AVANT PROPOS
L'idée de cette étude sur la gestion
foncière et le développement rural est de déterminer les
causes du non développement dans le milieu rural lié à la
problématique du premier capital essentiel dans tout
développement et production à savoir la terre. En effet, cette
dernière est la base, sans terre on ne peut rien produire. Donc, on ne
peut pas survivre. De plus, la terre est le symbole de toutes les
activités à la campagne et de la vie paysanne. Par ailleurs, en
tant que Malgache, nous accordons une grande importance à la terre qui
est notre source par le biais de nos ancêtres. En ce sens, la terre a un
caractère sacré1(*) pour les Malgaches. Cependant, avec l'arrivée
de la mondialisation et du système capitaliste, elle est devenue l'objet
de toute convoitise et source de conflit.
Depuis des siècles, la terre est synonyme de richesse.
A cet effet, les propriétaires foncières sont
considérées comme des personnes riches qui les placent au dessus
socialement des non propriétaires. La terre est donc origine de la
richesse. Toutefois à Madagascar, actuellement il règne une
très grande insécurité foncière. C'est pour cette
raison que nous nous sommes penchée sur la problématique de la
gestion foncière et du développement rural.
Nous avons choisi la Commune Rurale d'Ambinaniroa Andonaka
pour notre étude étant donné que c'est un endroit
où on peut apercevoir des terres cultivables à perte de vue mais
souvent ces terres ne sont pas cultivées comme il se doit et ne
produisent pas assez que ce qui est prévu. Cette situation a
suscité notre curiosité, et nous a conduit dans cet endroit pour
en savoir davantage.
Mais que penser de la notion de développement, est - il
envisageable de promouvoir un développement en milieu rural grâce
à une bonne gestion foncière ? Le présent ouvrage est
un début de réponse cohérente à ces
problèmes de gestion foncière qui freinent le
développement.
Concernant ce dernier, il reste encore très
controversé, ce qui suppose des réflexions partagées au
niveau de la nation quant au type et au mode de développement durable la
plus appropriée à Madagascar.
De nouveau la problématique déjà
évoquée à propos du développement se retrouve.
Ainsi, étudier la gestion foncière dans le cadre du
développement rural, c'est d'abord s'efforcer de comprendre le
rôle ou la fonction qu'elle assume par rapport à l'innovation et
au changement. Le but final de l'étude serait alors de dégager
des orientations pour le futur c'est-à-dire de tracer le chemin du
développement en commençant par assurer une bonne gestion
foncière.
Nous espérons que ce mémoire contribuera
à alimenter les réflexions sur le développement rural et
qu'il aidera dans le choix combien difficile, mais nécessaire d'un
certain nombre de mesures de réforme dans le domaine prioritaire du
développement du pays.
INTRODUCTION GENERALE
Malgré les possibilités offertes par les
richesses naturelles de Madagascar, la majorité de la population
malgache vit dans un état de pauvreté extrême. Le Malgache
pauvre réside généralement en milieu rural, où il
vit principalement de l'agriculture. Souvent, il n'a à sa disposition
qu'une parcelle modeste qui lui permet tout juste de produire ce qu'il lui faut
pour survivre. Il cultive alors en priorité le riz qui est
l'élément essentiel de sa consommation et son aliment de base.
A Madagascar, la pauvreté est donc avant tout un
phénomène rural. Elle est principalement déterminée
par la difficulté d'accès à la terre et la faiblesse de la
productivité agricole. En outre, les conditions de vie quel que soit le
critère choisi sont souvent plus exécrables en milieu rural qu'en
milieu urbain.
Vu que, le Malgache pauvre vit principalement du travail de la
terre, sa situation est liée aux facteurs qui animent la participation
dans le monde rural. Dans la mesure où le Malgache pauvre ne dispose que
d'un petit lopin de terre, ses conditions de vies, de même que sa
participation à la vie économique, sont déterminées
par le cadre légal qui régit l'accès à la terre. La
question foncière, d'une manière générale et la
protection du droit de propriété, en particulier, fait surgir le
problème de l'accès au crédit, sans lequel le petit
agriculteur ne peut financer l'investissement et l'achat d'intrants
nécessaires à l'amélioration de son rendement. Du fait que
le petit exploitant agricole cultive en priorité le riz pour assurer sa
subsistance et que la maîtrise de l'eau est cruciale vis-à-vis de
la productivité, la gestion des infrastructures d'irrigation revêt
une importance particulière dans son bien être.
Par conséquent outre la non maîtrise de l'eau,
l'accès à la propriété foncière est un des
problèmes majeurs dans le blocage du développement rural à
Madagascar. L'héritage historique veut que la totalité des
superficies foncières disponible constitue l'apanage exclusif des castes
nobles. Si ces superficies foncières sont devenues encore plus
exiguës, c'est bien à cause du morcellement par héritage des
générations successives. Aujourd'hui, la propriété
parcellaire prédomine au niveau de ces héritages fonciers. Le
problème est que ces propriétés sont inaliénables
par leur nature ancestralement sacré et alors même que les
propriétaires d'origine des castes nobles ce sont
prolétarisés.
Ainsi, la gestion foncière et le développement
rural sont devenus le centre de préoccupation de tous et chacun. Il
s'agira donc de répondre à la question suivante :
« dans quelle mesure la gestion foncière favorise t- elle le
développement en milieu rural ? » Nous allons voir en
premier lieu les généralités à savoir :
l'interdépendance entre le foncier et le rural et le cadre de la
recherche. Ensuite, nous allons aborder les rapports ambigus à la terre
et le processus de développement en analysant ce dernier et la gestion
foncière. Enfin, nous allons proposer des recommandations après
avoir parlé des potentialités du terroir, de la gestion
foncière et de l'opérationnalisation des hypothèses pour
une optimisation de la gestion foncière et de la mobilisation
communautaire.
PARTIE 1 : GENERALITES
Chapitre I : L'INTERDEPENDANCE ENTRE LE FONCIER ET
LE RURAL
Ce chapitre examine l'interrelation entre le problème
foncier et celui du développement rural.
I- Etat du secteur foncier et du développement
rural à Madagascar
1- Le secteur foncier
1.1 Le constat
Actuellement Madagascar est en transition foncière. La
gestion foncière traditionnelle semble reculer face à
l'individualisation et à la marchandisation de la terre. La terre
devient de plus en plus un bien marchand qui s'exploite et d'échange
avec ou sans le consentement des autorités traditionnelles. Ainsi, les
citoyens malgaches se tournent vers l'Etat et ses services fonciers pour faire
valoir leurs droits sur le sol. Pour l'année 2005, le Ministère
des domaines a recensé un demi-million de demandes d'acquisition de
terrains domaniaux qui sont déposés auprès des services
fonciers. Encore plus nombreux sont les ménages qui souhaiteraient
obtenir une reconnaissance écrite de leurs droits fonciers.
Cependant, face à cette demande considérable,
les services fonciers présentent une très faible capacité
à délivrer des titres fonciers. Seuls 330 000 titres ont
été établis depuis un siècle et actuellement, le
rythme de délivrance d'actes stagne autour de
1 000 titres par an. Dès lors, les demandes
d'acquisition déposées depuis un demi-siècle demeurent
sans suite tandis que la superficie des propriétés titrées
ne dépasse pas un quinzième du territoire. A cet effet, la
lourdeur administrative est la principale cause de la faible capacité
de délivrance des titres. En outre, les services domaniaux
déconcentrés ne sont que de 30 pour 101 Districts et n'arrivent
pas à satisfaire les demandes de titre au niveau de ces services.
Aussi le service public rendu par les circonscriptions
déconcentrées de l'administration foncière est- il
jugé très insatisfaisant par les usagers, au regard, notamment,
des longs délais pour l'obtention des documents fonciers tels les
certificats juridiques. Les conditions de travail des agents sont
difficiles : les bâtiments sont dans des états qui ne
garantissent plus la conservation des documents ; les
détériorations ont atteint un niveau difficilement
réversible.
Aujourd'hui, on peut constater que les usagers accordent peu
d'intérêt aux procédures de mutation qui leur semblent
complexes et onéreuses. Au fur et à mesure des ventes et des
divisions, les énonciations des titres tombent de facto en
désuétude dans la mesure où elles reflètent plus la
réalité des droits sur le sol. Ainsi, avec le temps,
l'information foncière gérée par les services fonciers,
concerne non seulement une faible proportion des biens mais s'avère en
complet décalage avec la réalité. De plus,
l'immatriculation foncière et les opérations cadastrales ont des
coûts très élevés au-delà des moyens et des
possibilités des petits paysans.
1.2 Les conséquences de la crise foncière
Cette crise foncière qui se prolifère en ce
moment génère une insécurité foncière
généralisée. Certes, faute de régulation
foncière communautaire et en raison de la faible capacité des
services fonciers, un sentiment d'insécurité foncière
s'est propagé sur l'ensemble du territoire. Peu de citoyens sont
assurés de leurs droits sur la terre et nombreux sont ceux qui craignent
une tentative de spoliation capable d'activer l'aboutissement d'un dossier
d'immatriculation foncière.
Ce contexte d'incertitude généralisée
favorise le développement des conflits pour la maîtrise du sol,
surtout quand la survie d'un groupe familial tient à l'exploitation
d'une parcelle.
L'immatriculation ne peut plus fonctionner sans apport
financier du requérant et le volume considérable des demandes
face à la très faible capacité d'établissement de
titres fonciers entraîne également une situation favorable au
monnayage des actes administratifs.
C'est pour y remédier à cette crise
foncière que le Président de la République Malgache a
promulgué la loi N° 2006 - 031 du 24 novembre 2006 fixant le
régime juridique de la propriété foncière
privée non titrée. L'article premier stipule que
« le régime juridique de la propriété
foncière privée non titrée est celui qui s'applique aux
terrains qui ne sont ni immatriculés, ni cadastrés, et dont
l'occupation est constatée par une procédure définie par
la présente loi ». Et l'article 2 en détermine le
champ d'application à savoir que « le régime
juridique de la propriété foncière privée non
titrée est applicable à l'ensemble des terrains, urbains comme
ruraux :
· faisant l'objet d'une occupation mais qui ne sont
pas encore immatriculés au registre foncier ;
· ne faisant partie ni du domaine public ni du
domaine privé de l'Etat ou d'une collectivité
décentralisée ;
· non situés sur une zone soumise à un
statut particulier ;
· appropriées selon les coutumes et les usages
du moment et du lieu ».
2- Le développement rural
2.1 Le constat
En fait, Madagascar jouit de hautes potentialités
géographiques exceptionnelles permettant une grande diversité de
productions végétales, tropicales et tempérées. Le
pays compte une superficie totale de 58 704 000 ha dont près
de 8 millions d'ha de terres cultivables. La superficie physique des
exploitations agricoles, estimées à 2 083 590 ha, a
connu une légère augmentation de 0,9 % en 20 ans. La surface
agricole potentielle pouvant se prêter aux grandes cultures, zones de
pâturages ou autres grandes productions est estimée à plus
de 35 millions d'ha. La place de l'agriculture dans l'économie nationale
est donc prépondérante. In REPUBLIQUE DE MADAGASCAR, 2008 -
Gouvernance responsable et développement durable, Volume 1.
Toutefois, l'agriculture pratiquée est traditionnelle
et peu intensive, d'où le faible rendement. Les cultures
vivrières qui sont dominantes, sont en
majorité autoconsommées, à l'exception du riz pour
les moyens et grands exploitants qui disposent d'un surplus de production. Les
cultures de rente et d'exportation, destinées à la
commercialisation sont en faible proportion. Entre autre, les exploitations
sont de petites tailles (0,87 ha en moyenne) et se morcellent au gré des
héritages. Certaines zones rurales connaissent une saturation
foncière et font envisager des mouvements de migration.
Madagascar fait partie des 88 pays classés dans la
catégorie des pays à faible revenu et à déficit
vivrier (PFRDV). C'est pourquoi une réelle priorité est
conférée au développement du secteur agricole pour en
faire un véritable moteur de la croissance économique. Le pays
compte 75 % de population agricole (2005). C'est une population jeune dont 57%
de moins de 20 ans en 2004 et croissante qui pourrait atteindre 27 millions
d'habitants en 2020. La densité de population est encore faible, mais
avec une répartition inégale sur le territoire, certaines zones
étant pratiquement vides et d'autres au contraire connaissant des
phénomènes de saturations foncières.
2.2 Les principaux obstacles au développement
Ils concernent d'une part l'insécurité
foncière due aux textes et réglementations obsolètes et
inadaptés avec les nouvelles orientations. Ainsi, le droit foncier est
imprécis favorisant le développement des conflits fonciers.
Ces imprécisions sont les conséquences :
· sur le plan social, de l'occupation des terres soumises
à des règles coutumières complexes ;
· sur le plan administratif, de l'acquisition
légale des terres assujetties à une démarche
administrative longue et coûteuse à coté d'une structure
administrative peu développée ;
· sur le plan culturel, d'un attachement excessif2(*) des Malgaches à la terre
au point d'une rétention foncière rigide.
D'autre part, on constate une faible augmentation de la
production et amélioration de la productivité. Les acquis issus
des programmes et/ou des projets de développement sont insuffisamment
internalisés. Malgré le développement local de certaines
techniques adaptées au contexte, l'application en reste limitée.
Des défaillances dans les systèmes d'informations, des
difficultés dans la maîtrise de la santé
végétale et animale, des carences dans le dispositif de
vulgarisation limitent l'accès aux services et la réalisation
d'une meilleure performance. Par ailleurs, l'impact de la dégradation
des couvertures végétales contribuent à une diminution de
la fertilité du sol, entraînant une baisse constante des
récoltes ou des revenus engendrés et accentuant encore plus la
paupérisation.
Le niveau technique des producteurs malgaches est
généralement faible. Le caractère non durable de certaines
techniques de production aggrave encore la situation. D'où une large
majorité de paysans vivant en autosubsistance, ne mettant sur le
marché que de petites quantités de produits, de qualité
inadaptée au marché. D'où également un grand nombre
d'éleveurs ancrés dans un système extensif.
Le système de formation rurale, surtout post scolaire,
constitue un maillon faible de la chaîne des filières. Les
dispositifs sont inadaptés, inégalement répartis et
souffre d'une insuffisance de ressource. Les nouvelles initiatives sont encore
peu connues et soutenues. Un manque de formation des techniciens pour
répondre aux besoins du développement rural se ressent
visiblement. Les organisations professionnelles agricoles sont faibles et
manquent de moyens et de personnels qualifiés.
Les agriculteurs pratiquent surtout les cultures
vivrières destinées à l'autoconsommation. Les produits ne
donnent lieu à aucune transformation, ni même conservation par
rapport à l'abandon en période de récolte.
Dans les zones enclavées, ils sont peu disposés
à l'augmentation de leur production faute de routes les connectant aux
pôles consommateurs. Certaines régions productrices sont
éloignées des grands centres de consommation ou des points
d'exportation, ports ou aéroports. Par ailleurs, le milieu rural ne
bénéficie pas assez d'adduction d'eau potable et d'infrastructure
d'irrigation appropriées. L'extension des exploitations se trouve ainsi
inopportun car n'apportant aucun surplus.
II- Pertinence du problème au plan
local
L'un des principaux déterminants de la pauvreté
à Madagascar est essentiellement l'accès à la terre. En
effet, le « degré » de pauvreté diminue avec
la taille de l'exploitation. Alors la situation des petits agriculteurs tient
avant tout à l'exiguïté des surfaces qu'ils exploitent. Le
contraste entre l'étroitesse des exploitations et l'existence de vaste
étendue non cultivée oblige à explorer dans quelle mesure
la gouvernance foncière peut - elle affecter l'accès à la
terre. Ceci indique que la gestion foncière rencontre encore des
problèmes en ce moment à Madagascar. Certes, l'acuité
avec laquelle se pose le problème foncier à Madagascar, tient
pour une large part, à l'imprécision des législations en
la matière. L'ambiguïté du droit foncier malgache née
de l'ambivalence entre régime traditionnel et régime moderne
entrave l'accès à la terre de diverses manières.
Aussi, si les pauvres ont d'énormes difficultés
à s'approprier les terres vacantes, c'est que les procédures
administratives ne leurs sont pas favorable. Officiellement, 70% du terrain
relève du domaine public et la loi prévoit d'attribuer la
propriété de la terre à celui qui la met en valeur, In
REPUBLIQUE DE MADAGASCAR, 2005 - Lettre de politique foncière. Pour
les paysans, une manière de conquérir de nouveaux espaces
consiste à défricher une partie du domaine public. Cependant,
rares sont les pauvres qui réussissent à s'accaparer
légalement d'une parcelle du domaine public, en raison du coût
élevé de la démarche et les longues démarches
administratives.
L'insécurité provoquée par la faiblesse
des capacités de l'administration foncière pousse les populations
à raffermir les règles coutumières, ce qui intensifie la
rétention foncière. En effet, actuellement la complexité
des procédures de cadastrage, d'immatriculation ou de titrage, à
laquelle s'ajoute l'insuffisance de l'information en raison du caractère
centralisé de l'administration foncière, conduisent à une
situation où « l'acquisition légale des terres est
le fait de quelques initiés au courant des formalités juridico -
administratives ».
Par ailleurs, le souci de faire développer le milieu
rural de Madagascar est devenu une priorité pour l'Etat malgache. Tous
les Président qui se sont succédé ont tous essayé
de faire développer le milieu rural par le biais de diverses
stratégies et programmes. Toutefois, il n'a pas toujours
été facile de réaliser ce développement. En ce
moment, on parle de la vision « Madagascar,
naturellement » de par la vocation agricole du pays pour
parvenir à une image de développement humain, économique
et social poursuivie à terme. La concertation entre dirigeants et
acteurs du développement rural est donc continuellement de mise.
Sur le plan international, Madagascar bénéficie
d'opportunités offertes par l'ouverture totale du marché
européen, par l'accès privilégié au marché
américain, par sa participation à la zone de libre échange
du COMESA et à celle de la SADC et par les accords de l'APE et de l'OMC.
Dès lors, entant que pays moins avancé, Madagascar pourrait
bénéficier d'un accès privilégié aux
marchés de nombreux pays développés ou en transition. Or
afin de pouvoir accéder à tous cela, il faut une
productivité importante et être très compétitif.
Pour augmenter la productivité, il faut commencer d'abord par
développer le milieu rural qui est sans doute l'ouverture pour arriver
à ces buts.
Dans ce sens, vu que Madagascar est un pays à vocation
agricole, la croissance économique escomptée doit provenir en
majeure partie du secteur agricole pour que les effets puissent effectivement
se ressentir auprès de la population rurale.
Etant aussi la plus grande île de l'Océan Indien
et la plus à proximité du continent Africain, elle se doit de
constituer un véritable grenier de produits agricoles pour tous les pays
voisins qui importent encore d'Europe ou d'Asie leurs principales
denrées alimentaires.
Par conséquent, la gestion foncière occupe une
place importante dans le développement rural à Madagascar. C'est
la raison pour laquelle nous avons choisi ce thème pour en apprendre
davantage.
III- Objet d'étude
La gestion foncière au niveau du développement
rural a pour objet d'étude de :
· favoriser la production agricole ;
· renforcer la cohésion sociale au niveau local et
communal,
· assurer l'investissement privé, national et
étranger ;
· favoriser le développement des
collectivités territoriales décentralisées.
L'objectif principal est de répondre à la
demande massive en sécurisation foncière dans des brefs
délais et à des coûts ajustés au contexte
économique et la mise en place d'infrastructure d'irrigation qui est un
facteur essentiel pour assurer une productivité plus
élevée.
IV- Problématique
Elle permet de soumettre à une interrogation
systématique des aspects de la réalité en termes de
gestion foncière et de développement rural mis en relation par
une question qui leur est posée.
Les obstacles majeurs empêchant le décollage d'un
processus de gestion foncière sont les suivants :
· panne du dispositif actuel ;
· paralysie du service public ;
· coûts élevés des opérations
cadastrales ;
· faible capacité de délivrance des
titres ;
· insuffisance d'infrastructure d'irrigation.
La problématique du secteur agricole réside dans
l'incapacité du secteur à mettre sur le marché des
produits en quantité et de qualité. Les efforts de l'Etat
reposent sur une augmentation substantielle de la production. Or, certains
facteurs sont réellement bloquants ou néanmoins limitants
à cet égard sont :
· la précarité des situations
foncières empêchant d'investir ;
· la faiblesse des systèmes de diffusion des
techniques innovantes permettant le doublement de la production comme les
périmètres irrigués ;
· l'insuffisance de capacité technique et de
gestion d'exploitation des producteurs et les lacunes dans le système de
conseils aux agriculteurs ;
· le manque de confiance entre secteur privé et
secteur public et l'insuffisance de concertation et de partenariat.
C'est pourquoi nous avons posé la question suivante
« dans quelle mesure la gestion foncière favorise - t -
elle le développement rural » ?
V- Hypothèses
Toute recherche sociologique commence par la formulation d'une
question que nous avons énoncée dans la problématique et
qui se poursuit par la construction d'hypothèse que nous allons voir
dans cette section.
C'est en relation avec la précarité des
situations foncières et l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation
qu'un débat approfondi sur l'implication de la gestion foncière
dans le développement rural est nécessaire et utile. En
conséquence, nous avons avancé les hypothèses
suivantes :
· responsabilisation des communautés locales
à la gestion foncière;
· précision du droit foncier et la structure de
l'administration foncière;
· sécurisation foncière pour inciter les
paysans à valoriser leurs terres ;
· participation des villageois à la gestion des
infrastructures d'irrigation.
Chapitre II : CADRE DE LA RECHERCHE
Jadis, la terre était aux yeux des Malgaches un bien
collectif. Sous le règne d'Andrianampoinimerina, la terre
était devenue le domaine éminent du souverain, mais le principe
de l'usage collectif avait été conservée, car le Roi
redistribuait les terres à des collectivités les
« Fokonolona 3(*)» et non à des individus.
En 1855, un français établi à Maurice,
Lambert avait rendu un grand service au prince Rakoto de remettre de
la part de ce dernier à l'empereur Napoléon III une lettre dont
le contenu était de détrôner la veille reine Ranavalona I
et de porter le prince Rakoto au pouvoir. En récompense,
Lambert reçut des privilèges sous la forme d'une charte : il
était autorisé à prendre et mettre en valeur des terres et
les forêts inexploitées de Madagascar, à creuser des mines,
à construire des canaux et des ports, contre le paiement d'une redevance
de 10% sur le produit de toutes les entreprises. Mais beaucoup d'autochtones
manifestèrent leur objection.
Le régime colonial a maintenu le principe du
« domaine éminent » pour faciliter
l'appropriation des terres, lesquelles ont été
redistribuées en priorité aux colons ; par contre
l'administration coloniale a remplacé le principe de droit communautaire
par celui de la propriété privée et de domanialité
pour assurer la mainmise des colons sur les terres.
Lors de l'accession à l'indépendance, le droit
de propriété individuel a été conservé, mais
la collectivité des ressources foncières est restée
très vite dans les esprits des malgaches ; le droit foncier
souligne la « reconnaissance des règles
coutumières » dans l'appropriation des terres. Les
principaux textes datant des années 60, ont surtout mis l'accent sur
l'utilisation rationnelle, en soulignant la mise en valeur des parcelles comme
condition impérative de son appropriation. Cette notion
« d'appropriation privative » a été
renforcée au début des années 80, par des dispositions qui
visaient à attribuer «la terre a ceux qui la
travaillent », dans l'optique d'éliminer le
métayage et le fermage.
Dans les années 70 et 80, l'Etat avait tenté
d'imposer l'installation de paysans sans terre sur des surfaces non
cultivées. Des campagnes de migration ont été
organisées pour installer des agriculteurs sur les vastes superficies
non mises en valeur. Mais, cette stratégie s'est soldée par un
échec, les migrants ayant rencontré une résistance
farouche de la part des communautés locales. Très vite, la
situation globale était revenue à celles où les personnes
occupaient les terres étaient ceux qui avaient le consentement des
pouvoirs traditionnels, selon les principes du droit coutumier.
