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UNIVERSITE PARIS
7-DENIS DIDEROT U.F.R :
G.H.S.S. DEPARTEMENT D'HISTOIRE.
Section Histoire de l'Afrique.
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MÉMOIRE DE D.E.A. D'HISTOIRE DE
L'AFRIQUE.
Présenté par : SAID HASSANI Said
Mohamed.
LA RÉSISTANCE A LA CONQUÊTE ET A LA
DOMINATION COLONIALES EN GRANDE COMORE. (1885 à
1945)
Année
Universitaire 2003/2004.
Sous la
Direction de Mme Faranirina RAJAONAH.
SOMMAIRE.
Pages.
SOMMAIRE.
...........................................................................
1
Remerciements.
...........................................................................5
Carte de
la Grande
Comore..............................................................6
INTRODUCTION .
.....................................................................
7
PREMIERE
PARTIE : PROBLEMATIQUE. ...................................11
I. LE CHOIX DU
SUJET..............................................................11
II. L'INTERET DU
SUJET.
..........................................................13
III.
PROBLEMATIQUE.
.............................................................14
DEUXIEME
PARTIE : METHODOLOGIE. ................................... 29
CHAPITRE
I, LES SOURCES ARCHIVISTIQUES. ......................... 29
I. Le
Centre des Archives d'Outre-Mer. ..........................................
30
A. La
Série Géographique.
........................................................
31
B. Agence
France d'Outre-Mer (AGEFOM). ...................................
33
C.
Commission Guernut. ...........................................................
33
D.
Répertoire du Fond des Provinces de Madagascar : Diego - Suarez,
Majunga,Tananarive. Province de Majunga ( PM). ...........................
33
E.
Série D.
...........................................................................
34
II.
Autres Centres d'Archives.
.......................................................35
A. France.
.............................................................................35
B. Comores
et Madagascar.
.........................................................35
III. Les
centres de documentations et bibliothèques. ..........................
.36
IV. Les Sites
Internet.
...........................................................................
...39
V. Les
sources orales.
................................................................ .40
CHAPITRE
II. LES SOURCES IMPRIMEES. ................................ 42
I.
Présentation.
..........................................................................
42
II.
Bibliographie thématique.
....................................................... 43
A. Ouvrages
généraux sur la colonisation.
....................................43
B. Afrique
et Océan Indien. ....................................................
45
C. Comores.
......................................................................
49
D.
Mémoires et thèses.
.........................................................
52
a. Sur les
Comores. .....................................................
52
b. Sur
d'autres pays. .....................................................
54
E. Article
de presses et revues. ................................................
54
TROISIEME
PARTIE : PRESENTATION DU PLAN. ...................... 61
CHAPITRE
I. PLAN PROVISOIRE DE LA THESE. ......................... 61
PARTIE
REDIGEE : CHAPITRE V, LA FISCALITÉ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A
L'ORDRE COLONIAL. .................................67
I.
L'instauration de l'impôt.
.........................................................67
A. Le
traité de 1892 et l'instauration de
l'impôt..............................67
B. La
perception de l'impôt. une tâche difficile.
............................71
II.
Fraudes et contestations fiscale :émeutes et
soulèvements. ..................78
A. Iconi,
la ville
rebelle..........................................................78
B.
L'insurrection du nord de Ngazidja en
1915..............................83
C. La
fièvre insurrectionnelle dans la province de Dimani en
1915.......86
ANNEXES.
..............................................................................92
1)
Carte : La Grande Comore.
.........................................................6
2)
Photos
2-1) Le
sultan Said Ali.
.................................................................93
2-2) Le
prince Said Housseine.
........................................................93
2-3)
Léon Humblot.
.....................................................................94
3)
Traité commercial du 6 novembre 1885, passé entre le Sultan Said
Ali et Léon Humblot.
...........................................................................95
4)
Traité du 6 janvier 1886 entre le Sultan Said Ali et le Gouvernement de
la République Française.
..................................................................97
5)
Traité du protectorat français sur la Grande Comore signé
entre le Sultan Said Ali et le Gouvernement de la République
Française le 6 janvier 1892. ..........99
6) Liste
des déportés suite à l'insurrection de 1915 en Grande
Comore.........103
7)
Statistique de l'indigénat en 1936, nombre des peines infligées.
............107
8) Liste
des Résidents en Grande Comore.
.........................................108
9)
Résumé des réponses des chefs notables et de la population
de la Grande Comore à la proclamation du Gouverneur
Général, après l'insurrection de juillet août 1915
en Grande Comore.
........................................................110
10)
Quelques dates repères de l'histoire des Comores.
...........................112
Dédicaces.
Je dédie ce travail
de mémoire spécialement à ma femme chérie
ZAINA Mohamed Said Ali, et à toutes les mères,
soeurs, épouses et filles de touts les étudiants comoriens qui
poursuivent leurs études en France et dans le monde entier.
Remerciements.
Je tiens à remercier
Madame Faranirina Rajaonah, responsable du DEA d'Histoire de l'Afrique à
Paris 7, qui a bien voulu diriger ce mémoire. Son intérêt,
sa disponibilité, et ses conseils m'ont été d'une grande
utilité.
Ensuite, je voudrai exprimer
ma gratitude et ma reconnaissance pour Monsieur Housseine Said Ibrahim et
Monsieur Djaffar Charif Toihir sans l'apport desquels ce travail n'aurait vu
le jour.
Que soient remerciés,
Monsieur Mohamed Hassane Kari et sa femme qui m'ont hébergé chez
eux à Marseille, durant mon séjour de recherches au Centre des
Archives d'Outre-Mer à Aix en Provence.
Mes remerciements
également à Monsieur Abdoul Ba et à Monsieur Antonio
Pianegonda qui m'ont fait la gentillesse de lire ce travail et d'y apporter des
corrections.
Ai-je besoin de remercier
Monsieur Ibrahim Abdallah et Madame Hadidja Said Omar qui m'ont beaucoup
encouragé, et m'ont soutenu durant mes recherches.
Je tiens à remercier
toutes les personnes qui ont participé, de loin ou de près,
à la réalisation de ce mémoire. Mais aussi celles et ceux
qui m'ont apporté conseils et affection, ils se connaissent et sauront
se reconnaître à travers ces mots.
La Grande Comore.
Source : http/www.malango-comores.com/carte.
INTRODUCTION.
Les trente années qui
vont de 1880 à la veille de la Première Guerre mondiale
constituent un tournant majeur dans l'histoire du continent africain. Elles
englobent une somme importante d'évènements dont le plus
significatif est la colonisation. Ce processus de conquête et
d'occupation de l'Afrique par les Européens fait face à une forte
résistance. Des mouvements populaires de contestation éclatent
dès la première phase de la colonisation et constituent une
réponse aux exigences immédiates du nouveau régime. Les
peuples n'acceptent pas la soumission et cherchent à préserver
leur indépendance. Vaincus par la puissance des armes, les peuples
colonisés prennent conscience et organisent des résistances
populaires qui ne laissent aucun replis aux étrangers.
La tournure que prend la
colonisation n'épargne pas les Comores où la France prend pied
à Mayotte depuis 1841. Ngazidja, l'Île la plus à l'est et
la plus grande de l'Archipel, semble à l'abri grâce à ses
ports inaccessibles. Elle ne le demeure pas longtemps cependant car, vers 1875,
la recrudescence des tensions se traduit en Grande Comore par une guerre qui
ouvre la porte de l'île aux appétits des grandes puissances
européennes. Le jeune et dernier sultan Said Ali parvient, non sans
peine et avec l'aide des Français, à remonter sur le trône
de son grand père après avoir éliminé son
adversaire le sultan Moussafoumou. Vers 1886 la France établit son
protectorat dans l'ensemble des îles accueilli par diverses insurrections
systématiquement réprimées. La lecture coloniale donne
l'impression que les Grands Comoriens acceptent cette domination avec
reconnaissance et les faits de la résistance comorienne sont mis en
sourdine. Les Comoriens voient donc dans la venue des Français, un
heureux hasard qui les délivre des guerres fratricides, de la tyrannie
des sultans voisins, des épidémies et des famines
périodiques.
A l'heure où la
France du XXIeme siècle commémore le
soixantième anniversaire de la libération de Paris, rend hommage
aux héros de la résistance et réclame que lumière
soit faite sur des massacres passés sous silence, l'histoire de la
résistance Comorienne sombre toujours dans l'ignorance. Face à ce
silence, nous nous sommes posés des questions au sujet de la
résistance comorienne. Les Grands Comoriens se battent d'abord contre
l'envahisseur étranger, luttent contre l'occupation de Ngazidja, et,
vaincus par la force des armes, ils combattent les institutions, les
excès et les abus du régime colonial.
En effet, si la
résistance à la conquête est brève et
systématiquement réprimée, celle qui suit et s'oppose au
système colonial est remarquable. Elle l'est par son caractère
permanent, cessant ici pour reprendre ailleurs, renaissant toujours et mettant
le colonisateur en perpétuel état d'insécurité.
Elle revêt divers aspects, actifs ou passifs et concerne
différents cadres : sociaux, politiques, économiques, voire
religieux. La réalité de cette résistance est si
évidente qu'elle suscite un intérêt de notre part, et nous
pousse à effectuer ce travail de recherche. Le choix posé ici
permet de rendre compte de l'évolution qui fait passer la Grande Comore
du refus de la colonisation à la contestation de l'ordre colonial. Une
évolution qui conduit l'Île, de la réaction
immédiate de rejet à un combat de longue durée, vers son
indépendance. Cet état de fait met à jour la
véracité d'un certain nombres de pensée anticolonialistes,
car la colonisation n'a pas que des partisans et Paul Louis s'exprime ainsi :
«...Les colonisés sont des esclaves qui un jour, au delà
des différences de races, de couleurs et de langue, se
révolteront... »1(*)
Certes, les mouvements de
contestation sont réduits au silence et les Français deviennent
maîtres de la situation dans l'ensemble de l'Archipel. Ils
réussissent à imposer une paix entre les sultanats et instaurent
la sécurité dans le pays. Cette
« pacification » laisse croire que le peuple comorien se
résigne et adhère à la cause coloniale. Les
évènements qui accompagnent l'annexion de l'Archipel
témoignent du caractère illusoire de cette paix instaurée,
fréquemment troublée par des émeutes. Et la France a
étendu une voile de silence sur la résistance comorienne, pour
donner l'impression qu'elle devient seule maître dans l'Île. Ce
silence accroît le trouble d'un peuple, jadis fière de sa
civilisation et de son mode de vie défaits par les instruisions
étrangères, et incapable de retrouver ses équilibres
ancestraux. Les défenseur de la domination coloniale refusent de
considérer que la résistance et les rebellions qu'a
suscités la colonisation sont des phénomènes
organisés. Ils les décrivirent comme des réactions
primitives et irrationnelles ou encore les attribuent à l'agitation de
la minorité assoiffée de pouvoir. On parle de conquête
coloniale et de pacification tout en niant l'existence d'une résistance,
pourtant il n'y a pas de conquête sans résistance. Le peuple
comorien subit une convulsion qui le laisse désorienté, à
la recherche de nouveaux cadres et d'un idéal nouveau.
La victoire de la France
coloniale ne veut pas dire que la résistance comorienne est sans
importance en son temps ou qu'elle ne mérite pas d'être
étudiée maintenant. Pour contribuer à la
compréhension de l'histoire comorienne et à lever un coin du
voile de l'histoire comorienne, notre projet consiste à étudier
la résistance anticoloniale. Une résistance qui s'est
déroulée en différentes étapes : d'abord une
opposition armée à la pénétration coloniale,
ensuite les émeutes et les soulèvements populaires, enfin une
résistance passive au système colonial entraînant des
fraudes fiscales, fuites et tout autre acte d'incivilité. Notre travail
se propose d'étudier la résistance en Grande Comore, sous sa
forme primaire allant de la conquête coloniale, à partir de 1880
jusqu' en 1940. La période qui suit, voit naître des mouvements
politiques, qui donnent lieu à des résistances modernes, et qui
luttent pour l'indépendance du pays.
Ce travail comprend trois
parties. La première est consacrée à l'étude des
questions liées à la problématique et
l'intérêt du sujet. Nous y présentons les divers
thèmes et interrogations liés à l'objet de notre travail.
La deuxième partie s'intéresse à la question de la
faisabilité de notre sujet. Dans cette partie nous exposons les grandes
lignes de l'approche méthodologique, les instruments (archivistiques,
documentaires, informatiques etc...) qui nous permettent d'aborder ce sujet.
Enfin une troisième partie qui présente le plan provisoire de la
thèse suivi d'un de chapitre rédigé.
PREMIERE
PARTIE : PROBLEMATIQUE.
I. LE
CHOIX DU SUJET.
Traiter un thème sur
l'Histoire des Comores, tel était notre but en nous inscrivant dans ce
DEA. Cependant le choix n'a pas été facile. Après
mûre réflexion et différentes concertations avec des
enseignants et étudiants comoriens, et après vérification
des travaux publiés sur les Comores, nous nous sommes rendus compte que
la résistance anticoloniale ne fait pas l'objet d'une étude
historique. Ainsi nous avons décidé de mener notre recherche sur
cette question.
L'Archipel des Comores a
connu une histoire qui lie les quatre îles entre elles. Dissocier
l'histoire de ces îles revient à vouloir séparer le destin
des île de cet archipel. Néanmoins, dans le cadre de notre sujet,
traiter la résistance anticoloniale dans l'ensemble des îles nous
paraît un projet ambitieux dans la mesure où les réactions
d'hostilité à la colonisation sont différentes selon le
lieu et le contexte. Chaque île connaît des
spécificités dans son organisation sociale et politique qui
différencie les enjeux de cette opposition. En plus les contestations
qui ont lieu dans chaque île n'ont pas forcement de répercussions
sur les îles voisines. Cela revient à dire que l'ampleur de cette
opposition se limite au niveau insulaire et les réactions respectives
n'influencent pas forcement les îles soeurs. Cet état de fait
s'explique probablement par les divisions naturelles et géographiques du
pays. L'insularité et les difficultés de communication ne permet
pas de coordonner les mouvements de résistance.
L'installation de
résidents français dans chaque île en est un parfait
exemple de cette diversité entre les îles. En effet Anjouan
s'oppose catégoriquement à l'arrivée d'un résident,
alors qu'en Grande Comore, le sultan Said Ali l'accueille à bras
ouvertes. Les différentes insurrections qui éclatent au tout
début du XXème siècle dans l'Archipel
illustrent également ces diversités. A Ngazidja des
émeutes contre l'impôt, éclatent en 1915 alors qu'il a
fallu attendre un quart de siècle pour voir l'île d'Anjouan
devenir le théâtre d'événements similaires mais de
faible envergure si l'on se réfère à MARTIN J2(*). L'ampleur de résistance,
varie d'une île à l'autre en fonction des enjeux et des forces en
présence.
L'Histoire coloniale de la
Grande Comore est marquée par la question foncière qui se trouve
au coeur de la plupart des mécontentements indigènes. Elle
persiste même après la décolonisation et entraîne des
conflits entre différentes localités de l'Archipel.3(*) Cela montre le degré
d'importance du problème foncière et le rôle qu'il a
joué dans la résistance anticoloniale aux Comores. Autant de
raison parmi d'autres, pour nous de limiter notre étude de la
résistance anticoloniale à la Grande Comore. Nous nous proposons
donc de traiter la résistance primaire dans une période allant de
1880 jusqu'en 1940.
Cette date ne marque pas la
fin de la résistance anticoloniale aux Comores, elle ouvre la voie
à d'autres formes de contestations au nouveau régime. La terre et
le travail demeurent des sources de mécontentement avec cette fois des
prétentions d'ordre politiques. Changement donc de stratégie,
l'hostilité des Comoriens connaissent des modifications des moyens
d'expression. Les interventions militaires matent les soulèvements
populaires, les déportations et les condamnations se multiplient sans
pour autant calmer les esprits aiguisés par la haine des blancs.
« La résistance va changer de forme, elle se
réfère à des valeurs nouvelles, introduites par la
colonisation elle-même, à savoir la démocratie, le droit
des peuples à disposer d'eux mêmes, la liberté....4(*) » la
résistance primaire disparaît donc progressivement avec
l'arrivée des mouvements politiques.
II.
L'INTÉRÊT DU SUJET.
Les chercheurs qui ont
travaillé sur les Comores se sont intéressés
fréquemment à l'histoire politique contemporaine. Ils se sont
beaucoup moins intéressés au thème de la résistance
à la conquête et à la domination coloniale. Le but de cette
recherche consiste donc à essayer de faire la lumière sur un
épisode moins connu de l'histoire comorienne. En effet la
résistance anticoloniale aux Comores demeure un sujet très peu
abordé. On se contente de mentionner souvent le caractère
belliqueux des sultans de cet Archipel en faisant allusion aux
« sultans batailleurs », l'apathie des habitants et
à leur indifférence à l'égard des étrangers,
surtout les blancs. Néanmoins l'accueil que ces
« guerriers », ont réservé comme
réponse à la domination coloniale est passé sous silence.
Notre travail ne consiste pas à reprendre ce qui est fait, nous nous
proposons d' interpréter les faits historiques sous l'angle d'une
opposition, de contestation et de résistance anticoloniales.
Ce travail est une
contribution à la connaissance et à la compréhension de
l'Histoire de la Nation comorienne. Une Histoire très mouvementée
dans un cadre géographiquement éparpillé. Il vient
s'ajouter aux travaux de chercheurs qui ont travaillé sur l'histoire de
la résistance aux Comores4(*). Il se veut être un apport complémentaire
à la compréhension de l'Histoire de l'Archipel des Comores.
C'est dans l'optique
d'approfondir cet aspect de l'histoire comorienne que nous allons
étudier l'histoire de la résistance anticoloniale tout en
espérant y apporter le maximum de témoignages des Comoriens. A
notre connaissance, la plupart des travaux publiés sur l'Histoire des
Comores se base sur les archives et les documents écrits sans exploiter
les sources orales. Nous entendons donc apporter des témoignages d'un
grand nombre de Comoriens lors pour la réalisation de notre
thèse. En sollicitant leurs témoignages et leur version de leur
propre Histoire.
Ce travail constitue
également une réponse aux appels de chercheurs ayant entrepris
des travaux de recherches sur les Comores qui souhaitent voir ce sujet faire
l'objet d'une recherche historique. Aïnouddine Sidi5(*) est l'un des chercheurs
comoriens à avoir exprimé explicitement ce souhait. Ces derniers,
n'ayant pas abordé suffisamment cet aspect, reconnaissent
néanmoins l'importance de cette réflexion dans l'Histoire
comorienne. Elle permettra peut être à d'autres chercheurs de
s'intéresser à la question.
III.
PROBLÉMATIQUE.
Dans l'état actuel
des recherches, il serait prématuré de formuler avec
subtilité, une véritable problématique. Il s'agit pour le
moment dans notre démarche, de présenter brièvement un
certain nombre de thèmes et de questions, censés guider notre
travail de recherche.
L'étude de
l'opposition et la résistance anticoloniales soulève une
série de questions essentielles. Puisque l'historiographie coloniale du
continent africain, glorifie dès le départ,
l'épopée de la conquête et s'attache à rabaisser les
Africains en les décrivant sous les traits les plus négatifs.
C'est une idée communément reçue et largement
répandue dans la littérature coloniale. Il va de soi que la
résistance à la domination coloniale est aussi minimisée
et qualifiée de mouvement éphémère.
« Le continent africain apparaît comme une sorte de terre
vide de toutes règles politiques où la sauvagerie, l'ignorance,
et la misère se donnaient libre cours »6(*). Les défenseurs de
la domination coloniale décrivent les rebellions comme des
réactions primitives et irrationnelles ou encore les attribuent à
l'agitation de la minorité assoiffée de sang. Aujourd'hui cette
opinion est largement contestée et sérieusement mise en cause par
les chercheurs de l'histoire du continent noir.
Les recherches et travaux
réalisés prouvent l'existence d'une opposition contre l'influence
et la domination française. En Grande Comore, les soulèvements
populaires, les manifestations spontanées, le refus de travailler ou de
s'acquitter de l'impôt, les désobéissances civiles, les
attaques à main armée, les fuites, les migrations,
l'indifférence, sont entre autres, les moyens d'expression du
mécontentement de la population vis-à-vis de la colonisation. La
résistance devient un thème fécond en réflexion et
s'impose dans l'historiographie du continent Africain. Il en est de même
pour les Comores qui subissent, non sans peine l'épreuve coloniale aux
conséquences multiples.
Période sombre de
l'Histoire, la colonisation multiplie les interventions militaires,
périlleuses et violentes qui bouleversent l'ordre traditionnel de
l'Afrique. L'Archipel des Comores n'échappe pas à ces
transformations qui vont profondément modifier la structure sociale,
politique et économique de l'Archipel en particulier l'île de
Ngazidja. Divers récits de voyages et témoignages qualifient les
Comoriens d'hommes qui aiment faire la guerre. A leur tête des
« sultans batailleurs » par référence
à l'ouvrage de FAUREC. U7(*), ils aiment se battre, d'abord entre eux, ensuite
contre toute présence étrangère. Certes la succession des
guerres et des incursions malgaches affaiblissent considérablement la
Grande Comore, mais ne l'empêche pas de réagir contre la
conquête et la domination coloniale.
Jusqu'à sa
colonisation, la Grande Comore n'a jamais été soumise à
une seule autorité politique. Cette situation nous renvoie bien l'image
d'une société divisée, en proie aux antagonismes,
subissant les régimes sultanesques. Elle témoigne
précisément de l'incapacité des autorités
successives à rétablir l'ordre et à unifier l'île.
Les Comores sont par la suite, livrées aux convoitises des puissances
européennes. C'est sur les traces des pirates malgaches que les
Européens et notamment les Français vont intervenir
indirectement aux Comores, pour s'installer définitivement en
commençant d'abord par l'île de Mayotte en 1841.
La colonisation
française vient s'ajouter dans un climat de grande tension entre
l'ensemble de l'Archipel et ses voisins malgaches, ainsi qu'entre les
différents sultanats de la Grande Comore. Les différentes sources
relatent bien l'existence de ces antagonismes qui affaiblissent les pouvoirs
des sultans et la société. A cela s'ajoutent d'autres enjeux
géopolitiques et stratégiques de l'Archipel sur lesquels la
France va jouer pour légitimer sa mission colonisatrice. Vue sous cet
angle de guerres et d'insécurité permanentes, les Français
apparaissent comme porteurs de la civilisation, du progrès et surtout de
la paix. Mais « les blancs ont apporté la paix entre les
communautés mais pas au sein des
communautés »8(*)
La rencontre de la France
impériale avec les îles aux parfums est à la fois
rusée et violente. Ignorer le coté violent de la
pénétration française, revient à falsifier
délibérément l'événement. A ce sujet,
Hervé CHAGNOUX H et HARIBOU A9(*) dégagent bien les éléments d'un
scénario commun :
« ...Un sultan
en difficulté demande l'aide d'une puissance
étrangère ; il en vient à concéder (aux
pouvoirs réguliers ou à des aventuriers) des terres qui ne lui
appartiennent pas ; les habitants de l'île se soulèvent
contre cette évolution, les autorités française
interviennent alors directement pour rétablir l'ordre, de crainte que
d'autres puissances ne s'installent dans l'archipel, de soulèvements en
répressions et l'autorité coloniale en vient à assumer
l'essentiel des pouvoirs ; des rapports de commissions d'enquête
reconnaissent enfin et déplorent les abus des aventuriers, ou
l'engagement excessif de l'administration coloniale... ».
Sur les conseils de Jules
Ferry, Léon Humblot devient rapidement l'allié du Sultan Said Ali
et le cosignataire d'un traité où le sultan s'engage à ne
donner son pays à un autre pays que la France et le traité de
1885 fait obstacle à toute intervention étrangère dans
l'île. Son Altesse donne à Léon Humblot le droit
d'exploiter l'île et lui confère toute facilité de
réaliser ses projets.10(*) Le traité est préparé par
Humblot lui-même, il est examiné et modifié puis
approuvé par le ministre des Affaires Etrangères. Il est
signé le 5 novembre 1885 à Moroni, à bord de l'aviso le
Boursaint, d'un côté, par le sultan de la Grande Comore
et ses ministres, et de l'autre par le commandant du Boursaint, les
officiers et par Léon Humblot.
Ce dernier va servir de
tête de pont à la France pour prendre possession de Ngazidja.
Léon Humblot, est né en 1852 à Nancy (en France). Fils
doué d'un Maraîcher, il devient jardinier du Museum d'Histoire
Naturelle, envoyé souvent à Madagascar pour des recherches
botaniques.11(*) L'objet
de son voyage en Grande Comore s'inscrit dans le cadre d'une étude sur
la faune comorienne. Un voyage qui se transforme en une vraie aventure qui
bouleverse sa vie et le destin de la Grande Comore. La ruse n'est qu'une des
multiples facettes de l'impérialisme colonial français.
La brutalité et la
violence interviennent bien avant les premières contestations contre la
présence française. Elles ne font que s'amplifier lorsque les
Français interviennent militairement pour aider le Sultan Said Ali
à se maintenir au trône, lors de la bataille qui l'oppose au
sultan Msafoumou d'Itsandra en 1883. Puis elle effectue des
démonstrations militaires pour mater les soulèvements populaires
contre la signature du traité du 5 novembre 1885, une convention
particulièrement défavorable à son pays et à son
peuple. Ce traité est un des trois modes d'acquisition de territoires,
dont se sert l'impérialisme colonial, à savoir les traités
bilatéraux, les traités euro-africains et les guerres de
conquête. Selon HUGON A ?12(*) la France conclut plus de 200 traités
similaires entre 1880 et 1890. Leurs statuts, ajoute t-elle, étaient de
nature beaucoup plus qu'ambiguë :
« ...traité d'alliance ou d'amitié pour les
Africains, ils sont présentés en Europe, comme des traités
de protectorat par lesquels les Africains abandonnent leur
souveraineté... souvent obtenus dans de conditions suspectes voire
frauduleuses, ces accords ont rarement la valeur légale
souhaitable... »
A propos de ce traité
du 5 novembre 1885,VERIN P. ajoute que « sans doute il ( le
sultan Said Ali13(*)) fut victime d'un dol ou du moins d'une
escroquerie à l'amitié de la part de
d'Humblot »14(*). Il suffit de lire les mémoires du sultan Said
Ali, écritS en exil, pour se rendre compte à quel point le sultan
regrette d'avoir fait confiance en son associé Léon
Humblot.15(*)
Les interventions vont se
traduire plus tard, par le recrutement et l'envoi d'hommes et armes pour
maintenir l'ordre colonial à chaque fois que les
événements socio-politiques et économiques l'exigent et
ce, durant toute la période coloniale. BOAHEN A16(*) explique pourquoi certains
peuples en Afrique acceptent rapidement la domination européenne. Car
ils considèrent qu'elle fait partie d'un ordre irrésistible,
d'où ils peuvent tirer de nombreux avantages, essentiellement la paix,
des innovations passionnantes ( chemin de fer, route, lampe et tout ce qu'ils
pouvaient acquérir ou expérimenter en ville...). C'est là
que se pose l'épineuse question de la collaboration. Elle suscite bien
des interrogations sur les raisons qui font que des communautés
acceptent l'ordre colonial. Il est certain que la peur d'éventuelles
répressions est sans conteste, l'une des causes majeures de cette
soumission aux exigences coloniales. La défense des
intérêts est aussi au coeur de ce choix qui incite des individus
ou un groupe à s'allier au parti des colonisateurs, répondant
ainsi à leur appel à la collaboration.
La littérature
coloniale veut que les Africains en général aient accueilli les
colonisateurs à bras ouverts. Une idée largement contestée
aujourd'hui, comme l'écrit KI-ZERBO J :
«...Ceux-ci,
à part quelques roitelets sanguinaires qui les opprimaient, auraient
accepté la conquête européenne les bras ouverts, ou du
moins, presque sans broncher, comme des lapins dans un clapier. En fait, il y
eut beaucoup plus de lions que de lapins... »17(*)
Des Comoriens, on dit qu'ils
acceptent la colonisation comme une nécessité. C'est plutôt
une fatalité inhérente à la situation géographique
de l'Archipel. Nous retiendrons ici les termes de Hubert Isnard qui
déclare que : « Par leur position
géographique, les îles Comores semblaient destinées
à subir la colonisation. Ce fut d'abord celle des peuples musulmans qui
leurs apportèrent leur civilisation, puis celle, brutale et
précaire des Sakalava, et enfin celle des
européens. »18(*) Dans tous les cas il est évident que
l'instauration de la colonisation ne s'est pas faite sans difficultés.
Et les événements qui accompagnent la colonisation de l'île
le prouvent. Les Comoriens font preuve d'une grande détermination dans
la lutte contre l'oppression coloniale. De son côté la France est
résolue à apporter la « civilisation » aux
indigènes. A ce sujet, Alfred de Vigny ne laisse pas trop le choix
aux peuples colonisés, il écrit : « Si
l'on préfère la vie à la mort, on doit
préférer la civilisation à la barbarie. Nulle peuplade
dorénavant n'aura le droit de rester barbare à coté des
nations civilisées ».19(*) Le problème est de savoir quelles
définitions donne t-on ici à la « barbarie »
et à la « civilisation ».
Hantise des colons et de
l'administration française, les révoltes répandent
l'horreur de la colonisation. Elles ne cessent de se reproduire sporadiquement
d'un lieu à l'autre, d'une ville à l'autre, et souvent tous les
prétextes sont bons pour extérioriser le mécontentement,
perpétuant l'effervescence et la colère chez les Comoriens, et
l'inquiétude chez les administrateurs et colons. La répression ne
décourage pas ces mouvements spontanés nés de la tension
constante entre administrateurs, colons et indigènes. A coté des
révoltes la colère indigène s'exprime également par
: l'indifférence, la passivité et la fuite vers les lieux
difficile d'accès, les migrations vers Mayotte, Madagascar et vers la
cote est africaine...etc Ces réactions laissaient croire à la
résignation, à cause de la suprématie de l'armée
des colonisateurs.
Mais cette paix n'exprime,
pour les Comoriens, que le silence de l'impuissance et du désespoir. Les
réactions continuent à s'exprimer par l'apathie,
l'indifférence. Les indigènes se réfugient dans les
croyances religieuses. L'Islam s'oppose à toute domination
étrangère non musulmane. Il est incontestablement une arme de
lutte et de mobilisation populaire, mais aussi une réponse
adressée à la colonisation. Elle creuse un
fossé entre le monde africain et le monde européen. Un
fossé que DESCHAMPS H19(*) qualifie d'invisible et qui sépare
Français et indigènes. La foi islamique se maintient très
vivement avec l'orgueil du vrai croyant à l'égard des
infidèles. C'est, ajoute t--il, une valeur de propagande très
puissante qui peut être une caisse de résonance parfaite pour la
diffusion du mot d'ordre opposé au colonialisme. L'Islam qui a,
jadis, gagné les Comores par le biais de l'Afrique orientale,
sert donc de prétexte au rejet de la domination de « l'homme
blanc ». Comme tout peuple opprimé par la domination
et les exactions coloniales, les Comoriens, surtout l'élite, se
tournent vers la vie religieuse. Le dénuement dans lequel le nouveau
régime plonge la majorité de la population favorise l'expansion
et le renforcement de l'Islam dans l'île. Il le place dans une position
de facteur potentiel d'une résistance passive. Le contexte psychologique
stimule ainsi le développement des confréries en Grande Comore
mais aussi dans l'ensemble de l'Archipel. L'islam est la religion officielle
des Comores. Elle constitue le véritable ciment de la civilisation
comorienne et sa pratique rythme la vie quotidienne.
Si céder le pays
à l'administration coloniale est un mal nécessaire pour les
Comoriens, il n'en est pas de même pour la religion, car renier l'Islam
est pour eux une chose inadmissible. Au moment des révoltes, des
religieux (mwalimu) sont identifiés parmi les plus influents
meneurs des révoltes et des mouvements de contestation. Ils l'ont
payé cher lors des répressions coloniales. Les sanctions dont ils
ont fait l'objet se voulaient exemplaires pour contenir l'effervescence. En
dépit d'un siècle de domination coloniale, l'Islam demeure la
religion officielle du pays .
Mis à
l'épreuve par ce changement brusque, les Comoriens choisissent de
recouvrer leur souveraineté. Bien des chefs n'acceptent aucun compromis
et préfèrent mourir sur le champ de bataille. Certains sont
exilés de force ou contraints au bannissement plutôt que de
renoncer sans se battre pour l'indépendance de leur pays. Les chefs de
guerre qui ont combattu et les chefs spirituels qui ont incarné cette
résistance deviennent de véritables héros. Aussi entend-on
souvent dans l'histoire comorienne, parler de farouches opposants comme
Hachimou19(*) qui meurt
assassiné le 20 juin 1889 près de la ville Niyoumamilma ( dans la
province de Mbadjini). Massimou et Mtsala périssent lors des
affrontements opposant les rebelles aux forces de l'ordre colonial en 1915,
dans la province de Oichili et Dimani en Grande Comore. Selon GUEBOURG J
L20(*), ce sont deux
révoltés, originaires de la province de Mboudé au nord-est
de Ngazidja, qui se rendent chez leur père dans la province de Dimani au
centre - est de l'île. De retour des émeutes de Djomani, leur
intention est d'inciter la population au soulèvement.
C'est dans les
stratégies et les tactiques qu'ils adoptent pour atteindre leurs
objectifs que les pratiques de résistance diffèrent. La
stratégie de l'affrontement est une des formes courantes pour certains
sultans de la Grande Comore, dont le plus marquant est le sultan Hachimou.
Pendant que Said Ali le Sultan Tibe, après avoir mal manié l'arme
des négociations avec les Français, va recourir aux armes
diplomatiques et juridiques, plus tard il va vraisemblablement avoir recours
aux armes. Said Ali, le « protégé » des
Français, croyait pouvoir utiliser à ses fins le blanc, sans
mettre en péril sa propre indépendance et par conséquent
sans faillir à l'honneur. Il devient victime de sa trop grande
habileté. Erreur sur erreur, il conduit l'île aux mains des
colonisateurs.
La stratégie de
s'allier avec le blanc pour vaincre le voisin est une pratique bien
répandue en Afrique.20(*) Nous la retrouvons en Grande Comore. Pour le sultan,
s'allier avec le voisin contre le blanc, ou s'allier avec le blanc contre son
voisin est une pratique fréquente de leur politique. Notons seulement
que certes, le blanc est un étranger, parfois l'infidèle, mais il
n'est pas l'héréditaire ennemi du sultanat voisin. C'est ce qui
justifie, à coup sûr, les nombreuses interventions indirectes des
puissances européennes, (France et Grande Bretagne) présentes
dans l'Océan Indien, qui apportent leur aide aux différents
sultans. A cela s'ajoute l'action manquée des Allemands, qui ont
momentanément soutenu le prince Hachimou dans le Mbadjini au sud de la
Grande Comore. Cette tentative échoue rapidement mais elle stimule les
hostilités contre les Français. Hachimou, sultan de la province
de Mbadjini au sud de la Grande Comore, obtient le soutien des Allemands dont
le Docteur Karl Schmidt fait flotter le drapeau sur la ville de Shindini
(Mbadjini), au sud de la Grande Comore. Une alliance qui ne fait pas long feu,
mais qui affecte quand même l'action des rebelles Mbadjiniens, et fait
monter d'un cran la vigilance des Français en Grande Comore à
l'égard des autres nations européennes. Le quai d'Orsay parvient
à persuader l'Allemagne à se désintéresser
rapidement de Ngazidja, en renonçant à toutes prétentions
sur les possessions allemandes du Tanganyika. Même si à
l'époque, il n'existe pas un sentiment de conscience nationale, il y'a
incontestablement un antagonisme affiché à l'égard des
colonisateurs.
Mais les Comoriens doivent
faire face à un problème aussi important, celui de la
capacité à résister et à se battre.
L'inégalité des rapports de force est incontestable. D'un
coté une France triomphante, et technologiquement dominante. De l'autre
une île politiquement éclatée et pratiquement faible. La
résistance comorienne est limitée par l'infériorité
en hommes, mais aussi par une infériorité technologique. Les
Comoriens ne disposent pas d'armes sophistiquées pour affronter le
péril. Et l'introduction tardive des armes à feu n'a pas aboli
pour autant l'usage de la sagaie et du bouclier. Le manque d'armes modernes est
encore à l'époque, le lot des insurgés.21(*) Les bombardements
effectuées à maintes reprises par la Marine française pour
mater les soulèvements populaires sont, à l'époque,
inconnus dans l'art de la guerre chez les Comoriens. Les forces coloniales
jouissent de l'avantage d'un armement sophistiqué, dont
l'efficacité meurtrière et dissuasive, est indiscutable.
Le véritable enjeu de
la résistance, est le rétablissement de la souveraineté,
pour les sultans déchus et pour les classes aristocratiques
dépourvues de leurs richesses. L'arrivée des Français
saccage un mode de vie, et une organisation traditionnelle qui ne subsistent
qu'à l'abri d'une barrière fragile. Les classes sociales
dirigeantes perdent leur autorité, d'où une irritation des chefs
et des notables, gardiens de la tradition. Irritation qui prend la forme de
xénophobie. Elle est entretenue par les anciens sultans
mécontents et les anciennes classes dirigeantes, les sorciers
(walimu)22(*)
dont l'influence malgré tout, demeure importante. Les premiers
révoltés viennent de ces éléments
dépossédés ou amoindris.
La spoliation
foncière fait monter l'effervescence et le mécontentement
à leur paroxysme. Nommé sultan sanguinaire, Said Ali se voit
reprocher d'avoir vendu l'île aux blancs. La spoliation foncière
réduit les Comoriens à la portion congrue. Elle fait grossir les
rangs de malheureux indigènes dont le seul salut pour survivre, est
d'aller s'engager chez les colons. Le travail dans les plantations est
insupportable pour les Comoriens qui ne sont pas habitués aux mauvaises
conditions de travail. Ceux qui s'y engagent sont maltraités et
perçoivent un salaire de misère. Les journées de travail
sont très longues et exténuantes. Les sanctions et les punitions
sont monnaie courante. La geôle, le fouet, l'amende sont
fréquemment utilisés pour punir les mauvais travailleurs et les
paresseux.
«...Ils ne veulent
pas aller s'engager dans les plantations où il leurs faudrait travailler
à la tâche. Il est pénible d'avoir à constater que
ce n'est pas sans raisons que les gens répugnent à l'engagement,
ils ne sont pas toujours bien traités sur les habitations, surtout par
les agents noirs et le recrutement devient de plus en plus difficile [...]
C'est pénible à constater, mais il est bien difficile de n'avoir
recours à des moyens énergiques pour vaincre la paresse des
noirs...23(*) ».
Ce n'est pourtant pas
seulement à cause des conditions de travail que les Comoriens s'en
désintéressent. Dans un rapport du 23 février 1908,
adressé au ministre des Colonies par le résident de Mayotte, il
apparaît que la nature est du coté des Comoriens à qui elle
ne demande pas trop d'effort pour subvenir aux besoins alimentaires. Et le
Comorien n'éprouve donc pas le besoin de travailler dur, en tout cas
comme l'entendent les colons. « ...L'indigène à qui
la douceur du climat n'impose aucune obligation et qui vit au maigre produit de
son champ n'éprouve pas toujours le besoin de travailler, en tout cas de
travailler longtemps... »23(*) Ainsi se pose le problème de recrutement de
la main d'oeuvre, car cette « paresse » et le refus de
travailler des Grands Comoriens génèrent de sérieuses
difficultés. Elles résultent également du fait que Said
Ali s'est fait prier pour prêter son concours au directeur de la
société Humblot. Il ne respectait pas les engagements
visés par l'article IV23(*) du traité de 1885. A toutes les
réclamations de Humblot, le sultan répond que le résident
Weber est la seule autorité compétente. D'autres Comoriens
choisissent la voie du banditisme pour échapper au travail forcé
et à l'impôt, ils deviennent des voleurs ambulants qui
apparaissent et disparaissent rapidement à la moindre alerte. Cet
état de fait va jouer également un rôle moteur dans les
retards et dans l'acquittement de l'impôt, derrière la mauvaise
foi que ces derniers mettent dans les tâches qui leur sont
dévolues par la colonisation.
La question de la terre
qui se pose dès la signature du traité de 1885, demeurera au
coeur des clivages entre l'administration française, les colons et les
Comoriens. Au début du XXème siècle, la
colère de la population, centrée sur la question foncière,
aboutit à des rétrocessions progressives de terres, après
d'âpres poursuites contre la société de la Grande Comore.
Le sultan said Ali est le premier à donner l'exemple, en intentant un
procès contre la société Humblot, ce fut l'un des grands
procès de l'Histoire coloniale française.24(*)
Partout en Afrique la
résistance anticoloniale est un fait divers, sans aucune incidence car
sans importance. Pourtant ce n'est vraiment pas le cas, la résistance a
bel et bien eu lieu, avec des variations en fonction du pays. En Grande Comore
les émeutes et autres actions violentes sont spontanées et
brèves. A la différences des autres pays africains, Madagascar
par exemple, où la violence de la résistance est présente
de façon permanente et fait de nombreuses victimes.
Si la résistance est
telle qu'elle est décrite : des mouvements
désorganisés, isolés et spontanés, sans lendemain,
elle ralentit quand même le processus colonial et, à chaque fois
que c'est possible, elle déstabilise les institutions coloniales
locales. Sinon comment expliquer le fait que la prise de possession de
l'Archipel soit si lente et difficile à prendre forme ? La
pénétration française aux Comores s'échelonne sur
une longue période de 70 ans, allant de 1841 à 1912. En Grande
Comore le traité de 1885 marque le point de départ de la prise de
l'île. La progression de l'influence française est lente et son
investissement dans l'ensemble des îles en 1886 ne traduit pas leur
pacification. Cette lenteur n'atteste-elle pas les difficultés
rencontrées par la colonisation ? Comment interpréter les
contestations et les soulèvements des Comoriens qui expriment leur
colère à l'égard de nouveau régime ? C'est
dire que d'un côté, sur le terrain les obstacles sont
considérables, et de l'autre les hésitations et embarras que
suscite l'impérialisme en métropole sont importants. Cette
domination est marquée dans son ensemble, par des négociations
laborieuses et des affrontements sanglants. La colonisation de l'île de
Ngazidja suscite autant d'interrogations que nous allons énoncer, et
tenter ensuite d'y répondre, suivant un enchaînement
thématique de notre plan de travail.
Dans quel contexte la Grande
Comore allait-elle faire face à la progression française ?
Pourquoi et comment les relations entre la Grande Comore et l'Europe, notamment
la France, subissent-t-elles un bouleversement aussi radical au cours de la
fin du XIXème siècle ? Comment le système
colonial s'installe-t-il en Grande Comore et quelles mesures politiques et
économiques, sont adoptées pour étayer ce
système ? Quel est l'impact de la rencontre de ces deux
civilisations dans le climat politique, social et économique de
l'île ? Dans quelle mesure les Comoriens étaient-ils
prêts à résister à la colonisation ? Comment
l'ont t-ils fait face, avec quels moyens et avec quels résultats ?
Quels intérêts incitent différents personnages comoriens
d'origines sociales différentes à la résistance ?
Autant d'interrogations qui
guident notre réflexion sur la recherche et la connaissance du
passé colonial de la Grande Comore. Il est judicieux de noter que la
succession thématique et les questions que nous nous posons ici, restent
à compléter et ou à modifier en fonction des recherches.
Néanmoins, ces thèmes et interrogations constituent pour nous,
une sorte de guide pour orienter et approfondir notre travail.
DEUXIEME
PARTIE :
METHODOLOGIE.
CHAPITRE
I.
LES SOURCES ARCHIVISTIQUES.
L'objet de ce chapitre
consiste à présenter les grandes lignes de l'approche
méthodologique. Un exercice qui nous amène à passer en
revue la nature des sources et les documents qui nous permettent d'identifier
quel genre de sources serviront de guide à notre recherche.
Pour réaliser ce
travail de recherche, notre support méthodologique est constitué
des différents séminaires auxquels nous avons assisté
durant l'année. En plus du séminaire de spécialité
dispensé par le professeur Faranirina Rajaonah, nous avons
assisté au séminaire méthodologique obligatoire
dispensé à Paris 7. Puis au séminaire d'histoire de
l'Afrique contemporaine : sources et méthodes, dispensé par
le professeur Pierre Boilley, à l'Université de Paris I. Enfin
nous avons choisi comme séminaire d'ouverture, celui dispensé par
Le professeur Elikia M'Bokolo à l'Ecole de Hautes Etudes en Sciences
Sociales, intitulé Histoire et Civilisation de l'Afrique : Histoire
de l'Afrique noire du XIXe siècle à nos jours. Ces
différents séminaires nous sont d'une précieuse
utilité dans la définition de notre sujet, dans la
réalisation des recherches archivistiques et documentaires et surtout
dans la constitution de ce mémoire de DEA.
Cette partie sur les sources
n'a pas pour but d'être exhaustive, mais plutôt d'indiquer quels
sont les supports documentaires, les travaux d'historiens et les autres
études, sur lesquels nous nous sommes appuyés pour mieux
connaître l'histoire des Comores et pouvoir cerner notre sujet. Nous
signalerons ici, les diverses sources qui nous paraissent utiles à notre
travail.
Les sources archivistiques
que nous avons consultées sont toutes des sources écrites. Elles
sont établies par l'administration coloniale, constituées de
rapports administratifs datant de la période coloniale, des
enquêtes, des études et des correspondances administratives. Pour
ce qui est des archives, nous n'avons pu voir, pour le moment que quelques
cartons concernant l'administration coloniale des Comores. Sachant que les
informations relatives à notre sujet sont abondantes et
nécessitent d'y consacrer du temps. Nous présenterons les cartons
jusqu'ici consultés au Centre des Archives d'Outre-Mer. Nous indiquerons
également d'autres archives susceptibles de contenir des documents qui
intéressent notre recherche.
I. Le Centre des
Archives d'Outre-Mer (Aix en Provence).
Les principales sources
archivistiques que nous avons consultées sont en grande partie celles du
Centre des Archives d'Outre-Mer.25(*) Elles regroupent une masse importante de documents,
la plupart manuscrits, capitaux pour l'histoire des Comores. Ces documents
contiennent diverses informations, sur l'histoire, sur les traditions
comoriennes, des aspects sociaux, économiques et sur les
problèmes de la vie administrative et politique.
Notons simplement qu'au
moment de notre recherche au Centre des Archives d'Outre-Mer, le
spécialiste sur les Comores était absent. Malheureusement
personne ne l'a remplacé en son absence, ce qui n'a pas facilité
notre recherche. Car beaucoup d'informations sont dispersées dans de
nombreux domaines qu'il n'est pas évident de trouver facilement. La
plupart sont regroupées dans le Fond Madagascar, sous série
Mayotte et Dépendances. D'autres sont regroupées sur le Fond
Ministériel tiroir n° 38, spécialement pour les Comores.
Nous avons pu consulter la série géographique, la série D,
et les séries de l'Agence France d'Outre-Mer (AGEFOM), le
Répertoire du Fond des Provinces de Madagascar : Province de
Majunga, une série de la Commission Guernut et des brochures contenues
dans la série BIB : SOM et AOM.
A. Série
Géographique.
- C
1 Dossier 7 ( Rapport sur les affaires des Comores)
1886-1891
- C
26 Dossier 598 ( correspondance générale, Comores)
1891-1897.
- C
265 Dossier 591 (Organisation politique, rapport avec les princes locaux)
1863-1884
- C
269 Dossier 603 (Règlement du travail) 1893-1896
- C
270 Dossier 605 (Affaires politiques, correspondance
générale) 1817-1858
- C
272 Dossier 611 (Affaires politiques, troubles et expulsion aux Comores)
1890-1891
- C
274 Dossier 626 (Affaires politiques, textes, traités passés
avec les princes locaux), 1843-1920
- C
274 Dossier 628 (Aperçu général sur les Comores)
1897-1899
- C
277 Dossier 644 (Troubles sociaux) 1899-1914
- C
277 Dossier 646 (Grande Comores, répression des troubles)
1915-1916
- C
278 Dossier 652 (Pétition et plainte des indigènes)
1889-1900
- C
315 Dossier 815 (Déchéance de Said Ali) 1893-1906
- C
315 Dossier 816 (Enquête Danel sur l'affaire Said Ali) 1895
- C
315 Dossier 817 (Restauration et abdication de Said Ali) 1907-1911
- C
316 Dossier 830 (Enquête sur Said Ali 1912
- C
328 Dossier 853 (Concession des terres, Grande Comore) 1897-1927
- C
337 Dossier 888 (Difficultés de la société avec les
indigènes) 1897-1927
- C
341 Dossier 916 (Succession de Said Ali)
- C
351 Dossier 940 (Litige entre l'administration et la
société de la Grande Comore, règlement du travail)
1897-1905
- C
351 Dossier 941 (Litiges entre l'administration et la
Société de la Grande Comore) 1899-1907
- C
399 Dossier 1066 (Affaire concernant Humblot et la compagnie de la Grande
Comore) 1896-1901
- C
399 Dossier 1069 (Menée étrangère aux Comores)
1886-1888
- C
399 Dossier 1067 (Notes historiques sur le protectorat des Comores)
1887-1888
- C
399 Dossier 1068 (Exilés comoriens) 1895-1899
- C
401 Dossier 1073 (Exilés comoriens en Nouvelle Calédonie)
1891-1893
- C
405 Dossier 1082 (Rapport d'inspection) 1898 1904
- C
406 Dossier 1087 (Affaires politiques, troubles aux Comores)
1890-1891
- C
406 Dossier 1089 (Rapport d'ensemble sur le protectorat, Grande Comore)
1911
- C
406 Dossier 1090 (Affaires politiques, Traités et conventions,
Grande Comores) 1885-1892
- C
406 Dossier 1091 (Expulsion, condamnation des agitateurs)
1898-1904
- C
407 Dossier 1093 (Règlement du travail) 1889-1905
- C
408 Dossier 1025 (Travaux publics, personnel et fonctionnement)
1904-1909
- C
412 Dossier 1106 (Affaires fiscale, impôts personnels, perception)
1896-1919
- C
436 Dossier 1161 (Succession de Said Ali)
B. Agence France
d'Outre-Mer (AGEFOM)
- C
855 Dossier 2207 (Rapport économique pour l'année 1933
- C
962 Dossier 3248 (La vie religieuse aux Comores, résumé d'une
étude publiée dans : Bulletin économique de
Madagascar, 3 et 4éme semestre, 1921-1922
C. Commission
Guernut
-
GUERNUT C 75 Brochure 58.
- C
66
- C
79
D. Répertoire
du Fond des Provinces de Madagascar : Diego - Suarez, Majunga, Tananarive.
Province de Majunga ( PM)
- C
478 Dossier 873 Mayotte et Dépendances ( Mayotte Comores,
correspondance relative au fonctionnement du territoire) 1904-1906
- C
479 Dossier 874 Mayotte et Dépendances ( Comores, fonctionnement de
l'administration des Îles et l'état d'esprit de la population)
1908-1909
- C
480 Dossier 875 Mayotte et Dépendances ( Comores, Fonctionnement du
territoire et de l'état d'esprit de la population) 1910-1911
- C
481 Dossier 876 Mayotte et Dépendances (Comores, Fonctionnement du
territoire et état d'esprit de la population) 1912
- C
482 Dossier 877 Mayotte et Dépendances (Comores, Fonctionnement du
territoire et état d'esprit de la population) 1913-1914
E. Série
D.
-
2D287 : (microfilms : MioM 66, 68, 73 : Rapports
annuels de 1912 à 1947
-
3D287 : Inspection des affaires administratives par
l'inspection SAURY, avril - mai 1939
-
3D305 : Mission spéciale de l'Inspecteur
THOMAS
-
6(2) Dossier 22/24 : Mouvements insurrectionnels, Incidents
de la Grande Comore, 1914-1919
-
6(2) Dossier 100 : Libération des détenus
1919-1923
-
6(6) Dossier 8 : Organisation de la justice aux
Comores
-
6(8) Dossier 1 à 6(8) dossier 28 : Affaires
comoriennes.
-
6(9) Dossier 24 : Notices sur l'Archipel des Comores
1938
-
6(9) Dossier 17 : Histoire de la Grande Comore, non
daté, écrit par un comorien
II.
Autres Centres des Archives.
A. France.
Les archives de Vincennes
conservent des informations sur l'histoire politique comorienne, de la
période du protectorat jusqu'aux années 1920. Ce sont des
documents relatifs à la résistance à la conquête
coloniale, à des batailles armées en Grande Comore, à des
échanges commerciaux ( la traite des esclaves) entre les Comores, les
îles de l'Océan Indien et la côte est africaine.
Il est également
question dans ces documents, de correspondances entre les sultans des
îles et le gouverneur de Mayotte et de la guerre de la province de
Mbadjini , la bataille de Zilimadjou de 1886, des démonstrations
militaires dans l'Archipel et d'autres événements sur l'ensemble
des Îles.
En plus des archives de la
Marine française on peut citer le Centre des Archives Contemporaines de
Fontainebleau où sont conservés des documents et des
correspondances officielles entre la France et les Comores.
B. Comores et
Madagascar.
Le bruit court que les
archives des Comores ont été brûlées par le
président Ali Soilih. Pourtant le Centre National de Documentation et de
Recherche Scientifiques (CNDRS) met à la disposition des chercheurs
divers documents dont la liste est progressivement mis en ligne dans le site du
CNDRS. Ce qui prouve que les archives n'ont pas été
brûlées.
En outre, à la
bibliothèque du CNDRS, on peut consulter des travaux de mémoire
réalisés par des anciens élèves de l'Ecole
Nationale Supérieures (ENS). Ce sont des recherches effectuées
sur l'histoire des Comores, basés sur des enquêtes et des
traditions orales du pays.
A Madagascar, nous nous
sommes procurés une liste établie par Guenier, intitulée
« catalogue des missions sur les Comores » et qui est
enregistrée entre le 14/04/1969 et le 27/05/1969. Elle fait partie du
Fond Local à la bibliothèque Universitaire d'Ankatso à
Tananarive. On trouve dans cette liste des rapports, des notes, des
correspondances et des documents intéressants sur l'histoire, la
civilisation, le commerce, la politique, la santé des Comores et qui
répondraient à des questions que nous nous posons dans notre
sujet. Outre la bibliothèque Universitaire, il y' a aussi les Archives
Nationales de Madagascar où on peut certainement consulter nombreux
documents sur l'histoire des Comores, surtout sur la période
coloniale.
III.
Les centres de documentations et bibliothèques.
S'agissant des centres de
documentations et de bibliothèques, nous n'avons pas pu
fréquenter l'ensemble de ces espaces. Nous en avons
fréquentés un certain nombre en fonction de l'importance
documentaire relatif à notre sujet. Il nous faut tout de suite
mentionner l'existence de la bibliothèque qui se trouve au Centre des
Archives d'Outre-Mer, à Aix en Provence. Elle renferme une somme
d'anciens récits de voyages, d'articles de revus et de presses mais
aussi des ouvrages sur les Comores.
Le Centre d'Etudes et de
Recherches sur les Sociétés de l'Océan Indien situé
au 1 rue Bastide de Cyprès 13090 Aix en Provence. C'est là qu'est
publiée la Revue Annuaire des Pays de l'Océan Indien, riche en
études sur les Comores. Nous y avons pu consulter de précieux
travaux de mémoire d'étudiants de l'université d'Aix
Marseille, mais aussi d'autres travaux de mémoires issus d'autres
universités ou Instituts, d'Alger par exemple. Parmi ces études,
il existe également des publications du Centre National de Documentation
et de Recherches Scientifiques (CNDRS) de Moroni, sur l'état de
connaissances bibliographiques en Sciences Humaines sur les Comores.
Dans la région
parisienne, il existe nombreuses bibliothèques et divers centres de
documentation, aussi riches les uns et les autres. La liste ici
présentée, n'est pas exhaustive, mais sert de point de
départ pour la recherche documentaire. On y trouve des ouvrages,
articles de revue, des travaux de mémoire et des travaux inédits
sur l'histoire, la géographie, la société, la culture et
bien d'autre sujet sur les Comores.
- La Bibliothèque de
l'institut National des langues et Civilisations Orientales, (INALCO), 4 Rue de
Lille, Paris 7ème qui publie de nombreux ouvrages et surtout
la revue Etudes Océan Indien. Le premier numéro date de
1982.
- La Bibliothèque de
l'Académie des Sciences d'Outre-Mer 15, rue de la Pérouse Paris,
16ème, dont les Mémoires trimestriels contiennent de
nombreux articles sur les Comores. Nous y avons également
consulté, sur les Comores, des travaux non publiés, et
différents ouvrages sur l'Afrique, la colonisation, la
décolonisation l'anticolonialisme...
- La Bibliothèque
Nationale de France Quai Tolbiac Paris 7ème.
- Bibliothèque de
l'Arsenal 1 rue de Sully Paris 4ème.
- La Bibliothèque de
Documentation Internationale Contemporaine 6, allée de
l'Université 92 001 Nanterre Cedex.
- La bibliothèque du
Centre de Recherches Africaine, 9 , rue Malher Paris. ( Université Paris
I)
- Bibliothèque de
Géographie 191, rue St Jacques 75005 Paris
- Bibliothèque de la
Sorbonne 17, rue des écoles paris 5ème.
- La Bibliothèque de
la Documentation Française, section Centre d'Etudes et de Documentation
de l'Afrique et de l'Outre-Mer 29-31, quai Voltaire Paris,
7ème.
- Le Centre de
Documentation du Laboratoire SEDET, Université Paris-7 DENIS DIDEROT
Dalle « Les Olympiades » bâtiment Montréal,
59, rue National 75013 Paris.
- Le Centre des Hautes
études Administratives sur l'Afrique et l'Asie Moderne
(CHEAM), à Paris, avec différents mémoires, thèses
et autres documents souvent non publiés.
- Le Centre d'Etudes et de
Recherches sur l'Asie du sud-est et le Monde Insulindien qui à Paris,
publie la revue ASEMI.
- Le Centre de
Documentation de Bondy, crée en 1982, il possède plusieurs fonds
documentaires : un fond central de 42 000 ouvrages et 1 800
périodiques dont 300 vivants.
- Le Centre de
Documentation Tiers Monde (CDTM) 20, rue de Rochechouart, Paris
9ème. Il existe d'autres Centres de Documentation Tiers
Mondes dans la région parisienne, dont Le CEDIDELP 21 ter rue Voltaire
Paris 11ème, l'IRFED 49 rue de la Glacière Paris
13ème et la CASE 21 rue du Four Gaudon 95440 Ecouen.
- Le Centre de
Documentation : Maison de l'Asie 22, Av du président Wilson, 75016
paris.
- Le Centre d'Etudes des
problèmes Politiques et Juridiques du Tiers Monde 12 Place du
Panthéon Paris 15ème.
- Le Centre d'Etudes
Africaines, 54 Boulevard Raspail Paris 6ème.
- CROISSANCE/ Le Monde en
Développement ( périodique) 163, Boulevard Malesherbes 75859
Cedex 17.
- L'Institut
Français des Relations Internationales 27, rue la procession Paris
15ème.
- L'Institut
Français d'urbanisme (IFE) 4, rue Nobel, Cité Descartes - 77 420
Champs sur Marne.
- Le Centre d'Analyse et de
Recherches Documentaires pour l'Afrique Noire, 20, rue de Baume Paris
8ème.
- Librairie UNESCO 7, place
Fontenoy 75007 Paris.
- Ministère des
Affaires Etrangères : Direction des Archives Diplomatiques, 37 Quai
d'Orsay Paris.
IV. Les
Sites Internet.
Outre les sources
archivistiques et imprimées, nous avons consulté certains sites
Internet surtout pour l'orientation bibliographique et la localisation de
certains ouvrages.
Par ailleurs nous avons
profité des moyens techniques électroniques que les laboratoires
de recherche se servent comme moyen de diffusion d'un certain nombre de
publications. Nous présenterons ici certaines adresses que nous avons
consulté les publications, et qui nous on également
facilité dans l'orientation et la recherche bibliographique.
-
www.comores-online.com
-
www.chez.com
-
www.monde-diplomatique.fr
-
www.imarabe.org
-
www.afristat.org
-
www.mascareignes.com
-
www.planetejeanjaures.free.fr
-
www.malango.free.fr
-
www.afromix.org
-
www.cq95.fr
- www.geoscope.ipgp.jussieu.fr
- www.francophonie.org
-
www.ibiscus.fr
-
www.diplomatie.fr
-
www.univ-paris8.fr
-
www.unesco.org
- www-bsg.univ-paris1.fr
-
www.cnrs.fr
-
www.bondy.ird.fr
-
http://gallica.bnf.fr
-
http://corail.sudoc.abes.fr
V. Les sources orales.
Nous sommes conscient de la richesse que les sources orales
peuvent apporter à notre recherche. C'est une sorte de
« musée vivante » des peuples réputés
sans écriture. « ...Les vieillards qui la
détiennent sont les derniers vestiges d'un passage ancien que
l'historien cherche à restaurer. La bouche d'un vieillard sent mauvais
mais elle dit des choses bonnes... ».26(*) Les discussions et les
concertations que nous avons eues et à la lumière des
différentes lectures confirment ce rôle capital. C'est pourquoi
nous comptons l'utiliser pour comprendre l'histoire comorienne.
A travers nos lectures, nous nous sommes rendus compte que
divers noms de personnes reviennent souvent dans l'Histoire des Comores :
Massimou, Mtsala, Ivessi M'gomndri dit Bungala27(*), des princes ou descendants de
princes, comme des walimu (sorciers), des sudjây
(héros) et d'autres personnalités comme le prince Said Housseine,
Kari Mhoma de Nkourani ( rendu célèbre en s'attaquant à
Léon Humblot en 1893 et qu'on retrouve dans l'insurrection de 1915),
Abderrahmane Moilimou (impliqué dans le soulèvement de juillet
août 1915, dont on connaît mal la biographie. Pour obtenir des
informations précieuses à notre sujet, le voyage aux Comores
s'impose pour rencontrer les détenteurs des traditions orales sur
l'histoire des Comores. C'est pourquoi nous envisageons de nous rendre à
la Grande Comore.
Des noms de villes et de villages ont marqué l'histoire
Comorienne et celle de la résistance anticoloniale. Aussi des villes
comme Iconi, Djomani, Sidjou, Chindini, Foumbouni..., sont devenues de lieux
incontournables de cette résistance. En dépit de leur rôle
capital vaguement évoqué dans les archives coloniales, on ne
connaît pas grand chose de ces villes, leur histoire, les raisons et le
degré d'implication dans la résistance, les conséquences
qui en résultent etc... Cependant d'autres lieux sont mis en veilleuse
et pourraient s'avérer intéressants pour notre travail, exemple
Zilimadjou avec sa fameuse bataille en 1889, Koimbani comme lieu où se
tiennent les principaux kabary ou réunion, etc... Ajoutons une
fois que les sources orales constituent un apport de premier choix, mais aussi
intéressant dans cette recherche. Notre travail étant
réalisé à partir de sources majoritairement
élaborées par l'autorité coloniale. Nous pensons qu'une
seule vision ne peut pas suffire pour réaliser un travail objectif.
CHAPITRE II.
LES SOURCES IMPRIMEES.
I. Présentation.
Les historiens de l'Afrique s'accordent pour dire que
« les sources écrites sur ce continent sont rares sinon
mal distribuées dans le temps et dans
l'espace... ».28(*) Il en est de même pour les Comores dont la
bibliographie habituellement présentée dans différents
ouvrages et travaux sur les Comores, donne l'illusion que tout a
été étudié sur l'histoire comorienne. En
réalité, des thèmes comme les origines de la population
comorienne, la société, les traditions, la religion, les
problèmes politiques relatifs au contexte de la période suivant
la seconde guerre mondiale, l'indépendance des Comores...sont les plus
fréquemment traités. En revanche, on trouve très peu
d'études sur le thème de la conquête et la
résistance anticoloniale. Nous avons découvert au CERSOI,
l'existence de répertoires bibliographie sur les Comores. Mais ces
ouvrages ne couvrent pas suffisamment le domaine des Sciences Humaines.
Mais si les questions que nous nous posons dans la
problématique, dépendent d'abord des sources archivistiques, elle
n'en demeure pas moins des autres sources. C'est pourquoi une autre partie des
sources est constituée par des ouvrages et documents qui orientent notre
recherche. Pour ce qui concerne ce travail, nous présenterons une
bibliographie sommaire qui sera complétée ultérieurement.
II. Bibliographie thématique.
A. Ouvrages généraux sur la
colonisation.
AGERON (C.R.), La France coloniale ou parti colonial,
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AMBROISI (Ch. & A.), La France : 1870-1990,
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BESSIS S, L'occident et les autres, histoire d'une
suprématie, La découverte, Paris, 2001.
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1915-1962, Masson, Paris, 1992, 347 pages.
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TROISIEME PARTIE :
PRESENTATION DU
PLAN.
CHAPITRE I.
PLAN PROVISOIRE DE LA
THESE.
PREMIERE PARTIE .
LES GUERRES ET TROUBLES INTERNES : UN CONTEXTE
PROPICE A LA CONQUÊTE COLONIALE ET A LA MISE EN PLACE DU SYSTEME
COLONIAL.
Chapitre I.
LA GRANDE COMORE ENTRE PIRATES, SULTANS ET PUISSANCES
EUROPÉENNES.
I. Le temps de raids malgaches.
A. Les Malgaches, preneurs d'hommes...
B. ...et donneurs d'hommes.
II. Les guerres, un véritable sport
sultanesque
A. Insécurité entre les
sultanats.
B. La crise de succession au sein des
sultanats.
III. Le Sultan Tibe, un titre convoité : la
crise de succession entre M'safoumou et Said Ali.
A. Histoire des deux royaumes ennemis :
Bambao et Itsandra.
B. La déchéance et la mort de M'safoumou, sultan
d'Itsandra.
IV. Les interventions des puissances européennes
en Grande Comore.
A. Brève présence anglaise.
B. La France au secours du sultan Said Ali.
Chapitre II.
LA CONQUÊTE COLONIALE : COLLABORATION,
NÉGOCIATION ET REBELLION.
I. Le sultan Said Ali, sultan pro-français.
A. Said Ali, l'homme à travers ses
«Mémoires ».
B. L'arrivée du Français
Léon Humblot : heureux hasard pour le sultan ?
II. L'opposition du Sultan Hachimou et de ses
alliés contre le sultan Said Ali et les étrangers au lendemain de
la signature du traité de 1885.
A. La bataille de Zilimadjou : une
démonstration des forces rebelles.
B. Le premier soulèvement du sultan
Hachimou en 1887
C. Le retour de Hachimou: la deuxième
affaire de Mbadjini et la mort du sultan en Juin 1889.
III. Le sultan Said Ali contre le résident M.
Weber
A. Weber, premier résident
français en Grande Comores : novembre 1886-décembre 1887.
B. Humblot, le résident
bénévole : novembre 1889-juin 1896.
IV. Le bras de fer entre Said Ali et Léon
Humblot.
A. Le traité du 6 novembre 1885, passé entre Said
Ali et Léon Humblot.
B. Le sultan rebelle
C. La déchéance Said Ali en novembre 1893, dernier
sultan de Ngazidja.
Chapitre III.
LA FRANCE À LA RENCONTRE DE NGAZIDJA : LE
CHOC CULTUREL .
I. Une mission civilisatrice
A. La fin des hostilités internes et unification de la
Grande Comore.
B. La suppression de l'esclavage.
II. La tradition comorienne en perte de
vitesse.
A. La suppression des institutions traditionnelles de la Grande
Comore.
B. L'administration coloniale, un nouvel ordre
politique :
III. Un système traditionnel en
décadence.
A. Un ordre social menacé...
C. ...et un système économique
perturbé.
DEXIEME PARTIE.
LA TERRE ET L'IMPÔT : LA NOUVELLE VOIE DE LA
RESISTANCE.
Chapitre IV.
LA QUESTION FONCIÈRE : LE MECONTENTEMENT
POPULAIRE.
I. Le règne de Humblot, le sultan
blanc.
A. La création de la Société Humblot et la
confiscation foncière.
B. L'administration coloniale contre la société
Humblot.
II. Travailler au service des colons, pour s'acquitter
des impôts.
A. Conditions particulières de
l'engagement des travailleurs.
B. Instauration du code du travail.
III. La réserve indigène, une question
épineuse.
A. L'administration coloniale tiraillée entre la
Société et la colère généralisée de
la population.
B. Le procès du sultan Said Ali contre la
société Humblot
C. La mobilisation populaire contre L. Humblot.
Chapitre V.
LA FISCALITÉ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A
L'ORDRE COLONIAL.
I. L'instauration de l'impôt
A. Le traité de 1892 et l'instauration de
l'impôt.
B. La perception de l'impôt. une tâche difficile.
II. Fraudes et contestations fiscales: émeutes
et soulèvements.
A. Iconi, la ville rebelle.
B. L'insurrection du nord de Ngazidja en 1915.
C. La fièvre insurrectionnelle dans la province de
Dimani en 1915.
TROISIEME PARTIE.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA RESISTANCE GRANDE
COMORIENNE.
Chapitre VI.
LES FORMES DE RÉPRESSION.
I. Les Démonstrations de la marine
française.
A. Bombardements des villes rebelles : exemples d'Iconi et
de Foumbouni.
B. Des interventions musclées, appuyées par des
militaires français.
II. Les mesures de répression juridiques.
A. Le système des amendes et du travail
forcé.
B. Des fréquentes condamnations
III. L'exil : décisions répressive
extrême.
A. La déportation : une forme de répression
redoutable.
B. Des destinations variées.
Chapitre VII.
LES LIMITES DE LA RÉSISTANCE
COMORIENNE.
I. Les fragiles atouts de cette
résistances
A. Gros plan sur quelques héros de la résistance
B. Les déportés de 1915.
II. Les faiblesses de la résistance.
A. La manque de sentiment d'unité nationale face à
la domination coloniale.
B. Fragiles forces et moyens de contestation.
III. Une armée coloniale puissante.
A. Les collaborateurs locaux de la colonisation.
B. La suprématie technologique de l'armée coloniale
française.
Chapitre VIII.
TYPOLOGIE DE LA RÉSISTANCE GRANDE
COMORIENNE.
I. La résistance active.
A. Les attaques et « la
guérilla »
B. Fuite et banditisme
II. La résistance pacifique
A. Les migrations.
B. L'indifférence ou la force de l'inertie.
III. Le rôle de l'Islam dans la
résistance.
A. L'Islam, moteur de la vie quotidienne aux Comores.
B. La résistance dans l'imaginaire
CHAPITRE II.
EXTRAIT DE CHAPITRE
REDIGÇ.
LA FISCALITÇ, UNE SOURCE DE CONTESTATION A
L'ORDRE COLONIAL.
La domination coloniale ne s'est pas faite sans
résistance. Malgré la détermination des Comoriens, la
France l'emporte. Au stade suivant se trouve la contestation du system colonial
avec au premier échelon les émeutes spontanées. Mouvements
épidermiques et conséquences de la colonisation, ils se
traduisent par le refus de payer l'impôt. La question fiscale est
à la base d'un sentiment d'indifférence, d'inertie et de
colère des Comoriens, vis à vis du nouveau régime. Elle
est surtout à l'origine des soulèvements qui éclatent dans
la première phase coloniale en Grande Comore et qui s'inscrivent dans le
cadre des révoltes dites paysannes, et spontanées et surtout
très localisés. Ces mouvements de résistance n'ont pas,
certes, réussi à atteindre leurs objectifs qu'ils se proposaient,
et les administrateurs ont eu tendance à les minimiser, ou à les
passer sous silence. Mais il apparaît que les Comoriens ont compris que
les Blancs sont déterminés à obtenir une main d'oeuvre
à bon marché. Ils se sont aperçus que les exigences
coloniales sont tout aussi écrasantes. Le soulèvement populaire
est une réponse aux exigences immédiates et concrètes du
nouvel ordre colonial. Ainsi à l'instar de la conquête du
territoire, la fiscalité rencontre une résistance.
I. L'instauration de l'impôt.
A. Le traité de 1892 et l'instauration de
l'impôt.
Les protestations comoriennes contre la signature des
traités de 1885 et 1886 deviennent de plus en plus nombreuses. Les
hostilités contre le sultan Said Ali et Léon Humblot s'accentuent
et la tournure que prennent les événements force le sultan
à quitter la Grande Comore en 1891. Les autres sultans se rebellent et
demandent la déposition de Said Ali et le retour au système de
rotation du titre tibe. La fuite de Said Ali plonge l'île dans
une anarchie totale et livre le trône à de nombreux
prétendants .Selon Jean Martin30(*), Léon Humblot compte dix neuf candidats qui se
disputent le titre de Tibe. Mais ce sont des gens compromis dans les
récents troubles, et qui, aux yeux des Français, ne sont pas
dévoués à leurs intérêts dans l'île. Il
est donc difficile de trouver un sujet à élever au rang de sultan
tibe. Le climat de tension qui règne dans l'île implique une
intervention militaire des Français. Le 11 août 1891, le capitaine
Dubois débarque à Salimani avec un détachement de quarante
hommes, accueillis avec joie par Humblot et les partisans de Said Ali. Une fois
la situation maîtrisée, les sanctions répressives s'en
suivent immédiatement. En exil, Said Ali prononce des condamnations
à mort (les condamnés sont progressivement graciés et
rejoignent l'île) et d'autres fauteurs de trouble sont
déportés à Obock puis en Nouvelle-Calédonie. La
rébellion s'effondre, le calme est rétabli et le sultan peut donc
retourner en Grande Comore. C'est dans cette ambiance explosive qu'intervient
la signature du traité de janvier 1892.
Le traité dit de protectorat est une étape dans
l'acheminement vers l'annexion de Ngazidja. Il n'a jamais été
franchement accepté par les sultans. Ces derniers suivent toujours une
politique dont le but est de reprendre le terrain perdu. Ce traité de 15
articles est cosigné par la France et le sultan Said Ali, soucieux
d'empêcher le retour des révoltes et d'assurer la paix, ainsi que
le bonheur et la prospérité de ses sujets. Il abolit l'ancien
régime et réorganise complètement l'île. Il instaure
les douze provinces, gouvernées par huit Cadis, secondés par les
chefs de village qui constituent l'administration indigène de Ngazidja.
Said Ali est reconnu seul sultan, reconnaissance théorique, car en
réalité il est réduit au titre de figurant. Un esclave
dans son propre royaume. En 1887 déjà, les pouvoirs du sultan
sont compromis. Dans ses correspondances, Léon Humblot fait allusion
à la mésentente entre le résident Weber et le sultan. Il
note : « Said Ali reproche au résident de lui avoir
fait perdre son autorité dans l'Île en le traitant comme un
esclave et non comme un sultan... »31(*) C'est au Résident que
reviennent les pleins pouvoirs en toute légalité. Le
traité instaure la justice et surtout lance les bases d'un nouvel ordre
économique de l'île. Ayant ainsi mis fin provisoirement à
toute opposition, la France entreprend de transformer l'île. C'est dans
ce traité que sont posés les premiers principes de la
fiscalité. « L'impôt est fixé à deux
roupies et demi par habitant de douze à soixante
ans. »32(*)
Il est personnel et imposé à tous, indépendamment des
revenus, il n'épousait pas forcement la conjoncture. Aucune étude
n'est préalablement réalisée sur la situation
financière des indigènes, comme le souligne Guillaume
Pierre :
« ...Le procédé est commode, parce
qu'il ne nécessite aucune enquête préalable sur la nature
et l'importance de la fortune de chacun. Il est d'ailleurs assez
équitable, parce que, chez les primitifs, les grandes
inégalités de fortune sont rares... »33(*)
La nature de la contribution fiscale évolue, par souci
de rentabilité surtout durant la guerre de 1914 -1918.34(*) La France restreint les
subventions qu'elle accorde aux colonies et le poids de la Guerre se traduit
par l'augmentation des impôts. La fiscalité devient une charge
pour les Comoriens, ainsi « ...l'effort de guerre suscite
bientôt des résistances surtout dans les colonies
françaises où la pression était particulièrement
forte... ».35(*) La seule possibilité de s'en acquitter pour la
majorité moins fortunée des Comoriens, est de travailler la terre
ou de s'engager chez les colons. L'impôt laisse sans recours paysans et
éleveurs pauvres qui, faute de moyens, se voient contraints de se
séparer de leur lopin de terre ou de leur unique vache. La
société Humblot n'est pas à la hauteur de fournir du
travail à tout les monde, et comme pour décupler le
désarroi, elle n'offre qu'un salaire de misère. Humblot s'arrange
également sur le plan administratif pour décourager les candidats
à l'émigration qui ne s'engagent pas chez lui.36(*) En Outre, les terres
cultivables sont accaparées par la société Humblot, ce qui
complique encore plus la situation financière des contribuables. Le
Gouverneur de Mayotte en est convaincu malgré la pression exercée
sur les Comoriens : « ...Néanmoins, et outre les
raisons ci-dessus, il est absolument certain que la situation des habitants de
la Grande Comore est très misérable... »37(*). L'augmentation de
l'impôt ne laisse pas indifférents les Comoriens qui ne tardent
pas à réagir. Outre le souhait de voir l'impôt diminuer,
ils exigent l'exemption des femmes. Mais cette exemption des femmes va
multiplier l'impôt par trois. Ce qui ne modifie en rien la charge des
contribuables.
« ...Il est en effet à remarquer que
l'élévation de 5 francs à 15 francs de l'impôt
personnel a été la conséquence de la suppression de
l'impôt sur les femmes. Ces deux mesures successives et corollaires
l'une de l'autre ont, en définitive, peu augmenté les impositions
des Comoriens...»38(*)
Le but visé est de faire supporter toutes les
dépenses du protectorat par le budget du sultanat, comme le
prévoit l'article 9 du traité.39(*) C'est un moyen de créer de nouveaux besoins
pour mettre au travail des populations désorientées par la
destruction de leur système social. L'impôt est
considéré comme l'instrument nécessaire de la mise en
valeur de la colonie. Il apparaît comme le moyen de pression efficace
pour livrer la main d'oeuvre indigène aux entreprises et plantations des
colons. Perçu en argent, l'impôt intègre une part
croissante de la population dans une économie monétaire. Les
Comoriens ayant besoin de numéraire pour payer leur impôt, ils
sont forcés de chercher un emploi salarié. Enfin, l'impôt
permet aux autorités coloniales d'assurer la protection et la justice
aux habitants de l'île, et de maintenir l'équilibre financier de
l'Île. Pour atteindre ces résultats les autorités doivent
avoir recours aux mesures fiscales en rapport avec les moeurs et les forces
productives de la population. C'est en fonction de l'impôt qu'est
apprécié le travail des autorités locales. Il devient un
enjeu important sur le plan économique, mais aussi sur le plan
politique. Car il doit prouver la soumission de la population à la
colonisation en payant l'impôt et de surcroît, démontrer que
les autorités coloniales ont en mains, le contrôle de la
situation.
Mais la fiscalité nouvellement instituée, est
aussi une source de dérives économiques et sociales. Coquerie -
Vidrovitch considère l'impôt comme « un support de
la monoculture qui contribue à aggraver fâcheusement
l'avenir économique en promouvant la culture. Il participe
également à faire dangereusement baisser les cultures
vivrières qui, entièrement délaissées aux mains des
paysans, ne reçoit aucune amélioration
technique. »40(*) En Grande Comore, la culture de la vanille se
développe au détriment de la culture vivrière. En outre,
les contribuables deviennent sensibles à l'extorsion sans compensations
palpables, et d'autre part la vie de misère qu'ils mènent ne joue
pas en faveur de l'impôt. Les fonctionnaires chargés de sa
perception n'ont pas tardé à se heurter à d'énormes
difficultés.
B. La perception de l'impôt, une tâche
difficile.
L'administration coloniale, bien qu'éloignée du
quotidien des indigènes, est trop peu nombreuse pour exercer son
contrôle. Au début de la domination, elle souffre de la
médiocrité des effectifs. Aussi, pour percevoir l'impôt,
les chefs de village, principaux « rouages entre l'administration
et la population »41(*), se sont vus confier cette lourde tâche, pour
représenter l'autorité coloniale. Pris de court, ces chefs
coutumiers sont transformés en chefs administratifs chargés
d'exécuter des tâches jusqu'à là, inconnues pour
eux. Au passage, l'administration dépose un nombre important d'autres
chefs traditionnels dont la coopération laisse à désirer.
Ces nouveaux « chefs » sont secondés dans
leurs fonctions, par des agents spéciaux, et des gardes indigènes
dont la vocation est de contrôler les activités des chefs et bien
sûr, intimider la population.
Il nous faut noter tout de suite que les fonctionnaires
étrangers sont, du moins au départ, moins nombreux et surtout
détestés par la population. L'Histoire ne manque pas
d'exemple : On peut citer la tentative de meurtre dirigée contre
Léon Humblot en 1893, où est impliqué le notable Kari
Mondoha. Avant l'insurrection de juillet 1915, dans la ville d'Iconi
« le préposé du trésor et le chef du canton,
menacés d'être tués, avaient du s'enfuire devant ces
menaces... »42(*) En 1915 La ville de M'tsangadjou malmène le
chef de canton et ses porteur et le menacent de mort. Les résidents, de
leur côté, se succèdent aux Comores avec une
rapidité invraisemblable.43(*) Des fois les tâches sont confiées
à des agents non qualifiés ou déjà
surchargés de travail. Une situation qui laisse voir des
dysfonctionnements dans la continuité administrative. Les Comoriens vont
profiter de cette faiblesse pour passer entre les mailles du filet fiscal.
Les administrations coloniales s'accordent pour
reconnaître la difficulté de lever l'impôt dans des pays
vivant encore très largement en économie non monétaire.
Certains paysans se vengent volontairement du système, ils
évitent l'affrontement direct par la fraude fiscale. Se soustraire aux
impôts devient chose fréquente et, « au début
la collecte des impôts s'accompagna de beaucoup de brutalité et
provoqua de fortes résistances ».44(*) Certains, ne pouvant trouver
l'argent fuient leurs villages, créant une sorte de confusion chez les
fonctionnaires. Ainsi se multiplient les difficultés d'action des
administrateurs.
Entre l'administration et la population les rapports sont
difficiles. D'un coté des étrangers (les Français surtout)
qui ne comprennent rien à la langue locale et qui ne communiquent pas
trop avec les administrés. De l'autre une population pauvre, meurtrie
par le nouvel ordre, qui se renferme sur soi, et qui n'a pas d'autre choix que
de s'y soumettre, par peur des sanctions. L'autorité se fait absente
également, à cause des problèmes de circulation. Les
difficultés de communication ne facilitent pas la mobilité des
fonctionnaires, les éloignant ainsi de la population. Les
tournées ne s'effectuent qu'au moment du lever de l'impôt. Une
enquête menée par Francis Mury45(*) met à jour diverses vérités
troublantes. Elle laisse voire une haine certaine des étrangers,
doublée de peur de l'indigène à l'égard de
l'administration coloniale en Grande Comore, une vérité
jusqu'à là mise en veilleuse. Cette étude atteste
l'absence de contact entre administrateurs et administrés. Un vieillard
déclare : « ...jamais on ne vient ainsi chez nous.
(C'est à dire un blanc qui vient parler avec la population)
L'administration ne s'y rend que pour faire la chasse à ceux qui ne
peuvent pas payer l'impôt ». Le travail de bureau absorbe
les fonctionnaires dans leurs bureaux, loin des administrés. Cet
état de fait nous permet de comprendre qu'il n'y a pas suffisamment de
contrôle de la population. L'administration française n'a pas su
peser sur la vie de l'Île, probablement à cause de l'effectif de
personnel très réduit, mais aussi du manque d'infrastructures
routières. Dans son journal, Maurice Mathieu46(*) parle d'une situation de sous
administration de la Grande Comore. C'est justement ce qui rend difficile la
perception de l'impôt, mais n'en constitue pas la seule raison.
Par ailleurs les chefs coutumiers chargés de lever
l'impôt semblent partagés entre la connivence avec les villageois,
et la loyauté des leurs supérieurs. En outre, ils doivent
exécuter d'autres tâches comme le recrutement de travailleurs, ils
sont tenus responsables des irrégularités survenues dans leurs
fonctions. De ces chefs « incapables »,
l'administration n'attend pas grand chose qu'une exécution
mécanique de leurs tâches, sans état d'âme, ni
autorité, mais surtout et, malgré eux, l'administration ne leur
fait pas confiance. Ainsi les intentions des blancs laissent percer cette
méfiance :
« ...Qu'attendre de tels agents ? Pas grand
chose, on ne peut leur demander que d'assurer la rentrée des
impôts. Par les temps actuels c'est évidemment appréciable.
Encore est-il nécessaire pour ce faire de leur adjoindre des
miliciens... »47(*)
C'est un procédé destiné à
consolider l'emprise coloniale, et à renforcer le contrôle sur
les chefs indigènes. D'ailleurs, dans les colonies françaises, un
système hiérarchisé de primes est mis en place pour les
inciter à s'acquitter au mieux de leurs tâches fiscales. C'est une
sorte de jeu de pression destiné à obtenir les meilleures
rendements possibles. De toute évidence, attribuer ces tâches aux
chefs locaux, est une façon de neutraliser ou d'atténuer les
contestations des indigènes. Car le contribuable se trouve face à
son semblable qui n'en est pas le responsable. Mais certains chefs
hésitent, dans leur fonctions, ils se rangent du cotés des
administrés et du coup, rendent difficile ou retardent la perception de
l'impôt. Parfois des chefs sont accusés d'avoir encouragé
le vagabondage et la paresse, et d'embrouiller le contrôle des
contribuables. Des fois ils encombrent le travail de la collecte, manquent de
dénoncer ou délivrer les réfractaires etc ...
La pratique la plus courante consiste à faire tourner
l'administrateur en rond dans le village. Le chef du village prétend
chercher la personne intéressée, ( un certain Mer Kari par
exemple). Une fois qu'il croise Mer Kari, il lui demande s'il n'aurait pas vu
Mer Kari, et l'homme en question comprend bien que c'est bien lui qu'on
cherche. L'administrateur qui ne connaît pas Kari, ne se doute de rien.
Et pendant que le chef continue sa promenade de recherche avec
l'administrateur, Mer Kari parvient à s'en fuir.
Juste avant la tournée de collecte de l'impôt par
l'agent colonial, il arrivent que des habitants, probablement avertis par le
chef local, fuient le village vers des zones inaccessibles jusqu'au
départ du fonctionnaire. Bref, le chef du village reste implicitement
très proche des villageois, voire même se range du
côté de la population, contre l'administration. Certains paysans
ne manquent pas d'imagination pour trouver des astuces pour échapper au
contrôle fiscal. Dans la province de Domba au sud de l'île, des
paysans adoptent le tactique des menaces et d'intimidations. Lors d'une
campagne de collecte d'impôt, les habitants déclarent :
« Si vous demandez impôt, c'est que vous voulez
tapage. »48(*) Autre procédé moins dangereux, est le
système des maladies imaginaires pour susciter la pitié de
l'administrateur. Bon nombre de Comoriens se souviennent de la fameuse
pièce de théâtre interprétée par les
comédiens Djounaïd et Laher ( Djimba et Mngomri) sur les
ondes de la radio Tropic FM à Moroni au début
des années 1990 sur la collecte de l'impôt. Pour échapper
à l'impôt, Mngomri est mystérieusement victime
d'une terrible diarrhée, dont chaque soulagement émet un bruit
hallucinant. Sa femme, Mkaribou, fidèle et complice, le tient
au courant des activités du Mzungu, qui, en compagnie de Djimba
le chef du village de Nkoda dziwa, perçoit
l'impôt. Le Mzungu finit par s'en aller avant la guérison
de M'ngomri qui n'a pas payé l'impôt. Une histoire
fictive et drôle, mais pertinente et révélatrice en
matière de ruse de la part des Comoriens. Elle a aussi son importance
dans la mesure où elle contribue à conserver une partie de la
mémoire et des traditions orales comoriennes. D'autres paysans fuient le
service du travail, ils deviennent des rebelles, des résistants qui
nourrissent un réseau déjà existant, exemple celui des
bandits, des voleurs ambulants.
La mauvaise volonté des Comoriens se fait ressentir
également au sujet de la délivrance des cartes d'identité
et des livrets individuels. Elle contribue à jeter la confusion dans le
contrôle fiscal et à laisser subsister un
« véritable flottement
administratif. ».49(*) Car les Comoriens détestent se faire
enregistrer par l'administration et « ...préféraient
garder l'anonymat de peur d'être contrôlés ou de payer des
impôts... »50(*)
Un des motifs non imputable aux difficultés de la
perception fiscale, ce sont les problèmes économiques des
contribuables. En effet les Comoriens vivent dans la pauvreté. La seule
source de richesse étant la terre confisquée par Humblot et sa
société. Le taux fiscal jugé très
élevé, ne joue pas en faveur des deux parties. En outre,
l'administration n'a pas cessé de souligner le problème
causé par la spoliation foncière dans les rapports sur la
situation fiscale en Grande Comore. Livrée aux appétits du sultan
blanc, la Grande Comore subit l'avidité de Humblot. Ce dernier, fort du
droit que lui accorde le traité signé avec Said Ali, se sert de
touts les moyens pour s'accaparer des terres cultivables. Un article de
« la Presse Coloniale » décrit les pratiques du
résident de la Grande Comore et directeur de la Société,
pour s'accaparer des terres dont il a besoin :
« ...Il prête à usure entant que
directeur, puis il appelle ses débiteurs à échéance
devant lui entant que résident. Ne pourrait il pas rembourser ? il
ordonne la saisie des ses biens. Il offrait d'acheter les terres dont il a
envie à prix dérisoire. Les propriétaires
résistaient-ils ? Le résident les emprisonnait comme
récalcitrants. Les terre étaient
séquestrées et mises en vente. Quelqu'un offrait un prix ?
il était frappé d'une amende pour avoir osé
renchérir contre le résident de
France... »51(*)
Une situation dénoncée maintes fois par les
fonctionnaires coloniaux. Il a fallu attendre la fin des années 1910
pour voir la France réagir au profit des Comoriens. A partir de 1907 les
mouvements d'hostilité des indigènes se transforment en plaintes
collectives contre Humblot, les villageois lésés attaquent la
Société en justice. Ils obtiennent gain de cause et des terres
leurs sont attribuées, au compte-goutte.
Mais la restitution de terres ne change pas grand chose
à la perception de l'impôt. A cette pauvreté
évidente, s'ajoutent l'inertie et la mauvaise volonté de la
population. Et on retrouve fréquemment ces facteurs dans les rapports
administratifs, comme principales raisons des difficultés fiscales
rencontrées. La mauvaise volonté se trouve largement mise en
cause, elle est vue comme une forme passive de résister. Dans un rapport
du Gouverneur de Mayotte rédigé le 10 septembre 1906, on peut
lire :
« Il y' a là, une tactique de
résistance non pas ouverte, mais passive qui crée une situation
fâcheuse... La situation des habitants des la Grande Comore est
très spéciale. Ils habitent une île où les terrains
cultivables sont très peu nombreux...Cette situation se complique de la
main mise par la société Humblot sur touts les terrains
favorables enclavant actuellement nombre de parcelles autrefois
cultivées par les indigènes. Pour les diverses raisons que je
viens de vous énumérer, Monsieur le Ministre, la situation de la
Grande Comore n'est pas brillante. »52(*)
Le taux élevé de l'impôt le rend
impopulaire dans une société déjà réduite
à la portion congrue. Les contribuables sont partagés entre la
fuite et la résistance. La fuite se révèle parfois
être une mauvaise solution, car les récalcitrants finissent par se
faire attraper. C'est ainsi que, des villages ou des régions, se servent
d'un événement, de routine ou non, pour faire éclater leur
mécontentement. Le cas le plus frappant en Grande Comore, est la fameuse
tournée de collecte d'impôt en juillet 1915, qui est à
l'origine de soulèvements populaires. Nous prendrons les cas d'Iconi,
une ville insoumise puis la région du nord de Ngazidja et enfin la
région de Dimani à l'est de l'île. Il serait très
douteux de croire que ce sont les seuls lieux de soulèvements
populaires, il y'en a d'autres, probablement moins importants ou passés
sous silence par l'administration coloniale. Il suffit de lire les rapports des
différents administrateurs pour se rendre compte que les
problèmes fiscaux sont toujours d'actualité. Ce n'est pas
seulement en 1915, ils en parlent avant et après l'insurrection. C'est
justement dans de cas similaires que les sources orales seront d'une grande
utilité. De toute évidence, ces soulèvements populaires
constituent un des plus grave défi, lancé au colonialisme en
Grande Comore.
II. Fraudes et contestations fiscales: émeutes et
soulèvements.
A. Iconi, la ville rebelle.
Située au sud de Moroni, la ville d'Iconi s'inscrit
dans la liste des localités comoriennes qui ont su se
défendre contre les invasions étrangères et
surtout qui ont exprimé ouvertement leur opposition contre la
domination coloniale. Iconi est l'ancienne capitale du royaume de
Bambao qui a vu se succéder dans son palais de kabiridjewou (palais
royal) du XVIème siècle, un grand nombre
de sultans dont le dernier sultan tibe Said Ali. Son caractère
rebelle ne date pas de la période coloniale, elle remonte
beaucoup plus loin. Iconi a vu débarquer les pirates
malgaches au XIXème siècle, contre lesquels elle
s'est battue courageusement. Le guerrier Karibaangwe entre dans la
légende de cette ville en combattant avec courage, il aurait tué
trente huit pirates avant de se faire tuer à coup de sagaies et de
sabres par les envahisseurs.53(*)
Iconi incarne l'image d'une ville insoumise à la
domination coloniale. A différentes occasions, elle exprime son
opposition et son hostilité à l'égard du nouveau
régime. Ses antécédents de capital du sultanat de Bambao,
le besoin des notables de retrouver leur prestige et la détermination
des habitants contribuent à en faire une ville rebelle. Elle
reflète la résistance des Comoriens à travers les
différentes phases de la colonisation. Bombardée par les
Français en décembre 1864 pour briser la lutte comorienne contre
la présence étrangère en Grande Comore, elle incite ses
habitants à se rebeller contre le nouvel ordre établi. Elle
fournit à la résistance des rebelles célèbres et
redoutés par l'administration. Enfin Iconi peut se vanter d'être
toujours au coeur des affaires politiques des Comores, de fournir certains des
premiers figures de l'autonomie interne des Comores et les premiers artisans
des Comores indépendantes dont le Prince Said Ibrahim. Il serai
très intéressant, de réaliser des
enquêtes orales dans cette ville.
Iconi a vécu au rythme des batailles et de guerres
à travers lesquelles s'illustrent également les fameux
« Hamadi 54(*)», de guerriers exemplaires qui dominent
l'histoire de cette ville. Dépossédée de son pouvoir
politique par la colonisation, Iconi résiste fermement à travers
plusieurs manifestations contre le pouvoir colonial. Ses habitants son parmi
les premiers comoriens à avoir contesté le nouvel ordre. De
là viennent des personnes jugés agitateurs par les
autorités. Elle figure dans la liste des villes qui font beaucoup
parler d'elles au sujet de leur manquement au paiement de l'impôt,
surtout durant la Guerre de 1915-1918.
Bien avant la Première Guerre Mondiale, le chef de
canton fait l'objet d'une agression, en compagnie du préposé du
trésor (la source ne renseigne pas sur leurs noms). Les habitants,
encouragés par Boina Azizi et ses amis, refusent de payer l'impôt.
Ils pensent qu'ils n'ont rien à redouter de l'administration. Ce qui
laisse croire que le nombre des habitants est considérablement
élevé et rassuré pour prendre une telle décision.
Devant les menaces de mort, les deux fonctionnaires prennent la fuite.
D'autres faits similaires se produisent durant la Guerre. Les
sources que nous disposons relatent des troubles liés au refus du
paiement de l'impôt. A l'origine de ces agitations, un
dénommé Mzé Moadjou fait courir le bruit que
« les Allemands avaient bombardé et occupé
Madagascar. » 55(*) Boina Azizi, Soilihi Bambaouma, Assoumani Ali dit
Mnamandzihoa, Msankaci Ilali et Mbaraka Raha dit Amadi Raha, tous des amis de
Mzé Moadjou, mettent ces propos en circulation. Ces derniers jouissent
d'une certaine influence sur la population de la ville et sur la région
de Bambao. De toute évidence le bruit trouve formellement créance
et les habitants de la ville d'Iconi refusent de s'acquitter de l'impôt
entre les mains du chef de canton, ils se croient désormais non
assujettis.
Convoqués par l'intermédiaire de notables, les
indigènes refusent de se présenter devant le chef de district.
Armés de bâtons, ils organisent une marche sur Moroni et d'autres
actes de provocation et d'intimidation pour dissuader les autorités
à les laisser tranquilles. Les démonstrations de force rebelle
organisées par la ville d'Iconi n'aboutissent pas et les meneurs de
troubles sont arrêtés. La décision de déportation
leur est imposée, ils sont accusés d' avoir incité la
population à la désobéissance et refusé de se
présenter devant le chef du district. Selon la Direction des Affaires
Civiles de Tananarive,56(*) l'attitude des agitateurs mérite un
châtiment particulièrement sévère. Car l'exemple
donné par ces derniers a influencé les émeutes qui se sont
produites dans le nord de l'Île en juillet 1915. Des
évènements d'Iconi, nous pouvons dire que leur ampleur est
importante pour pouvoir contribuer à déclencher le
soulèvement de juillet et août, si l'on tient compte du la note de
la Direction des Affaires Civiles de Madagascar. L'arrêtée de mise
en résidence du 27 novembre 1915, fixé par mesure politique
condamne les quatre fauteurs de trouble à Mayotte. Soilihi Bambaouma est
condamné à trois ans, Msankaci Ilali deux ans, Mbaraka Raha deux
ans et Assoumani Ali deux ans.
Des actes collectifs ou isolés, la ville en
compte plusieurs et un grand nombre de résistants au nouveau
régime, tout ordre social confondu. Ces troubles viennent s'ajouter
à la longue liste des actes innombrables de résistance
anticoloniale. Ils traduisent le caractère segmentaire de la population
comorienne, encore divisée, dont les soulèvements sont souvent
d'ordre local et dont l'organisation politique souffre d'une fragilité
évidente. Ils mettent à nu la faiblesse et la
vulnérabilité de la société comorienne face
à la colonisation, et l'incapacité matérielle et technique
à résister, car ce sont les autorités coloniales qui
l'emportent sur les insurgés. Ils attestent cependant que la
résistance, bien que locale et de courte durée, a bien eu lieu.
Des évènements de désobéissance et de trouble qui
interviennent dans un contexte très particulier, celui de la
Première Guerre mondiale.
Cette période de guerre voit naître des troubles
même dans les régions qui semblent pacifiées, même
dans les colonies habituellement calmes. A titre de comparaison, Madagascar
est un foyer de troubles anticoloniales. A ce sujet, selon GOUREVITCH J
P,57(*)
« ...Madagascar reste le seul foyer d'agitation
permanent ». En 1904 la Province de Farafangahana
s'insurge et entraîne une grande partie de la population. Elle est
conduite par des miliciens et des tirailleurs déserteurs et attaque des
postes militaires, des concessions, elle fait des victimes
étrangères. En 1905 la révolte est
« jugulée ».58(*) En 1915, l'opposition se développe au sein de
la V.V.S (Vy, Vato sy Sakelita),59(*) dont les adeptes se recrutent parmi les
élèves de l'Ecole de Médecine de Tananarive. En 1915, on
estime à 2000 les membre de cette société
secrète.60(*) Une
société qui s'inspire du modèle japonais sur la
faculté d'adaptation de la tradition et le modernisme. Elle s'exprime
par le biais de journaux qui invitent les Malgaches à se sacrifier pour
le triomphe de la cause nationaliste. Le mouvement est découvert,
réprimé et les responsables présumés sont
condamnés à des travaux forcés, ou déportés.
Enfin en 1915, éclate le mouvement sadiavahe qui dure jusqu'en
1917. Un mouvement violent d'origine paysanne, qui exprime la colère et
l'opposition de la population à l'égard de l'impôt sur le
boeufs et surtout de l'effort de guerre. Les insurgés se livrent aux
vols de boeufs, attaques de villages et sabotent les installations
télégraphiques.
Partout en Afrique le climat est aussi explosif. Entre
novembre 1915 et juillet 1916 des émeutes éclatent à l'est
du Soudan français, qui devient l'actuel Mali. En 1916 d'autres
révoltes naissent au Dahomey qui devient l'actuel Bénin. A l'est
de l'Algérie le peuple s'insurge contre les pratique de l'administration
coloniales.61(*) Un
tableau chronologique des résistances africaines est dressé par
l'historien ELIKIA M'Bokolo à partir de 1874.62(*) En cette période de
guerre les colonies françaises s'insurgent alors
qu' « ...un calme relatif règne dans les possessions
anglaise... ».63(*) Le malaise des peuples colonisés semble
être contagieux et la recrudescence des troubles donne naissance
également à un climat de tension généralisée
en Grande Comore.
B. L'insurrection du nord de Ngazidja en juillet 1915.
Le nord de Ngazidja est aussi connu pour ses spectaculaires
contestations. Bien avant les événements de 1915, la ville de
Ntsaoueni est le théâtre d'affrontements entre les
autorités et les habitants, suite aux retards et aux refus de paiement
d'impôts. Cet état de faits est imputable, selon le
Résident, aux problèmes économiques, ( un problème
qu'il ne pouvait pas ignorer) : les habitants étant jugés
trop pauvres pour s'acquitter de l'impôt. Mais cette raison ne satisfait
pas les autorités qui reprochent aux habitants de mettre autant de
mauvaise volonté dans leur devoir de contribuables. Sur ce point, le
Gouverneur de Mayotte et le Résident de la Grande Comore s'accordent
pour conclure que la situation fiscale dans l'Île est critique. Et le
Gouverneur de Mayotte n'hésite pas d'écrire au ministre des
Colonies en janvier 1907 : « ...Le recouvrement de
l'impôt personnel à la Grande Comore continue à
présenter les plus grandes difficultés, ...tant à cause de
la pauvreté des indigènes, d'une part, que leur mauvaise
volonté d'autre part... »64(*)
A la suite de ces retards, le 13 décembre 1905, le
Résident fait enfermer quarante femmes, huit hommes, tous originaires de
Ntsaoueni en plus d'une trentaine de femmes de Djomani. Selon la même
source65(*), des habitants
de la ville de Mitsamihouli connaissent le même sort : une partie
est condamnée dans le village de Ouela et une autre dans la ville
Bangoinkouni. On remarque que c'est tout le nord de Ngazidja ( les
région de Mboudé et de Mitsamihouli) qui est touché par
le refus de s'acquitter de l'impôt. Malgré les menaces
d'emprisonnement auxquelles ils s'exposent, les indigènes
n'obtempèrent pas, et continuent à opposer l'inertie aux
observations de l'administration. Les correspondances et les rapports coloniaux
mentionnent fréquemment cette mauvaise volonté
généralisée. Ce climat de tension et de
désobéissance annonce déjà la couleur de
l'insurrection de 1915 en gestation, dans la même région.
Ce soulèvement populaire de juillet 1915, est un fait
qui marque l'histoire comorienne. Il montre à quel point les exigences
coloniales excèdent les paysans, et traduit la résolution des
Comoriens à manifester leur colère, longuement contenue et
maquillée par le silence et un faux-semblant de résignation. Ce
mouvement est à placer incontestablement dans le cadre des
résistances qui, menées par les paysans comoriens,
découlent directement des efforts déployés par le
régime colonial pour renforcer sa mainmise et imposer un nouveau
système en vue d'exploiter les ressources humaines et naturelles. C'est
une des formes de résistance qui mobilise un nombre important de
Comoriens, prés de 1200 hommes selon Jean Martin66(*). Pour l'administration, c'est
une surprise de taille, trois ans après l'annexion définitive de
Ngazidja. L'insurrection éclate à un moment où la paix la
plus profonde semble régner à la Grande Comore qui accueille la
nouvelle de la guerre avec indifférence. Les habitants se disent que la
guerre est loin et que de toute façon, c'est l'affaire des blancs. Mais
cette quiétude n'empêche pas les indigènes de participer au
conflit. Selon MARTIN J, « quelques centaines de
Comoriens »67(*) participent à la Guerre aux côté
d'un régiment de tirailleurs malgaches à Diégo - Suarez.
Le contexte de conflit est une occasion propice aux troubles. Pour la
première fois les Comoriens, comme les autres Africains
colonisés, voient le colonisateur se battre, et recourir à leur
aide. La participation africaine est à la fois
« ...militaire et financière ainsi qu'en fourniture de
matières premières et des produits alimentaires...»68(*)
Confiscation foncière, réorganisation
administrative, mauvaises conditions de vie et de travail, impôts...,
tout concourt à expliquer le soulèvement de juillet et août
1915 dans le nord de la Grande Comore. La tournée de l'administrateur
Teyssandier pour la collecte de l'impôt, est la goûte d'eau qui
fait déborder le vase. L'opération jugée de routine se
transforme en cauchemar, une sorte d' « opération
juillet noire ». Avec son équipe composé du garde
principal, du chef des services politiques et quelques employés et
miliciens indigènes, l'administrateur est accueilli par des cris de
haine dans le village de Djomani. Une localité qui devient le noyau du
soulèvement et dont l'effervescence est signalée bien avant cette
tournée. Les manifestants n'hésitent pas à s'en prendre
à une patrouille de miliciens indigènes qu'ils lapident et dont
ils confisquent les armes, fusils et baïonnettes.69(*) Le village de Djomani est
assiégé et les chemins y menant sont sous contrôle rebelle.
