Conclusion générale
Les aires protégées existaient au Gabon bien
avant la création des parcs nationaux en 2002. Cependant, les
différentes lois régissant la protection des aires
protégées comportaient des insuffisances juridiques, si bien que
l'effort de protection demeurât très insuffisant et ce d'autant
plus qu'à la faiblesse du corpus juridique devait s'ajouter une
inapplication du peu de réglementation existante.
Le statut des aires protégées a
évolué, auparavant ouverte à la chasse, la protection va
progressivement s'étendre à l'ensemble de
l'écosystème. L'obstacle le plus important au
développement de ces aires protégées fut le fait que des
concessions forestières et minières purent y être
attribuées. Déjà à cette époque les aires
protégées faisaient l'objet de fortes pressions
économiques dues à l'exploitation forestière et à
l'exercice de la chasse commerciale par les populations locales.
Le ministère en charge des forêts et de la
conservation, appuyé par le WWF et le WCS lança une
évaluation des sites critiques pour la conservation entre 2000 et 2002.
Cette dernière aboutie à la création des 13 parcs
nationaux en août 2002, à l'occasion du sommet de la terre de
Johannesburg. Par cette décision, le Gabon devînt le seul à
avoir été fidèle à l'engagement pris dans le cadre
du processus de Yaoundé par les présidents des Etats de l'Afrique
centrale de protéger au moins 10% de leur territoire avec la mise en
place des parcs nationaux.
Cette décision devrait répondre à la
recherche d'une alternative à la simple exploitation de nos ressources
naturelles en priorisant la préservation de
l'écosystème.
Le cadre réglementaire des aires
protégées va connaître dès lors, une nette
amélioration. C'est ainsi que la vocation et les usages autorisés
dans les parcs nationaux visent la conservation de la biodiversité et la
protection des fonctions écologiques. Les activités
écotouristiques et scientifiques sont les seules à y être
autorisées, avec une possibilité mineure d'exercer certains
droits coutumiers.
On constate toutefois que dans la pratique les menaces qui
pèsent sur les parcs nationaux subsistent, elles sont non seulement le
fait de l'industrie minière et forestière, mais aussi des
populations vivant aux alentours des parcs nationaux.
La création des parcs devrait donc induire s'ils sont
correctement gérés des avantages aussi bien d'un point de vue
économique qu'environnemental. Les bénéfices à
attendre pourraient être élargis à la nation toute
entière et même à la planète dans son ensemble.
L'écotourisme est considéré comme le
secteur d'activité fleuron, qui à terme doit se substituer
à la manne des capitaux qui ont afflué à la suite de la
création des parcs nationaux. Or, il se trouve que la part du secteur
touristique dans le PIB du pays était demeurée insignifiante.
Les parcs nationaux sont considérés par les
autorités gabonaises comme des projets de développement
permettant de dynamiser des zones rurales encore trop à l'écart
des avancées socio-économiques du pays. En effet, ce secteur
présente de nombreuses opportunités d'emploi, ainsi qu'une source
d'apport de devises à même de favoriser les activités
génératrices de revenus.
En outre, le développement des parcs nationaux vise
à dynamiser un secteur dont le poids économique reste
limité.
Mais depuis la création des parcs nationaux, les
investisseurs privés ne sont pas nombreux dans le domaine
écotouristique, à tel point que certaines ONG se substituent
à ces derniers pour la découverte des splendeurs des parcs
nationaux qui ne disposent pas d'infrastructures adéquates.
De plus, sur le plan de la recherche scientifique, les
richesses dont regorge le réseau des parcs nationaux n'ont jusqu'alors
que partiellement été explorés, or le développement
de l'écotourisme ne saurait se faire sans une meilleure connaissance des
espèces aussi bien faunistiques que floristiques.
Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se
décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux
écologiques et scientifiques.
Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se
décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux
écologiques et scientifiques. La valorisation des parcs nationaux passe
aussi par la promotion de ces derniers aussi bien auprès des populations
locales que de la communauté internationale sans oublier les
investisseurs privés. C'est ainsi que pour vulgariser les parcs
nationaux une collection d'ouvrages dénommée, les parcs nationaux
du Gabon a été éditée. Cette dernière compte
à son actif actuellement trois ouvrages qui couvrent six parcs nationaux
du Gabon. Grâce à cette collection les parcs nationaux sont mieux
connus aussi bien sur le plan national qu'international. De nombreux articles
sont parus dans des revues internationales de renom tel que le National
Geographic, des films documentaires portant sur le potentiel
écotouristique du pays ont été diffusés dans de
grandes chaînes occidentales. De plus, des articles parus dans les
magazines comme Vie Sauvage (France), Travellers
(Royaume-Uni), Wanderlust (Pays-Bas) ont relayé le potentiel
écotouristique dont dispose le pays. Cette opération de
séduction s'est même poursuivie auprès des tours
opérators afin que la destination Gabon figure sur la palette de
destinations qu'offrent ces dernières.
La promotion et la valorisation des parcs nationaux va
connaître sa consécration en 2007 avec l'érection du parc
national de la Lopé-Okanda au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette
nouvelle distinction devrait faire en sorte que l'afflux touristique autour de
ce parc aille en s'accroissant au fil des années. Notre pays doit
davantage rechercher ce genre de distinction car elles permettent de booster le
potentiel touristique d'une région par la publicité gratuite qui
est faite autour de ces distinctions.
Le Gabon fait partie du deuxième grand groupe de
forêt tropicale du monde après celui de l'Amazonie. Sa forêt
regorge d'une diversité écologique importante. La faible pression
démographique ainsi qu'un taux de déforestation très
faible font que notre pays occupe une place de choix sur le plan mondial de par
le carbone séquestré dans ses forêts qui jouent un
rôle très important dans la régulation, voire même
l'atténuation du changement climatique global, entre autres services
rendus par les forêts gabonaises il y a également la conservation
de la biodiversité et la protection des bassins versants.
Tout compte fait, bien que les services rendus par la
forêt gabonaise représentent une immense valeur économique,
les propriétaires des forêts ne perçoivent que rarement une
rémunération pour ces services. Toutefois, l'entrée en
vigueur du protocole de Kyoto en 2005 est une étape importante parce
qu'elle illustre la reconnaissance universelle du principe de précaution
et l'acceptation par la grande majorité des Etats, des contraintes qui
pèsent sur les pays qui font des efforts de conservation et la
justification des compensations financières pour pérenniser ces
efforts.
A la faveur des risques environnementaux qui pèsent sur
la planète, du fait du réchauffement climatique global de la
terre, et des catastrophes naturelles qui en découlent, un nouveau champ
des relations internationales voit le jour, il s'agit de la diplomatie
environnementale. Cette dernière découle d'une part, de la prise
de conscience écologique des décideurs et d'autre part, du fait
que l'actualité scientifique et médiatique aidant,
l'environnement s'impose dans les enceintes multilatérales comme dans
les grands rendez-vous politiques. Les sommets et les déclarations se
multiplient, dans le même temps les sommes investies dans les fonds
consacrés à l'environnement s'accroissent.
Les enjeux de la diplomatie environnementale sont donc
naturellement des enjeux écologiques, ensuite des enjeux de
développement durable, enfin des enjeux sur le clivage des
intérêts Nord-Sud.
La diplomatie gabonaise qui jusqu'alors avait
été axée sur une diplomatie au service de la paix s'est
progressivement tournée du fait de la réduction des recettes
pétrolières vers une diplomatie au service du
développement. Cette nouvelle donne implique une recherche des
investissements tous azimuts, notre diplomatie se doit donc de s'approprier
cette diplomatie environnementale, dans laquelle compte tenu de son potentiel
le pays dispose d'un avantage certain, il doit par conséquent occuper
une place de choix en tant qu'acteur important de ce champs de relations
internationales.
La diplomatie gabonaise doit donc être
particulièrement active dans les différents sommets afin que le
choix de la préservation de ses ressources naturelles qu'elle s'est
engagée à conserver lui procure des bénéfices
substantiels en compensation. A une diplomatie de la main tendue
pratiquée par les pays en développement à travers l'aide
au développement, des pays comme le Gabon qui disposent d'un aussi grand
potentiel forestier, doivent s'unir et présenter un front commun, face
aux pays développés qui sont les principaux pollueurs de la
planète. Afin de solliciter auprès de ces derniers une plus juste
rétribution des services rendus par leur forêt. Cela permettrait
à certains pays de sortir du carcan des pays assistés, pour se
prendre eux-mêmes en charge grâce aux bénéfices
qu'ils tireraient de la conservation de leurs forêts. Ainsi, des
politiques globales de valorisation telles que la séquestration du
carbone et la coopération internationale pourraient être mises
à profit comme des sources de revenus complémentaires pour le
pays.
Les diplomates gabonais se trouvant dans nos ambassades
à l'étranger se doivent donc de s'approprier ces politiques et
cela d'autant plus que les enjeux de la valorisation des parcs nationaux sont
multiples et interdépendants les uns les autres. Nos ambassades à
l'étranger doivent faire la promotion de la filière
écotouristique gabonaise surtout dans les pays développés
pour que la destination Gabon soit de plus en plus prisée et que les
flux touristiques aillent en s'accroissant.
Ce filon de l'écotourisme étant très
rigoureux, les autorités gabonaises doivent par ailleurs se conformer
aux engagements de protection et de préservation, car si les menaces que
nous avons énumérées dans la première partie
persistent, les ONG ne cesseront de le dénoncer, la filière
écotouristique pourrait alors prendre un coup. C'est pourquoi la
certification des parcs nationaux doit être préconisée afin
de garantir le standing des sites écotouristiques gabonais.
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