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La valorisation des parcs nationaux

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par Stéphane ANGO
Ecole Nationale d'Administration - Conseiller des Affaires Etrangères 2009
  

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Conclusion générale

Les aires protégées existaient au Gabon bien avant la création des parcs nationaux en 2002. Cependant, les différentes lois régissant la protection des aires protégées comportaient des insuffisances juridiques, si bien que l'effort de protection demeurât très insuffisant et ce d'autant plus qu'à la faiblesse du corpus juridique devait s'ajouter une inapplication du peu de réglementation existante.

Le statut des aires protégées a évolué, auparavant ouverte à la chasse, la protection va progressivement s'étendre à l'ensemble de l'écosystème. L'obstacle le plus important au développement de ces aires protégées fut le fait que des concessions forestières et minières purent y être attribuées. Déjà à cette époque les aires protégées faisaient l'objet de fortes pressions économiques dues à l'exploitation forestière et à l'exercice de la chasse commerciale par les populations locales.

Le ministère en charge des forêts et de la conservation, appuyé par le WWF et le WCS lança une évaluation des sites critiques pour la conservation entre 2000 et 2002. Cette dernière aboutie à la création des 13 parcs nationaux en août 2002, à l'occasion du sommet de la terre de Johannesburg. Par cette décision, le Gabon devînt le seul à avoir été fidèle à l'engagement pris dans le cadre du processus de Yaoundé par les présidents des Etats de l'Afrique centrale de protéger au moins 10% de leur territoire avec la mise en place des parcs nationaux.

Cette décision devrait répondre à la recherche d'une alternative à la simple exploitation de nos ressources naturelles en priorisant la préservation de l'écosystème.

Le cadre réglementaire des aires protégées va connaître dès lors, une nette amélioration. C'est ainsi que la vocation et les usages autorisés dans les parcs nationaux visent la conservation de la biodiversité et la protection des fonctions écologiques. Les activités écotouristiques et scientifiques sont les seules à y être autorisées, avec une possibilité mineure d'exercer certains droits coutumiers.

On constate toutefois que dans la pratique les menaces qui pèsent sur les parcs nationaux subsistent, elles sont non seulement le fait de l'industrie minière et forestière, mais aussi des populations vivant aux alentours des parcs nationaux.

La création des parcs devrait donc induire s'ils sont correctement gérés des avantages aussi bien d'un point de vue économique qu'environnemental. Les bénéfices à attendre pourraient être élargis à la nation toute entière et même à la planète dans son ensemble.

L'écotourisme est considéré comme le secteur d'activité fleuron, qui à terme doit se substituer à la manne des capitaux qui ont afflué à la suite de la création des parcs nationaux. Or, il se trouve que la part du secteur touristique dans le PIB du pays était demeurée insignifiante.

Les parcs nationaux sont considérés par les autorités gabonaises comme des projets de développement permettant de dynamiser des zones rurales encore trop à l'écart des avancées socio-économiques du pays. En effet, ce secteur présente de nombreuses opportunités d'emploi, ainsi qu'une source d'apport de devises à même de favoriser les activités génératrices de revenus.

En outre, le développement des parcs nationaux vise à dynamiser un secteur dont le poids économique reste limité.

Mais depuis la création des parcs nationaux, les investisseurs privés ne sont pas nombreux dans le domaine écotouristique, à tel point que certaines ONG se substituent à ces derniers pour la découverte des splendeurs des parcs nationaux qui ne disposent pas d'infrastructures adéquates.

De plus, sur le plan de la recherche scientifique, les richesses dont regorge le réseau des parcs nationaux n'ont jusqu'alors que partiellement été explorés, or le développement de l'écotourisme ne saurait se faire sans une meilleure connaissance des espèces aussi bien faunistiques que floristiques.

Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux écologiques et scientifiques.

Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux écologiques et scientifiques. La valorisation des parcs nationaux passe aussi par la promotion de ces derniers aussi bien auprès des populations locales que de la communauté internationale sans oublier les investisseurs privés. C'est ainsi que pour vulgariser les parcs nationaux une collection d'ouvrages dénommée, les parcs nationaux du Gabon a été éditée. Cette dernière compte à son actif actuellement trois ouvrages qui couvrent six parcs nationaux du Gabon. Grâce à cette collection les parcs nationaux sont mieux connus aussi bien sur le plan national qu'international. De nombreux articles sont parus dans des revues internationales de renom tel que le National Geographic, des films documentaires portant sur le potentiel écotouristique du pays ont été diffusés dans de grandes chaînes occidentales. De plus, des articles parus dans les magazines comme Vie Sauvage (France), Travellers (Royaume-Uni), Wanderlust (Pays-Bas) ont relayé le potentiel écotouristique dont dispose le pays. Cette opération de séduction s'est même poursuivie auprès des tours opérators afin que la destination Gabon figure sur la palette de destinations qu'offrent ces dernières.

