|
|
|
REPUBLIQUE DU BENIN ----------
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR RECHERCHE SCIENTIFIQUE
Université d'Abomey-Calavi Institut National
(UAC) l'Education Physique
SECTEUR : JEUNESSE ET ANIMATION OPTION : DEVELOPPEMENT
COMMUNAUTAIRE
|
ET DE LA
|
de
|
|
|
(INJEPS)
de la Jeunesse, et du Sport
|
|
PROBLEMATIQUE DU TRANSFERT DE COMPETENCES AUX COMMUNES :
STRATEGIES DES ACTEURS ET PERSPECTIVES
|
Présenté par : Marc Bidossessi KPATCHA
Sous la direction de :
Dr Lompo Souaibou GOUDA M. Richard ADJAHO
Enseignant Chercheur à l'INJEPS Ancien Ministre de
L'intérieur
en Sociologie des Organisations Inspecteur Général
des Finances E.R.
et du Développement. Expert- Consultant
Soutenu publiquement le lundi ~er octobre 2007 Mention
: Très-Bien
Année académique : 2006-2007
|
|
« Le transfert des compétences est une exigence de
la décentralisation. On estime qu'au niveau des collectivités
locales, certaines compétences peuvent être mieux
gérées qu'au niveau central. Mais, il est important de savoir
aussi que l'Etat ne peut opérer le transfert des compétences et
des ressources, que s'il est convaincu que les communes sont en mesure de mieux
les gérer. Autrement, on assisterait à une baisse du niveau de
fourniture des services aux populations ». Son Excellence Monsieur Joachim
CHISSANO, alors Président de la République de Mozambique et
Président en exercice de l'Union Africaine (UA), Sommet
Africités, Yaoundé, Décembre 2003.


Eep la mémoire de mes Grands parents Mahinou Sodonon
AGBOSSAGA, Gabriel AGBEGNINOU et de mon Père Etienne KPATCHA, que ce
mémoire rappelle les multiples sacrifices que vous avez consentis
à mon égard.
Eep mon oncle François Emmanuel AGBEGNINOU, comme un
père vous m'avez toujours soutenu et conseillé, recevez toute ma
gratitude.
Eep ma mère Victoire AINONKPO GLELE, recevez ma
reconnaissance pour toutes vos prières. Dieu y pourvoiera.

La vie de l'homme est un véritable parcours de combattant.
Ainsi, nul ne peut se vanter d'être le seul artisan de sa
réussite. Conscient de ce fait, je tiens à témoigner ma
profonde gratitude à :
· :* Mes directeurs de mémoire : Dr Lompo
Souaïbou GOUDA enseignant-chercheur en Sociologie des Organisations et de
Développement et M. Richard ADJAHO inspecteur général des
finances en retraite, ancien ministre de l'intérieur et de
l'administration territoriale, pour la perspicacité et le
dévouement dont ils ont fait preuve dans l'orientation de ce travail.
Merci pour avoir renforcé en moi la rigueur scientifique, la
clairvoyance et la conviction dans l'action.
· :* Tous les enseignants de l'Institut National de la
Jeunesse, de l'Education Physique et du Sport pour leur quête
permanent d'assurer une formation de qualité à tous les
étudiants.
· :* Au personnel administratif de l'INJEPS pour toute leur
disponibilité.
De façon spécifique, mes remerciements s'adressent
également à :
· :* L'Honorable Léon Bani Bio BIGOU,
Maître-Assistant en Géographie à la FLASH pour avoir nourri
en moi le goût de la recherche ;
· :* M. le Préfet du département du Zou
Thimoté K. ADJITCHE, pour sa disponibilité ;
· :* M. Blaise AHANHANZO GLELE Maire de la commune d'Abomey
et Président de l'ANCB pour son appui ;
· :* M. Aubin GODJO de la Commission Nationale de
Régulation des Marchés Publics pour ses suggestions et ses
apports de tout genre depuis le début de cette recherche ;
· :* M. Paul DEHOUMON, chargé de Programme à
la Fondation Konrad Adenauer pour son apport particulier dans la conduite de
cette recherche ;
· :* M. Victorin DJACOTO, chargé de mission en
économies et finances locales au Partenariat pour le
Développement Municipal pour sa riche contribution à ce document
;
· :* M. Gervais LOKO, Directeur de la Publication de
l'hebdomadaire le Municipal pour son accompagnement documentaire ;
· :* Tous les cadres des structures étatiques
d'appui à la décentralisation et tous les Maires du
Département du Zou et leurs collaborateurs ;
v M. Gilles DANSOU et Godfroid Macaire CHABI journalistes
à la radio nationale pour leurs apports ;
v M. Fray Claudel AKOHOU pour son soutien ;
v M. Marc Henri FAGLA, Consultant Junior au Cabinet Afrique
Conseil pour la confiance et la conviction de relever des défis qui nous
habitent ;
v Mes aînés Blaise OUSSOU, Samson BEHANZIN, Karl
NASSI, Adolphe AHONNON et Karim DONOU-AGBI, pour l'exemple qu'ils ne cessent de
me donner dans le travail bien fait.
Mes remerciements vont aussi à l'endroit de toute ma
famille en particulier à :
v Mesdames Reine SENOU et Georgette YEHOUENOU pour leur soutien
de tout genre.
v Mes oncles Michel, Casimir, Remi et Alphonse AINONKPO
GLELE, mes tantes Clémence AINONKPO GLELE, Ambroisine AINONKPO GLELE
pour leurs soutiens de tout genre.
v Mes cousins et cousines, Monique ALAPINI, Léa ALLEY,
Jacquelin et Mireille AGBEGNINOU, Junith KPATCHA, Florent KPONON, Tobias,
Hervé, Pamela AINONKPO GLELE,
v Enfin, j'adresse mes sincères remerciements à
tous mes amis notamment Roch Aurélien AKOUEGNINOU, Astrid FLENON, Carole
DAKPO, Jules LANDJOHOU et Darius SOGLO.

ANCB : Association Nationale des communes du Bénin
CNDLP : Commission Nationale pour le Développement et la
Lutte contre la Pauvreté
CONAFIL : Comité National des Finances Locales
DANIDA : Agence Danoise d'Aide au Développement
DGAT : Direction Générale de l'Administration
Territoriale
DGTCP : Direction Générale du Trésor et de
la Comptabilité Publique
ECDPM : Centre Européen de Gestion des Politiques de
Développement
ENAM : Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature
FADeC : Fonds d'Appui au Développement des Communes
FENU : Fonds d'Equipement des Nations Unies
FKA : Fondation Konrad Adenauer
INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et Sportive
JASE : Jeunesse et Animation Socio-Educative
MCL : Maison des Collectivités Locales
MD : Mission de Décentralisation
MDGLAAT : Ministère de la Décentralisation, de la
Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du
Territoire
OCDE : Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique
PGUD : Projet de Gestion Urbaine Décentralisée
PNDCC : Projet National de Développement Conduit par les
Communautés
PDM : Partenariat pour le Développement Municipal
RGPH : Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
SOGEMA : Société de Gestion des Marchés
Autonomes
SIGFIP : Système Intégré de Gestion des
Finances Publiques
UA : Union Africaine
UAC : Université d'Abomey-Calavi


INTRODUCTION
CADRE GENERAL DE L'ETUDE
1-1 BREF APERÇU GEOGRAPHIQUE DU CADRE DE L'ETUDE
1-3 LE CADRE JURIDIQUE DE LA DECENTRALISATION AU
BENIN.
1-4 REFLEXION SUR LES MODALITES DE MISE EN OEUVRE DES TRANSFERTS
AU BENIN 2-1 REVUE DE LITTERATURE
2-1-1 Les conceptions de la décentralisation
2-1-2 Typologie de la décentralisation
2-1-3 L'état des travaux sur le transfert des
compétences.
2-2 MODELE D'ANALYSE DE LA RECHERCHE
2-3 PROBLEMATIQUE
2-4 HYPOTHESE
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
3-1 LE CHAMP D'ANALYSE ET LA SELECTION DES UNITES D'OBSERVATION
3-1-1 Le champ d'analyse
3-1-2 La sélection des unités d'observation
3-2 INSTRUMENTS D'OBSERVATION ET DE COLLECTE DES DONNEES
3-3-METHODE DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES 3-4 DIFFICULTES
RENCONTREES
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS
4 -1 PRESENTATION DES RESULTATS
4-2 ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS
CONCLUSION ET PERSPECTIVES REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ANNEXES
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
La réforme de l'Administration Territoriale en cours au
Bénin s'insère dans les nouveaux projets de
décentralisation adoptés depuis le début des années
90 par de nombreux pays africains. Pour la première fois de leur
accession à l'indépendance, les gouvernements de ces pays se sont
engagés dans une décentralisation démocratique (Manor,
1995), à savoir des réformes institutionnelles visant à
transférer des compétences, des ressources et des pouvoirs de
décision à des instances locales élues
démocratiquement.1
Au Bénin, le mouvement a été lancé
à la conférence des forces vives de la nation de février
1990 et est rentré dans sa phase active avec les Etats
Généraux de l'Administration Territoriale de janvier 1993 et
l'installation en février-mars 2003 des conseils communaux élus
aux élections communales et municipales de décembre 2002. La
réussite de la décentralisation béninoise passe
impérativement par le passage des points d'obstacles que suscite sa
pratique.
Dans cette perspective, Adjaho (2002)2 rappelle que
la décentralisation consiste en un transfert de pouvoirs, de
compétences et des ressources financières du niveau central
(Etat) à des organes élus au niveau local (collectivité
territoriale).
Pour Schneider (1999)3 la décentralisation
est une manière de partager le pouvoir, les ressources et les
responsabilités avec la population. Elle permet de rapprocher
géographiquement les prises de décisions des populations
défavorisées voire de les rendre participatives.
Selon Whiteford (2001)4 le transfert de
compétences est un terme générique qui désigne
toutes les formes de transfert de responsabilités.
Depuis l'installation officielle des communes au Bénin,
seulement une partie des compétences à transférer par
l'Etat est effective. L'essentiel des compétences des ministères
sectoriels (santé, éducation, eau, électricité
etc.) est reporté pour une date ultérieure. Or, sans transfert de
compétences et de ressources subséquentes, la
décentralisation est un simple transfert de charges (Dèhoumon,
2006)5.
Plusieurs étapes ont été franchies par
l'Etat et les communes vers la résolution du problème à
savoir la mise en place d'un comité paritaire Etat-communes en janvier
2005 qui a eu à réfléchir sur les modalités et
calendrier de transfert des compétences. Son rapport n'a pas
été examiné par le gouvernement avant la fin de son
mandat. Un comité interministériel est mis en
1 Cité par LOQUAI C. (2001). Priorités
stratégiques et défis opérationnels de l'appui
européen à la décentralisation démocratique dans le
contexte de l'accord de cotonou. Document de réflexion ECDPM n°24,
p1 1.
2 ADJAHO, R. (2002). Décentralisation au
Bénin en Afrique et ailleurs dans le monde. Cotonou, 194 p.
3 Cité par HOUNMENOU, G. (2006).
Décentralisation, gouvernance participative et dynamiques locales de
développement. Etude de cas en milieu rural au Bénin.
Thèse de doctorat en sciences Economiques, Université de
Versailles Saint- Quentin -- En-Yvelines, p 53.
4 WHITEFORD, P. (2001).La garantie de revenu : comment
concilier le transfert de compétences et l'équité, Revue
internationale des Sciences Sociales, N°167, p119-129.
5 DEHOUMON, S.P. (2006). La décentralisation
entre risques et espoirs. Cotonou, Editions COPEF, 241p.
place pour examiner les modalités de transfert des
compétences aux communes. Son rapport qui a repris celui du
comité paritaire propose une nouvelle approche du transfert de
compétences. Et pour manifester sa volonté politique le
gouvernement du Président Boni YAYI a dédié un
portefeuille entier à la décentralisation. Ainsi, le mot d'ordre
est lancé par le principal acteur de la réforme
décentralisatrice, l'Etat.
Cependant, ne faut-il pas avant toute nouvelle démarche
faire le bilan non seulement au niveau de toute la réforme, mais
également au niveau des stratégies développées
jusqu'ici par les différents acteurs du processus. C'est la raison
d'être de cette étude qui s'intitule : « Problématique
de transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs
et perspectives »
Le but principal de la présente étude est de
faire l'évaluation des stratégies développées par
les acteurs concernés par le transfert de compétences et de
ressources dans le cadre de la décentralisation afin d'esquisser
quelques pistes de solutions possibles. Pour y parvenir, l'étude a
été organisée en six points. Après une
première partie introductive, une deuxième partie est
consacrée au cadre général de l'étude. Une
troisième partie est relative au cadre conceptuel de la recherche. Il
s'agit de faire une revue de littérature. Elle portera sur les
différentes conceptions de la décentralisation, ainsi que sa
typologie. Cela s'explique par le fait que c'est dans l'essence de la
décentralisation qu'il convient d'appréhender la vraie dimension
du transfert de compétences et des ressources aux communes. Une telle
investigation permet de situer le cadre théorique organisant
l'étude, de formuler la problématique et l'hypothèse de la
recherche. Une quatrième partie porte sur la méthodologie
utilisée. C'est l'occasion de présenter les sujets de
l'étude, les outils d'investigation et d'analyse utilisés. La
cinquième partie présentera les résultats de la recherche,
leur interprétation et discussion. Une dernière partie, la
conclusion, débouchera sur des propositions et suggestions en vue
d'amorcer le transfert de compétences et des ressources aux communes.
CADRE GENERAL DE
L'ETUDE
Cette étude s'effectue dans un contexte marqué par
une organisation administrative nouvelle, des principes tirés des Etats
Généraux de l'Administration Territoriale et affirmés par
les lois sur la décentralisation. Depuis 2003, la question du transfert
des compétences a-t-elle
évoluée ? Ce tableau sera présenté
dans cette partie après un aperçu géographique du cadre de
l'étude.
1-1 Bref Aperçu géographique du cadre de
l'étude
Cette étude portant sur la décentralisation et
plus précisément sur son volet transfert de compétences et
des ressources se déroule au Bénin, pays côtier de
l'Afrique de l'ouest où le processus de décentralisation qui a
été lancé à la conférence des forces vives
de la nation de février 1990 (Adjaho ,2002) est rentré dans sa
phase active avec l'organisation en décembre 2002 des premières
élections communales et municipales.
Pays à faible revenu, le Bénin compte selon les
chiffres du dernier Recensement Général de la Population et de
l'Habitat (RGPH) de février 2002, 6.769.914 habitants sur une superficie
de 114.762 km2.
Sur le plan de l'organisation administrative, le territoire
béninois est actuellement réparti en douze (12)
départements et en soixante-dix-sept (77) communes dont trois (03) sont
à statut particulier.

1-2 Les principes de la décentralisation
béninoise
Le processus de la décentralisation a
véritablement commencé aux Etats Généraux de
l'Administration Territoriale de janvier 1993 qui ont défini les
principes de base que reprennent les lois sur la décentralisation. On
peut mentionner :
> le couplage de la décentralisation et de la
déconcentration : ce principe signifie qu'une bonne
décentralisation passe par une déconcentration efficace ;
> la commune est le seul niveau de décentralisation
;
> il n'y a pas de hiérarchie entre les communes
mais elles n'ont pas le même statut : les grandes villes comme Cotonou,
Porto-Novo, Parakou ont un statut particulier, c'est-à-dire une
organisation structurelle différente et plus de responsabilité
;
> les unités administratives de la commune sont :
les arrondissements, les villages et quartiers de ville. Elles n'ont pas de
personnalité juridique ni d'autonomie financière mais sont
dotées d'organes de représentation ;
> les membres du conseil communal sont élus au
suffrage universel. Le maire et ses adjoints sont élus par le conseil
communal en son sein. Le chef d'arrondissement est désigné par le
conseil communal en son sein, autant que possible parmi les conseils communaux
élus sur la liste de l'arrondissement concerné. Les membres du
conseil de village ou de quartier de ville sont désignés par
consultation démocratique. Les chefs de village ou de quartier de ville
sont désignés par le conseil de village ou de quartier de ville
en son sein ;
> le département est le seul niveau de
déconcentration : il est dirigé par un Préfet
chargé de la mise en oeuvre de la politique générale de
l'Etat et des questions de développement régional ;
> la fonction de tutelle des communes est assurée
par le Préfet. Elle a deux volets : l'assistance-conseil aux communes et
le contrôle de légalité des actes pris par les
autorités communales. Il n'y a pas de lien hiérarchique entre le
Préfet et le maire ;
> les communes sont dotées d'un budget autonome
séparé de celui de l'Etat. Aucune dépense de
souveraineté ne peut être imputée au budget des
collectivités locales. Il est prévu un système de
péréquation/solidarité financière entre les
communes et entre communes et l'Etat ;
> les domaines de compétences des communes sont
clairement définis : on distingue les compétences propres aux
communes, les compétences déléguées et les
compétences partagées avec l'Etat6.
6 Le MUNICIPAL. (2007). Rapport sur l'état de
la décentralisation au Bénin, Quatre ans de dynamiques locales.
DANIDA, p 7.
Les compétences propres des communes couvrent :
· le développement local, l'aménagement de
l'habitat et de l'urbanisme ;
· les infrastructures, l'équipement et les
transports ;
· l'environnement, l'hygiène et l'urbanisme ;
· les services marchands et les investissements
économiques.
Les compétences partagées avec l'Etat concernent
:
· l'enseignement primaire et maternel ;
· l'alphabétisation et l'éducation des
adultes ;
· la santé, l'action sociale et culturelle.
Les compétences déléguées qui
relèvent de l'Etat et dont la loi confère l'exercice aux communes
concernent :
· l'état civil ;
· la police administrative ;
· la sécurité ;
· la publication et l'exécution des lois et
règlements ;
· l'organisation des opérations de
désignation des membres des organes infra- communaux.
Les domaines de compétences des communes à statut
particulier sont élargis :
· aux établissements d'enseignement secondaire et de
la formation professionnelle de niveau communal ;
· à la sécurité ;
· à la communication. (Municipal,
2007)7
Les responsabilités de l'Etat relatives aux domaines de
compétences des communes sont présentées dans le tableau
suivant :
7 Le MUNICIPAL. (2007). Rapport sur l'état de
la décentralisation au Bénin, Quatre ans de dynamiques locales.
DANIDA, pp 7- 8.
Tableau 1 : Responsabilités de l'Etat par domaine de
compétences des communes.
