prix (même aux taux de change) fixés par
l'État. Ainsi, des prix au producteur plus élevés
augmenteraient le Produit National Brut (PNB) de chaque pays en
développement et pour tous les pays...» (P.326).
Samlaba (1992) affirme que des prix agricoles très bas
ne permettent pas une incitation et une motivation des agriculteurs à
produire davantage. Selon cet auteur, les producteurs réagissent
plutôt à une augmentation des prix. De plus, une étude de
la FAO fait remarquer qu'en 1983, lorsque le gouvernement ougandais a
doublé les prix des denrées alimentaires, l'on a observé
un accroissement de 400 % de la production des denrées
(Kintché, op.cit.).
Koffi-Tessio(1997) souligne par ailleurs que de manière
générale, « les élasticités de
l'offre des produits agricoles par rapport à leur prix relatif sont
significatives» ; cependant, il précise que
cette réponse de l'offre par rapport au prix est faible en
utilisant les données chronologiques que les données en coupe
transversales. Ce fait a été démontré par Peterson
(1979, cité par Kintché, 2005) qui en utilisant des
données chronologiques a montré que la réponse de l'offre
agricole par rapport au prix est faible. Koffi- Tessio (citant Peterson, 1979)
affirme que cette différence de réponse s'explique par le fait
que l'utilisation des données en coupe instantanée
présente des limites puisqu'elles ne permettent pas de prendre en compte
les facteurs d'offre spécifiques à chaque pays et que les
élasticités obtenues reflètent l'effet de
différents facteurs et non uniquement des prix.
D'une manière générale, Koffi-Tessio
(1997) pense que « l'élasticité-prix de l'offre
agricole agrégée» est faible et ne permet pas de
soutenir la thèse selon laquelle les prix élevés
entraînent une réaction positive de l'offre agricole. Aussi,
certaines études montrent que les élasticités-prix de la
fonction de réaction de l'offre globale sont généralement
faibles, variant entre 0,2 et 0,4 (Beynon, 1989). D'autres études
indiquent que les élasticités de l'offre globale aux incitations
prix varient entre 0,3 et 0,9 et sont plus faibles que les
élasticités des autres variables incorporées dans le
modèle (Bruce, 1980 ; Bond, 1983 ; Cleaver, 1985 ;
Biswanger et al, 1987 ; Chibber, 1988 ; Shapiro et Berg, 1988 ;
Rao, 1989 ; Pravin, 1992 ; cité par Koffi-Tessio,
op.cit.).
Une revue des travaux réalisés dans les pays
africains au sud du Sahara met en doute l'efficacité des politiques des
prix et des réformes de commercialisation de la production agricole
(Smith, 1989). La raison fondamentale est que les mécanismes de prix
fonctionnent efficacement lorsque d'une part, toutes les ressources et les
biens sont échangés à travers des marchés bien
intégrés et concurrentiels, et d'autre part lorsque les pays
africains concernés ont la capacité administrative et
organisationnelle d'intervention efficiente. Dans tels cas les reformes de prix
de l'offre entraînent un accroissement des prix aux producteurs et
éliminent les subventions aux prix alimentaires (Koffi-Tessio,
op.cit).
Les « structuralistes » pensent quant
à eux que la faible réaction de l'offre est due principalement
aux retards technologiques et structurels.
D'après Koffi-Tessio (1997), cette école de
pensée a été résumée par Delgado et Mellor
(1987) de la manière suivante : « ... La croissance
de la production dépendra de l'innovation technologique qui
réduit les coûts unitaires de production. Il convient donc de
mettre en place des systèmes de distribution des intrants, des
infrastructures rurales et systèmes de vulgarisation et de recherche
efficace. Sans cela, les variations de prix produiraient un effet limité
et faible sur l'offre»' (pp.667-668).
Selon certains auteurs, en l'absence des variables
structurelles les incitations par les prix auront des résultats
limités (Delgado et Mellor, 1987 ; Beynon, 1988 ; Bonjean,
1990).
Au moins huit contraintes ont été
identifiées comme étant responsables de la faible performance de
la production agricole : imperfection des marchés, rareté
des biens de consommation, faiblesse du capital humain, difficultés
d'accès à la terre, limitation de la main d'oeuvre et de
capitaux, niveau technologique archaïque et infrastructures rurales
inappropriées. Ces variables sont considérées par les
structuralistes comme plus significatives que les variables prix pour la
relance de la production agricole (Koffi-Tessio, op.cit).
Parmi les économistes ?structuralistes?, Delgado
et Mellor (1987) ont démontré que les investissements dans les
infrastructures rurales accroissent directement la production agricole, en
réduisant les coûts moyens de production tout comme en
améliorant l'efficacité des marchés et la réaction
aux incitations par les prix. Des études au Burkina Faso ont
montré que des changements technologiques dans le secteur cotonnier ont
entraîné une amélioration du profit du producteur ; de
plus, la supériorité de l'effet positif de l'irrigation par
rapport à celui du prix sur l'offre du blé a été
démontrée au Punjab (Ranate, Gha et Delgado, 1988, cité
par Koffi-Tessio, 1997).
Selon Ogbu et Gbetibouo (1990) ; Savadogo et al
(1995) ; peu d'études économétriques ont
incorporé à la fois les facteurs-prix et les facteurs non-prix
dans les fonctions de réaction de l'offre agricole dans les pays
africains au sud du Sahara. Mais aujourd'hui, Lele et al (1989),
Erickson (1993) pensent qu'il faut se rendre compte des facteurs non prix dans
la détermination de l'offre agricole.
En incorporant une variable permettant de prendre en compte
différents niveaux technologiques, dans l'étude de Peterson
(1979), les élasticités obtenues sont réduites de 1,66
à 1,17. Chibber (1989) introduit une variable d'irrigation aux
mêmes données et réduit l'élasticité à
0,9 alors que Biswanger (1987, cité par koffi-Tessio, 1997) arrive
à une élasticité négative en introduisant
différentes variables structurelles.
Aussi, l'influence des variables agro climatique sur l'offre
agricole n'est plus a démontrée. Selon une étude de la FAO
(1995, cité par Kintché, 2005), l'estimation des
paramètres de l'offre peut être biaisée et conduire
à de fausses interprétations, lorsque la variable climat est
négligée. Thompson (1969, cité par Abbey, 2002) a
tenté de déterminer l'effet de la pluviométrie et de la
température durant les périodes de semis, de croissance et de
récolte sur le rendement du blé aux USA. Les résultats de
l'analyse de régression multiple révèlent que ces facteurs
expliquent entre 80 et 90 % des moyennes annuelles des États.
2.4 Problématique de la construction des
modèles d'analyse
2.4.1. Présentation générale du
modèle multi-marché
Selon Yankam (2004), « les modèles
d'équilibre partiel standard sont généralement
constitués d'équations de comportement, d'équation de prix
et d'équation d'équilibre». La structure
générale de ces modèles peut être
représentée algébriquement comme suit :
Demande des biens
qd = qd (p, y)
(1)
Demande des facteurs
xd = xd (p, w, z)
(2)
Offre des produits
qs = qs (p, w,
z) (3)
Équilibre pour les biens
EN = qs - qd
(4)
où :
qd représente le vecteur des
quantités des biens i demandées, qs
le vecteur des quantités des biens j offertes et p le
vecteur des prix correspondants, avec i, j = 1.......n ;
xd représente le vecteur des
quantités de facteurs demandés et w le vecteur de prix
correspondant ;
y représente la dépense totale pour
l'acquisition des n bien ;
z représente le vecteur des quantités
de facteurs fixes ou quasi fixes
2.4.2. Problèmes liés au cadre
théorique
Dans son étude sur le marché du blé en
France, Yankam (2004) souligne que la théorie utilisée pour la
modélisation diffère selon la considération du produit.
Selon cet auteur, la base théorique pour la modélisation des
comportements de demande de bien final est celle de la maximisation de
l'utilité du consommateur ; par contre, la théorie de la
firme est indiquée pour la modélisation des comportements d'offre
des biens et ou de demande des facteurs de production. Selon l'auteur, cette
différence est de nature à influencer la qualité des
élasticités calculées. Davis et Jansen (1994, cité
par Yankam, 2004) affirment que la confusion entre ces deux théories
entraîne un problème conceptuel ; lequel aboutit à des
problèmes empiriques qui sont de nature à biaiser les estimations
économétriques et par conséquent à obtenir des
élasticités erronées.
Ainsi pour cette étude, la théorie de
maximisation de l'utilité du consommateur sera utilisée comme
base théorique pour modéliser le comportement de demande du riz
et celle de la firme sera utilisée pour modéliser le comportement
d'offre du riz.
2.4.3. Problèmes liés à la
modélisation économétrique
Les problèmes liés à la
modélisation économétrique concernent essentiellement le
choix de la forme fonctionnelle et sa spécification par rapport à
l'ajustement entre deux situations d'équilibre.
A. Choix de la forme fonctionnelle du
modèle ou du modèle empirique
Il existe dans la littérature plusieurs formes
fonctionnelles pour modéliser les comportements des agents
économiques. Ces fonctions vont des simples spécifications
linéaire ou log-linéaire à des spécifications
très complexes telles que les fonctions les fonctions
translogarithmiques, les fonctions trinominales, les systèmes
quadratiques, les approximations locales utilisant des développements en
séries de Taylor, ou des approximations globales basées sur des
transformés de Fourier (Savadogo, 1990). Le choix d'une forme
fonctionnelle est très important dans le processus de
modélisation empirique des comportements de demande et d'offre.
Les spécifications complexes des formes fonctionnelles
visent le plus souvent la flexibilité. Selon Yankam (2004), les formes
fonctionnelles flexibles sont mieux indiquées pour modéliser les
comportements des agents économiques. Il définit une forme
fonctionnelle flexible comme «une approximation de second ordre d'une
fonction arbitraire d'utilité, de coût ou de
profit» ; alors que Savadogo (1990), la définit de
façon plus simple : « une fonction flexible
est celle qui permet de représenter un éventail de comportements
des agents économiques aussi varié que possible». Il
poursuit en affirmant qu'une fonction dont le comportement est
prévisible n'est pas flexible.
Selon Yankam (op.cit.), les formes fonctionnelles
flexibles régulièrement utilisées dans la
littérature sont généralement les suivantes : (i)
pour la demande des biens, les modèles transcendal logarithmic
utility function (translog), almost ideal demand system
(AIDS) et Rotterdam. (ii) pour la demande des facteurs
et l'offre des produits, les modèles d'offre quadratique
normalisée et le modèle de demande translog.
Les fonctions de profit de types Cobb-Douglas, les fonctions
Leontief généralisées, en plus de ceux mentionnés
par Yankam (op.cit.) sont généralement utilisées
pour analyser la fonction d'offre dans le secteur agricole (Sadoulet et de
Janvry, 1995).
Parmi les modèles de demande flexible, le modèle
AIDS et Rotterdam sont les plus utilisés dans la spécification
des comportements des consommateurs, surtout en économie agricole. Comme
le note Deaton et Muellbauer (1980), le modèle AIDS donne des
résultats empiriques satisfaisants. Selon Yankam (2004) ce modèle
est compatible avec « l'agrégation sur les consommateurs
et peut aussi être estimé sous la forme
linéaire». En effet, le modèle AIDS (Almost Ideal
Demand System) est devenu un modèle de référence pour
l'estimation des systèmes d'équations de demande. Pour Abdelkrim
(2000) : « Ce modèle, construit à partir des
composantes appartenant aux deux formes flexibles (le modèle TRANSLOG et
le modèle PIGLOG), possède plusieurs caractéristiques
désirables ; il peut satisfaire à la restriction
d'homogénéité de degré zéro des fonctions de
demande au niveau du revenu et des prix ; il peut aussi satisfaire
à la condition de symétrie de la matrice de
Slutsky».
Dans cette étude, le modèle AIDS sous sa forme
linéairisée, c'est-à-dire le modèle AIDS/LA est
utilisé pour modéliser la demande du riz au Togo, alors qu'un
modèle de type Log-log est utilisé pour modéliser l'offre
de riz au Togo. Le modèle Log-log présente un avantage,
il donne immédiatement des coefficients estimés qui
s'interprètent directement comme des élasticités.
B. Spécification des modèles d'offre
et de demande : dynamique et statique
Il existe globalement deux types de spécification dans
le processus de modélisation qui sont : la spécification
statique et la spécification dynamique. Les modèles dynamiques
sont ceux généralement utilisés dans la
modélisation des comportements des agents économiques (Yankam,
2004 ; Koffi-Tessio, 1997). Le modèle de demande des biens
estimés dans le cadre cette étude, est un modèle statique,
parce que « les processus d'ajustement sont relativement lents
dans le cas de la demande à cause des phénomènes d'inertie
et d'accoutumance des consommateurs» (Yankam, op.cit).
Selon Koffi-Tessio (1997), les producteurs ont le plus souvent
des comportements retardés. Ce qui amène forcément
à analyser leurs comportements dans un cadre dynamique. Ce modèle
est connu sous l'appellation des modèles à décalages
temporels. Ces derniers peuvent selon l'auteur, comporter des variables
endogènes et exogènes retardées : les modèles
autorégressifs avec la variable endogène comme la variable
retardée ; les modèles à retards
échelonnés où les variables exogènes apparaissent
avec plusieurs décalages.
De plus selon Sadoulet et Janvry (1995), les producteurs ne
répondent pas aux prix actuels, mais aux prix attendus. En effet, les
prix généralement observés sur les marchés sont des
prix pratiqués après que la production ait lieu alors que les
décisions de production se font plusieurs mois d'avance sur la base des
prix attendus. L'estimation de la réponse de l'offre doit tenir alors
compte de ce décalage qui existe entre la décision de produire et
les prix réels observés et il paraît nécessaire de
modéliser la formation des attentes des producteurs.
Il faut également remarquer que les quantités
produites sont généralement différentes de celles
désirées en raison des délais d'ajustement dans la
réallocation des facteurs variables. Lorsque les prix d'un produit
changent, plusieurs années peuvent se passer avant que les producteurs
n'arrivent à produire la quantité désirée au
nouveau prix. Ainsi, la modélisation sur les données actuelles
doit tenir aussi compte des délais d'ajustements.
Eu égard aux attentes aux délais d'ajustements,
le modèle d'offre doit tenir compte de la spécification dynamique
pour modéliser le comportement des producteurs. Dans le cadre de cette
étude le modèle d'offre prend en compte l'hypothèse
d'ajustement partiel des producteurs qui est préféré
à l'hypothèse d'anticipation adaptative, car selon Koffi-Tessio
(1997) : « Certaines contraintes techniques comme le manque
de main-d'oeuvre, ou la possibilité de se procurer des semences et des
engrais peuvent limiter la réaction du producteur en cas de hausse des
prix et l'empêcher de réaliser son objectif initial de production,
sinon au bout d'un certain laps de temps seulement».