De nos jours, une réforme foncière est en train
de se dérouler afin d'éliminer d'abord les dysfonctionnements qui
perdurent dans l'administration, puis de garantir la sécurité des
personnes et des biens et enfin d'assurer l'égalité de tous les
citoyens à l'accès aux services publics, le tout converge vers
une accélération « relative » du processus
développement surtout en milieu rural.
I- Cadre historique et géographique
1- Cadre historique
Auparavant, ce sont les Bara Zafimanely qui se sont
installés sur le coté ouest du territoire du clan des Bara plus
précisément à Ihosy, Sakaraha, Betroka,
Benenitra, Ankazoabo et Beroroha. Un dès descendants des Bara
Zafimanely dénommé Benarivo est le premier qui
s'est établi sur « Ambinaniroa Andonaka ».
Il a eu pour fils Ratsiately et celui-ci était le père
de Volay et de Mahandry3(*). Malheureusement, ses enfants moururent avant
lui. A cette époque Ambinaniroa Andonaka s'appelait
Mahabemaso à cause des terres à perte de vue sans
forêt ni colline. A l'arrivée des colons en 1895, ils ont
changé le nom en Ambinaniroa. En effet, les colons ont demandé
aux autochtones comment ils vont appeler leur terroir à cause du
recensement de la population a effectué. Cette dernière avait
choisi Ambinaniroa vu les 2 rivières Sahambano et
Zoamandoa qui entourent le village.Plus tard, un français qui
s'appelait Abel Louis était venu à Ambinaniroa et demanda des
terres à Ratsiately. C'est Abel Louis qui a emmené des
migrants d'autres tribus pour travailler sur la terre qu'il avait eu. C'est
pour cette raison que nous pouvons observer la présence de
différentes tribus qui se côtoient et vivent ensemble dans ce
village. Au départ, Abel Louis opta pour la culture de tabac sur cette
terre et c'est grâce à lui qu'elle a pu être
valorisée.
Andonaka était le village des rois
Zafimanely car on appelait lonaka du dialecte bara
les rois. C'est ainsi que le village a pu s'appeler également Andonaka
dû aux andriana4(*) et hova5(*) qui y habitaient.
Ce sont les Français qui ont cadastré les terres
en 1936 mais lors de leur départ, les terres revenaient aux descendants
des tribus. Les Français ont eu également des descendants
puisqu'ils y en avaient qui se mariaient avec des autochtones et
Ratsiately avait donné à ces descendants des
Français des terres pour qu'ils puissent y habiter et y vivre
éternellement.
2- Cadre géographique
La Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka s'étale
sur une superficie de 546 km2 subdivisés en 10
fokontany6(*)
à savoir : Ambaho, Ambinaniroa, Anadabo, Bokony, Mandazaka,
Manara, Ranotsara, Soamahatamana, Soareha et Tanambazaha. Elle fait partie
du district d'Ambalavao et de la Région Haute Matsiatra.
Cette commune est délimitée :
· au sud ouest par la Commune Rurale de
Ferahantsoa, District Ihosy, Région
Ihorombe ;
· au nord ouest par la Commune Rurale de
Fenoarivo, District Ambalavao, Région Haute
Matsiatra ;
· au sud par la Commune Rurale de Zazafotsy,
District Ihosy, Région Ihorombe ;
· au sud est par la Commune Rurale d'Ankaramena,
District Ambalavao, Région Haute Matsiatra ;
· au nord est par la Commune Rurale
d'Iarintsena, District Ambalavao, Région Haute
Matsiatra .
Elle se situe à 108 km de Fianarantsoa par la
RN 7, plus 9 km par une route d'intérêt communal passable. En
somme, elle se trouve à 63 km d'Ambalavao et à 117 km de
Fianarantsoa.
Du regard des naturalistes, Ambinaniroa Andonaka
possède tous les éléments important du cadre de vie rural
à savoir : relief, sol qui constituent les supports de
l'agriculture, du climat et de la végétation. A cet effet, 90%
des terres sont cultivable, malheureusement seulement 30 à 35 % des
terres sont cultivées.
Il y a un climat tropical d'altitude nuancé par
l'importance d'une saison sèche peu sévère. La
pluviométrie donne un total annuel de 1476 mm dans cette région.
L'irrégularité des pluies dans cette région se figure
comme suit :
· période pluvieuse de début octobre
à fin mars,
· période pré pluvieuse du 03 septembre
à fin septembre,
· période sèche du mois de mai au 03
septembre,
· le coeur de la période d'humidité
minimale se situe en juin et en septembre.
II- Données démographiques
1- Effectif de la population
L'effectif de la population de la commune rurale
d'Ambinaniroa Andonaka est de 22 374 habitants.
Il existe 01 CSB II et 02 CSB I, 01 école secondaire de
base publique et 02 écoles secondaires de base privée ainsi que
02 écoles primaires publiques et 04 écoles primaires
privées.
Tableau 1 : Répartition de la population par
tranche d'âge et par Fokontany
AGE
|
0 - 5 ANS
|
6 - 10 ANS
|
11 - 17 ANS
|
18 - 60 ANS
|
60 ANS ET PLUS
|
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Ambaho
|
85
|
105
|
182
|
236
|
397
|
285
|
563
|
671
|
13
|
15
|
Ambinaniroa
|
183
|
202
|
192
|
220
|
869
|
729
|
1003
|
1210
|
39
|
18
|
Anadabo
|
39
|
37
|
175
|
160
|
416
|
363
|
256
|
286
|
18
|
13
|
Bokony
|
33
|
52
|
158
|
366
|
559
|
680
|
703
|
792
|
31
|
18
|
Mandazaka
|
118
|
131
|
185
|
171
|
404
|
346
|
851
|
914
|
24
|
28
|
Manara
|
175
|
197
|
214
|
250
|
423
|
475
|
390
|
777
|
34
|
29
|
Ranotsara
|
73
|
97
|
107
|
70
|
170
|
228
|
310
|
342
|
18
|
28
|
Soamahatamana
|
38
|
29
|
72
|
85
|
142
|
115
|
183
|
171
|
16
|
18
|
Soareha
|
37
|
18
|
64
|
84
|
84
|
77
|
99
|
131
|
31
|
27
|
Tanambazaha
|
31
|
28
|
91
|
130
|
118
|
208
|
91
|
90
|
25
|
12
|
TOTAL
|
748
|
906
|
1440
|
1778
|
3600
|
3506
|
4454
|
5384
|
250
|
214
|
TOTAL GENERAL : 22 374
Source : Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka
2007
Par le biais de ce tableau, nous pouvons constater que les
femmes sont plus nombreuses que les hommes et représentent 52,66% de la
population.
La majorité de la population se trouve entre la tranche
d'âge de 18 à 60 ans qui font partie de la population active.
2- Densité de la population
La densité de la population de cette commune est
évaluée à 41 habitants par km2 en 2007.
Le doyen du village à 85 ans.
III- Traits sociologiques et
anthropologiques
1- Culture
1.1 Les groupes ethniques7(*) en présence
Dans la Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka, il
existe plusieurs groupes ethniques8(*) qui vivent ensemble donc il y a une rencontre de
peuple d'origine différente et de cultures différentes.
i. Les Bara Zafimanely
Ils occupent la plus vaste territoire de cette commune
d'ailleurs, ils sont les premiers à s'y installer. Originaire de la cote
sud est, ils se seraient dirigés vers l'ouest, à la recherche de
nouveaux pâturages pour leurs boeufs, refoulant vers le nord en
soumettant les habitants des villages qu'ils s'emparaient.
Avant l'occupation française, c'était une
population pastorale et guerrière. Ils peuvent être
comparés à des enfants turbulents et batailleurs. Les hommes ne
pensaient qu'à la bataille et au vol ; le rapt des troupeaux de
boeufs étant considéré comme la preuve la plus manifeste
de leur virilité. Les femmes vivaient dans une condition très
inférieure, accablées de besogne au point que leur existence
était un véritable esclavage.
Mais depuis l'arrivée des Français et des autres
migrants, les bara étaient devenus une population agro
pastorale. Les hommes et les femmes s'entraident dans les divers tâches
en les répartissant : les tâches ménagères
incombent aux femmes avec l'éducations des enfants et les hommes
s'occupent principalement du travail à la terre et à la
surveillance des troupeaux afin de subvenir aux besoins de la famille.
ii. Les Antaisaka
Originaire du sud est de Madagascar, ce sont des populations
laborieuses et économes mais ne se fixent guère en dehors de leur
pays d'origine car ils veulent dormir leur dernier sommeil auprès de
leurs ancêtres dans leurs village d'origine. C'est également une
population docile qui se distingue par son degré supérieur de
moralité. Ils sont des travailleurs infatigables et sont arrivés
dans cette commune pour le travail.
iii. Les Antandroy
Population issue de l'extrême sud de l'île, ils
sont comme des nomades, belliqueux et pillards. Les hommes vivent dans un
état de paresse et se vouent souvent aux vols et aux crimes. Ce sont les
femmes qui subviennent aux besoins de la famille à leur place. Souvent
leurs villages sont entourés par les cultures de leurs plantes
traditionnelles qui les servent de nourriture à savoir le
« raketa »,variantes des cactus.
iv. Les Betsileo
Ils viennent principalement de la ville de
Fianarantsoa et de ses environs. Le Betsileo est un paysan
né : 97,5% des habitants vivent de l'agriculture, on pourrait dire
de la monoculture du riz. Ce sont eux qui ont introduit la culture du riz dans
la commune rurale Ambinaniroa Andonaka. Souvent les Betsileo
sont considérés comme les peuples laborieux, les plus
attachés aux instructions à Madagascar. Par contre, c'est une
population qui parle beaucoup et qui utilise ses temps libre pour les
commérages.
v. Les Merina
Ils sont issus de la province d'Antananarivo. C'est
la population la plus avancée en termes de développement à
Madagascar. Ils sont également très calculateurs9(*). Dans cette commune, ils
vivent principalement du commerce pour approvisionner la commune.
1.2 Les traditions
Les traditions et les croyances laissées par les
ancêtres sont toujours présentes dans la vie de la population de
cette commune. A titre d'exemple les tabous sont encore très
respectés comme l'interdiction d'élever des chèvres et de
cultiver des pois chiches. Il en est de même pour l'utilisation des
fusils vu que c'est un « ody basy10(*) » et puis cette culture peut
empêcher la pluie de tomber alors que les paysans ont besoin de la pluie
pour leur culture. Quant aux chèvres, ils sont
« fady11(*) » des ancêtres des Bara
Zafimanely. Celui qui s'aventure a élevé des chèvres
meurt systématiquement.
Si on vient à enfreindre ces tabous, pour enlever la
malédiction, il faut prendre de l'eau de la rivière à
l'aurore, les femmes poussent des cris et demandent aux
« razana12(*) » car la pluie n'est pas
tombée. Ensuite, il faut arroser le « Hazomanga13(*) » par les eaux
puisées à la rivière, les récoltes sont offertes
comme offrandes aux « lonaka » et envoyés
à « l'hazon - drazana ». Et la pluie
tombera au plus tard à la fin de la journée.
En ce qui concerne les croyances, jadis grâce aux
« razambe » des Zafimanely, les dahalo
(voleurs de zébus) n'osaient pas attaquer le village car celui qui
parvient à franchir le village meurt par la suite. Les Zafimanely
croient également au fait que toutes les personnes qui ont un don,
qui les a rendu célèbre une fois arrivés sur leur village
doivent faire une offrande et demander la bénédiction à
leur « lonaka », sinon ils perdront leur
célébrité ou plus précisément leur
notoriété.
A propos des rites funéraires, les bara
n'enveloppent pas leurs morts dans les lamba14(*) et ne les
déposaient pas dans des tombeaux, mais ils les étendent sur des
roches et les recouvrent ensuite des pierres.
1.3 Les religions
Dans la majorité, la population est pour le
syncrétisme. Elle prie à l'église comme tout le monde et
consulte des ombiasy15(*) quand elle a un problème. Le culte des
razana est également fréquent dans cette commune
étant donné qu'à chaque rite, elle invoque toujours les
razana pour avoir leur bénédiction.
La plupart de la population est catholique à cause de
la présence d'une congrégation de soeurs religieuses dans la
commune. A part cela, nous pouvons aussi apercevoir l'existence d'église
protestante et des sectes à savoir Témoin de Jehovah et Jesosy
Mamonjy dans la commune.
En somme, le christianisme a enregistré un grand
progrès dans cette commune mais le problème est que la population
a toujours tendance à se référer à son ancienne
religion.
1.4 Les valeurs communes partagées par la
population
Il existe dans cette commune un substrat culturel commun pour
toutes les ethnies qui y cohabitent.
Cette population partage un fonds commun, à
savoir :
· le fihavanana (havana = parents, lien
de parenté, relation de bon voisinage) : elle englobe la
personnalité de base de tous les malgaches, la relation de l'individu
avec les autres membres de la société et elle renvoie aussi
à un système d'obligation (d'où les fameux adidy)
auxquels l'individu ne peut se soustraire.
· Le culte des ancêtres (razana),
considérés comme sources de vie et de bénédiction,
garants de la transmission et de la continuité de la vie, ils sont
censés assurer la protection des vivants.
· La reconnaissance de l'existence de Dieu
(Zanahary ou Andriamanitra) maître de la vie et du
destin.
· La croyance au destin (vintana) qui influe sur
la vie de chaque individu.
· La croyance au tsiny et au tody,
c'est-à-dire un système de sanction naturel et surnaturel qui
servent de balise aux activités de l'homme.
· La croyance au fady, considérés
comme des éléments régulateurs de la vie sociale.
1.5 La modernité16(*)
La mondialisation et l'arrivée des technologies
n'épargnent pas la commune. En effet, la majorité de la
population n'a pas encore l'électricité chez eux mais elles sont
quand même des utilisatrices de téléphone mobile. Un des
réseaux de télécommunication d'une grande entreprise
opératrice de téléphonie mobile représentée
par ZAIN MADAGASCAR passe sur la commune qui permet à la population d'y
accéder. Aujourd'hui donc dans cette commune même les gardiens de
troupeaux possèdent un cellulaire. Toutefois, son utilisation reste
limitée à cause de l'analphabétisme. L'utilisateur se
contente tout simplement d'effectuer des appels et ne peut pas utiliser les
autres fonctionnalités comme l'envoi de message par texte.
2 La hiérarchie
2.1 La parenté et la hiérarchie familiale
La hiérarchie instituée au niveau de la
parenté et de la famille est le point de départ et la base de
l'organisation sociale dans la société malgache
traditionnelle.
Dans cette commune, les personnes âgées
(zokiolona) occupent encore une place importante dans le lignage et
l'administration car on fait toujours appel à eux avant de prendre une
décision et c'est par leur intermédiaire qu'on diffuse les
informations.
Au niveau de la famille restreinte, l'autorité est
dévolue au père de famille. Il faut mentionner aussi
l'aîné parce qu'il est considéré comme le pilier de
la famille.
2.2 Hiérarchie politique et hiérarchie
sociale
Les personnes qui possèdent le pouvoir dans cette
commune sont :
· L'Etat représenté par la Mairie, les
autorités locales et la gendarmerie
Nationale, cette dernière représente l'ordre.
Ceux sont eux qui prennent des décisions au profit de la
communauté. Ils représentent la population à
l'extérieur de la commune.
· Le Fokonolona dont l'ordonnance N°62 -
004 en date du 24 juillet
1962 fixe les attributions, les responsabilités et les
pouvoirs, comporte une ou plusieurs communautés de personnes vivant dans
une portion de territoire national appelé Fokontany, il est
doté d'une personnalité morale ; délibérant en
assemblée générale, il constitue « une
collectivité territoriale décentralisée ». Il
élabore à la majorité de ses membres (et non à
l'unanimité) des dina, ou convention collectives pour les
travaux à entreprendre ainsi que leurs modalités.
A titre d'exemple dans la commune rurale Ambinaniroa
Andonaka, quand il y a un vol dans la commune, la victime fait d'abord
un « koko » (alerte) et appelle le
fokonolona pour constater les dégâts avant d'en faire
part et porter plainte auprès des autorités locales
compétentes.
IV- Démarche méthodologique
1- Technique d'enquête
Pour obtenir des réponses, rien n'est plus naturel que
de poser des questions. L'enquête par questionnaire est, à ce
titre, un moyen pratique pour collecter rapidement des informations et un outil
efficace d'aide à la décision.
Le questionnaire est composé de :
· question ouverte ;
· question fermée.
Le questionnaire a été utilisé de
manière à comprendre la gestion foncière et le
développement rural dans la commune d'Ambinaniroa Andonaka.
2- Outils méthodologiques
L'outil principal utilisé lors de la recherche est,
comme nous avons mentionné dans la section précédente, le
questionnaire qui comporte une liste ordonnée de variables, indicateurs
des dimensions des différents concepts dont la recherche vise à
expliciter la signification et les interrelations entre gestion foncière
et développement rural.
Cet outil implique des objectifs clairs, une méthode et
une organisation, une planification précise et bien sûre des
investissements en temps.
Par ailleurs, pour obtenir plus de précision et de
clarté dans la recherche, nous avons également eu recours
à un autre outil méthodologique qui est l'entretien libre. Nous
avons effectué ces entretiens libres avec M. ANDRIAHERIMARINAINA,
Inspecteur des Domaines de la région HAUTE MATSIATRA pour en savoir
davantage sur l'état actuel du service foncier dans cette région
et l'état d'avancement de décentralisation des services fonciers.
Tous les problèmes fonciers ont été abordés avec
lui et son impact sur le développement. Ensuite, nous nous sommes
entretenues avec Mme Hortensia RAHASARIVELO, Adjoint au Chef District
d'Ambalavao chargé de l'administration générale
et territoriale pour connaître les procédures administratives
relatives à l'acquisition de titre foncier et à l'identification
des litiges fonciers fréquents. Enfin, nous avons réalisé
des entretiens avec M. Félix IHOASA Chef Fokontany de
Ranotsara, M. Claude RATSIMANOATRA Chef Fokontany Ambinaniroa
et premier Adjoint au Maire et pour terminer avec M. Louis RAZAFIMAHATRATRA
Chef Fokontany de Bokony dans le but de savoir comment les
autorités locales procèdent - ils à la gestion
foncière et au développement rural de leur Fokontany
respectif.
3- Autres repères méthodologiques
Les observations tantôt participantes tantôt
armées, ont eu lieu du 06 août au 27 aout 2008. Les protocoles ont
été souvent hétéro - administrés à
cause des problèmes d'illétrisme et d'analphabétisation.
L'analyse est à la fois quantitative et qualitative. La démarche,
quant à elle, est hypothético - déductive. Il s'agit en
fait d'une recherche aussi bien appliquée et évaluative que
descriptive et prospective.
4- Construction des variables de la population cible
Terrain d'enquête : Commune Rurale
Ambinaniroa Andonaka en raison de sa potentialité agricole et
de la grande superficie des terres cultivables.
Echantillon : elle est de taille restreinte
à savoir 125 personnes en raison évidentes de rapidité et
de cohérence dont 75 du sexe masculin et 50 du sexe féminin.
Nous avons utilisé les 2 techniques
d'échantillonnages, c'est-à-dire :
· au hasard que la personne soit du sexe masculin ou du
sexe féminin ;
· par quotas car nous avons prélevé 13
personnes à enquêter dans les 9 Fokontany et 8 personnes
dans la dernière Fokontany qui se trouve à des distances
plus éloignées.
Les variables retenues par la constitution de
l'échantillon qui est constitué de 125 personnes sont : les
variables quantitatives, ordinales et qualitatives.
4.1 Les variables quantitatives
Qui sont d'une part l'âge dont 3 classes d'âges
ont été considérées. La classe d'âge de moins
de 18 ans dénommée « jeunes » qui sont des
acteurs dans les sphères économiques et social de la
commune ; la classe d'âge de 18 à 60 ans ou «
adultes actifs », qui regroupent les adultes pleinement
engagés dans les différentes activités ; la classe
d'âge de plus de 60 ans ou « aînés »,
qui regroupent les détenteurs effectifs du pouvoir, dépositaires
de l'expérience et de la sagesse ou leaders d'opinions.
D'autre part, il y a la taille d'exploitation qui est un signe
extérieur de richesse.
Tableau 2 : Répartition de la population
selon leur âge
AGE
|
NOMBRE
|
Moins de 18 ans
|
10
|
18 à 60 ans
|
85
|
60 ans et plus
|
30
|
TOTAL
|
125
|
Source : enquête personnelle 2008
Figure 1 : la répartition de la population
selon leur âge
Source : enquête personnelle 2008
Selon le graphe ci-dessus, 68% de la population
enquêtée sont des « adultes actifs », qui
regroupent les adultes pleinement engagés dans les différentes
activités.
Tableau 3 : Répartition de la population
selon leur taille d'exploitation
SUPERFICIE
|
NOMBRE
|
Moins de 0,25 HA
|
15
|
0 ,25 HA à 0,49 HA
|
20
|
0,5 HA à 0,99 HA
|
25
|
1 HA et plus
|
65
|
Source : enquête personnelle 2008
4.2 Les variables ordinales
Elles permettent de positionner l'enquêté sur une
échelle donnée. Ce sont :
· le sexe : la population enquêtée est
soit masculin ou féminin ;
· lieu de résidence : les
enquêtés sont répartis par ordre décroissant dans
les Fokontany suivants : Ambaho, Ambinaniroa, Anadabo,
Bokony, Mandazaka, Manara, Ranotsara, Soamahatamana, Soareha,
Tanambazaha.
4.3 Les variables qualitatives
Elles attribuent un intitulé à chaque
élément. Ce sont le mode d'acquisition des terres, possession de
titre ou certificat foncier et les infrastructures d'irrigation.
V- Repères théoriques
Notre travail de recherche repose sur quelques repères
théoriques : la sociologie foncière, la sociologie du
développement et la sociologie rurale.
1- Sociologie du foncier
En dehors du caractère sacré de la terre des
ancêtres17(*), nous
partageons l'avis de PELISSIER, P. (1955 : 12 - 20)18(*) lorsqu'il évoque les
passages des principes aux pratiques dans la transition foncière en
Afrique en ces temps :
« Le statut des terres cultivées est
fondé dans l'ensemble de l'Afrique noire sur des principes
communs...
Principe commun le plus universellement reconnu :
c'est le défrichement qui fonde le contrôle foncier, c'est
l'exploitation du sol, sa mise en valeur, qui justifie la
pérennité de la terre.
Second principe : tout membre de la communauté
(clanique, villageoise, lignagère, etc.) a accès à
l'utilisation du sol en fonction de sa capacité de travail et de ses
besoins, de sorte que le concept de « paysan sans terre »
est totalement étranger à la culture africaine.
Le troisième principe fondateur...est que les
vivants ne sont que des usufruitiers d'un bien qui ne leurs appartient pas et
qui, par conséquent, est inaliénable... »
En conséquence, il existe un fonctionnement très
complexe de l'usage du foncier en milieu rural. Ce même auteur postule
que :
« la même terre est couramment soumise
à plusieurs types de droits, par exemple ceux du
« maître de la terre », gestionnaire et
administrateur du fonds, descendant des premiers « maîtres du
feu » ; ceux du « maître de la
hâche », c'est-à-dire l'exploitant, le détenteur
d'un droit d'usufruit imprescriptible (et à ce titre, se comportant en
« propriétaire ».) ... le droit de culture sous
forme de prêt temporaire qui annonce lui-même deux formes
d'affectation du sol : la location et la mise en gage... De même le
statut d'un champ peut varier en fonction de celui de son exploitant selon que
celui - ci est chef de lignage ou chef de famille ou bien qu'il s'agit d'une
femme ou d'un célibataire... » (Idem)
En réalité, nous avons la configuration
suivante : il y a les droits les plus précis et les plus
individualisés aux droits aux contours imprécis et les
collectifs. Il s'ensuit que «l'égalitarisme foncier »
(op. cit. p.21) est rare. En plus, toute politique foncière de l'Etat
doit viser la sécurité foncière pour les paysans afin
qu'ils puissent exercer leurs activités agropastorales dans leurs
terroirs (op. cit. p. 21). Par ailleurs, la propriété
coutumière de nature familiale ou individuelle à Madagascar
était en principe respectée, mais la présomption de
domanialité au profit de l'Etat depuis l'occupation française
(1896) ainsi que l'augmentation des demandes d'attribution de terrains
domaniaux ont entraîné une relative déconsidération
des propriétaires fonciers qui assurent difficilement la défense
de leurs droits par des moyens et preuves peu efficaces. Les traditions orales
et les témoignages des co - résidents, etc. ne suffisent pas
à prouver l'officialité de la propriété pour les
administrateurs et le personnel judiciaire.
