Introduction
Pays insulaire ayant une économie peu diversifiée,
l'union des Comores est constituée de quatre îles qui
sont :
Grande Comore ; Anjouan ; Mohéli et
Mayotte ; cette dernière reste sous l'administration
Française après l'indépendance des autres îles le 06
juillet 1975.
Longtemps considérées comme des îles
paisibles, elles traversent ces 10 dernières années une crise
économique et politique sans précèdent,
Le pays n'a cessé de s'appauvrir, le PIB Comorien a
augmenté à un rythme annuel de 0,75% contre un accroissement
démographique de 2,7%.
Le PIB est passé de 141 900 FC en 1989 à 133
000 FC en1999 soit une détérioration de 6.27% de niveau de vie en
l'espace de 10 ans.
La population est estimée à 646 400 habitants
(recensement 2004), elle serra à 838 380 habitants en 2015.
Le rythme de la croissance s'il se maintient nécessite une
croissance économique annuelle de l'ordre de 4% en terme réel,
pour espérer diminuer de moitié la pauvreté d'ici 2015.
L'intensité des conflits liés au séparatisme
pendant ces 10 dernières années n'est que le reflet d'une
mauvaise gouvernance.
Les Comores ont connu depuis 1997 une situation politique
tourmentée marquée par un certain nombre de crises majeures qui
ont déterminé et/ou conditionné la mise en place du
nouveau cadre institutionnel actuel. La première est une crise
séparatiste née de la sécession de l'île d'Anjouan
qui a autoproclamé son «indépendance» le 3 août
1997 et instaurée « l'Etat d'Anjouan » rejetant toute
autorité de la république sur cette île. Anjouan a
vécu, durant pratiquement trois années, des situations difficiles
avec un débarquement raté de l'armée
fédérale, plusieurs affrontements internes opposant les
différents clans séparatistes et un embargo décidé
par l'organisation de l'unité africaine (OUA) à son
encontre ; Cette situation a sérieusement déstabilisé
l'économie fragile de l'île et contribué à
détériorer les conditions de vie déjà difficiles de
ses habitants. La seconde est une crise institutionnelle puisque dans la nuit
du 29 au 30 avril 1999, l'armée a pris le pouvoir dans le pays, a
suspendu la constitution de 1996 et a dissout toutes les institutions y
afférentes. Elle a promulgué une Charte Constitutionnelle aux
termes de laquelle son Chef d'état major assumait les fonctions de Chef
de l'Etat.
Il faudra attendre presque quatre ans pour que les Comoriens
se mettent d'accord pour rassembler les îles dans un nouveau cadre
institutionnel supposé garantir l'unité et
l'intégrité du pays.
Selon la constitution de 2001 qui régit ce nouvel
ensemble, le pays porte la dénomination « Union des Comores »
et constitue une République au sein de laquelle chaque île jouit
d'une large autonomie et dispose de sa propre constitution.
Les autorités devraient avoir à l'esprit que le
pendule démographique avance très vite et les pressions sociales
et environnementales s'accentuent, l'aide publique au développement qui
représente 15% à 20% du PIB et qui finance l'essentiel des
investissements publics recule.
Les ressources issues des exportations ne peuvent à elles
seules financer les importations (seulement 8.5% de couverture).
L'économie des Comores est une économie de
substance héritée de la colonisation, elle est très peu
productive et tire ses principales ressources de l'exportation des produits de
rente ; sans aucun doute elle a atteint ses limites, car les exportations
de produits de rente ont amorcé une tendance à la baisse.
C'est ainsi que les transferts privés et publics
deviennent une ressource de première nécessité.
Les transferts privés représentent 30 milliards de
francs comoriens par an, (majoritairement de la diaspora comorien de
France) selon une étude du programme d'action pour le
développement de l'union des Comores 2001-2010.
Le système économique fonctionne grâce
à ces trois (3) leviers :
Les exportations, l'aide public aux développements et les
transferts privés et publics ; chacun de ces leviers a un avenir
incertain :
Les exportations font face à la dévalorisation des
produits de rente, l'aide publique suit une tendance à la baisse ;
les transferts de la diaspora risque de diminuer avec l'arrivé de la
deuxième génération.
Il est indéniable que la stabilité de tendance
défavorable actuelle reste une priorité et nécessite une
stratégie de développement nouvelle, bien
articulée et s'appuyant sur la mise en valeur des ressources
propres du pays dans une perspective de redéfinition du rôle des
institutions et de la modernisation de ses fonctions ; il s'agit surtout
d'une stratégie de développement.
Le défit à relever est énorme, si l'Etat
comorien ne parvient pas à retrouver le chemin d'une croissance
durable ; la population sera prise dans le piège de la
pauvreté ; il s'agit dans ce travail de réexaminer les
causes profondes de cette situation d'enlisement économique, sociale et
institutionnelle car les obstacles au développement considérable
devant lesquels se trouve le pays ne pourront être levés que si
s'instaure une réflexion réelle et collective sur les racines
profondes du sous-développement des Comores en tirant les leçons
du passé mais aussi en regardant au delà des frontières,
l'expérience des petits pays insulaires comme l'île Maurice, qui
ont réussi à se débarrasser de la pauvreté et de
la misère par la seule stratégie de développement
susceptible d'engager une croissance soutenue, durable et équitable.
La première partie examine les contraintes
économiques globales : le premier chapitre est lié à
l'équilibre macro-économique globale ou contraintes
extérieures, le second chapitre traite les finances publiques qui est le
second contrainte macro-économique susceptible de limiter la
croissance.
La deuxième partie s'attache à identifier les
potentialités des différents secteurs de l'économie des
Comores afin d'essayer, dans la mesure du possible, d'évaluer les
perspectives.
La troisième partie traite l'environnement dans lequel les
opérateurs économiques sont contraints de se situer que cet
environnement soit économique ou institutionnel.
PREMIERE PARTIE
Les contraintes économiques
globales
Les contraintes économiques globales constituent un frein
pour tous les secteurs de l'économie. Elles s'analysent comme une
insuffisance de ressources relativement aux dépenses qui seraient
nécessaires pour satisfaire les besoins de la population soit
directement ou indirectement par le biais de la consommation collective qui est
la dépense publique.
Les maigres résultats de l'économie comorienne ne
peuvent se comprendre qu'en faisant une analyse des contraintes.
Chapitre 1 : l'équilibre
macro-économique ou les contraintes extérieures
L'évaluation de la contrainte extérieure est
sans doute une bonne façon de comprendre d'une manière
cohérente l'ensemble des potentialités dont
bénéficie l'économie des Comores et les charges qui
pèsent sur elle.
La contrainte extérieure est le fait qu'un pays ne peut
dépenser durablement plus que ses recettes produites ou reçues
sous forme de transfert de l'extérieur.
Les îles Comores n'ont pas la capacité de produire
des biens et des services qu'elles exportent ou consomment ou investissent,
évitant ainsi un recours accru aux importations.
La balance de paiement est le document synthétique de
mise en évidence des contraintes extérieures qui pèse sur
une économie. On ne peut comprendre l'économie des Comores, sans
prendre en compte les transferts qui résultent des relations entre
les comoriens de l'étranger d'une part, et les transferts officiels
d'autre part.
Section 1 : l'équilibre
macro-économique
Le financement de l'économie est assuré pour
l'essentiel par les transferts venants de l'extérieur et par
l'exportation des produits agricoles de rente.
Naturellement, cette analyse de l'économie comorienne est
simplifiée. Mais cela permet de saisir les interactions liées aux
financements de cette économie.
Cependant il existe d'autres secteurs importants tels que le
commerce, les administrations publiques et l'industrie qui est à
l'état embryonnaire.
De cette manière on peut dire que l'économie
comorienne est dans une situations de forte contrainte extérieure car
les quelques produits d'exportations (ylang- ylang, vanille et clous de
girofle) sont des produits pour lesquels la demande mondiale est peu
progressive, voire déclinante.
L'aide publique aux développements qui était un
facteur de stabilité financière, n'a plus un caractère
durable et son évolution ces 10 dernières années augure
une tendance à la baisse.
Les transferts des comoriens de l'étranger difficile
à évaluer en raison des données disponibles, ne sauraient
financer les activités de développement.
Section 2 : la balance de paiement.
2-1/ définition
La balance de paiement est un document qui enregistre
l'ensemble des transactions réalisées pendant une période
donnée (en générale une année) entre les
résidents d'une économie et les non-résidents.
Elle comprend d'une part, les opérations courantes qui
recouvrent les importations et les exportations, les opérations sur les
services, et les transferts ; d'autre part les mouvements de capitaux
regroupent les flux de capitaux à long et à court terme.
(Voir schème de la structure de la balance des
paiements en annexes)
2-2/ la balance de paiement des Comores (en millions de
FC)
Libellés
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
1, transaction courantes dont
|
-2409
|
-933
|
1604
|
4872
|
-260
|
-7120
|
-6369
|
-7842
|
Balance commerciale
|
-16099
|
-15823
|
-12647
|
-12913
|
-14144
|
-15442
|
-22979
|
-30505
|
Balance des invisibles
|
13690
|
14890
|
14251
|
17785
|
13884
|
8322
|
16610
|
22663
|
2, Capitaux à long terme
|
2408
|
932
|
-1605
|
1567
|
8941
|
7890
|
7111
|
8837
|
comptes de capital
|
-3449
|
-1775
|
-464
|
3111
|
1935
|
3147
|
3836
|
5868
|
comptes d'opérations financières
|
5857
|
2707
|
-1141
|
-1544
|
7006
|
4743
|
3275
|
2969
|
3, Erreurs omissions nettes
|
-991
|
1910
|
1712
|
891
|
-6328
|
-3352
|
-2358
|
-4099
|
solde global
|
-992
|
1909
|
1711
|
7330
|
2353
|
-2582
|
-1616
|
-3104
|
Sources : banque de France Rapport de la zone franc
(2001- 2005), et Banque centrale des Comores (BCC)
La période actuelle est marquée par une
internationalisation plus grande des services et un développement
rapide des échanges internationaux.
Tous ces phénomènes rendent plus délicat
l'obtention d'un équilibre global des échanges extérieurs,
ainsi dans ce travail notre analyse portera sur l'évolution des
principaux soldes de la balance de paiements, notamment le solde de la balance
commerciale, le solde de la balance des transactions courantes et sur la
balance de comptes de capital et d'opérations financières.
2-2-1 la balance commerciale
La balance commerciale est un compte indiquant la
différence entre la valeur des exportations (ventes à
l'étranger) et celle des importations (achats à
l'étranger).
Cependant, suivant le taux de couverture des importations par
rapport aux exportations, elle peut être déficitaire ou
excédentaire.
Si les exportations l'emportent sur les importations ;
elle est excédentaire ; dans le cas inverse, elle est
déficitaire.
2-2-1-1 évolutions générales de la
balance commerciale des Comores (1998-2005)
Années
|
Exportation en FOB
|
Importations en FOB
|
Solde de la balance commerciale
|
taux de couverture en %
|
|
valeurs (millions de FC)
|
valeurs (millions de FC)
|
|
|
1998
|
2632
|
18731
|
-16099
|
14,05
|
1999
|
4181
|
20004
|
-15823
|
20,90
|
2000
|
7263
|
19910
|
-12647
|
36,48
|
2001
|
8962
|
21875
|
-12913
|
40,97
|
2002
|
10057
|
24201
|
-14144
|
41,56
|
2003
|
11695
|
27137
|
-15442
|
43,10
|
2004
|
7382
|
30361
|
-22979
|
24,31
|
2005
|
4757
|
35262
|
-30505
|
13,49
|
Sources : banque de France Rapport de la zone franc
La balance commerciale des Comores connaît un
déficit chronique depuis les année 1954.elle continue depuis lors
à se dégrader davantage, malgré la dévaluation du
franc comorien en janvier 1994.
![](perspectives-developpement-comores-diversifications-reformes1.png)
La dévaluation n'a permis ni d'améliorer la
compétitivité de la production nationale sur le marché
mondial, ni de stimuler les exportations, ni de relancer la croissance
économique.
Cette dégradation accélérée de la
balance commerciale s'explique, par une forte dépendance alimentaire,
l'augmentation continue des importations automobiles, des matériels de
construction, d'équipements ménagers et la hausse rapide des
achats de produits énergétiques.
Ces importations détruisent le secteur productif
créateur d'emplois.
Mais cela peut se comprendre car la taille du marché ne
permet pas de mettre en oeuvre une production locale garantissant une bonne
productivité. Seules les productions destinées à
l'exportation peuvent trouver des rentabilités satisfaisantes, avec
toutefois un risque entrepreneurial énorme.
Le taux de couverture permet de montrer rapidement si les
importations que l'on affecte sont couvertes par les exportations.
![](perspectives-developpement-comores-diversifications-reformes2.png)
Taux de couverture=valeurs des exportations x
100
Valeurs des
importations
Ainsi, le taux de couverture reste inférieure à
100% durant la période 1954 à nos jours, ce qui confirme la
régression observée dans les échanges.
2-2-1-2 la balance des transactions courantes
Cette balance englobe la balance commerciale et de la balance
des invisibles. Cette dernière comprend : le négoce
international, la balance des services qui prend en compte les importations et
les exportations de services et des transactions.
2-2-1-2 évolution de la balance des transactions
courantes (en millions de FC)
Libellés
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
balance commerciale
|
-16099
|
-15823
|
-12647
|
-12913
|
-14144
|
-15442
|
-22979
|
-30505
|
- balance des services
|
-5660
|
-5365
|
-2969
|
-1977
|
-2282
|
-27137
|
-30361
|
-35262
|
-balance des transferts courants
|
19351
|
20255
|
17219
|
19762
|
16530
|
12364
|
19524
|
24303
|
- privés
|
11946
|
13039
|
12680
|
14430
|
10555
|
10820
|
17256
|
21387
|
- publiques
|
7405
|
7216
|
4539
|
5332
|
5975
|
1544
|
2268
|
2916
|
balance des invisibles
|
13690
|
14890
|
14253
|
17785
|
13884
|
8322
|
16610
|
22663
|
balance des transactions courantes
|
-2409
|
-933
|
1604
|
4872
|
-260
|
-7120
|
-6369
|
-7842
|
Source : banque de France et la Banque centrale des
Comores (BCC)
Les déficits de la balance commerciale et de la balance
des services n'ont pas pu être compensés par l'excédent de
la balance des transferts courants. C'est pourquoi, la balance des
transactions courantes connaît une dégradation pour la
période allant de 1998 à 1999 et de 2002 à 2005.
Les transferts privés principalement en provenance de
la diaspora comorienne vivant en France, constituent une bouffée
d'oxygène sur l'économie comorienne. On constate une
amélioration considérable sur ces derniers temps, avec surtout la
demande sociale de plus en plus forte dans les domaines de festivités
traditionnelles (grands mariages) et des participations communautaires dans le
développement.
Une première remarque, de nature statistique, doit
être faite concernant ces transferts privés.
Les transferts de billets ne sont pas comptabilisés
dans le poste `'voyage'' de la balance de paiements que dans la mesure ou ils
donnent lieu à une conversion en francs comoriens (FC) ; or une
partie non négligeable des billets en euros n'est pas convertie ;
elle peut venir augmenter la masse monétaire en circulation aux
comores.
Elle peut aussi repartir du pays pour payer des importations
à Doubaï par exemple.
Il serait alors fondamental d'obtenir une estimation de ce
flux.
La chambre de commerce des Comores avance une estimation de
2000 millions de franc Comorien transférés par année par
la diaspora.
On ne peut pas comprendre l'économie des Comores sans
savoir exactement la répartition de ces transferts par île ;
ainsi la structure de l'origine des comoriens de France serait :
70% à la grande Comore, 20% d'Anjouan et 10% de
Mohéli.
Ces comoriens de France sont très attachés
à leurs îles ; y construisent leurs maisons et aident
considérablement leurs familles.
Un problème financier imprévu se règle en
général par un coup de téléphone en France.
On constate que le transfert de la diaspora constitue pour une
grande partie de la population vivant dans la grande île, une des
principales sources de revenu des ménages. Il contribue d'une
façon significative à la formation du revenu des manages,
à l'origine des divers investissements à caractère
sociaux et à des financements communautaires et à la formation
des étudiants vivants à l'étranger qui sont en grande
partie sans bourses ni aides de l'Etat.
A long terme on peut se poser la question de la
pérennité des transferts.
Les comoriens de la deuxième génération
composés en général des enfants nés en France
(principal destination de la diaspora) n'ont plus pour les Comores
l'attachement de leurs parents ; les conditions d'émigrer vers la
France sont si difficiles ; ainsi on peut présager que les
transferts de fonds de la diaspora aura une tendance future à la
baisse.
2-2-1-3 Evolution des mouvements de capitaux à long
terme des Comores
(En millions de
FC)
Libellés
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
, compte de capital
|
-3449
|
-1775
|
-464
|
3111
|
1935
|
3147
|
3836
|
5868
|
, opérations financières
|
5857
|
2707
|
-1141
|
-1544
|
7006
|
4743
|
3275
|
2969
|
- investissements directs
|
170
|
125
|
50
|
56
|
50
|
225
|
175
|
150
|
- investissement de portefeuille
|
5687
|
2582
|
-1191
|
-1600
|
6956
|
4114
|
3100
|
2819
|
- autres investissements
|
0
|
0
|
0
|
0
|
-202
|
404
|
0
|
0
|
solde de capital et d'opérations
financière
|
2408
|
932
|
-1605
|
1567
|
8941
|
7890
|
7111
|
8837
|
Source : banque de France et la Banque centrale des
Comores (BCC)
La balance des capitaux à long terme comprend quatre
rubriques importantes :
Les crédits commerciaux représentent
essentiellement par les crédits accordés lors d'opération
d'exportations, les investissements directs, les investissements de
portefeuille et les prêts et emprunts.
La balance des mouvements des capitaux représente
depuis 1998 un solde positif qui contribue à compenser notre
déficit de la balance de transactions courantes ; en effet, le
solde des mouvements des capitaux pour l'année 2000 affiche une forte
baisse (-1605 millions) qui s'explique par une diminution considérable
des investissements directs et des investissements de portefeuille.
Section 3 : les compétitivités
L'économie des Comores est souvent citée comme non
compétitive comparativement à celle des pays de la
région, notamment Madagascar et Maurice. Un des aspects de la non
compétitivité est le coût salarial.
Comparés à certains pays concurrents, en 1992
(avant la dévaluation) le coût du travail aux Comores était
de 3 à 4 fois celui de Madagascar, 2 fois celui de l'Inde, 30% plus bas
que celui de la Thaïlande, et à peu près la moitié de
celui de Maurice,
Où la productivité est à peu près 4
fois celle des Comores. La dévaluation de 1994 a été une
opération purement nominale. L'augmentation des prix s'est totalement
répercutée sur les salaires dans le secteur privé. Ainsi
selon une petite enquête menée auprès des opérateurs
privés,
Les coûts salariaux du secteur privé aux Comores ont
presque doublé après la dévaluation.
Selon une étude de la chambre de commerce des
Comores ; le salaire journalier d'un manoeuvre sans aucune qualification
était compris entre 400 et 500 FC par jour celui d'un ouvrier
qualifié (maçon, plombier, charpentier,...) était de
l'ordre de 1000 FC avant la dévaluation.
La dévaluation a provoqué une répercussion
négative sur le taux de salaires ; les salaires ont continué
de croître pour atteindre aujourd'hui le triple de ce qu'ils
étaient en 1993 ; c'est-à-dire 3000 FC par jour pour
l'ouvrier qualifié.
Section 4 : la dette extérieure des
Comores
À la suite de l'accumulation des
créances extérieures d'un grand nombre de pays à faible
revenu tout au long des années 70 et 80, la conjugaison de
faibles niveaux de croissance, de prix des produits de base en baisse et
d'autres chocs endogènes ou domestique et exogènes
économiques a abouti à ce que le fardeau de la dette atteigne,
pour beaucoup de pays d'Afrique, des niveaux insoutenables.
Les Comores faisant partis en 1992, des 33 pays à
faible revenu les plus endettés devaient faire face à des dettes
dont le montant total en valeur actuelle avait plus que doublé en dix
ans, pour représenter plus de six fois leurs exportations annuelles.
L'endettement du pays a atteint des niveaux alarmants. Selon les
estimations de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international
(FMI), la dette extérieure est passée de 185 millions de dollars
US en 1990 à 264 millions de dollars US en 2004, soit 71 % du PIB et 520
% des exportations des biens et services.
Les arriérés de paiements extérieurs
s'élèvent à 76,8 millions de dollars US et le service de
la dette vis-à-vis des principaux créanciers dont la Banque
Mondiale est passé de 1 million de dollars en 1990 à 3 millions
de dollars US en 2004.
La situation est tout aussi problématique sur le front de
la dette intérieure qui
Atteindrait 52 millions de dollars incluant les
arriérés de salaires des agents de l'État qui enregistrent
pour la plupart plus de 24 mois de salaires non payés. Ce lourd
endettement externe et interne pèse gravement sur les finances publiques
et constitue une entrave majeure à la relance du secteur privé et
de l'accroissement de l'investissement étranger.
À partir de la fin des années 80, le Club de
Paris et d'autres créanciers bilatéraux ont
rééchelonné et annulé beaucoup de ces
créances. Mais au milieu des années 90, du fait qu'une part
croissante de la dette était due à des donateurs
multilatéraux comme la Banque mondiale, le FMI et les banques
régionales de développement, une nouvelle initiative
d'allégement de la dette s'est imposée, mettant en jeu ces
créanciers, pour répondre au fait que le niveau des
créances des pays à faible revenu risquait de peser trop sur
leurs efforts de lutte contre la pauvreté.
4-1 : Comment fonctionne la nouvelle Initiative
PPTE?
La nouvelle Initiative PPTE a identifié jusqu'à
pressent 38 pays, dont 32 en Afrique subsaharienne, comme pouvant
éventuellement bénéficier l'allégement de leur
dette. Le programme initial exigeait que le pays affiche trois années de
solides résultats concernant un ensemble de mesures telles que des
programmes de stabilisation économique, des reformes du secteur public
(notamment la restructuration ou la privatisation de certaines entreprises de
l'Etat), le ciblage des dépenses sur l'éduction, la santé,
avant d'être admis à bénéficier un allégement
de dette. Si le pays remplit les conditions requises. On dit dans ce cas que
le pays a atteint son point de décision.
4-2 : Tableau de la dette extérieure des
Comores
(En millions de dollar)
Libellés
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
Dette à long terme
|
211,6
|
206,2
|
201,9
|
231,1
|
242,8
|
270,1
|
287,6
|
Dette publique garantie
|
211,6
|
206,2
|
201,9
|
231,1
|
242,8
|
270,1
|
287,6
|
Dette privée garantie
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
recours aux crédits FMI
|
2,7
|
2,2
|
1,5
|
1,5
|
0,8
|
0,6
|
0,2
|
Dette à court terme
|
12,9
|
19,9
|
28,4
|
28,3
|
24,1
|
29,6
|
27,7
|
dont arriérés d'intérêts sur DLT
|
11,8
|
12,9
|
19,4
|
19,4
|
21,1
|
23,6
|
26,6
|
envers créanciers publics
|
11,8
|
12,9
|
19,4
|
19,4
|
21,1
|
23,6
|
26,6
|
envers créanciers privés
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Pour mémoire
|
|
|
|
|
|
|
|
arriérés sur principal de DLT
|
40,6
|
44,4
|
60,6
|
60,8
|
64,1
|
67,6
|
68,3
|
envers créanciers publics
|
40,6
|
44,4
|
60,6
|
60,8
|
64,1
|
67,6
|
68,3
|
envers créanciers privés
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Sources : banque mondiale et BCC.
Telle qu'elle est conçue, l'Initiative pays pauvres
très endettés (PPTE) tient en outre compte des évolutions
du contexte économique découlant de facteurs externes sur
lesquels les autorités nationales n'ont pas de prise pendant la
période intérimaire comprise entre le point de décision et
le point d'achèvement. Une fois que le pays atteint le point
d'achèvement, un allégement supplémentaire (appelé
complément d'aide) peut lui être accordé pour
atténuer l'impact des chocs extérieurs et faire en sorte que son
ratio de la dette au point d'achèvement soit d'un niveau soutenable.
La première étape du processus
d'admissibilité est le point de décision, auquel le pays doit
présenter des résultats satisfaisants dans le cadre d'un
programme soutenu par le FMI, avoir mis en place une stratégie de
réduction de la pauvreté (SRP) ou une SRP intérimaire, et
avoir convenu d'un programme pour la liquidation d'éventuels
arriérés envers des créanciers extérieurs
Les îles Comores qui ont connu une instabilité
politique et une accumulation d'arriérés, restent parmi les 10
pays potentiellement admissibles ; c'est-à-dire qu'ils n'ont pas
atteint « le point de décision ».
Chapitre 2 : les finances publiques
Les finances publiques sont caractérisées par un
déficit budgétaire chronique qui entretient les
arriérées de paiements intérieurs et extérieurs.
Cette faiblesse des ressources internes est comblée principalement par
l'aide publique au développement et surtout, par les transferts
privés en provenance de la diaspora comorienne, transferts dont
l'estimation tourne autour de 30 milliards de FC par an.
Pour sa part, l'aide publique au développement qui finance
presque la totalité de l'investissement publique a subi une baisse
catastrophique, passant de 64 millions de dollars en 1990 à 16 millions
en 2000 ; ce qui a largement contribué à la contraction de
l'activité économique du pays.
Eligibles à l'initiative des pays pauvres très
endettés (IPPTE) et disposant d'un DSRP (Document de Stratégie
de Réduction de la Pauvreté) intérimaire,
Les Comores ont des difficultés à accéder
à cet important mécanisme de réduction de la dette.
Section 1 : tableau des opérations
financières de l'Etat (En millions de FC)
libellés
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Recettes et Dons
|
17812
|
18885
|
15557
|
17612
|
26929
|
25482
|
26434
|
30509
|
- Recettes
|
10865
|
12079
|
11018
|
13435
|
21521
|
22335
|
22445
|
23972
|
- Dons extérieurs
|
6947
|
6806
|
4539
|
4177
|
5408
|
3147
|
3989
|
6537
|
Dépenses et Prêts
|
21038
|
19669
|
17615
|
20118
|
31700
|
30347
|
28847
|
30298
|
- courantes
|
13648
|
14138
|
13493
|
14904
|
24172
|
22769
|
22546
|
23396
|
- en cap + Prêts nets
|
7390
|
5531
|
4122
|
5214
|
7528
|
7578
|
6301
|
6902
|
Solde de base engagement (dons inclus)
|
-3226
|
-784
|
-2058
|
-4829
|
-4771
|
-4865
|
-2413
|
211
|
-Arriérés + autres
|
-514
|
1119
|
2359
|
2100
|
969
|
2226
|
1987
|
-1095
|
Solde de base Caisse (dons inclus)
|
-3740
|
335
|
301
|
-2729
|
-3802
|
-2639
|
-426
|
-884
|
FINANCEMENT
|
3740
|
-336
|
-302
|
2729
|
5575
|
3453
|
829
|
1127
|
-extérieur (net)
|
1593
|
-504
|
108
|
4603
|
6188
|
3333
|
262
|
-153
|
-intérieur (net)
|
2147
|
168
|
-410
|
-1874
|
-613
|
120
|
567
|
1280
|
Sources : Direction du budget
Section 2 : les recettes
En ce qui concernant les recettes, en
dépit de la faible mobilisation des ressources extérieures, la
situation s'est légèrement améliorée durant toute
la période (1998-2005).
Les recettes intérieures ont augmenté en passant de
26434 millions en 2004 jusqu `à 30509 millions de francs comoriens.
Cette hausse est expliquée, non seulement par
l'intégration des recettes de l'Ile d'Anjouan qui avait formé, on
la bien dit « L'Etat d'Anjouan ». Mais aussi par
l'amélioration des recouvrements réalisés dans les autres
entités.
Les recettes fiscales connaissent une diminution
progressive passant de 19622 millions de FC en 2003 à 19407 millions en
2004 et à 17797 millions en 2005, soit une diminution en moyenne de 912
millions par an ; malgré un système fiscal relativement
simple, l'administration des impôts semble dans la
quasi-incapacité de les recouvrer de façon satisfaisante.
Contrairement aux recettes non fiscales qui ont quasiment augmenté
durant toute la période observée.