C. Problèmes liés à
l'estimation économétrique
La qualité des paramètres estimés
dépend généralement de la méthode
économétrique utilisée et des hypothèses faites sur
les termes d'erreurs. La méthode économétrique doit
être adéquate afin de fournir des estimateurs non biaisés
ainsi que les statistiques (coefficient de détermination, test F...)
correctes. Selon Sckokaï (2001), la méthode
économétrique dépend « du type de
modèle (linéaire ou non linéaire), du nombre
d'équations (équation simple ou systèmes
d'équations) qui constituent le modèle, de la
caractéristique des variables indépendantes (endogènes ou
exogènes), et de l'hypothèse de correction contemporaine du terme
de l'erreur».
Les problèmes les plus fréquents
rencontrés lors de l'estimation des modèles de comportement sont
liés à l'autocorrélation temporelle des termes de
l'erreur. En effet contrairement à
l'hétéroscédasticité, l'autocorrélation
temporelle est surtout présente dans les modèles qui utilisent
des séries chronologiques. Ce type d'autocorrélation a un impact
sur la variance de l'estimateur qui est minimisé conduisant parfois au
rejet de l'hypothèse nulle alors qu'il n'est pas le cas en
réalité. Elle tend aussi à augmenter la valeur du
coefficient de détermination conduisant à des
interprétations incorrectes. Lorsque les variances estimées sont
biaisées, les tests réalisés sur les coefficients à
l'instar du test de Student et de Fischer sont incorrects et conduisent
à une prise de décision erronée sur l'hypothèse
nulle (Yankam, op.cit).
Les tests de détection de l'autocorrélation sont
généralement le test de Durbin-Waston, test de Breusch-Godfrey,
test de Ljung-Box. Le test de Breusch-Godfrey sera appliqué à
cette étude, car il prend en compte, contrairement aux autres tests,
les valeurs retardées de la variable dépendante ; des
autocorrélations d'ordre supérieur à 1.
La présence de
l'hétéroscédasticité dans les observations a
également une influence sur la qualité des estimateurs. Bien
qu'étant consistants et non biaisés, ces estimateurs ne sont pas
efficients. Les variances estimées sont biaisées comme dans le
cas de l'autocorrélation. Les problèmes
d'hétéroscédasticité sont assez complexes dans les
systèmes d'équations et sont généralement
présents que dans les modèles utilisant des données en
coupe transversale.
Il existe plusieurs tests permettant de détecter
l'hétéroscédasticité des erreurs. Le test de White
est un test très simple qui ne nécessite pas que l'on
spécifie les variables dont on pense qu'elles sont à l'origine de
l'hétéroscédasticité. Le test de Goldfeld-Quandt
par contre est applicable si on connaît la variable qui est à
l'origine de l'hétéroscédasticité. Le test de
Breusch-Paga généralise pour sa part le test de
Goldfeld-Quandt.
D. Problèmes liés aux
données
Les données constituent l'élément le plus
important dans le processus de modélisation et d'estimation sans lequel
aucun résultat ne peut être envisagé. Les problèmes
liés aux données généralement rencontrés
dans le processus de la modélisation et d'estimation des systèmes
de demande sont la faible taille de l'échantillon et la
colinéarité des prix dans les différents modèles
(Yankam, 2004).
La multicolinéarité dans un modèle
économétrique indique l'existence des relations entre deux ou
plusieurs variables indépendantes du modèle. Lorsque cette
relation est parfaite c'est-à-dire qu'il y'a une relation de combinaison
linéaire entre ces variables indépendantes ; dans ce cas on
ne peut obtenir d'estimateur à cause de la singularité de la
matrice des variables indépendantes. Selon Yankam (op.cit), on
peut procéder dans ce cas à l'élimination des variables
redondantes. Par contre, lorsque deux ou plusieurs variables
indépendantes sont corrélées de manière imparfaite,
l'estimation devient parfaite. Bien qu'étant non biaisé et
consistant, l'estimateur obtenu est toutefois inefficient. Grenne (2003),
rappel qu'en cas de multicolinéarité, « (i)
les variances estimées de certains paramètres ainsi que les
coefficients de détermination sont très élevés (ii)
les paramètres estimés sont très instables et montre de
fortes variations lorsque de petites variations sont effectuées sur les
observations et (iii) les signes des paramètres estimés sont
parfois incorrects».
2.5. Présentation des travaux empiriques
Il existe de nombreuses études
économétriques sur la demande et l'offre des produits
alimentaires ; mais celles réalisées sur la demande et
l'offre du riz en Afrique ne sont pas nombreuses. Il est présenté
ici quelques travaux dont cette étude s'inspire sur le plan
théorique, méthodologique et analytique.
Lançon et al (2002) dans leur étude sur
la qualité et compétitivité des riz locaux et
importés sur les marchés urbains ouest-africains ont
montré que la classe de revenus n'est plus un déterminant de la
consommation du riz. Selon ces auteurs, le riz est devenu un bien ordinaire
largement consommé par presque toutes les couches de la population
ouest-africaine. Ils pensent que cette rigidité croissante des
comportements des consommateurs urbains ouest-africains par rapport à
leur consommation de riz limite la portée des politiques d'ajustement de
l'offre à la demande reposant uniquement sur des changements de prix
relatifs. Ils estiment que d'autres mécanismes d'ajustement sont
à l'oeuvre sur le marché et qui limite ces politiques. Les
enquêtes faites au Nigeria et en Côte d'Ivoire montrent que le prix
n'est qu'un déterminant parmi d'autres dans le choix des citadins entre
riz importé et riz local. À Bouaké, la capacité de
gonflement et la propreté sont apparues comme des facteurs
déterminants dans le choix de consommer des riz importés alors
que le prix n'est mentionné comme premier critère de choix que
par seulement 30 % des personnes interrogées. Les auteurs
précisent que ces résultats ont été obtenus au
moment où les prix des riz importés étaient plutôt
supérieurs à ceux des riz locaux, même pour les riz
importés de moins bonne qualité. C'est dire que les consommateurs
ivoiriens choisissent entre les types de riz disponibles sur le marché
en fonction d'une série de critères autres que le prix ;
selon cette l'étude, ces critères peuvent être
regroupés en trois grandes catégories : (i) la
qualité intrinsèque du riz que sont les propriétés
organoleptiques et physiques du grain, particulières à chaque
variété ; (ii) les attributs de qualité acquis au
cours du processus de transformation et de commercialisation depuis le champ
jusqu'à l'assiette du consommateur comme la propreté,
l'homogénéité, le taux d'humidité qui est
lié à la durée du stockage ; et (iii) les attributs
de marché que sont le prix et la disponibilité. Par contre, au
Nigeria, les propriétés organoleptiques jouent un moindre
rôle et les choix des consommateurs sont essentiellement
déterminés par les attributs de marché (prix,
disponibilité). Cette étude montre en fait que la forte demande
du riz importé n'est pas déterminée par son faible prix
relatif, mais par d'autres critères, notamment sa ?relative?
qualité à la présentation.
Savadogo (1990) a analysé la consommation urbaine au
Liberia. Dans son étude il a incorporé 15 groupes de produits,
dont les céréales (riz, blé, maïs). Le Système
Complet de Demande est retenu pour l'étude ; le modèle
économétrique obtenu a été estimé par la
méthode des moindres carrés pondérés à
partir de données d'enquête de ménage de sept (7) villes du
Liberia. Dans le modèle économétrique, l'auteur a
intégré des variables sociodémographiques (taille et
composition du ménage par sexe et par âge, occupation,
urbanisation, éducation et état matrimonial du chef de
ménage), comme des variables indépendantes. Dans cette
étude le riz est désagrégé en riz produit
localement et en riz importé. L'auteur a estimé qu'une telle
désagrégation suppose que le riz est un bien qui engendre des
comportements préférentiels différents. Les valeurs de
R2 observé ont été faibles pour les
produits alimentaires étudiés. Selon l'auteur cette faiblesse de
R2 se justifie par le fait que c'est un fait typique pour
des estimations utilisant des données en coupe que d'avoir des
R2 petit ; car, citant Timmer et al (1983), il affirme
que des variables structurelles causant des modifications dans le comportement
du consommateur ne sont pas prises en compte. Au terme de l'étude,
l'auteur conclut qu'il y'a une différentiation entre le riz local et le
riz importé en matière de préférence des
consommateurs. Selon l'auteur les classes de revenu déterminent pour une
part importante la demande des deux types de riz. Ainsi, à
l'échelle inférieure des revenus, une augmentation exogène
du revenu s'accompagne d'une augmentation des achats des deux types de riz.
Cependant, quand le revenu s'accroît la demande du riz (local et
importé) diminue rapidement.
Savadogo et Brandt (1988) ont analysé la demande
alimentaire au Burkina Faso. Les données utilisées dans l'analyse
proviennent d'une enquête de ménage de septembre 1982 à
août 1983. Le système de demande AIDS est utilisé pour
l'estimation avec incorporation des variables socio-économiques comme
variables indépendantes. Le modèle économétrique
obtenu est estimé par la méthode des moindres carrée
ordinaire. L'estimation a concerné six groupes de biens dont les
céréales produites localement et celles importées
(blé, riz). Les résultats de l'estimation ont montré que
l'effet prix croisé entre les céréales produites
localement et celle importée est négatif (mais non significatif
à 5 %) ; ce qui implique plus une
complémentarité qu'une substitution entre les deux biens. Le
modèle a indiqué que les prix et le revenu et les variables
démographiques affectent le comportement des consommateurs. Les
résultats du test F ont montré que l'hypothèse nulle pour
l'absence de l'effet prix est rejetée à 5 % pour tous les
biens. L'analyse de l'élasticité-revenu a montré que la
demande des céréales locale diminue avec l'augmentation du revenu
alors que celle de céréales importées augmente avec le
revenu.
Ravelosoa, et al (1999) ont estimé des
élasticités de demande à Madagascar à partir du
modèle AIDS. Ils ont utilisé des données en coupe
transversale. L'enquête couvrait un échantillon de 4508
ménages stratifié de façon à fournir une
représentativité nationale, avec distinction entre les zones
urbaines et rurales. Le modèle est estimé par la méthode
de triple moindre carré ordinaire avec ajustement d'Heckman.
D'après les résultats de l'estimation, le riz est un aliment de
base au Madagascar avec une élasticité-revenu inférieure
à 1, ce qui signifie que le riz est un bien normal à Madagascar.
Par ailleurs, l'analyse de l'élasticité-revenu a montré
qu'à travers les types de ménages le comportement varie
nettement. À Madagascar, plus on est riche moins on augmente la
consommation du riz à partir des revenus marginaux. Auprès des
ménages les plus pauvres, une hausse de revenu de 1 % augmentera
leurs consommations en riz de 0,8 % ; auprès des
ménages urbains moyens, seulement 0,2 % et parmi les très
riches c'est zéro. C'est-à-dire que les riches mangent autre
chose que le riz lorsque leur revenu monte. L'élasticité prix
propre du riz se situe entre -0,5 et -0,7 sauf dans le sud du pays où il
atteint le niveau de -1,5. Cela signifie qu'à part le sud du pays, une
hausse de 1 % du prix du riz se transmet par une baisse de -0,5 %
à -0,7 % de la consommation en riz selon le groupe de
ménage. Les fluctuations du prix du riz qui a une part budgétaire
de 26 % induisent non seulement les effets de substitution, mais aussi de
très forts effets sur le revenu réel des ménages. Ses
élasticités prix croisées s'évaluent à 0,4
en valeurs absolues. Cet impact s'observe surtout avec les aliments de base
pour lesquels les élasticités prix croisées
prévoient qu'un changement de 1 % du prix de riz changera la
consommation de ces aliments de base entre 0,3 % et 1,7 %. Le prix de
riz influe notamment sur le niveau de consommation du maïs, des cultures
industrielles, du manioc, des autres tubercules, des légumineuses et des
légumes. Dans le cas du maïs une hausse de 100 % du prix du
riz va faire décroître de 77 % sa consommation, mais fera
augmenter de 164 % celle du mais et autres céréales.
Robilliard (1999) a estimé l'offre de riz des
ménages agricoles malgaches à partir des données
d'enquêtes transversales. La fonction de production de Cobb-Douglas sous
l'hypothèse de fixité des facteurs qui a servi à la
modélisation a été estimée par la méthode
des moindres carrée ordinaire. Les résultats ont montré
que l'élasticité prix de court terme variant entre 0,1 et 0,17
selon les méthodes d'estimation. Pour l'auteur, l'interprétation
du coefficient du prix du riz dans l'estimation d'une fonction d'offre avec des
données en coupe transversale pose un problème du fait de
l'origine de sa variabilité. Une grande partie de la variabilité
correspond en effet à des fluctuations saisonnières : les
prix du riz au Madagascar sont typiquement peu élevés au moment
de la récolte, tandis qu'ils augmentent fortement au moment de la
soudure. Ainsi, les ménages ayant la capacité financière
et physique de stocker du riz au-delà de la récolte peuvent donc
obtenir des prix plus élevés. Ces ménages étant
généralement les plus gros producteurs, le lien entre
capacité de stockage et prix obtenu pourrait conduire à
surestimer l'élasticité prix de l'offre.
CHAPITRE III :
LA FILIÈRE RIZ AU TOGO : DESCRIPTION ET
ANALYSE
3.1. Description sommaire
La culture de riz est pratiquée dans toutes les
régions du Togo avec une importance et un poids variable. La figure 3.1
ci-dessous montre l'évolution de la production par région de 1990
à 2005. À travers cette figure il ressort que les Régions
des Plateaux, Centrale et de la Savane sont les zones de forte production de
riz avec des superficies qui représentent respectivement 29 %,
40,7 % et 20,6 % des superficies rizicoles totales en 2005. La
superficie rizicole dans la région maritime ne représente que
1,7 % des superficies totales.
Figure 3.1 : Évolution de la production du
riz paddy au Togo par région de 1990 à 2005
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique9.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
Bien que la production rizicole dans la région maritime
n'ait jamais dépassé les 5000 tonnes de riz paddy, elle est
actuellement la seule qui reçoit une certaine attention de la part de
l'Administration4(*) et des
ONG. Les études réalisées sur la filière au Togo
ont concerné pour leur majorité la région maritime, plus
précisément la riziculture dans la vallée du Zio. La
riziculture pratiquée dans cette vallée est totalement
irriguée. Aussi, le riz qui y est cultivé présente-t-il
une certaine qualité organoleptique proche du riz importé.
« Les variétés de riz cultivées sur les
périmètres irrigués de Kovié (IR841 et TGR1) sont
appréciées sur le marché ; la première pour
son arome et son goût bien qu'elle soit collante à la cuisson, la
seconde pour son gonflement à la cuisson, et le fait qu'elle soit non
collante» Agbogbli et Tetevi (2004).
La riziculture dans les régions situées au nord
du pays est essentiellement de type pluvial avec utilisation de semences
locales à faible rendement (SOFRECO, 1996). Le riz de bas-fond est
essentiellement cultivé dans les régions des plateaux.
Il existe des flux d'échanges du riz local entre le
Togo et les différents pays frontaliers, mais ces flux sont relativement
faibles. Selon Djélé (2005), en moyenne onze tonnes de riz blanc
de la vallée de Zio passent au Ghana à travers les femmes
commerçantes ; il pourrait en être de même pour le riz
des autres régions du Togo surtout les régions situées au
nord du pays compte tenu des relations d'échange des peuples
situés de part et d'autre de la frontière. Ce fait a
été également montré par Abiassi et Eclou (2006).
3.2. Évolution de la production, des
besoins et des importations de riz au Togo
L'évolution de la production, des besoins et des
importations de riz au Togo est reprise par la figure 3.2 ci-dessous. Cette
figure montre globalement l'existence d'une corrélation entre
l'évolution des variables de la production et des importations de riz,
la dévaluation du FCFA et le TEC.
Figure 3.2 : Évolution de la production,
des besoins et des importations de riz au Togo de 1987 à 2006
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique10.png)
Source : À partir des données de la
DSID et de la Statistique, 2007
Il ressort en ce qui concerne la production qu'elle avait
enregistrée une hausse considérable pendant et après la
dévaluation, passant de 22100 tonnes en 1993 à 32565 tonnes en
1994, soit une augmentation de 32,13 %. Elle avait atteint un pic de 56355
tonnes en 1998, avant d'entamer une baisse, un an avant l'adoption du TEC de
l'UEMOA le 1er janvier 2000.
L'augmentation de la production de riz quelque temps avant et
pendant la dévaluation et sa baisse quelque temps avant la mise en
oeuvre du TEC s'expliquerait par le fait que les paysans togolais
répondent par anticipation aux mesures annoncées de la
dévaluation et de la mise en place du TEC en augmentant leur superficie
dans le premier cas et en la diminuant dans le second cas. En effet, peu avant
la dévaluation qui devrait être caractérisée par une
hausse du prix mécanique du riz importé, une hausse des prix de
vente du paddy, une évolution favorable des comptes des producteurs
(SOFRECO, 1996), l'on s'entendait à ce que les producteurs augmentent
leurs superficies rizicoles. Ce fut le cas en 1994 puisqu'entre 1993 et 1994
les superficies rizicoles se sont accrues de 47 %.
L'abaissement du niveau de protection suite aux processus
d'ajustements structurels des années 1980 consolidés par la mise
en place du TEC au sein de l'UEMOA, ayant fait de cet espace l'un des plus
ouverts du monde au commerce international (David-Benz et al, 2004), a
favorisé une importation massive de riz vers l'Afrique de l'Ouest.
Bien que la dévaluation ait permis une diminution des
importations (- 38 % en 1994, par rapport à la moyenne des
années 1989 à 1993), la mise en place du TEC a eu par contre un
effet inflationniste sur les importations de riz au Togo. En effet selon
SOFRECO (op.cit.), les importations ont connu leur plus bas niveau en
1995 (12001 tonnes), soit un an après la dévaluation. Cet effet
n'a été que de courte durée puisque les importations ont
repris leurs augmentations à partir de 1997 pour atteindre un pic de
64175 tonnes en 1999 pour redescendre à 36273 tonnes en 2000.
« L'effet limité de la dévaluation sur les
importations démontre la relative rigidité de ce mode alimentaire
urbain et de la faible élasticité de l'offre nationale par
rapport au prix sur la demande en riz » (David-Benz et
al, 2004).
Mais après la mise en place du TEC le 1er
janvier 2000 les importations se sont envolées, aggravant ainsi
l'écart avec la production. C'est dire que la mise en place du Tarif
Extérieur Commun loin de permettre une relance de la riziculture dans
les pays de la zone UEMOA semble être plutôt un facteur de
non-compétitivité des filières rizicoles ouest-africaine.
C'est ainsi que sa mise en place et l'harmonisation des taxes internes posent
de gros problèmes, car le niveau actuel de la TEC peut compromettre le
fonctionnement de la filière riz.
La figure 3.2 montre également l'évolution des
besoins de la population en riz. D'après cette figure, les besoins en
riz au Togo se sont considérablement accrus durant ces dernières
années. Mais entre 1997 et 1998, la production de riz au Togo a
dépassé les besoins alors situés respectivement à
51876 t et 53484 t contre une production de riz
décortiqué de 56030 t en 1997 et de 56355 t en 1998.
Cependant, les importations n'ont pas diminué, par contre elles sont
passées de 36778 en 1997 à 47872 en 1998. En effet, la population
togolaise surtout urbaine quel que soit leur revenu accorde une moindre
importance à la consommation du riz local. Ceci parce que dans une
certaine mesure le riz local ne répond pas certainement à leurs
attentes. Ainsi dans le contexte actuel le riz local est loin de se positionner
face au riz importé jugé moins cher et de bonne
«qualité».
3.3. Analyse de la production et de la consommation de
riz au Togo
3.3.1 Production du riz au Togo
A. Systèmes de production du riz au
Togo
Le riz est produit dans toutes les régions du Togo dans
des exploitations pour la plus part individuelle. Ces exploitations sont
à majorité multi culturales avec le nombre de cultures qui varie
non seulement d'une région à l'autre, mais aussi d'une
année à l'autre en fonction de l'influence de la conjoncture sur
les décisions des producteurs.
B Facteurs déterminants de la production du
riz au Togo
La production quantitative du riz au Togo est
influencée comme dans la plupart des pays africains par plusieurs
facteurs parmi lesquels : les facteurs techniques et naturels, les
facteurs économiques et les facteurs institutionnels semblent être
les plus importants.
- Facteurs techniques et naturels
Les facteurs techniques et naturels sont subdivisés aux
facteurs liés aux conditions agroclimatiques et
météorologiques, aux matériels végétaux
utilisés, aux superficies utilisées, aux conduites de la culture
et aux manipulations du paddy après la récolte.
Il est admis que les conditions agroclimatiques et
météorologiques jouent un rôle très important dans
la production agricole dans la mesure où la croissance et le
développement des cultures en sont tributaires. L'un des facteurs
agroclimatique et météorologique de la production du riz est le
niveau de pluviométrie avant ou pendant le semis ou pendant la
récolte. En effet, la pluie joue généralement un
rôle important dans la production du riz. Ces conditions conditionnent
l'existence de différentes zones de production de riz au Togo. Ainsi,
trois types de rizicultures sont pratiqués au Togo en fonction des zones
agroclimatiques avec cependant un poids et des potentialités très
différentes :
Ø La riziculture pluviale : Elle
représente environ 10 % de la production nationale et est
pratiquée sur les terres exondées de la Région des
Plateaux où la pluviométrie est la meilleure. (Aboa et
al, 2006).
Ø La riziculture irriguée : introduite au
Togo à partir des années 60 dans le cadre de coopérations
bilatérales avec la France, Taïwan (remplacé en 1972 par la
Chine Populaire) et la Corée du Nord (SOFRECO, 1996). Elle
représente 25 % de la production nationale (Agbogbli et
Tétévi, 2004).
Le tableau 3.1 ci-dessous montre que le Togo a une
potentialité estimée à 1128,5 ha de superficies
irrigables en 1996 alors que seulement 364 le sont actuellement, ce qui
représente 32,25 % de toutes les superficies irrigables.
La situation d'aménagement de ces superficies
irrigables n'a pas évolué jusqu'à aujourd'hui.
Actuellement, seul un projet de réhabilitation et d'aménagement
de 660 ha pour l'intensification de la production du riz dans la vallée
du Zio, a été décidé et couvrira la période
2005 à 2010. D'un montant de cinq milliards de francs CFA ; ce
projet est financé par le Fond Saoudien de Développement (FSD) et
la Banque Arabe pour le Développement Economique en Afrique (BADEA).
Bien que son lancement officiel ait été effectif en 2007, mais
les travaux n'ont pas encore débuté et à ce jour aucune
action allant dans le sens de l'avancement de ce projet n'est encore
entreprise.
Ø Le riz de bas-fond : il fournit plus de
60 % de la production nationale. Ce type de riz est cultivé dans
les bas-fonds non aménagés ou sommairement aménagés
sans maîtrise d'eau dans toutes les régions du Togo (Aboa et
al, 2006).
Le potentiel de bas-fond tel qu'identifié par les
images du satellite Spot serait au minimum de 50000 hectares (SOFRECO,
1996).
Selon Agbogbli et Tétévi (2004), des
démarrages des projets d'aménagement de nouveaux sites de
productions ont été retardés par la crise sociopolitique
que connaît le Togo. Il s'agit des projets suivants : projet basse
vallée du Mono, projets OTI et Kpendjal, etc.
Tableau 3.1 : Situation des surfaces
irriguées et irrigables en hectare
DESIGNATION
|
LOCALISATION
|
SUPERFICIS
IRRIGUEES (ha)
|
SUPERFICIES
IRRIGUABLS (ha)
|
SYS
TEME D'IRRIGATION
|
SPECULATI0N
|
Région Maritime
Région des plateaux
Région de la Kara
Région des savanes
|
Mission Tové
Agomé Glozou
Kpélé Akata
Akata
Amou oblo
Landa Pozendau
Tantiegou
Gravillou
Koukombou
Barkoissi
|
300
20
3
31
10
|
660
60
30
19
43
13,5
41
30
220
12
|
Gravitaire
Pompage et gravitaire
Gravitaire
Gravitaire
Pompage et gravitaire
Gravitaire
Gravitaire
Aspersion
Gravitaire
|
Riz
Riz
Riz
Riz
Riz
|
Riz + vivriers
Riz + vivriers
Riz+maraîchage
Riz + fruitiers
Riz+maraîchage
|
TOTAL
|
|
364
|
1128,5
|
|
|
Source : SOFRECO, 1996
Le matériel végétal utilisé est un
élément essentiel dans la production en ce sens qu'il
détermine en grande partie le rendement de la culture et la
qualité organoleptique. Il faut cependant reconnaître qu'en ce qui
concerne le riz, la variété de semences utilisées pour la
production conditionne pour une part non négligeable la demande des
consommateurs.
Dans la vallée du Zio où la riziculture
irriguée est essentiellement pratiquée, les
variétés utilisées sont IR841 et TGR1. Selon Agbogbli et
Tétévi (op. cit.) ces deux variétés sont
les plus appréciées par les consommateurs. Les riziculteurs
togolais utilisent généralement des semences soit
prélevées directement sur la production de la campagne
précédente, soit achetée auprès des producteurs de
semence. Ces derniers se procurent des semences de base à Sotouboua, les
multiplient et les vendent aux producteurs entre 250 et 300 F CFA le
kilogramme. Les riziculteurs utilisent 60 à 80 kg de semences pour
une pépinière d'un hectare. Les produits des semences
améliorées sont alors utilisés pendant 3 campagnes avant
d'être remplacés (Djélé, 2005).
La conduite des cultures après le semis constitue aussi
un élément essentiel pour la production qualitative du riz. Le
taux de protéines dans les grains après la récolte
dépend de l'assimilation des fertilisants azotés pendant la
culture. Il est connu que les apports fractionnés d'azote permettent
à la plante de mieux l'assimiler. C'est ainsi qu'un même apport
azoté fractionné fournira à la récolte un meilleur
taux de protéines qu'un apport non fractionné qui coûte
cependant moins cher en terme de travail. Selon Yankam (2004), les coûts
additionnels engendrés par les apports fractionnés ne sont pas
toujours compensés et redistribués par le marché. Il
paraît donc plus économique pour les producteurs de faire que des
apports azotés non fractionnés, ce qui pourrait expliquer
l'utilisation dans les rizicultures uniquement que des engrais composés,
surtout le NPK pour la fertilisation. Cependant, les apports d'engrais ne se
font pas en quantité suffisante. Il y'a une disparité lorsque
l'on remonte vers le nord du pays.
En effet, bien que les superficies rizicoles soient plus
grandes dans ces régions du Nord, elles ne bénéficient pas
généralement d'un certain nombre d'appuis techniques, financiers
et d'aucun aménagement. Cette réalité combinée au
fait que la pauvreté sévit plus au Nord5(*), les riziculteurs ont du mal
à faire face aux dépenses d'exploitations. Tout ceci explique
d'ailleurs le faible rendement observé dans les régions du
Nord.
- Facteurs économiques et
institutionnels
Ces facteurs sont constitués essentiellement par les
prix au producteur et les prix des facteurs de production.
L'évolution des prix au producteur est donnée
par la figure 3.3 ci-dessous. L'évolution du
prix réel au producteur s'est faite selon deux (2)
périodes ; celle avant et après dévaluation. Entre
1980 à 1993, les prix réels au producteur ont connu une baisse
moyenne de 2,9 % par an, alors que pendant cette même
période, la production a connu une hausse de 7 % en moyenne par an
(figure 3.4). C'est dire que l'offre de riz paddy n'a pas subi la même
évolution que celle du prix réel au producteur. Après la
dévaluation ces prix réels ont connu une faible augmentation,
soit 0,8 % en moyenne par an. Mais l'augmentation des prix n'a pas permis
une hausse considérable de la production du riz paddy.
Figure 3.3 : Évolution du prix réel
au producteur du riz paddy de 1980 à 2006
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique11.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
La décision des riziculteurs est
déterminée par le rapport coût/bénéfice. Les
coûts sont liés à l'acquisition des semences, des intrants
de production, à la main d'oeuvre et à la location de la terre.
La majorité des riziculteurs cultivent des terres
louées, ils représentent près de 73 % dans la
vallée du Zio (Djélé, 2005). Les contrats de location ne
sont pas toujours signés prédisposant les locataires à une
insécurité foncière ; limitant ainsi les
investissements et l'adoption des nouvelles technologies de production.
Les locations sont payées soit en nature ou soit en
espèces. Dans la vallée du Zio par exemple les frais de location
sont de 25000 FCFA/ha ou 1 sac de riz blanc de 100Kg pour un hectare
(Djélé, op.cit.).
Les intrants dans la riziculture sont essentiellement
constitués par les engrais, les herbicides et les insecticides. Ces
intrants sont utilisés en grande partie dans la région maritime
avec une moyenne à Kovié de 250 kg/ha d'engrais ; soit
150 kg/ha de NPK et 100 kg/ha d'urée (Meertens, 2001).
ACCP/Care International recommandait dans la vallée du Zio
300 kg/ha de NPK (6 sacs) et 150 kg/ha urée (3 sacs) pour un
rendement de 3,5 tonnes de riz blanc/ha. Bien que ces recommandations
permettent d'augmenter les rendements de riz,, la situation économique
des riziculteurs ne permet pas de les respecter. Ceci est
démontré par le faible niveau d'engrais qu'utilisent en moyenne
les riziculteurs dans la vallée du Zio. Au Togo le prix des engrais
vivriers était subventionné par l'État jusqu'en 2006.
Il convient également de préciser que les
situations économiques de la plupart sinon de presque tous les
riziculteurs constituent un frein à l'augmentation de la production.
Ceux-ci sont dans une situation d'endettement, situation qui ne leur permet
plus d'accéder à d'autres crédits. Les dépenses
pour un hectare de riz dans la vallée du Zio sont estimées
à 640250 FCFA par l'ITRA/CRAL (Ani et al, 2001). Une
dépense à laquelle ne peut faire un riziculteur moyen sauf s'il
n'a accès aux crédits ce qui est très difficile dans la
mesure où la filière riz au Togo est laissée pour compte
et ne reçoit aucune attention, sinon quelques-unes, mais de façon
très timide.
Bien que le riz soit devenu une denrée d'enjeux
importants en Afrique de l'Ouest, au Togo il semble que les autorités
gouvernementales n'ont pas encore compris le grand enjeu que cette
denrée représente aujourd'hui et représentera dans un
proche avenir. Dans tous les cas, la riziculture togolaise est laissée
pour compte et aucune action n'est alors entreprise jusqu'à aujourd'hui
pour relancer la production.
N'ayant pas accès aux crédits comme c'est le cas
dans la filière coton les riziculteurs sont pour la plupart dans une
situation de précarité. Cependant, une certaine attention est
portée sur la riziculture dans la vallée du Zio ; elle
reçoit des crédits de la part de l'OSAT et des ONG. Il
paraît alors évident que la réhabilitation et
l'aménagement des exploitations rizicoles les plus importantes dans les
autres régions ne sont pas encore à l'ordre du jour bien que ce
soit ces régions qui fournissent la plus grande partie de la production.
Selon Agbogbli et Tétévi (op. cit.),
les opérations de joint-venture entre l'OSAT et les producteurs de la
vallée du Zio sont l'une des initiatives en cours pour promouvoir la
production nationale de riz au Togo.
L'OSAT est une structure créée au sein du
département chargé de l'agriculture par décret n°
97/117/PR du 20 aout 1997 avec pour mission de réguler les prix des
denrées alimentaires de base et d'assurer l'autosuffisance alimentaire.
Cette structure a mis en place le financement de la production du maïs et
riz, afin de garantir les besoins en céréales nécessaires
à la constitution de son stock de sécurité destinée
à la régulation des prix en période de soudure. Le tableau
suivant montre l'évolution des financements de l'OSAT aux riziculteurs
de la vallée du Zio.
Tableau 3.2 : Évolution des montants des
crédits octroyés par l'OSAT dans le périmètre
Années
|
Montant du crédit (F CFA)
|
Nombre de groupements
bénéficiaires
|
Nombre
de personnes
|
Nombre d'hectares
exploités
|
Stock produit (t)
|
2000
|
5000000
|
2
|
14
|
15
|
37
|
2001
|
9000000
|
5
|
29
|
34
|
170
|
2002
|
12000000
|
5
|
29
|
37
|
185
|
2003
|
15000000
|
6
|
33
|
43
|
205
|
2004
|
17000000
|
8
|
48
|
75
|
375
|
2005
|
30300000
|
9
|
74
|
108,5
|
542,5
|
Source : OSAT, 2007
Djélé (2005) en analysant les actions de l'OSAT
affirme que les actions de cette structure ne sont plus
appréciées par les riziculteurs. Ces derniers pensent que l'OSAT,
au lieu de se limiter à sa mission qui est de constituer des stocks de
sécurité et de les libérer au moment de soudure pour
régulariser les prix de marché, vend plutôt son riz mis en
stock au même moment. Il est devenu pour les producteurs un concurrent
sur le marché.
C. Évolutions de la
production
Comme la plupart des pays africains, le Togo occupe une
position relativement marginale dans la production de riz en Afrique de
l'Ouest. En effet, la production de riz au Togo ne représentait que
3,25 % de la production totale de riz en Afrique de l'Ouest en 2006 comme
le montre le tableau suivant.
Tableau 3.3. Évolution des superficies
cultivées et de la production dans la zone UEMOA en 2006
Pays
|
Superficies cultivées (ha)
|
Productionde riz paddy (tonnes)
|
Bénin
Burkina Faso
Côte d'Ivoire
Guinée Bissau
Mali
Niger
Sénégal
Togo
Total
|
30 000
51 000
510 000
65 000
400 000
27 800
75 215
35000
1 194 015
|
66 000
97 103
818 000
97 000
693 203
76 500
177 756
76285
2 101 847
|
Source : FAOstat cité par Abiassi et Eclou
(2006)
L'évolution des superficies rizicoles au Togo est
montrée par la figure 3.3 ci-dessous. De 1981 à 1993, ces
superficies ont évolué en dent de scie entre 18000 à 28200
ha. En 1994, elles ont atteint leur premier pic (52725 ha).
Évaluées à 57442 ha en 1996 les superficies rizicoles sont
estimées aujourd'hui à 35000 ha (2006), soit une diminution de
39 %. Bien que cette diminution ait été compensée par
une faible augmentation des rendements,6(*) elle reste préjudiciable à
l'économie rizicole au Togo puisque pendant cette période, les
productions ont connu une chute de 13 %.
Figure 3.4 : Évolution des superficies
cultivées de riz au Togo de 1980 à 2006
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique12.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
L'évolution de la production de riz au Togo est
représentée par la figure 3.4 ci-après. Cette figure
montre l'évolution de la production du riz paddy et celle du riz
décortiqué. Cette figure montre que la production rizicole au
Togo n'a amorcé sa véritable augmentation qu'à partir de
1992 pour atteindre son pic de 86700 tonnes de riz paddy en 1998. Après
cette date la production a connu une baisse pour revenir à 62307 en
2000. Depuis lors, elle amorce une augmentation timide.
Figure 3.5 : Évolution de la production du
riz paddy et décortiquée au Togo de 1990 à 2005
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique13.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
3.3.2. Consommation du riz au Togo
Au Togo, le riz a été longtemps
considéré comme un aliment de luxe et était surtout
consommé dans les villes et uniquement pendant les fêtes en zones
rurales (SOFRECO, 1996). Aujourd'hui, la consommation de riz semble se
généraliser rapidement comme dans la plupart des pays d'Afrique
de l'Ouest où la consommation per capita de riz elle
évaluée à 23,5 kg/hbts/an (FAO, 2003).
Le tableau 3.5 ci-dessous montre l'évolution de la
consommation apparente per capita au Togo. Il montre que cette consommation per
capita a rapidement augmenté de 12 kg/tête/an en 1990
à 23,62 kg/tête/an en 2005 ; soit une évolution
de 3,3 % par an. La croissance démographique étant
estimée à 2,4 % par an, il apparaît que la demande par
tête de riz au Togo évolue plus rapidement que la croissance
démographique.
Tableau 3.4 : Évolution de la consommation
apparente par habitant de 1990 à 2005
Années
|
1990 1995 2000 2002
2004 2005
|
Population en milliers
Consommation apparente7(*)
En kg/tête/an
|
3492 4052 4635 4854
5090 5212
12,0 12,9 15,16 19,48
19,28 23,62
|
Source : à partir des données de la
DGSCN, DSID, 2007
L'environnement de la production rizicole actuelle ne
permettant pas de faire face à cette demande de plus en plus croissante,
l'on comprend la dépendance de plus en plus grande à l'importance
de riz. Cette dépense n'est pas sans conséquence pour
l'économie déjà en difficulté. En 2006, les
dépenses à l'importation de riz sont estimées à
plus de 4 milliards de FCFA8(*) en valeur CAF.
Cette demande à l'importation est essentiellement
urbaine, car les productions locales restent généralement dans
les zones de production où elles sont auto consommée à
90 % (SOFRECO, 1996). Seule une petite quantité arrive dans les
zones urbaines où elle est à du mal à se positionner face
aux riz importés en termes de prix et de qualité. Bien que le riz
local présente une qualité nutritive plus que le riz
importé, il n'est pas apprécié par les consommateurs
urbains pour un certain nombre de raisons. D'abord, il est mal
présenté, ensuite aucun effort de marketing n'est entrepris
à son égard et pour finir il revient trop cher lorsqu'il est
ramené à un état de qualité comparé à
celui du riz importé. Le sac de 50 kg de riz de Kovié vendu
par l'OSAT à Lomé est à 20000 FCFA, soit
400 FCFA/kg ; alors que le riz importé thaïlandais varie
entre 13000 et 16000 FCFA.
Compte tenu de tous ces facteurs, les ménages urbains
préfèrent se tourner vers le riz importé qui est moins
cher.
3.4. Échanges de riz au
Togo
3.4.1 Importations
Malgré les performances observées aussi bien au
niveau des emblavures que des rendements, la production locale est loin de
couvrir les besoins de la population. Pour une population d'environ 2,61
millions d'habitants en 1980, la demande était estimée à
plus de 26565 tonnes de riz. En 2006, pour une population de 5,47 millions
d'habitants, la demande est estimée à plus de 70000 tonnes ;
alors que la production de riz décortiqué en cette même
année est estimée à 48000 tonnes. Ainsi, de 16815 tonnes
de déficits dans les années 1980 on arrive à un
déficit de plus de 26235 tonnes en 2006. Ce déficit chronique du
solde vivrier national en riz ouvre la porte aux importations. Le tableau
ci-dessous montre le déficit du solde vivrier du riz au Togo.
Figure 3.6 : Évolution du bilan vivrier au
Togo de 1990 à 2006
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique14.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
Le volume moyen des importations togolaises de riz total est
de 43124 tonnes par an, ils représentent en valeur 2,61 milliards de
FCFA/an entre 1987 à 2006.
Les importations de riz au Togo proviennent essentiellement
des pays asiatiques (Chine, Pakistan, Japon, Thaïlande, Vietnam,
Hong-Kong, etc.), des pays européens (Espagne, France, Danemark, Italie,
Royaumes Unis, Belgique, etc.), des États-Unis d'Amérique et de
certains pays africains (Côte d'Ivoire, Bénin, etc.). Les
différents types de riz importés sont le riz non
décortiqué (paddy), le riz décortiqué (cargo ou
brun), le riz semi-blanchi et le riz en brisures.
L'évolution des importations est
représentée par la figure 3.7 ci-dessous. Cette figure montre que
les importations ont fortement diminué entre 1993 et 1996. Entre ces
dates est intervenue la dévaluation du FCFA en 1994. Ces importations
ont connu leur plus bas niveau en 1995 avec 12001 tonnes. Mais elles ont repris
leur envol à partir de 1996 pour évoluer en dent-de-scie entre
1999 et 2003. En 2006, le Togo a importé plus de 100000 tonnes de riz,
soit en valeur plus de 4 milliards de FCFA. Ce chiffre représente une
perte de devise très importante pour le pays qui se trouve dans une
situation économique très instable. Il faut également
préciser qu'en 2005 les importations faisaient près du double de
la production de riz décortiqué en volume. Entre 2005 et 2006,
l'on a enregistré près de 22,7 % d'augmentation du riz
importé en volume. Ces chiffres à la hausse sont observés
alors que la production a du mal à suivre faute d'investissement
réel et de soutien aux riziculteurs. Ceci constitue une situation
alarmante dans la mesure où la question du riz représente
aujourd'hui dans le monde, en Afrique de l'Ouest en général et au
Togo en particulier un enjeu social, économique et politique. Ainsi, un
petit changement dans l'environnement mondial en termes d'évolution
à la hausse des prix ou en termes de diminution de la production
entraînerait de graves crises alimentaires mettant en danger la paix
sociale9(*) dans les villes
à forte dépendance de riz importé.
Figure 3.7 : Évolution des importations de
riz au Togo de 1990 à 2006
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique15.png)
Source : À partir des données de la
DSID, 2007
3.4.2. Exportations et réexportations
Le riz produit au Togo est importé essentiellement vers
les autres pays de la sous régions, notamment le Ghana, le Bénin
et peut-être même le Burkina Faso. Ces importations sont
très marginales qu'elles ne sont pas prises en compte par les
statistiques officielles. Djélé (2005) affirme qu'au moins 11
tonnes de riz produit dans la vallée du Zio passent au Ghana à
travers des femmes commerçantes. Aussi compte tenu des échanges
entre les populations de part et d'autre des frontières du Togo surtout
des frontières du Nord, il pourrait exister d'important flux
d'échange du riz local.
Chaque année des quantités de riz importé
vers le Togo sont ensuite réexportées vers les pays de
l'hinterland. Selon SOFRECO (1996), le Togo semble être
spécialisé dans le transit du riz. Une partie des importations
qui arrivent dans le port est destinée aux marchés des pays
voisins plus demandeurs. Les retombées de cette activité se
situent aussi bien au niveau des recettes douanières que ces
importations génèrent qu'au niveau de la rente
considérable que captent les commerçants qui alimentent les
circuits de réexportation. Le tableau 3.6 montre l'évolution des
réexportations de riz entre 2000 et 2006.
Tableau 3.5 : Évolutions des
réexportations de riz au Togo de 2000 à 2006
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Quantités réexportées en tonne
|
2447,4
|
11554
|
10548
|
1283
|
647,8
|
35
|
32,059
|
Source : Direction de la Statistique, 2007
Ce tableau montre que les quantités de riz
réexportations du Togo vers les pays de l'hinterland vont en diminuant.
Elles étaient de 2447,4 tonnes en 2000 pour chuter à 32 tonnes en
2006 ; soit une diminution de 98,69 %. Cette diminution peut
être expliquée par le fait que la demande en riz du Togo
croît et que la part des importations qui est jadis
réexportée est maintenant utilisée pour satisfaire cette
demande de plus en plus croissante.
