CONCLUSION GENERALE
La situation économique, très peu favorable
à l'absorption des sortants du système classique de formation et
d'éducation, entraînera encore plus de chômage au niveau de
la frange jeune de la population burkinabè. La faible
employabilité des formés, liée particulièrement
à l'inadéquation entre le système de formation et
d'éducation actuel et le marché de l'emploi, fera que le
chômage des jeunes va continuer à se développer. Le
chômage, couplé à la pauvreté, occasionne une
demande sociale de plus en plus importante de formation professionnelle.
Cependant, les contre-performances de l'enseignement technique, dues en partie
à son éloignement du monde professionnel, ont fait émerger
une nouvelle catégorie de formation professionnelle dite « non
formelle », offerte en majorité par les centres de formation de
l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE) et ceux de des
promoteurs laïcs et confessionnels
Aujourd'hui, la formation professionnelle non formelle
apparaît comme le recours privilégié de qualification
professionnelle et donc de valorisation d'une grande partie de la population
active et plus singulièrement des personnes exclues du système
formel de formation et même des personnes sans niveau de qualification.
Elle contribue, à coté de la formation formelle, à la
promotion de ces personnes par le truchement de leur qualification
professionnelle et à leur employabilité. Dès lors, elle
favorise leur insertion socioprofessionnelle et assure leur
épanouissement et bien être social.
Ainsi, notre hypothèse principale selon laquelle la
formation professionnelle non formelle est un moyen de valorisation des
ressources humaines, est avérée. Cet objectif majeur ne saura
être durablement atteint que si les nombreux acquis et expériences
sont capitalisés et les obstacles à l'émergence d'une
formation professionnelle de qualité dégagés.
Notre première hypothèse spécifique, qui
admet l'existence d'acquis et d'expériences au plan institutionnel,
règlementaire et pédagogique, en matière de formation
professionnelle non formelle, est aussi corroborée. Au plan
institutionnel, plusieurs acteurs, notamment les coopérations et tous
les autres partenaires techniques et financiers ont soutenu et continuent
d'appuyer la formation professionnelle en général et la formation
professionnelle non formelle en particulier. Le cahier de charges applicables
aux centres privés non formels traduit un début à
l'encadrement juridique de la formation professionnelle non formelle. Une
application rigoureuse des dispositions du cahier de charges permettra au
Ministère de la Jeunesse et de l'Emploi (MJE) d'asseoir une organisation
de tous les opérateurs privés de centres, c'est-à-dire les
promoteurs individuels, les associations, les organisations non gouvernementale
(ONG) intervenant dans la formation professionnelle.
La diversification des modes et des types de formation dans
les centres non formels est la preuve d'une certaine expérience du
Burkina Faso en matière de formation professionnelle non formelle. Ces
acquis pédagogiques sont renforcés par l'émergence de
nouvelles filières de formation à travers les treize (13)
régions du pays. En outre, depuis la création du Ministère
de la Jeunesse et de l'Emploi (MJE) en 2006, le système de formation
professionnelle non formelle a connu une avancée considérable
dans la reconnaissance et la valorisation des qualifications professionnelles.
Aujourd'hui, le dispositif de certification professionnelle demeure un acquis
important en matière de formation professionnelle non formelle. Son
impact sera d'autant plus grand que si elle concerne un plus grand nombre de
filières et de centres de formation. Toutefois, sa mise en oeuvre doit
obéir à une certaine rigueur afin d'avoir un dispositif
performant.
Les insuffisances qui minent le système actuel de
formation professionnelle non formelle sont essentiellement d'ordre
institutionnel, organisationnel, pédagogique et financier.
Au plan institutionnel, les limites sont l'insuffisance et la
forte disparité de l'offre de formation à travers tout le pays.
La gestion de plusieurs centres demeure artisanale du fait de leur faible
organisation administrative et matérielle. Les limites
pédagogiques sont essentiellement liées au faible
développement de certaines filières, notamment
sylo-agropastorales et industrielles, qui sont pourtant vitales dans une
économie principalement agricole. L'absence de subvention publique des
centres privés handicape plusieurs d'entre eux. Face à une
demande sociale de plus en plus forte, les structures d'accueil n'arrivent pas
à satisfaire les besoins de qualifications professionnelles de tous les
demandeurs. Cela nous permet de confirmer la seconde hypothèse
spécifique selon laquelle les obstacles à l'émergence
d'une formation professionnelle non formelle de qualité sont
principalement de type institutionnel, organisationnel, pédagogique et
financier.
L'importance de la formation professionnelle en
général et de la formation professionnelle non formelle en
particulier en tant que levier et moteur de développement
économique et social n'est plus à démontrer. Il convient
dans le contexte du Burkina Faso, de valoriser le capital d'expériences
accumulé grâce aux différents acteurs et partenaires
techniques et financiers. Dans un pays comme le Burkina Faso où de
nombreux jeunes et adultes sont peu alphabétisés et constituent
une population active considérable, la formation professionnelle non
formelle demeure mieux adaptée pour leur qualification professionnelle.
Sa raison d'être s'avère donc incontestable. Son caractère
non formel n'affecte en rien sa capacité de développer une main
d'oeuvre qualifiée et compétente.
Il n'est pas question de concevoir l'enseignement technique et
la formation professionnelle non formelle comme des secteurs concurrentiels.
Ces deux types de formation visent certainement l'insertion
socioprofessionnelle des individus qui s'y réfèrent, bien qu'ils
ne concernent pas toujours les mêmes cibles et filières : le
premier s'intéresse à des jeunes encore dans le système
éducatif alors que le second touche un public plus large et pas
nécessairement dans le système scolaire.
Les défis majeurs qui se posent à ce sous
secteur du système national de formation professionnelle, sont
liés à l'extension de son système de certification et la
valorisation par les sortants des centres, sur le marché de l'emploi,
des titres professionnels qu'ils auront acquis par le biais de la certification
professionnelle.
Compte tenu de la demande sociale croissante et pressante de
la certification des qualifications professionnelles, il devient
impérieux d'être rigoureux dans l'extension du mécanisme de
certification afin de lui garder toute sa crédibilité.
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