Nature et intitulé de
la compétence communale
|
Etat
|
Développement
local, aménagement, habitat et urbanisme
|
· plan national de développement
· législation/ réglementation
· loi foncière
· politique d'habitat
· Aménagement du territoire
|
Infrastructures, équipement et transports
|
· politique en matière de transport
· sécurité routière
· construction des routes intercommunales et Inter-Etats
|
Environnement, hygiène et salubrité
|
· politiques nationales sectorielles
· réglementation et normes nationales
· gestion des ressources naturelles
· lutte contre la pollution atmosphérique
· collecte et traitement des déchets industriels.
|
Enseignement primaire et maternel
|
· transfert à la commune des ressources
nécessaires
|
Alphabétisation et éducation des adultes
|
· politiques nationales sectorielles
· réglementation et normes nationales
· formation et gestion du personnel
|
|
Santé, action sociale et culturelle
|
· transfert à la commune des ressources
nécessaires
|
|
· politique sanitaire
|
|
· recrutement et formation du personnel soignant
|
|
· construction et gestion des centres hospitaliers
départementaux et universitaires
|
|
· Lutte contre les maladies endémiques
|
Services marchands et investissements économiques
|
· politiques nationales sectorielles
|
|
· réglementation et normes nationales
|
|
· code des investissements
|
|
· investissements économiques d'intérêt
national ou régional.
|
|
Source : FENU, 2006.
1-3 Le cadre juridique de la décentralisation au
Bénin.
Le processus de la décentralisation est actuellement
basé sur cinq lois :
ü la loi 97-028 du 15 janvier 1999 portant organisation de
l'administration territoriale de la République du Bénin ;
ü la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des
communes en République du Bénin ;
ü loi 98-005 du 15 janvier 1999 portant organisation des
communes à statut particulier ;
ü la loi 98-006 du 09 mars 2000 portant régime
électoral communal et municipal en République du Bénin
;
ü la loi 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime
financier des communes en République du Bénin8.
Cet arsenal législatif est complété par
vingt-deux décrets d'application dont douze (12) pris entre 2000 et 2002
et dix (10) autres en 20059.
8 Mission de Décentralisation. (2006). Recueil
des lois sur la Décentralisation. 172 p.
9 Mission de Décentralisation. (2005).
Décrets d'application des lois de décentralisation.185 p.
En dépit de ces résultats, des concertations
continuent d'être menées afin de trouver une solution
participative au problème du non transfert des compétences des
ministères sectoriels.
1-4 Réflexion sur les modalités de mise en oeuvre
des transferts au Bénin1° Historique du processus de
transfert de compétences
Le Conseil des Ministres, après examen en sa
séance du mercredi 4 février 2004 de la communication
n°144/04 relative au Plan d'action sur les modalités de transfert
de compétences aux Communes, introduite par le Ministre de
l'Intérieur, de la Sécurité et de la
Décentralisation, a instruit le Ministre d'Etat, Chargé de la
Planification et du Développement, de mettre sur pied et présider
un comité interministériel chargé de définir, par
secteur d'activités, les compétences à transférer.
Suite à l'approbation par le Conseil des Ministres en sa séance
du mercredi 03 novembre 2004 du rapport du Comité technique de suivi du
transfert des compétences aux Communes (Communication n°1090/04 et
complément), le Gouvernement a fait l'option du «transfert en bloc
aménagé par domaine de compétences» et
décidé de mettre sur pied un Comité Paritaire
Etat/Communes chargé du suivi du transfert des compétences aux
Communes.
Cette option, en dehors des compétences
déléguées déjà exercées par les
communes telles que l'état civil, la police administrative, la
protection civile, etc., prévoit deux modalités de transferts
:
1- Les transferts immédiats, consacrés par les
procès verbaux de passation de pouvoirs entre les sous-préfets ou
chefs de circonscriptions urbaines et les maires ainsi que
l'arrêté n° 0053/ MISD/ DC/ SG/ DGAT/ DAESATDR du 07
février 2005, portant abrogation de l'arrêté n°
217/MISAT/ DC/ SA du 05 novembre 1992, relatif à la cogestion des gares
routières du Bénin. Ces transferts immédiats concernent
les compétences ci-après :
· le développement local ;
· le budget communal ou municipal ;
· l'aménagement du territoire (schéma
directeur d'aménagement, plan d'urbanisme, lotissement, etc.) ;
· la gestion des gares routières, parkings,
embarcadères et marchés (à l'exception des marchés
gérés par la Société de Gestion des Marchés
Autonomes (SOGEMA) ;
· les déchets solides et liquides ;
10 MISPCL. (2007). Bilan de la réforme de
l'Administration territoriale et Evaluation de la Gestion des communes. Rapport
--Synthèse, Forum national Cotonou, pp 30-37. A paraître.
· l'assainissement urbain ;
· le permis de construire, etc.
· les ressources humaines, matérielles et
financières des anciennes administrations sous-préfectorales et
des circonscriptions urbaines.
2- Les transferts différés
portent pour l'essentiel sur les compétences sectorielles de certains
départements ministériels :
· la construction des écoles maternelles et
primaires ;
· la construction des centres de santé ;
· l'installation de lignes de
télécommunications locales ;
· la réalisation et la gestion de réseaux
d'éclairage public ;
· La fourniture et la distribution d'eau potable, les
réseaux d'adduction d'eau en zones urbaines,
· la construction des pistes rurales et des ouvrages
d'art.
Le dernier rapport en date du 26 décembre 2005 du
Comité Paritaire Etat/ Communes chargé du suivi du transfert des
compétences révèle que, bien que les compétences
locales aient été formellement transférées, dans la
réalité, les communes n'ont encore la possibilité
d'exercer ces compétences que marginalement. Jusqu'ici, la plupart des
ministères sectoriels continuent d'une part de définir leur
politique, sans intégrer la dimension communale et, d'autre part
d'assurer la maîtrise des compétences dévolues aux
communes. En vue d'approfondir les réflexions menées par le
comité paritaire Etat/Communes pour le suivi des transferts de
compétences et de proposer au Gouvernement un chronogramme
conséquent de mise en oeuvre desdits transferts, le Gouvernement de Dr
Boni YAYI a mis en place un nouveau comité interministériel par
arrêté n°493/MDEF/MSPCL/MDCPTTU/MDN/MTFP du 16 juin 2006.
Conformément à l'article 4 de cet arrêté, ledit
comité a été constitué, en vue d'une
exécution diligente de sa mission, un comité technique dont les
travaux ont été lancés le 23 juin 2006 par le Ministre du
Développement, de l'Economie et des Finances. Une fois installé,
ce comité s'est approprié tous les documents
élaborés par le précédent comité et a
adopté une démarche méthodologique qui a consisté
en :
n la relecture des dispositions des cinq lois sur la
décentralisation en vue d'élaborer un répertoire des
compétences à transférer aux Communes et d'identifier les
ministères concernés ;
n l'organisation de séances de travail avec ces derniers
sur l'état d'avancement du processus dans leurs secteurs
d'activités respectifs ;
n l'appréciation de l'exercice effectif par les communes
des compétences transférées ;
n l'identification des modalités optimales pour un
exercice efficace des
Compétences objet de transfert.
Au regard des multiples constats faits, ledit comité a
fait des recommandations dans le sens du transfert effectif des ressources
liées aux compétences transférées selon un
chronogramme à arrêter d'accord parties. En effet, seul ce
transfert de ressources ajouté aux subventions et dotations actuelles
dont les montants ont connu une augmentation de l'ordre de 3%, pourrait
permettre aux collectivités locales d'assumer pleinement les charges qui
leur incombent. Ce rapport, malheureusement, n'a pas été
examiné avant le 23 juin 2006, date de la mise en place d'un nouveau
comité. Les transferts de l'Etat sur la période 2003-2006 sont
présentés dans le tableau ci-après.
Tableau 2 : Dotations et subventions de l'Etat à chacune
des communes sur la période 2003- 2006
En milliers de FCFA
Nature du transfert
|
Dotations 2003
|
Dotations 2004
|
Dotations 2005
|
Dotations 2006
|
Subventions d'équilibre
|
|
228 623
|
248 000
|
248 000
|
Subventions aux charges salariales des collectivités
locales
|
246 150
|
277 450
|
291 322
|
552 542
|
Fonds de solidarité intercommunale
|
600 000
|
900 000
|
1 200 000
|
1 236 000
|
Subventions de substitution à la taxe civique
|
450 000
|
418 897
|
472 440
|
486 675
|
Taxe de voirie et TVA
|
5 414 469
|
5 168 654
|
3 500 000
|
2 770 000
|
Total
|
6 710 619
|
6 993 624
|
5 711 762
|
5 293 217
|
Total transferts financiers/recettes intérieures de
l'Etat
|
2,37%
|
1,91%
|
1,41%
|
1,03
|
Total transferts financiers (hors TV et TVA)/ recettes
intérieures de l'Etat
|
0,79%
|
0,76%
|
0,78%
|
0,49%
|
Source : DGTCP
Nouvelle approche suggérée par le comité
technique
L'élaboration d'un chronogramme de mise en oeuvre des
transferts.
Au terme de ces travaux, le comité technique a
recommandé, entre autres que :
le Conseil des Ministres approuve le compte rendu des travaux
du Comité interministériel chargé d'examiner les
modalités des transferts de compétences aux communes ;
le Ministre du Développement, de l'Economie et des
Finances et le Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales soumettent au Conseil des Ministres un projet de
décret portant modalités de transfert des compétences aux
communes ;
le Ministre du Développement, de l'Economie et des
Finances et le Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales soumettent au Conseil des Ministres le projet de
décret relatif au Fonds d'Appui au Développement des Communes
(FADeC) ;
le Ministre du Développement, de l'Economie et des
Finances et le Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales mettent en place un Système de Gestion
Intégré des Finances Publiques (SIGFIP) des collectivités
locales. Ce système sera géré par une structure autonome
qui servira d'interface entre l'administration centrale et les
collectivités locales à l'instar de la Mission de
Décentralisation.
le Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales recense en liaison avec le Ministre de la
Réforme Administrative et Institutionnelle tous les textes
réglementaires pris par certains ministères sectoriels, qui sont
contraires aux lois de la décentralisation et propose des mesures
correctives.
le Ministre du Développement, de l'Economie et des
FinancesY procède, en liaison avec les Ministres
concernés par les transferts de compétences, à une
évaluation de toutes les ressources financières susceptibles
d'être transférées par l'Etat aux communes en appui aux
transferts des compétences. IlY met en place un
mécanisme adéquat de transfert des ressources financières
aux communes au début de chaque trimestre, et communique à
chacune des communes, avant l'élaboration de leurs budgets, l'ensemble
des ressources financières qui leur seront transférées. Il
institue à partir du Budget exercice 2007 la taxe de
développement local conformément à l'article 10 de la loi
n° 98-007 du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes
en République du Bénin. Il met également en application le
point de l'article suscité relatif à la taxe touristique et
institue une dotation de substitution à la taxe sur les véhicules
à moteur au profit des communes.
le Ministre du Travail et de la Fonction Publique
définit et soumet à l'examen du Conseil des Ministres une
stratégie de mise à disposition et/ou de détachement
d'agents permanents de l'Etat qualifiés auprès des
Administrations communales et municipales ;
le Ministre Délégué Chargé de la
Communication et des Nouvelles Technologies auprès du Président
de la République et le Ministre des Mines, de l'Energie et de l'Eau
veillent à la signature par les communes et les structures
concessionnaires de télécommunications,
d'électricité et d'eau d'un contrat de partenariat. Ils
réalisent une étude
approfondie sur les transferts de compétences dans les
domaines des télécommunications, d'électricité et
d'eau compte tenu de leur complexité ;
le Ministre des Enseignements Primaire et Secondaire
transfère aux communes d'ici fin 2007 la construction, la
réparation, l'équipement et l'entretien des établissements
publics de l'enseignement maternel, primaire et secondaire ;
le Ministre de la Santé transfère aux communes
d'ici fin 2007 la construction, la réparation, l'équipement et
l'entretien des centres publics de santé au niveau de l'arrondissement,
du village et du quartier de ville.
le Ministre de la Justice chargé des relations avec les
Institutions, Porte parole du Gouvernement élabore et mette en oeuvre la
réforme judiciaire au niveau des Tribunaux de Première Instance
pour permettre à ces juridictions de connaître des contentieux
administratifs.
Tous les Ministres concernés par le transfert des
compétences :
· Yde faire, chacun en ce qui le concerne,
l'inventaire des projets en cours d'exécution et qui rentrent dans les
domaines des compétences à transférer, pour l'implication
des communes ;
· d'élaborer les politiques et stratégies
sectorielles qui doivent orienter les communes dans l'exercice des
compétences transférées ;
· de faire, le 30 novembre 2006 au plus tard, chacun en ce
qui le concerne, l'inventaire, par commune, du patrimoine à
transférer ;
· de déterminer l'éventail des ressources
financières à transférer aux communes en appui au
transfert des compétences et les communiquer, le 31 janvier 2007 au plus
tard, au Ministre du Développement, de l'Economie et des Finances, avec
ampliation au Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales pour suivi ;
· Yd'élaborer en liaison avec la
Mission de Décentralisation les projets de convention de transfert de
compétences dans leurs secteurs d'activités pour signature entre
les Préfets de départements représentant l'Etat et les
Maires concernés représentant leurs communes ;
le Ministre du Développement, de l'Economie et des
Finances et le Ministre de la Sécurité Publique et des
Collectivités Locales prennent des dispositions en vue de faire un point
croisé par l'Etat et les communes des personnels des mairies par
catégorie en mettant en exergue ceux mis à leur disposition par
l'Etat, ceux hérités des anciennes sous-préfectures et
circonscriptions urbaines, de même que ceux recrutés sur budgets
propres des communes ;
· demander à chaque commune d'exprimer ses
besoins par catégorie en ressources humaines conformément au
nouvel organigramme type mis en place ;
· faire un point croisé des ressources propres des
communes (recettes fiscales et non fiscales) tout en mettant en exergue les
taxes perçues et celles non perçues par les communes ;
· demander à chaque maire de faire parvenir à
l'Etat le point des besoins spécifiques pour le développement de
sa commune tout en définissant les priorités.
Le comité technique recommande enfin, la mise en place
d'un mécanisme de suivi- évaluation des diverses recommandations
et du respect du chronogramme établi, en vue de garantir et de faciliter
l'exercice par les communes des compétences transférées
par l'Etat.
Ainsi, il ne restera qu'à analyser la pertinence des
recommandations faites par ce comité par les acteurs concernés.
Cette mise en oeuvre passera forcement par l'action concertée de l'Etat
et des communes. De ce fait, il importe donc de chercher à comprendre
les stratégies développées jusque là par les
principaux acteurs impliqués, de faire ressortir les obstacles majeurs
afin que les mesures qui seront prises puissent être efficaces. C'est
cette démarche qui a conduit à cette recherche qui s'intitule :
« Problématique de transfert de compétences aux communes :
stratégies des acteurs et perspectives ».
CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE
2-1 Revue de littérature
Le transfert de compétences et des ressources demeure
l'un des chantiers inachevés de la décentralisation à
cause du non transfert des responsabilités et des ressources des
ministères sectoriels depuis plus de quatre ans de vie des communes. Ce
transfert de compétences est perçu par les acteurs locaux et
certains acteurs étatiques du processus comme une condition de
réussite. Dès le début du processus, cette
préoccupation a engendré un rapport conflictuel entre le pouvoir
central et les communes (cas du transfert du marché Dantokpa à la
municipalité de Cotonou).
Pour répondre aux objectifs de cette étude, il
importe de passer en revue les différentes conceptions de la
décentralisation, des études faites sur ce sujet. Les conceptions
de la décentralisation que nous présentons mettent en exergue les
volets tels que le transfert de pouvoirs, de compétences et de
ressources aux acteurs locaux, le renforcement des capacités locales,
l'apprentissage de la gouvernance participative, la lutte contre la
pauvreté. Suivant certaines conceptions, la décentralisation
revêt plusieurs formes : les formes démocratique et
administrative.
2-1-1 Les conceptions de la décentralisation La
décentralisation est vue sous plusieurs angles :
La décentralisation comme un mécanisme de
transfert de pouvoirs aux institutions locales
D'un point de vue politique, la décentralisation est
une réforme qui satisfait la volonté du gouvernement de
même que des citoyens d'élargir le champ de la démocratie.
Elle consiste en un transfert de pouvoirs, c'est-à-dire de
compétences et des ressources financières nécessaires
à son exercice, du niveau central (Etat) au niveau local
(collectivité territoriale), et à des organes élus
(Adjaho, 2002)11. Elle permet ainsi aux représentants
élus des populations, de disposer d'un vaste champ d'initiatives et de
responsabilités (Greffe, 1984).12
La décentralisation est définie dans cette
perspective, comme tout acte à travers lequel un gouvernement central
cède formellement les pouvoirs aux acteurs et institutions de niveaux
inférieurs dans la hiérarchie politico-administrative et
territoriale. Ce transfert de pouvoirs
11 ADJAHO, R. supra pp 21-22.
12 Cité par HOUNMENOU G.B.
(2006).Décentralisation, gouvernance participative et dynamiques locales
de développement, Etude de cas en milieu rural au Bénin.
Thèse doctorale, université de Versailles
Saint-Quentin-En-Yvelines, p51.
implique la création d'un cadre de prise de
décision à l'intérieur duquel, une variété
d'acteurs peut exercer une certaine autonomie (Agrawal et Ribot,
1999).13
Cette considération se retrouve dans les travaux de
Adjaho (2002) qui précisent : « la décentralisation est
aussi une technique d'organisation administrative par laquelle, l'Etat octroie
à d'autres personnes morales de droit public, le soin de s'administrer
elles-mêmes. Il s'agit pour l'Etat de créer d'autres
entités infra étatiques (régions, départements ou
communes), et de leur accorder dans le cadre de la loi, le droit de
gérer leurs propres affaires. Ces entités infra étatiques
sont des collectivités territoriales décentralisées
»14. Ces travaux indiquent par ailleurs que le transfert de
pouvoir peut être total. Dans ce cas, l'Etat se dessaisit
complètement des pouvoirs autrefois exercés par lui. Il peut
s'agir aussi d'un transfert partiel c'est-à-dire d'un partage de
pouvoir. L'Etat ne se dessaisit alors que d'une partie des pouvoirs
concernés. Ces deux cas existent dans de multiples domaines dans
plusieurs pays. Ainsi, avec l'actuelle décentralisation au Bénin,
la commune partage avec l'Etat diverses compétences, notamment celles
relatives à la fourniture de certains types de services publics
(éducation, santé, eau potable et assainissement, voirie...).
A travers sa dimension politique, la décentralisation
traduit un cadre institutionnel et juridique à l'intérieur
duquel, la fourniture à l'échelon local de biens collectifs peut
s'opérer. Il s'agit d'une détermination légale de la
sphère institutionnelle de production de ces biens.15
La décentralisation : facteur de rapprochement des
populations des niveaux de prises de décisions
La décentralisation rapproche les institutions de
pouvoirs des citoyens. Un gouvernement représentatif est plus efficace
quand il est plus près des citoyens (Stigler, 1957)16.La
décentralisation est en effet perçue comme une manière de
partager le pouvoir, les ressources et les responsabilités avec la
population. Dans cette perspective, elle permet de rapprocher
géographiquement les prises de décision des populations
défavorisées voire de les rendre participatives (Schneider,
1999)17. En favorisant le rapprochement des institutions publiques
des populations, elle les rend plus facilement comptables de leur gestion.
