CONCLUSION GENERALE
Tout au long de ce travail, nous nous sommes limités
à des bases de données des organismes spécialisés
dans le domaine de l'énergie et du pétrole tel que l'Agence
Internationale de l'Energie (AIE) et l'OPEP. Les statistiques que nous avons
fournies au premier chapitre et qui concernent l'évolution de l'offre et
de la demande ainsi que les prévisions de l'OPEP et le rapport de l'OCDE
justifie le pessimisme qui règne actuellement dans tous les pays
importateurs de pétrole. En effet, les chocs pétroliers sont
inéluctables parce qu'ils dépendent des mécanismes autres
que ceux de l'offre et de la demande. La guerre en Irak, le dossier
nucléaire iranien, le conflit politique au Liban, les troubles à
Gaza ainsi que les actes terroristes qui menacent les pays du Golf et surtout
l'Arabie Saoudite sont des facteurs exogènes qui ne peuvent que
renforcer l'ampleur et d'attarder la fin du choc pétrolier actuel.
L'impact des chocs pétroliers a été prouvé par
économistes célèbres tels que Hamilton (2003) et Blanchard
et Gali (2007). Les chocs pétroliers qui ont eu lieu entre 1973 et 2005
en dépit qu'ils sont endogènes ou exogènes, d'offre ou de
demande, se sont traduits par de longs trimestres de faible croissance et
d'inflation insoutenable.
Vu que l'économie tunisienne n'est plus à l'abri
des chocs pétroliers dés que le Tunisie est devenue un pays
importateur net de pétrole depuis la moitié des années
1980, on a consacré la totalité de notre travail empirique
à étudier l'impact des chocs pétroliers sur
l'économie tunisienne. En premier lieu nous avons procédé
par une modélisation VAR qui nous a permis d'analyser l'impact d'un choc
hypothétique qui envisage une hausse du cours du baril de pétrole
de 10% sur le taux de croissance du PIB réel ainsi que l'IPC entre 2001
:1 et 2007:2. Les principaux résultats déduits des fonctions de
réaction impulsionnelles sont les suivants:
Une hausse du prix de pétrole de 10% pourrait entrainer
une hausse de l'IPC de 0,2% au dessus de sa valeur habituelle deux trimestres
après le choc, alors que les effets cumulés d'un tel choc
pourraient atteindre les 3% pendant vingt trimestres de chocs permanents.
Suite au choc en question, le taux de croissance du PIB
réel pourrait baisser d'environ 1% suite à un choc permanent sur
cinq ans.
Dans la deuxième partie de notre chapitre empirique,
nous avons réarrangé le
modèle néokeynésien d'une économie importatrice
de pétrole de Blanchard et Gali (2007) et en
faisant les calibrages nécessaires, nous avons
essayé de prévoir l'impact d'un choc annuel affectant le prix
réel de pétrole entre 2005 et 2020 sur les principaux indicateurs
économiques de la Tunisie. En commençant par un scénario
que nous avons qualifié d'optimiste et qui suppose une hausse annuelle
du prix réel de pétrole de 5%, on remarque que l'impact varie
considérablement avec chaque 5% supplémentaire :
Sous l'hypothèse d'une hausse du prix réel de
pétrole de 5%, on pourrait s'attendre à ce que l'économie
tunisienne puisse s'en sortir, vu qu'après 15 ans de chocs annuels
cumulées, la baisse de la croissance ne serait que de 1,2%, l'IPC
augmenterait de 2% et le taux de chômage augmenterait d'environ 1,6%.
Avec un choc de 10%, que nous avons considéré
comme étant le scénario le plus probable et le plus
réaliste, l'impact serait beaucoup plus apparent et significatif. Entre
2006 et 2008, la perte de croissance entrainée par ce choc serait
à l'entour de 1% alors qu'elle dépasserait les 1,5% dés
2013. En ce qui concerne l'IPC, l'inflation supplémentaire serait
probablement comprise entre 1,5% et 2% les quatre premières
années après le premier choc de 10%, soit entre 2006 et 2010.
Elle pourrait atteindre les 2,5% en 2015 et dépasser les 3% en 2017. En
2020, la perte de la croissance du PIB réel dûe au choc serait de
2,3%, l'inflation supplémentaire de l'IPC serait de 3,8%, alors que la
baisse de l'emploi pourrait dépasser les 3%.
Un choc de 15% pourrait entrainer en 2020 un taux de
croissance nul, un chômage flagrant et une sur-inflation de l'IPC proche
de 10%.
Puisque le deuxième scénario (celui qui suppose
un choc de 10%) nous a semblé le plus réaliste, on l'a choisie
comme scénario de référence afin de discuter la
contribution d'une politique d'économie de l'énergie et d'une
politique de taux d'intérêt dans l'atténuation de l'impact
d'un choc pétrolier. Les résultats ont été ainsi
:
En supposant sa faisabilité, une diminution de la part
de pétrole dans la consommation et dans la production de 20%
permettrait, selon le modèle servant à effectuer nos
prévisions, des gains en termes du PIB réel, d'inflation et
d'emploi des gains qui ne dépassent pas les 0,5% par rapport au
scénario de référence.
Selon qu'il s'agisse d'un objectif de croissance plus soutenue
ou de stabilité des prix, les politiques du taux d'intérêt
semblent plus efficaces, mais aussi plus faciles à mettre en oeuvre
qu'une politique d'économie d'énergie.
On peut reprocher à notre travail que la partie
théorique n'a pas discuté d'une façon très
détaillée les canaux de transmission des chocs pétroliers.
Ceci est surtout dû au manque des ressources bibliographiques qui ont
analysé ces mécanismes. Citons à titre d'exemple que
théoriquement, l'impact d'un choc pétrolier sur l'emploi n'a pas
été traité par aucun des économistes du NBER
(jusqu'à la moitié de 2008). La partie empirique serait
beaucoup plus riche, si on avait pu disposer d'une base de données
trimestrielle plus complète et qui s'étale sur une période
plus longue. Lors de la modélisation VAR, on aurait pu utiliser le prix
réel de pétrole (le prix de pétrole en termes des autres
biens de l'économie) au lieu du prix nominal. Nous avons gardé le
prix nominal en dollar afin d'éviter de diviser par une variable
endogène qui est le taux de change, comme il a été fait
par Blanchard et Gali (2007) pour les économies de l'OCDE autres que les
Etats-Unis.
Cette tentative d'aborder le thème relatif au
pétrole nous a permis de découvrir de nombreux sujets qui ne
semblent pas être traités jusqu'à présent. Les plus
intéressants pourraient être:
Impact du pessimisme dans le processus de détermination
du cours du baril de pétrole en se basant sur des modèles
intégrant l'aléa moral, les modèles de marchandage,....etc
;
Impact des chocs pétroliers sur les différents
secteurs de l'économie tunisienne ;
Les gains des exportateurs de pétrole dans la
région MENA comblent-ils les pertes des importateurs de la même
région ?
Dans quel sens restructurer l'économie tunisienne afin de
réduire la vulnérabilité aux chocs pétroliers ;
Impact des chocs pétroliers en tenant compte des
politiques des taxes et des subventions des différents produits
pétroliers et des différentes modalités de
l'énergie .
L'un ou plusieurs des sujets cités ci-dessus seront
traités dans des travaux de recherches ultérieurs.
Les marchés internationaux des céréales
et des autres produits bruts tels que le gaz naturel, le fer et les phosphates,
constituent aussi des thèmes de recherche attirants vue la
flambée de leurs prix et leur importance fondamentale pour les
consommateurs ainsi que pour les producteurs tunisiens.
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