2- Sociologie rurale
Le problème foncier que nous étudions se trouve
en milieu rural. Ainsi, nous disons avec HOYOIS, G. (1968 : 58 -
64)19(*) que
l'appartenance rurale est certes multiple (la résidence, la
participation sociale, le degré de socialisation et d'acculturation
d'une personne ou son empreinte culturelle, l'adhésion psychologique)
mais l'attache économique est un indicateur assez fiable
puisque :
« la fonction de l'agriculteur est
essentiellement liée à la jouissance d'une portion du sol ;
il fait valoir la terre par la culture ou le pâturage. Aussi ce
« terrien » est - il véritablement attaché au
« terroir », il représente, au point de vue
professionnel le rural à cent pourcent ».
3- Sociologie du développement
Le foncier en milieu rural est étroitement lié
au progrès social et au processus de développement. Pour ROCHER,
G. (1968 : 190)20(*)
le développement ou la modernisation a un sens plus englobant en tenant
compte à la fois de l'industrialisation et le développement
économique. En fait,
« c'est la totalité des actions
entreprises pour orienter une société vers la réalisation
d'un ensemble ordonné de conditions de vie collectives et individuelles,
jugées désirables par rapport à certaines
valeurs ».
Pour un autre auteur, PERROUX, F. (L'économie du
XXème siècle, Paris PUF)21(*) le développement est
à la fois un processus et un résultat. Ainsi,
« le développement est la combinaison des
changements mentaux et sociaux d'une population qui la rendent apte à
faire croître, cumulativement et durablement, son produit réel
global ».
Le développement est alors un faisceau de
transformations qui modifie les comportements, intègre les
progrès des connaissances, l'amélioration des qualifications
(scolaires, académiques, professionnelles...), le savoir - faire
industriel. C'est également une mutation repérable par des
coefficients économiques et sociaux22(*) : part du secteur industriel, par des branches
nouvelles, capital employé par travailleur, valeur ajoutée par
salarié, nombre d'ordinateurs par habitant... nombre d'étudiants,
nombre de chercheurs... En somme, le développement est un
phénomène d'accumulation, largement irréversible et
séculaire, il inclut la croissance et même des phases de
crises.
CONCLUSION PARTIELLE
Le problème foncier reste un des causes de la
pauvreté à Madagascar étant donné que la
précarité des situations foncières empêche
l'investissement. La faculté d'accéder à la terre et de
l'exploiter en toute sécurité est devenue une priorité
pour tous et chacun ainsi que la mise en place d'infrastructure d'irrigation.
La finalité est donc une gestion foncière favorable à la
production agricole et au renforcement de la cohésion sociale
principalement au niveau local et communal.
Les conditions de réussite d'une gestion
foncière favorable au développement rural sont : la
responsabilisation des communautés locales à la gestion
foncière, le précision du droit foncier et la structure de
l'administration foncière, la sécurisation foncière pour
inciter les paysans à valoriser leurs terres et la participation des
villageois à la gestion foncière.
C'est dans ces optiques que vont se focaliser la
deuxième partie de cet ouvrage en parlant des rapports ambigus à
la terre et le processus de développement.
PARTIE II : RAPPORTS AMBIGUS A LA TERRE ET
PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT
Chapitre I : TRADITIONS, PATRIMOINE FONCIER ET
INSECURITE FONCIERE
Au moins 75% des pauvres de Madagascar sont des agriculteurs
et, en particulier, 70% des pauvres qui sont des petits exploitants agricoles,
c'est-à-dire des paysans qui exploitent des parcelles de moins de 1
ha.
Comme ces petits agriculteurs ne disposent que de petites
parcelles, leurs activités sont presque totalement orientées vers
l'autoconsommation, dans le but principal d'assurer leur survie. Ils cultivent
alors en priorité le riz. Dans la Commune Rurale Ambinaniroa
Andonaka, les autres cultures pratiquées à part le riz sont
des aliments de substitution tels que le manioc et le maïs dont la saison
ne dure qu'un mois pour cette dernière. La culture de la population se
focalise donc sur le riz et le manioc.
Dans ce chapitre, nous allons voir le duo rapports ambigus
à la terre et processus de développement afin de bien situer
notre objet d'étude en abordant les caractéristiques de la
gestion foncière.
I- Accès à la terre
1- La transmission de la terre
« Ny tany manaraka ny fehitra na karaza
satria ny fizaran - tany dia miainga amin'ny alalan' ny fandôvana«:
«la terre ça suit les fehitry ou les karaza parce que les partage
de la terre se font par l'intermédiaire des
héritages » : In Les champs de l'ancestralité
à Madagascar : Parenté, Alliance et Patrimoine, P. OTTINO,
1998.
La parenté par les terres ou par le patrimoine ou en
raccourci sur la parenté patrimoniale est indissociable de la
résidence. Dans le domaine de l'appropriation des terres, les notions de
tompon - tany c'est-à-dire « d'originaire »
et de non tompon - tany font toute la différence. A cet effet,
les tompon - tany ou les bara Zafimanely possèdent
plusieurs parcelles de terre plus que les migrants. Et ces terres ce sont
transmises de génération en génération qui
permettent aux héritiers « originaires » de
contrôler les pus grandes superficies de terres et/ou les terres les plus
fertiles et les mieux placées. A l'inverse, les autres ethnies ne
possèdent pas autant de terre ou à fortiori pas du tout, et
occupent une toute autre position sociale. Toutefois, il arrive que les
héritiers « originaires » se prolétarisent
à cause de morcellement des terres par les héritiers et se
trouvent dans l'obligation de vendre. Ce sont les migrants surtout les
originaires du Betsileo et Merina qui
bénéficient de ce renversement de situation en achetant les
terres.
Entre autre, il est extrêmement rare que les
héritiers « originaires » mettent en vente leurs
terres, cela est du au rattachement de la terre aux ancêtres. Dans cet
esprit, se dessaisir de son patrimoine peut être considéré
comme une forfaiture et on n'y recourait qu'en cas d'extrême
nécessité.
Il existe 3 catégories de terres :
· terres appropriées héritées des
ancêtres ou terres ancestrales ;
· terres « créées» ou
acquises à titre personnel ;
· terres non appropriées.
Les ancêtres s'identifient à la terre et se
confondent avec elle dans les notions de tombeau et de terre ancestrale. De ce
fait, les terres ancestrales d'héritage se subdivisent elles-
mêmes en 3 sous catégories :
· les terres d'habitation du village ;
· les terres cultivées ou laissées
provisoirement en jachère qui appartiennent aux membres vivants des
fehitry23(*) du
village ;
· les terres couvertes de lambeaux de forêts qui
entourent les tombeaux.
Par ailleurs, de nos jours nous pouvons constater
l'éclatement des familles en plusieurs ménages qui est quasi
simultané à un éclatement du patrimoine foncier familial
en plusieurs petites exploitations, en fonction du nombre des enfants. C'est
ainsi que la fragmentation des terres s'intensifie à chaque
génération en amplifiant les contraintes d'ordre juridique,
notamment liées à la possession de titre foncier, mais aussi
économique avec l'éclatement des moyens de production, la
réduction de la surface cultivée par ménage et la
difficulté de développement des cultures
mécanisées.
Tableau 4 : Mode d'acquisition des terres
Mode d'acquisition
|
%
|
Don / héritage
|
68 %
|
Achat
|
12 %
|
Location
|
7 %
|
Métayage
|
13 %
|
Source : enquête personnelle 2008 auprès de
la population enquêtée
Figure 2 : Le mode d'acquisition des terres
Source : enquête personnelle 2008 auprès de
la population enquêtée
Nous pouvons voir par le graphe ci-dessus que la population
est encore particulièrement attachée à leurs terres
qu'elle considère comme la terre de ses ancêtres ou tanin -
drazana et représentent 68 % de la population. 12 % des
enquêtés ont achetés leurs terres aux héritiers
« originaires », ces terres perdent leur caractère
de terres lôva24(*) pour devenir des terres hary25(*). Seulement 7% de la
population loue la terre qu'elles cultivent et 13% ont recours au
métayage étant donné que faire travailler quelqu'un sur la
terre coûtera au propriétaire 2 000 Ar par personne par jour
non compris les repas et café. Dans cette commune, il n'existe pas
d'entraide agricole, mais une forme de salariat à cause de la
présence des migrants qui ont besoin de travailler pour subvenir aux
besoins de leurs familles. Cette forme de salariat s'appelle
« saraky26(*) » dans cette commune.
2- Le droit foncier ambigu
L'acuité avec laquelle se pose le problème
foncier à Madagascar tient, pour une large part à
l'imprécision des législations en la matière, et la
Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka n'en est pas
épargnée. En milieu rural, les droits sur la terre sont soumis
à des logiques sociales, institutionnelles et communautaires. Dès
lors, les droits coutumiers sur la terre sont variés :
« les droits d'accès (droit d'entrer dans une zone et d'y
prélever une ressource particulière non
aménagées) ; les droits d'usage (mise en valeur et
aménagement) ; les droits de gestion (répartition et
réglementation des droits d'accès et d'usage) ; les droits
d'exclusion ou d'inclusion (droit de transférer les droits
précédents, notamment par héritage) et enfin le droit
d'aliénation (droit de disposer des autres droits en particulier du
droit d'exclusion, en principe seulement reconnu dans le cadre du droit
privatif de type occidental ».
L'ambiguïté du droit foncier malgache, née
de l'ambivalence entre régime traditionnel et régime moderne,
entrave l'accès à la terre de diverses manières. En
reconnaissant « l'existence des règles
coutumières », la législation foncière
malgache accrédite les barrières traditionnelles à
l'appropriation des terres, notamment, les conditions relationnelles
fondées sur le lignage ou les alliances et les critères de
répartition discriminatoire, comme ceux basés sur l'âge ou
le sexe. En droit coutumier, la terre est un patrimoine commun, donc
indivisible et inaliénable. La prévalence de ce principe fait que
l'appropriation légitime d'un terrain agricole est soumise à des
conditions relationnelles très restrictives.
C'est à cause de cette ambiguïté du droit
foncier que les paysans ne procèdent pas à l'immatriculation. Ils
estiment que l'immatriculation auprès de la commune suffit pour
justifier que la terre lui appartient. 68% des enquêtés n'ont pas
un titre foncier sur leurs terres. Déjà, procéder à
l'immatriculation s'avère coûteux par rapport à leurs
bourses et ensuite ils manquent d'information sur pourquoi est - il utile
d'avoir un titre foncier, comment l'avoir et quels sont les services qui se
chargent de cet immatriculation.
II- La sécurité
foncière
La sécurisation foncière est un motif
d'incitation à la valorisation de la terre. Si les paysans ne valorisent
pas leurs exploitations c'est que leur droit à la
propriété n'est pas suffisamment protégé. D'une
manière générale, l'investissement est avant tout une
question de confiance ; les gens ne sont incités à investir
que s'ils sont certains27(*) qu'ils vont profiter du fruit de leurs efforts.
1- Des procédures discriminantes d'acquisition des
terres
Cependant, les procédures discriminantes d'acquisition
des terres favorisent l'insécurité foncière. Si les
pauvres ont d'énormes difficultés à s'approprier les
terres vacantes c'est que les procédures administratives ne leurs sont
pas favorables. 70% de la population que nous avons enquêtés
avouent qu'elles ont eu d'énorme difficulté lors de l'acquisition
du titre foncier dû aux va - et - vient innombrables dans les services
fonciers, la lourdeur administrative et le coût élevé de
l'acquisition du titre.
La procédure d'acquisition d'un terrain domanial
comprend 3 principales étapes :
· la prospection sur site et l'identification du terrain
auprès des services topographiques ;
· la production d'un certificat de situation juridique et
une reproduction du plan du terrain ;
· la demande auprès de la circonscription
domaniale.
Après avoir déposé la demande
auprès du service des domaines, elle va faire l'objet d'affichage pour
instruction règlementaire auprès du district sur le placard
administratif pendant 5 jours.
Rien que pour franchir la première étape de
prospection et d'identification, le coût devant être
supporté par le demandeur atteint 70 000 AR, soit ¼ du revenu
annuel moyen d'un paysan.
2- La faiblesse de l'administration foncière
pénalise les moins nantis
A Madagascar, le caractère centralisé des
services domaniaux contribue à freiner la conquête du titre
foncier, dans la mesure où cela accroit encore davantage le coût
de l'information et des transactions foncières. L'organigramme de
l'administration foncière ne comporte qu'un nombre limité de
ramification régionale - 11 directions régionales des affaires
domaniales et foncières pour 101 districts, 28 circonscriptions des
services topographiques, toutes rattachées directement à la
Direction Générale des Domaines et des Services Fonciers. A titre
d'exemple, une direction régionale des affaires domaniales et
foncières les 5 districts de la région Haute Matsiatra
et 5 districts de la région Ihorombe. La reconnaissance
des lieux, qui suppose le déplacement du requérant et des agents
des services domaniaux, va occasionner, du fait de la localisation
géographique des services régionaux, des frais de
déplacement sur plusieurs centaines de km, très souvent à
la charge du requérant.
Par ailleurs, l'insécurité provoquée par
la faiblesse des capacités de l'administration foncière pousse la
population à raffermir les règles coutumières, ce qui
intensifie la rétention foncière. En effet, la complexité
des procédures de cadastrage, d'immatriculation ou de titrage, à
laquelle s'ajoute l'insuffisance de l'information en raison du caractère
centralisé de l'administration foncière, conduisent à une
situation où « l'acquisition légale des terres est
le fait de quelques initiés au courant des formalités juridico -
administratives ». Les plus lésés sont les
paysans car, trop éloignés des centres administratifs, ils sont
les moins biens informés et, même au courant des procédures
administratives, ils ne peuvent pas toujours accomplir les démarches
nécessaires, faute de moyens financiers. Pour les paysans pauvres, cette
situation se traduit par une insécurité foncière
constante, dans la mesure où des personnes mal intentionnées
peuvent, à tout moment, utiliser leur rente informative pour les
exproprier. Cette menace pousse les communautés à se regrouper
autour des valeurs traditionnelles dans le but de renforcer l'emprise du droit
coutumier sur les procédures d'acquisitions de terrain.
III- Etat d'avancement du processus de
décentralisation du service foncier
1- De la décentralisation
La décentralisation du pouvoir, de la capitale aux
provinces, et de la province aux régions et communes, peut constituer
l'une des meilleures manières d'associer les citoyens à la
gestion des affaires de la nation et d'en accroître l'efficacité.
Il est plus facile en effet, pour les citoyens de surveiller l'action des
fonctionnaires et élus locaux et d'obtenir qu'ils rendent compte aux
communautés et personnes qu'ils sont censés servir, que de le
faire vis-à-vis du gouvernement central.
La décentralisation est réelle lorsque les
quatre critères suivants sont réunis :
· être doté d'une personnalité
juridique,
· avoir la possibilité de prendre des actes
règlementaires,
· disposer de l'autonomie financière,
· être dirigé par des membres élus
par la population.
L'un des avantages présumés de la
décentralisation est que les collectivités territoriales,
étant plus sensibles aux besoins locaux, font meilleur usage des
ressources mises à leur disposition. Un autre avantage de la
décentralisation devrait être la possibilité de
réduire les coûts de diverses manières. Si les populations
se rendent compte que les projets correspondent davantage à leurs
besoins et que c'est leur argent que l'on dépense, il est vraisemblable
qu'elles veilleront de plus près et à une utilisation efficace
des ressources et participeront volontairement à la bonne
réalisation desdits projets.
Il apparaît donc que le processus de
décentralisation, quand il est géré de manière
rationnelle et bien réfléchie, est susceptible de renforcer la
gouvernance locale, et de créer un environnement propice au
développement humain.
2- Décentralisation du service foncier
Afin de desserrer les contraintes relatives à
l'appropriation des terres, l'Etat malgache a élaboré une
politique foncière reposant sur 4 axes stratégiques à
savoir :
· la restructuration, la modernisation et
l'informatisation des conservations foncières et
topographiques ;
· l'amélioration et la décentralisation de
la gestion foncière ;
· la rénovation de la règlementation
foncière et domaniale ;
· un programme national de formation aux métiers
du foncier.
Ce qui nous intéresse ici est l'axe N°2 qui a pour
objet la mise en oeuvre d'un dispositif juridique et institutionnel local,
renforçant les capacités des collectivités
décentralisées, dans le but de répondre à la forte
demande en document garantissant la sécurité foncière de
leur détenteur.
Pour la réalisation de cette décentralisation,
il faut une administration foncière de proximité qui est le
guichet foncier communal ou inter communal chargé de la
délivrance et de la mutation de certificat foncier.
Le guichet foncier a été créé par
l'article 4 du Décret N°2007 - 1109 portant application de la
loi N°2006 - 031 du 24 novembre 2006, fixant le régime
juridique de la propriété foncière privée non
titrée.
L'article 8 du Décret N°2007 - 1109
détermine les fonctions du guichet foncier notamment :
· de l'instruction des demandes, de
l'établissement de la délivrance des certificats
fonciers ;
· de l'inscription sur les registres parcellaires des
droits réels et charges constitués sur les immeubles après
la délivrance du certificat foncier ;
· de la conservation des actes et plans relatifs aux
immeubles, objet de certificat foncier, et de la communication au public des
renseignements contenus dans leurs archives ;
· de la gestion des biens immobiliers de la
collectivité décentralisée de base ainsi que des
dépendances de son domaine public.
Il existe 3 types de guichet foncier :
· guichet foncier standard : une commune pour un
guichet foncier ;
· guichet foncier papier : centre de ressource et
d'informations foncières (CRIF) intercommunaux ;
· guichet foncier mobile : un guichet mais qui est
opérationnel pour plusieurs communes avec CRIF.
La décentralisation du service foncier est donc une des
solutions aux problèmes fonciers. Cependant, son coût
d'implantation s'élève entre 120 Millions à 140 Millions
AR qui est trop coûteux pour un pays pauvre comme Madagascar vu qu'il y a
d'autres priorités. A cet effet, un contrat a été
signé par et entre le gouvernement des Etats - Unis d'Amérique,
à travers le Millenium Challenge Corporation (MCC), et le gouvernement
de la République de Madagascar pendant une durée de 4 ans pour
appuyer des programmes conçus pour réduire la pauvreté
avec la dotation d'un don remboursable d'environ 109 Millions USD.
MCA - Madagascar est la structure envisagée par le
compact et créée par le Décret N° 2005 - 646 du 13
octobre 2005 qui assure le contrôle et la gestion de l'exécution
du programme contenu dans le compact et le projet foncier en fait partie. En
d'autres termes, le MCA en partenariat avec le Bureau Indépendant Anti -
corruption accompagne le processus de la décentralisation
foncière dans les régions de Vakinankaratra, Amoron'i Mania,
Menabe, Atsinanana, Diana et Boeny, par l'installation de 256
guichets fonciers jusqu'en décembre 2008.
Comme nous pouvons le constater, la région Haute
Matsiatra ne fait pas partie des régions pilotes. Par
conséquent, il n'y a pas encore de guichet foncier dans cette
région. Toutefois, dans la capitale du Betsileo à savoir
Fianarantsoa, à la place du guichet foncier, il y a un guichet unique
qui facilite l'accès au bureau et diminue les va - et - vient du
requérant en réunissant tous les services des domaines dans un
seul lieu.
En ce moment, une seule commune rurale celle de
Vohitraina est dotée d'un guichet foncier papier qui est
opérationnel depuis le mois de septembre 2008. La commune rurale de
Miarintsena prévoit également d'implanter un guichet
foncier mais faute de bailleurs de fonds et de partenaires cette initiative n'a
pas encore été concrétisée.
Quant à la commune rurale d'Ambinaniroa
Andonaka, elle envisage d'avoir un guichet foncier mais ce n'est pas
encore dans l'ordre du jour à cause de bailleurs et de partenaires. Elle
a déjà commencé par informer la population en
réunissant 460 Ray aman - dreny qui sont favorables pour ce
projet d'implantation de guichet foncier.
Des recensements sont aussi en cours de réalisation
pour faciliter l'instruction des demandes dans le guichet foncier et pour avoir
le nombre total de personnes qui n'ont pas encore de titre foncier.
Malgré la concurrence entre les communes, elle ne semble pas
pressée pour cette réforme foncière car elle estime avoir
le temps jusqu'en 2012 dernier délai de réalisation. Alors que
80% de la population pensent que plus vite leur commune sera dotée de
guichet foncier plus vite les litiges fonciers seront réglés, ce
qui ne manque pas dans la commune.
Par exemple, lors de notre passage, il y avait eu un
énorme conflit foncier entre deux cousins issus d'une même grande
famille, l'un qui est le propriétaire devant les yeux du
Fokonolona et l'autre fait partie d'une association qui veut à
tout prix s'approprier la terre qu'il pense être rentable pour les
projets de son association. Ne pouvant pas être réglé au
niveau communal, cette affaire a été portée devant le
tribunal de première instance de Fianarantsoa et a fini par scinder la
famille en 2 parties et a engendré une désintégration
familiale.
IV-Responsabilisation minimale des communautés
locales à la gestion foncière
La responsabilisation des communautés locales
caractérise a priori une bonne gouvernance. Or, le fait de donner plus
de pouvoir aux communautés, dans la gestion des terres, revient à
donner plus d'élan aux règles coutumières puisqu'elles ne
peuvent pas omettre les droits coutumiers qui ont régi dans leur commune
depuis la nuit des temps.
Au temps du régime paternaliste, l'un des volets de la
politique foncière consistait à maintenir les terres agricoles
nationalisées dans le domaine public et à en confier la gestion
à des entreprises étatiques, lesquelles passaient des
« contrats » d'exploitation avec les agriculteurs.
Les communautés n'intervenaient pratiquement pas dans la gestion
foncière. Le système avait 2 avantages : d'abord celui de
faire tomber les barrières de la tradition devant l'autorité de
l'Etat, car l'intervention des sociétés étatiques dans la
gestion foncière permettait d'éclipser les règles
coutumières ; ensuite, celui de réduire le coût de
l'appropriation car, pour les paysans, contracter directement avec les
sociétés d'Etat était un moyen d'accéder facilement
à la terre, sans passer par des procédures administratives
complexes et onéreuses.
Par contre, le mode de gestion foncière qui
émerge parallèlement avec la gouvernance démocratique
s'appuie sur une gestion communautaire des ressources naturelles et une
cohabitation du droit moderne avec le droit coutumier. Le système se
fonde sur le principe de décentralisation c'est - à - dire la
modernisation du système domanial et foncier en répartissant les
compétences de gestion de la terre et des ressources entre services
déconcentrés de l'Etat et les collectivités
décentralisées. Ce processus doit être accompagné
par la modernisation des conservations foncières et topographiques, la
rénovation de la règlementation foncière et domaniale et
la formation aux métiers du foncier. Dans la commune rurale
Ambinaniroa Andonaka, la responsabilisation minimale de la
communauté se limite aux recensements obligatoires prédits par
l'Etat. Jusqu'à maintenant, la communauté ne songe pas encore
à procéder aux étapes suivantes faute de bailleurs et elle
attend toujours le financement en provenance de l'Etat.
Chapitre II : DYSFONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION
FONCIERE COMME ENTRAVE AU DEVELOPPEMENT
Dans ce chapitre, nous allons voir principalement le
développement rural sur tous ses aspects qui permettront de faire
avancer la commune en question. Nous allons dès lors parler de l'impact
de la sécurité/l'insécurité foncière sur la
productivité agricole, des rapports entre productivité et
irrigation des terres et de la mode de participation à la gestion des
infrastructures d'irrigation.
I- Impact de la sécurité foncière
sur la productivité agricole
A Madagascar, où la pauvreté frappe surtout le
milieu rural, la protection de la propriété foncière est
cruciale pour le bien être des plus pauvres, dans la mesure où
elle conditionne, l'amélioration de la productivité agricole
à travers plusieurs démarches, d'abord comme motif d'incitation
à la valorisation de la terre mais aussi comme clé d'accès
au crédit et, enfin, comme moyen de stimuler la mobilité des
facteurs.
Pour la grande majorité des agriculteurs malgaches, le
fait de ne pas détenir des titres fonciers est une barrière
insurmontable à l'accès au crédit. La protection du droit
de propriété est une condition préalable à
l'accès au crédit bancaire, dans la mesure où les biens
immobiliers sont les principales formes de garanties exigées par les
institutions financières.
D'une autre manière, sans titre foncier, les terrains
n'ont pas de valeurs marchandes, par conséquent, l'insuffisance de
l'immatriculation foncière empêche le développement du
marché de la terre. La non fluidité du marché de la terre,
avec comme corollaire le verrouillage des modes d'acquisition réduit en
particulier les possibilités de transfert vers des utilisateurs plus
efficaces.
La sécurité foncière ne stimule la
productivité que si la protection du droit de propriété
est intégrale, en d'autres termes matérialisée par des
titres fonciers irrévocable et garanti par des structures juridiques
adéquates. La sous administration foncière est le principal
obstacle à la promotion de la sécurité foncière. La
vulgarisation de titres de propriété, se heurte en particulier
à l'insuffisance des services fonciers. Actuellement, la seule
alternative à l'insécurité foncière due à
l'absence de titre foncier reste la décentralisation de la gestion
foncière et la restructuration des services fonciers.
Lors de notre enquête, 83% des personnes qui ne
possèdent pas de titre foncier sont inquiètes sur leur sort et
n'exploitent pas suffisamment son terrain de peur de ne pas avoir la
récolte à leur profit. De plus, elles vivent en permanence dans
la crainte en attendant toujours un problème provenant des litiges
fonciers. Ces derniers ne se règlent pas au niveau communal mais finit
devant un tribunal qui engendre des dépenses exorbitantes pour les 2
parties.
II- Productivité et irrigation des
terres
La situation des petits exploitants agricoles est
aggravée par la faiblesse de leur productivité ; non
seulement, ils disposent de surfaces plus réduites, ils ont aussi une
productivité plus faible. La faiblesse de leur productivité vient
d'abord de ce qu'ils ne disposent pas suffisamment de terres
irriguées.
Comme les Malgaches cultivent essentiellement du riz sur des
grandes surfaces, le fait de disposer des terres irriguées est un
facteur essentiel dans leur situation, dans la mesure où les
rizières irriguées assurent une productivité plus
élevée. Une estimation effectuée par les chercheurs de
CORNELL UNIVERSITY montre que la culture de riz sur des terres irriguées
est effectivement l'un des principaux déterminants du niveau de
consommation à Madagascar. Plus précisément, 1 HA
supplémentaire de rizière irriguée, par rapport à
la surface moyenne exploitée, correspond à 40 000 AR de
dépenses de consommation supplémentaire pour l'exploitant
agricole, c'est-à-dire 120% de consommation en plus par rapport au
niveau de consommation minimum.
La production moyenne de paddy est environ 1 tonne à
l'HA sur des terres non irriguées alors qu'elle est de 3 tonnes à
l'HA sur des terres irriguées. Ce niveau de productivité plus
élevé sur des terres irriguées, se traduit par le fait
que, mes agriculteurs propriétaires de terres irriguées ont un
niveau de consommation 1,5 fois plus élevé que ceux qui
possèdent des terres non irriguées.
La situation des pauvres et la structure de la pauvreté
en milieu rural s'expliqueraient, donc entre autre, par l'insuffisance et la
mauvaise distribution des rizières irriguées. Chaque agriculteur
ne dispose, en moyenne que 60 ares de rizières irriguées mais,
les plus pauvres sont les moins lotis.
Dans la Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka, la
population se plaint de l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation
malgré la présence de deux grandes rivières qui pourraient
irriguées suffisamment toutes les rizières de la commune. En
effet, il n'existe que 6 barrages pour les 10 fokontany
présents dans la commune. De ce fait, l'eau est devenue un
élément rare et source de conflit entre la population car les
terres des autres sont irriguées et pour d'autres non. La
productivité dans la commune dépend essentiellement de la pluie
et avec le réchauffement de la terre et les feux de brousses incessantes
la pluie est devenue elle aussi rare. L'absence d'infrastructure d'irrigation
devient donc un très grand inconvénient pour la
productivité et limite la périodicité de production, au
lieu de faire 2 récoltes par an la population se contente d'une seule. A
part la non vulgarisation des techniques agricoles modernes, l'insuffisance
d'infrastructure d'irrigation est un des plus grand facteur qui freine la
productivité. Certes, toute la population estime qu'elle pourrait
produire 2 fois plus et devenir le concurrent potentiel de la région
Alaotra Mangoro, le grenier du riz à Madagascar si elle
possédait une infrastructure d'irrigation adéquate et
opérationnelle. Des demandes d'implantation de ces infrastructures ont
été déposées par la commune auprès des
autorités compétentes mais en vain jusqu'à présent.
Sauf pour l'ONN sollicité par la coopérative des paysans de la
fokontany de Bokony qui a fait le déplacement pour
aider la population en envisageant d'implanter un barrage qui pourrait irriguer
toutes les rizières situées dans ce fokontany.
Heureusement pour remédier à ce problème d'irrigation, une
association a formé des paysans dans cette commune des techniques de
culture moderne qui ne nécessitent pas l'utilisation d'une grande
quantité d'eau, les cultures concernées sont le riz, le manioc et
la pomme de terre. Cette nouvelle technique ne vient d'être
appliquée que pour cette saison, son efficacité n'est pas encore
prouvée mais les paysans restent très optimistes.
III- Mode de participation à la gestion
d'infrastructure d'irrigation
1- La participation outil de base du développement
Le développement suppose la création des
conditions qui améliorent et renforcent les aptitudes des individus et
l'épanouissement de leur personnalité, par l'élargissement
des choix offerts à toutes les personnes qui constituent la
société.
La participation peut être définie comme la
contribution d'un individu ou d'un groupe d'individus à la
définition d'un objectif et à la mise en oeuvre des moyens
permettant de l'atteindre. Elle est le reflet du rôle que les
différents acteurs devraient jouer dans tous les domaines de la vie en
tant qu'individus et / ou en tant que groupes.
La participation est à placer, pour ce qui est de ses
résultats, sur un itinéraire de responsabilisation et
d'interdépendance ; c'est donc un processus qui est
constitué par plusieurs paliers. Les deux premiers paliers
(amélioration de l'efficience et partage des coûts avec la
population desservie) font référence à une certaine forme
de participation, conçue comme une mobilisation de la main - d'oeuvre
locale. Mais participer c'est prendre part aux efforts, mais aussi aux
décisions et aux fruits procurés par ces efforts. Ce qui implique
un processus d'écoute et d'accompagnement de formation et d'information.
Ces conditions permettent d'atteindre progressivement trois autres
paliers : l'amélioration de l'efficacité (obtenir des
résultats les mieux adaptés aux objectifs visés), puis la
construction des capacités des bénéficiaires sur les plans
technique, managérial et stratégique et finalement la
capacité à s'auto - organiser, à prendre des
décisions concertées, à donner une marge de manoeuvre et
renforcer son pouvoir de négociation face aux autres organisations,
à l'administration et au marché.
En milieu rural, la participation se traduit par le
fokonolona qui détient un certain pouvoir en tant que
collectivité de base et les groupements ou groupes
d'intérêt qui sont des organisations démocratiques ;
ces dernières représentent les intérêts de leurs
membres et sont responsables devant eux. Ces groupes constituent de plus en
plus, des forces de proposition vis - à - vis de l'administration et des
autorités de l'Etat, en matière de prise de décisions, de
gestion de contrôle et de suivi de leurs activités et la vie des
populations en général.
2- La participation à la gestion d'infrastructure
d'irrigation
Comme les petits agriculteurs cultivent en priorité le
riz à des fins de consommation, pour assurer leur subsistance,
l'irrigation des terres est un facteur essentiel de leur bien être. En
effet, la technique la plus couramment utilisée par les paysans
malgaches consiste à repiquer et immerger les plants de paddy dans des
carrés de rizières ; mais cette technique nécessite
une bonne maîtrise de l'eau d'où l'importance de la gestion des
systèmes d'irrigation. La technique basée sur l'immersion des
plants de paddy et le repiquage est souvent mise en cause, car jugée
trop coûteuse ; coûteuse en temps, car le repiquage est
souvent fait à la main, du fait que les paysans n'ont pas d'outils de
repiquage mécanique, mais aussi coûteuse en eau car la
maîtrise de l'eau, indispensable à l'immersion nécessite
des infrastructures d'irrigation parfois très lourde. L'attachement des
paysans malgaches à cette technique peut cependant s'expliquer par la
taille de leur exploitation.
La longévité des infrastructures d'irrigation
est donc un intérêt capital pour les petits exploitants agricoles.
Dans ce cas précis, il faut un partenariat entre l'Etat et les
communautés d'usagers pour une meilleure gestion des barrages et canaux
d'irrigation ; cela suppose aussi bien la capacité des groupements
d'usagers de manière à inclure les paysans dans la conception, la
construction et la maintenance des ouvrages d'irrigation. Il s'agit de donner
plus de pouvoir dans la gestion des périmètres
irrigués.
L'idéal du partenariat serait donc de permettre aux
groupements de paysans de gérer eux-mêmes les structures
d'irrigation, auquel cas le rôle de l'Etat serait de coordonner, orienter
et règlementer les actions des groupes d'usagers.
La pérennité des ouvrages d'irrigation repose
sur l'entente entre les usagers. L'explication tient au comportement
opportuniste de ces derniers et à l'existence d'une asymétrie
dans la distribution de l'eau. Les exploitants en amont, c'est-à-dire
plus près des canaux principaux, sont souvent plus
avantagés ; l'opportunisme de ces derniers peut empêcher les
avalains de bénéficier des installations, ce qui
découragerait ces derniers à participer aux travaux d'entretien
et de maintenance. La gestion des infrastructures d'irrigation, par l'Etat tout
seul, ne peut donc qu'exacerber la tension entre les usagers. En d'autres
termes, l'entente dépend du degré d'implication des usagers dans
la gestion, plus l'entente se consolide et plus la gestion des
périmètres irrigués est efficace.
L'autonomisation de la gestion des infrastructures
d'irrigation contribue à faire reculer la pauvreté à
plusieurs titres. La prise de responsabilité à plusieurs niveaux
dans la gestion communautaire des périmètres irrigués
offre aux paysans l'opportunité d'intensifier leur participation, donc
de renforcer chez eux le sentiment de prendre leur destinée en main et
la conscience de contribuer au développement. La recherche quasi -
permanente de l'entente, qui est indispensable dans la pérennisation des
systèmes d'irrigation, renforce la capacité des
communautés paysanne à se prendre en charge, d'être
solidaire et de mener une action collective.
Dans le cas d'Ambinaniroa Andonaka, l'autorité
locale ne sensibilise pas assez la population pour participer à la
construction et à la pérennisation des infrastructures
d'irrigation. La population a appris à vivre avec cette insuffisance
d'eau et même si la construction d'un barrage facilite leur travail sans
la sensibilisation et l'aide de l'autorité locale ceci demeure un
rêve inachevé. Par ailleurs, dans quelques fokontany de
la commune, des coopératives paysannes se sont créées et
les paysans s'entraident et participent à la réalisation de leurs
futurs barrages et canaux d'irrigation qui leurs sont rentables. La
coopération et la responsabilité les permettront sans doute de
devancer les autres fokontany en termes de productivité. Mais
il ne suffit pas tout simplement de l'entretenir. La question qui se pose sera
donc dans quelle mesure les paysans seront - ils aptes à assurer la
pérennisation de ces infrastructures afin de pouvoir les utiliser
à long terme.
CONCLUSION PARTIELLE
L'état des lieux a permis de constater que
l'accès à la terre est encore particulièrement difficile.
Depuis toujours, la transmission de la terre se fait de père en fils
sauf pour les migrants qui se sont enrichis et ont pu acheter la terre. Cette
vente s'effectue souvent au niveau communal et est attestée par un acte
de vente visée et enregistrée à la commune sans
procéder à l'immatriculation définitive. De ce fait, les
terres non titrées sont souvent source de litige entre les descendants
d'un même ancêtre ou entre originaire et non originaire. Le droit
foncier est toujours ambigu et la population ne comprend pas assez les
démarches nécessaires à accomplir pour l'acquisition d'un
titre dû à la peur du fanjakana28(*).
Avoir des terrains cultivables ne suffit pas pour produire, il
faut avoir aussi la maîtrise de l'eau. Cette maîtrise
nécessite le plus souvent d'énorme infrastructure d'irrigation.
La construction de ces barrages ou canaux d'irrigation est souvent le fruit
d'un partenariat entre l'Etat et la population. Dans le cas de cette commune
observée, l'eau qui est très rare fait souffrir toute la
population et l'absence d'infrastructure d'irrigation se fait sentir sur la
productivité.
La partie suivante se propose de mettre en exergue les
rapports entre les potentialités du terroir et la gestion
foncière, l'opérationnalisation des hypothèses et les
recommandations vers une optimisation de la gestion foncière et de la
mobilisation communautaire.
PARTIE III : VERS UNE OPTIMISATION DE LA GESTION
FONCIERE ET DE LA MOBILISATION COMMUNAUTAIRE
Chapitre I : POTENTIALITES DU TERROIR ET GESTION
FONCIERE
La commune rurale Ambinaniroa Andonaka est l'une des plus
grandes zones rizicoles de Madagascar dont 90% des terres sont des surfaces
cultivables. Elle pourra produire jusqu'à 200 000 tonnes de riz
comme le cas de la cuvette du Lac Alaotra avec plus
d'accessibilité à la terre, des techniques de culture moderne et
des modes d'irrigation adéquates. Ces derniers ont limité la
production de cette commune juste pour l'autoconsommation il est très
rare que les agriculteurs puissent épargner.
Dès lors, malgré le dynamisme et la
volonté de développer de la commune, nous pouvons constater des
contraintes qui sont devenues des faiblesses et des menaces pour la commune.
C'est pour cette raison que nous allons identifier les forces et faiblesse du
terroir ainsi que les opportunités et les menaces auxquels le terroir
devra faire face.
I. Forces et faiblesses
La principale force de ce terroir réside dans le fait
que les terres sont fertiles sans procéder à l'utilisation
d'engrais chimiques. Par ailleurs des surfaces à perte de vue sont
encore inexploitées même si elles sont tout à fait
cultivables. L'exploitation de ces terres peut contribuer à
l'augmentation de la production du terroir.
Cependant, malgré la présence de surface non
exploitée le besoin en terre de la population se fait encore ressentir.
Surtout pour le cas des migrants dont la disponibilité des terres ne
sont pas à volonté même s'ils sont en mesure de les
produire.
Par ailleurs, on peut procéder à toutes sortes
de culture sur ces terres surtout pour la culture du riz aliment de base des
Malgaches très important pour assurer une sécurité
alimentaire de toute la population et très rentable en ce qui concerne
sa commercialisation et la culture des maniocs et des maïs aliments de
substitution du riz qui permettent d'éviter la population de mourir de
faim pendant les périodes de soudure et d'arrondir les fins de mois des
ménages. Cette diversification de production facilite la survie de la
population face aux imprévus qui contribue à la réduction
de la pauvreté.
Le premier handicap de ce terroir qui constitue sa plus grande
faiblesse est l'insécurité foncière
généralisée. Certes, faute de régulation
foncière communautaire et en raison de la lourdeur des procédures
administratives foncières, le sentiment d'insécurité
foncier est omniprésent sur le terroir. De plus, l'écart entre
surfaces cultivées et surfaces cultivables est très flagrant et
est le témoin de la mauvaise gestion foncière dans cette commune.
Alors que la sécurisation foncière est un préalable
à de nombreuses actions tendant en particulier vers une gestion
pérenne des aménagements hydro agricoles. Par conséquent,
l'absence d'infrastructure d'irrigation constitue également une
faiblesse de cette commune. Les agriculteurs ne peuvent pas maîtriser
l'eau qui arrose leurs rizières malgré la présence de deux
grandes rivières qui entourent la commune et sont en mesure d'irriguer
toutes les rizières de la commune. Ils sont dans l'obligation d'attendre
l'arrivée des pluies avant de commencer tous travaux sur leurs
rizières. Donc, leurs productions dépendent essentiellement de
l'abondance de la pluie avec ses impacts négatifs qui font diminuer
aussi la production.
Ensuite, l'insécurité règne dans cette
commune étant donné qu'elle se trouve dans une des zones de
Madagascar classées zone rouge malgré la présence d'un
régiment de Gendarmerie Nationale à cause des actes de banditisme
perpétué principalement par les
« dahalo » qui sont des voleurs de zébus.
Cette insécurité empêche l'épargne vu que la
population consomme tout ce qu'elle gagne de peur d'être braqué.
Il est facile de cambrioler les ménages qui optent pour la
thésaurisation et les malfaiteurs sont au courant que chaque
ménage garde leur argent chez eux. De plus, il est admis dans ce terroir
que l'argent est économisé seulement dans le but d'accomplir les
devoirs (adidy) envers la famille et envers les morts. Donc, il y a
une faiblesse des investissements des ménages dans leurs
activités productives et génératrices de revenu.
A cause de la présence d'insécurité
permanente, la population vit dans une inquiétude infernale qui engendre
des conséquences négatives sur leur production. L'existence de
cette insécurité n'est pas surprenante car les originaires de ce
terroir qui sont les bara sont réputés être des
auteurs de rapt des troupeaux de boeufs dont le but de prouver leur
virilité et le passage par la case prison est indispensable pour les
hommes bara.
Par conséquent, nous pouvons dire que la loi du plus
fort s'applique dans ce terroir avec la présence de la corruption parce
que la population du monde rural est mal informée et manque
d'éducation ainsi pour pallier à ce désagrément
elle a recours à la corruption pour faciliter leur vie.
Nul n'ignore que, depuis un certain temps, la
monétarisation de la vie quotidienne a pris de l'ampleur à
Madagascar et la commune rurale d'Ambinaniroa Andonaka n'en est pas
épargnée. Il y a d'un côté une minorité de
nantis dont la plupart nouveaux riches ou les bandits qui utilisent leur argent
pour servir uniquement leurs intérêts et de l'autre la grande
masse acculée au problème de survie. En outre, d'autres personnes
recourent sciemment à la corruption pour éviter les contraintes
imposées au public et préfèrent payer le surcoût de
la prestation, en accord avec le responsable concerné.
Ce qui est vraiment grave, c'est qu'il y a une
démobilisation presque générale face à ce
phénomène : « la corruption pervertit les
règles économiques élémentaires. Elle
décourage les initiatives, elle provoque la frustration dans tout acte
de production. On se demande à quoi bon travailler, chercher une
promotion par le mérite, avoir des idées, quand on sait que la
richesse créée sera détournée. Et combien sont -
ils les investisseurs (tant locaux qu'étrangers) qui ont
abandonné leurs projets pour avoir été plumés
à chaque échelon de la hiérarchie
administrative ? » in Libéralisme et
développement à Madagascar, ANDRIAMBELOMIADANA. R, 1992.
L'absence de piste rurale inter fokontany constitue
aussi une faiblesse de la localité et par ricochet empêche le
développement. Nous avons constaté que certains fokontany
de la commune se situent de l'autre côté des rivières
qui entourent le fokontany Ambinaniroa considéré comme
le capital de la commune. Par conséquent, pour évacuer leur
production, les agriculteurs des autres fokontany ont du mal à
faire parvenir leur production jusqu'à Ambinaniroa où se
trouve les collecteurs chargés de récolter leur production.
Alors, les agriculteurs n'ont pas le droit de fixer leur prix de vente mais
sont obligé de négocier avec le prix proposé par les
collecteurs car ils n'ont pas le privilège de se permettre de ne pas
vendre et de retourner avec leur production. Souvent, les collecteurs abusent
de cette situation et imposent aux agriculteurs des prix qui ne sont pas
rentables à ces derniers.
Enfin, dans la société rurale comme le cas de la
commune rurale Ambinaniroa Andonaka, des pesanteurs, voire même,
de freins provenant des structures, des coutumes et des mentalités
constituent une faiblesse qui empêche le décollage29(*) du développement.
L'idéologie Malgache traditionnelle n'est pas celle de
l'entrepreneur. D'abord parce que les notions de consensus, de
communauté et d'entraide sont privilégiées par rapport aux
notions de la concurrence et de rivalité interindividuelle. Ensuite,
parce que le succès est toujours un peu suspect. En
réalité la mentalité paysanne est aux antipodes de celle
de l'entrepreneur car elle se détourne d'une notion qui, ici, est
centrale : celle d'accumulation de surplus.
Il y a aussi la croyance au tsiny et au tody
qui paralyse l'initiative individuelle. Elle entraîne un minimum d'action
pour un minimum de risque. La conséquence c'est
« la réticence devant la
répression » des actes jugés non conformes
à l'éthique (malversations, dahalo, corruption30(*)...).
Pour terminer, il y a la peur du
« fanjakana » omnipotent et omniprésent qui
ne favorise pas le développement dans le terroir et tant aux usagers
à éviter de fréquenter les bureaux de l'Etat pour le
règlement de certains papiers administratifs.
II. Les opportunités et les menaces
La place de l'agriculture dans la vie de la commune rurale
d'Ambinaniroa Andonaka est très prépondérante. En
effet, la population active est très majoritairement agricole (82 % en
2007) et il y a très peu d'employés salariés et le
commerce est la principale activité qui vienne après
l'agriculture et l'élevage. Grâce à la possibilité
de diversification des activités agricoles sur le terroir et la
fertilité et la disponibilité de la terre, plusieurs
opportunités s'offrent à cette commune pour pouvoir
accéder au développement.
D'une manière générale, l'ouverture au
commerce international, s'il est bien maîtrisé est un
créneau pour tous les producteurs malgache notamment pour les
agriculteurs qui désirent commercialiser sa production par le biais de
la constitution d'ensemble régionaux tels que SADC, COMESA et COI qui
sont certainement des facteurs favorables au développement du secteur
agricole. Et ce terroir possède les atouts pour pouvoir subvenir au
besoin de ce marché international même si les règles du
commerce international sont plutôt contraignantes (normes,
traçabilité). Il est tout à fait envisageable de
transformer radicalement le secteur productif du terroir de sorte qu'il soit
capable de fournir des produits agricoles adaptés aux besoins des
marchés intérieur et extérieur. Les ménages
pourront donc se transformer en exploitations familiales viables et
développables, des fermiers entrepreneurs audacieux, des
coopératives de business florissantes, des produits agricoles
labellisés et de renommée pour devenir un véritable
grenier pour tout Madagascar et l'enthousiasme de la population ne manque
pas.
Cependant quelques menaces sont aussi à prendre en
considération sous peine de compromettre les actions entreprises ou
à entreprendre. Ainsi, l'expansion démographique très
rapide, avec un taux de 2,8% par an, reste à maîtriser surtout en
milieu rural. La dégradation de l'environnement, en affectant les
ressources en sol, en eau et en biodiversité, doit être
enrayée.
Les effets des changements climatiques commencent à se
ressentir : augmentation de la température moyenne, rapprochement
des cycles de sécheresse, augmentation de la fréquence des
cyclones, augmentation de la violence des pluies et des inondations,
entraînant diverses perturbations dans les systèmes de
production.
Par ailleurs, les programmes adoptés par l'Etat sont
complexes et demandent des ressources financières et humaines qui
n'existent pas toujours, pour lesquelles l'obtention ou la mobilisation des
financements prend du temps et retardent la réalisation des projets en
milieu rural.
Certains facteurs bloquants ne sont pas encore levés et
de nombreux facteurs limitant entravent encore l'économie
d'agricole dont : une agriculture encore peu développée
par manque d'opérateurs, de techniciens31(*) ou de spécialistes ; une offre de
formation professionnelle très insuffisante32(*) et une absence de politique de
formation professionnelle adaptée au monde rural ; des disciplines
de qualité de production encore très peu répandue.
Chapitre II : OPERATIONNALISATION DES
HYPOTHESES
Puisque les hypothèses sont de propositions de
réponse à la question de la problématique, alors elles
doivent être d'une manière générale
vérifiable, autrement dit, elles énoncent une relation de cause
à effet, sous une forme permettant la vérification empirique. Le
présent chapitre se propose donc de mettre en exergue un certain nombre
d'informations afin de valider ou d'infirmer les hypothèses
préalablement établis au début de la recherche et
permettra d'avancer des discussions sur les résultats.
I. Validation et infirmation des
hypothèses
Les hypothèses énoncées lors de cette
recherche, rappelons - le, sont les suivantes :
· responsabilisation des communautés locales
à la gestion foncière;
· précision du droit foncier et la structure de
l'administration foncière;
· sécurisation foncière pour inciter les
paysans à valoriser leurs terres ;
· participation des villageois à la gestion des
infrastructures d'irrigation.
1. La responsabilisation des communautés locales
à la gestion foncière
Il est difficile d'envisager un réel
développement pour un pays sans une véritable participation de
ses citoyens à la gestion des affaires publiques. Madagascar ne
déroge pas à cette règle. Si les structures
étatiques sont les organisateurs principaux du développement,
les acteurs civils en sont les acteurs et les bénéficiaires
principaux. Force est de constater que la population en général
ne joue pas pleinement leur rôle d'acteurs du développement.
A Madagascar, la politique de transfert de la gestion des
ressources renouvelables aux communautés rurales est régie,
depuis octobre 1996, par la loi 96 - 025 sur la gestion locale des ressources
renouvelables. La gestion des ressources renouvelables (forêts, faunes et
flores sauvages aquatiques et terrestres, eaux, territoires de parcours)
relevant du domaine de l'Etat ou des collectivités territoriales est
transférable.
La loi 96 - 025 fixe le cadre règlementaire des
contrats GELOSE (Gestion Locale Sécurisée) passés entre
l'Etat, la commune et la communauté rurale de base. Ces contrats
couvrent :
· le transfert contractuel de la gestion d'une ressource
renouvelable sur un espace communautaire spécifique ;
· la sécurisation foncière relative,
c'est-à-dire la constatation publique et contradictoire des occupations
foncières individuelles ou collectives de l'ensemble de la zone en
question.
L'objectif est de mettre fin à l'accès libre
tout en permettant aux communautés rurales d'assumer leurs
responsabilités quant aux ressources sur leurs propres terres. Ces
contrats ne peuvent être conclus qu'à la demande volontaire des
communautés rurales, et doivent permettre une exploitation et une
valorisation des ressources au profit des communautés rurales et de la
collectivité. Ce genre de contrat implique une négociation entre
le gouvernement central, la collectivité territoriale (commune) et la
communauté locale sur la base d'une médiation patrimoniale. Le
but de cette dernière est d'éviter que des contrats ne soient
conclus de manière trop hâtive ou bâclée à
cause d'un déséquilibre flagrant entre les parties contractantes.
Une assistance est fournie par un médiateur environnemental
agréé choisi par les parties concernées, et aucun acteur
de la vie sociale ou économique locale n'est exclu à priori. Ce
processus induit forcément une réflexion collective sur
l'affectation et l'utilisation à long terme des différentes
sections des terres de la communauté. Les contrats sont conclus pour une
durée probatoire de trois ans, et sont prorogeables, après un
suivi administratif, pour une période de 10 ans.
La commune, cosignataire du contrat, veille à
l'exécution des obligations contractuelles. Toutefois, elle doit aussi
assurer la protection du monopole d'accès en faveur des membres de la
communauté rurale gestionnaire. La GELOSE entérine le droit de
jouissance et de gestion de la communauté rurale en qualité
d'usufruitier, rendant ainsi légal le légitime. Elle permet aux
membres de la communauté rurale de devenir les premiers
bénéficiaires et d'agir en tant que forces dynamiques dans le
développement local. Elle cherche à faciliter les initiatives
locales et à redonner assurance et responsabilités aux acteurs
locaux.
L'enjeu majeur est d'asseoir un développement rapide et
durable en développant les capacités du capital humain. Dans ces
conditions, associer les citoyens au développement local et
régional et promouvoir le partenariat entre le public et le privé
deviennent incontournable.
Actuellement, la grande majorité des citoyens ne
connaissent pas suffisamment leurs droits et leurs obligations pour pouvoir
s'impliquer dans ce sens. Dès lors, ils ne peuvent apporter une
contribution significative au développement local. Les nombreuses
sollicitations participatives au niveau des villages s'apparentent plus
à des conventions ou habitudes collectives qu'à la mise en oeuvre
de mécanismes démocratiques aboutis. La participation citoyenne
est encore à construire, surtout lorsqu'il s'agit d'intérêt
commun.
La mauvaise qualité des services publics fournis,
l'opacité de la gestion, l'absence d'information, la corruption
contribuent à la méfiance des citoyens envers les
autorités. Les Maires sont parfois peu coopératifs dès
lors qu'il s'agit « de droit de regard » ou de
participation à la prise de décision d'entités
extérieures aux structures communales, pour ce qui est de la gestion
communale.
Les élus communaux font rarement le compte - rendu de
leurs réunions ou de leurs actions. Il est de rare de trouver des
élus qui sollicitent les avis des électeurs qui les ont
mandatés (absence de consultation de la population).
Ici la responsabilisation de la communauté locale se
traduit par la décentralisation de la gestion foncière au niveau
locale par le biais de la participation de chaque individu ou du
fokonolona qui peut être défini comme l'ensemble des
populations vivant dans le même village, et est la structure de base de
la communauté malgache33(*). Ce concept de fokonolona tient une place
importante dans la vie communautaire en matière de participation.
La responsabilisation de la communauté locale à
la gestion foncière se définit dès lors par la
décentralisation de la gestion foncière par la création
d'un service foncier de proximité ou guichet foncier. La commune rurale
d'Ambinaniroa Andonaka ne détient pas les moyens financiers et
matériels suffisant pour la création d'un guichet foncier. A cet
effet, aucun service foncier de proximité n'est encore rendu à la
population de cette commune jusqu'à ce jour. Par ailleurs, la commune a
néanmoins procédé aux recensements obligatoires des terres
titrées et non titrées se trouvant dans la commune. Les
informations et la communication à propos de ce recensement obligatoire
se sont fait à travers des réunions de la communauté
« venant d'en haut » par les autorités
locales et administratives.
En somme, en dépit de la grande diversité des
acteurs du terroir, les vrais tenants et gestionnaires des ressources sont les
premiers occupants (autochtones). Toutes les ressources sont appropriées
et gérées localement. La responsabilisation des
communautés locales à la gestion foncière se fait sentir
dans notre terrain de recherche malgré l'absence de guichet foncier dans
cette commune. Toutefois, la présence de guichet unique dans la
région Haute Matsiatra facilite déjà
l'acquisition de titres fonciers ce qui n'était pas le cas auparavant.
En conséquence cette hypothèse est validée même si
le chemin que devra parcourir la Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka
sur le plan de la décentralisation foncière est encore long.
2. Précision du droit foncier et structure de
l'administration foncière
Le service foncier est paralysé à cause des
services publics rendus par les circonscriptions déconcentrées de
l'administration foncière qui sont jugés insatisfaisants par les
usagers, au regard notamment, des longs délais34(*) pour l'obtention des documents
fonciers, tels les certificats juridiques. En outre, les conditions de travail
des agents sont difficiles : les bâtiments sont dans des
états qui ne garantissent plus la conservation des documents, les agents
doivent parfois apporter leur propre matériel de travail tandis que la
détérioration des plans et registres a désormais atteint
un niveau difficilement réversible auprès de la Direction des
Domaines de la Région Haute Matsiatra35(*).
Il est évident que les usagers dans la majorité
ignorent la loi. Cette explication est contestable. Les lois qui
régissent l'accès à la terre sont compliquées, les
usagers surtout en milieu rural ne sont pas au courant de la réforme
foncière établie par la lettre de politique foncière et
les lois y afférentes. De plus, rares sont les Malgaches qui peuvent
avoir accès à l'ensemble de ces textes et en comprendre l'esprit
et les procédures.
Face à la crise foncière, les usagers de la
Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka ont inventé un droit
foncier local par défaut, fait de « petits
papiers ». Ces actes sous seing privé, enregistrés
par les démembrements locaux de l'Etat - fokontany et communes,
sont conçus de manière identique sur l'ensemble du territoire,
malgré l'absence de normes nationales. La plupart des parcelles
agricoles font l'objet de cette gestion foncière locale
réalisée au quotidien et au moindre coût. Ces petits
papiers accompagnent systématiquement les transactions sur la terre.
Cependant, le sentiment de sécurité
foncière que confèrent ces « petits
papiers » reste faible. Les usagers ont conscience des limites
juridiques de ces actes : la reconnaissance est locale, elle ne
préserve pas de tentatives de spoliation venant de
l'extérieur.
L'enjeu de la réforme foncière doit donc
être de réconcilier la légitimité des pratiques
foncières de millions d'acteurs locaux, avec la légalité
de textes règlementaires d'une application chère et
compliquée. Il s'agit de rapprocher des lois conçues au niveau
local et à faire reconnaître par les pouvoirs publics. Dans cette
optique, la décentralisation permet de reconsidérer les
modalités de la gestion foncière.
En somme, la population ne connait pas assez la structure de
l'administration foncière ni la réforme concernant les textes
fonciers même si l'Etat a effectué des sensibilisations sur
l'obligation d'immatriculation des terres. En plus la crise domaniale se fait
sentir à cause de l'insuffisance des services fonciers définis
par le schéma ci - dessous.
Figure 3 : Cause de la crise domaniale
Source : Programme National Foncier 2008
Ainsi, l'enjeu de la réforme foncière est de
réconcilier le légal et le légitime, autrement dit
rapprocher des lois peu utilisées à des pratiques non reconnues.
En ce moment dans tout Madagascar, l'Etat a mis en place
diverses stratégies et programmes dans le but de préciser le
droit foncier et la structure de l'administration foncière.
Néanmoins, ils ne sont pas encore visibles dans notre terrain de
recherche et n'est pas encore perçu par la population locale qui tend
cette hypothèse à être infirmée même si sa
réalisation est essentiel pour favoriser le développement
rural.
3- Sécurisation foncière : incitation des
paysans à valoriser leur terre
La sécurisation foncière est devenue l'outil
incontournable pour augmenter la production en milieu rural et pour que la
population puisse exploitée ses terres sereinement. Afin de bien assurer
cette sécurité foncière, une réforme
foncière est en cours et commence largement à être connue
et reconnue vue qu'une politique de maîtrise foncière est
lancée avec les Zones d'Investissement Agricole (ZIA).
En outre, la précarité des situations
foncières empêchent l'investissement étant donné
que l'absence d'orientations claires pour la gestion des ZIA et l'insuffisance
de mesures incitatives pour amener des agro entrepreneurs à
s'installer.
La finalité est une gestion foncière favorable
à la production agricole, à l'investissement national et
étranger, à la valorisation avec préservation des
ressources naturelles, à la mise à disposition d'outils de
gestion territoriale et de fiscalité aux CTD, au renforcement de la
cohésion sociale principalement au niveau local et communal.
Le cadrage est donné par la politique foncière
actuellement mise en oeuvre à travers le Programme National Foncier
(PNF) et qui s'articule autour d'un cadre législatif
rénové, d'un processus de décentralisation de la gestion
foncière, de la modernisation des services fonciers et de la formation
de nouvelles compétences. L'objectif est d'octroyer des droits de
propriété formalisés et garantis pour tous.
Afin de réaliser la sécurisation
foncière, il faut :
ü restructurer, moderniser et informatiser les
conservations foncière et topographique ;
ü améliorer et décentraliser la gestion
foncière ;
ü rénover la règlementation foncière
et domaniale ;
ü élaborer un programme national de formation aux
métiers du foncier.
Par conséquent, la sécurisation foncière
est un préalable nécessaire à de nombreuses actions
tendant en particulier vers une gestion pérenne non seulement
foncière mais également des aménagements hydro - agricoles
et environnementaux. Par ailleurs, les actions dans le domaine de
l'accès à la terre et de la sécurisation foncière
seront intensifiées notamment par le renforcement des services
décentralisés et le développement d'un réseau
privé de géomètres assermentés.
Dans la Commune Rurale d'Ambinaniroa Andonaka,
l'ambiguïté du droit foncier est encore omniprésente c'est
pour cette raison que la population est un peu réticente pour
procéder à l'immatriculation des terres. En plus, il existe
d'énormes barrières à franchir par le requérant
pour l'obtention des titres fonciers. Alors que la non détention de
titre foncier est obstacle insurmontable au développement vu que sans
titre foncier les terrains sont dépourvus de valeur marchande cela
complique également le développement du marché de la
terre.
L'hypothèse de la sécurisation foncière
pour inciter les paysans à valoriser leurs terres est validée
étant donné que c'est un préalable nécessaire pour
que le paysan puisse exploiter sereinement ses terres et de ce fait encourager
le développement.
4- La participation des villageois à la gestion des
infrastructures d'irrigation
Les ressources en eaux font parties des domaines pris en
compte comme prioritaire par le gouvernement malgache en mettant en oeuvre un
PNAEPA et hygiène couvrant tous les aspects d'approvisionnement et
d'utilisation, les utilisations industrielles, la protection de
l'environnement, les systèmes d'égouts et surtout l'irrigation et
ce dernier est défini par le Programme National Bassins Versants et
Périmètres Irrigués. Il est indéniable que la
maîtrise de l'eau fait partie de l'un des piliers pour aboutir au
développement notamment dans le milieu rural.
Le Programme National BV - PI couvre tous les grands et
moyens périmètres du pays, en intégrant les bassins
associés. Les principales actions prioritaires portent sur :
· l'organisation et la responsabilisation des usagers des
périmètres pour s'engager à la gestion et à
l'entretien des infrastructures et à l'aménagement des bassins
versants associés, le paiement et l'utilisation correcte des redevances
et l'opérationnalisation du Fonds d'entretien des réseaux hydro
agricoles (FERHA) ;
· l'investissement dans l'irrigation, aussi bien pour la
réhabilitation des réseaux existants que pour des nouveaux
ouvrages ;
· un élargissement systématique des travaux
pour mieux y intégrer les bassins et pour réduire les
quantités de sédiment qui entrent dans les
périmètres ;
· l'aménagement et le développement des
bassins versants, selon une approche participative (multisectorielle) et
décentralisée de la gestion du terroir y inclus la gestion
participative des zones de pâturages et/ou forestières et/ou de
haute valeur de patrimoine (biodiversité);
· la promotion de techniques agro - écologiques
qui augmentent à la fois la productivité et la résistance
aux chocs climatiques, cela réduit les taux d'érosion.
Le BV - PI pourrait éventuellement couvrir
également les petits et moyens périmètres en priorisant
les grappes qui est un ensemble de périmètres irrigués
entourés par un même bassin versant à l'image d'une grappe
de raisin.
La pérennité des bassins versants, des
rizières et des réseaux hydrauliques périphériques
dépend essentiellement de l'organisation paysanne d'où
l'importance de la participation villageoise à la gestion des
infrastructures d'irrigation et amélioration du pâturage.
Afin de s'assurer de cette participation, il faut mettre en
place :
ü la décentralisation de la responsabilisation
jusqu'au niveau de la population ;
ü la promotion de la structure sociale ;
ü la définition du sous bassins versant comme
unité de travail.
La participation de la population permettra à celle-ci
de changer son comportement vis-à-vis des bassins versants, de
s'approprier l'approche et d'étendre progressivement les zones
d'intervention.
Cette participation commence par le renforcement et
l'élargissement des capacités des acteurs communaux par le biais
de la représentation de la population qui est validée par les
autorités communales. Ensuite, il est indispensable d'avoir des
investissements communaux grâce à la mise à disposition de
fonds dans le budget de la commune avec une dotation moyenne d'une subvention
de 100 000 euros (soit environ 240 Millions d'AR) par commune,
gérée par la commune pour une période de 3 ans,
après évaluation de toutes les propositions et sélection
des « meilleures propositions ».
Tableau 5 : Echelle de notation des
critères techniques
CRITERES
|
SOUS CRITERES
|
ECHELLE DE NOTATION
|
REMARQUES
|
Surface BV+ nombre de SBV
|
|
> 500 km2 = 5 400 km2 = 4 300 km2 = 3 200 km2 =
2 100 km2 = 1 200 à 600 ha = 1 600 à 1.200 ha = 2
|
< 100 km2 = 0 non classé " potentialité pour
l'extension
|
Surface PI
|
|
200 à 600 ha = 1 600 à 1 200 = 2
1 200 à 1 800 ha = 3 1 800 à 2 400 ha
= 4 >2 400 ha = 5
|
< 200 ha = non classé
|
Surface non irriguée ou à protéger
|
|
200 à 600 ha = 1 600 à 1.200 ha = 2 1.200
à 1.800 ha = 3 1.800 à 2.400 ha = 4 > 2.400 ha = 5
|
< 200 ha = non classé
|
Distance par rapport à un point central (rayon potentiel
d'action)
|
|
< 10 km = 5 10 à 13 km
= 4 13 à 15 km = 3
15 à 20 km = 2 > 20 km = 1
|
Il est souhaitable d'avoir une grande surface mais
groupée
|
Degré de Dégradation
|
Surface menacée
|
50 à 150 ha = 1 150 à
250 ha = 2 250 à 350 ha = 3
350 à 450 ha = 4 >450 ha = 5
|
|
|
Existence de pratiques agricoles empêchant l'érosion
:
|
|
|
|
- Courbes de niveau
|
Au moins 3 techniques-LAE
|
|
|
|
|
|
|
- Pare-feux
|
mesures appliquées => 5 points :
|
|
|
- Semi direct
|
" Plus de 3 techniques = 5
|
|
|
- Mesures mécaniques
|
" 3 techniques = 4
|
|
|
|
|
|
|
- Mesures biologiques
|
" 2 techniques = 3
|
|
|
- Mesures reboisement
|
" 1 technique = 2
|
|
|
- DINA (convention villageoise) appliqués sur les parcours
pour le bétail
|
" 0 technique = 1
|
|
|
Causes de l'érosion :
|
> 8 = 1
|
|
|
- Cultures sur pentes
|
6 - 8 = 2
|
|
|
- Feux de brousse
|
4 - 6 = 3
|
|
|
- Surpâturage
|
2 - 4 = 4
|
|
|
- Cultures itinérantes, tavy
|
0 - 2 = 5
|
|
|
- Pratiques culturales
|
|
|
|
- Pratiques d'élevage
|
|
|
|
- Déforestation
|
|
|
|
- Exploitation minière et carrières
|
|
|
|
- Problème de parcours pour le bétail
|
|
|
|
Manifestations des phénomènes d'érosion :
|
4 effets = 5
|
|
|
|
|
|
|
- Ensablement
|
3 effets = 4
|
|
|
- Lavaka36(*)
|
2 effets = 3
|
|
|
- Envasement des cours d'eau
|
1 effet = 2
|
|
|
- Sols dénudés
|
0 effet = 1
|
|
|
|
|
|
Existence d'encadrement technique propice à la diffusion
d'action de LAE (réseau de vulgarisation)
|
|
3 organismes = 5 2 organismes = 4
1 organisme = 3
|
" 3 organismes avec approche compatible "
Organisme fonctionnel " Synergie (action)
|
Source : Rapport sur le produit de l'atelier de
démarrage de la mission d'identification des nouvelles implantations du
PLAE 2007.
Le tableau ci-dessus nous montre les critères de
sélection sur le plan technique des BV - PI dans le but de permettre sa
réalisation, de choisir de nouvelles implantations et de faciliter
l'exécution sur le terrain.
Cette dernière hypothèse est infirmée vu
que les enquêtés ont confirmé que l'insuffisance des
infrastructures d'irrigation dans leur commune est l'une des principales causes
de la médiocrité de leur production. Jusqu'à
présent, nous pouvons donc dire que la maîtrise de l'eau est
indispensable dans toute production pour parvenir à un
développement en milieu rural par le biais de la participation des
villageois à la gestion des infrastructures d'irrigation.
II. Discussion des résultats
A Madagascar, il existe un mouvement encore plus ample qui
vise à transférer la gestion de l'ensemble des affaires locales
à la communauté, et ce, dans le cadre d'une véritable
politique de décentralisation en instaurant un service foncier de
proximité qui se traduit par le guichet foncier communal ou inter
communal.
Il est trop tôt pour vérifier l'efficience de
cette décentralisation foncière dans cette commune. Cependant,
dans les communes qui détiennent des guichets fonciers comme celle de
Vohitraina, cette dernière se vante de l'efficacité
qu'octroie le guichet foncier à sa disposition.
Il est incontestable que l'ampleur des bouleversements est
telle que des dangers sont forcément inévitables. Un premier type
de danger concerne l'utilisation de solutions potentiellement universelles
(décentralisation, développement économique, etc.) sans se
soucier de les adapter aux situations locales. Un deuxième type tient
à la viabilité des solutions entreprises. Les travaux en cours ne
sont cependant pas de simples expérimentations sociales; ils tentent, en
fait, de concilier la nécessité d'action avec le principe de
précaution. En effet, la décentralisation facilite bien la vie
socio - économique et administrative des communes qui se trouvent bien
loin des grandes villes
Par ailleurs, en dépit de la grande diversité
des acteurs du terroir, les tompon - tany ou autochtone ont plus de
pouvoir sur la terre et sont les vrais partisans et gestionnaires du premier
capital dans toute production. Nous avons pu également constaté
que la population vit essentiellement de l'agriculture malgré la
présence d'autres activités connexes tels que l'élevage,
le commerce et l'artisanat. La production est bien entendue vivrière
mais destinée aussi au commerce étant donné l'abondance de
celle-ci grâce à la vertu fertilisant de la terre dans cette
région. Certes, dans cette commune on n'a pas besoin d'engrais chimique
ou organique pour favoriser la production, cette dernière dépend
surtout de l'abondance de l'eau sur les cultures. Or, la maîtrise de
l'eau est encore un souci prépondérant dans cette commune
dû à l'insuffisance d'infrastructure d'irrigation
adéquat.
Bien entendu, la précarité foncière et
l'insuffisance de BV - PI ne sont pas les seuls freins qui empêchent le
décollage d'un processus de développement rural et soutenu dans
cette commune mais il y a aussi d'autres obstacles à savoir :
o l'insécurité étant donné que
cette zone où se trouve la commune est classée encore zone rouge
à cause des actes de banditisme perpétré par les
dahalo qui terrorisent la population. certes, lors de notre passage il
y avait eu un rapt de boeuf dans un fokontany à 1km de
là où nous nous trouvions ; cela est accompagné d'un
homicide qui a fait une victime ;
o les difficultés d'obtention de crédit pour les
producteurs dû aux problèmes de garantie ne stimulent pas la
production dans cette commune. Déjà il n'y a pas d'institution
financière dans cette commune et la population a peur d'emprunter alors
qu'elle a besoin de financement stable pour pouvoir démarrer son
activité ;
o la faiblesse des systèmes de diffusion des techniques
innovantes permettant le doublement de la production empêche encore
l'abondance des productions car les agriculteurs utilisent dans la plupart des
cas des techniques traditionnelles pour leur culture. A titre d'exemple le FAO
a relevé pour l'année 2007 que moins d'un quart des exploitations
agricoles de Madagascar consomment des intrants achetés (semences
améliorées, engrais, produits phytosanitaires ou
vétérinaires) à cause de la faiblesse de diffusion
d'information du programme PSDR dans tous Madagascar.
Une des points forts de la recherche est que l'acquisition des
informations était facile étant donné que la population
est très accueillante et conviviale. Il n'y avait eu ni de
problème d'hébergement au contraire c'était comme une
sorte de fierté pour la famille qui nous a logée de nous avoir
chez eux ni de souci sur le transport pour rejoindre la commune grâce
à la présence de taxi brousse qui relie cette commune avec le
District d'Ambalavao. De plus, notre présence était pour
eux comme une sorte d'opportunité pour pouvoir partager leurs
problèmes, ce qui a conduit l'entretien d'un point de vue
méthodologique en thérapie, poser des questions, demander des
conseils qui nous a permis d'identifier chez cette population une réelle
volonté de développer mais elle ne possède pas les moyens
nécessaires et ne sait pas par où commencer.
Entre autre, la présence d'une vrai difficulté
sur la gestion foncière et la maîtrise de l'eau dans cette commune
nous a permis facilement d'identifier les causes afin de proposer des solutions
appropriées parce que pour pouvoir produire il faut tout d'abord la
terre et de l'eau vu que même si on a une semence sans terre et sans eau
cela ne servira à rien.
Les limites épistémologiques de la recherche
entreprise sont constituées d'une part par l'absence de guichet foncier
dans la commune qui nous a empêché d'évaluer
l'efficacité de celle-ci dans la commune, de démontrer la
responsabilisation de la communauté locale et d'affirmer la
précision du droit foncier.
D'autre part, l'absence d'infrastructure d'irrigation dans
cette commune nous a aussi empêchés d'estimer l'impact de celui-ci
sur la production. La recherche s'est basée donc uniquement sur l'avis
des paysans et non sur des résultats scientifiques et observables.
La dernière limite de cette recherche est qu'on a
effectué celle-ci lors de la période de saison sèche qui
n'est pas une saison favorable à la culture. Ainsi, nous n'avons pas pu
constater la quantité réelle de la production de la commune, la
recherche s'est alors basée seulement sur les données fournis pas
l'autorité compétente qui n'est pas complète en terme de
production puisque ce ne sont pas tous les paysans qui présentent leur
production devant la commune dû aux collecteurs qui se déplacent
directement et aux ventes clandestines pour fuir le paiement des impôts y
afférents.
Chapitre III : LES RECOMMANDATIONS
Le développement du secteur agricole rural est
fixé dans l'engagement 4 du MAP qui comporte 6 défis
spécifiques. Dans chaque défi, il y a des programmes sectoriels
agricoles dont l'objectif est la modernisation du secteur au sens large
(agriculture, pêche, élevage), en vue de la croissance et du
passage d'une économie de subsistance à une économie de
marché. De manière élargie et intersectorielle, l'objectif
vise à promouvoir le développement rural et à lutter
contre la pauvreté, en opérant les transformations requises pour
accroître les revenus des ménages ruraux et
accélérer la croissance face à la mondialisation.
Les grands objectifs fixés pour l'évolution sur
la période 2005 - 2012 sont : un taux de pauvreté
réduit de 85% à 50%, une croissance économique passant de
4,6% à 8 + 10% ; un PIB par tête passant de 309 $ à
476 $ ; un % de ménages en possession de titres ou de certificats
fonciers passant de 10 à 75 %. Les priorités immédiates en
termes d'initiatives de réforme transformationnelle portent sur :
l'augmentation significative de l'investissement pour favoriser la croissance
(Réforme 2) ; le lancement d'une révolution verte
(Réforme 3). L'engagement 4 « Développement
rural » du MAP comporte 6 défis que nous allons citer
ci-dessous :
Défi 1 : la sécurisation
foncière
La finalité est une gestion foncière favorable
à la production agricole, à l'investissement privé
national et étranger, à la valorisation avec préservation
des ressources naturelles, à la mise à disposition d'outils de
gestion territoriale et de fiscalité aux CTD, au renforcement de la
cohésion sociale principalement au niveau local et communal.
Le cadrage est donné par la politique foncière
actuellement mis en oeuvre à travers le programme national foncier (PNF)
et qui s'articule autour d'un cadre législatif rénové,
d'un processus de décentralisation de la gestion foncière, de la
modernisation des services fonciers et de la formation de nouvelles
compétences.
L'objectif est d'octroyer des droits de
propriété formalisés et garantis pour tous.
Les stratégies comportent quatre axes : (i) la
restructuration, la modernisation et l'informatisation des conservations
foncière et topographique ; (ii) l'amélioration et la
décentralisation de la gestion foncière ; (iii) la
rénovation de la réglementation foncière et domaniale ;
(iv) un programme national de formation aux métiers du
foncier.
Les résultats attendus sont nombreux. Tous les services
fonciers sont modernisés et restructurés. Les guichets fonciers
sont opérationnels au niveau des communes d'implantation. Le cadre
légal et règlementaire est rénové.
Les compétences en gestion foncière et domaniale
sont renforcées. Les opérations de sécurisation
foncière sont intensifiées (immatriculations individuelles et
collectives, certificats fonciers, ZIA).
Défi 2 : L'accès au financement
rural
La finalité est faire évoluer le secteur
agricole d'une manière rapide et durable, et permettre un
développement global de par sa prépondérance dans
l'économie nationale.
Le cadrage est donné par la Stratégie Nationale
de Micro-finance en vigueur ainsi que les politiques de crédit au niveau
des différents établissements bancaires.
L'objectif est de disposer d'institutions de financement en
milieu rural développées et des systèmes de crédits
facilités.
Les stratégies concernent l'adaptation des
systèmes de crédit aux besoins effectifs, l'extension des
réseaux de micro finance et bancaires opérationnels dans tous les
districts, la facilitation de l'accès aux crédits ruraux et
l'opérationnalisation du Fonds de développement agricole.
Le résultat attendu est que les institutions de
financement en milieu rural sont développées et un système
de crédit facilité.
Défi 3 : La Révolution Verte
Durable
La finalité est d'obtenir une forte augmentation des
rendements et de la production en un laps de temps relativement court.
Le cadrage est défini par la mise en oeuvre de
techniques modernes de production issues des travaux de recherche
appliquée. Pour être durable, la Révolution verte doit
rester respectueuse de l'environnement. Elle repose sur cinq piliers dont la
maîtrise d'eau, les engrais, les semences améliorées, les
techniques culturales, les matériels et équipements agricoles.
L'objectif est d'améliorer la productivité et de
parvenir à doubler la production alimentaire d'ici 2009 puis la tripler
en 2012, de manière à assurer la sécurité
alimentaire en denrées de base et pouvoir exporter un surplus.
Les stratégies consistent à appliquer les
résultats de recherches sur la conduite des exploitations pour les
principales productions végétales et notamment le riz, à
structurer les acteurs par filière et à renforcer le partenariat
public privé aux divers échelons.
Le résultat attendu est une productivité
agricole améliorée, notamment une production alimentaire
doublée en 2009 et triplée en 2012, et par voie de
conséquence une sécurité alimentaire assurée.
Défi 4 : Des activités orientées
vers le marché
La finalité est de professionnaliser les producteurs
qui doivent pouvoir s'enrichir de par leurs activités d'exploitation.
Le cadrage est indiqué par le Master Plan.
L'objectif est d'améliorer la
compétitivité des produits végétaux, animaux et
produits de pêche par rapport aux autres produits alimentaires au profit
des acteurs du sous secteur.
Les stratégies sont nombreuses : par approche
filières combinée à une approche régionale, la
production contractuelle, le ciblage des marchés locaux/nationaux et/ou
extérieurs (maintien des accès aux marchés traditionnels ;
considération des marchés de proximité et des
marchés de niche où il y a un créneau a exploité ;
conquête de nouveaux marchés (pour les clientèles et pour
les produits).
Les résultats attendus sont des initiatives
améliorées pour le développement de la commercialisation
des produits grâce à un dispositif institutionnel, organisationnel
et logistique renforcé.
Défi 5 : La diversification
d'activités
La finalité est de contribuer à la
réduction de la pauvreté par génération de revenus
et création d'emplois.
Le cadrage est indiqué par les différentes
stratégies sous-sectorielles.
L'objectif est l'accroissement des productions pour satisfaire
les besoins de la population locale, de l'agro industrie et du marché
d'exportation, l'amélioration des revenus monétaires et des
conditions de vies des ménages concernés, la protection de
l'environnement et la conservation des ressources renouvelables par adoption de
bonnes pratiques d'exploitation.
Les stratégies concernent le développement des
différents segments de filières et le développement de
productions variées.
Les résultats attendus sont des filières
régionales développées et des acteurs
structurés.
Défi 6 : L'accroissement de la valeur
ajoutée et l'agri-business
La finalité est d'augmenter la rentrée de
devises.
Le cadrage est indiqué par le Master Plan.
L'objectif est le prolongement des chaînes de
valeurs.
Les stratégies reposent sur un renforcement du
Partenariat Public et Privé (3P), la prise en compte des
spécificités régionales avec l'approche « un village
- un produit agricole», le ciblage des technologies, l'implantation de
zones d'investissement agricole (ZIA), agro-technopole et centres d'agri -
business, la valorisation des NTIC.
Le résultat attendu est un agrobusiness favorisé
par un environnement logistique, réglementaire, et organisationnel
amélioré.
Notre recherche se focalise précisément sur le
défi1et le défi 3 qui parle de la sécurisation
foncière en termes de gestion foncière et la révolution
verte en ce qui concerne la maîtrise de l'eau pour l'amélioration
de la productivité. A part les hypothèses déjà
énoncées comme réponse à la problématique de
la gestion foncière sur le développement rural, nous proposons
des recommandations sur 3 niveaux à savoir : le système, la
stratégie et l'opérationnalisation.
I. Recommandations systémiques
Afin de promouvoir un développement rural avec une
bonne gestion foncière il convient d'avancer quelques propositions de
remédiation à court terme en se basant sur le système.
La lettre de politique foncière élaborée
en 2005 a avancé une solution pour résoudre la
problématique d'imprécision du droit foncier et de la structure
de l'administration foncière par le biais de la rénovation de la
règlementation foncière et domaniale qui a permis de revisiter
les textes existants et de concevoir de nouveaux textes correspondants
matérialisés par la Loi N°2005 - 019 du 17 Octobre 2005
fixant les principes régissant les statuts des terres ; la Loi
N° 2006 - 031 du 24 Novembre 2006 fixant le régime juridique de la
propriété foncière privée non titrée et du
Décret N° 2007 - 1109 portant application de la loi N° 2006 -
031 du 24 Novembre 2006, fixant le régime juridique de la
propriété foncière privée non titrée.
Le processus de rénovation de la règlementation
foncière et domaniale qui permet de revisiter les textes existants devra
mettre en exergue les points suivants :
- détermination de la valeur juridique des documents
fonciers informatisés ;
- conception d'une procédure de régularisation
des titres non mis à jour ;
- révision des modes de réalisation des plans
réguliers en fonction de nouvelles technologies ;
- clarification des prérogatives du chef de
région pour la validation de l'arrêté de dotation ;
- détermination de la procédure d'obtention de
certificats fonciers ;
- élaboration des règles juridiques relatives
déterminant le rôle, le fonctionnement et le statut des
commissions de reconnaissance locale ;
- élaboration des règles juridiques relatives
déterminant la valeur juridique du certificat foncier (notion
d'incontestabilité) ;
- conception d'une procédure de transformation,
à la demande de l'usager, du certificat d'occupation foncière en
titre foncier.
Toutefois, les mesures d'accompagnement
suggérées par le Programme National Foncier ne sont pas
suffisantes pour la diffusion de cette rénovation de la
règlementation foncière. En effet, la majorité de la
population de la commune rurale d'Ambinaniroa Andonaka n'ont pas pris
connaissance de la réforme foncière qui s'est
opérée depuis 2005 sur le territoire Malgache.
Par conséquent pour y remédier nous proposons
les recommandations suivantes :
§ mettre à la disposition des usagers en forme de
flyers ou dépliant en malgache le code domanial et foncier
régulièrement mis à jour qui sera disponible auprès
du district, des communes et des fokontany pour que les utilisateurs
puissent y avoir accès facilement et gratuitement ;
§ mener une campagne appropriée pour faire
connaitre la réforme par le biais d'une émission radiophonique
sur les stations de radio locale ou sous forme de sketch en utilisant toujours
la langue malgache pour attirer et fidéliser les auditeurs;
§ exploiter la communication au service de la gestion
foncière et du développement agricole en diffusant les
informations en temps utiles soit aux cibles indiqués soit à
large échelle pour conduire à une synergie d'action. Une place de
choix sera conférée pour une stratégie de communication
efficace et soutenue. Les media de proximité et les Nouvelles
Technologies de l'Information et de la Communication (NTIC) seront mis à
profit à cet égard. Il s'agit de rendre opérationnelle une
stratégie de communication spécifique au développement
agricole, pour un changement de mentalité, de pratiques et de
comportement au niveau de toutes les catégories d'acteurs ;
§ établir une cellule d'information
indépendante au sein du Programme National Foncier et non
rattaché à l'impact et l'évaluation pour éviter
d'influencer les résultats de ceux-ci. Bien entendu cette cellule sera
dirigée par des opérateurs spécialisés qui feront
l'objet d'une passation de marché.
§ valoriser l'image reflétée par
l'administration foncière en parrainant des évènements
sportifs, culturels, social et éducatifs dans les régions
où il y a des services déconcentrées ou
décentralisées de l'administration foncière et en
même temps atténuer la peur du fanjakana perçu par
la population rurale.
II. Recommandations stratégiques
Pour améliorer et diminuer les problématiques
liées à la gestion foncière qui engendrent des impacts
négatifs sur le développement rural il convient d'avancer des
recommandations sur le long et moyen terme en se focalisant principalement sur
les stratégies à adopter.
Le MAEP est spécifiquement responsable de mener
à bien la modernisation et l'augmentation de la production dans le cadre
de la Révolution Verte Durable. Il a également pour tâche
de conduire la réforme foncière grâce au PNF.
La Révolution Verte Durable est fondée sur
cinq piliers techniques :
- les techniques améliorées,
- la maîtrise de l'eau,
- les semences améliorées,
- les engrais et autres intrants,
- les équipements et matériels agricoles.
Elle doit utiliser les leviers
suivants :
- le conseil aux agriculteurs (conseil technique,
économique, de gestion, juridique, et non seulement le traditionnel
encadrement technique),
- l'accès au financement (micro finance, mais aussi
fonds visant à améliorer la résistance aux chocs et
cataclysmes),
- le levier foncier : sécurisation foncière,
mais aussi extension des surfaces cultivées, via des techniques
permettant l'utilisation rentable et durable des sols de tanety, programmes de
migrations rurales.
En matière foncière, le PNF a entrepris une
grande oeuvre de rénovation de la politique de l'Etat, et implante des
guichets fonciers dans tout le pays.
Pour assurer l'amélioration et la
décentralisation de la gestion foncière le PNF a mis en
place une administration foncière de proximité, le
guichet foncier communal et/ou inter - communal, sera
créée ; elle sera chargée de la délivrance
et de la mutation de certificats fonciers selon trois modalités
possibles.
Les guichets fonciers seront équipés et leurs
agents -conservateur municipal et médiateur municipal- seront
formés à la manipulation de SIG et à l'utilisation d'un
manuel de gestion foncière décentralisée.
Afin de sécuriser également les ressources
exploitées de manière collective (pâturages,
forêts,...) et parfois gérées par une autorité
communautaire, les guichets fonciers seront compétents pour la mise en
oeuvre pratique de la Gestion Locale Sécurisée (GELOSE).
Des Plans Locaux d'Occupation Foncière (PLOF)
seront réalisés pour chaque commune. Ils consisteront en une
carte numérisée des limites territoriales des
collectivités et du patrimoine foncier de l'Etat, de la commune et de
ses habitants sur le territoire d'une commune. Cette carte des statuts
juridiques de la terre portera sur les espaces utilisés par des
individus ou par des communautés. Elle sera mise à jour par le
guichet foncier et le service topographique régional, et se substituera
progressivement au plan de repérage. Elle sera accessible à
chacun.
Le programme BV-PI a en outre lancé le
développement des techniques de semis direct sur couvert
végétal, sur les régions auxquelles il est appliqué
à l'heure actuelle. Ces techniques doivent être répandues
à l'échelle du pays tout entier. Ce programme a orienté
ses objectifs par rapport aux objectifs du PLAE à savoir :
- augmenter la production agricole (rizicole) ;
- assurer une exploitation raisonnée et durable des
ressources naturelles et des zones collinaires ;
- protéger et aménager les BV directement
contigus aux périmètres irrigués;
- favoriser la durabilité de la protection des BV
conduisant à une exploitation pérenne des PI, par l'application
d'une formulation de sécurisation foncière progressive ;
- lier l'aménagement et la réhabilitation des PI
à la gestion des BV ;
- promouvoir la professionnalisation des producteurs ;
- aboutir à la formulation d'une stratégie
nationale de protection contre l'érosion.
Néanmoins, il y a un écart flagrant sur
l'implantation du guichet foncier et des BV - PI entre les régions faute
de moyen financier vu que ces infrastructures sont très coûteuses
malgré leur efficacité. Aussi, nous avançons les
recommandations ci-dessus :
§ mettre en place d'un mini guichet unique dans chaque
district pour réceptionner le dossiers de demande d'immatriculation en
attendant la mise en place d'un guichet foncier pour chaque commune se
trouvant dans le district ;
§ informatiser au plus vite possible les conservations
foncières et topographiques afin de raccourcir le délai d'envoi
des dossiers pour enregistrement à la direction des domaines à
Antananarivo puisque les immatriculations doivent être
répertoriés dans cette direction pour achever l'étape de
formalisation des titres fonciers ou de demande de certificats
juridiques ;
§ favoriser les opérations cadastrales dans les
commune où il `y a pas encore de guichet foncier qui comprend 3 phases
avant l'immatriculation à savoir : la phase physique (mutation
parcellaire, bornage), la phase judiciaire (tribunal terrien ambulant) et la
phase administratif. Cette opération a été
couronnée de succès dans la commune rurale d'Isorana et
d'Anjomatsara ou 11 000 titres ont été
délivrés lors de l'initiative cadastrale ;
§ mettre dans les priorités du PSDR la mise en
place d'infrastructure d'irrigation puisque même si les paysans ont les
outils nécessaires pour produire et les techniques agricoles
appropriés pour augmenter leur production sans eau ces efforts seront
vains.
§ placer les BV PI qui seront distribué de
façon équitable auprès des utilisateurs comme
primauté au même pied d'égalité que l'accès
des paysans à l'eau potable pour faciliter l'instauration de ceux-ci
dans les communes.
III. Recommandations
opérationnelles
Ces stratégies et recommandations citées
ci-dessus ne seront d'aucune utilité sans la réalisation de
celles-ci par des acteurs compétents et concernées. A cet effet,
la Lettre de Politique Foncière propose des formations qui s'inscrivent
à différent niveaux : formation des acteurs locaux à
la sécurisation foncière, formation professionnelle et technique,
formation universitaire. Un bilan de compétences des professions et
institutions mobilisables pour la mise en oeuvre de ces programmes de formation
sera réalisé. A partir de cet état des lieux, des plans
d'adaptation des compétences des professionnels et des acteurs de la
sécurisation foncière seront proposés ; les
formations correspondantes seront organisées en partenariat avec les
institutions de formation compétentes et les employeurs potentiels
(organisations professionnelles, collectivités locales, bureaux
d'études privés, etc.).
Trois niveaux de formation sont prévus :
- Formation des acteurs locaux : La formation des
acteurs locaux du foncier, collectivités décentralisées ou
organisations paysannes, relève d'opérateurs privés ou
parapublics, mobilisés sur contrat et titulaires d'un agrément
garantissant leur capacité de formation à la gestion
foncière.
- Formation professionnelle et technique : Les
institutions et individus intervenant dans la chaîne foncière
devront procéder à une mise à jour de leurs
compétences afin de maîtriser de nouvelles technologies. Des
formations professionnelles et techniques à cycle court seront
conçues. Elles concernent les agents des conservations foncières
et topographiques et la profession des géomètres.
- Formation universitaire : Des modules de
formation seront mis en oeuvre au sein des universités et des grandes
écoles habilitées à des formations diplômantes en
sciences sociales et juridiques, en outils topographiques,
télédétection et systèmes d'information.
Une plate forme de formation aux métiers de fonciers
sera mise en place pour accompagner la réalisation de la formation sur
convention entre Etat et des établissements de formation dans la grande
île. Cette plate forme aura pour mission la conception de modules de
formation répartis entre différents établissements en
fonction de leur spécialité.
Pourtant, ces formations ne sont pas suffisantes pour
responsabiliser surtout la communauté locale dans cette démarche
de promotion de développement par l'intermédiaire de la gestion
foncière et de l'implantation des BV PI, c'est pour cette raison que
nous avançons les recommandations suivantes pour assurer
l'opérationnalisation de celles-ci :
§ consolider les actions de mobilisation et d'animation
rurale de sorte à faire sortir une vision commune de toute la population
pour que cette dernière se sente plus concernée. Un vrai
partenariat doit donc s'instaurer entre les partenaires techniques et
financiers, l'administration, les producteurs, les collecteurs et les ONG
touchés. Or, pour que ces structures aient une réelle
efficacité, plusieurs conditions sont nécessaires dont une vraie
légitimité, des ressources stables pour le fonctionnement, des
systèmes d'information et mécanismes de consultation sur toutes
les grandes questions de politique agricole ;
§ évaluer les Maires sur leurs implications dans
le développement de leurs communes respectives en sanctionnant ceux qui
n'ont pas de projet de développement pour leurs communes. Les
critères sur l'éligibilité des maires doivent être
à réviser (sur le plan idéologique, religieux, etc.) pour
éviter d'avoir des maires avec des compétences
limités ;
§ gérer le pluralisme en facilitant la
coordination des acteurs à travers un processus de décision
partagé et le développement d'un mode de gestion
décentralisée soutenue par ces acteurs ;
§ adopter le principe de subsidiarité qui vise
à l'exécution efficace de tâches imposées par une
politique donnée et un niveau hiérarchique d'exécution
minimisant les coûts économiques et maximisant le bien être
social ;
§ assurer une médiation patrimoniale qui
consistera à faire intervenir une tierce personne neutre pour mettre
d'accord les parties prenantes en inventant des stratégies permettant
à chacun, et notamment aux plus humbles des acteurs sociaux de
négocier son propre avenir. Ici le « patrimoine »
est constitué selon la définition donné par OLLAGNON In
Vers une gestion patrimoniale de la protection et de la qualité
biologique des forêts, Forest, Trees and People Newsletter,
1991 de « l'ensemble des éléments matériels
et immatériels qui contribuent à maintenir et à
développer l'identité et l'autonomie de son titulaire dans le
temps et l'espace par l'adaptation en milieu
évolutif » ;
§ élaborer une structure de gestion purement
exécutive, mettant en oeuvre les stratégies approuvées.
Entre autre, elle doit pouvoir être transformée en cas de besoin.
La structure de gestion pourra différer d'une communauté à
l'autre, autour de fonctions communes à toutes.
CONCLUSION PARTIELLE
La Commune Rurale Ambinaniroa Andonaka dispose des
potentialités énormes sur le plan de l'agriculture qui pourra
contribuer à faire de Madagascar un pays fortement exportateur. Il
existe néanmoins des freins qui empêchent le processus de
développement sur le plan rural dans cette commune à savoir le
problème d'infrastructure d'irrigation et de gestion foncière
alors que l'accès à la terre et son contrôle constitue la
principale source de richesse et de pouvoir dans toutes sociétés
paysannes.
Ainsi, l'ancien régime dirigé par M.
RAVALOMANANA Marc par le biais du MAP avait envisagé une réforme
foncière globale notamment en ce qui concerne les
propriétés privées non titrées et la
décentralisation foncière. Cependant, la mise en oeuvre n'est pas
égal sur tous les Régions de Madagascar ce qui nous a
poussé à avancer des recommandations sur le plan
stratégique, systémique et opérationnel afin d'y
remédier.
CONCLUSION GENERALE
En guise de conclusion, les Malgaches sont
particulièrement attachés à leur terre. Le mot malgache
« Tanindrazana » (terres des ancêtres)
traduit tout le poids culturel, toute la valeur spirituelle de cet
héritage à léguer aux générations
successives pour perpétuer le patrimoine familial
Dans cet esprit de dessaisir de son patrimoine pouvait
être considéré comme une forfaiture (vendre la terre des
ancêtres), on y recourait qu'en cas d'extrême
nécessité. Ainsi, il n'est pas rare que des successions
familiales soient bloquées lorsque les intérêts divergent
selon les héritiers concernés. Le problème est d'autant
plus courant de nos jours face à l'expansion de la promotion
immobilière qui fait de l'acquisition de terrains une activité
à profit.
Depuis toujours, force est de constater que les tribunaux
sont engorgés par des dossiers de litiges fonciers, dont l'origine
remonte à plusieurs décennies. Cette situation est la suite
logique des problèmes rencontrés mais non résolus au
niveau des services domaniaux, passage incontournable pour régulariser
la propriété foncière.
L'insatisfaction des usagers de ces services provient
essentiellement du temps qui leur est demandé pour de multiples
formalités, des va et vient incessants qui n'aboutissent pas à la
production du service demandé. Pour pallier à ce
désagrément, les rabatteurs se présentent comme des
« facilitateurs », qui ont accès aux responsables
pouvant accélérer la procédure moyennant cependant un
coût substantiel.
Tous ces dysfonctionnements ont été pris en
compte dans le processus de réforme foncière initié par le
ministère chargé de la Réforme Foncière, des
Domaines et de l'Aménagement du territoire, et dont les premiers
résultats commencent à être visible au niveau de quelques
régions. Certes, le service des domaines au sein du Ministère
à Antananarivo a avoué avoir reçu depuis ces deux premiers
mois de cette année 2009, 7 929 demandes de certificats de
situation juridique et 833 dossiers de mutation. Comparé à
l'année dernière pour la même période, l'affluence
des usagers reste à peu près le même. Par contre, ces
demandes sont toutes honorées à temps car les services fonciers
à Anosy ont pu délivrer 7 998 certificats de
situation juridique et traiter 843 dossiers de mutation y compris les demandes
en instance durant les mois de janvier et février. Notons que les
services des Domaines ont établi 11 527 titres fonciers dans tout
Madagascar contre un objectif de 10 000 titres en 2008. Cette
année, ils prévoient l'établissement de 30 000 titres
et la délivrance de 125 000 certificats de situation juridique.
Quoique la satisfaction n'est pas partagée par tous les utilisateurs de
la grande île. En effet, dans certains régions comme le cas de
notre terrain de recherche il n'existe pas encore de guichet foncier ni de
service foncier pouvant délivrer des certificats fonciers.
Jusqu'à maintenant les usagers sont obligés de se déplacer
jusqu'à Fianarantsoa pour pouvoir commencer les procédures
requises à l'acquisition de titre ou de certificat juridique.
Une stratégie de développement rural, et de
développement tout court doit donc débuter par
l'amélioration du service foncier dans tout Madagascar pour
éviter les litiges fonciers qui constituent un frein à la
sécurisation foncière et à l'exploitation pérenne
des propriétés foncières. Le guichet unique semble
être un début de solution pour régler les problèmes
fonciers ; malgré cela, l'inégalité d'implantation de
cette structure empêche le commencement d'un développement et de
sécurisation foncière dans plusieurs régions de
Madagascar. De plus, l'Etat devra accompagner les communes à la mis en
place de ces guichets fonciers communaux ou inter communaux dans le but de
réaliser le défi concernant les problèmes fonciers dans le
Madagascar Action Plan dont le délai d'achèvement est en 2012.
Si l'objectif est de bien donner à l'ensemble rural les
moyens de gérer son propre avenir, il convient de mettre d'abord
à leur disposition des infrastructures d'irrigation appropriée
pour favoriser la production. Il est à noter que la mécanisation
de l'agriculture est inutile dans le cas où la maîtrise de l'eau
est encore médiocre. Nous pouvons donc affirmer que les infrastructures
d'irrigation sont indispensables dans toute production. Le succès de
tout ceci doit bien sur reposer sur une responsabilisation et mobilisation de
la communauté locale basée sur la reconnaissance du rôle
important de la participation dans la formulation et la mise en place des
activités de développement.
Pour entretenir la dynamique ainsi induite, l'Etat a un
rôle essentiel à jouer compte tenu de la grande influence qu'il
exerce sur les composantes et les mécanismes de la
société. Globalement, la participation des populations, par le
renforcement/amélioration de la décentralisation, vise à
promouvoir principalement au sein des communes, des nouveaux modes relationnels
entre tous ces acteurs.
Par ailleurs, le gouvernement s'est fixé par le
Madagascar Action Plan37(*) des objectifs très ambitieux d'augmentation de
la production agricole, notamment celui de doubler la production alimentaire et
de devenir structurellement exportateur de riz, et de réduire
notablement aussi bien la pauvreté que l'insécurité
alimentaire.
La philosophie de ce document est de transformer l'agriculture
pour qu'elle satisfasse de plus en plus les besoins du marché (national
et export), grâce au développement des chaînes de valeur
(co-développement de la production et de l'agro industrie grâce
aux filières), à la modernisation de l'agriculture, et à
l'agri business. Si ce document sera au moins réalisé à
80%, le développement est donc à porter de main. Or, la
réalisation de ce document est parsemée d'embûches sur par
exemple la détermination des priorités, des actions à
entreprendre et la détermination des secteurs les plus
vulnérables.
En somme, des programmes de développement à
travers de la réduction de la pauvreté ont été
élaborés par les différents gouvernements qui se sont
succédés mais en vain. D'autres problématiques sont donc
à soulever à part ce que nous proposons dans ce mémoire
à savoir outre « les difficultés de gouvernance
constatées dans le pays ». L'on se demande la part de
responsabilité de la culture malgache (notamment la mentalité
malgache) dans le développement avec la prolifération du
phénomène du mora mora (temps de la répétition,
indolence, absence ou manque de
célérité,etc.) longtemps
interprété par plusieurs voyageurs, missionnaires,
administrateurs coloniaux et analystes (SIBREE, DELAVAISSIERE, PIOLET,
BOUILLON, etc.) ? Où est le niveau de l'engagement
citoyen ?etc.
BIBLIOGRAPHIE
I. Ouvrages généraux
1) BALANDIER (G), 1971 - Sens et puissance. Les dynamiques
sociales, Paris, PUF.
2) CHAPUS (S), 1961 - Manuel d'histoire de Madagascar,
Edition La Rose.
3) DUPRE (G), 1991 - Savoir paysan et
développement, Paris, Karthala/Orstom.
4) GEORGE (P), 1972 - Sociologie et Géographie,
Paris, Presses Universitaires de France.
5) HOYOIS (G), 1968 - Sociologie rurale, Paris, Edition
Universitaire.
6) MENDRAS (H), 1993 - La société
paysanne, Paris, Gallimard.
7) ROCHER (G), 1968 - Introduction à la Sociologie
générale, Tome 2, 4 Changement social Paris, Edition
HMH.
8) SIRVEN (N), 1995 - Capital social et
développement : concepts et théories et
éléments empiriques issus du milieu rural de Madagascar,
Université de Montréal.
II. Ouvrages spécifiques
9) ANDRIAMBELOMIADANA (R), 1992 - Libéralisme et
développement à Madagascar, Foi et Justice, Antananarivo.
10) CONDOMINAS (G), 1961 - Fokonolona et
collectivités rurales en Imerina, Paris, Berger - Levrault.
11) DECARY (R), 1952 - Les contacts de civilisation et les
problèmes fonciers In Civilisation Volume 2, 1952.
12) DECOUDRAS (P- M), 1997 - A la recherche de la logique
paysanne, Paris, Karthala.
13) DUBET (F) et MARTUCELLI (D), 1998 - Dans quelle
société vivons - nous ?, Paris, Seuil.
14) DUBOIS (R - P), 1938 - Monographie des Betsileo,
Paris, Institut d'Ethnographie.
15) LE ROY (E), 1996 - La sécurisation
foncière en Afrique, pour une gestion viable des ressources
renouvelables, Karthala, Paris.
16) PAQUES (V), 1974 - Les peuples de l'Afrique, Paris,
Bordas Etudes
17) OLLAGNON (H), 1991 - Vers une gestion patrimoniale de
la protection et de la qualité biologique des forêts.
Forest, Trees and People Newsletter.
18) OTTINO (P), 1998 - Les champs de l'ancestralité
à Madagascar : parenté, alliance et patrimoine,
Karthala/Orstom.
19) PAVAGEAU (J), 1981 - Jeunes paysan sans terre, exemple
malgache, Paris, L'Harmattan.
20) PELLISIER (P), 2001 - Transition foncière en
Afrique Noire du temps des terroirs, des lignages In BLANC - PAMARD (C) et
CAMBREZY (L), 2001 - Terre, terroir et territoire, les tensions
foncières, Paris, ORSTOM Edition.
21) RAJAOSON (F), 1969 - Contribution de l'étude du
Famadihana sur les Hauts - Plateaux de Madagascar, Thèse de
IIIème Cycle, Sorbonne, Paris.
22) RAKOTOARIMIARANTSOA (H), 1995 - Chair de la terre, oeil
de l'eau... Paysanneries et recomposition de campagnes en Imerina
(Madagascar), Karthala/Orstom.
23) RAKOTOMALALA (M), BLANCHY (S) et RAISON - JOURDEF, 2001 -
Madagascar : les ancêtres au quotidien, Paris,
l'Harmattan.
24) RAMAMONJISOA (J), 1986 - Riziculteurs des
périmètres d'irrigation : Soavina, Behara, Belamoly,
Mahavanona, In Recherche pour le développement, Série
Services de l'homme et de la société, Ministère de la
Recherche Scientifique et Technologique pour le Développement, N°1,
1er semestre.
25) RAZAFINTSALAMA (A), 1994 - Perception malgache du
développement, In Deux mondes en Présence, Aspects culturel
du développement, Office du Livre Malgache, Antananarivo.
III. Autres documents
26) République de Madagascar, 2004 - Lettre de
Politique de Développement rural.
27) République de Madagascar, 2005 - Lettre de
Politique Foncière.
28) République de Madagascar, 2008 - Gouvernance
responsable et développement durable, volume 1.
29) MAEP, 2008 - Programme National Foncier.
30) Transparency International, 2008 - Evaluation de la
lutte contre la corruption à Madagascar, Rapport final -
Résultats d'analyse - enquêtes nationales sur la corruption
(Version préliminaire).
IV. Mémoire
31) ANDRIANASOLORATSIMATAHOTRA (L), 2006 - 2007 - La
construction du Fokonolona à travers les discours du Colonel
RATSIMANDRAVA Richard de 1972 à1975, Mémoire de DEA,
Département de Sociologie, Fac DEGS, Université d'Antananarivo,
Année Universitaire 2006 - 2007.
V. Lois, Décrets, Ordonnance
32) Loi N° 1996 - 025 fixant le cadre
règlementaire des contrats de GELOSE.
33) Loi N° 2005 - 019 du 17 Octobre, fixant les principes
régissant les statuts des terres.
34) Loi N° 2006 - 031 du 24 Novembre, fixant le
régime juridique de la propriété foncière
privée non titrée, article 1 et 8.
35) Décret N° 2005 - 646 du 13 Octobre 2005,
assurant le contrôle et la gestion de l'exécution du Programme
MCA.
36) Décret N° 2007 - 1109, portant application de
la loi N°2006 - 031 du 24 Novembre 2006, fixant le régime juridique
de la propriété foncière privée non titrée,
article 4 et 8.
37) Ordonnance N° 62 - 004 du 24 juillet 1962, fixant les
attributions, les responsabilités et les pouvoirs du
Fokonolona.
VI. Journaux périodiques
38) MIDI MADAGASIKARA N° 7705 du Jeudi 11 décembre
2008.
39) MIDI MADAGAIKARA N° 7771 du samedi 28 février
2009.
VII. Dictionnaires de
spécialité
40) BREMOND (J) et CELEDAN (A), 1991 - Dictionnaire
économique et sociale, Paris, Hatier.
41) FERREOL (G), 2004 - Dictionnaire de Sociologie,
3ème Edition, Armand Colin.
WEBOGRAPHIE
1) popus.ulg.ac.be
2) www.cirad.mg
3) www.fao.org
4) www.foncier.gov.mg
5) www.maep.gov.mg
6) www.map.gov.mg
Table des matières
AVANT PROPOS 1
INTRODUCTION GENERALE 3
PARTIE I : GENERALITES 5
CHAPITRE I : L'INTERDEPENDANCE ENTRE LE FONCIER ET
LE RURAL 6
I- Etat du secteur Foncier et du développement rural
à Madagascar 6
1- Le secteur foncier 6
1.1 Le constat 6
1.2 Les conséquences de la crise foncière 7
2- Le développement rural 8
2.1 Le constat 8
2.2 Les principaux obstacles du développement 9
II- Pertinence du problème au plan local 10
III- Objet d'étude 12
IV- Problématique 13
V- Hypothèses 14
CHAPITRE II : CADRE DE LA RECHERCHE 15
I- Cadre historique et géographique 16
1- Cadre historique 16
2- Cadre géographique 17
II- Données démographiques 18
1- Effectif de la population 18
2- Densité de la population 21
III- Traits sociologiques 21
1- Culture 21
1.1 Les différents groupes ethniques en
présence 21
i. Les Bara Zafimanely 21
ii. Les Antaisaka 22
iii. Les Antandroy 22
iv. Les Betsileo 22
v. Les Merina 23
1.2 Les traditions 23
1.3 Les religions 24
1.4 Les valeurs communes partagées par la
population 24
1.5 La modernité 25
2- La hiérarchie 25
2.1 La parenté et la hiérarchie
familiale 25
2.2 La hiérarchie politique et la
hiérarchie sociale 26
IV- Démarche méthodologique 26
1- Technique d'enquête 26
2- Outils méthodologiques 27
3- Autres repères méthodologiques 28
4- Construction des variables de la population cible 28
4.1 Les variables quantitatives 28
4.2 Les variables ordinales 30
4.3 Les variables qualitatives 30
V- Repères théoriques 30
1- Sociologie du foncier 30
2- Sociologie rurale 32
3- Sociologie du développement 32
CONCLUSION PARTIELLE 34
PARTIE II : RAPPORTS AMBIGUS A LA TERRE ET PROCESSUS
DE DEVELOPPEMENT 35
CHAPITRE I : TRADITION, PATRIMOINE FONCIER ET
INSECURITE FONCIERE 36
I- Accès à la terre 36
1- La transmission de la terre 36
2- Le droit foncier ambigu 39
II- La sécurité foncière 40
1- Des procédures discriminantes d'acquisition des terres
40
2- La faiblesse de l'administration foncière
pénalise les moins nantis 41
III- Etat d'avancement du processus de décentralisation du
service foncier 42
1- De la décentralisation 42
2- De la décentralisation du service foncier 43
IV- Responsabilisation minimale des communautés locales
à la gestion foncière 46
CHAPITRE II : DYSFONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION
FONCIERE COMME ENTRAVE AU DEVELOPPEMENT 47
I- Impact de la sécurité foncière sur la
productivité agricole 47
II- Productivité et irrigation des terres 48
III- Mode de participation à la gestion d'infrastructure
d'irrigation 50
1- La participation outil de base du développement 50
2- La participation à la gestion d'infrastructure
d'irrigation 51
CONCLUSION PARTIELLE 53
PARTIE III : VERS UNE OPTIMISATION DE LA GESTION
FONCIERE ET LA MOBILISATION COMMUNAUTAIRE 54
CHAPITRE I : POTENTIALITES DU TERROIR ET GESTION
FONCIERE 55
I- Forces et faiblesses 55
II- Les opportunités et les menaces 59
CHAPITRE II : OPERATIONNALISATION DES HYPOTHESES
61
I- Validation et infirmation des hypothèses 61
1- La responsabilisation des communautés locales à
la gestion foncière 61
2- Précision du droit foncier et structure de
l'administration foncière 64
3- Sécurisation foncière : incitation des
paysans à valoriser leurs terres 67
4- La participation des villageois à la gestion des
infrastructures d'irrigation 68
II- Discussion des résultats 72
CHAPITRE II : LES RECOMMANDATIONS 76
I- Recommandations systémiques 80
II- Recommandations stratégiques 82
III- Recommandations opérationnelles 85
CONCLUSION PARTIELLE 88
CONCLUSION GENERALE 89
BIBLIOGRAPHIE 92
WEBOGRAPHIE 95
TABLE DES MATIERES 96
ANNEXES 99
ANNEXES
ANNEXE I : PROTOCOLE D'ENQUETE
QUESTIONNAIRE POUR LES PAYSANS DE LA COMMUNE RURALE
« AMBINANIROA ANDONAKA »
Bonjour, dans le cadre d'une recherche sur la «
gestion foncière et développement rural », nous vous
remercions par avance de bien vouloir participer à ce petit
questionnaire.
Age :
Sexe : Masculin? Féminin ?
Lieu de résidence :
1- A combien d'hectare s'élève votre
exploitation foncière ?
· Moins de 0.25 ha
· 0.25 ha à 0.49 ha
· 0.5 ha à 0.99 ha
· 1 ha et plus
2- Quel est le mode d'acquisition de vos terres ?
· Don/héritage
· Achat
· Location
· Métayage
· Autre
3- Etes- vous un propriétaire ?
· Oui
· Non
4- Si oui, avez- vous un certificat ou un titre
foncier ?
· Oui
· Non
5- L'acquisition de ce certificat a- t - il été
sans contraintes ?
6- Si non, pourquoi ne procédez- vous pas à
l'immatriculation ?
7- Etes- vous informé sur les droits fonciers à
Madagascar ?
8- Comment trouvez- vous l'administration foncière
actuelle ?
9- Estimez- vous que la responsabilisation des
communautés locales facilitera la gestion foncière de votre
commune ?
10- Etes- vous rassuré de vos droits sur vos
terres ?
· Si oui, pourquoi ?
· Si non, pourquoi ?
11- Utilisez- vous des infrastructures d'irrigation sur vos
terres ?
· Oui
· Non
12- Si non, pourquoi ?
13- Si oui, l'installation d'infrastructure d'irrigation a - t
- il accru vos rendements ?
14- A combien s'élève vos rendements
annuels ?
15- D'après vous, qu'est- ce qui freine ou favorise
l'augmentation de vos rendements ?
QUESTIONNAIRE POUR LE RESPONSABLE DU GUICHET UNIQUE
DE LA REGION HAUTE MATSIATRA
1- Combien de guichets fonciers sont opérationnels
jusqu'à maintenant dans la région « Haute
Matsiatra » ?
2- Pourquoi n'y a- t- il pas encore de guichet foncier dans la
commune rurale « Ambinaniroa Andonaka » ?
3- Quels sont les moyens de transition pour les communes qui
ne disposent pas encore de guichet foncier ?
4- Quelles sont les mesures d'accompagnement sur
l'implantation des guichets fonciers ?
5- Depuis l'implantation du guichet foncier, combien
d'immatriculation avez - vous enregistré jusqu'à ce
jour ?
6- Comment le guichet foncier responsabilise - t - il les
communautés locales sur la gestion foncière ?
7- Une cellule d'information a - t - elle été
créée pour informer la population sur l'existence et le
fonctionnement du guichet foncier ?
8- Comment la population réagit - elle face à
cette réforme foncière ?
9- Y - a - t - il des paysans qui sont contre la mise en place
du guichet foncier ?
ANNEXE II : LOI N° 2006-031 DU 24 NOVEMBRE
2006
FIXANT LE REGIME JURIDIQUE DE LA PROPRIETE FONCIERE
PRIVEE NON TITREE
CHAPITRE I
DISPOSITIONS GENERALES
Section 1
Définition
Article premier : Le régime
juridique de la propriété foncière privée non
titrée est celui qui s'applique aux terrains qui ne sont ni
immatriculés, ni cadastrés, et dont l'occupation est
constatée par une procédure définie par la présente
loi.
Section 2
Champ d'application
Art. 2. - Le régime juridique de la
propriété foncière privée non titrée est
applicable à l'ensemble des terrains, urbains comme ruraux :
- faisant l'objet d'une occupation mais qui ne sont pas
encore immatriculés au registre foncier ;
- ne faisant partie ni du domaine public ni du domaine
privé de l'Etat ou d'une Collectivité
Décentralisée ;
- non situés sur une zone soumise à un statut
particulier ;
- appropriés selon les coutumes et les usages du
moment et du lieu.
Le régime juridique de la propriété
foncière privée non titrée ne s'applique pas aux terrains
qui n'ont jamais fait l'objet ni d'une première occupation ni d'une
première appropriation lesquels demeurent rattachés au Domaine
privé de l'Etat.
En aucun cas, une Collectivité
Décentralisée ne peut faire valoir une quelconque
présomption de domanialité sur la propriété
foncière privée non titrée.
Section 2
Gestion administrative de la propriété
foncière privée non titrée
Art. 3. - La gestion de la
propriété foncière privée non titrée est de
la compétence de la Collectivité Décentralisée de
base.
A cet effet, celle-ci met en place un service administratif
spécifique dont la création et les modalités de
fonctionnement seront déterminées par décret.
A cette fin, la Collectivité
Décentralisée adopte les éléments
budgétaires, en recettes et en dépenses, permettant de financer
le fonctionnement dudit Service.
A peine de nullité, aucune procédure de
reconnaissance de droits d'occupation ne peut être engagée par la
Collectivité Décentralisée avant la mise en place du
service, en exécution d'un budget délibéré et
validé a priori par l'autorité compétente, et la mise en
place d'un Plan Local d'Occupation Foncier.
Du plan local d'occupation foncière
(PLOF)
Art. 4. - Le plan local
d'occupation foncière est un outil d'information cartographique de
base :
- délimitant chaque statut de terres avec un
identifiant spécifique,
- précisant les parcelles susceptibles de relever de
la compétence du service administratif de la Collectivité
Décentralisée de base,
- permettant de suivre l'évolution des situations
domaniales et foncières des parcelles situées sur le territoire
de la Collectivité Décentralisée de base.
La collectivité décentralisée de base,
en collaboration avec les Services domaniaux et topographiques
déconcentrés territorialement compétents, met en place
selon ses moyens, à l'échelle de son territoire, le plan local
d'occupation foncière. Sont notamment reportés sur le Plan Local
d'Occupation Foncière les parcelles objet d'un droit de
propriété foncière titrée, ou relevant du domaine
public.
Le Service foncier de la Collectivité
Décentralisée tient également un fichier d'information
concernant les terrains non titrés conformément aux mentions sus
précisées.
Les droits portant sur les parcelles prises en
considération dans le Plan Local d'Occupation Foncière, sont
ceux qui sont établis selon la législation spécifique
propre à chaque catégorie de terrains.
Toutes les opérations ainsi que les mises à
jour obligatoires des informations effectuées sur le PLOF sont
communiquées réciproquement entre le Service
décentralisé de la Collectivité et le Service
déconcentré territorialement compétent.
Les informations contenues dans les Plans Locaux
d'Occupation Foncière détenus par le Service
décentralisé de la Collectivité et le Service
déconcentré territorialement compétent doivent être
conformes.
CHAPITRE 2
DE LA RECONNAISSANCE DE DROIT DE PROPRIETE SUR LES
TERRAINS NON TITRES
Section 1
De la demande de reconnaissance de droit de
propriété
Art. 5. - La demande de reconnaissance de
droit de propriété sur les terrains non titrés
occupés peut être collective, ou individuelle.
Elle est conditionnée à la mise en place
préalable d'un Plan Local d'Occupation Foncière selon les
modalités fixées à l'article 4 ci-dessus, et au
dépôt d'un dossier de demande selon des modalités qui
seront déterminées par décret.
Paragraphe 1
Des demandes collectives
Art. 6. - La demande collective peut
émaner soit d'une collectivité décentralisée
soit d'un groupement d'occupants constitué conformément aux
dispositions légales en vigueur.
Art. 7. - Lorsque la demande émane
d'une collectivité décentralisée, elle doit être
formulée par le responsable de l'exécutif local en application
d'une délibération.
Art. 8. - Un groupement
d'occupants de nationalité malagasy, régulièrement
constituée peut demander à la Collectivité
Décentralisée territorialement compétente, la mise en
oeuvre de la procédure de reconnaissance de la propriété
privée non titrée au profit :
a- soit de ses membres ;
b- soit du groupement lui-même ;
c- soit des deux à la fois après
délibération conformément à ses statuts.
La demande doit mentionner la description des limites et la
détermination approximative de la zone.
Art. 9. - Lorsque
la demande émane d'un groupement, elle doit être formulée
par le représentant légal de celui-ci ou la personne
déléguée à cette fin, dans les conditions
prévues par les statuts.
Les membres du groupement peuvent aussi, si ils le souhaitent
et si les conditions légales sont réunies, demander à
l'Administration foncière compétente l'établissement de
titres fonciers.
Paragraphe 2
Des demandes individuelles
Art. 10. - Lorsque la demande émane
d'un individu, celui-ci doit avoir la capacité juridique, être de
nationalité malagasy et être détenteur du terrain dans des
conditions fixées par l'article 33 de la loi n°2005-019.
Section 2
De la procédure de reconnaissance
Art. 11. - Pour la
reconnaissance de droits de propriété sur les terrains non
titrés occupés, le service compétent de la
Collectivité Décentralisée met en oeuvre une
procédure répondant aux conditions suivantes :
a) La procédure doit être publique et
contradictoire.
A cette fin, des mesures de publicité sont prises pour
permettre à toute personne intéressée d'émettre des
observations ou de former d'éventuelles oppositions.
Les modalités d'application du présent
alinéa seront fixées par décret.
b) Cette procédure est menée par une commission
de reconnaissance locale, dont la composition est fixée comme
suit :
- Le Chef de l'Exécutif de la Collectivité de
base du lieu de la situation des terrains ou son représentant ;
- Le(s) Chef(s) de Fokontany, du lieu de la situation des
terrains occupés objet de la reconnaissance ;
- Des Raiaman-dreny du Fokontany choisis sur une liste
établie annuellement par le chef Fokontany sur proposition de la
population de celui-ci, et publiée sur les placards de la
Collectivité Décentralisée ainsi que du ou des Fokontany
intéressés.
Les membres de la commission choisissent leur
président.
Un agent du Service Administratif concerné de la
Collectivité Décentralisée de base assure le
secrétariat de la commission
c) Le Chef de l'Exécutif local fixe par
décision, la date de la reconnaissance, nomme et convoque les membres de
la commission.
La décision, outre sa notification au demandeur, est
affichée sur les placards administratifs de la collectivité
locale de base jusqu'à la date de la reconnaissance sur le terrain.
La date de la décision est le point de départ
de la période de publicité et de recevabilité des
oppositions, dont la durée sera fixée par décret.
d) L'opération de reconnaissance, publique et
contradictoire, consiste en :
· L'identification de (des) la parcelle(s) objet de la
demande de reconnaissance ;
· La constatation des droits d'occupation
conformément aux dispositions de l'article 33 de la loi n° 2005
-019 du 17 octobre 2005.
· La réception des observations et oppositions
éventuelles ;
· Le règlement amiable des litiges et
oppositions.
A l'issue de l'opération de reconnaissance, sur les
lieux, un procès-verbal est dressé et signé avec avis
motivé par les membres de la commission, les riverains et les demandeurs
après lecture publique devant les assistants.
Art. 12. - Les oppositions peuvent être
formulées verbalement lors des opérations de reconnaissance ou
par écrit adressées ou déposées au service foncier
compétent de la Collectivité de base ou au moment de la
reconnaissance.
Les oppositions sont recevables à compter de la date
du dépôt de la demande jusqu'à l'expiration d'un
délai de 15 jours après la date des opérations de
reconnaissance.
Seules seront recevables les oppositions fondées sur
une emprise réelle dans les conditions de l'article 33 de la loi
précitée.
Les oppositions non tranchées lors de la
reconnaissance sont mentionnées au procès-verbal.
Le règlement des oppositions est soumis à la
sentence arbitrale préalable du président de l'organe
délibérant, assisté de deux conseillers.
La sentence arbitrale est susceptible de recours dans les
vingt jours de sa notification devant le Tribunal Civil qui statue en dernier
ressort suivant la procédure des référés.
La délivrance du certificat de reconnaissance de droit de
propriété privée non titrée est suspendue
jusqu'à l'obtention d'une décision définitive.
Section 3
De la délivrance de certificat
foncier
Art. 13. - A l'expiration du délai
s'il n'y a pas d'opposition, le Service administratif compétent
établit le(s) certificat(s) de reconnaissance du droit de
propriété privée non titrée portant sur le(s)
terrain(s) occupé(s) objet de la demande.
Le certificat foncier est signé par le Chef de
l'exécutif de la Collectivité Décentralisée de
base.
La remise du certificat foncier ne peut intervenir
qu'après paiement des droits et redevances y afférents.
Le Service Administratif compétent met à jour
le Plan local d'occupation foncière en y reportant les parcelles ayant
fait l'objet de la procédure de reconnaissance de droit.
Section 4
Valeur juridique du certificat foncier
Art. 14. - Les droits de
propriété reconnus par le certificat sont opposables aux tiers
jusqu'à preuve contraire.
Les litiges et contestation relatifs à ces droits de
propriété seront réglés selon les dispositions du
chapitre 5 de la présente loi.
Art. 15. - En cas de non concordance entre
les mentions portées au certificat foncier et celles des documents du
Service Administratif compétent de la Collectivité
Décentralisée de base, ces dernières font foi.
Art .16. - En cas de
détérioration ou de perte du certificat foncier, il peut
être procédé à son remplacement selon les
modalités fixées par décret.
CHAPITRE 3
GESTION DE LA PROPRIETE FONCIERE PRIVEE NON TITREE
Art. 17. - Le droit de
propriété foncière privée non titrée reconnu
par un certificat foncier, permet au détenteur de celui-ci d'exercer
tous les actes juridiques portant sur des droits réels et leurs
démembrements reconnus par les lois en vigueur.
Le régime juridique de ces droits réels
prévu dans la propriété titrée est applicable
à ceux de la propriété non titrée, sous
réserve de la disposition de la présente loi.
Ces actes doivent être inscrits aux documents du
Service Administratif compétent pour être opposables aux
tiers.
La procédure en matière de saisie des droits
est celle fixée par le Code de Procédure civile concernant les
immeubles ni immatriculé ni cadastré.
Les modalités de mise à jour des documents
seront fixées par décret.
Lorsque l'acte emporte transfert du droit de
propriété foncière privée non titrée, le
certificat initial est retiré entre les mains du détenteur,
annulé et remplacé par un nouveau certificat au nom du nouveau
titulaire du droit.
Art. 18. - La vacance constatée dans
l'exercice d'un droit de propriété foncière privée
non titrée constitue un motif de déchéance de ce droit
entre les mains de son titulaire.
La vacance consiste dans le fait pour la personne qui
détient le droit de propriété de ne pas se comporter comme
propriétaire pendant une période continue de dix ans sauf motif
de force majeure.
La procédure spécifique permettant
d'établir la vacance sera déterminée par décret.
Cette déchéance prononcée par le
Tribunal Civil du lieu de la situation de l'immeuble a pour effet de mettre en
place une curatelle de la gestion de l'immeuble, confiée au Service
foncier Déconcentré de l'Etat pour une période maximale de
deux ans, à l'expiration de laquelle le tribunal, à défaut
de manifestation d'intérêt du propriétaire détenteur
du certificat foncier, prononce le transfert du droit de
propriété au Domaine privé de l'Etat.
Art. 19. - Toutes
inscriptions et modifications effectuées sur les documents du Service
Administratif de la Collectivité Décentralisée de base
doivent être communiquées aux Services fonciers
déconcentrés de l'Etat pour mise en concordance de l'information
foncière, selon des modalités qui seront fixées par
décret.
Art. 20. -
Conformément aux dispositions de l'article 24 de la loi n° 2005
019 du 17 octobre 2005 fixant les principes régissant les statuts des
terres, le titulaire du certificat peut requérir la transformation de
celui-ci en titre foncier selon les modalités fixées par
décret et conformes aux dispositions sur la propriété
foncière titrée.
Art. 21. - La transformation
du certificat de reconnaissance de droit de propriété en titre
foncier ne peut intervenir qu'après bornage de la parcelle
conformément aux dispositions légales et réglementaires en
vigueur, et le cas échéant après règlement
définitif du contentieux.
La date du bornage constitue le point de départ du
délai d'une durée de 15 jours ouvrables qui doit permettre de
purger les oppositions et d'enregistrer les demandes d'inscription.
Les modalités de transformation du certificat foncier
en titre foncier seront fixées par décret.
Art. 22. - Après
immatriculation de la parcelle et création du titre foncier, la
Circonscription domaniale et foncière notifie au Service Administratif
compétent de la Collectivité Décentralisée de base,
la création du titre, pour mise à jour du Plan Local d'Occupation
Foncière et du registre parcellaire.
CHAPITRE 4
SANCTIONS
Art. 23. - Toutes les
formalités et procédures prévues aux articles 2 à
14 de la présente loi sont prescrites à peine de
nullité.
Cette nullité peut être soulevée par
toute personne intéressée ou à l'occasion de l'exercice du
contrôle de légalité prévu par la législation
relative à la Décentralisation.
CHAPITRE 5
REGLEMENT DES LITIGES ET CONTENTIEUX
Art. 24. - Tout litige
relatif à l'application de la présente loi concernant un droit
réel immobilier soulevé soit par l'Administration soit par un
particulier relève de la compétence exclusive du Tribunal
civil.
Art. 25. - Le
règlement des litiges ou des oppositions entre particuliers, relatifs
à propriété foncière non titrée doit
être recherché au préalable par la procédure de
conciliation et d'arbitrage légalement applicable au niveau de la
Collectivité concernée, avant de pouvoir être soumis au
Tribunal compétent.
CHAPITRE 6
DISPOSITIONS TRANSITOIRES
Art. 26. - Jusqu'à la
mise en place des Services Administratifs des Collectivités de base
chargés de gérer les propriétés foncières
non titrées, les Services déconcentrés de l'Etat, outre
leurs compétences de droit commun en matière domaniale et
foncière, assurent la gestion des parcelles dans les conditions de la
présente loi et de celle relative aux Collectivités
Décentralisées de base.
CHAPITRE 7
DISPOSITIONS FINALES
Art. 27. - Les modalités d'application
de la présente loi seront fixées par la voie
réglementaire.
Art. 28. - La présente loi sera
publiée au Journal Officiel de la République. Elle sera
exécutée comme loi de l'Etat.
ANNEXE III : LE CONSTAT
Conservation des documents fonciers auprès de la
Direction des Domaines de la Région HAUTE MATSIATRA.
La Mairie de la Commune Rurale Ambinaniroa
Andonaka
Les rizières à perte de vue de la Commune Rurale
Ambinaniroa Andonaka
ANNEXE IV : LE CONCEPT FONDATEUR
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition de la population
par tranche d'âge et par fokontany
Tableau 2 : Répartition de la population
enquêté selon leur âge
Tableau 3 : Répartition de la population
selon leur taille d'exploitation
Tableau 4 : Mode d'acquisition des terres
Tableau 5 : Echelle de notation des
critères techniques
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Répartition de la population
enquêté selon leur âge
Figure 2 : Le mode d'acquisition des terres
Figure 3 : Cause de la crise domaniale
LISTE DES ACCRONYMES
APE : Association Professionnelles des Entreprises
AR : Ariary
BEST : Bureau d'Etude et Suivi Technique
BV : Bassins Versants
COI : Commission de l'Océan Indien
COMESA: Common Market for Eastern and Southern Africa
CRIF: Centre de Ressources et d'Informations
Foncières
CSB : Centre de Santé de Base
CTD: Colléctivités Territoriales
Décentralisées
FERHA: Fonds d'Entretien des Réseaux Hydro Agricoles
GELOSE: Gestion Locale Sécurisée
IDH: Indicateur du Développement Humain
LAE: Lutte Anti - Erosive
MAEP: Ministère de l'Agriculture de l'Elevage et de la
Pêche
MAP: Madagascar Action Plan
MCA: Millenium Challenge Account
MCC : Millenium Challenge Corporation
NTIC : Nouvelles Technologies d'Information et de
Communication
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectif Millénaire du
Développement
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONN : Organisation Nationale de Nutrition
3P : Partenariat Public Privé
PFRDV : Pays à Faible Revenu et à
Déficit Vivrier
PI : Périmètres Irrigués
PIB : Produit Intérieur Brut
PLAE : Programme de Lutte Anti - Erosive
PLOF : Plan Local d'Occupation Foncière
PNAEPA : Programme National d'Accès à l'Eau
Potable et l'Assainissement
PNF : Programme National Foncier
PSDR : Programme de Soutien pour le Développement
Rural
RN: Route Nationale
SADC: South African Development Committee
SBV : Sous Bassins Versants
SIG : Système d'Information de Gestion
USD : United States Dollars
ZIA : Zone d'Investissement Agricole
COORDONNEES DE L'IMPETRANTE
Nom : JEAN PAUL
Prénoms : Narindra Ny Tiavina
Troïanie
Adresse électronique :
troianie@moov.mg
Mobile : 034 08 351 90
RUBRIQUES EPISTEMOLOGIQUES
Champ de recherche : sociologie rurale,
sociologie du foncier, sociologie du développement
Mots clés : - Gestion foncière
- Sécurisation foncière
- Développement rural
- Infrastructure d'irrigation
- Responsabilisation
Nombre des tableaux : 5
Nombre de figure : 3
RESUME
La terre a une valeur particulière pour les
sociétés anthropologiques comme Madagascar à cause de son
rattachement avec les ancêtres. A cet effet, elle est précieuse
non seulement par sa valeur marchande mais surtout par sa valeur
spirituelle.
Par ailleurs, elle est source de litige dû à
l'imprécision du droit qui la régit et devient une source
d'insécurité par son propriétaire. Entre autre, à
part son utilisation pour l'habitat, elle est à l'origine de toute
production qui nécessite la maîtrise parfaite de l'eau, ce dernier
parfois absent voire même inexistant chez les occupants.
Pour y remédier il est essentiel d'avancer quelques
recommandations qui tiennent compte de l'hypothèse et de la
problématique engendrées par la gestion foncière sur le
développement rural.
Directeur de recherche : Professeur
RANDRIAMASITIANA Gil Dany (Enseignant Chercheur à l'Université
d'Antananarivo)
* 1 In BALANDIER, G. (1971) Sens
et puissance. Les dynamiques sociales, Paris, P.U.F. p. 238
* 2 BALANDIER, G. (1971), op cit
p.123, ne disait - il pas que : « Les sociétés
fortement attachées aux représentations et aux pratiques
traditionnelles (notamment celles de l'Afrique noire) ont maintenu le rapport
foncier au centre d'un système complexe de relations symboliques et
rituelles, juridiques et techniques, sociales et politiques. Des droits, des
Usages multiples et contradictoires interfèrent, et leurs
interférences affectent l'expansion des cultures nouvelles
destinées au marché extérieur. Cette situation contraire
et retonde la mutation de la société paysanne. Le mode coutumier
de transmissions des terres peut avoir des incidences de même
nature... »
* 3Fokonolona :
« une ou plusieurs communautés de personne vivant dans une
portion de territoire nationale appelée Fokontany ». Cf.
ANDRIANASOLORATSIMATAHOTRA, L. (2006 - 2007). La construction du Fokonolona
à travers les discours du Colonel RATSIMANDRAVA Richard de 1972 à
1975, Mémoire de DEA, Département de Sociologie, Fac. DEGS,
Université d'Antananarivo, Année Universitaire 2006 - 2007.
* 3 Deux frères
siamois Mahagaga et Mahalatsa originaire du sud de Madagascar ont
été évacués à l'étranger pour
être séparé. Leur séparation a été
couronnée d'un grand succès. Ils sont maintenant de retour au
pays depuis environ 1 mois et leur suivi médical se poursuit au Centre
Hospitalier Universitaire Joseph Ravoangy Andrianavalona.
* 4 Andriana : Rois
* 5 Hova : Homme libre
* 6 Fokontany :
circonscription administrative ou évolue un Fokonolona
* 7 In CHAPUS S, (1961) -
Manuel d'histoire de Madagascar, Edition La Rose
* 8 Etude inspirée en
partie de PÂQUES, V. (1974) - Les peuples de l'Afrique, Paris, Bordas
études 56, p- 111-119.
* 9 On peut dire à ce
propos les travaux de SIBREE, de PIOLET, d'A. et G. GRANDIDIER, etc.
* 10 Ody basy : Totem qui
protège contre les armes à feu
* 11 Fady : Tabou
* 12 Razana :
Ancêtre
* 13 Hazomanga/Hazon -
drazana : Sépulture des ancêtres
* 14 Lamba : Linceul
* 15 Ombiasy : sorcier du
village
* 16 DUBET, F. et
MARTUCELLI, D. (1998) Dans quelle société vivons - nous ?,
Paris, Seuil. « L'accroissement des échanges internationaux
n'est pas seulement économique, il est aussi culturel. A
côté des cultures nationales, les médias de masse ont
installé une culture nationale passant par la télévision,
le cinéma, la variété, les modes qui s'imposent à
tous. » (p.41). En outre, « ... l'individu moderne est
confronté et engagé dans une société fortement
différenciée, il est confrontée à des rôles
multiples et autonomes, soumis à des stimulations nombreuses et
complexes. » (P.44).
* 17 Cf. RAKOTOMALALA, M.,
BLANCHY, S et RAISON - JOURDE, F (2001) Madagascar : les ancêtres au
quotidien, Paris, L'Harmattan ; OTTINO, P (1990). Les champs de
l'ancestralité à Madagascar, Paris, Karthala, ORSTOM ;
RAJAOSON, F (1969). Contribution de l'étude du Famadihana sur les Hauts
- Plateaux de Madagascar, Thèse de IIIème Cycle,
Sorbonne, Paris.
* 18 PELLISIER, P. (2001)
« Transition foncière en Afrique noire. Du temps des terroirs,
des lignages in BLANC - PAMARD, C. et CAMBREZY, L (2001) Terre, terroir,
territoire, les tensions foncières, Paris, ORSTOM Editions, p 19 -
34.
* 19 HOYOIS, G. (1968)
Sociologie rurale, Paris, Editions Universitaires.
* 20 ROCHER, G. (1968)
Introduction à la sociologie générale, Tome 3, Changement
social, Paris, Editions HMH.
* 21 Auteur cité par
BREMOND, J. et GELEDAN, A. (1991) Dictionnaire économique et social,
Paris, Hatier, p. 339
* 22 Depuis quelques
années, on parle d'Indicateur du Développement Humain (IDH).
* 23 Fehitry : Origine
* 24 Lôva :
Héritage
* 25 Hary :
Cultivé
* 26 Saraky : travailler
la terre pour le compte d'une autre personne avec une contre partie
pécuniaire
* 27 DECOUDRAS, P.M. (1997)
A la recherche de logiques paysannes, Karthala, Paris,
p.26 : « ... quel que soit l'environnement agro -
écologique ou socio - économique, l'objectif prioritaire
permanent en milieu rural se situe avant tout au niveau de la reproduction du
groupe et de sa sécurité ».
* 28 Fanjakana : Etat
* 29 ROCHER, G. (1968), op.
cit. p. 187. Il utilise plutôt le concept du
« démarrage » qu'il définit comme suit
« la période critique, le point décisif qui va marquer
la différence entre la société traditionnelle et la
société développée. Le démarrage suppose que
les forces favorables à l'expansion économique, mis en place dans
la phase précédente, ne restent pas une enclave à
l'intérieur d'une société traditionnelle, mais
s'étendent et gagnent toute la société, en deviennent les
agents dominants et dirigent son évolution. Cela suppose que les
résistances au changement, qu'oppose la société
traditionnelle, principalement dans sa mentalité, ses attitudes et ses
structures sociales, aient été brisées ou du moins
largement éliminées ».
* 30 Selon l'organisation
non gouvernementale Transparency International l'indice de perception de la
corruption à Madagascar pour l'année 2008 est de 3,4 qui
positionne la grande île au rang de 85ème sur 180 pays.
Ainsi le niveau de la corruption à Madagascar est encore
élevé. « Dans les pays pauvres, les ravages de la corruption
compromettent la lutte contre la pauvreté et menacent la
réalisations des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD). (...), l'extension incontrôlée de la
corruption pourrait renchérir de 50 milliards de dollars le montant des
investissements nécessaires pour atteindre les OMD dans le domaine de
l'eau et de l'hygiène... »
* 31 Madagascar ne compte
plus que 14 géomètres assermentés, tous implantés
dans la Province d'Antananarivo. Deux sont des ingénieurs
diplômés, les autres sont des techniciens retraités de
services topographiques. Sans parler des magistrats, la carence en personnel
qualifié concerne aussi les prestataires de services de type «
médiateurs fonciers » qui interviennent sur le terrain pour
informer les producteurs. En tout il y a 230 techniciens dans tous Madagascar
soit 2 cadres supérieurs pour un cadre moyen.
* 32Les techniciens
topographes ne se renouvellent plus après la fermeture de la
filière « topographique » du lycée technique et du
Génie Civil d'Antananarivo. En 2008, une formation en DESS
spécialisé en aménagement foncier et systèmes
cadastraux a été ouverte à l'Université
d'Antananarivo. En ce moment, le MCA forme les maires et agents communaux au
poste de guichet foncier par le biais du cabinet d'étude BEST (Bureau d'
Etude et Suivi Technique).
* 33 Cf.
ANDRIANASOLORATSIMATAHOTRA, L. 2006 - 2007 La construction du Fokonolona
à travers les discours du Colonel RATSIMANDRAVA Richard de 1972 à
1975, DEA, op. cit.
* 34 Selon Mme RAHASARIVELO
Hortensia (Adjoint au chef de district d'Ambalavao, chargé de
l'administration générale et territoriale), il faut compter 5
jours d'affichage de la demande sur le placard administratif plus 5 jours pour
une reconnaissance domaniale, plus 1 mois pour la demande au district, plus 1
mois pour un second repérage par les domaines et enfin plus 1 mois pour
l'envoi de la demande à Antananarivo. Donc au plus vite 3 mois et demi
pour l'obtention d'un titre définitif.
* 35 Cf. Annexe III image de la
conservation des documents fonciers auprès de la Direction des Domaines
de la Région Haute Matsiatra.
* 36 Lavaka : Trou
* 37 La Haute
Autorité de la Transition n'a pas encore exprimé son point de vue
sur ce document de travail depuis l'investiture du Président Andry
Nirina RAJOELINA le 17 mars 2009.
|