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Impact des chocs pétroliers sur l'économie tunisienne

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par Ramzi Salem
ESSECT - Master 2007
  

Disponible en mode multipage

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Université de Tunis III
Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Commerciales
Année universitaire: 2007/2008

Analyse et Prévision de l'Impact de la Hausse

du Prix de Pétrole sur les Principaux

Indicateurs Economiques de la Tunisie par une

Modélisation VAR et un Modèle Calculable

d'Equilibre Général

Mémoire pour l'obtention du diplôme du

Mastère de Recherche en Sciences Economiques

« Entreprise et Marché Européen »

Encadré par : Professeur Ghazi BOULILA

Elaboré par : Ramzy SALEM

L 'ESSE C n'entend donner aucune approbation ni improbation aux opinions émises dans les mémoires, ces opinions doivent être considérées comme propres à leurs auteurs

Remerciements et Dédicaces

Je tiens à remercier mon encadreur le Professeur Ghazi BOULILA pour ses conseils méthodologiques et ses suggestions scientifiques précieuses ainsi que ses encouragements tout au long de ce travail et sa patience pendant dix pénibles mois, Monsieur Mohamed TRABELSI qui m'a enseigné l'analyse des séries temporelles et Monsieur Fathi LA CHHEB qui m'a enseigné le modèle canonique des cycles réels et m'a inspiré par ses travaux relatifs aux analyses des chocs. J'insiste sur le fait que toute incohérence ou manque au niveau de ce travail est de ma propre responsabilité. J'exprime aussi ma reconnaissance à tous ceux qui m'ont enseigné depuis le primaire.

Je dédie ce travail à mes chers parents en récompense de leurs sacrifices et leur clairvoyance qui m'a servi et me servirait tout au long de ma vie, à mon frère Rami, ma soeur Amal, mes amis Chayma, Imed Latrech, Nidhal Sleymia, Ali Ben Belgacem et Mohamed Choura tout en leur souhaitant la réussite dans tout ce qu'ils entreprennent

A tous les membres de ma famille l'ESSEC de Tunis qu'ils soient enseignants, fonctionnaires ou ouvriers.

A toute personne honorant ce mémoire en l'utilisant honn tement aux fins sacrées de la recherche académique tout en lui souhaitant la bonne réussite.

Analyse et Prévision de l'Impact de la Hausse du Prix de

Pétrole sur les Principaux Indicateurs Economiques de la

Tunisie par une Modélisation VAR et un Modèle
Calculable d'Equilibre Général

SOMMAIRE

INTRODUCTION GENERALE 1

CHAPITRE 1 : L'OFFRE, LA DEMANDE, LES RESERVES ET LE PRIX DE
PETROLE 5

Introduction 6

Section I : L'offre de pétrole 6

I.1. Terminologie des sources de l'énergie .. 6

I.2. La dominance du pétrole dans la génération de l'électricité . 7

I.3. Evolution des techniques d'extraction du pétrole... 8

I.4.Classification géographique de la production et de l'exportation de pétrole 9

Section II : Les réserves de pétrole 13

Section III : La consommation de pétrole 15

III.1. Décomposition sectorielle de la demande de pétrole ..16

III.2. Prospections de l'évolution de la consommation jusqu'à 2030 17

Section IV : Rôle de l'offre et la demande de pétrole dans les hausses actuelles

des prix 18

IV.1. Stagnation de l'offre de pétrole 18

IV.1.1. La désincitation des investisseurs à cause de la volatilité des prix et

l'incertitude de la demande 19

IV.1.2. La structure économique des pays exportateurs : endettement et

fermeture 19

Section V : Perspectives de long terme du marché pétrolier 20

Section VI : L'impact de la spéculation sur le niveau et la volatilité des prix 22

Conclusion .. .23

CHAPITRE 2: LES CHOCS PETROLIERS : ENDOGENEITE, CANAUX DE
TRANSMISSION ET IMPCT SUR LES INDICATEURS

ECONOMIQUES FONDAMENTAUX

Introduction.

24

.25

Section I : Historique et répercussions des chocs pétroliers depuis 1973

.26

Section II : Les chocs pétroliers : exogènes ou endogènes

27

Section III : Transmission du choc par l'offre versus transmission par la demande

30

Section IV : L'impact des hausses du prix de pétrole sur les différents indicateurs

économiques .

31

IV.1. La croissance économique

32

IV.2. Les termes de l'échange

32

IV.3. Les prix internes et l'inflation

33

IV.4. La demande interne

33

Section V : La valeur ajoutée, le déflateur de la valeur ajoutée lors d'un choc pétrolier selon

une optique monétariste 34

Section VI : Quelques facteurs susceptibles d'atténuer l'impact du choc actuel 36

Conclusion 37

CHAPITRE 3: TENTATIVE D'ESTIMATION ET D'ANTICIPATION DES EFFETS D'UN CHOC PETROLIER A L'AIDE D'UNE MODELISATION VAR ET UN

MODELE CALCULABLE D'EQUILIBRE GENERAL 39

Introduction 40

Section I : Analyse de l'impact d'un choc de 10% sur le prix nominal de pétrole entre

2001:1 et 2007:2 par un modèle VAR structurel 40

I.1. Les faits stylisés 41

I.2. Décomposition de la variance et étude de la causalité 43

I.3.

Estimation de l'impact d'un choc de 10% affectant le prix nominal du pétrole brut à

l'aide d'une modélisation VAR 44

I.3.1. L'IPC et le prix de pétrole entre 2001:1 et 2007:2 44

I.3.2. La croissance et le prix de pétrole entre 2001 :1 et 2007:2 .. 46
Section II : Le modèle néokeynésien d'une économie importatrice de pétrole de Blanchard

et Gali(2007) .47

II.1. Fonctions de comportement des ménages 49

II.2. Fonction de comportement des firmes 50

II.3. L'équilibre . 51

II.4. Quantification des effets des chocs pétroliers 53

II.5.

Prévision de l'impact des hausses respectives du prix de pétrole de 5%,10% et 15% entre 2005 et 2020 sur l'économie tunisienne .55

II.5.1. Calibrage et vérification du modèle... . 56

II.5.2. Résultats pour la Tunisie .. .58

a) Scénario 1 : Une hausse du prix réel de pétrole de 5% 58

b) Scénario 2 : Une hausse du prix réel de pétrole de 10% 61

c) Scénario 3 : Une hausse du prix réel de pétrole de 15% 63

d) Scénario 4 : Un choc pétrolier de 10% avec une économie de l'énergie de 20% entre 2008 2011 65

e) Scénario 5 : Impact d'une politique de baisse ou de hausse du taux

d'intérêt lors d'un choc pétrolier de 10% 68

Conclusion 72

Conclusion Générale 73

BIBLIOGRAPHIE 76

ANNEXE I : Résolution détaillée du modèle néokeynésien d'une Economie importatrice de pétrole de Blanchard et Gali (2007)

ANNEXE II : Output GAMS de la simulation permettant de prévoir l'impact d'un choc pétrolier de 10% jusqu'à 2020

INTRODUCTION GENERALE

Depuis les années 1970, et après avoir observé les répercussions du premier choc pétrolier sur la majorité des économies mondiales importatrices de pétrole, les économistes considèrent l'évolution du cours du baril de pétrole brut comme étant l'une des principales sources des fluctuations de l'activité économique. Une telle perception est essentiellement dûe aux épisodes de faible croissance, de chômage élevé et de forte inflation qui ont caractérisé les économies des pays développés au milieu des années 1970. Le plus fameux choc pétrolier est sans doute celui qui a eu lieu entre la fin de 1973 et le début de 1974. Ce choc était le premier mais n'était pas le dernier. Il n'était que l'un des cinq épisodes de chocs majeurs qui se sont déroulés dans l'ordre entre 1973:3-1974:1, 1979:1-1980:2, 1999:1-2000:4 et entre 2002:1-2005:3.

Depuis la fin de 2005 le cinquième choc qui semble le plus long et qui rappelle l'ampleur de celui des années 1970 est en train de frapper la majorité des pays importateurs de pétrole qu'ils soient développés ou en voie de développement et dont les effets commencent à apparaitre partout dans le monde sous forme d'une stagnation de l'emploi, d'un ralentissement de la croissance et des niveaux d'inflation qui sont de plus en plus insoutenables par les consommateurs. Tous les pays importateurs de pétrole ont été en état d'alerte quand le baril a dépassé les 70$ dés le deuxième trimestre de 2007. Même le plus pessimiste des experts ne s'attendait pas à ce que le prix de pétrole brut atteindrait les 100 $ dès l'aube de l'année 2008 et qu'avant la fin du premier trimestre de 2008 le baril de pétrole se négocierait au dessus de 110 $ dans les marchés internationaux du brut. Les hausses actuelles du prix de pétrole semblent irréversibles. En fait, il est peu réaliste de s `attendre à ce que les cours du baril de l'ordre de 15$, 20$ et de 30 $ qui prévalaient jusqu'aux années 1980 et 1990 seront de retour pendant ce millénaire. Le contexte actuel de la croissance mondiale caractérisé par la montée en puissance de plusieurs pays surpeuplés et dont les tissus industriels sont fortement intensifs en énergie tels que l'Inde et la Chine, et les prévisions d'un épuisement total des réserves de pétrole estimé au plus tard dans 50 ans, renforcent le pessimisme concernant l'évolution futures du cours du baril. Plusieurs pays ont investi des fonds énormes afin de substituer le pétrole par d'autres sources d'énergie. Les biocarbures, les hydrocarbures et même l'énergie nucléaire ne constituent pas de véritables alternatives au

moins dans le court et le moyen terme vue la dominance de l'électricité thermique par rapport aux autres types de l'électricité et à l'évolution du secteur de transport qui, depuis toujours, occupe le premier rang dans l'usage de pétrole. Entre 1973 et 2005 la contribution de pétrole dans la génération de l'énergie a baissé de 46% à 35%. Une telle baisse sur 32 ans ne reflète pas que le pétrole serait bientôt abandonné puisqu'il génère encore, plus que le un tiers de l'énergie consommée à travers le monde.

Les ressources bibliographiques en notre disposition montrent que le thème relatif à l'énergie en général, et au pétrole en particulier, n'a pas été suffisamment traité partout dans le monde et surtout en Tunisie. La majorité des travaux empiriques relatifs au pétrole sont d'ordre microéconomique et dont la majorité s'intéresse aux calculs des surplus des différents acteurs économiques chacun à part suite à des politiques fiscales de taxation et de subvention des différents produits pétroliers. D'autres études qui sont d'ordre écologique se sont intéressées à la quantification des externalités et surtout à la pollution. En notre connaissance, aucune étude académique ne s'est intéressée à l'analyse de l'impact des chocs pétroliers sur l'économie tunisienne. Ceci peut être dû au fait que l'inquiétude vis-à-vis des chocs pétroliers n'était pas justifiée et qu'ils étaient même les bienvenues puisque la Tunisie était un pays exportateur net de pétrole jusqu'à la moitié des années 1980. Une autre raison qui peut justifier la renonciation des économistes tunisiens à aborder un tel sujet est la rareté des travaux empiriques de qualité à l'échelle mondiale qui ont traité l'impact macroéconomique des chocs pétroliers et des outils de simulation et d'analyse des séries temporelles qui sont indispensables pour l'analyse en termes de chocs dans le cadre de la théorie des cycles réels. Il a fallu attendre jusqu'à la fin de 2007 pour que deux auteurs de renommée publient un article entièrement consacré à l'analyse de l'impact des chocs pétroliers surtout sur l'économie américaine et pour certains pays de l'OCDE. Il s'agit en fait de l'article de Blanchard et Gali (2007) qui a traité ce sujet en effectuant des simulations par une modélisation VAR. Leur modèle est intitulé « le modèle néokeynésien d'une économie importatrice de pétrole ».

En effet, la modélisation VAR est une technique économétrique dont l'usage est très courant depuis Sims (1980). Le recours aux modèles VAR peut se justifier par le fait qu'ils permettent d'expliquer une variable par ses propres retards et par l'information contenue dans d'autres variables ce qui résout les problèmes relatifs à la cointégration et surtout parce qu'ils

ont des procédures d'estimation, de tests et de simulation qui sont relativement simples en présence des outils informatiques appropriés.

En ce qui concerne la théorie des cycles réels (TCR), l'article de base revient à Cass et Koopmans (1965). Consécutivement, les hypothèses du modèle de Cass et Koopmans ont été restructurés afin de permettre d'envisager des sources d'impulsion. Les mécanismes de propagation d'un choc quelconque sont assurés par l'hypothèse de l'endogénéité des décisions d'épargne et de travail.

Dans ce cadre et en s'inspirant du document de travail de Blanchard et Gali cité ci- dessus, on a essayé en premier lieu de mesurer la réponse de la croissance de l'économie tunisienne et des prix face à un choc pétrolier de 10% durant les dernières années sur la période entre 2001:1 et 2007:2 et de prévoir les effets cumulés d'un choc hypothétique, de même ampleur, soit de 10%, soutenu entre 2005 et 2020, sur le taux de croissance du PIB réel, l'indice des prix à la consommation(IPC), l'indice des prix des ventes industrielles(IPVI) et l'emploi.

Pour ce faire, et dans les deux premiers chapitres qui sont d'ordre théorique, on va en premier lieu décrire les mécanismes, l'évolution et les caractéristiques de l'offre et de la demande de pétrole ainsi que leurs perspectives de long terme. Ensuite, le second chapitre qui commence par un bref historique des différents chocs pétroliers ainsi que les effets qui leur ont été associés. Ce deuxième chapitre constitue un survol théorique qui discutera des sujets souvent polémiques relatifs à la question de l'endogènéité des chocs pétroliers et leurs canaux de transmission vers l'activité économique. On finira ce chapitre par une description théorique de l'impact des hausses du prix de pétrole sur la croissance, les termes de l'échange, l'inflation, et à l'aide d'un simple modèle on décrira brièvement la conduite optimale de la politique monétaire lors des chocs pétroliers.

Dans le troisième chapitre, qui constitue notre apport empirique et qui sera entièrement consacré à l'économie tunisienne, on commencera par l'observation des séries filtrées du prix nominal de pétrole, de l'évolution de l'IPC et du taux de croissance du PIB réel entre 2001:1 et 2007:2. Ensuite ces mêmes séries nous serviront à analyser l'impact d'une hausse des prix de pétrole de 10% sur l'IPC et sur le taux de croissance du PIB réel par une modélisation VAR. Dans la deuxième section et en s'appuyant sur un modèle de cycles réels de Blanchard et Gali (2007) et dont la résolution détaillée sera fournie aux annexes, on essaiera de prévoir

l'impact cumulé d'un choc de 5%, de 10% et puis de 15% touchant le prix réel de pétrole, sur les quatre indicateurs de la conjoncture économique déjà cités dans la problématique. On envisagera par la suite la contribution des politiques relatives au taux d'intérêt et de l'économie de l'énergie dans l'atténuation de l'impact d'un choc pétrolier de 10% qui sera choisi comme le scénario de référence.

CHAPITRE 1 : LE MARCHE DE PETROLE : MECANISMES DE
L'OFFRE ET DE LA DEMANDE, LES RESERVES ET LES PRIX

Introduction

Ce premier chapitre est subdivisé en sections qui traitent des idées d'ordre général tel que la description de l'offre et les réserves de pétrole par région et la consommation qui sera décomposée selon une optique géographique et sectorielle. Cette description de l'offre, des réserves et de la consommation de pétrole seront interprétés économiquement afin de dégager les principales sources de fluctuations du prix uniquement par les mécanismes de l'offre et de la demande sur le marché international de pétrole alors que les facteurs exogènes de la détermination des prix seront traités dans le deuxième chapitre. Dans ce chapitre, tous les tableaux statistiques, les graphiques ainsi que les analyses et les interprétations sont élaborés afin de justifier le pessimisme qui règne dans les pays importateurs concernant les prix de pétrole. Ce chapitre comportera six sections. La première décrira l'offre de pétrole par région, la deuxième sera consacrée aux réserves, la troisième à la consommation. La quatrième section confrontera l'offre et la demande tout en précisant les distorsions qui sont entrain de s'approfondir entre les deux. Ensuite et à l'aide d'un rapport du FMI on traitera les prospections de long terme du marché pétrolier. La dernière section sera consacrée à l'évaluation du rôle de la spéculation dans le processus de la détermination du prix de pétrole.

Section I : L'offre de pétrole

I.1. Terminologie des sources de l'énergie

L'énergie peut être subdivisée en deux commodités : primaire et secondaire. Les formes primaires de l'énergie sont celles qui sont directement extraites ou capturées à partir des ressources naturelles telles que le pétrole brut, le gaz naturel et le charbon. Toutes les formes qui ne sont pas primaires et qui sont produites à partir des énergies primaires sont dites secondaires. En effet les énergies secondaires peuvent être produites à partir d'autres énergies secondaires telle que l'électricité qui est produite par la combustion des dérivés du pétrole qui sont aussi secondaires.

Energies :

Primaires

Secondaires

Electricité et chaleur

Non
combustibles

combustibles

Non
renouvelables

Nucléaire

Charbon
Pétrole brut
Gaz naturel

Produits pétroliers
Carburants solides et
gaz manufacturés

renouvelables

Chaleur et
électricité non
thermique

Hydrocarbures

Tous les carburants
qui sont dérivés des
formes renouvelables

Source: International Energy Agency and Eurostat, Energy statistics manual, 2005.p:18. I.2. La dominance du pétrole dans la génération de l'électricité

Source de l'énergie

Part dans la génération de
l'électricité(en%)

1973

2005

Pétrole

46,2

35

Charbon

24,4

25,3

Gaz naturel

16

20,7

Renouvelables

10,6

10

Nucléaire

0,9

6,3

Hydrocarbures

1,8

2,2

Autres

0,1

0,5

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 2007.p:6.

Depuis 1973, le pétrole est la première source de l'énergie primaire. Malgré que sa part a considérablement diminué et passait de 46% à 35% entre 1973 et 2005, le pétrole reste la source de l'énergie la plus dominante puisqu'il génère encore plus que le 1/3 du total des énergies primaires. Le tableau ci-dessus reflète que le crédo de la substitution du pétrole par d'autres sources demeure peu réaliste. En effet, à l'exception du charbon et du gaz naturel qui ont des contributions relativement importantes et croissantes entre 1973 et 2005, l'usage des énergies renouvelables, des hydrocarbures et du nucléaire semble loin d'être une alternative susceptible de remplacer le pétrole, au moins pendant les prochaines années à venir. La part de pétrole importante dans la génération de l'énergie peut être expliquée en grande partie par

les différents types de l'électricité et dont l'évolution est représentée dans le graphique ci- dessous. En effet, l'électricité thermique n'est pas uniquement la plus importante, mais aussi la plus croissante et elle est nettement supérieure aux autres types de génération de l'électricité réunis.

Evolution entre 1971 et 2005 des différentes modalités de génération de l'énergie dans le monde (en TWH)

Thermique nucléaire hydraulique autres

T

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 200 7.p:24.

E

I.3.évolution des techniques d'extraction du pétrole

Dans les premières phases de l'exploitation pétrolière, l'extraction du pétrole brut se basait sur un principe simple. Il suffisait de forer jusqu'à atteindre la poche (la couche de pétrole) et d'attendre que le gaz naturel qui se trouve dans le puits fasse monter le pétrole jusqu'au sol. Lorsque la quantité du gaz soit insuffisante le processus de l'exploitation est interrompu et le puits est abandonné. Une telle technique ne permettait qu'une très faible récupération des ressources. Ultérieurement, et afin de prolonger le processus de la production, les exploitants injectaient de l'eau, de la vapeur ou du gaz sous pression dans les poches de pétrole afin d'améliorer le taux de récupération. Les méthodes du forage ont aussi évolué, et sont passés des forages verticaux aux forages à l'horizontale et les forages multibranches. Le graphique ci-dessous illustre quelques exemples :

Source: www.manicore.com

I.4.facteurs déterminants de l'offre de pétrole

En effet l'offre dépend largement de 3 facteurs :

Les conditions économiques et surtout la marge de profit : on suppose que le coût d'extraction est évalué à 25$/baril, alors si le prix du baril sur le marché mondial est de 20$, les compagnies ne sont pas incitées à augmenter leur offre même si elles disposent de réserves potentiellement importantes. Alors que si le prix passe à 60$, les gisements dont le cout d'extraction du baril est de 25$ vont rentrer dans les réserves exploitables ;

Les conditions techniques et surtout le taux de récupération : si la part récupérée de pétrole des gisements augmente, cela diminuera le gaspillage des réserves. Si le taux de récupération qui est actuellement de 35% augmente de 1%, le gaspillage sera réduit d'une quantité suffisante pour une consommation mondiale de 2 ans ;

Découverte de nouvelles ressources : si des nouvelles ressources sont découvertes, les réserves exploitables augmentent. Il faut préciser que les ressources sont données une seule fois, alors que les réserves augmentent suite aux nouvelles découvertes sous terraines.

I.4. Classification géographique de la production et de l'exportation de pétrole

Entre 1973 et 2006, la carte de la production du pétrole brut n'a pas subi de modifications majeures. Le Moyen-Orient et malgré que sa part a légèrement baissé, détient toujours environ le tiers de la production mondiale. Les pays de l'OCDE viennent en

deuxième place avec une part de 23% et qui est resté presque inchangée entre 1973 et 2006. Les autres régions ont une part agrégée légèrement supérieure à la moitié du total mondial.

Régions

Part dans la production du pétrole brut
(en%)

1973

2006

Moyen Orient

35

31,1

OCDE

23,6

23,2

Chine

1,9

4,7

Ex-URSS

15

15,2

Amérique Latine

8,6

9

Afrique

10

12,1

Asie

3,2

4,5

Europe non OCDE

0,7

0,2

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 2007.p:10.

Le tableau ci-dessous décrit l'offre par pays. Il s'agit en fait des dix premiers producteurs du brut et le reste du monde.

Producteurs
potentiels de
pétrole brut

Production en
millions de tonnes

Pourcentage du
total mondial

Arabie Saoudite

507

12,9

Russie

477

12,1

Etats-Unis

310

7,9

Iran

216

5,5

Chine

184

4,7

Mexique

183

4,6

Canada

151

3,8

Venezuela

151

3,8

Kuwait

139

3,5

Emirats

134

3,4

Reste du Monde

1484

37,8

Total mondial

3936

100

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 2007.p:1 1.

Même pour les dix premiers producteurs, qui détiennent ensemble 62,2% de la production
mondiale, les parts de marché sont très variables d'un pays à l'autre. En effet, les deux
premiers pays, l'Arabie Saoudite et la Russie détiennent une part de 30%, alors que les 32,2%

restants sont subdivisés sur les huit premiers pays restants. La majorité des producteurs potentiels sont des pays en voie de développement à l'exception du Norvège, Canada et la Russie et parmi ces pays, cinq sont des membres de l'OPEP et qui sont l'Arabie Saoudite, les Émirats, le Kuwait, l'Iran et la Venezuela.

L'OPEP est en fait, l'abréviation de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole, et qui est fondée en 1960 à Bagdad et qui comprend actuellement 12 membres : l'Algérie, l'Angola, l'Indonésie, l'Iran, l'Irak, le Kuwait, la Libye, la Nigéria, le Qatar, l'Arabie Saoudite, les Emirats et la Venezuela et dont le siège social se situe à Vienne. Le but social selon les statuts de l'OPEP est de coordonner et d'unifier les politiques pétrolières des pays membres et des investisseurs dans le secteur pétrolier afin d'assurer des recettes satisfaisantes des producteurs et un approvisionnement régulier et économiquement efficient des nations consommatrices.

Cependant, le tableau ci-dessous montre que parmi les dix premiers exportateurs uniquement six sont membres de l'OPEP. On remarque aussi que les Etats-Unis qui occupent la troisième place dans la production du brut ne figurent plus dans la liste des dix premiers exportateurs. Ceci peut être dû à sa consommation domestique élevée.

Exportateurs
potentiels de
pétrole brut

Exportations en
millions de tonnes

Pourcentage du
total mondial

Arabie Saoudite

364

16,7

Russie

253

11,6

Iran

132

6

Nigéria

119

5,5

Norvège

115

5,3

Mexique

100

4,6

Venezuela

97

4,5

Emirats

97

4,5

Kuwait

84

3,2

Canada

84

3,2

Reste du Monde

733

35,9

Total mondial

2178

100

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 2007.p:1 1.

Le classement des producteurs est complètement bouleversé si on tient compte de la production des produits pétroliers manufacturés ou des dérivés. A l'exception de l'Arabie Saoudite qui occupe la dixième place, tous les autres pays qui sont membres de l'OPEP et qui sont en voie de développement ne figurent pas dans la liste des principaux producteurs des produits pétroliers manufacturés. On note aussi que la majorité absolue des producteurs des dérivés pétroliers sont des pays développés de l'Amérique du Nord, de l'Europe occidentale et du Sud-est asiatique. Ceci met en évidence la capacité de raffinement limitée des principaux pays producteurs africains, arabes, musulmans et latins. Ceci peut engendrer des coûts d'opportunités énormes à cause de la valeur ajoutée et de la marge bénéficiaires limitée des exploitations en brut en comparaison avec celle du manufacturé.

producteurs
potentiels des
produits pétroliers
manufacturés

Production en
millions de tonnes

Pourcentage du
total mondial

 

Etats-Unis

837

22,2

Chine

279

7,4

Japon

205

5,4

Russie

203

5,4

Inde

129

3,4

Allemagne

123

3,3

Korè

120

3,2

Canada

102

2,7

Italie

101

2,7

Arabie saoudite

99

2,6

Reste du monde

1575

41,7

Total mondial

3773

100

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 200 7.p:21.

En examinant la liste des exportateurs potentiels des produits pétroliers manufacturés, d'autres pays qui n'ont jamais existé dans aucune des listes que nous avons déjà énoncé tels que les Pays-Bas, la Singapour, la Korè et le Grande Bretagne, figurent parmi les dix premiers exportateurs . La caractéristique la plus commune entre ces pays est qu'ils sont les pays d'origine des principales compagnies multinationales opérant dans le raffinement et la distribution des carburants et des autres dérivés du pétrole.

Exportateurs
potentiels des
produits pétroliers
manufacturés

Production en
millions de tonnes

Pourcentage du
total mondial

 

Russie

84

8,9

Pays-Bas

76

8

Arabie Saoudite

62

6,5

Etats-Unis

58

6,1

Singapour

57

6

Korè

35

3,8

Venezuela

34

3,6

Kuwait

30

3,2

G. Bretagne

30

3,2

Italie

28

2,9

Reste du monde

458

47,8

Total mondial

952

100

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 200 7.p:21.

Section II : Les réserves de pétrole

Selon la définition américaine, les réserves sont l'ensemble du pétrole qui peut être raisonnablement extrait à partir des ressources physiques connues, compte tenu des conditions techniques et économiques du moment. Dans le reste du monde, les réserves correspondent le plus souvent à la somme des réserves prouvées augmentée des réserves possibles qui sont des réserves non encore découvertes mais dont l'existence est considérée comme plus ou moins probable.

En 2004, le stock des réserves de pétrole est évalué à 1147,7 milliards de barils. Avec le niveau actuel de la production mondiale évalué à 76,8 millions de barils par an et si de nouveaux gisements exploitables ne sont pas découverts, les réserves actuelles seront totalement épuisées au plus tard dans 41 ans soit à l'horizon de 2050. Les pays de l'OPEP détiennent plus de 75% des réserves sous-terraines, et dont la majeure partie revient à l'Arabie Saoudite (22%).

Le graphique ci-dessous exprime les réserves en fonction des années de production. En d'autres termes il s'agit d'une estimation du nombre des années au bout du quel les réserves seront épuisées.

Source : www.manicore.com

On remarque bien que malgré que le nombre d'années espéré de l'exploitation des réserves est actuellement nettement plus important que celui des années 1970 et 1980, il n'a jamais dépassé les 45 ans et après un pic en 1989, il n'a pas cessé de décroitre.

La décroissance des réserves et la rareté des nouvelles découvertes peuvent être mises en évidence aussi par un autre indicateur, il s'agit de l'ancienneté (l'âge) des champs pétroliers. Le tableau ci-dessous illustre quelques exemples.

pays

Nom du
champ

Ancienneté en
2007

Production en
milliers B/J

% dans la
production du
pays

Arabie Saoudite

Ghawar

59

4500

56

Abqaiq

67

600

7,5

Safaniyah

58

500

7,5

Plus que 70% de la production provient de champs découverts il y'a environ 60 ans

Iran

Gachsaran

70

500

15

Marun

44

500

15

Karang

46

520

16

Aghadari

71

200

6

Plus que 50% de la production provient de champs découverts il y'a environ 57 ans

Irak

Kirkuk

80

900

32

Roumaila Sud

54

500

18

Roumaila Nord

49

700

25

Al-zubair

69

150

5

80% de la production provient de champs découverts il y'a environ 60 ans

Kuwait

Burgan

69

1200

57

Raudhatain

52

200

10

60% de la production provient de champs découverts il y'a environ 60 ans

Source : www.manicore.com

Les observations ci-dessus, sont vraiment inquiétantes, vue que les 2/ 3 de la production mondiale du pétrole provient du Moyen-Orient et surtout des quatre pays qui figurent dans le tableau. Depuis 37 ans, aucun champ significatif pour la production n'a été découvert dans ces pays.

Section III : la consommation de pétrole

Les Etats-Unis et l'Europe ont une part de 45% dans la consommation mondiale de pétrole, malgré que leur contribution dans la production ne dépasse pas les 15%. Les pays développés utilisent le pétrole beaucoup plus intensivement que ceux en voie de développement. La consommation de pétrole par habitant est de 9 litres par jours en Amérique du Nord, de 5 en Europe occidentale, et n'est que de 0,5 litres par jour en Afrique. L'intensité élevée de l'usage de pétrole pour l'Amérique du Nord peut être en majeure partie dûe au secteur de transport caractérisé par la dépendance aux véhicules privés et par des distances relativement plus longues que celles du reste du monde.

III.1.Décomposition sectorielle de la demande de pétrole

Les consommations par secteur en 1973 et 2005

Secteurs

1973

2005

Transport

45,4%

60,3%

Industrie

19,8%

9,4%

Autres secteurs

23,3%

14,5%

Utilisations non énergétiques

11,5%

15,8%

Source: International Energy Agency, Key world energy statistics, 200 7.p:33.

Depuis 1973, le transport est le secteur le plus intensif en pétrole, sa part dans la consommation mondiale a considérablement augmenté pour atteindre plus que 60% en 2005 alors que les parts de l'industrie et des autres secteurs (agriculture, services publics et commerciaux, les résidences et d'autres secteurs non spécifiés) ont respectivement diminué de 10,4% et de 8,8%. En effet, la part élevée et croissante du transport dans la consommation mondiale de pétrole peut être en grande partie expliquée par le nombre des voitures qui a plus que doublé depuis 1973.

Consommation de pétrole par secteur et par région en 2005

Régions

Transport

Industrie

Résidences i-Commerce i-agriculture

Amérique du Nord

37,8

23,7

17,6

Europe de l'Ouest

19,7

18

21,5

OCDE du Pacifique

8,8

12

12,7

Total OCDE

66,2

53,7

51,8

Amérique Latine

5,2

4,6

5,9

MENA

3,3

2,7

4,6

Sud de l'Asie

2,6

5,5

5,9

Sud-est asiatique

4,4

6

3,4

Chine

5,5

10,6

11,7

OPEC

8

8,2

9,8

Total pays en développement

28,9

37,6

42,1

Pays de l'ex-URSS

3,9

5

5,1

Autres pays de l'Europe

0,8

3,7

1

Total économies en transition

4,6

8,7

6,1

Total mondial

100

100

100

Source: Organization of the Petroleum Exporting Countries, World oil outlook, 2007.p:47-49.

Pour le secteur de transport, les pays développés de l'OCDE consomment ensemble plus que 66% du pétrole utilisé par ce secteur à travers le monde, alors que la part agrégée de tous les pays en développement ne dépasse pas les 29%. On peut expliquer ceci essentiellement par les disparités concernant le nombre des propriétaires de voitures. En effet, le nombre de voiture par 1000 est plus 600 aux Etats-Unis, le Luxembourg et la New-Zélande et il est entre

150 et 380 pour les économies en transition et il est inférieur à 250 voitures par 1000 habitants dans toutes les économies en développement. Notons aussi que 4,3 milliards de personnes ce qui constitue environ les 2/3 de la population mondiale vivent dans des pays qui ont moins d'une voiture par 20 habitants.

En ce qui concerne les pays de l'OCDE, malgré que l'intensité pétrolière de leurs économies est entrain de décroitre grâce à la restructuration de leurs économies orientée vers des secteurs moins dépendants à l'énergie et particulièrement au pétrole tel que les services, ainsi que la valorisation des résultats de leurs activités de Recherche & Développement leur permettant d'acquérir des technologies permettant des économies de l'énergie, leurs industries consomment toujours plus que la moitié de la quantité de pétrole de tous les secteurs industriels agrégés des pays du reste du monde en 2005. L'industrie chinoise consomme 5,5% du total mondial alors que les économies en transition ensemble ne consomment que 4,6%.

Les disparités existent aussi pour la consommation résidentielle qui dépend largement des facteurs démographique. Citons à titre d'exemple qu'un ménage d'une zone urbaine consomme en moyenne 20 fois plus qu'un ménage habitant une zone rurale.

I.2.Prospections de l'évolution de la consommation jusqu'à 2030

Régions

Transport

Industrie

Résidences +Commerce +agriculture

Amérique du Nord

19

7

0

Europe de l'Ouest

16

-5

-18

OCDE du Pacifique

6

-5

0

Amérique Latine

45

20

116

MENA

123

66

100

Sud de l'Asie

300

116

116

Sud-est asiatique

112

92

25

Chine

117

91

150

OPEC

58

50

90

Pays de l'ex-URSS

53

18

-16

Autres pays de l'Europe

33

50

0

Source: Organization of the Petroleum Exporting Countries, World oil outlook, 2007.p:47-49.

Le secteur de transport resterait le plus intensif en pétrole et serait le facteur principal de la croissance de la demande mondiale du brut. Ceci peut être essentiellement dû aux possibilités limitées de substitution des carburants et de la mobilité croissante intra et inter pays.

A l'horizon de 2030, l'usage de pétrole par le secteur de transport (routier et non routier), continuerait sa croissance avec des rythmes qui seraient très variables d'une région à l'autre. L'usage de pétrole dans le secteur de transport dans les pays de l'Amérique du Nord enregistrerait une augmentation de 19% en 2030, ce qui implique une croissance annuelle inférieure à 1%. La croissance pour les pays de l'Europe de l'Ouest serait de 16%, ce qui revient à une augmentation annuelle moyenne d'environ 1%. Les pays du Sud-est asiatique, la Chine et les pays de la zone MENA, auraient une consommation plus que le double de leur consommation respective actuelle alors que pour le Sud de l'Asie elle serait même multipliée par 3.

La contribution de pétrole dans le PIB a diminué entre 1970 et 2004 de 34% à 23% dans les pays de l'Amérique du Nord et dans la majorité des pays de l'OCDE, elle tend à augmenter dans les pays en développement et en transition. Cette tendance serait maintenue jusqu'à 2030. La consommation de pétrole par le secteur industriel connaitrait une relative stagnation dans les économies développées et même une décroissance telle que pour les pays de l'Europe de l'Ouest alors qu'elle pourrait doubler pour la Chine et les pays du Sud-est asiatique.

Section IV : Rôle de l'offre et la demande de pétrole dans les hausses actuelles des prix

Le marché de pétrole est caractérisé par des longs retards d'ajustement entre l'offre et la demande. Du côté de la demande, il faut des années pour que les consommateurs et les producteurs changent leurs habitudes de consommation et leurs technologies de production par d'autres qui sont moins intensives en énergie. Du coté de l'offre, l'augmentation de la capacité de la production du pétrole brut est souvent freinée par le coût élevée des nouveaux investissements de telle façon que pour certains pays, la capacité maximale de production reste inchangée pendant plus qu'une décennie.

IV.1. Stagnation de l'offre de pétrole

Avec 2 millions de baril par jour, la capacité maximale de la production actuelle est plus faible que celle de 1991. Ceci est en grande partie dû au ralentissement des investissements dans le secteur pétrolier, mais aussi aux conditions macroéconomiques des pays exportateurs qui les empêchent d'engager des fonds pour augmenter leur capacité de production et qui les rendent moins attractifs pour les compagnies pétrolières internationales.

IV.1.1 La désincitation des investisseurs à cause la volatilité des prix et de l'incertitude de la demande

Après une forte augmentation durant les années 1970 et au début des années 1980, la capacité productive dans le secteur pétrolier a stagné relativement à la croissance de la demande de pétrole. La capacité de la production actuelle de l'OPEP, est inférieure à celle de 1978, à l'exception de quelques pics. La diminution de l'écart entre la capacité de la production et la production effective de l'OPEP, a augmenté la sensibilité des prix de pétrole par rapport à l'offre. La hausse de la demande de pétrole a incité les membres du cartel de l'OPEP à augmenter leur production et de se rapprocher récemment de leur capacité maximale. L'écart entre la capacité et la production qui était évalué à 10 million de baril par jour en 1985, n'est que de 1,5 million de baril par jour en 2004.

Selon l'Agence Internationale de l'énergie(AIE), pour répondre à la hausse de la demande il faut que les investissements augmentent de 90 milliards de dollars par an. Cependant, les producteurs hésitent de prendre des décisions d'investissement parce qu'ils ont été endommagé par leurs surinvestissements des années 1970. Ces décisions sont aussi affectées par les incertitudes concernant la demande, la volatilité des prix et les délais de récupération longs des investissements dans le secteur pétrolier. Le caractère irréversible des investissements augmente à son tour les risques d'engager des fonds énormes dont les délais de récupération sont importants, et dont la récupération est incertaine vue l'imprévisibilité de la demande et des prix.

Durant les années 1990, le prix moyen du baril de pétrole brut était de 19$, ce qui ne constitue que la moitié de celui des années1980. Les investisseurs ne sont pas incités à s'engager dans de nouveaux projets pétroliers, pour ne pas répéter les erreurs de surinvestissement des années 1970 et du début des années 1980. Jusqu' à l'an 2000, la majorité des compagnies pétrolières privées utilisent dans leurs décisions d'investissement des prix anticipés du baril de pétrole brut entre 18 et 20$. Récemment ces prix anticipés de choix d'investissement semblent être révisés à la hausse. Etant donnés, les couts d'exploration élevés et croissants, la volatilité des prix a aussi contribué à l'aversion des investisseurs à s'engager dans des projets avec des payoffs' incertains. A tout cela, s'ajoute la capacité de raffinement de plus en plus faible à cause du sous-investissement mais aussi parce que les raffineurs ne se sont pas adaptés aux changements (détérioration) de la qualité du pétrole brut.

Etant donnés, leurs coûts de production relativement faibles et l'importance de leur part des réserves de pétrole brut, le comportement des pays de Moyen Orient reste un déterminant important de la future capacité productive du secteur pétrolier, par ce que les investissements des pays non membres de l'OPEP, sont contraints par tout ce qui était cité ci-dessus mais aussi par leurs faibles réserves.

IV.1.2. La structure économique des pays exportateurs : endettement et fermeture

Avec des dépenses publiques orientées vers les infrastructures et le social, et des taux d'endettement extérieur importants, les pays exportateurs consacrent moins de fonds pour les investissements dans les secteurs pétroliers.

L'ouverture limitée des pays pétroliers aux investissements directes étrangers désincite les internationales de s'engager dans de nouveaux projets. Les principaux producteurs tel que l'Arabie Saoudite et le Kuwait (et même le Mexique et le Moyen Orient) demeurent fermés aux investissements directes étrangers, alors que pour d'autres, tel que l'Iran, les procédures de la répartition de la production et le buyback désencourage les multinationales à s'y installer. L'attribution des licences et la taxation des investissements dans les pays hôtes désencourage à son tour les compagnies étrangères

Les faibles investissements étrangers ont aussi privé les pays exportateurs de bénéficier des majeures innovations technologiques qui ont eu lieu durant les deux dernières décennies dans le secteur de pétrole.

Section V : Perspectives de long terme du marché pétrolier

La demande de pétrole à l'échelle mondiale a nettement ralenti ces trente dernières années grâce à la baisse de l'intensité pétrolière de la production (consommation totale de pétrole par unité produite) dans les pays de l'OCDE. Cette baisse traduit une utilisation plus efficiente du pétrole. Les économies de combustibles induites par les changements techniques en cours ont contribué à une baisse continue de l'intensité énergétique, à laquelle s'ajoute le recours croissant à des sources d'énergie de substitution, notamment le gaz naturel pour la production d'électricité, et une modification de la composition de la production au profit des secteurs moins intensifs en pétrole. Par contre, dans les pays non membres de l'OCDE l'intensité pétrolière a en général légèrement augmenté jusqu'au milieu des années 90 à cause d'une restructuration de la production vers les activités manufacturières.

A plus longue échéance, et sous l'hypothèse d'une croissance mondiale de l'ordre de 3% par an en moyenne sur la période 2000-2030, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit que la demande pétrolière mondiale augmentera d'environ 1% par an sur la même période. La plus forte hausse de la demande de pétrole proviendrait de l'Amérique du Nord, la demande de la Chine et des autres pays de l'Asie afficherait aussi une forte progression. Une croissance économique plus soutenue dans les pays non membres de l'OCDE qui ont la plus grande intensité énergétique induirait une hausse structurelle de la demande de pétrole par unité supplémentaire de PIB mondial en comparaison avec celle des dernières décennies. Le transport resterait le principal consommateur de pétrole, il représenterait les deux tiers de l'expansion de la demande pétrolière en 2030, sa part dans la consommation totale est susceptible d'augmenter de 7% pour atteindre 54%. Sous l'effet de ces changements géographiques et sectoriels de la demande, la part du pétrole dans les approvisionnements en énergie primaire à l'échelle mondiale et dans la zone de l'OCDE resterait globalement stable, proche des deux cinquièmes.

Au rythme actuel de la production, les réserves existantes seraient épuisées dans une quarantaine d'années. Le ratio réserves/production n'a pas varié ces deux dernières décennies malgré l'expansion de la production, car les réserves ont également augmenté, et il existe d'importantes possibilités de les accroître. Les réserves ont augmenté sous l'effet des innovations technologiques, qui ont permis d'exploiter de nouvelles sources et d'accroître la part de pétrole extractible dans un gisement donné. Cependant, les ressources nouvellement découvertes sont en général plus coûteuses à mettre en exploitation, car il s'agit de plus en plus de gisements marins dont les coûts d'exploration, de développement et de production sont plus élevés que dans les réserves du Moyen-Orient.

Dans ce contexte, et même si les réserves pétrolières resteront relativement abondantes, leur distribution sera sans doute de plus en plus concentrée sur les pays du Moyen-Orient membres de l'OPEP, qui détiennent déjà près des deux tiers des réserves mondiales prouvées. Les réserves étant concentrées dans un nombre restreint de pays de l'OPEP, où l'investissement n'est pas alloué en fonction des mécanismes de marché, l'investissement dans le secteur énergétique ne sera peut-être pas suffisant.

Section VI : L'impact de la spéculation sur le niveau et la volatilité des prix

Les spéculateurs sur le marché pétroliers sont le plus souvent des investisseurs qui négocient des contrats à terme pour profiter d'une hausse (ou d'une baisse) éventuelle des

cours du brut de telle façon qu'ils ne prennent pas de risque sur le produit physique, alors que les opérateurs en couverture ont des engagements substantiels sur les marchés au comptant ou à terme et négocient des contrats à terme à fin de minimiser leur risque vis-à-vis des fluctuations des prix.

Il n'est pas évident d'affirmer que les spéculateurs exercent une réelle incidence sur le niveau des prix. Premièrement parce que la distinction entre la situation dans laquelle les opérateurs en couverture dirigent les prix du marché et celle où les spéculateurs sont à l'origine de la variation des prix est difficile. Deuxièmement parce que la variation des paramètres fondamentaux du marché peuvent à la fois baisser les cours du pétrole et les positions à terme souhaitées par les opérateurs en couverture et par les spéculateurs. Ainsi, une corrélation entre les prix et les modifications des positions des spéculateurs n'implique pas nécessairement que c'est l'action spéculative qui a provoqué les variations des prix.

La plupart des études empiriques ne sont parvenues à dégager un rôle significatif de la spéculation dans le processus de la détermination des prix du pétrole. Même si les spéculateurs peuvent augmenter transitoirement les prix en achetant des contrats à terme, il leur est impossible de liquider leurs positions à un prix élevé sans modifier les paramètres du marché.

Conclusion

Ce premier chapitre qui est basée sur l'analyse des données statistiques et des rapports de certaines organisations et agences internationales considérés comme étant crédibles tel que l'OPEP et l'IEA renforcent le pessimisme lors des anticipations du cours du baril de pétrole pendant les prochaines années. Une demande croissante confrontée à une offre stagnante et des réserves qui seraient probablement épuisées au plus tard dans 50 ans, sont des facteurs sui ne peuvent que renforcer l'inquiétude vis-à-vis du prix de pétrole dans les prochaines décennies.

Les réserves sont des dotations naturelles sur lesquels les pays ne peuvent pas intervenir, alors qu'ils peuvent intervenir sur l'offre. En effet, l'ouverture des principaux pays producteurs face aux investissements directs étrangers permettrait une meilleure valorisation des recherches relatives aux techniques d'extraction et de production du pétrole brut. Comme nous l'avons déjà évoqué, une augmentation du taux de récupération de 1% est susceptible de satisfaire une demande mondiale au rythme actuel pendant deux ans. Du coté des pays consommateurs, et même si les possibilités de substituions sont limitées, une utilisation plus

efficiente de l'énergie en général et du pétrole en particulier pourrait attarder l'expiration des réserves.

Dans le chapitre qui suit, on verra que l'évolution du cours du baril de pétrole peut selon certains auteurs être expliquée par des mécanismes autres que ceux de l'offre et de la demande et qui sont parfois totalement exogènes tels que les conflits au Moyen-Orient.

CHAPITRE 2 : LES CHOCS PETROLIERS : ENDOGENEITE, CANAUX
DE TRANSMISSION ET IMPACT SUR LES PRINCIPAUX
INDICATEURS ECONOMIQUES

Introduction

Dans ce deuxième chapitre qui constitue un survol théorique de la littérature économique, on commencera dans la première section par un bref historique des chocs pétroliers. On d'intéressera aux différents épisodes de chocs repérés par Blanchard et Gali (2007). En effet, la définition d'un choc pétrolier retenue dans ce travail sera celle de Blanchard et Gali. Selon ces deux auteurs, un choc pétrolier au sens large est hausse cumulée du prix de pétrole brut en log supérieure à 50% et soutenue sur une période plus que quatre trimestres (une année). Dans cette première section on décrira l'inflation et les pertes de croissance associées à chacun des chocs pétroliers. La deuxième et la troisième section seront consacrées à la discussion des sujets relatifs aux chocs pétroliers et qui ont été souvent à l'origine de débats polémiques. La deuxième section discutera l'endogénéité des chocs pétroliers. En effet, certains auteurs considèrent que les chocs pétroliers peuvent être uniquement expliqués par des mécanismes endogènes de la sphère économique, alors que d'autres comme Hamilton (2003), ont montré que de nombreux chocs pétroliers ont eu lieu suite à des conflits politiques et militaires au Moyen-Orient. Dans la troisième section on décrira les canaux de transmission des chocs pétroliers en évoquant le débat choc d'offre versus choc de demande. Ensuite on s'intéressera à l'essentiel de l'impact des chocs pétroliers sur les agrégats et les indicateurs économiques à savoir le taux de croissance du PIB réel, les termes de l'échange ainsi que l'inflation et les prix. Dans l'avant dernière section et en se basant sur un modèle de Barsky et Kilian (2001) on discutera la conduite de la politique monétaire lors d'un choc pétrolier. Finalement on précisera les facteurs selon lesquels les experts affirment que l'impact du choc actuel aura un impact limité en comparaison avec celui du début des années 1970.

Section I : Historique et répercussions des chocs pétroliers depuis 1973

Blanchard et Gali (2007) ont repéré quatre épisodes de chocs pétroliers. Ils définissent un choc pétrolier au sens large comme étant une hausse cumulée du prix de pétrole brut en log supérieure à 50%, soutenue sur une période de plus que quatre trimestres (une année). Selon cette spécification des chocs pétroliers, les quatre chocs qui ont été repérés ont commencé respectivement en 1973, 1979, 1999 et 2002

Prix réel de pétrole en Log (1970=100)

Source: Blanchard, O-/ et J. GEli 1:2007), «7he B EcrRecRÇRP ic effects Rf Ril shocks: why are the 2000s so
different from the 1970s", NBER working paper series, September 2007.p:10.

Les quatre épisodes de chocs se sont déroulés entre 1973 :3 et 1974 :1, 1979 :1 et 1980 :2, 1990 :1 et 2000 :4 et entre 2002 :1 et 2005 :3.

Pour des pays développés Blanchard et Gali ont trouvé que l'impact des deux premiers chocs est beaucoup plus important sur l'inflation et la croissance que celui des deux chocs les plus récents.

L'évolution de l'inflation lors des quatre épisodes de chocs pétroliers

 

Choc 1

[1973:3-1974 :1]

Choc 2

[1979:1-1980:2]

Choc 3

[1990:1-2000:4]

Choc 4

[2002:1-2005:3]

Moyenne(1,2)

Moyenne(3,4)

Canada

4.7

1.8

2.2

0.5

3.3

1.4

Allemagne

0.1

2.6

1.1

-0.2

1.4

0.4

France

5.4

3.1

1.3

0.5

4.2

0.9

Etats-Unis

4.9

4.0

1.7

-0.2

4.5

0.7

Japon

7.9

1.0

-1.7

0.9

4.4

-0.4

Source: Blanchard, O-L. et J. Gali (2007), «The Macroeconomic effects of oil shocks: why are the 2000s so
different from the 1970s", NBER working paper series, September 2007.p:14.

Les variations cumulées du taux de croissance du PIB réel lors des quatre épisodes de chocs pétroliers

 

Choc 1

[1973:3-1974 :1]

Choc 2

[1979:1-1980:2]

Choc 3

[1990:1-2000:4]

Choc 4

[2002:1-2005:3]

Moyenne(1,2)

Moyenne(3,4)

Canada

-8.3

-1.0

-1.5

3.2

-4.6

0.8

Allemagne

-9.6

-3.5

1.3

-2.5

-6.6

-0.6

France

-7.6

-4.4

0.6

1.2

-6.0

0.9

Etats-Unis

-13.3

-11.8

-3.7

7.1

-12.5

1.7

Japon

-16.1

-4.4

7.6

3.3

-10.3

5.4

Source: Blanchard, O-/ [ft A. GD311:lI007),117Kf1B EFrRfFRnRPIFFffffFts RITRICsKRFNsUKy aIf tKfIlIELEVIR
different from the 1970s", NBER working paper series, September 2007.p:15.

Ces faits stylisés de Blanchard et Gali (2007) ne laissent aucun doute que les chocs pétroliers ont eu un impact très significatif sur les prix et la croissance. L'impact le plus dramatique sur la croissance était pour les Economies américaine et japonaise lors du premier choc et dont les effets cumulées étaient respectivement de -13.3% et de -16.1%, alors qu'au cours des deux derniers chocs pétroliers ces deux pays et la majorité des pays développés (de l'OCDE) ont réussi à maintenir des taux de croissance cumulés positifs. Ceci peut être dû à des intensités pétrolières plus faibles que celles des années 1970, à l'ouverture économique et à des marchés de travail plus flexibles permettant des régulations qui ont réussi à absorber une partie de l'impact des chocs récents.

L'impact des chocs pétroliers sur les niveaux de l'inflation est aussi devenu moins apparent lors des chocs entre 1990 :1 et 2000 :4 et entre 2002 :1 et 2005 :3. Ceci peut être en grande partie expliqué par des politiques monétaires restrictives menées par les banques centrales mais aussi par la diminution de la capacité des entreprises de supporter les hausses des prix du brut aux consommateurs grâce à la concurrence accrue qui caractérise les marchés des biens et services de ces pays.

Section II: Les chocs pétroliers : exogènes ou endogènes

Les chocs pétroliers sont le plus souvent imprévisibles. Et même, ex-post, il n'est pas évident de trouver des explications affirmatives des épisodes de chocs qui ont déjà eu lieu. Certains économistes considèrent que les chocs pétroliers sont des phénomènes strictement exogènes à la sphère et à la performance économique, alors que d'autres, ont réussi à prouver un impact relatif des indicateurs macroéconomiques sur la volatilité des prix de pétrole

(essentiellement les indicateurs de la croissance économique).

En effet, les politiques exogènes au Moyen-Orient ont été souvent considérées comme étant les principaux facteurs susceptibles de déclencher les chocs pétroliers. Cependant, l'histoire récente a montré que plusieurs chocs ont eu lieu même en absence de grands conflits politiques ou militaires en Moyen-Orient. Par exemple pendant les hausses du cours du baril de pétrole qui ont eu lieu entre mars 1999 et novembre 2000, les conflits politiques ont été absents. Dans le même ordre d'idées, après novembre 2000, le prix de pétrole a diminué malgré que le marché mondial était privé des exportations pétrolières irakiennes et malgré que c'était l'un des hivers les plus froids dans le monde et surtout aux Etats-Unis. Aussi, après les attaques terroristes de septembre 2001, et le déclenchement de la guerre en Afghanistan, le prix du pétrole brut continue sa diminution.

D'autres observateurs, voient que les hausses du prix de pétrole de 1999-2000 étaient planifiées (unilatéralement) par le cartel de l'OPEP lors de son assemblée de mars 1999. Une telle interprétation est difficile à percevoir, vu que l'OPEP, ne peut pas se procurer soudainement d'un tel pouvoir, alors qu'elle n'a pas réussi depuis 1986 à maintenir un niveau des prix suffisamment élevé et satisfaisant à ses membres. Donc la réunion de 1999, ne peut pas être la principale cause de la hausse des prix, car les dizaines d'assemblées depuis 1986, n'ont pas réussi à le faire.

Une analyse économique, plutôt que politique des cartels peut fournir une explication plus plausible en se basant sur les modèles standards des cartels. Selon les travaux de Green et Porter (1986), la capacité des cartels à maintenir un niveau élevé des prix de leurs produits dépend largement de la qualité de l'information que chacun des membres dispose sur les autres membres du cartel. Chaque membre doit surtout savoir si les autres membres trichent en dépassant leurs quotas de production ou bien s'ils les respectent. Or pendant les phases imprévisibles de faible demande, causant une chute des prix de l'output, les membres du cartel vont choisir d'excéder leurs quotas et de commercialiser des quantités plus élevées pour que leurs recettes ne se dégradent pas. De cette manière, les récessions affaiblissent les cartels, alors que les expansions les renforcent.

En fait, l'assomption de l'imparfaite observabilité de la production règne dans le marché de pétrole, car les statistiques crédibles sur les niveaux de la production ne sont obtenues qu'après de longs retards. Ainsi, on peut parvenir à une explication possible du choc de 1999- 2000. Le choc a eu lieu tout simplement parce qu'il s'agissait d'une phase de forte croissance économique qui a redonné du pouvoir à l'OPEP.

Les embargos, ont aussi beaucoup servi à expliquer quelques épisodes de chocs pétroliers et notamment celui de 1973. La hausse des prix de pétrole pendant le premier choc pétrolier ne semble pas être directement induite par la guerre d'octobre. En effet, la majorité des pays impliqués dans les actions militaires -l'Egypte, la Jordanie, la Syrie et l'Irak- n'étaient pas des producteurs potentiels de pétrole à l'époque.

Cet embargo, indépendamment de la guerre peut avoir un fondement endogène relativement aux conditions macroéconomiques. Barsky et kilian (2002), renvoient l'embargo à des évidences historiques et institutionnelles, en faveur de l'endogénéité (économique) du dit embargo. Ils précisent que les objectifs de la guerre et de l'embargo étaient divergents à la date de l'instauration de l'embargo. Le choc de la fin de 1973 peut être tout simplement dû aux formes institutionnelles du marché de pétrole qui ont nécessité un délai pour que le prix s'ajuste suite au boom de la demande du début des années 1970 (Barsky et Kilian, 2002). Mais s'il y'a une contribution de la guerre dans la hausse des prix de pétrole de 1973-74, c'était uniquement les craintes des distorsions des futurs approvisionnements de pétrole. Ces craintes ont été accentuées par le contexte économique de la période qui était en pleine expansion.

Hamilton (2003) voit que les événements politiques ont joué un rôle important lors des épisodes de chocs pétroliers de l'histoire récente. Hamilton a repéré les épisodes de chocs, ainsi que la baisse de l'offre mondiale de pétrole et les répercussions sur la croissance des Etats-Unis qui leur sont associés. Les observations de Hamilton sont décrites dans le tableau ci-dessous tout en précisant les dates des conflits politiques.

Date

Evénement

Diminution de la
production mondiale de
pétrole

Diminution du PIB réel
des Etats-Unis

Novembre 1956

Crise du Suez

10,1%

-2,5%

Novembre 1973

Guerre arabo-israélienne

7,8%

-3,2%

Novembre 1978

Révolution iranienne

8,9%

-0,6%

Octobre 1980

Guerre du Golf I

7,2%

-0,5%

Aout 1990

Guerre du Golf II

8,8%

-0,1%

Moyenne

 

8,5%

1,4%

Source: Palgrave Dictionary of economics

Dans ce tableau de faits stylisés, Hamilton ne laisse aucun doute du rôle significatif des conflits militaires et politiques au Moyen-Orient dans le déclenchement des chocs pétroliers. Pendant les cinq conflits qui ont eu lieu au Moyen-Orient l'offre mondiale de pétrole a subi une diminution moyenne de 8,5%, en entrainant une diminution de 1,4% (en moyenne) du

PIB réel américain. Cependant, on peut signaler que l'impact des événements politiques sur l'offre mondiale de pétrole ont gardé leur impact important sur l'offre mondiale de pétrole (une baisse de la production dans tous les cas supérieure à 7%), leurs effets sur la croissance économique des Etats-Unis a remarquablement diminué. Le choc pétrolier qui a eu le plus grand impact sur le PIB réel des Etats-Unis était celui de la guerre arabo-israélienne de 1973. Ce choc pétrolier précoce dû à un embargo exercé par le pays arabes membres de l'OPEP, a entrainé une chute du taux de croissance des Etats-Unis, qui estimé par Hamilton à 3,2%.

Section III: Transmission du choc par l'offre versus transmission par la

demande

Dans la littérature économique, malgré qu'un nombre très limité des auteurs qui ont traité les canaux et les mécanismes de transmission des chocs pétroliers, les théoriciens ne se sont pas mis d'accord même sur sa nature : s'agit il d'un choc d'offre ou de demande ? Certains considèrent que les chocs pétroliers sont des chocs qui affectent l'offre alors que d'autres considèrent qu'il s'agit plutôt de chocs qui affectent la demande.

Selon les premiers, il s'agit d'un choc qui affecte l'offre puisque la hausse du prix de pétrole augmente les coûts de la production et qui n'affecte d'aucune façon les décisions de consommation des ménages. Plusieurs analyses économiques des chocs pétroliers supposent une fonction de production du type Cobb-Douglas reliant la production (le PIB) d'un coté au capital, au travail et à l'énergie de l'autre coté. Ainsi toute chute exogène de l'offre de l'énergie se traduit systématiquement par une réduction de la production. Par exemple, si le secteur automobile connait une récession, ceci est en fait dû au prix plus élevé des voitures dont les coûts de production ont augmenté et non pas dû à un changement des attitudes ou ne renonciation de la part des consommateurs.

Des analyses précédentes se sont intéressées à la demande. Dans un contexte keynésien de rigidité des salaires, le choc pétrolier cause une augmentation du niveau général des prix, une diminution de l'emploi et de la croissance. Ils considèrent que le pétrole est l'un des facteurs de production qui n'a rien de spécial par rapport aux autres. Pour cela, le choc pétrolier n'est que l'un des causes qui approfondissent les distorsions entre le salaire et le niveau des prix. Dans ce cas, le prix et la disponibilité du pétrole affectent dans notre exemple la vente des automobiles vu qu'ils affectent le niveau général des prix mais surtout parce que le pétrole est indispensable pour l'utilisation des voitures. Ainsi si l'incertitude règne dans le marché des biens et services, plusieurs décisions de consommation sont annulées, jusqu'à ce que les agents acquièrent une meilleure information (comme en 1974). De ce fait, à court

terme les chocs pétroliers affectent la performance économique en réduisant la commercialisation des biens de consommation et d'investissement à hautes factures énergétiques.

D'autres études plus récentes ont montré que les chocs pétroliers déclenchent un processus intersectoriel de réallocation des facteurs. Ainsi, ils mettent en question la relation linéaire entre le prix du pétrole et le PIB. En effet, si la hausse du prix de pétrole diminue la demande de certains biens (à haute intensité énergétique), elle va par contre augmenter la consommation d'autres biens.

En fait, puisque la réallocation du travail et du capital entre les secteurs est souvent coûteuse, le choc pétrolier est contractionnaire à court terme. Même si le prix de pétrole diminue par la suite, la demande dans certains secteurs qui étaient prospérés à cause du choc va diminuer et le chômage prendra du temps pour être absorbé.

Section IV : L'impact des hausses du prix de pétrole sur les différents indicateurs économiques

IV.1. La croissance économique

A long terme, les chocs pétroliers peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la croissance économique. Plusieurs analyses affirment que la hausse des prix de pétrole se transmet à l'activité économique par le canal de la productivité globale des facteurs vue que la période du choc de 1973 était caractérisée par une chute de la productivité. Cependant, Olson(1988), considère que l'impact du prix de pétrole sur la productivité n'est pas suffisamment significatif vu que le cout de l'énergie ne constitue qu'une faible proportion du PIB, de telle façon que les pertes de la productivité engendré par la substitution de pétrole par d'autres sources d'énergies est négligeable. Il précise aussi que les possibilités de substitution étaient limitées au début des années 1970.

La majorité des modèles servant à analyser l'impact des chocs pétroliers ont recours à des fonctions Cobb-Douglas ce qui implique que le PIB réel en Log doit être linéaire par rapport au prix réel de pétrole. L'une des implications de cette linéarité est que si le prix de pétrole diminue, le PIB doit augmenter. Ainsi selon ces mécanismes opérant dans les sens inverses : la hausse du prix de pétrole entraine la récession alors que suite à leur diminution on devait s'attendre à un boom économique.

Cependant, Hamilton(2000), a montré que la relation entre le PIB réel et le prix de pétrole n'est pas linéaire et a mis en évidence que l'impact des hausses est plus significatif que l'impact des baisses, de telle façon que l'expansion dûe aux baisses ne parvienne pas à

compenser les pertes engendrées par les hausses. Dans son modèle Hamilton considère une fonction de production de la forme :

Avec yt le taux de croissance du PIB réel et ot le taux de variation du prix de pétrole en pourcentage et åt le terme d'erreur de la régression. Selon le modèle toute augmentation de 1% du prix de pétrole fait diminuer le PIB réel de [I% alors que la baisse du prix de pétrole n'a aucun effet sur le PIB réel. Selon cette spécification la fonction I UIRt) prend la forme :

A partir d'une série temporelle à 50 trimestres, Hamilton a effectué en premier lieu une régression par M CO, uniquement pour les valeurs positives de ot, les résultats étaient :

60

6

Cette première régression montre que les prix de pétrole ont un effet significativement élevé sur la croissance économique avec un t statistique de -2,66.

La régression sur toutes les observations (valeurs de ot positives et négatives) est :

6 (0

0

Dans ce deuxième cas décrit par l'équation ci-dessus, le prix de pétrole ne semble avoir que le 1/4 de l'impact qu'il avait pour l'échantillon réduit, son impact n'est plus significatif.

Ainsi Hamilton a conclu que la relation entre le prix de pétrole et la croissance n'est pas linéaire : en effet si la forme linéaire représente était le vrai modèle, et si la régression contenant les valeurs négatives des ot ne décrit pas la réalité. Il a présenté par la suite une forme non linéaire.

IV.2 .Les termes de l'échange

Le premier effet des fluctuations des prix de pétrole sur l'activité résulte du transfert du pouvoir d'achat entre pays importateurs et pays exportateurs de pétrole. L'ampleur de la perte du pouvoir d'achat des pays importateurs dépend de l'intensité pétrolière de la production et de l'élasticité de la demande de pétrole par rapport au prix. L'incidence sur la demande mondiale dépend de la part des recettes supplémentaires des exportateurs de pétrole qui est dépensée. En général, ces recettes ne sont pas intégralement recyclées dans le court terme. Les variations des termes de l'échange ont été très fortes dans le passé, mais ces variations sont devenues plus modérées dans la période actuelle.

IV.3. Les prix internes et l'inflation

Les effets d'inflation reflètent l'incidence des variations des termes de l'échange sur les prix à la production. En ce qui concerne la hausse des prix à la consommation, les taxes sur les produits pétroliers (ainsi que les subventions) contribuent à isoler le niveau des prix des fluctuations des cours du pétrole, surtout en favorisant une réduction de l'intensité pétrolière dans le long terme, mais aussi statistiquement, dans le court terme, puisque l'impact proportionnel d'une hausse du prix du pétrole est inversement lié au poids de la composante fiscale du prix de détail. Les répercussions éventuelles de la hausse du prix de pétrole éventuelle sur le niveau des prix et sur l'inflation dépend de certains effets indirects, et en particulier de la capacité des travailleurs et des entreprises à compenser la perte de revenu par une augmentation des salaires et des prix qui dépendent eux mêmes du régime de la politique monétaire adoptée par la banque centrale.

IV.4. La demande interne

La perte de revenu résultant de la hausse des prix serait supportée aux consommateurs dans la mesure où la demande de pétrole et de produits pétroliers est inélastique par rapport aux prix dans le court terme. Il en serait ainsi pour des produits de consommation finale tels que l'essence. Toutefois, lorsque le pétrole est un input utilisé pour la fabrication de produits finaux élastiques par rapport aux prix, sur un marché concurrentiel les effets-revenu négatifs seraient initialement supportés par les producteurs, puisque ceux-ci ne pourraient pas répercuter la hausse de leurs coûts. En, étant donné que le pétrole entre dans la fabrication de nombreux produits, les pertes seraient supportées à la fois par les consommateurs et par les producteurs. Dans la mesure où les producteurs sont touchés, les marges bénéficiaires et le rendement du capital investi diminueront, avec des effets sur l'allocation du capital. Tandis que dans le long terme le capital est le plus flexible et le plus mobile des facteurs de production, et sera transféré des secteurs à forte intensité d'énergie vers les secteurs offrant des rendements plus élevés, dans le court terme le capital investi dans les secteurs à forte intensité énergétique est relativement rigide, de sorte qu'il subit une perte de revenu.

Section V: La valeur ajoutée, le déflateur de la valeur ajoutée lors d'un choc pétrolier selon une optique monétariste

La majorité des économistes considèrent que les chocs pétroliers sont inflationnistes par nature. Cependant cette considération est validée pour le prix du produit domestique et non pas pour le prix de la valeur ajutée. Le modèle suivant montre que le choc pétrolier peut même avoir un effet déflationnaire sur le prix de la valeur ajoutée, malgré qu'il augmente le prix de la production globale.

Barsky et Kilian (2001) supposent que la production globale est donnée par :

Avec x : un coefficient relatif à la technologie,

O : La quantité de pétrole importé,

: La fonction de la valeur ajoutée domestique.

Le modèle suppose aussi que la séparabilité entre le pétrole O et les autres facteurs est possible afin d'assurer l'existence d'une véritable fonction de valeur ajoutée. Sous l'assomption de la séparabilité, une diminution de O ne constitue pas un choc à la valeur ajoutée de telle sorte que la capacité de produire les biens domestiques est inchangée. Le stock de capital est fixé tout en assurant la concavité de la fonction de la Valeur ajoutée. La fonction de la production globale peut être réécrite de la forme:

Avec Ot le pétrole importé utilisé dans la production et est supposée homogène de degrés

1.

En choisissant la production globale comme numéraire ajoutée comme numéraire, alors la valeur ajoutée peut être interprétée comme étant le PIB réel, alors que le PIB nominal est défini par, avec le prix de pétrole importé.

o

P

La demande de la monnaie est donnée sous forme de fonction d'encaisses réelles selon laquelle la demande de la monnaie est proportionnelle à la production globale :

Avecle prix de la production globale.

Selon cette équation, le niveau de la production est déterminé par le stock de la monnaie.

Le modèle suppose aussi que l'offre de travail est inélastique, et que les marchés sont en concurrence pure et parfaite. La différenciation logarithmique de (1) et (2) par rapport à implique que :

est le taux de variation, est la part du coût du pétrole dans la production, est

l'élasticité de substitution entre le pétrole et la valeur ajoutée. Les deux dernières équations impliquent que si le prix de pétrole augmente, il s'en suit une diminution de la quantité de la production globale et une augmentation du prix de la production globale.

Le déflateur de la valeur ajoutée est défini comme étant le rapport entre la valeur ajoutée réelle et la valeur ajoutée nominale.

V (
t

Dans ce cas, une augmentation du prix de pétrole et sous les assomptions ci-dessus, la valeur ajoutée reste inchangée puisque le dénominateur ne dépend pas du prix de pétrole. Cependant, le numérateur diminue, puisqu'il dépend du prix de pétrole et de la production globale qui est à son tour déterminée par la quantité de la monnaie.

En remplaçant par sa fonction sous formes d'encaisses monétaires :

Alors le déflateur de la valeur ajoutée s'écrit sous la forme :

Ainsi et dans le cas d'un stock monétaire invariable, ce qui sous-entend une politique monétaire restrictive le choc pourrait même diminuer le déflateur de la valeur ajoutée.

Ainsi, selon ce modèle, un choc pétrolier diminue le déflateur de la valeur ajoutée malgré qu'il peut augmenter le déflateur du PIB.

Ce modèle met en question les analyses en termes de chocs d'offre agrégée. En effet, ce type de chocs est souvent considéré comme étant inflationniste. Mais dans le cadre de ce modèle, le choc pétrolier est déflationnaire pour la valeur ajoutée. Ceci mène à penser qu'il s'agit d'un choc de demande globale plutôt que d'offre globale.

Puisque dans la plupart des cas, les chocs pétroliers ne sont pas des chocs de productivité, alors si la hausse des prix de pétrole affectent la valeur ajoutée, il faut que les inputs travail et capital varient en réponse au choc.

Un canal de transmission -du choc pétrolier vers la valeur ajoutée-plausible est celui de Bernanke (1983), qui montre que dans un modèle d'équilibre partiel, la valeur ajoutée est affectée par le choc pétrolier parce que les firmes annulent provisoirement leurs décisions d'investissement, afin de savoir si le choc pétrolier est transitoire ou permanant.

Même si le choc pétrolier peut diminuer la valeur ajoutée réelle, il n'ya pas de raison pour qu'il soit inflationniste dans le cas où l'offre de la monnaie est inchangée. Dans le cas de stock de monnaie inchangé, pour que le prix de la valeur ajoutée augmente, il faut que la diminution de la valeur ajoutée soit supérieure à la diminution du numérateur. En effet et dans un cas plus réaliste, où le stock de la monnaie est variable, le sens de la variation du déflateur dépend de la réaction de la banque centrale face à la baisse de la valeur ajoutée. La réaction optimale de la banque centrale est de suivre une politique monétaire restrictive.

Section VI: Quelques facteurs susceptibles d'atténuer l'impact du choc

actuel

Dans son rapport annuel de 2007, l'OPEP estime que l'impact de la hausse actuelle des prix de pétrole sur la croissance sera limité étant donné que l'intensité de pétrole dans l'Economie mondiale a considérablement relativement à 1973. L'impact de la hausse des prix de pétrole sur la croissance économique sera atténué par les facteurs suivants :

Des intensités plus faibles réduisant l'exposition des économies aux fluctuations du prix de pétrole. Pour les pays de l'OCDE par exemple, l'intensité de l'usage de pétrole a diminué de 60% par rapport à celle de 1970 et les pays développés utilisent beaucoup moins de pétrole par unité de PIB ;

La hausse du prix de pétrole est induite par un processus de demande et non pas par des distorsions de l'offre et s'est faite graduellement sur plusieurs années ;

Les politiques monétaires plus crédibles et en faveur des consommateurs ont limité les pressions inflationnistes ;

L'ouverture commerciale et surtout le développement des échanges des facteurs de production ont contribué à limiter l'inflation par les couts

D'autres justifications plus directes en faveur d'un impact limité de la hausse actuelle des prix de pétrole peuvent être fournies :

La part de l'énergie dans le budget des consommateurs a diminué ;

Des élasticités prix plus faibles ;

Des niveaux de taxation sur les produits pétroliers tellement élevés de telle façon que les fluctuations du prix de pétrole brut passent parfois inaperçues au niveau des prix de détail ;

Des réponses asymétriques vis-à-vis des fluctuations des prix.

Conclusion

Dans la littérature économique, la majorité des auteurs confirment l'impact négatif des chocs pétroliers sur la croissance et les prix, alors que les canaux de transmission de ces chocs vers l'activité économique différent considérablement d'un auteur à l'autre.

Les faits stylisés sur la croissance et l'inflation repérés par Hamilton (2003) et Blanchard et Gali (2007) ne laissent aucun doute concernant l'impact néfaste des chocs pétroliers précédents sur les Etats-Unis et les autres pays de l'OCDE. En absence des études des répercussions des chocs pétroliers récents sur les pays du reste du monde, on peut estimer que l'impact était supérieur à celui qui a été observé pour les pays de l'OCDE. En effet, l'intensité pétrolière des pays de l'OCDE est décroissante depuis 1973. Elle est nettement inférieure à celles de plusieurs autres pays industrialisés tel que l'Inde et la Chine depuis plusieurs années.

En ce qui concerne les canaux de transmission des chocs pétroliers, et en présence de plus du débat transmission par l'offre versus transmission par la demande, on peut considérer que les arguments avancés par les théoriciens qui considèrent qu'il s'agit d'un choc d'offre sont les plus cohérents. En effet, grâce à la concurrence sur les marchés, les entreprises supportent de plus en plus solennellement les hausses des facteurs de production et notamment la hausse des prix de pétrole au lieu de la faire supporter aux consommateurs lors du choc des années 1970.

Les études de Hamilton ont montré que l'expansion dûe à une baisse des prix de pétrole ne peut pas compenser la récession causée par la hausse des prix.

Dans le troisième chapitre qui est d'ordre empirique, on analysera en détail l'impact des chocs pétroliers sur l'économie tunisienne.

CHaPITRE 3 : TENTATIVE D'ESTIMATION ET D'ANTICIPATION
DES EFFETS D'UN CHOC PETROLIER SUR L'ECONOMIE
TUNISIENNE A L'AIDE D'UNE MODELISATION VAR ET D'UN
MODELE CALCULABLE D'EQUILIBRE GENERAL

Introduction

Ce dernier chapitre qui est d'ordre empirique comportera deux sections. La première section a pour objectif d'analyser l'impact d'un choc pétrolier de 10% sur l'indice des prix à la consommation et le taux de croissance du PIB réel par une modélisation VAR d'ordre 4. La série temporelle comporte des données relatives à 26 trimestres qui s'étalent sur la période entre 2001 :1 et 2007:1. On précise que le prix de pétrole utilisé dans cette première section est le cours du Baril de Brent exprimé en dollar. Le premier paragraphe de cette première section commencera par des observations filtrés par le filtre H-P. On fournira ensuite les tests de la causalité au sens de Granger ainsi que la décomposition historique de la variance. On finira cette section par la représentation des fonctions des réponses impulsionnelles de l'IPC et du taux de croissance. Dans la deuxième section on réarrangera le modèle néokeynésien d'une Economie importatrice de pétrole de Blanchard et Gali (2007) afin de prévoir l'impact d'un choc pétrolier permanant de 10% jusqu'à 2020 sur le taux de croissance, l'indice des prix de vente industrielle, l'indice des prix à la consommation et le taux de chômage de l'économie tunisienne. On supposera des hausses du prix réel de pétrole tout d'abord de 5%, ensuite de 10% et de 15%. On analysera aussi le rôle d'une stratégie d'économie d'énergie permettant de réduire la part de pétrole dans l'économie tunisienne de 20%. On finira cette partie empirique par l'étude de l'efficacité des politiques de hausse ou de baisse du taux d'intérêt pour l'économie tunisienne lors d'un choc pétrolier. On note que le scénario qui suppose une hausse du prix réel de pétrole de 10%·sera considéré comme étant un scénario de référence (benchmark) vu qu'il est le plus réaliste et le plus probable.

Section I : analyse de l'impact d'un choc de 10% sur le prix nominal de pétrole entre 2001:1 et 2007:2 par un modèle VAR structurel

Dans cette partie, on analysera en détail les effets d'un choc pétrolier sur l'indice des prix à la consommation et sur le PIB de la Tunisie sur la période entre 2001 :1 et 2007:2 ce qui constitue une série temporelle à 26 observations. On s'est limité à une telle période d'étude vue que le nombre des observations est suffisant mais aussi parce qu'avant cette période l'économie tunisienne était moins exposée aux chocs pétroliers vue son faible déficit de la balance de l'énergie.

I.1. Les faits stylisés

Le filtre Hodrick-Prescott est une technique qui permet d'estimer une relation de long terme de la série par rapport à une tendance (trend). En effet les écarts des valeurs observées de la série par rapport au « trend » sont responsables du mouvement cyclique de la série.

Les séries filtrées du prix nominal de pétrole, du PIB réel et de l'indice des prix à la consommation sont fournies dans les graphiques ci-dessous.

En 2001, le cours du baril de pétrole est nettement inférieur à sa tendance de long terme. On s'attendait donc à ce que ce qu'il s'agisse d'une phase d'expansipon et à ce que la coissance du PIB réel soit supérieure à celle du sentier de croissance équilibrée. Or, ce n'était pas le cas, les années 2001 et 2002 font partie d'une phase de récession de l'économie tunisienne. Ceci peut etre dup à la superposition d'un autre choc, qui est le plus probablement celui des attentats de 11 septembre 2001. La meme période était carractérisé par une inflation croissante et relativement élevée.

Entre 2003 et 2004, l'écart entre le taux de croissance du PIB réel et sa tendance a été réduit. Pendant cette phase le cours du baril de pétrole était relativement stable. Et malgrés cela, l'Indice des prix à la consommation était nettement supérieur à sa valeur tendancielle.

Entre la fin de 2006 et le début de 2007, le cours du baril de pétrole était décroissant. Cette diminution du prix de pétrole a été synchronisée avec une phase d'expansion ainsi qu'une inflation plus faible.

Les observations ci-dessus montrent que d'autres chocs positifs et négatifs (autres que pétroliers) ont eu lieu entre 2001:1 et 2007:2 et ont parfois dissimulé l'impact des fluctuations du prix de pétrole sur la croissance et les prix. Pour estimer empiriquement la contibution des chocs pétroliers dans les variation du taux de croissance et de l'indice des prix à la consommation, on peut effectuer le test de la causalité au sens de Granger ainsi que la décomposition de la variance des erreurs.

I.2. Décomposition de la variance et étude de la causalité

a) décomposition de la variance des erreurs Décomposition de la variance des erreurs pour le PIB

t

SE

PIB

PO

1

0.033136

100.0000

0.000000

2

0.123700

99.05697

0.943030

3

0.291785

96.38127

3.618729

4

0.547533

92.19792

7.802078

5

0.893619

86.57692

13.42308

6

1.326175

79.84451

20.15549

7

1.836375

72.52810

27.47190

8

2.412623

65.17732

34.82268

9

3.042962

58.21899

41.78101

10

3.715552

51.93802

48.06198

Décomposition de la variance des erreurs pour l'IPC

t

SE

IPC

PO

1

0.751 389

100.0000

0.000000

2

1.1991 27

97.99591

2.004095

3

1.454027

98.50498

1.495016

4

1.562617

97.36582

2.6341 77

5

1.700236

94.32142

5.678581

6

1.857786

90.95135

9.048651

7

1.976325

90.19666

9.803339

8

2.060095

89.89808

10.10192

9

2.161116

89.39975

10.60025

10

2.292617

88.64883

11.35117

La décompsition de la variance indique que la variance de l'erreur de prévision du PIB réel est due à 52% à ses propres innvations et à 48% à celles du prix de pétrole. Aussi la variance de l'erreur de l'IPC est due à 89% à ses propres innovations et à 11% à celles du prix de pétrole.

La décompsition de la variance montre bien que le pétrole compte aussi bien pour le PIB que pour l'IPC. En effet, l'impact relativement limité des hausses du prix de pétrole peut être dû aux politiques de compensation et de subvention accordée aux consommateurs et surtout pour les carburants et l'éléctricité.

Avant de procéder à l'analyse de la causalité on ommet l'hypothése que les indicateurs économiques de la Tunisie affectent le prix mondial de pétrole ce qui semble réaliste. Si les tests de causalité montrent le contraire, il s'agit d'une coincidence.

b) Etude de la causalité au sens de Granger

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

OILPRICE does not Granger Cause IPC

22

0.62396

0.65364

 
 
 
 

Null Hypothesis:

Obs

F-Statistic

Probability

OILPRICE does not Granger Cause GDP

22

0.82326

0.53325

Au sens de Granger, le prix de pétrole cause les variations de l'IPC avec une probabilité de 35% alors qu'il cause les variations du PIB à un seuil de 47%.

On peut conclure de ce qui précède que le prix de pétrole a un impact significatif sur la croissance et l'inflation avec un impact relativement plus important pour le PIB réel que pour l'IPC.

I.3. Estimation de l'impact d'un choc de 10% affectant le prix nominal du pétrole brut à l'aide d'une modélisation VAR

Le temps est le trimestre et t couvrira la période allant de 2001:1 et 2007:2. Pour chacune des deux variables (IPC et PIB) on construit un modèle VAR d'ordre 4 qui relie la variable d'intérêt à ses propres retards ainsi qu'aux retards de Pto qui désigne prix nominal du baril de pétrole (Brent) en dollar américain afin d'éviter de diviser par une variable endogène.

Ainsi l'équation du VAR d'ordre 4 relatif à l'IPC (ðc,t) se présente ainsi :

Et pour le PIB réel (yt):

Notons qu'afin d'éviter le problème de stationnarité des séries temporelles en notre disposition qui se sont avérées non stationnaires après avoir effectué les tests de racine unitaire(mais stationnaires en première différence), l'IPC figurera en pourcentage de variation alors que le PIB en taux de croissance filtré par le filtre d'Hodrick-Prescott, le prix nominal de pétrole serait celui du Brent et en différence logarithmique. Le prix du baril de pétrole restera en dollar afin d'éviter la division par une variable endogène qui est le taux de change.

On présentera pour chacune des deux variables les résultats de la régression, la décomposition de la variance ainsi que la fonction des réponses impulsionnelles suite à un choc sur le prix nominal de pétrole. On définit le choc comme étant une augmentation exogène de la variation logarithmique du prix nominal du baril de pétrole de 10%. On note aussi qu'on n'a pas eu recours aux critères de Schwartz et d'Akaike pour déterminer le nombre optimal des retards puisque les coefficients relatifs aux quatrièmes retards des différentes variables demeurent significativement différents de 0 pour toutes les variables du modèle.

I.3.1. L'IPC et le prix de pétrole entre 2001:1 et 2007:2

Les taux de variation de l'IPC sont annualisés de telle façon que les augmentations engendrées par le choc seront interprétés comme étant des variations par rapport à la moyenne annuelle.

Le graphique ci-dessous montre que dés le troisième trimestre après le choc le taux d'inflation commence son augmentation pour atteindre 0,2% après une année et demie puis se stabilise relativement au voisinage de cette valeur.

En ce qui concene le fonction des réponses impulsionnelles cumulées, le choc peur causer une augmentation du taux de l'inflation de 3% à l'horizon de la cinquiéme année.Ceci est nettement supérieur aux variations des taux d'inflation des pays développés lors des chocs qui ont eu lieu ces derniéres années mais ce taux est proche de la réaction de l'inflation de certains des pays développés lors des chocs de 1973 et de 1979, tel que la France avec 3,1% et l'euro 12 avec 2,7%.

Réponse de l'IPC suite à un choc de 10% sur le prix nominal du baril de pétrole

Réponse cumulée de l'IPC suite à un choc de 10% sur le prix nominal du baril de pétrole

I.3.2.La croissance et le prix de pétrole entre 2001:1 et 2007:2

On filtre les taux de croissance trimestriels du PIB réel à l'aide du filtre HP, afin qu'on puisse interpréter leurs variations comme étant un écart par rapport au sentier de la croissance équilibrée. Sur notre période d'étude, l'impact du choc n'est apparent qu'après une année et entraine des faibles diminutions mais croissantes et finit par écarter le taux de croissance de sa valeur de croissance équilibrée de 0,1%.

Les réponses cumulées du PIB réel stipulent une diminution trimestrielle de la croissance économique de 0 ,1% par rapport au sentier de la croissance équilibrée pour des chocs de 10% sur le prix nominal de pétrole.

Réponse du PIB réel suite à un choc de 10% sur le prix nominal du baril de pétrole

Réponse cumulée du PIB réel suite à un choc de 10% sur le prix nominal du baril de pétrole

Section II : Le modèle néokeynésien d'une économie importatrice de pétrole de Blanchard et Gali(2007)

On exposera tout d'abord l'essentiel des équations du modèle élaboré par Blanchard et Gali (2007). Le modèle détaillé sera présenté dans l'Annexe. Notons que toute variable écrite en caractère minuscule est en exprimé en Log népérien.

Le modèle suppose que le pétrole soit utilisé aussi bien dans la production que dans la consommation. La production est donnée par :

: La production globale domestique

: Le travail

: La quantité de pétrole (importé) utilisée dans la production. La consommation est donnée par :

Avec : La consommation des ménages

: La consommation des biens domestiquement produits,

: La consommation de pétrole importé.

On distingue entre deux types de prix : le prix du produit domestiqueet le prix à la consommation .

Soit le prix nominal de pétrole et st le prix réel de pétrole. Le prix réel de pétrole st

s'écrit ainsi :

Selon la définition de la consommation, la relation entre le prix à la consommation et le prix de la production est donnée par :

Ceci revient à dire que toute hausse du prix réel de pétrole augmente l'écart entre le prix à la consommation et le prix à la production.

II.1. Fonctions de comportement des ménages

Le comportement des consommateurs est décrit par les deux équations suivantes :

Avec : Le taux d'intérêt nominal,

 

: L'inflation de l'indice des prix à la consommation.

La deuxième équation est relative à l'offre de travail. Si le marché de travail est en concurrence pure et parfaite, l'offre de travail est implicitement donnée par :

Avec : le salaire nominal

: L'emploi

: L'inverse de l'élasticité de l'offre de travail de Frisch.

Afin de mettre en relief la rigidité du salaire réel, on modifie l'équation de l'offre de travail précédente pour obtenir :

Le paramètre [0,1], mesure le degré de rigidité du salaire réel.

II.2. Fonctions de comportement des firmes

Etant donnée la fonction de la production, la minimisation des couts implique que la demande du pétrole par les firmes est de la forme :

: La marge de profit.

En combinant cette équation avec la fonction de la production (afin d'éliminer), on obtient :

Il est clair que la production est une fonction décroissante du prix réel de pétrole.

La frontière des prix des facteurs est obtenue en combinant la condition de minimisation du coût pour le pétrole et le travail, avec la frontière de production. La frontière des prix des facteurs s'écrit sous la forme suivante :

Selon cette équation, à un niveau de productivité donné, une augmentation du prix réel de pétrole entraine un ou plusieurs des ajustements suivants :

i) une consommation salariale plus faible ;

ii) une diminution de l'emploi ;

iii) une diminution de la marge de profit pour les entreprises.

Cependant, avec des prix et des salaires flexibles, l'ajustement peut se faire uniquement via le canal de la consommation salariale, c'est-à-dire que l'augmentation de st ne provoque qu'une diminution de la consommation salariale alors que l'emploi et la marge de profit des entreprises restent inchangés.

En supposant que les firmes fixent leurs prix à la Calvo, l'inflation du prix domestique de la production est donné par :

: La fraction des firmes qui gardent leurs prix inchangés ;

Avec

: Le taux d'escompte psychologique des ménages ;

: L'élasticité de substitutions entre les biens domestiques (à la consommation). II.3. L'équilibre

Le salaire réel est donné par l'équation (3) et dépend de la consommation et de l'emploi. Le salaire réel figure aussi dans l'équation (5) qui dénote la frontière de prix des facteurs des firmes, et selon laquelle, le salaire réel dépend du prix réel de pétrole. Les deux équations (3) et(5), et en utilisant la condition selon laquelle la balance commerciale est équilibrée, la consommation est alors fonction de la production, du prix réel de pétrole et du taux de bénéfice des entreprises :

Avec le profit à long terme.

En combinant l'équation (7) avec la forme réduite de la fonction de production, on peut voir que la consommation est fonction de l'emploi, de la productivité, du salaire réel, du prix réel de pétrole et de la marge de profit des entreprises:

Si la marge de profit des entreprises de long terme n'est pas suffisamment élevée, le dernier terme de l'équation ci-dessus peut être négligé.

Si de nouveau, on remplace la nouvelle équation de la consommation dans l'équation (3) relative à la consommation salariale et ensuite dans la frontière des prix des facteurs, la marge de profit des entreprises s'écrit donc :

Avec

 
 

En utilisant l'équation (8), l'inflation domestique est donnée ainsi :

Si =0, c'est-à-dire lorsque les rigidités salariales sont supposées nulles alors et sont

tous les deux nuls et dans ce cas l'inflation domestique ne dépond que de l'emploi. Ainsi la
stabilisation de l'inflation de l'inflation domestique se fait en réduisant l'écart de l'emploi par
rapport à sa valeur optimale. Les valeurs positives de entrainent des valeurs positives de

et . Si ou

sont plus grandes, plus difficile sera la stabilisation de

)

l'inflation par l'emploi.

Implications pour le PIB et le déflateur du PIB : Le déflateur de PIB est implicitement donné par :

En réarrangeant les termes :

cette relation met en évidence la relation négative entre le déflateur de la valeur ajoutée py,t et le prix réel de pétrole étant donnée le prix de l'output domestique. La valeur ajoutée en fonction de la production est obtenue en remplaçant la fonction de la valeur ajoutée dans celle de la demande de pétrole :

Ainsi la relation entre la valeur ajoutée et la consommation est donnée par:

En tenant compte de l'approximation, les équations (4) et (11) donnent

m

la relation entre la valeur ajoutée suivante :

Notons qu'avec l'approximation ci-dessus, la relation entre la valeur ajoutée et l'emploi ne dépond pas du prix réel de pétrole.

II.4. Quantification des effets des chocs pétroliers

Les équations (1), (2), (9), (12) et (13) décrivent les dynamiques de l'équilibre et des quantités.

Pour les processus exogènes et pour éviter les effets des chocs technologiques, on suppose
que. On suppose aussi que le prix réel de pétrole suit un processus AR(1) :

A partir de notre système à 5 équations, on peut dégager l'équilibre dynamique de la valeur ajoutée et l'inflation domestique, la relation est :

Avec

On suppose que la politique monétaire intervient par la règle du taux d'intérêt suivante : Avec

Notons aussi que correspond à l'inflation de l'indice des prix à la consommation Une

telle variable est fondamentale pour les banques centrales pour la détermination du taux d'intérêt.

A ce niveau, on peut résoudre l'équilibre analytiquement en utilisant la méthode des coefficients indéterminés, ainsi on obtient l'inflation domestique et la valeur ajoutée :

y

Les expressions de l'inflation de l'IPC et de l'emploi sont respectivement données par :

Avec

Selon cette spécification, le PIB et l'inflation suivent à leur tour un processus AR(1), de
même ordre et de même rang que le prix réel de pétrole, les coefficients et dépendent

des paramètres du modèle. Les variations de l'inflation et de la valeur ajoutée sont proportionnelles à la variation du prix réel de pétrole à un coefficient prés.

Puisque les variables sont toutes exprimées en log, notre analyse peut se faire en termes de taux de variation.

Les équations (17), (18), (19) et (20) deviennent alors :

II.5. Prévision de l'impact d'une hausse annuelle du prix de pétrole de 10% soutenue entre 2005 et 2020sur les principaux indicateurs économiques de la Tunisie.

II.5.1. Calibrage et vérification du modèle

L'unité de temps est l'année. On fixe le taux d'escompte psychologique â à 0,99, le paramètre de Calvo è à 0,75. On choisit l'élasticité de la production par rapport au travail Ln égale à 0,7. En ce qui concerne le degré de la rigidité du salaire réel ã qui est défini sur un intervalle entre 0 et 1 on choisira une valeur de 0,5 ce qui correspond strictement à une rigidité salariale moyenne.

On supposera que l'élasticité de la demande de travail de Frisch est unitaire ce qui implique
une valeur unitaire de qui désigne à son tour l'inverse de l'élasticité de la demande de

travail de Frisch.

Le coefficient de la règle de Taylor Lp relatif à la détermination du taux d'intérêt nominal sera en premier lieu fixé à 2. Afin de discuter le cas d'une politique de hausse et ensuite de baisse du taux d'intérêt, ce coefficient prendra selon le cas les valeurs 1,5 et de 2,5.

En se basant sur une estimation de Blanchard sur la période entre 1960 et 2006, on admettra que le prix réel de pétrole suit un processus AR(1) dont l'équation est :

avec et

 
 

.

Tous les paramètres calibrés cités ci-dessus sont similaires à ceux de Blanchard et Gali (2007) sauf pour les parts de pétrole dans la production et dans la consommation qui sont estimées à partir du TES de l'Economie tunisienne de 2005 et plus précisément du compte 66 « extraction et raffinement de pétrole ; production de gaz ». Ce qui donne des valeurs de ám et de respectivement de 0,0141 et de 0,0381.

Avant de discuter les différents scénarios de chocs pour l'économie tunisienne, on validera empiriquement notre simulation en la comparant à celle effectuée par le FMI. Selon le FMI, une augmentation du prix de baril de pétrole de sa valeur en 2005 qui était de 50,64$ à 80$, aurait écarté le taux de croissance du PIB réel des Etats-Unis de sa valeur réalisée de 0,8 point de pourcentage en moins, alors que l'inflation de l'IPC aurait augmenté de 1,3%.

Selon le modèle qu'on adopte dans notre travail, il s'agit d'une augmentation de 1 `ordre de 60% du prix nominal de pétrole. Avec les mêmes calibrages de Blanchard et Gali (2007) pour l'économie américaine et avec un degré de rigidité du salaire réel de 0,4 (au dessous de la moyenne) et une marge de profit des entreprises de 25% et un coefficient de la règle de Taylor de 2.5 et en supposant que le prix réel de pétrole augmentera de la même proportion que le prix nominal on déduit qu'un tel choc aurait produit à la première année (en 2005) une augmentation de l'IPC de 0,014 (1,4 points de pourcentage) et une baisse de la croissance du PIB réel de 0,007 (0,7 points de pourcentage), ce qui semble largement cohérent avec les estimations du FMI.

L'estimation du FMI de la variation de l'IPC et du taux de croissance du PIB réel des Etats-Unis suite à une

augmentation du prix de pétrole de 60% en 2005

On s'est limité à l'unique cas des Etats-Unis vue qu'on n'a pas pu obtenir les statistiques nécessaires pour mesurer les parts de pétrole dans les autres pays et régions mentionnées dans le tableau ci-dessus.

Notre estimation de la variation de l'IPC des Etats-Unis suite à une augmentation du prix de pétrole de 60% en 2005 ---- VAR PI_IPC inflation IPC

LOWER LEVEL UPPER MARGINAL

2005 -INF 0.014 +INF .

Notre estimation de la variation du % de croissance des Etats-Unis suite à une augmentation du prix de pétrole de 60% en 2005

---- VAR Y output domestique

LOWER LEVEL UPPER MARGINAL

2005 -INF -0.007 +INF

II.5.2. Résultats pour la Tunisie

a) Scénario1 : une hausse du prix réel de pétrole de 5%

Année

Taux de croissance
du PIB réel

Indice des prix de
vente industrielle
(IPVI)

Indice des prix à la
consommation
(IPC)

Emploi

2006

-0.009

0.013

0.014

-0.013

2007

-0.009

0.013

0.015

-0.013

2008

-0.009

0.013

0.015

-0.013

2009

-0.009

0.013

0.015

-0.013

2010

-0.010

0.013

0.016

-0.014

2011

-0.010

0.014

0.016

-0.014

2012

-0.010

0.014

0.016

-0.014

2013

-0.010

0.014

0.016

-0.014

2014

-0.010

0.014

0.017

-0.015

2015

-0.011

0.015

0.017

-0.015

2016

-0.011

0.015

0.017

-0.015

2017

-0.011

0.015

0.018

-0.016

2018

-0.011

0.016

0.018

-0.016

2019

-0.011

0.016

0.018

-0.016

2020

-0.012

0.016

0.019

-0.016

Perte de croissance en (%) du PIB réel dûe à un choc pétrolier de 5% affectant le prix de pétrole

-0.0085 -0.009 -0.0095

-0.01 -0.0105 -0.011

-0.0115

-0.012

 
 

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Le choc de 5%, affectant le prix réel de pétrole est susceptible d'entrainer une diminution cumulée du taux de croissance du PIB réel de l'ordre de 1,2% à l'horizon de 2020. Lors des trois premières années de choc, le taux de croissance subit une diminution de 0,9% et atteint une diminution annuelle de 1% en 2010 et entraine un effet similaire jusqu'à 2014. En 2015, la décroissance dépasse le 1% et se stabilise entre 2015 et 2019 pour engendrer chaque année

une diminution de 1,15% du taux de croissance au dessus de sa valeur normale (en absence de choc). En 2020 la perte de croissance pourrait atteindre 1,2%.

Variation de l'IPVI en (%) dûe à un choc pétrolier de 5% affectant le prix de pétrole

0.016 0.01 55 0.015 0.0145 0.014 0.01 35 0.013 0.0125 0.012

 

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

0.019 0.0185 0.018

0.0175

0.017

0.0165

0.016

0.0155

0.015 0.0 145 0.014

 

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

La part de pétrole dans le secteur industriel de l'économie tunisienne fait en sorte que l'inflation par les coûts soit importante même dans le cas d'un scénario peu pessimiste supposant une hausse du prix réel de pétrole uniquement de 5%. En effet, dés la première année, le choc se traduit par une augmentation de l'indice des prix des ventes industrielles par une inflation supplémentaire de 1,3% et qui persiste jusqu'à 2010. Ensuite l'IPVI gagne environ un dixième de points de pourcentage presque toutes les trois années pour finir avec une augmentation cumulée de 1,6% à la fin de la période.

Variation de l'IPC en (%) dûe à un choc pétrolier de 5% affectant le prix de pétrole

Vues les hypothèses du modèle de Blanchard et Gali (2007) et qui supposent que le pétrole intervient dans la consommation directe (finale) et indirecte (intermédiaire), les consommateurs supporteront la hausse de l'IPVI, à laquelle s'ajoute une inflation supplémentaire qui dépend de la part de pétrole dans la consommation finale (÷). De ce fait, l'inflation de l'IPC est supérieure à celle de l'IPVI, et son rythme d'accroissement est nettement plus rapide. Entre 2006 et 2020, un choc pétrolier annuel de 5% aurait un impact sur l'IPC estimé être entre 1,4% et 1,9%. L'IPC subit une augmentation d'environ 0,1% de son taux annuel sur une période d'environ trois ans. Son inflation annuelle cumulée dûe au choc passe de 1,5% entre 2007 et 2009, à 1,6% entre 2010 et 2013, à 1,7% entre 2014 et 2016, 1,8% entre 2017 et 2019, pour finir avec 1,9% en 2020.

Perte d'emploi en (%) dûe à un choc pétrolier de 5% affectant le prix de pétrole

-0.0125 -0.013 -0.01 35 -0.0 14 -0.0145 -0.015 -0.0155 -0.016

 

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

L'allure de la fonction de réaction de l'emploi face au choc en question semble être l'inverse de celle de la variation de l'IPVI. C'est en grande partie dû à l'hypothèse concernant la substituabilité entre les facteurs de production (travail et pétrole). Selon nos prévisions, un choc de 5% affectant le prix réel de pétrole pourrait induire une baisse d'emploi entre -1,3% et -1,6% sur la période entre 2006 et 2020. Ainsi toute chose étant égale par ailleurs, même dans le cas d'un choc pétrolier relativement pessimiste le taux de chômage de la Tunisie qui est initialement élevé, pourrait afficher une augmentation de 1,6% en 2020.

-0.008 -0.01 -0.012 -0.014 -0.016 -0.018

-0.02 -0.022 -0.024

b) Scénario2: hausse du prix réel de pétrole de 10%

Année

Taux de croissance
du PIB réel

Indice des prix de
vente industrielle
(IPVI)

Indice des prix à la
consommation
(IPC)

Emploi

2006

-0.009

0.013

0.015

-0.013

2007

-0.010

0.014

0.016

-0.014

2008

-0.011

0.015

0.017

-0.015

2009

-0.011

0.016

0.018

-0.016

2010

-0.012

0.017

0.020

-0.017

2011

-0.013

0.018

0.021

-0.018

2012

-0.014

0.019

0.022

-0.020

2013

-0.015

0.021

0.024

-0.021

2014

-0.016

0.022

0.025

-0.022

2015

-0.017

0.023

0.027

-0.024

2016

-0.018

0.025

0.029

-0.025

2017

-0.019

0.027

0.031

-0.027

2018

-0.021

0.029

0.033

-0.029

2019

-0.022

0.030

0.035

-0.03 1

2020

-0.023

0.032

0.038

-0.033

Perte de croissance en (%) du PIB réel dûe à un choc pétrolier de 10% affectant le prix de pétrole

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Dans ce scénario, suite à un choc ayant pour impact une hausse annuelle du prix réel de pétrole de 10%, le taux de croissance annuel du PIB réel de la Tunisie subirait une diminution entre -0,8% et 2,3% sur la période entre 2006 et 2020. En effet, dés la troisième année après le choc le taux de croissance affiche une diminution de 1% et atteint une diminution de 2% en 2017 et finit par une diminution de 2,3%.

0.035 0.03 0.025 0.02 0.015 0.01

0.04

0.035

0.03

0.025

0.02

0.015

Variation de l'IP VI en (%) dûe à un choc pétrolier de 10% affectant le prix de pétrole

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

L'impact du choc en question sur l'IPVI se traduit par une variation entre 1,3% la premiére année, soit en 2006 et 3,2%. L'inflation cumulée due au choc atteint 2% d'augmentation en uniquement trois ans après le choc qui est supposé avoir lieu en 2005. A partir de 2019 l'augmentation de l'IPVI franchit le seuil de 3%.

Variation de l'IPC en (%) dûe à un choc pétrolier de 10% affectant le prix de pétrole

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Comme dans le premier scénario, l'inflation de l'IPC est plus importante que celle de l'IPVI. On rappelle que l'écart entre l'IPC et l'IPVI dépond de la capacité des firmes de supporter les hausses des prix de pétrole qui est dans le modèle dont nous nous sommes servis exprimée par le paramètre è. Entre 2006 et 2020, la réponse de l'IPC varie respectivement entre 1,5% et 3,8%. Dans ce scénario l'augmentation de 2% serait atteinte dés 2010 et celle de 3%

-0.01 -0.015 -0.02 -0.025 -0.03 -0.035

surviendrait entre 2016 et 2017. A l'horizon de 2020, l'inflation cumulée de l'IPC se rapprocherait de 4%.

Perte d'emploi en (%) dûe à un choc pétrolier de 10% affectant le prix de pétrole

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

L'emploi commence par une diminution de 1,3% en 2006 et le chômage pourrait enregistrer une hausse proche de 3,5%. La hausse du taux de chômage de 2% serait probablement atteinte en 2012 et celle de 3% entre 2018 et 2020.

c) Scenario3 : Hausse du prix réel de pétrole de 15% : scenario dramatique

Année

Taux de croissance
du PI B réel

Indice des prix à la
consommation
(IPC)

2006

-0.01

0.02

2007

-0.011

0.022

2008

-0.012

0.025

2009

-0.014

0.028

2010

-0.015

0.031

2011

-0.017

0.035

2012

-0.019

0.039

2013

-0.021

0.043

2014

-0.024

0.048

2015

-0.026

0.054

2016

-0.029

0.060

2017

-0.033

0.067

2018

-0.037

0.075

2019

-0.041

0.083

2020

-0.046

0.093

Perte de croissance en (%) du PIB réel dûe à un choc pétrolier de 15% affectant le prix de pétrole

-0.01

-0.015

-0.02

-0.025

-0.03

-0.035

-0.04

-0.05

-0.045

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Variation de l'IP C en (%) dûe à un choc pétrolier de 15% affectant le prix de pétrole

0.09

0.08

0.07

0.06

0.05

0.04

0.03

0.02

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

0.1

Dans ce scénario qui est vraiment très pessimiste et peu probable, il s'agit de montrer qu'une augmentation supplémentaire du prix réel de pétrole de 5% par rapport au scénario précédent qui suppose une augmentation de 10% peut avoir des conséquences beaucoup plus néfastes, surtout sur l'IPC. En effet, si ce scénario se produit, l'économie tunisienne en 2020, serait atteinte d'une hyperinflation qui se rapproche de 10% (au dessus de sa valeur habituelle) et le taux de croissance du PIB réel sera réduit de -4,6% ce qui se traduit réellement par un taux de croissance nul et dans tous les cas inférieur à 1%. Il s'agit dans ce scénario d'un phénomène de stagflation proprement dit. Le tableau ci-dessous ainsi que les graphiques montrent que l'inflation supplémentaire induite par le choc de 15% est de l'ordre de 1% toutes les deux années, sur la période entre 2006 et 2020. En ce qui concerne le taux de croissance, il subit une diminution de 2% dés 2012, ce qui constitue une date très avancée par rapport à la date à

laquelle le taux de croissance subit la même diminution dans le scénario précédent (environ 2018). Dés 2017 la stagnation de la croissance et donc de l'activité économique serait visible.

d) Economie de l'énergie de 20% entre 2008 et 2011

Les différents média tunisiens ont traité les derniers mois le projet d'un programme national ayant pour objectif de réduire l'intensité pétrolière de l'économie tunisienne jusqu'à parvenir de la baisser de 20% en 2011. On suppose que ce défi soit réalisable, par contre on suppose que la diminution de la dépendance de l'économie tunisienne au pétrole soit réduite de 5% pendant chaque année entre 2008 et 2011. Les paramètres L]et Lm du modèle de Blanchard et Gali (2007) qui désignent les parts respectives du pétrole dans la consommation et dans la production nous permettent de prévoir l'impact d'un tel projet. On se remettra alors dans le cadre du deuxième scénario qui nous semble le plus réaliste et qui suppose une hausse annuelle du prix réel de pétrole de 10%, et on suppose alors que les paramètres L ]et Lm soient réduits de 5% chaque année entre 2008 et 2011. Ceci suppose que la valeur du paramètre ÷ passe de sa valeur en 2007 qui est égale à 38,1% à 3,62% en 2008, 3,44% en 2009, à 3,26% en 2010 et à 3,1% en 2011. De même, on suppose que Lm qui est de l'ordre de 1,41% en 2007 passe à 1,34 en 2008, à 1,272 en 2009, à 1,21% en 2010 et à 1,15% en 2011. On suppose aussi que les deux paramètres L]et Lm gardent leurs valeurs de 2011 inchangés jusqu'à 2020.

Année

Taux de croissance
du PIB réel

Indice des prix de
vente industrielle
(IPVI)

Indice des prix à la
consommation
(IPC)

Emploi

2006

-0.009

0.013

0.015

-0.013

2007

-0.010

0.014

0.016

-0.014

2008

-0.010

0.014

0.017

-0.014

2009

-0.010

0.014

0.018

-0.015

2010

-0.010

0.015

0.019

-0.015

2011

-0.011

0.015

0.019

-0.015

2012

-0.011

0.016

0.021

-0.016

2013

-0.012

0.017

0.022

-0.017

2014

-0.013

0.018

0.023

-0.018

2015

-0.014

0.019

0.025

-0.019

2016

-0.015

0.020

0.027

-0.021

2017

-0.016

0.022

0.028

-0.022

2018

-0.017

0.023

0.030

-0.024

2019

-0.018

0.025

0.032

-0.025

2020

-0.019

0.026

0.035

-0.027

-0.008 -0.01 -0.012 -0.014 -0.016 -0.018 -0.02 -0.022 -0.024

0.035 0.03 0.025 0.02 0.015 0.01

Au préalable une telle stratégie parait bénéfique pour l'économie tunisienne. La courbe en bleu reproduit les résultats du premier scénario (hausse annuelle du prix réel de pétrole de 10%) alors que celle en vert décrit l'impact du même scénario mais en supposant une diminution de la part de pétrole de 5% su quatre ans, entre 2008 et 2011 pour parvenir à une baisse de la dépendance de l'économie pétrolière de l'économie tunisienne de 20% à l'horizon de 2011. Les résultats sont représentés dans les figures ci-dessous.

Rôle d'une diminution de l'intensité pétrolière de l'économie tunisienne de 20% dans l'atténuation de l'impact d'un
choc pétrolier de 10% sur le taux de croissance

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Rôle d'une diminution de l'intensité pétrolière de l'économie tunisienne de 20% dans l'atténuation de l'impact d'un
choc pétrolier de 10% sur l'IPVI

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

0.04 0.035 0.03 0.025

0.02

0.015

-0.01 -0.015 -0.02 -0.025 -0.03 -0.035

Rôle d'une diminution de l'intensité pétrolière de l'économie tunisienne de 20% dans l'atténuation de l'impact d'un
choc pétrolier de 10% sur l'IPC

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

Rôle d'une diminution de l'intensité pétrolière de l'économie tunisienne de 20% dans l'atténuation de l'impact d'un
choc pétrolier de 10% sur l'emploi

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

En ce qui concerne le taux de croissance, une telle stratégie pourrait éviter dans le cadre du premier scénario une diminution du taux de croissance de l'ordre de 0,5% en dessous de celle du premier scénario. En effet, si une telle stratégie réussisse le taux de croissance diminuerait en 2020 de -1,9% au lieu de 2,3% dans le premier scénario. Entre 2012 et 2017, on pourrait éviter une décroissance annuelle de 0,3% du PIB réel. Entre 2018 et 2020 on éviterait une diminution de 0,4%.

Pour les prix, la diminution de la part de pétrole dans l'économie tunisienne est plus apparente pour l'IPVI et l'IPC. On pourrait dire, selon nos estimations qu'un tel projet n'aurait pas un impact vraiment significatif pour les consommateurs. En effet à la fin de la période, on ne pourrait éviter que 0,2% d'inflation supplémentaire.

En supposant toujours la faisabilité d'un tel objectif, on pourrait éviter un demi-point de pourcentage de chômage dû au choc pétrolier en question.

e) Impact des politiques relatives au taux d'intérêt lors d'un choc pétrolier de 10%

La politique du taux d'intérêt dans le modèle de Blanchard et Gali (2007) intervient uniquement via le coefficient de Taylor de la règle de détermination du taux d'intérêt ô,. Pour étudier l'impact d'une politique monétaire. En effet, on a supposé que le taux d'intérêt est fixé de la banque centrale de la manière suivante :

 

Avec

 

Pour étudier l'efficacité des politiques de taux d'intérêt, on suppose dans un premier cas, une baisse de 0,5 du coefficient de la règle de Taylor ô, qui était initialement fixé à 2, et ensuite et dans le second cas, on suppose une hausse de ô, pour passer de sa valeur initiale à 2,5. On suppose que notre référence est le deuxième scénario, celui qui suppose une hausse annuelle du prix réel de 10%.

Impact d'une politique d'une baisse du taux d'intérêt (ôp : 2?1,5)

Année

Taux de croissance du
PIB réel

Indice des prix à la
consommation
(IPVI)

Indice des prix de
vente industrielle
(IPC)

Emploi

2006

-0.005

0.021

0.025

-0.007

2007

-0.005

0.022

0.026

-0.007

2008

-0.006

0.024

0.028

-0.008

2009

-0.006

0.025

0.030

-0.008

2010

-0.006

0.027

0.032

-0.009

2011

-0.007

0.029

0.034

-0.009

2012

-0.007

0.031

0.037

-0.010

2013

-0.008

0.033

0.039

-0.011

2014

-0.008

0.035

0.042

-0.012

2015

-0.009

0.037

0.044

-0.012

2016

-0.009

0.040

0.047

-0.013

2017

-0.010

0.042

0.051

-0.014

2018

-0.011

0.045

0.051

-0.015

2019

-0.011

0.048

0.054

-0.016

2020

-0.012

0.051

0.061

-0.017

Impact d'une politique de hausse du taux d'intérêt (ôp : 2?2,5)

Année

Taux de croissance
du PI B réel

Indice des prix à la
consommation
(IPVI)

Indice des prix de
vente industrielle
(IPC)

Emploi

2006

-0.012

0.010

0.014

-0.016

2007

-0.012

0.010

0.015

-0.017

2008

-0.013

0.011

0.016

-0.019

2009

-0.014

0.012

0.017

-0.020

2010

-0.015

0.012

0.018

-0.021

2011

-0.016

0.013

0.019

-0.023

2012

-0.017

0.014

0.020

-0.024

2013

-0.018

0.015

0.021

-0.026

2014

-0.019

0.016

0.023

-0.027

2015

-0.021

0.017

0.024

-0.029

2016

-0.022

0.018

0.026

-0.03 1

2017

-0.024

0.020

0.028

-0.033

2018

-0.025

0.021

0.030

-0.036

2019

-0.027

0.022

0.032

-0.038

2020

-0.029

0.024

0.034

-0.040

Impact des politiques du taux d'intérêt sur la croissance lors d'un choc pétrolier de 10%

-0.01
-0.015

-0.02 -0.025 -0.03

 

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

_____ ôp=2,5 (hausse du taux d'intérêt) _____ ôp=2(scénario2) _____ ôp=1,5 (baisse du taux d'intérêt)

0.06

0.055

0.05 0.045 0.04

0.035

0.03

0.025 0.02 0.015 0.01

Impact des politiques du taux d'intérêt sur l'IPC lors d'un choc pétrolier de 10%

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

_____ ôp= 2,5 (hausse du taux d'intérêt) _____ ôp=2(scénario2) _____ ôp=1,5 (baisse du taux d'interet)

Impact des politiques du taux d'intérêt sur l'emploi lors d'un choc pétrolier de 10%

-0.01

-0.015

-0.02

-0.025

-0.03

-0.035

-0.04

2006 2008 2010 2012 2014 2016 2018 2020

_____ ôp=2,5 (hausse du taux d'intérêt) _____ ôp=2(scénario2) _____ ôp= 1,5 (baisse du taux d'intérêt))

Politique de baisse du taux d'intérêt :

Il est clair que la politique de diminution du taux d'intérêt permet d'atténuer l'impact du choc pétrolier. En effet selon nos estimations, le choc pétrolier de 10% dans le cadre d'une politique monétaire plus expansionniste, ne ferait diminuer le taux de croissance que de - 1,2% en 2020. Une telle politique aurait pu permettre d'éviter une diminution du taux de croissance d'environ 1% par rapport au deuxième scénario qui supposait un coefficient de la règle de Taylor égal à 2. Encore si la banque centrale de la Tunisie adopterait une politique de baisse du taux d'intérêt lors d'un choc pétrolier de 10%, un chômage supplémentaire serait préalablement réduit. En effet, dans notre deuxième scénario qui est notre état de référence le taux d'emploi aurait dû subir une chute de 3,3% en 2020, alors que dans le cadre d'une politique monétaire orientée vers la relance de l'activité économique, la perte du taux d'emploi ne serait que de 1,7%, soit la moitié de celle du deuxième scénario.

Cependant, le coût d'une telle politique est souvent l'inflation. Ceci est vérifié pour l'indice des prix de la consommation. En fait, les effets combinés du choc pétrolier de 10%, combinés avec une politique de baisse du taux d'intérêt, peuvent entrainer une inflation supplémentaire de l'IPC de l'ordre de 6,1% en 2020, une telle valeur est supérieure à celle du scénario de référence (ô,=2) d'environ 3%. Un tel coût est énorme en termes d'inflation.

Politique de hausse du taux d'intérêt

Les conséquences d'une telle politique sont néfastes sur l'activité économique en termes de croissance et d'emploi. En effet, une telle politique pourrait causer une stagnation de l'activité économique vue qu'elle pourrait entrainer une diminution du taux de croissance du PIB réel de -2,8% et du taux de l'emploi de 6% à l'horizon de 2020.

En matière de lutte contre l'inflation la politique de baisse du taux d'intérêt est généralement un moyen efficace. La réponse de l'IPC dans le cadre d'une politique monétaire restrictive face à un choc pétrolier de 10% ne déroge pas à cette règle. En effet, cette politique permet de réduire l'inflation supplémentaire dûe au choc d'environ un demi-point de pourcentage par rapport à notre scénario de référence (ô,=2).

Depuis ce qui précède, on peut conclure que l'atténuation de l'impact du choc sur la
croissance et l'emploi dûe à une politique monétaire expansionniste sont supérieurs à la
réduction de l'inflation de l'IPC engendrée par une politique restrictive. On peut dire que la

politique expansionniste est la plus recommandée pour faire face à un choc pétrolier dans le cas de l'économie tunisienne.

Conclusion

La modélisation VAR montre que l'impact d'une hausse du cours du baril de 10% entre 2001:1 et 2007:2 (nominal exprimé en dollar) est significatif pour l'Indice des Prix à la Consommation et sur le taux de croissance du PIB réel. En effet, on estime qu'une hausse du prix de pétrole de 10% soutenue sur 20 trimestres sera traduite à la fin de la période par une hausse de l'IPC de l'ordre de 3% et par une perte de croissance évaluée à 1%.

Quand aux prévisions de l'impact macroéconomique d'un choc qui affecte le prix réel de pétrole entre 2005 et 2020, les résultats varient considérablement d'un scénario à l'autre. En effet l'impact dépend largement de l'ampleur du choc hypothétique qu'on a envisagé. Avec un choc de 5% l'économie tunisienne pourrait s'en sortir avec le moindre des dégâts. Dans un deuxième scénario, les effets d'un choc de 10% seront beaucoup plus néfastes, alors qu'un choc de 15% pourrait entrainer un véritable phénomène de stagflation de l'économie tunisienne. En ce qui concerne des différentes politiques qu'on a envisagé lors d'un choc pétrolier, une économie de l'énergie de 20% modélisée par une diminution de la part de pétrole dans la consommation et dans la production contribuera (si elle est réalisable) sans doute à réduire l'impact d'un choc pétrolier de 10%, alors que l'appréciation d'une politique de baisse ou de hausse du taux d'intérêt diffère selon le souci des décideurs tunisiens selon le cas qu'il s'agisse d'un objectif de croissance ou de stabilité des prix.

CONCLUSION GENERALE

Tout au long de ce travail, nous nous sommes limités à des bases de données des organismes spécialisés dans le domaine de l'énergie et du pétrole tel que l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) et l'OPEP. Les statistiques que nous avons fournies au premier chapitre et qui concernent l'évolution de l'offre et de la demande ainsi que les prévisions de l'OPEP et le rapport de l'OCDE justifie le pessimisme qui règne actuellement dans tous les pays importateurs de pétrole. En effet, les chocs pétroliers sont inéluctables parce qu'ils dépendent des mécanismes autres que ceux de l'offre et de la demande. La guerre en Irak, le dossier nucléaire iranien, le conflit politique au Liban, les troubles à Gaza ainsi que les actes terroristes qui menacent les pays du Golf et surtout l'Arabie Saoudite sont des facteurs exogènes qui ne peuvent que renforcer l'ampleur et d'attarder la fin du choc pétrolier actuel. L'impact des chocs pétroliers a été prouvé par économistes célèbres tels que Hamilton (2003) et Blanchard et Gali (2007). Les chocs pétroliers qui ont eu lieu entre 1973 et 2005 en dépit qu'ils sont endogènes ou exogènes, d'offre ou de demande, se sont traduits par de longs trimestres de faible croissance et d'inflation insoutenable.

Vu que l'économie tunisienne n'est plus à l'abri des chocs pétroliers dés que le Tunisie est devenue un pays importateur net de pétrole depuis la moitié des années 1980, on a consacré la totalité de notre travail empirique à étudier l'impact des chocs pétroliers sur l'économie tunisienne. En premier lieu nous avons procédé par une modélisation VAR qui nous a permis d'analyser l'impact d'un choc hypothétique qui envisage une hausse du cours du baril de pétrole de 10% sur le taux de croissance du PIB réel ainsi que l'IPC entre 2001 :1 et 2007:2. Les principaux résultats déduits des fonctions de réaction impulsionnelles sont les suivants:

Une hausse du prix de pétrole de 10% pourrait entrainer une hausse de l'IPC de 0,2% au dessus de sa valeur habituelle deux trimestres après le choc, alors que les effets cumulés d'un tel choc pourraient atteindre les 3% pendant vingt trimestres de chocs permanents.

Suite au choc en question, le taux de croissance du PIB réel pourrait baisser d'environ 1% suite à un choc permanent sur cinq ans.

Dans la deuxième partie de notre chapitre empirique, nous avons réarrangé le modèle
néokeynésien d'une économie importatrice de pétrole de Blanchard et Gali (2007) et en

faisant les calibrages nécessaires, nous avons essayé de prévoir l'impact d'un choc annuel affectant le prix réel de pétrole entre 2005 et 2020 sur les principaux indicateurs économiques de la Tunisie. En commençant par un scénario que nous avons qualifié d'optimiste et qui suppose une hausse annuelle du prix réel de pétrole de 5%, on remarque que l'impact varie considérablement avec chaque 5% supplémentaire :

Sous l'hypothèse d'une hausse du prix réel de pétrole de 5%, on pourrait s'attendre à ce que l'économie tunisienne puisse s'en sortir, vu qu'après 15 ans de chocs annuels cumulées, la baisse de la croissance ne serait que de 1,2%, l'IPC augmenterait de 2% et le taux de chômage augmenterait d'environ 1,6%.

Avec un choc de 10%, que nous avons considéré comme étant le scénario le plus probable et le plus réaliste, l'impact serait beaucoup plus apparent et significatif. Entre 2006 et 2008, la perte de croissance entrainée par ce choc serait à l'entour de 1% alors qu'elle dépasserait les 1,5% dés 2013. En ce qui concerne l'IPC, l'inflation supplémentaire serait probablement comprise entre 1,5% et 2% les quatre premières années après le premier choc de 10%, soit entre 2006 et 2010. Elle pourrait atteindre les 2,5% en 2015 et dépasser les 3% en 2017. En 2020, la perte de la croissance du PIB réel dûe au choc serait de 2,3%, l'inflation supplémentaire de l'IPC serait de 3,8%, alors que la baisse de l'emploi pourrait dépasser les 3%.

Un choc de 15% pourrait entrainer en 2020 un taux de croissance nul, un chômage flagrant et une sur-inflation de l'IPC proche de 10%.

Puisque le deuxième scénario (celui qui suppose un choc de 10%) nous a semblé le plus réaliste, on l'a choisie comme scénario de référence afin de discuter la contribution d'une politique d'économie de l'énergie et d'une politique de taux d'intérêt dans l'atténuation de l'impact d'un choc pétrolier. Les résultats ont été ainsi :

En supposant sa faisabilité, une diminution de la part de pétrole dans la consommation et dans la production de 20% permettrait, selon le modèle servant à effectuer nos prévisions, des gains en termes du PIB réel, d'inflation et d'emploi des gains qui ne dépassent pas les 0,5% par rapport au scénario de référence.

Selon qu'il s'agisse d'un objectif de croissance plus soutenue ou de stabilité des prix, les politiques du taux d'intérêt semblent plus efficaces, mais aussi plus faciles à mettre en oeuvre qu'une politique d'économie d'énergie.

On peut reprocher à notre travail que la partie théorique n'a pas discuté d'une façon très détaillée les canaux de transmission des chocs pétroliers. Ceci est surtout dû au manque des ressources bibliographiques qui ont analysé ces mécanismes. Citons à titre d'exemple que théoriquement, l'impact d'un choc pétrolier sur l'emploi n'a pas été traité par aucun des économistes du NBER (jusqu'à la moitié de 2008). La partie empirique serait beaucoup plus riche, si on avait pu disposer d'une base de données trimestrielle plus complète et qui s'étale sur une période plus longue. Lors de la modélisation VAR, on aurait pu utiliser le prix réel de pétrole (le prix de pétrole en termes des autres biens de l'économie) au lieu du prix nominal. Nous avons gardé le prix nominal en dollar afin d'éviter de diviser par une variable endogène qui est le taux de change, comme il a été fait par Blanchard et Gali (2007) pour les économies de l'OCDE autres que les Etats-Unis.

Cette tentative d'aborder le thème relatif au pétrole nous a permis de découvrir de nombreux sujets qui ne semblent pas être traités jusqu'à présent. Les plus intéressants pourraient être:

Impact du pessimisme dans le processus de détermination du cours du baril de pétrole en se basant sur des modèles intégrant l'aléa moral, les modèles de marchandage,....etc ;

Impact des chocs pétroliers sur les différents secteurs de l'économie tunisienne ;

Les gains des exportateurs de pétrole dans la région MENA comblent-ils les pertes des importateurs de la même région ?

Dans quel sens restructurer l'économie tunisienne afin de réduire la vulnérabilité aux chocs pétroliers ;

Impact des chocs pétroliers en tenant compte des politiques des taxes et des subventions des différents produits pétroliers et des différentes modalités de l'énergie .

L'un ou plusieurs des sujets cités ci-dessus seront traités dans des travaux de recherches ultérieurs.

Les marchés internationaux des céréales et des autres produits bruts tels que le gaz naturel, le fer et les phosphates, constituent aussi des thèmes de recherche attirants vue la flambée de leurs prix et leur importance fondamentale pour les consommateurs ainsi que pour les producteurs tunisiens.

BIBLIOGRAPHIE

Les articles et les working papers

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Blanchard, O-L. et Gali, J. (2007), «The Macroeconomic effects of oil shocks: why are the 2000s so different from the 1970s", NBER working paper series, September 2007.p:9-15, 39- 47, 67-73.

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Hamilton, J-D. (2000), «What is an oil shock?", NBER working paper series, juin 2000.p:7- 12.

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Les ouvrages

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Les sites Web

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www.ins.nat.tn www.nber.org www.oecd.org www.manicore.com






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