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ECOLE NATIONALE D'ADMINISTRATION SECTION
DIPLOMATIE
26èmePROMOTION
PROJET TUTORE
Pour l'obtention du diplôme de l'Ecole
Nationale d'Administration
Corps de Conseiller des Affaires Etrangères
THEME :
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LA VALORISATION DES PARCS NATIONAUX
ET LES POLITIQUES DE COOPERATION
CULTURELLE ET SCIENTIFIQUE
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Présenté et soutenu publiquement par :
Monsieur Stéphane ANGO
Tuteur académique :
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Tuteur de stage :
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Eustache MANDJOUHOU YOLLA
Enseignant à l'E.N.A Norbert ASSOUMOU
NDONG
Chef de Division de la Coopération
Scientifique et Culturelle
Libreville, juillet 2008
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Dédicace
Je dédie ce travail à mes parents et à
toutes les personnes de bonne volonté qui ont contribué à
la réalisation de ce mémoire.
Introduction générale
Le Gabon est un pays situé au Centre Ouest de
l'Afrique, dont la forêt recouvre 80% de la superficie totale du pays, ce
qui représente vingt (20) millions d'hectares. C'est un pays de
forêt par excellence. C'est donc naturellement que l'économie
gabonaise qui « au début du 20ème siècle,
basée sur une extraction à faible échelle des produits
ligueux et non ligueux de la forêt, est passée à une
économie d'extraction mécanisée du bois d'oeuvre, qui
visait le chargement des grumes d'Okoumé sur des bateaux de
manière brute destinée aux usines de contre-plaqué
outremer » (Chris Wilks et al, 2003, p.72). Peu après
l'indépendance du pays en 1960, « le pétrole supplanta le
bois économiquement et le Gabon passa d'une économie d'extraction
du bois à un économie d'extraction du pétrole. »
(Chris Wilks et al, 2003, p.73).
Le Gabon est un pays ayant longtemps basé son
économie principalement, sur les devises que lui procure l'exploitation
de ses ressources minières en général et
pétrolières en particulier. En effet, « le pétrole
pèse lourd dans l'économie nationale. Il compte en chiffres
arrondis pour 40% du PIB, 80% de la valeur des exportations, 60% des recettes
budgétaires de l'Etat » (Roland Pourtier, 2004, p. 40).
La forte dépendance de cette économie
vis-à-vis des ressources minières est une faiblesse structurelle
importante, caractérisée par le faible développement du
tissu économique et une dépendance accrue vis-à-vis des
ressources naturelles non renouvelables. Cette priorité accordée
aux seules richesses de son sous-sol a entraîné la marginalisation
des autres richesses. Et ce, d'autant plus que « la rente
pétrolière a ainsi entamé son déclin depuis 1997
pour atteindre 13 millions de tonnes en 2005. La menace d'un épuisement
de pétrole s'est faite plus pressante, entraînant une baisse
régulière de 5% par an. Dès lors, bien que la hausse du
prix du pétrole permet aux recettes d'augmenter, l'exploitation de
nouveaux champs pétroliers et les efforts pour optimiser la
récupération des champs existants ne parviennent pas à
compenser la baisse de production des champs principaux » (Park Haejin,
2007, p.75).
Au regard de cette situation, une diversification de
l'économie aurait pour but le passage d'une économie de rente
à une économie diversifiée plus forte et
indépendante où la production et la créativité sont
des éléments importants.
Les autorités du pays en accord avec les conclusions du
DSCRP (Document de Stratégie de croissance et de Réduction de la
Pauvreté) ont décidé d'axer cette diversification de
l'économie vers une meilleure mise en valeur du potentiel du pays dont
les moteurs de la croissance devraient être :
· La forêt et l'environnement ;
· Les mines et les hydrocarbures ;
· Le tourisme ;
· L'agriculture et l'élevage ;
· La pêche et l'aquaculture.
Grâce au potentiel forestier d'envergure dont dispose le
pays, le secteur environnement connaît un regain
d'intérêt.
A l'occasion du sommet de la terre en 2002 (sommet mondial du
développement durable organisé par les Nations Unies) qui s'est
tenu à Johannesburg en Afrique du Sud, et qui avait
réuni une centaine de chefs d'Etat, le Gabon, par la
voix de son Président Omar Bongo Ondimba, a annoncé la
création de treize parcs nationaux, recouvrant chacune des neuf
provinces gabonaises. Ces treize sites, riches en biodiversité, ont
été créés à la suite d'études
menées par divers organismes de défense de l'environnement tels
que le WCS Gabon, La Direction de la Faune et de la Chasse (DFC) et WWF (Fonds
mondial pour la nature).
Avec cette décision, pour l'instant le Gabon est le
seul à avoir été fidèle à l'engagement pris
dans le cadre du processus de Yaoundé par les présidents des
Etats de l'Afrique Centrale de protéger au moins 10% de leur territoire
avec des parcs nationaux. Corollairement, cela a eu pour effet de hisser le
Gabon parmi les pays qui se préoccupent de la protection de la nature au
plus haut point. « Dans de telles proportions, seul le Costa Rica peut se
targuer d'un pourcentage de territoire protégé aussi
élevé. Les autorités politiques de San José ont en
effet été les premières au monde à promouvoir des
projets d'écotourisme » (Jean Hervouët, 2007, p.80)
Au regard de cette décision historique, notre attention
a été retenue par « la valorisation des parcs
nationaux et les politiques de coopération culturelle et scientifique
», c'est ainsi que se libelle le sujet qui fait l'objet de ce
mémoire.
Il nous semble opportun de nous intéresser aux
motivations d'une telle prise de position. Et in fine, l'intérêt
que le pays pourrait tirer aussi bien du point de vue national qu'international
de cette stratégie.
Il convient de noter que concomitamment à cette
décision de création des parcs nationaux, les autorités
ont misé sur l'écotourisme. C'est un type de tourisme dit
écologiquement durable. « Contrairement aux industries extractives
du bois, des mines et du pétrole basées sur des ressources
limitées car elles sont difficiles ou impossibles à renouveler,
le tourisme peut, moyennant un certain nombre de conditions durer
indéfiniment ». (Manuelle Prunier, 2006, p.34).
De plus, ce choix est motivé par un environnement
international favorable. « Le choix de l'écotourisme pour le Gabon
s'explique par la passion pour la nature qui anime les milliards de touristes
répartis à travers le monde. Car la nature dans le pays offre un
spectacle touristique inimaginable, capable de les séduire par des
effets qui entraînent l'activité économique du pays »
déclarait (Medhi Teale, ex Haut Commissaire gabonais au tourisme lors
d'une conférence de presse à Libreville en janvier 2002).
Au surplus, au cours d'un séminaire atelier
régional consacré à l'écotourisme, Monsieur
Francesco Frangialli, Secrétaire Général de l'Organisation
Mondiale du Tourisme (OMT), aura mentionné qu'en 1990,
l'écotourisme avait attiré 25 millions de touristes dans le monde
entier. Quinze ans plus tard, ce chiffre est monté à 808
millions, soit un taux de croissance annuel moyen de 65% ! (...).
Ce secteur connaît aujourd'hui, tous pays confondus le plus
forte croissance mondiale dans l'activité touristique (Jean
Hervouët, 2007, p. 80).
Cet environnement favorable s'explique par le fait que, «
les touristes commencent à se lasser des vacances dans des paradis
artificiels et de plus en plus nombreux sont ceux qui partent
à la recherche d'expériences authentiques et
enrichissantes, quitte à devoir payer plus cher, faire davantage
d'efforts et vivre moins confortablement » (Manuelle Prunier, 2006, p.
23).
La création des parcs nationaux procède d'une
justification qui s'établirait aussi bien sur le plan économique
que sur le plan environnemental et du point de vue national et international.
Le Gabon jouit d'un potentiel touristique disponible qui est extraordinaire :
« coté nature, le Gabon peut prétendre proposer à des
futurs touristes des paysages variés et spectaculaires (littoral
océanique, forêts denses de plaine ou de basse montagne, cours
d'eau de tous types et même vastes savanes herbacées ou
arbustives) peuplés de presque tout ce que l'Afrique Centrale compte de
grands mammifères (des éléphants aux baleines en passant
par les gorilles et les antilopes) et d'oiseaux migrateurs ou non (...) sans
s'étendre sur les reptiles (notamment les tortues marines) et les
insectes qui sont des sources encore sous exploitées de
découvertes touristiques. Côté culture, la quarantaine
d'ethnies qui compose la population gabonaise propose au reste du monde un
foisonnement d'expressions orales, musicales et plastiques qui n'ont
été découvertes que tardivement en Occident et qui sont
par conséquent encore bien préservées de l'acculturation
ailleurs constatée » (Romain Calaque, 2006, p. 5).
La stratégie des autorités vise la
préservation de la biodiversité évoquée
précédemment ainsi que, la confortation de l'économie du
pays qui passe par la diversification de cette dernière afin de stimuler
une croissance durable. « L'écotourisme est le fondement principal
de la nouvelle politique d'industrie touristique de l'Etat » (M.L.
Ropivia, 2004, p. 56).
Le secteur assurera la prospérité future en
apportant une nouvelle source de revenus. Il peut créer des emplois en
créant des entreprises touristiques. « C'est également une
chance de développement économique dans un monde rural dont
l'agriculture disparaît inexorablement et dont les centres urbains, avec
la fin du pétrole, n'ont plus rien à attendre de la
décentralisation industrielle » (Bernadin MINKO MVE, 2006, pp. 9
1-92).
Le thème de la 62ème Assemblée
Générale de l'ONU qui portait sur les changements climatiques a
permis à notre pays de réitérer son engagement à la
préservation de la nature de par son choix sur la création des
parcs nationaux qui devraient contribuer aux efforts de maîtrise du
réchauffement climatique et par la même occasion participer
à la réduction des gaz à effet de serre responsables du
changement climatique.
Il nous revient à terme de nous interroger su les
objectifs poursuivis par une telle politique. A n'en point douter, il s'agit
là, de rechercher une alternative à la simple exploitation de nos
ressources naturelles qui se font de manière brute en
général, en mettant l'accent sur la préservation de
l'écosystème.
L'atout dont dispose le pays, de par la richesse de sa
biodiversité doit contribuer à la diversification des ressources
et à la création de revenus additionnels au profit des
populations les plus déshéritées (Muriel Devey, Jeune
Afrique n°2418, p. 70). Le développement des parcs nationaux vise
à dynamiser le tourisme qui est un secteur dont le poids
économique reste très minime.
La récente inscription en 2007 du parc de la Lopé
Okanda au patrimoine mondial de l'humanité consacre et magnifie la
richesse de la biodiversité et de la culture du réseau des
parcs
nationaux. Avec cette distinction, la «
Lopé-Okanda rejoint le petit cercle des sites classés au
patrimoine mondial de l'humanité pour la qualité de sa nature et
de sa culture, au même titre que le parc national de Tongariro en
Nouvelle-Zélande, le Machu Picchu au Pérou et le parc du
Drakensberg en Afrique du Sud ». C'est une grande réussite a
déclaré Allen Putney, Vice- Président du Patrimoine
Mondial de la Commission Mondiale pour les Aires Protégées
(UICN)1. Il s'agira dans cette initiative de faire en sorte que le
Gabon devienne la « Mecque de la nature » qui attirera des
pèlerins venus des quatre coins du monde pour constater qu'il y a de
pareils trésors su la planète.
Il n'en demeure pas moins que cette initiative aura un impact
aussi bien local qu'international. « C'est une initiative dont les
répercussions imposeront certainement des sacrifices à court et
à moyen terme, mais elle nous aidera à réaliser notre
ambition de léguer ces merveilles de la nature aux
générations futures » (Omar Bongo Ondimba, cité par
Jeune Afrique n°2418, p. 62).
Après avoir planté le décor concernant
les motifs et l'intérêt de l'initiative de la création du
réseau des parcs nationaux à travers le pays, il nous semble
opportun de relever quels peuvent être les freins qui pourraient entraver
la mise en oeuvre de cette initiative en faveur du développement
durable.
Il faut noter que l'écotourisme est le secteur
d'activité sur la base duquel doit reposer le développement des
parcs nationaux. Il s'avère toutefois que, le département du
tourisme qui a en charge la promotion de l'écotourisme, autour des parcs
nationaux est un domaine dont « le bilan économique n'a pas
toujours été déterminant sur le plan national même
si son taux de croissance n'est pas réellement connu faute
d'études statistiques fiables » (Stéphanie NKOGHE, 2006,
pp.48-49).
Ainsi, « la part du tourisme dans l'économie
nationale est quasiment insignifiante. Elle ne participe qu'à environ 3%
du P.I.B » (Aurel NGUEMA citée par Stéphanie NKOGHE, 2006,
p. 49). Un certain nombre de difficultés obèrent effectivement le
décollage du tourisme au Gabon. Il s'agit notamment « du paradoxe,
potentialités touristiques en province, ressources humaines à
Libreville » (Stéphanie NKOGHE, 2006, p. 49), il résulte de
ce constat un déficit d'implication des ressources humaines dans
l'activité touristique provinciale et pourtant les provinces du Gabon
concentrent d'énormes potentialités naturelles et culturelles qui
ne peuvent qu'intéresser le tourisme (Stéphanie NKOGHE, 2006, p.
49).
Entre autres difficultés, on peut citer le transport,
qui est « la principale raison de ce lent démarrage »
(Mylène Remy, 2004, p.46). Les difficultés sont également
le fait des pluies torrentielles, « celles-ci constituent pour le
réseau routier un handicap majeur, à tel point que des sites
magnifiques restent souvent hors d'atteinte par des lignes
régulières d'autocars et que l'entretien de routes
bitumées y est difficile » (Mylène Rémy, 2004, p.
46).
Le travail que nous nous proposons de mener ne se focalisera
pas sur la description du réseau des parcs nationaux car ce travail a
déjà été effectué par des
spécialistes des sciences dites « dures » à travers
trois ouvrages de références sur les parcs nationaux du Gabon, il
s'agit en
1 Union Mondial pour la Nature
l'occurrence de : « AKANDA et PONGARA », «
IVINDO et MWAGNA » et « LOANGO, MAYUMBA et le BAS OGOOUE ». Ces
trois ouvrages ont fort bien décrit les forces naturelles qui ont mis en
place les paysages, les éléments principaux de l'histoire humaine
les ayant façonnés. Ces ouvrages ont aussi essayé de
parler autant que faire se peut des aspects écologiques se rapportant
à ces parcs, ainsi que du répertoriage de certaines
espèces endémiques2. L'objet de ce travail ne portera
donc pas sur les aspects sus - cités, car nous ne disposons ni de
l'expertise ni du temps nécessaire pour abattre un tel travail. C'est
pourquoi nous avons choisi d'axer ce travail sur les politiques de valorisation
des parcs nationaux.
Il s'agira notamment, en parlant de développement
durable, de voir comment la législation intègre les
préoccupations écologiques dans la conduite des activités
économiques et aussi d'étudier la réorientation de la
coopération gabonaise suite à la création des parcs
nationaux.
Pour y arriver nous avons délibérément
opté dans une première partie de montrer l'évolution de la
législation en matière de protection de l'environnement, ensuite
nous essayerons d'éprouver cette législation à
l'épreuve des faits tel qu'ils se déroulent dans nos parcs
nationaux.
Dans une seconde partie, nous essayerons de voir quelle
politique de coopération mettre en oeuvre aussi sur le plan scientifique
que culturelle pour que le pays tire effectivement avantage du réseau de
parcs nationaux que regorge la Patrie.
2 Se dit d'un organisme dont la distribution géographique
est limitée à une certaine région.
Première partie :
Les parcs nationaux du Gabon à l'épreuve
de la
législation nationale et les menaces à
leur survie
Chapitre I : Evolution de la législation sur la
protection des aires protégées
Il est important de souligner que bien avant le 30 août
2002, date de création des 13 parcs nationaux du Gabon, il existait bel
et bien des aires protégées dans notre pays. Le but de la
première section de ce premier chapitre est de revisiter la protection
environnementale telle qu'elle se faisait, notamment à travers les
différentes lois de protection de l'environnement, et de définir
qu'elle fut le statut de ces aires protégées. La seconde section
du premier chapitre quant à elle, s'intéresse
spécifiquement à l'après 30 août 2002 en ce qui
concerne les lois régissant la protection des parcs nationaux et
présente de manière sommaire et non exhaustive les parcs
nationaux et les potentialités de ces derniers.
Section 1 : La protection environnementale avant le 30
août 2002
Un certain nombre de lois caractérisent cette
période, il s'agit de la loi n°1/82 du 22 juillet 1982 dite loi
d'orientation en matière des eaux et forêts, de la loi
n°16/93 du 26 août 1993 relative à la protection et à
l'amélioration de l'environnement. Enfin, la loi n°16/2001 portant
code forestier en République Gabonaise.
A - Les lois de protection de l'environnement et leurs
insuffisances juridiques
Il convient de rappeler que lorsque survient la loi
n°1/82, les préoccupations de protection de la nature et de
l'environnement étaient, depuis une décennie, devenues plus
fortes. « D'autre part, c'est la première loi applicable au Gabon
qui fait référence en même temps à la forêt et
à la faune (auparavant, les textes sur la forêt et sur la faune
étaient distincts, la gestion de la faune relevant de la loi du 08 juin
1960 règlementant l'exercice de la chasse). » (P. Christy et al.
2003, p. 157). Cette loi concerne non seulement l'exploitation des ressources,
mais aussi leur protection.
La première faiblesse de la 1/82 réside dans son
intitulé. Elle montre qu'il s'agit d'une loi sur la forêt et non
sur l'environnement dans sa complexité. « De même, il est
quasiment difficile de faire le lien entre l'exploitation forestière et
la conservation de la biodiversité. Tout porte à croire que ce
lien n'est jamais fait comme si, par exemple, il existait aucune autre
espèce, que les arbres dans les zones concédées aux
exploitants forestiers » (Lomba Moussoutou Nathalie Clarence, 2007, p.
65). De plus, dans cette loi on relève des catégories juridiques
dont le statut de protection est fortement différent même
opposé, il s'agit du domaine classé. A tel point qu'on ne
distingue pas clairement les domaines qui font l'objet de la protection et ceux
qui font l'objet de la production. Ainsi, on distingue deux grandes
catégories : les forêts domaniales classées qui
appartiennent au domaine public de l'Etat qui constituent le domaine à
vocation forestière permanente et déterminée et les
forêts domaniales protégées qui constituent le domaine
à vocation forestière non déterminée,
c'est-à-dire, des terres qui peuvent avoir une autre vocation que la
production du bois.
Par ailleurs, en tant que code d'exploitation des ressources
naturelles, cette loi est révélatrice d'une option
essentiellement répressive qui fait peu de place à une gestion
concertée de la diversité biologique et qui ignore quasiment les
modes de gestion populaires et traditionnels
de la biodiversité . On constate aussi que : « les
modalités de gestion de la faune établies par cette loi outre
qu'ils ne sont pas toujours d'une clarté certaine, accordent un peu trop
d'intérêt à la chasse et à la réglementation
plutôt qu'à la conservation de la diversité biologique. A
cet égard, les définitions ne sont pas toujours claires. Il en va
ainsi en matière de faune où l'on a quelques peines à
saisir la notion de faune cynégétique » (Lomba Moussoutou
N.C, 2007, p. 65).
La loi 16/93 du 26 août 1993 est celle relative à
la protection et à l'amélioration de l'environnement. Elle fait
suite à la conférence de Rio de 1992 dénommée aussi
« Sommet de la terre », qui reflète l'apogée d'une
prise de conscience qui se matérialise par la signature lors de ce
sommet de l'Agenda 21, de la déclaration de Rio, ainsi que trois (3)
textes majeures (convention- cadre sur le changement climatique, convention sur
la protection de la biodiversité, principes relatifs à la
protection des forêts). Il s'agit d'une prise de conscience
consécutive aux évènements dramatiques (catastrophes
naturelles et industrielles qui sensibilisent les médias et les
décideurs aux questions environnementales).
La loi 16/93 a le mérite de porter correction à
certains points de la loi 1/82. Toutefois, elle n'apporte pas de réponse
précise à la question de la biodiversité, elle reste
générale. Mais la loi 16/93 est unique en son genre, car elle
traite de la protection et de la préservation de l'environnement prise
globalement. L'article 2 de ladite loi définit l'environnement ainsi
qu'il suit : « l'environnement au sens de la présente loi est
l'ensemble des éléments naturels et artificiels ainsi que des
facteurs sociaux, économiques et culturels, dont les interactions
influent sur le milieu ambiant, sur les organismes vivants, sur les
activités humaines et conditionnent le bien être de l'homme
».
La loi 16/93 va encore plus loin que la loi 1/82, car elle
intègre les ressources naturelles qui comprennent les
éléments suivants, selon l'article 6 : « les mers et les
océans, les eaux continentales, le sol et le sous-sol, l'air, la faune
et la flore, les aires protégées ». De plus, elle
intègre dans son titre III les pollutions et les nuisances qui sont des
résultantes de l'activité humaine. Aussi, l'article 63 de la
présente loi prévoit la mise en oeuvre des études d'impact
et des plans d'urgence. Elle stipule en plus que tous les contrevenants
s'exposent à des sanctions pénales. Après avoir
décelé quelques insuffisances spécifiques à chacune
de ces lois, il ressort que la politique gabonaise en matière de gestion
de l'environnement tel qu'exposé par ces deux lois présente des
carences communes qui découlent d'autres facteurs.
L'applicabilité des textes en matière de
protection de l'environnement connaît quelques soucis. En effet, l'effort
de protection de l'environnement est très insuffisant eu égard
à l'ampleur de la tâche et à l'importance de l'enjeu si
bien que les lois pré-citées et les déclarations
d'intention des responsables politiques n'ont guère suffit pour y
remédier. Cette situation déplorable découle d'une part,
de la faiblesse du corpus législatif et d'autre part, de la relative
inapplication du peu de réglementation existante.
S'agissant de l'inapplicabilité de la
réglementation en vigueur cela découle du fait qu'il s'agit d'une
tendance générale de l'ordre politico-juridique gabonais (Lomba
Moussoutou N.C, 2007, p. 66). Au demeurant, « il est fréquent de
constater qu'une loi plus ou moins bien faite au Gabon, reste toujours lettre
morte et finisse même par tomber en désuétude. Il s'agit
d'un état d'esprit particulier qui révèle le rapport au
droit des gouvernants et des gouvernés. Ainsi, autant tout le monde est
d'accord pour l'édiction d'une réglementation, autant chacun, une
fois la loi
adoptée s'efforce de ne pas l'appliquer, tout au moins
à soi-même. (...). Chacun s'efforce de la contourner sinon de la
violer » (Idem p.66). Il en résulte que des lois n'ayant jamais
été abrogées ne s'appliquent pas dans la vie courante.
On relève également des retards quant à
la prise des textes d'application des différentes lois, d'où la
non applicabilité de plusieurs lois du fait de leur caractère
général. Les premiers textes d'application de la loi 1/82 par
exemple ne sont intervenus qu'en 1987, trois autres ont suivi plus de 10 ans
plus tard 1994.
Un autre problème qui n'est pas moins important, est
celui de la non intégration véritable des engagements
internationaux de l'Etat dans l'ordre juridique interne. Si bien que : «
tout cela donne l'impression que ces engagements n'ont qu'un but
«esthétique» visant à servir l'image extérieure
de l'Etat auprès des bailleurs de fonds. C'est le cas entre autres de la
convention de la biodiversité, de la convention africaine pour la
conservation de la nature et des ressources naturelles » (idem p. 67).
B - Le statut des aires protégées
Comme les différentes lois de protection de
l'environnement, le statut des aires protégées a
évolué, il requière qu'on se place dans une perspective
chronologique pour le comprendre.
Il est toutefois utile de savoir qu'à
l'indépendance, « il existait quatre aires protégées
au Gabon : la Lopé, Wonga-Wongue, Petit Loango et Ngové-Ndogo, et
l'ensemble Ndendé, Mont Fouari et Nyanga (réserve de faune de
Nyanga nord). Deux ans après l'indépendance, le 17 novembre 1962,
sont créés : l'aire d'exploitation rationnelle de faune de la
Moukalaba-
Dougoua, et, sous le nom d'aire d'exploitation rationnelle de
faune de Setté-Cama, les secteurs d'Iguéla, de Setté-Cama
et de la plaine Ouanga (...). Le 13 septembre 1967, est créé le
domaine de chasse du Mont Kouri, et le 02 octobre 1971, la réserve
naturelle intégrale d'Ipassa », (P. Christy et al. 2003, pp.
160-161). Une distinction pouvait cependant être faite, en effet «
les réserves pourront être soit des aires dans lesquelles les
espèces seront protégées pendant un certain nombre
d'année, soit des aires dans lesquelles ne seront autorisées
à chasser que les détenteurs de permis nettement définis.
L'article 17 de la loi du 08 juin 1960 règlementant l'exercice de la
chasse précise que : « sont maintenus les parcs nationaux, les
réserves de faune et domaines de chasse existant à la date de
promulgation de la présente loi seront groupés en aire
d'exploitation rationnelle de faune et feront l'objet de règlements
d'exploitation. »
La réserve de faune n'assure que la protection des
animaux, et non celle de l'écosystème. C'est donc
légalement que les concessions forestières et les concessions
minières ont été attribuées dans les
réserves de faunes avant 1982.
La loi 1/82 dispose dans son article 38 que : « la
réserve de faune est un périmètre dans lequel la flore et
la faune bénéficient d'une protection absolue ». Cet article
est complété par l'article 46 qui interdit toutes formes
d'exploitations susceptibles de modifier l'environnement et ses ressources. Les
concessions forestières s'avèrent dès à
présent illégales dans ces zones, sauf si on procède
préalablement, au déclassement de la zone
protégée.
Les aires protégées de l'époque au Gabon
sont soumises à de fortes pressions économiques. Jusqu'alors, la
pression économique la plus forte qui s'est exercée sur les aires
protégées est celle de l'exploitation forestière.
Toutefois, l'exploitation forestière ne devrait pas
s'accompagner comme l'enregistre la pratique de l'exercice de la chasse. Bien
que l'attribution de permis forestiers dans les réserves de faune ait
conduit l'administration à prendre des dispositions relatives à
l'exercice de la chasse et de la protection de la faune, il n'en demeure pas
moins qu'on a cependant plus souvent laissé faire que restreint les
droits d'exploitation de la faune. Après avoir brossé globalement
le statut de ces aires protégées nous verrons successivement les
premières aires protégées qui sont au nombre de quatre.
La Lopé
Dans un premier temps, le parc national de l'Okanda et la
réserve naturelle intégrale de l'Offoué qui sont des zones
adjacentes sont créés le 27 septembre 1946. Les statuts
pré-cités auraient dû assurer une protection
intégrale de ces zones contre la chasse et l'exploitation
forestière. Ce ne fut pas le cas. La loi du 08 juin 1960 transforme
l'ensemble en aire d'exploitation rationnelle de faune. Toutefois, «
l'arrêté n°3494/MEFPTE du 02 mai 1996 modifie les
appellations, les limites et les superficies en créant un noyau central,
d'une superficie de 167.018 ha classé en réserve naturelle
intégrale, et en constituant les superficies périphériques
du noyau central (369.000 ha) en zone-tampon ou périphérique ou
les activités économiques et cynégétiques peuvent
être autorisées par décret et où les
activités forestières conservent leur droit tout en étant
soumise à un cahier de charge particulier. La superficie du noyau
central est agrandie par l'arrêté du 23 mai 1996. La principale
activité dans la réserve fut l'exploitation forestière.
Au sein de cette réserve, il a été
installé en 1983, la station d'études des gorilles et
chimpanzés de Franceville. « Cette station de recherche a
mené de nombreux projets de recherches et les résultats ont
été publiés dans des revues scientifiques, des livres, des
thèses de doctorat et des journaux à plus large audience
».(P. Christy et al. 2003, pp. 164-165).
Setté Cama
Le domaine de chasse de Ngové-Ndogo est
créé par l'arrêté du 08 février 1956, il
couvre 250.000 ha dans l'Ogooué-Maritime. Le décret du 20
février 1956 crée le parc national de Petit Loango, d'environ
50.000 ha.
Cette aire est agrandie, elle passe à 700.000 ha et
recouvre l'Ogooué Maritime et la Nyanga, elle change aussi de
dénomination, pour devenir l'aire d'exploitation rationnelle de faune de
Setté-Cama. L'aire protégée de Setté Cama
présente la plus grande variété
d'écosystèmes parmi les aires protégées du Gabon :
cordons littoraux, mangroves, forêts marécageuses, forêt de
terre ferme, savanes herbeuses, marécages ouverts.
Comme dans l'aire protégée de la Lopé,
l'exploitation forestière s'y est déroulée très
tôt, elle s'est limitée aux secteurs côtiers du fait de sa
situation.
« La découverte du gisement on shore de
Rabi-Kounga remonte à 1985. (...) La déforestation pour
l'activité d'exploitation a été évaluée
à 6 km2/an » (P. Christy et al. 2003, p. 165). On voit
bien que cette aire protégée a connu une très forte
pression du fait de la découverte en son sein du plus grand gisement
pétrolier du Gabon. Cette découverte a ainsi mis en veilleuse la
vocation de protection d'une très grande partie de l'aire
protégée.
Moukalaba
L'aire d'exploitation rationnelle de faune de
Moukalaba-Dougoua fut créée le 17 novembre 1962, elle comprend la
réserve de faune de Moukalaba-Dougoua (80.000 ha) et le domaine de
chasse de Moukalaba (20.000 ha). Cette aire protégée recouvre le
versant oriental des monts Doudou secteur forestier, et à l'est la
plaine de Moukalaba, couverte de savane. C'est la seule aire
protégée ou soient représentées les savanes
arbustives à herbes hautes caractéristiques des deux couloirs de
la Nyanga et de la Ngounié. Tout comme les précédentes
aires protégées, Moukalaba a fait l'objet de l'exploitation
forestière.
Monts Doudou
L'aire d'exploitation rationnelle du massif forestier des
monts Doudou est classée par décret du 23 janvier 1998. D'une
superficie de 332.000 ha, elle s'insère entre l'aire d'exploitation
rationnelle de faune de Setté-Cama à l'Ouest, et celle de
Moukalaba, à l'Est : elle permet la création de ce qui est
aujourd'hui appelée complexe de aires protégées de Gamba.
La protection d'un élément du massif du Mayombe et la richesse
botanique de cette région, ou deux espèces endémiques
venaient d'être décrites ont été les principales
motivations scientifiques ayant joué pour l'érection de cette
zone en aire protégée.
En somme, avant 2002, le statut des aires
protégées au Gabon était de trois types (réserve de
faune, domaine de chasse et aire d'exploitation rationnelle). Ce statut ne
permettait pas l'exploitation des ressources naturelles à des fins
touristiques. Ces réserves de faune n'assurait que la protection des
animaux et non de l'écosystème c'est-à-dire, des habitats
et de l'ensemble des espèces végétales.
Ainsi, c'est légalement que des concessions
forestières et des concessions minières purent y être
attribuées (loi du 08 juin 1960).
La modification de cette loi par la loi d'orientation en
matière des eaux et forêts du 22 juillet 1982 dit que : « la
réserve de faune est un périmètre dans lequel la flore et
la faune bénéficient d'une protection absolue » et interdit
toute forme d'exploitation susceptibles de modifier l'environnement et ses
ressources.
Comme nous venons de le voir, les parcs nationaux avaient
déjà été créés dans notre pays,
toutefois, ils n'existaient que dans les textes, sans être dotés
d'une administration et sans gestion appropriée. Ils furent à
terme transformés ou rétablis en réserves de faune.
Section II : La protection environnementale à la
suite de la création des parcs nationaux du Gabon
Les parcs nationaux répondent d'une part, à un
souci de conservation des espaces naturels et des espèces animales et
végétales, d'autre part, à des considérations
économiques qui doivent permettre de développer un secteur de
plus en plus important à l'échelle mondiale, celui du tourisme de
nature (hebdo informations n°463, 2002). Cette réglementation
spécifique sur les parcs nationaux voit le jour du fait que les aires
protégées existantes n'étaient pas adaptées selon
la loi, au développement des activités touristiques. Nous nous
attèlerons à présenter la législation actuelle sur
les parcs nationaux et nous les présenterons par la suite.
A- La législation actuelle sur les parcs
nationaux
Les parcs nationaux sont le résultat de nombreuses
années de recherche du Gouvernement gabonais avec l'appui de partenaires
internationaux tels que : l'Union pour la Conservation de la Nature (UICN), le
World Wildlife Fund for Nature (WWF) et la Wildlife Conservation Society (WCS)
(CNPN, 2003 p. 4).
Les recherches ainsi effectuées classent le Gabon comme
un lieu unique au monde en terme de richesse de ses trésors naturels.
Ainsi, à elle seule, la flore gabonaise est plus diversifiée que
l'ensemble des pays de l'Afrique de l'Ouest .
Comme nous l'avions souligné, les parcs nationaux
existaient bien avant le 30 août 2002, ainsi l'article 75 de la loi
n°16/2001 définit le parc national comme une portion du territoire
ou la flore, la faune, les sites géomorphologiques, historiques et
d'autres formes de paysages jouissent d'une protection spéciale et
à l'intérieur de laquelle le tourisme est organisé et
règlementé. Toutefois, selon l'article 81 de la loi 16/2001, la
gestion d'un parc national est placée sous l'autorité d'un
conservateur nommé par décret pris en conseil des ministres sur
proposition du ministre chargé des Eaux et Forêts.
Cependant, certaines dispositions de la loi 16/2001 vont
connaître des modifications. Il s'agit en l'occurrence de l'article 81,
qui crée un nouvel organisme interministériel placé
directement sous l'autorité du Président de la République
dénommé « Conseil National des Parcs Nationaux » (CNPN)
; par ordonnance n°6/2002 du 22 août 2002. Cette ordonnance est
accompagnée de 13 décrets portant création de chacun des
parcs nationaux du Gabon. Ces décrets vont du décret
n°607/PR/MEFEPEPN au décret n°619/PR/MEFEPENPN. Ces
différents décrets fixent les limites des différents
parcs. Ces décrets sont pris en application des articles 9, 75, 76 et 90
de la loi n°16/2001 portant classement des différents parcs
nationaux. Les décrets reconnaissent la gestion de ces parcs au
ministère chargé des eaux et forêts. De plus, l'article 7
de ces différents décrets prévoit que des activités
touristiques soient organisées. Par ailleurs, toutes les autres
activités sont normalement interdites à l'exception de celles
résultant de droit d'usages coutumiers.
Il convient de préciser que quatre ans après la
création des parcs nationaux, par décret du président de
la République en date du 20 janvier 2006 fixant la composition du
Gouvernement
«les parcs nationaux ont été
rattachés au département ministériel en charge de
l'Economie Forestière des Eaux et de la Pêche».
La loi 003/2007 relative aux parcs nationaux a
été promulguée le 27 août 2007. Elle donne lieu
à la création du Haut Conseil des Parcs Nationaux et de l'Agence
Nationale des Parcs nationaux soit deux instances dirigeantes. Auparavant
rattachés au Ministère de l'Economie Forestière, des Eaux
et de la Pêche, les parcs nationaux sont désormais
rattachés au Ministère en charge du Tourisme.
Les parcs nationaux peuvent faire l'objet de classement ou de
déclassement. Le déclassement est préconisé lorsque
la zone ou l'aire protégée considérée
présente un intérêt économique majeur pour la
nation. Les articles 90 et 91 de la loi n°16/2001 portant code forestier
en République Gabonaise prévoient effectivement que les aires
protégées soient classées ou déclassées. Le
code de l'environnement relevant de la loi 16/93 contient des articles
spécifiques aux Etudes d'impact environnemental. L'article 49 par
exemple du chapitre IV explicite le besoin de passer par des études
d'impact. En effet, avant de donner l'autorisation d'implanter des
installations publiques, ou privées susceptibles d'incommoder le
voisinage ou de nuire à la santé, il faut nécessairement
recourir à une étude d'impact environnemental.
Malgré un cadre législatif pas mal
étoffé par les lois sus-évoquées, il ressort qu'un
certain nombre de contraintes sont susceptibles de constituer un frein à
la réalisation des objectifs fixés par le Gouvernement, il s'agit
des contraintes institutionnelles, économiques et sociales.
La création des parcs nationaux a en partie levé
les contraintes institutionnelles en matière de conservation. «
Toutefois, il reste à mettre en place une législation rigoureuse
sur la protection des espèces animales et végétales vivant
dans les écosystèmes érigés en parcs. De
même, il va être nécessaire de mettre en place une
législation propre à la conservation, qui s'adapte au rôle
économique des parcs. Ces dispositions légales vont être
nécessaires pour donner à la conservation la base juridique et
légale sur laquelle elle s'appuiera » (CNPN, Stratégie de
mise en oeuvre d'un réseau de Parcs Nationaux au Gabon, 2003, p. 10). La
révision de la charte des investissements viendrait à point
nommé si son contenu favorise les conditions d'émergence des
entreprises locales ainsi que l'arrivée des investisseurs
extérieurs. Une révision de la fiscalité relative aux
différents secteurs qui gravitent autour des parcs est également
utile. Les principaux secteurs concernés sont le tourisme, reste le
coût de transport et l'hôtellerie. L'une des contraintes majeures
au développement de l'écotourisme reste le coût de
transport aérien relativement élevé.
A coté des contraintes institutionnelles, on note
également des contraintes économiques. L'entretien et la gestion
des parcs nationaux coûtent chers. Ils ont été
estimés pour l'année 2005 à deux milliards de FCFA, or, le
Gouvernement ne peut fournir les financements nécessaires.
Le Gabon n'est pas à ce jour une destination
touristique bien que le pays ait un fort potentiel. Seulement 5% des voyageurs
arrivant au Gabon viennent pour visiter le pays. De plus, seuls deux parcs ont
développé des structures écotouristiques rentables : le
parc de Loango notamment avec «opération Loango» et le parc de
la Lopé.
Les financements existent sur le plan international pour la
conservation des aires protégées, l'agence nationale des parcs
nationaux doit s'organiser pour permettre la levée de ces fonds.
Enfin, les contraintes sociales qui ne sont pas des moindres
concernent surtout les incompréhensions qui naissent du fait que les
populations vivant autour des parcs ne sont prises en compte dans les
différents projets.
B - Présentation des Parcs Nationaux du Gabon
Cette sous section du chapitre I va nous permettre de
présenter les parcs nationaux du Gabon. En effet, après avoir
fait un bref tour d'horizon de la législation sur les parcs nationaux,
nous ne saurions terminer ce chapitre sans présenter chacun des parcs
nationaux en essayant de faire ressortir pour chacun sa
spécificité. La carte n°1 nous montre la répartition
spatiale des différents parcs nationaux du Gabon. Cette
présentation ne serait pas complète si nous n'évoquions
pas les enjeux qu'induit la création de ces derniers. Ainsi, pour chaque
parc nous présenterons les grands traits de la végétation
et de la faune, nous verrons ensuite les intérêts pour la
conservation et le tourisme.
Carte n° 1 : Répartition spatiale des parcs
nationaux du Gabon
Source : Guide officiel Gabontour
Le parc national de l'Ivindo
Ce parc est situé dans les provinces de
l'Ogooué-Ivindo et de l'Ogooué-Lolo. Il couvre une superficie de
300 000 ha. Une très grande partie de la végétation est
constituée de forêts guinéocongolaises denses humides.
L'Ouest et le Sud du parc national montrent une forte influence atlantique avec
prédominance de l'okoumé (Aucoumea klaineana). La
majeure partie du parc est constituée des forêts
précitées qui sont anciennes ou très anciennes, mais sur
le plateau d' Ipassa elles sont perturbées et secondarisées par
les tornades fréquentes (J.P Vande Weghe, 2006, p. 253).
Entre autres caractéristiques de cette
végétation on observe des forêts ripicoles inondables le
long des grands cours d'eau, des forêts marécageuses qui occupent
de petites dépressions mal drainées. Une flore
particulière habite les nombreuses chutes.
La faune du Parc national de l'Ivindo compte 131
espèces de mammifères, dont 17 primates, 13 carnivores et 16
ongulés. Le gorille (Gorilla Gorilla) et le chimpanzé
(Pan traglodytes) sont abondants. L'avifaune3 compte 397
espèces, parmi lesquelles figure le Picatharte du Cameroun.
L'ichtyofaune4 est riche, elle est semblable
à celle de l'Ogooué, elle est particulièrement riche en
mormyridés « sur le plan entomologique, la faune des papillons
s'avère très riche en espèces qui vivent dans le sous-bois
des vieilles forêts et certaines espèces considérées
comme très rare dans toute l'Afrique Centrale sont communes dans le
bassin de la Langoué. Plusieurs espèces nouvelles ont
été découvertes » (idem p. 253).
L'intérêt pour la conservation est
représenté par la population d'éléphants avec de
grandes défenses, des forêts anciennes peu perturbées par
l'homme, la diversité entomologique est très grande. La station
de l'IRET5 est un atout immense pour la recherche, elle constitue un
atout pour la mise en oeuvre d'un tourisme de haut niveau.
Ce parc présente un atout touristique indéniable
avec les chutes de l'Ivindo, surtout celle de Kongou, et celle de Djidji qui
figurent parmi les plus spectaculaires d'Afrique Centrale. La baie de la
Langoué permet à certaines périodes de l'année
d'observer en toute sécurité l'éléphant, la
sitatunga, le buffle et le gorille sans les déranger.
Le parc national de Mwagna
Il est situé dans la province de
l'Ogooué-Ivindo, il s'étend sur une superficie de 115 500 ha.
Comme pour le parc de l'Ivindo la plus grande partie de la
végétation est constituée de forêts
guinéo-congolaises denses humides de terre ferme, non exploitées
et non dégradées. Au centre du
3 Ensemble de la faune ailée.
4 Ensemble de la faune de poisson.
5 Institut de Recherche en Ecologie Tropicale.
parc, il existe une grande baie. Bien que les ressources
fauniques soient mal connues, on constate que les éléphants sont
assez nombreux. On observe aussi les primates, des artiodactyles
(potamochère, chevrotain, buffle). Concernant l'avifaune,
herpetofaune6 et l'entomofaune7 presque rien n'est encore
connu. En terme de conservation, on note les nombreuses baies qui constituent
les points forts du parc qui attirent une importante population de bongos.
S'agissant du tourisme, ce parc est actuellement trop
éloigné des centres et des axes routiers pour pouvoir être
visité de manière régulière.
Parc national de Loango
Il est situé dans la province de
l'Ogooué-Maritime. Ce parc jouit d'une très grande
diversité floristique. On dénombre aussi bien des pelouses
pionnières sur le haut des plages, des forêts ombrophiles, des
forêts sclérophylles8 littorales, des forêts
marécageuses ainsi que des mangroves.
La faune mammalienne9 compte 80 espèces : on
dénombre aussi 16 espèces de primates. Parmi les carnivores, on
été observés, la panthère (Panthera
pardus), le chat doré (Felis aurata). Le lamantin
(Trichechus senegalensis) a été observé dans la
lagune. Parmi les ongulés on note la présence
d'éléphants en nombre important, de buffles (Syncerus
caffer). L'avifaune compte 342, espèces, 37 espèces de
reptiles sont mentionnées, parmi lesquels on compte le crocodile du Nil
(Crocodylus niloticus), la tortue olivâtre (Lepidochelys
olivacea), la tortue luth (Dermochelys coriacea).
« Sur le plan de l'entomofaune, seuls les papillons
diurnes ont fait l'objet de recherches. Au total, 250 espèces ont
été trouvées, mais une seule espèce est strictement
inféodée au forêts côtières situées
entre l'Ogooué et le fleuve Congo, le nymphalidé (Euriphene
fouamini) » (J. P Vande Weghe, 2007, p. 300)
L'intérêt pour la conservation de ce parc est
grand, car la mosaïque forêt - savane - marais en bordure de
l'océan attire une forte densité des grands mammifères
herbivores et constitue ainsi un écosystème unique.
De plus, « les marais des plaines inondables des
rivières Ngové et Eshira constituent un ensemble unique en
Afrique Centrale. Ils nourrissent une très importante population
d'oiseaux aquatiques, surtout de mai à août, et abritent une
population probablement assez importante de Lamantins » (idem p. 301). Les
plages sont très visitées par la tortue luth (Dermochelys
coriacea) en période de ponte.
L'intérêt pour le tourisme découle de
l'aspect inaltéré du parc national, la possibilité de
sortir en mer pour observer les grands cétacés est une attraction
de choix entre fin juin et début septembre. La possibilité de
voir les tortues luth entre octobre et avril est une autre attraction. Ce
6 Ensemble de faune constitué de batraciens et de
reptiles
7 Ensemble de faune constitué d'insectes.
8 Se dit de certaines plantes dont les feuilles dures et
épaisses leur permettent de s'adapter à des conditions
climatiques arides
9 Qui à rapport aux mammifères.
parc offre aussi pour les birdwatchers une avifaune assez riche.
La pêche sportive peut être pratiquée dans de bonnes
conditions tant au nord qu'au sud du parc.
Parc national de Mayumba
Ce parc est situé dans la province de la Nyanga, il
s'étend sur une superficie de 91 040 ha. La végétation de
ce parc est assez semblable à celle du parc de Loango.
« La partie terrestre du parc national abrite une
importante population de buffles et d'éléphants. Parmi les
primates, le mandrill est présent. L'avifaune est encore
incomplètement connue et très peu d'observations
herpétologiques sont disponibles, mais plusieurs éléments
méridionaux sont présents dans le parc national, notamment la
tourtelette émeraudine (Tutur chalcosilos), la marine est
riche. Parmi les cétacés qui ont été
observés le mégaptère (Megaptera movaeangliae)
(...), les tortues luth nichent en grand nombre. Ce parc national à la
particularité de représenter un des sites de ponte de la tortue
luth le plus fréquenté au monde ; de plus, la présence du
dauphin à bosse de l'Atlantique y est importante » (idem p.
302).
L'intérêt pour le tourisme de cette région
réside du fait que d'octobre à mars, il soit possible de voir en
une seule nuit de nombreuses tortues luth venir pondre sur les plages.
L'observation des mammifères marins y est fort aisée.
Parc national de la Lopé
Ce parc est situé à la confluence de nombreuses
provinces : Ogooué-Ivindo, Ogooué-Lolo, Moyen-Ogooué et la
Ngounié. Il s'étend sur une superficie de 4970 km2.
La Lopé est un site unique où des anciens
refuges de savanes datant de 40.000 ans se juxtaposent aux forêts du
pleistocène du massif du Chaillu riche en plante endémique. Les
forêts à marantacées, les plus proches des savanes dans le
nord, constituent un habitat idéal pour les éléphants et
les gorilles et, en conséquence détiennent la biomasse de
mammifères la plus élevée connue jusqu'à
présent des forêts pluviales tropicales.
La Lopé est l'endroit en Afrique ou l'on peut
découvrir le Mandrill. La Lopé abrite également de grandes
populations de gorilles et de chimpanzés et les densités
d'éléphants les plus élevées en Afrique. De plus,
la vallée de l'Ogooué est un riche sanctuaire
préhistorique. En effet, la Lopé est l'un des sites
archéologiques les plus anciens en Afrique, avec des pointes de
flèches de la pierre, des gravures rupestres de l'âge de fer et
d'autres signes d'occupation humaine vieux d'au moins 400 000 ans.
La Lopé est un site idéal pour la recherche en
forêt. La station d'étude des gorilles et des chimpanzés
(SEGC) est un centre de formation en pleine expansion. Il a été
fondé en 1983 par le CIRMF10 afin d'étudier le
comportement des gorilles et des chimpanzés.
Le parc national d'Akanda
Ce parc est situé dans la province de l'estuaire. Il
couvre une superficie de 540 km2. La forêt
côtière bordant le nord de la péninsule, de la forêt
de la Mondah jusqu'à Akanda héberge de nombreuses plantes qui ne
poussent qu'ici au Gabon, car elles ont besoin du supplément
d'humidité apporté par la mer. Le parc d'Akanda renferme
d'importantes ressources naturelles renouvelables. Les mangroves autour de
Libreville représentent d'importantes zones d'alevinages pour plusieurs
espèces de poissons de mer.
Les vasières du parc sont un des sites d'hivernage les
plus importants d'Afrique Centrale. Le parc national d'Akanda joue un
rôle essentiel pour la reproduction des poissons. Ce qui garantit la
sécurité alimentaire des générations futures. Il
fournit également un espace de loisirs aux résidents
librevillois. Les forêts du nord et de l'ouest sont biologiquement
précieuses, car des orchidées et d'autres plantes rares y
poussent grâce au fort taux d'humidité que l'océan procure
au bout de la péninsule. Le parc d'Akanda renferme les plus grandes
populations de bec-enciseaux d'Afrique qui se reposent sur les bancs de sables
découverts par la marée. Les vasières procurent de la
nourriture à des milliers de limicoles d'Europe.
Le parc national de Pongara
Ce parc est situé dans la province de l'Estuaire. Il
couvre une superficie de 870 km2. Ce parc se trouve à moins
d'une heure du principal centre de population du Gabon. On y trouve des
milliers d'hectares de mangroves qui renferment une quantité importante
d'alevins et de crevettes.
Les plages de ce parc sont des lieux de ponte pour les tortues
marines. Les forêts de ce parc abritent des populations survivantes de
petits singes, de buffles, de céphalophes. Les marais d'eau douce sont
peuplés de poissons et ses prairies regorgent également de
nombreuses espèces de fleurs, d'insectes et d'oiseaux.
Des centaines de tortues luth pondent à Pongara, la
majorité juste au sud de la Pointe Denis. Les tortues marines ont
trouvé en Pongara un endroit romantique et elles voyagent d'aussi loin
que le Brésil pour se reproduire et pondre leurs oeufs sur les plages du
Gabon d'octobre à mars. Plusieurs espèces de dauphins vivent en
mer près de Pongara ou y passent en migration.
10 Centre International de Recherches médicales de
Franceville.
Parc national de Minkebé
Ce parc est situé dans les provinces à
l'extrême nord-est du Gabon. Il couvre les provinces du Woleu-Ntem et de
l'Ogooué-Ivindo. C'est le plus vaste des parcs du Gabon. Minkebé
fait partie de la plus grande étendue sauvage restant en Afrique. C'est
l'une des forêts les plus intacte d'Afrique et le plus grand bloc
forestier inhabité du Gabon. Il possède une faune et une flore
diversifiée et des dômes rocheux appelés Inselberg qui
offrent des panoramas à perte de vue sur la forêt. Minkebé
est constitué par une diversité d'écosystèmes.
C'est une forêt dominée par des légumineuses. La population
d'éléphants de forêt est particulièrement
importante, mais celle des gorilles et des chimpanzés est aujourd'hui
faible à cause de l'épidémie d'Ebola qui a sévit
dans la région dans les années 90. Cette région
représente une vaste forêt pluviale intacte qui joue à la
fois le rôle de réservoir globale de carbone et de château
d'eau du bassin de l'Ivindo, dont les immenses marécages retiennent
l'eau comme une éponge.
Parc national des Monts de Cristal
Ce parc est situé dans la province de l'Estuaire. Il
couvre une superficie de 1 200 km2. Ce parc est couvert d'une
forêt pluviale ancienne dont la majorité n'a pas été
perturbée par l'homme. Mousses, orchidées et bégonias y
sont abondants. Ce parc est l'une des zones les plus diversifiées
d'Afrique pour les plantes et les papillons. De plus, on y trouve aussi de
grands mammifères charismatiques tels que mandrills et
éléphants. Ce parc est riche en arbres et plantes
épiphytes et lithophytes nécessitant beaucoup d'humidité.
Il est reconnu au niveau international pour sa richesse biologique. Un fort
taux d'humidité a permis à une flore particulièrement
riche de s'épanouir depuis des dizaines de milliers d'années. Les
Monts de Cristal sont considérés par de nombreux botanistes comme
ayant la plus grande diversité végétale de toute
l'Afrique. Au surplus, ce parc est d'une importance capitale pour les Gabonais,
par ses bassins versants qui alimentent de nombreux cours d'eau. Les barrages
hydroélectriques de la SEEG11 fournissent
l'électricité à Libreville.
Parc national de Birougou
Ce parc est situé au coeur du massif du Chaillu, dans
les provinces de la Ngounié et de l'Ogooué-Lolo. Il couvre une
superficie de 690 km2. Il dispose d'importantes richesses
biologiques et culturelles. Ce parc regorge de refuges de forêts humides
d'Afrique. En effet, certaines zones en altitude ont maintenu leur couverture
forestière et leur climat humide au gré des diverses
périodes arides et humides de l'évolution climatique et
géologique d'Afrique, d'où leur nom de refuges.
Ces dernières sont des réservoirs où on
trouve des espèces ayant évolué à diverses
périodes et où la variété d'espèces peut
persister pour très longtemps.
11 Société d'Energie et d'Eau du Gabon
Le potentiel biologique du parc lui confère un statut
de site critique de l'UICN. Il reste pourtant encore très peu connu de
la science. De plus, c'est un bassin versant important qui regorge de richesses
culturelles.
Parc national de Waka
Ce parc est situé dans la province de la
Ngounié. Il couvre une superficie de 1070 km2. Les monts qui
cernent ce parc sont uniques de par leur richesse cultuelle les liant aux
peuples alentours. Les peuples de Waka se proclament à l'origine de la
religion bwiti. Ils gardent les secrets mystérieux de la forêt et
leurs rites démontrent un lien étroit avec la nature. Le tourisme
culturel peut s'appuyer sur la force spirituelle de Waka et de ses alentours.
L'histoire naturelle du massif est bien connue des populations locales, mais
n'a pas encore été beaucoup étudiée par la
communauté scientifique. L'expertise locale est importante car elle
permet de fournir des informations sur les changements qui ont affecté
cette région au cours du temps.
Parc national de Moukalaba-Doudou
Il est situé dans les provinces de la Nyanga et de
l'Ogooué-Maritime. Il couvre une superficie de 5000 km2. Ce
parc est composé d'habitats variés, des forêts humides de
montagnes aux marécages, des rivières, des savanes herbeuses
hébergeant des espèces uniques.
L'abondance de primates et de grands singes dans cette
région pourrait faire de cette zone l'un des meilleurs sites d'Afrique
pour observer les gorilles de forêt pluviale. Ce parc est connu des
scientifiques pour avoir les plus fortes densités de primates du Gabon.
Les forêts ayant été exploitées sont abondantes et
contiennent de succulentes Marantacée, une des principales sources de
nourriture pour les gorilles comme pour les éléphants et autres
espèces. C'est également une zone remarquable pour les amateurs
d'oiseaux. C'est le seul parc du Gabon ou l'on peut observer
l'élégant Cobe défassa (antilope).
Parc national des plateaux
Batéké
Il est situé dans la province du Haut-Ogooué. Il
couvre une superficie de 2050 km2. La végétation est
représentée par un immense océan d'herbe au coeur de la
forêt équatoriale. Par endroit, le relief doux est coupé
par de spectaculaires falaises de sable multicolores. La présence de
multiples vestiges archéologiques sur les sommets des collines
témoigne que des milliers de personnes ont vécu dans cette
région autrefois. Des prédateurs charismatiques tels que les
lions et les hyènes qu'on croyait disparus subsistent.
Des savanes sableuses, des forêts galeries et des
rivières se mêlent sur les plateaux Batéké pour
constituer des paysages spectaculaires abritant une grande diversité
d'espèces. Des animaux comme les éléphants de forêt,
les gorilles, les buffles et les potamochères sortent de l'abri des
arbres pour se nourrir dans la savane ou boire dans la rivière. La
diversité des savanes permet à des nombreuses espèces
d'oiseaux des plateaux Batéké de se rencontrer. A tel point que
cette
diversité attire les ornithologues dans la région
de Léconi. De plus, la culture téké est toujours vivace
dans la région et offre des possibilités de tourisme culturel.
Chapitre II : La valorisation des parcs nationaux et
les menaces subsistantes
Dans le présent chapitre, il sera question pour nous
d'évaluer la valorisation des parcs nationaux, telle qu'elle s'est faite
depuis la création du réseau des parcs nationaux. Par la suite,
nous jetterons un regard sur les différentes menaces qui pèsent
sur le réseau des parcs nationaux à travers des faits
retraçables qui se sont produits dans les parcs nationaux, qui
continuent de s'y produire, où alors nous évoquerons les projets
qui, s'ils sont mis en oeuvre provoqueraient des désastres aussi bien
écologiques qu'environnementaux.
Section 1 : La valorisation des parcs nationaux du
Gabon
Selon la définition de l'Union Mondiale pour la
conservation de la nature (UICN), le parc national peut se définir comme
une aire protégée gérée principalement dans le but
de protéger les écosystèmes et à des fins
récréatives. L'ordonnance n°6/ 2001 du 31 décembre
2001 portant code forestier en République gabonaise reconnaît
principalement deux types d'activités pouvant se mener dans un parc
national : les activités d'ordre touristique et scientifique. Nous
verrons donc successivement comment ces différentes activités se
sont déployées dans les parcs nationaux
A-les parcs nationaux et le tourisme
Malgré les potentialités dont dispose le pays
dans le tourisme de nature, il reste à l'état embryonnaire.
Toutefois, au cours des dernières années, le gouvernement a
toutefois montré un intérêt croissant pour le tourisme dans
l'optique d'une valorisation durable de ses vastes ressources naturelles et de
lutte contre la pauvreté. Cette tendance a été
accompagnée par de nombreuses agences et institutions internationales
ainsi que des individus.
Force est de reconnaître que, « le tourisme est une
activité complexe qui implique des acteurs nombreux et très
différents. Une industrie du tourisme ne se monte donc pas en quelques
mois, ni en quelques années. C'est un processus lent, qui demande
beaucoup de patience, d'argent, d'efforts et de professionnalisme. En Afrique,
trop souvent les ONG se sont engagées elles mêmes dans le
développement du tourisme. Or c'est une activité commerciale qui
doit être laissée aux professionnels, tout comme on laisse les
soins de santé au corps médical et
l'exploitation forestière aux sociétés
forestières. Les ONG de la conservation peuvent toutefois jouer un
rôle très important, voire fondamental, en associant leur savoir
et leurs efforts à ceux d'un opérateur touristique. C'est dans
cet esprit qu'a été conçu Opération Loango. »
(J.P Vande Weghe, 2007, p.66)
L'Opération Loango part du principe selon lequel le
tourisme paye la conservation, elle développe l'écotourisme pour
valoriser les terres sauvages dans et autour du parc national de Loango. Elle a
été fondée en collaboration avec le WCS et le gouvernement
gabonais en l'an 2000. C'est désormais l'entreprise d'écotourisme
la plus rentable au Gabon. En 2005, 10000 visiteurs ont séjourné
dans son lodge haut de gamme uniquement accessible en avion. De plus, les
profits générés sont directement réinvestis.
(Gabon, Automne 2006, p34). Le parc de Loango n'est pas le seul parc qui est
l'objet de la visite de touristes. « Environ 2000 touristes visitent le
parc de la Lopé chaque année, des séjours y sont
organisés par Opération Loango qui gère également
le parc national de Loango. L'établissement principal, la Lopé
Hôtel se situe dans un espace magnifique au-dessus du majestueux
Ogooué, avec des bungalows et des suites, une piscine et un restaurant.
« Avec son panorama sur le fleuve de plus de 500m de large, dominé
par le mont Brazza et l'étendue de savane et de collines couvertes de
forêt, l'hôtel se trouve sur l'un des emplacements les plus
spectaculaires d'Afrique, affirme la New-York Magazine.» (Gabon, automne
2007, p.33)
La récente inscription du parc national de la
Lopé en 2007, au patrimoine mondial de l'humanité, laisse augurer
pour ce parc, une plus grande fréquentation touristique. « Cet
honneur prestigieux conféré à l'écosystème
et au paysage culturel de Lopé-Okanda est une première pour le
Gabon. Il en fait une vedette internationale comme le parc du Kilimandjaro et
les chutes Victoria, autres sites africains choisis. Les parcs nationaux qui
disposent d'infrastructures dignes de ce nom, et qui font l'objet d'une
fréquentation régulière de la part des touristes sont ceux
cités ci avant. Il faut reconnaître que, « le
développement du tourisme se heurte cependant à de nombreux
obstacles, en premier lieu au manque de personnel qualifié dans tous les
domaines, tant dans l'accueil et l'hôtellerie que dans
l'interprétation. Si un bon chef de cuisine et un accueil chaleureux
sont essentiels au niveau de l'appréciation de l'hébergement, de
bons guides sont la clef incontournable de toute excursion réussie en
forêt. (...) Ces obstacles sont d'autant plus contraignants que la
concurrence internationale est sans pitié et que les produits
touristiques concurrents sont innombrables. Le développement du tourisme
s'apparente donc à une course contre la montre, car si les parcs
nationaux ne parviennent pas à rapporter rapidement ils pourraient bien
disparaître. » (J.P Vande Weghe, 2007, p.66-68)
B- Les parcs nationaux et la recherche
La recherche est le socle sur lequel repose
l'écotourisme. Il ne saurait donc avoir écotourisme, ni
même gestion durable, s'il n y a pas au préalable eu recherche
scientifique. « Non seulement il est indispensable de savoir quelles
espèces abrite une aire protégée, mais il faut aussi
savoir où ces espèces se trouvent, comment elles vivent et
comment elles interagissent. Un parc national sans recherche est donc un peu
comme une bibliothèque sans catalogue ou un avion sans manuel technique
! » (J.P Vande Weghe, 2007, p.70)
La recherche scientifique dans les aires
protégées commence avec le CNRS. L'organisme français
décaissa les fonds nécessaires qui aboutirent à la
construction de la mission biologique du Gabon (MBG), dont l'inauguration eut
lieu le 13 avril 1963 à Makokou par le feu président Léon
Mba. Il s'en suivit la construction à Ipassa du laboratoire de
primatologie et d'écologie
équatoriale dont les travaux prirent fin en 1972. (Paul
Daruis Posso cité par Vande Weghe, 2006, p.44)
En 1979, l'Institut de recherche en écologie tropicale
fut nationalisé et devint un département du centre national de
recherche scientifique et technologique. En 1983, la réserve naturelle
intégrale d'Ipassa devint réserve de biosphère avec
obligation de remplir les fonctions de conservation, de développement,
de recherche, de formation, d'éducation et de surveillance continue. Les
recherches qu'on effectuait à l'IRET atteinrent une
notoriété telle que : Cette initiative s'inscrivait dans la
logique d'un laboratoire dont la renommée dépassait largement les
frontières du Gabon et de l'Afrique. Plusieurs centaines d'articles
furent publiés ainsi que plus d'une trentaine de doctorats, dont quatre
gabonais. Des dizaines de DEA et DESS furent soutenus .
C'est grâce à ces recherches que le parc national
de l'Ivindo, notamment des ressources dont il regorge sont plus ou moins bien
connu. Toutefois, « avec la nationalisation et la réduction
drastique des différents budgets, la recherche se poursuivit à un
rythme de moins en moins soutenu. Ce n'est qu'avec l'implication en 1998 de
l'Union Européenne qu'on a pu assister à une reprise des
activités.
Parmi les parcs nationaux ayant fait l'objet de recherches
scientifiques poussées, on compte aussi le parc de la Lopé. La
principale caractéristique de ce parc sont les vestiges
archéologiques qui datent de plus de 400 000 ans et la richesse
faunistique et floristique ont fortement joué à l'érection
de ce parc comme patrimoine mondial de l'humanité. De plus, « les
vestiges archéologiques remontent à plus de 400 000 ans et datent
d'avant l'apparition de l'Homo Sapiens. La riche mosaïque des
écosystèmes des savanes et des forêts illustre quant
à elle l'adaptation de l'Afrique aux fluctuations climatiques durant le
pléistocène. » (Lee White cité par Gabon, Automne
2006, p30). Il est essentiel de souligner que la consécration du parc
national n'aurait pas été possible si une recherche scientifique
poussée n'avait pas été mise en oeuvre. On a pu
dénombrer 200 publications scientifiques des chercheurs de la Station
d'Etude des Gorilles et des Chimpanzés, agence locale du Centre
International de Recherches Médicales de Franceville et de
l'organisation WCS. On dispose ainsi d'un site exceptionnel qui permettrait de
prévoir et contrôler les effets du changement climatique sur les
écosystèmes tropicaux. Le principal écueil des recherches
menées dans les aires protégées découle du fait
qu'elles se réduisent à des enquêtes
socio-économiques. (J.P Vande Weghe, 2007, p.70). Il est toutefois
nécessaire de souligner qu'il existe bien dans notre pays, une zone dans
laquelle la recherche est reluisante. C'est grâce à l'appui du
groupe Royal Dutch Shell que la Smithsonian Institution a pu effectuer de
très importantes recherches qui ont abouti à l'évaluation
de la biodiversité la plus complète jamais réalisée
au Gabon. (J.P Vande Weghe, 2007, p.71)
A partir du bilan de la recherche, telle qu'elle se fait dans
les aires protégées , on peut tirer un parallèle avec
l'exploitation écotouristique et voir que les aires
protégées qui connaissent un début d'exploitation sont
celles qui ont le plus bénéficiées des recherches les plus
poussées . A telle enseigne que ces aires protégées sont
les mieux connues de par, le potentiel de biodiversité dont elles
regorgent. Quant au reste des parcs nationaux, ils brillent par une faible
connaissance des ressources et des processus écologiques. D'après
un atelier organisé le 25 et le 26 avril à l'hôtel
intercontinental de Libreville au sujet de la recherche scientifique dans les
parcs nationaux on a pu « constater que les recherches recensées
sont entreprises à plus de 50% par les non nationaux. Par ailleurs, les
travaux exécutés obéissent rarement à des
méthodes standardisées, qui permettraient plus tard la
comparaison des données des différentes études. Les
prélèvements, les manipulations, les utilisations et la
commercialisation de tous les tissus, les souches ou tout autre produit extrait
des parcs ne renvoient à aucun référentiel. De même,
le
Gabon ne dispose pas de guide en matière
d'aménagement/déménagement de centre de recherche dans un
parc national, ni de convention modèle traitant des formes de
partenariat entre les institutions nationales et les chercheurs gabonais.
» (
http://www.
cenarest.org/rapport final sur les parcs nationaux. Pdf)
La recherche scientifique dans les parc nationaux du Gabon
pèche par :
-l'absence d'un cadre juridique et institutionnel clair, qui
structure et codifie la recherche dans les parcs,
-le manque d'évaluation permanente et de la
régulation du système de recherche pour le développement
des parcs nationaux,
-l'individualisation, dispersion et absence de
pérennité des thématiques de recherche, -absence
d'orientation vers la valorisation économique dans les parcs.
Section 2 : Les problèmes occasionnés par les
autochtones et par l'industrie.
Six ans après la création des parcs nationaux,
la gestion des parcs se met en place, en rencontrant toutefois des heurts,
l'opinion publique s'en empare. Les problèmes qui surgissent proviennent
des populations qui vivent autour des parcs qui d'une manière ou d'une
autre, exploitent les ressources spontanées qu'ils abritent. A
coté des problèmes pré-cités il y a aussi les
conflits d'intérêts qui naissent entre l'administration des parcs
nationaux et les exploitants forestiers ou les exploitants miniers.
A- les problèmes engendrés par les
populations vivant autour des parcs nationaux
Pour illustrer nos propos, nous nous appuierons sur quelques
parcs nationaux du Gabon.
Les populations les plus proches du parc national de l'Ivindo
sont celles de Makokou et celles de nombreux villages situés le long de
la route Makokou-Ovan. « L'activité la plus répandue reste
l'agriculture, concentrée dans une bande de 3 à 5 km le long de
la route (...). La production est consommée localement et le surplus est
écoulé à Ovan ou Makokou. Le manioc est toutefois
abandonné au bout de 2 à 3 ans et les bananiers au bout de 5
à 10 ans. Un nouvel espace de forêt est alors
défriché » (JP Vande Weghe, 2006, p. 47)
L'agriculture est souvent combinée à la chasse
et à la pêche. Tout comme les agriculteurs, les pêcheurs de
la route Ovan-Makokou pêchent dans la Mvoung et dans l'Ivindo aux abords
des chutes de Mingouli. Aussi bien les pêcheurs que les agriculteurs
exercent leurs activités au sein même du parc national de
l'Ivindo, ce qui est contraire à la loi. En effet, le décret
n°612/PR/MEFEPEPN du 30 août 2002 portant classement du parc
national de l'Ivindo, en son article 7 stipule que : « A
l'intérieur du parc national de l'Ivindo, les activités
touristiques sont organisées selon le plan d'aménagement
prévu à l'article 6 ci-dessus. »
Toutes les autres activités sont normalement interdites
dans les limites du parc national à l'exception de celles
résultant des droits d'usages coutumiers. Ainsi, conformément
à ce décret il est strictement interdit d'organiser d'autres
activités en dehors des activités touristiques. Les populations
qui résident à proximité de ce parc exercent donc leur
activité en violation flagrante des dispositions
règlementaires.
Entre autres, activités se pratiquant dans le parc de
l'Ivindo, il y a la chasse. « La chasse au fusil se pratique souvent plus
loin des villages. Ainsi, les chasseurs des hameaux situés le long de la
route Makokou-Ovan chassent dans les forêts au nord de l'Ivindo, mais
rarement ils pénètrent à plus de 5 km en forêt
dense. Le gibier visé comprend les céphalophes, les singes et le
potamochère » (J.P Vande Weghe, 2006, p.50).
Avec la raréfaction du gibier due à des
prélèvements dépassant la productivité de la
forêt du fait de la pression des populations urbaines prêtes
à payer cher pour la viande de brousse, la superficie utilisable par la
faune est aussi en constante régression suite à l'extension de
l'exploitation du bois et de l'agriculture.
Le parc de Mwagna n'est pas en reste car des activités
illégales y sont également répertoriées. En effet,
« dans le nord, les chasseurs du village Malouma, situé à
une dizaine de kilomètres du parc, disent ne plus chasser au sud de la
rivière Louaye, mais leur piste pénètre encore et
jusqu'à 5km dans le parc et lors de la dernière prospection de
2004 un groupe de chasseurs fut effectivement rencontré à
l'intérieur du parc ». (JP. Vande Weghe, 2006, p. 51). Il est
nécessaire de dire que, les populations vivant autour ou à
coté des parcs pratiquent la chasse pour la viande qui peut avoir comme
première finalité la consommation des villageois ; et la chasse
commerciale « qui est un phénomène complexe qui repose
à la fois sur la pauvreté des populations rurales et la demande
croissante des populations urbaines qui représentent au Gabon 80% de la
population totale du pays. Bien qu'elle ait oublié la
réalité du milieu forestier, cette population a conservé
le goût du gibier ». La chasse commerciale est plus destructrice
pour la faune car du fait de la demande croissante la pression
cynégétique est très importante ce d'autant plus que le
gibier se raréfie en dehors des parcs. Mais il y a encore un autre type
de chasse bien plus dommageable pour la conservation et la protection de la
faune. En effet, « à coté de la chasse pour la viande,
destinée à la consommation locale ou à la
commercialisation, il existe d'ailleurs une autre chasse à la fois
très rentable et très destructive. C'est la chasse pour l'ivoire.
La ville frontière de Mékambo en serait la plaque tournante dans
le nord-est du Gabon et le parc national de Mwagna serait l'un de ses terrains
d'action favoris (...). En 2004, un chasseur a ainsi été
appréhendé près de Makokou avec des défenses
énormes qui ne pouvaient provenir que du parc national de l'Ivindo.
Comme ailleurs en Afrique Centrale, ces chasseurs «malchanceux, souvent
dénoncés par jalousie, ne représentent cependant que
l'extrémité visible de réseaux dont les ramifications
comprennent à la fois des commerçants, des fonctionnaires et des
notables, tant en province qu'à Libreville» (idem pp. 52-53).
Dans le parc national de Loango, on note une source de conflit
entre les villageois et la conservation, dû aux agriculteurs qui se
plaignent des dégâts causés régulièrement par
les éléphants. « Ce problème est
particulièrement difficile à résoudre dans le cas des
quelques villageois qui habitent encore le parc national de Loango. Ces gens,
une trentaine de personnes en tout, habitent de manière dispersée
et se plaignent continuellement des éléphants qui ravagent leurs
champs, mais refusent de se regrouper ou de quitter leur «terre
ancestrale. Dans d'autres pays d'Afrique, ils auraient été
relogés et indemnisés, mais au Gabon cela semble impossible
» (JP Vande Weghe, 2007, p. 58). A côté des conflits entre
les villageois et la conservation à cause des dégâts
effectués par les éléphants, il y a ceux des
pêcheurs qui viennent d'Afrique de l'ouest et qui ont des coutumes
néfastes. « Les pêcheurs venus d'Afrique de l'ouest,
implantés au Cap Lopez ou à Mayumba, ont quant à eux
introduit des coutumes néfastes que les populations locales ne
connaissent pas et qui nuisent à la faune, notamment la chasse aux
sternes migratrices
sur les plages. Or il est bien connu, grâce au baguage,
que la raréfaction de ces oiseaux sur leurs colonies en Europe est en
grande partie liée à la chasse qui leur est faite sur les
côtes du golfe de Guinée, surtout de la Sierra Leone au Ghana
» (JP Vande Weghe, 2007, p. 61).
Comme pour le parc de l'Ivindo, la chasse commerciale est une
activité pratiquée par les villageois vivant à coté
du parc de Loango. Ce commerce de viande de brousse est en grande partie
illicite, mais au Gabon - il faut bien l'admettre - il est bien difficile de
faire respecter les lois relatives à l'environnement : les animaux
protégés sont tués comme les autres et
commercialisés publiquement sur les marchés ou dans les
restaurants.
Ce problème de chasse commerciale de viande de brousse
est d'autant plus délicat à résoudre, du fait que ni les
autorités, ni les ONG actives dans la conservation n'offrent des
ressources alternatives de subsistance.
B - Les problèmes occasionnés par l'industrie
forestière et minière
Jusqu'alors nous n'avions traité que des
problèmes dus aux populations vivant autour des parcs nationaux, mais
les activités qui posent le plus de problèmes pour la
conservation et la protection de l'environnement sont les activités
industrielles, dans lesquelles on distingue l'exploitation forestière et
l'industrie minière. S'agissant de l'exploitation forestière, il
faut reconnaître qu'avec la création des parcs nationaux, seules
les zones qui avaient été attribuées avant la
création des parc nationaux purent être exploitées. Ces
zones ont cependant été rétrocédées
dès la fin de leur concession.
Du coté de la non attribution de concession
forestière dans les parcs nationaux, l'Etat a probablement
respecté ses engagements.
Le principal problème de l'exploitation
forestière réside dans le fait que, dans les concessions
forestières attribuées à des exploitants près des
parcs nationaux le contrôle de la chasse n'est pas effectif. En effet,
« (...) la construction des pistes ouvre la forêt aux chasseurs et
c'est là que se situe actuellement au Gabon, comme dans toute l'Afrique
Centrale, l'impact le plus problématique de l'exploitation. Non
seulement beaucoup d'ouvriers chassent eux-mêmes dès qu'ils en ont
l'occasion, mais bien souvent ils introduisent dans les campements des
concessions des membres de famille qui chassent ou des chasseurs
étrangers. Une partie du gibier alimente alors les circuits commerciaux
et, très rapidement, la forêt se vide de sa faune avec le manque
chronique de personnel en charge du contrôle auquel s'ajoute un manque de
moyens et un manque de motivation. Cette situation est difficile à
gérer et met les sociétés forestières dans une
position très ambiguë vis-à-vis de leur personnel.
Jusqu'à quel point peut-on d'ailleurs leur demander de se substituer
à l'Etat ? » (JP Vande Weghe, 2006, p. 54). Pour résoudre ce
problème, les exploitants s'engagent dans des partenariats avec des ONG
de conservation. « C'est le cas de la CBG, qui exploite la CFAD de Mandji
sur la limite nord du complexe de Gamba. Au travers du WWF, elle a ainsi pu
obtenir un appui du Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM)
dans le cadre du programme CAWHFI afin d'appuyer techniquement la mise en
oeuvre d'un plan de gestion de la faune » (JP Vande Weghe, 2007, p.
62).
Les problèmes occasionnés par l'exploitation
pétrolière peuvent prendre diverses formes. L'une de ces formes
est la pollution des parcs nationaux côtiers. La pollution pose des
problèmes
difficiles à résoudre étant donné
que l'Etat ne dispose pas de moyens suffisants de contrôle (JP. Vande
Weghe, 2007, p. 64). Les pollutions des côtes gabonaises par les
hydrocarbures et de surcroît des parcs nationaux sont ainsi devenues
monnaie courante. « En 2005, plusieurs cas de pollution ont
été observés. Sur les plages des parcs nationaux de
Mayumba et de Loango se sont déposés des nappes d'hydrocarbures
dont les analyses d'échantillons n'ont permis ni d'identifier la source
ni de déterminer les responsables » (Idem p. 64). « La
dernière date de janvier 2007, en pleine période de ponte des
tortues marines. Ceci constitue un sérieux problème pour la
protection de la préservation de la nature » (idem p. 64). Un autre
problème de l'exploitation pétrolière, ce sont les
opérations sismiques qui provoquent des nuisances qui perturbent la
faune. Durant la phase d'exploitation pétrolière, les
opérations sismiques génèrent des bruits et des vibrations
qui dérangent la faune et détruisent certains habitats
naturels.
Il faut toutefois noter que les conséquences de
l'exploitation pétrolière sont plus insidieuses qu'elles ne
laissent paraître. « Cependant les conséquences les plus
importantes de l'exploitation pétrolière sont peut-être
indirectes et plus insidieuses : les populations qui en vivent sont
relativement bien rémunérées et consomment de grandes
quantités de poissons et de viande de brousse, surtout du fait de la
faiblesse de l'agriculture et de l'absence de l'élevage. Sans le
vouloir, l'industrie pétrolière a ainsi contribué à
la quasi-disparition locale de l'hippopotame et du lamantin ou à la
raréfaction inquiétantes des céphalophes, du buffle et de
plusieurs espèces de singes dans les forêts du bassin côtier
» (JP Vande Weghe, 2007, p. 65).
Un constat de menace des parcs nationaux se fait ressentir
globalement notamment par l'exploitation minière et
pétrolière, à tel point que les parcs nationaux compte
tenu de la prolifération des menaces ne présentent aucune
garantie concernant la sécurité environnementale. La
prolifération des menaces fait suite à la vague d'attribution des
permis de prospection miniers et pétroliers qui ont cours actuellement
dans notre pays.
Akanda par exemple est menacé par la construction du
nouvel aéroport de Libreville dans sa très proche
périphérie. Le parc situé à proximité, le
parc de Pongara est également menacé, « une compagnie
française, Maurel et Prom, envisage de faire passer un gazoduc à
travers le parc de Pongara, à la demande de la SEEG
propriété du groupe français VEOLIA » (http://
www.brainforest.org/ parcs menaces.htlm)
Le parc national de Loango, qui est le parc le plus
prisé en matière touristique et qui est suffisamment reconnu par
les tours opérators connaît lui aussi quelques difficultés.
« Une compagnie pétrolière chinoise, SINOPEC a
commencé des prospections avec l'aval du ministère des mines mais
en contrevenant au code de l'environnement et à la loi actuelle sur les
parcs nationaux. Les conséquences négatives sont
déjà identifiées.
Au sud du Gabon, dans le parc national de Mayumba, le seul
parc entièrement marin, inquiète par les projets qui y ont cours.
« Une compagnie pétrolière française, Maurel et Prom
envisage de faire passer un pipeline à travers le parc de Mayumba.
» (http:// www.brainforest.org/ parcs menaces.htlm)
De tous les projets cités ci avant, le projet de
Belinga est à n'en point douter, du fait de son ampleur, celui qui a le
plus retenu l'attention aussi bien de l'opinion nationale qu'internationale. En
effet, « Dès 1995, des géologues y ont localisé un
gisement de fer sous le relief montagneux de la région. Des
études évaluent mêmes les réserves à plus
d'un milliard de tonnes, avec une teneur en minerai de 64%. Belinga abriterait
donc le plus important gisement inexploité du monde. » (Bongo,
la Chine et les écologistes. Jeune Afrique.htm). Le chantier de la
mise en exploitation s'est heurté à des militants
écologistes. L' ONG Brainforest reproche aux autorités
gabonaises de n'avoir effectué aucune étude
préalable d'impact sur l'environnement. Une négligence d'autant
plus grave aux yeux des organisations écologistes que Bélinga se
situe dans la deuxième plus vaste forêt du monde. En 2002, alors
que Greenpeace s'alarmait de l'éventuelle disparition des gorilles, des
chimpanzés et des bonobos dans les dernières forêts vierges
du bassin du Congo, le Gouvernement gabonais avait alors créé
treize parcs nationaux, sur 11% de son territoire. Aujourd'hui le projet
Bélinga est perçu comme un inquiétant retour en
arrière. En somme ce qui inquiète les écologistes, se sont
les infrastructures lourdes qui accompagneront ce projet tels que la
construction du tronçon de chemin de fer, la construction d'un port en
eaux profonde à Santa Clara et d'un barrage hydroélectrique au
sein même du parc de l'Ivindo. « Selon OBO, les ONG veulent faire de
son pays une simple réserve uniquement destinée à recycler
le gaz carbonique émis par les grand pays, qui pour leur part, refusent
égoïstement de respecter l'environnement. »
(Bongo, la Chine et les écologistes. Jeune
Afrique.htm).
A la suite de la polémique sur la destruction de
l'environnement relayée par les différents médias
internationaux « le 14 septembre, il (le chef de l'Etat) a convoqué
son gouvernement et les membres du corps diplomatique accrédités
à Libreville pour marteler sa détermination à mener
jusqu'au bout le chantier de Bélinga, censé commencer en 2011.
(...), le Président a fustigé l'attitude des ONG occidentales :
comment comprendre que ceux là même qui n'ont pas reussi à
imposer chez eux un minimum de mesures préventives en faveur de
l'environnement viennent chez nous en utilisant le tapage médiatique, le
mensonge et la calomnie pour obliger mon pays à sacrifier son
développement sur l'autel de la nature ? » (Bongo, la Chine et
les écologistes. Jeune Afrique.htm). Mais sa colère
passée, Omar Bongo Ondimba devait quelques jours plus tard recevoir des
militants écologistes pour leur proposer d'être
représentés dans le comité de suivi du projet. En
dépit de la polémique, il faut rappeler que la loi gabonaise
autorise une déclassification à condition de classer une autre
zone dans les mêmes proportions
Deuxième partie :
Les enjeux de la valorisation et la
réorientation
possible des politiques de coopération
gabonaises suite à la création des
parcs
nationaux
Chapitre III : Les enjeux de la valorisation des parcs
nationaux du Gabon
La valorisation des parcs nationaux offre une perspective
nouvelle de développement pour le Gabon. Cette nouvelle perspective de
développement va dans le sens de la diversification de l'économie
gabonaise, qui jusqu'alors était principalement dominée par
l'exploitation brute de ses matières premières. Les lignes qui
vont suivre vont nous permettre de dégager quels sont les enjeux de la
gestion des parcs nationaux du point de vue de vue de leur promotion locale.
Section 1 : Les enjeux de la gestion des parcs
nationaux
De la gestion des parcs nationaux découle deux principaux
enjeux, les enjeux économiques et sociaux et les enjeux
écologiques et scientifiques.
A- Les enjeux économiques et sociaux
Depuis son indépendance en 1960, l'économie
gabonaise est surtout basée sur l'extraction de ses matières
premières dont la première fut le bois. Au début des
années 70, l'économie gabonaise est désormais
dominée par l'exploitation du pétrole qui représente plus
de 80% des revenus d'exportation, 60% des recettes budgétaires et
environ 40% du PIB courant.
La dépendance de l'économie gabonaise à
une ressource au prix si volatile soumet le Gabon, à vivre au rythme des
fluctuations des cours du brut et en fonction des volumes des exportations, eux
mêmes dépendants de la taille des gisements. Or, après
avoir atteint un pic de 18 millions de tonnes, la production de brut n'a
cessé de décroître pour se stabiliser aujourd'hui autour de
13 millions de tonnes. À la vue de cette situation, les plus hautes
autorités du pays ont décidé de la diversification de
l'économie qui met un accent particulier sur la valorisation des
ressources naturelles renouvelables. Au regard de ce qui précède,
il ressort que l'enjeu premier attendu de l'exploitation des parcs nationaux
est la diversification et la restructuration du tissu économique
gabonais, de manière à faire en sorte que l'économie
gabonaise dépende de moins en moins du secteur pétrolier et faire
émerger de nouveaux secteurs générateurs de revenus et
permettre par la même occasion l'élargissement d'un marché
de l'emploi qui devient de plus en plus étroit. « A l'instar de
certains pays africains pour lesquels le tourisme en général,
l'écotourisme en particulier, contribue pour beaucoup au PIB, le Gabon
à travers son réseau de parcs, à l'opportunité de
faire émerger une forêt filière éco touristique.
Celle-ci serait, en même temps que les secteurs bois et pêche
industrialisée et le secteur environnement à développer,
une alternative au secteur pétrolier dont la contribution au budget
national décroît au fil des années. L'objectif étant
à moyen et à long terme de parvenir à : (i) une
diversification de l'économie, (ii) une dynamisation du secteur
privée, et une faible dépendance à l'égard du
secteur pétrolier. » (CNPN, 2003, p.6)
S'il y a une activité non extractive qui pourrait
valoriser les parcs nationaux c'est bien l'écotourisme. C'est un type de
tourisme basé sur le respect de l'environnement.
Pour y arriver, le Gabon doit lever un certain nombre de
contraintes. En effet, « les préalables pour parvenir à
concrétiser le fort potentiel économique des parcs passent par
(i) la mise en place de structures d'accueil et de moyens de communication
adéquats, (ii) l'aménagement efficient des parcs, (iii) la
formation des différents intervenants de la filière, (iv) la
réforme de la politique d'entrée au Gabon, (v) la réforme
de la fiscalité des secteurs du tourisme et des transports, (vi) la mise
en place d'un environnement législatif libéralisé
favorable à la venue d'entrepreneurs non gabonais et des
opportunités de crédit favorables à l'émergence des
privés gabonais avec un accent particulier sur la micro- finance.
L'enjeu social des parcs nationaux est indéfectiblement
lié à l'enjeu économique qui vient d'être
abordé.
L'enjeu social est composé de deux volets :
- la création d'emplois engendrée par
l'administration des parcs ;
- l'amélioration des conditions de vie des populations
rurales vivant à l'intérieur ou à proximité des
parcs.
Le potentiel de création d'emplois du secteur de
l'écotourisme est immense. En dehors des emplois classiques
générés par l'hôtellerie et la restauration,
l'écotourisme génèrera de nouveaux métiers dans la
gestion des parcs tels que les éco-gardes, éco-guides et les
conservateurs.
Le développement de l'écotourisme communautaire
qui est une forme d`écotourisme qui implique les populations locales
dans la gestion des activités écotouristiques des parcs
permettrait de lutter contre la pauvreté en milieu rural.
La mise en oeuvre d'un projet d'écotourisme n'est
cependant pas aisée, car il nécessite des investissements
importants. Toutefois, les bénéfices auxquels on devrait
s'attendre pourraient rapidement compenser les engagements initiaux. Le Gabon
dispose à travers son réseau de parcs nationaux d'un fort
potentiel économique comme le montre ce tableau de simulation de
fréquentation du parc national de Loango.
Tableau n°1 : Simulation de fréquentation au
parc national de Loango
Statut
|
Droit d'accès / par jour (xi)
|
Nbre de touristes / jour pour le tourisme de
|
Nbre de touristes / jour pour la pêche
sportive
|
Nbre de touristes / jour pour le tourisme
|
(xi* (qi1+qi2+qi3)
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vision
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(q2)
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scientifique
|
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|
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(qi)
|
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(q3)
|
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Etrangers non résid.
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15 000 F.CFA
|
10
|
5
|
3
|
270 000 F.CFA
|
Etrangers
|
|
|
|
6
|
|
résidents
|
7 500 F.CFA
|
15
|
10
|
|
232 5000 F.CFA
|
Nationaux
|
|
|
|
|
|
|
2 500 F.CFA
|
20
|
15
|
9
|
110 000 F.CFA
|
Total
|
-
|
45
|
30
|
18
|
612 500 F.CFA
|
Ce tableau montre qu'il existe des opportunités de
développement de l'écotourisme qui
pourraient être
avantageuses aussi bien pour les opérateurs économiques
privés que pour l'Etat,
en million de F.CFA 2006
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
Bénéfice tiré de l'écotourisme
|
52
|
60
|
78
|
90
|
140
|
140
|
160
|
191
|
255
|
306
|
Bénéfice différentiel tiré de la
séquestration du carbone
|
1 465
|
2 867
|
4 207
|
5 485
|
6 700
|
7 853
|
8 944
|
9 972
|
10939
|
11842
|
Bénéfice tiré des ressources
génétiques
|
79
|
16
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Bénéfice de non-usage
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
680
|
TOTAL
|
2 275
|
3 622
|
4 965
|
6 255
|
7 520
|
8 673
|
9 784
|
10844
|
11873
|
12828
|
s'agissant du parc national de Loango.
Un autre exemple sur l'estimation économique des
bénéfices auxquels on pourrait s'attendre pour le parc national
de l'Ivindo nous donne les résultats suivants :
Tableau 2 : Evaluation des bénéfices
associés au scénario avec PNI
Cette étude de Lescuyer montre que les
bénéfices vont en s'accroissant au fil des années. De
plus, le scénario sans parc national de l'Ivindo montre que les
bénéfices auxquels on s'attendrait seraient très nettement
inférieurs à ceux auxquels on s'attendrait avec un parc
national.
Si la filière écotouristique venait
effectivement à prendre son essor, elle pourrait être à
l'origine de la valorisation du monde rural qui jusqu'à présent a
souffert de l'absence d'activités économiques et de l'exode
rural.
B-les enjeux écologiques et scientifiques
Le Gabon regorge d'importantes potentialités
touristiques aussi bien d'un point de vue culturel, entretenu par une riche
diversité ethnique, qui représente un paysage rituel et
artistique très riches.
Au point de vue floristique, on considère que cette
région est l'une des plus riches en nombre d'espèces par
unité de surface de toute l'Afrique tropicale avec plus de 6000
espèces d'arbres. La faune ne compte pas moins de 130 espèces de
mammifères dont 19 espèces de primates avec d'importantes
populations de grands primates (gorilles et chimpanzés). La population
d'éléphants est avec 60 000 individus environ l'une des plus
importantes et stables d'Afrique. L'avifaune compte plus de 650 espèces
d'oiseaux. La présence de nombreux reptiles et des différentes
tortues marines contribue également à la richesse faunique du
Gabon. La conservation des ressources biologiques est d'autant plus importante,
qu'à travers le monde les forêts tropicales sont
dévastées pour des raisons économiques. Il y a donc
là un risque non négligeable de perte de la biodiversité
du fait de la non conservation des forêts tropicales et de leurs
ressources génétiques.
La forêt tropicale est l'habitat de nombreuses
espèces inconnues ou très peu étudiées qui
pourraient être à l'origine de nouveaux principes actifs
utilisés par les industries pharmaceutique, cosmétique ou
agricole qui pourront avoir une utilité dans les jours avenir.
De plus, « deux secteurs sont directement
concernés par la conservation des ressources génétiques de
cet écosystème : le secteur agricole et le secteur
pharmaceutique, qui demeurent dépendants du matériel
génétique naturel pour accroître l'efficience de leur
production. Les ressources génétiques « naturelles »
sont, par exemple présentes dans un grand nombre de traitements
thérapeutiques. Environ un quart des prescriptions dispensées
dans les pharmacies américaines contiennent un ou plusieurs
ingrédient provenant de plantes ( Farnsworth et Soejarto, 1989, »
cités dans (G. Lescuyer, 2006, p.40)
L'exemple du projet Biodivalor qui a été
initié en 1997 et qui établissait un partenariat entre l'ONG Pro
Natura International et l'institut de pharmacopée et de médecine
traditionnelle (IPHAMETRA) montre que grâce à ses ressources
génétiques l'écosystème forestier des parcs
nationaux est susceptible d'apporter une forte valeur ajoutée à
la transformation de produits végétaux prélevés
dans la forêt gabonaise. « Les recettes
générées par la vente d'échantillon botaniques et
les redevances d'exploitation des brevets d'utilisation des principes actifs
extraits de ces échantillons étaient partagées à
moitié entre le Trésor Public et un fonds spécial
d'écodéveloppement conformément aux principes de la
convention sur la diversité biologique, ce fonds devait servir à
financer la mise en place de services d'intérêt collectif
contribuant à l'amélioration du cadre de vie et du bien
être des populations locales.
De telles coopérations sont à promouvoir, car la
coopération entre Pro Natura International et l'IPHAMETRA a
rapporté 167 705 euros. Cependant cette coopération a pris fin en
2001.
L'étude réalisée par Lescuyer montre
également que ce type d'exploitation pourrait rapporter encore
davantage. S'agissant de la recherche scientifique dans les parcs nationaux,
elle apportera une meilleure connaissance des ressources et offrirait un plus
large éventail de produits pour le tourisme de nature. Au surplus,
« il apparaît presque incontournable que de nombreux laboratoires de
recherche en écologie tropicale, de façon générale,
pourrait bientôt envisager d'implanter des centres de recherche au Gabon
ou appuyer des institutions gabonaises de recherche aux fins de profiter du
contexte pour découvrir et nommer de nouvelles espèces où
mieux connaître celles déjà répertoriées ou
encore d'étudier les propriétés médicinales ou
comestiques de certaines plantes. » (CNPN, 2003, p.7)
L'herbier national du Gabon a bénéficié
durant plus de 5 ans (1999-2005) du projet biodiversité botanique du
Gabon, financé par le ministère des Affaires Etrangères du
Royaume des Pays-Bas. Ce projet avait pour objectifs de faire du Gabon un
centre national d'expertise dans le domaine de la biodiversité
végétale afin de contribuer à la protection et à
l'aménagement des forêts tropicales. « C'est ainsi qu'au
terme du projet (février 2005), l'herbier national du Gabon a vu ses
collections informatisées au 2/3, (...) l'augmentation du nombre de
publications scientifiques dont la plus récente est la liste des plantes
vasculaires du Gabon paru en 2006 ; la formation du personnel technique et
scientifique ; l'intensification des contacts scientifiques et la mise en
réseau de la base de données de l'HNG avec des instituts
taxonomiques partenaires ( Université de Wageningen, Missouri Botanical
Garden, Muséum d'Histoire Naturelle de Paris, Jardin botanique de Meise,
Kew Botanical Garden » (Ludovic Ngok Banak, l'Union n°96 19 du mardi
15 janvier 2008,p5)
La volonté de conservation de la biodiversité
gabonaise par les plus hautes autorités fait en sorte que le pays
reçoive l'appui indéniable de nombreuses institutions nationales
mais aussi de la majorité des organisations non gouvernementales qui
s'investissent dans la protection et la
gestion rationnelle des ressources naturelles. Cet appui est
illustré par le tableau qui suit qui montre les appuis dont le parc
national de l'Ivindo a pu bénéficié ces dernières
années à des fins de conservation de la biodiversité.
Tableau 3 : Financements internationaux actuels du PNI
Financements internationaux : bailleurs et
intitulé du projet
|
Mise en oeuvre
|
Durée
|
Montant total
|
Montant estimé pour PNI
|
Union Européenne: «Réhabilitation et
valorisation de la station de l'Institut de Recherche en
Ecologie Tropicale de Makokou/Ipassa»
|
IRET - CIFOR
|
4 ans
|
2 618 000 €
|
2 618 000 €
|
AFD: « Appui aux parcs nationaux du Gabon »
|
|
5 ans
|
5 800 000 €
|
1 500 000 €
|
USAID-CARPE II - CBFP Landscape n° 4, Ivindo sector
subregion
|
WWF - WCS
|
3 ans
|
652 000 $
|
652 000 $
|
Contributions privées à la « Fondation
Internationale Gabon Eco-Tourisme »
|
FIGET
|
3 ans
|
250 000 €
|
250 000 €
|
Mac Arthur Fondation : « Assessing the human welfare
effects of establishing
protected areas for biodiversity conservation»
|
WCS
|
7 ans
|
405 000 $
|
100 000 $
|
US Fish & Wildlife Service: «Formation des
écogardes»
|
WCS
|
1 an
|
40 000 $
|
40 000 $
|
L'enjeu écologique et scientifique est grand et la
façon dont il sera géré dépendra du futur
économique voir même social des parcs nationaux du Gabon.
Section 2 : La promotion des parcs nationaux
La promotion des parcs nationaux au niveau national passe par
l'intéressement des populations locales à la politique de
vulgarisation des parcs et par la recherche des investisseurs privés.
A- L'écotourisme communautaire
Les parcs nationaux constituent un espoir pour le
développement du tourisme au Gabon. Les potentialités naturelles
et culturelles permettent de l'espérer et assurent que les populations
locales devront être les bénéficiaires de ce
développement. D'où la nécessité de
développer une forme de tourisme qui allie conservation et
développement durable. L'écotourisme communautaire est une
démarche dans laquelle le tourisme durable est réalisé
avec une implication directe des populations locales.
L'écotourisme communautaire permet une revalorisation
des patrimoines culturels, il correspond à une stratégie de mise
en oeuvre à partir de laquelle le patrimoine de chaque communauté
peut être mis en circulation. (Christian Johnson Ogoula, 2006, p.148).
L'appropriation de l'écotourisme communautaire suppose au
préalable une bonne connaissance des populations locales de leur
patrimoine culturel afin que ces dernières puissent faire profiter aux
touristes leurs savoirs et savoir-faire.
Son but est d'aboutir à une intégration de la
connaissance des communautés locales dans la gestion des parcs
nationaux. Patrimoine matériel et immatériel constitueraient des
ressources non négligeables pour le développement
d'activités touristiques et des éléments permettant aux
communautés locales de participer à la gestion des parcs.
Une autre alternative s'offre également aux populations
locales. Mais au préalable, il faudrait qu'une loi soit instituée
pour permettre de transférer aux populations locales la gestion suivant
leur tradition de préservation de ressources comprises dans la limite de
leurs terroirs. « La motivation des populations pour la gestion et la
conservation des ressources naturelles devrait faire baisser le coût de
la protection environnementale, notamment la lutte anti-braconnage, et les
populations mieux formées, à même de s'organiser, de
prendre des décisions, d'occuper des emplois, de consommer sur base de
leurs propres revenus, en meilleur santé et pouvant assurer à
leurs enfants un niveau de scolarité plus élevé, devraient
passer de l'état de charge pour l'Etat à celui de contribuer
à l'économie nationale.» (J.P Vande Weghe, 2007, p.68)
Enfin, les populations locales peuvent également tirer
profit d'un partenariat avec les opérateurs privés. « Ces
derniers pourraient appuyer les communautés par des formations, le
développement de produits de tourisme communautaire et la promotion. Ces
partenariats sont à formaliser sous la forme de contrats (mise en place
d'une charte, de code de bonne conduite pour les parties et d'un système
de labellisation. » (Christian Johnson Ogoula, 2006, p.150)
Les populations locales pourraient se voir employer comme des
guides, elles pourraient aussi participer à l'hébergement des
visiteurs des parcs nationaux.
Si le développement de l'écotourisme
communautaire n'est pas bien avancé dans notre pays, il existe tout de
même des projets pilotes dont on pourrait s'inspirer pour vulgariser leur
développement autour des parcs nationaux. Il a été
développé un programme d'appui à la mise en oeuvre d'une
expérience de tourisme communautaire à Setté Cama dans le
cadre d'un programme plus large dénommé PSVAP (Programme
Sectoriel de Valorisation des Aires Protégées). « La forme
choisie pour l'entreprise Setté Cama est une coopérative
appartenant à toute la communauté, d'où son nom : Abietu
bi Setté Cama_ c'est le bien de Setté Cama. En plus de sa caisse
de fonctionnement, la coopérative place une part des retombées du
tourisme dans une caisse qui constitue l'épargne du village. (...)
Dès sa première année, Abietu bi Setté Cama, a
prouvé à la fois sa capacité à attirer et à
satisfaire des clients et sa capacité à motiver et à
rassembler des populations. Ouverte en janvier 2004, l'initiative a accueilli
465 nuitées en 2004 et 724 nuitées en 2005. En cette
année, les rentrées ont été de 17,1 millions de
francs CFA, soit environ 26 000 euros. En tout 90% des ménages de
Setté Cama ont bénéficié du projet. Avec la caisse
d'épargne du village, le premier financement voté par la
population a été la construction
d'une épicerie car le village, dépourvu de tout
magasin, est à 2 heures de la ville de Gamba en pirogue. » (J.P
Vande Weghe, 2007, p.68)
A travers cet exemple d'écotourisme communautaire, on voit
bien que les populations locales peuvent bénéficier de
retombées de l'écotourisme engendré par les parcs
nationaux.
B- L'investissement privé
L'investissement privé dans le secteur de
l'écotourisme pâtit du fait qu'au Gabon le tourisme reste à
l'état embryonnaire. Et cela en dépit du fait que notre pays
dispose de ressources qui sont sans commune mesure avec certains pays africains
qui ont décidé de faire du tourisme de nature leur credo,
à cause de la part importante qu'il représente dans leur PIB.
Les promoteurs écotouristiques ne sont pas
légion au Gabon. La principale société qui
développe l'écotourisme est la SCD qui a développé
dans le cadre de l'opération Loango un partenariat avec une ONG
américaine de la conservation, la Wildlife Conservation Society (WCS) et
le gouvernement gabonais. La SCD gère deux parcs nationaux du Gabon, il
s'agit du parc national de Loango et de celui de la Lopé. Mis à
part ces parcs nationaux qui font l'objet de la gestion d'un investisseur
privé, les autres parcs nationaux qui ne bénéficient pas
du soutien d'un opérateur privé ne disposent pas
d'infrastructures pouvant accueillir les touristes dans les meilleures
conditions de confort possible. Cette situation découle directement
d'une raison simple, les autres parcs nationaux ne disposent pas de plans
d'aménagement et de gestion, ni même de plan de
développement touristique. Compte tenu de cette situation, les ONG
environnementales tels que le WCS et le WWF s'impliquent ainsi dans
l'écotourisme, c'est notamment le cas du parc national de l'Ivindo,
où est développé un tourisme de vision de l'avifaune par
le WCS.
La résorption de cette situation passe par la
révision de la charte des investissements du Gabon, pour réduire
au maximum la charge fiscale qui pèse sur les investisseurs dans ce
domaine particulier. La nouvelle charte des investissements pourrait par
exemple prévoir une exonération totale des promoteurs
écotouristiques pendant un certain nombre d'années au minimum 5
ans, afin que ces derniers puissent rapidement recouvrer leur capital
d'investissement.
Chapitre IV : La valorisation des parcs nationaux d'un
point de vue global et sectoriel
Le 30 août 2002, le Gabon par la voix de son
président a décidé de mettre en friche près de 11%
de son territoire à des fins de conservation. De part cette
décision historique, le pays doit s'attendre à des
bénéfices économiques qu'il pourrait tirer de cet actif
naturel. La première section de ce chapitre s'appuiera sur des
politiques globales tandis que la seconde sur les politiques sectorielles
Section 1 : Les politiques globales de valorisation
Parmi les politiques globales de valorisation on distingue
d'une part, la séquestration du carbone et d'autre part, la
coopération.
La détérioration de l'environnement qui est
à mettre à l'actif de la conjugaison de nombreuses pollutions
telles que l'effet de serre, la destruction des forêts tropicales, la
pollution des océans fait que plus que par le passé, soient
prises en compte les interdépendances globales qui unissent les hommes
à la nature. En effet, porter atteinte à cette dernière,
conduit inexorablement au péril de l'une et de l'autre. Etant
donné que la solution ne peut se trouver exclusivement dans le cadre
étatique, une approche globale est nécessaire du fait que les
problèmes environnementaux sont souvent transfrontaliers.
A- Le stockage du carbone
La terre est entrée dans une phase de bouleversements
climatiques résultant de l'accumulation de gaz à effet de serre,
qui sont la résultante directe des activités humaines. Les
niveaux de dioxyde de carbone ont connu une croissance rapide au siècle
dernier pour atteindre des proportions record.
D'après les prévisions des scientifiques les
conséquences de l'augmentation du dioxyde de carbone sont plus
qu'alarmantes. Ainsi, ces derniers estiment que dans les années avenir,
il y aura une hausse généralisée des températures
et comme effet d'entraînement, on observera la hausse du niveau marin. Ce
supplément de dioxyde de carbone affectera également le climat.
Pour lutter contre le réchauffement climatique global, l'attention de la
communauté internationale se porte de plus en plus sur le rôle des
forêts dans les échanges de carbone. Par ailleurs, « il a
été estimé que la quantité de carbone stocké
dans les forêts du monde est dix fois supérieure à tous les
combustibles fossiles brûlés ces cent dernières
années. Les forêts du Gabon sont estimées contenir
0,94-2,54 milliards de tonnes de carbone. » (Chris Wilks, 2003, p.63)
Comment se fait le stockage du carbone par les forêts ?
Pour répondre à cette interrogation, nous nous
appuierons sur la théorie des puits de carbone. D'après cette
dernière, « les forêts denses agissent comme des «
pièges à carbone » et la majorité des scientifiques
pensent que la préservation est vitale dans la lutte contre le
réchauffement climatique. Leur théorie s'articule sur une
fonction naturelle des forêts qui, avec la
photosynthèse, absorbent le dioxyde de carbone et
stockent dans les arbres la matière organique et le sol. Plus la
forêt est ancienne, plus elle contient de carbone. C'est la raison pour
laquelle les forêts établies stockent beaucoup plus de carbone que
les forêts exploitées de manière intensive. » (Gabon,
printemps 2008, p.3 1)
C'est ainsi qu'on estime que : « la forêt du Gabon
absorbe à elle seule le dioxyde de carbone produit chaque année
par les trois pays les plus industrialisées de l'Union
européenne, a constaté le président français. Rien
que pour cela, nous devons ouvrir les yeux et nous rendre compte que l'Afrique
ne demande pas la charité. C'est le monde qui a besoin de l'Afrique et
des forêts du bassin du Congo. » (Gabon, automne 2007, p.6)
La séquestration du carbone est une voie vers laquelle
le Gabon doit se diriger pour lui permettre d'atteindre son objectif de
conservation. Bien qu'étant une valeur d'usage indirect, la
négociation sur le marché international du stock de carbone
séquestré par le Gabon pourrait lui permettre d'apporter des
devises supplémentaires pour une valorisation effective des
différents parcs nationaux. Ce type d'exploitation indirecte
s'avère beaucoup plus rentable pour notre pays, car une exploitation
directe qui concerne l'exploitation forestière n'apporterait pas les
mêmes bénéfices comme l'a montré Lescuyer dans son
étude sur le parc national de l'Ivindo. L'exploitation indirecte
représenterait aussi un stabilisateur dans le processus de changement
climatique qui s'avère désormais irrémédiable.
L'exploitation indirecte par le biais de la séquestration du carbone,
permettrait non seulement au pays de bénéficier de devises en
contre partie de ses efforts de conservation et de développement
durable, mais aussi à la communauté internationale, car le
changement climatique s'en trouverait atténué, ce qui ne serait
pas le cas si le Gabon avait choisi l'option de l'exploitation directe.
La carte suivante nous présente une estimation du
carbone que peuvent stocker les forêts gabonaises. Cette carte nous
permet de quantifier avec une certaine précision, la rétribution
à laquelle le pays doit s'attendre en fonction du prix pratiqué
sur le marché mondial. Le prix de la tonne de carbone a
été estimé à 8 euros par tonne de dioxyde de
carbone en 2005 dans le rapport du groupe intergouvernemental d'experts sur
l'évolution du climat, il sera de 13 euros à 54 euros d'ici
à 2030. (Gabon, printemps 2008, p.31). Dans cette optique, le Gabon
pourrait percevoir près de 120 millions de dollars selon les estimations
de Gustavo Fonseca en 2007.
Carte n°2 : de la distribution du carbone
fixé dans la végétation du Gabon
Toutefois, bien que l'Afrique soit généralement
admise comme la région qui produit le moins de gaz à effet de
serre, qui sont à l'origine du réchauffement climatique
planétaire, il n'en demeure pas moins que l'Afrique reste la grande
oubliée des fonds affectés au réchauffement
planétaire. Pour atténuer un tant soit peu ce
phénomène, l'Afrique aura besoin d'une importante aide
financière. Or, il se trouve que la même Afrique peine
déjà à mobiliser les fonds nécessaires pour lutter
contre la pauvreté et elle n'a pas non plus réussie à
convaincre les investisseurs, d'investir dans des projets de protection de
l'environnement sur le continent. Ce qui est une injustice car, « les
scientifiques africains estiment que le continent contribue déjà
activement à la lutte contre le réchauffement planétaire,
notamment grâce à ses forêts, qui absorbent et retiennent le
gaz carbonique, principal facteur de réchauffement. L'Afrique compte 17%
des forêts de la planète et près du quart des forêts
tropicales, qui contribuent à purifier l'air des émissions
polluantes produites à des milliers de kilomètres.
» (L'Union n°9548 du vendredi 19 octobre 2007, p.4).
Pour une reconnaissance du rôle des forêts
africaines, un certain nombre de pays d'Afrique et d'autres régions du
monde ont demandé aux pays industrialisés de reconnaître
l'importance des forêts pour l'environnement, de rémunérer
les pays en développement en échange de leur préservation.
A ce jour, seuls quelques programmes pilotes ont été menés
à petite échelle et l'action de l'Afrique contre le changement
climatique se heurte au manque de moyens financiers. Le marché du
carbone enregistre les tendances suivantes : « les transactions de gaz
carbonique s'élèvent aujourd'hui à 22 milliards de
dollars. L'Afrique espérait bénéficier du faible montant
de ses émissions pour attirer les capitaux du Mécanisme pour le
Développement Propre. Ce sera peut être le cas, mais au milieu de
l'année 2007, elle n'avait bénéficié que de moins
de 2% des projets financés par le mécanisme dans le monde. »
(L'Union n°9548 du vendredi 19 octobre 2007, p.4).
Comment explique t-on alors le manque d'intérêt des
investissements du mécanisme ?
Ce désintérêt s'explique d'après
les experts par les conditions généralement peu propices aux
investissements qui règnent en Afrique. De plus, le manque d'organismes
financiers et commerciaux dignes de ce nom, ainsi que l'insuffisance des moyens
administratifs et de gestion du continent. Cette situation n'est pas sans
espoir , puisque l'accord de Kyoto arrivera à échéance en
2012 et qu'il ne fait plus aucun doute que le réchauffement
planétaire est plus rapide que prévu, il n'est donc pas
impossible que l'Afrique puisse désormais tirer profit du potentiel
d'absorption de gaz de ses forêts.
Cette évolution pourrait aussi se hâter
grâce à l'intervention du groupe d'experts intergouvernemental sur
l'évolution du climat établi par les Nations Unies. Il existe
donc un clivage entre les pays industrialisés et les pays en
développement. Bien qu'étant responsable de la majeure partie des
émissions de gaz carbonique, les pays du nord exercent des pressions
préventives sur les pays du sud, redoutant que ces derniers n'accentuent
dans l'avenir la pollution atmosphérique. Mais ces pays invoquent le
droit au développement et soulignent qu'aucun processus
d'industrialisation n'est possible sans se livrer dans un premier temps,
à une consommation massive d'énergie. C'est pourquoi, la
protection de l'environnement semble passer ici par l'octroi de compensations
financières que le nord industrialisé accorderait au sud en
développement pour que cet ensemble d'Etats puisse satisfaire à
des normes de production moins polluantes. (Josepha Laroche, 2000,
pp.454-455).
Sans cette juste compensation financière, les pays
d'Afrique sont menacés d'une part par la déforestation, «
les forêts d'Afrique disparaissent actuellement au rythme de plus de 5
millions d'hectares par an ; victimes d'une exploitation commerciale excessive
et non viable, et des méthodes de défrichage par brûlis.
Des études indiquent que 66 millions d'hectares de forêts ont
été détruites entre 1980 et 1995 et que le rythme de
déforestation s'intensifie. » (l'Union n°9548 du vendredi 19
octobre 2007, p.4) D'autre part, le fait que le bois constitue un produit
d'exportation important pour certains pays, la réduction de ces
exportations pourrait se solder par un manque à gagner difficile voire
impossible à combler.
Heureusement pour nous, le Gabon échappe à une
mauvaise utilisation de son domaine forestier, non seulement du fait de sa
faible densité de population, mais aussi par la fait que, « le
Gabon mène une politique de gestion durable. Ainsi, son taux de
déforestation moyen entre 1990 et 2000 avoisinait les 0%. Il fait partie
des pays très boisé susceptible de voir ses efforts
récompensés suite à la démarche de la
communauté internationale de reconnaître les dispositions des plus
hautes autorités à oeuvrer pour la conservation de la nature.
B- la coopération internationale
Avant d'envisager toute forme de coopération, il est
utile de rappeler pourquoi les forêts tropicales naturelles sont si
importantes. « Bien que ne couvrant que 5% des terres
émergés les forêts tropicales abritent plus de la
moitié des espèces végétales et animales
terrestres. » (OIBT, 2007, p.30). Parmi les espèces dont regorgent
les forêts tropicales, on compte aussi bien les grands mammifères
que les primates, ainsi que de nombreuses autres espèces qui sont peu
visibles. On peut ainsi dire que dans son ensemble, la biodiversité
stabilise notre atmosphère et notre climat, protège les bassins
hydrographiques et renouvelle les sols. Elle permet également de
maintenir l'adaptabilité des écosystèmes, utile en cas de
modification brutale des paramètres du milieu. De plus, « à
partir de la biodiversité, nous développons des cultures et
obtenons les premiers intrants et matériaux génétiques
servant à l'industrie, à l'agriculture, aux plantations
forestières et à la médecine, ces biens
représentent des milliards de dollars de revenus annuels et nous
dépensons aussi des milliards dans le tourisme et les loisirs pour jouir
de la nature et de sa diversité. » (OIBT, 2007, p.30)
Comme nous l'avons souligné dans la section
précédente, les forêts d'Afrique disparaissent à un
rythme de 5 millions d'hectares par an du fait de la déforestation. Or,
l'Afrique compte le quart des forêts tropicales dans le monde, elle est
considérée grâce au bassin du Congo comme le second poumon
de la planète, après celui de l'Amazonie. Le Gabon est
relativement épargné par ce phénomène de
déforestation du fait de sa faible population et du faible impact de
l'industrie forestière sur sa forêt. Eu égard à ce
constat, le Gabon peut être considéré comme un bon
élève de la conservation. L'érection de près de 11%
du territoire en aires protégées ne fait que confirmer les
dispositions des plus hautes autorités à oeuvrer pour la
conservation de la nature.
Les huit nations qui détiennent 80% des forêts
tropicales humides parmi lesquelles on dénombre : le Brésil,
l'Indonésie, la Malaisie, la Papouasie Nouvelle-Guinée, le Gabon,
le Cameroun, le Costa Rica et la République du Congo ; ont
décidé de faire front contre la déforestation et la
réduction des dégradations. Les pays pré-cités
grâce à la puissance diplomatique dont ils peuvent se
prévaloir du fait de l'importance de leur forêt pour la
planète veulent que la protection des forêts soit inclus dans le
projet d'accord post 2012 qui élargit le protocole de Kyoto. En effet,
le protocole de Kyoto qui est un accord de référence pour la
réduction des gaz à effet de serre ne prévoit pas de
dispositions pour la protection des forêts.
La communauté internationale semble enthousiaste
à l'idée que les transferts de fonds se fassent des pays
industrialisés vers les nations des tropiques afin de ralentir les
émissions des gaz à effet de serre en faisant baisser le taux de
déforestation et en limitant les pertes des forêts à
l'avenir.
Si d'aventure, ce lobby de pays forestier peut obtenir gain de
cause, le Gabon serait l'un des pays les plus avantagés. « Dans un
article paru récemment dans Public Library of science Biology et
intitulé No forest left behind (n'abandonnons aucune forêt),
Gustavo Fonseca directeur exécutif du centre for applied biodiversity
science et vice président de conservation internationale estime la
valeur des crédits préventifs du Gabon à 80 millions
d'euros par an, l'une des plus élevée du monde du fait de son
taux de déforestation très faible, pratiquement neutre. »
(Gabon, printemps 2008, p.32).
Le Gabon a d'autant besoin d'être épaulé
dans la conservation de son patrimoine naturel que l'on estime que la
surveillance et l'inventaire des richesses contenues dans les parcs nationaux
à 15 millions de dollars par an. (Le Point n°1689, 27 janvier 2005,
p.81). Or le Gabon n'est disposé qu'à apporter 2 millions de
dollars.
Les pays riches se sont ainsi engagés à apporter
du moins pour les premières années des fonds pour aider le pays
dans son effort de conservation. C'est ainsi que des pays qui
traditionnellement oeuvrent pour la conservation des forêts
équatoriales se sont illustrés par des financements en faveur de
ce projet. Il s'agit de la France, la Grande-Bretagne, le Japon et les
Etats-Unis.
S'agissant de la France, cette dernière par le biais du
Fonds Français pour l'Environnement Mondial (FFEM) a financé
entre 2003 et 2006 un appui au développement de l'écotourisme en
Afrique centrale dont le montant s'élève à 0,94 million
d'euros à travers le projet RAPAC (Réseau des Aires
Protégées d'Afrique Centrale). Toujours grâce au FFEM, la
France a développé le PRGIE (Programme Régional de Gestion
de l'Information Environnementale) dont le but est de renforcer les
réseaux de communication et d'échanges, à travers le
développement d'outils informatiques, produire et publier de la
documentation sur des sujets liés à l'environnement. La France
s'est aussi illustré grâce au soutien par l'Agence
Française de Développement pour un montant de 8 millions d'euros
à appuyer la diversification de l'économie gabonaise et soutenir
les efforts de conservation du Gabon à travers les parcs nationaux.
A la suite d'une visite de Colin Powel, les Etats-Unis ont
promis quant à eux 53 millions de dollars pour la conservation de la
biodiversité en Afrique Centrale. (Le Point n°1689, 27 janvier
2005, p.81).
Le Gabon ne doit toutefois pas s'attendre que cette manne soit
pérenne. C'est pourquoi le pays doit essayer de tirer le maximum de
profit d'organisations intergouvernementales qui oeuvrent pour la conservation
comme l'OIBT (Organisation Internationale des Bois Tropicaux). C'est une
organisation qui dans son programme d'action s'est doté de deux
démarches complémentaires dans la conservation de la
biodiversité. La réduction au minimum des pertes de la
biodiversité liées à l'extraction des produits forestiers.
Il aide également les pays membres à créer et à
gérer des aires de protection intégrales. « L'OIBT a
apporté son concours à plus de 10 millions hectares d'aires
transfrontalières vouées à la conservation , dans
lesquelles deux pays au moins coopèrent à l'aménagement et
à la conservation d'espaces transfrontaliers grâce à
l'établissement du sanctuaire transfrontalier
Mengamé-Minkebé pour gorilles à la frontière entre
le Cameroun et le Gabon.
Le Gabon pourrait ainsi multiplié les partenariats avec
les pays voisins pour la promotion d'aires transfrontalières
vouées à la conservation. Il pourrait ainsi créer des
zones similaires avec le Congo entre le parc national de Conkouati, où
encore avec Sao-Tomé pour la conservation des tortues marines. Il
pourrait aussi élargir les couloirs transnationaux associés
à Minkebé, grâce à l'étude
réalisée par le WWF et ECOFAC. Cette zone couvrirait
Minkebé (Gabon), Odzala (Congo) et du Dja, de Nki de Boumba-Bek
(Cameroun). Cette zone deviendrait une des zones clés pour la
conservation de corridors ou en créant des nouvelles zones
protégées reliant les aires protégées
existantes.
Après avoir exploré les différentes
pistes qui s'offrent au Gabon, eu égard à sa politique de
conservation d'un point de vue global, voyons à présent les
politiques sectorielles que le pays peut mettre en oeuvre afin de tirer le
maximum de profit de la création de ses parcs nationaux.
Section 2 : Les politiques sectorielles
A la faveur du second sommet de la terre qui s'est tenu en
juin 1997, dans le cadre d'une session extraordinaire des Nations Unies, il a
été unanimement reconnu que le bilan était loin de
répondre aux multiples attentes, qui si elles avaient été
correctement suivies auraient permis d'atténuer, un tant soit peu, les
menaces qui pèsent sur l'écosystème. Les gouvernements
n'avaient pas tenu les engagements pris à Rio. « En effet, les
trois conventions qui avaient été adoptées en 1992 ainsi
que « l'agenda 21 » qui devait constituer le programme de
développement durable pour le troisième millénaire n'ont
pas été mis en oeuvre. Restent donc les politiques sectorielles,
certes moins ambitieuses, mais qui peuvent avoir une valeur programmatique.
»
De ces politiques sectorielles nous pouvons en envisager deux :
il s'agit des échanges dette/ nature et de l'éco-business.
A- Les échanges dette/nature
L'échange dette/nature est un mécanisme de
conversion de dette qui ouvre de nouvelles perspectives en matière de
protection de l'environnement. C'est un instrument au service du redressement
économique des Etats endettés comme des politiques publiques
environnementales. L'échange dette/nature vise une meilleure protection
du milieu naturel des pays en développement, tout en travaillant
à la réduction de leur dette. (Josepha Laroche, 2000, pp439-
440)
Dans ce mécanisme une ONG qui a préalablement
obtenu l'accord d'un Etat débiteur, fait la démarche
auprès d'un Etat débiteur pour racheter sa dette en devises pour
un prix inférieur à sa valeur nominale dans le but d'obtenir en
contrepartie le décaissement par ce pays d'un montant en monnaie locale
supérieur au prix de la créance. Le montant obtenu est ensuite
utilisé pour la mise en oeuvre d'un programme de protection de
l'environnement. Ce procédé permet au pays débiteur non
seulement de racheter sa dette à moindre coût mais qu'en plus, cet
argent est réinvesti dans le pays sous forme de projet de protection de
l'environnement. Ce procédé est intéressant pour tous les
partenaires. Les ONG gagnent en notoriété et
bénéficient de fonds supplémentaires pour mener à
bien les activités de protection de l'environnement. Le créditeur
dispose d'une opportunité de se débarrasser de créances
qui risqueraient de ne jamais être recouvrées.
Bien qu'apparente, la simplicité de ce
procédé se révèle toutefois complexe du fait du
nombre des intervenants qui sont cinq au minimum :
-l'investisseur, il s'agit de l'organisme qui finance
l'acquisition de la dette à convertir, ici c'est l'ONG environnementale
;
-le créancier, une banque privée membre du club de
Londres ou des créanciers publics, partie au club de Paris ;
-le pays débiteur par l'intermédiaire de son
ministère des finances ;
-le bénéficiaire ultime de la conversion de dette,
une société locale ou une ONG du sud.
Le problème qui se pose est que ce mécanisme
lorsqu'on le rapporte au volume de conversion de dette qui a été
révisé jusque là, sa proportion reste très
marginale, car les pays débiteurs préfèrent le plus
souvent avoir recours au principe de conversion de dette dit classique pour
attirer les investissements étrangers vers les secteurs productifs ou
alors contribuer à des programmes de privatisation et non pas de
faciliter l'activité d'ONG sur leur territoire.
Parmi les pays ayant bénéficié du
mécanisme de l'échange dette/nature entre 1987 et 1989 au nombre
des organes impliqués il y avait non seulement des ONG traditionnelles
mais aussi de deux gouvernements : les Pays-Bas et la Suède.
Entre autres problèmes, on note le fait que les pays en
développement sont très peu enclin à accepter les
conditions de ce type d'accord qui induisent par ailleurs des ingérences
et des atteintes à la souveraineté. Les pays créditeurs
quant à eux craignent de perdre leur influence d'où leur
hésitation à transférer d'importantes
responsabilités aux ONG pour la réalisation des programmes de
protection de l'environnement. Enfin, les gouvernements
bénéficiaires des pays en développement tardent
eux-mêmes à se mettre en conformité avec les obligations
contractuelles qui leur permettraient de bénéficier de la
conversion de leur dette en investissements pour la protection de
l'environnement.
Notre pays a récemment bénéficié
du mécanisme d'échange dette/nature. Cela a été
possible grâce au soutien de l'ONG WWF et de la facilitation du PFBC
(Programme des Forêts du Bassin du Congo). Le bénéficiaire
à terme étant l'Agence Nationale des Parcs Nationaux). En effet,
déclarant que le monde devait aider le Gabon à préserver
ses forêts, le président Sarkozy a annoncé que la France
convertirait en aide une partie de la dette gabonaise à son
égard, soit 50 millions d'euros sur les sommes dues au club de Paris.
» (Gabon, automne 2007, p.6)
Tel que l'accord de conversion de dette a été
conclu, nous constatons qu'il ne répond pas vraiment au mécanisme
d'échange dette/nature que nous avons préalablement
décrit. Toutes les conditions ne sont pas remplies pour que cette
transaction soit qualifiée d'échange dette/nature. L'investisseur
ici n'est pas une ONG qui rachète une partie de la dette, c'est
plutôt la France qui a décidé unilatéralement de la
conversion de la dette gabonaise. Elle s'est servie d'une ONG en l'occurrence
le WWF.
De plus, la conjoncture économique gabonaise
étant particulièrement favorable du fait du choc pétrolier
actuel, avec un baril avoisinant les 140 dollars, l'Etat avait donc
suffisamment de fonds pour rembourser sa dette par anticipation qui
s'élevait à 1,6 milliards d'euros. Or le mécanisme tel que
nous l'avons décrit se met surtout en branle lorsque le pays
débiteur connaît une conjoncture difficile, à tel point
qu'il éprouve des difficultés à rembourser sa dette. C'est
à cette occasion que le créditeur use du mécanisme pour se
débarrasser de créances qui risqueraient de ne jamais être
recouvrées.
Il ressort que le mécanisme d'échange
dette/nature ne constitue pas un moyen de résoudre la crise de
l'endettement, mais doit être considéré comme une technique
de protection de l'environnement.
B-L'eco-business
Si l'écologie à longtemps été
considérée comme une contrainte, aussi bien par les pouvoirs
publics et plus encore par les milieux économiques, elle apparaît
désormais comme une opportunité pour les firmes de
réorienter leur secteur recherche-développement et de
redéployer leur stratégie commerciale en conséquence.
« La protection de l'environnement est devenue un facteur de croissance et
de compétitivité commerciales au point de représenter un
nouvel instrument de régulation des échanges économiques
internationaux. » ( Josepha Laroche, 2000, pp442-443).
Les entreprises s'efforcent de réduire les pollutions
liées au cycle de production, leur objectif étant à long
terme la quasi-disparition des déchets rejetés à
l'extérieur.
Notre pays a ainsi vu certaines entreprises s'impliquer dans la
protection de l'environnement. Le
complexe des aires protégées
de Gamba, dont fait partie intégrante le parc national de Loango a
vu sa situation en ce qui concerne la recherche
s'améliorer à tel point qu'elle est devenue grâce à
un appui du groupe Royal Dutch -Shell une des aires protégées
d'Afrique centrale dont l'évaluation de la biodiversité est la
mieux connue. Pour en arriver là, il aura fallu depuis 2000 une
étroite collaboration entre la Smithsonian Institution et le groupe
Royal Dutch -Shell qui travaillent à l'évaluation de la
biodiversité pour adopter des approches écologiquement
responsables dans les processus de développement et d'extraction de
ressources naturelles. « Le programme a débuté par une
évaluation scientifique des aires protégées de Gamba
visant à développer la recherche et à aider l'industrie
pétrolière dans la mise en place d'une meilleure gestion
environnementale à l'échelle locale. Il était avant tout
indispensable de récolter des données de base concernant la
présence et la distribution de nombreux groupes taxinomiques au sujet
desquels rien ou pratiquement rien n'était connu dans la région.
Pareil programme ne pouvait se faire qu'en établissant des liens
étroits entre les partenaires du gouvernement, des communautés,
de l'industrie, du monde scientifique et de la conservation. » (J.P Vande
Weghe, 2007, p.71)
Conclusion générale
Les aires protégées existaient au Gabon bien
avant la création des parcs nationaux en 2002. Cependant, les
différentes lois régissant la protection des aires
protégées comportaient des insuffisances juridiques, si bien que
l'effort de protection demeurât très insuffisant et ce d'autant
plus qu'à la faiblesse du corpus juridique devait s'ajouter une
inapplication du peu de réglementation existante.
Le statut des aires protégées a
évolué, auparavant ouverte à la chasse, la protection va
progressivement s'étendre à l'ensemble de
l'écosystème. L'obstacle le plus important au
développement de ces aires protégées fut le fait que des
concessions forestières et minières purent y être
attribuées. Déjà à cette époque les aires
protégées faisaient l'objet de fortes pressions
économiques dues à l'exploitation forestière et à
l'exercice de la chasse commerciale par les populations locales.
Le ministère en charge des forêts et de la
conservation, appuyé par le WWF et le WCS lança une
évaluation des sites critiques pour la conservation entre 2000 et 2002.
Cette dernière aboutie à la création des 13 parcs
nationaux en août 2002, à l'occasion du sommet de la terre de
Johannesburg. Par cette décision, le Gabon devînt le seul à
avoir été fidèle à l'engagement pris dans le cadre
du processus de Yaoundé par les présidents des Etats de l'Afrique
centrale de protéger au moins 10% de leur territoire avec la mise en
place des parcs nationaux.
Cette décision devrait répondre à la
recherche d'une alternative à la simple exploitation de nos ressources
naturelles en priorisant la préservation de
l'écosystème.
Le cadre réglementaire des aires
protégées va connaître dès lors, une nette
amélioration. C'est ainsi que la vocation et les usages autorisés
dans les parcs nationaux visent la conservation de la biodiversité et la
protection des fonctions écologiques. Les activités
écotouristiques et scientifiques sont les seules à y être
autorisées, avec une possibilité mineure d'exercer certains
droits coutumiers.
On constate toutefois que dans la pratique les menaces qui
pèsent sur les parcs nationaux subsistent, elles sont non seulement le
fait de l'industrie minière et forestière, mais aussi des
populations vivant aux alentours des parcs nationaux.
La création des parcs devrait donc induire s'ils sont
correctement gérés des avantages aussi bien d'un point de vue
économique qu'environnemental. Les bénéfices à
attendre pourraient être élargis à la nation toute
entière et même à la planète dans son ensemble.
L'écotourisme est considéré comme le
secteur d'activité fleuron, qui à terme doit se substituer
à la manne des capitaux qui ont afflué à la suite de la
création des parcs nationaux. Or, il se trouve que la part du secteur
touristique dans le PIB du pays était demeurée insignifiante.
Les parcs nationaux sont considérés par les
autorités gabonaises comme des projets de développement
permettant de dynamiser des zones rurales encore trop à l'écart
des avancées socio-économiques du pays. En effet, ce secteur
présente de nombreuses opportunités d'emploi, ainsi qu'une source
d'apport de devises à même de favoriser les activités
génératrices de revenus.
En outre, le développement des parcs nationaux vise
à dynamiser un secteur dont le poids économique reste
limité.
Mais depuis la création des parcs nationaux, les
investisseurs privés ne sont pas nombreux dans le domaine
écotouristique, à tel point que certaines ONG se substituent
à ces derniers pour la découverte des splendeurs des parcs
nationaux qui ne disposent pas d'infrastructures adéquates.
De plus, sur le plan de la recherche scientifique, les
richesses dont regorge le réseau des parcs nationaux n'ont jusqu'alors
que partiellement été explorés, or le développement
de l'écotourisme ne saurait se faire sans une meilleure connaissance des
espèces aussi bien faunistiques que floristiques.
Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se
décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux
écologiques et scientifiques.
Les enjeux de la valorisation des parcs nationaux peuvent se
décliner en enjeux économiques et sociaux et en enjeux
écologiques et scientifiques. La valorisation des parcs nationaux passe
aussi par la promotion de ces derniers aussi bien auprès des populations
locales que de la communauté internationale sans oublier les
investisseurs privés. C'est ainsi que pour vulgariser les parcs
nationaux une collection d'ouvrages dénommée, les parcs nationaux
du Gabon a été éditée. Cette dernière compte
à son actif actuellement trois ouvrages qui couvrent six parcs nationaux
du Gabon. Grâce à cette collection les parcs nationaux sont mieux
connus aussi bien sur le plan national qu'international. De nombreux articles
sont parus dans des revues internationales de renom tel que le National
Geographic, des films documentaires portant sur le potentiel
écotouristique du pays ont été diffusés dans de
grandes chaînes occidentales. De plus, des articles parus dans les
magazines comme Vie Sauvage (France), Travellers
(Royaume-Uni), Wanderlust (Pays-Bas) ont relayé le potentiel
écotouristique dont dispose le pays. Cette opération de
séduction s'est même poursuivie auprès des tours
opérators afin que la destination Gabon figure sur la palette de
destinations qu'offrent ces dernières.
La promotion et la valorisation des parcs nationaux va
connaître sa consécration en 2007 avec l'érection du parc
national de la Lopé-Okanda au patrimoine mondial de l'Unesco. Cette
nouvelle distinction devrait faire en sorte que l'afflux touristique autour de
ce parc aille en s'accroissant au fil des années. Notre pays doit
davantage rechercher ce genre de distinction car elles permettent de booster le
potentiel touristique d'une région par la publicité gratuite qui
est faite autour de ces distinctions.
Le Gabon fait partie du deuxième grand groupe de
forêt tropicale du monde après celui de l'Amazonie. Sa forêt
regorge d'une diversité écologique importante. La faible pression
démographique ainsi qu'un taux de déforestation très
faible font que notre pays occupe une place de choix sur le plan mondial de par
le carbone séquestré dans ses forêts qui jouent un
rôle très important dans la régulation, voire même
l'atténuation du changement climatique global, entre autres services
rendus par les forêts gabonaises il y a également la conservation
de la biodiversité et la protection des bassins versants.
Tout compte fait, bien que les services rendus par la
forêt gabonaise représentent une immense valeur économique,
les propriétaires des forêts ne perçoivent que rarement une
rémunération pour ces services. Toutefois, l'entrée en
vigueur du protocole de Kyoto en 2005 est une étape importante parce
qu'elle illustre la reconnaissance universelle du principe de précaution
et l'acceptation par la grande majorité des Etats, des contraintes qui
pèsent sur les pays qui font des efforts de conservation et la
justification des compensations financières pour pérenniser ces
efforts.
A la faveur des risques environnementaux qui pèsent sur
la planète, du fait du réchauffement climatique global de la
terre, et des catastrophes naturelles qui en découlent, un nouveau champ
des relations internationales voit le jour, il s'agit de la diplomatie
environnementale. Cette dernière découle d'une part, de la prise
de conscience écologique des décideurs et d'autre part, du fait
que l'actualité scientifique et médiatique aidant,
l'environnement s'impose dans les enceintes multilatérales comme dans
les grands rendez-vous politiques. Les sommets et les déclarations se
multiplient, dans le même temps les sommes investies dans les fonds
consacrés à l'environnement s'accroissent.
Les enjeux de la diplomatie environnementale sont donc
naturellement des enjeux écologiques, ensuite des enjeux de
développement durable, enfin des enjeux sur le clivage des
intérêts Nord-Sud.
La diplomatie gabonaise qui jusqu'alors avait
été axée sur une diplomatie au service de la paix s'est
progressivement tournée du fait de la réduction des recettes
pétrolières vers une diplomatie au service du
développement. Cette nouvelle donne implique une recherche des
investissements tous azimuts, notre diplomatie se doit donc de s'approprier
cette diplomatie environnementale, dans laquelle compte tenu de son potentiel
le pays dispose d'un avantage certain, il doit par conséquent occuper
une place de choix en tant qu'acteur important de ce champs de relations
internationales.
La diplomatie gabonaise doit donc être
particulièrement active dans les différents sommets afin que le
choix de la préservation de ses ressources naturelles qu'elle s'est
engagée à conserver lui procure des bénéfices
substantiels en compensation. A une diplomatie de la main tendue
pratiquée par les pays en développement à travers l'aide
au développement, des pays comme le Gabon qui disposent d'un aussi grand
potentiel forestier, doivent s'unir et présenter un front commun, face
aux pays développés qui sont les principaux pollueurs de la
planète. Afin de solliciter auprès de ces derniers une plus juste
rétribution des services rendus par leur forêt. Cela permettrait
à certains pays de sortir du carcan des pays assistés, pour se
prendre eux-mêmes en charge grâce aux bénéfices
qu'ils tireraient de la conservation de leurs forêts. Ainsi, des
politiques globales de valorisation telles que la séquestration du
carbone et la coopération internationale pourraient être mises
à profit comme des sources de revenus complémentaires pour le
pays.
Les diplomates gabonais se trouvant dans nos ambassades
à l'étranger se doivent donc de s'approprier ces politiques et
cela d'autant plus que les enjeux de la valorisation des parcs nationaux sont
multiples et interdépendants les uns les autres. Nos ambassades à
l'étranger doivent faire la promotion de la filière
écotouristique gabonaise surtout dans les pays développés
pour que la destination Gabon soit de plus en plus prisée et que les
flux touristiques aillent en s'accroissant.
Ce filon de l'écotourisme étant très
rigoureux, les autorités gabonaises doivent par ailleurs se conformer
aux engagements de protection et de préservation, car si les menaces que
nous avons énumérées dans la première partie
persistent, les ONG ne cesseront de le dénoncer, la filière
écotouristique pourrait alors prendre un coup. C'est pourquoi la
certification des parcs nationaux doit être préconisée afin
de garantir le standing des sites écotouristiques gabonais.
.
Bibliographie indicative
Ouvrages
CHRISTY Patrice, 2000 : « Répertoire des textes
juridiques d'Afrique Centrale en matière d'environnement », Gabon,
Libreville, Multipress, 64p.
CHRISTY Patrice, JAFFRE Roland, NTOUGOU Omer, WILKS Chris ; 2003
: « La forêt et la filière bois au Gabon », Editions
multipress Gabon, 389 p.
National Geographic Society, Wildlife Conservation Society, 2002
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troisième millénaire, Libreville, imprimerie multipress
Vande Weghe Jean Pierre, 2005, « Akanda et Pongara. »,
Wildlife Conservation Society, Libreville, 208p.
Vande Weghe Jean Pierre, 2006, « Ivindo et Mwagna : eaux
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Society, Libreville, 272p.
Vande Weghe Jean Pierre, 2007, « Loango, Mayumba et le Bas
Ogooué » : eaux noires, forêts vierges et baïs. »,
Wildlife Conservation Society, Libreville, 272p
Ss la dir Blockhus (J.M), Dillenbeck (M.R), Sayer (J.A), Per
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forêts tropicales », l'UICN, Gland, Suisse et Cambridge, Royaume-
Uni.
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Laroche Josepha, 2000 : « Politique internationale »,
Paris, L.G.D.J, 2ème édition, 616p.
Ss la dir de Pourtier Roland, 2004 : « Atlas de l'Afrique :
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Lescuyer Guillaume, 2006, « L'évaluation
économique du parc national de l'Ivindo au Gabon : une estimation des
bénéfices attendus de la conservation de la nature en Afrique
centrale », CIRAD- Forêt, Montpellier, 56p.
Rapports et Mémoires
Lomba Moussoutou Nathalie Clarence, 2007, « Le Gabon et
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d'Histoire, UOB, FLSH, 130p.
Varela Emilie, 2006, « Proposition d'un circuit
écotouristique dans le complexe des aires protégées de
Gamba », Rapport de stage pour l'obtention du Master
2ème année d'Ingénierie en écologie et
gestion de la biodiversité, Université de Montpellier II des
Sciences et Techniques du Languedoc, Montpellier, 52p.
CNPN, 2003 : « Stratégie de mise en oeuvre d'un
réseau des parcs nationaux au Gabon, Libreville, Document de travail,
18p.
Articles de revues
Haejin (P.), 2007, « Diversité économique :
une croissance exemplaire », in L'essentiel des relations
internationales -Hors-série n°6 Décembre-Janvier ,
pp.74-78.
Hervouët (J.) 2007, « Ecotourisme-environnement : la
vision du chef de l'Etat dans la protection de la faune et de flore », in
L'essentiel des relations internationales -Hors-série n°6
Décembre- Janvier , pp.79-81.
Devey (M.) 2007, « Nouvelle destination verte ? », in
Jeune Afrique n°24 18 du 13 au 19 mai p.70.
White (L.), 2008, « Changement climatique : au secours de la
planète », in Gabon printemps 2008, pp.28-35.
Textes de lois
Déclaration de la conférence de Johannesbourg du 26
août au 4 septembre 2002, 7p. Loi n° 1/82 du 22 juillet 1982 dite
loi d'orientation en matière des Eaux et Forêt.
Loi n°1/93 du 26 août 1993 relative à la
protection et à l'amélioration de l'environnement.
Hebdo information n° 463 (14 décembre 2002) Journal
hebdomadaire d'informations et d'annonces légales. « La politique
des parcs nationaux » pp.210-226.
Hebdo information n° 452 (16 mars 2002) Journal hebdomadaire
d'informations et d'annonces légales. Loi 16/2001 du 31 décembre
2001 portant code forestier en République Gabonaise, pp.38-56.
Internet
(
http://www.
cenarest.org/rapport final sur les parcs nationaux. Pdf) http://
www.brainforest.org/ parcs menaces.htlm
TABLE DES MATIERES
Dédicace 1
Introduction générale 2
Première partie : Les parcs nationaux du Gabon
à l'épreuve de la législation nationale et les
menaces à leur survie
|
8
|
Chapitre I : Evolution de la législation sur la
protection des aires protégées
|
.9
|
Section 1 : La protection environnementale avant le 30
août 2002
|
9
|
A- Les lois de protection de l'environnement et leurs
insuffisances juridiques
|
9
|
B- Le statut des aires protégées
|
11
|
|
Section 2 : La protection environnementale à la
suite de la création des parcs nationaux du Gabon
A- La législation actuelle sur les parcs nationaux
|
.14
|
B- Présentation des parcs nationaux du Gabon
|
.16
|
|
Chapitre II : La valorisation des parcs nationaux et
les menaces subsistantes
|
.23
|
Section 1 : La valorisation des parcs nationaux du Gabon
|
...23
|
A- Les parcs nationaux et le tourisme
|
.23
|
B- Les parcs nationaux et la recherche
|
...24
|
|
Section 2 : Les problèmes occasionnés par les
autochtones et par l'industrie
|
..26
|
A- Les problèmes engendrés par les populations
vivant autour des parcs nationaux
|
.26
|
B- Les problèmes occasionnés par l'industrie
forestière et minière
|
28
|
|
Deuxième partie : Les enjeux de la valorisation et
la réorientation possible des politiques de
coopération gabonaises suite à la
création des parcs nationaux
|
..31
|
Chapitre III : Les enjeux de la valorisation des parcs
nationaux du Gabon
|
..32
|
Section 1 : Les enjeux de la gestion des parcs nationaux
|
.32
|
A- Les enjeux économiques et sociaux
|
..32
|
B- Les enjeux écologiques et scientifiques
|
.34
|
|
Section 2 : La promotion des parcs nationaux
|
..36
|
A- L'écotourisme communautaire
|
...36
|
B- L'investissement privé
|
38
|
|
Chapitre IV : La valorisation des parcs nationaux d'un
point de vue global et sectoriel.. .39
Section 1 : Les
politiques globales de valorisation 39
A- Le stockage du carbone
|
...39
|
B- La coopération internationale
|
..43
|
|
Section 2 : Les politiques sectorielles
|
..44
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A- Les échanges dette/nature
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45
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B- L' eco-business
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46
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Conclusion générale
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48
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Bibliographie indicative
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.52
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Table des matières
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