Les barrages érigés coupent toutes les communications avec
Mitsamihouli, ville où l'administrateur Teyssandier est bloqué
dans son bureau. Il ne doit son salut qu'à un renfort de tirailleurs
sénégalais venu de Madagascar, à la tête desquels se
trouvent l'inspecteur de province Guesdes, et l'administrateur Marcel Alglave.
Les coups de feu des tirailleurs dispersent les assaillants et
l'administrateur peut partir. La levée de l'impôt est
momentanément suspendue, en attendant le rétablissement de la
situation.
L'enquête réalisée suite à cet
événement permet d'établir une liste des meneurs les plus
compromis. Ces derniers rendent difficile leurs arrestation en se cachant dans
la forêt ou dans des endroits sûrs. Les gardes indigènes et
les tirailleurs Sénégalais chargés de les arrêter,
ne reçoivent pas l'aide escomptée des notables. Néanmoins
quatorze meneurs sont arrêtés, dont trois sorciers (
walimu), taxés de charlatans par l'administration, qui voit
grandir leur popularité, et c'est un « maillon fort de la
chaîne sociale. »70(*) Les arrestations sont systématiquement
suivies de sanctions exemplaires, allant des emprisonnements aux
déportations. Plus d'une trentaine de meneurs, activement
recherchés par l'administration constituent une menace sérieuse.
Les fonctionnaires craignent un rebondissement de désordres et emploient
tous les moyens pour les arrêter, en vain. La vigilance des
administrateurs est recommandée pour éviter une pareille
humiliation. Vers le 15 août, le calme revient, le village de Djomani est
évacué et les dissidents restituent les armes qu'ils ont
confisquées aux gardes indigènes le 24 juillet. Le calme
précaire ne signifie pas la fin des mouvements de contestation. Car les
Comoriens sont déterminés à aller plus loin dans cette
affaire, malgré les sanctions, et le Gouverneur de Mayotte
reconnaît que : « ...Ni menace, ni punition ne
parviennent à secouer l'apathie des Comoriens, et qu'il est
évident qu'il y' a mauvaise intention arrêtée de leur part
de ne pas payer 15 francs d'impôt... »71(*) Ainsi, une semaine plus tard
les troubles reprennent dans le canton de Oichili Dimani.
C. Le mouvement insurrectionnel dans la province de
Dimani en août 1915.
Le soulèvement de Djomani avait reçu la
participation d'hommes venus de la région de Mboudé, mais aussi
de la côte est de l'île de Ngazidja. Celui-ci semble s'effriter
plus tôt que prévu, et c'est dans le canton de Oichili - Dimani
qu'il se répercute. Ces nouveaux troubles sont attribués à
des réfractaires à l'administration, de retour des émeutes
de Djomani. Cette fois, un cap important est franchi, car en
général les soulèvements ont pour origine l'accroissement
ou la perception rigoureuse de l'impôt. Rarement, depuis la colonisation
effective de l'Île, les paysans ont cherché ou su consolider leurs
efforts contre le système établi. Les émeutiers de Dimani,
en réalité, se servent de la fiscalité pour chasser un
chef de canton indésirable, étranger et de surcroît,
Malgache. Le mouvement rassemble les personnes les plus compromises par celui
de Djomani, venus d'un peu partout de la Grande Comore.72(*) Contrairement à
d'autres agitations sporadiques, cette rébellion s'appuie sur une
mobilisation populaire importante et entraîne d'autres villages,73(*) quoi que le nombre des
manifestants soit inférieur à celui de juillet.
Dans cette province, Ratolojanahary le chef de canton
d'origine malgache, souffre d'un manque d'autorité. Une foule de
soixante manifestants réunis à M'tsangadjou, menace le
fonctionnaire, le maltraite avec ses porteurs. Il s'en échappe
grâce à l'intervention du frère de l'ancien chef de canton
(nom et origine non indiqués). La nouvelle de la récente
révolte court comme une traîné de poudre.
«... En se livrant au désordre, les habitants de la
province de Mboudé ont obtenu le résultat qu'ils voulaient,
c'est à dire n'avoir pas à payer l'impôt, et que par suite
il suffit de manifester violemment pour avoir satisfaction et ne pas acquitter
l'impôt... »74(*) Après ces menaces, les réfractaires,
estimés à 20075(*), s'installent dans le village de Sidjou, armés
de bâtons et de couteaux. Le nombre diverge selon les sources, 250 selon
la Direction des Affaires Civiles de Tananarive.76(*) Ils semblent s'attendre
à la visite des autorités.
C'est Tyssandier qui est chargé d'enquêter sur
ces évènements, il est accueilli à coups de pierres par
les insurgés. Les manifestants incendient la brousse pour lui barrer le
passage. Sous l'ampleur de la menace, il se résout à
négocier son passage et invite les agresseurs à se calmer. Mais
ceux ci n'obtempèrent pas et lapident Tyssandier et son escorte,
blessant des miliciens. Après avoir épuisé les moyens de
conciliation, il ordonne à ses gardes d'ouvrir le feu, pour disperser la
foule. On dénombre six miliciens blessés et, du coté des
manifestants, quatre blessés,( cinq selon l'autre source) et deux morts.
Il s'agit de Massimou et Mtsala qui, par leur fin tragique, inscrivent leurs
noms dans la légende comorienne. Hamadi Patiara succombera à ses
blessures un peu plus tard et alourdit la liste des victimes de cet
événement. Ils sont tous morts pour vivre aussi longtemps que
l'Histoire s'en souviendra. Selon cette légende, ils auraient
dépassé les limites territoriales que les sorciers ont
établi, au delà desquelles, il ne fallait pas poursuivre l'ennemi
(les blancs). La détermination des manifestants à faire la guerre
contre les blancs, suscite de vives réactions chez las habitants de
Mbadjini, province voisine. Des vieillards mbadjiniens auraient
déclaré : « ...Ces individus étaient
trop jeunes pour se rappeler du débarquement des troupes français
et des bombardements de 1886, 1987 et 1891. Sinon ils ne parleraient pas aussi
légèrement de guerre... » 77(*)
Ces émeutes et leurs conséquences de
blessés et morts, mettent à jour l'hypocrisie de
l'administration. Celle-ci prétend avoir donné des instructions,
selon lesquelles, il faut user de la conciliation et éviter tout recours
à la violence. Pourtant elle était déjà mise au
parfum de l'effervescence populaire, par le soulèvement de juillet. Du
coup les escortes sont renforcées, car on s'attend au pire. Autre fait
qui marque la volonté de museler ces événements c'est le
silence des journaux. Certainement pour ne pas faire de vagues qui risquent de
susciter la colère des anticolonialistes. Il s'agit d'une
stratégie dissimulatrice car, en cette période de guerre, ils
faut montrer que l'emprise sur les colonies est solide et que les colonies se
rangent derrière la « Mère Patrie ».
L'administration se voile donc la face, sachant que ce qu'elle veut montrer est
bien loin de la réalité.
Ainsi sont mis en veilleuse les évènements de
1915 et les rares sources qui y font allusion sont celles des tenants
coloniaux. Les Comoriens qui pourraient en parler sont déportés.
La plupart des déportés, sinon presque la totalité,
meurent en exil, dans des circonstances non élucidées. Un des
rares témoignages des insurgés comoriens, est la
célèbre « chanson » d'Ivessi Mgomri,
originaire du village de Chomoni (Oichili), connu sous le pseudonyme de
Bungala, à travers laquelle il raconte ses mésaventures.78(*) Ce silence mystérieux
laisse croire qu'il y en a eu d'autres événements de
résistance desquels le régime colonial n'a souhaité
parler. C'est aux historiens de déterrer ces pages de l'histoire,
délibérément passées sous silence, pour la
mémoire du peuple comorien.
Mais derrière ce langage et cette volonté
stratégiques, se cachent l'humiliation, la colère et une
détermination manifeste de punir les coupables, pour asseoir le pouvoir
déjà largement contesté, manifestement. Durant le mois de
septembre 1915, une véritable chasse à l'homme s'organise en
Grande Comore. Notables, chefs locaux et des villageois sont impliqués
dans ces arrestations, dénonçant et délivrant peu à
peu les réfractaires recherchés. Certains insurgés se sont
volontairement rendus à l'administration. Ainsi, près d'une
centaine de révoltés sont arrêtés, jugés et
condamnés à passer des années de leur vie en
internement à Madagascar et à Mayotte. Ceux qui ne sont pas
déportés purgent leurs peines en prison dans l'Île.
La liste des rebelles les plus influents, est composée
d'anciens chefs de villages, de notables, de sorciers, d'anciens tirailleurs,
des maître d'écoles coraniques...Elle nous témoigne de
l'implication des dignitaires de la société comorienne et laisse
percer la diversité des intérêts visés pour les
organisateurs et les participants. Certains y prennent part, en espérant
profiter de la situation pour occuper une place de choix dans l'administration.
C'est le cas d'Abdallah, fils du sultan Moussafoumou qui a failli être
nommé chef de canton dans le nord après les émeutes de
Djomani. Mais, selon MARTIN J,79(*) il est considéré comme un sujet de
satisfaction pour les réfractaire et la place est attribuée
à Mzé Higné Bantsi, un notable de Ouella qui a joué
un rôle de conciliateur durant les émeutes. D'autres veulent
chasser les blancs pour restaurer le système précolonial. C'est
le cas du prince Said Housseine,80(*) rebelle et figure charismatique du sud de la Grande
Comore. Ce dernier est soupçonné d'avoir excité les
paysans de Mboudé à la désobéissance, tout en
« nourrissant de grandes ambitions, il rêvait de restaurer
un pouvoir monarchique dont il aurait pris la tête. Il poussa ainsi les
paysans à ne pas payer l'impôt... »81(*) Il y' a ceux qui n'ont rien
à y gagner que la fierté et peut être la
célébrité. C'est probablement l'exemple de Massimou et
Mtsala, seules victimes des affrontements. Parmi ces agitateurs, se trouvent
les principaux perdants, les déportés et les autres prisonniers
qu'on appelle « les mauvais sujets ».82(*) Il y a surtout ceux qui
parviennent à échapper aux arrestations. Car elles ne frappe que
des figurants et des acteurs de second plan qui n'ont pris qu'une part
très modeste aux manifestations, selon MARTIN J. Ce dernier dresse une
liste de personnages de premier plan de ces troubles, et qui n'ont pas
été condamnés : Kari Mondoha notable de Kourani,
Abderrahman Moilimou fidèle conseiller du sultan Said Ali, Said Hussein
fils de Said Ali...
Revenu de cette excursion du coeur de l'impôt et son
corollaire en Grande Comore, il en ressort que les Comoriens se sont
efforcés de combattre les mesures et les institutions du nouveau
système, après avoir échoué dans le combat contre
l'instauration du régime colonial. Les évènements de
juillet et août 1915 ont pour objectif le refus de payer l'impôt.
La fiscalité est une contribution de la population
à la mise en valeur de leur territoire par la biais du budget local.
Pourtant, les Comoriens constatent que rien n'est fait en échange. Les
contribuables, sous toutes les latitudes, souhaitent que le paiement de
l'impôt, se traduise par des améliorations dans leurs conditions
de vie. Les propositions les plus avancée sont le remaniement de
l'assiette fiscale, et le règlement de la question agraire en
résolvant les litiges avec la Société de la Grande Comore.
Deux questions épineuses qui se trouvent aux coeur toutes les
hostilités. Partielle, locale, éphémère ou quel que
soit le dénominateur attribué à la résistance
grande comorienne, l'insoumission, l'inertie et les insurrections paysannes
constituent un volet important des pages de l'anticolonialisme aux Comores.
ANNEXES.
Le sultan Said Ali. Source : « le
journal » du 18 août 1907, CAOM, MAD, SG C 315 D815.
Le prince Said Houssein. Source : MAURICE M, Un Mzungo aux
Comores journal 1945-1948, de mémoire d'homme, Paris,
1995.
Léon Humblot ( au milieu). Source : GUEBOURG J L,
la Grande Comore, des sultans aux mercenaires, l'Harmattan, Paris, 1994.
TRAITE COMMERCIAL ENTRE SAID ALI ET LEON
HUMBLOT.
A bord du Boursaint, rade de Moroni, Grande Comore, le 5
novembre 1885.
Entre les soussignés : son altesse Said Ali ben
Said Omar, sultan de la Grande Comore et tous ses ministres, Mohamed ben Ahmet,
Said Abane ben Cheikh Ahmet, Osman ben Ralid, Haissa ben Said, Souali ben
Mohamed Fahaia, Mzé ben Kalfane, Ahada ben Moinidjou, Mohamed ben Isa,
Bambaouma ben Mougne Mambo, Tamouben Ali, Abdallah ben Ahmet, Issouf ben
Moinidjou, Moinjefoumou ben Aoussa, Abdrohamani ben Bemba, M'Bouana ben
Moinigoussa, Azirbin ben M'Bambaouma, Ali ben Ivesi, d'une part ;
M. Léon Humblot, naturaliste français de
l'autre ;
Art. I - Son Altesse s'engage
à ne donner son pays, ou à ne le mettre sous aucun protectorat
que celui de la France.
Art. II - Son Altesse donne à
Léon Humblot le droit d'exploiter dans toute l'étendue de
l'île toute richesses naturelles quelconque ( sic) et toutes les terres
qu'il voudra mettre en culture ; ces terres sont données en toutes
propriété sans impôt, ni location, avec faculté
à L. Humblot de pouvoir, s'il le juge à propos, former une ou
plusieurs sociétés pour les différentes branches de
l'exploitation de l'île.
Art. III - Son Altesse s'engage
à ne donner à personne sans l'assentiment du dit Léon
Humblot des terres ou le droit d'exploitation.
Art. IV - Son Altesse s'engage
à fournir des travailleurs qui seront engagés pour cinq ans
à raison de 100 francs par tête et par an.
Art. V - Si dans l'avenir le sieur
L. Humblot est arrivé à donner au pays la
prospérité du travail et du commerce, Son altesse s'engage
à prendre les mesures nécessaires pour arriver, dans un temps
donné à abolir l'esclavage dans l'île de la Grande
Comore.
Art. VI - Son Altesse garantit et
répond des exploitations ou cultures qui pourraient être
détruites par le fait de ses sujets.
Art. VII - L. Humblot s'engage
à employer au bout de cinq ans d'installation dabs le pays au moins cinq
cents hommes ; dans le cas contraire, son Altesse pourra donner les
concessions à d'autres personnes.
Art. VIII - Léon Humblot
s'engage à donner à son Altesse 10% sur les
bénéfices réalisés dans les différentes
branches de l'exploitation de l'île.
Art. IX - L. Humblot
s »engage à verser à son Altesse, trois mois
après la signature du présent traité, la somme de 5 000
piastres qui sera remboursable sur les travailleurs.
Art. X - L. Humblot s'engage
à respecter les lois et moeurs du pays.
Art. XI - En cas de désaccord
entre les deux parts ou héritiers de l'une ou l'autre part les
différends seront tranchés par les tribunaux français.
« Signatures : L. Humblot, Said Ali ben Said
Omar, Ch. Legros, Said Omar, Mohamed ben Said Omar, Tu Bae Ali Agi - Haada ben
Niounidjou, Soili ben Mohamed Fahaia, Moindjefoumou ben Aoussa, Abdallah ben
Amadi, Mohamadi ben Amadi, Said Habane ben Chei, Said Amadi ben Sidi, Mohamed
ben Isa, Assouamni ben Alidini Ioussoufou ben Moignedjou, Tamou ben Ali, M'Bae
ben Assoumani, Ali ben Ivesi, Boina ben Suognedjou, Houadjiri ben Bambaouma,
Abderrahman ben Bemba, Mzé ben Kalfane, Bambaouma ben Mougne
Mambo..." «
Signé le 10 novembre 1885
TRAITE DU 6 JANVIER 1886.
Entre son Altesse Said Ali ben Said Omar, sultan thibé
de la Grande Comore, assisté par :
MOHAMED ben ACHMET, 1er Ministre, et ABDERRHAMAN,
2ème Ministre ;
Et en présence des princes SAID BAKARI, BOINAFOUMOU,
sultan particulier de MISSAHOULI et MOHAMADI SIDI ben SAID OMAR, frère
de son Altesse, d'une part
Et le gouvernement de la République française
représenté par M. GERVILLE REACHE, commandant de Mayotte, en
présence de M. de Bausset, ROQUEFORT DUCHÂINE d'ARBAUD, capitaine
de frégate, officier de l'Etat le LABOURDONNAIS et MM. RICHE,
médecin de l ère classe de la Marine, chevalier de la
Légion d'honneur, de LESTRAC, sous commissaire de la Marine, ROPARS et
ROUHET, enseigne de vaisseau ; d'autre part :
Il a été convenu ce qui suit :
ARTICLE PREMIER
Le Gouvernement de son Altesse désirant assure
l'indépendance de la GRANDE COMORE et resserrer les liens
d'amitié existant depuis longtemps entre lui et la France,
déclare accorder une situation prépondérante au
gouvernement français dans les affaires de cette île à
l'exclusion de toute autre nation.
ARTICLE 2
Il s'engage à ne céder aucune partie du
territoire et à ne traiter avec aucune autre puissance sans avoir obtenu
préalablement l'assentiment du gouvernement français.
ARTICLE 3.
Son Altesse voulant en même temps assure la paix et la
tranquillité dans ses Etats et éviter les compétitions
entre les différents chefs subalternes du territoire, offre de laisser
subsister les cinq sultans existant actuellement, à savoir :
1° BAMBAO
2° TS ANDA
3° MISSAMIOULI
4° BOUDE
5° BADJINI,
et de conserver à la tête de chacun, un chef qui
portera le titre de sultan et sera placé directement sous
l'autorité du sultan thibé qui se réserve la direction
spéciale du sultanat de BAMBAO, dont la capitale esT MORONI.
ARTICLE 4.
Son Altesse prend l'engagement :
1° de ne placer ni de révoquer aucun souverain de
l'île sans le consentement du délégué du
gouvernement français.
2° de ne faire ni de laisser faire dans ses Etats aucune
guerre sans prendre l'avis de l'autorité française.
PROTECTORAT FRANÇAIS DES COMORES.
TRAITÉ
PASSÉ ENTRE SA HAUTESSE SAID ALI, SULTAN DE LA
GRANDE COMORE ET LE GOUVERNEMENT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE. 6
JANVIER 1892.
Sa hautesse, Said Ali, sultan de la Grande Comore, ben said
Omar, chevalier de la légion d'honneur, soucieuse d'empêcher le
retour des révoltes qui ont éclaté à plusieurs
reprises dans ses Etats ; désirant, en outre, assurer à son
pays la paix et la tranquillité ainsi que le bonheur et la
prospérité de ses sujets, a arrêté les conventions
suivantes avec le gouvernement de la république française
dûment représentée par M. clovis Papinaud, chevalier de la
légion d'honneur, officier de l'instruction publique, Gouverneur de
Mayotte, représentant du protectorat français aux Comores.
ARTICLE PREMIER.
Les fonctions de Ministre, ainsi que le Kabar des Ministres
comme conseil de Gouvernement sont et demeurent supprimés. Le sultan ne
recevra désormais de conseil que du Résident de France.
ART. 2.
Sont également supprimés les sultanats
particuliers de Bambao, Itsandra, Mitsamiouli, Boudé et M'Badjini. Le
sultan régnera seul sur toute le Grande Comore.
ART.3.
Chacun des actes du sultan devra être
contresignés par le Résident de France, qui sera chargé
d'en assure l'exécution.
ART.4.
Le Résident de France aura sous ses ordres le personnel
de la police. Aucune force publique ne pourra se recruter, s'organiser ni se
mouvoir que par les ordres du Résident.
ART.5.
Le Résident de France sera reçu par le sultan en
audience privée toutes les fois qu'il le demandera. Il assistera, de
droit, à tous les pourparlers, conférences ou audiences que le
sultan pourra avoir avec les représentants ou agents des puissances ou
nations étrangères.
ART.6.
Le justice sera rendue au nom du Sultan, conformément
aux lois, usages et coutumes du pays, par les cadis régulièrement
investis.
ART.7.
Un tribunal mixte, composé du Résident de
France, Président, d'un Cadi et d'un assesseur français,
connaîtra en dernier ressort des sentences prononcées par les
Cadis.
Toutefois, les demandeurs pourront porter directement leur
cause devant le tribunal mixte.
Le tribunal mixte jugera en dernier ressort les affaires
criminelles, ainsi que les attentats commis contre la sûreté de
l'Etat.
ART.8.
Les différends de toute nature qui pourraient
s'élever entre Français et étrangers habitants la Grande
Comore, ou entre étrangers non domiciliés dans les Etats du
sultan et les Comoriens, seront jugés par le tribunal mixte.
ART.9.
A compter du 1er janvier 1893, toutes les
dépenses du services du protectorat français à la Grande
Comore seront supportées par le budget du sultanat.
ART.10.
Tout les revenus du royaume seront versés à la
caisse d'un comptable nommé par le gouvernement français. Ce
comptable sera chargé de la perception des impôts, taxes et
revenus, ainsi que du payement des dépenses.
ART.11.
Tous les ans, avant le mois de décembre, le
Résident de France dressera, pour l'année suivante, un projet de
budget des recettes et des dépenses du sultanat. Ce budget sera
définit et rendu exécutoire après avoir été
homologué par le sultan et approuvé par le Gouverneur de Mayotte.
ART.12.
Le Résident de France aura la liquidation,
l'ordonnancement et le mandatement de toutes les dépenses du sultanat.
Il devra se conformer aux règles de la comptabilité publique
française.
Une commission de trois membres, nommés par le
Gouverneur de Mayotte, procèdera, tous les ans à la
vérification et à l'apurement des comptes présentés
par le Résident et le
comptable.
ARt.13.
Le Gouvernement de la République française
prêtera au sultan son appui moral et, s'il y a lieu, effectif en vue du
maintien de l'ordre et de la tranquillité du Royaume.
ART.14.
Le traité du 6 janvier 1886, intervenu entre le
Gouvernement de la République française et sa Hautesse le Sultan,
est maintenu en tout ce qu'il n'a pas de contraire aux présentes
conventions que les parties contractantes s'engagent à exécuter
de bonne foi. En cas de contestation, le texte français seul pourra
être invoqué.
ART.15.
Le présent traité ne sera définitif
qu'après sa ratification par le Gouvernement de la République
française.
Fait en rade de Moroni, à bord de l'Eure, le 6 janvier
1892, en trois exemplaires, français et sahoueli, qui ont
été revêtus du sceau et du contreseing des parties
contractantes, a prés lecture faite des deux textes, et en
présence de MM. Valat, capitaine de frégate commandant
l'Eure ; Humblot, Résident de France à la Grande
Comore ; Prince Said Hassan, dit Saïdina ben Sultan Said Omar,
frère du Sultan ; Mornet, lieutenant de vaisseau, officier en
second de l'Eure, et Castaing, chef du secrétariat du Gouvernement de
Mayotte.
Signature de : Said Ali Sultan de la
Signé : PAPINAUD.
Grande Comore, ben Sultan Said Omar.
VALAT.
SAID HASSAN, dit Saïdina ben Sultan
L. HUBLOT.
Said Omar.
CH. MORNET.
Répression de l'insurrection de 1915 en Grande
Comore, liste des déportés.
Nom Âge origine rang social lieu d'exil
durée
Mondoha Brahimou 45 ans Kourani ancien chef Sainte-Marie 5
ans
Icilamou Assoumani 50 ans Helendje notable Sainte-Marie 5
ans
Oussoufi Karioudja 60 ans Maoueni sorcier Sainte-Marie 5
ans
N'gouzou Moindze 50 ans Djomani sorcier Sainte-Marie 5 ans
Said Amed Said Bacary 37 ans Moroni .......... Sainte-Marie 5
ans
Sambaouma Amadi 28 ans Idjinkoundzi sorcier Sainte-Marie 5
ans
Mogne Amadou 31 ans Mtsangadjou notable ............... .....
Moadjou Saidou 20 ans Mboudé chef de la bande
Sainte-Marie 5 ans
Mohamadi Moidze Homa 60 ans Corani Grand sorcier Sainte-Marie 5
ans
Mdohoma Hona 40 ans M'tsangadjou notable Sainte-Marie 5 ans
Moeva Moa 40 ans Mboudé chef de village Sainte-Marie 5
ans
Chehezi Hadji Abdallah 29 ans M'tsangadjou notable Sainte-Marie
5 ans
Mzimba Ciaka 51 ans Tsoralé notable Nosy -Lava 5 ans
Mchinda Mohoma 30 ans Mtsangadjou sorcier Nosy -Lava 5 ans
Hadji Boina 65 ans Mtsangadjou sorcier Nosy- Lava 5 ans
Amadou Moilimou 60 ans Mtsangadjou notable Nosy- Bé 5
ans
Moindandzé Oussoufi 45 ans notable Nosy -Bé 5
ans
M'dahoma Amadi 32 ans Sidjou notable Sainte-Marie 5 ans
M'boreha Amadi 60 ans M'tsangadjou notable Mayotte 5 ans
Soilihi Brahimou 45 ans Mirereni chef Mayotte 5 ans
Assimakou Ali 30 ans Douniani ........ Nosy- Lava 5 ans
Soimrou Bambaouma 50 ans Douniani notable Nosy -Lava 5 ans
M'katibou Mohomadi 45 ans Ouzioini .......... Sainte-Marie 5
ans
Momadi Boina 25 ans Ouzioini ........... Sainte-Marie 5 ans
Oussoufi Mchangama 45 ans Chamlé notable Sainte-Marie 5
ans
Mfoihaia Moigné 30 ans Maoueni ......... Sainte -Marie 5
ans
M'dahoma Amadi 28 ans Maoueni ......... Nosy- Bé 5
ans
Homadi Chei 25 ans N'taoueni .......... Sainte-Marie 5 ans
M'dahoma Amadi 28 ans Djomani ...........
Icilamou Brahimou 50 ans Djomani Maître d'école
coranique Nosy- Lava 5 ans
Karibangoue Aziri 60 ans Djomani sorcier Nosy- Lava 5 ans
Milani Karihila 28 ans Mandza sorcier Sainte-Marie 5 ans
Abdallah M'changama 30 ans Ouella Ancien milicien
Sainte-Marie 5 ans
Saidou Adamou 57 ans N'tsaoueni notable Sainte-Marie 5 ans
Fadhili M'bambaouma 20 ans Djomani ......... Sainte-Marie 5
ans
M'dahoma Fombaba 68 ans N'tsadjeni .......... Mayotte 5 ans
Saidou Djimba 45 ans Ouhozi .......... Sainte-Marie 4 ans , 6
mois
Icilamo Iahahia 33 ans Mboudé sorcier Sainte-Marie 4
ans, 6 mois
Soilihi Amadi 30 ans Maoueni ......... Sainte-Marie 4 ans
Amada Foundjimba 69 ans Djomani sorcier et Sainte-Marie 4 ans
et 6 mois
Ancien chef de canton
Mlimi Mvoulana 59 ans Djomani notable Nosy- Lava 3 ans
Assoumani M'voulana 68 ans Djomani notable Nosy -Lava 4 ans et
6 mois
Alimassi Bambaouma 40 ans Simboussa ........ Sainte-Marie 4
ans
M'homadi M'changama 56 ans Djomani ancien chef Sainte-Marie 4
ans et 6 mois
Icilamou Zahabe 50 ans Simboussa notable Sainte-Marie 4 ans et
6 mois
M'latamou Oussoufi 30 ans Djomani ancien tirailleur Sainte-Marie
4 ans et 6 mois
M'dahoma Mdjimba 52 ans Ivembeni notable Sainte-Marie 4 ans et
6 mois
Mogne Amadi 45 ans Ivembeni notable Nosy- Bé 4 ans et 6
mois
Djahe Mohoma 18 ans N'tsoralé ......... Sainte-Marie 4
ans
Soilihi Ali 20 ans Foumboudzivouni Sainte-Marie 4 ans
Mnemoa Samba Ouma 66 ans M'tsangadjou médecin/sorcier
Nosy -Bé 4 ans et 6 mois
Dahoma Moeva 58 ans Chamlé .......... Sainte-Marie 3
ans
Alhamidi Homa 45 ans Djomani .......... Nosy- Lava 3 ans
Moilimou M'roimana 18 ans Djomani .......... Nosy- Lava 3 ans
M'homa Ivessi 35 ans Founga ........... Sainte-Marie 3
ans
Moadjou Bissa 22 ans Djomani ............ Sainte-Marie 3ans
M'bae M'lomri 70 ans Djomani homme influent Nosy-
Bé 2 ans
Abdallah Oumouri 50 ans Mandza notable Nosy- Lava 4 ans
Momadi M'soma 50 ans Djomani notable Nosy- Lava 3 ans
Amada Saïdou 44 ans Ouhozi notable Nosy- Bé 4
ans
Backary Mondoha 50 ans Kourani ......... Sainte-Marie 4 ans
M'vouna M'limi 50 ans Ivembeni .......... Nosy- Lava 3 ans
Djabiri Mnemoi 23 ans Domoidjou ........... Sainte-Marie 3
ans
Mrendada Moinzde 40 ans Helendje ........... Sainte-Marie 3
ans
Momadi Salimou 26 ans Founga ...........
Aboudou Abdallah 25 ans Djomani ........... Nosy Lava 3 ans
M'homadi Mrohavoreha 30 ans Helendjé notable Nosy
Bé 4 ans
Iahaia M'chinda 60 ans M'boudé ......... Nosy- Lava 3
ans
Kassimou Soilihi 23 ans Foumboudzivouni .... Nosy- Bé 3
ans
Ivessi M'gomri (Boungala) 34 ans Chomoni ............ Mayotte 3
ans
M'kavavo Oulovavo 29 ans Maoueni ............ Nosy- Lava 2
ans
Mabroukou Mzé 19 ans Djomani ............. Nosy -Lava 2
ans
Djassiri Mogne Akili 25 ans Djomani ............. Nosy-
Bé 2 ans
Said Mohammed 20 ans Djomani ............. Nosy -Bé 2
ans
Ibouroi Ali 40 ans Kourani .............. Sainte-Marie 2 ans
et 6 mois
Mzé Hemou Boina 58 ans Foumbouni .............. Mayotte
2 ans et 6 mois
Fombamba Daoudou 70 ans Djongoue .............. Mayotte 2 ans et
6 mois
Bafounou Soudja 72 ans Douniani .............. Mayotte 2 ans et
6 mois
Mogne Mroiuvili 30 ans Founga .............. Nosy- Bé 2
ans et 6 mois
M'dahoma Madi Djimba 70 ans Djomani ............... Mayotte 2
ans et 6 mois
Said Galoi 20 ans Djomani .............. Mayotte 2 ans et 6
mois
Madina Mfoihaia 26 ans N'tsaoueni .............. Nosy- Lava 2
ans
Djabiri Idjabou 35 ans Ivembeni .............. Mayotte 2 ans et
6 mois
Amadi Mavoubaïa 27 ans Moroni Notable Mayotte 2 ans et 6
mois
Moindzaounie M'vouna 17 ans Djomani ........... Mayotte 1 ans et
6 mois
Sea Mroivili 25 ans Bouenindi ........... Mayotte 1 an
Saidou Ali 60 ans Djomani ............ Mayotte 1 an
Ali Bacary 30 ans Ouhozi ............ Mayotte 1 an
Mogne Mzé ....... Chindini ............ Moroni 1 an
Abdallah Mazi ....... Simamboini chef du village Moroni 1 an
Ali Karizombo ........ Foumbouni ............ Mayotte 2 ans
Dahoma Ceho ........ Kové Chef du village Mayotte 1
an
Smaeli M'babamba ....... Dembeni .......... Mayotte 1 an
Simbamba Tsahoi ..... Tsinimoichongo ..... Mayotte 1 an
Sources : FL 18118, Bibliothèque d'Ankatso
Université d'Antananarivo Madagascar.
STATISTIQUES DE L'INDIGÉNAT EN 1936 :
NOMBRE DE PEINES INFLIGÉES.
Infractions
|
Mayotte
|
Anjouan
|
Gde Comore
|
Mohéli
|
Totaux
|
Refus d'obtempérer sans excuses valables aux
convocations
|
24
|
31
|
25
|
7
|
87
|
Actes irrespectueux
|
2
|
2
|
3
|
//
|
7
|
Refus d'obtempérer aux réquisitions
|
38
|
1
|
7
|
//
|
46
|
Défaut de livret d'identité
|
199
|
6
|
94
|
9
|
308
|
Retard dans le payement de
l'impôt
|
301
|
442
|
173
|
130
|
1055
|
Sources : Centre des Archives d'Outre-Mer, Fond
Ministériel, commission Guernut//75 B58.
LISTE DES RESIDENTS EN GRANDE COMORE.
Nom
|
Fonction
|
Arrivée
|
Départ
|
M. Weber
|
Docteur
|
Novembre 1886
|
Décembre 1887
|
M. Le Corney
|
Commissaire de la marine
|
Janvier 1888
|
Novembre 1888
|
M. Pupier
|
Instituteur
|
Novembre 1888
|
Novembre 1889
|
M. Léon Humblot
|
Colon
|
Novembre 1889
|
Juin 1896
|
M. De Cases
|
Commandant
|
Juin 1896
|
Novembre 1897
|
M. Pobeguin
|
Administrateur
|
Novembre 1897
|
Avril 1899
|
M. Du Plantier
|
Médecin de la marine
|
Avril 1899
|
Septembre 1899
|
M. Alby
|
Commissaire de la marine
|
Septembre 1899
|
Décembre 1899
|
M. Bellemar
|
Colon
|
Décembre 1899
|
Avril 1900
|
M. Sallefranque
|
Administrateur
|
Avril 1900
|
Août 1900
|
M. Grantier
|
Commis des secrétariats généraux
|
Août 1900
|
Juillet 1901
|
M. Weisseyre
|
Administrateur
|
Juillet 1901
|
Août 1902
|
M. René Pierre
|
Administrateur
|
Août 1902
|
Avril 1903
|
M. Manguey
|
Administrateur
|
Mai 1903
|
Septembre 1903
|
M. Lemaire
|
Administrateur
|
Septembre 1903
|
Octobre 1903
|
M. Massel
|
Commis des secrétariats généraux
|
Octobre 1903
|
Avril 1904
|
M. Feuilland
|
Commis principal
|
Mais 1904
|
Décembre 1904
|
M. Carten
|
Administrateur
|
Janvier 1905
|
Juin 1905
|
M. Pierre Martin
|
Administrateur adjoint
|
Juin 1907
|
Juin 1909
|
M. Lachat
|
Administrateur Adjoint
|
Juin 1909
|
Mai 1911
|
M. Pierre Martin
|
Administrateur adjoint
|
Mai 1911
|
Février 1913
|
M. Teyssandier
|
Administrateur
|
Mars 1913
|
Janvier 1916
|
M. Pechmarty
|
Administrateur
|
Janvier 1916
|
Avril 1918
|
M. Pierre Martin
|
Administrateur
|
Avril 1918
|
Juin 1919
|
M. Marcel Avignon
|
Administrateur
|
Juin 1919
|
Avril 1922
|
M. Charles Allard
|
Administrateur adjoint
|
Avril 1922
|
Novembre 1923
|
M. Georges Lavau
|
Administrateur
|
Novembre 1923
|
Novembre 1925
|
M. Pierre Martin
|
Administrateur
|
Novembre 1925
|
Juillet 1927
|
M. P. Russier
|
Administrateur
|
Juillet 1927
|
Novembre 1928
|
M. D'Haussy Raoul
|
Administrateur
|
Novembre 1928
|
Octobre 1929
|
M. De Labarre Thaly
|
Administrateur
|
Octobre 1929
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Juillet 1930
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M. Paton François
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Administrateur adjoint
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Août 1930
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Décembre 1931
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M. Ravel
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Administrateur
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Décembre 1931
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Mars 1932
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M. Pitou Roger
|
Administrateur
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Mars 1932
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Décembre 1934
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M. Dalbiez
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Services civils
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Décembre 1934
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Mars 1938
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M. Beaumer Henry
|
Administrateur adjoint
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Mars 1938
|
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RESUMÇ DES REPONSES DES CHEFS, DES NOTABLES ET
DE LA POPULATION DE LA GRANDE COMORE A LA PROCLAMATION DU GOUVERNEUR GENERAL
(après les insurrections de juillet - août 1915).
Nous avons écouté les belles paroles utiles et
profitables venant du Gouverneur Général et nous sommes tous
soumis aux ordres du Gouvernement Français qui, depuis que nous sommes
ses sujets, nous comble toujours de bontés et de bien faits pour
lesquels nous lui devons une très profonde reconnaissance. Nous avons
écouté la voix et avons obéi.
Les mauvais sujets qui ont essayé de troubler l'ordre
dans la Grande Comore ont voulu mettre une tâche sur nous par leur
mauvaise action. Ils sont des ennemis d'eux même et de nous.
Nous sommes très peinés, de leur mauvaise
action, ils méritent une grande punition ; mais comme le
Gouvernement Français est très généreux pour ses
sujets il a choisi les promoteurs et les principaux de ces malfaiteurs pour les
punir.
A cette occasion, nous nous sommes rendus compte de toute la
justice et de toute le bienveillance du Gouvernement Français, puisque,
seuls les meneurs et les plus compromis ont été frappés.
Nous attestons formellement que, grâce à Dieu, des faits pareils
ne se renouvelleront plus. Les malfaiteurs sont des rebelles et des gens
stupides.
Nous sommes bien contents de voir que le Gouvernement
Français a constaté que les désordres ont
été commis par de mauvais sujets, qu'il n'en a pas fait retomber
les conséquences sur nous et qu'il reste toujours en pleine confiance
vis-à-vis de nous.
C'est pour nous un grand honneur et nous en sommes
reconnaissants au Gouvernement Français que parmi les cause pour
lesquelles il combat, figure l'indépendance de l'islam et des Musulmans,
dont beaucoup sont ses sujets et servent sous son glorieux drapeau.
Nous savons que nous continuerons à être loyaux
et fidèles envers notre tendre mère et que nous la servirons
toujours.
Nous savons parfaitement que la punition qui a
été infligée aux malfaiteurs est un bien
général pour l'avenir. Par conséquent, s'il y avait encore
des individus pareils, nous ne manquerons pas de les conduire devant le
Résident.
Nous avons écouté les paroles de Monsieur le
Gouverneur Général dans lesquels il nous dit que nous pouvons
avoir entière confiance dans la sollicitude du Gouvernement
Français qui ne tiendra pas rigueur des désordres dus à
certains mauvais sujets, puisqu'ils ont été arrêtés
avec le concours de la population, Dieu merci.
Le Gouvernement Français nous fait savoir qu'il
continuera à nous témoigner l'affectueuse bienveillance d'une
mère pour ses enfants. Nous lui sommes profondément
reconnaissants de cette parole d'une si grande bienveillance.
Lorsque nous aurons des affaires, nous irons toujours voir le
Résident, et nous tous vous en remercions. Nous savons que le
Gouvernement Français est très juste. Nous savons
également que nous pouvons être assurés de sa bienveillante
sollicitude.
Par exemple, nous avons vu que les mauvais sujets ont
été déportés et qu'au contraire, les bons sont
restés heureux chez eux.
Nous somme honteux que quelques Comoriens aient commis des
désordres dans la Grande Comore.
Nous répétons encore que de pareille mauvaises
actions ne se produirons jamais plus à la Grande Comore.
Nous acceptons toujours sur la bienveillante sollicitude de la
France.
Nous sommes toujours prêts à la servir, bien
obéissants et bien dévoués, sans arrière
pensée, ni insoumission. Nous ne suivrons pas les ignorants, les hommes,
les hommes sans intelligences, car ce sont les ignorants qui doivent être
guidés par les sages. Dieu a dit : « obéissez
à Dieu, au Prophète et à votre souverain .»
Notre souverain est le Gouvernement Français qui est haut placé,
qui est notre père et notre mère et qui nous garde par sa
protection et ses bon conseils.
Nous prions Dieu pour notre puissant Gouvernement, nous lui
demandons qu'il soit victorieux de touts ses ennemis qui sont les
nôtres.
Nous sommes, grands et petits et jusqu'aux femmes,
fidèles à la nation magnanime qui est notre fierté, nous
prions Dieu d'augmenter notre fidélité à la glorieuse et
bienfaitrice nation française qui est la nôtre. Dieu la conserve.
Qu'il l'élève au dessus des autres peuples, elle qui est
supérieure aux autres nations.
Nous sommes profondément reconnaissants à M. le
Gouverneur Général de tout ce que vous nous avez dit. Il est
véritablement notre père et notre mère. Nous lui
renouvelons l'expression de notre respect, de notre dévouement de notre
fidélité./.
QUELQUES DATES REPERES DE L'HISTOIRE DES COMORES.
Xème siècle.Selon
la tradition, Mohamed ben Othman aurait introduit la circoncision et
l'Islam.
XIIème siècle. Les
géographes arabes (comme Edrisi) mentionnent une " région de Qumr
" et un " canal de Qumr ", proches des sources du Nil. On peut supposer que ces
termes désignaient la zone du canal de Mozambique. Ils ont fini par
s'appliquer spécifiquement à l'archipel des Comores.
XVIème siècle. Des
Portugais s'installent à la Grande Comore dans les toutes
premières années du siècle.
1506.Arrivée d'une flotte, conduisant
des " Chiraziens " (qui sont peut-être tout simplement originaires de
Kilwa), sous l'autorité de Mohamed ben Haïssa.
Fin XVIème-XVIIème
siècles. Les marins comoriens commercent dans l'océan
Indien, entre l'Afrique et Madagascar, et jusqu'à la Mer Rouge. Les
pirates européens commencent à relâcher dans l'archipel.
Les Comores, et particulièrement Anjouan, très accueillante,
deviennent une escale très fréquentée.
XVIIIème siècle.
Dans la seconde moitié du siècle, des flottes malgaches
(composées surtout de Betsimisaraka et pouvant compter jusqu'à 18
000 hommes) viennent ravager les côtes comoriennes.
1780. destruction de la ville de Domoni
(à Anjouan) par les pirates malgaches
1805. Iconi (à la Grande Comore) est
prise en 1805. La ville d'Iconi tombe entre les mains des pirates malgaches
après des combats légendaires qui durèrent plusieurs
jours. Ces razzias, très dommageables, incitent les sultans à
rechercher la protection des puissances européennes.
1816. Le sultan Abdallah Ier qui
a construit la forteresse de Mutsamudu (Anjouan), pour se défendre
contre les incursions malgaches, se rend à Bourbon pour solliciter la
protection de Louis XVIII.
1828. Ramanateka, un Hova, vient,
après la mort de Radama Ier se réfugier à Anjouan, avec
une centaine de compagnons. Le sultan lui permet de s'installer à
Mohéli. Ramanateka y prend le pouvoir et, converti à l'Islam, en
devient le sultan, sous le nom d'Abderahmane.
1831. Mogne M'kou se déclare vassal du
roi de Portugal.
1841. Un traité signé par
Andriantsuli, qui cède la propriété de l'île de
Mayotte à la France.
1843. Le commandant Passot prend possession
de Mayotte.
1846. Abolition de l'esclavage à
Mayotte
1848. Un consul anglais s'installe dans
l'île d'Anjouan et cherche à y faire prévaloir l'influence
britannique. Mais quand la Grande Bretagne tentera d'obtenir, en 1882,
l'abolition de l'esclavage dans l'île, le sultan se tournera vers la
France, dont il sollicite l'intervention.
1850/1852. Guerre dite de Mbadjini.
1864. Guerre de M'dé ( Bambao).
Décembre 1864. Intervention des marins
français à Iconi.
1865. Le traitant Lambert, venant de
Madagascar, où il avait été fait " duc d'Imerina " par le
roi Radama II, obtient de la reine de Mohéli une concession exorbitante,
" pour mettre l'île en valeur ".Soutenu par la marine française,
il y séjourne jusqu'à sa mort, en 1878. L'île connaît
alors une période d'anarchie, attisée par les manoeuvres
concurrentes de la France et de l'Angleterre.
1867 ou 1868. M'safoumou se proclame sultan
tibé.
1874. Guerre de Manda.
Août 1875. Mort du Sultan Ahmed dit
Mogne M'kou, sultan d'Itsandra.
1879. Said Ali rend visite au sultan
M'safumu. Said Ali en Badjini.
Avril - août 1880. Reconquête de
l'Île de la Grande Comore par Said Ali qui se proclame sultan
tibé.
1881. Guerre de Mihambani.
Janvier 1882-janvier 1883. Seconde guerre qui
oppose Said Ali à M'safoumou.
Février 1883. Mort de M'safumu, sultan
d'Itsandra.
1883.Léon Humblot, envoyé par
le Muséum d'Histoire Naturelle de Paris pour étudier la flore et
la faune des îles de l'océan Indien.
5 Septembre 1884. Arrivée de
Léon Humblot à Moroni, recommandé par Ferriez à
Said Ali, il herborise jusque dans le Mbadjini.
Le 5 novembre 1885. Signature du
traité commercial entre Le sultan said Ali et Léon Humblot.
6 janvier 1886. Signature du traité de
protectorat de la Grande Comore.
Juin - juillet 1886. Séjour de Karl
Wilhem Schmidt aux Comores.
1886. Guerre de Mnadzwanyongo.
1886. Le gouvernement français impose
à Anjouan, Mohéli et la Grande Comore des traités de
protectorat, reconnaissant son droit de regard sur les affaires comoriennes.
Janvier 1887. Première
démonstration militaire française en Badjini ( Grande Comore),
Foubouni est prise.
17 mai 1887. Constitution de la
Société Française de la Grande Comore.
1888. Famine dite Mongwanane.
4 février 1888. Le résident
Weber est relevé de ses fonctions.
Février - Juin 1889. Deuxième
Affaire ( guerre) de Mbadjini.
1889. Guerre de Zilimdjou.
1889. Assassinat de Bouvier.
1889. Léon Humblot se fait nommer "
résident " à la Grande Comore. Il met en place une compagnie
coloniale, qui progressivement se ramifie dans toutes les îles de
l'archipel. Le système Humblot, favorisé par
l'exiguïté du territoire et la passivité complice de
l'administration, réalise la perfection et la caricature de la
colonisation.
20 Juin 1889. Mort de Hachimou, sultan de
Mbadjini. Mort de M'faoumé M'madjouani, sultan de Oichili.
1890. Troubles en Grande Comore. Said Ali est
déposé par ses ministres rebelles.
Février 1891. Said Ali s'enfuit vers
Mohéli, puis vers Mayotte.
19 novembre 1891. Restauration du sultan Said
Ali au trône.
1892. Les gouvernements locaux sont
supprimés, l'annexion d'Anjouan, Mohéli et de la Grande Comore
devient une réalité, juridiquement entérinée en
1904.
2 août 1893. Agression contre
Léon Humblot.
18 septembre 1893. Le gouverneur Lascade
dépose Said Ali.
20 novembre 1893. Déchéance du
sultan Said Ali.
1er août 1899. Assassinat du
commissaire de police, Bouvier.
29 février 1904. Abolition de
l'esclavage en Grande Comore.
1904. Mort de Said Mohamed El Ma'arouf.
1908. Mayotte et ses dépendances
(c'est-à-dire les trois autres îles) sont rattachées par
décret à la colonie de Madagascar.
1910. Arrivée de France du sultan Said
Ali.
1912. La loi du 25 juillet confirme cette
annexion. La colonie comorienne devient dépendance de Madagascar. Comme
Tananarive est loin est que les budgets sont réduits, les Comores vont
désormais vivoter, en accumulant les retards économiques et
sociaux.
1914. Mort de Léon Humblot.
Juillet 1915. Rébellion de
M'budé, Dimani, Iconi. 3 morts.
1915. Mort du sultan Said Ali à
Tamatave ( Madagascar).
1946. les Comores intègrent l'Union
Française, avec le statut de " territoire français d'outre-mer ",
qui consacre leur séparation d'avec Madagascar. Elles
bénéficient désormais d'un statut évolutif,
comportant un Conseil général, doté peu à peu de
pouvoirs délibératifs sur des sujets non politiques. Said Mohamed
Cheik est élu député à l'Assemblée nationale
à Paris en 1945/46.
1956. La Loi-cadre " Defferre " introduit une
plus large autonomie en unifiant le collège électoral et en
organisant un Conseil de Gouvernement. Celui-ci est installé à
Dzaoudzi (Mayotte), traditionnel lieu de résidence de l'autorité
de tutelle, mais l'Assemblée siège à Moroni (Grande
Comore).
1958. Les Comoriens se prononcent au
référendum du 28 septembre pour le maintien de l'archipel au sein
de la République française.
1961. La loi du 22 décembre organise
l'autonomie interne des Comores, dont l'Assemblée nationale a
désormais juridiction sur tous problèmes, hormis les Affaires
étrangères, la Défense et la Justice.
1964. Révolution de Zanzibar,
rapatriement des Comoriens.
1966. Le gouvernement de Saïd Mohamed
Cheikh décide de transférer à Moroni la capitale du
Territoire.
1968. Evénements du lycée de
Moroni, soulèvement des élèves.
1970. Mort du président Said Mohamed
Cheikh.
1973. Grève du lycée, incendie
de la chambre des députés.
1973. Ahmed Abdallah est porté
à la présidence du Conseil de gouvernement avec le mandat
d'obtenir l'indépendance de l'archipel.
1974. L'accord du 14 novembre 1974
prévoit l'organisation d'un référendum, qui a lieu le 22
décembre et qui connaît une forte participation électorale.
95 % des votants se prononcent pour l'indépendance..., sauf à
Mayotte où 65 % d'entre eux préfèrent le maintien dans la
République française. La situation est délicate, et les
autorités françaises temporisent.
1975. Mort du prince Said Ibrahim.
1975. Le 6 juillet, le président Ahmed
Abdallah proclame unilatéralement l'indépendance, ce qui
entraîne la sécession de fait de Mayotte.
Le 3 août 1975. Un coup d'État
porte au pouvoir Ali Soilih.
1976. Mort du Mufti Said Omar bin Sumet.
1976. Massacre de Majunga.
1977. Rapatriement à Moroni, des
rescapés comoriens de Majunga.
Les 12/13 mai 1978. Des mercenaires, sous le
commandement de Bob Denard, débarquent secrètement,
arrêtent Ali Soilih, l'abattent au cours d'une tentative de fuite. Une
junte rappelle l'ancien président destitué, Ahmed Abdallah.
1978. Déclaration de la
République Fédérale Islamique des Comores.
Le 26 novembre1989. le président Ahmed
Abdallah est assassiné à l'intérieur du palais
présidentiel.
* 1Paul Louis est un socialiste
anticolonialiste, il publie, en 1905, une brochure intitulée
«le colonialisme», d'où est tirée la citation.
Ces propos sont repris par GOUREVITCH J-P , La France en Afrique cinq
siècle de présence : vérités et
mensonges, le pré aux clercs Paris février 2004.
* 2 MARTIN J, « Grande
Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux
soulèvements populaires aux Comores », in Etudes
Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.
* 3 Au sujet des conflits
fonciers, voir l'ouvrage de AINOUDDINE S, Anjouan, l'histoire d'une crise
foncière, l'Harmattan, Paris/Montréal, 1998.
* 4AÏNOUDDINE S. op.
cit.
* 5 op. cit.
* 6 KI-ZERBO J, Histoire de
l'Afrique Noire, Hatier, Paris 1999.
* 7 FAUREC U, l'Archipel
aux sultans batailleurs, Imprimerie officielle, Tananarive, 1941.
* 8 ILLIFE J, Les
Africains, histoire d'un continent, Flammarion, Mayenne, 1997.
* 9 CHAGNOUX H & HARIBOU
A, Les Comores, PUF, Paris, 1950,.
* 10 Voir annexe, Article II
du traité commercial entre Said Ali et Léon Humblot signé
en novembre 1885.
* 11 CHAGNOUX H & HARIBOU
A. op. Cit.
* 12 HUGON A,
Introduction à l'Histoire de l'Afrique contemporaine, Armand
Colin, Paris 1998.
* 13 Said Ali, fils de Said
Omar (ex ministre du sultan Salim d'Anjouan), et de la princesse Amina
Mogné M'kou et petit fils de Mogné M'kou (lui même sultan
tibe de Ngazidja). Il est né en 1855 en Grande Comore, dernier sultan
Tibe de la grande Comore.
* 14 VERIN P, Les Comores,
Karthala, Paris, 1994.
* 15 SAID A,
Mémoire, ma vie racontée par moi même, Imprimerie
de l'Avenir, Diego - Suarez, 1894.
* 16BOAHEN A A, Histoire
générale de l'Afrique, l'Afrique sous domination coloniale
1880-1935, Présence Africaine/ EDICEF/UNESCO, Paris, 1989.
* 17 KI-ZERBO J,
Histoire de l'Afrique Noire, Hatier, Paris, 1999.
* 18 ISNARD H,
« Les Comores », in Cahiers d'Outre-Mer N°
21, Bordeaux, janvier-mars 1953.
* Citation d'Alfred de Vigny, in,
PRILLAUD N, La France colonisatrice, CID Editions, Nantes, 1983.
* DESCAMPS H, La fin des empires
coloniaux, PUF, Paris, coll. Que- sais -je ? Paris 1969.
* 19 Hachimou ben Ahmed
Mougne M'kou, dernier sultan de Mbadjini au sud de Ngazidja, il appartient
à la lignée M'dombozi qui a régné dans cette
province. Il est assassiné avec son compagnon d'arme le sultan de la
province de Oichili, Mfaoumé M'madjouani.
* GUEBOURG J L, La grande Comore,
des sultans aux mercenaires, l'Harmattan, Paris, 1994.
* 20 JEAN S-C,
Résistance et collaboration en Afrique Noire, EHSS, Paris
1982.
* 21 GERARD B, Les
Comores, Delaroisse, Boulogne Billancourt, 1974.
* 22
« Sorcier » est le non attribué aux hommes,
détenteurs des connaissances religieuses. Il ne s'agit pas des personnes
pratiquant la sorcellerie et qui opèrent des maléfices.
* VINCENT, « Les
Comores », in Bulletin de la Société de
Géographie Commerciale de Paris 1887-88, Ecole Coloniale, Paris
1888, Tome X.
* CAOM, MAD, Série
géographique Carton n° 410 Dossier n° 1007.
* 23 Voir le traité en
annexe
* 24 CAOM, MAD, Série
Géographique Carton n° 328, dossier n° 853.
* 25 Ce Centre se trouve au
1 rue du Moulin de testa 13090 Aix en Provence.
* 26 KI-ZERBO J, ( sous la
direction), Histoire Générale de l'Afrique I.
Méthodologie et Préhistoire Africaine, Présence
Africaine/Edicef/Unesco, Paris, 1986.
* 27 Voir annexe : la
liste des déportés Comoriens, suite à l'insurrection de
1915 en Grande Comore. Masimou et Mtsala étant tués lors des
affrontement, ne figurent pas dans la liste de déportés bien
sûr.
* 28 29 KI-ZERBO J,
( sous la direction), Histoire Générale de l'Afrique I.
Méthodologie et Préhistoire Africaine, Présence
Africaine/Edicef/Unesco, Paris, 1986.
* 30 MARTIN Jean,
Comores : quatre île entre pirates et planteurs tome 2,
Genèse vie et mort du protectorat (1875-1912), l'Harmattan, Paris,
1998.
* 31 CAOM, MAD Série
Géographique Carton n° 406 dossier n° 1083. Lettre de
Léon Humblot au ministre de la Marine et des Colonies, du 18/09/1887,
* 32 DUPLANTIER N, La
Grande Comore, sa colonisation, Augustin Challamel, Paris 1904.
* 33 GUILLAUME P, Le monde
colonial XIXe -XXe siècle, Armand Colin,
Paris, 1994.
* 34 COQUERIE-VIDROVICTH C
& MONIOT H, l'Afrique noire de 1800 à nos jours, PUF,
Paris, 1974.
* 35 ALMEIDA-TOPOR (d'
H°), L'Afrique au XX ème siècle, Armand
Colin, Paris, 1999, 363 pages.
* 36 ATTOUMANI M, Les
rapports entre Madagascar et les Comores : De la veille de la colonisation
au lendemain du rattachement à la Grande île, mémoire
de maîtrise d'histoire, Paris 1, 19802/1981.
* 37 CAOM MAD C412, D1106.
Note du 8/12/1906, par le Gouverneur de Mayotte et Dépendances.
* 38 CAOM, Fond
Ministériel, MAD, Série Géographique, C412, D1106.Note de
janvier 1907,
* 39 Voir le traité
de janvier 1892, en annexe.
* 40 COQUERIE-VIDROVICTH C
& MONIOT H, l'Afrique noire de 1800 à nos jours, PUF,
Paris, 1974.
* 41 GUILLAUME P. op. cit.
* 42 CAOM, Mad, Série
Géographique, Carton n° 277 Dossier n° 646. Notes de la
direction des Affaires civiles de Tananarive, du 27/10/1915,
* 43 Voir la liste des
résident en annexe.
* 44 ILLIFFE J, Les
Africains, Histoire d'un continent, Flammarion, Mayenne, 1997.
* 45 FRANCIS M, Une
enquête à la Grande Comore, comment on trompe le gouvernement et
le parlement, Editions du courrier colonial, Paris, [s.d]
* 46 MAURICE M, directeur de
la SAGC entre 1945 et 1947, est l'auteur de l'ouvrage Un Mzungo aux
Comores, journal 1945-1948, De mémoire d'Homme, Paris 1995.
* 47 Propos tirés d'un
rapport administratif (anonyme) de 1922, cité par, IBRAHIME M, Etat
français et colons aux Comores (1912-1946), L'Harmattan, Coll.
« Archipel des Comores », Paris 1997.
* 48 CAOM, Série D,
Dossier D/ 6(2)22.
* 49 FLOBERT T, Les
Comores, évolution juridique et sociologique, Presse Universitaire
de France, C.E.R.S.O.I, Aix Marseille 1976.
* 50 MAURICE M, Un Mzungu
aux Comores, journal, 1945-1948, De mémoire d'homme, Paris,
1995.
* 51 Article
intitulé : « Said Ali » in, La presse
coloniale du 18 juillet 1907.
* 52 CAOM, Fond
Ministériel, MAD, Série Géographique, Carton n°412,
Dossier n°1106.
* 53 KLOTCHKOFF J-C, Les
Comores aujourd'hui, Jaguar, Paris, 1995.
* 54 La légende dit
que la ville d'Iconi en a connu beaucoup de Hamadi. Ce sont des guerriers
courageux (SUDJAYI) qui ont défendu la ville contre les
agressions externes et surtout durant les guerres entre sultans.
* 55 CAOM, Fond
Ministériel, MAD, Série Géographique, Carton n°277
Dossier n° 646
* 56 Idem
* 57 GOUREVITCH J P, La
France en Afrique, cinq siècle de présence :
vérités et mensonges, Le Prés aux Clercs, Paris,
2004.
* 58 ESOAVELOMANDROSO M,
« Madagascar de 1880 à 1939 : initiatives et
réactions africaines à la conquête et à la
domination coloniales », in, BOAHEN A, Histoire
Générale de l'Afrique VII. L'Afrique sous domination coloniale
1880-1935, Présence Africaine, Paris, 1989.
* 59 Vy : Fer, Vato :
Pierre, Sakelita : Ramification. La traduction coloniale de VVS donnait
une autre version : Vonony ny Vazaha Sysa. C'est à dire tuer
touts les Blancs.
* 60 VERIN P,
Madagascar, Karthala, Clamecy, 2000.
* 61 ALMEIDA-TOPOR H,
l'Afrique au XXème siècle, Armand Colin,
Paris 1993.
* 62 ELIKIA M, Afrique
noire, Histoire et civilisation, tome II, XIX-XXème
siècle, Hâtier, Paris, 1992.
* 63 ALMEID TOPOR H, op. cit.
* 64 CAOM, Fond
Ministériel MAD, Série Géographique, Carton n°412
Dossier n°1106.
* 65idem.
* 66 MARTIN J, Grande Comore
1915 et Anjouan 1940 : étude comparative de deux
soulèvements populaires aux Comores, in Etudes Océan Indien, vol
111, INALCO, Paris 1984.
* 67 MARTIN, J,
« Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative
de deux soulèvements populaires aux Comores », in, Etude
Océan Indien vol III, INALCO, Paris, 1983.
* 68 ALMEIDA-TOPOR (d'
H°), L'Afrique au XX ème siècle, Armand
Colin, Paris, 1999.
* 69 Bibliothèque
Universitaire d'Ankatso d'Antananarivo : 18118 Fond Local. Note de la
Direction des Affaires Civiles de Tananarive. CAOM, Mad Série
Géographique Carton n° 412, Dossier n°1106. Note du
Résident de la Grande Comore.
* 70 El AZIZ B A,
L'organisation sociale traditionnelle face à la colonisation dans
l'île de la Grande Comore de 1885 à 1945, Maîtrise
d'Histoire, Université de Paris VII, année universitaire
1993/94.
* 71 CAOM, Fond
Ministériel MAD, Série Géographique, Carton n°412
Dossier n°1106.
* 72 Voir en annexe, la liste
des déportés.
* 73 La liste des
insurgés mentionne les villages originaires des manifestants.
* 74 CAOM, Série D,
dossier D/6 (2) 22, note du Gouverneur Général de Madagascar du
26 août 1915..
* 75 CAOM, Série D,
dossier D/6(2)22.
* 76 Bibliothèque
Universitaire d'Ankatso, Tananarive : 18118, Fond Local. Note de la
Direction des Affaires Civiles de Tananarive,
* 77 Propos extrait d'une
note de Guesdes (chef de Province), cité par IBRAHIME M, Etat
français et colons aux Comores (1912-1946), L'Harmattan, Coll.
« Archipel des Comores », Paris 1997.
* 78 Voir l'article de
MOUSSA S, « Mshé Mhaza, la complainte d'Ivessi Mgomri dit
Bungala », in, Etudes de l'Océan Indien N° 3,
INALCO, Paris 1984
* 79 MARTIN J,
« Grande Comore 1915 et Anjouan 1940 : étude comparative
de deux soulèvements populaires aux Comores », in Etudes
Océan Indien, vol 111, INALCO, Paris 1984.
* 80Fils du sultan Said Ali
et de la princesse Oumanga de Mbadjini. Son père qui le méprise,
l'éloigne de sa succession, disant qu'il est voleur, menteur, gourmand.
Exilé par l'administration coloniale à Madagascar à la
veille de la Première Guerre mondiale. Il rentre en Grande Comore en
1946 et demeure toujours critique envers l'administration coloniale. Il est
l'un des fondateurs de « l'Entente Comorienne », parti
à tendance nationaliste fondé en 1951. Sources : GUEBOUR J
L, et MAURICE M.
* 81 MAURICE M, Un
Mzungo aux Comores Journal 19451948, De Mémoire d'homme, Paris
1995.
* 82 Voir en annexe, le
résumé des réponses des chefs, des notables et de la
population de la Grande Comore à la proclamation du Gouverneur
Général, après les insurrections.
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