CHAPITRE IV :
ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE LA DEMANDE DE
RIZ AU TOGO
4.1. Base théorique
La base théorique pour la modélisation de la
demande de riz au Togo est celle de la théorie de la maximisation de
l'utilité du consommateur. Stone (1954), fut le premier
économiste a estimé un système de demande
dérivé explicitement de la théorie des consommateurs
(Abdelkrim, 2000). Il utilise le modèle connu sous l'appellation
abrégée LES (Linear Expenditure System) proposé par Klein
et Rubin (1947) et Samuelson (1947). Dans cette spécification des
préférences, Stone (op.cit.) suppose que la demande des
biens dépend linéairement du revenu et des prix des biens.
Plusieurs autres modèles ont été proposés par la
suite, ceux de Rotterdam proposés par Theil (1965) et le modèle
Translog indirect de Christensen, Jorgenson et Lau (1975).
Pour Ravelosoa, et al (1999), l'objet de la
théorie du consommateur est d'expliquer comment un consommateur
rationnel choisit ce qu'il va consommer quand il est confronté à
une variété de prix et un budget limité.
Le consommateur néoclassique dans ses emplettes
quotidiennes agit de façon à maximiser sa satisfaction ou
utilité retirée de la consommation d'un bien dans la limite que
son budget impose à ses achats (contrainte budgétaire).
L'expression formelle de comportement est conditionnée par la
représentation de la fonction objective de l'individu
étudié.
Soit la fonction d'utilité du consommateur, le prix de et le prix de et son revenu. Le problème du consommateur est alors de maximiser
son utilité compte tenu de sa contrainte budgétaire . La résolution de ce problème s'obtient par
l'intermédiaire du théorème de LAGRANGE dont la
formule est :
, est le multiplicateur de LAGRANGE.
Dans cette étude il est supposé
l'hypothèse de séparabilité des préférences.
Cette hypothèse suppose qu'il est possible d'étudier les
comportements de demande du riz, indépendamment du comportement des
consommateurs vis-à-vis des autres biens. Cette hypothèse,
à l'origine du processus de budgétisation par
étapes10(*), est
fréquemment utilisée dans les études empiriques (Yakam,
2004; Bazoche et al, 2005 ; Koffi-Tessio, 2002).
Selon Bazoche et al (op.cit.),
l'hypothèse de séparabilité faible offre l'avantage de
réduire le nombre de variables à prendre en compte dans l'analyse
et par suite le nombre de paramètres à estimer (il n'est plus
nécessaire d'intégrer les prix de tous les autres biens). En
tenant compte de cette hypothèse, les produits peuvent être
partitionnés en groupes de sorte que des préférences au
sein d'un groupe puissent être décrites indépendamment des
quantités des autres groupes ; et à l'intérieur du
groupe de biens, chaque produit a une fonction d'utilité propre en
fonction des autres biens du groupe (Koffi-Tessio, 2002). La
séparabilité forte est une des hypothèses les plus
restrictives sur les préférences.
La fonction d'utilité directe du groupe de bien
considéré est la somme des fonctions de sous utilité. Les
conditions nécessaires et suffisantes qu'une fonction d'utilité
soit séparable ont été dérivées par Leontief
(1974, cité par Koffi-Tessio, op.cit.).
Soit n biens partitionnés en m groupe
tel qu'on est ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique25.png)
La fonction d'utilité définie par :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique26.png)
est exprimé comme :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique27.png)
Où chaque est une branche de la fonction d'utilité ; chaque est la transformation de la fonction de .
Ainsi, l'hypothèse de séparabilité faible
d'une fonction d'utilité implique une indépendance entre les
groupes de biens considérés. Dans ce cas, la fonction
d'utilité peut s'écrire comme suit :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique31.png)
Où chaque est une branche de la fonction d'utilité.
Avant de définir la fonction d'utilité de ce consommateur représentatif, il convient de définir
les différents indices ci-après.
représente le produit, c'est-à-dire le riz,
représente les autres produits consommés en dehors du
riz,
représente la fonction d'utilité, la sous-fonction d'utilité associée à la
consommation de et la quantité consommée.
représente le prix et la dépense.
La fonction d'utilité du consommateur représentatif togolais est
spécifiée comme suit :
(1)
Avec le vecteur des quantités de riz, et le vecteur des autres produits consommés.
La fonction de demande de riz issue du programme de
maximisation de la fonction (1) sous la contrainte du budget total est donnée par la relation suivante :
(2)
En supposant que le riz est faiblement séparable des
autres produits consommés, l'équation (1) peut s'écrire comme
suit :
(3)
L'hypothèse de séparabilité faible permet
d'envisager un second stade de budgétisation selon lequel le
consommateur décide d'allouer son revenu du riz et à la consommation des autres produits (Yankam, 2004). La
fonction de demande du riz issue de la maximisation de (3) sous la contrainte
de est alors spécifiée comme suit : (4)
4.2 Choix de la forme fonctionnelle du
modèle
Le modèle flexible AIDS (Almost Ideal Demand
System) fréquemment utilisé dans la littérature de la
demande des biens de consommation est choisi pour la modélisation
empirique de la demande de riz importé et de riz produit localement au
Togo.
Le modèle AIDS est défini à partir du
modèle PIGLOG (Price Independent Generalized Logarithmic Linearity). Ce
modèle est représenté via la fonction de dépenses
en riz qui définit le niveau minimum de dépenses requises pour
atteindre un niveau spécifique d'utilité avec un vecteur de prix
prédéterminé comme l'indique la fonction
suivante :
(1)
Où est le coût total supporté par le consommateur, est le niveau d'utilité situé entre 0 niveau de
subsistance et 1 le niveau de béatitude ; et sont des indices de prix. La fonction a la forme TRANSLOG suivante :
(2)
Alors que la fonction est sous la forme suivante :
(3)
En remplaçant et par leurs formes fonctionnelles dans l'équation 1, on
aura :
(4)
où sont des paramètres à estimer. Afin de s'assurer que la
fonction de coût est linéaire et homogène, les conditions
suivantes sont imposées sur les paramètres :
Additivité :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique67.png)
Homogénéité de degré 0 :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique68.png)
Symétrie :
, ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique70.png)
Avec le lemme de Shephard, il est possible de déduire
les fonctions de demande à partir de la fonction de coût
ci-dessus en dérivant la fonction de coût par son prix
soit :
(5)
où :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique72.png)
Cette part de dépenses en fonction d'un niveau de dépense tel que et d'un vecteur de prix, est exprimée comme suit :
, avec (6)
Où représente le nombre de biens, la part budgétaire du riz i, est le prix du riz j, est la dépense monétaire du consommateur en riz, et sont des paramètres à estimer, est un indice de prix tel que son log égal à ce qui
suit :
(7)
Comme le suggère (Deaton et Muelbaeur, 1980 ;
cité par Savard, anonyme), cet indice de prix ne se
comporte pas toujours très bien et suggère l'indice des prix de
Stone (1953) qui est une approximation de cet indice de prix et est plus facile
à manipuler ;
(8)
L'utilisation de P* élimine la
nécessité d'utiliser des techniques non-linéaire comme
serait le cas en utilisant P (Savadogo, 1990).
Les équations (6) et (8) donne :
(9)
Les élasticités compensées (Hicksiennes)
et non compensées (Marshalliennes) sont calculées, en utilisant
les formules rapportées par Jung (2000).
Les élasticités prix et dépense
Marshalliennes sont spécifiées comme suit :
(10)
(11)
Où =1 pour et =0 pour .
Les élasticités Hicksiennes sont
exprimées par l'équation suivante :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique94.png) (12)
4.3. Données utilisées et
propriétés statistiques des variables
Les données utilisées pour calculer les
variables du modèle LA/AIDS, sont des données annuelles qui
couvrent la période 1986 à 2006. Ces données concernent
les quantités de riz importé, la production de riz local
décortiqué, les données annuelles des prix du
marché correspondants. Les quantités annuelles consommées
de riz importé sont calculées en supposant que 10 % des
quantités importées sont ensuite réexportées ;
il est également supposé que 5 % de la production du riz local
constituent la part des exportations et les variations de stock. Ainsi, cette
part a été retirée de la production nationale pour obtenir
l'approvisionnement domestique de riz.
Disposant des données en séries chronologiques,
les variables issues de ces données ont été testées
pour juger de leurs stationnarités. En effet, plusieurs données
économiques présentées en séries chronologiques
sont pour la plupart non stationnaires, rendant non valide l'application des
techniques conventionnelles de tests statistiques.
Une variable est dite stationnaire si ces
caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il
existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une
variable chronologique, mais notre étude retient le test de racine
unitaire de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Ce test effectué sur
toutes les variables du modèle est reporté dans le tableau 3.1
ci-après.
4.4. Résultats empiriques
4.4.1 Test de
stationnarité
Les résultats du test montrent que toutes les variables
sont non stationnaires en niveau puisque toutes les statistiques ADF sont
supérieures aux valeurs critiques correspondantes à 5 %,
alors qu'en différence première l'on remarque que ces
statistiques sont inférieures aux valeurs critiques correspondant
à 5 %. En conclusion, toutes les variables sont
intégrées d'ordre 1, elles sont toutes I(1), ce qui signifie
qu'elles sont stationnaires en différence première.
Les variables étant intégrées de
même ordre, le test de cointégration sera effectué pour
vérifier l'existence ou non d'une relation d'équilibre de long
terme entre ces variables.
Tableau 4.1 : Test de racine unitaire de
Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)
|
En niveau
|
En Différence
|
Variables
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Log(Pl)
|
0
|
-1.65
|
-3.02
|
0
|
-5.27
|
-3.0294
|
Log(Pi)
|
2
|
-2.54
|
-3.04
|
0
|
-4.52
|
-3.0294
|
Log(Y/P*)
|
0
|
-1.46
|
-3.02
|
0
|
-5.48
|
-3.0294
|
Note : le nombre de retards est défini
à partir du critère d'information d'AIC.
4.4.2 Test de
cointégration
L'approche utilisée pour tester la cointégration
est celle de Granger et Engle. Cette approche veut que les variables soient
d'abord de même niveau d'intégration. Les variables
répondent à cette condition, car elles sont toutes
intégrées d'ordre 1. Ainsi, l'on peut passer à
l'étape suivante qui consiste à régresser par la
méthode des Moindres Carrés Ordinaires (MCO), la combinaison
linéaire des variables du modèle. L'estimation étant
faite, on récupère les résidus du modèle et on
teste leurs stationnarités. S'ils sont stationnaires, on conclut qu'il
existe une relation stable de long terme entre les variables.
Les relations de cointégration qui ont servi au test de
l'ADF sont représentées dans le tableau 4.2 suivant.
Tableau 4.2: Test de stationnarité des
résidus de la relation de long terme
Résidu de :
|
Nombre de retards
|
ADF stat
|
Valeur critique (5 %)
|
Wi sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)
Wl sur log(Pi), log(Pl), log(Y/P*)
|
0
0
|
-3,27
|
-3,03
|
Le tableau montre que les statistiques de l'ADF sont toutes
inférieures aux valeurs critiques à 5 % ; les
résidus sont intégrés d'ordre 0, c'est-à-dire
stationnaires. Il existe donc une relation stable de long terme entre les
variables malgré qu'elles ne soient pas stationnaires. Il n'y a pas
relation fallacieuse dans l'estimation du modèle de long terme,
autrement dit si le modèle de long terme vérifie les
hypothèses classiques des MCO ; on aurait donc estimé le bon
modèle.
Les relations cointégrantes qui ont servi au test de
l'ADF sont présentées dans le tableau 4.3 suivant :
Tableau 4.3 : Relation cointégrantes
(modèle de long terme)
Variables
|
Riz local
|
Riz importé
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
Coefficient
|
Std. Error
|
C
|
-0,59
(-1.20)
|
0.49
|
1.59*
(3,22)
|
0.49
|
Log(PL)
|
0.35*
(2.96)
|
0.12
|
-0.35*
(-2,96)
|
0.12
|
log(PI)
|
0.30*
(2.71)
|
0.11
|
-0.30*
(-2,71)
|
0.11
|
log(Y/P*)
|
-0.14*
(-5,11)
|
0.03
|
0.14*
(5,11)
|
0.03
|
R2a
|
0,76
|
|
0,76
|
|
DW
|
1,64
|
|
1,64
|
|
Les valeurs entre parenthèses sont les t-statistique,
*dénote la significativité à 5 %
Le risque de relation fallacieuse étant
écarté les tests d'hypothèses nécessaires à
la validation du modèle estimé par les MCO sont
réalisés. Il s'agit du test d'autocorrélation et d'
Hétéroscédasticité.
4.4.3 Test de validation du modèle de long
terme estimé par les MCO
Les tests de validation du modèle de long terme par les
MCO sont reportés dans le tableau 4.4. Ces tests montrent que les
p-values de la statistique de White Heteroskedasticity et de la statistique de
Breusch-Godfrey sont supérieure à 5 % ; dans ce cas les
résidus ne sont ni autocorrélés, ni
hétéroscédastique.
Toutes les hypothèses nécessaires à la
validation des résultats obtenus par les MCO ayant été
validées, les estimateurs issus des MCO du modèle de long terme
sont sans biais, convergents et efficaces.
Tableau 4.4 : test d'autocorrélation et
d'hétéroscédasticité
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
F-statistic
|
0,568958
|
Probability
|
0,577868
|
Obs*R-squared
|
1,480752
|
Probability
|
0,476935
|
White Heteroskesdasticity
|
F-statistic
|
1,768141
|
Probability
|
0,177850
|
Obs*R-squared
|
9,053077
|
Probability
|
0,170615
|
4.4.4. Modèle à correction d'erreur
(ECM)
Une relation de cointégration est une relation
d'équilibre de long terme, mais à court terme il peut y avoir des
déséquilibres. L'estimation du MCE porte sur des variables
calculées en différence. Dans le cas de cette étude, Y
suit un processus autorégressif à retard distribué d'ordre
1, donc les variables seront calculées en différence
première. Ces variables sont les variables explicatives et la variable
d'écart de la relation de long terme (ou erreur de
déséquilibre).
Le MCE est formulé de la manière
suivante :
où :
est l'impact immédiat ou du court terme de sur ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique99.png)
est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la
période antérieure entre et ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique103.png)
est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de
l'écart par rapport à l'équilibre.
L'estimation du modèle à correction d'erreur est
présentée dans le tableau 3.4 suivant.
Le modèle à correction d'erreur est
validé puisque les coefficients de l'erreur du
déséquilibre sont significativement différents de 0 et
négatifs. Il correspond à la force de rappel.
Le modèle à correction d'erreur stipulant que
doit diminuer pour retourner à sa valeur d'équilibre, il
est donc supposé que la demande du riz local et celle du riz
importé baissent respectivement à la vitesse de 1,01 kg par
habitant pour retourner à l'équilibre de long terme. Le
résultat de l'estimation du modèle à correction d'erreur
est présenté dans le tableau 4.5 suivant.
Tableau 4.5 : Résultat de l'estimation du
modèle à correction d'erreur
Variables
|
Riz local
|
Riz importé
|
|
Coefficient
|
Std. Error
|
Coefficient
|
Std. Error
|
log(PL)
|
0.54*
(3.04)
|
0,08
|
-0.54*
(-3.04)
|
0,08
|
log(PI)
|
0.37*
(6.73)
|
0,12
|
-0,37*
(-6.73)
|
0,12
|
log(Y/P*)
|
-0,12*
(-3.10)
|
0,04
|
0.12*
(3.10)
|
0,04
|
et-1
|
-1,01*
(-4.52)
|
0,22
|
-1.01*
(4.52)
|
0,22
|
R2a
DW
|
0,80
2,21
|
|
0,80
2,21
|
|
* significativité à 5 %, les t-statistiques
sont entre parenthèses
4.4.5. Commentaire des
résultats
Les résultats de l'estimation des tableaux 4.3 et 4.5
montrent que les paramètres du revenu du riz local et du riz
importé sont significatifs à 5 %. Un bien est normal quand
la valeur du paramètre de son revenu est négative et de luxe
quand ce paramètre est positif. Ainsi, les paramètres de court
terme et de long terme du revenu du riz local estimé respectivement de
-0,12 et -0,14 montrent que ce type de riz est un bien normal alors que le riz
importé est un bien de luxe, puisque les paramètres
estimés sont respectivement de 0,12 et de 0,14 à court et
à long terme.
L'élasticité-revenu présentée dans
le tableau 4.6 confirme également ces résultats. Les
paramètres des prix propres et des prix croisés des deux
modèles estimés sont significatifs à 5 %.
Les élasticités du modèle de court et de
long terme sont des élasticités non compensées ou
Marshalliennes. Ces élasticités sont calculées au point
moyen des observations à l'aide des équations (2.4.3) et
(2.4.4), et sont présentées dans le tableau 4.6.
Tableau 4.6 : Élasticités de long
terme et de court terme de la demande de riz au point moyen des observations
Élasticités prix non compensés ou
Marshalliennes
|
|
Riz local
|
Riz importé
|
Élasticités-dépense ( )
|
|
Court terme
|
Long terme
|
Court terme
|
Long terme
|
Court terme
|
Long terme
|
Riz local
Riz importé
|
0,40
-1,76
|
-0.03
-0.70
|
1,04
-1,02
|
0.91
-1.66
|
0,71
1,21
|
0.65
1.25
|
o Elasticité-dépense
Les élasticités-dépense de long terme
comme de court terme montrent que parmi les deux types de riz
considéré, le riz importé est un aliment de luxe alors que
le riz local est un bien normal. Une augmentation de 1 % du revenu
entraînerait une augmentation de 1,2 % de la dépense
accordée à la consommation du riz importé dans le court
terme et 1,25 % dans le long terme, soit une augmentation plus que
proportionnelle à l'augmentation du revenu. Cette augmentation est de
0,71 % à court terme et de 0,65 % à long terme pour le
riz local, soit moins que proportionnel à l'augmentation du revenu.
Il apparaît alors que la demande de riz importé
au Togo est alors plus élastique par rapport à la dépense.
En effet, le riz importé présente un certain nombre de
critères appréciés par les consommateurs : (i)
la qualité intrinsèque du riz que sont les
propriétés organoleptiques et physiques du grain,
particulières à chaque variété ; (ii) les
attributs de qualité acquis au cours du processus de transformation et
de commercialisation depuis le champ jusqu'à l'assiette du consommateur
comme la propreté, l'homogénéité, le taux
d'humidité qui est lié à la durée du
stockage ; (iii) les attributs de marché que sont le prix et la
disponibilité ; (iv) la capacité de gonflement, la
facilité de cuisson, etc. Ainsi, toute augmentation de leur revenu se
traduit par une augmentation plus que proportionnelle des dépenses
accordées à la demande de ce type de riz.
o Élasticités-prix
propre
Toutes les élasticité-prix propres sont
négatives répondant ainsi à la théorie de la
demande sauf l'élasticité-prix propre de court terme du riz
local. En effet, le riz local étant un bien normal, une augmentation de
son prix dans le court terme n'a pas eu d'incidence majeure sur sa
demande ; demande qui a d'ailleurs continué par augmenter. Cette
augmentation est tout de même faible puisque l'élasticité
est estimée à 0,4. Mais à long terme l'augmentation de
1 % du prix du riz local entraîne une légère baisse de
sa demande (0.03 %).
Il apparaît alors que les variations du prix du riz
local ont une très faible incidence sur sa demande. Ce résultat
pourrait être expliqué par le fait que le riz local est devenu au
sein des ménages togolais surtout des ménages ruraux un aliment
normal. Ainsi, une petite augmentation de son prix n'aura qu'une faible
influence sur la quantité consommée.
Par contre, le riz importé est très sensible aux
variations de son propre prix dans le court comme dans le long terme, puisque
sa demande diminuer fortement quand les prix augmente de 1 %. Ces
diminutions sont respectivement de 1.76 % et 1.02 % dans le court et
long terme. Le prix apparaît alors comme un déterminant majeur de
la demande du riz importé au Togo.
Dans leur étude à partir des données
d'enquête au Nigeria et en Côte d'Ivoire, Lançon et
al (2002) ont conclu que les choix des consommateurs nigérians
par rapport au riz importé, sont essentiellement
déterminés par les attributs de marché (prix,
disponibilité) que les propriétés organoleptiques ;
alors que les consommateurs ivoiriens fondent leur demande de riz
importé sur ces qualités organoleptiques et intrinsèques
que sur les attributs de marché. Les consommateurs togolais et
nigérians semblent avoir donc les mêmes comportements de demande
du riz importé.
o Élasticité-prix
croisée
Les résultats de l'estimation montrent qu'il existe une
relation de substitution nette entre le riz importé et le riz local,
puisqu'une augmentation de 1 % du prix du riz importé
entraîne une augmentation de la demande du riz local respectivement de
1,04 % et de 0,91 % dans le court et long terme.
4.5. Conclusion
Les élasticités calculées à partir
d'un modèle de demande théoriquement et statistiquement
acceptable, permettent de conclure que : (i) la demande du riz
importé est essentiellement déterminée par le revenu et
les prix (prix du riz local et prix du riz importé). Sa demande
évolue fortement suite à une variation de son propre prix ou du
revenu ce qui fait de ce type de riz un bien de luxe parmi les deux types de
riz considéré dans l'étude. Le riz local s'est
montré être un bien de consommation courante, puisque dans le
court terme une évolution de son propre prix n'a pratiquement pas
d'influence sur sa demande ; (ii) le riz local et le riz importé
sont deux biens de substitution. C'est ainsi qu'une augmentation de 1 % du
prix du riz importé sur le marché togolais permettrait une
augmentation de la demande du riz local. Mais pour que cette substitution soit
soutenue dans le long terme (seulement 0,91 % d'augmentation dans le long
terme contre 1,04 % dans le court terme), des mesures doivent être
prises pour améliorer la qualité intrinsèque du riz local
et développer autour de ce type de riz un système de marketing
efficace.
En particulier, dans cette étude la consommation des
différents types de riz par les ménages togolais est
expliquée uniquement à partir de facteurs économiques, les
prix de ces riz et le revenu alloué à la consommation de ces
produits. Or il est clair que l'évolution des prix n'est pas le seul
facteur explicatif de la décision de consommation des différents
types de riz par les ménages. La qualité du riz et ses attributs
sont d'autres facteurs qui influencent les demandes finales des ménages.
Ces autres dimensions doivent donc être intégrées dans
l'analyse de la demande du riz au Togo pour mieux appréhender la demande
du riz au Togo.
Toutefois, ces conclusions devraient être
considérées avec beaucoup de prudence au moins pour trois raisons
essentielles.
Premièrement, les paramètres de comportement
obtenus ne sont que conditionnels au deuxième stade de
budgétisation. Selon Yankam (op.cit.) ces
élasticités conditionnelles ne permettent par conséquent,
que de réaliser des analyses partielles de comportement. Malgré
le fait que Davis et Jansen (1994) affirment que ce type
d'élasticité semble avoir beaucoup de succès sur le plan
d'analyse des politiques. Deuxièmement, la qualité des
données utilisées reste assez problématique compte tenu du
fait qu'elles ne reflètent pas toujours les comportements de demande du
riz par les Togolais. Troisièmement, la période d'observation qui
est limitée à 20 ans n'est pas suffisamment longue pour analyser
des comportements de demande.
CHAPITRE V :
ANALYSE ÉCONOMÉTRIQUE DE L'OFFRE DE RIZ
LOCAL AU TOGO
5.1. Base théorique
Sur le plan théorique, cette recherche s'appuie sur la
théorie de la firme pour dériver la fonction d'offre du riz
local. Cette théorie stipule que le producteur tend à maximiser
son profit économique, c'est-à-dire la différence entre le
revenu reçu par l'entrepreneur (producteur) et tous les coûts
supportés (Goffin, 1993).
Les revenus et les coûts dépendent des
activités de l'entreprise ; qui peuvent être des
activités de production courante, l'acquisition des facteurs de
production, la publicité, etc.
En supposant que la technologie du producteur est une fonction
de production, , fonction dans laquelle est le vecteur de variables de quantités produites, x
est le vecteur de variables de quantités d'intrants et z le
vecteur des facteurs fixes. Les facteurs variables sont
généralement la main-d'oeuvre, les engrais, les semences, les
pesticides... Quant aux facteurs fixes, ils peuvent être la terre, les
équipements, les infrastructures, les services de vulgarisation, le
climat, l'accès au marché (Tannon, 2004).
Si est le coût total des intrants et p le prix du produit,
le profit ð, du producteur est
(1)
(*) indique la transposition de
vecteur.
Le profit ainsi calculé est un profit
« restreint», car seuls les coûts des facteurs variables
sont déduits des recettes totales.
Le producteur est sensé choisir la combinaison des
quantités d'intrants à utiliser et des quantités de bien
à produire qui maximise son profit étant donné son niveau
de technologie.
sous contrainte (2)
La solution à ce problème de maximisation est un
système composé des fonctions d'offre de produit et de demande
d'intrant comme suit :
et (3)
En substituant ces expressions dans la définition du
profit, l'on obtient, une fonction de profit, qui est le profit maximum que
peut obtenir le producteur étant donné le niveau de prix et p ; des facteurs fixes disponibles z ;
et la technologie de production :
(4)
Il existe une correspondance unique entre la fonction de
production et la fonction de profit. Toutefois, cette correspondance ne peut
pas toujours être établie analytiquement (Sadouet et de Janvry,
1995).
Selon Tannon (2004), le concept de la fonction de profit dans
la détermination de la réponse de l'offre, bien que rigoureuse,
parce que respectueux de la théorie économique, comporte quelques
difficultés. Selon cet auteur, il n'est pas possible de
déterminer la fonction de profit des producteurs, car les données
pour y arriver sont difficiles à obtenir ; surtout dans les pays en
développement. Aussi poursuit-il, dans l'usage de ce concept, les
mécanismes de la formation des attentes des prix et de l'ajustement
partiel de la production ne sont pas suffisamment prises en compte.
Les agents producteurs n'ont pas nécessairement des
comportements synchroniques, mais retardés (Koffi-Tessio, 1997). Le
cadre dynamique est donc celui approprié pour analyser ces
comportements.
Pour les besoins de l'analyse, deux cas seront
examinés : le modèle d'ajustement partiel et le
modèle d'anticipation adaptative.
5.1.1. Modèle d'ajustement
partiel
Selon Koffi-Tessio (1997), la rigidité des institutions
ou des structures ne permet pas à l'offre désirée de se
réaliser en une seule période. Ainsi, l'offre peut être
formulée de la manière suivante :
(1)
Où :
, est l'offre désirée au temps t et , est la variable explicative de l'offre au temps t, et les paramètres estimés et le terme de l'erreur. Comme n'est pas connu, l'équation ne peut être estimée par
la méthode des Moindres Carrés Ordinaire (MCO). En revanche, (offre observée) est connue ; une relation peut donc
être spécifié entre et telle que :
0 (2)
Où :
est le coefficient d'ajustement
Par substitution de (1) dans (2) on obtient un
modèle simplifié de Koyck de la manière suivante :
ou avec ; et ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique134.png)
L'équation peut donc être estimée par la
méthode des MCO.
5.1.2. Modèle d'anticipation
adaptative
Dans cette spécification, les valeurs de la variable
à expliquer sont fonctions des valeurs, non pas observées d'une variable
explicative, mais des valeurs attendues, telles que :
(1)
où est la valeur prévue de la variable explicative . , n'est pas connu ; néanmoins, une hypothèse sur peut être spécifiée (anticipation adaptative),
soit :
, avec 0 (2)
où est le coefficient d'anticipation. En développant
l'équation (2), on obtient :
(3)
En remplaçant dans l'équation (1), on obtient un modèle à retards
échelonnés :
(4)
À partir d'une transformation de Koyck, on obtient la
formulation autorégressive suivante :
(5)
Le modèle peut être donc estimé
économétriquement.
5.2. Choix de la forme fonctionnelle du
modèle
Dans cette étude l'hypothèse d'ajustement
partiel est préférée à celle d'anticipation
adaptative, puisque le niveau de production souhaité par le producteur
ne peut être atteint au cours d'une seule période. Selon
Koffi-Tessio (1997), certaines contraintes techniques comme le manque de
main-d'oeuvre ou la possibilité de se procurer des semences et des
engrais peuvent limiter la réaction du producteur en cas de hausse des
prix et de l'empêché de réaliser son objectif initial de
production. Cette hypothèse est soutenue par la permanence de
pénurie d'engrais et de semences, que font face la plupart des
riziculteurs. En effet, à chaque début de campagne rizicole les
riziculteurs sont toujours confrontés à une pénurie
d'engrais et de semence de riz, limitant ainsi leur objectif de production.
Pour spécifier cette hypothèse, la fonction
d'offre de riz est basée sur le modèle de Nerlove. Ce
modèle comme le note Koffi-Tessio (1997) est le plus performant et le
plus fréquemment utilisé pour estimer la fonction d'offre des
produits dans le secteur agricole. Aussi, tient-il compte des dynamiques
d'anticipation adaptative et d'ajustement partiel (Sadoulet et Janvry,
op.cit.).
La forme générale du modèle de Nerlove
est spécifiée comme suit :
(1)
où :
est l'offre espérée au temps t
est le prix au temps t
regroupe d'autres variables influençant l'offre au temps t
est l'erreur de spécification
La forme la plus employée pour exprimer
l'hypothèse d'ajustement partiel s'écrit :
, (2)
Où est le coefficient d'ajustement partiel.
Il découle des expressions (1) et (2) que :
(3)
Pour , et l'expression peut aussi s'écrire :
(4)
En exprimant les variables du modèle en logarithmes,
les coefficients des variables explicatives s'interprètent comme des
élasticités. Dans ce cas et sont les élasticités de court terme ; et sont les élasticités de long terme.
Pour ajuster la fonction d'offre, une valeur muette a
été ajoutée en vue de prendre en compte la
dévaluation intervenue en 1994. Les réactions des producteurs
seront mesurées à partir de cette année. Donc, cette
variable prend la valeur 0 jusqu'en 1993, et, celle de 1 à partir de
1994.
5.3. Spécification du modèle
empirique
La formule empirique du modèle d'offre est
spécifiée comme suit :
![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique165.png)
Où :
= offre du riz paddy au temps t (exprimée en logarithme)
= prix réel aux producteurs de riz paddy (exprimée en
logarithme)
= prix réel de l'engrais (exprimée en logarithme)
= pluviométrie moyenne annuelle (exprimée en
logarithme)
= offre retardée du riz paddy (exprimée en logarithme)
= variable muette indiquant la dévaluation au temps t
=erreur de spécification du modèle d'offre au temps t
=élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par
rapport au prix réel aux producteurs
= élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par
rapport au prix réel de l'engrais
= élasticité de court terme de l'offre du riz paddy par
rapport à la pluviométrie
, avec = coefficient d'anticipation
5.4. Les données utilisées et
propriétés statistiques des variables
Les données utilisées sont des séries
chronologiques qui couvrent la période de commercialisation de 1980
à 2006. Les données utilisées proviennent de
différentes sources qui sont essentiellement : DSID, FAOStat
(productions annuelles, prix aux producteurs), IFDC (prix des engrais),
annuaire statistique de la BCEAO (pluviométrie moyenne annuelle). Tous
les prix ont été déflatés par l'indice des prix
à la consommation togolaise de la DGSCN, pour obtenir les prix
réels de chaque produit.
Les estimations d'offre agricole à partir des
séries chronologiques sont généralement influencées
par le temps et les résultats économétriques obtenus
malgré les coefficients de détermination (R2) et de
Student-Fisher élevés, ne sont pas fiables à cause de
l'hypothèse implicite irréaliste d'une offre agricole cible fixe
basée sur des anticipations stationnaires. Cette absence de
vérification préalable de l'hypothèse de
stationnarité limite la validité des résultats
économétrique dans le contexte de la modélisation
dynamique du comportement d'optimisation (Hallam et Zanoli, 1993
cité par Koffi-tessio, 1997).
Disposant pour cette étude des données
chronologiques, il s'avère donc indispensable de tester la
stationnarité des variables du modèle avant sa
spécification.
Une variable est dite stationnaire si ces
caractéristiques stochastiques sont indépendantes du temps. Il
existe plusieurs tests de vérification de la stationnarité d'une
variable chronologique, notre étude retient le test de racine unitaire
de Duckey-Fuller Augmenté (ADF). Les résultats du test sont
reportés dans le tableau
5.5. Résultats empiriques
5.5.1. Test de
stationnarité
Le tableau 5.1 montre qu'au seuil de 5 %, le test de
stationnarité de Duckey-Fuller Augmenté indiquent que toutes les
variables sont non stationnaires en niveau (ADF>0,05) à l'exception
de la variable pluviométrie qui est I(0) (ADF<0,05). Aussi, les
statistiques de l'ADF montrent-elles que les variables sont stationnaires en
différence première, elles sont donc intégrées
d'ordre 1.
Toutes les variables n'étant pas d'un même ordre
d'intégration, une relation cointégrante ne peut donc pas exister
entre elles. De ce fait, Il n'y a pas de relation de long terme entre les
variables du modèle d'offre, puisqu'une relation de cointégration
est une relation de long terme.
Tableau5.1 : Test de racine unitaire de
Ducker-Fuller Augmenté (modèle avec constante)
|
En niveau
|
En Différence
|
Variables
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
Nombre de retards
|
ADF
|
Valeur critique (5 %)
|
logY
|
1
|
-1
|
-2,98
|
1
|
-3,87
|
-2,99
|
logp
|
0
|
-2,4
|
-2,97
|
1
|
-3,94
|
-2,99
|
logPe
logPl
|
0
0
|
-2,3
-4,96
|
-2,97
-2,97
|
0
1
|
-6,14
-5,30
|
-2,99
-2,99
|
Note : le nombre de retards est défini
à partir du critère d'information d'AIC.
L'offre de riz au Togo sera estimée en
considérant les relations de court à travers à partir du
Modèle à Correction d'Équilibre (MCE).
5.5.2. Modèle à correction d'erreur
(ECM)
Le modèle à correction d'équilibre permet
de prendre en compte l'ajustement qui s'opère à court terme en
vue de rétablir l'équilibre de long terme.
L'estimation du MCE porte sur des variables calculées
en différence. Dans le cas de cette étude, les variables sont en
différence première.
Le MCE est formulé de la manière
suivante :
où :
est l'impact immédiat ou de court terme de
sur ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique181.png)
est l'ampleur de l'ajustement de par rapport au déséquilibre observé la
période antérieure entre et ![](Demande-du-riz-importe-demande-et-offre-du-riz-produit-localement-au-Togo-une-etude-econometrique185.png)
est l'erreur de déséquilibre ou l'ampleur de
l'écart par rapport à l'équilibre.
L'estimation du modèle à correction d'erreur est
présentée dans le tableau 3.2 suivant.
Tableau 5.2 : Résultat de l'estimation du
modèle à correction d'erreur (modèle de court terme)
Dependent Variable: DLOGY
|
Method: Least Squares
|
Date: 09/09/08 Time: 18:07
|
Sample (adjusted): 1983 2006
|
Included observations: 24 after adjusting endpoints
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
DLOGY (-1)
|
0.172074
|
0.182490
|
0.942923
|
0.3582
|
DLOGP
|
-0.191478
|
0.225499
|
-0.849129
|
0.4070
|
DLOGPE
|
0.761351
|
0.260563
|
2.921950
|
0.0091
|
DLOGPL
|
0.706838
|
0.265141
|
2.665895
|
0.0158
|
DV
|
0.031366
|
0.051736
|
0.606277
|
0.5519
|
E(-1)
|
-1.393085
|
0.290746
|
-4.791418
|
0.0001
|
R-squared
|
0.701124
|
Mean dependent var
|
0.063529
|
Adjusted R-squared
|
0.618103
|
S.D. dependent var
|
0.269029
|
S.E. of regression
|
0.166254
|
Akaike info criterion
|
-0.538284
|
Sum squared resid
|
0.497526
|
Schwarz criterion
|
-0.243770
|
Log likelihood
|
12.45940
|
Durbin-Watson stat
|
1.236906
|
Source : Auteur
Le modèle à correction d'erreur est
validé puisque le coefficient de l'erreur du déséquilibre
est à la fois négatif et significativement différent de 0.
Il correspond à la force de rappel. De plus, le modèle est stable
dans le temps puisque le coefficient de la variable retardée
estimée à 0,17 est inférieur à l'unité.
Toutes les variables exogènes considérées expliquent
l'offre du riz local à 62 % ( =0.62).
5.5.3. Commentaire des
résultats
Le coefficient d'ajustement évalué à 0,83
montre une capacité très faible d'ajustement du secteur rizicole.
Ainsi, les nouvelles productions sont très inférieures à
celles désirées par les riziculteurs. En effet, plusieurs
facteurs interviennent pour limiter les objectifs de production rizicole au
Togo. Ces facteurs sont essentiellement d'ordre économique, puisque
l'inexistence de crédit dans la filière ne permet pas aux
producteurs de faire face à leurs dépenses d'exploitation que
sont surtout les dépenses d'acquisition d'intrants (engrais, semences
améliorées, etc.). Aussi, le résultat de l'estimation
montre que les producteurs ne tiennent-ils pas compte de la production
antérieure pour ajuster leur production actuelle, puisque le coefficient
de la variable retardée de l'offre n'est pas significatif.
L'analyse menée sur la base d'élasticités
permet de relativiser les effets individuellement estimés par rapport au
niveau moyen de la variable dépendante et de la variable explicative
correspondante. L'élasticité de court terme de l'offre du paddy
par rapport aux prix réels au producteur est de -0,19. Bien que les prix
réels au producteur aient connu une baisse moyenne de 1 % par an
entre 1980 et 2006, l'offre du riz local n'a pas baissé puisque la
valeur de l'élasticité est négative. Ce résultat
qui semble être contradictoire à la théorie montre en fait
que le riz en tant que produit alimentaire est principalement produit au Togo
pour l'autoconsommation. De ce fait, ce n'est que le surplus
dégagé de cette autoconsommation qui entre sur le marché
pour être vendue. C'est ainsi que pour répondre aux besoins
alimentaires en riz de leur famille sans cesse croissante depuis 1980, les
riziculteurs augmentent leur production de riz sans tenir vraiment compte de
l'évolution à la baisse du prix au producteur.
Par ailleurs, il est remarqué que
l'élasticité l'offre de riz par rapport aux prix au producteur
évalué à -0,19 est inférieur à
l'unité en valeur absolue, ce qui montre que l'offre de riz par rapport
aux prix au producteur est inélastique et confirme l'hypothèse
selon laquelle les facteurs prix influencent très peu l'offre de riz au
Togo. En effet, de nombreux autres facteurs interagissent en priorité
sur la production avant que ce ne soit le caractère incitatif du prix
(Combe 1999).
L'élasticité de l'offre par rapport au prix de
l'engrais est estimée à 0,71 alors que le prix réel des
engrais a connu une hausse moyenne de 7 % par an. Dans cette logique, une
hausse des prix réels des engrais entraîne une hausse de l'offre
de 0,71 ce qui n'est pas le cas en réalité. D'ailleurs, cette
assertion est contraire à la théorie. Ce résultat peut
être expliqué par rapport à l'environnement dans lequel
évolue l'offre de riz au Togo. En effet, dans les trois zones
écologiques de production rizicole au Togo, la riziculture de bas-fond
et celle pluviale représentent respectivement 65 % et 10 %.
Dans ces zones de production, l'engrais est peu ou pas utilisé (SOFRECO,
1996). Bien que l'utilisation de l'engrais soit essentiellement pour
l'obtention de bons rendements à l'hectare, la plupart des riziculteurs
soit l'utilise en petite quantité soit ne l'utilise pas. Les
riziculteurs n'ont pas le capital nécessaire pour faire face à
leurs dépenses d'exploitation. Même en riziculture irriguée
comme dans celle de la vallée de Zio, les riziculteurs sont
confrontés à ce même problème de crédit en
intrant et surtout pénurie d'engrais. Ceci explique d'ailleurs les
faibles rendements de riz observés au Togo (1,40 à
2,75 kg/ha). Ainsi, l'une des contraintes majeures à la production
rizicole au Togo est la pénurie d'engrais et l'absence de Crédit
Agricole (Agbogbli et Tétévi, 2004). L'on comprend alors que les
riziculteurs togolais sont indifférents à une augmentation du
prix de l'engrais puisqu'ils ne l'utilisent pratiquement pas sinon en petite
quantité.
Les élasticités de court terme de l'offre de riz
paddy par rapport au prix au producteur et au prix de l'engrais sont
présentées dans le tableau 3.3 ci-dessous.
Tableau 5.3 : Élasticité de court et
de long terme des variables prix
Élasticité
|
Court terme
|
Offre/prix au producteur
Offre/prix de l'engrais
|
-0,19
0,71
|
Source : Auteur
Les résultats montrent une forte variation de l'offre
de riz paddy par rapport à la pluviométrie,
l'élasticité étant évaluée à 0,71.
Ainsi, une augmentation dans les niveaux de pluies de 1 % induira
l'amélioration des rendements de l'ordre de 0,71 %. C'est dire que
l'offre de riz au Togo est encore très dépendante de la
pluviométrie.
5.6. Conclusion
À la lumière des résultats obtenus
ci-dessus, il ressort que : (i) les prix au producteur interviennent
très peu dans l'explication de l'offre du riz local au Togo, ceci
pourrait être dû à la faible variation de ces prix au
producteur ; (ii) le résultat contraire de
l'élasticité de l'offre du riz paddy par rapport au prix de
l'engrais peut s'expliquer par la très faible utilisation de l'engrais
dans la filière riz au Togo ; (ii) l'offre du riz au Togo est
très dépendante de la pluviométrie.
Tous ces éléments d'analyse permettent de
conclure que les facteurs non prix (facteurs institutionnels, facteurs
socio-économiques, etc.) sont plus déterminants que les facteurs
prix dans l'offre du riz au Togo. Il convient donc de jouer plus sur les
facteurs non prix que les facteurs prix dans l'élaboration des
politiques de relance du secteur rizicole au Togo.
CHAPITRE VI :
CONCLUSIONS GÉNÉRALES ET
RECOMMENDATIONS
6.1. Conclusion générale
La réalisation de cette étude s'est
avérée assez difficile en raison d'une inorganisation de la
filière rizicole togolaise et de la non-disponibilité de
données désagrégées requises.
Dans le souci d'atteindre les objectifs fixés et au
regard des contraintes de cette étude, les données
utilisées sont des estimations nationales. Bien entendu, ces
données ne tiennent pas compte d'une part des spécificités
des ménages et d'autre part des spécificités des zones de
production rizicole.
Sous réserve de cet élément, cette
étude a abouti à des résultats importants qui permettent
de tirer les conclusions ci-après autant sur le plan empirique,
méthodologique que politique.
6.1.1 Sur le plan des résultats
empiriques
Cette recherche a permis de disposer des
élasticités théoriquement et statistiquement
significatives qui permettent d'analyser (i) la demande de riz importé
et local au Togo (ii) et l'offre du riz local au Togo.
L'analyse de la demande du riz au Togo montre à travers
les élasticités calculées à partir des
paramètres estimés du modèle à correction
d'équilibre de la spécification AIDS montre que les
déterminants de la demande de riz importé par les ménages
togolais sont différents de ceux du riz local. Cette conclusion est
conforme à celle issue des recherches effectuées par Savadogo
(1990) au Liberia. Il est également apparu que la demande du riz
importé est essentiellement déterminée par le revenu et
les prix. Lançon et al (2002) ont abouti à ce même
résultat au Nigeria.
L'analyse de l'offre du riz local est basée sur une
démarche méthodologique qui tient compte des
spécificités des cultures vivrières et revêt la
particularité de s'inspirer des spécifications proposées
par Nerlove (1958) et du modèle à correction d'équilibre.
Elle s'appuie sur les préférences d'ajustement partiel.
Malgré les limites liées à la disponibilité et la
qualité des données statistiques utilisées dans notre
travail, l'estimation des différentes équations a permis
d'aboutir à des résultats significatifs.
Il ressort de cette analyse un ajustement modéré
de l'offre de paddy au Togo, c'est-à-dire que l'offre réelle est
très faible par rapport à celle désirée par les
producteurs. L'analyse au niveau des élasticités
révèle que la réponse de l'offre du paddy aux variables
prix est inélastique. Ce résultat est conforme à celle
d'autres études portant sur la modélisation de l'offre dans les
pays en développement en général et en particulier en
Afrique où bien souvent de nombreux autres facteurs interagissent en
priorité sur la production avant que ce ne soit le caractère
incitatif des prix (Combe, 1999 ; Koffi-Tessio, 1997). Le résultat
de l'estimation à montrer que le riz local au Togo est cultivé
pour être autoconsomé et une fois que l'autosuffisance est
atteinte au niveau des ménages ruraux, le reste entre sur le
marché pour être vendu. C'est ainsi que malgré la
baisse du prix réel au producteur durant la période 1980
à 2006, l'offre de riz local a augmenté. L'analyse montre
également que l'engrais est très peu utilisé dans la
filière rizicole au Togo, cette faible utilisation est due
principalement au manque de crédit dans la filière et à la
pénurie des stocks d'engrais dans les centres de vente.
6.1.2. Sur le plan de la démarche
méthodologique
Cette recherche a permis d'apprécier l'importance des
données dans l'analyse des comportements des agents économiques.
En effet, ce genre d'analyse nécessite des données hautement
désagrégées qui ne sont pas toujours disponibles dans les
bases de données formelles. Cette indisponibilité a permis de
construire certaines données. Cette construction même si elle est
faite sur une base scientifique ; pose un certain nombre de
problèmes qui sont de nature à affecter les résultats de
cette étude. Ces données peuvent ne pas toujours refléter
les comportements des agents économiques. Les périodes
d'observations pour l'analyse sont aussi relativement réduites pour
l'analyse des comportements des agents économiques avec des
données annuelles. Il ne sera donc pas superflu de constater que les
résultats économétriques changent significativement
lorsqu'une ou deux années sont ajoutées à la série
chronologique utilisée.
La modélisation de la demande du riz par l'utilisation
de la théorie de maximisation de l'utilité au deuxième
stade suppose l'hypothèse de séparabilité faible entre le
riz importé ou local et les autres produits consommés. Cette
hypothèse est forte parce qu'elle exclut les relations
avérées entre le riz importé et le riz local d'une part et
entre ces produits, et les autres produits alimentaires d'autre part. Cette
exclusion s'avère invraisemblable au regard de l'existence de nombreux
produits de substitution et de produits complémentaires au riz
importé et au riz local au niveau du consommateur. Ainsi, elle a conduit
à calculer les élasticités conditionnelles de la demande
du riz. Il est alors clair que les élasticités calculées
au premier stade de maximisation seront différentes de celles
calculées dans cette étude. Cependant, les
élasticités conditionnelles bien que n'étant pas
théoriquement appropriées pour réaliser une analyse
complète des comportements des consommateurs sont d'une importance
empirique certaine (Davis et Jansen, 1994 ; cité par Yankam, 2004).
De l'avis de Davis et Jansen (op.cit), la plupart des modèles
empiriques d'analyse de politique qui utilisent les élasticités
conditionnelles sont régulièrement validés et sont donc
utilisés pour les prévisions d'impact de politiques.
6.1.3. Sur le plan des politiques agricoles et
commerciales
Les résultats obtenus à travers le modèle
AIDS montrent que la réponse de la demande du riz importé est
différente de celle de la demande du riz local par rapport aux attributs
du marché (prix, revenu). De plus, il s'est avéré qu'une
augmentation du prix du riz importé diminuerait globalement sa demande
alors que la demande du riz local augmenterait. Aussi les résultats
montrent-ils que la demande du riz importé est fortement sensible
à son propre prix. Par conséquent, le prix du riz importé
pourrait jouer un rôle de protection intérieur du marché du
riz au Togo ; dans ce sens qu'une augmentation de son prix par la mise en
place de mesure tarifaire contribuerait à l'augmentation de la
compétitivité du riz local sur le marché. Cependant, cette
Compétivité ne saurait se renforcer si la filière riz au
Togo est bien organisée avec un apport effectif d'assistance technique
et financière aux producteurs dans le but d'améliorer à
terme la qualité du riz qui sera produit.
Les résultats de la modélisation de l'offre du
riz à également montrer que l'engrais est faiblement
utilisé dans la filière riz au Togo. Ceci est expliqué par
l'environnement dans lequel évolue cette filière. En effet, la
filière riz est inorganisée et ne reçoit pratiquement pas
de soutien de la part des décideurs politiques. Ainsi, les riziculteurs
n'ayant pas accès au crédit sont pour la plus part dans
l'incapacité de financer leur dépense d'exploitation du moins
pour se procurer suffisamment d'engrais. De plus, les producteurs font face
à des pénuries fréquentes d'engrais surtout en
début de campagne rizicole. Tous ces manques sont des handicaps certains
qui limitent les objectifs de production des riziculteurs.
6.2. Recommandations
À la lumière de ce qui précède,
plusieurs recommandations sont formulées tant sur le plan empirique que
sur le plan méthodologique et de politiques.
6.2.1. Sur le plan technique et
empirique
Il est opportun de créer une banque de données
décentralisées mensuelles fiables et spécifiques à
chacune des zones agroécologiques. Cette banque de données,
devrait comprendre pour :
- Chaque variété de riz local et chaque produit
concurrent et substitut, les données sur les quantités produites,
les superficies utilisées, les prix aux producteurs, les
quantités et prix des facteurs de production utilisés ainsi que
les prix du marché correspondants.
- Chaque type de riz importé, les sources
d'approvisionnement, les prix CAF respectifs, les taxes à l'importation,
les prix du marché correspondants.
L'ADRAO pourra appuyer la DSID à atteindre cet objectif
aux bénéfices de tous les acteurs.
6.2.2. Sur le plan de la démarche
méthodologique
- Estimer la demande du riz au Togo au premier stade de
maximisation de l'utilité tout en intégrant des variables
sociodémographiques dans le modèle d'analyse.
- Poursuivre l'analyse de l'offre du riz local au Togo en
utilisant d'autres modèles économétriques tout en
intégrant d'autres variables non prix qui pourrait permettre d'expliquer
l'offre du riz au Togo. Cette analyse doit tenir compte des différentes
zones écologiques de production.
6.2.3 Sur le plan des politiques
agricoles
- Organiser la filière du riz au Togo. Cette
organisation devra permettre de définir des cadres d'appui technique et
financier aux producteurs ;
- Renforcer l'offre de services agricoles (conseil agricole et
recherche agricole) et faciliter leur accès aux paysans ;
- Mettre en place de politique et mesures de soutien bien
adaptées visant la valorisation du potentiel rizicole existant et
garantissant l'accroissement durable de la production et de l'approvisionnement
des populations ;
- Mettre en place un système de crédit
permettant aux riziculteurs de financer leur dépense
d'exploitation ;
- Améliorer et valoriser la qualité du riz
local.
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France. Thèse de doctorat de l'Université Catholique de
Louvain.
ANNEXE : Présentation des
données
A. Données de base ayant servi à l'estimation
avec des prix nominaux
Années
|
Superficie de riz (ha)
|
Production de riz (ha)
|
Prix de l'engrais (FCFA/kg)
|
Prix au producteur (FCFA/kg)
|
Pluviométrie (Hauteur d'eau en mm)
|
Dévaluation
|
Prix du riz local (FCFA/kg)
|
Prix du riz importé (FCFA/kg)
|
Indice des prix
|
Quantité de riz importé (tonnes)
|
1980
|
18000
|
15000
|
15
|
62
|
1265
|
0
|
-
|
175
|
0,63
|
-
|
1981
|
18000
|
15000
|
35
|
87
|
1132
|
0
|
-
|
226
|
0,74
|
-
|
1982
|
28000
|
16000
|
35
|
99
|
1245
|
0
|
-
|
196
|
0,81
|
-
|
1983
|
22000
|
10000
|
40
|
110
|
1325
|
0
|
-
|
201
|
0,87
|
-
|
1984
|
21000
|
18000
|
50
|
97
|
1235
|
0
|
-
|
226
|
0,94
|
-
|
1985
|
22000
|
15185
|
50
|
101
|
1014
|
0
|
-
|
228
|
0,91
|
-
|
1986
|
17000
|
19805
|
65
|
90
|
1154
|
0
|
214
|
217
|
0,89
|
14924
|
1987
|
16000
|
23195
|
65
|
73
|
1124
|
0
|
225
|
217
|
0,92
|
23407
|
1988
|
25000
|
28682
|
65
|
100
|
1265
|
0
|
220
|
210
|
0,92
|
29965
|
1989
|
20000
|
27700
|
65
|
80
|
1364
|
0
|
215
|
224
|
0,91
|
375315
|
1990
|
19900
|
25149
|
65
|
68
|
1089
|
0
|
230
|
227
|
0,92
|
26816
|
1991
|
24155
|
39800
|
65
|
67
|
1321
|
0
|
263
|
205
|
0,93
|
25736
|
1992
|
13650
|
25300
|
65
|
93
|
1024
|
0
|
265
|
210
|
1,01
|
24094
|
1993
|
28200
|
34040
|
65
|
66
|
1164
|
0
|
285
|
290
|
1
|
30220
|
1994
|
52725
|
50100
|
100
|
99
|
1222
|
1
|
326
|
320
|
0,99
|
17750
|
1995
|
41919
|
51200
|
130
|
116
|
1288
|
1
|
357
|
350
|
0,99
|
12001
|
1996
|
57442
|
76500
|
155
|
147
|
1227
|
1
|
405
|
336
|
1
|
37247
|
1997
|
31678
|
86000
|
155
|
140
|
1235
|
1
|
407
|
325
|
1,05
|
36778
|
1998
|
45941
|
87200
|
155
|
150
|
1245
|
1
|
325
|
407
|
1,06
|
47872
|
1999
|
|
81100
|
155
|
136
|
1422
|
1
|
326
|
373
|
1,06
|
64175
|
2000
|
32413
|
62307
|
155
|
118
|
1072
|
1
|
326
|
389
|
1,08
|
36273
|
2001
|
32110
|
63694
|
155
|
134
|
993
|
1
|
266
|
353
|
1,13
|
57054
|
2002
|
32014
|
69243
|
155
|
131
|
1172
|
1
|
272
|
346
|
1,14
|
64613
|
2003
|
28614
|
62048
|
155
|
128
|
1371
|
1
|
268
|
341
|
1,2
|
47817
|
2004
|
32276
|
82000
|
155
|
133
|
1172
|
1
|
272
|
345
|
1,15
|
58702
|
2005
|
32983
|
72860
|
155
|
134
|
1072
|
1
|
277
|
339
|
1,23
|
80533
|
2006
|
|
76500
|
240
|
140
|
1121
|
1
|
278
|
337
|
1,26
|
104191
|
Source : Etablis par l'auteur à partir des
données de la DSID, de la DGSCN, de la BCEAO
B. Production rizicole en tonne du Togo suivant les cinq
régions économiques
Années
|
Maritime
|
Plateaux
|
Centrale
|
Kara
|
Savanes
|
Togo
|
1990
|
0
|
7206
|
9090
|
4323
|
4530
|
25149
|
1991
|
1100
|
13827
|
5592
|
4783
|
14626
|
39928
|
1992
|
1000
|
3061
|
12533
|
3112
|
5559
|
25265
|
1993
|
1100
|
8547
|
4608
|
4852
|
14933
|
34040
|
1994
|
2000
|
8356
|
9542
|
7276
|
22926
|
50100
|
1995
|
2360
|
9541
|
7540
|
8110
|
23649
|
51200
|
1996
|
1859
|
20987
|
29589
|
4737
|
19328
|
76500
|
1997
|
61
|
26833
|
25104
|
11193
|
23009
|
86200
|
1998
|
343
|
32841
|
28089
|
7265
|
18162
|
86700
|
1999
|
288
|
27512
|
29783
|
5230
|
17363
|
80176
|
2000
|
802
|
10442
|
30522
|
3583
|
16958
|
62307
|
2001
|
925
|
10376
|
27367
|
5773
|
19253
|
63694
|
2002
|
4554
|
11529
|
32089
|
7600
|
13470
|
69242
|
2003
|
1824
|
10316
|
29143
|
6114
|
14652
|
62049
|
2004
|
3083
|
17340
|
28893
|
3992
|
15209
|
68517
|
2005
|
1508
|
20811
|
30153
|
5004
|
15384
|
72860
|
2006
|
1292
|
19765
|
31634
|
5235
|
18358
|
76284
|
2007
|
1582
|
19581
|
30270
|
4928
|
24059
|
80420
|
Source : DSID
|
* 1 La production locale
n'arrivant plus à répondre à la demande alimentaire dans
les villes africaines
* 2 Ces estimations concernent
les pays de la CEDEAO.
* 3 Le riz n'intervient qu'entre
4 et 5 % des échanges sur le marché international (Barris et
al, 2005)
* 4 Intervention, de l'OSAT
sous forme de crédit aux riziculteurs, de l'ICAT sous forme de
conseil
* 5 Au Togo les paysans sont
plus pauvres au Nord qu'au Sud, il en est d'ailleurs de même pour toute
la population
* 6 Les rendements de riz sont
passés de 1.4t/ha en 1996 à 2.75t/ha en 2003.
* 7 Consommation
apparente=Production + Importation - (Réexportation + Exportions).
* 8 Les chiffres réels
sont nettement en dessus de celle présentée ici et fournie par la
DGSCN
* 9 Tant recherché par
les gouvernements à travers les importations massives
* 10 La budgétisation
par étapes consiste simplement à allouer la totalité du
budget du consommateur en deux étapes : lors de la première,
le consommateur décide d'allouer une partie de son budget à un
groupe de bien ; à la deuxième étape, il décide
répartir ce budget aux biens appartenant au groupe.
|