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L'automédication : Peut-on parler de succès ?

( Télécharger le fichier original )
par Dévi Vidjéacoumar
Université de Marne la Vallée - Master AIGEME 2008
  

Disponible en mode multipage

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L'automédication : Peut-on parler de

succès ?

Mémoire de recherche pour l'obtention du

Master 1 AIGEME

L'automédication : Peut-on parler de

succès ?

Mémoire de recherche pour l'obtention du

Master 1

AVANT-PROPOS

Le choix du sujet de mémoire était complètement libre pour valider la première année de Master AIGEME. N'ayant pas de rapport direct avec notre formation, bon nombre de personnes auraient alors porté le mémoire sur un sujet qui le passionne ou l'intéresse fortement.

Suis-je passionnée d'automédication ? Non, pas vraiment, cependant c'est un phénomène qui commence à se répandre en France à une très grande allure et qui est très intéressant à étudier...

Étant actuellement en apprentissage chez le laboratoire pharmaceutique GlaxoSmithKline, je savais que je disposerais d'une très grande source en prenant un sujet de mémoire sur le domaine de la santé, c'est alors que j'ai décidé de traiter un sujet d'actualité : l'automédication en France.

Tout le monde connaît l'automédication puisque c'est une pratique courante actuellement. Néanmoins le fonctionnement et l'évolution de l'automédication restent souvent dans l'ombre... C'est pourquoi j'ai décidé d'analyser l'évolution de cette pratique en France.

L'objectif était, de me familiariser avec le vocabulaire pharmaceutique et le système de santé français. En espérant recenser tous les points clés de l'automédication, j'envisage de répondre à la problématique en justifiant au maximum les idées importantes et les axes de réflexion de ce mémoire.

À présent, voyons ce qu'est l'automédication et tentons de découvrir s'il y a éventuellement un succès.

Remerciements

Je tiens à remercier les personnes qui m'ont guidée et inspirée pour l'élaboration de ce mémoire.

Mes remerciements vont à Mme Carole Thomas, qui m'a guidée pour la préparation de ce mémoire. Je remercie également mon directeur de mémoire Vanessa Caru pour ses retours détaillés qui m'ont permis d'avancer dans mon analyse.

Merci à l'équipe de la communication de GSK : Fabrice Vezin mon tuteur d'apprentissage, Laurence Mertz, Adeline Lacour, Sarah Wolff, Anne Duwelz et Sophie Durand d'avoir pris le temps de répondre à mes questions, de m'avoir offert leur soutien et leur savoir-faire.

Un grand remerciement également au président de l'AFIPA et de GSK SGP : Mr Vincent Cotard, qui m'a accordé du temps pour répondre à mon interview sur l'automédication.

Enfin, je tiens à remercier mes camarades de Master AIGEME, avec qui, j'ai pu avancer malgré le contexte difficile, sur la méthodologie et les différentes phases de ce mémoire.

Introduction

L'automédication est une pratique qui existe depuis bien longtemps. Les recettes miracles des grands-mères pour soigner chez soi des maladies bénignes sont une sorte d'automédication. Aujourd'hui, quand on parle d'automédication, on fait référence au fait de prendre des médicaments sans ordonnance pour se soigner ou prévenir des maladies bénignes.

Un sujet d'actualité, l'automédication fait couler beaucoup d'articles de presse dont l'un des thèmes récurrents sont les nouveaux modes de distribution des médicaments d'automédication. Par exemple, le supermarché Leclerc propose la mise en vente libre des médicaments d'automédication dans leurs parapharmacies en assurant auprès de leurs clients que les prix seraient réduits de 25 % par rapport aux autres pharmacies. Ils se veulent soucieux du pouvoir d'achat de leurs clients... Bien sûr les pharmaciens s'y opposent car cela signifierait une baisse de leur chiffres d'affaire par l'arrivée de concurrents très puissants. Rappelons que les pharmaciens ont le monopole de l'officine et si les médicaments PMF : Prescription Médicale Facultative passent devant le comptoir, il est possible pour les parapharmacies de toutes marques (dont Leclerc, Carrefour...) de les mettre également à disposition dans leurs rayons, ce qui n'a jamais été le cas vu le statut de « médicaments » de ces derniers. Une véritable menace donc pour les pharmaciens qui n'ont jusqu'à présent pas connu de concurrence.

Le responsable des supermarchés Leclerc : Michel Edouard Leclerc, sait qu'il y a un marché à conquérir en France puisqu'il a déjà ouvert des parapharmacies commercialisant des produits d'automédications en Europe et que ces dernières connaissent du succès. Leclerc voit un véritable enjeu économique sur les nouvelles mesures prises par l'État sur l'automédication en France. Derrière cette pratique, il existe d'autres enjeux de taille pour différents acteurs. Le patient y voit un gain de temps, en allant directement se soigner en pharmacie, sans prendre rendez-vous auprès du médecin généraliste. Les laboratoires pharmaceutiques, puissant lobby, y perçoivent un enjeu économique et une occasion d'augmenter leurs chiffres d'affaires. L'État s'appuie sur l'automédication pour palier au déficit de la Sécurité Sociale. Ce dernier a pris de nouvelles mesures pour favoriser l'automédication comme : les déremboursements de médicaments, le passage des médicaments PMF devant le comptoir ou encore la mise en place récente d'un dossier de suivi médical disponible pour les pharmaciens.

Le gouvernement avait alors modifié un article du Code de la santé publique qui prévoit que « le pharmacien veille à ce que le public ne puisse pas accéder directement aux médicaments » afin que

le patient puisse choisir lui-même les médicaments d'automédication. Cette nouvelle mesure ne plaît pas aux pharmaciens qui perdent leurs rôles de conseiller.

L'évolution de l'automédication que j'évoque ne concerne que la dernière décennie et cela due aux nouvelles mesures prises par l'État. Des nouvelles mesures comme les lois sur les déremboursements des médicaments pour combler le déficit de la Sécurité Sociale apparaissent.

2001, 2003 et 2005 sont les trois dates clés correspondant aux déremboursements des médicaments PMF initiés par le gouvernement. En 2001, l'ensemble des médicaments remboursables par l'assurance-maladie a fait l'objet d'une réévaluation à la demande des ministres chargés de la Santé et de la Sécurité sociale. La Commission de la transparence avait alors évalué le SMR : Service médical rendu (indice d'efficacité d'un médicament) de 4 490 médicaments. Elle a conclu pour 835 d'entre elles que le SMR était insuffisant pour justifier leur remboursement par la Sécurité sociale. Ces médicaments ont, par la suite, été déremboursés. Voyant que ces mesures résolvaient un peu les problèmes du déficit de la Sécurité Sociale, les pouvoirs publics ont décidé de procéder à une actualisation de leur réévaluation en deux autres vagues de déremboursement : en 2003 et 2005.

L'automédication est un sujet très vaste, aussi je limiterai mon champ de recherche exclusivement au marché français et sur son évolution depuis huit ans. Je m'intéresse essentiellement à l'évolution de l'automédication en termes de données économiques et sociologiques, ainsi qu'aux acteurs et à leurs moyens de communication. Je ne m'attarderai pas sur le cycle du médicament, sur le cadre réglementaire des médicaments d'automédications.

Le public français conçoit plus ou moins ce qu'est l'automédication, cependant si l'on s'intéresse à son évolution depuis ces huit dernières années, le public répond qu'elle est plutôt croissante et qu'il pratique, eux-mêmes, régulièrement de l'autodiagnostic. Selon une étude de TNS Sofres1 80 % des Français pratiquent l'automédication (dont 52 % souvent ou de temps en temps). C'est une image véhiculée par les médias et par les chiffres de l'automédication. Cette année par exemple, l'Association française de l'Industrie pharmaceutique pour une Automédication responsable (l'AFIPA), publie les chiffres de ce marché et constate qu'il y a un essor de 4 % par rapport à 2007. Les nouvelles mesures comme le déremboursement de certains médicaments PMF du gouvernement et le développement de notre société contribuent également à ce résultat.

Le patient qui était hier, spectateur des décisions de santé et qui prenait sagement ce que prescrit

1 Enquête réalisée par TNS SOFRES, sur 954 individus de plus de 18 ans en 2001

le médecin, n'a plus ce rôle. Aujourd'hui il s'informe sur toutes les pathologies existantes qui peuvent l'aider et lui permettre d'évaluer ses propres symptômes. Il en parle à son médecin qui lui donne, à son tour, son avis sur la question. Le patient est soucieux de sa santé et cherche à prévenir certaines pathologies en ayant recourt à l'automédication dont la médecine douce comme l'homéopathie. La France compte le plus grand nombre de patient (passant de 22 % en 1984 à 40 % en 2002) qui se soigne à l'homéopathie et se classe ainsi au premier rang en Europe, d'après les sources d'IPSOS2 retranscrit sur le site Internet du laboratoire français BOIRON (leader sur le marché homéopathie).

Sensible au besoin des patients et voyant ainsi une ouverture sur le marché de la santé, les complémentaires santé sortent des sites Internet dédiés à la santé et à l'automédication alors que les laboratoires pharmaceutiques mettent à disposition sur leur site Internet, des services tels que les « dossiers santé ».

Le site Internet du complémentaire santé Axa « www.axasanteplus.com » propose diverses rubriques sur la santé dont une qui est l'automédication (Voir Figure 10 en annexe). La rubrique s'appelle « Médicament + » et propose plusieurs informations de pathologies en fonction de la zone que le patient souhaite traiter. Parmi les informations proposées, on distingue des médicaments PMF et homéopathiques, des extraits de plantes et quelques conseils pour bien cerner la pathologie susceptible d'être ressentie. De plus, chaque nom de médicament pointe un lien vers le site Internet du VIDAL « www.automedication.fr » qui affiche une page détaillée du médicament (mentions légales, précautions d'utilisations.. .tout ce qu'on retrouve en général dans les notices du médicament). Ce complément d'information est possible grâce au partenariat d'Axa avec le VIDAL.

Les dossiers santé, présents sur les sites de laboratoires pharmaceutiques, permettent d'en savoir plus sur certaines pathologies au travers de schémas anatomiques, d'examens, de traitements expliqués et de conseils et le tout dans un langage médical vulgarisé pour une meilleure compréhension auprès du grand public. Ces types de dossiers sont présents, par exemple, sur le site institutionnel du laboratoire GlaxoSmithKline (Voir Figure 1 et 2 en annexe).

Ces événements marquent la naissance d'une nouvelle ère dans le système de santé. Après étude du corpus et analyse des chiffres des acteurs intervenants dans l'automédication, il se révèle que l'automédication est effectivement, en hausse depuis ces huit dernières années... Les études réalisées par IMS Health3 montre que la consommation de produits d'automédication est en légère

hausse chaque année depuis 8 ans, cependant l'évolution n'est pas spectaculaire car on n'observe aucun pic élevé sur la période. Comment peut-on expliquer ces résultats ?

L'automédication est désormais une pratique bien ancrée en France et si l'on a l'impression qu'elle connait un succès depuis ces derniers temps, c'est en grande partie à cause des réseaux et des vecteurs de communications des principaux acteurs de l'automédication. Quels rôles jouent ces principaux acteurs ? Quels sont leurs enjeux sur ce marché ? Quels sont ces nouveaux vecteurs d'informations ?

Notre objectif est de comprendre l'évolution de l'automédication en France en s'appuyant sur des études sociologiques, sur des données économiques, sur le contexte actuel du domaine pharmaceutique et sur des médias grand-public et spécialisés comme la « presse médicale ». Le but de ce mémoire est d'apporter un point de vue objectif sur les évènements qui évoquent l'évolution de l'automédication depuis ces huit dernières années en tenant compte de la communication des acteurs concernés, des nouveaux vecteurs d'informations et du contexte de la société française.

Pour répondre à ces questions, je vais donc m'intéresser dans un premier temps aux chiffres clés de l'automédication en France et analyser les résultats en les confrontant avec les différents supports que j 'ai sélectionnés. Le corpus est constitué d'un ensemble de huit séries statistiques émanant d'organismes spécialisés comme : L'AFIPA4 (Association Française de l'Industrie pharmaceutique pour une Automédication responsable), le LEEM (Les Entreprises du Médicament) qui a recensé des données de 2001 à 2005 sur la consommation des médicaments. Leurs statistiques proviennent de l'INSEE (Institut National de la Statistique), de l'Ordre des Pharmaciens, de GERS5 et de l'EFPIA (Fédération Européenne des Industriels du médicament).

L'AFIPA et le LEEM sont deux principaux organismes, porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques, qui ont des rôles très importants sur l'automédication en France et publient des informations annuelles sur le marché de l'automédication. En confrontant les résultats de mon corpus avec les autres supports extraits de ma bibliographie, je pourrais mieux cerner l'évolution de l'automédication aujourd'hui. En effet, les séries statistiques sont issues de l'AFIPA, qui est un organisme spécialisé sur l'automédication responsable en France : « La mission de l'AFIPA, acteur de Santé publique, est de promouvoir les médicaments d'automédication, dans le cadre de la Santé publique, dans l'intérêt des patients/consommateurs et des industriels membres de l'Association »

4 L'AFIPA publie chaque année des études sur l'automédication en France en collaboration avec IMS Health

(Informations Médicales et Statistiques dans le domaine de la Santé) de 2000 à 2008.

5 Le GERS est un groupement d'intérêt économique créé par les entreprises de l'industrie pharmaceutique, qui ont décidé de mettre en commun leurs données de ventes

mais également du LEEM, qui se charge de veiller sur le respect de sa charte éthique concernant la prise de médicament en France. Chacune de ces séries statistiques révèle, entre autres, le nombre de ventes de médicaments sans ordonnance en pharmacie, le chiffre d'affaires calculé sur l'année, les spécialités des médicaments les plus vendus...

En regroupant et en classant les données qui m'intéressent dans un tableau sous Excel, je peux évaluer la progression sur 8 ans du marché de l'automédication. Je confronterais chaque période avec les articles de presse classés par thème et par date recueillis auprès du pôle « Communication » de mon entreprise mais également sur Internet et auprès de la presse française (Le Figaro, Le Monde, APM : Agence de Presse Médicale, Les Echos...). Ce traitement me permettra de dégager les évènements ou les composantes clés qui justifient la courbe d'évolution de l'automédication.

À cela s'ajoutent les données statistiques de 2006 que j'ai pu extraire du rapport sur l'automédication de Monsieur Alain Coulomb (directeur général de l'Agence Nationale d'accréditation et d'évaluation de la santé) et du professeur Alain Baumelou (président du Groupe de travail automédication à l'AFSSAPS6 et également cofondateur du Conseil pour l'automédication). Ce document avait été réalisé suite à la demande de l'ancien ministre de la santé : Xavier Bertrand afin de faire un état des lieux sur l'automédication en France en 2006.

Un autre document statistique sur les PMF vendus sans ordonnance, issu des publications de l'AFSSAPS, complète ce corpus et permet de voir si les chiffres de l'AFIPA vont dans le même sens que leurs études.

Afin d'illustrer mon corpus, je présenterai trois interviews : celle du président de l'AFIPA afin de recueillir son expertise sur l'évolution de l'automédication, celle d'un médecin généraliste, le Dr Fkatchouk afin de connaître sa position et enfin celle d'une responsable de pharmacie, Isabelle Rosette, pour avoir un regard plus réaliste sur l'automédication.

En ce qui concerne l'interview du président de l'AFIPA, les questions porteront, d'une part, sur les résultats de mes recherches concernant les séries statistiques et, d'autres parts, sur une question d'actualité à propos du passage des médicaments devant le comptoir en pharmacie.

Les deux autres interviews sont présents pour justifiés ou démentir les positions de chaque acteur par rapport à ce qui est dit dans la presse. L'objectif des interviews est d'avoir une approche qualitative qui me permettra de mieux cerner les réels enjeux qui marquent le succès de l'automédication en France.

L'organisation de ce mémoire est dans une première partie, de définir les notions importantes de l'automédication de façon générale et scientifique puis nous ferons l'état des lieux sur la situation actuelle en France.

Dans une deuxième partie, on s'interrogera sur l'évolution de l'automédication, savoir s'il s'agit d'une évolution spectaculaire ou constante. Pour cela, on s'intéressera à l'étude et aux résultats du corpus (c'est-à-dire le traitement effectué sur la série statistique) et l'on suivra ainsi l'interprétation de ces résultats avec les différents documents issus de ma bibliographie (étude sociologique, articles de presse...).

Dans la dernière partie, nous chercherons à comprendre les facteurs clés qui ont permis à l'automédication de se développer ainsi. Nous nous intéresserons alors aux acteurs, à leurs nouveaux comportements et aux enjeux renfermés derrière l'automédication. Grâce aux interviews des trois acteurs, nous aurons une vision plus réaliste de leurs positions vis-à-vis de l'automédication. On verra ensuite que des évènements médiatiques dans le domaine de la santé, comme la polémique de la « vache folle », ont marqués les patients et qu'Internet apportent plus d'informations aux patients grâce aux dossiers santé, au langage vulgarisé de la médecine et à l'accessibilité de ces informations santé. Tous ces apports d'informations permettent aux patients de cerner les symptômes et de les inciter à l'automédication.

Nous nous intéresserons également aux personnes qui ne conseillent pas l'automédication et nous verrons quels arguments est-ce qu'ils mettent en avant pour critiquer cette pratique.

On conclura enfin sur l'évolution de l'automédication qui semble être positive même s'il ne s'agit pas d'un phénomène de mode.

Pour une meilleure compréhension des sigles cités dans ce mémoire (exemple : AMM, PMF...), vous trouverez ci-joint un marque-page les retraçant. Une table de sigles est également disponible à la fin du mémoire. Chaque sigle est définit au moins une fois dans le mémoire. Tout au long de ce mémoire, je ne précise pas de vous reporter à la table des sigles à chaque nouvelle répétition car cela ferait trop de notes de bas de page. Je vous remercie de prendre en compte ces indications.

I. Qu'est-ce-que l'automédication ?

1) Définition générale

a) « S'automédiquer »

Il y a beaucoup de définition sur l'automédication. La définition qui résume le mieux est sans doute la suivante : « L'automédication exprime un comportement individuel qui consiste à se soigner soi-même étymologiquement. L'automédication peut être défini comme la conduite d'un individu face à la perception d'un problème en rapport avec la santé. ». Cette définition est tirée d'un livre récapitulant le colloque « Automédication, autoprescription, autoconsommation » de Décembre 1998.

D'une manière générale, l'automédication consiste à se soigner seul en achetant des médicaments sans ordonnance. Un comportement choisi pour se soigner rapidement d'une maladie bénigne comme un rhume, une migraine... et sans forcément passer par le médecin. Très souvent, le patient connait déjà le médicament d'automédication qu'il va acheté sinon il demande toujours conseil au pharmacien.

Voyons la définition de l'encyclopédie Universalis : « Dans son sens strict, le terme automédication signifie utiliser des médicaments sans ordonnance. Dans ce cas, le malade fait lui- même le diagnostic de sa maladie et établit lui-même la prescription, choisissant son médicament et sa posologie ».

La posologie ou le mode d'emploi du médicament est en général donné par le médecin et rappelé par le pharmacien qui délivre le médicament. Ce qu'on peut comprendre dans le terme « en son sens strict » c'est qu'on ne parle pas des produits d'automédication qui peuvent être délivré sur ordonnance (en effet, quelques produits d'automédications peuvent être remboursés par la Sécurité Sociale s'ils sont sur ordonnance).

« S'automédiquer » s'est donc prendre soi-même un médicament de type PMF délivré sans ordonnance dans le but de se soigner d'une maladie bénigne.

Les Français s'automédiquent de deux manières généralement. Soit en piochant dans la pharmacie familiale de la maison, soit en se procurant un médicament en pharmacie. Il s'agit d'automédication « familiale » et « officinale ».

b) Deux types d'automédications : Officinale et familiale

Il existe deux types d'automédication : l'automédication officinale et l'automédication familiale. La première consiste à acheter son médicament dans une officine (synonyme de pharmacie), le patient bénéficie alors, des recommandations du pharmacien. La seconde consiste à stocker tous les médicaments qui ont été prescrits sur ordonnance (ou acheté en pharmacie dans le cas de symptômes bénins) dans la boîte à pharmacie familiale de la maison et de les réutiliser à tout moment avant la date de péremption.

L'automédication familiale peut être dangereuse car la prescription sur ordonnance est spécifique à une personne, or en conservant et en administrant ces médicaments aux membres de sa famille, il peut y avoir de dangereuses interactions et provoquer des effets secondaires importants tout simplement parce que le médicament n'est pas adapté.

Il est à noter qu'un troisième mode d'obtention de ces médicaments existe, il s'agit des achats sur Internet. Dans le cadre de ce mémoire, nous ne nous intéresserons pas à cette catégorie car les débats sont d'une tout autre nature.

Parfois, le patient ne s'automédique pas parce qu'il est malade mais parce qu'il veut prévenir une pathologie bénigne. Dans ce cas, il va acheter des compléments alimentaires dans le cadre d'un régime ou d'une carence en vitamines ou encore pratiquer de l'homéopathie qui est une forme d'automédication.

c) L'homéopathie, compléments alimentaires et vitamines L'homéopathie

« 40 % des utilisateurs de l'homéopathie, relate le Dr Bernard Chemouny dans Le Guide de l'homéopathie, pratiquent l'automédication, soit de leur propre initiative, soit sur les conseils de l'entourage. » cité sur le site Internet des laboratoires Boiron, spécialiste et leader mondial en homéopathie. En effet, l'homéopathie connait de plus en plus de succès en France d'ailleurs, passant de 22 % en 1984 à 40 % en 2002, ces derniers sont classés premier au rang des pratiquants de l'homéopathie en Europe. De même, 74 % des patients se déclarent « enclins à se soigner par homéopathie si leur médecin en prescrivait » selon les sources d'IPSOS, troisième cabinet d'étude en France.

L'homéopathie a progressé et attire plus de consommateur dans le public français. Ces derniers sont persuadés de son efficacité. En effet, les "non-utilisateurs opposés à l'homéopathie" seraient passés de 33% à 25% entre 1983 et 1994 d'après une série de sondages IFOP.

Si l'on regarde la nature des médicaments homéopathiques, on remarquera qu'ils sont soumis

comme les autres médicaments à l'AMM (Autorisation de mise sur le marché), mais sont exemptés de l'obligation faite aux autres médicaments d'avoir fait la preuve de son efficacité. Cette exemption est applicable à l'ensemble du marché européen depuis une directive du Conseil de la Communauté Économique Européenne datant du 22 septembre 1992. La formule exacte est: "la preuve de l'effet thérapeutique n'est pas requise".

Les médicaments homéopathiques sont vendus sans ordonnance, ces médicaments font donc partie des médicaments d'automédications. L'homéopathie relève donc de l'automédication.

L'homéopathie a été mise au point par le médecin allemand le Dr Hahnemann au 1 8éme siècles. Il s'agit d'une vieille médecine qui a survécu pendant plus de 2 siècles. En France, cette médecine est prise en charge par l'assurance maladie (Sécurité Sociale), même si en 2004 l'ex Ministre de la santé Philippe Douste-Blasy, avait envisagé son déremboursement.

La théorie de l'homéopathie est la suivante : « la drogue (molécule ou médicament) à dose normale provoque un profil de symptômes, qui par dilution permet d'obtenir l'effet inverse. Des doses très faibles, homéopathiques provoquent la suppression des symptômes de la maladie qui correspond au profil allopathique. »

D'autres produits curatifs sont vendus en pharmacie mais ce ne sont pas des médicaments, ce sont les compléments alimentaires, des vitamines...

Les vitamines et les compléments alimentaires : automédication ?

Lorsque le patient se soigne, il a recourt à divers produits dans la pharmacie, la question était donc de savoir si les compléments alimentaires et les vitamines faisaient parti de l'automédication.

D'après une étude réalisée par le cabinet d'étude Precepta, le marché français des compléments alimentaires connaît une très forte croissance. De 2000 à 2006, la consommation de compléments alimentaires a doublé en France. Une consommation qui aurait pu renforcé le marché de l'automédication, cependant ces derniers font partie d'une autre catégorie.

En effet, les vitamines et les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments, c'est-à- dire qu'ils n'ont pas été contrôlés rigoureusement par des agences de santé national ou européenne et ne dispose donc pas d'AMM.

Cette catégorie n'entre donc pas dans l'étude de notre problématique. Néanmoins, il est intéressant de savoir que les patients se soignent d'avantages en achetant des compléments alimentaires ou des vitamines puisque la vente de cette catégorie a doublé en une année.

Les principales catégories sont les médicaments d'automédication disposant d'une AMM, délivré par l'AFSSAPS, l'agence réglementaire de la santé en France. Plusieurs mots définissent les médicaments d'automédications.

2) Médicaments d'automédication, PMF ou OTC

Il est important de donner toutes les appellations de l'automédication pour comprendre ces termes dans l'actualité.

a) Les PMF et les PMO

On distingue les médicaments qui sont prescrits par le médecin sur ordonnance et ceux qu'on se procure en pharmacie sans ordonnance, avec ou sans conseil du pharmacien.

La définition qui suit s'inspire du rapport sur l'automédication d'Alain Coulomb en 2006. Ce rapport a été rédigé par Alain Coulomb, ancien directeur de la Haute Autorité de Santé (HAS), et le Professeur Alain Baumelou suite à la demande de l'ancien ministre de la santé Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des solidarités. Xavier Bertrand a commandé ce rapport en juin 2006 car il est apparu nécessaire, dans un objectif de santé publique de clarifier et d'organiser les pratiques de l'automédication en France. Le document donnait donc un état des lieux de l'automédication en France.

L'avis du 27 mai 2005 rappelle les caractéristiques aux fabricants des médicaments de prescription médicale obligatoire (PMO), et celles des médicaments de prescription médicale facultative (PMF).

Les PMO « Prescription Médicale Obligatoire » nécessitent une ordonnance pour qu'un médicament soit délivré au patient. Les PMO représentent la majorité des médicaments (Environ 80 % sur le marché total contre 20 % des PMF).

Les médicaments d'automédication font partie des PMF (Prescription Médicale Facultative). Ils correspondent aux médicaments qui peuvent être délivrés sans ordonnance. Cependant, rappelons que les médicaments « PMF » peuvent être délivrés sur ordonnance, afin d'être remboursés par les organismes sociaux.

Les médicaments « PMF » sont caractérisés par le fait qu'ils ne présentent pas de danger direct ou indirect lié à la molécule qu'ils contiennent si l'on suit bien les doses thérapeutiques recommandées et même s'ils sont utilisés sans surveillance médicale.

De manière générale, les molécules de ces médicaments sont évaluées « tolérables » et non offensives à notre organisme et donc susceptible d'être consommées sans l'avis d'un médecin généraliste ou spécialiste. Ces médicaments dotés d'une AMM, bénéficient d'une garantie issue d'une autorité compétente, en France, il s'agit de l'AFSSAPS.

Schéma résumé des PMF

Sur le schéma que j'ai réalisé ci-dessus à l'aide du rapport de Alain Coulomb sur l'automédication, on retrouve un résumé de tous les types de médicaments délivrés en pharmacie, on retrace le parcours d'un médicament à partir de son Autorisation de Mise sur le Marché : L'AMM. Ce qu'on appelle automédication c'est l'ensemble des PMF remboursables et non remboursables qui sont achetés sans ordonnance ou sans prescription. Autrement dit, l'achat d'un médicament de ce type en pharmacie est directement effectué aux frais du patient et ne sera pas remboursé.

b) OTC, « Over The Counter » : Devant le comptoir

Cette appellation n'avait pas vraiment de place dans la société française jusqu'à présent car on n'avait jamais envisagé que les médicaments PMF soient disponibles « devant le comptoir ». Cet acronyme vient des États-Unis où l'on trouve, effectivement, ces médicaments devant le comptoir des officines et donc sans « l'obstacle » que peut être le pharmacien. Ici, OTC signifie : Over The Counter, ce sont uniquement les médicaments d'automédication situés devant le comptoir du pharmacien.

Néanmoins, le gouvernement a récemment autorisé 226 catégories de produits d'automédications à passer devant le comptoir des pharmacies7... Cette appellation prend désormais

7 Donnée issue d'articles de presse « Le Quotidien du pharmacien », voir Bibliographie

tout son sens. Ainsi, OTC et PMF représentent la même catégorie de médicaments d'automédications.

3) Contexte

a) État des lieux

La France est le pays qui consomme le plus de médicament en Europe, soit près de 1,9 médicaments par semaine pour un Français contre 1,5 en moyenne pour les autres européens. Une consommation qui est conséquente suite au développement de nouvelles pathologies comme celles qui sont liées au vieillissement de la population...

Un résultat qui peut également être expliqué par notre système de santé. Ce dernier rembourse à plus de 50% un médicament (PMF et PMO). La sécurité sociale a ainsi, déboursé en 2006, plus de 20,3 milliards d'euros. Les autres systèmes de santé européens remboursent environ 30 % des médicaments prescrits sur ordonnance alors qu'en France, on compte 70 %. On comprend alors pourquoi les Français consultent leurs médecins régulièrement en cas de maladie (même bénignes mais persistantes), étant donné que les médicaments prescrits sont remboursés.

Cependant, le gouvernement rencontre des difficultés de financement de leur caisse d'assurance-maladie. Les nouvelles technologies de pointe en médecine sont très coûteuses et l'accroissement du vieillissement de la population entraîne des prises en charge médicales plus importantes. Si le progrès et le bien-être des Français semblent être atteints, il en est loin en ce qui concerne son financement. Pour réduire les dépenses de santé, l'État recherche de nouvelles solutions comme celle de dérembourser un bon nombre de médicaments PMF, c'est-à-dire les produits d'automédications. Les médicaments déremboursés ont des critères particuliers.

b) Quels sont ces médicaments déremboursés ?

Il faut savoir que chaque médicament à deux niveaux d'évaluations : Le Service Médical Rendu (SMR) et l'Amélioration du Service Médical Rendu (ASMR) qui sont notées par la Commission de transparence8.

Le SMR est un indice d'évaluation qui varie en fonction de l'efficacité, de ses effets indésirables, de sa place dans un traitement thérapeutique, mais aussi de son intérêt pour la santé publique. Son évaluation peut être du type : Insuffisant, faible ou modéré. On compte aujourd'hui 20 % de médicaments avec un SMR insuffisant.

8 La Commission de transparence est issue de l'AFSSAPS qui réglemente entre autres les médicaments.

L'ASMR, quant à lui, indique le degré de pertinence d'un nouveau médicament par rapport aux médicaments déjà existant pour traiter un même symptôme. Son indice allant de 1 (signifie alors qu'il y a un progrès majeur) à 5 (signifie qu'il n'apporte rien par rapport aux médicaments existants).

De manière générale, un médicament au SMR insuffisant est un médicament qui n'est pas assez efficace par rapport à tous les symptômes que présente la maladie traitée. Cependant, cela ne veut pas dire qu'il n'est pas efficace sur un ou deux symptômes d'une maladie. Ses propriétés thérapeutiques sont donc limitées, mais elles restent efficaces sur certains symptômes.

En 2001, la prise en charge des médicaments à SMR insuffisant par la Sécurité Sociale a baissé. De plus, une décision de la communauté administrative a complété la liste de médicaments à SMR insuffisant qui étaient encore remboursables à 65%. Ainsi a eu lieu la première vague de déremboursement. Elle ne concernait que les médicaments présentant un SMR insuffisant. Il peut s'agir de médicaments obsolètes, ne méritant plus de conserver des prix élevés, mais aussi de médicaments considérés comme « bas de gamme » par le public. Cette décision a lancé quelques débats sur le web. Par exemple, sur le blog de RTL dont l'un des sujets du jour était l'automédication, on a pu retrouvé les critiques du grand public. Sur les commentaires de ce sujet, j 'ai pu voir des remarques de type :

« On dérembourse au prétexte de S.M.R insuffisant et l'on souhaiterait que ces mêmes produits inefficaces pour être remboursables soient efficaces en vente « libre ».

Le patient semble être perdu entre les différents discours de l'État. En effet, sous prétexte qu'un médicament a un SMR insuffisant, L'État le dérembourse, cependant, le patient qui désire acheter ces médicaments devenus désormais PMF, porte également le jugement que n'étant pas un médicament qui a satisfait auprès de l'AFSSAPS (car c'est l'AFSSAPS qui porte l'évaluation et définit le SMR d'un médicament), il n'a aucune raison de l'acheter. La communication et le vocabulaire du SMR ne semble pas être assez clair pour comprendre qu'il s'agit de médicament de confort. Certes, un médicament de confort mais ce médicaments PMF, bien qu'il ne soit pas efficace à 100%, apporte tout de même une cure satisfaisante et ainsi il peut avoir sa place dans l'armoire à

pharmacie.

En avril 2003, les mesures économiques continuent, et incluent cette fois-ci à la liste des médicaments dont le SMR est « modéré ou faible ». Plus de 617 médicaments9 voient ainsi leurs taux de remboursement baissés. La même année, J.F. Mattei, ministre de la santé de l'époque, présente une liste de médicaments à SMR insuffisants pouvant être déremboursés par la Sécurité Sociale. Ces déremboursements ont eu lieu en trois étapes entre 2003 et 2005.

Les Français bénéficient avant tout des médicaments d'innovations récentes. Cependant, en déremboursant des médicaments de types SMR « insuffisant » l'idée de médicaments « secondaires » ou « obsolètes » prêtent à confusion.

« S'automédiquer » reviendrait à utiliser à nos propres frais des médicaments que l'État et les instances réglementaires de santé ont jugés peu efficaces et non satisfaisants ?

D'ailleurs, des incidents ont déjà eu lieu comme celui du médicament déremboursé Celebrex en Belgique, l'anti-inflammatoire vedette du laboratoire pharmaceutique Pfizer. Celui-ci était accusé d'augmenter les risques cardio-vasculaires du patient et a tout de même était déremboursé.

L'indépendance et la rigueur des autorisations de mise sur le marché sont suspectés ainsi que le laboratoire. Les SMR qui sont remis en cause sont réévalués par les instances de sécurité sanitaire.

D'autres remarques de patient confirment cette tendance en laissant des commentaires sur le blog de RTL suite à une émission radio dont l'un des sujets du jour était « l'automédication » (Voir Figure 3 en annexe). Certains n'étaient pas d'accord pour le déremboursement d'une partie des médicaments car cela remettait en cause leur jugement sur l'efficacité du médicament qui est souvent qualifiés de médicament « non nécessaire ».

Pour éviter la polémique sur ce sujet et développer l'automédication, l'État veut lancer l'adoption d'une nouvelle attitude avec l'expression : « une automédication responsable ».

Le terme « d'automédication responsable » est très souvent relayés dans les médias mais également par l'AFIPA, le LEEM, les professionnels de santé et est même utilisé dans le rapport d'Alain Coulomb pour le ministre de la santé. Cette expression définit la capacité à se soigner seul suite à un autodiagnostic en allant chercher des médicaments de type PMF à la pharmacie.

L'OMS donne sa définition : « L'automédication responsable consiste pour les individus à soigner leurs maladies grâce à des médicaments autorisés, accessibles sans ordonnance, sûrs et efficaces dans les conditions d'utilisation indiquées ». Un mouvement que l'État, l'AFIPA, l'EMEA (l'Agence européenne des médicaments) et d'autres organismes en faveur de l'automédication

9 Source d'un communiqué de MG France : Fédération Française des Médecins Généralistes

cherchent à promouvoir en France. Le but est de donner aux patients une plus grande indépendance sur leur santé et d'agir en conséquence mais aussi de participer à l'économie de la caisse d'assurance maladie.

D'après l'article des Echos de 2008, l'automédication n'est pas habituel en France si l'on regarde les chiffres de nos voisins européens qui dépensent 40 à 60 euros sur les PMF contre 25 euros pour les Français. Pourquoi les français n'ont-ils pas le même engouement?

Une hypothèse : le remboursement des médicaments sur ordonnance peut sans doute expliquer ces résultats. Le système de santé français dont l'OMS a qualifié de meilleure système de santé au monde, rembourse à plus de 50% les médicaments sur ordonnance. Ainsi, les patients n'ont pas l'habitude de se soigner seul avec l'automédication. De plus, les autres pays européens n'ont pas de système de santé qui rembourse à plus de 20% les médicaments issus des ordonnances.

Un article du journal « Le Monde » de 2006 évoque également cette hypothèse et plus précisément sur le comportement des malades. Selon cet article, le malade a pris l'habitude de toujours consulter son médecin au moindre signe d'une pathologie. Il est alors plus simple d'aller voir le médecin pour se faire rembourser les médicaments (y compris les PMF) plutôt que d'aller directement à la pharmacie.

Le thème de l'automédication est de plus en plus présents dans les médias, ce sujet semble se développer en France mais est-ce que ce marché est en réelle hausse ?

II. Une évolution spectaculaire ou constante ?

Pour comprendre l'évolution de l'automédication en France, je dois m'intéresser au nombre de médicaments vendus dans les pharmacies. Les médicaments PMF et PMO ne sont disponibles que dans les pharmacies. Ainsi, en ayant regroupé la quantité de PMF vendus et leurs chiffres d'affaires, on peut aisément évaluer les tendances du marché de l'automédication.

1) Analyse des séries statistiques

Des mesures conséquentes ont été prises par l'État comme les lois sur les déremboursements des médicaments qui ont eu lieu en 2001, 2003 et 2005 pour combler le déficit de la Sécurité Sociale ces dix dernières années.

L'évolution de l'automédication qui sera étudiée ne concernera que la dernière décennie. En effet, sur cette période, la courbe de l'automédication a de grandes chances d'évoluer suite à l'impact de divers déremboursements de médicaments PMO à plusieurs reprises. 2001, 2003 et 2005 correspondent aux déremboursements des médicaments PMF initiés par le gouvernement.

En 2001, l'ensemble des médicaments remboursables par l'assurance-maladie a fait l'objet d'une réévaluation à la demande des ministres chargés de la Santé et de la Sécurité sociale.

La Commission de transparence avait alors évalué le SMR de 4 490 spécialités PMF. Elle a conclu pour 835 d'entre elles que le SMR était insuffisant pour justifier leur remboursement par la Sécurité sociale. Suite au succès de ce déremboursement, les pouvoirs publics ont décidé de procéder à une actualisation de leur réévaluation en deux autres vagues de déremboursement : en 2003 et 2005. Voyons à présent les chiffres clés de ce marché.

350

300

250

200

150

100

50

0

252

250 238 237225

Evolution des achats en pharmacie (nombre de médicament) - IMS Health
pour l'AFIPA

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

PMF non remboursés Automédiqués PMF remboursés Automédiqués Total (PMO + PMF)

200

138 137 134

136 134 135

264

287

3050

3000

2950

2900

2850

2800

2750

2700

2650

Sur le graphique ci-dessus (Voir figure 4 en annexe pour la version complète) , j 'ai rassemblé différents éléments issus des comptes-rendus de l'AFIPA du marché de l'automédication.. Ces chiffres sont publiés par IMS Health à la demande de l'AFIPA.

Sur la base d'informations collectées auprès des professionnels de santé et d'autres acteurs du système de soins, IMS Health met en oeuvre son expertise statistique pour publier des études de marché de référence, dont disposent les consultants IMS Health pour aider les laboratoires pharmaceutiques dans la prise de décisions tactiques et stratégiques.

Chaque année, IMS Health publie ses résultats sur le marché de l'automédication (nombre d'achats annuels en pharmacie en valeur et en nombre) à la demande de l'AFIPA. L'AFIPA s'occupe ensuite, d'analyser et d'établir un compte-rendu à partir de leurs statistiques.

Sur le site de l'AFIPA, le communiqué de presse et la présentation du compte rendu sont publiés dans le courant du mois de Janvier. Mon graphique a été élaboré à partir des huit documents de présentation du marché de l'automédication et construit pour pouvoir évaluer son évolution sur cette période.

En bleu foncé, nous avons les médicaments de type PMF non remboursés et en bleu clair, les PMF remboursés. La courbe violette représente l'évolution globale du marché « PMO » et « PMF » sur la période. Les valeurs de cette courbe sont lues sur l'échelle de droite.

Les PMF non remboursés : Les PMF augmentent tandis que les PMO baissent. On constate

globalement une baisse du nombre d'achats en pharmacie de 2001 à 2004. Or, la première vague de déremboursement des médicaments PMF avait eu lieu en 2001. À partir de 2004, la courbe s'accroît avec une dynamique plus importante, on passe par exemple de 252 achats en 2005 à 287 en 2007. En 2003 et en 2005 ont eu lieu les autres vagues de déremboursement. L'impact de ces déremboursements se perçoit peu de mois après l'acte.

En comparant l'évolution des PMF « remboursés » et celle des « non remboursés », on s'aperçoit que les achats de PMF sans ordonnance augmentent au fil des années contrairement aux PMF qui sont remboursés. Les patients s'automédiquent directement en pharmacie, sans passer par une consultation auprès du médecin généraliste. Le patient semble adopter une nouvelle attitude sur le traitement de sa maladie bénigne, est-ce un nouveau comportement ? Ou bien est-ce le résultat des déremboursements de manière globale ?

Les PMF remboursés : Les achats ont fortement baissé de 2001 à 2002. Mais à partir de 2002, la courbe baisse très légèrement de manière constante. Il n'y a qu'en 2001 qu'il y a un changement radical. Les déremboursements de PMF remboursés de 2001 ont provoqués ce résultat. C'est la première grande mesure de déremboursement qui a été appliqué pour limité le déficit de la caisse d'assurance maladie. Un bon nombre de médicament ont été réévalués par l'AFSSAPS et jugés « non remboursable à partir de cette date ».

Les achats PMO et PMF (en violet sur le graphique) : On remarque une baisse de 2001 à 2004, excepté en 2003 où l'on constate une légère hausse. Puis elle croît jusqu'en 2005 et décline à nouveau de 2005 à 2007. Le marché global connaît une baisse importante tandis que le marché des PMF est en essor. Si l'on compare la courbe des PMF/PMO avec celle des PMF non remboursés (en bleu foncé), on peut voir que la courbe violette suit la même évolution que les PMF non remboursé excepté en 2006 et 2007 où elle connaît sa plus forte baisse. L'évolution des PMF non remboursés devient indépendante de la courbe violette les deux dernières années. Le déremboursement de PMF en 2005 peut expliquer ce résultat.

Enfin, à trois moments clés : 2001, 2003 et 2005, on remarque que le marché total des PMF et PMO est en baisse. Ces trois dates correspondent aux déremboursements des médicaments PMF initiés par le gouvernement. Suite à la satisfaction de l'État sur les déremboursements de médicaments « remboursés » de 2001, ce dernier a renouvelé l'opération avec d'autres médicaments en 2003 et en 2005, toujours avec l'aide de l'AFSSAPS. Qu'en est-il du chiffre d'affaires générés sur ce marché?

25

20

30

15

10

5

0

2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007

1,8

16

Dépenses des PMF et PMO en pharmacie 2001 -2007

1,9

15

PMO PMF (Automédication)

1,7

19

19,8

1,5

20,8

1,6

24,2

1,8

25,07 12

1,9

Les données de ce tableau ont été extraites des comptes-rendus annuels du marché de l'automédication de la même agence d'étude IMS Health pour l'AFIPA.

En violet, nous avons les valeurs en milliards d'euros des médicaments de type « PMO » et en bleu les valeurs des médicaments de type « PMF ».

L'évolution des chiffres d'affaires des PMF est plutôt constante. Elle baisse globalement de 2001 à 2004 mais recommence à croître à partir de 2005. Le marché des PMF est stagnant si l'on regarde le graphique mais les données représentées sont en milliards d'euros. On peut parler d'une évolution positive mais elle n'est pas spectaculaire. D'après cet étude, cela relativise l'idée de succès. Pourquoi la courbe des PMF, bien que « positive », semble plutôt stagner sur l'ensemble de la période ? Quels sont les facteurs qui rendent cette courbe stagnante ?

Nous pouvons avoir recours à des données complémentaires, qui sont les valeurs issues du rapport de l'AFSSAPS, intitulé « Les ventes de médicaments aux officines et aux hôpitaux en France Chiffres-clés 2006 » publié en 2007. Cette source donne plus de précision sur l'évolution des PMF vendues en officines.

Attention à la différence entre l'histogramme de l'AFSSAPS et de l'AFIPA (il s'agit du premier graphique de cette partie). La différence entre l'histogramme ci-dessus et l'histogramme issu des données de l'AFIPA apporte des précisions sur les PMF.

Sur l'histogramme de l'AFSSAPS, les chiffres d'affaires ne concernent que les PMF « non remboursés » alors que sur l'histogramme de l'AFIPA, on considère tous les PMF « remboursés ou non ». Les données plus précises de l'AFSSAPS relève de l'automédication.

On y retrouve un récapitulatif des ventes en pharmacies des médicaments « PMF non remboursés » de 1996 à 2006. À partir de ce rapport sur les valeurs des PMF « non remboursés » de 2000 à 2006 de l'AFSSAPS, j'ai pu mettre en place l'histogramme ci-dessous :

Chiffre d'affaires des spécialités non remboursables vendues en
officines

1600

1400

1200

1000

400

200

800

600

0

1054 1119 1152 1183 1231 1259

1428

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006

L'AFSSAPS ne parle pas de « PMF » mais de « SMF » : Spécialité médicale facultative. Le terme n'est pas le même mais la Spécialité contient que les PMF strict et exclu les PMF remboursable. C'est pourquoi le chiffre d'affaires s'élève en millions et non en milliards d'euros.

Le chiffre d'affaires augmente de manière constante excepté en 2006 où la croissance est plus importante. A cette même période, j'ai pu relevé des archives sur le site « Pharmaceutiques.com » qui abordé le déremboursement de 2005.

« La Haute autorité de santé a rendu publiques aujourd'hui ses recommandations quant à le

3ème vague de médicaments à dérembourser. Sa réévaluation de 133 médicaments montre du doigt 89 d'entre eux, sur la sellette après avoir écopé de la mauvaise note « SMRI »10. »

Sur 221 médicaments réévalués par la commission de transparence, 156 sont déremboursés avec

une précision : « maintien temporaire jusqu'au 1er janvier 2008 de 62 d'entre eux à un taux de remboursement de 15 % ».

En revenant sur l'observation du graphique, on constate que le marché de l'automédication évolue positivement de manière constante. Il n'y a pas de pic spectaculaire sur la période et il est alors difficile de parler d'un « phénomène de mode » ou d'un succès.

10 SMRI : Service Médical Rendu Insuffisant

Conclusion :

En termes de valeur numérique pour les PMF qu'ils soient remboursés ou non, il y a trois dates clés à retenir : 2001, 2003 et 2005. En ce qui concerne l'évolution du nombre de PMF « non remboursés », il est évident que son succès est bien plus important que celui des « PMF remboursés » qui stagne. Le fait que la courbe des PMF « non remboursés » ne suive plus celle du marché global (PMF et PMO) peut s'expliquer soit par les déremboursements, soit par une transition des médicaments prescrits habituellement en « PMF » en « PMO » équivalents afin d'être remboursé.

Le chiffre d'affaires des ventes de PMF est en hausse depuis 2001 et ne cesse de croître jusqu'en 2007. Parmi les chiffres d'affaires de ces PMF, on constate une évolution positive constante des médicaments « non remboursés ». Les déremboursements de médicaments ont contribué à la croissance de l'automédication mais les résultats montrent que les patients achètent un peu plus qu'avant des médicaments « non remboursés » soit parce qu'ils sont restés fidèles à un traitement « PMF » qui été initialement remboursés, soit parce qu'ils n'ont pas d'autres choix que d'acheter leurs médicaments habituels (dont ils sont convaincus de l'efficacité) malgré le fait qu'il ne sont plus remboursés par la Sécurité Sociale.

Ce qui se dégage des statistiques de l'AFIPA et de l'AFSSAPS, c'est que le marché de l'automédication est en croissance. Néanmoins, c'est une évolution plutôt constante. Il n'y a pas de pic spectaculaire observable sur la période analysé.

Les données statistiques montrent que l'évolution est positivement constante, comment peut-on expliquer ces résultats de manière générale ? Pour comprendre, voyons en détails les nouveaux facteurs de développement.

2) Un marché qui se construit

L'analyse des données sur le marché de l'automédication a permis de dégager des dates importantes. Je vais désormais les confronter avec une centaine d'articles de presse de tous types et en ressortir les principaux événements qui peuvent expliquer l'accroissement de ce marché.

Les articles de presse sont triés en deux catégories : Presse Grand public et Presse pharmaceutique. Bien sûr, on trouve plus de précision sur la presse spécialisée santé que celle du Grand public concernant les déremboursements et autres mesures centrées sur le domaine de la santé. La presse Grand Public permet de voir l'évènement peut servir d'élément de comparaison à une même date donnée. Par exemple, en 2001, le premier déremboursement est très suivi dans la presse, qu'elle soit spécialisée ou non, tantôt avec des données très précis, tantôt avec les critiques de scientifiques ou d'experts. Autant d'information qui permet de mieux cerner les résultats de mes statistiques. L'élaboration d'une grille avec d'une part les dates et d'autres parts les articles de presse permet de voir les évènements importants qui ont pu influencer l'évolution du marché de l'automédication.

a) Une croissance issue de facteurs décisifs

Le principal évènement est le déremboursement des médicaments. En effet, il y a eu deux phases de déremboursements qui coïncident avec les dates clés repérées : 2001 et 2003. Dans un article de l'APM (Agence de la Presse Médicale), on retrouve ces citations : « Le poids de l'automédication lors des achats est passé de 12 % à 44 % en 2007».

La vente des médicaments d'automédications a progressé de manière importante après 2006. Le déremboursement a favorisé l'accroissement des ventes de produits PMF. En effet, en déremboursant des PMF « remboursés », la classe des PMF « non remboursés » ne fait qu'augmenter. La hausse s'explique par le fait que les patients continuent à acheter leurs médicaments « PMF remboursé » même s'ils sont devenus des PMF « non remboursé » après les déremboursements. De plus, le PMF déremboursé peut être acheté directement sans ordonnance. Cet achat participe directement à l'essor du marché des PMF « non remboursés ».

Le deuxième facteur de croissance est la dynamique du marché due en grande partie aux stratégies de marque des médicaments PMF « non remboursés ». « Cette progression a été due pour un tiers au phénomène des déremboursements et pour deux tiers à la dynamique du marché » écrit Dominique Perrot (Directeur du conseil et des services du cabinet d'étude IMS Health France) dans le journal « Les Echos » et « l'APM ».

Ce qu'on entend par « dynamique de marché » c'est la continuité de son évolution positive. La

courbe d'évolution étant croissante, on parle de la dynamique d'un marché.

Une dynamique soutenue également par des médicaments à forte notoriété, en particulier des antigrippaux ou des antalgiques. Ces médicaments connaissent une très grande notoriété telle que l'« Efferalgan Vitamine C » des laboratoires d'UPSA, telle que le « Doliprane » des laboratoires Sanofi-Aventis ou encore comme le médicament « Nicorette » des laboratoires Johnson&Johnson. Ces médicaments dominent grâce au travail des laboratoires sur le packaging et sur la publicité et bientôt sur les stands de présentation (grâce au passage d'OTC).

À ce niveau d'utilisation, il est vrai que la publicité, le « bouche-à-oreille » et l'habitude de consommation du patient entrent en jeu et favorise l'achat d'un médicament PMF. Sans compter que le patient suit le médicament PMF qu'il a l'habitude d'acheter et participe ainsi à son essor.

Un troisième argument se présente concernant l'évolution de l'automédication, c'est le nouveau comportement des acteurs. En observant le succès des médicaments PMF non remboursés, on peut remarquer que le patient continue de pratiquer l'automédication. Le consommateur achète de plus en plus de médicaments non remboursés. Une nouvelle attitude tend à se développer, celle de ne plus hésiter à soigner des maux bénins en allant directement à la pharmacie.

Les patients ne sont pas les seuls à suivre, un article du journal « Pharmaceutiques » explique selon une étude IMS Health qu'une majorité de médecins continuaient à prescrire les médicaments PMF qui ont été déremboursés. Ainsi, « 8,5 % de la PMF non remboursables » est prescrite et participe au marché de l'OTC. Leur motivation est simple, selon cet article : En prescrivant des PMF non remboursable, on fait comprendre aux patients que ce sont des médicaments de « confort » et qu'il faut revoir l'ensemble des médicaments consommés lors d'un traitement : « sur 4 médicaments prescrits, seul un ou deux sont vraiment nécessaires. Les autres sont plutôt des médicaments pour se soulager le temps de la guérison. » selon l'avis d'un médecin généraliste. Ils veulent ainsi, éduquer le patient aux différentes propriétés des médicaments malgré leurs réticences à cette pratique.

L'automédication est en hausse constante, les chiffres issus des statistiques le démontrent, cependant certains facteurs peuvent influencer l'évolution. Quels sont ces facteurs et à quel degrés peuvent-ils intervenir dans l'évolution ?

b) Les autres facteurs pouvant être liés à l'évolution

Le prix d'un médicament d'automédication a été mis en avant pour permettre à certains acteurs de profiter et d'exploiter le marché. Par exemple : « Les prix des médicaments déremboursés,

devenus libres, ont augmenté de 36 % en moyenne entre février et décembre 2006, dans d'inégales proportions selon les classes thérapeutiques. » mentionne le dossier de presse de Leclerc qui expose ainsi son principal argument pour commercialiser les PMF non remboursés devant les comptoirs de leurs parapharmacies.

Dans un article du journal « Le Monde » d'Avril 2008, le journaliste Yves Mamou précise qu'il y a effectivement eu des hausses de prix consécutive au déremboursement de Janvier 2008. Parmi les hausses, on cite le veinotonique Daflon (le prix a augmenté de 33%), le Difrarel, utilisé pour traiter les jambes lourdes et la fragilité capillaire, (le prix a augmenté de 70%), et puis le laboratoire Servier a même augmenté le prix du médicament de 200 à 300% pour compenser la baisse de son chiffre d'affaires à la suite du déremboursement.

L'UPSO : L'Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine assure dans un article de presse du journal « Le Figaro » que le prix des cent premiers médicaments de médication officinale n'ont augmenté que de 1%.

En ce qui concerne le prix, le ministre de la santé rappelle que depuis le 30 Mars 2008, un accord des bonnes pratiques commerciales a été signé par les syndicats officinaux et les laboratoires pharmaceutiques. Nous en parlerons en détails dans la suite de cette partie.

En effet, la plupart des médicaments ont vu leur prix augmenter après les déremboursements à cause, entre autres, du changement de TVA et des marges financières fixées par les pharmaciens.

En France, il existe deux TVA pour les médicaments, la première est fixée à 5,5% et est destiné à l'ensemble des médicaments non remboursable (PMF) et la seconde est à 2,1% et est réservé aux médicaments remboursables (PMO).

Le changement de TVA implique une certaine hausse de prix lors du passage d'un médicament PMO à un médicament PMF. Mis à part le changement de TVA, le pharmacien fixe le prix final du médicament, c'est pourquoi il peut varier d'une officine à une autre. Certains laboratoires ont volontairement baissé le prix de leur médicament « libre » pour s'adapter au changement et conserver leur part du marché mais ce n'est pas le cas de tous.

Ainsi, certains médicaments d'automédication ont des prix qui restent élevés et qui ne sont pas adaptés au marché de l'OTC. Les prix qui n'ont pas bénéficié d'une réduction lors de la transition des « déremboursements » resteront difficilement accessibles pour les patients et surtout pour les plus démunis. L'accès est pénible pour ceux qui ne sont pas couverts par une mutuelle ou ceux qui ne prennent plus de médicaments « non remboursés ».

Ce problème de prix est peut-être résolu cette année avec l'entrée en vigueur d'un accord sur les « Bonnes Pratiques Commerciales relatives à la transparence des prix des médicaments de médication officinale non remboursables » auquel Roselyne Bachelot, le ministre de la santé,

faisait échos dans le journal « Le Figaro ». Cet accord a été signé par les deux acteurs de santé qui fixent les prix des PMF : les pharmaciens et les laboratoires pharmaceutiques.

Il est important de souligner les points clés de cet accord :

· Les pharmaciens d'officine se doivent de fixer les prix avec tact et mesure.

· Les laboratoires pharmaceutiques s'engagent à pratiquer, pour les médicaments de médication officinale non remboursables, une politique tarifaire mieux adaptée aux nouvelles réalités du marché répondant aux besoins des patients.

Cet accord ayant été mis en place très récemment, nous n'avons pas encore les résultats et les témoignages des patients à ce sujet.

Un autre point qui peut limiter l'autoprescription c'est la crainte d'utiliser ces médicaments libres. Dans le journal « Panorama du médecin », dans un article qui mentionne les effets néfastes que peut engendrer l'automédication, j'ai pu lire qu'au Royaume-Uni, le paracétamol était la première cause d'intoxication par médicament, devant l'ibuprofène et l'aspirine.

On dénombre aussi, cette fois aux Etats-Unis, 100 décès et 13 000 visites aux urgences chaque année pour des surdosages de paracétamol. Le but de cet article était de montrer qu'il faut absolument passer par une éducation thérapeutique pour éviter les mauvaises utilisations et les problèmes de « iatrogénie ».

Le développement de la Sécurité Sociale, depuis plus de cinquante ans, a habitué les patients au remboursement quasi total de leurs soins médicaux. Habitué à être remboursés, les Français ne perçoivent plus la notion du prix des médicaments. Au-delà de ce système de soin, la culture est également un frein.

Dans le journal « Les Enjeux » des Echos de 2007, on peut lire : « En France, comme dans toute l'Europe du Sud, la coutume est de se tourner systématiquement vers un professionnel en cas de problème. Aujourd'hui cette exception française est remise en question par les contraintes budgétaires imposées par le vieillissement de la population. ».

Avec des habitudes de médicaments ancrées et les réformes de la Sécurité Sociale, il faut beaucoup de temps pour que le patient évolue et adopte une nouvelle façon de se soigner seul. Cette culture peut expliquer la dernière position de la France en matière d'automédication en Europe.

spectaculaire. Les articles de presse mentionnant l'autoprescription reviennent sur les mêmes arguments quant aux facteurs qui ont joué sur son évolution : déremboursements, culture du médicament, changement de comportement des acteurs... Finalement, il n'y a pas d'évènements plus marquants que d'autres pour expliquer les chiffres si ce n'est que le marché commence à s'installer.

Les données statistiques montrent que l'évolution est positivement constante, comment peut-on expliquer ces résultats de manière générale ? Pour comprendre, voyons en détail les nouveaux facteurs de développement ainsi que les enjeux des acteurs de l'automédication.

III. Un marché prometteur : Quels enjeux pour quels acteurs ?

Pour comprendre les facteurs sur lesquels repose l'évolution de l'automédication, il est important de comprendre les acteurs de santé, leurs rôles et les enjeux qui peuvent se présenter derrière ce marché. La plupart des informations les présentant sont issues directement des organismes. Des extraits de livres et d'articles de presse viennent compléter la description des acteurs afin qu'on puisse clairement identifiés leurs rôles et leurs parties prix sur le marché. Trois types de rôles se dégagent concernant l'automédication : Ceux qui sont « pour » et « contre » et ceux qui ont un avis partagé sur cette pratique. Commençons par ceux qui veulent promouvoir l'automédication :

1) Les instigateurs de l'automédication

a) Les porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques

Les laboratoires pharmaceutiques

Les laboratoires pharmaceutiques sont des puissants « lobby » qui recherchent toujours à augmenter leur bénéfice. Leur but est de conserver la pérennité de l'entreprise afin qu'elle se porte le mieux possible et donc de commercialiser un maximum de médicaments. Ce sont majoritairement les ventes des médicaments PMO qui sont les plus importantes, mais le marché de l'automédication se portant au mieux, attire également ces laboratoires. Les recettes attendus derrière ce marché de l'automédication sont les principaux objectifs de ces laboratoires pharmaceutiques.

Concernant l'automédication, il faut savoir que ces industries pharmaceutiques possèdent, très souvent, des grandes divisions au sein de leur organisation : chez le laboratoire GSK par exemple, il y a la division pharmaceutique et la division Santé Grand Public : les médicaments PMF font partis de la division « Santé Grand Public ». Chez le laboratoire Merck possède une division « médication familiale » qui désigne la catégorie « automédication » et chez le leader mondial du marché pharmaceutique : Johnson & Johnson, on a la division « Consumer Health Care ».

Pour défendre leurs idées et leurs pouvoirs, ces industries disposent de deux porte-paroles : le LEEM et l'AFIPA. Deux organismes très présents dans l'actualité de la presse et qui font beaucoup parler d'eux lors de réforme de santé. Nous les verrons en détail, après avoir vu l'évolution mondiale du marché de l'automédication. Voyons à présent, comment se porte ce marché ces dernières années :

en moyenne de 15 % mais l'ensemble des mesures prises par l'État en faveur de l'automédication aura sans doute comme effet de dynamiser le marché.

La part de marché dans le monde grimpe très vite chaque année (voir le graphique ci-dessous). L'OTC qui est peu développé en France, risque également de s'accroître et de connaître des chiffres très importantes suites aux mesures de l'État.

La croissance vue sur les statistiques du corpus montre que les ventes de PMF s'accroissent un peu plus chaque année. En 2007, la vente des PMF a augmenté de 4 % par rapport à l'année 2006. L'automédication permettrait de développer certains produits PMF des grands laboratoires et pourquoi pas de s'imposer comme des blockbusters. Les blockbusters sont les médicaments « stars » des laboratoires pharmaceutiques qui connaissent une forte notoriété dû à un succès qui se poursuit dans le temps. Ce sont ces médicaments qui permettent d'accroitre la notoriété d'un laboratoire mais aussi de marquer sa place sur le marché de l'OTC. Le Viagra du laboratoire Pfizer est un médicament blockbuster qui leur permet de se démarquer des autres par leur popularité. Nous verrons dans cette partie les enjeux des laboratoires pharmaceutiques, en quoi est-ce-qu'on peut les qualifier de « lobby » et enfin qu'ils sont représentés par deux grandes entités que sont l'AFIPA et le LEEM .

L'automédication est un espoir pour l'industrie pharmaceutique qui y voit l'avantage de marchés nouveaux, soutenus par un déploiement publicitaire touchant directement le « Grand Public ». Ces industries disposent de très grandes ressources pour la communication de leur lancement de produit. Ces firmes, s'inspirant des études et des résultats de l'AFIPA, convoitent le marché de l'OTC. Ce dernier, étant un marché prometteur si l'on regarde la croissance sur le

schéma ci-dessus, permettrait à beaucoup d'industries pharmaceutiques de faire des bénéfices importants.

Les laboratoires sont souvent qualifiés de puissant « lobby », et pour cause, ces industries pharmaceutiques consacrent une grande partie de leur recette à la promotion de leurs médicaments. Non seulement leur campagne de promotion des médicaments est très couteuse mais les laboratoires engagent beaucoup de visiteurs médicaux11 pour assurer la promotion directement auprès des médecins. Il est interdit de faire de la publicité sur les médicaments livrés sur ordonnance, par contre, pour les médicaments d'automédications, cela est toléré. Les laboratoires dépensent une somme colossale sur les lancements de leurs nouveaux produits d'automédications.

Sur le site « pharmaceutiques.com », j'ai pu relevé quelques constatations sur un article d'août 2007 : « Selon ses résultats relayés par Les Echos, en dix ans, les dépenses publicitaires et de marketing pour les produits pharmaceutiques ont triplé, atteignant 30 milliards de $ par an. Une somme qui représente de 20 à 30 % du chiffre d'affaires des laboratoires, soit autant que leurs dépenses de R&D. ».

Inutile de préciser qu'un lancement réussi a de grande conséquence sur le succès du médicament, c'est pourquoi les investissements marketing sont si importants. Les budgets déployés montrent bien que les laboratoires comptent exploiter ce marché qui ne fait que croître depuis des dix dernières années.

L'exploitation de ce marché peut permettre aux laboratoires de se soulager un peu en terme d'amortissement de leur coût en Recherche et Développement. En effet, les industries pharmaceutiques qui possèdent deux divisions « Pharmaceutiques » et « Santé Grand Public » peuvent amortir une petite partie de leurs coûts de Recherche et Développement sur le chiffre d'affaires généré par la division « Santé Grand Public » et plus précisément sur leurs produits d'automédication. Rappelons que c'est la capacité à produire des médicaments innovants qui maintiennent la continuité des grands laboratoires pharmaceutiques. Ainsi, ils doivent sans cesse sortir des médicaments novateurs. Pour cela, ils investissent au moins 5 % à 20 % de leur budget annuel en espérant obtenir un médicament sur mille en développement. Par exemple, GSK a investi en 2007 ,68 millions d'euros en Recherche et Développement (R&D) alors que leur budget annuel était d'environ 1500 millions d'euros hors gamme automédication (qui est de 200 millions d'euros). GSK a investi 4,5 % de son budget en R&D. Pour le laboratoire Pfizer (leader mondial), leur chiffre

11 Le visiteur médical est envoyé par le laboratoire pour rencontrer différents médecins afin d'assurer la promotion d'un nouveau médicament. Il espère ainsi convaincre le médecin de prescrire son médicament en présentant les facultés de ce dernier.

d'affaires en 2007 s'élève à 31 milliards d'euros et leur investissement en R&D est de 5 milliards d'euros soit 16 % de leur capital total.

D'après le livre « Le système de santé en France »12, les industries pharmaceutiques peuvent utiliser la marge financière faites sur leurs divisions de médicaments « Santé Grand Public » commercialisant les produits d'automédications pour diminuer le problème de financement. La gamme d'automédication ne représente pas plus de 5% de l'activité d'un laboratoire, ainsi même si celui-ci rencontre un succès sur sa gamme OTC, les bénéfices engendrés restent négligeables face à ceux des produits pharmaceutiques. Certes, l'apport des bénéfices issus des produits d'automédication est très faible par rapport à celui de la division pharmaceutique mais le marché de l'automédication reste toujours important pour le laboratoire. Tout d'abord parce que le marché augmente un peu plus chaque année mais aussi parce que les bénéfices suivront la même tendance si les laboratoires parviennent à bien exploiter ce marché.

Comprenant qu'il y a un potentiel à exploiter sur le marché de l'automédication, les laboratoires mettent à disposition des professionnels de santé et désormais des patients, des services sur leurs sites Internet. Parmi les services, on distingue les dossiers santé. Ces derniers décrivent les maladies bénignes dans un vocabulaire médical vulgarisé, avec des schémas et des illustrations, des définitions des symptômes, des moyens de prévention et des conseils pratiques. Contraint par la loi, ces dossiers précisent toujours de consulter un médecin car ces dossiers santé ne remplacent en aucun cas un diagnostic de médecin mais peuvent lui donner des conseils sur l'automédication d'un patient. Cette mention est importante car elle précise qu'il s'agit de conseil médical et non d'un diagnostic, ainsi, le conseil ne remplace en aucun cas le diagnostic d'un médecin.

J'ai pu poser une question à ce propos non plus au président de l'AFIPA, mais au PDG de GSK Santé Grand Public :

« Dévi : Les laboratoires pharmaceutiques commencent à développer les sites sur les informations pathologies. Pensez-vous que ces dossiers vont accentuer le succès de l'automédication ?

V. Cotard : Les patients ont aujourd'hui un savoir impressionnant par rapport à avant. Les industriels vont donc en ce sens en proposant ces informations pathologies. Par exemple le nombre de visites sur Doctissimo, le site communautaire de santé : 1 400 000 visites, montre qu'il y a une réelle attente de la part des malades. Ces dossiers santé peuvent éventuellement être une valeur ajoutée pour l'automédication. »

12 Voir Bibliographie, rubrique Livres

Cette question permet de voir si le comportement des patients peut effectivement jouer sur la courbe de l'autoprescription d'un point de vue de l'AFIPA. Il est vrai que les patients sont sans cesse à la recherche d'informations santé les concernant, le site de Doctissimo confirme cette tendance avec plus d'un million de visites par jour, ce qui est considérable quand on sait que cela représente presque le quart du score de Google. Les rubriques les plus consultées sur ce site sont la « santé » et « l'encyclopédie des médicaments » par une majorité de femme selon les sources de Doctissimo.

Les firmes pharmaceutiques offre des services au grand-public en mettant en ligne des dossiers pathologies où l'on peut comprendre les symptômes d'une maladie bénigne, comment la soigner ou la prévenir et stipule toujours de voir le médecin pour en savoir plus. En alimentant les besoins des patients sur les informations santé, les industries communiquent directement avec le grand-public. Ils y trouvent un intérêt car ils arrivent ainsi à attirer l'attention des internautes, à communiquer un message et ainsi à se créer une image positive de leur laboratoire. L'AFIPA confirme le fait que les dossiers santé peuvent être des vecteurs positifs à l'automédication.

D'autre part, en consultant le magazine « Que choisir santé ? » j 'ai pu relever que 31 % des Français surfent plus ou moins régulièrement sur Internet à la recherche d'informations santé, une information issue du dernier baromètre du « Cercle santé société13 ». Face à une demande élevée d'informations santé, les laboratoires pharmaceutiques voient l'un de leur rêve se réaliser : La communication directe avec le patient sans passer par l'intermédiaire des professionnels de santé. Cependant, soumis à des réglementations strictes en matières de communication sur le « médicament », ces firmes ne peuvent s'adresser directement aux internautes.

Avec l'aide des dossiers santé, les laboratoires offrent des services qui permettent aux médecins et aux pharmaciens de les aider dans leur relation avec le patient. Ce dernier veut souvent en savoir plus sur les pathologies. Ces dossiers permettent de comprendre, dans un vocabulaire médical vulgarisé, une pathologie.

Des dossiers qui ont vu le jour car souvent le médecin désire donner plus d'informations mais par manque de temps, il ne le fait pas systématiquement. C'est la première raison de la disponibilité de ces dossiers sur Internet.

Un nouveau terme est employé pour qualifier ce type de communication « laboratoires directement auprès des patients », on parle de « Direct to Consumer » ou « Direct to Patient ».

Cette expression, utilisée dans le magazine n°23 de « Prescriptions santé » en Janvier 2007, précise bien que les laboratoires communiquent sur les pathologies et ne doivent jamais cité de marques ou de médicament type PMO. Néanmoins dans ce magazine, quelques précurseurs du « Direct to Consumer » sont présentés : La campagne de publicité de Fournier sur la ménopause en 1995, la campagne de communication de l'antidépresseur Prozac appelé également la « pilule du bonheur » ou encore le programme « arc-en-ciel » du laboratoire Lilly destiné à répondre aux questions des dépressifs.

Toutes ces campagnes de communication abordent des domaines thérapeutiques avec un traitement adéquat et ne mentionnent à aucun moment des médicaments. Bien que les médicaments des laboratoires ne soient pas cités lors de ces campagnes de communication, ils essayent toujours de passer quelques messages subliminaux en jouant sur des objets rappelant un médicament de leur laboratoire comme par exemple : la couleur, la forme du logo... Ces laboratoires présentent leurs services comme un aide à la communication « patients/professionnels de santé ».

Dans cet article, on rappelle également qu'en 1995, la dépression était un mot tabou et peu de personnes savaient qu'il s'agissait d'une maladie souvent chronique et qui provoquait des rechutes dès lors qu'on arrête les traitements. Sur le dernier exemple cité de Lilly, la campagne avait rencontré un tel succès que ce laboratoire avait reçu par la suite des demandes de documentations de la part d'organisme public.

Ainsi, les laboratoires sont également des acteurs de santé et mettent à disposition des patients des outils pour les aider et les accompagner dans le domaine de la santé. Un moyen également de montrer la notoriété et les services de qualité fournis par les laboratoires, qui en échange même s'ils ne le disent pas souhaiterait des retours positifs sur l'achat de leurs médicaments.

Pour pouvoir s'exprimer et défendre leurs intérêts et leurs enjeux commerciaux, les laboratoires pharmaceutiques sont représentés par deux porte-paroles : L'AFIPA et le LEEM.

L'AFIPA

L'AFIPA, est le porte parole des laboratoires pharmaceutiques qui voient un véritable marché à conquérir. Le contexte actuel avec les déremboursements, les décisions de la commission européenne sur son avis favorable à l'automédication, profite aux laboratoires qui voient un enjeu

économique important. A l'aide des déremboursements, le prix des médicaments change et le bénéfice retenu sur ce dernier augmente. De plus, la mise en place du nouveau mode de distribution des médicaments PMF (placer devant le comptoir des pharmaciens) permettent aux laboratoires de tirer un plus grand profit en s'adressant directement aux patients. Commençons par définir le statut de l'AFIPA.

L'AFIPA : Association Française de l'Industrie Pharmaceutique pour une Automédication responsable est une association professionnelle qui représente les industriels du médicament d'automédication. Les membres de cette association sont des laboratoires pharmaceutiques et les membres associés sont des organismes qui travaillent avec ces laboratoires.

Leur mission est « de promouvoir les médicaments d'automédication, dans le cadre de la Santé publique, dans l'intérêt des patients/consommateurs et des industriels membres de l'Association ». Elle assure divers missions en France dont :

« L 'AFIPA assure sa mission : En favorisant le développement des médicaments d'automédication en France ; En faisant reconnaître les comportements d'automédication comme un élément essentiel pour la Santé publique et pour l'économie de la santé ; En favorisant le développement, tant au niveau des professionnels concernés que des consommateurs, de l'image de ces produits ; Et en représentant les industriels auprès des Pouvoirs publics, des médecins, des pharmaciens, des médias et des patients-consommateurs. »14.

L'objectif de l'AFIPA est de promouvoir l'automédication auprès de tous les acteurs. Ils représentent les laboratoires pharmaceutiques lors des grandes réunions de santé comme leur participation au rapport d'Alain Coulomb sur l'automédication pour le ministre de la santé. L'AFIPA est le porte-parole des industries pharmaceutiques auprès de tous les acteurs de santé sur l'automédication. Cette association publie des informations sur leur site Internet comme des études de consommation auprès des patients et des professionnels de santé sur l'automédication, des données économiques sur le marché de l'automédication, des textes et des documents institutionnels relatif au marché des médicaments, des dossiers et des communiqués de presse, ainsi que des liens vers d'autres sites partenaires.

Sur les articles de presse, issus des journaux spécialisés et grand-public comme « Le Moniteur des pharmacies, le Panorama du Médecin, France Soir » mentionnant le marché de l'automédication en France, les informations exploitées proviennent parfois des données économiques de l'AFIPA.

Pour les statistiques de l'automédication, c'est le cabinet d'étude IMS Health qui s'est chargé de mener une étude pour l'AFIPA. IMS Health est la quatrième société d'information et d'étude

14 extrait du site de l'AFIPA : www.afipa.org

marketing en France.

Les journalistes recueillent très souvent l'interview de spécialiste sur la question comme le président de l'AFIPA. Sur un article de presse du journal « Pharmaceutiques », on retrouve une interview du président de l'AFIPA Eric Maillard, en septembre 2007, qui par ailleurs est également président des laboratoires McNeil France. Dans cet article abordant de l'accès OTC, le président répond qu'il souhaite la mise en place d'espace dédié à l'automédication dans les pharmacies et que l'idée principale est d'améliorer l'accès au médicament pour favoriser le conseil du pharmacien.

J'ai, moi-même pu obtenir l'interview de l'actuel président de l'AFIPA : M. Vincent Cotard, qui est aussi président du laboratoire GlaxoSmithKline Santé Grand Public. Âgée de 44 ans, diplômé de l'Ecole supérieure de Commerce de Rouen et de l'Executive MBA HEC, Président de GSK Santé Grand Public depuis 4 ans, il a 15 ans d'expérience dans l'industrie pharmaceutique et dans l'automédication.

Le but de l'interview était de connaître sa position sur le marché de l'automédication, d'avoir un avis sur la position de l'AFIPA et d'analyser les nouveaux facteurs influençant l'automédication comme les déremboursements, le passage des médicaments PMF devant le comptoir ou la position favorable de la commission européenne.

Parmi les questions, il y en aura une qui portera sur la division Santé Grand Public dont Vincent Cotard est responsable au laboratoire GSK. Je m'adresserai alors au responsable SGP et non au président de l'AFIPA avec la question sur les produits d'automédications de GSK.Voir l'interview en annexe, Figure 8.

Sur la première question, l'une des sources clés de l'évolution positive de l'automédication est cité : Le déremboursement. Cependant ce n'est pas le seul facteur qui parviendra à lancer le marché en France, le terme de « switch » est abordé. Le mot "switch" (en anglais : commutateur) désigne la transformation par un laboratoire pharmaceutique d'un médicament PMO en un médicament d'automédication et donc vendu sans ordonnance au comptoir de la pharmacie.

Le "switch" est un moyen courant pour une firme de lancer un médicament dont les ventes baissent, ou qui va se trouver concurrencé par des nouveaux médicaments, ou par des copies à l'échéance d'un brevet. Les laboratoires pratiquent ce genre d'opération pour des raisons d'amortissements de coût sur les Recherches et Développement, néanmoins la concentration de molécule active de ces médicaments PMF est beaucoup moins importante et nécessite une formule médicale adaptée au marché de l'automédication. Ces « switch » permettront d'agrandir la famille

des PMF et peuvent être à l'initiative des laboratoires souhaitant agrandir leur offre en PMF. Les « switch » permettent également de profiter des molécules innovantes des laboratoires. Cette procédure est malgré tout très longue en France au niveau réglementaire et c'est pourquoi, dans l'interview, on parle de la procédure centralisée Européenne. Cette procédure implique, entre autres, qu'à partir d'un vote majoritaire des membres de l'Union européenne sur le lancement d'un médicament switché, il peut être mis sur le marché. Sa mise sur le marché concernant toute l'Europe, il sera également disponible en France. Cette procédure simplifie grandement les « switch » et l'on peut supposer que la tendance augmentera à partir d'aujourd'hui.

En résumé, le président de l'AFIPA est confiant sur l'évolution de l'automédication et attend de nouvelles mesures pour assister au décollage de ce marché. Des mesures qui sont majoritairement prises par l'État et les laboratoires pharmaceutiques.

Sur la troisième question, le succès de l'automédication passe sur la formulation du médicament selon le représentant de l'AFIPA. Les médicaments qui satisferont le plus de patient rencontreront une part de marché importante et participera à l'essor de sa catégorie de médication familiale. Le délistage est le fait de mettre en vente libre des produits uniquement accessibles sur ordonnance comme certains produits de sevrage tabagique.

Le délistage ou le déremboursement ainsi que le switch sont des moyens qui peuvent permettre de développer l'automédication. Les laboratoires ont plusieurs possibilités pour conquérir le marché de l'automédication. Voilà une hypothèse que nous n'avions pas encore vue jusqu'à présent et qui peut être prise en comptes.

Au cours de l'Interview, Vincent Cotard a également précisé sa préférence pour l'OTC dans les officines et non dans la grande distribution.

La deuxième question s'adressait au directeur de GSK SGP et non au président de l'AFIPA. La question porte sur sa position en tant que laboratoire par rapport aux nouvelles mesures prises par l'Etat.

Il semblerait que le laboratoire cherche à exploiter au maximum la mise en place des PMF devant le comptoir des pharmacies. Les services marketing des laboratoires, qui s'organisaient autour du packaging de leur médicament, s'intéresse désormais aussi à la PLV (Publicité sur le lieu de vente, par exemple un comptoir, une affiche, des matériaux de merchandising) de ce médicament. Ces comptoirs fabriquaient par les firmes pharmaceutiques sont proposés aux pharmaciens qui décident au final si oui ou non ils le mettront en présentation dans leurs pharmacies. Suite à cette réponse, j'ai également demandé s'il y avait une concrète valeur ajoutée à ces comptoirs. Il m'a alors répondu par l'exemple que vous avez lu ci-dessus. Les patients ont à leur

disposition dans les pharmacies, des tests médicaux comme les jeu de questions réponses sur des pathologies bénignes, ici, Vincent Cotard a repris l'exemple du fumeur qui veut évaluer son taux de dépendance et acheter le traitement qui lui sera le plus approprié. Les tests sont en libre service sur les comptoirs des pharmaciens et permettront aux patients d'obtenir les informations santé qu'ils recherchent sans toujours avoir à poser ses questions aux pharmaciens bien qu'ils disposent des deux sources d'informations. Ainsi, les laboratoires peuvent proposer davantage de publicité sur les médicaments PMF délivrés.

A l'aide de cette question, j'ai pu voir que les publicités des laboratoires sont également mobilisées au sein des pharmacies, comme s'ils voulaient communiquer directement avec le patient. Bien que cela soit du marketing, on peut prendre ce genre d'approche comme un moyen de favoriser un médicament d'automédication et ainsi de permettre de meilleurs ventes.

Pour promouvoir l'automédication et défendre ses valeurs, l'AFIPA a besoin de soutien et d'argument solide pour démontrer ses résultats et ses idées. Cette association s'inspire, par exemple, des compte-rendus d'un autre acteur qu'est la commission européenne.

En effet, l'AFIPA s'appuie sur les décisions de l'Union Européenne, un acteur de santé institutionnel important pour la santé publique, pour promouvoir l'automédication responsable en France. Le parlement européen a déclaré « qu'il convient d'encourager l'automédication responsable, ce qui s'accompagne du désir croissant des individus responsables, de prendre en charge leur propre santé et contribue à réduire les dépenses de santé ». Le 16 avril 199615, le parlement européen adopte une nouvelle résolution sur l'automédication.

Leur conclusion se base sur les résultats du marché de l'automédication en Europe qui est assez positif. Le parlement est clairement favorable à l'automédication et prête main forte pour encourager cette pratique en Europe.

Le parlement veut alors encourager la vente de PMF en vente de médicament libre devant les comptoirs et n'est pas contre les nouvelles mesures que l'État français avait mis en place.

La commission européenne a également donné son avis positif sur la question de l'automédication : « Je peux vous assurer de notre engagement pour faire du futur un succès pour le secteur de l'automédication. Ceci n'est pas seulement souhaitable mais également essentiel pour atteindre nos objectifs de santé publique et de politique industrielle », de Günter Verheugen, le Vice-président de la Commission européenne à la réunion de l'AESGP (Association Européenne

15 Résolution sur la « Communication de la Commission au Conseil et au Parlement européen sur les orientations de politique industrielle à appliquer au secteur

pharmaceutique dans la Communauté européenne»

des Producteurs de Spécialités Pharmaceutiques Grand Public) le 9 juin 2006 à Athènes. Ce qu'on entend pas « politique industrielle », ce sont les économies qui peuvent être réalisé auprès des systèmes de santé de chaque pays.

Les instances européennes sont pour l'allégement des systèmes de santé et pour la prise en charge autonome du patient. C'est pourquoi elles donnent un avis positif sur l'automédication.

Ainsi, l'automédication est vue comme une solution pour soulager le financement des systèmes de santé. Permettant d'alléger le système de santé publique, la commission européenne est donc favorable au développement de l'automédication en encourageant l'OTC, les délistages de médicaments, les publicités sur les PMF et les accords entre les acteurs de santé comme les pharmaciens, les firmes pharmaceutiques et les instances publiques.

L'AFIPA a un soutien important qu'est la commission européenne sur sa politique de développement de l'automédication responsable en France. Les relations de l'AFIPA avec les différents acteurs de santé peuvent être identifiées en suivant l'actualité pharmaceutique en France. Sur le sujet de l'OTC, l'AFIPA soutient les pharmaciens en expliquant que leurs métiers, les formations qu'ils ont étudiés et leurs expertises leur permettent d'avoir le monopole de l'officine. Le médicament n'est pas un produit banal et ne peut être délivré en dehors d'une officine. L'AFIPA souhaite avoir le soutien de tous les professionnels de santé pour promouvoir l'automédication. L'AFIPA a également trouvé un terrain d'entente avec l'État. D'après les études de l'AFIPA, l'automédication permettra une économie de 2,5 milliards d'euros sur une année à la caisse d'assurance-maladie si l'automédicaton se développe. De plus, l'automédication est un objectif de santé publique pour la commission européenne, l'État a tout intérêt à favoriser cette pratique également. N'oublions pas que l'État doit trouver une solution pour éviter le déficit de la caisse d'assurance maladie. Deux coïncidences qui font que l'AFIPA et l'État marche côte à côte pour développer l'autoprescription responsable en France.

En résumé, l'objectif de l'AFIPA est de dégager un maximum de moyens pour développer « l'automédication responsable » en France. Ils sont gardiens du bon fonctionnement de cette pratique et cherchent à impliquer davantage les patients sur leur capital santé. L'argument de la commission européenne joue en leur faveur et offre ainsi une opportunité à renforcer ce marché en France. Pour eux il y a un marché économique à conquérir dans les années à venir en utilisant leurs outils de communication, en s'appuyant sur les décisions de la Commission Européenne, en recherchant un soutien auprès de l'État et en s'alliant avec les acteurs de santé. Ils sont amenés à retravailler leurs politiques de communication d'habitude, réservés aux médecins, pour les patients. Les entreprises

pharmaceutiques voient à travers ces nouvelles mesures, un marché qui se développe et qui ne demande qu'à être conquis.

Si l'AFIPA tend à promouvoir l'automédication, un autre porte-parole des laboratoires pharmaceutiques est présent mais défend des intérêts plus généraux. Il s'agit du LEEM : Les Entreprises du Médicament. L'AFIPA travaille également en collaboration avec le LEEM pour proposer des actions en faveur de l'autoprescription.

LE LEEM

Le LEEM regroupe un grand nombre de laboratoires pharmaceutiques et les représente lors de grands débats de santé. Cette organisation a deux rôles en France : c'est un organe de décision et d'étude.

En tant qu'organes de décision, le LEEM se compose d'une Assemblée générale qui vote les grandes idées, d'un Conseil d'administration et de leur président. Les décisions sont prises par une Assemblée générale au LEEM. C'est ensuite le Conseil d'administration qui exécute et met en place ce que l'Assemblée générale a voté. Sur le site Internet du LEEM, on peut lire que les décisions prises par cette dernière sont dans l'intérêt générale de la profession ou d'un particulier issu de ses membres.

En tant qu'organes d'études, le LEEM dispose des Commissions, d'un comité stratégique et d'organes d'exécution. « Les commissions et leurs groupes de travail ont pour objet d'étudier, de façon permanente ou en fonction des questions d'actualité, les principaux problèmes intéressant l'industrie pharmaceutique. » cité sur le site Internet du LEEM. Les études sont donc décidées par le LEEM et peuvent être des documents à présenter à divers acteurs institutionnels comme l'État.

Les entreprises du médicament ont pour mission de créer et de développer des médicaments et vaccins nouveaux, pour les maladies graves ou « sociétales ». Selon le LEEM, leur rôle consiste à élaborer et à faire respecter l'éthique de la profession, à faciliter les échanges entre ses membres, à défendre leurs intérêts collectifs et à resserrer les liens avec les autres professions de santé. Le LEEM traite de plusieurs sujets d'actualités sur la santé. On retrouve par exemple sur son site Internet16 des informations et des rappels de mesures politiques votées en France et en Europe concernant la santé et les laboratoires pharmaceutiques. Dans la rubrique médicament, cinq principaux thèmes sont rappelés : Les codes de bonnes pratiques cliniques, l'automédication, les médicaments génériques, le bon usage du médicament et les médicaments orphelins. Bien sûr, nous nous intéressons à la partie « Automédication ».

16 Site web du LEEM : www.leem.org

Le LEEM résume en quelques paragraphes ce qu'est l'automédication et comment engager des actions concrètes pour participer à l'essor de ce marché. Le LEEM ajoute que la réglementation française offre un champ restreint à l'automédication. C'est sur ce dernier point que le LEEM veut travailler et accomplir de nouveaux objectifs d'évolution.

Dans le cadre de la réglementation sur l'OTC, le LEEM, l'AFIPA et les syndicats de pharmaciens (FSP : Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France, UNP : Union Nationale des Pharmacies de France et UPS : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine) ont signé un accord de bonnes pratiques de gestion des prix des PMF, le 30 Mars 2008 .

Le but de cet accord est de garantir une maîtrise de la gestion des prix sur les médicaments de PMF. Cet accord, fait avec l'aide du ministre de la santé Roselyne Bachelot, montre que les industriels participent à l'expansion de l'automédication en faisant attention aux prix des PMF. Ceci est également dans leur intérêt s'ils veulent conserver la clientèle, les parts du marché et leur positionnement sur l'OTC.

Le rôle du LEEM dans l'automédication est donc de développer ce marché dans un intérêt économique. Étant un syndicat des groupes pharmaceutiques, le LEEM défend ses enjeux au même titre que l'AFIPA. L'AFIPA, rappelons-le, défendent les intérêts des fabricants de médicaments PMF.

L'AFIPA se consacre exclusivement à l'automédication, aux produits PMF, tandis que le LEEM s'engage sur des missions plus générales lié aux médicaments. Le LEEM et l'AFIPA ont le même objectif sur l'automédication : Favoriser et adopter cette nouvelle pratique auprès des Français afin que les laboratoires pharmaceutiques puissent exploiter et tirer profit du marché.

Le LEEM précise que la campagne regroupant les actions pour le développement de l'automédication est lancée de la même façon dans tous les pays de l'Union Européenne, il ne s'agit donc pas d'une campagne locale. Cette campagne européenne tombe au moment pour l'État qui recherche une solution pour palier au déficit de la Sécurité Sociale. Derrière le marché de l'automédication et les décisions de la commission européenne, l'État a désormais toutes les cartes en main pour lancer ses nouvelles mesures : les déremboursements et le passage des médicaments d'OTC devant le comptoir.

b) Les acteurs institutionnels

L'État :

problème de financement de la sécurité sociale et les résolutions de la commission européenne sur l'encouragement de « l'automédication responsable ».

Dans le premier cas, l'automédication permettrait, selon l'AFIPA, à la caisse d'assurancemaladie de faire des économies et de retrouver une courbe beaucoup moins déficitaire que les années précédentes. Dans le livre « Le système de santé en France» de Bruno Fantino et Gérard Ropert édité en 200817, il est précisé que l'assurance maladie permet à toute la population d'accéder à tous les médicaments les plus récents comme les plus coûteux. Le patient hospitalisé dispose très vite des médicaments innovants grâce à une procédure d'autorisation temporaire d'utilisation qui permet de soigner l'hépatite C, le sida, le cancer en bénéficiant des résultats les plus récents de la recherche. Mais l'innovation coûte de plus en plus cher à l'Assurance maladie qui a des ressources naturellement limitées. L'autre raison est dû au fait que les français consomme beaucoup de médicaments dont la plupart sont remboursés à plus de 70%. Le système de santé généreux et les français, habitués à consommer des médicaments, font que la caisse d'assurance maladie connait des difficultés à se financer. L'État recherche, dans un souci d'économie, à promouvoir l'automédication et à réduire les dépenses de santé permettant à la Sécurité Sociale de rembourser moins.

Le ministre de la santé, Roselyne Bachelot, ex-docteur en pharmacie, décide d'inciter cette pratique et entame de nouvelles mesures avec l'aide de l'HAS et de l'AFSSAPS. Ces nouvelles mesures sont les déremboursements de médicaments PMF à SMR insuffisant (le procédé est expliqué dans la première partie) de 2001, 2003 et 2005. Des déremboursements qui ont accru le marché des PMF et qui ont permis de voir que le patient s'automédique. A voir les résultats positifs, une nouvelle action a été proposé par l'AFIPA et approuvée par le ministre de la santé en début d'année 2008, c'est le passage des médicaments PMF en vente libre devant le comptoir des pharmaciens.

Ainsi, le patient pourra acheter son médicament de la même façon qu'une crème solaire mais attention, cette vente libre doit se faire sous l'oeil bienveillant du pharmacien qui reste garant du conseil médical selon le ministre de la santé. Le but de cette action est de responsabiliser les patients sur l'automédication et de leur donner une plus grande liberté sur les médicaments PMF en vente libre. Cependant, le médicament n'est pas un produit banal, il est doté d'une AMM qui garantit la qualité, l'efficacité et la nature de ce produit.

Dans un article de presse du Moniteur des pharmaciens, Roselyne Bachelot confirme sa position et tend à rassurer les pharmaciens sur l'OTC, lors de son discours d'inauguration de Pharmagora

17 Voir références bibliographiques dans la rubrique « livres »

2008 (salon de référence de la pharmacie) : « Le but est de garantir à nos concitoyens une transparence légitime, de leur assurer la meilleure information possible sur l'usage de ces médicaments, de jouer le jeu de la concurrence et de renforcer le conseil... Cette mesure contribuera à améliorer le pouvoir d'achat des citoyens, favorisera l'éducation thérapeutique et préservera l'ensemble des garanties de sécurité sanitaire que l'officine apporte aujourd'hui. »

Le discours s'appuie essentiellement sur la responsabilité du patient concernant sa santé et sur les moyens d'économies que l'État recherche. On parle également du pouvoir d'achat, en effet, en jouant sur les prix concurrencés, le patient a le choix de comparer et d'acheter son médicament d'automédication. Le ministre fait appel à un changement de comportement des acteurs et à bien cerner les avantages que peuvent représenter le passage des PMF devant le comptoir. Il est donc hors de question que les PMF en vente libre soit distribués en dehors des pharmacies puisque l'éducation thérapeutique, faites avec le pharmacien, est prise en compte.

Voilà les objectifs auxquels se prête le passage des médicaments PMF en vente libre. La mise en place de dossier pharmaceutique retraçant les traitements des patients permettra très prochainement de sécuriser et de prévenir les risques d'iatrogénies sur les médicaments PMF. Les dossiers pharmaceutiques sont encore en cours de traitement par l'État mais sont prévus dans un futur proche afin de faciliter les relations pharmaciens/patients. Ces dossiers préparés initialement par le médecin généraliste traitant, permet de voir les traitements en cours ainsi qu'un historique des médicaments que le patient à consommer. En ayant plus d'information sur le patient, le pharmacien peut cibler d'avantage le médicament approprié et le conseillé lorsqu'il viendra chercher d'autres médicaments.

Suite à cette action, les grandes distributions décident d'agir en proposant de commercialiser ces PMF dans leurs parapharmacies comme le cas de Leclerc lors de sa campagne de communication. L'argument des supermarchés Leclerc concerne l'augmentation de 25 % en moyenne sur le prix de ces médicaments PMF. Leclerc assure que les PMF commercialisés dans leur enceinte ne verront pas cette hausse et que cela permettra aux consommateurs de faire des économies. L'État se positionne contre car le médicament doit bénéficier du conseil du pharmacien. Roselyne Bachelot répond, lors de la confrontation à l'Assemblée Nationale « Le monopole pharmaceutique n'est pas un privilège. Il est la contrepartie d'un certain nombre d'obligations, l'exercice pharmaceutique par un diplômé ». L'expertise et la mise à disposition d'informations doivent passer par le professionnel de santé. Elle cite également l'exemple de l'Italie, pays dans lequel les PMF sont commercialisés dans les parapharmacies de grande distribution, une baisse de 25 % sur les prix a été perçu au début des ventes mais après la libéralisation, les prix ont ré augmenté. La distribution en dehors des pharmacies n'est donc pas une solution appropriée envisageable selon l'État et ce

dernier continue sa communication sur l'OTC.

L'État et L'Europe

La deuxième raison qui pousse l'État à promouvoir l'automédication, c'est la décision de la commission européenne. En effet, il y a le soutien de l'Europe sur le fait que l'automédication est considérée comme un objectif de santé publique. En juin 1994, la commission européenne a adopté un programme d'action communautaire de promotion, d'information, d'éducation et de formation en matière de santé. Ce programme souligne que les conseils et les informations délivrés aux consommateurs doivent être de nature à leur assurer une automédication appropriée, sûre et responsable. L'objectif de ce programme est de faire en sorte que tous les médicaments PMF soient adaptés à l'utilisateur, « n'offrant que la possibilité d'aider à prévenir et à traiter les symptômes de durée brève et les maladies légères qui ne requièrent pas de consultation auprès d'un médecin ». Une information suffisante et pertinente doit donc être prodiguée à l'utilisateur afin d'obtenir le meilleur bénéfice thérapeutique possible. Il faut donc aller en son sens et favoriser l'autoprescription. Cela peut expliquer le passage de l'OTC devant les comptoirs des pharmacies, les déremboursements ou encore la mise en place prochaine des dossier médicaux.

Les décisions de l'Union Européenne ont des conséquences importantes sur l'évolution de l'automédication au sein de ses pays membres dont la France. La décision de la commission européenne a été voté après avoir observé l'attitude des européens envers leur propre santé. Ces derniers consomment beaucoup de médicaments d'automédications par rapport à la France mais aussi parce que leur système de santé ne leur permet pas de faire autrement (c'est à dire que les médicaments prescrits sur ordonnance sont faiblement remboursés, l'automédication leur ai plus satisfaisante). Remarquant que la majorité des européens faisait souvent appel à l'automédication, la commission décide de promouvoir l'automédication dans tous les pays membres. La France, étant un des membre des pays fondateurs de l'Europe, participe également à ces campagnes de promotion locale. La France doit resserré les liens avec l'Europe et affirmer sa position dans cette unité car l'enjeu politique y est très important.

L'Europe est un acteur qui a des pouvoirs importants sur la France. Les idées et les décisions qu'elle défend ont une valeur non négligeable pour tous ses pays membres. C'est pourquoi la position de cet acteur sur l'automédication est conséquent et permet à la France d'appuyer et de mettre en place de nouvelles mesures concernant l'automédication. L'Europe a un rôle d'adjuvant indirect pour les laboratoires pharmaceutiques qui peuvent tirer profit sur le marché de l'automédication (en développant l'automédication, les parts de marchés sont plus importantes) mais

c'est surtout à l'État que la situation profite car elle est en pleine crise sur son système de santé français. Développer l'automédication signifie favoriser les achats des médicaments non remboursés et permettrait à la Sécurité Sociale de faire des économies, or toutes les solutions permettant à l'assurance maladie d'éviter un énorme déficit sont les bienvenus. Disposant d'un atout puissant qu'est l'Europe, l'État commence à mettre en place de nouvelles mesures comme les déremboursements pour favoriser l'automédication.

L'État a le rôle de promouvoir l'automédication en tant que comportement responsable, pour cela, il a pris ces dernières années des mesures, comme les déremboursements de médicaments, le passage devant le comptoir, pour responsabiliser le patient et l'encourager à l'éducation thérapeutique auprès des professionnels de santé. Le passage des médicaments PMF devant le comptoir des pharmaciens approchent donc à grands pas, seuls les résultats des ventes en pharmacie après la nouvelle mise en place, permettront de voir si cette action aura un impact significatif sur l'évolution du marché de l'OTC. Les représentants des laboratoires pharmaceutiques et l'État s'associent pour répandre un nouveau comportement venu de l'Europe tantôt pour les enjeux économiques du marché, tantôt pour ancrer les nouvelles dispositions exprimées par la commission européenne. Si l'État a décidé d'enclencher ses actions pour l'« automédication responsable », elle s'appuie toujours sur des décisions des organismes de santé publiques telle que l'AFSSAPS.

L 'AFSSAPS

L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS) dont le directeur général est Jean Marimbert (Expert reconnu des questions sociales et du monde du travail, Jean Marimbert, 47 ans, est aussi un spécialiste des questions sanitaires), évalue la sécurité d'emploi, l'efficacité et la qualité des produits de santé. Elle assure également la surveillance des évènements indésirables ou inattendus liés à leur utilisation qu'on appelle également la pharmacovigilance. Elle exerce des activités de contrôle en laboratoire et conduit des inspections sur les sites de fabrication et de recherche. Enfin, elle mène des actions d'information auprès des professionnels de santé et du public pour améliorer le bon usage des produits de santé. Voilà des missions qui déterminent leur place dans le système de santé français, mais quel est son rôle dans l'automédication ?

Je rappelle que la commission de transparence est une partie de l'AFSSAPS et elle définit lors de l'AMM, la nature du médicament : PMO ou PMF. La commission de transparence est composée de professionnels de santé libéraux et hospitalier, de médecins généralistes et spécialistes, de pharmaciens et d'experts en épidémiologie. C'est également cette commission qui évalue les SMR.

(Expliqué lors de l'État des lieux dans la première partie). Elle évalue les médicaments suivant des critères médicaux et scientifiques. L'AFSSAPS a donc joué un rôle décisif sur les déremboursements des PMF de la Sécurité Sociale. Elle ne prend pas position sur les actions que mènent l'État mais évalue dans le cadre de la sécurité de la santé publique les points à ne pas négliger pour mener à bien ces mesures. Cette dernière a un rôle de conseil et de décision et répond par des recommandations auprès de l'État. Cette agence a également un autre rôle important dans l'automédication. L'AFSSAPS sélectionne et recommande les listes de médicaments PMF pouvant passer de l'autre côté du comptoir. Ce sont leurs études et leurs évaluations scientifiques qui déterminent les PMF susceptibles d'être mis en vente libre sur le comptoir.

Principal organe de décision sur la sécurité sanitaire en France, cette agence encadre et veille sur une bonne mise en place de l'OTC, notamment en distinguant les médicaments PMF capable de franchir le comptoir du pharmacien. L'AFSSAPS ne prend aucun parti par rapport à l'automédication cependant c'est grâce à elle que les déremboursements de certains médicaments ont pu être mis en place. Plusieurs déremboursements ont eu lieu en 2003 et 2005 suite à la réévaluation d'une catégorie de médicaments par la commission de transparence.

Un autre acteur institutionnel entre en scène pour participer aux nouvelles mesures de déremboursements de l'État : l'HAS.

La HAS

« L'HAS a été créée par la Loi du 13 août 2004 relative à l'assurance-maladie afin de contribuer au maintien d'un système de santé solidaire et au renforcement de la qualité des soins, au bénéfice des patients », ainsi se définit l'HAS sur son site internet18. L'HAS a un rôle de régulateur et de gardien vis-à-vis de la santé publique. Elle a un rôle important sur les déremboursements, notamment en raison de ses missions.

La Haute Autorité de santé a plusieurs missions dont deux qui m'intéressent tout particulièrement concernant l'automédication : l'aptitude à proposer un médicament PMF au remboursement ou au contraire de le retirer à l'assurance maladie, et la communication sur les bonnes pratiques de santé auprès du public.

La première mission est issue de leur site Internet : « Évaluer scientifiquement l'intérêt médical des médicaments, des dispositifs médicaux et des actes professionnels et de proposer ou non leur remboursement par l'assurance-maladie ». La HAS est donc habilitée à proposer ou à retirer des

titres de remboursements de médicaments auprès de l'assurance-maladie, cependant elle peut le faire à tout moment et non dans un contexte particulier comme pour l'AFSSAPS. Les remboursements que peut proposer la HAS ne concernent pas seulement les médicaments, elles peuvent être de tout autres natures comme le précise la définition de la mission.

La deuxième mission de cette autorité est la suivante : « Promouvoir les bonnes pratiques et le bon usage des soins auprès des professionnels de santé et des usagers de santé ». La HAS veille à la sécurité de la diffusion d'informations santé. Or, on sait que les laboratoires, les complémentaires assurances, les professionnels de santé ou le gouvernement diffusent des informations pathologies et autres sur la santé en France pour encourager l'automédication. La HAS a donc accrédité un organisme de certification de sites web médicaux pour veiller à la sécurité des informations santé qui circule sur Internet : HON (qui signifie Health on the Net). Tous les sites médical ou institutionnel parlant de pathologies santé peuvent acquérir le logo HON qui garantit le respect de sa charte. La charte HON résume en quelques lignes un code de conduite mettant en avant la transparence des informations qu'elle met à disposition du grand public, la lisibilité du contact, la capacité à donner des informations complémentaires et à ne pas remplacer la relation patients- médecins...

Tous les sites de santé s'adressant au grand public et aux professionnels de santé ont intérêt à disposer de cette certification car elle garantit la fiabilité et le respect du code HON qui est accrédité par la HAS. D'ailleurs les sites Internet ayant obtenu la certification, peuvent mettre sur leur site le logo HON prouvant qu'ils ont été certifiés avec la date de certification.

Ces instances réglementaires n'ont pas de position à prendre sur l'automédication, ils ont un pouvoir de contrôle sur les informations et le système de santé français. Néanmoins si elles ne prennent pas position, elles participent activement à la mise en place des mesures de l'État sur l'automédication.

Nous venons de voir jusqu'à maintenant des acteurs de tous types, qui participent à l'essor et à la réglementation de l'automédication, qui recherchent des enjeux économiques et ceux qui veulent promouvoir cette pratique. Certains acteurs, qui ne sont pas forcément issus du domaine de la santé,

trouvent également des solutions pour exploiter le marché de l'automédication et jouer ainsi sur son évolution, c'est le cas des mutuelles et des assurances complémentaires payantes. Les mutuelles ont également joué leurs cartes. En effet, certaines mutuelles proposent de véritables sites pour aider leurs abonnés à choisir le meilleur rapport qualité-prix sur les médicaments PMF.

c) Les mutuelles et les complémentaires santé

Avec l'arrivée des déremboursements de médicaments, les mutuelles annoncent une augmentation de la cotisation des abonnés. Je vais dans un premier temps parler des mutuelles de santé puis des assurances complémentaires qui proposent de nouvelles offres avec l'augmentation de l'autoprescription.

Les Mutuelles

Les mutuelles a but non-lucratif informent les abonnés de l'augmentation des cotisations sur leur site internet respectif. En effet, sur le site de la Mutualité française, qui recense plus de 2000 mutuelles à son actif, celle-ci signale que les médicaments PMF à SMR insuffisant qui étaient remboursés à 15 % ne le seront plus du tout. Ces mutuelles ne sont pas contre l'automédication, au contraire cette pratique leur permet de faire des économies de remboursement auprès des abonnés. Le remboursement des médicaments de PMF varie suivant les mutuelles. Sur une affiliation de base, elle n'est normalement pas prise en compte, cependant rien n'empêche de proposer d'autres services qui correspondront aux attentes des abonnés. Le but des mutuelles est d'exploiter le marché de l'automédication car celle-ci se développe depuis ces dix dernières années. Pour cela, elle propose des services spécialisés et adaptés à différents profils de clients. En effet, les mutuelles privées peuvent tout à fait proposer des offres correspondant à des personnes qui s'automédiquent souvent en pharmacie.

Sur le site du ministère de la santé, il est précisé que les mutuelles peuvent avoir un rôle commercial suite à l'expansion de l'autoprescription : « Le rôle des mutuelles dans la prise en charge de l'automédication s'inscrit aujourd'hui dans une logique commerciale, mais la mise en place des « contrats responsables » incite les complémentaires à participer plus activement à une politique de santé. » extrait du site www.sante.gouv.fr.

Pour être remboursé de manière optimale, il faut payer un peu plus pour se couvrir. C'est pourquoi on parle de « logique commerciale». A ce niveau, les mutuelles entrent en concurrence et les abonnés choisissent le meilleur rapport couverture/remboursement. Ce sont les options supplémentaires que les mutuelles proposent qui entrent dans une logique commerciale. Seul les

meilleurs tarifs seront appréciés par les abonnés. Les contrats responsables sont des contrats auxquels les patients doivent respecter un certain nombre de conditions et en particulier ne pas prendre en charge certains dépassements d'honoraires lorsque celui-ci est hors parcours de soins. Les mutuelles s'organisent pour proposer des services supplémentaires adaptés à chaque patient et l'automédication n'en fait pas exception.

Dans cet extrait issu du site Internet du ministère de la santé, on ajoute encore, que les complémentaires santé prennent part au développement de l'automédication en proposant et en regroupant des services sur les médicaments PMF. Les mutuelles proposent des tarifs selon le profil de chaque abonné, à savoir s'il s'automédique souvent ou non. Si le malade s'automédique souvent, il choisira un tarif le remboursant au maximum mais il devra en échange payer des cotisations beaucoup plus importantes. Tout est relatif au profil de l'abonné. Une stratégie qui est reprise également par les complémentaires santé.

Les complémentaires santé

Les assurances complémentaires santé se distinguent des mutuelles par le fait que ce sont des sociétés commerciales. Leurs buts est de profiter au maximum des réformes sanitaires telles que les déremboursements pour proposer des services et des tarifs très intéressants. Ils espèrent ainsi exploiter le marché de l'automédication via Internet. Les sites des assurances complémentaires proposent des services complets comme des sites de consommateurs où celui-ci peut juger, choisir et acheter en ligne ses médicaments d'automédications.

Suite au rapport d'Alain Baumelou sur l'automédication en France, retranscrit dans l'article de presse de janvier 2007 du journal Libération, le site Internet SantéClair qui regroupe les activités de services santé comme AGF, la MAAF et MMA, propose à leurs abonnés un panier virtuel pour l'achat de certains médicaments d'automédications.

Ce panier virtuel peut-être comparer à un caddie d'un supermarché dans lequel on dépose les courses. Ici, l'abonné choisis ses médicaments, les ajoute dans le panier et paye directement en ligne sur la plateforme Internet le prix total de ses médicaments. Ces derniers lui seront livrés dans les mêmes conditions qu'un colis de la poste.

Les tarifs intéressants qu'ils proposent s'organisent par forfait. En mai 2005, la MMA avait commencé un forfait annuel de 30 à 60 euros sur certains de leurs contrats, pour les médicaments de rhume, du sevrage tabagique ou encore pour les trousses de voyages. Ces complémentaires santé comptent sur les recettes de ces contrats pour dégager leurs bénéfices.

AGF, la MAAF et MMA ont regroupé leurs activités de services et de conseils au sein du site SantéClair afin de mieux répondre aux besoins de leurs abonnés.

Sur ce site, ils ont décidé de proposer un tout nouveau service sur l'automédication. SantéClair met à la disposition de ses assurées santés un site de référence entièrement dédié à l'automédication. L'information est d'ailleurs disponible sur leur site Internet mais l'accès est restreint. Seul les membres peuvent se connecter et bénéficier de ce Service supplémentaire. Environ 3000 médicaments d'automédications y sont référencés, classés et comparés afin que l'abonné choisisse le médicament qu'il lui paraît approprié. Sur le site de la Maaf, on liste tous les services proposées par cette complémentaire santé dont celle lié à l'automédication :

Leur but est d'éclairer les choix du consommateur grâce à leur nouvel outil sur Internet et de leur permettre des économies sur les médicaments PMF. J'ai pu trouver des informations sur le contenu de ce site, grâce à un article de presse issu du « Quotidien du médecin » et du « Moniteur du pharmacien ». On remarquera que les informations détaillées ne sont disponibles que dans la presse spécialisée. Cela montre que les informations sont ciblées « professionnels de santé », peut- être parce que ce sont les meilleurs conseillés des malades et qu'ils peuvent créer un phénomène de « buzz »19 autour de ce site. De plus, le fait que le site soit sécurisé et uniquement accessible aux abonnés incite les futurs clients à s'abonner pour découvrir les services proposées par les complémentaires santé. Comment s'organise ce site?

Dans un premier temps, l'abonné, se connecte avec ses accès sécurisés sur le site de SantéClair, trois types d'entrées sont proposés : Par symptôme, par liste de médicaments PMF et par conseils et

bonnes pratiques.

Le premier accès « par symptôme » étant par défaut, informe sur les précautions à prendre sur les risques d'interactions, d'effets secondaires. Le deuxième accès présente une liste de médicament avec leur rapport efficacité/tolérance (notés de 1 à 20) et leur prix. Et enfin le troisième accès « conseils et bonnes pratiques » met à disposition du malade, des fiches pratiques sur les pathologies et les bonnes pratiques pour prévenir.

Toutes ces informations sont réglementées par le professeur J.P. Giroud (représentant de l'Académie de médecine à l'AFSSAPS) et le docteur C.G. Hagège (docteur en médecine). Le docteur Hagège assure même que les notations des médicaments PMF ne sont pas d'un avis subjectif : « La notation s'appuie sur les connaissances scientifiques internationales actuelles ».

Le site de SantéClair propose ainsi un site dédié à l'automédication en sélectionnant le médicament PMF suivant une notation et une liste de médicaments PMF rangés par ordre alphabétique selon le rapport qualité-prix. Il s'agit d'un site qui permet à l'abonné de comparer, évaluer et acheter ses médicaments. Le but est de pouvoir proposer des économies aux patients et d'enrichir leur portefeuille d'offres complémentaires santé. Sur le site de MMA, je retrouve des offres proposant des remboursements de produits d'automédications :

« MMA a prévu des forfaits tout confort pour vos traitements de médecine douce (phytothérapie, homéopathie, oligo-éléments) et vos médicaments achetés sans ordonnance en pharmacie ».

Ces contrats qui permettront de rembourser les PMF sont des offres spécialisées des complémentaires santé. Sachant que le marché de l'automédication s'accroît chaque année, les complémentaires santé s'activent sur Internet et participent ainsi à l'essor de l'automédication.

2) Les acteurs mitigés face à ce marché

Nous allons désormais nous intéresser aux acteurs qui sont par leur métier complètement impliqués sur la question de l'automédication. Ces acteurs ont des avis mitigés sur le marché de l'automédication.

a) Les pharmaciens et la grande distribution : une finalité différente

On va commencer par la présentation du rôle du pharmacien au coeur de l'automédication grâce à l'interview d'ISABELLE Rosette, pharmacienne à Saint-Quentin-en-Yvelines, puis on verra en quoi ces derniers sont menacés sur le marché de l'automédication par leur ennemi : les parapharmacies des grandes surfaces.

En recensant la liste des acteurs opérant sur le marché de l'automédication, j'ai souvent dû revenir vers le pharmacien pour expliquer les relations et les interactions de celui-ci avec les autres acteurs de santé. Le pharmacien est un acteur incontournable de l'automédication car c'est lui qui conseille et délivre les médicaments PMF dans les officines. Ce dernier ne nécessite d'aucune ordonnance pour prescrire les médicaments d'automédications auprès du patient. De plus, il délivre les médicaments présents sur l'ordonnance du patient. Il a même la possibilité de changer un médicament d'ordonnance par un autre s'il estime que cela est nécessaire. Son rôle est également de participer à l'éducation thérapeutique du patient et de lui donner des conseils sur l'automédication, entre autres, de proposer des médicaments PMF en fonction des symptômes bénins qu'ils expriment. Le pharmacien est apte à délivrer un conseil au patient sur une pathologie bénigne en raison de son expertise et de sa formation.

Ce professionnel de santé a le monopole de son officine, les ventes des médicaments sont directement gérées par le pharmacien propriétaire. Les prix des médicaments PMF diffèrent donc d'une officine à une autre.

Les pharmaciens sont pour l'automédication car les bénéfices réalisés sur les ventes de PMF les concernent directement. De plus, le passage de l'OTC devant le comptoir est une nouveauté qui leur permettra d'aménager les médicaments sur les comptoirs qu'ils souhaitent mettre en avant et de favoriser la vente des PMF. L'Union Nationale des pharmacies confirme sa position sur la nouvelle présentation des OTC : « le public doit avoir une meilleure information, à travers des espaces conseils dans les officines tout en ayant un accès libre pour pouvoir regarder, comparer et juger ». Cette nouvelle mesure permettra au patient de comparer les prix des médicaments PMF sur un même traitement de maladie et de choisir librement avec ou sans les conseils du pharmacien. L'intérêt du pharmacien est de conserver son monopole, son métier c'est-à-dire son rôle de

conseiller médical mais aussi de continuer son commerce sans qu'il soit ouvert à la concurrence (comme peut l'être la grande distribution).

Pour en savoir plus, je suis partie interroger une responsable de pharmacie dans les Yvelines : Mme Isabelle Rosette. Bien qu'étant réticente à l'idée de répondre à mes questions à cause de l'arrivée de clients, sa coopération fut très intéressante et m'a permis de dégager quelques arguments jouant en leur faveur. (Voir Figure 9 : Interview de I. Rosette)

Lors des questions, je ressentais, lors de ses réponses, un attachement profond au métier qu'elle exerçait puis sa réaction sur les publicités Leclerc conforte les jugements des pharmaciens vu dans les médias. Selon cette pharmacienne, le rôle du pharmacien est de conseiller et d'éduquer le patient sur les médicaments qu'il consomme. Leur rôle est d'aider le patient à se soigner immédiatement en attendant sa consultation chez son médecin généraliste.

A la question cinq concernant la mission du pharmacien, il est vrai que le conseil médical n'est pas toujours d'actualité d'une officine à une autre, cependant c'est un service obligatoire et nécessaire selon elle, il s'agit de leur devoir envers leur client. Elle-même organise des formations pour ses apprentis comme par exemple la formation de deux jours sur les facultés des huiles essentielles. Concernant le passage des OTC devant le comptoir, cette pharmacie a adopté cette mesure mais elle remarque que les malades viennent toujours au comptoir avant de voir ou comparer les médicaments PMF placés dans les rayons. Les malades ne sont pas encore autonomes et ont besoin d'être guidé.

J'ai également posé une question sur les publicités de Leclerc et la vente de médicament PMF en grande surface. Il est étonnant de voir qu'Isabelle était convaincu que la vente de médicament sera possible prochainement dans les parapharmacies de la grande distribution.

Elle reprend l'exemple de Leclerc et continue en affirmant que d'autres supermarchés vont suivre l'ouverture. Les publicités de Leclerc l'avait rendu furieuse comme presque tous les pharmaciens, quelques arguments n'ont pas été cité dans les médias tel que les « marges arrières ».

Les marges arrières sont des primes offertes aux pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup de médicament à l'année. Elles n'étaient pas prises en compte dans le prix des médicaments, ainsi elles étaient directement versées pour la pharmacie. Suite à une réforme récente, les marges arrières sont perçues sur le prix des médicaments alors que pour la grande distribution, cela n'est pas le cas. Elle dénonce clairement l'intérêt commercial des grandes surfaces au détriment du conseil thérapeutique des pharmacies.

Malgré ces arguments, on remarquera que le prix du médicament n'a pas beaucoup changé

concernant les médicaments PMF non remboursés.

En résumé, on retrouve les devoirs du métier de pharmacien à travers la définition d'Isabelle Rosette. Sa position et ses idées rejoignent ceux qu'on a pu voir dans la presse et donne une certaine réalité des faits dans l'actualité. On a pu voir également que les nouvelles mesures prises par l'État comme les déremboursements et le passage de l'OTC devant le comptoir ont été bien accueillis dans cette pharmacie puisqu'elle commercialise des médicaments PMF (j'ai pu voir des médicaments pour la toux, pour le rhume et pour les maux de tête) dans un rayon qui reste assez proche du comptoir.

Malgré le libre service de certains médicaments PMF devant le comptoir, les malades ne sont pas encore habitués à cette pratique, ils demandent encore conseils au pharmacien avant de voir les nouveaux rayons des PMF.

De manière générale, les pharmaciens ont donc un avis positif sur les nouvelles mesures de l'État toutefois il a une crainte. En permettant le passage en vente libre des PMF, ces professionnels de santé appréhendent cette méthode car elle peut inciter le passage des PMF à la grande distribution. Or, ces craintes sont justifiées si l'on regarde le cas de Leclerc sur sa tentative de récupération des PMF.

En effet, après les mesures prises par l'État sur le passage de l'automédication devant le comptoir, la grande distribution en profite pour proposer ces médicaments PMF devant le comptoir de leur parapharmacie. D'après le dossier de presse de Leclerc du 3 avril 2008, ces derniers estiment que les prix des PMF lors des déremboursements augmenteront de 25% (chiffres basés sur des données de la mutualité française). Pour eux, seul la libre concurrence permettra de réguler ces prix et donc de ne pas empiéter sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Ainsi, la grande distribution souhaite, tout comme les pharmaciens, vendre les médicaments d'automédications dans leurs parapharmacies en assurant que la vente des médicaments se fera avec le respect des réglementations françaises. Quelles sont les dispositions pour cela ?

Dans les parapharmacies Leclerc, les conseils et le bon usage du médicament seront fait avec l'aide de 150 docteurs en pharmacie. Un espace « médication familiale » sera aménagé en tenant compte des recommandations du ministre de la santé sur les codes couleurs, les « points conseils »... Et enfin, celui-ci cherche également à développer l'information du bon usage du médicament en distribuant des fiches-conseils sur les médicaments ou des messages d'éducation thérapeutiques.

Leclerc s'engage vis-à-vis de toutes les recommandations et précautions à prendre pour distribuer devant le comptoir de leurs parapharmacies les médicaments PMF. Cependant, les syndicats des pharmaciens et le ministre de la santé ont tout de suite rétorqué que ce n'était pas

possible. Pourquoi ? Si l'État autorise la vente des PMF dans les parapharmacies des grandes distributions, les pharmaciens devront faire face à une concurrence de prix important. Cela mettra leur monopole d'officine en péril.

« La mise à disposition du conseil d'un expert doit être possible lorsqu'on achète un médicament d'automédication » selon le ministre de la santé. C'est ce qui fait la différence entre l'achat en pharmacie et en parapharmacie. Les docteurs en pharmacie et autres experts proposés par exemple par la grande distribution Leclerc n'ont pas les mêmes intérêts derrière la vente de l'OTC. "La différence entre un pharmacien d'officine et un docteur en pharmacie Leclerc est simple : le premier est indépendant et a son libre choix, le second obéit à un marchand et n'a pas le libre choix. Le premier est responsable de ses actes, le second a ses actes conditionnés par les seuls choix financiers de LECLERC." de Armand Soulet, pharmacien hospitalier sur le site de « www.certiflam.com ».

Les objectifs sont complètement différents malgré le fait que les deux interlocuteurs ont le même centre d'intérêt qui est d'exploiter un marché de l'OTC en plein essor.

Sur la polémique de la communication Leclerc, ces gardiens des officines qui s'étaient réunis pour contre attaquer leur publicité en les qualifiant de « mensongère », sont temporairement soulagés quant à la vente des PMF car ils ont réussi à obtenir le retrait de ces supports de communication du grand-public.

Leurs moyens de pression se sont fait entendre dans la presse, on relève parmi les plus importants : les campagnes « contre-attaque » et qui au passage dénoncent les publicités de Leclerc comme mensongère, les défilés des étudiants en médecine dans la rue pour protester contre la commercialisation des PMF dans les parapharmacies des grandes surfaces et enfin les débats et les discours des représentants des pharmacies à la radio, à la presse ou encore à la télévision.

D'un point de vue du pharmacien, il faut savoir que la mise à disposition de comptoir dans les pharmacies n'est pas obligatoire. Ils décident et choisissent les aménagements de leurs officines, ainsi même ceux qui ne voient pas l'OTC d'un bon oeil, peuvent s'abstenir de présenter des comptoirs.

Notons un élément non négligeable sur les décisions et les pouvoirs de ces pharmaciens : Dans le cadre de la nouvelle distribution des PMF devant le comptoir, d'après l'article du « Moniteur des pharmacies et des laboratoires », l'État doit modifier l'article R 4235-55 du Code de la Santé Publique « visant à permettre l'accès des patients à certains médicaments munis d'une AMM dans des présentoirs de libre service des officines de pharmacie. » Cette modification n'est possible que par les syndicats de pharmaciens. Ils ont un moyen de résister à ce nouveau passage toutefois ces derniers sont d'accord pour ne laisser passer que les produits d'automédications.

En résumé, les pharmaciens acceptent dans la majorité de jouer le jeu de l'éducation thérapeutique du patient sur l'autoprescription. Ils ont un rôle de conseiller sur les médicaments et accompagnent les patients dans le développement de « l'automédication responsable ». Cependant, il reste quelques pharmaciens qui ont un avis négatif sur la disposition des nouveaux comptoirs en pharmacie. Parmi eux, on retrouve ceux qui ne veulent pas que le médicament PMF se retrouve dans les supermarchés et ceux qui craignent une banalisation du médicament alors que celui-ci dispose d'une AMM. Cela mettra leur marché du médicament et leur métier de pharmacien en péril, étant donné que les prix de la grande distribution seront plus intéressants, ce qui veut dire qu'ils perdront également leur monopole.

Les acteurs de santé sont dans la globalité contre la distribution des PMF dans les parapharmacies. Leurs principaux arguments de contradiction reviennent souvent sur la nature même du produit : Un médicament. Définitivement ancré dans la société comme un produit non banal, le médicament n'est pas un produit de consommation comme les autres.

Même si la vente de médicaments PMF ne se fera pas dans les parapharmacies aujourd'hui, la participation des grandes distributions aurait sans doute accru ce marché, mais l'objectif et la finalité ne sont pas les mêmes pour les acteurs de santé et les commerciaux des grandes distributions.

Les pharmaciens ne sont pas les seuls acteurs capables de favoriser l'automédication, les médecins sont également les interlocuteurs privilégiés des patients à ce sujet.

b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir Médical

La culture de médicament, en France, fait que nous avons l'habitude de consommer beaucoup de médicament. L'automédication n'est pas une nouvelle pratique si l'on regarde l'étude du corpus car les chiffres stagnent dans la globalité.

Les malades, les patients ou les clients : ces mots deviennent synonyme face aux instigateurs de l'automédication. Les malades sont des cibles de choix et sont souvent victimes des outils médiatiques des laboratoires pharmaceutiques.

Les patients n'ont qu'un intérêt : se soigner au plus vite au meilleur coût. L'automédication fait parti du quotidien des patients car on a tous consommé du paracétamol lorsqu'on avait une migraine, on a tous bu du sirop pour la toux lorsqu'on toussait... Autant de petites pratiques qu'on appelle « automédication ».

l'automédication ? C'est ce que nous allons voir dans cette partie.

Voyons dans un premier temps si le patient pratique régulièrement de l'autoprescription : À l'occasion du colloque « L'automédication : Recul ou progrès » de la Mutualité française, celle-ci a fait réaliser une enquête exclusive par CSA/CECOP20 en février 2007.

Dans cette enquête, on apprend que près de 7 Français sur 10 (67 %) porte un jugement positif sur l'automédication dont 47 % considèrent qu'il s'agit d'une "façon de faire normale", 20 % allant jusqu'à la qualifier de "comportement citoyen". Cette qualification proposée par la Mutualité Française est reconnue par 20% des patients interrogés, cela signifie qu'il s'agit d'un comportement habituel et ancré dans les pratiques du malade. Puis 62 % des personnes interrogées reconnaissent se soigner sans l'aide du médecin. L'enquête révèle donc que les Français s'automédiquent assez régulièrement au quotidien.

Cependant, il est difficile d'évaluer ce que pense les français des pratiques de l'automédication, on peut juste s'inspirer d'un échantillon de personnes et établir une analyse à partir de celle-ci. Lors de cette enquête, il est précisé que sur les 1010 personnes interrogés, 758 refusaient d'aller acheter leur médicament en dehors des pharmacies. Ce qui témoigne de la part du patient, une grande confiance envers ce professionnel de santé.

Le patient aura tendance à s'automédiquer car cela lui permet de se soigner rapidement. Les mesures de déremboursements de l'État vont favoriser la pratique et donner aux patients plus de choix dans leurs recherches de médicaments d'automédication. Il y a certains avantage à avoir recours à l'automédication. Selon le colloque sur l'automédication de Patrick Queneau21, c'est une économie de temps car il est plus facile d'aller à la pharmacie du coin que de se rendre chez le médecin. Dans l'actualité de la presse médicale, les journaux relatent d'un nouveau phénomène concernant ces patients. En effet, le phénomène en question est la recherche d'informations, de soins et de diagnostic santé sur Internet.

Quelques chiffres confirment cette nouvelle aptitude du malade. Une étude réalisée par Ipsos Insight santé pour la Fédération Nationale de l'information médicale montre que 67 % des Français sont partis en quête d'information médicale au cours des douze derniers mois sur Internet et 46 % auprès de leur médecin.

Les médecins interrogés affirment que 90 % de leurs patients vont à la recherche d'informations sur Internet. La recherche d'informations santé sur Internet est très importante de la part des

20 Sur un échantillon national représentatif de 1010 Français âgées de 18 ans et plus, constitué d'après la méthode des quotas : sexe, âge, profession du chef de ménage. Une étude réalisée par la Mutualité Française et retranscrit dans leur communiqué de presse le 21 Mars 2007.

21 Voir références bibliographiques dans la catégorie Rapport

patients. Pourquoi sont-ils si captivés par les informations santé et pathologie ?

La raison a déjà été citée dans notre sous-chapitre précédent, il s'agirait du manque d'information santé des patients. D'après l'étude WHIST (de Inserm Internet santé) dans le « Quotidien du Médecin », il a été estimé que dans 70% des cas, les patients surfent sur le web pour mieux comprendre les informations données par le médecin et à 60% pour trouver des informations complémentaires à celles que le médecin a données.

Le patient souhaite en savoir plus sur sa santé et recherche des informations pour mieux se soigner et pourquoi pas pour s'automédiquer?

Les chiffres montrent qu'il y a une évolution dans le comportement de ces malades, les patients ont une soif incessante de toujours en vouloir plus sur les informations santé qui sont en abondance sur le web.

Un autre facteur a permis au patient de s'intéresser davantage à la santé. Ce sont les médias. D'après les études de À+A (cabinet d'étude) sur le suivi médiatique des Français dans le domaine de la santé en 2003, on estime que 7 français sur 10 suivent l'information santé dans les médias, principalement des femmes, des mères qui prennent en charge les membres de son foyer. L'actualité santé a pris de plus en plus d'importance au fil du temps, notamment à cause de scandale comme celle de la vache folle : La maladie de Creutzfeld-Jakob qu'on appelle plus communément « la vache folle ».

Le patient dispose d'un nouveau savoir et recherche des données qui peuvent l'aider davantage. Par exemple : Ils recherchent des informations où ils s'identifient à un cas de maladie ayant les mêmes symptômes et tentent de trouver une approche thérapeutique qui a eu le plus de succès à son sujet. Étant la plus grande source d'information des patients, on peut supposer que cet outil a permis une évolution dans la mentalité des patients et des professionnels de santé. Comment Internet a-t-il pu participer à l'évolution du patient vis-à-vis de l'automédication ?

De nombreux sites sont apparus depuis le développement d'Internet. Voyons, avant tout quelques chiffres de l'utilisation d'Internet en France :

Le nombre d'internautes en France22 (Individus de 11 ans et plus qui se sont connectés au cours

du dernier mois, quel que soit le lieu de connexion)

Les français se connectent de plus en plus sur Internet. Le nombre de connections Internet ne cesse de s'accroitre et montre l'expansion du Web en France. Face au développement d'Internet, les instigateurs de l'automédication jettent leurs filets de pêche dans la toile pour s'emparer des cibles potentiels : les malades et les professionnels de santé.

Des sites d'encyclopédies médicales comme le VIDAL23 voient le jour sur Internet. Le VIDAL est un dictionnaire contenant les informations scientifiques et détaillés de tous les médicaments existants en France. Il permet aux médecins de s'informer et de prescrire des médicaments car le VIDAL est une référence incontournable. Ces sites, réservés habituellement aux professionnels de santé, ont commencé à développer des sites dédiés aux patients sur les explications et les conseils thérapeutiques (Voir Figure 7 en Annexe).

Ce site « http://www.automedication.fr» a été réalisé et entretenu par le Professeur Alain Baumelou, président du Groupe de travail Prescription médicale facultative à l'AFSSAPS et le docteur Loïc Etienne, médecin urgentiste, animateur du site www.docteurclic.co. L'objectif de ce site est de donner un maximum d'information sur les médicaments d'automédications et ainsi de pratiquer une automédication « raisonnée ». En analysant le site Internet, on remarque plusieurs entrées possibles.

Cinq entrées de recherche sont proposées : Alphabétique, par substance, par Laboratoire, par problèmes de santé (pathologie) et par règles de l'automédication. Ce site assez complet sur toutes les pathologies du quotidien permet de pratiquer à bon escient l'automédication. De plus, sur chaque problème de santé, une liste de médicament est proposée sur la même page et permet

22 Statistiques retravaillés à partir des données issus du site Internet « Le journal du Net » ( http://www.journaldunet.com/cc/01_internautes/inter_nbr_fr.shtml), consulté en Août 2008.

23 VIDAL est une filiale de CMP Medica (Groupe United Business Media), leader international de l'information professionnelle aux entreprises dans les secteurs, entre autres, de la santé, de la technologie et des media.

d'obtenir des informations détaillées sur un médicament PMF. Les statistiques de ce site ne sont pas disponibles sur Internet, il aurait été intéressant de connaître l'audience de ce site ainsi que la principale cible.

Le VIDAL a également fait un partenariat avec des complémentaires santé pour étoffer la qualité de leurs services mais aussi pour attirer les patients qui s'automédiquent.

Le site de « axasanteplus.com » est un très bon exemple car on y retrouve une rubrique dédiée aux conseils médicaux qui incitent ainsi indirectement le patient à s'automédiquer. Comment s'organise ce site ? (Voir Figure 10 en annexe)

Le site présente plusieurs rubriques d'activités différentes, on distingue : une navigation sur le corps humain qui renvoient à des pathologies bénignes (et ainsi indirectement vers des médicaments PMF), des vidéos sur les dossiers de l'actualité sanitaire comme « l'automédication et les déremboursements », des jeux interactifs ludiques qui permettent de travailler la mémoire, des vidéos d'exercices sportives et enfin une rubrique « premier secour » bientôt disponible.

La rubrique qui nous intéresse est celle du « médicament + » car le patient peut naviguer et cliquer sur les zones qu'ils souhaitent soigner.

Lorsque le patient clique sur les zones douloureuses ou à traiter, il obtient plus d'informations médicales. Parmi les informations proposées, on découvre des extraits de plantes, des médicaments d'homéopathies conseillés et des médicaments d'automédications. (Voir image extraite du site Internet ci-dessous). Ce qui est remarquable, c'est que tous les médicaments ont une fiche détaillée de leurs compositions chimiques, des mentions légales... Une présentation qui rappelle les notices qu'on retrouve à l'intérieur d'une boite de médicament. Ces suppléments d'informations sont bien sûr possibles grâce au partenariat avec le VIDAL.

Les informations sur l'automédication commencent à se développer sur Internet et peuvent être un facteur incontournable à l'enclin du marché des PMF. L'apport des informations par Internet donne au patient une capacité à discuter avec son médecin généraliste sur les traitements qui lui prescrit. Aujourd'hui le statut du patient a pris beaucoup plus d'importance. Capable de réfléchir et de proposer des solutions sur le système de santé, il est important pour eux de se représenter et de participer activement aux débats de santé publique.

Trois évènements marquants se sont croisés et ont permis au patient de disposer d'un nouveau savoir santé : l'évolution d'Internet, l'arrivée des sites interactifs et la hausse du suivi médiatique d'informations santé. Internet a permis une expansion du savoir du malade.

Du coup, ses relations avec les différents acteurs évoluent et proposent de nouvelles opportunités. Pour répondre aux besoins des patients, tous les acteurs de santé ont mis à leur disposition des dossiers santé qui expliquent et décrivent les pathologies bénignes courantes.

Les laboratoires pharmaceutiques veulent élargir leur service en proposant des informations

pathologies aux patients et aux professionnels de santé, dans le but d'agrandir leur notoriété et leur appréciation auprès d'eux.

Les professionnels de santé et les experts ont également compris la tendance et mettent à jour des blogs d'informations sur l'actualité santé comme le blog de Denise Silber, spécialiste de l'esanté et fondatrice de la société Basil Strategies : « Le but du blog est de favoriser le « bon usage » des nouvelles technologies de l'information et communication, dans le secteur santé ».

Si certains patients sont sans cesse à la recherche d'information, d'autres pratiquent beaucoup l'homéopathie car ils veulent « prévenir » les pathologies bénignes. Mais qu'est-ce-qui pousse ces patients à pratiquer de l'homéopathie?

Rappelons que l'homéopathie est une science qui n'évolue pas, une pratique qui est resté imperméable à toute nouvelle information. C'est une pratique qui est resté intacte depuis des siècles. A l'inverse de la médecine scientifique qui est en perpétuelle évolution, faire de l'homéopathie c'est croire en l'efficacité des médicaments même s'ils n'ont pas été scientifiquement prouvés.

« Anxiété, stress, insomnie, allergies, affections ORL, ménopause, tabagisme... Face à ces problèmes, souvent la médecine traditionnelle se révèle impuissante. Parce qu'elle est efficace et jamais dangereuse, parce qu'elle respecte et stimule nos défenses naturelles, l'homéopathie a aujourd'hui convaincu un Français sur trois » extrait du livre « Se soigner par l'homéopathie : Consultation, médicaments, conseils pratiques » du Dr en homéopathie Jacques Boulet24.

Les personnes qui font de l'homéopathie croient en son efficacité. Ils sont souvent déçus de la médecine scientifique actuelle qui n'a peut-être pas porté ses fruits sur les pathologies auxquelles les patients désirés se soigner. L'homéopathie qui échappe à la raison scientifique semble avoir trouvé un nouveau public en France.

Le succès peut aussi venir du coût de consultation des médecins homéopathes qui est plutôt intéressant. « les médecins homéopathes génèrent un coût deux fois moins élevé que la moyenne des médecins généralistes, alors qu'ils soignent les mêmes pathologies » d'après le site Internet du laboratoire Boiron, leader mondial sur le marché de l'homéopathie.

La durée de consultation est plus longue que celle d'un médecin généraliste. Un certain nombre d'homéopathes insistent eux-mêmes vivement sur l'importance de la conversation avec le patient qui

24 Voir Bibliographie, Livres

permet de choisir le meilleur médicament. On peut se demander si la conversation et l'approfondissement de la pathologie n'aide pas le patient à mieux se sentir et à se sortir de son mal être.

Opposé à se soigner seul ou toujours recourir à un professionnel de santé : ce sont les idées que défendent ceux qui ne veulent pas de l'automédication. Un acteur de santé incontournable se présente dans une telle position mais pour des problématiques différentes. On ne peut pas parler d'acteur qui sont « contre » l'automédication mais plutôt de ceux qui ne la conseillent pas. Qui sont ces acteurs en question?

3) Les réticents à l'automédication

a) Les médecins

Je vais dans un premier temps présenter les arguments des médecins qui sont opposés à l'autoprescription, puis j'expliquerai les éventuels enjeux qui peuvent inverser la balance des médecins généralistes.

Le réflexe des Français malades est de consulter son médecin afin qu'il établisse un diagnostic et qu'il prescrive des médicaments PMF ou PMO. Cette visite permet au patient d'être bien couvert au niveau des dépenses maladies mais alourdit parfois ces couvertures abusives et provoquent, parmi d'autres dépenses, un déficit de la caisse d'assurance maladie.

L'État demande aux professionnels de santé de participer à la « responsabilisation » des patients sur leur capital santé. Pourtant, les médecins sont plutôt contre l'automédication car elle fragilise et limite les visites chez eux. Ils tiennent à leur liberté de prescription, mais elle n'est défendable que s'ils prennent soin d'être bien informés, y compris sur le plan économique.

Le principal argument qu'ils défendent est le retard de diagnostic sur des patients qui se sont automédiqués sans être passé par une consultation de médecin généraliste. Pour mieux comprendre leur opinion, j 'ai interviewé un médecin généraliste qui se positionnait parmi les médecins généralistes contre l'automédication : Le Dr Fkatchouck Nicolas.

Lors de l'Interview, mes questions portaient sur l'intérêt de l'automédication en France, sur l'aspect « promotion institutionnel » pour responsabiliser le patient de l'État et que le côté réticent des médecins à l'égard de l'automédication. Les questions/réponses étant courtes, je les ai directement intégré ici.

Interview du Dr Fkatchouck :

Quel est le rôle du médecin dans l'automédication ? Qu'en est-il par rapport aux pharmaciens ?

Dr Fkatchouck : Sur une consultation, un Français prend rendez-vous avec le médecin soit pour récupérer des médicaments, soit c'est un moyen de se rassurer qu'on a rien de grave sur les symptômes qu'il manifeste. Le médecin se veut éducateur de pathologie car il en a l'expertise. Le pharmacien peut également l'être mais n'aura pas le temps devant une longue file d'attente puis pas

de lieu intime pour parler des maladies à tenir compte pour prendre un médicament.

Que pensez-vous des nouvelles mesures prises par l'État pour encourager l'automédication en France ?

Il existe un Lobbyisme puissant qui fait que l'État et l'AFSSAPS se soucient davantage de l'aspect économique que de l'aspect santé. Pour les problèmes de la santé publique, il faut raisonner sur une finalité de soin et non d'économie.

Pourquoi êtes-vous contre l'automédication ?

Tant d'années les médecins avaient prescrit des médicaments « curatifs » et dit de « confort » pour le patient. Les médicaments nécessaires sont les « curatifs ». Les autres ne traitent pas la maladie, mais permet de la supporter plus facilement jusqu'au rétablissement.

Les français ont toujours consommés beaucoup de médicament dont ceux dit de « confort ». Ces médicaments ne soignent pas la maladie mais permet de mieux la supporter jusqu'à la guérison. Pour le public français, il n'y a pas de distinction entre les catégories de médicaments puisque la totalité d'un traitement était prescrit. Avec les déremboursements, on repère tout de suite les médicaments dit de confort car ils sont, pour la plupart, déremboursés.

Pour les dossiers santé, fiches pratiques et conseils de pathologies sur Internet, les patients ne verront très souvent, que le côté négatif et ils ont un manque d'expertise qui font qu'ils ne peuvent vraiment bien s'automédiquer. L'autodiagnostic seul est dangereux pour le patient car ce dernier ne peut avoir un esprit critique comme le professionnel de santé, il aura tendance à s'accrocher aux effets négatifs alors qu'il n'y a peut-être pas lieu d'être.

Quelle serait la solution idéale pour faire de l'automédication malgré tout ?

La solution serait de faire une campagne télévisée sur les informations à tenir compte pour s'automédiquer ou voir son médecin. Il serait intéressant de préparer des formations par les médecins pour informer les malades sur les pathologies existantes, sur les précautions à prendre pour prévenir des symptômes...

En conclusion de cette interview, les principales raisons qui poussent les médecins contre l'automédication sont : les retards de diagnostics, le raisonnement de l'État sur une finalité d'économie et non de santé publique mais aussi un conseil médical risqué du pharmacien avec le peu de connaissance qu'il a sur le dossier d'un patient dans une pharmacie. Le médecin a également un rôle d'éducateur concernant différentes pathologies, il veut aider ses patients à en savoir plus

mais par manque de temps, il ne peut pas répondre à toutes les questions.

Le problème est de fournir à ses patients des informations issues d'expertises (donc de médecins ou de pharmaciens) qui leur permettra de savoir s'ils doivent s'automédiquer ou pas.

Selon le médecin, il vaut mieux perdre 15 minutes de consultation avec le médecin généraliste et être sûr d'avoir telle ou telle maladie plutôt que s'automédiquer en évaluant à peu près les symptômes ressentis. La priorité ne doit pas se faire sur le temps où l'économie mais sur la qualité et la certitude du problème santé du patient. Telle est la vision de ce médecin, une vision que partagent les autres médecins généralistes.

L'automédication implique une diminution des visites systématiques chez le médecin, pourtant cela lui permet par exemple d'alléger son emploi du temps en consultation et de consacrer plus de temps à chaque patient. D'autres médecins acceptent de jouer le jeu tant qu'on ne les accuse pas de mauvaise utilisation : « Les médecins sont plutôt "pour" à condition que la société ne fasse pas peser sur eux la responsabilité d'un mauvais usage des médicaments pris sans consultation » du journal Le Figaro en 2007. Un autre point positif de la part de ces médecins concernant les déremboursements de médicaments PMF.

Selon les sources d'IMS Health, les médecins continuent à prescrire des produits qui ont été déremboursés et qui entrent dans le domaine de l'OTC. Ainsi, « 8,5 % de la PMF non remboursable » est prescrite.

Bien que ces médecins soient minoritaires en faveur de l'automédication, un grand nombre continue de prescrire des médicaments de PMF même si celle-ci a diminué de moitié, après les déremboursements. C'est pour eux, un moyen de répondre à leurs attentes mais aussi de les aider à se soigner seul quand cela est nécessaire. De plus, c'est une action volontaire significative si l'on prend en compte la difficulté d'accès à des bases de données rapidement mises à jour, à l'absence d'inscription du niveau de SMR dans les bases de données et au peu de communication sur les décisions politiques. Ce sont des procédures qui rendent difficile le suivi dans la pratique quotidienne de la prescription du médecin.

En résumé, les médecins assurent que leur diagnostic lors de premiers symptômes bénins chez un malade est plus recommandé que de laisser les patients à leur propre autoprescription. Il est très important, pour eux, de ne pas négliger les effets secondaires et les retards de diagnostic que l'automédication peut engendrer. Et surtout, il n'est pas question de parler d'automédication dans un dessein financier, non, la réflexion doit se porter sur une solution en termes de soins. Néanmoins, une minorité de médecin se porte favorable à l'automédication car elle permet de les soulager de

consultation, de participer à la santé publique de l'État et de consacrer plus de temps au malade.

Les médecins ne sont pas les seuls à se porter réticents à l'automédication. Les associations de patients et quelques malades ne veulent pas concilier avec cette pratique. Pourquoi ? C'est ce que nous allons voir dans cette dernière partie.

b) Les associations de patients et quelques patients réticents...

Les associations de patient ne sont pas opposées à l'automédication tant que celle-ci est bien encadrée au niveau de la communication Santé Grand Public.

Parmi les associations de patients, je peux citer le CISS : Collectif Inter associatif sur la Santé, regroupe des associations intervenant dans le champ de la santé à partir des approches complémentaires de personnes malades et handicapées, de consommateurs et de familles. Leur but est de défendre l'opinion des patients et de la rapporter aux différentes instances de santé.

D'après un communiqué de presse sur leur site représentatif, le CISS n'est pas contre l'automédication, cependant souhaite que l'État apporte plus d'informations et de transparence aux malades sur trois points. Le premier est d'améliorer les notices incluses dans les boîtes de médicaments PMF, de privilégier des données simples dans un langage accessible à tous. Le deuxième point concerne une éventuelle campagne de communication institutionnelle mettant en avant la dangerosité de consommer trop de médicament et en privilégiant le contact avec le médecin si l'automédication ne marche pas. Et enfin, le troisième point concerne la crainte de voir les prix des PMF en vente libre augmentée.

Sur le site Internet de l'Internaute25, on retrouve beaucoup de sondage dont un qui m'a paru très intéressant « pour ou contre l'automédication? », j'ai pu trouvé des avis négatifs, cependant ce sont des avis personnels de 2 ou 3 personnes, ils n'engagent en rien la pensée des patients en général. Voyons quels sont leurs raisons :

« les associations de consommateurs dénoncent les pratiques inflationnistes des laboratoires pharmaceutiques : dès qu'un produit est déremboursé, son prix, jusque-là encadré par l'Assurance maladie, s'envole » extrait de l'article sur « Notretemps.com » en Septembre 2007.

Certains consommateurs se plaignent du prix imposé par les laboratoires suite aux déremboursements, cependant ils ne savent pas que les TVA et bon nombre d'entités qui caractérisent le médicament change lors des déremboursements. Tout ceci peut paraître transparent et expliqué mais aux yeux des patients, il y a un problème sur la hausse des prix. Un autre patient

25 Voir Bibliographie, Site Internet

donne son opinion : « quel est le patient capable de faire le diagnostique de sa maladie, comment seront appréhendés les risques d'interactions médicamenteuses ainsi que les contres indications ».

De manière globale, les patients sont contre car ils craignent des interactions nocives pour leur organisme suite à des mélanges de médicaments ou tout simplement suite à des abus. La citation ci- dessus extraite du sondage, revient très souvent comme réponse en « contre automédication ». Ayant crainte des risques de iatrogénie, les patients n'osent pas s'automédiquer et préfèrent demander conseil à un professionnel de santé.

D'autres pensent que les médicaments ne doivent pas être pris à la légère :

« Totalement contre l'automédication, je suis secrétaire médicale. Exemple: imaginons un instant un patient qui tousse, va aller à la pharmacie, va acheter un antitussique. Les antitussiques empêchent de tousser mais ne soignent pas ».

On retrouve dans cet exemple la nuance qui peut exister avec les médicaments dits de « confort » qui soulagent un peu mais qui ne sont pas curatifs. Il semble que la patiente parvient à distinguer les deux mais sans doute parce qu'elle est secrétaire médicale et qu'elle s'y connait dans le domaine de la santé.

En conclusion, la volonté des associations de patient va dans le sens de l'AFIPA qui souhaiterait faire une campagne institutionnelle sur l'automédication responsable mais la finalité n'est pas la même. Les associations de patients veulent des informations rassurantes pour pratiquer de manière correcte l'automédication alors que l'AFIPA voit un moyen de pousser les patients à acheter des médicaments PMF et ainsi à participer à leur recette. Les patients réticents, quant à eux, restent méfiants vis-à-vis des interactions de médicament et reste prudent sur leur santé en demandant toujours conseils auprès d'un professionnel de santé.

Après avoir passer en revue l'ensemble des acteurs de santé, nous pouvons comprendre que l'évolution de l'automédication passent par divers facteurs qui vont soit dans le sens de la promotion, soit vers la crainte d'une mauvaise utilisation du médicament.

IV. Conclusion

L'automédication est une pratique courante chez le patient. On distingue dans l'automédication les produits vendus devant le comptoir et n'ayant pas d'AMM et les médicaments d'automédications vendus sans ordonnance. Mal pratiquée, l'autoprescription peut être néfaste à l'organisme, c'est très souvent le cas de la médication familiale. Mais les risques encourus par la consommation de ces médicaments PMF ne sont pas assez significatifs pour craindre de véritable catastrophe sur la santé publique.

L'étude du corpus montre que l'évolution de l'automédication n'est pas spectaculaire depuis la dernière décennie. Sa courbe de croissance est plutôt constante et grimpe petit à petit chaque année depuis 10 ans. Il est difficile de parler de succès même si la courbe croît. Cependant, ce corpus montre qu'il y a un marché à conquérir, d'autant plus que les réformes de l'État vont en ce sens. Grâce aux nouvelles mesures de déremboursement des médicaments PMF de l'État, ce dernier encourage ce qu'il appelle « l'automédication responsable » à l'aide d'un représentant des laboratoires pharmaceutiques : l'AFIPA.

Tout comme l'État avec le ministre de la santé Roselyne Bachelot, les autres acteurs ont également intérêt à promouvoir l'autodiagnostic que ce soit pour des raisons économiques ou sociologiques. Les faits de l'actualité nous replongent dans ce thème lorsque ces derniers relatent des nouvelles mesures de l'État comme le passage des médicaments PMF devant le comptoir.

Un nouveau contexte se présente aux patients, qui ont désormais la possibilité de choisir eux- mêmes leurs médicaments de PMF devant les comptoirs de pharmacie. Ces acteurs interagissent indirectement avec le marché de l'automédication car ils proposent des solutions permettant la hausse de ce marché. Seul la réaction des patients peut conclure les résultats de ce marché dans les années à venir. Parmi eux, beaucoup pratiquent de l'homéopathie, une pratique qui a du succès en France et qui se répand un peu plus chaque année.

Ces mêmes patients peuvent consulter des fiches pratiques de pathologie bénigne, des quiz qui permettent de s'évaluer et de se traiter, des informations santés complémentaires aux pronostics du médecin... Au final, les seuls acteurs réticents sont les médecins, les associations de patient et quelques patients craignent le problème causé par la consommation de plusieurs médicaments dont une en grande partie des médicaments prescrits sur ordonnance.

Des outils de communication se développent comme Internet. Autour de ce média, les laboratoires pharmaceutiques, le gouvernement, les instances réglementaires, les assureurs complémentaires et autres instigateurs de l'automédication, s'organisent et offrent des informations santés de qualité et très souvent certifiées pour les distinguer des sites amateurs. C'est le cas du site

Axasanteplus, qui offre des services santé ludique assez complet ainsi que le VIDAL.

De manière globale, l'automédication est un phénomène qui a toujours existé, il est juste mis en avant ces derniers temps car certains acteurs ont compris qu'il y avait des enjeux colossaux à la clé.

Si l'on a l'impression que l'automédication est en pleine explosion, il n'en n'est pas moins que les chiffres ont démontré le contraire. Les mesures nouvelles de l'État influencent en grande partie la courbe d'évolution du marché de l'automédication, mais pour combien de temps ? Est-ce-que les français vont s'orienter plus facilement vers la pharmacie ?

Nonobstant, nous n'avons pas répondu à des interrogations que suscitent les nouvelles mesures de l'État. « L'automédication responsable » est un sujet de santé publique. Le comportement du patient évolue dans le sens où il recherche plus d'indépendance et prend en charge ses propres problèmes de santé. L'État poursuivra sans doute d'autres actions pour permettre au patient plus de choix, de transparence et de sécurité sur la consommation des médicaments PMF. Quelle sera la place de l'automédication demain ? Finirons-nous par acheter des médicaments dans les grands magasins ? Le pharmacien sera-t-il toujours le seul acteur capable de fournir un conseil thérapeutique de qualité ? La réglementation sanitaire française fait pour l'instant obstacle à toutes ces éventualités mais pour combien de temps ?

V. Sigles

AFIPA : Association Française des Industries Pharmaceutiques pour une Automédication responsable, porte-parole des laboratoires pharmaceutiques pour la promotion de l'automédication en France

AESGP : Association Européenne des Producteurs de Spécialités Pharmaceutiques Grand Public

AFSSAPS : Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé est gardien de la sécurité de la santé publique en France

AMM : Avis de mise sur le marché. Cet avis définit l'autorisation de la commercialisation d'un médicament sur le marché français et caractérise le statut du médicament. Seul les médicaments ont besoin d'une AMM pour être vendus dans le pays

APM : Agence de la Presse Médicale, société spécialisée dans l'information à haute valeur ajoutée sur la médecine et les politiques de santé

ASMR : Amélioration du Service Médical Rendu. Un indice utilisé lors de la ré-évaluation de certains médicaments PMF afin d'être déremboursés

CISS : Collectif Inter associatif sur la Santé, organisme qui regroupe un grand nombre d'associations de patient

EFPIA : Acronyme anglais signifiant Fédération Européenne des Industriels du médicament, équivalent de l'AFIPA en France, dans le contexte européen

EMEA : Agence Européenne des Médicament, équivalent du LEEM en France, en Europe FSP : Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France

GERS : Le GERS est un groupement d'intérêt économique créé par les entreprises de l'industrie pharmaceutique, qui ont décidé de mettre en commun leurs données de ventes.

GSK : GlaxoSmithKline, laboratoire pharmaceutique

HAS : Haute Autorité de Santé

HON : Health On the Net

IFOP : Institut français d'opinion publique, organisme d'étude de marché international

LEEM : Les Entreprises du Médicaments, porte-parole des laboratoires pharmaceutiques dans le domaine des médicaments

OMS : Organisation Mondiale de la Santé

OTC : Over The Counter, signifie les médicaments situés devant le comptoir

PMF : Prescription Médicale Facultative, type de médicaments pouvant être livrés avec ou sans ordonnance

PMO : Prescription Médicale Obligatoire, type de médicaments livrés uniquement sur ordonnance

R&D : Recherche et Développement, une des divisions de laboratoires pharmaceutiques qui permet d'étudier et de mettre en place de nouveaux médicaments

SGP : Santé Grand Public

SMR : Service Médical Rendu, indice d'efficacité d'un médicament qui permet de savoir si le médicament peut être dérembourser ou non

SMRI : Service Médical Rendu Insuffisant

UNP : Union Nationale des Pharmacies de France

UPS : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine

UPSO : Union des Syndicats de Pharmaciens d'Officine

VI. Bibliographie

La bibliographie exhaustive retenue a été sélectionnée en fonction des pertinences des informations que j'ai extraites pour ce mémoire.

Les livres :

· Cardin H. et Réquillart H., Ma santé demain, 11 décideurs répondent, Clamecy, JacobDuvernet, 192 p.

· Fantino B. et Ropert G, Le système de santé en France, Paris, Dunod, 368 p.

· Dr Boulet J. (homéopathe), Se soigner par l'homéopathie : Consultation, médicaments, conseils pratiques, Paris, J'ai lu, 314 p.

Les rapports :

· Queneau, P. et l'Association pédagogique nationale pour l'enseignement de la thérapeutique, Automédication, autoprescription, autoconsommation / 2e Colloque de l'APNET, Palais du Luxembourg, Paris, ed. J. Libbey Eurotext, 1999, 150 p.

· Thesmar F. et Charrondière H., Eurostaf, Les perspectives de l'automédication en France, Paris, 2004, 110 p.

· Sève E., Precepta, 2006, Les nouvelles stratégies d'avantages concurrentiels sur le marché français du médicament, Paris, Intelligence concurrentielle, 148 p.

Les articles scientifiques :

L'automédication en général

· Mercier A.L., « OTC : L'Europe nous met la pression », in Le Moniteur des pharmacies, N °2707/2708, le 22 Décembre 2007, P.40

· Towhill M., « L'automédication, jusqu'où ? », in Panorama du Médecin, N°505 1, le 12 Mars 2007

Relations Internet, médecins, patients

· Raffin P., « Sur Internet, le meilleur côtoie le pire », in Prescription Santé, N°23, Janvier 2007, P.44

· Laurent A., « Internet, comment le web bouleverse votre pratique médicale », in Impact Médecine, 29 Novembre 2007, P.5

· Poindron P. Y., « Les médecins doivent-ils avoir peur des sites santé ? », in Panorama du

Médecin, N°5081, le 3 Décembre 2007

· Berard S. et Silvan F., « Direct-to-Pharmacy, en France c'est possible ! », in Le Moniteur des pharmaciens, N°2691, le 8 Septembre 2007, P. 10

· Maraschin J., « Internet et Santé, se repérer dans la jungle des sites », in Que Choisir santé, N°12, Décembre 2007, P.3

Risque de l'automédication

· Delicourt E., « Les risques de l'automédication », in Panorama du Médecin, le 19 Novembre 2007

Mutuelles

· Lefort L., « Le site de Santéclair sur l'automédication risque de faire beaucoup de bruit », in Le Moniteur des pharmacies, N°2693, le 22 Septembre 2007, P.14

· Lamirand C., « Santéclair met l'automédication hors prescription en ligne », in Impact Médecine, le 27 Septembre 2007

· Berneau D., « Santé : Sommes-nous bien informés ? », in Viva le magazine mutualiste, N °227, Novembre 2007

Les articles de presse (regroupés par thématique) :

L'automédication en général

· Lombard A., « Automédication : soigne-toi tout seul, le médecin généraliste t'aidera ! », in France Soir, le 20 Mars 2007, P. 12

· Bodechon A. et Duperrin A., « Bien se soigner sans ordonnance », in Notre Temps, Juillet 2007, P.38

· Gauthier Y., « Un nouvel environnement pour la médication familiale », in Impact Pharmacien, le 26 Septembre 2007

· Y.M, « Les enjeux de l'automédication », in Le Monde, le 15 Novembre 2007

Relations Internet, médecins, patients

· Bauchard F., « Automédication, Entre grande consommation et pharmacie », in Enjeux les Echos, Janvier 2007, P.70

· De Pange M.F., « Internet s'invite dans la consultation », in Quotidien du médecin, le 9 Janvier 2008, P.9

· Poulet B., « Comment serons-nous soignés demain ? », in L'Expansion, le 1er Mars 2007, P.40


· Blanc M., « Peut-on se soigner sur Internet ? », in Avantages, Juillet 2007, P. 85

· Chairopoulos P., « Se soigner seul et sans risque », in Santé magazine, N°383, Novembre 2007, P.76

Évolution du marché et déficit de la Sécurité Sociale

· APM, « Automédication AFIPA IMS France Marché 2006 », in APM, le 16 Février 2007

· Bienvault P., « L'auto-médication permet-elle des économies sur les dépenses de santé ? », in La Croix, le 28 Décembre 2006

· Collen V., « Le gouvernement veut stimuler le marché de l'automédication », in Les Echos, le 28 Décembre 2006, P.16

· Cabut S., « L'automédication, une pilule dure à avaler », in Libération, le 11 Janvier 2007

· Auguste O. et Gadhoum F., « La médecine familiale renoue avec la croissance », in Le Figaro, le 19 Février 2007

Mutuelles :

· APM, « Automédication informatique Santeclair MMA, MAAF, AGF », in APM, le 19 Septembre 2007

· www.maaf.fr, in [ http://www.maaf.fr/assurances/fr/c_1 6244/mon-espace-maaf-servicessante], consulté le 28 Août 2008.

· De Saint Romain H., « Des assurances complémentaires ouvrent un site dévolu à l'automédication », in Le Quotidien du Médecin, le 21 Septembre 2007

· APM, « Automédication, FNMF Mutualité Française sondage », APM, le 21 Mars 2007

Les sites Internet :

· Site très important qui m'a permis de retenir la série statistique :

· AFIPA, in [ http://www.afipa.org], consulté le 15 Avril 2008

· LEEM, in [ http://www.leem.org], consulté le 30 Avril 2008

· Mutuelles de France, in [ http://www.urmnif.org/article.php3?id_article=154#chiffre], consulté en Mars 2008

· Conseil de l'Ordre des Médecins, in [ http://www.conseil-national.medecin.fr/? url=rapport/article.php&id=22], consulté le 10 Avril 2008

· Haut Conseil de Santé, in [ http://www.has-sante.fr], consulté le 10 Avril 2008

· l' AFSSAPS (agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), in [ http://afssaps.sante.fr/], consulté le 10 Avril 2008

· TNS Sofres, in [ http://www.tns-sofres.com/presse_communique.php?id=1 96], consulter en

Mars 2008

· LE CISS, in [ http://www.leciss.org/themes/politiques-de-sante/automedication.html], consulté le 25 Avril 2008

· Robin S. de Canal Academie, in [ http://www.canalacademie.com/L-automedication-enFrance.html], consulté le 20 Avril 2008-06-15

· Denise Silber, blog in [ http://www.denisesilber.com/silberblog/automdication/index.html], consulté en Mai 2008

· Blog de RTL, in
[ http://blogs.rtl.fr/laparole/index.php/post/2006/1 2/27/MERCREDI#comments], consulter en Mars 2008

· Bollot L. L'Internaute, in [ http://www.linternaute.com/sante/quotidien/chats/07/0703 - automedication/chat-automedication.shtml], consulté le 20 Avril 2008

· Mutualité Française, in [ http://www.linternaute.com/sante/quotidien/chats/07/0703 -

automedication/chat-automedication.shtml] and [ http://www.mutualite.fr/actualites/toutes_les_infos/communiques_de_presse/les_francais_e t_l_automedication_une_enquete_exclusive_realisee_pour_la_mutualite_francaise_a_l_occa sion_du_colloque_l_automedication_recul_ou_progres], consulté le 25 Avril 2008

· APM International, in [ http://www.apmnews.com/home.php], consulté le 25 Avril 2008

· Site du gouvernement, in [ www.santé.gouv.fr], consulté le 30 Mai 2008

· Celtipharm.com, in [ http://www.celtipharm.com/tabid/119/itemid/63 53/LCONOMIE-DENOTRE-RSEAU-DE-PHARMACIES-FACE-AUX.aspx], consulté le 10 Juin 2008.

· www.boiron.fr, in

[ http://www.boiron.com/fr/htm/0 1_homeo_aujourdhui/realite_eco_homeo.htm], consulté le 3 Septembre 2008.

· Sondage « pour ou contre automédication de l'internaute.com, in [ http://www.linternaute.com/femmes/sante/temoignage/temoignage/1 24985/752/100-- contre/], consulté le 1er Septembre 2008.

VII. Annexes

a) Figure 1 : Schéma d'une pathologie, ici l'asthme, issu des dossiers santé de GSK

b) Figure 2 : Les dossiers santé de GSK

Le site de GSK présente des dossiers santé sur toutes pathologies connues du grand public. Ces dossiers sont composés d'illustrations et de schémas animés pour une meilleure compréhension des maladies. Plus d'une trentaine de dossiers au total sur lesquels on peut également interagir en faisant les jeux de questions réponses.

Sur ce site, il est possible de régir suite à l'émission radio de RTL. Les commentaires en question portaient sur l'automédication qui était l'un des sujets du jour. Les remarques enregistrées exprimaient une grande inquiétude sur la pratique de l'automédication accusant l'État de ne pas être clair sur cette problématique. Sur ce blog, les messages étaient principalement centrés sur les médicaments PMF à SMR insuffisant.

Evolution de la quantité de médicaments PMF et PMO distribué en pharmacie

Ces données se basent sur les sources d'IMS Health pour l'AFIPA. On recense le nombre de ventes en pharmacie et l'on évalue sa progression sur la période 2001-2007. Les chiffres sont significatifs, une légère croissance est observable.

Sur ce graphe, on a répertorié les achats en pharmacie. Des dépenses en PMF qui stagnent mais la dynamique du marché des PMF rejoint celle des PMO. Après une légère baisse des ventes libres, la croissance reprend doucement à partir de 2006.

Tableau réalisé à partir des données de l'AFSSAPS de 2006, le chiffre d'affaires des médicaments PMF strictement non remboursable est en hausse. Cet enclin est évidente puisque d'une année à l'autre les ventes augmentent. Ces données ne contiennent donc pas les PMF remboursables et apportent plus de précisions dans notre étude.

Le site de l'automédication présente des conseils thérapeutiques sur toutes les pathologies bénignes qui peuvent être soignées en utilisant des médicaments de PMF. Ce site Internet est réalisé par un expert de l'AFSSAPS et est un dérivé du VIDAL. Le VIDAL est un dictionnaire de médicament auquel ont très souvent recouru les médecins généralistes pour prescrire des médicaments.

I. L'automédication semble avoir du succès ces dernières années. Confirmez-vous cette tendance ?

V. Cotard : Oui, grâce en grande partie aux déremboursements mais, nous attendons des mesures concrètes (OTC, favoriser le switch en passant par la procédure centralisé Européenne, favoriser l'innovation) qui participeront au décollage du marché.

II. Quels sont les facteurs décisifs qui permettront à l'automédication de se développer davantage ?

V. Cotard : Les industriels doivent « innover », comprendre le besoin du patient, créer une formule satisfaisante, travailler sur la forme galénique du médicament, sur son conditionnement et sur la campagne de communication. Le délistage et le switch sont également des solutions. Le pharmacien doit jouer le jeu quant à l'accessibilité des informations.

III.Avez-vous mis en place une politique de communication qui va dans le sens de cette tendance concernant les produits de GSK SGP ?

V. Cotard : Devant le comptoir, nous allons aménager des PLV mettant en avant certains produits et les recommander aux pharmaciens. L'information du patient ne vient pas forcément du pharmacien. Par exemple : Une personne qui veut un traitement adapté sur le sevrage tabagique, remplira les tests mis à sa disposition et pourra évaluer le niveau de dépendance et acheter le traitement qui lui sera approprié. Une information qu'il peut obtenir sans nécessairement demander conseil à son pharmacien.

IV.Les laboratoires pharmaceutiques commencent à développer les sites sur les informations

pathologies. Pensez-vous que ces dossiers vont accentuer le succès de l'automédication ?

V. Cotard : Les patients ont aujourd'hui un savoir impressionnant par rapport à avant. Les industriels vont donc en ce sens en proposant ces informations pathologies. Par exemple le nombre de visites sur Doctissimo, le site communautaire de santé : 1 400 000 visites, montre qu'il y a une réelle attente de la part des malades. Ces dossiers santé peuvent éventuellement être une valeur ajoutée pour l'automédication. »

i) Figure 9 : Interview de ISABELLE Rosette, responsable d'une pharmacie à Saint-

Quentin-en-Yvelines

I. Quel est l'intérêt de l'automédication pour le pharmacien?

R. : « Mieux vaut guérir que prévenir » c'est pourquoi il est important pour nous de bien conseiller le malade sur les médicaments d'automédications. L'automédication est nécessaire et importante pour le malade, surtout s'il a besoin d'un traitement immédiat et que son rendez-vous chez le médecin est assez tard. Il se soigne avec les médicaments d'automédications en attendant le diagnostic du médecin pour se traiter. Bien sûr les pathologies lourdes sont à exclure dans ce cas.

II. Peut-on parler de succès concernant l'automédication ? (question relatif à la pharmacie et non au marché de l'automédication)

R. : Non, ce n'est pas un succès car le malade demande toujours conseil au pharmacien en général lorsqu'il désire prendre un médicament d'automédication. Ils ne sont pas encore autonome et il y a encore peu de malades qui vont se servir seul dans les rayons situés devant le comptoir des pharmacies.

III.Serait-ce possible de voir dans un futur la distribution de médicament OTC dans les parapharmacies des grandes surfaces?

R. : Oui certainement, on a pu voir le cas de Leclerc. D'autres grandes surfaces vont suivre ce mouvement et la vente de l'OTC existe déjà dans les autres pays de l'Europe. Très bientôt, l'OTC sera disponible dans ces parapharmacies.

IV.Pouvez-vous nous en dire plus sur le type de relation Laboratoire/pharmacien?

R. : Les relations dépendent du type de pharmacie et du laboratoire qui s'adresse à nous. Les relations varient suivant ces cas. La relation en générale est la suivante : les laboratoires veulent nous vendre un maximum de médicaments et nous tentons de nous arranger pour avoir une remise intéressante. Maintenant, il est vrai que les petites pharmacies sont celles qui ont le plus de difficulté à trouver un terrain d'entente sur ce sujet.

V. Trouvez-vous que le pharmacien rempli en moyenne son rôle de conseiller médical?

R. : Il est difficile de répondre à cette question, mais pour ma part, je consacre beaucoup de temps à former mes apprentis sur le conseil médical. Nous avons un rôle d'éducateur important et c'est notre devoir que de venir en aide aux malades qui veulent des informations médicales. J'ai

formé pendant deux jours et demi mes apprentis sur les vertus des huiles essentielles pour améliorer leurs savoirs et conseiller d'avantage leurs malades. Tout ceci pour vous dire que même si le conseil médical n'est pas présent dans toutes les pharmacies, beaucoup y accordent de l'importance comme un devoir du métier.

VI.Allez-vous participer aux nouvelles mesures de distribution comme le placement des OTC devant le comptoir?

R. : Oui, nous l'avons déjà mis en place. C'est une bonne idée mais les clients ne sont pas encore habitués à ce mode d'ouverture. Il leur faut encore du temps avant de choisir de manière autonome leurs médicaments d'automédications.

VII. Qu 'avez-vous pensez des publicités de Leclerc?

R. : J'étais, bien entendu furieuse. La grande distribution défend leur idée sur l'augmentation du prix mais ce qui n'a pas été dit, et pris en compte, ce sont les changements qui ont eu lieu sur les marges arrières. Les marges arrières sont des primes offertes aux pharmacies lorsque celles-ci lui achète beaucoup de médicament à l'année. Elles n'étaient pas prises en compte dans le prix des médicaments, ainsi elles étaient directement versées pour la pharmacie. Cela a changé, désormais cette prime est comptabilisée dans le prix du médicament et a été retiré du bénéfice de la pharmacie. Ce n'est pas le cas des grandes distributions qui conservent leur marge arrière. Cette marge n'est pas prise en compte dans le prix des produits des grandes surfaces et sont ainsi directement versés dans le bénéfice du supermarché.

Le site de Axa est un site dédié pour les patients à la recherche d'informations santé. Il est intéressant de voir qu'ils ont fait un partenariat avec le VIDAL pour proposer des conseils santé via une navigation interactive sur le corps humain d'un homme ou d'une femme. Sans compter les autres services ludiques liés à la santé ce site s'inspire d'un design Web 2.0, c'est-à-dire un design épuré et attractif qu'on retrouve souvent sur les blogs.

Sur ce site, la rubrique « médicament + » permet de déterminer des pathologies via la navigation sur le corps-humain. Ils proposent alors des conseils sur la pathologie en question et listent des médicaments susceptibles de palier au problème. Dans cette liste, il y a également des médicaments d'homéopathies, des extraits de plantes... Autant de services qui peuvent inciter l'internaute à s'automédiquer.

Sur le site de la MAAF, dans la rubrique « Service + », on retrouve le site qui permet de comparer et d'acheter les médicaments d'automédication. Seul les membres de la MAAF peuvent y accéder en entrant leur login et leur mot de passe. Ce service dédié au patient sur l'automédication a fait beaucoup de bruit dans la presse médicale spécialisée, c'est pourquoi j'ai pu m'y intéresser et découvrir qu'Internet et les nouvelles réformes de l'État sont déclencheurs de nouvelles idées pour les complémentaires santé.

Sommaire

I. QU'EST-CE-QUE L'AUTOMÉDICATION ? 7

1) DÉFINITION GÉNÉRALE 7

a) « S'automédiquer » 7

b) Deux types d'automédications : Officinale et familiale 8

c) L'homéopathie, compléments alimentaires et vitamines 8

2) MÉDICAMENTS D'AUTOMÉDICATION, PMF OU OTC 11

a) Les PMF et les PMO 11

b) OTC, « Over The Counter » : Devant le comptoir 12

3) CONTEXTE 13

a) État des lieux 13

b) Quels sont ces médicaments déremboursés ? 13

II. UNE ÉVOLUTION SPECTACULAIRE OU CONSTANTE ? 17

1) ANALYSE DES SÉRIES STATISTIQUES 17

a) Description des résultats sur le nombre de PMF acheté en pharmacie 18

b) Description des résultats sur les chiffres générés par ces PMF 20

2) UN MARCHÉ QUI SE CONSTRUIT 23

a) Une croissance issue de facteurs décisifs 23

b) Les autres facteurs pouvant être liés à l'évolution 24

c) Conclusion générale 26

III. UN MARCHÉ PROMETTEUR : QUELS ENJEUX POUR QUELS ACTEURS ? 28

1) LES INSTIGATEURS DE L'AUTOMÉDICATION 28

a) Les porte-paroles des laboratoires pharmaceutiques 28

b) Les acteurs institutionnels 40

c) Les mutuelles et les complémentaires santé 47

2) LES ACTEURS MITIGÉS FACE À CE MARCHÉ 51

a) Les pharmaciens et la grande distribution : une finalité différente 51

b) Les patients : acteur à la recherche du Savoir Médical 55

3) LES RÉTICENTS À L'AUTOMÉDICATION 63

a) Les médecins 63

b) Les associations de patients et quelques patients réticents 66

IV. CONCLUSION 68

VI. BIBLIOGRAPHIE 72

VII. ANNEXES 76

a) Figure 1 : Schéma d'une pathologie, ici l'asthme, issu des dossiers santé de GSK 76

b) Figure 2 : Les dossiers santé de GSK 77

c) Figure 3 : Blog RTL traitant d'un débat sur l'automédication 78

d) Figure 4 : Évolution des achats en pharmacies (en nombres de médicaments) 79

e) Figure 5 : Evolution des achats en pharmacies (en chiffre d'affaires) 80

f) Figure 6 : Évolution des ventes de « PMF strict » traitée par l'AFSSAPS 81

g) Figure 7 : www.automedication.fr, le site dédié aux patients qui veulent s'automédiquer 82

h) Figure 8 : Interview de Vincent Cotard, PDG de l'AFIPA et de GSK Santé Grand Public 83

i) Figure 9 : Interview de ISABELLE Rosette, responsable d'une pharmacie à Saint-Quentin-en-

Yvelines 84

j) Figure 10 :www. axasanteplus. com , site d'informations santé interactifs 86

k) Figure 11 : Site sécurisé sur les services liés à l'automédication de la MAAF ( maaf.fr) 87






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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe