CHAPITRE I. CADRE THEORIQUE ET
CONCEPTUEL
Ce chapitre a pour objet de situer notre
étude dans un cadre théorique et conceptuel. En quelques sortes,
il consiste en une revue de la littérature sur le mouvement de
décentralisation en général et sur la
décentralisation de l'éducation en particulier.
Dans un premier temps, nous partirons des
définitions de concepts « Centralisation » et
« Décentralisation », pour parler par la suite, de la
décentralisation de l'éducation tout en dégageant ses
avantages et ses inconvénients.
En deuxième lieu, nous jetterons un
regard sur la décentralisation de l'éducation au Rwanda.
1.1 CENTRALISATION
Le concept de centralisation a
été défini par plusieurs auteurs. D'après H.
MINTZBERG (1982, p.174) « la centralisation est le
mécanisme le plus puissant pour coordonner les décisions dans
l'organisation ; toutes les décisions sont prises par un seul individu,
dans un seul cerveau, et ensuite mises en oeuvre sur une supervision directe
».
Ainsi définie, la centralisation
permet la maîtrise de prise de décision. Elle présente
cependant le grand inconvénient : bloquer l'esprit d'initiative locale,
ce qui paralyse le processus de prise de décision.
Pour R. CHAPUS (1992, p.206), la
centralisation est une forme d'administration dans laquelle l'Etat assure seul
l'exercice de la fonction administrative.
Nous remarquons qu'ici toute institution administrative
apparaît comme une seule pyramide dont le sommet est occupé par
l'autorité administrative de l'Etat. La centralisation peut encore se
concevoir comme une technique d'organisation de l'administration qui consiste
à confier tout à l'autorité centrale du pays. Ici, le
subordonné ne peut prendre aucune décision à moins qu'une
instruction lui soit donnée par son supérieur. Ce dernier est
seul compétent pour prendre la décision.
Aujourd'hui, la centralisation à l'état pur
n'existe que dans quelques dictatures. Mais, dans les pays européens
comme la France, il existe toujours des services centraux correspondant par
exemple aux ministères. Cependant, ces Etats unitaires ont adopté
des mécanismes que tempère la centralisation très forte :
la décentralisation (http:// www. le droit public. com).
1.2 DECENTRALISATION
D'après A. GRUBER (1986, p. 26
), la décentralisation est un système ou une technique
d'organisation et de gestion administrative, qui consiste à remettre des
pouvoirs de décision à des organes autres que les agents du
pouvoir central et non soumis, par conséquent, au devoir
d'obéissance hiérarchique vis-à-vis de l'administration de
l'Etat.
Le manque d'obéissance
hiérarchique des organisations décentralisées
vis-à-vis de l'Etat signifie qu'une certaine autonomie leur est
accordée. A ce titre, E. KABAGEMA (1993, p.9) dit que la
décentralisation est «un mode de gestion des services publics
consistant à accorder à certains services une compétence
propre de décision autonome par rapport au pouvoir public qui les a
institués. Elle se traduit par un transfert d'attributions de l'Etat
à des institutions (territoriales ou non) juridiquement distinctes de
lui et bénéficiant, sous la surveillance de l'Etat, d'une
certaine autonomie»
Ces institutions, bien qu'autonomes,
restent intégrées dans l'Etat qui les a
décentralisées. En effet, c'est ce que A. DE LAUBADERE
(1976, p.88) exprime en ces termes :
« [La décentralisation] évoque
l'idée d'une collectivité locale qui, bien qu'englobée
dans une autre collectivité plus vaste, s'administre elle-même,
gère elle-même ses propres affaires, idée que certains
vocabulaires étrangers expriment mieux encore
(« Self government », « selbsverwaltung
», dont le correspondant français serait « auto-administration
»). Faire d'une province, d'une commune des collectivités
décentralisées, c'est les organiser de manière qu'elles s
`administrent par elles-mêmes tout en restant intégrées
dans l'Etat ».
A travers ces multiples définitions,
on peut dire de façon brève que le concept de
décentralisation évoque l'idée d'un système
d'administration permettant à une collectivité humaine et /ou
à un service de s'administrer sous le contrôle de l'Etat en les
dotant de la personnalité juridique, d'autorité propre et des
ressources.
1.2.1 Objectifs de la
décentralisation
Si la centralisation favorise la propagation des innovations
en provenance du pouvoir central, garantissant ainsi que tout le monde soit
géré de la même façon, la décentralisation
ouvre la voie aux collectivités locales, lesquelles s'administrent
suivant les problèmes locaux. La tâche de l'Etat se trouve ainsi
allégée. Ainsi, les objectifs généraux de la
décentralisation s'articulent sur deux points : objectifs d'ordre
administratif d'une part, et d'ordre socio-politique d'autre part.
1.2.1.1 Objectifs d'ordre administratif
La décentralisation a pour objectif
d'impliquer les groupes concernés dans la gestion des affaires locales,
vu leur spécificité. Elle « allège la charge de
l'Etat dans la gestion des services publics et assure leur prise en charge par
les autorités les plus qualifiées ». (G. BURDEAU,
1967, p.374).
Le même auteur ajoute :
« La décentralisation permet de faire appel au
concours des groupes intéressés, locaux ou spéciaux, qui
élaborent en connaissance de cause les mesures intéressant leur
secteur. Le bénéfice de l'opération est à double
face puisque, d'une part, elle permet d'adapter la gestion des services aux
conditions du milieu qu'ils concernent et, d'autre part, place l'Etat à
même de mieux remplir le rôle dont il est irremplaçable,
celui d'arbitre entre les intérêts divergents ».
(Ibidem).
|