La promotion et la valorisation des parcs nationaux va connaître sa consécration en 2007 avec l'érection du parc national de la Lopé-Okanda au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette nouvelle distinction devrait faire en sorte que l'afflux touristique autour de ce parc aille en s'accroissant au fil des années. Notre pays doit davantage rechercher ce genre de distinction car elles permettent de booster le potentiel touristique d'une région par la publicité gratuite qui est faite autour de ces distinctions.

Le Gabon fait partie du deuxième grand groupe de forêt tropicale du monde après celui de l'Amazonie. Sa forêt regorge d'une diversité écologique importante. La faible pression démographique ainsi qu'un taux de déforestation très faible font que notre pays occupe une place de choix sur le plan mondial de par le carbone séquestré dans ses forêts qui jouent un rôle très important dans la régulation, voire même l'atténuation du changement climatique global, entre autres services rendus par les forêts gabonaises il y a également la conservation de la biodiversité et la protection des bassins versants.

Tout compte fait, bien que les services rendus par la forêt gabonaise représentent une immense valeur économique, les propriétaires des forêts ne perçoivent que rarement une rémunération pour ces services. Toutefois, l'entrée en vigueur du protocole de Kyoto en 2005 est une étape importante parce qu'elle illustre la reconnaissance universelle du principe de précaution et l'acceptation par la grande majorité des Etats, des contraintes qui pèsent sur les pays qui font des efforts de conservation et la justification des compensations financières pour pérenniser ces efforts.

A la faveur des risques environnementaux qui pèsent sur la planète, du fait du réchauffement climatique global de la terre, et des catastrophes naturelles qui en découlent, un nouveau champ des relations internationales voit le jour, il s'agit de la diplomatie environnementale. Cette dernière découle d'une part, de la prise de conscience écologique des décideurs et d'autre part, du fait que l'actualité scientifique et médiatique aidant, l'environnement s'impose dans les enceintes multilatérales comme dans les grands rendez-vous politiques. Les sommets et les déclarations se multiplient, dans le même temps les sommes investies dans les fonds consacrés à l'environnement s'accroissent.

Les enjeux de la diplomatie environnementale sont donc naturellement des enjeux écologiques, ensuite des enjeux de développement durable, enfin des enjeux sur le clivage des intérêts Nord-Sud.

La diplomatie gabonaise qui jusqu'alors avait été axée sur une diplomatie au service de la paix s'est progressivement tournée du fait de la réduction des recettes pétrolières vers une diplomatie au service du développement. Cette nouvelle donne implique une recherche des investissements tous azimuts, notre diplomatie se doit donc de s'approprier cette diplomatie environnementale, dans laquelle compte tenu de son potentiel le pays dispose d'un avantage certain, il doit par conséquent occuper une place de choix en tant qu'acteur important de ce champs de relations internationales.

La diplomatie gabonaise doit donc être particulièrement active dans les différents sommets afin que le choix de la préservation de ses ressources naturelles qu'elle s'est engagée à conserver lui procure des bénéfices substantiels en compensation. A une diplomatie de la main tendue pratiquée par les pays en développement à travers l'aide au développement, des pays comme le Gabon qui disposent d'un aussi grand potentiel forestier, doivent s'unir et présenter un front commun, face aux pays développés qui sont les principaux pollueurs de la planète. Afin de solliciter auprès de ces derniers une plus juste rétribution des services rendus par leur forêt. Cela permettrait à certains pays de sortir du carcan des pays assistés, pour se prendre eux-mêmes en charge grâce aux bénéfices qu'ils tireraient de la conservation de leurs forêts. Ainsi, des politiques globales de valorisation telles que la séquestration du carbone et la coopération internationale pourraient être mises à profit comme des sources de revenus complémentaires pour le pays.

Les diplomates gabonais se trouvant dans nos ambassades à l'étranger se doivent donc de s'approprier ces politiques et cela d'autant plus que les enjeux de la valorisation des parcs nationaux sont multiples et interdépendants les uns les autres. Nos ambassades à l'étranger doivent faire la promotion de la filière écotouristique gabonaise surtout dans les pays développés pour que la destination Gabon soit de plus en plus prisée et que les flux touristiques aillent en s'accroissant.

Ce filon de l'écotourisme étant très rigoureux, les autorités gabonaises doivent par ailleurs se conformer aux engagements de protection et de préservation, car si les menaces que nous avons énumérées dans la première partie persistent, les ONG ne cesseront de le dénoncer, la filière écotouristique pourrait alors prendre un coup. C'est pourquoi la certification des parcs nationaux doit être préconisée afin de garantir le standing des sites écotouristiques gabonais.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery