Processus d'élaboration des projets dans l'Administration Camerounaise : Le cas du Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature (MINEP)( Télécharger le fichier original )par Charles Menye Université Catholique d'Afrique Centrale (UCAC) - Master en développment et management des projets 2009 |
Chapitre 1 : Notion de Projet
2. Typologie de projets Cette section est inspirée des entretiens et du Guide de gestion des projets initié par le Chef de la Division des Etudes, des Projets et de la Coopération du MINEP. Il est important de préciser qu'il s'agit d'un texte en cours d'élaboration.
L'organisation d'un projet est intimement liée à la structure de l'entité porteuse. Structure fonctionnelle : Chaque spécialiste métier reste dans sa division et communiquera directement avec ses homologues pour faire les choix relatifs au projet. Dans ce cas il n'y a pas de chef commun. L'implication dans le projet ne se fait que si les acteurs s'y attachent et que leur direction métier peut leur laisser suffisamment de temps. Structure de coordination du projet : Le coordinateur n'est qu'un gestionnaire du projet : il ne dirige pas tous les acteurs mais il est en relation étroite avec les chefs de projet métier. Les acteurs sont donc déchargés de la tâche de gestion de projet, qui est en plus effectuée de façon plus efficace puisque centralisée. Mais il n'y a toujours pas de direction du projet qui pourrait « concurrencer » les directions métier. Structure de direction de projet : Le directeur de projet gagne en pouvoir puisqu'il a un poids hiérarchique sur les autres participants au projet. Cela lui permettra d'y apporter encore plus de cohérence en déterminant des priorités dans la réalisation des différentes tâches du projet plutôt que des conseils qui pouvaient être plus ou moins suivis. Cependant apparaît le problème du conflit de direction puisque les intervenants métiers ont maintenant deux chefs : un pour leur métier et un pour le projet. Leur comportement risque d'être encore plus imprévisible. Structure de projet assorti : Tous les acteurs du projet quittent la structure dans laquelle ils étaient (y compris physiquement : le travail sur le projet se fait souvent en plateau (open=space) pour une meilleure circulation de l'information). Le problème se pose cependant de la reconversion des différents acteurs à la fin du projet puisqu'ils auront perdu leur compétence métier en ayant passé plusieurs années sur des actions variées. De plus, si l'entreprise n'a pas de projet à proposer directement à la suite, ces acteurs risquent d'être débauchés par des concurrents qui lancent leur projet. c. Types d'intervention Le projet se caractérise par l'aspect intentionnel de l'objectif à atteindre qui permet de structurer méthodiquement une réalité à venir. Selon l'objectif à atteindre deux grands types de projets peuvent se distinguer :
La distinction qui peut être faite entre les projets de recherche et les projets d'intervention tient au fait que les projets de recherche qui visent à produire les connaissances, en vue de mieux comprendre et modifier le réel. Les projets d'intervention quant à eux visent à modifier le réel à travers des actions. La dynamique de développement et la méthode qui soustend la construction de chacun de ces deux types de projets sont différentes mais leurs éléments sont inter=reliés. Un projet de recherche se base sur une méthode scientifique qui part de théories, d'hypothèses et de questions posées à priori, et cherche à comprendre le réel sur cette base et à fournir des indications sur ce qui peut éventuellement se produire dans un contexte donné. Un projet d'intervention s'appuie généralement sur la définition d'un problème ou d'un besoin et cherche à changer une situation non désirée en une situation désirée. Elle s'appuie sur des stratégies visant à mener des actions qui seront encadrées par des plans opérationnels. Dans le cadre de cette étude, nous nous sommes intéressé aux projets d'intervention. II)Notions de gestion de projets, de gestion de cycle deprojets, de management de projets et de bureaucratie 1. Notions de gestion de projets et de gestion de cycle de projets a. Notions de gestion de projets On appelle gestion de projet l'organisation méthodologique mise en oeuvre pour faire en sorte que l'ouvrage réalisé par le maître d'oeuvre réponde aux attentes du maître d'ouvrage et qu'il soit livré dans les conditions de coût et de délai prévus initialement, indépendamment de sa « fabrication ». Pour ce faire, la gestion de projet a pour objectifs d'assurer la coordination des acteurs et des tâches dans un souci d'efficacité et de rentabilité. C'est la raison pour laquelle, un « chef de projet » est nommé au niveau de la maîtrise d'ouvrage afin d'être en relation permanente (en théorie) avec le chef de projet du côté de la maîtrise d'oeuvre. En raison de l'ambiguïté évidente que constitue le terme de chef de projet, il est préconisé qu'un terme alternatif tel que « responsable de projet » soit utilisé de façon préférentielle pour désigner le chef de projet de la maîtrise d'ouvrage. Les termes « chef de projet utilisateur » ou « directeur de projet » sont parfois également employés. Dans le cas de projets importants, le maître d'ouvrage peut nommer une Direction de projet, c'est=à=dire une équipe projet sous la responsabilité du responsable de projet chargée de l'aider dans la gestion du projet, ainsi que dans les décisions stratégiques, politiques et de définition des objectifs. Le chef de projet doit être dégagé de ses activités et de ses responsabilités courantes afin de se consacrer à la gestion du projet. b. Notion de gestion de cycle de projet D'après BAUM (1982), la notion de gestion du cycle de projet (GCP) se réfère à des projets économiques financés par des prêts de la Banque Mondiale. La méthode est symbolisée par un schéma de cycle fermé mais répété plusieurs fois. Chaque phase est validée par des décisions prises sur la base de documents de référence et ce n'est qu'après cette validation que l'on peut passer à la phase suivante. Par la suite, EGGERS (1998) précise que la méthode a été reprise par la Commission Européenne suite à une analyse datant des années 80 sur l'efficacité de l'Aide. Aujourd'hui, elle est utilisée dans le secteur du développement. Cette méthode offre une approche cohérente par rapport à toutes les composantes du cycle d'un projet. Elle met l'accent sur les besoins et la participation des bénéficiaires, sur une perspective complète du projet, ainsi que sur un suivi et une évaluation efficaces. Cette approche améliore la faisabilité des plans et la pérennité des interventions. Elle est appliquée en tant que méthode standardisée par un grand nombre de bailleurs de fonds bilatéraux, d'ONG, ainsi que par les gouvernements de nombreux pays bénéficiaires et s'appuie sur quatre principes :
Mise en oeuvre Evaluation Financement Programmation Formulation Identification
3 Etono A, Cours d'élaboration et management de projet, DMPA2, UCAC 2008. A titre d'exemple, jusqu'en 2003, « la Commission Européenne (2004) prenait en considération une phase de financement (décision ou non d'accorder) entre les phases d'instruction / formulation et de mise en oeuvre. Après avoir constaté la diversité de ses propres pratiques par rapport à cette étape, la Commission européenne considère désormais que l'approbation du financement est une étape qui s'intègre dans l'identification et la formulation ». Dans la réalité, la gestion du cycle de projet est utilisée avec beaucoup de rigidité, ce qui suppose une faible prise en compte des évolutions du contexte, des opportunités, etc. Pour remédier à cette insuffisances, certaines agences, à l'instar de la GTZ (Coopération technique Allemande), ont réinterrogé l'approche à travers une démarche de planification qui permet de corriger les limites ci=dessus évoquées. Pour la Banque Mondiale (BM), le point de départ des projets est la stratégie de réduction de la pauvreté. Par le passé, ses services compétents élaboraient les Projets qui étaient mis en exécution par les pays qui sollicitaient son aide. Mais, comme cette approche n'a pas atteint les résultats escomptés, la BM a révisé sa politique. Désormais, elle accompagne les pays dans l'élaboration et la mise en oeuvre de leurs propres stratégies de développement. Au Cameroun, cette stratégie est contenue dans le Document Stratégique de Réduction de la Pauvreté (DSRP) adopté en 2003 et révisé en 2005. Notons que la deuxième génération du DSRP est en cours d'élaboration. Il participe du souci de coordonner les actions des partenaires du Cameroun en les faisant cadrer avec les priorités nationales. Il permet d'identifier les principaux domaines dans lesquels une intervention peut au mieux contribuer à réduire la pauvreté. Après la définition des stratégies de réduction de la pauvreté, le cycle se poursuit par la phase d'identification. Celle=ci est menée en collaboration avec les partenaires. Elle consiste à identifier les projets qui pourraient être financés afin de promouvoir les objectifs de développement convenus. Cette étape s'appuie sur la connaissance du cadre stratégique, de la zone d'intervention, des acteurs et du contexte. Les partenaires doivent être fortement impliqués au cours de cette phase. Un certain nombre de document doivent être présentés afin d'aider à la prise de décision (rapport d'identification incluant les diagnostics et analyses diverses), en cas d'approbation les termes de référence d'une étude de faisabilité peuvent être élaborés. Ce processus se poursuit par la phase de préparation durant laquelle on évalue l'opportunité du projet. Les enjeux (économiques, institutionnels, financiers et environnementaux) que soulève le projet sont analysés et les solutions possibles proposées. Ensuite, intervient une étape principalement financière. C'est à l'issu de cette étape que le projet est approuvé. Dans le cadre de la mise en oeuvre de la politique environnementale du Cameroun, le MINEP conçoit un ensemble de projets structurants.
Dans l'objectif de mieux appréhender le sujet de notre étude, il importe de nous doter d'outils théoriques, nous permettant de comprendre notre objet d'étude. De ce fait, nous avons jugé utile d'interroger la littérature qui aborde la question du fonctionnement des administrations publiques. Une administration publique est une instance gouvernementale, une institution ou un établissement public qui instaure des politiques publiques, offre des services non marchands ou vende des biens et services marchands à titre accessoires. Selon la norme européenne de comptabilité nationale (SEC 95), les administrations publiques sont définies comme « des unités institutionnelles dont la fonction principale est de produire des services4 ». Le secteur des administrations publiques comprend les administrations publiques centrales, les administrations publiques locales et les administrations de sécurité sociale. Pour HEGEL (1821), l'administration a trois fonctions : surveiller, anticiper et tolérer. On remarquera que ce sont des fonctions régulatrices. Le 4 www.comptanat.fr/general/sect.htm Gouvernement doit assumer des tâches de type fonctionnel, nullement pour produire. A sa suite des approches sur les administrations on été développées. WEBER (1919) aborde la question du fonctionnement de l'appareil étatique sous l'angle de ce qu'il a nommé la Bureaucratie. Il la définit comme « une organisation caractérisée par des règles procédurières strictes, la division des responsabilités, une forte hiérarchie et des relations impersonnelles ». Cette forme d'organisation procède de la rationalisation de la gestion des affaires publiques et vise une bonne gestion du bien commun. Il ressort de cette définition que, les pouvoirs ou du moins les institutions publiques ont la charge de gérer au mieux le bien commun. La bureaucratie se présente donc chez WEBER comme un mode d'organisation adapté. MENDRAS (1999) résume ainsi les caractéristiques de la bureaucratie :
2. Découpage d'un projet Un projet peut être décomposé en sous projets, afin d'obtenir des sous= ensembles dont la complexité est plus facilement maîtrisable. Le découpage d'un projet est essentiel à la conduite du projet et à sa réussite. Il permet également de procéder plus aisément à sa planification. Différentes approches permettent de procéder au découpage d'un projet : Le jalonnement, le découpage en phases, le découpage en tâches, le découpage en activités WBS (Work Breakdown Structure). Le découpage en phases est l'approche que nous avons adoptée. Il s'agit d'une méthode communément employée afin de conduire un projet à son terme en respectant les impératifs de qualité, coût et délai. Chaque phase est accompagnée d'une fin d'étape destinée à formaliser la validation de la phase écoulée avant de passer à la phase suivante. Habituellement, on retrouve les phases suivantes (mais les appellations varient selon le contexte et les méthodes) : étude préliminaire (dite aussi de faisabilité ou encore d'opportunité), étude générale et étude détaillée (ou spécifications), recherche et détermination de solutions pour le gestionnaire de projet. Les phases relatives au processus d'élaboration des projets seront étudiées plus en détail dans la partie y consacrée. |
|