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Quel avenir
pour le
Buzz Online?
Mémoire de fin d'étude
Master Communication Institutionnelle ISCPA de
Lyon
Quel avenir pour le Buzz Online ?
Réalisé par Renée Bni,
renee_bani@hotmail.com
Sous la tutelle de Cyrille Chaudoit
5 Mai 2009
Remerciements
L'élaboration de ce mémoire n'aurait pas
été possible sans l'aide précieuse de nombreuses
personnes. Je tiens donc à remercier tout particulièrement ceux
qui ont su me conseiller dans mon travail.
Cyril Chenu, qui dès le départ m'a donné
les bons conseils méthodologiques et a su m'orienter dans la bonne
direction. Mon tuteur, Cyrille Chaudoit, blogueur sur Veille2com et
co-fondateur de Scanblog, qui m'a dit au début de mon mémoire :
« Ce mémoire c'est à toi de voir ce que tu veux en faire.
Une référence pour les
annonceurs qui veulent faire du buzz, et un tremplin pour toi, ou
un simple mémoire d'étudiant ». Ça m'a donné
l'envie de me surpasser. Il m'a également fait profiter de son
expérience pour trouver des exemples pertinents. Je remercie
également Martin Tissier de l'E BG, Joe Sands, et Adrien Scapaticci pour
son aide créative.
Enfin, un grand merci à tous les blogueurs
spécialisés que j'ai suivis tout au long de cette étude,
ils ont été d'une grande source d'inspiration : l'équipe
de Vanksen, Cyrille, Frédéric Cavazza, l'équipe de You to
You, et tant d'autres...
Toutes ces personnes m'ont aidé à aboutir dans
ce mémoire. Et si aujourd'hui je souhaite me spécialiser dans les
nouvelles stratégies sociales sur Internet, c'est grâce à
ces passionnés.
Sommaire
Introduction p7
1. Le buzz reflet de la société
p8
1.1. Du bouche à oreille au buzz online
.p9
1.1.1. Définitions p9
1.1.2. Le bouche à oreille p10
1.1.3. Le bouche à oreille marketing ou le marketing viral
p10
1.1.4. Les premiers Buzzs onlines .p11
1.2. Le buzz au coeur du Web 2.0 : aspects sociologiques
p11
1.2.1. Évolution et historique de la société
: des masses médias aux méd ias
sociaux ..p11
1.2.2. Pourquoi le buzz online fonctionne p15
1.2.3. Des liens sociaux propres à Internet ..p20
1.2.4. Les éléments du buzz ..p22
2. Vers le développement du buzz online comme
outil de communication
majeur.p25 2.1.
L'intérêt des influenceurs ..p26
2.1.1. L'individu au coeur du Web 2.0 p26
2.1.2. Le Social Influence Marketing (SIM) p26
2.2. Lancer une stratégie de buzz online
p31
2.2.1 La nécessité des entreprises à
utiliser le buzz online .p31
2.2.2. Moyens et outils du buzz p32
2.2.3. Surveiller les nouveautés .Ép36
2.3. Contrôle et incontrôle du buzz
p39
2.3.1. Le buzz incontrôlable : « le bad buzz »
.p39
2.3.2. Contrôler mon buzz .Ép43
3. Le buzz online, quelles limites? .É
p45
3.1. Les controverses p46
3.1.1. Les limites du marketing collaboratif p46
3.1.2. Quelle déontologie ? . p47
3.1.3. Quelle morale dans le buzz ? p48
3.2. Notions juridiques p50
3.2.1. Le buzz se propage par les internautes et non par la
marque p50
3.2.2. Identification claire de l'annonceur p51
3.2.3. Identifier clairement la publicité .p51
3.2.4. Et l'UGC ? p51
3.2.5. Lois à respecter lors de la création d'un
site Internet p51
3.2.6. De la publicité ciblée, oui, mais avec
l'accord de l'internaute .Ép52
3.2.7. Droit de réponse sur Internet .Ép52
3.2.8. Quelles responsabilités avec le Web 2.0 ? p52
3.3. Vers un buzz online noyé dans le bruit
p52
3.3.1. Pourquoi les internautes s'entourent du buzz (encore plus
de bruit) p52
3.3.2. Motivations de l'individu à relayer le buzz p53
3.3.3. Les limites du buzz p54
3.3.4. Le buzz entraine t'il le recul de la société
? p55
4. Comment envisager les années à venir?
p58
4.1. Prédictions sur l'évolution des
stratégies de buzz online p59
4.1.1. Le buzz, se démarquer en période de crise
p59
4.1.2. De plus en plus social p59
4.1.3. Le développement de Twitter p60
4.1.4. Influenceurs, au coeur des stratégies onlines
p61
4.1.5. Des attentes de retour sur investissements de plus en plus
lourdes .É p61
4.1.6. Un discours tourné sur la confiance p62
4.1.7. Vers un Web 3.0 ? p62
4.1.8. La publicité qui me correspond p63
4.1.9. Un buzz toujours plus mobile p64
4.1.10. De plus en plus vite, de plus en plus innovant, de plus
en plus
performant p64
4.2. Recommandations ..p65
4.2.1. Le risque de saturation p65
4.2.2. Agir avant que les coûts augmentent .p65
4.2.3. Intégrer le buzz marketing dans les enseignements
théoriques p66
4.2.4. Intégrer le buzz marketing dans les
stratégies globales .p66
4.2.5. Impliquer les collaborateurs p67
4.2.6. Se protéger des rumeurs p67
4.2.7. Les outils à saisir, maintenant p68
Conclusion p70
Bibliographie p71
Ouvrages .Ép71
Rapports p72
Sites Internet consultés p73
Blogs p76
Annexes p79
Résumé
Introduction
Nous sommes aujourd'hui plus d'un milliard sur terre à
être connectés à Internet. Une masse d'individus en
conversation permanente les uns avec les autres. Nous écoutons l'avis
des autres en lisant des blogs, nous bavardons sur les réseaux sociaux
comme Facebook ou Twitter, nous partageons du contenu sur les sites de partage
comme Youtube, nous intervenons dans les forums, nous échangeons dans
nos mails. L'ensemble des outils qui permettent aux internautes de s'exprimer
c'est ce qui caractérise le Web 2.0. Au coeur du Web 2.0, il y a ces
conversations, ce bruit ambiant, le buzz online. L'objectif dans les
stratégies de buzz online, c'est de devenir le sujet de ces
conversations. Les internautes communiquent déjà sur les marques,
il faut agir stratégiquement pour contrôler le discours des
consommateurs. Mais les relations entre marque et internaute s'envisagent
différemment de celles de la publicité traditionnelle.
L'internaute doit devenir l'allié de la marque et doit trouver un
intérêt personnel à diffuser le buzz. Oubliez tout ce que
vous savez de la communication de masse : matraquage, mass médias,
uniformisation du message, interruption du consommateur... Dans les
stratégies de buzz online le consommateur est votre partenaire. Il doit
être respecté, écouté, et impliqué.
On peut s'interroger sur l'intérêt pour une
marque à communiquer via le buzz online, et sur les moyens à
mettre en oeuvre pour réussir sa campagne de buzz. Quels sont les
risques, les limites ? Comment les éviter? Et surtout, dans un
système où les changements et les innovations sont permanents,
comment envisager le buzz online sur le long terme ? Est-ce un simple effet de
mode, ou les stratégies de buzz vont-t-elles durer? Quel sera l'avenir
du buzz online ? Pour répondre à ces questions nous organiserons
notre réflexion autour de deux axes. Une partie analytique où le
fonctionnement du buzz online sera analysé, puis une partie plus
prospective, où nous envisagerons l'avenir du buzz. Notons que les
théories proposées dans cette deuxième partie ne sont pas
établies. Il s'agit d'une analyse faite sur la base des
éléments existants aujourd'hui, et qui, propres au monde
d'Internet évoluent très vite. Nous envisagerons le buzz dans son
aspect stratégique, comme solution pour les entreprises qui
s'intéressent aux nouvelles façons de communiquer en ligne. Nous
étudierons les nouveaux outils technologiques, leviers des
communications onlines, mais l'enjeu de ce mémoire n'est pas
centré sur les évolutions technologiques.
Cette étude s'organisera sur quatre grandes parties.
Pour comprendre l'émergence du buzz nous définirons les
différents termes propres au buzz online et nous étudierons les
aspects sociologiques qui ont permis au buzz online de se développer.
Nous analyserons ensuite les stratégies d'influence et autres moyens
à mettre en oeuvre pour réussir sa campagne de buzz. Dans un
troisième temps, notre réflexion se fera plus critique, et nous
ferons apparaître les limites (formelles, éthiques et juridiques)
des stratégies de buzz onlines. Pour finir, et à partir des
éléments précédemment analysés, nous
envisagerons l'avenir du buzz online autour d'hypothèses et de
recommandations.
1.
Le buzz reflet de la société
1.1. Du bouche à oreille au buzz online
1.1.1. Définitions
Dans la communication, les professionnels ont tendance
à utiliser plusieurs termes pour exprimer une même chose. Souvent,
ils ont du mal à s'accorder sur les définitions de ces termes.
Cela ne facilite pas la compréhension des inexercés. Dans le buzz
marketing le flou est le même. Toute une série de termes sont des
synonymes ou font partie du champ lexical du buzz marketing. Il paraît
important de les citer afin de permettre au lecteur de mieux se repérer.
Dans cette étude pour faire référence au buzz marketing
nous parlerons également de bouche à oreille, de marketing viral
(une idée qui se propage comme un virus), et, si l'on se limite au buzz
online, de marketing du Web 2.0. Certains professionnels estiment que le buzz
marketing n'est qu'une des techniques du marketing viral, le définissant
comme visant « le plus souvent à créer une rumeur ou un
bruit de fond médiatique avant la sortie d'un produit, d'un film ou d'un
service 1». Ici, nous l'envisagerons comme une technique de
propagation du bruit, plus large, comme le marketing viral, mais limitée
à Internet.
Mais qu'est donc le buzz marketing ? Le buzz repose sur
l'idée que les personnes intéressées par un produit, une
idée, le vendront les unes aux autres. Contrairement à la
publicité classique, le buzz n'interrompt pas la cible pour lui verser
un message, c'est l'individu qui choisit de relayer une idée. Comme nous
le verrons plus tard, l'importance accordée au rôle de l'individu
est primordiale. La marque et le consommateur sont placés au même
niveau, c'est une relation horizontale, de confiance. Pour diffuser le buzz il
faut un support, et Internet dispose de nombreuses ressources : image, phrase,
vidéo, énigme, site, texte...
Pourquoi le buzz ? Plusieurs explications existent quant
à l'origine du mot buzz. L'une fait référence au bruit que
font les abeilles, les humains s'organisent en groupe, comme les abeilles en
ruches. Nous utilisons un mode de communication propre, avec des règles,
des normes, et une histoire commune. Une autre explication définit le
buzz comme le bruit que font les ordinateurs, c'est donc la version
numérique du bouche à oreille. Dans tous les cas, le buzz
définit le bruit ambiant.
L'étude qui suit concerne le buzz online. Nous
envisagerons Internet comme lieu de naissance du buzz. Sur la toile les
réputations se font et se défont, les interactions entre
individus sont démultipliées, et les idées se propagent
à la vitesse grand V. Il faut tout de même noter qu'un buzz
réussi ne se limite pas à la sphère d'Internet, il se
répand à la fois par le bouche à oreille traditionnel et
par les nouveaux outils de communication. Il est omniprésent.
1 Définition proposée par le site
www.abc-netmarketing.com
1.1.2. Le bouche à oreille
Les idées qui se propagent ont toujours existé :
commérages, opinions politiques, points de vueÉ Le buzz
d'aujourd'hui est en fait le bouche à oreille d'hier. La diffusion des
idées par le bouche à oreille a toujours fonctionné, car
elle repose sur la psychologie des individus. Nous adoptons des comportements
mimétiques, on consomme pour imiter son groupe de
référence. Comme le disent Stambouli et Briones c'est la
contagion des idées et l'imitation qui font naitre le bouche à
oreille.
Mais il existe des différences entre le bouche à
oreille classique et le buzz d'aujourd'hui. D'une part grâce aux
possibilités d'Internet, on accorde plus d'importance aux idées,
elles sont plus faciles à lancer, elles se diffusent très
2
rapidement, et elles n'ont plus de frontières. Comme
l'explique Seth Godin , le bouche à oreille est plus analogique (une
courbe ascendante puis rapidement descendante) et il finit toujours par
s'éteindre. Il est rapidement diffusé mais il s'éteint
vite. Le buzz progresse plus vite, il touche plus de personnes, et il dure plus
longtemps.
1.1.3. Le bouche à oreille marketing ou le marketing
viral
Il existe deux types de buzz : celui qui intervient sans la
volonté du créateur (comme par exemple l'affaire des photos de
Laure Manaudou), et celui qui est orchestré, part entière de la
stratégie. C'est celui-ci qu'on appelle buzz marketing. Il se fonde sur
la rumeur souhaitée et contrôlée. L'ambig·ité
du buzz est qu'il produit de la rumeur contrôlée, alors que la
rumeur « réelle » est justement incontrôlable.
Le bouche à oreille marketing a depuis longtemps
été exploité par les communicants : utilisation de
réseaux d'influence, communication auprès des leaders d'opinion,
réseaux de distribution entre consommateurs (réunions
Tupperwaves). Il permet à la fois de diffuser une image favorable et
permet d'économiser en termes de publicités et de promotions.
Mais c'est Internet qui va donner une dimension supplémentaire au bouche
à oreille.
Nous verrons plus en détail par la suite en quoi le
buzz marketing se distingue de la publicité classique, et pourquoi il
constitue aujourd'hui un outil de communication plus efficace. La principale
différence à retenir est que le buzz construit une relation
horizontale avec le consommateur. La publicité construit une relation
descendante et à sens unique (la marque s'adresse à la masse de
consommateur), en répétant le message au consommateur. Le buzz
quant à lui, est construit dans un environnement favorable, où
les consommateurs choisissent de diffuser l'idée au plus grand
nombre.
2 Les secrets du marketing viral : créer
l'évènement (voir bibliographie)
1.1.4. Les premiers Buzzs onlines
Les premiers buzzs onlines diffusés ne reposaient pas
encore sur le Web 2.0, mais même aux débuts d'Internet les liens
sociaux étaient démultipliés.
Le premier buzz connu et à sortir de la sphère
Internet est le buzz « Whazaaaaa » pour la boisson Budweiser. Il date
de la fin des années 90, et est le premier à utiliser la
vidéo virale comme véhicule. Il s'agit d'une série de
vidéos mettant en scène une bande de copains s'interpellant
à coup de « Whassup ». Les vidéos furent
diffusées à l'époque très largement sur les
boîtes mails, et transférées à l'aide de forwards
massifs. Ces vidéos mythiques engendrèrent
énormément de parodies et les mimiques « Whazaaaaa »
des personnages font aujourd'hui partie de notre culture. Dans ce cas
là, c'est l'amusement et l'humour qui ont permis au buzz de
naître.
Un des autres premiers buzz à faire parler de lui est
celui du film « The Blair Witch Project ». Il repose sur un autre
levier que le buzz de Budweiser : la rumeur. Synopsis : un groupe
d'étudiants disparait dans la forêt de Black Hills après le
tournage d'un documentaire sur la sorcellerie. Le film est leur documentaire
retrouvé. Comme les frontières entre réalité et
fiction étaient faibles, cela a ouvert la porte aux rumeurs. Les
metteurs en scène du film ont joué dessus pour faire parler du
film avec notamment la diffusion d'un film teasing, et la mise en ligne d'un
site Internet comprenant les témoignages des parents
éplorés, des policiers, etc.
1.2. Le buzz au coeur du Web 2.0 : aspects
sociologiques
1.2.1. Evolution et historique de la société :
des masses médias aux médias sociaux
1.2.1.1. Définitions
Avant d'expliquer les changements de notre
société qui ont permis au buzz online de se développer, il
parait important de définir quelques termes, essentiels au buzz online :
le web 2.0, les médias sociaux et les réseaux sociaux. Si les
experts ont du mal à s'accorder sur la définition de ces termes
c'est parce qu'ils se recoupent. En effet un site comme Youtube est à la
fois un outil du Web 2.0, un média social et un réseau social.
Explications...
Le Web 2.0. Cette expression à la mode,
soulevée lors d'une conférence en 2004 par O'Reilly et MediaLive
International marque une rupture avec le web classique, par l'émergence
d'une série d'outils Internet qui facilitent l'expression des
internautes. Le Web 2.0 repose sur le concept développé par Chris
Anderson, la « longue traîne », l'intelligence collective qui
crée l'essentiel du contenu web. Chaque individu dispose aujourd'hui
d'outils développés pour s'exprimer sur Internet. Qu'il s'agisse
des blogs, des sites de partages, des wikis, ou de
technologies (RSS), tout est fait pour que l'individu lambda
s'exprime, et l'importance accordée à sa parole est
démultipliée.
Les médias sociaux. Ils font partie des outils
développés par le Web 2.0. Ils ont pour objectifs de faciliter
l'interaction, la collaboration et le partage de contenus entre internautes.
Cela regroupe à la fois les sites de partage (Youtube), de discussion
(Meebo), de publication (Blogger, Twitter), et les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux. Cela regroupe les sites
web où les utilisateurs disposent d'un profil, d'un réseau social
visible et ont la possibilité d'interagir avec les autres utilisateurs,
grâce aux commentaires notamment (Twitter, Facebook, Myspace).
1.2.1.2. Evolution de la société
Ces dernières années nous avons subi une
évolution des médias. Nous sommes passés des médias
de masses aux médias sociaux. C'est ce bouleversement des médias
qui a changé le fonctionnement du marketing, et a permis au buzz online
de se développer.
La période des Trente Glorieuses nous a fait entrer
dans la société de consommation. De nouveaux produits
apparaissent (American Way of Life), et il y a peu de marques sur le
marché (exemple de Frigidaire qui était le premier des
réfrigérateurs). Le choix du consommateur est donc simple. Il
tisse une relation durable avec ses marques, et relaye ses choix à son
entourage proche (recommandation one to one). Peu à peu les marques
concurrentes apparaissent, et le marketing se développe pour les
départager. Pour être départagée la marque doit
avoir un facteur différentiateur (reason why). La technologie prend
alors une place très importante dans ce marketing où le
progrès est roi. Au début des Trente Glorieuses, les innovations
changent la vie des français (lave-linge, réfrigérateur,
fer à repasser), c'est l'évolution des modes de
déplacements, des moyens de communication (téléphone
fixe). Mais le progrès passe peu à peu de l'essentiel au superflu
(société de consommation). A cette époque les
mass-médias dominent, les choix de communication sont donc massifs,
seule la marque communique (communication one to many). Cela offre peu
d'interactivité, et pas de relation humaine. La communication one to
many c'est la communication publicitaire classique, la marque qui s'exprime
sous l'autorité d'un média prestigieux à un vaste ensemble
de consommateur.
Fin 1970, on entre de plus en plus dans une communication
identitaire. On achète un produit pour le statut qu'il nous procure, le
prestige. La « reason why» qui nous faisait acheter dans les
années 60 est remplacée par les valeurs, l'image, que
véhicule le produit.
Aujourd'hui la société a évolué et
le consommateur aussi. L'individu est devenu mobile, individualiste, toujours
connecté, et en communication permanente avec les autres. Les
médias aussi ont changé, ils se sont multipliés,
spécifiés.
L'individu en consomme de plus en plus. Les marques aussi se
sont multipliées, et le consommateur a plus de difficultés
à faire son choix. Les stratégies de communication ont donc du
s'adapter. La multiplication des publicités en ont réduit
l'impact. Le consommateur ne les voit plus, pire il les rejette (65% des gens
se sentent bombardés par la publicité). Il est devenu plus
difficile de toucher sa cible.
L'arrivée des médias sociaux permet de
répondre à ces nouveaux besoins en communication. L'individu est
en permanence connecté à des médias sociaux, qui lui
permettent d'interagir avec d'autres individus (Youtube, Myspace, Facebook,
Twitter, Wikipédia, blogs, forums...). L'individu communique en
réseau, il y a interaction et dialogue. Dans un rejet
général de la publicité classique et des méthodes
intrusives (spam), l'internaute accorde de plus en plus de crédit
à ce que disent les autres. Comme les marques ne communiquaient pas avec
les consommateurs, ils se sont mis à communiquer entre eux, sur les
marques. Aujourd'hui c'est la communication many to many, le buzz. Tout le
monde devient émetteur, comme l'étaient avant les grands
médias. C'est de ces éléments dont doit se nourrir le buzz
marketing, faire en sorte que les internautes communiquent sur la marque.
Le discours a changé : avec le Web 2.0 les marques ne
peuvent plus se contenter de manipuler la réalité
(publicités, faux blogsÉ), elles courent aujourd'hui un risque.
Le consommateur est devenu acteur, on parle de consomm'acteur. Il fait des
utilisations inattendues, voir détournées des nouveaux produits.
Prenons l'exemple des SMS, aucun opérateur ne croyait en leur
succès, et pourtant... D'où la nécessité de se
tourner de plus en plus vers un marketing collaboratif. La relation avec le
consommateur doit aujourd'hui primer sur le produit. Un bon exemple de
marketing collaboratif est le site AgoraVox, où des citoyens peuvent
poster leurs articles sur l'actualité. De nombreuses marques proposent
aujourd'hui au consommateur de s'investir pour la marque, en proposant par
exemple de créer des vidéos virales, ou même de participer
à la création des produits (comme Liebig qui proposait aux
internautes de poster leur meilleure recette pour qu'elle soit au final
commercialisée).
Aujourd'hui, le buzz s'appuie sur les deux types de
communication : one to many et many to many. Ces deux stratégies peuvent
faire naitre le buzz. Dans une stratégie « one to many »
l'objectif est que certains internautes très influents relayent le buzz,
dans l'autre cas ce sont tous les internautes qui font tourner
l'information.
Alors qu'avant la communication s'effectuait verticalement (la
marque toute puissante communiquait vers sa cible en sens unique, le
consommateur ne prenait pas d'initiative). Aujourd'hui c'est toute une
communauté qui prend la parole, avec des discours qui s'organisent
spontanément, c'est une communication horizontale.
1.2.1.3. Rappels chronologiques
Chronologiquement le contenu d'Internet est passé de
contenus institutionnels, aux mails et aux chats, puis à des contenus
plus marketing (sites de marques), aux forums (newsgroup), aux versions web des
grands médias, et à ce qu'on appelle aujourd'hui le web 2.0.
On est passé d'une « vision utilitaire »
d'Internet à une « vision fondamentale ». Les individus sont
en permanence connectés. C'est devenu un automatisme et cela ne
présente plus de difficulté, c'est la génération
Internet « always on ».
On parle de 2004 comme l'entrée dans le Web 2.0, et si
le web 2.0 est l'interaction entre les utilisateurs, il faut préciser
que les conversations existaient depuis déjà plusieurs
années. Cela sous la forme d'abord des « chats », ces sites de
conversations (Caramail par exemple), et sous la forme des forums. Les
individus échangeaient déjà bien avant le Web 2.0. Le Web
2.0 marque l'essor de ces nouveaux outils interactifs et l'organisation des
individus en communauté.
Schéma : Temps forts du Web
1.2.2. Pourquoi le buzz online fonctionne
1.2.3. Des liens sociaux propres à Internet
1.2.3.1. La dimension communautaire ou l'importance
accordée à la parole d'autrui
L'importance de la dimension communautaire dans les relations
sociales avait déjà été mise en avant par Durkheim
en sociologie pour exprimer une différence dans la nature et la
densité du lien social. Selon F.Tnnies, la communauté repose sur
l'affect, l'habitude et la tradition dans un regroupement d'individus. Le
collectif prime sur l'individu. La communauté se construit un sens
commun, des valeurs communes au travers des interactions entre les
individus.
La communauté virtuelle est le prolongement d'une
communauté réelle. Il n'y a plus le lien physique ni existentiel
(caractéristiques sociétales communes) mais elle est
recentrée sur la communication et les intérêts
partagés. Les individus ne se distinguent d'ailleurs pas vraiment de ce
qu'ils sont dans la vie réelle. Les liens et les pratiques se
poursuivent souvent hors ligne (groupes d'intérêts, ONGÉ).
Par exemple
aufeminin.com attire des femmes ou
des mères.
Les communautés en ligne se développent (en
2001, 84% des internautes américains ont contacté une
communauté en ligne par exemple). Il y a une communauté lorsque
l'on trouve un lien social fort, porteur de significations (pas une simple
discussion, ou juste un forum). Ce sont des gens en interaction sociale, avec
un but partagé (intérêt, besoin, service, échange
d'informations), un cadre normatif (règles, normes...), et un
réseau d'ordinateurs interconnectés. Le nouveau consommateur est
prêt à s'inscrire dans de nombreuses communautés en ligne,
en fonction de centres d'intérêt, d'affinités. Ces
réseaux ont leurs identités et leurs règles propres.
Pour qu'une communauté fonctionne il doit y avoir :
Un sentiment d'affiliation (adhésion et participation
d'un sujet à un groupe)
La construction d'un sens commun (sentiment d'appartenance
à un site, constitution d'une identité commune partagée
par les membres de la communauté, afin de vivre les choses en même
temps)
La dimension communautaire est essentielle pour comprendre le
fonctionnement du buzz online car c'est un des premiers lieux d'échanges
sur Internet, et un des lieux de propagation du buzz. Surveiller ce qui se dit
dans les communautés permet d'écouter la voix des consommateurs,
de leurs besoins. Un tel lieu n'existe pas dans la vie réelle, il faut
donc être attentif à ce qui se dit dans ces espaces d'expression
et exploiter ces ressources.
Si nous accordons aujourd'hui tant d'importance à la
parole d'autrui c'est parce que le contexte social nous y amène. Les
mots insécurité, incertitude, solitude, déstabilisation,
précarité font partie de notre société actuelle.
Nous sommes dans une attitude de doute face à la publicité et
nous redéfinissons nos relations avec les marques. Si Internet peut
à la fois être un lieu de mobilisation contre les marques, c'est
aussi un lieu où des liens se créent entre marque et
consommateur, cela permet d'installer une relation durable, de connivence. Le
consommateur est citoyen aussi. Il a besoin de confiance. La marque doit
prendre en compte ses attentes, construire un engagement avec lui.
1.2.3.2. L'explosion des liens sociaux
Internet a bouleversé les liens sociaux. Les individus
y fonctionnent comme jamais en réseau. Le web a permis à nos
contacts d'augmenter, et de se joindre plus facilement et plus souvent que par
le passé.
Nos contacts sont maintenant des contacts de deuxième,
troisième et quatrième rang. C'est-à-dire des amis d'amis.
Alors qu'avant contacter une personne demandait plus d'implication
(téléphoner, se déplacer...), avec Internet tout le monde
se retrouve au même niveau.
Les réseaux sociaux ont bouleversé les liens
sociaux car ils permettent de voir les liens entre les personnes. Ces liens
sont « cachés » dans la vie réelle. Aujourd'hui en
consultant le profil d'un ami sur un réseau social, on peut voir ses
amis, et même les amis de ses amis. C'est beaucoup plus de personnes que
l'on peut contacter.
1.2.3.3. Une relation horizontale entre la marque et le
consommateur
Nous l'avons dit, le nouveau consommateur a besoin de
confiance dans ses relations avec les marques. Et par rapport à cela, la
communication sur Internet doit s'envisager de façon horizontale.
D'une part c'est le fonctionnement même d'Internet qui
définit cette relation horizontale et place le consommateur au coeur des
échanges. A la fois par le principe de gratuité d'Internet
(certes il faut payer un abonnement, mais l'accès aux ressources est
gratuit et illimité), par l'hyper maitrise des technologies (les
technologies sont simplifiées et accessibles à tous), par le
Haut-débit (on accède rapidement à des millions de
contenus), et par l'absence d'échelle sociale dans les échanges
(tout le monde discute avec tout le monde, n'importe quel citoyen peut
s'adresser aux politiciens, aux marques, aux chefs d'entreprises).
D'autre part, dans ce contexte d'incertitude, Internet permet
d'appréhender les relations entre marque et consommateur comme un
échange, où tous deux sont sur un même pied
d'égalité. Les internautes partagent des codes, des
déontologies qui définissent ce qui se fait et ne se fait pas sur
le Net. Le consommateur devient actif avec un pouvoir décisionnel, c'est
lui qui choisit de diffuser ou pas. Cela inverse la hiérarchie
habituelle de la publicité, où la marque est autoritaire et le
consommateur passif. Maintenant la marque doit respecter son consommateur pour
qu'il se livre au buzz.
Les stratégies de communication doivent donc être
tournées vers le qualitatif (personnalisation, valeur ajoutée
offerte sous forme de services) et sur le rôle reconnu de l'internaute.
Il faut donc laisser une part d'appropriation au message.
1.2.4. Les éléments du buzz
Les relations onlines entre la marque et le consommateur
doivent être basées sur la confiance, mais il y a d'autres
éléments qui entrent en compte si l'on veut que l'internaute
relaye le message. La nouveauté, le ludique, et l'appropriation du
message (UGC). Pour garantir au buzz une meilleure efficacité, il
faudrait que ces trois éléments soient réunis.
1.2.4.1. La nouveauté
Une des raisons qui pousseront l'internaute à relayer le
buzz est la nouveauté.
3
Comme l'explique Seth Godin , dans notre société
il est de bon ton d'être à la page, au courant des
nouveautés. Il faut connaître les dernières tendances, les
idées branchées. Les individus passent plus rapidement d'une
chose à l'autre, il y a peu de chance aujourd'hui de rester au hit
parade plusieurs mois par exemple. Nous sommes dans une consommation «
zapping », où l'on veut du neuf en
3 Les secrets du marketing viral : créer
l'évènement
permanence. Le buzz se nourrit de cet élément,
pour prendre il doit avant tout apporter de la nouveauté à
l'internaute.
Diffuser de la nouveauté permet à l'individu de
renforcer son statut social, et cela est vital si l'on est leader d'opinion
dans une communauté (nous étudierons cela plus en profondeur dans
la partie sur l'intérêt des influenceurs). Ce concept de
nouveauté est bien connu en marketing, puisque c'est l'innovation qui
constitue souvent la « reason why » qui pousse à l'achat. Bien
qu'aujourd'hui l'innovation ne soit plus la première raison qui pousse
à l'achat, particulièrement dans notre contexte économique
difficile, la nouveauté reste un sujet dont on est fier de parler, donc
essentielle au buzz. L'individu ne se contente plus d'absorber l'idée
virus, il veut en faire partie. Cela se traduit par l'envie de diffuser
à tous une idée palpitante et inédite. De plus, la
nouveauté implique une prise de risque minimale pour celui qui la
diffuse : pour un sujet nouveau on ne demande pas de tout connaître.
Concrètement, la nouveauté dans le buzz peut
s'illustrer de différentes façon. Cela peut être à
la fois à travers le produit lui-même, dans ce cas le produit doit
apporter une réelle innovation, comme Google Street par exemple. Mais si
le produit en soi n'apporte rien de nouveau, le véhicule du buzz peut le
faire. Dans ce cas là, il faut faire preuve de créativité,
en proposant un concept autour du produit qui apporte de la nouveauté,
et dans ce cas là le ludique et l'implication des internautes sont
essentiels. C'est par exemple ce qu'à fait Orange Foot avec le rugbyman
Chabal4 et une publicité interactive sur
mobile (avec une vidéo virale qui permettait d'entrer les
coordonnés téléphoniques d'un ami qui recevait ensuite un
appel téléphonique avec la voix de Chabal). Le produit en soi
passe au second plan, l'accent est mis sur le concept du buzz.
1.2.4.2. Le ludique
Lorsque le produit en soi n'est pas suffisant pour
véhiculer du buzz (pas assez de nouveauté) c'est l'amusement peut
devenir la raison d'en parler. L'internaute relayera le message s'il est
amusé par le concept et qu'il veut partager son expérience avec
ses amis. L'amusement devient la raison de parler, c'est le « win-win
» (gagnant-gagnant). Il faut donc trouver un levier ludique,
c'est-à- dire un support pour le buzz qui amuse l'internaute. Cela peut
s'illustrer de milles et une façon : une vidéo virale, un site
interactif, un jeu en ligne, un concept... Le buzz ludique ne s'appuie pas
forcément sur le produit, la marque peut apparaître au second
plan. Un bon exemple de campagne de buzz ludique est la campagne pour la marque
Stride, une série de vidéos virales avec un personnage
filmé dans plusieurs endroits du monde entrain de
danser5. Les vidéos n'ont aucun lien avec la
marque (des chewing-gums), mais on en a parlé parce que le personnage
4www.chabal-le-duel.com
5www.wherethehellismatt.com
,
www.stridegum.com
dansait de façon rigolote, dans tous les grands lieux du
monde (Venise, Tokyo, Paris...).
1.2.4.3. User Generating Content
Si le ludique fonctionne bien, il est encore amplifié
lorsque l'internaute a la possibilité de participer directement à
la campagne marketing. C'est ce qu'on appelle User Generating Content (UGC) et
qui s'illustre tout particulièrement avec le Web 2.0. Nous l'avons vu,
dans une campagne de buzz online, il faut penser les relations avec le
consommateur de façon horizontale. L'UGC répond
particulièrement à cette idée, le consommateur est
valorisé, puisqu'il est invité à créer du contenu
pour la marque. L'implication de l'internaute est plus ou moins importante,
allant du simple avis ou commentaire à la création de
vidéos pour une campagne virale. Un bon exemple de campagne reposant sur
l'UGC est la campagne annuelle de la marque Doritos. Chaque année pour
le Super Bowl aux Etats-Unis, Doritos propose à ses consommateurs de
créer des films publicitaires pour la marque. Les gagnants voient leur
film diffusé pendant la finale et peuvent gagner un million de dollars.
Dans de telles campagnes, l'image de la marque est valorisée
(perçue comme une marque qui implique ses consommateurs) et la marque
bénéficie en plus de publicité quasiment gratuite, avec
d'une part les contenus créés, et d'autres part le bouche
à oreille circulant sur l'opération (le système du vote
fonctionne bien car il pousse les internautes à impliquer leur
réseau de contacts). Il faut donc prendre en compte cet
élément dans les campagnes de buzz, et proposer des formats que
l'internaute puisse imiter, parodier facilement. Il faut laisser à
l'internaute le loisir de s'approprier le buzz comme il le souhaite. Nous
verrons plus loin dans cette étude comment l'UGC comporte une part de
risque et qu'il est à utiliser avec précaution.
2.
Vers le développement du
buzz online comme outil de
communication majeur
2.1. L'intérêt des influenceurs
2.1.1. L'individu au coeur du Web 2.0
Le Web 2.0 et les médias sociaux ont placé
l'individu au coeur des relations onlines. C'est l'intelligence collaborative
de tous les individus qui crée le contenu du Web. De plus en plus, des
anonymes prennent la parole et les internautes accordent plus d'importance
à ce que disent ces individus. Au coeur du buzz, ce sont les individus
qui décident de ce qui est utile, pertinent et amusant. C'est un
auditoire interactif qui s'auto-organise et s'auto-divertit.
6
Chris Anderson explique que la contribution perpétuelle
de tous ces individus bouleverse l'économie. On passe d'un marché
de la rareté au marché de l'abondance. Un marché
illimité où la production culturelle est recyclée à
l'infini.
Si la masse des individus contribuent au contenu du Web, on
identifie tout de même certains individus dit « influenceurs »
dont le discours influence tout particulièrement la masse des
internautes. Ces influenceurs sont à la fois des contacts auxquels on
accorde beaucoup de crédit mais ce sont tout particulièrement les
blogueurs qui diffusent une information choisie, que beaucoup d'internautes
suivent et écoutent. Dans tous les cas ces influenceurs sont reconnus
par leurs pairs comme plus compétents.
2.1.2. Le Social Influence Marketing (SIM)
Pour que le buzz prenne, il faut envisager une
stratégie de RP Online c'est le Social Influence Marketing. À la
différence des RP traditionnelles le ciblage ne se fait pas
auprès de journalistes mais essentiellement auprès des blogueurs
influents, ainsi que des consommateurs influents, des VIP, ou des stars. Les
relations s'envisagent donc différemment.
Karim B.Stambouli et Eric Briones7 envisagent les
discours des influenceurs de deux manières :
- two steps flow : le prescripteur reçoit
l'information, et la retransmet selon son point de vue à sa
sphère d'influence. Dans ce cas, l'information est retravaillée
par les prescripteurs. L'objectif est donc d'impliquer ses acteurs
stratégiques pour imposer l'identification du reste du groupe.
- multi-étages : Le prescripteur reçoit
l'information en même temps que sa communauté. Il entame donc le
dialogue et s'efforce d'imposer son point de vue.
6 Long train
7 Buzz Marketing: les stratégies du bouche
à oreille
2.1.2.1. Choisir ses influenceurs
L'individu influenceur est en général reconnu
dans son domaine de compétence (nouvelles technologies, mode,
médias, commerceÉ). Cela parce qu'il est formé, parce
qu'il a des relations, ou tout simplement parce qu'il s'exprime et qu'il est
lu. On retrouve ces individus soit parce qu'ils tiennent un blog sur une
thématique précise, mais aussi dans les communautés
virtuelles où les internautes se retrouvent en fonction
d'intérêts communs.
La marque qui souhaite lancer un buzz se doit d'identifier les
acteurs de son buzz. Pour cela elle doit délimiter l'univers du buzz. Il
faut identifier les communautés et les blogs associés à la
marque ou au produit. Il est nécessaire de reconnaitre les individus qui
ont de l'influence sur les autres dans les relations interpersonnelles.
Karim B.Stambouli et Eric Briones nous proposent une pyramide
hiérarchique qui identifie les différents influenceurs :
Pyramide hiérarchique des influenceurs dans un
processus viral Buzz Marketing : les stratégies du bouche à
oreille
Tout en haut de cette pyramide nous retrouvons les
prescripteurs, ce sont eux qui trouvent les idées et les
nouvelles tendances.
Puis nous retrouvons les influenceurs ou leaders
d'opinion, qui se divisent en deux catégories : les
leaders d'opinion classiques (vedettes, journalistes,
représentant politique...) qui sont les cibles des Relations Publiques,
et les e- influents, qui nous intéressent
particulièrement dans les stratégies de buzz online. Ce sont les
blogueurs, les premiers à adopter la nouveauté en ligne, c'est ce
que l'on appelle le couloir des tendances. Ils ont souvent un profil jeune et
autonome, urbain, et proche des milieux artistiques et créatifs.
En dessous nous retrouvons les e-arrivistes
et les late adopters. Ce sont également des
internautes influents. Le e-arriviste se caractérise par le fait qu'il
est prêt à diffuser le buzz tant qu'il y trouve un
intérêt personnel, surtout matériel. Les late adopters se
contentent de suivre les e-influents.
En bas de cette hiérarchie il y a le
consommateur, ou l'internaute moyen. Il est
individualiste, indépendant, informé et impliqué.
Submergé de communication diverses il recherche de l'information
pertinente (avis d'experts).
8
Selon une étude Burson Marsteller , nous pouvons
établir le profil de l'internaute influent. Il a un comportement en
ligne de professionnel (envoie de mails aux entreprises, aux politiques, aux
médias, se fait des amis et des contacts professionnels sur internet,
forward des articles, intervient dans des forums, newsgroups, adepte du
microbloggingÉ ), il est régulièrement consulté sur
les sujets d'actualité, principalement sur les nouvelles technologies et
l'économie et bien sur il partage son opinion et fait des
recommandations.
Nous pouvons également analyser ses besoins
spécifiques, qui le poussent à parler. Un besoin permanent
d'informations afin de consolider son leadership (il faut donc partager
l'exclusivité de l'information avec lui, comme avec les journalistes),
et un besoin permanent de reconnaissance de son statut par les marques
(au-delà d'être considéré par les membres de sa
communauté, la reconnaissance de la marque le crédibilise).
La marque se doit donc d'identifier l'ensemble des internautes
influents en rapport avec la thématique du produit à «
buzzer ». Il est nécessaire de ne pas cibler les e-influents au
hasard. Ils doivent être réellement susceptibles d'être
intéressés par le produit. Si une marque ne cible pas ses
e-influents cela peut se retourner contre elle. En effet les blogueurs sont
extrêmement sollicités et peuvent vite se lasser d'une marque qui
se contente de « bombarder » tous les blogueurs (on retournerait dans
le schéma de la publicité classique).
Une fois les e-influents identifiés il faut construire une
relation avec eux.
8 The inffluentials reports 2000
2.1.2.2. Construire une relation avec l'influenceur
Pour construire une relation avec un internaute influent,
qu'il soit blogueur ou simplement influent dans sa communauté, les
rapports doivent se baser sur la confiance. Encore une fois nous ne sommes plus
dans le schéma de la publicité traditionnelle. La marque doit
reconnaitre le statut de l'internaute influent et les échanges doivent
être gagnant-gagnant. La démarche de la marque se doit
d'être transparente et l'internaute doit pouvoir identifier
immédiatement pourquoi on fait appel à lui. Il s'agit de
créer une relation personnelle et durable entre la marque et
l'internaute influent. Une relation interactive, presque éducative. Il
doit y avoir un discours « one to one », et la mise en place de
service VIP, appuyant la reconnaissance du statut d'influent (comme des offres
de pré-tests, la gratuité de certaines applications).
La relation avec l'internaute influent doit l'impliquer. Il
faut qu'il devienne un ambassadeur de la marque. Pour cela il y a deux types de
solutions. La rémunération d'une part (soit monétaire,
soit sous forme d'avantages), par exemple si l'internaute ramène 10 de
ses amis sur un site, il gagne une réduction, ou tout simplement la
rémunération des blogueurs pour les articles sponsorisés.
Mais les relations peuvent également fonctionner sur la loyauté,
et dans ce cas là le concept du buzz se doit d'être
intéressant pour que l'internaute influent ai envie de le relayer (prise
en compte des trois éléments du buzz : nouveauté, ludique
et UGC).
2.1.2.3. Approcher l'influenceur
Pour approcher l'internaute influent il existe plusieurs canaux.
Canaux traditionnels :
Mail : Le mail est le premier moyen de contacter un
e-influent. Juridiquement parlant une marque n'a pas le droit de contacter un
internaute par mail sans son autorisation. Il faudrait envoyer un premier mail
demandant à l'internaute s'il accepte de recevoir un deuxième
mail de la marque. Cela ralentit le processus et en réduit l'impact.
Dans les faits, les marques n'utilisent quasiment jamais ce
procédé. Elles contactent directement les internautes influents.
Dans le cas du mail, il faut exposer clairement à l'internaute la raison
qui amène à le contacter et lui donner envie de parler de la
marque. Pour cela il y a quelques règles à respecter. Ne pas
mentir (transparence), rester bref, reconnaitre le statut d'internaute
influent, exposer l'intérêt pour l'internaute influent du produit,
demander son avis et l'impliquer sur le long terme, insister sur
l'exclusivité et la nouveauté, et personnaliser (éviter de
mettre des personnes en copie)!
La communauté en ligne : Dans le cas des
communautés en ligne, que ce soit via les réseaux sociaux ou tout
simplement sur les forums de discussions, il s'agit d'une prise de contact
directe après avoir identifier les internautes influents. Le contenu de
la prise de contact reprend les mêmes éléments que le
mail.
Il faut tout de même noter que les contacts originaux
ont plus de chance de fonctionner. En effet pour qu'un internaute influent
parle d'une marque il faut qu'elle marque son esprit.
Teasing : Pour cela les prises de contacts sous forme de
« teasing » fonctionne très bien, l'influenceur est
intrigué et il va donc en parler à ses contacts ou sur son blog.
On voit dans ce cas des marques qui envoie « un indice » ou une
énigme à résoudre, pour capter l'influenceur. Il en
parlera alors jusqu'à ce que l'identité de la marque soit
révélée ou que l'énigme soit résolue. Cela
peut prendre du temps, l'objectif étant que les bloggeurs essayent tous
de trouver ce qui se cache derrière l'énigme. Ces
dernières années de plus en plus de marques utilisent ce
système, il faut donc frapper fort dans l'originalité pour se
démarquer et ne pas lasser l'e-influent.
Evènement : De plus en plus, les marques organisent des
évènements où sont conviés les blogueurs. Cela
permet de rencontrer directement les e-influents dans un cadre
privilégié afin de présenter l'innovation produit.
L'évènement peut également être l'occasion de faire
vivre une expérience inédite aux blogueurs, comme une rencontre
(avec une personnalité par exemple), la visite d'un lieu particulier, ou
encore une expérience inattendue tournée vers le ludique (par
exemple l'opération « les 35 heures du lapin » de Duracell,
où 35 blogueurs étaient enfermés pendant 35 heures dans un
loft aux couleurs de Duracell sous l'Ïil des caméras et
relayée sur le site dédié9)
Exclusivité : Envoyer un produit en exclusivité
au blogueur ou lui proposer de tester un site en beta test par exemple. C'est
ce qu'on appelle le seeding (créer du bouche à oreille en faisant
tester des produits par les leaders d'opinion). Cela s'apparente au «
co-parenting », on demande à l'internaute influent de conseiller,
voir de participer directement à la campagne de buzz. Dans le cas d'un
accès à un site en version Beta Test ou à un produit en
avant première, l'objectif est de recruter l'avis de l'influent (pour si
nécessaire améliorer le service ou le produit), mais
également de faire en sorte qu'il vive une expérience dont il
aura envie de parler.
Récapitulons, il faut donc d'abord observer les
comportements en ligne, identifier l'e-influent, entrer en relation (approche
one to one), impliquer (en lui définissant une mission, et en lui
apportant quelque chose), et enfin communiquer ensemble sur le long terme
(faire une analyse des retours).
2.1.2.4. Pourquoi l'influenceur parle d'une marque
Plusieurs facteurs entrent en compte pour qu'un blogueur ou
internaute influent relaye un buzz. Ils varient d'un internaute à
l'autre, d'où la nécessité de cibler et d'identifier
clairement chaque e-influent.
9www.35heuresdulapin.com
- la marque ou le produit en tant que tels (l'image de la
marque auprès de l'internaute) et l'agence qui gère le buzz
(l'image de marque de l'agence est également à prendre en
compte)
- la créativité, l'originalité de
l'approche
- la qualité de l'approche (transparence,
honnêteté, personnalisation)
- les autres e-influents contactés (un blogueur parlera
plus facilement d'une marque s'il sait que ses amis blogueurs sont dans la
boucle)
- l'exclusivité (même si d'autres blogueurs doivent
être contactés, l'opération doit rester dans un cercle
VIP)
2.2. Lancer une stratégie de buzz online
2.2.1. La nécessité des entreprises à
utiliser le buzz online
Aujourd'hui il ne s'agit plus d'un simple intérêt
pour le buzz, mais d'une nécessité. Nous l'avons vu le
consommateur a changé, les médias ont changé, il faut donc
construire une nouvelle communication, sociale, en intégrant les
communautés et les internautes influents.
Les entreprises ne peuvent plus se contenter des communications
classiques. Nous l'avons vu, elles n'ont plus d'impact.
Les stratégies de communication doivent donc se penser
en termes d'idées virales qui se propageront parmi le public cible. Cela
ne doit plus passer par le matraquage publicitaire, mais par le consommateur
lui-même. Les grands succès naissent du bouche à oreille,
que l'on utilise aujourd'hui Google tous les jours ou que l'on reçoit
ses mails sur Hotmail, ce n'est pas parce qu'on en a vu la publicité
à la télévision. C'est parce qu'on nous en a parlé.
Les grands succès ne sont pas nés de campagnes de communication
disproportionnées, mais parce que l'idée s'est diffusée
par elle -même. Les campagnes traditionnelles ne durent pas, on parle
d'Interruption Marketing. La publicité est coûteuse et de moins en
moins efficace. Les bénéfices générés par un
buzz réussi peuvent vite être énormes. En termes
d'investissement les coûts sont réduits et s'il est bien entretenu
le buzz peut perdurer dans le temps.
Selon Karim B.Stambouli et Eric Briones le buzz possède
quatre éléments caractéristiques : sensationnel,
indépendant, interactif et intime, et intemporel.
Sensationnel, parce que c'est un média non officiel,
porteur de la rumeur. Indépendant, parce que c'est le média des
consommateurs, il ne subit l'influence d'aucun pouvoir, et n'est donc pas
soumis à la crise de confiance des consommateurs envers les
médias. Interactif et intime car son origine et son
animation provient des individus. Intemporel puisqu'il a toujours
existé, et a pris une nouvelle dimension avec les nouvelles technologies
de l'information.
2.2.2. Moyens et outils du buzz
Il existe mille et une façons de créer du buzz,
la liste proposée ci-dessous est loin d'être exhaustive. C'est la
création et l'originalité du contenu qui permettront au buzz de
prendre. Il n'existe pas de recette miracle et imitable. Nous avons vu les
éléments essentiels pour un bon buzz (nouveauté, ludique,
UGC, blogueurs influents), nous allons maintenant détailler les supports
de diffusion du buzz.
2.2.2.1. Les recommandations
Il faut inciter et donner à l'internaute les moyens de
diffuser le buzz. Cela de façon simple, avec une interface
dédiée permettant à l'internaute de partager l'information
(tout simplement en envoyant un mail à ses contacts, ou en envoyant
l'information sur un réseau social) ou de façon
récompensée. Dans le cas d'une recommandation
récompensée on peut envisager une réduction, un gain,
l'objectif étant que plus l'internaute envoie de recommandations plus il
est récompensé.
2.2.2.2. Les objets C to C
Ils ont pour objectif d'améliorer l'image et la
notoriété de la marque. Il s'agit de petits objets virtuels
représentant la marque que l'internaute peut partager avec ses contacts.
Cela peut être des objets de charme et de séduction (bouquets,
baisers virtuel), des objets de communication (fonds d'écrans, e-mail
card online et offline, mini -réseaux sociaux, interaction avec la
téléphonie mobile).
2.2.2.3. Les sites en full flash
Ils utilisent la technologie Adobe Flash. Ils modernisent
considérablement les sites traditionnels et intègrent
parfaitement la notion de ludique, rendant la navigation sur le site beaucoup
plus agréable pour l'internaute. Si ces procédés peuvent
être utilisés de façon traditionnelle, pour simplement
présenter des produits, il est intéressant de dépasser le
rôle purement informationnel pour faire vivre une véritable
expérience à l'internaute. Cela peut être utilisé
dans le cas d'advergame (jeux en flash), visite virtuelle, découverte...
Encore une fois, place à la créativité. Un bon exemple de
site en Full Flash faisant vivre une véritable expérience
décalée à l'internaute est l'opération mise en
place par le département de la santé norvégien, proposant
un site où l'internaute est invité à tester
différentes drogues. Les effets sont alors simulés sur la page du
site (difficulté à lire, musique envoutante). L'objectif est que
l'internaute ressente les effets oppressants, négatifs des
drogues10. Une fois l'expérience terminée,
l'internaute voit pleins de fenêtres pop-up s'ouvrir, et reçoit un
message
10 http://www.trydrugs.net/
s'apparentant à celui des forces de l'ordre, avec son
propre nom, son adresse IP, lui indiquant qu'il a été
pisté. Surprenant !
2.2.2.4. Les faux sites personnels
Ils imitent le discours du consommateur (comme le faux site
The Blair Witch Project). Ils créent le questionnement, soulèvent
des faits de société, incitent au jeu de piste. Il faut tout de
fois prendre garde à ne pas décevoir l'internaute une fois la
vérité découverte. L'idéal étant de faire
preuve de transparence, et d'indiquer dès le départ le nom de la
marque qui se cache derrière l'opération.
2.2.2.5. Les blogs d'entreprises
Aujourd'hui de plus en plus de marques se créent leur
propre blog. Cela comporte de nombreux avantages : un meilleur
référencement sur les moteurs de recherche que les sites web,
interactivité (à l'aide des commentaires), facilité
d'édition (pas de compétences en langage Html
nécessaires), rapidité de mise à jour, fidélisation
(flux auquel l'internaute peut s'abonner), mode de communication plus libre,
image jeune (qui se démarque des entreprises ne possédant qu'un
site web). Il y a quelques règles à respecter : transparence (qui
écrit ?), ouverture (citez les autres blogs, liens vers d'autres sites
similaires), régularité (au moins deux fois par semaine), valeur
ajoutée (proposer du contenu exclusif), commentaires (ne pas censurer et
y répondre), vidéos (proposer des contenus originaux :
interviews, évènements filmés...).
On démarque plusieurs types de blogs d'entreprises :
- les blogs de CEO, souvent rédigés par le
numéro un du groupe, ils ont la légitimité de s'exprimer
sur l'actualité de leur société (un des plus connus en
France est sans doute celui de Michel-Edouard Leclerc11).
- Les blogs de salariés, qui sont soit anonymes (dans
le cadre d'un mouvement contestataire12), ou qui peuvent être
créés à l'initiative de l'entreprise, comme Microsoft qui
a crée une plateforme où les blogs des salariés sont
offerts et hébergés.
- Les blogs de RH. Il s'agit de se démarquer des
rubriques traditionnelles RH des sites web, comme celui de la Police par
exemple13.
- Les blogs de marque. Ils sont soit crées par des fans
de la marque ou peuvent être animés directement par celle-ci. Le
contenu est essentiellement autour du produit.
11
michel-edouard-leclerc.com/blog/
12
caissierenofutur.over-blog.com
13
blog-police-recrutement.com
- Les blogs d'expertise. Ils ont pour objectif de montrer
l'expertise de l'entreprise. Ils tournent souvent autour de l'actualité
du secteur de la marque. Certes le contenu devient accessible aux concurrents,
mais le blog d'expertise permet d'améliorer la notoriété,
l'image, aider au recrutement, et offrir des gains de contrats commerciaux.
Comme le blog de l'agence de communication Vanksen, qui propose une analyse de
l'actualité du buzz14.
- Les blogs internes. Ils ont pour objectif de
fédérer autour de l'entreprise en interne.
2.2.2.6. Le film viral
Le film viral est un des premiers supports de diffusion du buzz.
Il a une forme et un aspect immédiat et il est facile à partager.
Il doit être diffusé sur les sites de
15
partage de vidéos. Karim B.Stambouli et Eric
Brionesdénombrent plusieurs types de films viraux qui répondent
à des objectifs variés :
- le film viral comique. C'est le type de film viral le plus
développé, il répond directement au besoin d'amusement de
l'internaute. C'est un gag unique. Il existe deux types de films viraux
comiques. Le « comique clandestin », qui est authentique, il imite la
tendance des « real people », la marque est cachée ou
révélée à la fin, cela crée le
questionnement des internautes (qui se cache derrière ?). C'est par
exemple ce qui a été utilisé dans le film viral « bad
day in the office», un des premiers films viraux, montrant un
employé s'énerver au bureau. La marque derrière ce film
était en fait une marque de surveillance d'ordinateur, Loronix
Information System16. Il existe également le film viral
comique classique, qui est un film publicitaire traditionnel drôl e,
diffusé de façon originale. L'objectif est souvent de soutenir
une campagne classique offline, ou tout simplement d'oser plus que dans une
campagne traditionnelle, le web offrant moins de censure.
- Le film viral nostalgique. Il satisfait particulièrement
la génération des 25-35 ans, en souvenirs audiovisuels, de
programme tv, dessins animés.
- Le film viral totem. Il s'intègre dans une
communauté, reprend ses codes, et répond au besoin de
sociabilité. Le film « Whassup » en est le meilleur
exemple.
- Le film viral gossip. Il répond au besoin de
voyeurisme, de sensationnel, il révèle une vérité
extrême. C'est par exemple le film du magazine Choc, reprenant l'anecdote
de Jean-Luc Delarue agressant une hôtesse de l'air17.
14
http://www.culture-buzz.fr
15 Buzz Marketing: les stratégies du bouche
à oreille
16
http://www.youtube.com/watch?v=cm6WUk45V6M
17
http://www.youtube.com/watch?v=m611P05bp8w
- Le film viral d'effroi. L'objectif est d'offrir un moment
d'angoisse à l'internaute. L'internaute a l'illusion d'être au
centre de l'épouvante. Ce type de film est principalement utilisé
par les films d'épouvantes, comme les films viraux pour le lancement du
film The Ring. L'internaute avait l'impression d'être pris dans la
spirale du film maudit. Les associations utilisent également ce
procédé pour sensibiliser, c'est par exemple le cas du film
« It's not too late » de Greenpeace qui interpelle directement
l'internaute et l'accuse18.
2.2.2.7. Les évènements
Utiliser l'évènement pour créer du buzz
online s'envisage principalement dans les stratégies d'influence online,
nous l'avons vu dans la partie sur les internautes influents. Il faut dans ce
cas penser l'évènement comme exceptionnel (jamais
réalisé), impliquer directement les blogueurs (participation), et
bien sur le relayer en ligne. On pense par exemple au premier championnat de
course en escarpins organisé par Sarenza (vente de chaussures en ligne),
ciblant les jeunes femmes, et avec des blogueuses mode ambassadrices de
l'événement.
2.2.2.8. Les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux (ou communautés) comptent de
plus en plus d'adeptes, il est donc nécessaire d'y intégrer le
buzz, qui trouve alors un vrai moyen d'être diffusé au plus grand
nombre. Il est important de préciser qu'une présence sur les
réseaux sociaux ne suffit pas à générer du buzz,
ils permettent à la marque d'être visible et d'entretenir une
relation avec ses consommateurs sur le long terme. Pour créer du buzz
sur les réseaux sociaux, il est nécessaire d'avoir un concept
autour du buzz et de le relayer sur les réseaux sociaux. Les membres des
réseaux sociaux communiquent en permanence sur les marques. Twitter, le
site de microblogging devient par exemple un outil de veille pour les marques.
Il permet en effet de voir en temps réel ce que disent les consommateurs
sur une marque. Twitter permet également de rester en contact avec les
internautes, de proposer des avantages exclusifs aux « followers »
(ceux qui suivent l'actualité de la marque). La marque Dell a ainsi
généré un chiffre d'affaires d'1 million de dollars en
proposant des offres exclusives à ses followers sur le site.
D'autre part, Facebook (200 millions d'abonnés dans le
monde) est aujourd'hui un vrai support de communication pour les marques. Le
premier réseau social mondial offre à la fois de la
visibilité sur le site pour les marques (publicité, groupe, fan
page, causes, événement, Facebook ConnectÉ) et il permet
de recruter par la recommandation (lorsqu'un contact adhère
auprès du groupe d'une marque, ses contacts en sont avertis, et peuvent
être invités à rejoindre le groupe). Mais de plus en plus
Facebook permet de créer le buzz à part entière,
principalement à l'aide de l'outil « application ». Cet outil
permet aux marques de
18
http://www.youtube.com/watch?v=N_f2bA8ZaIo
créer gratuitement des applications (sorte de jeux
social sur le site) auxquels les utilisateurs participent et invitent leurs
amis. Un bon exemple de buzz réalisé par l'outil «
application » de Facebook, est celui de la marque de fastfood Burger King
pour son sandwich le Whopper. L'application s'appelle « Whopper sacrifice
» et les utilisateurs doivent répondre à la question «
Un whopper vaut t'il 10 de vos amis ? », ils sont ensuite invités
à choisir 10 de leurs amis contre lesquels ils sont prêts à
échanger un Whopper. Ils éliminent ainsi 10 contacts de leur
liste d'amis et reçoivent un coupon valable à échanger
dans un Burger King contre un Whopper. Les amis reçoivent ensuite une
notification les informant qu'on leur a préféré un
Whopper. Autre outil développé récemment par Facebook et
offrant une bonne visibilité sur le site aux marques, l'outil Facebook
Connect. Il s'agit pour les sites de proposer une interface de connexion avec
le réseau social. Concrètement, l'utilisateur d'un site sur
lequel il faut s'enregistrer peut y accéder en entrant son nom et mot de
passe Facebook. Cela permet de recruter plus facilement (les internautes sont
souvent découragés par les nombreuses formes à remplir),
et d'être visible sur Facebook (l'accès de l'internaute au site
sera visible dans son actualité sur le réseau social).
2.2.2.9. Les plateformes facilitant la diffusion du buzz
Les plateformes de mise en relation entre marques et
blogueurs. Ces plateformes sont essentiellement crées par des agences de
buzz, qui souhaitent faciliter les contacts entre les marques et les
internautes influents. Le brief de la marque ou les éléments du
buzz sont mis en ligne, les blogueurs ont à leur disposition des outils
pour faciliter la diffusion de ces informations sur leur blog et ils sont
mêmes invités à tester des produits en
avant-première. Les plus connues sont BuzzParadise du groupe de
communication Vanksen Group, ou encore BlogBand de l'agence Publicis.
Portails de diffusion de liens. Certains sites portails comme
Digg aux Etats-Unis ou Fuzz en France (qui n'existe plus aujourd'hui)
permettent aux internautes inscrits de proposer leurs liens, qui seront ensuite
soumis aux votes des autres internautes. Les liens ayant reçus le plus
de votes sont alors visibles sur la page d'accueil du site. Cela offre donc de
nouvelles possibilités pour créer du trafic sur un site.
2.2.3. Surveiller les nouveautés
Le buzz se nourrit des évolutions d'Internet et de ses
nouveaux outils. Le développement de nouveaux outils est à
surveiller de prêt, pour créer un bon buzz il faut souvent
être le premier à se saisir d'une nouveauté.
2.2.3.1. Les derniers buzzs innovants
L'objectif est ici d'énumérer les derniers buzzs
innovants, parce qu'ils ont su soit utiliser des nouveautés
technologiques, ou parce qu'ils ont su surfer sur un outil auquel personne
n'avait pensé.
Application via l'I-phone. L'I-phone d'Apple a connu un vrai
succès
dès sa sortie, il compte aujourd'hui près d'un
million d'utilisateurs en France. Il est le gadget que tous les fans de
technologies doivent avoir. Il se caractérise par son interface web
très bien développée, permettant de surfer sur la toile
comme sur un ordinateur. Il est donc normal que des stratégies de
communication développent des applications web-I-phone. Ces applications
via l'I-phone permettent de toucher un public précis : technophile,
essentiellement masculin, urbain, et adeptes de la marque Apple (qui fonctionne
en vraie communauté). Pour communiquer via ce produit il existe deux
types d'applications : soit proposer une expérience utile (nous nous
adressons à des internautes mobiles) de type géo-localisation
(comme la RATP qui propose une application annonçant les perturbations
et l'état du trafic) ou offrir une expérience ludique maximisant
l'approche tactile du produit (comme Van's qui a développé une
application ou à l'aide du « glissé de doigts »
l'utilisateur fait évoluer un skatteur).
Vidéo clip sous Excel pour ACDC. Derrière cette
opération étonnante ne se cache pas la direction marketing du
groupe de rock mais un fan du groupe. Il a tout simplement recréé
un clip du groupe, entièrement sous Excel. Ce travail colossal offre un
résultat étonnant, et a bien fait parlé sur la toile. Cela
montre d'une part l'intérêt d'avoir une communauté de fans
autour de la marque pour la création de contenu, et également que
ce ne sont pas forcément les outils novateurs qui créent le buzz
mais bien l'utilisation qu'on en fait19.
Mac et PC, une guerre buzzée. Les deux marques
d'ordinateurs se sont livrées une belle bataille depuis 2006. Tout
commence avec un clip vidéo de Mac « Get a Mac », ridiculisant
le PC, présenté comme un personnage quinquagénaire
ringard. Pc y répond, et la bataille commence. Ce buzz est original car
on voit deux marques s'affronter, à coup de clips, de sites
dédiés, de star stratégie, et surtout parce que les
internautes s'y sont vraiment impliqués, créant leurs propres
vidéo clips.
Obama, et la politique devient buzz. La campagne d'Obama est
la première campagne politique à avoir intégrer autant
d'outils sociaux. Son succès réside principalement dans la forte
implication des internautes, tant et si bien que les frontières entre la
campagne organisée par les militants d'Obama et celles des nombreux
internautes anonymes ont disparu. La campagne s'est organisée sur des
nouveaux outils, comme Twitter (avec 140 000 abonnés au news d'Obama),
Facebook (groupes, fan pages, eventsÉ), des vidéos virales, des
applications i- phone, l'intégration de publicité dans les jeux
vidéos en ligne. La campagne a même repris le
célèbre buzz de la marque Budweiser, « Whassup », en le
transportant 8 ans plus tard20, avec les mêmes personnages,
plongés dans l'actualité difficile, mais voyant un espoir dans
l'élection d'Obama.
19
http://www.youtube.com/watch?v=h9_YkXHCkgA
20
http://www.youtube.com/watch?v=Qq8Uc5BFogE
Le buzz est par nature innovant, car pour faire parler de soi
il faut marquer les esprits. La liste pourrait être longue, et pour ne
pas énumérer à l'infini ces exemples, nous allons
maintenant voir les nouveaux outils qui aujourd'hui offrent de nouvelles
possibilités pour les marques qui veulent buzzer online.
2.2.3.2. Dernières nouveautés
Les widgets. Le widget permet d'accéder à
l'information d'un site à partir du bureau de son ordinateur ou depuis
son mobile, sans être obligé de passer par le site Internet. Cet
outil permet de mettre en avant des informations choisies. Une marque qui uti
lise un widget peut donc s'assurer de diffuser une information qu'elle choisie
à des internautes qui la consulteront forcément. Il existe trois
types de widgets : le widget bureau qui récupère l'info quand
l'internaute se connecte, le widget web qui s'installe sur des sites web, sur
des blogs, sur les « Start Pages » (Netvibes, Igoogle) ou sur les
réseaux sociaux, et le widget mobile (depuis l'Iphone d'Apple, qui offre
une relation permanente grâce au téléphone mobile). Les
widgets offrent de la viralité et passe par la proximité. Mais
pour qu'un internaute adhère à un widget cela implique qu'il est
soit intéressé directement par l'information (cela fonctionne
très bien pour les sites des médias par exemple), soit qu'un
outil « utile » ou ludique est développé sur le widget.
Pour que l'internaute trouve le widget pertinent, il faut que la marque propose
un service à vraie valeur ajoutée. On pourrait par exemple
envisager un widget de traduction de langues développé par une
compagnie aérienne, ou un calculateur de calories
développé par une marque de produits amincissants. Cet outil est
déjà développé par de nombreuses marques, qui
tissent ainsi un lien direct avec leurs internautes. La SNCF propose par
exemple son widget qui permet de consulter rapidement les horaires des trains,
l'état du trafic, et qui permet d'accéder à son espace
fidélité.
Les Web séries. Le web prend de plus en plus de place
dans les loisirs vidéo. Les chaines de télévision l'ont
bien compris et proposent aujourd'hui des sites de rediffusion de leurs
émissions TV (M6 Replay par exemple). Mais depuis quelque temps se
développent de plus en plus sur le net les web séries. Ce sont
des programmes vidéo, de format court et de plusieurs épisodes.
Pour intégrer les web séries dans un dispositif viral il faut les
envisager comme participatives, avec interaction avec le spectateur. On peut
par exemple imaginer l'interaction sur le scénario, des jeux
dérivés de l'univers de la série, des contenus
supplémentaires. Un bon exemple de web série interactive, est la
série « Roommates », sponsorisée par Ford et
diffusée sur le site MyspaceTV en 2007. Les utilisateurs du site
pouvaient agir directement sur le scénario à l'aide de leurs
commentaires. Les web séries sont encore peu exploitées dans les
stratégies de buzz (probablement lié au coût de production
qui n'est pas négligeable) et cela laisse le champ libre aux marques qui
souhaiteraient être créatives avec cet outil.
Les Web TV. Elles ont pour objectif de proposer du contenu
vidéo sur un site dédié. Elles deviennent
intéressantes lorsque les contenus sont en quasi-direct et mis à
jours régulièrement. Cela permet de suivre une actualité
sur une marque ou sur une personnalité dans un format plus dynamique
qu'un blog ou un site web. On notera par exemple le blog de Rachida Dati
proposant des vidéos de la Ministre de la Justice dans son travail.
Cette web TV a été mis en place suite à de nombreuses
vidéos postées sur Internet et portant préjudice à
la ministre. Les vidéos du site restent très formelles
(vidéos de conférence, prise de parole) et ne montre pas
réellement le quotidien de la ministre21. Si une marque
souhaite utiliser la WebTV comme levier de buzz elle se doit de proposer un
contenu fluide, et varié.
Le buzz mobile. Nous l'avons vu avec l'exem ple de l'I-phone,
et celui d'Orange Foot avec Chabal, le buzz s'intègre de plus en plus au
téléphone mobile. Et avec l'évolution des technologies
mobiles toujours de plus en plus performantes, il y a fort à parier que
le buzz prendra de plus en plus possession de nos portables. Le
téléphone permet aujourd'hui de surfer sur Internet, avec des
interfaces de plus en plus proches de celles des ordinateurs, et on peut
aujourd'hui utiliser son téléphone portable pour communiquer via
ses réseaux sociaux, ou pour se partager des vidéos. Nous
étudierons davantage les opportunités du mobile pour le buzz dans
la dernière partie de cette étude.
Les jeux. On trouve dans les nouveautés du secteur des
jeux en ligne de plus en plus d'applications interactives. Les jeux en ligne
à valeur ajoutée sociale (casual game, social games ou mondes
virtuels), sont parmi les outils qui offrent le plus de perspectives pour le
buzz online.
Les agrégateurs. Les agrégateurs ont pour
objectif de regrouper toute la vie d'un internaute sur un seul support. Ils
permettent par exemple de visualiser ce qui se dit sur tous les réseaux
sociaux sur lesquels on est inscrit, à partir d'un seul site. Ces outils
vont se développer et rencontrer plus de succès à mesure
que les outils sociaux sur Internet se développent.
2.3. Contrôle et incontrôle du buzz
Internet offre la possibilité pour les internautes de
s'exprimer. Contrairement à la communication classique où le
consommateur ne peut pas exprimer son ressenti lorsque la campagne lui
déplait, sur Internet les opinions critiques se diffusent très
rapidement et laissent d'autant plus de traces dans les moteurs de recherche.
Mais les bad-buzzs ne sont pas forcément liés à une
campagne de buzz ratée, ils peuvent tout simplement naître des
internautes, ou des concurrents.
21
http://www. min istre-justice.fr/
2.3.1. Le buzz incontrôlable : « le bad buzz
» 2.3.1.1. Les causes d'une campagne de buzz ratée
Les causes d'un bad-buzz sont liées à plusieurs
facteurs. D'une part, cela peut être dû à la nature du
produit. Les internautes doivent pouvoir s'approprier le contenu. Le produit
doit répondre à un besoin du consommateur, apporter quelque chose
de nouveau, soit dans le concept du buzz, soit dans l'application du produit.
Dans la plupart des cas, un mauvais buzz (produit basic, campagne
traditionnelle) n'entraîne pas un bad -buzz, il ne prend simplement pas.
Autre raison pour que le buzz ne prenne pas, les moyens. Il faut veiller
à ne pas réutiliser des outils déjà vus, il faut
inventer et adapter.
Le bad-buzz peut être lié à la nature
d'Internet, qui répond à un mode de fonctionnement
spécifique : les stratégies trop agressives ne fonctionnent pas,
il faut demander l'avis du consommateur et respecter son choix. La mise en
oeuvre du buzz influence également sur son succès. Le buzz ne
fonctionn e pas avec trop d'informations, des messages brouillés. Il
faut veiller à entretenir des relations avec les influents et les
prescripteurs pour qu'ils ne se sentent pas instrumentalisés.
Lorsque l'on s'attaque à une stratégie de buzz
online, il faut être particulièrement vigilent aux retours des
internautes. Sur Internet, les internautes s'exprimeront d'autant plus sur une
campagne qui leur déplait. Il faut donc prendre garde aux
différents ressentis, aux émotions que suscitera la campagne de
buzz. Prenons l'exemple du fournisseur d'électricité Poweo et de
son bad-buzz avec la célébrité Chabal. La marque a voulu
surfer sur l'image du rugbyman en diffusant un clip vidéo animé.
Mais c'était sans réfléchir aux conséquences que
pourraient susciter les images montrées (en l'occurrence Chabal mettant
les doigts dans une prise électrique22). Les internautes se
sont littéralement ligu és contre la campagne, accusant Poweo
d'être irresponsable. En trois jours il y a eu plus de 544 publications
sur la campagne, ce qui a entraîné le retrait du clip.
Il est également essentiel de bien connaître les
internautes que l'on veut cibler. La marque Motrin (médicament
anti-douleur) en a fait l'expérience en voulant cibler les mères
avec une campagne de buzz avec clip vidéo. Le clip parlait de la douleur
que peut causer le fait de porter son bébé en « babywearing
» (porter son bébé en écharpe, sur le dos, en
kangourou...). Le discours était plutôt critique « c'est
à la mode de porter son bébé, ça me fait ressembler
officiellement à une maman, mais qui pense à ma douleur?
»23. Mais la fureur des mamans ne s'est pas fait attendre,
accusant Motrin de ne pas les
22
http://www.youtube.com/watch?v=TzsCzx924AM
23
http://www.youtube.com/watch?v=BmykFKjNpdY&feature=related
comprendre (exemple de commentaire Twitter : « Je ne porte
pas mon bébé comme ça parce que c'est à la mode,
mais parce que j'aime ça ! »).
2.3.1.2. La rumeur
Le buzz tend à s'insérer dans la rumeur. Si l'on
prend la définition de base de la rumeur, elle rejoint le sens du buzz,
puisqu'il s'agit d'un bruit qui court. Mais notre société
perçoit la rumeur comme quelque chose de négatif, de faux,
reprenant des « on-dit », s'apparentant aux ragots. C'est cette
rumeur, dans son aspect négatif, celle qui peut détruire l'image
d'une marque, que nous verrons ici. Il s'agit d'un buzz, puisque ce sont les
internautes qui se l'échangent, et comme l'expliquent Karim B.Stambouli
et Eric Briones, elle peut être élaborée
stratégiquement (ils parlent de rumeur « d'en haut »,
élaborée délibérément pour nuire) ou
être inconsciente et non calculée (rumeur « d'en bas
»).
Le principal outil de diffusion de la rumeur reste le mail. On
y retrouve des alertes au virus, des menaces de suspension de comptes (MSN,
HotmailÉ), des contaminations, etc. Lorsque la marque est
utilisée dans une rumeur c'est souvent pour l'appuyer, dans ce cas elle
fait figure d'autorité. C'est par exemple ce qu'on voit dans les mails
d'alerte au Virus, où Microsoft est souvent utilisé pour appuyer
les faits. La marque peut également être utilisée car elle
fait fantasmer. On verra par exemple des mails ou une marque promet soi-disant
de rémunérer l'internaute pour le nombre de mail qu'il fera
suivre. Mais la marque peut également devenir la figure à
abattre, en étant accusée de quelque chose. Comme Microsoft,
accusé de placer des mouchards dans les ordinateurs, ou la marque
Marlboro de diffuser les initiales du KKK sur ses paquets de cigarettes.
2.3.1.3. Le boycott
Le boycott peut soit venir des consommateurs, mais
également des concurrents d'une marque. Ainsi la chaîne de
café Delocator a fait campagne sur le net contre l'uniformisation des
cafés, afin de nuire au développement massif de son concurrent
Starbuck. La marque d'antivol Kryptonite, a quant à elle fait
l'expérience du boycott d'un internaute, diffusant une vidéo
où il réussissait à déjouer le système
d'antivol de la marque avec un simple stylo24.
Lorsque le boycott vient de l'internaute il est d'autant plus
redoutable que l'internaute fera tout pour diffuser son boycott à
l'ensemble de sa communauté et à rassembler le maximum de
personnes autour de sa cause. Un des premiers exemples de boycott de
consommateurs vis-à-vis d'une marque, celui du site
jeboycottdanone.com,
créé en 2001, contre les licenciements spéculatifs de la
multinationale. Le site avait réussi à rassembler plus de 11 420
signatures de pétitions. Danone portera plainte contre l'éditeur
du site, et après deux ans de procédure le site sera finalement
fermé. Facebook est aujourd'hui un des outils de boycott les plus
efficaces, il permet de rassembler un grand nombre de
24
http://www.youtube.com/watch?v=t8XxcOj3Seo
personnes autour d'une problématique. La banque HSBC en
a fait l'expérience en 2007. Suite à la décision de la
banque de supprimer un prêt à taux zéro pour les
étudiants britanniques, un groupe Facebook s'est créé,
mené par le syndicat étudiant britannique NUS . Rassemblant
plusieurs milliers d'étudiants, la banque a finalement rétabli
son offre initiale.
2.3.1.4. La parodie
La parodie est un puissant outil de bad-buzz. Si les
internautes sont capables de créer des contenus pour soutenir une
campagne virale, ils sont tout aussi capables de le faire pour nuire à
une marque. La parodie est avant tout utilisée par les associations et
les ONG, leur permettant de créer du buzz et de liguer les internautes
autour d'une cause. Le message semble adouci car on est dans le registre
caricatural, mais son effet viral est décuplé. Une des ONG
à utiliser le plus la parodie pour créer du buzz contre les
marques, est Greenpeace. Un des meilleurs exemples est la parodie de la
vidéo virale « Dove onslaught » de la marque
Dove25, le message initial était « Parlez à votre
fille avant que l'industrie de la beauté ne le fasse ». Greenpeace
a répondu au buzz de Dove en créant son propre buzz, avec une
vidéo reprenant les éléments de la vidéo de Dove
mais avec le slogan «Parlez à Dove avant qu'il ne soit trop
tard», faisant référence à la déforestation en
Amazonie26. Cela montre que lorsqu'un buzz a du succès, il
prend d'autant plus le risque d'être parodié. Être
parodié peut à la fois entrainer des retombées
négatives, mais c'est aussi la preuve du succès de la campagne.
Un bon exemple de vidéo virale parodiée un grand nombre de fois,
il s'agit du clip de Dove « Evolution ». Le clip initial montre
comment à l'aide de retouches
27
Photoshop et de maquillage n'importe quelle femme peut devenir
magnifique . Le clip a été parodié avec « Slob
evolution » où l'on voit un jeune homme
28
devenir de plus en plus grossier à force de malbouffe,
d'alcool et de cigarettes . Enfin ce même clip a été une
nouvelle fois repris par le producteur de poulet Foster Farms29,
où le personnage central est cette fois un poulet.
25
http://www.youtube.com/watch?v=Ei6JvK0W60I
26
http://www.youtube.com/watch?v=od
I7pQFyjso&feature=related
27
http://www.youtube.com/watch?v=iYhCn0jf46U
28
http://www.dailymotion.com/video/xsc6g_dove-evol
ution-la-reponse-slob-evol_ads
29
http://www.dailymotion.com/video/x4nvst_fresh-chicken-dove-evolution-parody_ads
2.3.2. Contrôler mon buzz
En cas de bad buzz, quelles stratégies adopter? 2.3.2.1.
Reconnaître ses erreurs
Lorsqu'une marque ne contrôle plus les conversations qui
ont lieu à son sujet entre internautes, il est important de
synthétiser et de comprendre ce flux de paroles. Pourquoi me
critique-t'on ? Quelles sont les différentes opinions ? Que me
reproche-t'on ? Quelle est la proportion du « bad-buzz » (Blogs,
réseaux sociaux, moteurs de recherche...) ? Il est important d'analyser
rapidement ces éléments pour adopter la bonne stratégie
tout aussi rapidement. Lorsque les internautes se déchaînent sur
une marque négativement il est important de reconnaître ses tords.
Entrer dans le débat est une stratégie trop compliquée
à mettre en oeuvre, et qui ne fera pas redescendre le bad-buzz, au
contraire. Entrer dans la polémique, c'est le risque de donner un second
souffle au bad - buzz. Les internautes sont énervés, il faut
reconnaître ses erreurs, et présenter ses excuses si les esprits
ont été choqués.
2.3.2.2. Engager le dialogue
Il faut veiller à engager le dialogue avec les
différents publics qui ont été touchés par le
bad-buzz. Si un blogueur publie de nombreux articles critiquant la marque,
c'est donc précisément avec cette personne qu'il faut engager le
dialogue. Pour répondre à un bad-buzz il vaut mieux
privilégier le dialogue officiel, avec un représentant direct de
la marque (directeur marketing, manager...). Il faut soigner ces
échanges, car un mail de réponse à un blogueur aura de
fortes chances d'être publié sur le dit blog. Il faut
également penser à ouvrir la discussion, en proposant de
répondre aux questions, voir en dédiant une interface web au
problème.
2.3.2.3. Nettoyer les traces laissées sur Internet
Encore une fois la veille d'opinion est essentielle pour
sortir d'un mauvais buzz. Et sortir d'un mauvais buzz implique un long travail
de « nettoyage », et de renforcement sur les moteurs de recherche.
2.3.2.4. Démentir une rumeur
Le démenti peut être une solution en cas de
rumeur fausse. D'autant plus que le droit de réponse existe sur
Internet. Il faut simplement savoir que le démenti intéressera
moins les internautes que la rumeur, et qu'il ne sera donc pas propagé
avec le même entrain. Il peut même avoir un effet contre-productif,
à savoir parler de la rumeur à ceux qui n'en avaient pas entendu
parler. Il faut donc agir immédiatement pour un démenti, avant
que la rumeur ne prenne trop d'ampleur. Il doit également avoir une
forme officielle, incontestable (exprimé par les officiels de la
société) et doit pouvoir délivrer une contre
information
d'intérêt, voir se transformer en campagne pour
contrer les rumeurs. C'est par exemple ce qu'a fait McDonalds avec sa campagne
sur sa viande de qualité.
Notons qu'il existe aujourd'hui des sites qui permettent de
vérifier les rumeurs, comme les sites
Snopes.com ou
Hoaxbuster.com.
Dans le cas de certaines rumeurs, le démenti n'est pas
la solution. Il vaut parfois mieux garder le silence et laisser la rumeur
s'éteindre d'elle-même. Cette technique du silence est
recommandée dans le cadre de rumeurs vraiment absurdes, qui sont trop
« grosses » pour êtres vraies. C'est par exemple le cas d'une
rumeur qui a frappé Euro Disney, où l'on racontait que des
enfants du parc étaient enlevés dans le cadre d'un vaste trafic
d'organes. Euro Disney n'a pas souhaité s'exprimer sur le sujet et la
rumeur s'est épuisée d'elle-même.
2.3.2.5. Retourner le bad-buzz positivement
Certaines marques arrivent à tirer profit d'un
bad-buzz. Il peut être l'occasion d'engager un dialogue transparent avec
les internautes et d'améliorer les produits. Pour cela la marque doit
créer des supports de dialogue (création d'un site de crise par
exemple), cela afin de canaliser les expressions des internautes et d'y
répondre directement. Autre exemple de retournement de buzz,
envisagé cette fois comme une campagne de buzz à part
entière, celle de la marque EA Sports. Un utilisateur de Youtube,
levinator25, poste en août 2007 une vidéo montrant un bug dans le
jeu vidéo Tiger Woods PGA Tour. On y voit Tiger Woods (qui prête
son image pour le jeu) marchant sur l'eau. L'internaute s'en moque et appelle
ironiquement le bug le « Jesus Shot ». La marque fait très
fort, en répondant en 2008 à cette vidéo. Elle lance alors
une vidéo où Tiger Woods marche réellement sur l'eau. La
marque a réussi à reprendre ce bad-buzz et à le
30
tourner à son avantage, la vidéo de réponse
remportera un énorme succès et sera vue plus de 2 millions de
fois sur Youtube.
30
http://www.youtube.com/watch?v=FZ1st1Vw2kY
3.
Le buzz online, quelles
limites?
3.1 Les controverses
3.1.1. Les limites du marketing collaboratif
Un buzz qui ne touche pas tout le monde ? On peut s'interroger
sur les usages d'Internet, est-ce que tout le monde est vraiment
concerné ? Il y a quelques années encore Internet était
utilisé principalement par les 15-20 ans. En 1998, les 12-24 ans
représentaient 28% des internautes alors que les plus de 50 ans ne
représentaient que 15%. Aujourd'hui les usages ont changé et
Internet est un vrai média de masse qui touche toute la population.
Profil des interna utes
|
2008
|
Hommes
|
52%
|
Femmes
|
48%
|
15-20 ans
|
12%
|
21-24 ans
|
11%
|
25-34 ans
|
24%
|
35-49 ans
|
30%
|
50 ans et plus
|
24%
|
Région Parisienne
|
20%
|
Province
|
80%
|
CSP+
|
36%
|
CSP-
|
31%
|
Inactifs
|
33%
|
L'identité des internautes français,
étude 2008, EBG
Ce tableau nous montre qu'Internet cible toute la population,
sans distinction d'âge, de lieu de résidence, ni de
catégories socioprofessionnelle.
Nous l'avons vu au début de cette étude, les
sites les plus visités en France sont des médias sociaux, ils
sont des outils pour la propagation du buzz car ils facilitent l'échange
d'informations entre internautes. L'utilisation des médias sociaux n'est
donc pas réservée à une cible particulièrement
jeune, comme on pourrait le croire. L'utilisation de Facebook, de Wikipedia ou
de MSN concerne bien l'ensemble des internautes. Sur Facebook par exemple la
catégorie
démographique qui connaît la plus forte croissance
est celle des femmes de 55 ans et plus.
Le risque de ne pas être pris au sérieux? Le buzz
s'appuie sur le levier ludique et l'interaction avec les internautes pour faire
parler. Il faut noter que cela peut entrainer le risque de ne pas être
pris au sérieux. Prenons l'exemple de la firme Hasbro qui proposait pour
sa prochaine version du jeu Monopoly de remplacer le nom des rues par des
villes de France. Les internautes étaient invités à voter
pour leur ville sur Internet. Le buzz s'est lancé avec des internautes
appelant à voter pour la ville de « Montcuq ». Cet exemple
illustre, que lorsque le marketing collaboratif n'est pas en adéquation
avec les aspirations du consommateur il détourne le produit. Autre
exemple de buzz détourné par les internautes, celui de la marque
de bonbons Skittles. Skittles a mis en ligne un site annonçant publier
tous les commentaires Twitter avec le mot Skittles. La marque a rapidement du
fermer le site car les internautes s'amusaient à écrire des
insultes avec le mot Skittles. Cela nous montre les limites du marketing
collaboratif. En donnant trop de pouvoir à l'internaute, il s'approprie
le buzz à sa façon. Il est nécessaire de cadrer le buzz
pour qu'il reste dans les objectifs de communication de la marque. Il faut donc
mettre en place des modérateurs avant toute publication officielle
reprenant les créations d'internautes.
3.1.2. Quelle déontologie?
Il n'existe pas de déontologie à proprement
parler sur Internet. On parle de « nétiquette », mais ce sont
des règles qui sont définies par les internautes. Concernant le
buzz, il faut savoir se détacher du côté « spam »
de la publicité traditionnelle. C'est l'internaute qui choisit de
relayer le buzz, ou pas. Une campagne d'e-mailing n'aura pas d'impact si elle
ne vient pas d'une démarche volontaire de l'individu (je choisis de
m'abonner à telle newsletter parce que le sujet m'intéresse, par
contre j'efface automatiquement, sans l'ouvrir, un e -mail publicitaire qui ne
correspond pas à mes centres d'intérêts). Il faut vraiment
faire attention aux campagnes de spamming qui sont très mal vues. Elles
peuvent même se retourner contre la marque et engendrer des campagnes de
dénigrement, propager des rumeurs, et faire naître des parodies de
la marque...
3.1.2.1. Payer les e-influents
Aujourd'hui les billets sponsorisés font naître
le débat sur la toile. Un blogueur peut-il être
rémunéré pour écrire sur une marque ? Le
débat vient du fait que les blogs, contrairement aux médias
traditionnels, sont indépendants et reflètent à la base le
point de vue d'un individu. C'est là-dessus que repose le crédit
du blogueur. Il choisit à la base de parler d'un nouveau produit, ou
d'une marque parce qu'elle a réussi à capter son attention par
ses qualités, sa nouveauté, etc. C'est ce qui plait tant aux
internautes, ils y trouvent l'avis d'un consommateur, comme eux. Les
réfractaires à la rémunération des internautes
estiment que cela remet en cause la sincérité des influenceurs,
et la légitimité du buzz.
Et pourtant les billets sponsorisés se répandent
de plus en plus. Une autre partie du débat réside dans le fait
que ce sont les blogueurs qui choisissent d'inscrire (ou pas) la mention «
billet sponsorisé » au début ou à la fin de leur
post. Dans le cas où la mention est présente cela reste dans la
logique d'honnêteté et de transparence : le blogueur avoue qu'il
est rémunéré. Même s'il n'existe pas de
législation dans ce domaine, les agences de buzz qui
rémunèrent les bloggeurs pour des billets sponsorisés, ont
imposé la présence de la mention « billet sponsorisé
». Il s'agit donc d'autorégulation. Mais dans le cas où le
blogueur est contacté directement par la marque, c'est lui seul qui
choisit d'inscrire la mention. Tout dépend du degré de
transparence qu'il veut entretenir avec ses lecteurs, au risque de perdre son
lectorat s'il manque d'honnêteté.
Les relations entre marques et blogueurs ressemblent aux
relations publiques. Ce n'est pas toujours avec la rémunération
qu'une marque pousse le blogueur à parler, toutes sortes d'avantages
peuvent exister. Comme dans les relations publiques, un évènement
spécial, un cadeau, un voyage, peuvent influencer le blogueur. Remettre
en cause ces relations reviendrait à nier toutes les relations qui
existent dans les stratégies d'influence traditionnelles.
3.1.3. Quelle morale dans le buzz?
Parce que le buzz doit marquer les esprits, les outils
utilisés peuvent parfois être à la limite de la morale.
Pour choquer, tous les moyens sont bons... Explications.
3.1.3.1. Choquer par le gore
Certaines marques pour marquer les esprits n'hésitent
pas à employer des moyens répugnants, à la limite du
supportable. C'est par exemple ce qu'a fait le film « Blair Witch Project
», en reprenant et diffusant des moments d'agonie. Ce type de
procédé fonctionne bien auprès d'une cible plutôt
jeune, qui prend plaisir à s'échanger des vidéos dans un
registre d'horreur. Mais cela ne fonctionne pas toujours. Samsung en a fait
l'expérience dans une opération par l'agence Buzzman sur les
blogueurs influents. Les blogueurs recevaient pendant plusieurs jours des colis
intitulés « pièce à conviction numéro 1
», « numéro 2 », etc. Jusqu'au jour de la
révélation où ils se sont vus recevoir un colis avec un
morceau de vache. Littéralement. Un blogueur a reçu une oreille,
un autre la queue... À la suite de l'opération, l'ensemble des
blogueurs ont écrit, soulevant la question des limites éthiques
pour le buzz. Bien que les retombées n'aient pas été
positives, cela a eu le mérite de faire parler. Et peut être que
c'était là le seul objectif de la marque.
3.1.3.2. Le mensonge
Lorsque l'on parle de mensonge dans le buzz on pense par
exemple aux films viraux gossip, qui prétendent diffuser du vrai, pour
lancer la rumeur. C'est par exemple ce qu'à fait le groupe de musique
britannique « Get out clause », en prétendant tourner son
dernier clip uniquement avec des caméras de vidéo
surveillance par manque de budget. Le buzz a été
un succès, mais le concept n'en était pas un, puisque l'objectif
était simplement de faire parler de soi, et le clip ne faisait que
donner l'illusion d'être tourné avec des caméras de
vidéo surveillance, le tout étant en fait parfaitement
calculé.
Autre type de « mensonge » pour le buzz, il s'agit
de dénigrer une campagne de buzz. C'est par exemple le cas de Puma avec
une campagne d'affichage (visible sur le net) mettant en scène
différents modèles de chaussures Puma dans des situations
audacieuses, voir porno-chic. La campagne est très bien
réalisée, déclinée avec différents
modèles, et pourtant Puma ne reconnait pas la campagne et promet
même de faire un procès à quiconque publiera les affiches.
C'est suffisant pour lancer le buzz. Aimant briser les interdits, les
internautes s'échangent les affiches qui deviennent cultes.
Les faux blogs. Ils sont dans le registre du buzz mensonger.
Les blogs d'internautes sont aujourd'hui de vraies opportunités pour une
marque d'être citée. Ils peuvent bien sur être réels,
écrits par des internautes, ou des outils stratégiques du buzz,
qui imitent le discours de l'internaute avec pour objectif de présenter
une marque sous un bon angle. C'est par exemple ce qu'a fait la marque Sony en
lançant fin 2006 «
alliwantforxmasisapsp.com
», un site créé soit disant par deux fans japonais. La
marque reconnaîtra finalement qu'elle est derrière le blog. Autre
exemple, celui de Wal-Mart, avec le blog de deux blogueurs parcourant les Etats
Unis et à qui Wal-Mart accorde le droit de stationner gratuitement. On y
retrouve de nombreux dialogues avec les employés, tous très ravis
de leurs conditions de travail. Ce type de faux-blogs est à
éviter. Lorsque le discours sur la marque est trop élogieux les
in ternaute s se rendent vite compte de la supercherie, d'autant plus si le
discours n'est pas en adéquation avec la réalité. Le
risque est d'obtenir l'effet inverse que celui souhaité, et de se voir
rejeté par les internautes.
3.1.3.3. Le viral média
Le viral média consiste à se faire passer pour
un e-influent et investir les communautés pour diffuser le discours de
la marque (cette stratégie se pense à long terme car il faut de
l'ancienneté pour avoir du crédit, les internautes sont
méfiants). Il faut créer une identité à part
entière au personnage et faire des recommandations positives
vis-à-vis de la marque. Ce type de communication est
déconseillé et de plus en plus surveillé, notamment sur
les forums à succès.
3.1.3.4. Les risques
Dans un système où les relations se basent sur
la confiance, il est fortement déconseillé d'adopter des
stratégies de buzz mensongères. Une fois la vérité
découverte, il sera très difficile de se débarrasser de la
mauvaise image acquise. Les risques sont trop élevés par rapport
à ce que la marque a à gagner en retombées positives.
Concernant le fait de créer le buzz sur un sujet
choquant, tabou, la marque doit faire attention à l'image qu'elle veut
donner d'elle. Elle prend le risque d'être rejetée. On peut se
demande r si l'objectif est avant tout de faire parler de soi, que ce soit en
bien ou en mal. Une stratégie de buzz sur un sujet polémique peut
s'envisager si la marque est capable de justifier ses choix. Dans tous les cas
un sujet tabou ou choquant soulèvera le débat et la marque se
verra demander des comptes. Si elle est capable de justifier ses choix
stratégiques, de trouver les bons arguments, alors passée la
phase de polémiques, le buzz « choquant » pourra entrainer des
retombées positives. Prenons l'exemple de la marque Simyo, même
s'il ne s'agit pas à la base d'une campagne de buzz online. Le fait de
choisir un malade atteint de trisomie dans son clip publicitaire a
soulevé la fureur de bon nombre de personnes. Et pourtant la marque a su
justifier son choix, avec en plus le soutient des associations soutenant les
malades atteints de trisomie. Simyo s'est dit vouloir mettre en avant ces
malades, en les intégrant là où ils ne sont habituellement
pas présents. La polémique autour du buzz est rapidement
retombée et Simyo a gagné une image de marque favorisant
l'intégration des individus exclus.
3.2. Notions juridiques
Même si dans la pratique les lois concernant le buzz
sont floues et peu respectées, une marque qui souhaite communiquer via
le buzz doit respecter un certain nombre de règles. Ces
impératifs peuvent sembler nuire aux objectifs de la stratégie de
buzz (créer la surprise, soulever le questionnement, etc.), mais ils
correspondent également à l'éthique générale
du Web 2.0, à savoir des relations transparentes, basées sur la
loyauté. Un cadre législatif n'empêche néanmoins pas
la liberté de création du buzz.
3.2.1. Le buzz se propage par les internautes et non par la
marque
Si la marque transmet directement le buzz aux internautes cela
est considéré comme de la p rospection. Cela requiert le
consentement de la personne physique contactée. C'est pour cela qu'il
est important de faire en sortes que ce soit les internautes qui se partagent
le buzz. Cela est établi par l'article L.34-5 du Code des Postes et des
Communications Electroniques et concerne les prospections directes par
automates d'appel (téléphone, SMS, MMS, Bluetooth, Wifi,
télécopieur ou courrier électronique) où les
coordonnés d'une personne physique ont été utilisés
sans son consentement préalable.
Concrètement, lors de la création d'un site
Internet viral, deux types de techniques sont envisageables pour propager le
buzz.
D'une part demander au visiteur de diffuser le message via un
formulaire de contact ou il entre l'email de ses amis. Dans ce cas, la
démarche est considérée
comme de la prospection commerciale sans consentement
préalable et condamnable par l'article L34-5. Cette méthode est
donc à proscrire.
D'autre part on peut laisser le visiteur transmettre
directement le message à ses contacts, via sa propre messagerie
électronique ou sur un réseau social. Cette solution offre
d'avantage de sécurité d'un point de vue juridique même si
la marque y perd en contrôle de la diffusion et n'aura pas l'avantage de
se constituer une base de données de clients potentiels.
3.2.2. Identification claire de l'annonceur
L'article L121-1 du code de la consommation et plus
précisément l'alinéa I 3 stipule qu'une « pratique
commerciale est trompeuse si elle est commise dans l'une des circonstances
suivantes (É) Lorsque la personne pour le compte de laquelle elle est
mise en oeuvre n'est pas clairement identifiable ». Cela implique que
l'annonceur soit clairement identifiable dans une campagne virale.
3.2.3. Identifier clairement la publicité
L'article 20 de la loi LCEN qui régit la communication
en ligne indique qu'une publicité « sous quelque forme que ce soit,
accessible par un service de communication au public en ligne, doit pouvoir
être clairement identifiée comme telle ». Cela implique que
le support doit être identifié comme publicité, soit par
son contenu même ou s'il n'est pas identifiable immédiatement,
qu'il faille indiquer de façon obligatoire la mention «
publicité ». Il s'agit d'éviter pour l'internaute la
confusion entre promotionnel et informationnel.
Cela implique également que suivant le produit ou le
service présenté il faille inscrire d'autres mentions
légales (pour les médicaments, les crédits, etc.) propres
au Code de la Consommation.
3.2.4. Et l'UGC?
On peut se demander si la mention obligatoire «
publicité » s'applique également aux contenus
créés par les internautes. Ces vidéos sont en effet faites
avec le soutien de la marque mais sans son contrôle. Mais à
priori, tant que ces supports ne sont pas utilisés directement par la
marque pour sa publicité, il ne s'agit pas de pratique commerciale et
aucune mention obligatoire ne doit y figurer.
3.2.5. Lois à respecter lors de la création
d'un site Internet
L'éditeur d'un site Internet doit faire figurer
certaines mentions, notamment sur le nom du directeur ou du responsable de
publication, l'identité de l'hébergeur, sa dénomination et
raison sociale, son siège social, son numéro de
téléphone, son numéro d'inscription au RCS ou au
répertoire des métiers, ainsi que son capital social. Même
si inscr ire de telles informations peut sembler nuire à la
stratégie du buzz (dans le cadre d'un teasing, où
l'identité ne doit pas être
révélée immédiatement), ne pas les
inscrire rend l'éditeur passible de sanctions pénales.
3.2.6. De la publicité ciblée, oui, mais avec
l'accord de l'internaute
La publicité comportementale, qui vise à offrir
des contenus publicitaires en adéquation avec les sites que l'internaute
visite habituellement, ou en concordance avec son identité, implique que
des données à caractères personnelles sont
exploitées. La loi du 6 janvier 1978 sur l'informatique, les fichiers et
les libertés, stipule que le consentement de l'internaute ciblé
est requis (rappelé par les 27 « CNIL » Européennes
dans l'avis du 4 Avril 2008).
3.2.7. Droit de réponse sur Internet
Depuis le décret du 24 octobre 2007, le droit de
réponse en ligne peut avoir lieu ; Il concerne les personnes physiques
et morales, et doit être exercé dans un délai de 3 mois
à compter de la mise en ligne de l'article litigieux. Il ne s'applique
cependant qu'aux sites Internet, dans les blogs ou forum de discussion il est
estimé que la personne mise en cause peut intervenir directement.
3.2.8. Quelles responsabilités avec le Web 2.0?
Il n'est pas évident de connaître qui est
réellement condamnable avec le Web 2.0 et notamment sur les sites
communautaires. Est-ce les internautes? L'hébergeur?
L'éditeur?
Myspace et Fuzz ont tous deux été
condamnés dans deux affaires, car les deux sites ont été
jugés responsables des contenus postés par leurs internautes sur
leur site. La jurisprudence tend donc à tenir les hébergeurs et
éditeurs de vérifier les informations de leurs internautes avant
leur mise en ligne.
Les risques juridiques liés aux campagnes de buzz ou
à toute stratégie de communication sur le web d'aujourd'hui,
prennent de plus en plus de sens. Toute marque qui souhaite utiliser les
techniques du buzz, des m édias sociaux en toute sécurité
se doit donc de mettre en place des chartes, ou des conditions d'utilisation et
de participation afin de se protéger de tous risques juridiques.
3.3. Vers un buzz online noyé dans le bruit
3.3.1. Pourquoi les internautes s'entourent du buzz (encore
plus de bruit)
Alors que les publicités traditionnelles ont de moins
en moins d'impact, que le consommateur se sent « harcelé » par
cette surabondance de messages, comment expliquer qu'il cherche à
s'entourer de buzz ? Au final, le buzz est un message publicitaire, et pourtant
il est plébiscité par l'internaute. Quelles
différences?
Contrairement aux publicités traditionnelles qui
interrompent le consommateur pour lui déverser un message, le buzz
n'inflige rien à l'internaute. C'est l'internaute qui choisit de
véhiculer le buzz. Il est placé sur le même pied
d'égalité que la marque. De plus, le buzz n'hésite pas
à se lier avec l'internaute contre la publicité, ou contre les
marques. Cela crée de la connivence avec l'internaute. C'est par exemple
ce qu'a fait Greenpeace avec une interface sur un de ses sites
dénonçant automobiles 31
la publicité mensongère des construct eurs .
Le site invite par exemple les internautes à voter pour la
publicité la plus mensongère.
Dans la publicité classique, en plus de subir le
message, le consommateur se retrouve interrompu dans son activité, et ne
gagne rien d'utile, il perd son temps. Avec le buzz, le consommateur devient
gagnant. Il conforte sa réputation auprès de ses amis en
diffusant une idée intéressante.
D'autre part, il y a actuellement un effet de starification
autour des personnalités du buzz. Que ce soit envers ceux qui le
créent (Michael Vendetta, Remi Gaillard...) ou ceux qui le diffusent
(Deedee ou Darkplanneur en France, Salam Pax ou Robert Scoble à
l'étranger). Les medias prennent plaisir à analyser les buzzs du
moment, et les initiateurs deviennent des champions anonymes de l'influence.
3.3.2. Motivations de l'individu à relayer le
buzz
Karim B.Stambouli et Eric Briones ont défini trois
grandes logiques qui poussent l'individu à relayer le buzz. Il s'agit de
besoins qui justifient l'envie de partager la nouveauté avec ses
contacts. Pour prendre, le buzz devra donc s'appuyer sur ses besoins et y
apporter une réponse.
Les besoins psychologiques. Il s'agit soit de relâcher
un stress (témoignage de ses malheurs, recherche de compassion), de
nuire (par rapport à la société ou par rapport à
une marque), ou cela s'explique par logique sociale (communiquer est
indispensable dans la société), pour créer du lien avec
les autres (raviver des liens avec les membres de ma communauté).
Les besoins statutaires, afin de c onstruire, consolider son
statut. Cela s'illustre par le besoin de challenger ses amis autour de jeux, et
de les renvoyer à la communauté pour montrer sa réussite
(le principe des social games), pour exprimer sa personnalité (exprimer
les différentes nuances de sa personnalité en partageant les
choses que j'apprécie), pour lancer un scoop (devenir leader dans ma
communauté en diffusant des informations exclusives. C'est ce levier qui
touche le plus les leaders d'opinion), ou encore pour imiter la tendance.
Les besoins économiques, ils ne sont pas à
négliger et concernent une certaine catégorie de personnes. Cela
peut soit être de la rémunération directe (pour les
31
http://www.greenpeace.org/france/voitures/
e-arrivistes), soit une bonne affaire que l'internaute fera
bénéficier à l'ensemble de sa communauté, ou encore
des relations win-win (sous forme de parrainage où l'internaute gagne
des avantages à parrainer ses amis).
3.3.3. Les limites du buzz
Le buzz n'est pas l'outil miraculeux pour s'assurer la
notoriété. Comme tous les outils de communications, il
possède ses limites.
3.3.3.1. Le coût
Alors qu'il y a quelques années se lancer dans une
campagne de buzz ne coûtait pas grand-chose (les internautes
étaient plus captifs car il y avait peu d'initiatives), aujourd'hui,
contrairement à ce qu'on pourrait penser, les tarifs d'une campagne de
buzz sont élevés. Pour capter l'attention il faut y mettre les
moyens. Aujourd'hui, seuls 15% des campagnes virales motiveraient les
consommateurs à faire passer l'information.
3.3.3.2. Des résultats difficilement mesurables
Alors que les annonceurs sont de plus en plus exigeants en
termes de ROI (retours sur investissement), et qu'on pense souvent que sur
Internet tout est mesurable, il n'en va pas ainsi pour le buzz. Le buzz
fonctionne avec une part d'incertitude, en laissant le consommateur agir on
perd en contrôle. Par rapport aux médias traditionnels le buzz est
plus difficilement mesurable.
3.3.3.3. Un faible transfert entre les
générations
On constate que le buzz s'échange plus facilement entre
amis qu'entre membres d'une même famille, surtout entre les
différentes générations. Certains nouveaux outils
développent peu à peu les liens entre membres d'une même
famille (réseaux sociaux dédiés à la famille comme
Famster, Famibook ou Viafamilia, et les groupes Facebook Famille par exemple),
et comme le buzz cible souvent une catégorie d'âge
spécifique, ce phénomène ne nuit pas directement à
la réussite d'une campagne virale.
3.3.3.4. Le produit
On constate que la réussite d'une campagne de buzz est
intimement lié à la qualité du produit. Si le produit
apporte quelque chose de véritablement nouveau, alors il a les atouts
pour créer du buzz. Par contre si le produit est défectueux, ou
s'il entraîne de la déception par rapport à la promesse,
alors il y a fort à parier que le buzz ne prendra pas. Faire une
campagne de buzz pour un produit qui n'en vaut pas la peine est même
risqué. Les internautes ne se contentent pas de répéter le
discours de la marque, ils émettent leurs propres avis. Nous l'avons vu,
si les internautes s'expriment de façon négative le buzz peut
vite se transformer en bad-buzz. Lorsque le produit en soi n'apporte rien de
nouveau, le buzz peut permettre de créer un univers particulier autour
du
produit. C'est grâce à cet univers créatif
que le produit sera original. C'est ainsi que la marque de bière
Budweiser a créé son buzz, nullement grâce à un
produit innovant, mais grâce à un univers décalé.
3.3.3.5. Trop d'ampleur
Aussi incroyable que cela puisse paraître, un buzz qui
remporte un trop grand succès entraîne des risques. Il faut
être capable de faire face à la réussite du buzz. Cela en
étant capable d'accueillir un nombre très important de visiteurs
sur un site qui reçoit habituellement peu de visites par exemple, ou
encore en répondant aux sollicitations des internautes, aussi nombreuses
soit-elles. L'idéal étant de bien cibler la communauté
à qui le buzz doit être transmis, et de ne pas se lancer dans des
campagnes de buzz massives, sans ciblage.
3.3.4. Le buzz entraine t'il le recul de la
société?
3.3.4.1. La vision pessimiste d'Andrew Keen
Andrew Keen dans son livre « Le culte de l'amateur»
nous montre qu'Internet n'apporte rien de positif à notre
société. L'objectif ici n'est pas de savoir si le buzz a des
effets positifs ou négatifs sur notre société, l'opinion
d'Andrew Keen ne correspondant d'ailleurs pas au point de vue
développé ici. Mais son analyse propose une vision pessimiste de
l'avenir, liée à Internet, et qu'il paraît
intéressant d'analyser pour répondre aux objectifs de cette
étude .
Adieu culture. Ce que dénonce Andrew Keen c'est le
culte de l'amateur sur Internet. Le fait que des individus quelconques
s'expriment sur tous les sujets entraîne le recul de notre
société. Ce ne sont plus les professionnels qui créent le
contenu du savoir de l'humanité mais l'ensemble des anonymes.
Le culte de l'amateur. Keen décrit également le
besoin insatiable d'attentions qui caractérise les médias
sociaux. Internet n'est pas utilisé pour s'informer ou se cultiver mais
pour se mettre soi-même en sujet d'information. C'est d'ailleurs le
slogan de Youtube : « Broadcast yourself ».
Les blogs sources de confusion. Pour Keen les blogs qui sont
de plus en plus nombreux entraînent la confusion. Ils montrent des avis
souvent contradictoires, sur tous les sujets possibles, et l'internaute n'est
plus capable de distinguer le vrai du faux. Pire, les jeunes internautes
confondent information journalistique et information personnelle.
Les wikis, outils stratégiques. Keen dénonce les
wikis, plus particulièrement Wikipedia (troisième site
d'information mondiale) qui sont pour lui « le cercle vicieux de
l'ignorance et de la désinformation ». Il reproche à la fois
le manque de vérification sur les informations publiées, mais
également le fait que des anonymes s'y expriment. Chacun peut en effet
gérer les informations qui l'intéressent. Ainsi des
employés d'entreprises comme Wal-Mart ou Mc Donald's effaçaient
les articles qui donnaient une image négative de leur entreprise.
Les réseaux sociaux, outil narcissique. Les
réseaux sociaux n'auraient pas une réelle vocation d'interaction
sociale. La seule vocation est purement narcissique. Chacun y fait sa propre
publicité en diffusant sa vie personnelle. Et parce qu'ils incitent
à se révéler, les réseaux sociaux attirent les
pervers sexuels.
Google, et l'internaute devient mouton. Les recherches sur
Google nous poussent à consulter les sites (par l'intelligence
collective) les plus consultés. En gros Google nous dit ce que nous
savons déjà.
Le buzz outil de propagande. Pour Keen le buzz pourrait devenir
un outil de
32
propagande. Il prend l'exemple de la vidéo «
Gore's army of penguins » , qui tourne en dérision le discours
écologique d'Al Gore. Derrière cette vidéo se cache une
puissante agence de Relations Publiques et de Lobbying (DCI Group), pour le
géant pétrolier Exxon-Mobil. Les internautes qui ont
visionné cette vidéo ne savaient pas qui se cachait
derrière et ont donc été soumis à de la propagande.
Pour lui, les blogs participent également à cette propagande
masquée, commandités par les entreprises. Les relations entre
blogueurs et marques sont parfois ambiguës. Certains blogs ne servent
d'ailleurs que de miroir élogieux pour les entreprises qui les
commanditent de manière anonyme. On ne peut faire confiance à
rien sur Internet car on ne sait jamais qui se cache réellement
derrière les discours. Keen explique également que le
consommateur est exploité lors des campagnes UGC, où il est
invité à créer des publicités. C'est une
façon pour les marques d'utiliser les internautes et d'économiser
les frais publicitaires. Enfin, Keen explique que les campagnes de buzz
enlèvent peu à peu la confiance que nous avons en Internet,
puisque nous découvrons tout le temps que tel film est orchestré
par telle entreprise, que tel profi l est fictif. Personne ne départage
le vrai du faux.
3.3.4.2. Andrew Keen face à 1 milliard d'internautes
Que répondre aux accusations de Keen ? N'est-ce pas
l'intelligence collective qui crée justement le savoir de
l'humanité ? On ne peut pas reprocher à Internet de nuire
à notre savoir, cet outil a rendu accessibles, en quelques clics toutes
les connaissances mondiales. Concernant ses critiques sur le buzz et les
réseaux sociaux, l'internaute est loin d'être dupe, il sait faire
la part des choses entre campagne virale et réalité. Concernant
les campagnes UGC, Keen pense que les amateurs pourraient prendre la place des
professionnels, et au final faire disparaître les agences de
communication. Mais il faut bien comprendre que les opérations où
l'internaute est invité à créer du contenu publicitaire
sont faites avec des objectifs précis. Impliquer l'internaute. Ce n'est
pas utilisé de façon systématique, et pas dans le but
d'économiser de l'argent. Malgré les craintes de Keen, les
talents des professionnels seront toujours requis pour créer des
campagnes de notoriété, d'image.
32
http://www.youtube.com/watch?v=IZSqXUSwHRI
Et si l'internaute prend plaisir à créer du
contenu, s'il prend plaisir à s'exprimer, à se montrer sur les
réseaux sociaux, on ne peut pas lui enlever ce plaisir.
Comme le dit Hortense Powdermaker « Tout divertissement
est une éducation plus efficace que l'école parce qu'il fait
appel à l'émotion et non à
l'intelligence. ».
4.
Comment envisager les
années à venir ?
4.1. Prédictions sur l'évolution des
stratégies de buzz online
4.1.1. Le buzz, se démarquer en période de
crise
Alors que les budgets publicitaires sont réduits en
tant de crise, il n'en va pas de même pour les stratégies sur les
médias sociaux et de buzz online. Cela parce que dans un contexte de
doute, où chaque achat est réfléchi, les consommateurs se
tournent de plus en plus vers les recommandations d'autrui. Selon une
étude Forrester, plus de 50% des marketeurs continueront d'utiliser les
applications sociales pendant la crise, 53% s'attendent à une
augmentation du budget dédié au marketing des médias
sociaux. Même si le budget dédié aux médias sociaux
et au buzz reste minime par rapport au budget global de communication, ces
chiffres augmenteront dans les mois à venir. Mais si les budgets des
campagnes de buzz et de médias sociaux augmentent pendant la crise, les
stratégies doivent néanmoins être
appréhendées sur le long terme et pas limitées à
cette seule période. On peut également s'attendre pendant cette
période à ce que les marques soient plus exigeantes en termes de
retours sur investissements, et cherchent à communiquer par la
différentiation.
4.1.2. De plus en plus social
Avec 75% des internautes qui fréquentent au moins un
réseau social (étude Forester), les marketeurs vont de plus en
plus se tourner vers les stratégies de buzz. Avec le
développement de nouveaux outils comme Facebook Connect, toute
expérience sur Internet va pouvoir avoir des retombées
sociales.
Les succès marketing de ces dernières
années grâce au buzz et aux médias sociaux sont nombreux.
Que ce soit Obama élu grâce à sa campagne en ligne, ou les
exemples de marques obligées de retirer une campagne à cause
d'internautes mécontents (Poweo ou Motrin), les marques se rendent
compte de l'importance du buzz dans une stratégie de communication.
On peut donc penser que les marques qui ne s'impliqueront pas
dans les stratégies SIM (Social Influence Marketing) vont perdre en
contrôle sur ce que disent les internautes.
Dans les années à venir les réseaux
sociaux vont prendre de plus en plus de place, dans tous les aspects de notre
vie. D'une part, cela va s'illustrer avec la multiplication des réseaux
sociaux. Il y a fort à parier que des réseaux sur tous les
domaines, dans toutes les langues, sur toutes les passions, et partout dans le
monde, vont se développer. Il existe déjà des
réseaux sociaux pour les animaux de compagnie...
Cette multiplication de réseaux implique que les
internautes vont se retrouver avec une multitude de profils, sur pleins de
réseaux sociaux différents. Pour répondre à cet
effet, et faciliter ces utilisations de différents profils, les
agrégateurs sociaux (de type lifestream) vont se développer.
Si les médias sociaux continuent leur progression, on
peut s'attendre à retrouver les recommandations d'amis partout sur
Internet. Prenons l'exemple d'Amazone qui propose déjà de
consulter l'avis des consommateurs, avec une sélection de produits qui
sont susceptibles de nous intéresser : « les consommateurs qui ont
acheté ce produit ont aussi acheté... ». Ce type de
procédé sera de plus en plus présent. On peut même
s'attendre à ce que les sites proposent de commenter directement les
produits, comme Google qui propose déjà d'insérer un
commentaire sur les sites que l'on recherche (Google SearchWiki).
Un des aut res effets de la multiplication des médias
sociaux est que les outils sociaux vont très certainement prendre
possession des médias de masses traditionnels. Prenons l'exemple de la
France, et des nombreuses émissions de télé en direct qui
propose aux spectateurs d'interagir en envoyant des SMS ou en laissant des
commentaires sur le site web de l'émission. Ce type de
procédé existe également aux Etats-Unis, mais à
l'aide d'outils comme Twitter (pendant le débat présidentiel par
exemple). On peut s'attendre à ce que les émissions de
télé prennent une dimension sociale en diffusant les commentaires
que les spectateurs écrivent depuis leur réseau social. Cela
offre beaucoup plus d'interaction que les SMS (les internautes peuvent
converser entre eux), et le coût est moindre. Même schéma
avec des médias comme la radio ou la presse. Ils intègrent de
plus en plus l'interaction avec le public via leur site web. On peut s'attendre
à ce que ces procédés continuent à se
développer.
4.1.3. Le développement de Twitter
Twitter a longtemps été considéré
comme un réseau social n'intéressant que les geeks. Pourtant le
site de micro-blogging remporte depuis longtemps un grand succès aux
Etats -Unis (11% des internautes sont sur Twitter) et en Angleterre
(7ème réseau social). Comme la France a tendance à suivre
avec une ou deux années de retard l'essor des nouveautés
outre-atlantique (exemple de Facebook), on peut s'attendre à ce que le
nombre d'utilisateurs français du site augmente dans les mois à
venir. Le profil de l'utilisateur de Twitter est différent par rapport
à ceux des autres réseaux sociaux. La moyenne d'age est de 31 ans
(26 ans pour Facebook et 40 ans pour LinkedIn), l'usage est essentiellement
mobile (76% l'utilisent depuis l'Internet sans fil, ordinateur portable, PDA,
téléphone mobile...) et on y retrouve les adeptes des blogs (27%
des blogueurs ont un compte Twitter, 57% des utilisateurs de Twitter lisent
régulièrement un blog33).
Ce qui est d'autant plus intéressant avec Twitter c'est
l'ensemble des possibilités offertes aux marques qui souhaitent utiliser
ce réseau social pour communiquer. Twitter offre un lien direct avec les
utilisateurs. Cela permet par exemple de
33 Source : Etude Pew Internet, Janvier 2009
contacter directement les blogueurs, de tenir au courant les
internautes de son actualité (en continu ou de façon
événementielle), ou de faire des recherches de veille
stratégique (ce que disent les internautes sur une marque).
Twitter fait actuellement débat dans la
blogosphère. Le profil des utilisateurs pourrait évoluer
rapidement. Twitter voyant sa population augmenter chaque jour, les
early-adopters du service se retrouvent confondus dans la masse d'utilisateurs,
et perdent leur caractère d'utilisateurs « VIP ». Vont-ils
délaisser Twitter parce que le grand public y est de plus en plus
présent? Dans tous les cas, Twitter restera intéressant pour les
marques qui veulent communiquer via ce service. Si le grand public prend
possession de Twitter et que les earlyadopters quittent le service, la cible
potentielle sera élargie. Si le grand public ne vient pas sur Twitter
(Facebook étant vu comme le concurrent majeur), alors Twitter restera un
très bon outil pour cibler les technophiles et les blogueurs.
4.1.4. Influenceurs, au coeur des stratégies
onlines
Si l'intérêt pour le social prend plus de place
dans les campagnes en ligne, l'intérêt pour les influenceurs sera
croissant également. Nous verrons un peu plus loin pourquoi les
stratégies des années à venir vont davantage se tourner
vers les influenceurs-experts ou les « influenceurs-ami », en les
ciblant différemment selon l'évolution et l'objectif de la
campagne (les amis et la famille au moment de l'achat, les blogueurs experts au
début pour créer de la notoriété). Les influenceurs
vont également être plus faciles à identifier, et à
classifier, avec par exemple Google qui essaye de développer en ce
moment un outil pour mesurer notre rang d'influence.
4.1.5. Des attentes de retour sur investissements de plus
en plus lourdes
Internet est capable de calculer de façon exacte le
nombre de contact avec la cible et cela entraîne plus d'exigence de la
part des annonceurs. Certaines formes de publicité sur Internet se
calculent de façon précise : coût au clic, coût au
formulaire, etc. On peut s'attendre dans les années à venir
à toujours plus d'exigence, ce qui risque de rendre les campagnes plus
délicates. Les outils de mesures traditionnels sont aujourd'hui
inefficaces dans les stratégies de buzz, car ce sont les consommateurs
qui communiquent pour la marque. Il s'agit donc de repenser les méthodes
de mesures. Quelques acteurs précurseurs comme les agences Supergazole,
Culture-Buzz.com ou DMC semblent
l'avoir compris et proposent désormais des outils statistiques pour
mesurer le nombre de téléchargements ou de transmission d'un
module viral. Mais les campagnes Web 2.0 permettent principalement de
comprendre les insights des consommateurs. Il faudra donc les
appréhender en termes de ressenti et non de mesure. Une campagne de buzz
permet de voir ce que disent les consommateurs, c'est plus une évolution
en termes d'opinions qu'il y a à gagner, plutôt qu'en
résultats mesurables.
La mesure fait partie de la communication et est
nécessaire pour juger d'une campagne. Pour cela les outils de mesures
doivent s'adapter afin de mesurer de façon pertinente l'impact des
campagnes sur les consommateurs. Il faudrait donc quantifier par exemple le
nombre de contacts, le nombre d'inscriptions, d'interactions directes avec la
marque (questions, vidéos vues, forums...).
4.1.6. Un discours tourné sur la confiance
Les consommateurs sont en crise de confiance face aux marques,
aux organisations, aux politiques. Des événements récents
ont réduit la confiance la confiance des consommateurs : argent
placé qui disparaît (affaire Kerviel ou Maddof), crise
économique que seuls les plus faibles semblent payer,
réchauffement climatique qui laisse les politiques indifférents,
ou encore crises internes chez les marques du quotidien (dernier exemple avec
les vidéos postées sur Youtube d'employés de Domino's aux
Etats-Unis, jouant avec la nourriture de façon très douteuse).
Il va donc falloir rétablir la confiance, effacer les
doutes du consommateur. Pour cela le Web 2.0 offre les meilleurs outils pour
instaurer un dialogue de confiance. Le discours des marques sur la toile va
donc se tourner vers cet objectif : rassurer et gagner la confiance du
consommateur. On peut s'attendre à une fracture entre les entreprises
sur Internet. Au niveau de l'exploitation des données personnelles des
internautes par exemple. Avec d'un coté les entreprises qui les
exploiteront à des fins commerciales (de type spams) et celles qui
utiliseront ces données avec pour objectif d'améliorer les
services pour les internautes.
4.1.7. Vers un Web 3.0?
L'expression de Web 3.0 est un buzzword (mot à la mode
qui désigne à la fois tout et n'importe quoi). Cette expression
définit le Web à venir, mais les spécialistes
débattent sur le sens exact de ce terme. Il n'est donc pas
évident de comprendre les caractéristiques du Web 3.0, mais deux
aspects se dégagent des nombreuses publications sur le sujet.
La mobilité et les objets. Tim O'Reilly, l'inventeur du
concept de Web 2.0, pense que le Web 3.0 sera celui des objets. Si de
nombreuses personnes s'accordent sur l'aspect mobile du futur du Web, il sera
caractérisé par la multiplication des objets permettant d'aller
sur Internet. On envisage aujourd'hui d'aller sur Internet grâce à
un mobile, un GPS, et il est probable que ce type d'objets se multiplie. Il
s'agirait d'objets existants aujourd'hui, et qui développeront les
capacités d'aller sur le Net (un lecteur MP3 par exemple). Cela peut
également se matérialiser par le développement des
applications sur téléphone mobile, de type recettes de cuisine,
GPS, vidéos, programme TV, le tout relié à Internet.
Centré sur les besoins de l'internaute. On envisage
l'avenir du Web comme centré sur l'internaute. Tout serait
envisagé pour que l'internaute navigue de
façon plus simple. Avec le Web sémantique par
exemple, où les informations sur Internet seraient traitées de
façon intelligente par les ordinateurs, afin d'apporter à
l'internaute ce qu'il cherche vraiment. Cet aspect répond à la
multiplication continue des sources d'informations sur Internet. Mais c'est
également, les plateformes et les identifiants uniques, comme nous
l'avons évoqué précédemment. Car avec la
multiplication de sites auxquels l'internaute est inscrit, il est de plus en
plus difficile de gérer et suivre toutes ses actualités. Les
identifiants uniques répondent donc à ce besoin (Facebook
Connect, Yahoo IDÉ). Mais on peut se demander si ces identifiants
uniques n'entraîneront pas une bataille entre géants du Net. En
effet des sites comme Yahoo et Google ont tout intérêt à
avoir le monopole de ces identifiants uniques. Pour une marque qui communique,
choisir son identifiant unique pour un site doit se réfléchir en
termes de fréquentations (nombre d'abonnés) et en termes de
retombées (sociales ou pas). Pour l'instant la meilleure solution reste
de proposer différents identifiants et de laisser à l'internaute
le loisir de choisir celui qu'il préfère.
4.1.8. La publicité qui me correspond
Ce n'est pas nouveau. La publicité sur Internet est de
plus en plus ciblée en fonction des sites que l'on visite, des mails que
l'on reçoit, ou de son identité. La publicité
comportementale va se développer massivement dans les années
à venir. Parce qu'on sait que sur le Net, on ne s'adresse pas à
la masse mais à l'internaute, la publicité comportementale semble
toute trouvée face à cette problématique.
De nouveaux outils pour les marketeurs vont certainement se
développer. Ils permettront de dresser un portrait précis des
internautes et de leurs relations: qui sont les amis avec qui je communique le
plus (Google identifie déjà les personnes que l'on contacte le
plus sur Gmail), qui sont les internautes les plus réceptifs aux
sollicitations commerciales (sur les réseaux sociaux par exemple), qui
sont les internautes qui ont le même profil, et bien sur qui sont les
influenceurs. L'identification de ces profils d'internautes permettra
d'appréhender différemment les stratégies de
communications.
Il faut néanmoins noter que ces stratégies
ciblées risquent d'être ralenties par les lois qui se font plus
intransigeantes. La Commission Européenne a en effet
décidé d'intensifier la surveillance de ces publicités
ciblées, qui comme nous l'avons vu implique le consentement de
l'internaute. Certains sites, notamment Google ne demandent pas l'autorisation
des internautes, mais fonctionnent sur un système d'option de refus. Ce
système est dénoncé par la Commission Européenne.
On peut donc s'attendre dans les années à venir à une
augmentation des publicités ciblées, toujours plus pertinentes et
plus en adéquation avec mon profil, mais avec un durcissement des
contrôles de l'application de la loi sur l'autorisation préalable
de l'internaute. Les sites qui remportent un grand succès, comme Google
ou Facebook n'auront a priori pas
de difficulté à obtenir l'accord des utilisateurs
(surtout si l'accès au service est lié à l'acceptation de
la publicité ciblée).
4.1.9. Un buzz toujours plus mobile
Notre société est de plus en plus en mouvement
et grâce au téléphone mobile nouvelle
génération, nous pouvons maintenant surfer sur la toile en nous
déplaçant. Avec la sortie de l'Iphone le mobile est devenu
intelligent. Et il le sera de plus en plus. Le buzz online va profiter des
évolutions du mobile pour s'y greffer. Sous des formes originales et
nouvelles. Mais les applications buzz qui se développeront sur mobile
devront être tournées vers l'utile ou le ludique. Un utilisateur
de mobile fait lui-même la démarche de télécharger
l'application qui l'intéresse. D'où l'intérêt de
proposer des applications immédiatement utilisables, correspondant aux
usages du mobile. C'est par exemple ce qu'a proposé la marque Kraft avec
l'application iFood Assistant qui propose des recettes. De plus en plus
d'opportunités se développent sur les secteurs de la localisation
et du GPS avec des mobiles de plus en plus performants qui intègrent ces
outils.
La géo-localisation : Google a développé
il y a quelques mois son outil de géolocalisation Google Latitude par
téléphone mobile. Ce service permet de localiser sur une carte
ses amis qui ont accepté d'être localisés. En dehors des
problèmes de respect de la vie privée que soulève cet
outil, il comporte certains intérêts. La principale limite de ce
service réside dans le fait que Google n'étant pas un
réseau social, on ne peut pas localiser tous ses contacts. Les outils de
géo - localisation vont donc très certainement se
développer sur les réseaux sociaux, offrant ainsi de nouvelles
opportunités. Pour les marques ce sera ainsi la possibilité de
cibler « hyper localement », via Internet-mobile, donnant de
nouvelles possibilités aux entreprises locales. Mais ce genre de
système laisse à penser que l'internaute va se retrouver
submergé par encore plus de publicités, ce qui n'est pas
l'objectif du buzz. Ce type de système doit donc s'envisager sous formes
d'avantages pour l'internaute-mobile. Des suggestions de bons plans dans le
quartier par exemple, ou des recommandations sur des lieux, visibles par les
contacts lorsqu'ils se trouvent a proximité. Ce type de site existe
déjà en France avec le site
Dismoiou.fr, qui a
intégré l'interface Facebook Connect et permet de voir les
recommandations de ses contacts sur les lieux de sa ville.
4.1.10. De plus en plus vite, de plus en plus innovant, de
plus en plus performant
Avec Internet, les choses se développent, se
créent beaucoup plus vite. Internet a la capacité de toucher les
individus à très grande vitesse, et les choses iront de plus en
plus vite. On sait qu'aujourd'hui le nombre de recherches par mois sur Google
atteint 31 milliards, alors qu'en 2006 il n'y en avait que 2,7 milliards.
Illustrons cette faculté de toucher toujours plus et toujours plus vite
: pour atteindre une audience de 50 millions de personnes la radio a mis 38
ans, la télévision a mis 13 ans, Internet a mis 4 ans, l'Ipod 3
ans, et Facebook seulement 2 ans. Aujourd'hui tout s'accélère. De
nouveaux métiers propres aux
évolutions d'Internet, qui n'existent pas aujourd'hui,
vont se créer, pourquoi pas Développeur de social games ou
Optimisateur d'applications mobile ? Les changements seront permanents, et les
entreprises qui ne sauront pas s'adapter rapidement se feront dépasser
par leurs concurrents. Pour répondre a cela, il faut que dès
aujourd'hui les marques entament une démarche de veille, de surveillance
permanente des NTIC sur le net.
4.2. Recommandations
4.2.1. Le risque de saturation
Si le buzz continu à séduire autant
d'annonceurs, et si les campagnes de buzz continuent à se multiplier, on
peut penser que le buzz perdra en efficacité avec le temps.
Si les buzzs se multiplient, les recommandations d'amis vont
se multiplier également. Et si un internaute se retrouve
sollicité par ses contacts en permanence, il risque de très vite
se mettre à filtrer ces recommandations, comme il filtre
déjà le spam dans sa boîte mail.
Pour perdurer, il faudrait que le buzz arrive à cibler
peu à peu des internautes qui ne sont à la base pas des
influenceurs. Ceux qui n'ont pas pour habitude de faire des recommandations
à leurs contacts. Ainsi si un internaute se retrouve sollicité
par un de ses contacts qui ne lui fait habituellement rien partager, alors il
sera interpellé et considérera que la so llicitation vaut la
peine d'être étudiée. Ce sont les influenceurs trop «
commerciaux » qui vont perdre en crédibilité à
l'avenir. Il en ira de même pour les blogueurs, ceux qui écriront
trop de posts sponsorisés par les marques, finiront par ne plus
intéresser leur lectorat.
Si les stratégies de buzz vont se tourner vers les
internautes qui ne font habituellement pas de recommandations, les
stratégies d'influence vont elles se tourner vers les experts. L'un des
effets de la multiplication des recommandations est que l'internaute va se
mettre à chercher des avis plus fiables, plus professionnels. C'est
là où l'influence des blogueurs-experts va véritablement
se développer (expert sur un sujet, avec la légitimité
d'en parler).
L'approche marketing par le buzz est aujourd'hui
considérée comme une technique innovante. Au fil des
années les moyens vont évoluer, il faudra de plus en plus se
tourner vers les nouveautés technologiques, et faire preuve de toujours
plus de créativité.
4.2.2. Agir avant que les coûts augmentent
Il y a fort à parier que les frais liés à
une campagne de buzz online vont aller en augmentant. En effet, si aujourd'hui
déjà il faut être le plus créatif possible pour
marquer les esprits (et donc y mettre le prix), au fil des années, les
efforts de
création devront être encore plus poussés.
Pour surprendre il faudra envisager des stratégies « hors-normes
», et même si la créativité peut se puiser dans des
choses accessibles et simples (exemple du buzz sur Excel pour ACDC), c'est
souvent en y mettant les moyens qu'une marque sort du lot.
Si les frais de production du buzz vont certainement
augmenter, il en ira de même dans les stratégies d'influence
online. Avec la concurrence qui se multiplie, certains blogueurs seront de plus
en plus exigeants en termes de prix à payer pour
bénéficier d'un article sur leur blog. Mais cela ne concernera
pas tous les blogueurs, aujourd'hui déjà, beaucoup de blogueurs
préfèrent parler d'une marque qui a su les séduire par la
qualité de son approche ou de son produit, plutôt que par la
rémunération qu'elle peut leur offrir.
Il faut donc agir des aujourd'hui, avant qu'il ne soit
nécessaire d'investir beaucoup plus pour réussir sa
stratégie de buzz. Une marque qui commence aujourd'hui à se
positionner comme entreprise 2.0 aura plus de facilitées par la suite
à lancer un buzz. Il faut se construire dès maintenant une
communauté d'internautes qui suivra l'actualité de la marque et
facilitera les stratégies onlines à venir.
4.2.3. Intégrer le buzz marketing dans les
enseignements théoriques
Les enseignements théoriques en communication et
marketing des écoles ou des universités n'intègrent pas
encore suffisamment ce nouveau marketing, et l'importance des réseaux.
Ces enseignements sur les « mass -média » ne sont plus en
phase avec la réalité de notre société et sont
aujourd'hui confrontés aux réalités des médias
sociaux. Le marketing théorique a perdu son côté humain et
c'est justement vers quoi doit se tourner le marketing social. Mais comme le
buzz marketing est récent, et en perpétuelle évolution,
pour l'enseigner il faut être plongé dans cette
réalité, les professionnels sont peut être plus à
même de l'enseigner que les professeurs. Il est nécessaire
d'enseigner la base du mass- marketing qui constitue la base des connaissances
à avoir, mais ces théories ne sont plus suffisantes et doivent
être complétées, actualisées.
Les choses évoluent si rapidement dans le marketing
d'aujourd'hui, il est nécessaire de réactualiser en permanence
les enseignements. Dans un cycle d'étude de 5 ans par exemple, les
enseignements apportés en première année seront
dépassés avant la fin des études de l'élève.
C'est un enseignement en phase avec la réalité qui doit
être enseigné.
4.2.4. Intégrer le buzz marketing dans les
stratégies globales
On constate aujourd'hui que les stratégies de buzz
online ne sont pas encore suffisamment intégrées dans les
stratégies globales. Peu d'agences de communication globale disposent
aujourd'hui d'un département Web centré sur les stratégies
d'influence en ligne ou sur les stratégies Web virales. Ce sont un peu
tous les services qui touchent à cette expertise (relations
publiques,
stratégies de marques...) sans pour autant être
spécialisés dans ce domaine. Et pourtant, avec la multiplication
des initiatives des annonceurs, et le nombre de petites agences
indépendantes spécialisées buzz qui se développent,
les agences globales qui n'intègrent pas rapidement cet aspect de la
communication en ligne vont se retrouver dépassées. On peut donc
s'attendre dans les années à venir, à ce que les agences
de communication globales se développent sur les communications sociales
en ligne. Elles vont de plus en plus se développer sur ce secteur, tout
comme le feront les services communication des marques. Face à cette
évolution, les petites agences spécialisées qui ont
aujourd'hui le monopole du marché vont avoir de plus en plus de
difficulté à sortir du lot. Elles devront faire preuve de deux
fois plus de créativité pour se mesurer aux grands groupes de
communications. Le marketing social va devenir accessible à tous.
Pour qu'une campagne virale ai le maximum de réussite,
elle doit être intégrée dans une stratégie de
communication globale. Certes, Internet est un formidable vecteur de bouche
à oreille, mais couplé à d'autres medias traditionnels le
bouche à oreille gagne en efficacité et l'effet est
décuplé. On peut par exemple intégrer la publicité
en ligne, le street marketing, ou les relations presse à une
stratégie de buzz en ligne. Les médias de masse restent les
meilleurs outils pour avoir une couverture totale.
4.2.5. Impliquer les collaborateurs
Les salariés d'une marque aiment communiquer sur leur
entreprise. Il faut donc envisager de nouveaux supports permettant aux
salariés de s'exprimer en ligne et de partager leur expérience
avec l'ensemble des internautes. Cela peut s'envisager avec la création
de blogs où tous les salaries seraient invités à
collaborer, ou simplement en faisant évoluer l'Intranet de l'entreprise
en permettant l'interaction entre les salariés et les internautes
extérieurs. D'une part, cela permettra d'impliquer les collaborateurs,
mais cela ouvrira également la porte aux idées, et aux nouveaux
contacts.
Il est très probable que dans les années
à venir les réseaux sociaux B to B se développent. Ainsi
l'intranet d'une entreprise se transformera peu à peu en plateforme
d'échange social (avec une interface réservée à
l'interne, et pourquoi pas une interface où les collaborateurs
pourraient communiquer avec les salariés des entreprises partenaires).
Ce type de service n'est pour l'instant quasiment pas utilisé, et
pourtant il comporte de nombreux avantages. Il faut néanmoins veiller
à ne pas tomber dans un modèle de réseau social type
Facebook, mais un concept qui reste professionnel (de type LinkedIn), avec
l'interaction directe en plus.
4.2.6. Se protéger des rumeurs
Les consommateurs mécontents s'exprimant sur les marques
en lançant des rumeurs vont certainement fleurir dans les années
à venir sur le Net, contexte de
doute oblige. Les marques vont devoir anticiper et se
protéger de plus en plus contre les rumeurs.
Il faudra d'une part envisager des systèmes de
communication directs avec les internautes, sous des formes officielles (via le
site officiel par exemple) et veiller à surveiller de façon
permanente les insights des consommateurs.
Pour contrer les rumeurs, les systèmes de protection
vont se multiplier. Ils seront utiles aussi bien pour les internautes (pour
savoir si tel buzz est un fake ou la réalité), que pour les
marques qui pourront soigner leur image et démentir plus facilement les
rumeurs. Il existe déjà certains sites qui permettent de
distinguer le vrai du faux (
hoaxbuster.com) et les agences de
veille sur Internet vont certainement développer de nouveaux outils de
surveillance d'image sur Internet.
4.2.7. Les outils à saisir maintenant 4.2.7.1. Les
lifestreams
Les sites proposant des lifestreams, comprendre
agrégateur de tout ce qui se passe en ligne, se multiplient. Même
s'ils intéressent pour l'instant essentiellement les « geeks »
et les blogueurs, leur utilisation pourrait très vite intéresser
un plus grand nombre d'internautes. En effet avec la multiplication des outils
sociaux qui permettent de suivre l'actualité de ses contacts, la
multiplication d'abonnés à des flux RSS (pour suivre
l'actualité de ses blogs préférés par exemple), les
internautes se retrouvent avec un trop grand nombre de choses à suivre
sur Internet. Les lifestreams répondent à ce problème, et
ils peuvent être d'une grande utilité pour le buzz. Ils permettent
aux internautes de partager plus : tout ce qu'ils rencontrent sur Internet, ils
peuvent le partager. Les marques se doivent donc d'intégrer dès
aujourd'hui ces modules de partage sur leurs sites, qui sont des facilitateurs
de diffusion du buzz. Ainsi les internautes pourront partager l'information sur
leur lifestream, qui sera visible auprès de leurs contacts, qui pourront
à leur tour l'intégrer à leur actualité.
Des lifestreams sociaux (friendstream) se développent
également pour faciliter l'utilisation de différents profils de
réseaux sociaux. Les internautes peuvent à partir d'un seul site,
gérer tous leurs contacts, sur une même liste. Ces outils
faciliteront de plus en plus la vie des internautes et sont une vraie
opportunité pour les marques qui souhaitent toucher différemment
leur cible.
Ces agrégateurs vont également se
développer sur d'autres thématiques, le site
Brightkite.com propose
déjà un bon rayon d'agrégateurs de contenu : friendstream,
placestream (agrégateur local, sur la vie de son quartier par
exemple).
Mais quel intérêt pour la communication en ligne ?
Ces outils seront tout simplement de nouvelles opportunités pour une
marque d'être vue à travers le partage d'informations entre les
internautes, et cela permettra de mieux cibler
les internautes qu'elle veut toucher (tous les sites que l'on
visite sont visibles, on peut ainsi dresser un portrait de l'internaute).
4.2.7.2. Les social-games
Ils se développent de plus en plus ces derniers temps,
et risquent de connaître un véritable succès dans les
années à venir. Ce sont des jeux en ligne avec une dimension
sociale en plus. Ils sont intéressants pour une marque qui souhaite les
utiliser pour buzzer, car ils présentent généralement un
faible coût de développement. L'interaction sociale y est
très importante, et donne un côté addictif à ces
jeux en ligne. Ils se développent sur trois types de supports : les
portails de casual games (plateformes de jeux basics en ligne, type Tetris ou
Solitaire) ou une marque communiquera sous forme d'achat d'espace (l'internaute
devant être connecté au site pour jouer, les bannières y
sont en permanence visibles). Les plateformes de social games où les
jeux se jouent à plusieurs, avec des fonctions sociales en plus, de type
partage de musique ou de photos. Enfin, les jeux sociaux
hébergés, qui sont des jeux proposés par les
réseaux sociaux. Les jeux sociaux hébergés constituent de
vraies opportunités pour une marque, car ils profitent du réseau
des joueurs pour être diffusés, et peuvent être
créé directement et à l'image de la marque.
Conclusion
Nous arrivons à la fin de cette analyse sur le buzz
online. Il est temps d'analyser les résultats sur lesquels nous avons
abouti.
Nous avons mis en lumière la nécessité de
se tourner vers les stratégies de buzz online. La société
d'aujourd'hui a évolué, le marketing a su s'adapter. À
l'heure où l'individu n'a jamais autant accordé d'importance
à l'opinion de ses proches, le buzz est un moyen efficace et original
pour toucher les internautes. Ce ne sont pas toutes les entreprises qui
communiquent aujourd'hui via le Web 2.0 et le buzz. Il reste donc encore
beaucoup d'opportunités pour une marque qui veut communiquer via ses
nouveaux canaux.
Une stratégie de buzz online efficace doit envisager
les stratégies d'influences, tournées vers les blogueurs et
autres internautes influents. Il faut également intégrer certains
éléments dans une campagne de buzz : nouveauté, ludique et
UGC. La créativité est un des éléments à
intégrer, mais elle ne s'illustre pas forcément par des moyens
démesurés. Les petites idées font parfois naître de
grands buzzs.
Nous avons également souligné les risques
liés au fonctionnement d'Internet. Ils peuvent s'éviter
dès lors que la marque analyse bien son public ciblé et respecte
ses consommateurs. Dans tous les cas, en cas de bad-buzz il existe des
réponses possibles.
Nous avons également dressé des
prédictions sur l'avenir du buzz. Comme la nécessité de se
tourner dès aujourd'hui vers les stratégies de buzz. Dans
quelques années, être présent sur les médias sociaux
ne sera plus une option, mais une nécessité pour les marques. Le
buzz n'en est encore qu'a ses débuts, les années à venir
vont marquer l'essor des stratégies de buzz online et de nombreux outils
sociaux vont se développer. Les stratégies évolueront avec
l'évolution des nouvelles technologies. Certains éléments
sont déjà évidents : le buzz va prendre possession de nos
mobiles, les social games vont connaître un grand succès, les
outils de surveillance et de veille stratégique vont se
développer, les communications en ligne seront de plus en plus
individualisées...
Pour élargir notre réflexion il serait
intéressant de se pencher sur la dimension sociale que vont prendre les
médias de masse traditionnels. Aujourd'hui déjà ils se
tournent vers le social via l'interaction avec le public sur leur site
Internet. Pour innover ils vont devoir trouver de nouveaux moyens pour
permettre la conversation du public. Quelles seront les opportunités de
ces secteurs ?
Bibliographie
Ouvrages
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296 pages, 2002
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Paris, 216 pages, 2006
[8] S. Godin, Les secrets du marketing viral: créez
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Rapports
[1] C. Li, The Future Of Social Networks: Where We Are Today,
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[2] C. Kokich, S. Baehr, S. Singh, M. Greitzer, J. Palau, J.
Lockhorn, J. O'Connell, L. McDonald, L. Wong, P. Gelb, S. Mohr, G. Owens, P.
Moorhead, A. Vickers, F. Anderson, D. Baker, B. Geary, T. Walter, A. Fisher, A.
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[3] R. McMillan, Social Media/ Methods & Metrics, Contagious
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[4] P. Opsomer, G. Bizien, Les nouvelles tendances du
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présence sur Internet, Electronic Business Group (EBG), Paris,
2008-2009
[6] Vidéo/ Dramatic Shift in Marketing Reality
http://www.emmanuelvivier.com/2009/01/dramatic-shift-in-marketingreality.html
Sites Internet consultés
Sites Internet consulté tout au long de cette
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Slideshare.com
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Youtube.com
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Twitter.com
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[11] Vanksen group, Le Blog// Agence marketing digital, viral,
buzz et medias sociaux, blog
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Annexes
Opération teasing pour le lancement du
mémoire
Phase 1, teasing envoyé le 27 Avril 2009 par mail,
à une base de contacts
Phase 2, révélation du teasing et envoie du
mémoire à la base de contacts, 5 mai 2009
Le consommateur a changé.
Il doute, ne fait plus confiance aux marques, se sent
harcelé par la publicité. Pour acheter il se tourne de plus en
plus vers l'avis de ses proches. Avec Internet, il se constitue un
réseau avec lequel il communique en permanence.
En tant que professionnels de la communication nous
devons envisager différemment nos stratégies de communication. Et
c'est le buzz online qui semble répondre à ces
changements.
Mais comment s'y prendre? Comment envisager les
stratégies de buzz onlines, dans un système où les
changements et les innovations sont permanents? Le buzz est t'il un simple
effet de mode ou doit-il se penser sur le long terme? Que sera le buzz online
dans les années à venir?
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