La décentralisation permet ainsi, un contrôle de
proximité des administrations publiques (Ebel et Yimaz,
2001)18.
13 Op cit
14 ADJAHO, R. supra p22.
15 HOUNMENOU, B. G. supra p 52
16 Ibid
17 HOUNMENOU, B. G. op. Cit. p53
18 Cité par HOUNMENOU, B. G. p 53
La décentralisation favorise par ailleurs une
structuration organisationnelle au plan local, notamment, au niveau de la
société civile et du secteur privé (Requier-Desjardins,
2000)19.
La décentralisation : facteur de participation et de
renforcement des capacités des populations et moyen de lutte contre
la pauvreté
A travers le principe de participation, la
décentralisation peut être aussi considérée comme un
moyen de lutte contre la pauvreté. Selon Sen (1981), la pauvreté
n'est pas seulement une question de faible niveau de revenu. Elle est aussi un
manque de maîtrise des pauvres sur leur destin et les décisions
qui les concernent. En impliquant les populations locales dans la prise de
décisions et la gestion des affaires les concernant, la
décentralisation répond à une volonté de
réduction de la pauvreté. L'implication des acteurs locaux dans
les initiatives concourant à leur bien-être collectif
répond à cet objectif20.
La lutte contre la pauvreté constitue une mission qui
relève indéniablement du ressort des politiques locales. Pauly
(1973)21 indique à cet effet que, c'est surtout à
l'échelle locale que les acteurs se préoccupent davantage de la
pauvreté. Au Bénin, les priorités actuellement retenues
par plusieurs communes dans leur plan de développement prennent en
compte des initiatives liées à l'amélioration de
l'accès des populations à l'éducation de base, aux soins
de santé et à l'eau potable. Ces initiatives figurent parmi les
priorités inscrites dans la stratégie nationale de
réduction de la pauvreté (CNDLP, 2004)22.
La décentralisation : facteur d'amélioration de
la capacité d'action collective et outil d'apprentissage de la
gouvernance
Selon Shah (1998)23, la décentralisation
s'inscrit dans une réflexion sur la gouvernance. Celle-ci ne se
réduit pas à l'action des institutions gouvernementales
nationales. Elle implique leur interaction avec non seulement les
différents niveaux territoriaux, mais également l'ensemble des
institutions représentatives de la société civile ainsi
que le secteur privé qui doivent s'engager dans un partenariat pour le
développement.
19 Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 53.
20 Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 54
21Jbid
22 CNDLP : Commission Nationale pour le
Développement et la Lutte contre la Pauvreté. 23.
Cité par HOUNMENOU, B. G. supra p 55
Fondamentalement, la décentralisation vise à
atteindre l'un des principaux objectifs de la bonne politique qui se traduit
par la démocratisation ou le principe que les hommes auraient un mot
à dire dans la gestion de leurs affaires. En ce sens, la
décentralisation est une stratégie de gouvernance pour faciliter
le transfert de pouvoirs tout près de ceux qui sont les plus
affectés par son exercice (Agrawal et Ribot, 1999).
En favorisant la participation des populations dans la
gestion de leurs affaires et dans leur contrôle au plan local, la
décentralisation crée les conditions liées à
l'apprentissage de la gouvernance locale. La participation et la
possibilité de contrôle au niveau local peuvent en effet permettre
une familiarisation avec les modes de fonctionnement, ainsi qu'un apprentissage
de la gouvernance (Schneider, 1999).
Décentralisation pour une amélioration des
services aux populations
La décentralisation accompagne l'amélioration
des services en dispensaires, salles de classes et les installations locales de
distribution d'eau et d'électricité aux populations. C'est
précisément l'enjeu du transfert des responsabilités.
La Banque Mondiale fait remarquer que le fait de
décentraliser ne signifie pas en soi une transformation du mode de
fourniture des services. Tout dépend des motivations de la
décentralisation qui est principalement un acte politique visant une
grande autonomie régionale. La décentralisation des services est
un sous-produit (Banque Mondiale, 2004)24.
Selon un constat fait par les services de la Banque Mondiale
en Ouganda, les taux de scolarisation ont stagné malgré
l'augmentation considérable des dépenses de l'Etat dans
l'enseignement primaire. Cela a conduit à vérifier si l'argent
investi parvenait effectivement aux écoles. Les enquêtes ont
révélé que 87% des ressources destinées aux
écoles en dehors des salaires étaient en réalité
consacrées à d'autres usages.
L'impact de la décentralisation sur les services se
complique lorsque les objectifs politiques, budgétaires et
administratifs ne sont pas poursuivis simultanément ou de manière
solidaire. L'expérience de la décentralisation dans huit pays
d'Amérique latine laisse penser que ce sont souvent les objectifs
politiques qui ont servi de déclencheur mais que par la suite les
chemins ont divergé (Banque Mondiale, 2004)25.
24 Banque Mondiale. (2004). Rapport sur le
développement dans le Monde, Des services pour les pauvres. Editions
ESKA p 217.
25 Banque Mondiale supra p 218.
C'est dans cette perspective que Frank et al
(2003)26 apportent à notre connaissance que là
où la décentralisation a été motivée
principalement par des objectifs politiques (comme en Equateur, au Pérou
et au Venezuela), le transfert de ressources a souvent été
significatif, mais, le transfert des responsabilités à
été plus difficile à mener à bien. Là
où la décentralisation politique a été
associée à l'autonomie budgétaire régionale et
motivée par cette idée, d'une manière complexe mais avec
un décalage (comme en Argentine et au Brésil), des crises
économiques et politiques se sont produites, en raison de
l'incapacité du centre à imposer une discipline budgétaire
aux autorités locales. En Colombie, bien que la décentralisation
ait été initialement motivée par des considérations
politiques, les ajustements budgétaires et administratifs ont
été plus profonds, et dans les systèmes budgétaires
et administratifs, des ajustements cycliques ont souvent eu lieu.
De cette expérience latino américaine, on peut
retenir que les pouvoirs politiques budgétaires et administratifs ne
sont pas nécessairement transférés d'une manière
simultanée ni selon un ordre cohérent.
Il faut que la décentralisation touche le dispensaire,
la salle de classe et les installations locales de distributions d'eau et
d'électricité de telle sorte que des opportunités soient
créées de renforcer la responsabilité entre citoyens,
hommes politiques ou décideurs et prestataires (Banque Mondiale,
2004)27.
C'est surtout lorsqu'il existe un bon équilibre entre
le financement central et local que la décentralisation peut
déboucher sur un système de contrôle mutuel pouvant motiver
à la fois le gouvernement central et les autorités locales
à faire en sorte que les services fonctionnent bien localement. Mais, le
progrès de l'obligation de rendre compte risque de ne pas avoir lieu et
les avantages de la décentralisation risquent d'être
manqués si les incitations budgétaires et autres, qui
sous-tendent la relation entre le centre et les autorités locales, ne
sont pas en phase, de sorte que le système de contrôle soit
inefficace (Banque Mondiale, 2004)28.
Une étude faite par Galiani et Schargrosky
(2002)29 portant sur le transfert de la responsabilité des
établissements d'enseignement secondaire aux provinces en Argentine,
entre 1994 et 1998, a montré que si les moyennes aux examens
étaient en hausse, les progrès étaient bien plus faibles
lorsque les écoles étaient transférées à des
provinces très mal gérées.
Ainsi, pour que la décentralisation atteigne les
salles de classe, les dispensaires, les hôpitaux et les services de
travaux publics d'une manière propre à accroître
l'obligation de rendre compte et l'efficacité des services, trois
domaines sont essentiels : la finance au niveau sous-
26 Cité par Banque Mondiale op. Cit. p 219.
27 Ibid
28 Ibid
29 Cité par Banque Mondiale. Supra pp
219-220
national, la division des responsabilités
administratives entre le centre et les autorités locales et la
capacité locale (Banque Mondiale, 2004)30.
2-1-2 Typologie de la décentralisation
Rondinelli et al (1983)31 considèrent la
décentralisation comme un mécanisme de transfert de
l'autorité et de la responsabilité des fonctions publiques, des
institutions infranationales ou autonomes. Elle constitue un acte par lequel,
un gouvernement cède formellement des pouvoirs à des acteurs et
à des institutions de niveau inférieur, dans la hiérarchie
politico-administrative et territoriale (Ribot, 2002)32.
De ce fait, sans une compréhension de la nature des
pouvoirs transférés aux différents acteurs et des
conditions d'exercice des responsabilités qui y sont liées, il
n'est pas aisé d'appréhender la mesure dans laquelle une
décentralisation significative a lieu. Le sens dans lequel s'oriente la
responsabilité des acteurs qui exercent les pouvoirs
transférés revêt une grande importance dans la
compréhension du type de décentralisation en cause. Dans cette
perspective, deux principaux types de décentralisation sont
distingués dans la littérature : la décentralisation
politique et administrative ou décentralisation au sens commun dont il
est surtout question ici et la décentralisation technique.
· La décentralisation politique et administrative
Dans la décentralisation politique et administrative,
les pouvoirs sont transférés aux acteurs ou institutions qui sont
imputables (comptables ou responsables) devant les populations dans leur
juridiction. Dans ces conditions, les élections sont perçues
comme le mécanisme qui assure l'imputabilité dans la
décentralisation politique et administrative. L'élément
primordial dans le fonctionnement des collectivités territoriales
décentralisées est une autonomie plus ou moins forte par rapport
au pouvoir central (Adjaho, 2002)33
· La décentralisation technique
30 Ibid
31 Ibid
32 Ibid
33 ADJAHO, R. supra p22.
La décentralisation technique selon Adjaho
(2002)34 concerne essentiellement les établissements publics.
Elle vise à les soustraire aux règles habituelles de
fonctionnement de l'administration afin de leur assurer une plus grande
efficacité. L'établissement public est une personne morale de
droit public, doté de l'autonomie financière et
généralement chargé d'une mission de service public. Ces
collectivités particulières disposent de l'autonomie mais pas de
territoire. Tel est le cas des hôpitaux, des lycées, des
universités, de certains offices qui jouissent d'une réelle
autonomie de gestion.
La décentralisation est souvent confondue avec la
déconcentration. Mais, il convient de retenir que la
déconcentration n'est qu'une manière d'organiser la
présence effective du pouvoir central dans les différentes
localités d'un pays.35
2-1-3 L'état des travaux sur le transfert des
compétences.
Plusieurs auteurs ont consacré des recherches sur le
transfert de compétences et des ressources aux collectivités
locales. Leurs travaux ne se sont pas appesantis exclusivement sur ce volet
mais sur toute la réforme sur la décentralisation où ils
apportent des contributions à cette étape de la
décentralisation.
Ainsi, Mback (2003)36 expose que la
définition des compétences communales dans le cadre des
réformes sur la décentralisation a respecté les principes
classiques en matière de transfert de compétences à savoir
le principe de subsidiarité, le principe d'équilibre et le
principe d'égalité.
· Le principe de subsidiarité
Il y a plusieurs définitions de ce principe. Selon une
étude du Secrétariat d'Etat français à la
coopération, ce principe signifie que chaque composante du bien commun
doit être gérée par l'entité qui lui est la plus
proche. Seul ce qui ne peut être bien géré à ce
niveau doit être transféré au niveau
supérieur.37
Le principe de subsidiarité est d'origine ancienne.
Les prémices de l'idée de subsidiarité, sont redevables
des écrits d'Aristote, ensuite de Saint Thomas d'Aquin. Partant de
l'inaliénabilité des droits humains, ce dernier soutient que
« la personne humaine est supérieure en valeur à la
société ». Il s'en suit que, partout où la personne
peut agir, la société ne devrait pas se substituer à elle.
Ainsi, de la famille à la cité en passant par le village, les
tâches se superposent et ne se
34 ADJAHO, R. op. Cit. pp23-24.
35 ADJAHO, R. op. Cit. pp 25.
36 MBACK, C. N. (2003). Démocratisation et
décentralisation, Genèse et dynamiques comparés des
processus de décentralisation en Afrique Subsaharienne. Editions
Karthala, PDM, p 399.
37 Cité par MBACK N.C. op. cit. p 400.
recoupent pas. Seul le principe de suppléance doit
guider le partage des tâches à chaque niveau «
l'autorité la plus haute (...) ne doit intervenir que là
précisément où la plus petite ne peut plus pourvoir.
Chaque instance n'est que supplétive par rapport aux instances les plus
petites ». Ainsi, le principe de subsidiarité entend valoriser les
acteurs de proximité par rapport aux instances
éloignées.38
La meilleure tendance dans la répartition des
compétences serait dans le sens de la prise en charge des
problèmes locaux et quotidiens par les collectivités locales,
sauf si cette prise en charge nécessite des moyens financiers ou
techniques hors de leurs capacités, comme c'est souvent le cas pour
certains services tels que la production et la distribution de l'eau potable,
de l'électricité, ou la mise en place de réseaux de
télécommunications (Mbassi, 1994)39.
Le critère de subsidiarité serait en Afrique
essentiellement déterminé par les moyens matériels,
financiers et techniques nécessaires pour exercer une compétence
(Mback, 2003).
· Le principe d'équilibre
Le principe d'équilibre part du souci que l'Etat ne
doit pas sous le couvert des transferts de compétences, se contenter de
décharger sur les collectivités locales des tâches qu'il
n'arrive plus à effectuer pour des raisons diverses (Mback,
2003)40. Il serait, dans ce cas, à peu près certain
que ces tâches n'auraient pas plus de chance d'être
effectuées par leurs nouveaux responsables qu'elles n'en ont eu sous la
responsabilité de l'Etat. Ce principe veut établir un
équilibre entre les nouvelles compétences locales (et les charges
qu'elles impliquent) et les moyens dont peuvent disposer leurs
bénéficiaires pour les assumer. Ce principe est traduit par des
dispositions législatives exigeant que tout transfert de
compétences soit accompagné d'un transfert concomitant de
ressources ou de moyens pour les exercer. Toutefois, la consécration de
ce principe au Bénin est l'oeuvre de la jurisprudence (Mback,
2003).41
· Le principe d'égalité de toutes les
collectivités locales
Ce troisième principe postule une
égalité juridique entre les collectivités locales. Cette
égalité est établie, à la fois, entre les
collectivités d'une même catégorie et entre les
collectivités relevant de catégories différentes. Il est
traduit, au plan normatif, par l'interdiction de toute tutelle, de quelque
forme que ce soit, d'une collectivité locale sur une autre. Le
Bénin n'ayant institué
38 Cité par MBACK N. C. op. cit. p401.
39 Ibid
40 MBACK, C. N. op. cit. p 406.
41 MBACK, C. N. supra p 406.
qu'un seul niveau de décentralisation, le
législateur n'a pas cru devoir insister sur ce principe de non tutelle
(Mback, 2003)42.
Ce sont surtout ces trois principes qui fondent l'orientation
donnée à cette étude qui n'est pas de faire l'état
du transfert des compétences au niveau d'une seule commune mais de
s'intéresser à toutes les communes pour aborder la question en
termes de stratégies que les acteurs mettent en place depuis
l'installation effective des communes.
D'autres auteurs contemporains ont apporté leurs
contributions à la question de transfert de compétences aux
communes.
Dèhoumon (2006)43 a fait remarquer que
« la décentralisation n'est pas un simple transfert de charges. Une
décentralisation synonyme de transfert de compétences sans le
transfert des ressources est de toute évidence un simple transfert de
charges. A chaque compétence transférée doit correspondre
le transfert concomitant de ressources qui jadis étaient
affectées à la compétence transférée. Ainsi,
il ne s'agit pas de transférer la construction des écoles
primaires aux communes, sans transférer également les ressources
que l'Etat utilisait pour construire ces écoles. Il ne s'agit donc pas
pour l'Etat, de se décharger sur les collectivités locales, mais
de faire réaliser par ces dernières dans de meilleures conditions
de rationalité, de rentabilité et d'efficacité, certaines
tâches qu'il exécutait jusque là. En d'autres termes, les
compétences transférées sont financées par les
moyens que l'Etat consacrait auparavant à l'exercice même de ces
compétences. Ce qui n'empêche pas les collectivités de
chercher à mobiliser des ressources nouvelles qui auraient
été inaccessibles pour l'Etat ».
Langley et al (2006)44 consacrent leurs efforts
à l'évaluation des trois ans du processus de
décentralisation au Bénin. Cette recherche a mis l'accent sur les
préalables à faire. Pour ces auteurs, le transfert des
compétences et des ressources aux communes suppose une modification de
l'approche. Ensuite, il faut un renforcement des compétences des
services déconcentrés pour qu'ils puissent apporter leurs
concours aux communes qui le demandent, notamment pour réaliser les
tâches de maître d'ouvrage et de gérant du parc des
infrastructures et équipements. Ces changements doivent s'insérer
dans une restructuration des ministères techniques et s'accompagner
d'une révision des stratégies sectorielles, d'une nouvelle
répartition des tâches et du réaménagement des
procédures. Il faudrait aussi une véritable volonté de la
part de l'Etat central pour opérer ce transfert de
compétences.
42 MBACK, C. N. op. cit. p 409.
43 DEHOUMON, S. P. (2006). La décentralisation
entre risques et espoirs. Editions COPEF, Cotonou, pp 39-40.
44 LANGEY, P. MONDJANAGNI, A. FADE, B. GBEDO J. E.
ADAMOU, B. Z. et ALIDOU, M (2006). Les premiers pas des communes au
Bénin : Enseignements du processus de la décentralisation.
Institut Royal des Tropiques (KIT), Amsterdam, p 59.
Pour réaliser ces préalables, la contribution de
tous les acteurs est nécessaire parce qu'ils partagent des
responsabilités dans la réussite du processus.
2-2 Modèle d'analyse de la recherche
Le sujet de ce mémoire nous a conduit à nous
appuyer sur la théorie de l'analyse des organisations telle qu'elle a
été présentée par Michel Crozier et Erhard
Friedberg dans leur ouvrage collectif « l'acteur et le système
»45 et appuyé par les travaux de Gouda
(1986)46. Notre démarche obéit à trois niveaux
d'analyse à savoir le raisonnement systémique et le raisonnement
stratégique d'une part et d'autre part le rapport à
l'environnement.
Tout d'abord, les deux premiers niveaux d'analyse que nous
venons d'évoquer sont à la fois complémentaires
contradictoires et convergents47. Ils sont complémentaires de
façon fondamentale, car sans le raisonnement systémique le
raisonnement stratégique ne dépasse guère
l'interprétation phénoménologique et sans ce dernier, le
raisonnement systémique reste spéculatif et
déterministe.
Opposés, ils le sont aussi dans la mesure où le
raisonnement systémique se veut comme une analyse logique de
finalité et de cohérence à savoir déductive alors
que le raisonnement stratégique suppose un schéma de marchandage
et de calcul personnel, c'est-à- dire fondé sur une logique
inductive.
Comme l'explique Crozier M. et Friedberg E. eux-mêmes,
la séparation de ces deux démarches conduit à des
résultats divergents (c'est leur opposition évidente). Elles
peuvent atteindre leur convergence à condition de recourir au concept de
« jeu » pour les intégrer à une même
référence. Mais, le jeu comme concept nous servira de
modèle d'intégration des comportements humains ce qui suppose une
vision dualiste du champ des rapports sociaux.
« Sont entretenues ensemble et non
réconciliées les deux orientations contradictoires, celle de la
stratégie égoïste de l'acteur et celle de la
cohérence finalisée du système »48.
Le troisième niveau d'analyse prend en compte
l'environnement. Pour notre part, le concept d'environnement dépassera
le cadre défini dans la théorie dont nous nous servons à
savoir l'environnement proche et significatif (environnement pertinent) pour
considérer
45 Crozier, M. et Friedberg, E. (1977). L'acteur et
le système, les contraintes de l'action collective, édition du
Seuil, Paris.
46 GOUDA, S.(1986). Analyse organisationnelle des APS
dans un pays d'Afrique noire : le Bénin, thèse de doctorat de
3è cycle, Université Scientifique, Technologique et
Médicale de Grenoble 1, 433 pages.
47 Ibidem
48 Crozier, M. et Friedberg, E. OP CIT. p 204.
notamment les phénomènes économiques,
politiques, culturels, anthropologiques lesquels constituent un univers hostile
aux processus de changement brutaux au Bénin à travers la
décentralisation qui est conditionnée par un transfert effectif
des compétences et des ressources aux communes.
En somme, on peut dire que notre démarche vise
à analyser les différentes stratégies
développées par les acteurs concernées par le transfert de
compétences et de ressources à la lumière de l'analyse
systémique, l'analyse stratégique et du rapport à
l'environnement.
Le transfert de compétences met aux prises deux
acteurs. Il s'agit de l'Etat et des communes. L'Etat détenait la
plénitude de ses compétences et des ressources pour l'exercer
dans le cadre de la déconcentration. En matière de
décentralisation, une partie de ces compétences et ressources est
transférée aux communes dirigées par des autorités
locales élues.
Ces acteurs du transfert de compétences seront alors
appréhendés à travers le modèle d'analyse de
Crozier et Friedberg en termes de participants à une action collective.
Une action collective est une action organisée des hommes (Crozier et
Friedberg, 1977)49. Ces hommes forment ce que l'on appelle un
système. Pour Crozier et Friedberg « un système est un
ensemble dont toutes les parties sont interdépendantes, qui
possède donc un minimum de structuration, ce qui le distingue du simple
agrégat, et qui dispose en même temps de mécanisme qui
maintient cette structuration et qu'on appelle mécanisme de
régulation »50. La conceptualisation de l'action
collective se fait à travers l'analyse des systèmes d'action
concret. Un système d'action concret selon Crozier et Friedberg est
« un ensemble humain structuré qui coordonne les actions de ses
participants par des mécanismes de jeux relativement stables et qui
maintient sa structure c'est-à-dire la stabilité de ses jeux et
les rapports entre ceux-ci, par des mécanismes de régulation qui
constituent d'autres jeux » (Crozier et Friedberg, 1977)51. A
l'intérieur d'un système d'action concret les acteurs participent
à des jeux dirigés par certains objectifs plus
spécifiques.
Selon Gouda « la régularité du
comportement empirique observé est le fondement inféré par
la stratégie de l'acteur. La stratégie est ainsi liée
à la faculté de l'acteur à saisir les opportunités
pour accroître ses gains et minimiser ses pertes, ne peut se comprendre
par
49 CROZIER, M. FRIEDBERG, E. (1977). L'acteur et le
système. Editions le Seuil, Paris, p13.
50 Op. Cit. p243. 51Op. Cit. p
247.
rapport aux motivations ni même par rapport aux
résultats obtenus par lui » (Gouda, 1997)52.
L'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des
stratégies que les différents acteurs utilisent pour atteindre
leurs fins.
Le concept de pouvoir est nécessaire pour
éclairer l'acteur et sa stratégie (Gouda, 1997)53.
Selon Crozier et Friedberg, le pouvoir institue une relation d'échange,
donc de négociation dans laquelle deux personnes au moins sont
engagées. C'est une relation instrumentale c'est-à-dire
conçue dans la perspective d'un but à atteindre
nécessitant de la part des personnes concernées l'engagement de
ressources de tout genre. Le pouvoir est donc une relation, et non pas un
attribut des acteurs (Crozier et Friedberg, 1977)54. C'est le
rapport de force dont l'un peut retirer davantage que l'autre, mais où,
également, l'un n'est jamais totalement démuni face à
l'autre (Crozier et Friedberg, 1977)55.
Par ailleurs, c'est le jeu qui permet à l'acteur
d'intégrer sa stratégie dans l'organisation (Gouda,
1997)56. Par définition, le jeu est l'instrument que les
hommes ont élaboré pour régler leur coopération.
C'est l'instrument essentiel de l'action organisée. Le jeu concilie la
liberté et la contrainte. Le joueur reste libre. Mais doit s'il veut
gagner, adopter une stratégie rationnelle en fonction de la nature du
jeu et respecter les règles de celui-ci (Crozier et Friedberg, 1
977)57.
Cette définition du système d'action concret et
des notions associées nous permet de nous intéresser aux
différents acteurs engagés dans le transfert de
compétences. Il s'agit d'apprécier les stratégies que
développent ces acteurs concernés par le transfert de
compétences.
2-3 Problématique
La question du transfert de compétences et des
ressources est au coeur de toute réforme décentralisatrice. Au
Bénin, comme dans la plupart des pays de la sous-région, deux
acteurs sont directement concernés par le transfert de
compétences et des ressources (Adjaho, 2002). Il s'agit de l'Etat
central qui se trouve à la tête de l'organisation de
l'administration territoriale et la commune, l'entité de base de cette
organisation. L'article 3 de la loi 97-028 du 15 janvier 1999 portant
organisation de l'Administration Territoriale de la République du
Bénin définit
52GOUDA, S. (1997). Etats, Sports et politiques en
Afrique noire Francophone : cas du Bénin, du Congo, du Niger et du
Sénégal. Thèse de doctorat de
l'Université Joseph FOURIER de GRENOBLE, p93.
53 ibid
54 CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. Op. Cit. P56.
55 Op. Cit. p59.
56 GOUDA, S. Op. Cit. p93.
57 CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. Op. Cit. p 97.
entre autre que des lois et règlements
déterminent la répartition des compétences entre les
collectivités et l'Etat ainsi que la répartition des ressources
publiques. C'est dans cette perspective que la loi 97-029 du 15 janvier 1999
vient préciser en son article 82 que : «La commune dispose de
compétences qui lui sont propres en tant que collectivité
territoriale décentralisée. Elle exerce en outre, sous le
contrôle de l'autorité de tutelle, d'autres attributions qui
relèvent des compétences de l'Etat. Elle concourt avec l'Etat et
les autres collectivités à l'administration et à
l'aménagement du territoire, au développement économique,
social, sanitaire, culturel et scientifique ainsi qu'à la protection de
l'environnement et l'amélioration du cadre de vie ».58
Cette loi reconnaît que les compétences et les ressources sont
transférées aux communes. Depuis l'installation des communes en
février-mars 2003, seulement une partie des compétences est
transférée aux communes. L'essentiel des compétences des
ministères ne l'est pas encore dans la réalité. Mais, les
acteurs n'ont pas manqué de prendre des dispositions.
Les communes créent en novembre 2003 L'ANCB pour mieux
défendre leur droit. Au lendemain de la première édition
des Journées Nationales des communes du Bénin du 02 au 04
Décembre 2004 portant sur le thème : « Transfert des
compétences de l'Etat central aux communes : Enjeux, opportunités
et défis pour les communes dans le contexte de la
décentralisation au Bénin » les Maires ont transmis à
l'Etat un mémorandum (voir annexe).
L'Etat a, depuis 2003, commencé par une série
de communication introduite en conseil des ministres notamment la communication
n°1236/2003 relative au plan d'action sur les modalités de
transfert des compétences et des ressources aux communes, la
communication n°144/04 relative à la nécessité de
proposer une meilleure stratégie de mise en oeuvre du transfert de
compétences.
Il faut ajouter la création par arrêté
N°06/MCPPD/MISD/FME/DC/SGM/SA du 27 janvier 2005 d'un comité
chargé de proposer au gouvernement les modalités et calendrier de
transfert effectif des compétences, la création par
arrêté n°493/MDEF/MSPCL/MDITPU/MTFP du 16 juin 2006 d'un
autre comité chargé d'examiner les modalités de transfert
de compétences aux communes (Municipal, 2007). Le rapport de ce
comité est achevé et sera validé lors du forum bilan de la
décentralisation.
Ainsi, l'organisation de l'Administration Territoriale vue
à travers le transfert de compétences fait intervenir des acteurs
interdépendants (Etat, communes). Ces acteurs sont engagés dans
un ensemble de jeux structurés qui représentent quelques actions
citées ci-
58 Mission de Décentralisation. (2006).
Recueil des lois sur la Décentralisation. P33.
dessus qu'ils mènent par rapport à l'action
collective (transfert de compétences et de ressources) pour laquelle ils
travaillent. Les jeux sont régulés par les règles de jeux.
Ces règles sont représentées par la loi 97-028 du 15
janvier 1999 portant organisation de l'Administration Territoriale et la loi
97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation des communes. L'utilisation que
ces acteurs font de ces règles fait partie de la stratégie qu'ils
utilisent pour atteindre leurs fins. L'organisation de l'Administration
Territoriale constitue une structure de l'action collective et constitue un
système de pouvoir. Le pouvoir est la capacité d'un acteur
à structurer les processus d'échange plus ou moins durables en sa
faveur, en exploitant les contraintes (les règles) et
opportunités (les non dits des règles) de la situation pour
imposer les termes de l'échange favorable à ses
intérêts. L'étude des relations de pouvoir permet de
dégager des stratégies d'actions relativement stables. La
stratégie des acteurs représente leur position, leur parti dans
le jeu. Les stratégies des acteurs sont fonction de leurs
intérêts mais aussi de leurs ressources.
Cette problématique nous amène à formuler
les questions de recherche suivantes :
Les stratégies développées par ces acteurs
ont-elles permis d'atteindre l'objectif de transfert de compétences aux
collectivités locales ?
Prenant en compte la diversité des intérêts
de ces acteurs, comment insuffler une dynamique nouvelle pour rendre effectif
le transfert de compétences ?
Il s'agit de façon spécifique :
- de comprendre dans la réalité les
stratégies développées par les acteurs impliqués
dans le transfert de compétences ;
- d'identifier les obstacles qui handicapent le transfert des
compétences;
- d'esquisser quelques approches de solutions en vue d'un
transfert de compétences effectif et durable.
2-4 Hypothèse
Pour atteindre les objectifs assignés à cette
recherche, notre étude se fonde sur l'hypothèse suivante :
Les stratégies développées par les acteurs
concernés par le transfert de compétences ne permettent pas ce
transfert.
DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
3-1 Le champ d'analyse et la sélection des unités
d'observation 3-1-1 Le champ d'analyse
En science sociale, il ne suffit pas de savoir les types de
données à rassembler, encore faudrait-il que le champ des
analyses empiriques soit circonscrit dans l'espace géographique et
social.
En effet le transfert de compétences concerne l'Etat
et les communes du Bénin. Nos investigations tiennent compte de toute
l'organisation administrative territoriale telle que définit par la loi
97-028 du 15 Janvier 1999. Selon cette loi, il n'y a qu'un seul niveau de
décentralisation (la commune). Cette dernière est dirigée
par un maire élu mais fonctionne sous le contrôle de
l'autorité de tutelle (le préfet) nommée par l'Etat. Au
niveau de l'Etat, c'est le Ministère de la Décentralisation, de
la Gouvernance Locale, de l'Administration et de l'Aménagement du
Territoire (MDGLAAT) qui coordonne les activités de l'administration
territoriale.
Ainsi, les recherches s'intéressent aux deux niveaux
de l'administration territoriale : Département--Commune
(considérée seule et/ou en association) d'une part et d'autre
part à l'Etat central principal acteur dans la résolution du
problème de transfert de compétences aux collectivités
locales. L'étude devrait être étendue à toutes les
communes du Bénin. Mais en raison du temps disponible et des ressources
qui sont limitées, nous allons seulement considérer le cas du
département du Zou qui compte 09 communes sous tutelle d'un
Préfet. Lesdites recherches sont étendues de façon
spécifique à quelques responsables de l'ANCB.
Somme toute, le champ d'analyse de cette étude prend
en compte les acteurs étatiques, et les acteurs locaux.
3-1-2 La sélection des unités
d'observation
Cette étude est de type qualitatif. Cela signifie que
l'interprétation et l'analyse des résultats se basent sur le
contenu des discours des sujets investigués et non sur des
données chiffrées. Dans cette perspective, la technique
d'échantillonnage retenue est le choix raisonné
c'est-à-dire que les cibles sont retenues parce qu'elles sont les plus
à même de fournir les
informations désirées. L'échantillon
comprendra donc des sujets provenant des structures étatiques d'appui
à la décentralisation qui représentent l'Etat, des
communes d'Abomey, d'Agbangnizoun, de Bohicon, de Covè, de Djidja, de
Ouinhi, de Zagnanado, de Za-Kpota, de Zogbodomey, de la Préfecture du
Zou, du Bureau de l'ANCB.
En définitive, l'échantillon de cette étude
se décompose comme suit :
> au niveau des acteurs étatiques nous avons
interviewé :
· :* 8 sujets du Ministère en charge de la
Décentralisation surtout dans la Direction Générale de
l'Administration Territoriale (DGAT).
· :* 2 sujets des structures de pilotage de la
réforme sous tutelle répartis comme suit :
· 1 sujet pour la Mission de Décentralisation
(MD)
· 1 sujet pour la Maison des Collectivités Locales
(MCL).
· :* 1 sujet pour la préfecture du Zou (le
Préfet).
> Au niveau des acteurs locaux :
· :* 2 sujets par commune à raison du maire et de
l'un de ses adjoints ou du Secrétaire Général de la
Commune. Au total on a 18 sujets venant des entités locales.
· :* 3 sujets issus du Bureau de l'ANCB.
Tableau 3 : Récapitulatif du nombre de sujets
interviewés
Structures d'enquête
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
MDGLAAT
|
8
|
25
|
Structures de pilotage de la réforme sous tutelle (MD,
MCL)
|
2
|
6,25
|
Préfecture
|
1
|
3,125
|
Communes
|
18
|
56,25
|
ANCB
|
3
|
9,375
|
Total
|
32
|
100
|
|
3-2 Instruments d'observation et de collecte des
données
Les techniques et outils d'investigation utilisés sont
constitués d'une analyse documentaire, d'une pré-enquête et
des entretiens avec les unités identifiées.
L'analyse documentaire a consisté en la collecte
d'ouvrages et publications scientifiques et autres relatifs à la
décentralisation. Elle est réalisée dans les centres de
documentation du PDM, de la FKA, de l'ANCB, de la Banque Mondiale, de l'ENAM,
et de
l'INJEPS ainsi que sur des sites internet. D'autres documents
ont été collectés au Ministère en charge de la
décentralisation, au Secrétariat Permanent de l'ANCB et à
la Mission de Décentralisation. Cette analyse a permis de cerner les
contours du thème de recherche pour une bonne orientation des
objectifs.
La pré-enquête a été utile pour
une meilleure connaissance des acteurs et permettra aussi de prendre contact
avec les structures concernées.
Les entretiens nous ont permis de recueillir autant
d'informations possibles afin d'atteindre les objectifs qui sont
assignés à cette étude.
L'observation, Cet outil très délicat du fait
du biais possible qu'il peut causer dans la recherche nous a été
tout de même d'une grande importance car non seulement il nous a permis
d'avoir un regard direct sur le problème posé mais aussi de
pouvoir confronter les faits observés et les informations obtenues.
3-3-Méthode de collecte et de traitement des
données
L'enquête s'est déroulée dans le
département du ZOU (Préfecture et communes) au sein de l'ANCB et
dans les structures étatiques (Ministère, structures de
pilotage). Les informations ont été recueillies sur du support
papier préalablement préparé et sur du support audio.
Le traitement des données a consisté à
dépouiller un nombre important d'entretiens, à procéder
par catégorie à la transcription intégrale de tous les
entretiens qui semblent représenter le point de vue de l'ensemble des
personnes interviewées sur le thème et à procéder
à une analyse thématique du corpus. Cette technique est
inspirée de l'ouvrage : l'enquête et ses méthodes :
l'entretien (1992)59 proposé par Alain Blanchet et Anne
Gotman. Il s'agit de découper transversalement tout le corpus.
L'unité de découpage est le thème qui représente un
fragment du discours. Chaque thème est définit par une grille
d'analyse élaborée empiriquement. Le mode de découpage est
stable d'un entretien à un autre. Cette technique ignore ainsi la
cohérence singulière de l'entretien, et cherche une
cohérence thématique inter-entretiens. La manipulation
thématique consiste donc à jeter l'ensemble des
éléments signifiants dans une sorte de sac à thèmes
qui détruit définitivement l'architecture cognitive et affective
des personnes singulières (Bardin, 1991,33) 60
L'identification des thèmes et la construction de la
grille d'analyse ont été effectuées à partir de
l'hypothèse de notre étude. Cette grille d'analyse doit autant
que possible être
59 BLANCHET, A. et GOTMAN, A. (1992). L'enquête
et ses méthodes : L'entretien. Paris, Nathan. PP 98-99.
60 Cité par Blanchet, A. et GOTMAN, A. p 98.
hiérarchisée en thèmes principaux et
thèmes secondaires, de façon à décomposer au
maximum l'information, séparer les éléments factuels et
les éléments de significations, et minimiser les
interprétations non contrôlées. La grille d'analyse est un
outil explicatif visant la production des résultats de l'enquête.
Une fois les thèmes et items identifiés, puis la grille
construite, il s'agit alors de découper les énoncés
correspondants et les classer dans les rubriques ad hoc. Ces
énoncés sont des unités de signification complexe et de
longueur variable (membres de phrases, phrases, paragraphes).
Enfin, nous avons procédé à l'analyse et
à l'interprétation des résultats de la grille
d'analyse.
3-4 Difficultés rencontrées
Elles sont de plusieurs ordres :
- l'insuffisance des études spécifiques faites sur
le sujet au Bénin et en Afrique ; - l'étendue de la distance
séparant les communes que nous avons enquêtées
- l'indisponibilité de certains sujets de notre
enquête ;
- le refus de certaines autorités à utiliser le
matériel audio ;
- l'insuffisance du temps accordé à la
réalisation du mémoire par les autorités
académiques et le manque de ressources financières.
PRESENTATION ET
ANALYSE DES
RESULTATS
4 -1 Présentation des résultats
Les données recueillies auprès des
différentes composantes de notre échantillon après
dépouillement et transcription sont présentées dans un
tableau (voir annexe) construit selon notre modèle de traitement des
données. Ce tableau met en relation les thèmes et les sous-
thèmes avec les hypothèses et la problématique de notre
recherche. Il présente en trois colonnes les thèmes, les
sous-thèmes et les unités de signification que sont les
données recueillies et présentant un intérêt
particulier pour le thème de recherche. Nous présentons ici une
synthèse de ce tableau.
Au sujet de la mission des différentes structures
enquêtées on peut retenir que la Direction Générale
de l'Administration Territoriale (DGAT) est chargée de coordonner, de
suivre et d'encadrer les activités des circonscriptions administratives,
de suivre la tutelle administrative des collectivités locales,
d'élaborer les textes relatifs au fonctionnement des circonscriptions
administratives et des collectivités locales etc. La Mission de
Décentralisation (MD) s'occupe entre autre de l'élaboration du
cadre législatif et réglementaire de la décentralisation
afin d'aboutir à un code administratif des collectivités locales,
de proposer au gouvernement les mesures d'accompagnement de la
décentralisation administrative et de réaliser toutes
études sectorielles nécessaires à la gestion efficiente
des affaires locales etc.
La mission de la Maison des Collectivités Locales
(MCL) est relative à l'accompagnement des communes dans tous les
domaines de compétences en matière de maîtrise d'ouvrage
public. Elle concerne également le développement des outils
d'aide à la décision, le renforcement des communes dans toutes
leurs compétences etc.
S'agissant du préfet il est, en vertu de la loi, le
représentant de l'Etat central qui à côté des
collectivités locales assure la régularité de l'exercice
du pouvoir. Il contrôle dans certains cas à priori et pour une
grande partie à posteriori ce qui est transféré. C'est le
préfet qui veille à ce que ce soit utilisé dans le sens
des textes de la République.
En ce qui concerne les communes, les enquêtes ont
révélé que les compétences existent. Mais, elles ne
sont pas accompagnées de ressources financières suffisantes.
Quant à L'Association Nationale des Communes du
Bénin (ANCB), elle a pour mission de contribuer au renforcer de la
décentralisation, d'accompagner les communes dans l'animation de la vie
locale et de favoriser la participation de tous les acteurs au
développement des communes. Aussi, cette association sert d'interface
entre les communes et l'Etat et entre les communes et les partenaires au
développement etc.
Au niveau des stratégies, les personnes
interviewées dans les structures étatiques nous ont confié
que l'Etat a fait l'option de transfert par bloc aménagé de
compétences. Les stratégies concernent les transferts
immédiats et les transferts différés. Selon ces personnes,
le transfert ne peut être effectif que si les problèmes des
ressources financières sont réglés et la richesse
créée au niveau local.
Dans les communes, les Maires, adjoints au Maire et
Secrétaires Généraux interrogés nous ont fait
savoir que les Collectivités Locales sont entrain de faire de l'ANCB une
forme de lobbying pour amener l'Etat à faire face à ces
responsabilités et apporter aux communes les ressources
nécessaires. Ces autorités ont fait remarquer que cette
association ne peut pas entrer en guerre contre le pouvoir central. Il faut
qu'il y ait des négociations. Elles ont reconnu que les
stratégies n'ont pas permis le transfert de compétences car elles
n'ont rien reçu dans la réalité.
Dans le même cadre, l'ANCB a opté pour un
partenariat fait de discussions avec l'Etat. Depuis 2004, elle a
rédigé un mémorandum qu'elle a soumis au gouvernement. Ce
qui a abouti à la mise en place du comité paritaire
Etat-Communes. Pour ces personnes ciblées, les stratégies n'ont
pas permis de transférer les compétences parce que jusque
là rien n'a encore abouti concrètement en dehors de quelques
domaines. Le gros lot des compétences à transférer demeure
exercé par les ministères sectoriels.
S'agissant des obstacles majeurs au transfert de
compétences, nous avons identifié au niveau des structures
étatiques que l'environnement communal n'est pas bien
préparé pour gérer certaines compétences. Quand on
prend par exemple le problème de l'énergie, l'eau, les
forêts communales. Les ressources humaines, matérielles et
financières ne suffisent pas. De plus, les projets et programmes qui
font l'objet de convention avec les partenaires au
développement ne sont pas transférés
parce qu'ils sont en cours d'exécution. En outre, le retard de la
déconcentration sur la décentralisation est perçu comme un
obstacle au transfert de compétences. En dehors de cela, il y a le fait
que les ministères sectoriels ne sont pas préparés
à la décentralisation. D'après eux, les obstacles ne sont
pas d'ordre juridique puisque les textes de lois sont clairs. Au niveau du
transfert des compétences il n'y a pas de problème. C'est au
niveau des ressources que se situe la question. Ainsi par exemple, Il y a la
taxe de développement local dont l'assiette n'est pas
déterminée. De plus, il est à retenir également les
pesanteurs politiques. Sur le plan administratif, on note la lenteur des cadres
de l'administration centrale.
Au niveau des communes, les obstacles identifiés ont
pour noms la préparation insuffisante à la
décentralisation, le manque de sensibilisation des populations. Par
ailleurs, il y a les questions d'intérêt et la non prise des
décrets d'application. Sur le plan politique, certaines communes sont
marginalisées à cause de leur appartenance politique. Les
autorités locales nous ont enfin confié que les ministères
ont du mal à se préparer au transfert parce qu'ils savent que si
le transfert des compétences est fait comme c'est exigé par la
loi ils n'auront plus les mêmes pouvoirs.
En ce qui concerne l'ANCB, les obstacles ne sont pas au
niveau du cadre juridique. C'est Peut être financier si on estime que
l'Etat n'a pas suffisamment de moyens à la hauteur des
compétences à transférer. Mais le grand problème
selon les personnes interrogées est le manque de volonté
politique.
Au niveau des solutions préconisées nous avons
identifié au niveau des structures étatiques qu'il faut
compléter le corpus juridique de la décentralisation, prendre les
décrets d'application ainsi que de la loi sur l'intercommunalité,
dynamiser le Comité National des Finances Locales (CONAFIL), former les
cadres des ministères sectoriels à la décentralisation,
accélérer les ressources financières vers les communes,
combattre la corruption, et renforcer la déconcentration.
Dans les communes parcourues, les personnes
interviewées préconisent comme solutions : le dialogue avec
l'Etat, une augmentation de la part du budget national réservée
aux communes, la volonté politique et surtout une bonne
négociation entre l'ANCB et le pouvoir central.
A l'ANCB, les solutions sont entre autres de continuer les
discussions avec l'Etat dans le cadre de ces transferts, rester en
collaboration avec le ministère de la décentralisation pour des
négociations annuelles sur l'élaboration du budget de l'Etat avec
son collègue des finances pour qu'il y ait l'inscription au budget
général de l'Etat des différents transferts de
ressources à opérer. Aussi, il faut que les
communes soient écoutées par l'Assemblée Nationale afin
que leurs observations sur le budget général de l'Etat soient
prises en compte. Ces personnes interrogées formulent aussi le voeu que
la constitution soit révisée car disent- elles au niveau de la
constitution du Ghana par exemple le pourcentage du budget qui va vers les
communes est déterminé : C'est entre 10 et 15%.
4-2 Analyse et interprétation des
résultats
L'objectif de cette recherche comme cela a été
défini, c'est de comprendre dans un premier temps les stratégies
que les acteurs locaux et étatiques ont développées en vue
de la résolution du problème de transfert de compétences,
ensuite d'identifier les obstacles majeurs au transfert et d'esquisser quelques
approches de solutions.
Les données recueillies sur le terrain amènent
à remarquer en amont que c'est l'actuel ministère en charge de la
décentralisation qui coordonne pour le compte de l'Etat béninois
la réforme de l'administration territoriale. Pour réussir cette
mission le ministère s'appuie sur d'autres organes comme la Direction
Générale de l'Administration Territoriale (DGAT), la Maison des
Collectivités locales (MCL), la Mission de Décentralisation (MD)
et les Préfectures situées à l'intérieur du pays.
En aval, il y a les communes qui pour faire mieux entendre leurs
préoccupations se sont organisées à travers l'Association
Nationale des Communes du Bénin (ANCB). Il nous faut donc partir
premièrement de leurs missions précises pour situer les
responsabilités et remonter à la source du problème.
Ainsi, cette partie se présente en trois axes prioritaires à
savoir :
· missions des structures impliquées dans la
décentralisation (compétences reçues pour le cas des
communes pris individuellement)
· les différentes stratégies
développées par chacun des acteurs ;
· les obstacles majeurs rencontrés et quelques
approches de solutions préconisées.
|
Mission des structures impliquées dans la
décentralisation
|
- Structures étatiques
D'après les données recueillies, il ressort que
la Direction Générale de l'Administration Territoriale outre ces
autres missions se charge, de l'élaboration des textes relatifs au
fonctionnement des circonscriptions administratives et des collectivités
locales. La Maison des Collectivités Locales s'occupe entre autre de
l'accompagnement des communes
dans leurs domaines de compétences. La Mission de
Décentralisation pour ce qui nous concerne, a en charge
l'élaboration du cadre juridique et réglementaire de la
décentralisation. Quant au Préfet, il est l'autorité de
tutelle dont la mission se résume à un contrôle de
légalité des actes pris par les élus locaux (Maires) et
à l'appui-conseil aux communes. Selon ces résultats les
structures étatiques que nous venons de citer ne sont pas responsables
du non transfert des compétences des ministères sectoriels. Leur
responsabilité peut se situer dans l'insuffisance des principaux outils
pouvant favoriser ce transfert. Elles sont des structures dont les tâches
principales se résument à l'appui technique à la
décentralisation dans tous les domaines. Il ne dispose pas de pouvoir
capable d'obliger les ministères sectoriels à amorcer le
transfert de compétences.
Cependant, posons-nous la question de savoir si ces structures
ont eu les ressources suffisantes pour mieux accomplir leurs missions.
Demandons-nous si l'approche de la coopération interministérielle
a été un succès. Selon nos investigations elles souffrent
d'un manque de ressources. Aussi les ministères sectoriels ne sont pas
le plus souvent présents lors des prises de décisions comme
prévu dans les textes régissant certaines de ces structures (cas
de la Mission de Décentralisation). Ce qui n'est pas de nature à
permettre le transfert des compétences des ministères sectoriels
car de la réussite de leur mission sortiront les outils qui serviront au
transfert de ce second volet des compétences de l'Etat aux communes.
- Les communes
En ce qui concerne les communes, les compétences
existent mais l'absence de ressources pour l'exercer est remarquable à
en croire les sujets enquêtés. Toutes les compétences sont
donc transférées par les textes de la décentralisation
dans la théorie. Dans les faits, seulement une partie de ces
compétences est transférée. Il s'agit des
compétences transférées lors des cérémonies
de passation de pouvoir entre les sous- préfectures ou les chefs de
circonscriptions urbaines et les maires. Mais, les communes exercent la
plénitude de leur pouvoir le plus souvent avec l'aide des partenaires au
développement dans le cadre de l'appui financier à la
décentralisation et la coopération
décentralisée.
- L'Association Nationale des Communes du Bénin
Outre ces missions générales, L'ANCB sert
d'interface entre les communes et l'Etat. De ce fait, il est à retenir
alors que dans la résolution du problème de transfert de
compétences, les communes ont pris l'option d'aller en rang serré
et non individuellement. L'ANCB est donc l'intermédiaire
privilégié de l'Etat.

Les différentes stratégies
développées par les acteurs
- L'Etat
Les structures étatiques enquêtées n'ont
pas pour responsabilité le transfert des compétences. Elles ne
jouent qu'un rôle d'accompagnateur du processus de
décentralisation. Les informations recueillies présentent la
stratégie utilisée par l'Etat suivant une double approche : Les
transferts immédiats et les transferts différés dont
l'effectivité pose problème depuis 2003. Selon les personnes
interrogées, les communes n'ont pas encore la capacité suffisante
pour gérer certaines compétences.
Mais, nous nous posons la question de savoir si l'insuffisance
des ressources peut expliquer par exemple le non transfert de la construction
et de l'équipement des écoles maternelles et primaires pour les
communes ordinaires, secondaires et professionnelles en plus pour les communes
à statut particulier.
A travers cette stratégie, l'on peut comprendre que
l'Etat cherche à gagner du temps. Il exploite à son compte les
règles existantes. Sa stratégie sert plus ses
intérêts que ceux des communes parce qu'il dispose de plus de
marge de manoeuvre. Son jeu semble satisfaire aussi ses intérêts,
confirmant ainsi la théorie de Crozier et Friedberg selon laquelle
l'utilisation qui est faite des règles fait partie de l'ensemble des
stratégies que les différents acteurs développent pour
atteindre leurs finalités. Nous sommes dans un système de pouvoir
où l'acteur principal (l'Etat) essaye de structurer les processus
d'échanges plus ou moins durables en sa faveur en exploitant les
contraintes et opportunités de la situation pour imposer les termes de
l'échange favorable à ses intérêts. Comment
comprendre la non réalisation des préalables au niveau des
ministères sectoriels à savoir leur restructuration et la
révision des stratégies sectorielles pour une nouvelle
répartition des tâches entre les communes et l'Etat pour ne citer
que ceux-là. Le manque des ressources des collectivités locales
justifie t-il l'ajournement des compétences sectorielles ? A cette
question que l'on se pose, il est possible de répondre que même si
le manque de capacité est évident, la stratégie actuelle
de l'Etat ne pourra permettre le transfert que si un accent particulier est mis
sur les préalables.
- Communes
Les données recueillies auprès des communes du
Zou énoncent que les communes font de l'ANCB une sorte de lobbying pour
négocier et amener l'Etat à faire face à ses
responsabilités. Même si les autorités locales nous ont
confié que les stratégies développées
n'ont pas permis le transfert des compétences des
ministères sectoriels conformément à la loi, nos
investigations ont révélé que leurs stratégies ont
plutôt trait à la mobilisation des ressources extérieures
par le biais du partenariat avec la DANIDA ou avec des communes
étrangères. Cela se justifie amplement, car les communes par
rapport à l'Etat représentent des entités
particulières. Elles disposent de marge de manoeuvre très
réduite. Elles ne peuvent pas faire des grèves pour obliger
l'Etat puisque l'Etat n'est que l'ensemble des collectivités locales
réunies. La stratégie des communes est visiblement divergente de
celle de l'Etat. Pour mieux la comprendre, il faut faire recours à celle
développée par l'ANCB.
- L'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB)
Nos investigations au niveau de l'ANCB révèlent
qu'elle a fait l'option d'un partenariat fait de discussions avec l'Etat. Elle
a soumis un mémorandum au gouvernement. Ce qui a abouti à la mise
en place du comité paritaire Etat-Communes. Ce partenariat n'a pas
encore porté ses fruits puisqu'on nous a confié au siège
de l'association que le gros lot des domaines à transférer
demeure exercé par les ministères sectoriels. L'ANCB a-t-elle
fait vraiment sont travail ? Existe-t-il des obstacles au niveau des
stratégies de l'ANCB ?
D'après les informations tirées d'une
communication au premier congrès ordinaire de cette association faite
par M. Issa Démolé MOKO sur le thème : « La
problématique du transfert des compétences et des ressources aux
communes », la stratégie de l'ANCB n'a pas bien payé pour
plusieurs raisons. Les causes de cette situation réside dans la faible
capacité de l'ANCB à analyser la problématique du
transfert des compétences et des ressources, évaluer par
elle-même les besoins essentiels des communes en la matière et
à soutenir le débat y relatif avec l'Etat. En outre, l'ANCB a
fait montre d'une faible capacité de lobbying, voire d'un certain
attentisme inopérant.

Les obstacles rencontrés par le transfert de
compétences
Les obstacles majeurs au transfert de compétences ont
été identifiés acteur par acteur et de façon
générale. Au niveau des acteurs étatiques on peut retenir
que l'environnement communal n'est pas propice pour l'exercice de certaines
compétences sectorielles telles que la fourniture et la distribution de
l'eau potable aux populations, la réalisation et la gestion de
réseaux d'éclairage public, la construction de lignes de
télécommunications locales etc.
En outre, il y a l'insuffisance de ressources humaines,
matérielles et financières, le non transfert des projets et
programmes au niveau des ministères, le retard de la
déconcentration sur la décentralisation, la non
préparation des ministères sectoriels, la non
détermination de l'assiette de la taxe de développement locale,
les pesanteurs politiques, la réticence des cadres de l'administration
centrale.
Ainsi, à travers ces obstacles identifiés il est
à comprendre que la capacité locale est inexistante pour
certaines compétences. A ce sujet, l'Etat doit faire confiance aux
élus locaux et appliquer la loi. Il peut également créer
des conditions qui renforcent la capacité locale comme le
développement de l'intercommunalité, la mise en place des
pôles de développement au niveau régional, l'encouragement
du partenariat commune-secteur privé etc.
L'insuffisance de ressources peut être
compréhensible, mais on peut le contourner à travers le transfert
des ressources des ministères au niveau des circonscriptions
administratives (les départements). Cela passe par le renforcement de la
déconcentration car l'un des principes de la décentralisation
béninoise c'est bien le couplage de la décentralisation avec la
déconcentration. Ce qui n'est pas impossible à l'heure actuelle.
Le non transfert des projets et programmes des ministères est bien la
preuve de la non préparation de ces derniers à la
décentralisation. La décentralisation béninoise doit
impérativement atteindre les ministères sectoriels.
De même, les pesanteurs politiques dénotent bien
de la situation politique du pays marquée par l'absence d'idéaux
devant orienter la gestion de la cité. Ce qui a pour conséquence
le manque de visibilité des jeux politiques puisqu' ils se
déroulent très souvent sur la base des ressources
financières plutôt que sur un rapprochement du point de vue de la
vision de développement du pays. On a du mal à classer les partis
politiques par rapport à l'idéal qu'ils proposent aux
populations. Cela occasionne le manque de solidarité politique. Or, la
décentralisation fait aussi ressortir des relations de pouvoirs. L'Etat
central qui transfère les compétences est incarné par des
hommes qui ont leurs sensibilités politiques peut-être
différentes de celles des autorités locales. Ces hommes ont aussi
des intérêts à défendre au niveau local. Dans ces
conditions, « qui va aider qui » au risque de perdre son pouvoir,
voire son influence. Cette situation exige alors une clarification des
positions. L'Etat est garant des intérêts nationaux tandis que les
communes veillent sur les intérêts locaux. Ces
intérêts ne sont pas antagonistes mais complémentaires.
Donc, il faut bien préciser les choses c'est- à- dire savoir qui
est qui, qui fait quoi et comment.
En outre, les cadres sont réticents au niveau des
administrations centrales pour leur intérêt justifié parce
qu'on a décentralisé, selon notre constat, sans clairement
définir leur devenir dans le nouveau système de
développement national mis en place. Toutefois, faisons remarquer que
les fonctionnaires ne sont pas responsables de ce qui se passe. Ils ne sont pas
les chefs des ministères. De même, ce ne sont pas les ministres
mais il s'agit de l'Etat.
Au niveau des acteurs locaux (communes, ANCB), les obstacles
rencontrés sont l'insuffisance de la préparation des communes
à la décentralisation, l'insuffisance de la
sensibilisation des populations, les questions
d'intérêt, la non prise de tous les décrets d'application,
la réticence des ministères sectoriels, le manque de
volonté politique. Hormis les obstacles qui sont déjà
identifiés par les structures étatiques, l'insuffisance de la
préparation des communes, la sensibilisation des populations
insuffisante et le manque de volonté politique nous semblent être
des obstacles primordiaux qu'il faille contourner très rapidement.
Analysons-les point par point.
ü Préparation insuffisante des communes et
sensibilisation insuffisante des populations à la
décentralisation : comment est-on venu à ce point ?
Le Bénin a mis plus de dix années à
préparer la réforme de l'Administration Territoriale. Selon nous,
la responsabilité est bien partagée par les deux acteurs
principaux de la réforme. Les élus locaux devraient mobiliser
leurs administrés par rapport à l'alternative de
développement qu'ils leur proposent, susciter et encourager leur
participation aux défis qui attendent la commune. Ce qui n'est pas
encore le cas.
Selon notre constat, l'intérêt de leur formation
politique prend le pas sur celui de leurs administrés. La remarque que
nous avons faite est que certaines autorités locales des communes
enquêtées n'ont pas l'adhésion importante de leur
communauté dans les projets de développement d'envergure locale.
On a tendance à croire que les vieilles habitudes de l'époque des
circonscriptions urbaines ou des sous-préfectures suivent toujours leurs
cours. On attend que tout descende du niveau central. Les citoyens n'aiment pas
se libérer de l'impôt comme cela se doit pour soutenir la Mairie
dans sa mission de développement local. Or, la réforme
décentralisatrice sonne le glas de l'Etat providence. Avec la
décentralisation, c'est un nouvel ordre politique qui gouverne
l'Etat.
Ainsi, l'Etat central partage donc les responsabilités
et les ressources avec les entités décentralisées. De
plus, il y a la gouvernance locale qui n'est pas en bon état. Ce sont
là autant de facteurs qui peuvent expliquer la situation des communes
depuis plus de quatre ans. Pour passer ces obstacles, l'engagement manifeste
des autorités locales est d'autant plus important qu'un grand
accompagnement des communes par l'Etat est nécessaire.
ü Le manque de volonté politique
Lorsqu'on identifie le manque de volonté politique de
la part de l'Etat comme un obstacle au transfert des compétences
sectorielles on est tenté de se demander si l'Etat voulait de la
décentralisation ou il a été contraint. Ce qui est certain
c'est que l'option de la réforme
de l'Administration Territoriale est une exigence
constitutionnelle vieille de plus de dix ans (Cf article 150 à 153 de la
constitution du 11 décembre 1990).
C'est l'Etat lui-même qui a organisé les Etats
généraux de l'Administration Territoriale en janvier 1993 et en
décembre 2002 les premières élections communales et
municipales de l'ère du renouveau démocratique. Et depuis
l'installation des communes en février- mars 2003, il ne cesse de les
accompagner à travers les subventions voire d'autres sources de
financement comme par exemple le Projet National de Développement
Conduit par les Communautés (PNDCC) et le Projet de Gestion Urbaine
Décentralisée (PGUD II) tous gérés aujourd'hui par
de nombreuses communes du Bénin. De plus avec l'accord de l'Etat
(à travers le Ministère des Affaires Etrangères) les
partenaires au développement appuient directement les communes. Avec
toutes ces preuves peut-on continuer à parler de manque de
volonté politique.
Selon nous, il serait difficile de répondre à
cette question par l'affirmative eu égard à plusieurs
considérations. Premièrement, la rédaction des avants
projets de loi s'était achevée en août 1993 au
séminaire de Lokossa alors que le vote des lois sur la
décentralisation n'était intervenu qu'en 1997 soit quatre ans
après. La promulgation de ces lois n'avait eu lieu qu'en 1999 deux ans
après leur vote par l'assemblée Nationale. Quand on observe tout
ces faits on remarque que l'Etat béninois n'a pas fait la
décentralisation de gaieté de coeur. Il serait contraint par
certains partenaires au développement. Selon les lois de
décentralisation, l'Etat transfère aux communes les
compétences et les ressources. La volonté politique signifie que
l'Etat n'a pas le choix dans le respect des dispositions des lois. Il doit
simplement appliquer la loi. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Dans les pays africains, les conceptions de l'Etat sont trop
centrales. Cela influe sur les relations entre l'Etat et les
collectivités locales. La création d'un ministère
entièrement dédié à la décentralisation peut
être perçue comme un signal fort de la volonté politique de
la part de l'Etat Béninois. Mais, La création du ministère
de la décentralisation en elle seule n'est pas suffisante pour amorcer
le transfert de compétences et des ressources aux communes. L'Etat
à l'heure actuelle doit tirer toutes les conclusions qu'impose la
situation des communes pour une bonne résolution du problème de
transfert des compétences des ministères sectoriels.
Face à ses obstacles les acteurs proposent comme
solutions :
- compléter le corpus juridique de la
décentralisation ;
- dynamiser le Comité National des Finances Locales
(CONAFIL) ;
- former les cadres des ministères sectoriels à la
décentralisation ;
- accélérer les ressources financières
vers les communes ;
- combattre la corruption ;
- renforcer la déconcentration ;
- dialoguer avec l'Etat ;
- revoir la part du Budget National réservé aux
communes (au moins 10 à 15%) ; - etc.
La mise en oeuvre de ces solutions proposées
nécessite l'engagement concerté de tous les acteurs de la
décentralisation au Bénin. Les solutions
préconisées par les acteurs sont réalistes pour notre
part.
CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
Le processus de la décentralisation fait son chemin.
Sans avoir la prétention d'avoir cerné tous les contours du
sujet, l'étude du thème : « Problématique du
transfert de compétences aux communes : stratégies des acteurs et
perspectives » a permis de comprendre les stratégies
développées par les acteurs, d'identifier de manière
générale les obstacles majeurs à ce transfert et de
proposer quelques pistes de solutions possibles.
Les stratégies développées
diffèrent d'un acteur à un autre en raison de ses
possibilités et de l'étendue de marge de manoeuvre dont il
dispose.
L'Etat a fait l'option d'un transfert immédiat et
d'autres transferts différés qualifiés de progressif du
fait de la faible capacité communale à gérer certaines
compétences qui sont dévolues aux communes par les lois de
décentralisation.
Les communes ont plutôt cherché à
contourner le non transfert en sollicitant l'appui des partenaires au
développement, puis se sont organisées à travers
l'Association Nationale des Communes du Bénin (ANCB) pour mieux se faire
entendre. Leurs stratégies ont donc consisté à la
mobilisation des ressources dans le cadre de l'appui financier à la
décentralisation des bailleurs comme la DANIDA et la coopération
décentralisée avec les communes étrangères.
La stratégie de l'ANCB faite de négociation
avec l'Etat dans laquelle elle a soumis au gouvernement un mémorandum
sur le transfert des compétences n'a pas porté ses fruits.
Compte tenu de tout ce qui précède, cette
étude a constaté que les différentes stratégies
développées par les acteurs n'ont pas permis le transfert des
compétences des ministères sectoriels.
Les obstacles majeurs identifiés par la
présente étude sont de plusieurs ordres. De manière
succincte, la faible capacité locale et les pesanteurs politiques au
niveau des communes et de l'Etat représentent des obstacles de premier
rang.
Au niveau de l'Etat, la faible implication des
ministères sectoriels dans la décentralisation, la
réticence des cadres de l'administration centrale, l'insuffisance des
ressources et le retard de la déconcentration sur ce
dernier sont des handicaps de taille pour le transfert des
compétences.
Enfin, au niveau de l'intermédiaire
privilégié des communes auprès de l'Etat c'est-à-
dire l'ANCB, sa faible capacité de lobbying ne lui a pas permis de
satisfaire les préoccupations de ses membres dont le statut fait d'elle
une association particulière.
Ainsi, point n'est besoin de rappeler que la
décentralisation sans transfert de compétences et de ressources
n'a pas de raison d'être. Elle est fonction de la volonté
politique ferme de l'Etat et d'un engagement soutenu de la part des
collectivités locales.
Dans le contexte actuel où un ministère de
décentralisation est initié par le Président de la
République, on peut affirmer sans se tromper que les solutions
préconisées à travers cette étude portent en elles
de bonnes perspectives pour le transfert de compétences.
A l'issue de cette étude, des perspectives nouvelles
s'annoncent surtout en cette fin du premier quinquennat de l'ère de la
décentralisation. Dans ce cadre, nous formulons des propositions qui,
nous l'espérons pourraient permettre l'amorce du transfert des
compétences en question dans la présente étude. Les
solutions que nous proposons viennent s'ajouter à celles que nous avons
identifiées sur le terrain. Elles sont inspirées des propositions
faites au cours des divers fora organisés pour évaluer le
processus de décentralisation au Bénin. Elles s'adressent au
gouvernement béninois d'une part et d'autre part aux communes et
à l'ANCB. Ce sont des actions qui peuvent être mises en oeuvre
à cours et moyen terme compte tenu de la place primordiale qu'occupe le
transfert des compétences et des ressources dans la réussite de
la décentralisation.
Perspectives pour un transfert de compétences et de
ressources effectif au Bénin
Nous suggérons à l'intention du gouvernement
d'améliorer du cadre juridique actuel de la décentralisation en
prenant des textes modificatifs et complémentaires. Une loi aussi
explicite soit-elle ne peut aller dans tous les détails. Il faut donc
que le gouvernement prenne des décrets d'application de toutes les lois
de décentralisation afin de rendre plus opérationnel certains
articles dont l'application est sujette à des polémiques. Par
exemple, l'article 104 de la loi 97-029 du 15 janvier 1999 portant organisation
des communes au Bénin transfère tous les marchés qui sont
sur le territoire à la commune. Mais, les marchés
gérés par la SOGEMA ne sont pas encore transférés
à la commune de Cotonou. Une telle démarche précisera
enfin dans quelle proportion la commune de Cotonou peut s'impliquer dans la
gestion desdits marchés.
De plus, nous proposons au gouvernement de définir les
modalités du transfert intégral des compétences et des
ressources et arrêter un chronogramme subséquent. A cet effet, il
convient de rappeler que si la loi précise les modalités
d'exercice des compétences communales, ce n'est pas encore le cas pour
ce qui est des modalités de transfert.
De même, il faut définir une politique nationale
de décentralisation. C'est la politique qui vient en premier lieu. Elle
doit fixer les objectifs, définir les stratégies et les moyens
à utiliser. Ce ne sera qu'après cela que les lois et
décrets peuvent jouer concrètement leur rôle,
c'est-à-dire servir d'instrument permettant de réaliser les
objectifs et stratégies. En outre, l'Etat doit définir une
politique et stratégie de financement de l'administration
décentralisée et déconcentrée. A ce propos, il faut
tenir compte de la situation financière du Bénin où les
recettes de l'Etat sont à dominance fiscale. Par ailleurs, nous
suggérons au gouvernement la préparation et l'organisation d'une
table ronde des partenaires techniques et financiers appuyant la réforme
de l'Administration Territoriale. Cela peut permettre de faire le bilan de
leurs contributions afin de redonner un sens nouveau à l'accompagnement
du processus de la réforme pour un développement
équilibré des communes du Bénin. Enfin, nous proposons au
gouvernement :
ü renforcer le volet déconcentration de la
réforme de l'administration territoriale ;
ü instruire les ministères aux fins de renforcer les
directions départementales en ressources humaines, matérielles et
financières pour assister efficacement les communes ;
ü faire aboutir le dossier relatif à la fonction
publique territoriale ;
ü appuyer les communes dans le renforcement de leurs
ressources en vue d'une gestion axée sur la performance et la
qualité des services ;
ü évaluer le montant des crédits annuels
dégagés pour les compétences sectorielles
transférées aux communes et les envoyer aux communes ;
ü le respect du principe de subsidiarité qui exige
que les ministères n'exercent plus les compétences que les
communes peuvent mieux gérer au niveau local ;
ü impliquer les communes béninoises dans la
politique de gratuité de l'enseignement maternelle et primaire pour plus
d'efficacité.
A l'intention des communes, nous suggérons un effort
personnel pour maîtriser davantage les différents textes qui
régissent la décentralisation. Les autorités locales
doivent comprendre que la décentralisation exige d'eux une
compétence particulière en matière d'interprétation
des lois de décentralisation à leur juste valeur. Aussi, ces
autorités doivent comprendre qu'il est nécessaire pour eux de
compter d'abord sur les ressources endogènes de la commune en vue d'un
développement durable. Nos propositions à l'égard des
communes
ont également pour nom : l'utilisation transparente
des ressources financières des communes et la nécessité de
rendre compte aux citoyens de la commune et la Création d'un cadre
favorable de participation pour l'ensemble des acteurs.
A l'intention de l'ANCB : nous suggérons
ü Le développement et le renforcement d'une
capacité intrinsèque de négociation et de lobbying en ce
qui concerne la prise en compte des préoccupations essentielles des
communes dans la prise des grandes orientations et décisions de l'Etat
;
ü L'organisation de rencontres périodiques afin de
permettre à chaque commune d'exprimer ses préoccupations.
REFERENCE S
BIBLIOGRAPHIQUES
Ouvrages généraux
1- CROZIER, M. et FRIEDBERG, E. (1977). L'acteur et le
système. Paris, le seuil, 437 p.
2- BLANCHET, A et GOTMAN, A. (1992).L 'enquête et ses
méthodes : L'entretien. Paris, Nathan, 125 p.
Ouvrages spécialisés
3- Mission de Décentralisation. (2002). Recueil des lois
sur la Décentralisation. Cotonou, 172p.
4- Mission de Décentralisation. (2005). Décrets
d'application des lois de décentralisation. Cotonou, 185p.
5- ADJAHO, R. (2002). Décentralisation au Bénin en
Afrique et ailleurs dans le monde. Cotonou, 194p.
6- DEHOUMON, S. P. (2006). La décentralisation entre
risques et espoirs. Cotonou, éditions COPEF, 241p.
7- MBACK, C.N. (2003). Démocratisation et
décentralisation genèse et dynamiques compares des processus de
décentralisation en Afrique Subsaharienne. Editions, Karthala et PDM,
511p.
8- LANGLEY, P. MONDJANAGNI, A. FADE, B. GBEDO, J.E. ADAMOU,
B.Z. et ALIDOU, M. (2006). Les premiers pas des communes au Bénin :
Enseignements du processus de la décentralisation. Amsterdam, Institut
Royal des Tropiques (KIT), 80 p. Téléchargeable sur
www.google.fr
9- FENU. (2006). Système d'Analyse financière et
Institutionnelle des Collectivités Locales. Editions FENU, 233p.
ARTICLES, PUBLICATIONS ET COMMUNICATIONS
10- WHITEFORD, P. (2001). « La garantie de revenu : comment
concilier le transfert de compétences et l'équité »,
Revue internationale des Sciences Sociales, N°167, p1 19-129.
11- MOKO, I.D. (2005). « La problématique du
transfert de compétences et des ressources aux communes ».
Communication au premier congrès ordinaire de L'ANCB, Parakou, 16 p.
12- LOQUAI, C. (2001). Priorités stratégiques
et défis opérationnels de l'appui européen à la
décentralisation démocratique dans le contexte de l'accord de
Cotonou. Document de réflexion, ECDPM n°24 ? Maastricht, 66p.
Téléchargeable sur
www.google.fr
13- CNDLP. (2004). Guide de suivi-évaluation de la
mise en oeuvre du document stratégique de réduction de la
pauvreté, programme de renforcement de l'observatoire du changement
social. Secrétariat Permanent, République du Bénin,
49p.
14- RIBOT, C.J. (2002). La décentralisation
démocratique des ressources naturelles Institutionnaliser la
participation populaire. World Ressources Institute, Washington, 34p.
15- EBEL et YILMAZ. (2001). Le concept de
décentralisation fiscale et survol mondial, Symposium international.
Commission sur le déséquilibre fiscal, Québec, 68p.
16- GREFFE, X. (1984). Territoire en France : les enjeux
économiques de la décentralisation. Economica, Paris, 304p.
Mémoires, thèses et Rapports
17- Banque Mondiale. (2004). Rapport sur le développement
dans le monde des services pour les pauvres. Editions ESKA, 310p.
18- Bilan de la réforme de l'Administration Territoriale
et Evaluation de la Gestion des Communes. Rapport- Synthèse, Forum
National. 72p. A paraître.
19- Municipal. (2006). Décentralisation au Bénin :
le bilan de trois ans de vie des communes. Cotonou, 71p.
20- Municipal. (2007). Rapport sur l'état de la
décentralisation au Bénin quatre ans de dynamiques locales.
Cotonou, 39p.
21- GOUDA, S. (1986). Analyse organisationnelle des APS dans
un pays d'Afrique noire : le Bénin. thèse de doctorat de
3è cycle, Université Scientifique, Technologique et
Médicale de Grenoble 1, 433 pages.
22- HOUNMENOU, G.(2006). Décentralisation, gouvernance
participative et dynamiques locales de développement. Etude de cas en
milieu rural au Bénin. Thèse de doctorat en sciences
économiques de l'Université de Versailles Saint-Quentin
--En-Yvelines, 385 p.
ANNEXES
République du Bénin
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
Université d'Abomey-Calavi (UAC)
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
·
Institut National de la Jeunesse, de l'Education Physique et du
Sport (INJEPS) Secteur : Jeunesse et Animation Socio- Educative
(JASE) Option : Développement Communautaire
Ce guide est élaboré dans le cadre de la
réalisation d'un mémoire de fin de formation en Jeunesse et
Animation Socio-Educative (option Développement Communautaire). Il vise
à étudier le problème de transfert de compétences
aux communes dont notamment l'analyse des actions et des stratégies des
différents acteurs impliqués.
Il s'adresse à tous les acteurs collectifs et individuels
concernés par le transfert de compétences.
Guide d'entretien à l'endroit de quelques responsables
au Ministère de la Décentralisation, de la Gouvernance locale,
de l'Administration et de l'Aménagement du Territoire
1- Rôles du Ministère en matière de transfert
de compétences et de ressources
· Comment le Ministère assure-t-il ses fonctions en
matière de transfert de compétences aux collectivités
locales ?
2- Stratégies développées par le
Ministère
· Les stratégies tiennent-elles comptes des
préalables à faire par l'Etat ?
· Les stratégies ont- elles permis le transfert de
compétences ?
3- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et Financiers etc.
4- Solutions préconisées au niveau du
Ministère.
Guide d'entretien à l'endroit des Maires des communes du
Département du Zou
1- Compétences communales
· Quelles sont les compétences reçues par la
commune à l'heure actuelle ?
· Quelles sont les compétences qui ne sont pas
encore reçues ?
2- Ressources communales
· Quelles sont les ressources reçues par la commune
?
· Quels sont les réels besoins de votre commune en
matière de ressources ? 3 Stratégies développées
par la commune
· Gestion effective desdites compétences en
attendant leur transfert de manière formelle : le pouvoir s'arrache
selon le dicton populaire.
· Comment le faites-vous ? Où trouvez- vous les
ressources ?
· Ajournement de la gestion des compétences
jusqu'à leur transfert formel suivi des ressources correspondantes.
· Organisation de conférences de presse pour
réclamer les compétences et ressources à transférer
par l'Etat.
· Marche de protestation.
· Militez dans une association de communes afin de mieux
peser dans les négociations avec l'Etat (l'union fait la force).
· Stratégies développées pour
bénéficier des ressources nécessaires (Humaines,
Matérielles et financières), etc.
· Les stratégies développées
tiennent-elles compte des préalables à faire par l'Etat ?
· Les stratégies ont --elles permis le transfert de
compétences
5- Obstacles majeurs liés au non transfert de
compétences et des ressources.
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et financiers etc.
5- Solutions préconisées au niveau de la
commune.
Guide d'entretien à l'endroit de l'Association Nationale
des Communes du Bénin (ANCB)
1- Statut et Mission.
· Type de structure.
· Mission Précise.
2- Stratégies développées par l'ANCB pour
amorcer le transfert de compétences.
· Les stratégies tiennent- elles compte des
préalables à faire par l'Etat ?
· Ces stratégies ont-elles permis le transfert de
compétences. 3 -- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et Financiers etc.
3- Solutions préconisées au niveau de l'ANCB.
Guide d'entretien à l'endroit du Préfet du
Département du Zou
1- Rôles du Préfet en matière de transfert
de compétences
· Comment le préfet assure- t-il ses fonctions en
matière de transfert de compétences aux collectivités
locales.
2- Stratégies développées par le
Préfet en matière de transfert de compétences
· Au niveau de la Conférence Administrative
Départementale (CAD).
· Au niveau du Conseil Départemental de Concertation
et de Coordination.
· Les conditions d'exercice de la tutelle favorise-t-elle
le transfert de compétences ?
· Les stratégies ainsi développées
ont-elles permis le transfert effectif des compétences.
3- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et financiers etc.
4- Solutions préconisées par le Préfet.
Guide d'entretien à l'endroit de la Direction
Générale de l'Administration Territoriale (DGAT)
1- Statut et missions.
· Type de structure.
· Mission Précise.
· Comment la DGAT assure --t- elle ses fonctions
statutaires
2- Stratégies développées par la DGAT.
3- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences.
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et financiers etc.
4- Solutions préconisées par la DGAT.
Guide d'entretien à l'endroit de la Maison des
Collectivités Locales (MCL)
1- Statut et missions de la MCL.
· Type de structure.
· Mission précise.
· Comment la MCL assure --t-elle ses fonctions
statutaires.
2- Stratégies développées par la MCL
· Appui-conseil aux communes en matière de transfert
de compétences.
· Les stratégies ont-elles permis le transfert de
compétences ?
3- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et financiers etc.
4- Solutions préconisées au niveau du MCL.
Guide d'entretien à l'endroit de la Mission de
Décentralisation (MD)
1- Statut et missions en matière de
décentralisation
· Type de structure
· Mission précise
2- Stratégies développées par la Mission de
Décentralisation pour remplir ses fonctions.
· Procédure d'élaboration des projets de
textes réglementaires sur la décentralisation
· Stratégies développées au niveau des
textes pour amorcer le transfert de compétences
· Autres stratégies développées si
possible.
· Les stratégies développées
permettent-elles le transfert de compétences ?
3- Obstacles majeurs liés au transfert de
compétences
· Juridiques
· Politiques
· Economiques et financiers etc.
4- Solutions préconisées
Quelles sont les solutions préconisées au niveau
de la Mission de Décentralisation ?
MEMORANDUM SUR LE TRANSFERT DES COMPETENCES DE L'ETAT
AUX COMMUNES
*
Suite aux élections communales et municipales
organisées mi-décembre 2002 et début janvier 2003, la mise
en place des collectivités décentralisées est devenue une
réalité.
Le nouvel espoir suscité par la mise en place des
organes délibérants ainsi que de leurs exécutifs au niveau
desdites collectivités a été cependant de courte
durée en raison des difficultés que rencontrent ces derniers
à exercer effectivement les compétences qui leur sont
dévolues par la loi.
Le principal goulot d'étranglement et le principal sujet
de désaccord se focalisent autour du transfert des compétences et
se présentent sous le triple aspect
· de la nature des compétences et ressources
à transférer ;
· des modalités pratiques, des dates d'effet de ces
transferts et des blocages relevés ;
· des actions urgentes à engager et des mesures
d'accompagnement devant leur servir de support.
I -- En ce qui concerne l'étendue des compétences
et des ressources correspondantes à transférer aux communes
1.1 -- Sur l'étendue des compétences à
transférer
Il faut se référer dans ce domaine :
· aux articles 82 à 107 de la loi 97-029 du 15
janvier 1999 portant organisation des communes en République du
Bénin
· à l'article 19 de la loi 98-005 du 15 janvier 1999
portant organisation des communes à statut particulier.
Plus spécifiquement, les compétences
concernées se répartissent en sept (07) catégories
fondamentales qui sont relatives aux domaines suivants :
- Pour toutes les communes
· le développement local, l'aménagement,
l'habitat et l'urbanisme ;
· les infrastructures, l'équipement et les
transports ;
· l'environnement, l'hygiène et la salubrité
;
· l'enseignement primaire et maternel ;
· l'alphabétisation et l'éducation des
adultes ;
· la santé, l'action sociale et culturelle ;
· les services marchands et les investissements
économiques.
- Pour les communes à statut particulier en
complément des compétences générales
· en matière d'enseignement et de formation
professionnelle :
· la charge de la construction, des réparations
et des équipements des établissements publics d'enseignement
secondaire et des centres publics de formation professionnelle de niveau
communal ;
· l'entretien de ces établissements ;
· en matière de transport et de circulation :
· l'élaboration du plan de circulation urbaine
;
· l'organisation des transports urbains collectifs ;
· l'installation et l'entretien des feux de
signalisation ;
· en matière de sécurité :
· l'adoption du plan annuel de sécurité
publique et de lutte contre la délinquance et la criminalité.
· En matière de communication :
· la charge de l'information de la population par la
diffusion des organes d'information écrite.
· la création et/ou l'appui à l'installation
de stations de radiodiffusion sonore et de télévision locale.
Certes, l'article 82 de la loi 97-029 a bien distingué les
compétences propres aux communes, les compétences
déléguées et les compétences partagées avec
l'Etat.
Cette distinction paraît floue en ce qui concerne :
- les compétences présumées propres et
pourtant difficilement identifiables en raison de la concentration de leur
exercice au niveau des ministères sectoriels ;
- les compétences prévues pour être
partagées, le degré de ce partage, son étendue et ses
modalités n'ayant pas été clairement définis.
Au-delà même de cette distinction, il convient de
reconnaître et d'accepter de combler prioritairement aujourd'hui, les
besoins des populations.
De ce fait, le développement local demeure l'enjeu
fondamental qui devra déterminer le niveau des compétences et
surtout des ressources correspondantes à transférer.
1.2 - Sur les ressources correspondantes à
transférer
Deux problèmes particuliers se posent ici.
Le premier est relatif à la compétence que
suggèrent les alinéas 2 des articles 97 et 100 de la loi 97-029
du 15 janvier 1999 et l'alinéa 2 de l'article 19 de la loi 98-005.
Le deuxième est relatif à la compréhension
de se reporter à d'autres dispositions pour comprendre la notion de
ressources à transférer.
1.2.1 - Sur la compréhension de la disposition «A cet
effet, l'Etat lui transfère les ressources nécessaires »
A défaut, pour les lois 97-029 et 98-007 d'avoir
précisé la nature et l'importance des ressources
nécessaires en question ainsi que le montant et les modalités de
leur évaluation, il y a sûrement lieu d'accepter qu'il s'agit de
permettre aux communes d'exercer leurs compétences en les dotant de
ressources suffisantes.
Cette assertion impose de dépasser le cadre des
dispositions ci-dessus et de se reporter aussi à celles de la loi 98-007
du 15 janvier 1999 portant régime financier des communes.
1.2.2 - La nécessité du recours à la loi
98-007 du 15 janvier 1999
L'examen minutieux des articles 9 à 15 de la loi 98-007
met en relief une exigence fondamentale de transfert effectif de certaines
recettes jusqu'à présent recouvrées par l'Etat et
aujourd'hui du ressort des communes.
A titre d'exemple, nous pouvons citer :
- la taxe touristique prélevée par l'Etat ;
- la taxe sur la valeur ajoutée perçue au cordon
douanier ;
- la taxe sur l'exploitation des carrières et mines ;
- la part (à déterminer) du produit des amendes
prononcées par les tribunaux correctionnels ou de simple police, pour
les contraventions et délits commis sur le territoire de la commune ;
- les droits sur les services marchands ;
- les taxes ou redevances pour prestations
d'électricité et d'eau ;
- les taxes ou redevances en matière d'urbanisme et
d'environnement ; - les taxes d'inspection sanitaire des produits
alimentaires.
Il convient d'ajouter à ce lot :
- le produit des subventions ou dotations de fonctionnement
accordées par l'Etat ou toute autre personne physique ou morale ;
- les produits des subventions ou dotations d'investissement
et d'équipement allouées par l'Etat ;
C'est pour concrétiser la jouissance, par les communes,
desdites ressources que l'article 28 de la même loi a prévu que
« les informations relevant des services de l'Etat indispensables à
l'établissement du budget et dont la liste est fixée par
décret doivent parvenir au maire au plus tard deux mois avant le vote du
budget ».
Enfin, l'article 110 de la loi 97-029 impose à l'Etat
de mettre à la disposition de la commune les moyens nécessaires
au fonctionnement des services communaux ainsi que la possibilité, pour
l'Etat, de céder tout ou partie des biens lui appartenant et
situés sur le territoire de la commune lorsque cette dernière, au
moment de sa création, ne dispose pas de biens propres.
Au total, si les textes, malgré leur caractère
incomplet, sont allés à l'essentiel sur les transferts des
compétences et des ressources, le doute paraît évident
aujourd'hui sur la volonté réelle de certains
démembrements de l'Etat à assurer un transfert effectif desdites
compétences et ressources.
La laborieuse et pénible détermination des
modalités pratiques et des dates d'effet des transferts, ainsi que les
blocages simultanés observés à certains niveaux demeurent
incontestablement les signes manifestement troublants du difficile ancrage de
la décentralisation.
II - Des modalités pratiques, des dates d'effet des
transferts et des blocages relevés
Pour apprécier ces aspects, il est nécessaire de se
référer aux documents élaborés par le Gouvernement
dans ce cadre ainsi que de recenser les facteurs de blocages actuels.
2.1 - Les documents du Gouvernement sur les modalités
pratiques des transferts de compétences et leur date d'effet
Deux séries de documents essentiels sont à prendre
en compte dans ce cadre à savoir :
- la communication N°1236/2003 introduite par le
Ministère de l'Intérieur et relative au plan d'action sur les
modalités de transfert des compétences et des ressources aux
communes et la communication 144/04 qui la complète :
- la communication N° 839/04 introduite par le Ministre
du Plan et relative au compte rendu des travaux du comité technique de
suivi du transfert des compétences aux communes à laquelle il
convient d'ajouter le compte rendu du séminaire gouvernemental sur la
décentralisation en date du 21 septembre 2004 relatif au rapport du
comité technique de suivi du transfert des compétences aux
communes.
2.1.1 - Les deux communications du Ministre de
l'Intérieur relatives au plan d'action sur les modalités
pratiques des transferts de compétences et de ressources aux communes
Ce qu'il est intéressant de noter ici, c'est que :
a) La communication N° 144/04 résulte de la
communication N° 1236/2003 qu'elle complète et affine sur la base
des instructions données au Ministre de l'Intérieur par le
Conseil des Ministres et relatives à la nécessité de
proposer « une meilleure stratégie de mise en oeuvre des transferts
de compétences notamment par la mise sur pied d'un comité
interministériel qui peut répondre de façon consensuelle
à la question :
Que peut-on transférer sans rompre notre
équilibre budgétaire et quel chronogramme adopter
conformément aux moyens dont dispose l'Etat ? Dans ce cadre, chaque
ministère concerné par le transfert de compétences devra
disposer d'un mémorandum qui décrive sans équivoque
comment il entend procéder au respect dudit chronogramme ».
cf. : extrait du relevé N°40/SGG/Rel du 02 octobre
2003.
b) Sur la base de ces instructions, une étude a
été commandée par la Mission de Décentralisation
dont les résultats ont fait l'objet de la communication N° 144/04.
Cette communication a :
- défini les objectifs stratégiques et
opérationnels ;
- envisagé trois options stratégiques à
savoir :
· le transfert en bloc ;
· le transfert progressif ;
· le transfert en bloc aménagé ;
- analysé les avantages et les inconvénients de
chacune de ces options ;
- retenu l'option du transfert en bloc aménagé par
domaine de compétences ;
- évalué le financement des coûts de
transferts de compétences sur la période allant de 2003 à
2007 pour un montant total d'environ quatre-vingt-deux milliards, huit cent
soixante-huit millions quatre cent quatre-vingt quatorze mille sept cents
(82.868.494.700) Francs CFA ;
- réparti ce montant entre l'Etat et les communes pour
les montants respectifs
de :
· six milliards deux cent quatre-vingt millions deux cent
vingt-six mille deux cents (6.280.226.200) Francs CFA ;
· Dix-neuf milliards six cent quarante-cinq millions six
cent seize mille sept cent (19.645.616.700) Francs CFA.
- identifié les activités à exécuter
dont notamment :
· l'adoption de la variante relative au transfert en bloc
aménagé pour fin octobre 2003 ;
· la détermination de la période transitoire
pendant laquelle pourront s'opérer les négociations entre les
acteurs pour les compétences à transfert différé
;
· l'élaboration des stratégies sectorielles
des transferts de compétences et l'évaluation de leurs
coûts par différents ministères concernés ;
· l'adoption par le conseil des ministres desdites
stratégies sectorielles ;
· l'adoption d'un décret portant institution d'un
Crédit d'Appui au Développement des Communes (CRADEC) :
· la mise en place d'un forum de concertation permanent
entre l'Etat et les partenaires pour le gap éventuel entre les
coûts de transfert. Ex : les ressources disponibles ;
· l'étalement du plan de transfert de
compétences sur une période de 2004-2008.
A l'issue de l'examen de cette communication, il a
été demandé « au Ministre d'Etat Chargé du
Plan, de la Prospective et du Développement de mettre en place un
comité interministériel pour compter du 09 février 2004
chargé de définir par secteur d'activité les
compétences à transférer.
Chaque Ministre doit proposer audit comité les
compétences qu'il est censé transférer conformément
à la loi ».
Cf. extrait du relevé N°05 du 05 février
2004.
2.1. -- La communication N° 839/04 du Ministre du Plan et
le rapport au séminaire gouvernemental
a) La communication N° 839/04
Sur la base des instructions du conseil des Ministres contenues
dans le relevé N° 05 du 05 février 2004, le comité
inter ministériel mis sur pied par le Ministre du Plan a :
· dressé un répertoire des compétences
à transférer ;
· analysé les mémorandums des
départements ministériels ;
· apprécié de façon critique le
mémorandum en date du 06 février 2004 remis au Chef de l'Etat par
l'Association Nationale des Communes du Bénin ;
· constaté l'unanimité autour de la
nécessité de mettre en place un mécanisme de transferts
des compétences ;
· relevé cependant le désaccord existant au
sujet du transfert des marchés de Dantokpa, Ganhi et Gbogbanou
gérés par la SOGEMA ;
· suggéré entre autre :
- l'adoption par le conseil des Ministres d'un mécanisme
dit « transfert en bloc aménagé de compétences »
comportant deux volets à savoir :
> les compétences à transfert immédiat
;
> les compétences à transfert
différé ;
- l'adoption par le conseil des Ministres d'une décision
relative aux marchés gérés par la SOGEMA ;
- la fixation au 31 octobre 2004 de la date de l'exercice
réel de l'ensemble des compétences par les communes avec le
transfert subséquent des ressources financières
nécessaires ;
- l'inventaire, par commune et par ministère, du
patrimoine à transférer (écoles, ouvrages hydraulique
etc...)
- l'inventaire par ministère des projets en cours
d'exécution et rentrant dans les compétences à
transférer pour l'implication des communes ;
- etc.
Ces propositions ont été reprises
intégralement dans la communication N° 839/04 qui a fixé au
02 janvier 2005 la date du transfert effectif de l'ensemble des
compétences aux communes avec transfert subséquent des ressources
financières nécessaires.
b) Le rapport au séminaire gouvernemental du 21 septembre
2004
Il a classé les compétences à
transférer en sept grands blocs qui ne diffèrent pas tellement de
ceux établis par la loi N° 97-029 du 15 janvier 0999.
Il a recensé en outre les compétences plus
difficiles à exercer et dont le transfert peut être
différé surtout dans les domaines suivants :
- l'installation des lignes téléphoniques ;
- la réalisation et la gestion du réseau
d'éclairage public ;
- la fourniture et la distribution d'eau potable ;
- la mise en place des réseaux d'adduction d'eau en zone
urbaine ;
- la mise en place des points et réseaux d'adduction
d'eau
Il a enfin proposé une série d'actions à
entreprendre qui viennent compléter celles retenues par la communication
N° 839/04.
Malgré la bonne volonté apparente du
gouvernement, des inquiétudes existent sur le transfert réel
selon les modalités et termes fixés en raison des facteurs de
blocages que recèlent les documents cités et des pratiques ayant
eu cours jusqu'à présent.
2.2 -- Les facteurs et pratiques de blocages actuels
2.2.1 -- les facteurs de blocages relevés dans les
documents
Un certain nombre d'éléments relevés dans
les documents dénotent et encouragent les risques de blocage.
En voici quelques-uns :
a) malgré "la réponse consensuelle"
exigée pour répondre aux questions posées par le
relevé N° 40 SCC/RU du 02 octobre 2003, on constatera
aisément que l'ANCB n'a pas été associée aux
travaux ayant abouti aux conclusions contenues dans les divers rapports et
communications.
Il est difficile d'admettre que des travaux d'une telle ampleur
soient menés sans associer les communes concernées par la mise en
oeuvre des conclusions retenues ;
b) un retour à la case départ est à
craindre de ce fait. Cette crainte se trouve déjà fondée
en raison des différents moules où sont passés le plan de
transfert des compétences et les
rapports et communications subséquents dont les
décisions finales retenues n'apparaissent pas avec la plus grande
clarté.
A titre d'exemples, quelles décisions ont
été prises par le conseil des Ministres suite à la
communication N° 839/04 pour justifier le réexamen de la question
au niveau d'un séminaire gouvernemental dont on ignore au surplus les
résultats ?
c) En situation normale, les ministères
concernés par les transferts de compétences auraient dû
mener des études et réflexions approfondies débouchant sur
une prise en compte réelle de tous les aspects des compétences
à transférer, sur les allègements structurels à
opérer et sur les procédures incontestables de transfert prenant
en compte les spécificités sectorielles. Les seuls
mémorandums n'y suffisent pas.
Du reste, seuls quelques ministères ont mené
jusqu'à présent ces études et réflexions.
Le rapport introductif de la communication N0 839/04 l'a si
bien mis en relief lorsqu'il a noté que les "départements
ministériels appréhendent plus ou moins la nouvelle donnée
institutionnelle induite par la décentralisation, qu'ils comprennent la
nécessité de transférer et que très peu s'y sont
réellement préparés".
d) Cela est d'autant évident que déjà,
la réforme administrative, trame essentielle des autres réformes
sectorielles - dont la réforme de l'administration territoriale -
piétine et s'essouffle en raison des difficultés de
prégnance au niveau des différents départements
ministériels.
e) Cela est tout aussi évident que des chevauchements
notoires sont souvent notés entre les compétences des
ministères au point qu'un ministère viendrait probablement
à transférer une compétence dont certains volets
continueraient d'être exercés par un autre.
f) A cet égard, l'une des priorités de la
réforme administrative consiste en la clarification des missions de
l'Etat.
g) Le transfert effectif des compétences aux dates
indiquées suppose l'accomplissement de nombreux autres préalables
dont la programmation n'apparaît nulle part.
Il est illusoire d'espérer, de ce fait, que toutes ces
tâches soient accomplies avant la date butoir du 31 décembre 2004
en raison de la résistance au changement et des lenteurs qui ont
caractérisé, jusqu'à présent, les différents
départements ministériels.
A titre d'exemples, il convient de signaler :
- la propriété des infrastructures mises à
la charge des communes ;
- la participation de la commune au processus de décision
;
- les relations de la commune avec les entreprises jouissant du
monopole ; - les réglementations spécifiques telles que :
·:* le régime des permis d'habiter ;
· :* la fixation des conditions de délimitation des
zones agglomérées ;
· :* les règles et procédures
d'élaboration d'un schéma directeur d'aménagement du
territoire ;
· :* le rôle de la commune dans le
développement agricole ;
· :* la détermination des voies devant relever
d'institutions ou d'organes autres que la commune ;
· :* la définition des critères de
classification des gares routières, des embarcadères, parking,
infrastructures hydrauliques et lignes téléphoniques en
équipements à caractère local, régional ou national
;
Pour ne citer que ceux-là et il y en a d'autres ;
h) Il y a lieu en outre de comprendre comment va
s'établir la cohérence entre transfert de compétences et
transfert de ressources en raison de l'étalement de leur date d'effet
respective.
i) De même se trouve peu justifiée la hâte
avec laquelle a été réglée la question du transfert
des marchés de Dantokpa, Ganhi et Gbogbanou, les
références faites à certains textes de la constitution
n'expliquant pas avec pertinence la teneur et la complexité des
décisions prises dans ce cadre.
L'A.N.C.B. est d'autant fondée dans ses craintes que les
pratiques actuelles de la décentralisation n'en favorisent pas la
consolidation.
2.2.2 -- Les pratiques actuelles de la décentralisation
L'ANCB rappelle et confirme les pratiques qu'elle avait
dénoncées dans son mémorandum au chef de l'Etat, pratiques
concernant particulièrement :
- la gestion conflictuelle des affaires domaniales ;
- l'existence de circuits parallèles de gestion du
patrimoine de l'Etat et des communes par le biais de prétendus
comités de sinistrés dont les responsables gèrent et
aliènent les patrimoines en question.
Il faut ajouter à cela :
- L'aberration juridique que constituent des appellations
telles que préfet des départements par exemple du Borgou et de
l'Alibori ou du Zou et des Collines alors que la loi n'en dispose pas ainsi
;
- L'empirisme et le caractère conflictuel de la tutelle en
raison de l'inexistence d'un cadre formalisé de contrôle de
légalité ;
- La non fonctionnalité des organes infra communaux du
fait de la non organisation des élections à ce niveau.
Le chapelet des pratiques critiquables serait long et
fastidieux, ce qu'il convient surtout de retenir, c'est d'y remédier
dans le cadre d'un transfert de compétences harmonieux, rationnel et
participatif.
III -- De la nécessité d'un transfert de
compétences harmonieux, rationnel et participatif
L'ANCB reconnaît à leur juste valeur les efforts
inlassables du gouvernement pour procéder au transfert réel des
compétences afin d'asseoir les bases de la décentralisation et du
développement local.
Elle propose toutefois les orientations complémentaires
ainsi qu'il suit.
3.1 -- Au plan des transferts de compétences
- associer étroitement l'ANCB aux prochaines phases de
discussions afin qu'elle puisse faire valoir ses préoccupations
notamment en ce qui concerne la nécessaire cohérence à
établir entre les dates butoir retenues, l'importance des tâches
préalables à exécuter, la nature réelle des
compétences à transférer et des ressources correspondantes
à mettre en place.
- Plus spécifiquement, l'ANCB souhaite que :
· la maîtrise d'ouvrage soit effectivement
transférée aux communes et que l'Etat, par le biais des services
déconcentrés leur apporte son soutien à la maîtrise
d'ouvrage ;
· la gestion des équipements soit
transférée aux communes et que les ressources subséquentes
leur soient transférées également ;
· les fonds destinés aux investissements publics
financés par le budget national soient logés dans les recettes
perception ;
· la gestion des projets financés par les
bailleurs de fonds et en cours d'exécution soit conjointement
menée entre l'Etat et les communes sur la base d'un partenariat ;
· s'agissant des nouveaux projets relevant de la
compétence des communes, leur maîtrise d'ouvrage soit
effectivement assurée par les communes;
- faire engager les pourparlers équitables avec les
organismes jouissant de monopoles en vue de la prise en compte des charges
à assumer et des droits à exiger de part et d'autre ;
- Induire les réaménagements structurels
à engager au niveau des départements ministériels en vue
des compétences à déléguer aux structures
déconcentrées et des mesures à prendre pour renforcer
leurs capacités d'assistance-conseil ;
- Revoir dans le sens de la décrispation et du respect du
droit la gestion du transfert des marchés de Dantokpa, Ganhi et
Gbogbanou.
3.2 -- Au plan général de la
décentralisation
- mettre un terme aux empiètements des préfets sur
la gestion par les communes des affaires domaniales ;
- mettre un terme aux comités de sinistrés
domaniaux qui gèrent en parallèle et
irrégulièrement le domaine de l'Etat et des communes ;
- nommer urgemment un dispositif humain du commandement
territorial conforme aux dispositions légales ;
- formaliser le contrôle de légalité ;
- organiser les élections infra communales dans les
meilleurs délais notamment avant les élections
présidentielles pour asseoir et consolider la démocratie à
la base.
3.3- Au plan du soutien de l'Etat à l'ANCB et aux
Communes
- octroyer une subvention annuelle à l'ANCB sur la base
d'un budget établi par celle-ci et discuter avec le pouvoir central ;
- intégrer des représentants des élus locaux
dans la délégation du chef de l'Etat à l'occasion de tous
les voyages officiels ;
- doter les 77 Maires de passeport diplomatiques afin de leur
faciliter les formalités de voyage ;
- acquérir au profit des Maires, des véhicules de
fonction en hors taxe et négocier avec chaque Commune, un
échéancier de remboursement.
Cotonou, décembre 2004.
L'ANCB
GRILLE D'ANALYSE UTILISEE POUR LA PRESENTATION DES RESULTATS
Thèmes
|
Sous- thèmes
|
Unités de signification (données issues des
entretiens)
|
|
|
Coordonner, de suivre et d'encadrer les activités
des circonscriptions administratives, de suivre la tutelle
|
Missions des
|
|
administrative des collectivités locales,
d'élaborer les
|
structures
|
Direction
|
textes relatifs au fonctionnement des circonscriptions
|
étatiques
|
Générale de
|
administratives et des collectivités locales, de
coordonner
|
impliquer dans la
|
l'Administration territoriale
|
les activités de préparation des consultations
électorales, d'assurer en liaison avec la Direction de
l'Administration
|
réforme
|
(DGAT)
|
la formation technique initiale et continue des personnels des
circonscriptions administratives.
|
|
|
Elaborer le cadre législatif et réglementaire de
la
décentralisation permettant d'aboutir à un
code administratif des collectivités locales, élaborer des
outils de
|
|
Mission de
|
gestion communale, proposer au gouvernement les
|
|
Décentralisation
|
mesures d'accompagnement de la décentralisation
administrative, réaliser toutes études
sectorielles nécessaires à la gestion efficiente des affaires
locales, promouvoir la coopération décentralisée,
assister et
|
|
|
conseiller les collectivités décentralisées
en ingénierie et en développement local.
|
Maison des collectivités locales
|
Accompagner les communes dans tous les domaines de
compétences en matière de maîtrise d'ouvrage public. Elle
développe des outils d'aide à la décision, renforcement
des communes dans toutes leurs compétences, assurer la formation
continue des élus locaux, promouvoir l'intercommunalité et la
coopération décentralisée en leur proposant des
modèles de partenariat etc.
|
Préfecture (cas du Zou)
|
Le préfet est le représentant de l'Etat central
qui à côté des collectivités
décentralisées assure la régularité de l'exercice
du pouvoir. Il contrôle dans certains cas à priori et pour une
grande partie à posteriori ce qui est anciennement exercé par
l'Etat central et qui est laissé c'est le Préfet qui veille
à ce que ce soit utilisé dans le sens des textes de la
République
|
Compétences et ressources communales reçues
|
Communes (cas du Zou)
|
En matière de compétences nous pouvons dire que
la commune représente l'Etat en miniature. La loi donne beaucoup de
compétences à la commune. Nous dirons précisément
que lorsqu'il s'agit de l'éducation les communes ordinaires ont leurs
compétences qui s'étant sur l'enseignement maternel et primaire.
A ce titre les infrastructures de l'enseignement maternel et primaire incombent
à la mairie, les unités sanitaires de la commune relèvent
de la compétence du Maire, l'Etat civil... Mais il y en a qu'il ne peut
exercer qu'avec la contribution de l'Etat central. Aucune mairie ne dispose de
ressources financières capables de lui permettre de construire des
écoles. Donc la loi a définit les compétences. Mais, les
compétences ne sont pas accompagnées jusqu'à ce jour de
ressources. Les compétences existent. Mais, elles ne sont
|
|
|
pas accompagnées pour celles qui pourraient
l'être de ressources financières qui pourraient permettre un
exercice réel de tout le pouvoir qui est concédé à
nous. C'est pour cela que depuis plus de quatre ans nous nous battons pour le
transfert des ressources et ce transfert n'arrive jamais
|
Missions association de
communes
|
Association Nationale des Communes du Bénin
(ANCB)
|
Contribuer au renforcement de la décentralisation
accompagner les communes dans l'animation de la vie locale,
favoriser la participation de tous les acteurs locaux au développement
des communes, développer, capitaliser et fructifier les
expériences de gestion communale pour renforcer les capacités des
communes, de servir d'interface entre les communes et l'Etat et entre les
communes et les partenaires au développement, ensuite de promouvoir la
solidarité, le partenariat, la coopération entre les communes du
Bénin et entre les communes du Bénin et les communes
étrangères et de participer aux mouvements municipaux africains
ainsi que mondiaux.
|
Stratégies Développées (évaluation
des
stratégies)
|
Etat
|
L'option de transfert par bloc aménagé de
compétences. Les stratégies concernent les transferts
immédiats et les transferts différés. Le transfert ne peut
être effectif que si les problèmes des ressources
financières sont réglés et la richesse au niveau local.
|
Communes
|
On est entrain de faire de l'ANCB une forme de lobbying pour
amener l'Etat à faire face à ces responsabilités et
à apporter aux communes les ressources nécessaires. Cette
association ne peut quand même pas entrer en guerre contre le pouvoir
central. Il faut qu'il ait des négociations au niveau de l'Etat et notre
association. Les stratégies n'ont pas permis. On a rien reçu.
C'est le pouvoir central qui détient tout. Ces cadres qui sont là
n'ont pas la bonne volonté de nous aider parce que les ressources c'est
à leur niveau.
|
|
L'association a opté pour un partenariat fait de
discussions
|
|
|
avec l'Etat. Depuis 2004 elle a rédigé un
mémorandum qu'elle a soumis au gouvernement. Ce qui a abouti à
la
|
|
Association
|
mise en place du comité paritaire Etat-communes. Je
ne
|
|
Nationale des
|
sais pas si ces stratégies ont permis de
transférer parce que
|
|
communes du
|
jusque là rien n'a encore abouti concrètement en
dehors de
|
|
Bénin (ANCB)
|
quelques domaines. Le gros lot des domaines à
transférer demeure exercé par les ministères sectoriels
à travers leur direction.
|
|
Structures
|
L'environnement communal n'est pas bien préparé
pour
|
Obstacles
|
Etatiques
|
gérer certaines compétences quand on prend par
exemple
|
majeurs aux
|
|
le problème de l'énergie, l'eau, les forêts
communales, les
|
transferts de
|
|
ressources humaines matérielles et financières ne
suffisent
|
compétences
|
|
pas. Les projets et programmes qui font l'objet de
convention avec les partenaires au développement ne
sont pas transférés parce qu'ils sont en cours
d'exécution. La déconcentration est en retard sur la
décentralisation, les ministères sectoriels ne sont pas
préparés à la
décentralisation. Obstacles juridiques : les textes
sont clairs. Au niveau du transfert des compétences il n'y a pas de
problèmes. C'est au niveau des ressources qu'il a problème. Il y
a la taxe de développement local dont l'assiette n'est pas
déterminée. Il y a les pesanteurs politiques. On ne veut pas
transférer ceci parce que le domaine est cher pour l'Etat. Sur le plan
administratif il y a la lenteur des cadres de l'administration centrale...
|
|
|
Nous n'avons pas été préparé
suffisamment à la
décentralisation, la sensibilisation aussi a
manqué, il y a les questions d'intérêt. Les textes
d'application ne sont pas
|
|
Communes
|
votés à l'Assemblée Nationale. Sur le plan
politique,
certaines communes sont marginalisées à cause de
leur appartenance politique. Les ministères ont du mal à se
délester des pouvoirs qu'ils exercent parce qu'ils savent que en
transférant les compétences comme c'est demandé
|
|
|
ils n'auront plus les pouvoirs. C'est cela qui retarde. Le
gouvernement nous parle de transferts, c'est à la lèvre.
|
Association Nationale des Communes du Bénin
|
Il me semble que les obstacles ce n'est pas au niveau du cadre
juridique. Peut être financier un peu si on estime que l'Etat n'a pas
suffisamment de moyen à la hauteur des compétences à
transférer. Mais le grand problème à mon sens c'est le
manque de volonté politique.
|
Solutions Préconisées pour le transfert de
compétences
|
Structures Etatiques
|
Il faut compléter le corpus juridique de la
décentralisation, prendre les décrets d'application, la loi sur
l'intercommunalité, dynamiser le Comité National des Finances
Locales (CONAFIL), former les cadres des ministères sectoriels à
la décentralisation, accélérer les ressources
financières vers les communes, combattre la corruption, renforcer la
déconcentration.
|
Communes
|
Dialogue avec l'Etat, revoir la part du budget national
réservée aux communes, volonté politique, Il faut que
l'ANCB négocie bien avec le pouvoir central.
|
Association Nationale des Communes du Bénin
|
C'est entre autre de continuer par discuter avec l'Etat dans
le cadre de ces transferts, rester en collaboration avec le ministère de
la décentralisation pour des négociations annuelles sur
l'élaboration du budget de l'Etat avec son collègue des finances
pour que déjà il y ait l'inscription au budget de l'Etat les
différents transferts à opérer, aussi qu'on puisse nous
écouter au niveau de l'Assemblée Nationale et prendre en compte
nos observations sur le budget général de l'Etat. Et aussi nous
formulons le voeu que la constitution soit révisée. Au niveau de
la constitution du Ghana par exemple le pourcentage du budget qui va vers les
communes est déterminé. C'est entre 10 et 15%.
|
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION 8
CADRE GENERAL DE L'ETUDE 11
1-1 BREF APERÇU GEOGRAPHIQUE DU CADRE DE L'ETUDE 12
1-3 LE CADRE JURIDIQUE DE LA DECENTRALISATION AU BENIN 17
1-4 REFLEXION SUR LES MODALITES DE MISE EN OEUVRE DES TRANSFERTS
AU BENIN 18
CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE 25
2-1 REVUE DE LITTERATURE 26
2-1-1 Les conceptions de la décentralisation 26
2-1-2 Typologie de la décentralisation 31
2-1-3 L'état des travaux sur le transfert des
compétences 32
2-2 MODELE D'ANALYSE DE LA RECHERCHE 35
2-3 PROBLEMATIQUE 37
2-4 HYPOTHESE 39
DEMARCHE METHODOLOGIQUE 40
3-1 LE CHAMP D'ANALYSE ET LA SELECTION DES UNITES D'OBSERVATION
41
3-1-1 Le champ d'analyse 41
3-1-2 La sélection des unités d'observation 41
3-2 INSTRUMENTS D'OBSERVATION ET DE COLLECTE DES DONNEES 42
3-3-METHODE DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES DONNEES 43
3-4 DIFFICULTES RENCONTREES 44
PRESENTATION ET ANALYSE DES RESULTATS 45
4 -1 PRESENTATION DES RESULTATS 46
4-2 ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 49
CONCLUSION ET PERSPECTIVES 56
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 60
ANNEXES 63

TABLE DES MATIERES 89
|