L'automédication : Peut-on parler de
succès ?
Mémoire de recherche pour l'obtention
du
Master 1 AIGEME
L'automédication : Peut-on parler de
succès ?
Mémoire de recherche pour l'obtention
du
Master 1
AVANT-PROPOS
Le choix du sujet de mémoire était
complètement libre pour valider la première année de
Master AIGEME. N'ayant pas de rapport direct avec notre formation, bon nombre
de personnes auraient alors porté le mémoire sur un sujet qui le
passionne ou l'intéresse fortement.
Suis-je passionnée d'automédication ? Non, pas
vraiment, cependant c'est un phénomène qui commence à se
répandre en France à une très grande allure et qui est
très intéressant à étudier...
Étant actuellement en apprentissage chez le laboratoire
pharmaceutique GlaxoSmithKline, je savais que je disposerais d'une très
grande source en prenant un sujet de mémoire sur le domaine de la
santé, c'est alors que j'ai décidé de traiter un sujet
d'actualité : l'automédication en France.
Tout le monde connaît l'automédication puisque
c'est une pratique courante actuellement. Néanmoins le fonctionnement et
l'évolution de l'automédication restent souvent dans l'ombre...
C'est pourquoi j'ai décidé d'analyser l'évolution de cette
pratique en France.
L'objectif était, de me familiariser avec le
vocabulaire pharmaceutique et le système de santé
français. En espérant recenser tous les points clés de
l'automédication, j'envisage de répondre à la
problématique en justifiant au maximum les idées importantes et
les axes de réflexion de ce mémoire.
À présent, voyons ce qu'est l'automédication
et tentons de découvrir s'il y a éventuellement un
succès.
Remerciements
Je tiens à remercier les personnes qui m'ont guidée
et inspirée pour l'élaboration de ce mémoire.
Mes remerciements vont à Mme Carole Thomas, qui m'a
guidée pour la préparation de ce mémoire. Je remercie
également mon directeur de mémoire Vanessa Caru pour ses retours
détaillés qui m'ont permis d'avancer dans mon analyse.
Merci à l'équipe de la communication de GSK :
Fabrice Vezin mon tuteur d'apprentissage, Laurence Mertz, Adeline Lacour, Sarah
Wolff, Anne Duwelz et Sophie Durand d'avoir pris le temps de répondre
à mes questions, de m'avoir offert leur soutien et leur savoir-faire.
Un grand remerciement également au président de
l'AFIPA et de GSK SGP : Mr Vincent Cotard, qui m'a accordé du temps pour
répondre à mon interview sur l'automédication.
Enfin, je tiens à remercier mes camarades de Master
AIGEME, avec qui, j'ai pu avancer malgré le contexte difficile, sur la
méthodologie et les différentes phases de ce mémoire.
Introduction
L'automédication est une pratique qui existe depuis
bien longtemps. Les recettes miracles des grands-mères pour soigner chez
soi des maladies bénignes sont une sorte d'automédication.
Aujourd'hui, quand on parle d'automédication, on fait
référence au fait de prendre des médicaments sans
ordonnance pour se soigner ou prévenir des maladies bénignes.
Un sujet d'actualité, l'automédication fait
couler beaucoup d'articles de presse dont l'un des thèmes
récurrents sont les nouveaux modes de distribution des
médicaments d'automédication. Par exemple, le supermarché
Leclerc propose la mise en vente libre des médicaments
d'automédication dans leurs parapharmacies en assurant auprès de
leurs clients que les prix seraient réduits de 25 % par rapport aux
autres pharmacies. Ils se veulent soucieux du pouvoir d'achat de leurs
clients... Bien sûr les pharmaciens s'y opposent car cela signifierait
une baisse de leur chiffres d'affaire par l'arrivée de concurrents
très puissants. Rappelons que les pharmaciens ont le monopole de
l'officine et si les médicaments PMF : Prescription Médicale
Facultative passent devant le comptoir, il est possible pour les parapharmacies
de toutes marques (dont Leclerc, Carrefour...) de les mettre également
à disposition dans leurs rayons, ce qui n'a jamais été le
cas vu le statut de « médicaments » de ces derniers. Une
véritable menace donc pour les pharmaciens qui n'ont jusqu'à
présent pas connu de concurrence.
Le responsable des supermarchés Leclerc : Michel
Edouard Leclerc, sait qu'il y a un marché à conquérir en
France puisqu'il a déjà ouvert des parapharmacies commercialisant
des produits d'automédications en Europe et que ces dernières
connaissent du succès. Leclerc voit un véritable enjeu
économique sur les nouvelles mesures prises par l'État sur
l'automédication en France. Derrière cette pratique, il existe
d'autres enjeux de taille pour différents acteurs. Le patient y voit un
gain de temps, en allant directement se soigner en pharmacie, sans prendre
rendez-vous auprès du médecin généraliste. Les
laboratoires pharmaceutiques, puissant lobby, y perçoivent un enjeu
économique et une occasion d'augmenter leurs chiffres d'affaires.
L'État s'appuie sur l'automédication pour palier au
déficit de la Sécurité Sociale. Ce dernier a pris de
nouvelles mesures pour favoriser l'automédication comme : les
déremboursements de médicaments, le passage des
médicaments PMF devant le comptoir ou encore la mise en place
récente d'un dossier de suivi médical disponible pour les
pharmaciens.
Le gouvernement avait alors modifié un article du Code
de la santé publique qui prévoit que « le pharmacien veille
à ce que le public ne puisse pas accéder directement aux
médicaments » afin que
le patient puisse choisir lui-même les médicaments
d'automédication. Cette nouvelle mesure ne plaît pas aux
pharmaciens qui perdent leurs rôles de conseiller.
L'évolution de l'automédication que
j'évoque ne concerne que la dernière décennie et cela due
aux nouvelles mesures prises par l'État. Des nouvelles mesures comme les
lois sur les déremboursements des médicaments pour combler le
déficit de la Sécurité Sociale apparaissent.
2001, 2003 et 2005 sont les trois dates clés
correspondant aux déremboursements des médicaments PMF
initiés par le gouvernement. En 2001, l'ensemble des médicaments
remboursables par l'assurance-maladie a fait l'objet d'une
réévaluation à la demande des ministres chargés de
la Santé et de la Sécurité sociale. La Commission de la
transparence avait alors évalué le SMR : Service médical
rendu (indice d'efficacité d'un médicament) de 4 490
médicaments. Elle a conclu pour 835 d'entre elles que le SMR
était insuffisant pour justifier leur remboursement par la
Sécurité sociale. Ces médicaments ont, par la suite,
été déremboursés. Voyant que ces mesures
résolvaient un peu les problèmes du déficit de la
Sécurité Sociale, les pouvoirs publics ont décidé
de procéder à une actualisation de leur
réévaluation en deux autres vagues de déremboursement : en
2003 et 2005.
L'automédication est un sujet très vaste, aussi
je limiterai mon champ de recherche exclusivement au marché
français et sur son évolution depuis huit ans. Je
m'intéresse essentiellement à l'évolution de
l'automédication en termes de données économiques et
sociologiques, ainsi qu'aux acteurs et à leurs moyens de communication.
Je ne m'attarderai pas sur le cycle du médicament, sur le cadre
réglementaire des médicaments d'automédications.
Le public français conçoit plus ou moins ce
qu'est l'automédication, cependant si l'on s'intéresse à
son évolution depuis ces huit dernières années, le public
répond qu'elle est plutôt croissante et qu'il pratique,
eux-mêmes, régulièrement de l'autodiagnostic. Selon une
étude de TNS Sofres1 80 % des
Français pratiquent l'automédication (dont 52 % souvent ou de
temps en temps). C'est une image véhiculée par les médias
et par les chiffres de l'automédication. Cette année par exemple,
l'Association française de l'Industrie pharmaceutique pour une
Automédication responsable (l'AFIPA), publie les chiffres de ce
marché et constate qu'il y a un essor de 4 % par rapport à 2007.
Les nouvelles mesures comme le déremboursement de certains
médicaments PMF du gouvernement et le développement de notre
société contribuent également à ce
résultat.
Le patient qui était hier, spectateur des
décisions de santé et qui prenait sagement ce que prescrit
1 Enquête réalisée par TNS SOFRES,
sur 954 individus de plus de 18 ans en 2001
le médecin, n'a plus ce rôle. Aujourd'hui il
s'informe sur toutes les pathologies existantes qui peuvent l'aider et lui
permettre d'évaluer ses propres symptômes. Il en parle à
son médecin qui lui donne, à son tour, son avis sur la question.
Le patient est soucieux de sa santé et cherche à prévenir
certaines pathologies en ayant recourt à l'automédication dont la
médecine douce comme l'homéopathie. La France compte le plus
grand nombre de patient (passant de 22 % en 1984 à 40 % en 2002) qui se
soigne à l'homéopathie et se classe ainsi au premier rang en
Europe, d'après les sources d'IPSOS2 retranscrit sur le site
Internet du laboratoire français BOIRON (leader sur le marché
homéopathie).
Sensible au besoin des patients et voyant ainsi une ouverture
sur le marché de la santé, les complémentaires
santé sortent des sites Internet dédiés à la
santé et à l'automédication alors que les laboratoires
pharmaceutiques mettent à disposition sur leur site Internet, des
services tels que les « dossiers santé ».
Le site Internet du complémentaire santé Axa
«
www.axasanteplus.com
» propose diverses rubriques sur la santé dont une qui est
l'automédication (Voir Figure 10 en annexe). La rubrique s'appelle
« Médicament + » et propose plusieurs informations de
pathologies en fonction de la zone que le patient souhaite traiter. Parmi les
informations proposées, on distingue des médicaments PMF et
homéopathiques, des extraits de plantes et quelques conseils pour bien
cerner la pathologie susceptible d'être ressentie. De plus, chaque nom de
médicament pointe un lien vers le site Internet du VIDAL «
www.automedication.fr
» qui affiche une page détaillée du médicament
(mentions légales, précautions d'utilisations.. .tout ce qu'on
retrouve en général dans les notices du médicament). Ce
complément d'information est possible grâce au partenariat d'Axa
avec le VIDAL.
Les dossiers santé, présents sur les sites de
laboratoires pharmaceutiques, permettent d'en savoir plus sur certaines
pathologies au travers de schémas anatomiques, d'examens, de traitements
expliqués et de conseils et le tout dans un langage médical
vulgarisé pour une meilleure compréhension auprès du grand
public. Ces types de dossiers sont présents, par exemple, sur le site
institutionnel du laboratoire GlaxoSmithKline (Voir Figure 1 et 2 en
annexe).
Ces événements marquent la naissance d'une
nouvelle ère dans le système de santé. Après
étude du corpus et analyse des chiffres des acteurs intervenants dans
l'automédication, il se révèle que l'automédication
est effectivement, en hausse depuis ces huit dernières années...
Les études réalisées par IMS Health3 montre que
la consommation de produits d'automédication est en
légère
hausse chaque année depuis 8 ans, cependant
l'évolution n'est pas spectaculaire car on n'observe aucun pic
élevé sur la période. Comment peut-on expliquer ces
résultats ?
L'automédication est désormais une pratique bien
ancrée en France et si l'on a l'impression qu'elle connait un
succès depuis ces derniers temps, c'est en grande partie à cause
des réseaux et des vecteurs de communications des principaux acteurs de
l'automédication. Quels rôles jouent ces principaux acteurs ?
Quels sont leurs enjeux sur ce marché ? Quels sont ces nouveaux vecteurs
d'informations ?
Notre objectif est de comprendre l'évolution de
l'automédication en France en s'appuyant sur des études
sociologiques, sur des données économiques, sur le contexte
actuel du domaine pharmaceutique et sur des médias grand-public et
spécialisés comme la « presse médicale ». Le but
de ce mémoire est d'apporter un point de vue objectif sur les
évènements qui évoquent l'évolution de
l'automédication depuis ces huit dernières années en
tenant compte de la communication des acteurs concernés, des nouveaux
vecteurs d'informations et du contexte de la société
française.
Pour répondre à ces questions, je vais donc
m'intéresser dans un premier temps aux chiffres clés de
l'automédication en France et analyser les résultats en les
confrontant avec les différents supports que j 'ai
sélectionnés. Le corpus est constitué d'un ensemble de
huit séries statistiques émanant d'organismes
spécialisés comme : L'AFIPA4 (Association
Française de l'Industrie pharmaceutique pour une Automédication
responsable), le LEEM (Les Entreprises du Médicament) qui a
recensé des données de 2001 à 2005 sur la consommation des
médicaments. Leurs statistiques proviennent de l'INSEE (Institut
National de la Statistique), de l'Ordre des Pharmaciens, de GERS5 et
de l'EFPIA (Fédération Européenne des Industriels du
médicament).
L'AFIPA et le LEEM sont deux principaux organismes,
porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques, qui ont des rôles
très importants sur l'automédication en France et publient des
informations annuelles sur le marché de l'automédication. En
confrontant les résultats de mon corpus avec les autres supports
extraits de ma bibliographie, je pourrais mieux cerner l'évolution de
l'automédication aujourd'hui. En effet, les séries statistiques
sont issues de l'AFIPA, qui est un organisme spécialisé sur
l'automédication responsable en France : « La mission de
l'AFIPA, acteur de Santé publique, est de promouvoir les
médicaments d'automédication, dans le cadre de la Santé
publique, dans l'intérêt des patients/consommateurs et des
industriels membres de l'Association »
4 L'AFIPA publie chaque année des études
sur l'automédication en France en collaboration avec IMS Health
(Informations Médicales et Statistiques dans le domaine de
la Santé) de 2000 à 2008.
5 Le GERS est un groupement d'intérêt
économique créé par les entreprises de l'industrie
pharmaceutique, qui ont décidé de mettre en commun leurs
données de ventes
mais également du LEEM, qui se charge de veiller sur le
respect de sa charte éthique concernant la prise de médicament en
France. Chacune de ces séries statistiques révèle, entre
autres, le nombre de ventes de médicaments sans ordonnance en pharmacie,
le chiffre d'affaires calculé sur l'année, les
spécialités des médicaments les plus vendus...
En regroupant et en classant les données qui
m'intéressent dans un tableau sous Excel, je peux évaluer la
progression sur 8 ans du marché de l'automédication. Je
confronterais chaque période avec les articles de presse classés
par thème et par date recueillis auprès du pôle «
Communication » de mon entreprise mais également sur Internet et
auprès de la presse française (Le Figaro, Le Monde, APM : Agence
de Presse Médicale, Les Echos...). Ce traitement me permettra de
dégager les évènements ou les composantes clés qui
justifient la courbe d'évolution de l'automédication.
À cela s'ajoutent les données statistiques de
2006 que j'ai pu extraire du rapport sur l'automédication de Monsieur
Alain Coulomb (directeur général de l'Agence Nationale
d'accréditation et d'évaluation de la santé) et du
professeur Alain Baumelou (président du Groupe de travail
automédication à l'AFSSAPS6 et également
cofondateur du Conseil pour l'automédication). Ce document avait
été réalisé suite à la demande de l'ancien
ministre de la santé : Xavier Bertrand afin de faire un état des
lieux sur l'automédication en France en 2006.
Un autre document statistique sur les PMF vendus sans
ordonnance, issu des publications de l'AFSSAPS, complète ce corpus et
permet de voir si les chiffres de l'AFIPA vont dans le même sens que
leurs études.
Afin d'illustrer mon corpus, je présenterai trois
interviews : celle du président de l'AFIPA afin de recueillir son
expertise sur l'évolution de l'automédication, celle d'un
médecin généraliste, le Dr Fkatchouk afin de
connaître sa position et enfin celle d'une responsable de pharmacie,
Isabelle Rosette, pour avoir un regard plus réaliste sur
l'automédication.
En ce qui concerne l'interview du président de l'AFIPA,
les questions porteront, d'une part, sur les résultats de mes recherches
concernant les séries statistiques et, d'autres parts, sur une question
d'actualité à propos du passage des médicaments devant le
comptoir en pharmacie.
Les deux autres interviews sont présents pour
justifiés ou démentir les positions de chaque acteur par rapport
à ce qui est dit dans la presse. L'objectif des interviews est d'avoir
une approche qualitative qui me permettra de mieux cerner les réels
enjeux qui marquent le succès de l'automédication en France.
L'organisation de ce mémoire est dans une
première partie, de définir les notions importantes de
l'automédication de façon générale et scientifique
puis nous ferons l'état des lieux sur la situation actuelle en
France.
Dans une deuxième partie, on s'interrogera sur
l'évolution de l'automédication, savoir s'il s'agit d'une
évolution spectaculaire ou constante. Pour cela, on s'intéressera
à l'étude et aux résultats du corpus (c'est-à-dire
le traitement effectué sur la série statistique) et l'on suivra
ainsi l'interprétation de ces résultats avec les
différents documents issus de ma bibliographie (étude
sociologique, articles de presse...).
Dans la dernière partie, nous chercherons à
comprendre les facteurs clés qui ont permis à
l'automédication de se développer ainsi. Nous nous
intéresserons alors aux acteurs, à leurs nouveaux comportements
et aux enjeux renfermés derrière l'automédication.
Grâce aux interviews des trois acteurs, nous aurons une vision plus
réaliste de leurs positions vis-à-vis de l'automédication.
On verra ensuite que des évènements médiatiques dans le
domaine de la santé, comme la polémique de la « vache folle
», ont marqués les patients et qu'Internet apportent plus
d'informations aux patients grâce aux dossiers santé, au langage
vulgarisé de la médecine et à l'accessibilité de
ces informations santé. Tous ces apports d'informations permettent aux
patients de cerner les symptômes et de les inciter à
l'automédication.
Nous nous intéresserons également aux personnes
qui ne conseillent pas l'automédication et nous verrons quels arguments
est-ce qu'ils mettent en avant pour critiquer cette pratique.
On conclura enfin sur l'évolution de
l'automédication qui semble être positive même s'il ne
s'agit pas d'un phénomène de mode.
Pour une meilleure compréhension des sigles
cités dans ce mémoire (exemple : AMM, PMF...), vous trouverez
ci-joint un marque-page les retraçant. Une table de sigles est
également disponible à la fin du mémoire. Chaque sigle est
définit au moins une fois dans le mémoire. Tout au long de ce
mémoire, je ne précise pas de vous reporter à la table des
sigles à chaque nouvelle répétition car cela ferait trop
de notes de bas de page. Je vous remercie de prendre en compte ces
indications.
I. Qu'est-ce-que l'automédication ?
1) Définition générale
a) « S'automédiquer »
Il y a beaucoup de définition sur
l'automédication. La définition qui résume le mieux est
sans doute la suivante : « L'automédication exprime un
comportement individuel qui consiste à se soigner soi-même
étymologiquement. L'automédication peut être défini
comme la conduite d'un individu face à la perception d'un
problème en rapport avec la santé. ». Cette
définition est tirée d'un livre récapitulant le colloque
« Automédication, autoprescription, autoconsommation » de
Décembre 1998.
D'une manière générale,
l'automédication consiste à se soigner seul en achetant des
médicaments sans ordonnance. Un comportement choisi pour se soigner
rapidement d'une maladie bénigne comme un rhume, une migraine... et sans
forcément passer par le médecin. Très souvent, le patient
connait déjà le médicament d'automédication qu'il
va acheté sinon il demande toujours conseil au pharmacien.
Voyons la définition de l'encyclopédie
Universalis : « Dans son sens strict, le terme
automédication signifie utiliser des médicaments sans ordonnance.
Dans ce cas, le malade fait lui- même le diagnostic de sa maladie et
établit lui-même la prescription, choisissant son
médicament et sa posologie ».
La posologie ou le mode d'emploi du médicament est en
général donné par le médecin et rappelé par
le pharmacien qui délivre le médicament. Ce qu'on peut comprendre
dans le terme « en son sens strict » c'est qu'on ne parle pas des
produits d'automédication qui peuvent être délivré
sur ordonnance (en effet, quelques produits d'automédications peuvent
être remboursés par la Sécurité Sociale s'ils sont
sur ordonnance).
« S'automédiquer » s'est donc prendre
soi-même un médicament de type PMF délivré sans
ordonnance dans le but de se soigner d'une maladie bénigne.
Les Français s'automédiquent de deux
manières généralement. Soit en piochant dans la pharmacie
familiale de la maison, soit en se procurant un médicament en pharmacie.
Il s'agit d'automédication « familiale » et « officinale
».
b) Deux types d'automédications : Officinale et
familiale
Il existe deux types d'automédication :
l'automédication officinale et
l'automédication familiale. La première consiste
à acheter son médicament dans une officine (synonyme de
pharmacie), le patient bénéficie alors, des recommandations du
pharmacien. La seconde consiste à stocker tous les médicaments
qui ont été prescrits sur ordonnance (ou acheté en
pharmacie dans le cas de symptômes bénins) dans la boîte
à pharmacie familiale de la maison et de les réutiliser à
tout moment avant la date de péremption.
L'automédication familiale peut
être dangereuse car la prescription sur ordonnance est spécifique
à une personne, or en conservant et en administrant ces
médicaments aux membres de sa famille, il peut y avoir de dangereuses
interactions et provoquer des effets secondaires importants tout simplement
parce que le médicament n'est pas adapté.
Il est à noter qu'un troisième mode d'obtention
de ces médicaments existe, il s'agit des achats sur Internet. Dans le
cadre de ce mémoire, nous ne nous intéresserons pas à
cette catégorie car les débats sont d'une tout autre nature.
Parfois, le patient ne s'automédique pas parce qu'il
est malade mais parce qu'il veut prévenir une pathologie bénigne.
Dans ce cas, il va acheter des compléments alimentaires dans le cadre
d'un régime ou d'une carence en vitamines ou encore pratiquer de
l'homéopathie qui est une forme d'automédication.
c) L'homéopathie, compléments alimentaires et
vitamines L'homéopathie
« 40 % des utilisateurs de l'homéopathie,
relate le Dr Bernard Chemouny dans Le Guide de l'homéopathie, pratiquent
l'automédication, soit de leur propre initiative, soit sur les conseils
de l'entourage. » cité sur le site Internet des laboratoires
Boiron, spécialiste et leader mondial en homéopathie. En effet,
l'homéopathie connait de plus en plus de succès en France
d'ailleurs, passant de 22 % en 1984 à 40 % en 2002, ces derniers sont
classés premier au rang des pratiquants de l'homéopathie en
Europe. De même, 74 % des patients se déclarent « enclins
à se soigner par homéopathie si leur médecin en
prescrivait » selon les sources d'IPSOS, troisième cabinet
d'étude en France.
L'homéopathie a progressé et attire plus de
consommateur dans le public français. Ces derniers sont persuadés
de son efficacité. En effet, les "non-utilisateurs opposés
à l'homéopathie" seraient passés de 33% à 25% entre
1983 et 1994 d'après une série de sondages IFOP.
Si l'on regarde la nature des médicaments
homéopathiques, on remarquera qu'ils sont soumis
comme les autres médicaments à l'AMM
(Autorisation de mise sur le marché), mais sont exemptés de
l'obligation faite aux autres médicaments d'avoir fait la preuve de son
efficacité. Cette exemption est applicable à l'ensemble du
marché européen depuis une directive du Conseil de la
Communauté Économique Européenne datant du 22 septembre
1992. La formule exacte est: "la preuve de l'effet thérapeutique
n'est pas requise".
Les médicaments homéopathiques sont
vendus sans ordonnance, ces médicaments font donc partie des
médicaments d'automédications. L'homéopathie relève
donc de l'automédication.
L'homéopathie a été mise au point par le
médecin allemand le Dr Hahnemann au 1 8éme siècles. Il
s'agit d'une vieille médecine qui a survécu pendant plus de 2
siècles. En France, cette médecine est prise en charge par
l'assurance maladie (Sécurité Sociale), même si en 2004
l'ex Ministre de la santé Philippe Douste-Blasy, avait envisagé
son déremboursement.
La théorie de l'homéopathie est la suivante :
« la drogue (molécule ou médicament) à dose
normale provoque un profil de symptômes, qui par dilution permet
d'obtenir l'effet inverse. Des doses très faibles, homéopathiques
provoquent la suppression des symptômes de la maladie qui correspond au
profil allopathique. »
D'autres produits curatifs sont vendus en pharmacie mais ce ne
sont pas des médicaments, ce sont les compléments alimentaires,
des vitamines...
Les vitamines et les compléments alimentaires
: automédication ?
Lorsque le patient se soigne, il a recourt à divers
produits dans la pharmacie, la question était donc de savoir si les
compléments alimentaires et les vitamines faisaient parti de
l'automédication.
D'après une étude réalisée par le
cabinet d'étude Precepta, le marché français des
compléments alimentaires connaît une très forte croissance.
De 2000 à 2006, la consommation de compléments alimentaires a
doublé en France. Une consommation qui aurait pu renforcé le
marché de l'automédication, cependant ces derniers font partie
d'une autre catégorie.
En effet, les vitamines et les compléments alimentaires
ne sont pas des médicaments, c'est-à- dire
qu'ils n'ont pas été contrôlés rigoureusement par
des agences de santé national ou européenne et ne dispose donc
pas d'AMM.
Cette catégorie n'entre donc pas dans l'étude de
notre problématique. Néanmoins, il est intéressant de
savoir que les patients se soignent d'avantages en achetant des
compléments alimentaires ou des vitamines puisque la vente de cette
catégorie a doublé en une année.
Les principales catégories sont les médicaments
d'automédication disposant d'une AMM, délivré par
l'AFSSAPS, l'agence réglementaire de la santé en France.
Plusieurs mots définissent les médicaments
d'automédications.
2) Médicaments d'automédication, PMF ou
OTC
Il est important de donner toutes les appellations de
l'automédication pour comprendre ces termes dans l'actualité.
a) Les PMF et les PMO
On distingue les médicaments qui sont prescrits par le
médecin sur ordonnance et ceux qu'on se procure en pharmacie sans
ordonnance, avec ou sans conseil du pharmacien.
La définition qui suit s'inspire du rapport sur
l'automédication d'Alain Coulomb en 2006. Ce rapport a été
rédigé par Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute
Autorité de Santé (HAS), et le Professeur Alain Baumelou suite
à la demande de l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand,
Ministre de la Santé et des solidarités. Xavier Bertrand a
commandé ce rapport en juin 2006 car il est apparu nécessaire,
dans un objectif de santé publique de clarifier et d'organiser les
pratiques de l'automédication en France. Le document donnait donc un
état des lieux de l'automédication en France.
L'avis du 27 mai 2005 rappelle les
caractéristiques aux fabricants des médicaments de prescription
médicale obligatoire (PMO), et celles des médicaments de
prescription médicale facultative (PMF).
Les PMO « Prescription Médicale Obligatoire »
nécessitent une ordonnance pour qu'un médicament soit
délivré au patient. Les PMO représentent la
majorité des médicaments (Environ 80 % sur le marché total
contre 20 % des PMF).
Les médicaments d'automédication font partie des
PMF (Prescription Médicale Facultative). Ils correspondent aux
médicaments qui peuvent être délivrés sans
ordonnance. Cependant, rappelons que les médicaments « PMF »
peuvent être délivrés sur ordonnance, afin d'être
remboursés par les organismes sociaux.
Les médicaments « PMF » sont
caractérisés par le fait qu'ils ne présentent pas de
danger direct ou indirect lié à la molécule qu'ils
contiennent si l'on suit bien les doses thérapeutiques
recommandées et même s'ils sont utilisés sans surveillance
médicale.
De manière générale, les molécules
de ces médicaments sont évaluées « tolérables
» et non offensives à notre organisme et donc susceptible
d'être consommées sans l'avis d'un médecin
généraliste ou spécialiste. Ces médicaments
dotés d'une AMM, bénéficient d'une garantie issue d'une
autorité compétente, en France, il s'agit de
l'AFSSAPS.
Schéma résumé des PMF
Sur le schéma que j'ai réalisé ci-dessus
à l'aide du rapport de Alain Coulomb sur l'automédication, on
retrouve un résumé de tous les types de médicaments
délivrés en pharmacie, on retrace le parcours d'un
médicament à partir de son Autorisation de Mise sur le
Marché : L'AMM. Ce qu'on appelle automédication c'est
l'ensemble des PMF remboursables et non remboursables qui sont achetés
sans ordonnance ou sans prescription. Autrement dit, l'achat d'un
médicament de ce type en pharmacie est directement effectué aux
frais du patient et ne sera pas remboursé.
b) OTC, « Over The Counter » : Devant le comptoir
Cette appellation n'avait pas vraiment de place dans la
société française jusqu'à présent car on
n'avait jamais envisagé que les médicaments PMF soient
disponibles « devant le comptoir ». Cet acronyme vient des
États-Unis où l'on trouve, effectivement, ces médicaments
devant le comptoir des officines et donc sans « l'obstacle » que peut
être le pharmacien. Ici, OTC signifie : Over The Counter, ce sont
uniquement les médicaments d'automédication situés devant
le comptoir du pharmacien.
Néanmoins, le gouvernement a récemment
autorisé 226 catégories de produits d'automédications
à passer devant le comptoir des pharmacies7... Cette
appellation prend désormais
7 Donnée issue d'articles de presse « Le
Quotidien du pharmacien », voir Bibliographie
tout son sens. Ainsi, OTC et PMF représentent la
même catégorie de médicaments d'automédications.
3) Contexte
a) État des lieux
La France est le pays qui consomme le plus de
médicament en Europe, soit près de 1,9 médicaments par
semaine pour un Français contre 1,5 en moyenne pour les autres
européens. Une consommation qui est conséquente suite au
développement de nouvelles pathologies comme celles qui sont
liées au vieillissement de la population...
Un résultat qui peut également être
expliqué par notre système de santé. Ce dernier rembourse
à plus de 50% un médicament (PMF et PMO). La
sécurité sociale a ainsi, déboursé en 2006, plus de
20,3 milliards d'euros. Les autres systèmes de santé
européens remboursent environ 30 % des médicaments prescrits sur
ordonnance alors qu'en France, on compte 70 %. On comprend alors pourquoi les
Français consultent leurs médecins régulièrement en
cas de maladie (même bénignes mais persistantes), étant
donné que les médicaments prescrits sont remboursés.
Cependant, le gouvernement rencontre des difficultés
de financement de leur caisse d'assurance-maladie. Les nouvelles technologies
de pointe en médecine sont très coûteuses et
l'accroissement du vieillissement de la population entraîne des prises en
charge médicales plus importantes. Si le progrès et le
bien-être des Français semblent être atteints, il en est
loin en ce qui concerne son financement. Pour réduire les
dépenses de santé, l'État recherche de nouvelles solutions
comme celle de dérembourser un bon nombre de médicaments PMF,
c'est-à-dire les produits d'automédications. Les
médicaments déremboursés ont des critères
particuliers.
b) Quels sont ces médicaments déremboursés
?
Il faut savoir que chaque médicament à deux
niveaux d'évaluations : Le Service Médical Rendu (SMR) et
l'Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR) qui sont
notées par la Commission de
transparence8.
Le SMR est un indice d'évaluation qui varie en fonction
de l'efficacité, de ses effets indésirables, de sa place dans un
traitement thérapeutique, mais aussi de son intérêt pour la
santé publique. Son évaluation peut être du type :
Insuffisant, faible ou modéré. On compte aujourd'hui 20 % de
médicaments avec un SMR insuffisant.
8 La Commission de transparence est issue de l'AFSSAPS
qui réglemente entre autres les médicaments.
L'ASMR, quant à lui, indique le degré de
pertinence d'un nouveau médicament par rapport aux médicaments
déjà existant pour traiter un même symptôme. Son
indice allant de 1 (signifie alors qu'il y a un progrès majeur) à
5 (signifie qu'il n'apporte rien par rapport aux médicaments
existants).
De manière générale, un médicament
au SMR insuffisant est un médicament qui n'est pas assez efficace par
rapport à tous les symptômes que présente la maladie
traitée. Cependant, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas efficace sur
un ou deux symptômes d'une maladie. Ses propriétés
thérapeutiques sont donc limitées, mais elles restent efficaces
sur certains symptômes.
En 2001, la prise en charge des médicaments à
SMR insuffisant par la Sécurité Sociale a baissé. De plus,
une décision de la communauté administrative a
complété la liste de médicaments à SMR insuffisant
qui étaient encore remboursables à 65%. Ainsi a eu lieu la
première vague de déremboursement. Elle ne concernait que les
médicaments présentant un SMR insuffisant. Il peut s'agir de
médicaments obsolètes, ne méritant plus de conserver des
prix élevés, mais aussi de médicaments
considérés comme « bas de gamme » par le public. Cette
décision a lancé quelques débats sur le web. Par exemple,
sur le blog de RTL dont l'un des sujets du jour était
l'automédication, on a pu retrouvé les critiques du grand public.
Sur les commentaires de ce sujet, j 'ai pu voir des remarques de type :
« On dérembourse au prétexte de S.M.R
insuffisant et l'on souhaiterait que ces mêmes produits inefficaces pour
être remboursables soient efficaces en vente « libre ».
Le patient semble être perdu entre les différents
discours de l'État. En effet, sous prétexte qu'un
médicament a un SMR insuffisant, L'État le dérembourse,
cependant, le patient qui désire acheter ces médicaments devenus
désormais PMF, porte également le jugement que n'étant pas
un médicament qui a satisfait auprès de l'AFSSAPS (car c'est
l'AFSSAPS qui porte l'évaluation et définit le SMR d'un
médicament), il n'a aucune raison de l'acheter. La communication et le
vocabulaire du SMR ne semble pas être assez clair pour comprendre qu'il
s'agit de médicament de confort. Certes, un médicament de confort
mais ce médicaments PMF, bien qu'il ne soit pas efficace à 100%,
apporte tout de même une cure satisfaisante et ainsi il peut avoir sa
place dans l'armoire à
pharmacie.
En avril 2003, les mesures économiques continuent, et
incluent cette fois-ci à la liste des médicaments dont le SMR est
« modéré ou faible ». Plus de 617
médicaments9 voient ainsi leurs taux de remboursement
baissés. La même année, J.F. Mattei, ministre de la
santé de l'époque, présente une liste de
médicaments à SMR insuffisants pouvant être
déremboursés par la Sécurité Sociale. Ces
déremboursements ont eu lieu en trois étapes entre 2003 et
2005.
Les Français bénéficient avant tout des
médicaments d'innovations récentes. Cependant, en
déremboursant des médicaments de types SMR « insuffisant
» l'idée de médicaments « secondaires » ou «
obsolètes » prêtent à confusion.
« S'automédiquer » reviendrait à
utiliser à nos propres frais des médicaments que l'État et
les instances réglementaires de santé ont jugés peu
efficaces et non satisfaisants ?
D'ailleurs, des incidents ont déjà eu lieu comme
celui du médicament déremboursé Celebrex en Belgique,
l'anti-inflammatoire vedette du laboratoire pharmaceutique Pfizer. Celui-ci
était accusé d'augmenter les risques cardio-vasculaires du
patient et a tout de même était déremboursé.
L'indépendance et la rigueur des autorisations de mise
sur le marché sont suspectés ainsi que le laboratoire. Les SMR
qui sont remis en cause sont réévalués par les instances
de sécurité sanitaire.
D'autres remarques de patient confirment cette tendance en
laissant des commentaires sur le blog de RTL suite à une émission
radio dont l'un des sujets du jour était « l'automédication
» (Voir Figure 3 en annexe). Certains n'étaient pas d'accord pour
le déremboursement d'une partie des médicaments car cela
remettait en cause leur jugement sur l'efficacité du médicament
qui est souvent qualifiés de médicament « non
nécessaire ».
Pour éviter la polémique sur ce sujet et
développer l'automédication, l'État veut lancer l'adoption
d'une nouvelle attitude avec l'expression : « une automédication
responsable ».
Le terme « d'automédication responsable » est
très souvent relayés dans les médias mais également
par l'AFIPA, le LEEM, les professionnels de santé et est même
utilisé dans le rapport d'Alain Coulomb pour le ministre de la
santé. Cette expression définit la capacité
à se soigner seul suite à un autodiagnostic en allant chercher
des médicaments de type PMF à la pharmacie.
L'OMS donne sa définition : «
L'automédication responsable consiste pour les individus à
soigner leurs maladies grâce à des médicaments
autorisés, accessibles sans ordonnance, sûrs et efficaces dans les
conditions d'utilisation indiquées ». Un mouvement que
l'État, l'AFIPA, l'EMEA (l'Agence européenne des
médicaments) et d'autres organismes en faveur de
l'automédication
9 Source d'un communiqué de MG France :
Fédération Française des Médecins
Généralistes
cherchent à promouvoir en France. Le but est de donner
aux patients une plus grande indépendance sur leur santé et
d'agir en conséquence mais aussi de participer à
l'économie de la caisse d'assurance maladie.
D'après l'article des Echos de 2008,
l'automédication n'est pas habituel en France si l'on regarde les
chiffres de nos voisins européens qui dépensent 40 à 60
euros sur les PMF contre 25 euros pour les Français. Pourquoi les
français n'ont-ils pas le même engouement?
Une hypothèse : le remboursement des médicaments
sur ordonnance peut sans doute expliquer ces résultats. Le
système de santé français dont l'OMS a qualifié de
meilleure système de santé au monde, rembourse à plus de
50% les médicaments sur ordonnance. Ainsi, les patients n'ont pas
l'habitude de se soigner seul avec l'automédication. De plus, les autres
pays européens n'ont pas de système de santé qui rembourse
à plus de 20% les médicaments issus des ordonnances.
Un article du journal « Le Monde » de 2006
évoque également cette hypothèse et plus
précisément sur le comportement des malades. Selon cet article,
le malade a pris l'habitude de toujours consulter son médecin au moindre
signe d'une pathologie. Il est alors plus simple d'aller voir le médecin
pour se faire rembourser les médicaments (y compris les PMF)
plutôt que d'aller directement à la pharmacie.
Le thème de l'automédication est de plus en plus
présents dans les médias, ce sujet semble se développer en
France mais est-ce que ce marché est en réelle hausse ?
II. Une évolution spectaculaire ou constante
?
Pour comprendre l'évolution de l'automédication
en France, je dois m'intéresser au nombre de médicaments vendus
dans les pharmacies. Les médicaments PMF et PMO ne sont disponibles que
dans les pharmacies. Ainsi, en ayant regroupé la quantité de PMF
vendus et leurs chiffres d'affaires, on peut aisément évaluer les
tendances du marché de l'automédication.
1) Analyse des séries statistiques
Des mesures conséquentes ont été prises
par l'État comme les lois sur les déremboursements des
médicaments qui ont eu lieu en 2001, 2003 et 2005 pour combler le
déficit de la Sécurité Sociale ces dix dernières
années.
L'évolution de l'automédication qui sera
étudiée ne concernera que la dernière décennie. En
effet, sur cette période, la courbe de l'automédication a de
grandes chances d'évoluer suite à l'impact de divers
déremboursements de médicaments PMO à plusieurs reprises.
2001, 2003 et 2005 correspondent aux déremboursements des
médicaments PMF initiés par le gouvernement.
En 2001, l'ensemble des médicaments remboursables par
l'assurance-maladie a fait l'objet d'une réévaluation à la
demande des ministres chargés de la Santé et de la
Sécurité sociale.
La Commission de transparence avait alors évalué
le SMR de 4 490 spécialités PMF. Elle a conclu pour 835 d'entre
elles que le SMR était insuffisant pour justifier leur remboursement par
la Sécurité sociale. Suite au succès de ce
déremboursement, les pouvoirs publics ont décidé de
procéder à une actualisation de leur réévaluation
en deux autres vagues de déremboursement : en 2003 et 2005. Voyons
à présent les chiffres clés de ce marché.
350
300
250
200
150
100
50
0
252
250 238 237225
Evolution des achats en pharmacie (nombre de
médicament) - IMS Health pour l'AFIPA
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
PMF non remboursés Automédiqués PMF
remboursés Automédiqués Total (PMO + PMF)
200
138 137 134
136 134 135
264
287
3050
3000
2950
2900
2850
2800
2750
2700
2650
Sur le graphique ci-dessus (Voir figure 4 en annexe pour la
version complète) , j 'ai rassemblé différents
éléments issus des comptes-rendus de l'AFIPA du marché de
l'automédication.. Ces chiffres sont publiés par IMS Health
à la demande de l'AFIPA.
Sur la base d'informations collectées auprès des
professionnels de santé et d'autres acteurs du système de soins,
IMS Health met en oeuvre son expertise statistique pour publier des
études de marché de référence, dont disposent les
consultants IMS Health pour aider les laboratoires pharmaceutiques dans la
prise de décisions tactiques et stratégiques.
Chaque année, IMS Health publie ses résultats
sur le marché de l'automédication (nombre d'achats annuels en
pharmacie en valeur et en nombre) à la demande de l'AFIPA. L'AFIPA
s'occupe ensuite, d'analyser et d'établir un compte-rendu à
partir de leurs statistiques.
Sur le site de l'AFIPA, le communiqué de presse et la
présentation du compte rendu sont publiés dans le courant du mois
de Janvier. Mon graphique a été élaboré à
partir des huit documents de présentation du marché de
l'automédication et construit pour pouvoir évaluer son
évolution sur cette période.
En bleu foncé, nous avons les médicaments de
type PMF non remboursés et en bleu clair, les PMF remboursés. La
courbe violette représente l'évolution globale du marché
« PMO » et « PMF » sur la période. Les valeurs de
cette courbe sont lues sur l'échelle de droite.
Les PMF non remboursés : Les PMF augmentent tandis que
les PMO baissent. On constate
globalement une baisse du nombre d'achats en pharmacie de 2001
à 2004. Or, la première vague de déremboursement des
médicaments PMF avait eu lieu en 2001. À partir de 2004, la
courbe s'accroît avec une dynamique plus importante, on passe par exemple
de 252 achats en 2005 à 287 en 2007. En 2003 et en 2005 ont eu lieu les
autres vagues de déremboursement. L'impact de ces
déremboursements se perçoit peu de mois après l'acte.
En comparant l'évolution des PMF «
remboursés » et celle des « non remboursés », on
s'aperçoit que les achats de PMF sans ordonnance augmentent au fil des
années contrairement aux PMF qui sont remboursés. Les patients
s'automédiquent directement en pharmacie, sans passer par une
consultation auprès du médecin généraliste. Le
patient semble adopter une nouvelle attitude sur le traitement de sa maladie
bénigne, est-ce un nouveau comportement ? Ou bien est-ce le
résultat des déremboursements de manière globale ?
Les PMF remboursés : Les achats ont fortement
baissé de 2001 à 2002. Mais à partir de 2002, la courbe
baisse très légèrement de manière constante. Il n'y
a qu'en 2001 qu'il y a un changement radical. Les déremboursements de
PMF remboursés de 2001 ont provoqués ce résultat. C'est la
première grande mesure de déremboursement qui a été
appliqué pour limité le déficit de la caisse d'assurance
maladie. Un bon nombre de médicament ont été
réévalués par l'AFSSAPS et jugés « non
remboursable à partir de cette date ».
Les achats PMO et PMF (en violet sur le graphique) : On
remarque une baisse de 2001 à 2004, excepté en 2003 où
l'on constate une légère hausse. Puis elle croît jusqu'en
2005 et décline à nouveau de 2005 à 2007. Le marché
global connaît une baisse importante tandis que le marché des PMF
est en essor. Si l'on compare la courbe des PMF/PMO avec celle des PMF non
remboursés (en bleu foncé), on peut voir que la courbe violette
suit la même évolution que les PMF non remboursé
excepté en 2006 et 2007 où elle connaît sa plus forte
baisse. L'évolution des PMF non remboursés devient
indépendante de la courbe violette les deux dernières
années. Le déremboursement de PMF en 2005 peut expliquer ce
résultat.
Enfin, à trois moments clés : 2001, 2003 et
2005, on remarque que le marché total des PMF et PMO est en baisse. Ces
trois dates correspondent aux déremboursements des médicaments
PMF initiés par le gouvernement. Suite à la satisfaction de
l'État sur les déremboursements de médicaments «
remboursés » de 2001, ce dernier a renouvelé
l'opération avec d'autres médicaments en 2003 et en 2005,
toujours avec l'aide de l'AFSSAPS. Qu'en est-il du chiffre d'affaires
générés sur ce marché?
25
20
30
15
10
5
0
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
1,8
16
Dépenses des PMF et PMO en pharmacie 2001
-2007
1,9
15
PMO PMF (Automédication)
1,7
19
19,8
1,5
20,8
1,6
24,2
1,8
25,07 12
1,9
Les données de ce tableau ont été extraites
des comptes-rendus annuels du marché de l'automédication de la
même agence d'étude IMS Health pour l'AFIPA.
En violet, nous avons les valeurs en milliards d'euros des
médicaments de type « PMO » et en bleu les valeurs des
médicaments de type « PMF ».
L'évolution des chiffres d'affaires des PMF est
plutôt constante. Elle baisse globalement de 2001 à 2004 mais
recommence à croître à partir de 2005. Le marché des
PMF est stagnant si l'on regarde le graphique mais les données
représentées sont en milliards d'euros. On peut parler d'une
évolution positive mais elle n'est pas spectaculaire. D'après cet
étude, cela relativise l'idée de succès. Pourquoi la
courbe des PMF, bien que « positive », semble plutôt stagner
sur l'ensemble de la période ? Quels sont les facteurs qui rendent cette
courbe stagnante ?
Nous pouvons avoir recours à des données
complémentaires, qui sont les valeurs issues du rapport de l'AFSSAPS,
intitulé « Les ventes de médicaments aux officines et aux
hôpitaux en France Chiffres-clés 2006 » publié en
2007. Cette source donne plus de précision sur l'évolution des
PMF vendues en officines.
Attention à la différence entre l'histogramme de
l'AFSSAPS et de l'AFIPA (il s'agit du premier graphique de cette partie). La
différence entre l'histogramme ci-dessus et l'histogramme issu des
données de l'AFIPA apporte des précisions sur les PMF.
Sur l'histogramme de l'AFSSAPS, les chiffres d'affaires ne
concernent que les PMF « non remboursés » alors que sur
l'histogramme de l'AFIPA, on considère tous les PMF «
remboursés ou non ». Les données plus précises de
l'AFSSAPS relève de l'automédication.
On y retrouve un récapitulatif des ventes en pharmacies
des médicaments « PMF non remboursés » de 1996 à
2006. À partir de ce rapport sur les valeurs des PMF « non
remboursés » de 2000 à 2006 de l'AFSSAPS, j'ai pu mettre en
place l'histogramme ci-dessous :
Chiffre d'affaires des spécialités non
remboursables vendues en officines
1600
1400
1200
1000
400
200
800
600
0
1054 1119 1152 1183 1231 1259
1428
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
L'AFSSAPS ne parle pas de « PMF » mais de « SMF
» : Spécialité médicale facultative. Le terme n'est
pas le même mais la Spécialité contient que les PMF strict
et exclu les PMF remboursable. C'est pourquoi le chiffre d'affaires
s'élève en millions et non en milliards d'euros.
Le chiffre d'affaires augmente de manière constante
excepté en 2006 où la croissance est plus importante. A cette
même période, j'ai pu relevé des archives sur le site
«
Pharmaceutiques.com » qui
abordé le déremboursement de 2005.
« La Haute autorité de santé a rendu
publiques aujourd'hui ses recommandations quant à le
3ème vague de médicaments à
dérembourser. Sa réévaluation de 133 médicaments
montre du doigt 89 d'entre eux, sur la sellette après avoir
écopé de la mauvaise note « SMRI »10.
»
Sur 221 médicaments réévalués par la
commission de transparence, 156 sont déremboursés avec
une précision : « maintien temporaire jusqu'au
1er janvier 2008 de 62 d'entre eux à un taux de remboursement
de 15 % ».
En revenant sur l'observation du graphique, on constate que le
marché de l'automédication évolue positivement de
manière constante. Il n'y a pas de pic spectaculaire sur la
période et il est alors difficile de parler d'un «
phénomène de mode » ou d'un succès.
10 SMRI : Service Médical Rendu Insuffisant
Conclusion :
En termes de valeur numérique pour les PMF qu'ils
soient remboursés ou non, il y a trois dates clés à
retenir : 2001, 2003 et 2005. En ce qui concerne l'évolution du nombre
de PMF « non remboursés », il est évident que son
succès est bien plus important que celui des « PMF
remboursés » qui stagne. Le fait que la courbe des PMF « non
remboursés » ne suive plus celle du marché global (PMF et
PMO) peut s'expliquer soit par les déremboursements, soit par une
transition des médicaments prescrits habituellement en « PMF »
en « PMO » équivalents afin d'être remboursé.
Le chiffre d'affaires des ventes de PMF est en hausse depuis
2001 et ne cesse de croître jusqu'en 2007. Parmi les chiffres d'affaires
de ces PMF, on constate une évolution positive constante des
médicaments « non remboursés ». Les
déremboursements de médicaments ont contribué à la
croissance de l'automédication mais les résultats montrent que
les patients achètent un peu plus qu'avant des médicaments «
non remboursés » soit parce qu'ils sont restés
fidèles à un traitement « PMF » qui été
initialement remboursés, soit parce qu'ils n'ont pas d'autres choix que
d'acheter leurs médicaments habituels (dont ils sont convaincus de
l'efficacité) malgré le fait qu'il ne sont plus remboursés
par la Sécurité Sociale.
Ce qui se dégage des statistiques de l'AFIPA et de
l'AFSSAPS, c'est que le marché de l'automédication est en
croissance. Néanmoins, c'est une évolution plutôt
constante. Il n'y a pas de pic spectaculaire observable sur la période
analysé.
Les données statistiques montrent que
l'évolution est positivement constante, comment peut-on expliquer ces
résultats de manière générale ? Pour comprendre,
voyons en détails les nouveaux facteurs de développement.
2) Un marché qui se construit
L'analyse des données sur le marché de
l'automédication a permis de dégager des dates importantes. Je
vais désormais les confronter avec une centaine d'articles de presse de
tous types et en ressortir les principaux événements qui peuvent
expliquer l'accroissement de ce marché.
Les articles de presse sont triés en deux
catégories : Presse Grand public et Presse pharmaceutique. Bien
sûr, on trouve plus de précision sur la presse
spécialisée santé que celle du Grand public concernant les
déremboursements et autres mesures centrées sur le domaine de la
santé. La presse Grand Public permet de voir l'évènement
peut servir d'élément de comparaison à une même date
donnée. Par exemple, en 2001, le premier déremboursement est
très suivi dans la presse, qu'elle soit spécialisée ou
non, tantôt avec des données très précis,
tantôt avec les critiques de scientifiques ou d'experts. Autant
d'information qui permet de mieux cerner les résultats de mes
statistiques. L'élaboration d'une grille avec d'une part les dates et
d'autres parts les articles de presse permet de voir les
évènements importants qui ont pu influencer l'évolution du
marché de l'automédication.
a) Une croissance issue de facteurs décisifs
Le principal évènement est le
déremboursement des médicaments. En effet, il y
a eu deux phases de déremboursements qui coïncident avec les dates
clés repérées : 2001 et 2003. Dans un article de l'APM
(Agence de la Presse Médicale), on retrouve ces citations : «
Le poids de l'automédication lors des achats est passé de 12
% à 44 % en 2007».
La vente des médicaments d'automédications a
progressé de manière importante après 2006. Le
déremboursement a favorisé l'accroissement des ventes de produits
PMF. En effet, en déremboursant des PMF « remboursés »,
la classe des PMF « non remboursés » ne fait qu'augmenter. La
hausse s'explique par le fait que les patients continuent à acheter
leurs médicaments « PMF remboursé » même s'ils
sont devenus des PMF « non remboursé » après les
déremboursements. De plus, le PMF déremboursé peut
être acheté directement sans ordonnance. Cet achat participe
directement à l'essor du marché des PMF « non
remboursés ».
Le deuxième facteur de croissance est la
dynamique du marché due en grande partie aux
stratégies de marque des médicaments PMF « non
remboursés ». « Cette progression a été due pour
un tiers au phénomène des déremboursements et pour deux
tiers à la dynamique du marché » écrit Dominique
Perrot (Directeur du conseil et des services du cabinet d'étude
IMS Health France) dans le journal « Les Echos » et
« l'APM ».
Ce qu'on entend par « dynamique de marché »
c'est la continuité de son évolution positive. La
courbe d'évolution étant croissante, on parle de la
dynamique d'un marché.
Une dynamique soutenue également par des
médicaments à forte notoriété, en particulier des
antigrippaux ou des antalgiques. Ces médicaments connaissent une
très grande notoriété telle que l'« Efferalgan
Vitamine C » des laboratoires d'UPSA, telle que le « Doliprane »
des laboratoires Sanofi-Aventis ou encore comme le médicament «
Nicorette » des laboratoires Johnson&Johnson. Ces médicaments
dominent grâce au travail des laboratoires sur le packaging et sur la
publicité et bientôt sur les stands de présentation
(grâce au passage d'OTC).
À ce niveau d'utilisation, il est vrai que la
publicité, le « bouche-à-oreille » et l'habitude de
consommation du patient entrent en jeu et favorise l'achat d'un
médicament PMF. Sans compter que le patient suit le médicament
PMF qu'il a l'habitude d'acheter et participe ainsi à son essor.
Un troisième argument se présente concernant
l'évolution de l'automédication, c'est le nouveau comportement
des acteurs. En observant le succès des médicaments PMF non
remboursés, on peut remarquer que le patient continue de pratiquer
l'automédication. Le consommateur achète de plus en plus de
médicaments non remboursés. Une nouvelle attitude tend à
se développer, celle de ne plus hésiter à soigner des maux
bénins en allant directement à la pharmacie.
Les patients ne sont pas les seuls à suivre, un article
du journal « Pharmaceutiques » explique selon une étude IMS
Health qu'une majorité de médecins continuaient à
prescrire les médicaments PMF qui ont été
déremboursés. Ainsi, « 8,5 % de la PMF non
remboursables » est prescrite et participe au marché de l'OTC.
Leur motivation est simple, selon cet article : En prescrivant des PMF non
remboursable, on fait comprendre aux patients que ce sont des
médicaments de « confort » et qu'il faut revoir l'ensemble des
médicaments consommés lors d'un traitement : « sur 4
médicaments prescrits, seul un ou deux sont vraiment nécessaires.
Les autres sont plutôt des médicaments pour se soulager le temps
de la guérison. » selon l'avis d'un médecin
généraliste. Ils veulent ainsi, éduquer le patient aux
différentes propriétés des médicaments
malgré leurs réticences à cette pratique.
L'automédication est en hausse constante, les chiffres
issus des statistiques le démontrent, cependant certains facteurs
peuvent influencer l'évolution. Quels sont ces facteurs et à quel
degrés peuvent-ils intervenir dans l'évolution ?
b) Les autres facteurs pouvant être liés à
l'évolution
Le prix d'un médicament d'automédication a
été mis en avant pour permettre à certains acteurs de
profiter et d'exploiter le marché. Par exemple : « Les prix des
médicaments déremboursés,
devenus libres, ont augmenté de 36 % en moyenne
entre février et décembre 2006, dans d'inégales
proportions selon les classes thérapeutiques. » mentionne le
dossier de presse de Leclerc qui expose ainsi son principal argument pour
commercialiser les PMF non remboursés devant les comptoirs de leurs
parapharmacies.
Dans un article du journal « Le Monde » d'Avril
2008, le journaliste Yves Mamou précise qu'il y a effectivement eu des
hausses de prix consécutive au déremboursement de Janvier 2008.
Parmi les hausses, on cite le veinotonique Daflon (le prix a augmenté de
33%), le Difrarel, utilisé pour traiter les jambes lourdes et la
fragilité capillaire, (le prix a augmenté de 70%), et puis le
laboratoire Servier a même augmenté le prix du médicament
de 200 à 300% pour compenser la baisse de son chiffre d'affaires
à la suite du déremboursement.
L'UPSO : L'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine
assure dans un article de presse du journal « Le Figaro » que le prix
des cent premiers médicaments de médication officinale n'ont
augmenté que de 1%.
En ce qui concerne le prix, le ministre de la santé
rappelle que depuis le 30 Mars 2008, un accord des bonnes pratiques
commerciales a été signé par les syndicats officinaux et
les laboratoires pharmaceutiques. Nous en parlerons en détails dans la
suite de cette partie.
En effet, la plupart des médicaments ont vu leur prix
augmenter après les déremboursements à cause, entre
autres, du changement de TVA et des marges
financières fixées par les pharmaciens.
En France, il existe deux TVA pour les médicaments, la
première est fixée à 5,5% et est destiné à
l'ensemble des médicaments non remboursable (PMF) et la seconde est
à 2,1% et est réservé aux médicaments remboursables
(PMO).
Le changement de TVA implique une certaine hausse de prix lors
du passage d'un médicament PMO à un médicament PMF. Mis
à part le changement de TVA, le pharmacien fixe le prix final du
médicament, c'est pourquoi il peut varier d'une officine à une
autre. Certains laboratoires ont volontairement baissé le prix de leur
médicament « libre » pour s'adapter au changement et conserver
leur part du marché mais ce n'est pas le cas de tous.
Ainsi, certains médicaments d'automédication ont
des prix qui restent élevés et qui ne sont pas adaptés au
marché de l'OTC. Les prix qui n'ont pas bénéficié
d'une réduction lors de la transition des « déremboursements
» resteront difficilement accessibles pour les patients et surtout pour
les plus démunis. L'accès est pénible pour ceux qui ne
sont pas couverts par une mutuelle ou ceux qui ne prennent plus de
médicaments « non remboursés ».
Ce problème de prix est peut-être résolu
cette année avec l'entrée en vigueur d'un accord sur les
« Bonnes Pratiques Commerciales relatives à la transparence
des prix des médicaments de médication officinale non
remboursables » auquel Roselyne Bachelot, le ministre de la
santé,
faisait échos dans le journal « Le Figaro ». Cet
accord a été signé par les deux acteurs de santé
qui fixent les prix des PMF : les pharmaciens et les laboratoires
pharmaceutiques.
Il est important de souligner les points
clés de cet accord :
· Les pharmaciens d'officine se doivent de fixer les prix
avec tact et mesure.
· Les laboratoires pharmaceutiques s'engagent à
pratiquer, pour les médicaments de médication officinale non
remboursables, une politique tarifaire mieux adaptée aux nouvelles
réalités du marché répondant aux besoins des
patients.
Cet accord ayant été mis en place très
récemment, nous n'avons pas encore les résultats et les
témoignages des patients à ce sujet.
Un autre point qui peut limiter l'autoprescription c'est la
crainte d'utiliser ces médicaments libres. Dans le journal «
Panorama du médecin », dans un article qui mentionne les effets
néfastes que peut engendrer l'automédication, j'ai pu lire qu'au
Royaume-Uni, le paracétamol était la première cause
d'intoxication par médicament, devant l'ibuprofène et
l'aspirine.
On dénombre aussi, cette fois aux Etats-Unis, 100
décès et 13 000 visites aux urgences chaque année pour des
surdosages de paracétamol. Le but de cet article était de montrer
qu'il faut absolument passer par une éducation thérapeutique pour
éviter les mauvaises utilisations et les problèmes de «
iatrogénie ».
Le développement de la Sécurité Sociale,
depuis plus de cinquante ans, a habitué les patients au remboursement
quasi total de leurs soins médicaux. Habitué à être
remboursés, les Français ne perçoivent plus la notion du
prix des médicaments. Au-delà de ce système de soin, la
culture est également un frein.
Dans le journal « Les Enjeux » des Echos de 2007,
on peut lire : « En France, comme dans toute l'Europe du Sud, la
coutume est de se tourner systématiquement vers un professionnel en cas
de problème. Aujourd'hui cette exception française est remise en
question par les contraintes budgétaires imposées par le
vieillissement de la population. ».
Avec des habitudes de médicaments ancrées et
les réformes de la Sécurité Sociale, il faut beaucoup de
temps pour que le patient évolue et adopte une nouvelle façon de
se soigner seul. Cette culture peut expliquer la dernière position de la
France en matière d'automédication en Europe.
spectaculaire. Les articles de presse mentionnant
l'autoprescription reviennent sur les mêmes arguments quant aux facteurs
qui ont joué sur son évolution : déremboursements, culture
du médicament, changement de comportement des acteurs... Finalement, il
n'y a pas d'évènements plus marquants que d'autres pour expliquer
les chiffres si ce n'est que le marché commence à s'installer.
Les données statistiques montrent que
l'évolution est positivement constante, comment peut-on expliquer ces
résultats de manière générale ? Pour comprendre,
voyons en détail les nouveaux facteurs de développement ainsi que
les enjeux des acteurs de l'automédication.
III. Un marché prometteur : Quels enjeux pour
quels acteurs ?
Pour comprendre les facteurs sur lesquels repose
l'évolution de l'automédication, il est important de comprendre
les acteurs de santé, leurs rôles et les enjeux qui peuvent se
présenter derrière ce marché. La plupart des informations
les présentant sont issues directement des organismes. Des extraits de
livres et d'articles de presse viennent compléter la description des
acteurs afin qu'on puisse clairement identifiés leurs rôles et
leurs parties prix sur le marché. Trois types de rôles se
dégagent concernant l'automédication : Ceux qui sont « pour
» et « contre » et ceux qui ont un avis partagé sur cette
pratique. Commençons par ceux qui veulent promouvoir
l'automédication :
1) Les instigateurs de l'automédication
a) Les porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques
Les laboratoires pharmaceutiques
Les laboratoires pharmaceutiques sont des puissants «
lobby » qui recherchent toujours à augmenter leur
bénéfice. Leur but est de conserver la pérennité de
l'entreprise afin qu'elle se porte le mieux possible et donc de commercialiser
un maximum de médicaments. Ce sont majoritairement les ventes des
médicaments PMO qui sont les plus importantes, mais le marché de
l'automédication se portant au mieux, attire également ces
laboratoires. Les recettes attendus derrière ce marché de
l'automédication sont les principaux objectifs de ces laboratoires
pharmaceutiques.
Concernant l'automédication, il faut savoir que ces
industries pharmaceutiques possèdent, très souvent, des grandes
divisions au sein de leur organisation : chez le laboratoire GSK par exemple,
il y a la division pharmaceutique et la division Santé Grand Public :
les médicaments PMF font partis de la division « Santé Grand
Public ». Chez le laboratoire Merck possède une division «
médication familiale » qui désigne la catégorie
« automédication » et chez le leader mondial du marché
pharmaceutique : Johnson & Johnson, on a la division « Consumer Health
Care ».
Pour défendre leurs idées et leurs pouvoirs,
ces industries disposent de deux porte-paroles : le LEEM et l'AFIPA. Deux
organismes très présents dans l'actualité de la presse et
qui font beaucoup parler d'eux lors de réforme de santé. Nous les
verrons en détail, après avoir vu l'évolution mondiale du
marché de l'automédication. Voyons à présent,
comment se porte ce marché ces dernières années :
en moyenne de 15 % mais l'ensemble des mesures prises par
l'État en faveur de l'automédication aura sans doute comme effet
de dynamiser le marché.
La part de marché dans le monde grimpe très
vite chaque année (voir le graphique ci-dessous). L'OTC qui est peu
développé en France, risque également de s'accroître
et de connaître des chiffres très importantes suites aux mesures
de l'État.
La croissance vue sur les statistiques du corpus montre que
les ventes de PMF s'accroissent un peu plus chaque année. En 2007, la
vente des PMF a augmenté de 4 % par rapport à l'année
2006. L'automédication permettrait de développer certains
produits PMF des grands laboratoires et pourquoi pas de s'imposer comme des
blockbusters. Les blockbusters sont les médicaments
« stars » des laboratoires pharmaceutiques qui connaissent une forte
notoriété dû à un succès qui se poursuit dans
le temps. Ce sont ces médicaments qui permettent d'accroitre la
notoriété d'un laboratoire mais aussi de marquer sa place sur le
marché de l'OTC. Le Viagra du laboratoire Pfizer est un
médicament blockbuster qui leur permet de se démarquer des autres
par leur popularité. Nous verrons dans cette partie les enjeux des
laboratoires pharmaceutiques, en quoi est-ce-qu'on peut les qualifier de «
lobby » et enfin qu'ils sont représentés par deux grandes
entités que sont l'AFIPA et le LEEM .
L'automédication est un espoir pour l'industrie
pharmaceutique qui y voit l'avantage de marchés nouveaux, soutenus par
un déploiement publicitaire touchant directement le « Grand Public
». Ces industries disposent de très grandes ressources pour la
communication de leur lancement de produit. Ces firmes, s'inspirant des
études et des résultats de l'AFIPA, convoitent le marché
de l'OTC. Ce dernier, étant un marché prometteur si l'on regarde
la croissance sur le
schéma ci-dessus, permettrait à beaucoup
d'industries pharmaceutiques de faire des bénéfices
importants.
Les laboratoires sont souvent qualifiés de puissant
« lobby », et pour cause, ces industries pharmaceutiques consacrent
une grande partie de leur recette à la promotion de leurs
médicaments. Non seulement leur campagne de promotion des
médicaments est très couteuse mais les laboratoires engagent
beaucoup de visiteurs médicaux11 pour assurer la promotion
directement auprès des médecins. Il est interdit de faire de la
publicité sur les médicaments livrés sur ordonnance, par
contre, pour les médicaments d'automédications, cela est
toléré. Les laboratoires dépensent une somme colossale sur
les lancements de leurs nouveaux produits d'automédications.
Sur le site «
pharmaceutiques.com »,
j'ai pu relevé quelques constatations sur un article d'août 2007 :
« Selon ses résultats relayés par Les Echos, en dix ans,
les dépenses publicitaires et de marketing pour les produits
pharmaceutiques ont triplé, atteignant 30 milliards de $ par an. Une
somme qui représente de 20 à 30 % du chiffre d'affaires des
laboratoires, soit autant que leurs dépenses de R&D. ».
Inutile de préciser qu'un lancement réussi a de
grande conséquence sur le succès du médicament, c'est
pourquoi les investissements marketing sont si importants. Les budgets
déployés montrent bien que les laboratoires comptent exploiter ce
marché qui ne fait que croître depuis des dix dernières
années.
L'exploitation de ce marché peut permettre aux
laboratoires de se soulager un peu en terme d'amortissement de leur coût
en Recherche et Développement. En effet, les industries pharmaceutiques
qui possèdent deux divisions « Pharmaceutiques » et «
Santé Grand Public » peuvent amortir une petite partie de leurs
coûts de Recherche et Développement sur le chiffre d'affaires
généré par la division « Santé Grand Public
» et plus précisément sur leurs produits
d'automédication. Rappelons que c'est la capacité à
produire des médicaments innovants qui maintiennent la continuité
des grands laboratoires pharmaceutiques. Ainsi, ils doivent sans cesse sortir
des médicaments novateurs. Pour cela, ils investissent au moins 5 %
à 20 % de leur budget annuel en espérant obtenir un
médicament sur mille en développement. Par exemple, GSK a investi
en 2007 ,68 millions d'euros en Recherche et Développement (R&D)
alors que leur budget annuel était d'environ 1500 millions d'euros hors
gamme automédication (qui est de 200 millions d'euros). GSK a investi
4,5 % de son budget en R&D. Pour le laboratoire Pfizer (leader mondial),
leur chiffre
11 Le visiteur médical est envoyé
par le laboratoire pour rencontrer différents médecins afin
d'assurer la promotion d'un nouveau médicament. Il espère ainsi
convaincre le médecin de prescrire son médicament en
présentant les facultés de ce dernier.
d'affaires en 2007 s'élève à 31 milliards
d'euros et leur investissement en R&D est de 5 milliards d'euros soit 16 %
de leur capital total.
D'après le livre « Le système de
santé en France »12, les industries pharmaceutiques
peuvent utiliser la marge financière faites sur leurs divisions de
médicaments « Santé Grand Public » commercialisant les
produits d'automédications pour diminuer le problème de
financement. La gamme d'automédication ne représente pas plus de
5% de l'activité d'un laboratoire, ainsi même si celui-ci
rencontre un succès sur sa gamme OTC, les bénéfices
engendrés restent négligeables face à ceux des produits
pharmaceutiques. Certes, l'apport des bénéfices issus des
produits d'automédication est très faible par rapport à
celui de la division pharmaceutique mais le marché de
l'automédication reste toujours important pour le laboratoire. Tout
d'abord parce que le marché augmente un peu plus chaque année
mais aussi parce que les bénéfices suivront la même
tendance si les laboratoires parviennent à bien exploiter ce
marché.
Comprenant qu'il y a un potentiel à exploiter sur le
marché de l'automédication, les laboratoires mettent à
disposition des professionnels de santé et désormais des
patients, des services sur leurs sites Internet. Parmi les services, on
distingue les dossiers santé. Ces derniers décrivent les maladies
bénignes dans un vocabulaire médical vulgarisé, avec des
schémas et des illustrations, des définitions des
symptômes, des moyens de prévention et des conseils pratiques.
Contraint par la loi, ces dossiers précisent toujours de consulter un
médecin car ces dossiers santé ne remplacent en aucun cas un
diagnostic de médecin mais peuvent lui donner des conseils sur
l'automédication d'un patient. Cette mention est importante car elle
précise qu'il s'agit de conseil médical et non d'un diagnostic,
ainsi, le conseil ne remplace en aucun cas le diagnostic d'un
médecin.
J'ai pu poser une question à ce propos non plus au
président de l'AFIPA, mais au PDG de GSK Santé Grand Public :
« Dévi : Les laboratoires pharmaceutiques
commencent à développer les sites sur les informations
pathologies. Pensez-vous que ces dossiers vont accentuer le succès de
l'automédication ?
V. Cotard : Les patients ont aujourd'hui un savoir
impressionnant par rapport à avant. Les industriels vont donc en ce sens
en proposant ces informations pathologies. Par exemple le nombre de visites sur
Doctissimo, le site communautaire de santé : 1 400 000 visites, montre
qu'il y a une réelle attente de la part des malades. Ces dossiers
santé peuvent éventuellement être une valeur ajoutée
pour l'automédication. »
12 Voir Bibliographie, rubrique Livres
Cette question permet de voir si le comportement des patients
peut effectivement jouer sur la courbe de l'autoprescription d'un point de vue
de l'AFIPA. Il est vrai que les patients sont sans cesse à la recherche
d'informations santé les concernant, le site de Doctissimo confirme
cette tendance avec plus d'un million de visites par jour, ce qui est
considérable quand on sait que cela représente presque le quart
du score de Google. Les rubriques les plus consultées sur ce site sont
la « santé » et « l'encyclopédie des
médicaments » par une majorité de femme selon les sources de
Doctissimo.
Les firmes pharmaceutiques offre des services au grand-public
en mettant en ligne des dossiers pathologies où l'on peut comprendre les
symptômes d'une maladie bénigne, comment la soigner ou la
prévenir et stipule toujours de voir le médecin pour en savoir
plus. En alimentant les besoins des patients sur les informations santé,
les industries communiquent directement avec le grand-public. Ils y trouvent un
intérêt car ils arrivent ainsi à attirer l'attention des
internautes, à communiquer un message et ainsi à se créer
une image positive de leur laboratoire. L'AFIPA confirme le fait que les
dossiers santé peuvent être des vecteurs positifs à
l'automédication.
D'autre part, en consultant le magazine « Que choisir
santé ? » j 'ai pu relever que 31 % des Français surfent
plus ou moins régulièrement sur Internet à la recherche
d'informations santé, une information issue du dernier baromètre
du « Cercle santé société13 ». Face
à une demande élevée d'informations santé, les
laboratoires pharmaceutiques voient l'un de leur rêve se réaliser
: La communication directe avec le patient sans passer par
l'intermédiaire des professionnels de santé. Cependant, soumis
à des réglementations strictes en matières de
communication sur le « médicament », ces firmes ne peuvent
s'adresser directement aux internautes.
Avec l'aide des dossiers santé, les laboratoires
offrent des services qui permettent aux médecins et aux pharmaciens de
les aider dans leur relation avec le patient. Ce dernier veut souvent en savoir
plus sur les pathologies. Ces dossiers permettent de comprendre, dans un
vocabulaire médical vulgarisé, une pathologie.
Des dossiers qui ont vu le jour car souvent le médecin
désire donner plus d'informations mais par manque de temps, il ne le
fait pas systématiquement. C'est la première raison de la
disponibilité de ces dossiers sur Internet.
Un nouveau terme est employé pour qualifier ce type de
communication « laboratoires directement auprès des patients
», on parle de « Direct to Consumer » ou « Direct to
Patient ».
Cette expression, utilisée dans le magazine n°23
de « Prescriptions santé » en Janvier 2007, précise
bien que les laboratoires communiquent sur les pathologies et ne doivent jamais
cité de marques ou de médicament type PMO. Néanmoins dans
ce magazine, quelques précurseurs du « Direct to Consumer »
sont présentés : La campagne de publicité de Fournier sur
la ménopause en 1995, la campagne de communication de
l'antidépresseur Prozac appelé également la « pilule
du bonheur » ou encore le programme « arc-en-ciel » du
laboratoire Lilly destiné à répondre aux questions des
dépressifs.
Toutes ces campagnes de communication abordent des domaines
thérapeutiques avec un traitement adéquat et ne mentionnent
à aucun moment des médicaments. Bien que les médicaments
des laboratoires ne soient pas cités lors de ces campagnes de
communication, ils essayent toujours de passer quelques messages subliminaux en
jouant sur des objets rappelant un médicament de leur laboratoire comme
par exemple : la couleur, la forme du logo... Ces laboratoires
présentent leurs services comme un aide à la communication «
patients/professionnels de santé ».
Dans cet article, on rappelle également qu'en 1995, la
dépression était un mot tabou et peu de personnes savaient qu'il
s'agissait d'une maladie souvent chronique et qui provoquait des rechutes
dès lors qu'on arrête les traitements. Sur le dernier exemple
cité de Lilly, la campagne avait rencontré un tel succès
que ce laboratoire avait reçu par la suite des demandes de
documentations de la part d'organisme public.
Ainsi, les laboratoires sont également des acteurs de
santé et mettent à disposition des patients des outils pour les
aider et les accompagner dans le domaine de la santé. Un moyen
également de montrer la notoriété et les services de
qualité fournis par les laboratoires, qui en échange même
s'ils ne le disent pas souhaiterait des retours positifs sur l'achat de leurs
médicaments.
Pour pouvoir s'exprimer et défendre leurs
intérêts et leurs enjeux commerciaux, les laboratoires
pharmaceutiques sont représentés par deux porte-paroles : L'AFIPA
et le LEEM.
L'AFIPA
L'AFIPA, est le porte parole des laboratoires pharmaceutiques
qui voient un véritable marché à conquérir. Le
contexte actuel avec les déremboursements, les décisions de la
commission européenne sur son avis favorable à
l'automédication, profite aux laboratoires qui voient un enjeu
économique important. A l'aide des
déremboursements, le prix des médicaments change et le
bénéfice retenu sur ce dernier augmente. De plus, la mise en
place du nouveau mode de distribution des médicaments PMF (placer devant
le comptoir des pharmaciens) permettent aux laboratoires de tirer un plus grand
profit en s'adressant directement aux patients. Commençons par
définir le statut de l'AFIPA.
L'AFIPA : Association Française de l'Industrie
Pharmaceutique pour une Automédication responsable est une association
professionnelle qui représente les industriels du médicament
d'automédication. Les membres de cette association sont des laboratoires
pharmaceutiques et les membres associés sont des organismes qui
travaillent avec ces laboratoires.
Leur mission est « de promouvoir les médicaments
d'automédication, dans le cadre de la Santé publique, dans
l'intérêt des patients/consommateurs et des industriels membres de
l'Association ». Elle assure divers missions en France dont :
« L 'AFIPA assure sa mission : En favorisant le
développement des médicaments d'automédication en France ;
En faisant reconnaître les comportements d'automédication comme un
élément essentiel pour la Santé publique et pour
l'économie de la santé ; En favorisant le développement,
tant au niveau des professionnels concernés que des consommateurs, de
l'image de ces produits ; Et en représentant les industriels
auprès des Pouvoirs publics, des médecins, des pharmaciens, des
médias et des patients-consommateurs. »14.
L'objectif de l'AFIPA est de promouvoir
l'automédication auprès de tous les acteurs. Ils
représentent les laboratoires pharmaceutiques lors des grandes
réunions de santé comme leur participation au rapport d'Alain
Coulomb sur l'automédication pour le ministre de la santé.
L'AFIPA est le porte-parole des industries pharmaceutiques auprès de
tous les acteurs de santé sur l'automédication. Cette association
publie des informations sur leur site Internet comme des études de
consommation auprès des patients et des professionnels de santé
sur l'automédication, des données économiques sur le
marché de l'automédication, des textes et des documents
institutionnels relatif au marché des médicaments, des dossiers
et des communiqués de presse, ainsi que des liens vers d'autres sites
partenaires.
Sur les articles de presse, issus des journaux
spécialisés et grand-public comme « Le Moniteur des
pharmacies, le Panorama du Médecin, France Soir » mentionnant le
marché de l'automédication en France, les informations
exploitées proviennent parfois des données économiques de
l'AFIPA.
Pour les statistiques de l'automédication, c'est le
cabinet d'étude IMS Health qui s'est chargé de mener une
étude pour l'AFIPA. IMS Health est la quatrième
société d'information et d'étude
14 extrait du site de l'AFIPA :
www.afipa.org
marketing en France.
Les journalistes recueillent très souvent l'interview
de spécialiste sur la question comme le président de l'AFIPA. Sur
un article de presse du journal « Pharmaceutiques », on retrouve une
interview du président de l'AFIPA Eric Maillard, en septembre 2007, qui
par ailleurs est également président des laboratoires McNeil
France. Dans cet article abordant de l'accès OTC, le président
répond qu'il souhaite la mise en place d'espace dédié
à l'automédication dans les pharmacies et que l'idée
principale est d'améliorer l'accès au médicament pour
favoriser le conseil du pharmacien.
J'ai, moi-même pu obtenir l'interview de l'actuel
président de l'AFIPA : M. Vincent Cotard, qui est aussi président
du laboratoire GlaxoSmithKline Santé Grand Public. Âgée de
44 ans, diplômé de l'Ecole supérieure de Commerce de Rouen
et de l'Executive MBA HEC, Président de GSK Santé Grand Public
depuis 4 ans, il a 15 ans d'expérience dans l'industrie pharmaceutique
et dans l'automédication.
Le but de l'interview était de connaître sa
position sur le marché de l'automédication, d'avoir un avis sur
la position de l'AFIPA et d'analyser les nouveaux facteurs influençant
l'automédication comme les déremboursements, le passage des
médicaments PMF devant le comptoir ou la position favorable de la
commission européenne.
Parmi les questions, il y en aura une qui portera sur la
division Santé Grand Public dont Vincent Cotard est responsable au
laboratoire GSK. Je m'adresserai alors au responsable SGP et non au
président de l'AFIPA avec la question sur les produits
d'automédications de GSK.Voir l'interview en annexe, Figure 8.
Sur la première question, l'une des sources
clés de l'évolution positive de l'automédication est
cité : Le déremboursement. Cependant ce n'est pas le seul facteur
qui parviendra à lancer le marché en France, le terme de «
switch » est abordé. Le mot "switch" (en anglais : commutateur)
désigne la transformation par un laboratoire pharmaceutique d'un
médicament PMO en un médicament d'automédication et donc
vendu sans ordonnance au comptoir de la pharmacie.
Le "switch" est un moyen courant pour une firme de lancer un
médicament dont les ventes baissent, ou qui va se trouver
concurrencé par des nouveaux médicaments, ou par des copies
à l'échéance d'un brevet. Les laboratoires pratiquent ce
genre d'opération pour des raisons d'amortissements de coût sur
les Recherches et Développement, néanmoins la concentration de
molécule active de ces médicaments PMF est beaucoup moins
importante et nécessite une formule médicale adaptée au
marché de l'automédication. Ces « switch » permettront
d'agrandir la famille
des PMF et peuvent être à l'initiative des
laboratoires souhaitant agrandir leur offre en PMF. Les « switch »
permettent également de profiter des molécules innovantes des
laboratoires. Cette procédure est malgré tout très longue
en France au niveau réglementaire et c'est pourquoi, dans l'interview,
on parle de la procédure centralisée Européenne. Cette
procédure implique, entre autres, qu'à partir d'un vote
majoritaire des membres de l'Union européenne sur le lancement d'un
médicament switché, il peut être mis sur le marché.
Sa mise sur le marché concernant toute l'Europe, il sera
également disponible en France. Cette procédure simplifie
grandement les « switch » et l'on peut supposer que la tendance
augmentera à partir d'aujourd'hui.
En résumé, le président de l'AFIPA est
confiant sur l'évolution de l'automédication et attend de
nouvelles mesures pour assister au décollage de ce marché. Des
mesures qui sont majoritairement prises par l'État et les laboratoires
pharmaceutiques.
Sur la troisième question, le succès de
l'automédication passe sur la formulation du médicament selon le
représentant de l'AFIPA. Les médicaments qui satisferont le plus
de patient rencontreront une part de marché importante et participera
à l'essor de sa catégorie de médication familiale. Le
délistage est le fait de mettre en vente libre des produits uniquement
accessibles sur ordonnance comme certains produits de sevrage tabagique.
Le délistage ou le déremboursement ainsi que le
switch sont des moyens qui peuvent permettre de développer
l'automédication. Les laboratoires ont plusieurs possibilités
pour conquérir le marché de l'automédication. Voilà
une hypothèse que nous n'avions pas encore vue jusqu'à
présent et qui peut être prise en comptes.
Au cours de l'Interview, Vincent Cotard a également
précisé sa préférence pour l'OTC dans les officines
et non dans la grande distribution.
La deuxième question s'adressait au directeur de GSK
SGP et non au président de l'AFIPA. La question porte sur sa position en
tant que laboratoire par rapport aux nouvelles mesures prises par l'Etat.
Il semblerait que le laboratoire cherche à exploiter
au maximum la mise en place des PMF devant le comptoir des pharmacies. Les
services marketing des laboratoires, qui s'organisaient autour du packaging de
leur médicament, s'intéresse désormais aussi à la
PLV (Publicité sur le lieu de vente, par exemple un comptoir, une
affiche, des matériaux de merchandising) de ce médicament. Ces
comptoirs fabriquaient par les firmes pharmaceutiques sont proposés aux
pharmaciens qui décident au final si oui ou non ils le mettront en
présentation dans leurs pharmacies. Suite à cette réponse,
j'ai également demandé s'il y avait une concrète valeur
ajoutée à ces comptoirs. Il m'a alors répondu par
l'exemple que vous avez lu ci-dessus. Les patients ont à leur
disposition dans les pharmacies, des tests médicaux
comme les jeu de questions réponses sur des pathologies bénignes,
ici, Vincent Cotard a repris l'exemple du fumeur qui veut évaluer son
taux de dépendance et acheter le traitement qui lui sera le plus
approprié. Les tests sont en libre service sur les comptoirs des
pharmaciens et permettront aux patients d'obtenir les informations santé
qu'ils recherchent sans toujours avoir à poser ses questions aux
pharmaciens bien qu'ils disposent des deux sources d'informations. Ainsi, les
laboratoires peuvent proposer davantage de publicité sur les
médicaments PMF délivrés.
A l'aide de cette question, j'ai pu voir que les
publicités des laboratoires sont également mobilisées au
sein des pharmacies, comme s'ils voulaient communiquer directement avec le
patient. Bien que cela soit du marketing, on peut prendre ce genre d'approche
comme un moyen de favoriser un médicament d'automédication et
ainsi de permettre de meilleurs ventes.
Pour promouvoir l'automédication et défendre
ses valeurs, l'AFIPA a besoin de soutien et d'argument solide pour
démontrer ses résultats et ses idées. Cette association
s'inspire, par exemple, des compte-rendus d'un autre acteur qu'est la
commission européenne.
En effet, l'AFIPA s'appuie sur les décisions de
l'Union Européenne, un acteur de santé institutionnel important
pour la santé publique, pour promouvoir l'automédication
responsable en France. Le parlement européen a déclaré
« qu'il convient d'encourager l'automédication responsable, ce qui
s'accompagne du désir croissant des individus responsables, de prendre
en charge leur propre santé et contribue à réduire les
dépenses de santé ». Le 16 avril 199615, le
parlement européen adopte une nouvelle résolution sur
l'automédication.
Leur conclusion se base sur les résultats du
marché de l'automédication en Europe qui est assez positif. Le
parlement est clairement favorable à l'automédication et
prête main forte pour encourager cette pratique en Europe.
Le parlement veut alors encourager la vente de PMF en vente
de médicament libre devant les comptoirs et n'est pas contre les
nouvelles mesures que l'État français avait mis en place.
La commission européenne a également
donné son avis positif sur la question de l'automédication :
« Je peux vous assurer de notre engagement pour faire du futur un
succès pour le secteur de l'automédication. Ceci n'est pas
seulement souhaitable mais également essentiel pour atteindre nos
objectifs de santé publique et de politique industrielle », de
Günter Verheugen, le Vice-président de la Commission
européenne à la réunion de l'AESGP (Association
Européenne
15 Résolution sur la « Communication de la
Commission au Conseil et au Parlement européen sur les orientations de
politique industrielle à appliquer au secteur
pharmaceutique dans la Communauté
européenne»
des Producteurs de Spécialités Pharmaceutiques
Grand Public) le 9 juin 2006 à Athènes. Ce qu'on entend pas
« politique industrielle », ce sont les économies qui peuvent
être réalisé auprès des systèmes de
santé de chaque pays.
Les instances européennes sont pour
l'allégement des systèmes de santé et pour la prise en
charge autonome du patient. C'est pourquoi elles donnent un avis positif sur
l'automédication.
Ainsi, l'automédication est vue comme une solution
pour soulager le financement des systèmes de santé. Permettant
d'alléger le système de santé publique, la commission
européenne est donc favorable au développement de
l'automédication en encourageant l'OTC, les délistages de
médicaments, les publicités sur les PMF et les accords entre les
acteurs de santé comme les pharmaciens, les firmes pharmaceutiques et
les instances publiques.
L'AFIPA a un soutien important qu'est la commission
européenne sur sa politique de développement de
l'automédication responsable en France. Les relations de l'AFIPA avec
les différents acteurs de santé peuvent être
identifiées en suivant l'actualité pharmaceutique en France. Sur
le sujet de l'OTC, l'AFIPA soutient les pharmaciens en expliquant que leurs
métiers, les formations qu'ils ont étudiés et leurs
expertises leur permettent d'avoir le monopole de l'officine. Le
médicament n'est pas un produit banal et ne peut être
délivré en dehors d'une officine. L'AFIPA souhaite avoir le
soutien de tous les professionnels de santé pour promouvoir
l'automédication. L'AFIPA a également trouvé un terrain
d'entente avec l'État. D'après les études de l'AFIPA,
l'automédication permettra une économie de 2,5 milliards d'euros
sur une année à la caisse d'assurance-maladie si
l'automédicaton se développe. De plus, l'automédication
est un objectif de santé publique pour la commission européenne,
l'État a tout intérêt à favoriser cette pratique
également. N'oublions pas que l'État doit trouver une solution
pour éviter le déficit de la caisse d'assurance maladie. Deux
coïncidences qui font que l'AFIPA et l'État marche côte
à côte pour développer l'autoprescription responsable en
France.
En résumé, l'objectif de l'AFIPA est de
dégager un maximum de moyens pour développer «
l'automédication responsable » en France. Ils sont gardiens du bon
fonctionnement de cette pratique et cherchent à impliquer davantage les
patients sur leur capital santé. L'argument de la commission
européenne joue en leur faveur et offre ainsi une opportunité
à renforcer ce marché en France. Pour eux il y a un marché
économique à conquérir dans les années à
venir en utilisant leurs outils de communication, en s'appuyant sur les
décisions de la Commission Européenne, en recherchant un soutien
auprès de l'État et en s'alliant avec les acteurs de
santé. Ils sont amenés à retravailler leurs politiques de
communication d'habitude, réservés aux médecins, pour les
patients. Les entreprises
pharmaceutiques voient à travers ces nouvelles mesures,
un marché qui se développe et qui ne demande qu'à
être conquis.
Si l'AFIPA tend à promouvoir l'automédication,
un autre porte-parole des laboratoires pharmaceutiques est présent mais
défend des intérêts plus généraux. Il s'agit
du LEEM : Les Entreprises du Médicament. L'AFIPA travaille
également en collaboration avec le LEEM pour proposer des actions en
faveur de l'autoprescription.
LE LEEM
Le LEEM regroupe un grand nombre de laboratoires
pharmaceutiques et les représente lors de grands débats de
santé. Cette organisation a deux rôles en France : c'est un organe
de décision et d'étude.
En tant qu'organes de décision, le
LEEM se compose d'une Assemblée générale qui vote les
grandes idées, d'un Conseil d'administration et de leur
président. Les décisions sont prises par une Assemblée
générale au LEEM. C'est ensuite le Conseil d'administration qui
exécute et met en place ce que l'Assemblée générale
a voté. Sur le site Internet du LEEM, on peut lire que les
décisions prises par cette dernière sont dans
l'intérêt générale de la profession ou d'un
particulier issu de ses membres.
En tant qu'organes d'études, le LEEM
dispose des Commissions, d'un comité stratégique et d'organes
d'exécution. « Les commissions et leurs groupes de travail ont pour
objet d'étudier, de façon permanente ou en fonction des questions
d'actualité, les principaux problèmes intéressant
l'industrie pharmaceutique. » cité sur le site Internet du LEEM.
Les études sont donc décidées par le LEEM et peuvent
être des documents à présenter à divers acteurs
institutionnels comme l'État.
Les entreprises du médicament ont pour mission de
créer et de développer des médicaments et vaccins
nouveaux, pour les maladies graves ou « sociétales ». Selon le
LEEM, leur rôle consiste à élaborer et à faire
respecter l'éthique de la profession, à faciliter les
échanges entre ses membres, à défendre leurs
intérêts collectifs et à resserrer les liens avec les
autres professions de santé. Le LEEM traite de plusieurs sujets
d'actualités sur la santé. On retrouve par exemple sur son site
Internet16 des informations et des rappels de mesures politiques
votées en France et en Europe concernant la santé et les
laboratoires pharmaceutiques. Dans la rubrique médicament, cinq
principaux thèmes sont rappelés : Les codes de bonnes pratiques
cliniques, l'automédication, les médicaments
génériques, le bon usage du médicament et les
médicaments orphelins. Bien sûr, nous nous intéressons
à la partie « Automédication ».
16 Site web du LEEM :
www.leem.org
Le LEEM résume en quelques paragraphes ce qu'est
l'automédication et comment engager des actions concrètes pour
participer à l'essor de ce marché. Le LEEM ajoute que la
réglementation française offre un champ restreint à
l'automédication. C'est sur ce dernier point que le LEEM veut travailler
et accomplir de nouveaux objectifs d'évolution.
Dans le cadre de la réglementation sur l'OTC, le LEEM,
l'AFIPA et les syndicats de pharmaciens (FSP : Fédération des
Syndicats Pharmaceutiques de France, UNP : Union Nationale des Pharmacies de
France et UPS : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine) ont signé
un accord de bonnes pratiques de gestion des prix des PMF, le
30 Mars 2008 .
Le but de cet accord est de garantir une maîtrise de la
gestion des prix sur les médicaments de PMF. Cet accord, fait avec
l'aide du ministre de la santé Roselyne Bachelot, montre que les
industriels participent à l'expansion de l'automédication en
faisant attention aux prix des PMF. Ceci est également dans leur
intérêt s'ils veulent conserver la clientèle, les parts du
marché et leur positionnement sur l'OTC.
Le rôle du LEEM dans l'automédication est donc
de développer ce marché dans un intérêt
économique. Étant un syndicat des groupes pharmaceutiques, le
LEEM défend ses enjeux au même titre que l'AFIPA. L'AFIPA,
rappelons-le, défendent les intérêts des fabricants de
médicaments PMF.
L'AFIPA se consacre exclusivement à
l'automédication, aux produits PMF, tandis que le LEEM s'engage sur des
missions plus générales lié aux médicaments. Le
LEEM et l'AFIPA ont le même objectif sur l'automédication :
Favoriser et adopter cette nouvelle pratique auprès des Français
afin que les laboratoires pharmaceutiques puissent exploiter et tirer profit du
marché.
Le LEEM précise que la campagne regroupant les actions
pour le développement de l'automédication est lancée de la
même façon dans tous les pays de l'Union Européenne, il ne
s'agit donc pas d'une campagne locale. Cette campagne européenne tombe
au moment pour l'État qui recherche une solution pour palier au
déficit de la Sécurité Sociale. Derrière le
marché de l'automédication et les décisions de la
commission européenne, l'État a désormais toutes les
cartes en main pour lancer ses nouvelles mesures : les déremboursements
et le passage des médicaments d'OTC devant le comptoir.
b) Les acteurs institutionnels
L'État :
problème de financement de la sécurité
sociale et les résolutions de la commission européenne sur
l'encouragement de « l'automédication responsable ».
Dans le premier cas, l'automédication permettrait,
selon l'AFIPA, à la caisse d'assurancemaladie de faire des
économies et de retrouver une courbe beaucoup moins déficitaire
que les années précédentes. Dans le livre « Le
système de santé en France» de Bruno Fantino et
Gérard Ropert édité en 200817, il est
précisé que l'assurance maladie permet à toute la
population d'accéder à tous les médicaments les plus
récents comme les plus coûteux. Le patient hospitalisé
dispose très vite des médicaments innovants grâce à
une procédure d'autorisation temporaire d'utilisation qui permet de
soigner l'hépatite C, le sida, le cancer en bénéficiant
des résultats les plus récents de la recherche. Mais l'innovation
coûte de plus en plus cher à l'Assurance maladie qui a des
ressources naturellement limitées. L'autre raison est dû au fait
que les français consomme beaucoup de médicaments dont la plupart
sont remboursés à plus de 70%. Le système de santé
généreux et les français, habitués à
consommer des médicaments, font que la caisse d'assurance maladie
connait des difficultés à se financer. L'État recherche,
dans un souci d'économie, à promouvoir l'automédication et
à réduire les dépenses de santé permettant à
la Sécurité Sociale de rembourser moins.
Le ministre de la santé, Roselyne Bachelot, ex-docteur
en pharmacie, décide d'inciter cette pratique et entame de nouvelles
mesures avec l'aide de l'HAS et de l'AFSSAPS. Ces nouvelles mesures sont les
déremboursements de médicaments PMF à SMR insuffisant (le
procédé est expliqué dans la première partie) de
2001, 2003 et 2005. Des déremboursements qui ont accru le marché
des PMF et qui ont permis de voir que le patient s'automédique. A voir
les résultats positifs, une nouvelle action a été
proposé par l'AFIPA et approuvée par le ministre de la
santé en début d'année 2008, c'est le passage des
médicaments PMF en vente libre devant le comptoir des pharmaciens.
Ainsi, le patient pourra acheter son médicament de la
même façon qu'une crème solaire mais attention, cette vente
libre doit se faire sous l'oeil bienveillant du pharmacien qui reste garant du
conseil médical selon le ministre de la santé. Le but de cette
action est de responsabiliser les patients sur l'automédication et de
leur donner une plus grande liberté sur les médicaments PMF en
vente libre. Cependant, le médicament n'est pas un produit banal, il est
doté d'une AMM qui garantit la qualité, l'efficacité et la
nature de ce produit.
Dans un article de presse du Moniteur des pharmaciens, Roselyne
Bachelot confirme sa position et tend à rassurer les pharmaciens sur
l'OTC, lors de son discours d'inauguration de Pharmagora
17 Voir références bibliographiques
dans la rubrique « livres »
2008 (salon de référence de la pharmacie) :
« Le but est de garantir à nos concitoyens une transparence
légitime, de leur assurer la meilleure information possible sur l'usage
de ces médicaments, de jouer le jeu de la concurrence et de renforcer le
conseil... Cette mesure contribuera à améliorer le pouvoir
d'achat des citoyens, favorisera l'éducation thérapeutique et
préservera l'ensemble des garanties de sécurité sanitaire
que l'officine apporte aujourd'hui. »
Le discours s'appuie essentiellement sur la
responsabilité du patient concernant sa santé et sur les moyens
d'économies que l'État recherche. On parle également du
pouvoir d'achat, en effet, en jouant sur les prix concurrencés, le
patient a le choix de comparer et d'acheter son médicament
d'automédication. Le ministre fait appel à un changement de
comportement des acteurs et à bien cerner les avantages que peuvent
représenter le passage des PMF devant le comptoir. Il est donc hors de
question que les PMF en vente libre soit distribués en dehors des
pharmacies puisque l'éducation thérapeutique, faites avec le
pharmacien, est prise en compte.
Voilà les objectifs auxquels se prête le passage
des médicaments PMF en vente libre. La mise en place de dossier
pharmaceutique retraçant les traitements des patients permettra
très prochainement de sécuriser et de prévenir les risques
d'iatrogénies sur les médicaments PMF. Les dossiers
pharmaceutiques sont encore en cours de traitement par l'État mais sont
prévus dans un futur proche afin de faciliter les relations
pharmaciens/patients. Ces dossiers préparés initialement par le
médecin généraliste traitant, permet de voir les
traitements en cours ainsi qu'un historique des médicaments que le
patient à consommer. En ayant plus d'information sur le patient, le
pharmacien peut cibler d'avantage le médicament approprié et le
conseillé lorsqu'il viendra chercher d'autres médicaments.
Suite à cette action, les grandes distributions
décident d'agir en proposant de commercialiser ces PMF dans leurs
parapharmacies comme le cas de Leclerc lors de sa campagne de communication.
L'argument des supermarchés Leclerc concerne l'augmentation de 25 % en
moyenne sur le prix de ces médicaments PMF. Leclerc assure que les PMF
commercialisés dans leur enceinte ne verront pas cette hausse et que
cela permettra aux consommateurs de faire des économies. L'État
se positionne contre car le médicament doit bénéficier du
conseil du pharmacien. Roselyne Bachelot répond, lors de la
confrontation à l'Assemblée Nationale « Le monopole
pharmaceutique n'est pas un privilège. Il est la contrepartie d'un
certain nombre d'obligations, l'exercice pharmaceutique par un
diplômé ». L'expertise et la mise à disposition
d'informations doivent passer par le professionnel de santé. Elle cite
également l'exemple de l'Italie, pays dans lequel les PMF sont
commercialisés dans les parapharmacies de grande distribution, une
baisse de 25 % sur les prix a été perçu au début
des ventes mais après la libéralisation, les prix ont ré
augmenté. La distribution en dehors des pharmacies n'est donc pas une
solution appropriée envisageable selon l'État et ce
dernier continue sa communication sur l'OTC.
L'État et L'Europe
La deuxième raison qui pousse l'État à
promouvoir l'automédication, c'est la décision de la
commission européenne. En effet, il y a le soutien de
l'Europe sur le fait que l'automédication est considérée
comme un objectif de santé publique. En juin 1994, la commission
européenne a adopté un programme d'action communautaire de
promotion, d'information, d'éducation et de formation en matière
de santé. Ce programme souligne que les conseils et les informations
délivrés aux consommateurs doivent être de nature à
leur assurer une automédication appropriée, sûre et
responsable. L'objectif de ce programme est de faire en sorte que tous les
médicaments PMF soient adaptés à l'utilisateur, «
n'offrant que la possibilité d'aider à prévenir et
à traiter les symptômes de durée brève et les
maladies légères qui ne requièrent pas de consultation
auprès d'un médecin ». Une information suffisante et
pertinente doit donc être prodiguée à l'utilisateur afin
d'obtenir le meilleur bénéfice thérapeutique possible. Il
faut donc aller en son sens et favoriser l'autoprescription. Cela peut
expliquer le passage de l'OTC devant les comptoirs des pharmacies, les
déremboursements ou encore la mise en place prochaine des dossier
médicaux.
Les décisions de l'Union Européenne ont des
conséquences importantes sur l'évolution de
l'automédication au sein de ses pays membres dont la France. La
décision de la commission européenne a été
voté après avoir observé l'attitude des européens
envers leur propre santé. Ces derniers consomment beaucoup de
médicaments d'automédications par rapport à la France mais
aussi parce que leur système de santé ne leur permet pas de faire
autrement (c'est à dire que les médicaments prescrits sur
ordonnance sont faiblement remboursés, l'automédication leur ai
plus satisfaisante). Remarquant que la majorité des européens
faisait souvent appel à l'automédication, la commission
décide de promouvoir l'automédication dans tous les pays membres.
La France, étant un des membre des pays fondateurs de l'Europe,
participe également à ces campagnes de promotion locale. La
France doit resserré les liens avec l'Europe et affirmer sa position
dans cette unité car l'enjeu politique y est très important.
L'Europe est un acteur qui a des pouvoirs importants sur la
France. Les idées et les décisions qu'elle défend ont une
valeur non négligeable pour tous ses pays membres. C'est pourquoi la
position de cet acteur sur l'automédication est conséquent et
permet à la France d'appuyer et de mettre en place de nouvelles mesures
concernant l'automédication. L'Europe a un rôle d'adjuvant
indirect pour les laboratoires pharmaceutiques qui peuvent tirer profit sur le
marché de l'automédication (en développant
l'automédication, les parts de marchés sont plus importantes)
mais
c'est surtout à l'État que la situation profite
car elle est en pleine crise sur son système de santé
français. Développer l'automédication signifie favoriser
les achats des médicaments non remboursés et permettrait à
la Sécurité Sociale de faire des économies, or toutes les
solutions permettant à l'assurance maladie d'éviter un
énorme déficit sont les bienvenus. Disposant d'un atout puissant
qu'est l'Europe, l'État commence à mettre en place de nouvelles
mesures comme les déremboursements pour favoriser
l'automédication.
L'État a le rôle de promouvoir
l'automédication en tant que comportement responsable, pour cela, il a
pris ces dernières années des mesures, comme les
déremboursements de médicaments, le passage devant le comptoir,
pour responsabiliser le patient et l'encourager à l'éducation
thérapeutique auprès des professionnels de santé. Le
passage des médicaments PMF devant le comptoir des pharmaciens
approchent donc à grands pas, seuls les résultats des ventes en
pharmacie après la nouvelle mise en place, permettront de voir si cette
action aura un impact significatif sur l'évolution du marché de
l'OTC. Les représentants des laboratoires pharmaceutiques et
l'État s'associent pour répandre un nouveau comportement venu de
l'Europe tantôt pour les enjeux économiques du marché,
tantôt pour ancrer les nouvelles dispositions exprimées par la
commission européenne. Si l'État a décidé
d'enclencher ses actions pour l'« automédication responsable
», elle s'appuie toujours sur des décisions des organismes de
santé publiques telle que l'AFSSAPS.
L 'AFSSAPS
L'Agence française de sécurité
sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) dont le directeur
général est Jean Marimbert (Expert reconnu des questions sociales
et du monde du travail, Jean Marimbert, 47 ans, est aussi un spécialiste
des questions sanitaires), évalue la sécurité d'emploi,
l'efficacité et la qualité des produits de santé. Elle
assure également la surveillance des évènements
indésirables ou inattendus liés à leur utilisation qu'on
appelle également la pharmacovigilance. Elle exerce des activités
de contrôle en laboratoire et conduit des inspections sur les sites de
fabrication et de recherche. Enfin, elle mène des actions d'information
auprès des professionnels de santé et du public pour
améliorer le bon usage des produits de santé. Voilà des
missions qui déterminent leur place dans le système de
santé français, mais quel est son rôle dans
l'automédication ?
Je rappelle que la commission de
transparence est une partie de l'AFSSAPS et elle définit lors
de l'AMM, la nature du médicament : PMO ou PMF. La commission de
transparence est composée de professionnels de santé
libéraux et hospitalier, de médecins généralistes
et spécialistes, de pharmaciens et d'experts en
épidémiologie. C'est également cette commission qui
évalue les SMR.
(Expliqué lors de l'État des lieux dans la
première partie). Elle évalue les médicaments suivant des
critères médicaux et scientifiques. L'AFSSAPS a donc joué
un rôle décisif sur les déremboursements des PMF de la
Sécurité Sociale. Elle ne prend pas position sur les actions que
mènent l'État mais évalue dans le cadre de la
sécurité de la santé publique les points à ne pas
négliger pour mener à bien ces mesures. Cette dernière a
un rôle de conseil et de décision et répond par des
recommandations auprès de l'État. Cette agence a également
un autre rôle important dans l'automédication. L'AFSSAPS
sélectionne et recommande les listes de médicaments PMF pouvant
passer de l'autre côté du comptoir. Ce sont leurs études et
leurs évaluations scientifiques qui déterminent les PMF
susceptibles d'être mis en vente libre sur le comptoir.
Principal organe de décision sur la
sécurité sanitaire en France, cette agence encadre et veille sur
une bonne mise en place de l'OTC, notamment en distinguant les
médicaments PMF capable de franchir le comptoir du pharmacien. L'AFSSAPS
ne prend aucun parti par rapport à l'automédication cependant
c'est grâce à elle que les déremboursements de certains
médicaments ont pu être mis en place. Plusieurs
déremboursements ont eu lieu en 2003 et 2005 suite à la
réévaluation d'une catégorie de médicaments par la
commission de transparence.
Un autre acteur institutionnel entre en scène pour
participer aux nouvelles mesures de déremboursements de l'État :
l'HAS.
La HAS
« L'HAS a été créée par
la Loi du 13 août 2004 relative à l'assurance-maladie afin de
contribuer au maintien d'un système de santé solidaire et au
renforcement de la qualité des soins, au bénéfice des
patients », ainsi se définit l'HAS sur son site
internet18. L'HAS a un rôle de régulateur et de gardien
vis-à-vis de la santé publique. Elle a un rôle important
sur les déremboursements, notamment en raison de ses missions.
La Haute Autorité de santé a plusieurs missions
dont deux qui m'intéressent tout particulièrement concernant
l'automédication : l'aptitude à proposer un médicament PMF
au remboursement ou au contraire de le retirer à l'assurance maladie, et
la communication sur les bonnes pratiques de santé auprès du
public.
La première mission est issue de leur site Internet :
« Évaluer scientifiquement l'intérêt
médical des médicaments, des dispositifs médicaux et des
actes professionnels et de proposer ou non leur remboursement par
l'assurance-maladie ». La HAS est donc habilitée à
proposer ou à retirer des
titres de remboursements de médicaments auprès
de l'assurance-maladie, cependant elle peut le faire à tout moment et
non dans un contexte particulier comme pour l'AFSSAPS. Les remboursements que
peut proposer la HAS ne concernent pas seulement les médicaments, elles
peuvent être de tout autres natures comme le précise la
définition de la mission.
La deuxième mission de cette autorité est la
suivante : « Promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins
auprès des professionnels de santé et des usagers de santé
». La HAS veille à la sécurité de la diffusion
d'informations santé. Or, on sait que les laboratoires, les
complémentaires assurances, les professionnels de santé ou le
gouvernement diffusent des informations pathologies et autres sur la
santé en France pour encourager l'automédication. La HAS a donc
accrédité un organisme de certification de sites web
médicaux pour veiller à la sécurité des
informations santé qui circule sur Internet : HON (qui signifie Health
on the Net). Tous les sites médical ou institutionnel parlant de
pathologies santé peuvent acquérir le logo HON qui garantit le
respect de sa charte. La charte HON résume en quelques lignes un code de
conduite mettant en avant la transparence des informations qu'elle met à
disposition du grand public, la lisibilité du contact, la
capacité à donner des informations complémentaires et
à ne pas remplacer la relation patients- médecins...
Tous les sites de santé s'adressant au grand public et
aux professionnels de santé ont intérêt à disposer
de cette certification car elle garantit la fiabilité et le respect du
code HON qui est accrédité par la HAS. D'ailleurs les sites
Internet ayant obtenu la certification, peuvent mettre sur leur site le logo
HON prouvant qu'ils ont été certifiés avec la date de
certification.
Ces instances réglementaires n'ont pas de position
à prendre sur l'automédication, ils ont un pouvoir de
contrôle sur les informations et le système de santé
français. Néanmoins si elles ne prennent pas position, elles
participent activement à la mise en place des mesures de l'État
sur l'automédication.
Nous venons de voir jusqu'à maintenant des acteurs de
tous types, qui participent à l'essor et à la
réglementation de l'automédication, qui recherchent des enjeux
économiques et ceux qui veulent promouvoir cette pratique. Certains
acteurs, qui ne sont pas forcément issus du domaine de la
santé,
trouvent également des solutions pour exploiter le
marché de l'automédication et jouer ainsi sur son
évolution, c'est le cas des mutuelles et des assurances
complémentaires payantes. Les mutuelles ont également joué
leurs cartes. En effet, certaines mutuelles proposent de véritables
sites pour aider leurs abonnés à choisir le meilleur rapport
qualité-prix sur les médicaments PMF.
c) Les mutuelles et les complémentaires santé
Avec l'arrivée des déremboursements de
médicaments, les mutuelles annoncent une augmentation de la cotisation
des abonnés. Je vais dans un premier temps parler des mutuelles de
santé puis des assurances complémentaires qui proposent de
nouvelles offres avec l'augmentation de l'autoprescription.
Les Mutuelles
Les mutuelles a but non-lucratif informent les abonnés
de l'augmentation des cotisations sur leur site internet respectif. En effet,
sur le site de la Mutualité française, qui recense plus de 2000
mutuelles à son actif, celle-ci signale que les médicaments PMF
à SMR insuffisant qui étaient remboursés à 15 % ne
le seront plus du tout. Ces mutuelles ne sont pas contre
l'automédication, au contraire cette pratique leur permet de faire des
économies de remboursement auprès des abonnés. Le
remboursement des médicaments de PMF varie suivant les mutuelles. Sur
une affiliation de base, elle n'est normalement pas prise en compte, cependant
rien n'empêche de proposer d'autres services qui correspondront aux
attentes des abonnés. Le but des mutuelles est d'exploiter le
marché de l'automédication car celle-ci se développe
depuis ces dix dernières années. Pour cela, elle propose des
services spécialisés et adaptés à différents
profils de clients. En effet, les mutuelles privées peuvent tout
à fait proposer des offres correspondant à des personnes qui
s'automédiquent souvent en pharmacie.
Sur le site du ministère de la santé, il est
précisé que les mutuelles peuvent avoir un rôle commercial
suite à l'expansion de l'autoprescription : « Le rôle des
mutuelles dans la prise en charge de l'automédication s'inscrit
aujourd'hui dans une logique commerciale, mais la mise en place des «
contrats responsables » incite les complémentaires à
participer plus activement à une politique de santé. »
extrait du site
www.sante.gouv.fr.
Pour être remboursé de manière optimale,
il faut payer un peu plus pour se couvrir. C'est pourquoi on parle de «
logique commerciale». A ce niveau, les mutuelles entrent en concurrence et
les abonnés choisissent le meilleur rapport couverture/remboursement. Ce
sont les options supplémentaires que les mutuelles proposent qui entrent
dans une logique commerciale. Seul les
meilleurs tarifs seront appréciés par les
abonnés. Les contrats responsables sont des contrats auxquels les
patients doivent respecter un certain nombre de conditions et en particulier ne
pas prendre en charge certains dépassements d'honoraires lorsque
celui-ci est hors parcours de soins. Les mutuelles s'organisent pour proposer
des services supplémentaires adaptés à chaque patient et
l'automédication n'en fait pas exception.
Dans cet extrait issu du site Internet du ministère de
la santé, on ajoute encore, que les complémentaires santé
prennent part au développement de l'automédication en proposant
et en regroupant des services sur les médicaments PMF. Les mutuelles
proposent des tarifs selon le profil de chaque abonné, à savoir
s'il s'automédique souvent ou non. Si le malade s'automédique
souvent, il choisira un tarif le remboursant au maximum mais il devra en
échange payer des cotisations beaucoup plus importantes. Tout est
relatif au profil de l'abonné. Une stratégie qui est reprise
également par les complémentaires santé.
Les complémentaires
santé
Les assurances complémentaires santé se
distinguent des mutuelles par le fait que ce sont des sociétés
commerciales. Leurs buts est de profiter au maximum des réformes
sanitaires telles que les déremboursements pour proposer des services et
des tarifs très intéressants. Ils espèrent ainsi exploiter
le marché de l'automédication via Internet. Les sites des
assurances complémentaires proposent des services complets comme des
sites de consommateurs où celui-ci peut juger, choisir et acheter en
ligne ses médicaments d'automédications.
Suite au rapport d'Alain Baumelou sur l'automédication
en France, retranscrit dans l'article de presse de janvier 2007 du journal
Libération, le site Internet SantéClair qui regroupe les
activités de services santé comme AGF, la MAAF et MMA, propose
à leurs abonnés un panier virtuel pour l'achat de certains
médicaments d'automédications.
Ce panier virtuel peut-être comparer à un caddie
d'un supermarché dans lequel on dépose les courses. Ici,
l'abonné choisis ses médicaments, les ajoute dans le panier et
paye directement en ligne sur la plateforme Internet le prix total de ses
médicaments. Ces derniers lui seront livrés dans les mêmes
conditions qu'un colis de la poste.
Les tarifs intéressants qu'ils proposent s'organisent
par forfait. En mai 2005, la MMA avait commencé un forfait annuel de 30
à 60 euros sur certains de leurs contrats, pour les médicaments
de rhume, du sevrage tabagique ou encore pour les trousses de voyages. Ces
complémentaires santé comptent sur les recettes de ces contrats
pour dégager leurs bénéfices.
AGF, la MAAF et MMA ont regroupé leurs activités
de services et de conseils au sein du site SantéClair afin de mieux
répondre aux besoins de leurs abonnés.
Sur ce site, ils ont décidé de proposer un tout
nouveau service sur l'automédication. SantéClair met à la
disposition de ses assurées santés un site de
référence entièrement dédié à
l'automédication. L'information est d'ailleurs disponible sur leur site
Internet mais l'accès est restreint. Seul les membres peuvent se
connecter et bénéficier de ce Service supplémentaire.
Environ 3000 médicaments d'automédications y sont
référencés, classés et comparés afin que
l'abonné choisisse le médicament qu'il lui paraît
approprié. Sur le site de la Maaf, on liste tous les services
proposées par cette complémentaire santé dont celle
lié à l'automédication :
Leur but est d'éclairer les choix du consommateur
grâce à leur nouvel outil sur Internet et de leur permettre des
économies sur les médicaments PMF. J'ai pu trouver des
informations sur le contenu de ce site, grâce à un article de
presse issu du « Quotidien du médecin » et du « Moniteur
du pharmacien ». On remarquera que les informations
détaillées ne sont disponibles que dans la presse
spécialisée. Cela montre que les informations sont ciblées
« professionnels de santé », peut- être parce que ce
sont les meilleurs conseillés des malades et qu'ils peuvent créer
un phénomène de « buzz »19 autour de ce
site. De plus, le fait que le site soit sécurisé et uniquement
accessible aux abonnés incite les futurs clients à s'abonner pour
découvrir les services proposées par les complémentaires
santé. Comment s'organise ce site?
Dans un premier temps, l'abonné, se connecte avec ses
accès sécurisés sur le site de SantéClair, trois
types d'entrées sont proposés : Par symptôme, par liste de
médicaments PMF et par conseils et
bonnes pratiques.
Le premier accès « par symptôme »
étant par défaut, informe sur les précautions à
prendre sur les risques d'interactions, d'effets secondaires. Le
deuxième accès présente une liste de médicament
avec leur rapport efficacité/tolérance (notés de 1
à 20) et leur prix. Et enfin le troisième accès «
conseils et bonnes pratiques » met à disposition du malade, des
fiches pratiques sur les pathologies et les bonnes pratiques pour
prévenir.
Toutes ces informations sont réglementées par
le professeur J.P. Giroud (représentant de l'Académie de
médecine à l'AFSSAPS) et le docteur C.G. Hagège (docteur
en médecine). Le docteur Hagège assure même que les
notations des médicaments PMF ne sont pas d'un avis subjectif : «
La notation s'appuie sur les connaissances scientifiques internationales
actuelles ».
Le site de SantéClair propose ainsi un site
dédié à l'automédication en sélectionnant le
médicament PMF suivant une notation et une liste de médicaments
PMF rangés par ordre alphabétique selon le rapport
qualité-prix. Il s'agit d'un site qui permet à l'abonné de
comparer, évaluer et acheter ses médicaments. Le but est de
pouvoir proposer des économies aux patients et d'enrichir leur
portefeuille d'offres complémentaires santé. Sur le site de MMA,
je retrouve des offres proposant des remboursements de produits
d'automédications :
« MMA a prévu des forfaits tout confort pour
vos traitements de médecine douce (phytothérapie,
homéopathie, oligo-éléments) et vos
médicaments achetés sans ordonnance en pharmacie
».
Ces contrats qui permettront de rembourser les PMF sont des
offres spécialisées des complémentaires santé.
Sachant que le marché de l'automédication s'accroît chaque
année, les complémentaires santé s'activent sur Internet
et participent ainsi à l'essor de l'automédication.
2) Les acteurs mitigés face à ce
marché
Nous allons désormais nous intéresser aux
acteurs qui sont par leur métier complètement impliqués
sur la question de l'automédication. Ces acteurs ont des avis
mitigés sur le marché de l'automédication.
a) Les pharmaciens et la grande distribution : une
finalité différente
On va commencer par la présentation du rôle du
pharmacien au coeur de l'automédication grâce à l'interview
d'ISABELLE Rosette, pharmacienne à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis on
verra en quoi ces derniers sont menacés sur le marché de
l'automédication par leur ennemi : les parapharmacies des grandes
surfaces.
En recensant la liste des acteurs opérant sur le
marché de l'automédication, j'ai souvent dû revenir vers le
pharmacien pour expliquer les relations et les interactions de celui-ci avec
les autres acteurs de santé. Le pharmacien est un acteur incontournable
de l'automédication car c'est lui qui conseille et délivre les
médicaments PMF dans les officines. Ce dernier ne nécessite
d'aucune ordonnance pour prescrire les médicaments
d'automédications auprès du patient. De plus, il délivre
les médicaments présents sur l'ordonnance du patient. Il a
même la possibilité de changer un médicament d'ordonnance
par un autre s'il estime que cela est nécessaire. Son rôle est
également de participer à l'éducation thérapeutique
du patient et de lui donner des conseils sur l'automédication, entre
autres, de proposer des médicaments PMF en fonction des symptômes
bénins qu'ils expriment. Le pharmacien est apte à délivrer
un conseil au patient sur une pathologie bénigne en raison de son
expertise et de sa formation.
Ce professionnel de santé a le monopole de son
officine, les ventes des médicaments sont directement
gérées par le pharmacien propriétaire. Les prix des
médicaments PMF diffèrent donc d'une officine à une
autre.
Les pharmaciens sont pour l'automédication car les
bénéfices réalisés sur les ventes de PMF les
concernent directement. De plus, le passage de l'OTC devant le comptoir est une
nouveauté qui leur permettra d'aménager les médicaments
sur les comptoirs qu'ils souhaitent mettre en avant et de favoriser la vente
des PMF. L'Union Nationale des pharmacies confirme sa position sur la nouvelle
présentation des OTC : « le public doit avoir une meilleure
information, à travers des espaces conseils dans les officines tout en
ayant un accès libre pour pouvoir regarder, comparer et juger
». Cette nouvelle mesure permettra au patient de comparer les prix des
médicaments PMF sur un même traitement de maladie et de choisir
librement avec ou sans les conseils du pharmacien. L'intérêt du
pharmacien est de conserver son monopole, son métier c'est-à-dire
son rôle de
conseiller médical mais aussi de continuer son
commerce sans qu'il soit ouvert à la concurrence (comme peut
l'être la grande distribution).
Pour en savoir plus, je suis partie interroger une
responsable de pharmacie dans les Yvelines : Mme Isabelle Rosette. Bien
qu'étant réticente à l'idée de répondre
à mes questions à cause de l'arrivée de clients, sa
coopération fut très intéressante et m'a permis de
dégager quelques arguments jouant en leur faveur. (Voir Figure 9 :
Interview de I. Rosette)
Lors des questions, je ressentais, lors de ses
réponses, un attachement profond au métier qu'elle
exerçait puis sa réaction sur les publicités Leclerc
conforte les jugements des pharmaciens vu dans les médias. Selon cette
pharmacienne, le rôle du pharmacien est de conseiller et d'éduquer
le patient sur les médicaments qu'il consomme. Leur rôle est
d'aider le patient à se soigner immédiatement en attendant sa
consultation chez son médecin généraliste.
A la question cinq concernant la mission du pharmacien, il
est vrai que le conseil médical n'est pas toujours d'actualité
d'une officine à une autre, cependant c'est un service obligatoire et
nécessaire selon elle, il s'agit de leur devoir envers leur client.
Elle-même organise des formations pour ses apprentis comme par exemple la
formation de deux jours sur les facultés des huiles essentielles.
Concernant le passage des OTC devant le comptoir, cette pharmacie a
adopté cette mesure mais elle remarque que les malades viennent toujours
au comptoir avant de voir ou comparer les médicaments PMF placés
dans les rayons. Les malades ne sont pas encore autonomes et ont besoin
d'être guidé.
J'ai également posé une question sur les
publicités de Leclerc et la vente de médicament PMF en grande
surface. Il est étonnant de voir qu'Isabelle était convaincu que
la vente de médicament sera possible prochainement dans les
parapharmacies de la grande distribution.
Elle reprend l'exemple de Leclerc et continue en affirmant
que d'autres supermarchés vont suivre l'ouverture. Les publicités
de Leclerc l'avait rendu furieuse comme presque tous les pharmaciens, quelques
arguments n'ont pas été cité dans les médias tel
que les « marges arrières ».
Les marges arrières sont des primes offertes aux
pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup de médicament
à l'année. Elles n'étaient pas prises en compte dans le
prix des médicaments, ainsi elles étaient directement
versées pour la pharmacie. Suite à une réforme
récente, les marges arrières sont perçues sur le prix des
médicaments alors que pour la grande distribution, cela n'est pas le
cas. Elle dénonce clairement l'intérêt commercial des
grandes surfaces au détriment du conseil thérapeutique des
pharmacies.
Malgré ces arguments, on remarquera que le prix du
médicament n'a pas beaucoup changé
concernant les médicaments PMF non remboursés.
En résumé, on retrouve les devoirs du
métier de pharmacien à travers la définition d'Isabelle
Rosette. Sa position et ses idées rejoignent ceux qu'on a pu voir dans
la presse et donne une certaine réalité des faits dans
l'actualité. On a pu voir également que les nouvelles mesures
prises par l'État comme les déremboursements et le passage de
l'OTC devant le comptoir ont été bien accueillis dans cette
pharmacie puisqu'elle commercialise des médicaments PMF (j'ai pu voir
des médicaments pour la toux, pour le rhume et pour les maux de
tête) dans un rayon qui reste assez proche du comptoir.
Malgré le libre service de certains médicaments
PMF devant le comptoir, les malades ne sont pas encore habitués à
cette pratique, ils demandent encore conseils au pharmacien avant de voir les
nouveaux rayons des PMF.
De manière générale, les pharmaciens ont
donc un avis positif sur les nouvelles mesures de l'État toutefois il a
une crainte. En permettant le passage en vente libre des PMF, ces
professionnels de santé appréhendent cette méthode car
elle peut inciter le passage des PMF à la grande distribution. Or, ces
craintes sont justifiées si l'on regarde le cas de Leclerc sur sa
tentative de récupération des PMF.
En effet, après les mesures prises par l'État
sur le passage de l'automédication devant le comptoir, la grande
distribution en profite pour proposer ces médicaments PMF devant le
comptoir de leur parapharmacie. D'après le dossier de presse de Leclerc
du 3 avril 2008, ces derniers estiment que les prix des PMF lors des
déremboursements augmenteront de 25% (chiffres basés sur des
données de la mutualité française). Pour eux, seul la
libre concurrence permettra de réguler ces prix et donc de ne pas
empiéter sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, la grande
distribution souhaite, tout comme les pharmaciens, vendre les
médicaments d'automédications dans leurs parapharmacies en
assurant que la vente des médicaments se fera avec le respect des
réglementations françaises. Quelles sont les dispositions pour
cela ?
Dans les parapharmacies Leclerc, les conseils et le bon usage
du médicament seront fait avec l'aide de 150 docteurs en pharmacie. Un
espace « médication familiale » sera aménagé en
tenant compte des recommandations du ministre de la santé sur les codes
couleurs, les « points conseils »... Et enfin, celui-ci cherche
également à développer l'information du bon usage du
médicament en distribuant des fiches-conseils sur les médicaments
ou des messages d'éducation thérapeutiques.
Leclerc s'engage vis-à-vis de toutes les
recommandations et précautions à prendre pour distribuer devant
le comptoir de leurs parapharmacies les médicaments PMF. Cependant, les
syndicats des pharmaciens et le ministre de la santé ont tout de suite
rétorqué que ce n'était pas
possible. Pourquoi ? Si l'État autorise la vente des
PMF dans les parapharmacies des grandes distributions, les pharmaciens devront
faire face à une concurrence de prix important. Cela mettra leur
monopole d'officine en péril.
« La mise à disposition du conseil d'un expert
doit être possible lorsqu'on achète un médicament
d'automédication » selon le ministre de la santé. C'est ce
qui fait la différence entre l'achat en pharmacie et en parapharmacie.
Les docteurs en pharmacie et autres experts proposés par exemple par la
grande distribution Leclerc n'ont pas les mêmes intérêts
derrière la vente de l'OTC. "La différence entre un
pharmacien d'officine et un docteur en pharmacie Leclerc est simple : le
premier est indépendant et a son libre choix, le second obéit
à un marchand et n'a pas le libre choix. Le premier est responsable de
ses actes, le second a ses actes conditionnés par les seuls choix
financiers de LECLERC." de Armand Soulet, pharmacien hospitalier sur le
site de «
www.certiflam.com ».
Les objectifs sont complètement différents
malgré le fait que les deux interlocuteurs ont le même centre
d'intérêt qui est d'exploiter un marché de l'OTC en plein
essor.
Sur la polémique de la communication Leclerc, ces
gardiens des officines qui s'étaient réunis pour contre attaquer
leur publicité en les qualifiant de « mensongère »,
sont temporairement soulagés quant à la vente des PMF car ils ont
réussi à obtenir le retrait de ces supports de communication du
grand-public.
Leurs moyens de pression se sont fait entendre dans la
presse, on relève parmi les plus importants : les campagnes «
contre-attaque » et qui au passage dénoncent les publicités
de Leclerc comme mensongère, les défilés des
étudiants en médecine dans la rue pour protester contre la
commercialisation des PMF dans les parapharmacies des grandes surfaces et enfin
les débats et les discours des représentants des pharmacies
à la radio, à la presse ou encore à la
télévision.
D'un point de vue du pharmacien, il faut savoir que la mise
à disposition de comptoir dans les pharmacies n'est pas obligatoire. Ils
décident et choisissent les aménagements de leurs officines,
ainsi même ceux qui ne voient pas l'OTC d'un bon oeil, peuvent s'abstenir
de présenter des comptoirs.
Notons un élément non négligeable sur
les décisions et les pouvoirs de ces pharmaciens : Dans le cadre de la
nouvelle distribution des PMF devant le comptoir, d'après l'article du
« Moniteur des pharmacies et des laboratoires », l'État doit
modifier l'article R 4235-55 du Code de la Santé Publique «
visant à permettre l'accès des patients à certains
médicaments munis d'une AMM dans des présentoirs de libre service
des officines de pharmacie. » Cette modification n'est possible que
par les syndicats de pharmaciens. Ils ont un moyen de résister à
ce nouveau passage toutefois ces derniers sont d'accord pour ne laisser passer
que les produits d'automédications.
En résumé, les pharmaciens acceptent dans la
majorité de jouer le jeu de l'éducation thérapeutique du
patient sur l'autoprescription. Ils ont un rôle de conseiller sur les
médicaments et accompagnent les patients dans le développement de
« l'automédication responsable ». Cependant, il reste quelques
pharmaciens qui ont un avis négatif sur la disposition des nouveaux
comptoirs en pharmacie. Parmi eux, on retrouve ceux qui ne veulent pas que le
médicament PMF se retrouve dans les supermarchés et ceux qui
craignent une banalisation du médicament alors que celui-ci dispose
d'une AMM. Cela mettra leur marché du médicament et leur
métier de pharmacien en péril, étant donné que les
prix de la grande distribution seront plus intéressants, ce qui veut
dire qu'ils perdront également leur monopole.
Les acteurs de santé sont dans la globalité
contre la distribution des PMF dans les parapharmacies. Leurs principaux
arguments de contradiction reviennent souvent sur la nature même du
produit : Un médicament. Définitivement ancré dans la
société comme un produit non banal, le médicament n'est
pas un produit de consommation comme les autres.
Même si la vente de médicaments PMF ne se fera
pas dans les parapharmacies aujourd'hui, la participation des grandes
distributions aurait sans doute accru ce marché, mais l'objectif et la
finalité ne sont pas les mêmes pour les acteurs de santé et
les commerciaux des grandes distributions.
Les pharmaciens ne sont pas les seuls acteurs capables de
favoriser l'automédication, les médecins sont également
les interlocuteurs privilégiés des patients à ce sujet.
b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir
Médical
La culture de médicament, en France, fait que nous
avons l'habitude de consommer beaucoup de médicament.
L'automédication n'est pas une nouvelle pratique si l'on regarde
l'étude du corpus car les chiffres stagnent dans la globalité.
Les malades, les patients ou les clients : ces mots
deviennent synonyme face aux instigateurs de l'automédication. Les
malades sont des cibles de choix et sont souvent victimes des outils
médiatiques des laboratoires pharmaceutiques.
Les patients n'ont qu'un intérêt : se soigner au
plus vite au meilleur coût. L'automédication fait parti du
quotidien des patients car on a tous consommé du paracétamol
lorsqu'on avait une migraine, on a tous bu du sirop pour la toux lorsqu'on
toussait... Autant de petites pratiques qu'on appelle «
automédication ».
l'automédication ? C'est ce que nous allons voir dans
cette partie.
Voyons dans un premier temps si le patient pratique
régulièrement de l'autoprescription : À l'occasion du
colloque « L'automédication : Recul ou progrès » de la
Mutualité française, celle-ci a fait réaliser une
enquête exclusive par CSA/CECOP20 en février 2007.
Dans cette enquête, on apprend que près de 7
Français sur 10 (67 %) porte un jugement positif sur
l'automédication dont 47 % considèrent qu'il s'agit d'une
"façon de faire normale", 20 % allant jusqu'à la qualifier de
"comportement citoyen". Cette qualification proposée par la
Mutualité Française est reconnue par 20% des patients
interrogés, cela signifie qu'il s'agit d'un comportement habituel et
ancré dans les pratiques du malade. Puis 62 % des personnes
interrogées reconnaissent se soigner sans l'aide du médecin.
L'enquête révèle donc que les Français
s'automédiquent assez régulièrement au quotidien.
Cependant, il est difficile d'évaluer ce que pense les
français des pratiques de l'automédication, on peut juste
s'inspirer d'un échantillon de personnes et établir une analyse
à partir de celle-ci. Lors de cette enquête, il est
précisé que sur les 1010 personnes interrogés, 758
refusaient d'aller acheter leur médicament en dehors des pharmacies. Ce
qui témoigne de la part du patient, une grande confiance envers ce
professionnel de santé.
Le patient aura tendance à s'automédiquer car
cela lui permet de se soigner rapidement. Les mesures de
déremboursements de l'État vont favoriser la pratique et donner
aux patients plus de choix dans leurs recherches de médicaments
d'automédication. Il y a certains avantage à avoir recours
à l'automédication. Selon le colloque sur l'automédication
de Patrick Queneau21, c'est une économie de temps car il est
plus facile d'aller à la pharmacie du coin que de se rendre chez le
médecin. Dans l'actualité de la presse médicale, les
journaux relatent d'un nouveau phénomène concernant ces patients.
En effet, le phénomène en question est la recherche
d'informations, de soins et de diagnostic santé sur Internet.
Quelques chiffres confirment cette nouvelle aptitude du
malade. Une étude réalisée par Ipsos Insight santé
pour la Fédération Nationale de l'information médicale
montre que 67 % des Français sont partis en quête d'information
médicale au cours des douze derniers mois sur Internet et 46 %
auprès de leur médecin.
Les médecins interrogés affirment que 90 % de
leurs patients vont à la recherche d'informations sur Internet. La
recherche d'informations santé sur Internet est très importante
de la part des
20 Sur un échantillon national
représentatif de 1010 Français âgées de 18 ans et
plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe,
âge, profession du chef de ménage. Une étude
réalisée par la Mutualité Française et retranscrit
dans leur communiqué de presse le 21 Mars 2007.
21 Voir références bibliographiques
dans la catégorie Rapport
patients. Pourquoi sont-ils si captivés par les
informations santé et pathologie ?
La raison a déjà été citée
dans notre sous-chapitre précédent, il s'agirait du manque
d'information santé des patients. D'après l'étude WHIST
(de Inserm Internet santé) dans le « Quotidien du Médecin
», il a été estimé que dans 70% des cas, les patients
surfent sur le web pour mieux comprendre les informations données par le
médecin et à 60% pour trouver des informations
complémentaires à celles que le médecin a
données.
Le patient souhaite en savoir plus sur sa santé et
recherche des informations pour mieux se soigner et pourquoi pas pour
s'automédiquer?
Les chiffres montrent qu'il y a une évolution dans le
comportement de ces malades, les patients ont une soif incessante de toujours
en vouloir plus sur les informations santé qui sont en abondance sur le
web.
Un autre facteur a permis au patient de s'intéresser
davantage à la santé. Ce sont les médias. D'après
les études de À+A (cabinet d'étude) sur le suivi
médiatique des Français dans le domaine de la santé en
2003, on estime que 7 français sur 10 suivent l'information santé
dans les médias, principalement des femmes, des mères qui
prennent en charge les membres de son foyer. L'actualité santé a
pris de plus en plus d'importance au fil du temps, notamment à cause de
scandale comme celle de la vache folle : La maladie de Creutzfeld-Jakob qu'on
appelle plus communément « la vache folle ».
Le patient dispose d'un nouveau savoir et recherche des
données qui peuvent l'aider davantage. Par exemple : Ils recherchent des
informations où ils s'identifient à un cas de maladie ayant les
mêmes symptômes et tentent de trouver une approche
thérapeutique qui a eu le plus de succès à son sujet.
Étant la plus grande source d'information des patients, on peut supposer
que cet outil a permis une évolution dans la mentalité des
patients et des professionnels de santé. Comment Internet a-t-il pu
participer à l'évolution du patient vis-à-vis de
l'automédication ?
De nombreux sites sont apparus depuis le développement
d'Internet. Voyons, avant tout quelques chiffres de l'utilisation d'Internet en
France :
Le nombre d'internautes en France22 (Individus de 11
ans et plus qui se sont connectés au cours
du dernier mois, quel que soit le lieu de connexion)
Les français se connectent de plus en plus sur Internet.
Le nombre de connections Internet ne cesse de s'accroitre et montre l'expansion
du Web en France. Face au développement d'Internet, les instigateurs de
l'automédication jettent leurs filets de pêche dans la toile pour
s'emparer des cibles potentiels : les malades et les professionnels de
santé.
Des sites d'encyclopédies médicales comme le
VIDAL23 voient le jour sur Internet. Le VIDAL est un dictionnaire
contenant les informations scientifiques et détaillés de tous les
médicaments existants en France. Il permet aux médecins de
s'informer et de prescrire des médicaments car le VIDAL est une
référence incontournable. Ces sites, réservés
habituellement aux professionnels de santé, ont commencé à
développer des sites dédiés aux patients sur les
explications et les conseils thérapeutiques (Voir Figure 7 en
Annexe).
Ce site «
http://www.automedication.fr»
a été réalisé et entretenu par le Professeur Alain
Baumelou, président du Groupe de travail Prescription médicale
facultative à l'AFSSAPS et le docteur Loïc Etienne, médecin
urgentiste, animateur du site
www.docteurclic.co. L'objectif
de ce site est de donner un maximum d'information sur les médicaments
d'automédications et ainsi de pratiquer une automédication «
raisonnée ». En analysant le site Internet, on remarque plusieurs
entrées possibles.
Cinq entrées de recherche sont proposées :
Alphabétique, par substance, par Laboratoire, par problèmes de
santé (pathologie) et par règles de l'automédication. Ce
site assez complet sur toutes les pathologies du quotidien permet de pratiquer
à bon escient l'automédication. De plus, sur chaque
problème de santé, une liste de médicament est
proposée sur la même page et permet
22 Statistiques retravaillés à partir
des données issus du site Internet « Le journal du Net » (
http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml),
consulté en Août 2008.
23 VIDAL est une filiale de CMP Medica (Groupe United
Business Media), leader international de l'information professionnelle aux
entreprises dans les secteurs, entre autres, de la santé, de la
technologie et des media.
d'obtenir des informations détaillées sur un
médicament PMF. Les statistiques de ce site ne sont pas disponibles sur
Internet, il aurait été intéressant de connaître
l'audience de ce site ainsi que la principale cible.
Le VIDAL a également fait un partenariat avec des
complémentaires santé pour étoffer la qualité de
leurs services mais aussi pour attirer les patients qui
s'automédiquent.
Le site de «
axasanteplus.com » est un
très bon exemple car on y retrouve une rubrique dédiée aux
conseils médicaux qui incitent ainsi indirectement le patient à
s'automédiquer. Comment s'organise ce site ? (Voir Figure 10 en
annexe)
Le site présente plusieurs rubriques
d'activités différentes, on distingue : une navigation sur le
corps humain qui renvoient à des pathologies bénignes (et ainsi
indirectement vers des médicaments PMF), des vidéos sur les
dossiers de l'actualité sanitaire comme « l'automédication
et les déremboursements », des jeux interactifs ludiques qui
permettent de travailler la mémoire, des vidéos d'exercices
sportives et enfin une rubrique « premier secour » bientôt
disponible.
La rubrique qui nous intéresse est celle du «
médicament + » car le patient peut naviguer et cliquer sur les
zones qu'ils souhaitent soigner.
Lorsque le patient clique sur les zones douloureuses ou
à traiter, il obtient plus d'informations médicales. Parmi les
informations proposées, on découvre des extraits de plantes, des
médicaments d'homéopathies conseillés et des
médicaments d'automédications. (Voir image extraite du site
Internet ci-dessous). Ce qui est remarquable, c'est que tous les
médicaments ont une fiche détaillée de leurs compositions
chimiques, des mentions légales... Une présentation qui rappelle
les notices qu'on retrouve à l'intérieur d'une boite de
médicament. Ces suppléments d'informations sont bien sûr
possibles grâce au partenariat avec le VIDAL.
Les informations sur l'automédication commencent
à se développer sur Internet et peuvent être un facteur
incontournable à l'enclin du marché des PMF. L'apport des
informations par Internet donne au patient une capacité à
discuter avec son médecin généraliste sur les traitements
qui lui prescrit. Aujourd'hui le statut du patient a pris beaucoup plus
d'importance. Capable de réfléchir et de proposer des solutions
sur le système de santé, il est important pour eux de se
représenter et de participer activement aux débats de
santé publique.
Trois évènements marquants se sont
croisés et ont permis au patient de disposer d'un nouveau savoir
santé : l'évolution d'Internet, l'arrivée des sites
interactifs et la hausse du suivi médiatique d'informations
santé. Internet a permis une expansion du savoir du malade.
Du coup, ses relations avec les différents acteurs
évoluent et proposent de nouvelles opportunités. Pour
répondre aux besoins des patients, tous les acteurs de santé ont
mis à leur disposition des dossiers santé qui expliquent et
décrivent les pathologies bénignes courantes.
Les laboratoires pharmaceutiques veulent élargir leur
service en proposant des informations
pathologies aux patients et aux professionnels de santé,
dans le but d'agrandir leur notoriété et leur appréciation
auprès d'eux.
Les professionnels de santé et les experts ont
également compris la tendance et mettent à jour des blogs
d'informations sur l'actualité santé comme le blog de Denise
Silber, spécialiste de l'esanté et fondatrice de la
société Basil Strategies : « Le but du blog est de favoriser
le « bon usage » des nouvelles technologies de l'information et
communication, dans le secteur santé ».
Si certains patients sont sans cesse à la recherche
d'information, d'autres pratiquent beaucoup l'homéopathie car ils
veulent « prévenir » les pathologies bénignes. Mais
qu'est-ce-qui pousse ces patients à pratiquer de
l'homéopathie?
Rappelons que l'homéopathie est une science qui
n'évolue pas, une pratique qui est resté imperméable
à toute nouvelle information. C'est une pratique qui est resté
intacte depuis des siècles. A l'inverse de la médecine
scientifique qui est en perpétuelle évolution, faire de
l'homéopathie c'est croire en l'efficacité des médicaments
même s'ils n'ont pas été scientifiquement
prouvés.
« Anxiété, stress, insomnie, allergies,
affections ORL, ménopause, tabagisme... Face à ces
problèmes, souvent la médecine traditionnelle se
révèle impuissante. Parce qu'elle est efficace et jamais
dangereuse, parce qu'elle respecte et stimule nos défenses naturelles,
l'homéopathie a aujourd'hui convaincu un Français sur trois
» extrait du livre « Se soigner par l'homéopathie :
Consultation, médicaments, conseils pratiques » du Dr en
homéopathie Jacques Boulet24.
Les personnes qui font de l'homéopathie croient en son
efficacité. Ils sont souvent déçus de la médecine
scientifique actuelle qui n'a peut-être pas porté ses fruits sur
les pathologies auxquelles les patients désirés se soigner.
L'homéopathie qui échappe à la raison scientifique semble
avoir trouvé un nouveau public en France.
Le succès peut aussi venir du coût de
consultation des médecins homéopathes qui est plutôt
intéressant. « les médecins homéopathes
génèrent un coût deux fois moins élevé que la
moyenne des médecins généralistes, alors qu'ils soignent
les mêmes pathologies » d'après le site Internet du
laboratoire Boiron, leader mondial sur le marché de
l'homéopathie.
La durée de consultation est plus longue que celle
d'un médecin généraliste. Un certain nombre
d'homéopathes insistent eux-mêmes vivement sur l'importance de la
conversation avec le patient qui
24 Voir Bibliographie, Livres
permet de choisir le meilleur médicament. On peut se
demander si la conversation et l'approfondissement de la pathologie n'aide pas
le patient à mieux se sentir et à se sortir de son mal
être.
Opposé à se soigner seul ou toujours recourir
à un professionnel de santé : ce sont les idées que
défendent ceux qui ne veulent pas de l'automédication. Un acteur
de santé incontournable se présente dans une telle position mais
pour des problématiques différentes. On ne peut pas parler
d'acteur qui sont « contre » l'automédication mais
plutôt de ceux qui ne la conseillent pas. Qui sont ces acteurs en
question?
3) Les réticents à
l'automédication
a) Les médecins
Je vais dans un premier temps présenter les arguments
des médecins qui sont opposés à l'autoprescription, puis
j'expliquerai les éventuels enjeux qui peuvent inverser la balance des
médecins généralistes.
Le réflexe des Français malades est de
consulter son médecin afin qu'il établisse un diagnostic et qu'il
prescrive des médicaments PMF ou PMO. Cette visite permet au patient
d'être bien couvert au niveau des dépenses maladies mais alourdit
parfois ces couvertures abusives et provoquent, parmi d'autres dépenses,
un déficit de la caisse d'assurance maladie.
L'État demande aux professionnels de santé de
participer à la « responsabilisation » des patients sur leur
capital santé. Pourtant, les médecins sont plutôt contre
l'automédication car elle fragilise et limite les visites chez eux. Ils
tiennent à leur liberté de prescription, mais elle n'est
défendable que s'ils prennent soin d'être bien informés, y
compris sur le plan économique.
Le principal argument qu'ils défendent est le retard
de diagnostic sur des patients qui se sont automédiqués sans
être passé par une consultation de médecin
généraliste. Pour mieux comprendre leur opinion, j 'ai
interviewé un médecin généraliste qui se
positionnait parmi les médecins généralistes contre
l'automédication : Le Dr Fkatchouck Nicolas.
Lors de l'Interview, mes questions portaient sur
l'intérêt de l'automédication en France, sur l'aspect
« promotion institutionnel » pour responsabiliser le patient de
l'État et que le côté réticent des médecins
à l'égard de l'automédication. Les
questions/réponses étant courtes, je les ai directement
intégré ici.
Interview du Dr Fkatchouck :
Quel est le rôle du médecin dans
l'automédication ? Qu'en est-il par rapport aux pharmaciens ?
Dr Fkatchouck : Sur une consultation, un Français
prend rendez-vous avec le médecin soit pour récupérer des
médicaments, soit c'est un moyen de se rassurer qu'on a rien de grave
sur les symptômes qu'il manifeste. Le médecin se veut
éducateur de pathologie car il en a l'expertise. Le pharmacien peut
également l'être mais n'aura pas le temps devant une longue file
d'attente puis pas
de lieu intime pour parler des maladies à tenir compte
pour prendre un médicament.
Que pensez-vous des nouvelles mesures prises par
l'État pour encourager l'automédication en France ?
Il existe un Lobbyisme puissant qui fait que l'État et
l'AFSSAPS se soucient davantage de l'aspect économique que de l'aspect
santé. Pour les problèmes de la santé publique, il faut
raisonner sur une finalité de soin et non d'économie.
Pourquoi êtes-vous contre l'automédication
?
Tant d'années les médecins avaient prescrit des
médicaments « curatifs » et dit de « confort » pour
le patient. Les médicaments nécessaires sont les « curatifs
». Les autres ne traitent pas la maladie, mais permet de la supporter plus
facilement jusqu'au rétablissement.
Les français ont toujours consommés beaucoup de
médicament dont ceux dit de « confort ». Ces
médicaments ne soignent pas la maladie mais permet de mieux la supporter
jusqu'à la guérison. Pour le public français, il n'y a pas
de distinction entre les catégories de médicaments puisque la
totalité d'un traitement était prescrit. Avec les
déremboursements, on repère tout de suite les médicaments
dit de confort car ils sont, pour la plupart, déremboursés.
Pour les dossiers santé, fiches pratiques et conseils
de pathologies sur Internet, les patients ne verront très souvent, que
le côté négatif et ils ont un manque d'expertise qui font
qu'ils ne peuvent vraiment bien s'automédiquer. L'autodiagnostic seul
est dangereux pour le patient car ce dernier ne peut avoir un esprit critique
comme le professionnel de santé, il aura tendance à s'accrocher
aux effets négatifs alors qu'il n'y a peut-être pas lieu
d'être.
Quelle serait la solution idéale pour faire de
l'automédication malgré tout ?
La solution serait de faire une campagne
télévisée sur les informations à tenir compte pour
s'automédiquer ou voir son médecin. Il serait intéressant
de préparer des formations par les médecins pour informer les
malades sur les pathologies existantes, sur les précautions à
prendre pour prévenir des symptômes...
En conclusion de cette interview, les principales raisons qui
poussent les médecins contre l'automédication sont : les retards
de diagnostics, le raisonnement de l'État sur une finalité
d'économie et non de santé publique mais aussi un conseil
médical risqué du pharmacien avec le peu de connaissance qu'il a
sur le dossier d'un patient dans une pharmacie. Le médecin a
également un rôle d'éducateur concernant différentes
pathologies, il veut aider ses patients à en savoir plus
mais par manque de temps, il ne peut pas répondre
à toutes les questions.
Le problème est de fournir à ses patients des
informations issues d'expertises (donc de médecins ou de pharmaciens)
qui leur permettra de savoir s'ils doivent s'automédiquer ou pas.
Selon le médecin, il vaut mieux perdre 15 minutes de
consultation avec le médecin généraliste et être
sûr d'avoir telle ou telle maladie plutôt que s'automédiquer
en évaluant à peu près les symptômes ressentis. La
priorité ne doit pas se faire sur le temps où l'économie
mais sur la qualité et la certitude du problème santé du
patient. Telle est la vision de ce médecin, une vision que partagent les
autres médecins généralistes.
L'automédication implique une diminution des visites
systématiques chez le médecin, pourtant cela lui permet par
exemple d'alléger son emploi du temps en consultation et de consacrer
plus de temps à chaque patient. D'autres médecins acceptent de
jouer le jeu tant qu'on ne les accuse pas de mauvaise utilisation : « Les
médecins sont plutôt "pour" à condition que la
société ne fasse pas peser sur eux la responsabilité d'un
mauvais usage des médicaments pris sans consultation » du journal
Le Figaro en 2007. Un autre point positif de la part de ces médecins
concernant les déremboursements de médicaments PMF.
Selon les sources d'IMS Health, les médecins
continuent à prescrire des produits qui ont été
déremboursés et qui entrent dans le domaine de l'OTC. Ainsi,
« 8,5 % de la PMF non remboursable » est prescrite.
Bien que ces médecins soient minoritaires en faveur de
l'automédication, un grand nombre continue de prescrire des
médicaments de PMF même si celle-ci a diminué de
moitié, après les déremboursements. C'est pour eux, un
moyen de répondre à leurs attentes mais aussi de les aider
à se soigner seul quand cela est nécessaire. De plus, c'est une
action volontaire significative si l'on prend en compte la difficulté
d'accès à des bases de données rapidement mises à
jour, à l'absence d'inscription du niveau de SMR dans les bases de
données et au peu de communication sur les décisions politiques.
Ce sont des procédures qui rendent difficile le suivi dans la pratique
quotidienne de la prescription du médecin.
En résumé, les médecins assurent que
leur diagnostic lors de premiers symptômes bénins chez un malade
est plus recommandé que de laisser les patients à leur propre
autoprescription. Il est très important, pour eux, de ne pas
négliger les effets secondaires et les retards de diagnostic que
l'automédication peut engendrer. Et surtout, il n'est pas question de
parler d'automédication dans un dessein financier, non, la
réflexion doit se porter sur une solution en termes de soins.
Néanmoins, une minorité de médecin se porte favorable
à l'automédication car elle permet de les soulager de
consultation, de participer à la santé publique
de l'État et de consacrer plus de temps au malade.
Les médecins ne sont pas les seuls à se porter
réticents à l'automédication. Les associations de patients
et quelques malades ne veulent pas concilier avec cette pratique. Pourquoi ?
C'est ce que nous allons voir dans cette dernière partie.
b) Les associations de patients et quelques patients
réticents...
Les associations de patient ne sont pas opposées
à l'automédication tant que celle-ci est bien encadrée au
niveau de la communication Santé Grand Public.
Parmi les associations de patients, je peux citer le CISS :
Collectif Inter associatif sur la Santé, regroupe des associations
intervenant dans le champ de la santé à partir des approches
complémentaires de personnes malades et handicapées, de
consommateurs et de familles. Leur but est de défendre l'opinion des
patients et de la rapporter aux différentes instances de
santé.
D'après un communiqué de presse sur leur site
représentatif, le CISS n'est pas contre l'automédication,
cependant souhaite que l'État apporte plus d'informations et de
transparence aux malades sur trois points. Le premier est d'améliorer
les notices incluses dans les boîtes de médicaments PMF, de
privilégier des données simples dans un langage accessible
à tous. Le deuxième point concerne une éventuelle campagne
de communication institutionnelle mettant en avant la dangerosité de
consommer trop de médicament et en privilégiant le contact avec
le médecin si l'automédication ne marche pas. Et enfin, le
troisième point concerne la crainte de voir les prix des PMF en vente
libre augmentée.
Sur le site Internet de l'Internaute25, on
retrouve beaucoup de sondage dont un qui m'a paru très
intéressant « pour ou contre l'automédication? », j'ai
pu trouvé des avis négatifs, cependant ce sont des avis
personnels de 2 ou 3 personnes, ils n'engagent en rien la pensée des
patients en général. Voyons quels sont leurs raisons :
« les associations de consommateurs dénoncent
les pratiques inflationnistes des laboratoires pharmaceutiques : dès
qu'un produit est déremboursé, son prix, jusque-là
encadré par l'Assurance maladie, s'envole » extrait de
l'article sur «
Notretemps.com » en Septembre
2007.
Certains consommateurs se plaignent du prix imposé par
les laboratoires suite aux déremboursements, cependant ils ne savent pas
que les TVA et bon nombre d'entités qui caractérisent le
médicament change lors des déremboursements. Tout ceci peut
paraître transparent et expliqué mais aux yeux des patients, il y
a un problème sur la hausse des prix. Un autre patient
25 Voir Bibliographie, Site Internet
donne son opinion : « quel est le patient capable de
faire le diagnostique de sa maladie, comment seront appréhendés
les risques d'interactions médicamenteuses ainsi que les contres
indications ».
De manière globale, les patients sont contre car ils
craignent des interactions nocives pour leur organisme suite à des
mélanges de médicaments ou tout simplement suite à des
abus. La citation ci- dessus extraite du sondage, revient très souvent
comme réponse en « contre automédication ». Ayant
crainte des risques de iatrogénie, les patients n'osent pas
s'automédiquer et préfèrent demander conseil à un
professionnel de santé.
D'autres pensent que les médicaments ne doivent pas
être pris à la légère :
« Totalement contre l'automédication, je suis
secrétaire médicale. Exemple: imaginons un instant un patient qui
tousse, va aller à la pharmacie, va acheter un antitussique. Les
antitussiques empêchent de tousser mais ne soignent pas ».
On retrouve dans cet exemple la nuance qui peut exister avec
les médicaments dits de « confort » qui soulagent un peu mais
qui ne sont pas curatifs. Il semble que la patiente parvient à
distinguer les deux mais sans doute parce qu'elle est secrétaire
médicale et qu'elle s'y connait dans le domaine de la santé.
En conclusion, la volonté des associations de patient
va dans le sens de l'AFIPA qui souhaiterait faire une campagne institutionnelle
sur l'automédication responsable mais la finalité n'est pas la
même. Les associations de patients veulent des informations rassurantes
pour pratiquer de manière correcte l'automédication alors que
l'AFIPA voit un moyen de pousser les patients à acheter des
médicaments PMF et ainsi à participer à leur recette. Les
patients réticents, quant à eux, restent méfiants
vis-à-vis des interactions de médicament et reste prudent sur
leur santé en demandant toujours conseils auprès d'un
professionnel de santé.
Après avoir passer en revue l'ensemble des acteurs de
santé, nous pouvons comprendre que l'évolution de
l'automédication passent par divers facteurs qui vont soit dans le sens
de la promotion, soit vers la crainte d'une mauvaise utilisation du
médicament.
IV. Conclusion
L'automédication est une pratique courante chez le
patient. On distingue dans l'automédication les produits vendus devant
le comptoir et n'ayant pas d'AMM et les médicaments
d'automédications vendus sans ordonnance. Mal pratiquée,
l'autoprescription peut être néfaste à l'organisme, c'est
très souvent le cas de la médication familiale. Mais les risques
encourus par la consommation de ces médicaments PMF ne sont pas assez
significatifs pour craindre de véritable catastrophe sur la santé
publique.
L'étude du corpus montre que l'évolution de
l'automédication n'est pas spectaculaire depuis la dernière
décennie. Sa courbe de croissance est plutôt constante et grimpe
petit à petit chaque année depuis 10 ans. Il est difficile de
parler de succès même si la courbe croît. Cependant, ce
corpus montre qu'il y a un marché à conquérir, d'autant
plus que les réformes de l'État vont en ce sens. Grâce aux
nouvelles mesures de déremboursement des médicaments PMF de
l'État, ce dernier encourage ce qu'il appelle «
l'automédication responsable » à l'aide d'un
représentant des laboratoires pharmaceutiques : l'AFIPA.
Tout comme l'État avec le ministre de la santé
Roselyne Bachelot, les autres acteurs ont également intérêt
à promouvoir l'autodiagnostic que ce soit pour des raisons
économiques ou sociologiques. Les faits de l'actualité nous
replongent dans ce thème lorsque ces derniers relatent des nouvelles
mesures de l'État comme le passage des médicaments PMF devant le
comptoir.
Un nouveau contexte se présente aux patients, qui ont
désormais la possibilité de choisir eux- mêmes leurs
médicaments de PMF devant les comptoirs de pharmacie. Ces acteurs
interagissent indirectement avec le marché de l'automédication
car ils proposent des solutions permettant la hausse de ce marché. Seul
la réaction des patients peut conclure les résultats de ce
marché dans les années à venir. Parmi eux, beaucoup
pratiquent de l'homéopathie, une pratique qui a du succès en
France et qui se répand un peu plus chaque année.
Ces mêmes patients peuvent consulter des fiches
pratiques de pathologie bénigne, des quiz qui permettent de
s'évaluer et de se traiter, des informations santés
complémentaires aux pronostics du médecin... Au final, les seuls
acteurs réticents sont les médecins, les associations de patient
et quelques patients craignent le problème causé par la
consommation de plusieurs médicaments dont une en grande partie des
médicaments prescrits sur ordonnance.
Des outils de communication se développent comme
Internet. Autour de ce média, les laboratoires pharmaceutiques, le
gouvernement, les instances réglementaires, les assureurs
complémentaires et autres instigateurs de l'automédication,
s'organisent et offrent des informations santés de qualité et
très souvent certifiées pour les distinguer des sites amateurs.
C'est le cas du site
Axasanteplus, qui offre des services santé ludique assez
complet ainsi que le VIDAL.
De manière globale, l'automédication est un
phénomène qui a toujours existé, il est juste mis en avant
ces derniers temps car certains acteurs ont compris qu'il y avait des enjeux
colossaux à la clé.
Si l'on a l'impression que l'automédication est en
pleine explosion, il n'en n'est pas moins que les chiffres ont
démontré le contraire. Les mesures nouvelles de l'État
influencent en grande partie la courbe d'évolution du marché de
l'automédication, mais pour combien de temps ? Est-ce-que les
français vont s'orienter plus facilement vers la pharmacie ?
Nonobstant, nous n'avons pas répondu à des
interrogations que suscitent les nouvelles mesures de l'État. «
L'automédication responsable » est un sujet de santé
publique. Le comportement du patient évolue dans le sens où il
recherche plus d'indépendance et prend en charge ses propres
problèmes de santé. L'État poursuivra sans doute d'autres
actions pour permettre au patient plus de choix, de transparence et de
sécurité sur la consommation des médicaments PMF. Quelle
sera la place de l'automédication demain ? Finirons-nous par acheter des
médicaments dans les grands magasins ? Le pharmacien sera-t-il toujours
le seul acteur capable de fournir un conseil thérapeutique de
qualité ? La réglementation sanitaire française fait pour
l'instant obstacle à toutes ces éventualités mais pour
combien de temps ?
V. Sigles
AFIPA : Association Française des Industries
Pharmaceutiques pour une Automédication responsable, porte-parole des
laboratoires pharmaceutiques pour la promotion de l'automédication en
France
AESGP : Association Européenne des Producteurs de
Spécialités Pharmaceutiques Grand Public
AFSSAPS : Agence Française de Sécurité
Sanitaire des Produits de Santé est gardien de la sécurité
de la santé publique en France
AMM : Avis de mise sur le marché. Cet avis
définit l'autorisation de la commercialisation d'un médicament
sur le marché français et caractérise le statut du
médicament. Seul les médicaments ont besoin d'une AMM pour
être vendus dans le pays
APM : Agence de la Presse Médicale, société
spécialisée dans l'information à haute valeur
ajoutée sur la médecine et les politiques de santé
ASMR : Amélioration du Service Médical Rendu. Un
indice utilisé lors de la ré-évaluation de certains
médicaments PMF afin d'être déremboursés
CISS : Collectif Inter associatif sur la Santé, organisme
qui regroupe un grand nombre d'associations de patient
EFPIA : Acronyme anglais signifiant Fédération
Européenne des Industriels du médicament, équivalent de
l'AFIPA en France, dans le contexte européen
EMEA : Agence Européenne des Médicament,
équivalent du LEEM en France, en Europe FSP : Fédération
des Syndicats Pharmaceutiques de France
GERS : Le GERS est un groupement d'intérêt
économique créé par les entreprises de l'industrie
pharmaceutique, qui ont décidé de mettre en commun leurs
données de ventes.
GSK : GlaxoSmithKline, laboratoire pharmaceutique
HAS : Haute Autorité de Santé
HON : Health On the Net
IFOP : Institut français d'opinion publique, organisme
d'étude de marché international
LEEM : Les Entreprises du Médicaments, porte-parole des
laboratoires pharmaceutiques dans le domaine des médicaments
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
OTC : Over The Counter, signifie les médicaments
situés devant le comptoir
PMF : Prescription Médicale Facultative, type de
médicaments pouvant être livrés avec ou sans ordonnance
PMO : Prescription Médicale Obligatoire, type de
médicaments livrés uniquement sur ordonnance
R&D : Recherche et Développement, une des divisions
de laboratoires pharmaceutiques qui permet d'étudier et de mettre en
place de nouveaux médicaments
SGP : Santé Grand Public
SMR : Service Médical Rendu, indice d'efficacité
d'un médicament qui permet de savoir si le médicament peut
être dérembourser ou non
SMRI : Service Médical Rendu Insuffisant
UNP : Union Nationale des Pharmacies de France
UPS : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine
UPSO : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine
VI. Bibliographie
La bibliographie exhaustive retenue a été
sélectionnée en fonction des pertinences des informations que
j'ai extraites pour ce mémoire.
Les livres :
· Cardin H. et Réquillart H., Ma santé
demain, 11 décideurs répondent, Clamecy, JacobDuvernet, 192 p.
· Fantino B. et Ropert G, Le système de santé
en France, Paris, Dunod, 368 p.
· Dr Boulet J. (homéopathe), Se soigner par
l'homéopathie : Consultation, médicaments, conseils pratiques,
Paris, J'ai lu, 314 p.
Les rapports :
· Queneau, P. et l'Association pédagogique
nationale pour l'enseignement de la thérapeutique,
Automédication, autoprescription, autoconsommation / 2e Colloque de
l'APNET, Palais du Luxembourg, Paris, ed. J. Libbey Eurotext, 1999, 150 p.
· Thesmar F. et Charrondière H., Eurostaf, Les
perspectives de l'automédication en France, Paris, 2004, 110 p.
· Sève E., Precepta, 2006, Les nouvelles
stratégies d'avantages concurrentiels sur le marché
français du médicament, Paris, Intelligence concurrentielle, 148
p.
Les articles scientifiques :
L'automédication en général
· Mercier A.L., « OTC : L'Europe nous met la pression
», in Le Moniteur des pharmacies, N °2707/2708, le 22 Décembre
2007, P.40
· Towhill M., « L'automédication,
jusqu'où ? », in Panorama du Médecin, N°505 1, le 12
Mars 2007
Relations Internet, médecins, patients
· Raffin P., « Sur Internet, le meilleur côtoie
le pire », in Prescription Santé, N°23, Janvier 2007, P.44
· Laurent A., « Internet, comment le web bouleverse
votre pratique médicale », in Impact Médecine, 29 Novembre
2007, P.5
· Poindron P. Y., « Les médecins doivent-ils
avoir peur des sites santé ? », in Panorama du
Médecin, N°5081, le 3 Décembre 2007
· Berard S. et Silvan F., « Direct-to-Pharmacy, en
France c'est possible ! », in Le Moniteur des pharmaciens, N°2691, le
8 Septembre 2007, P. 10
· Maraschin J., « Internet et Santé, se
repérer dans la jungle des sites », in Que Choisir santé,
N°12, Décembre 2007, P.3
Risque de l'automédication
· Delicourt E., « Les risques de
l'automédication », in Panorama du Médecin, le 19 Novembre
2007
Mutuelles
· Lefort L., « Le site de Santéclair sur
l'automédication risque de faire beaucoup de bruit », in Le
Moniteur des pharmacies, N°2693, le 22 Septembre 2007, P.14
· Lamirand C., « Santéclair met
l'automédication hors prescription en ligne », in Impact
Médecine, le 27 Septembre 2007
· Berneau D., « Santé : Sommes-nous bien
informés ? », in Viva le magazine mutualiste, N °227, Novembre
2007
Les articles de presse (regroupés par thématique)
:
L'automédication en général
· Lombard A., « Automédication : soigne-toi
tout seul, le médecin généraliste t'aidera ! », in
France Soir, le 20 Mars 2007, P. 12
· Bodechon A. et Duperrin A., « Bien se soigner sans
ordonnance », in Notre Temps, Juillet 2007, P.38
· Gauthier Y., « Un nouvel environnement pour la
médication familiale », in Impact Pharmacien, le 26 Septembre
2007
· Y.M, « Les enjeux de l'automédication »,
in Le Monde, le 15 Novembre 2007
Relations Internet, médecins, patients
· Bauchard F., « Automédication, Entre grande
consommation et pharmacie », in Enjeux les Echos, Janvier 2007, P.70
· De Pange M.F., « Internet s'invite dans la
consultation », in Quotidien du médecin, le 9 Janvier 2008, P.9
· Poulet B., « Comment serons-nous soignés
demain ? », in L'Expansion, le 1er Mars 2007, P.40
· Blanc M., « Peut-on se soigner sur Internet ?
», in Avantages, Juillet 2007, P. 85
· Chairopoulos P., « Se soigner seul et sans risque
», in Santé magazine, N°383, Novembre 2007, P.76
Évolution du marché et déficit de la
Sécurité Sociale
· APM, « Automédication AFIPA IMS France
Marché 2006 », in APM, le 16 Février 2007
· Bienvault P., « L'auto-médication permet-elle
des économies sur les dépenses de santé ? », in La
Croix, le 28 Décembre 2006
· Collen V., « Le gouvernement veut stimuler le
marché de l'automédication », in Les Echos, le 28
Décembre 2006, P.16
· Cabut S., « L'automédication, une pilule dure
à avaler », in Libération, le 11 Janvier 2007
· Auguste O. et Gadhoum F., « La médecine
familiale renoue avec la croissance », in Le Figaro, le 19 Février
2007
Mutuelles :
· APM, « Automédication informatique Santeclair
MMA, MAAF, AGF », in APM, le 19 Septembre 2007
·
www.maaf.fr, in [
http://www.maaf.fr/assurances/fr/c_1
6244/mon-espace-maaf-servicessante], consulté le 28 Août 2008.
· De Saint Romain H., « Des assurances
complémentaires ouvrent un site dévolu à
l'automédication », in Le Quotidien du Médecin, le 21
Septembre 2007
· APM, « Automédication, FNMF Mutualité
Française sondage », APM, le 21 Mars 2007
Les sites Internet :
· Site très important qui m'a permis de retenir la
série statistique :
· AFIPA, in [
http://www.afipa.org],
consulté le 15 Avril 2008
· LEEM, in [
http://www.leem.org], consulté
le 30 Avril 2008
· Mutuelles de France, in [
http://www.urmnif.org/article.php3?id_article=154#chiffre],
consulté en Mars 2008
· Conseil de l'Ordre des Médecins, in [
http://www.conseil-national.medecin.fr/?
url=rapport/article.php&id=22], consulté le 10 Avril 2008
· Haut Conseil de Santé, in [
http://www.has-sante.fr],
consulté le 10 Avril 2008
· l' AFSSAPS (agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé), in [
http://afssaps.sante.fr/],
consulté le 10 Avril 2008
· TNS Sofres, in [
http://www.tns-sofres.com/presse_communique.php?id=1
96], consulter en
Mars 2008
· LE CISS, in [
http://www.leciss.org/themes/politiques-de-sante/automedication.html],
consulté le 25 Avril 2008
· Robin S. de Canal Academie, in [
http://www.canalacademie.com/L-automedication-enFrance.html],
consulté le 20 Avril 2008-06-15
· Denise Silber, blog in [
http://www.denisesilber.com/silberblog/automdication/index.html],
consulté en Mai 2008
· Blog de RTL, in [
http://blogs.rtl.fr/laparole/index.php/post/2006/1
2/27/MERCREDI#comments], consulter en Mars 2008
· Bollot L. L'Internaute, in [
http://www.linternaute.com/sante/quotidien/chats/07/0703
- automedication/chat-automedication.shtml], consulté le 20 Avril
2008
· Mutualité Française, in [
http://www.linternaute.com/sante/quotidien/chats/07/0703
-
automedication/chat-automedication.shtml] and [
http://www.mutualite.fr/actualites/toutes_les_infos/communiques_de_presse/les_francais_e
t_l_automedication_une_enquete_exclusive_realisee_pour_la_mutualite_francaise_a_l_occa
sion_du_colloque_l_automedication_recul_ou_progres], consulté le 25
Avril 2008
· APM International, in [
http://www.apmnews.com/home.php],
consulté le 25 Avril 2008
· Site du gouvernement, in [
www.santé.gouv.fr],
consulté le 30 Mai 2008
·
Celtipharm.com, in [
http://www.celtipharm.com/tabid/119/itemid/63
53/LCONOMIE-DENOTRE-RSEAU-DE-PHARMACIES-FACE-AUX.aspx], consulté le 10
Juin 2008.
·
www.boiron.fr, in
[
http://www.boiron.com/fr/htm/0
1_homeo_aujourdhui/realite_eco_homeo.htm], consulté le 3 Septembre
2008.
· Sondage « pour ou contre automédication de
l'internaute.com, in [
http://www.linternaute.com/femmes/sante/temoignage/temoignage/1
24985/752/100-- contre/], consulté le 1er Septembre 2008.
VII. Annexes
a) Figure 1 : Schéma d'une pathologie, ici l'asthme, issu
des dossiers santé de GSK
b) Figure 2 : Les dossiers santé de GSK
Le site de GSK présente des dossiers santé sur
toutes pathologies connues du grand public. Ces dossiers sont composés
d'illustrations et de schémas animés pour une meilleure
compréhension des maladies. Plus d'une trentaine de dossiers au total
sur lesquels on peut également interagir en faisant les jeux de
questions réponses.
Sur ce site, il est possible de régir suite à
l'émission radio de RTL. Les commentaires en question portaient sur
l'automédication qui était l'un des sujets du jour. Les remarques
enregistrées exprimaient une grande inquiétude sur la pratique de
l'automédication accusant l'État de ne pas être clair sur
cette problématique. Sur ce blog, les messages étaient
principalement centrés sur les médicaments PMF à SMR
insuffisant.
Evolution de la quantité de médicaments PMF et PMO
distribué en pharmacie
Ces données se basent sur les sources d'IMS Health pour
l'AFIPA. On recense le nombre de ventes en pharmacie et l'on évalue sa
progression sur la période 2001-2007. Les chiffres sont significatifs,
une légère croissance est observable.
Sur ce graphe, on a répertorié les achats en
pharmacie. Des dépenses en PMF qui stagnent mais la dynamique du
marché des PMF rejoint celle des PMO. Après une
légère baisse des ventes libres, la croissance reprend doucement
à partir de 2006.
Tableau réalisé à partir des
données de l'AFSSAPS de 2006, le chiffre d'affaires des
médicaments PMF strictement non remboursable est en hausse. Cet enclin
est évidente puisque d'une année à l'autre les ventes
augmentent. Ces données ne contiennent donc pas les PMF remboursables et
apportent plus de précisions dans notre étude.
Le site de l'automédication présente des
conseils thérapeutiques sur toutes les pathologies bénignes qui
peuvent être soignées en utilisant des médicaments de PMF.
Ce site Internet est réalisé par un expert de l'AFSSAPS et est un
dérivé du VIDAL. Le VIDAL est un dictionnaire de
médicament auquel ont très souvent recouru les médecins
généralistes pour prescrire des médicaments.
I. L'automédication semble avoir du
succès ces dernières années. Confirmez-vous cette tendance
?
V. Cotard : Oui, grâce en grande partie aux
déremboursements mais, nous attendons des mesures concrètes (OTC,
favoriser le switch en passant par la procédure centralisé
Européenne, favoriser l'innovation) qui participeront au
décollage du marché.
II. Quels sont les facteurs décisifs qui
permettront à l'automédication de se développer davantage
?
V. Cotard : Les industriels doivent « innover »,
comprendre le besoin du patient, créer une formule satisfaisante,
travailler sur la forme galénique du médicament, sur son
conditionnement et sur la campagne de communication. Le délistage et le
switch sont également des solutions. Le pharmacien doit jouer le jeu
quant à l'accessibilité des informations.
III.Avez-vous mis en place une politique de
communication qui va dans le sens de cette tendance concernant les produits de
GSK SGP ?
V. Cotard : Devant le comptoir, nous allons aménager
des PLV mettant en avant certains produits et les recommander aux pharmaciens.
L'information du patient ne vient pas forcément du pharmacien. Par
exemple : Une personne qui veut un traitement adapté sur le sevrage
tabagique, remplira les tests mis à sa disposition et pourra
évaluer le niveau de dépendance et acheter le traitement qui lui
sera approprié. Une information qu'il peut obtenir sans
nécessairement demander conseil à son pharmacien.
IV.Les laboratoires pharmaceutiques commencent
à développer les sites sur les informations
pathologies. Pensez-vous que ces dossiers vont
accentuer le succès de l'automédication ?
V. Cotard : Les patients ont aujourd'hui un savoir
impressionnant par rapport à avant. Les industriels vont donc en ce sens
en proposant ces informations pathologies. Par exemple le nombre de visites sur
Doctissimo, le site communautaire de santé : 1 400 000 visites, montre
qu'il y a une réelle attente de la part des malades. Ces dossiers
santé peuvent éventuellement être une valeur ajoutée
pour l'automédication. »
i) Figure 9 : Interview de ISABELLE Rosette, responsable d'une
pharmacie à Saint-
Quentin-en-Yvelines
I. Quel est l'intérêt de
l'automédication pour le pharmacien?
R. : « Mieux vaut guérir que prévenir
» c'est pourquoi il est important pour nous de bien conseiller le malade
sur les médicaments d'automédications. L'automédication
est nécessaire et importante pour le malade, surtout s'il a besoin d'un
traitement immédiat et que son rendez-vous chez le médecin est
assez tard. Il se soigne avec les médicaments d'automédications
en attendant le diagnostic du médecin pour se traiter. Bien sûr
les pathologies lourdes sont à exclure dans ce cas.
II. Peut-on parler de succès concernant
l'automédication ? (question relatif à la pharmacie et non au
marché de l'automédication)
R. : Non, ce n'est pas un succès car le malade demande
toujours conseil au pharmacien en général lorsqu'il désire
prendre un médicament d'automédication. Ils ne sont pas encore
autonome et il y a encore peu de malades qui vont se servir seul dans les
rayons situés devant le comptoir des pharmacies.
III.Serait-ce possible de voir dans un futur la
distribution de médicament OTC dans les parapharmacies des grandes
surfaces?
R. : Oui certainement, on a pu voir le cas de Leclerc.
D'autres grandes surfaces vont suivre ce mouvement et la vente de l'OTC existe
déjà dans les autres pays de l'Europe. Très bientôt,
l'OTC sera disponible dans ces parapharmacies.
IV.Pouvez-vous nous en dire plus sur le type de
relation Laboratoire/pharmacien?
R. : Les relations dépendent du type de pharmacie et du
laboratoire qui s'adresse à nous. Les relations varient suivant ces cas.
La relation en générale est la suivante : les laboratoires
veulent nous vendre un maximum de médicaments et nous tentons de nous
arranger pour avoir une remise intéressante. Maintenant, il est vrai que
les petites pharmacies sont celles qui ont le plus de difficulté
à trouver un terrain d'entente sur ce sujet.
V. Trouvez-vous que le pharmacien rempli en moyenne
son rôle de conseiller médical?
R. : Il est difficile de répondre à cette
question, mais pour ma part, je consacre beaucoup de temps à former mes
apprentis sur le conseil médical. Nous avons un rôle
d'éducateur important et c'est notre devoir que de venir en aide aux
malades qui veulent des informations médicales. J'ai
formé pendant deux jours et demi mes apprentis sur les
vertus des huiles essentielles pour améliorer leurs savoirs et
conseiller d'avantage leurs malades. Tout ceci pour vous dire que même si
le conseil médical n'est pas présent dans toutes les pharmacies,
beaucoup y accordent de l'importance comme un devoir du métier.
VI.Allez-vous participer aux nouvelles mesures de
distribution comme le placement des OTC devant le comptoir?
R. : Oui, nous l'avons déjà mis en place. C'est
une bonne idée mais les clients ne sont pas encore habitués
à ce mode d'ouverture. Il leur faut encore du temps avant de choisir de
manière autonome leurs médicaments d'automédications.
VII. Qu 'avez-vous pensez des publicités de
Leclerc?
R. : J'étais, bien entendu furieuse. La grande
distribution défend leur idée sur l'augmentation du prix mais ce
qui n'a pas été dit, et pris en compte, ce sont les changements
qui ont eu lieu sur les marges arrières. Les marges arrières sont
des primes offertes aux pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup
de médicament à l'année. Elles n'étaient pas prises
en compte dans le prix des médicaments, ainsi elles étaient
directement versées pour la pharmacie. Cela a changé,
désormais cette prime est comptabilisée dans le prix du
médicament et a été retiré du
bénéfice de la pharmacie. Ce n'est pas le cas des grandes
distributions qui conservent leur marge arrière. Cette marge n'est pas
prise en compte dans le prix des produits des grandes surfaces et sont ainsi
directement versés dans le bénéfice du
supermarché.
Le site de Axa est un site dédié pour les
patients à la recherche d'informations santé. Il est
intéressant de voir qu'ils ont fait un partenariat avec le VIDAL pour
proposer des conseils santé via une navigation interactive sur le corps
humain d'un homme ou d'une femme. Sans compter les autres services ludiques
liés à la santé ce site s'inspire d'un design Web 2.0,
c'est-à-dire un design épuré et attractif qu'on retrouve
souvent sur les blogs.
Sur ce site, la rubrique « médicament + »
permet de déterminer des pathologies via la navigation sur le
corps-humain. Ils proposent alors des conseils sur la pathologie en question et
listent des médicaments susceptibles de palier au problème. Dans
cette liste, il y a également des médicaments
d'homéopathies, des extraits de plantes... Autant de services qui
peuvent inciter l'internaute à s'automédiquer.
Sur le site de la MAAF, dans la rubrique « Service +
», on retrouve le site qui permet de comparer et d'acheter les
médicaments d'automédication. Seul les membres de la MAAF peuvent
y accéder en entrant leur login et leur mot de passe. Ce service
dédié au patient sur l'automédication a fait beaucoup de
bruit dans la presse médicale spécialisée, c'est pourquoi
j'ai pu m'y intéresser et découvrir qu'Internet et les nouvelles
réformes de l'État sont déclencheurs de nouvelles
idées pour les complémentaires santé.
Sommaire
I. QU'EST-CE-QUE L'AUTOMÉDICATION ? 7
1) DÉFINITION GÉNÉRALE 7
a) « S'automédiquer » 7
b) Deux types d'automédications : Officinale et
familiale 8
c) L'homéopathie, compléments alimentaires et
vitamines 8
2) MÉDICAMENTS D'AUTOMÉDICATION, PMF OU OTC 11
a) Les PMF et les PMO 11
b) OTC, « Over The Counter » : Devant le comptoir
12
3) CONTEXTE 13
a) État des lieux 13
b) Quels sont ces médicaments
déremboursés ? 13
II. UNE ÉVOLUTION SPECTACULAIRE OU CONSTANTE ?
17
1) ANALYSE DES SÉRIES STATISTIQUES 17
a) Description des résultats sur le nombre de PMF
acheté en pharmacie 18
b) Description des résultats sur les chiffres
générés par ces PMF 20
2) UN MARCHÉ QUI SE CONSTRUIT 23
a) Une croissance issue de facteurs décisifs
23
b) Les autres facteurs pouvant être liés
à l'évolution 24
c) Conclusion générale 26
III. UN MARCHÉ PROMETTEUR : QUELS ENJEUX POUR
QUELS ACTEURS ? 28
1) LES INSTIGATEURS DE L'AUTOMÉDICATION 28
a) Les porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques
28
b) Les acteurs institutionnels 40
c) Les mutuelles et les complémentaires santé
47
2) LES ACTEURS MITIGÉS FACE À CE MARCHÉ
51
a) Les pharmaciens et la grande distribution : une
finalité différente 51
b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir
Médical 55
3) LES RÉTICENTS À L'AUTOMÉDICATION 63
a) Les médecins 63
b) Les associations de patients et quelques patients
réticents 66
IV. CONCLUSION 68
VI. BIBLIOGRAPHIE 72
VII. ANNEXES 76
a) Figure 1 : Schéma d'une pathologie, ici l'asthme,
issu des dossiers santé de GSK 76
b) Figure 2 : Les dossiers santé de GSK 77
c) Figure 3 : Blog RTL traitant d'un débat sur
l'automédication 78
d) Figure 4 : Évolution des achats en pharmacies (en
nombres de médicaments) 79
e) Figure 5 : Evolution des achats en pharmacies (en chiffre
d'affaires) 80
f) Figure 6 : Évolution des ventes de « PMF
strict » traitée par l'AFSSAPS 81
g) Figure 7 :
www.automedication.fr,
le site dédié aux patients qui veulent s'automédiquer
82
h) Figure 8 : Interview de Vincent Cotard, PDG de l'AFIPA et
de GSK Santé Grand Public 83
i) Figure 9 : Interview de ISABELLE Rosette, responsable
d'une pharmacie à Saint-Quentin-en-
Yvelines 84
j) Figure 10 :www.
axasanteplus. com ,
site d'informations santé interactifs 86
k) Figure 11 : Site sécurisé sur les services
liés à l'automédication de la MAAF (
maaf.fr) 87
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