2. AVANTAGES DU SYSTEME
Le système de biomonitoring du Parc National de
Taï comporte quelques points forts qui méritent d'être
signalés. Il s'agit entre autre de la méthode de collecte des
données, du personnel et des périodes de collecte des
données.
· La méthode « Distance sampling » est
la méthode la plus utilisée pour le biomonitoring des animaux
(Newing, 1994 ; Southwood, et Henderson, 2001 ; Thomas, 2005). De bons
résultats sont obtenus comme ce fut le cas au Burkina avec Michel (1999)
et Chardonnet (2000) pour le comptage des Loxodonta africana. Gaidet
(2002) a montré que le comptage des animaux à pied donnait de
meilleurs résultats surtout en zone fermée. Cependant cette
méthode demande beaucoup de précision dans la mensuration des
distances et angles (Buckland et al., 1993). ;
· L'utilisation d'anciens braconniers pour la collecte
de données contribue, un temps soit peu, à la lutte contre le
braconnage. Cela participe également à l'intégration des
populations riveraines à la gestion du PNT (Gaidet et al.,
2002) ;
· Les observations diurnes et nocturnes permettent de
prendre en compte une large gamme d'espèces animales ayant des
périodes d'activité différentes (Newing, 1994 ; Hoppe-
Dominik, 1998 ; Gaidet et al., 2002). Cependant, les
comptages de 10 heures et 15 heures peuvent provoquer des
répétitions surtout chez les singes qui ont une forte
activité dans la journée ;
· La prise en compte de 75 espèces, permet de
constituer une importante base de données pouvant servir à
diverses utilisations.
Cependant, ce système regorge de nombreuses insuffisances
qui le fragilisent en divers points.
3. LIMITES DU SYSTEME
3.1. Au niveau du design
· La disposition des secteurs ne permet pas d'extrapoler
les résultats à tout le PNT. N'Goran (2004) l'a souligné
dans ses analyses spatiales (Annexe 9). Les données recueillies dans les
secteurs périphériques ne sauraient être
généralisées à l'ensemble du PNT, du moment
où l'on ne dispose d'aucune information sur sa partie centrale. Pour
pallier cette situation, il faudra disposer un ou deux secteurs au centre du
PNT en maintenant les superficies des autres. Une augmentation des superficies
des secteurs actuels permettrait de couvrir tout le PNT (Figure 22) ;
· La disposition pêle-mêle des transects
(Figure 7) peut être source de biais dans les comptages. L'orientation de
tous les transects dans la même direction donnerait de meilleurs
résultats (Bouché, 2001). Ces transects seront
séparés d'une distance d'un kilomètre et regroupés
par quatre. La distance entre les groupes peut varier de cinq à dix
kilomètres (Figure 22). Les longueurs des transects peuvent être
maintenues (4 km). Deux groupes de quatre transects seront parcourus par mois.
Chaque transect sera l'objet de deux contrôles (7h 30min et 19h 00 min)
;
· Le taux d'échantillonnage qui représente
la superficie réellement parcourue par rapport à la superficie de
la zone est faible (0,28%). Ce taux doit être généralement
proche de 5% pour de grandes superficies (quelques milliers de km2)
(Bouché, 2001). La visibilité étant limitée (40m),
une augmentation du nombre de transects palliera cette insuffisance.
Tableau 12: Taux d'échantillonnage
Zone
|
Superficie (km2)
|
Longueur transect (km)
|
Largeur moyenne transect (km)
|
Nombre de transects
|
Taux d'échantil- lonage (%)
|
Secteur I
|
354,26
|
4
|
0,04
|
6
|
0,27%
|
Secteur II
|
418,62
|
4
|
0,04
|
6
|
0,23%
|
Secteur III
|
422,87
|
4
|
0,04
|
6
|
0,23
|
Secteur IV
|
252,82
|
4
|
0,04
|
6
|
0,38
|
Secteur V
|
305,57
|
4
|
0,04
|
6
|
0,31
|
Total
|
1754,14
|
4
|
0,04
|
30
|
0,27
|
PNT
|
5340,00
|
4
|
0,04
|
30
|
0,09
|
3.2. Matériel
L'estimation des distances et angles à l'oeil nu est
une source de biais. Le logiciel « Distance » exige que les distances
et angles soient mesurés avec exactitude. Il faut utiliser des appareils
de mesure tels que le télémètre, la boussole et le GPS. Ce
dernier devant servir également à la localisation des transects
et permettre ainsi le contrôle de la bonne exécution du
travail.
3.3. Analyse des données
La prise en compte, sur la fiche, de certaines données
indirectes (crottes, pas, etc.) est déjà une bonne chose. Il
faudra que toutes ces données indirectes soient enregistrées dans
la base de données. Cela permettra de faire une double analyse et de
confronter les résultats (Lauginie, 1979 ; Newing, 1994). La
possibilité sera donnée aussi de faire des analyses pour des
espèces à observations directes difficiles tels que Panthera
pardus, Choeropsis liberiensis, etc. (Hoppe-Dominik, 1996 ;
Bourgarel, 2000 ; Chardonnet, 2002).
L'estimation du nombre d'animaux à partir des cris est
un point faible du système. Il en est de même de l'estimation des
distances et angles. Ces faits discréditent un peu le travail de
collecte des données.
Les données ne sont pas régulièrement
analysées pour servir d'orientation aux gestionnaires. Nous pensons
qu'elles doivent être analysées une fois par an pour pourvoir
suivre régulièrement l'évolution de la faune. A cet effet,
la Direction du PNT pourra former des personnes à la tâche. Car le
manque de personnel qualifié l'oblige à faire appel à des
ressources externes.
Figure 22 : Proposition d'un design pour le biomonitoring
du Parc National de Taï
|