Les recettes totales, de l'exercice 2005, en augmentation par
rapport à 2004, se sont élevées à 30509 millions de
francs comoriens contre 26434 millions en 2004.
Les dons extérieurs pour l'exercice 2005 ont fortement
augmenté par rapport à l'exercice 2004 ; s'élevant
à 6537 FC millions en 2005 et 3989 FC millions en 2004.
Section 3 : les dépenses
La forte progression de la masse salariale montre
que l'Etat fournit des efforts aux paiements des fonctionnaires de l'Etat.
Ce poste budgétaire demeure la première charge
de l'Etat avec selon les estimations en moyenne 60% des dépenses
publiques.
Si l'on observe la période 2003-2005 ; cette masse
salariale passe de 18831 millions de franc comoriens à 20918 francs
comoriens.
Cette hausse de salaire est imputable, d'une part aux
recrutements des agents composés d'une grande partie des professeurs en
2004 et d'autre part aux redéploiements d'une partie des agents des
administrations locales à L'union des Comores.
L'Etat a par ailleurs honoré le paiement des
intérêts de la dette publique surtout pour l'année 2005
à hauteur de 2879 millions de francs comoriens.
En observant ces trois dernières années, on
constate que l'Etat comorien arrive à maîtriser ses
dépenses par rapport à ses charges, surtout pour l'année
2005 ou l'on enregistre un solde de base engagement positif.
Les dépenses en capital diminuent, pour l'ensemble de la
période, en raison de l'absence d'appui des bailleurs de fonds, mais
également de la rareté des projets d'envergure fiables et
rentables.
Les arriérés, aussi bien sur la dette
extérieure qu'intérieure, se sont accumulés durant presque
toute la période 1998-2004, réduisant ainsi le déficit, en
base caisse, qui peut être financé par tirages sur emprunts
extérieurs.
DEUXIEME PARTIE
Les potentialités sectorielles
Chapitre 1 : l'agriculture élevage et la
pêche
Les zones des Bas (altitudes inférieure à 600
mètres) occupaient, en 2000, 52% du domaine agricole utilisé,
soit 60 000 hectares, et fournissaient 75% de la production vivrière
nationale ainsi que la totalité des produits d'exportation.
Les zones de Hauts (altitudes comprises entre 500 et 900
mètres) occupaient, à la même date, 32% de la superficie
totale consacrée à l'agriculture (37 000 hectares), mais
contribuaient pour moins de 18% de la production vivrière. La pression
démographique a considérablement réduit la durée
de la jachère qui a totalement disparu à l'île
d'Anjouan.
Conséquence de défrichements agricole dans les
hauts, les forêts sont en voie de destruction rapide ; le seul massif
forestier, et encore à l'état résiduel, est celui du
Karthala en Grande Comore.
Les possibilités d'expansion à la marge de
l'agriculture dans les zones des Hauts sont pratiquement épuisées
et tout développement de l'agriculture devra nécessairement
passer par son intensification.
Il existe un mode d'exploitation qui respecte le couvert
forestier. Il devrait être encouragé, mais les limites d'une telle
action sont évidentes, compte tenu de ce qui reste de forêts.
L'érosion liée à la déforestation
et à la surexploitation des sols est une réalité
indiscutable. Elle est très grave à Anjouan, compte tenu de
l'intensité du peuplement et de la nature du relief (pics). Le
problème de l'érosion commence à se poser à
Mohéli et en Grande Comore.
A terme, si rien n'est fait, on pourrait assister à
une diminution des capacités de production agricole des Comores.
L'intensification de la production est la seule solution possible. Par
intensification, on entend surtout une meilleure gestion des sols, de la
fertilité et de l'organisation des producteurs. L'augmentation des
intrants semble trop coûteuse pour être rentable, si ce n'est dans
le cas des cultures maraîchères. L'intensification
nécessite que soient remplies plusieurs conditions.
1. Il faut que le producteur se voit assurer de vendre ses
produits à un prix qui fasse plus que compenser le travail et le
coût des intrants supplémentaires induits par l'intensification.
Il est donc nécessaire de développer, en même temps que
l'intensification, un système de commercialisation efficace, en
particulier, bien sûr, des transports inter îles performants et bon
marché.
2. L'intensification implique une formation des producteurs
dans le domaine de l'agriculture.
3. l'intensification implique aussi le choix des
produits agricoles qui répondront tout d'abord aux besoins de la
population.
Section 1 : les produits d'exportation
Le commerce extérieur est marqué par
un manque de diversité de la base productive. Elle repose
essentiellement sur trois produits bruts et semi-finis d'origine agricole :
La vanille, l'essence d'ylang-ylang et le girofle. Ces trois
produits représentent le quasi totalité des exportations.
Le quatrième produit d'exportation ; le coprah, il
s'est considérablement contracté, du fait du vieillissement de la
cocotterie combiné de la chute des prix mondiaux du coprah ;
ceux-ci justifient le recul de ce produit.
Peut-on imaginer que derrière ces grisantes senteurs
« exotiques », qui ont valu à l'archipel son surnom
d'Îles aux parfums, se cache l'essentiel de la richesse économique
de l'Union des Comores? Pourtant, c'est bien sur ces trois cultures de rente
que reposent 95 % des recettes d'exportation du pays ; soit quelque 5,5
milliards de FC en 2004. C'est dire toute l'attention que le gouvernement porte
à ces filières, qui sont une source importante de devises et
assurent une grande part des revenus des paysans.
Chaque île s'est spécialisée dans une culture
spécifique. Anjouan est la reine de l'ylang-ylang, tandis que Grande
Comore produit surtout de la vanille et Mohéli des clous de girofle. Le
tout dans un environnement international marqué par des cours mondiaux
extrêmement mouvants et une concurrence de plus en plus vive.
1-1 évolution des exportations des Comores en
quantités (2001-2005).
(En tonne)
libellés
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
Vanille
|
120
|
140
|
110
|
60
|
80
|
ylang-ylang
|
40
|
48
|
40
|
35
|
50
|
clous de girofle
|
2000
|
2869
|
3013
|
3200
|
3500
|
Sources : FMI et administration comorienne
1-2 la vanille
C'est toujours une surprise de le découvrir, mais la
Vanille est bien une orchidée. Elle appartient à cette famille
prestigieuse des Orchidacées. Le gousse qui en constitue le fruit
possède un arome naturel à nul autre pareil. La vanille
introduite aux Comores avant les années 30, est cultivée sur les
quatre îles de façon traditionnelle.
Apres la cueillette, la préparation de la vanille est
constituée d'une série d'opération. Chaque phase est
importante.
- L'échaudage : cette opération consiste
à immerger des paniers contenant des gousses de vanille verte dans une
eau chauffée à 60 degré. L'immersion dur à peine 3
minutes et ceci permet d'arrêter toute végétation dans les
gousses.
- L'étuvages : les gousses sont ensuite
disposées dans des grandes caisses capitonnées de couverture de
laine, afin d'éviter toute perdition de chaleur pendant 12 heures ;
c'est dans ce stade que la vanille prend la couleur chocolat.
- Le séchage : il se fait au soleil et à
l'ombre ; le séchage au soleil dure une semaine or que le
séchage à l'ombre dure environ un mois. De façon
alternée, au soleil et à l'ombre, et dont la manipulation est
dévolue au doigté expert du préparateur.
- la mise en en maille : les gousses sont ensuite mises en
mailes de bois pendant huit mois dans des papiers sulfurisés.
- le calibrage et mesurage ; chaque gousse est
mesurée et classée ; c'est la longueur qui fait la valeur
commerciale.
- le conditionnement : les gousses de même longueur
sont mises dans des caisses en fer garnies de papiers sulfurisés
prête à l'exportation
1 kg de vanille verte correspond approximativement à 80
gousses ou bâtons et 1 kg de vanille préparée à,
environ, 300 gousses.
La vanilline est utilisée dans la
confiserie, la pâtisserie, la parfumerie, la chocolaterie, dans la
fabrication de liqueurs fines (il est aussi un ingrédient
apprécié du fameux '' rhum arrangé '') et de produits
pharmaceutiques, en droguerie.
Les Américains l'utilisent de façon intensive
pour la fabrication de crèmes glacées. Dans certaines
régions de production, ses feuilles sont utilisées pour
guérir des plaies.
De toutes les cultures de rente, c'est toutefois la vanille qui
connaît aujourd'hui le plus de difficultés. Pourtant, les Comores,
longtemps deuxième producteur mondial, derrière Madagascar, ont
fait un effort pour moderniser la filière, avec l'appui notamment de
l'Union européenne. « Nous avons introduit de nouvelles lianes et
encouragé les paysans à se spécialiser, les uns dans la
production de liane et les autres dans celle de vanille », précise
le secrétaire général de l'Agriculture. «
Aujourd'hui, cette filière est l'une des mieux structurées, et sa
production répond aux normes internationales. »
Mais tous ces efforts ont été compromis par la
chute de la demande mondiale de vanille naturelle, au profit de la vanille de
synthèse. Alors que, dans le même temps, l'offre mondiale
connaissait une hausse. Il est vrai que, dopés par des cours
élevés, l'Ouganda, la Chine, l'Indonésie et Madagascar ont
fortement augmenté les surfaces cultivées. Du fait de la
surproduction, les prix se sont effondrés, passant de 400 euros le kilo
de vanille préparée, contre 100 euros en 2004. Du coup, la
production comorienne, qui s'élevait à 140 tonnes en 2002, est
tombée à 60 tonnes en 2004, et 80 tonnes en 2005, les stocks
invendus s'accumulent
Le prix de la vanille verte qui était de 8900 FC en
2003, dégringole à 3500 FC en 2004 pour chuter à 750 FC en
2005. Le prix de vente indicatif de la vanille préparée, se
négociait en 2003 à 450 dollars, en 2004 à 50 dollars et
en 2005 entre 15 et 30 dollars. Une chute vertigineuse et sans
précédent du prix du marché.
En 2003, la vanille, elle seule a représenté plus
de 78% des recettes d'exportation
Des préparateurs qui se retrouvent aujourd'hui dans
leurs magasins avec la totalité de leurs stocks de 2004,
acheté au prix fort de 3500 FC le kg de vanille verte. Les
institutions de micro finance (les Meck et Sanduk), sont aujourd'hui dans
l'incapacité de refinancer une campagne vanille. La solution
préconisée par le Groupement d'Intérêt
Economique (GIE), est de déstocker rapidement la vanille, en
s'abstenant de spéculer sur une remontée miraculeuse. Le cumule
des stocks 2004 et 2005 provoque évidemment des coûts de stockage
énormes lies aux gardiennages, aux pertes de poids, risque de
destructions des stocks voire même perte de la qualité naturelle
de la vanille sans compter les intérêts des prêts. La
question qu'on peut se poser, si les producteurs s'entêtent de vendre
leurs stocks à ce prix non concurrentiel et hors normes ;est ce
qu'ils ne risquent pas de se mettre hors circuit du marché international
et détourner les acheteurs potentiels vers d'autres marchés moins
exigeants comme Madagascar ?
La vanille des îles Comores est d'excellente
qualité, malgré les mauvaises conjonctures, la vanille doit
chercher des marchés riches, pour cela ; elle doit être
préparer par des professionnels possédant un savoir faire riche
et inégalé, une augmentation de la quantité produite en
renouvelant les lianes, proposer des prospectus préparées par des
spécialisés en marketing international et enfin des techniciens
du marché qui se chargera pour proposer d'autres solutions
alternatives, comme la création d' options d'achat et de vente.
1-3 les clous de girofles
La production comorienne de clous de girofle est en constante
augmentation depuis quelques années. De 2 000 tonnes en 2001, elle s'est
établie à 3 500 tonnes en 2005. Malgré une baisse des
cours en 2003, la valeur des exportations a augmenté de 75 % en un an
(2,8 milliards de FC en 2004, contre 1,6 milliard en 2003), grâce
à la vigueur de la demande extérieure et à une meilleure
gestion des stocks qui a permis l'exportation de 90 % de la production.
Les Comores conservent leur cinquième rang mondial,
derrière l'Indonésie, Madagascar, la Tanzanie et le Sri Lanka.
Gare toutefois aux nouveaux concurrents latino-américains qui commencent
à s'imposer dans cette filière.
Les cours sont demeurés identiques et ont
été rythmés par la production indonésienne, premier
pays producteur et consommateur (fabrication des cigarettes), qui a
retrouvé un niveau normal depuis 2002.
1-4 l'ylang-ylang
Sur le créneau de l'ylang-ylang, CVP-Biocom est en bonne
position. Avec sa dizaine d'alambics à gaz - une technologie en point
qui assure une meilleure qualité du produit, c'est l'une des rares
distilleries modernes du pays. Et avec 25 tonnes d'essences exportées
chaque année, destinées en priorité à l'industrie
de la parfumerie, l'entreprise est le premier exportateur comorien d'huiles
essentielles d'ylang-ylang. Outre ses quatre hectares de plantations, CVP
s'approvisionne en fleurs et essences auprès des producteurs anjouanais.
« C'est un marché difficile, car la demande mondiale a
baissé, du fait de la concurrence des essences synthétiques. Les
prix sont donc peu attractifs », souligne Assoumani le responsable de
CVP-Biocom. Si l'on ajoute à ce tableau morose la vétusté
des installations de distillation, qui sont surtout familiales, et le manque de
promotion et de marketing sur les marchés extérieurs, on comprend
pourquoi la production comorienne a baissé depuis 2004. Après un
niveau record de 48 tonnes en 2005, celle-ci a chuté à seulement
8 tonnes en 2003. Mais, l'installation d'une nouvelle distillerie et le
renouvellement des plantes au nord de Grande Comore ont permis de porter la
production à 50 tonnes en 2005.
L'union des Comores demeure le premier leader d'ylang-ylang, les
recettes d'exportation tirées de ce produit ont légèrement
baissé, pour s'établir à 848 millions de FC en 2004,
contre 901 millions en 2003. Plus que jamais, la poursuite de la
restructuration de la filière s'impose, afin d'augmenter la
productivité, via notamment le renouvellement des plantations et la
modernisation des infrastructures.
Section 2 : les produits vivrières
Pour la production vivrière, bien qu'il
y ait eu des progrès, la quantité produite reste très
insuffisante pour nourrir l'ensemble de la population. Cette production est
constituée généralement de la banane, manioc, fruit
à pin, des légumes, etc. la commercialisation des ces produits au
sein des Îles se heurte au manque d'équipement de conservation
(hangars et d'autres lieux de stocks). Il est très difficile d'estimer
cette production puisqu'elle est essentiellement autoconsommée.
Les évolutions de la production agricole qui se
sont opérées ces dernières années sont des
substitutions entre des produits jugés moins rentables par les paysans
et des produits jugés plus rentables. En particulier, certains paysans
détournent des cultures de rente traditionnelles (vanille, girofle,
ylang-ylang) pour se tourner vers les produits maraîchers (tels que la
tomate ou la pomme de terre qui étaient importées de Madagascar).
Ce sont bien sûr les évolutions
défavorables de prix et la mévente qui sont les facteurs du
changement.
L'évolution est cependant lente dans la mesure
où les arbres qui fournissent des produits d'exportation ont
été plantés il y a plusieurs dizaines d'années ; le
paysan ne peut prendre la décision de les couper pour se livrer à
d'autres cultures que s'il a une certitude que la baisse des cours des produits
de rente traditionnels est définitive. D'autant que la vanille des
Comores est réputée pour sa qualité (supérieure
à celle de Madagascar) et que ceci peut être un atout en cas de
remontée des cours.
Section 3 : l'exode rural
La nécessité de développer d'autres
secteurs que celui de l'agriculture demeure une évidence car
l'agriculture elle seule emploie 80% de la population active, composée
essentiellement des jeunes paysans.
Ces jeunes quittent leurs villages pour s'installer à
Moroni, capitale de l'Union des Comores qui est la plus grande
agglomération de l'archipel avec quelques 50 000 habitants.
Ce phénomène d'exode rural provoque une extension
anarchique de la ville par la construction des nombreux cartiers.
La ville se trouve confrontée à des graves
problèmes d'hygiène et d'assainissement. La ville ne cesse de
grandir au fil des ans et sa population augmente de jour au jour. Cette forte
croissance urbaine a eu pour effet le développement de l'habitat
précaire, des conditions de vie difficile et une dégradation
importante de l'environnement.
La quantité d'ordures et de déchets
ménagers est en constante augmentation.
On estime qu'actuellement environ 15 tonnes sont
déversées chaque jour dans les différents
dépôts qui jalonnent la ville.
Cette situation expose la population à des conditions
d'hygiène déplorable :
Les déchets et ordures ménagères sont
jetés aux alentours immédiats de leurs habitations, le long des
routes et sur les bords de mer. Les ordures en se décomposant
constituent des sources d'alimentation des animaux errants (chiens, chats,
chèvres...) et aussi des foyers de prolifération des rongeurs
(rats, souris...), des moustiques, des mouches et autres vecteurs de maladies,
tel que le vibrion cholérique responsable du cholera « maladie
des mains sales » qui tue chaque année une cinquantaine de
personnes.
Section 4 : l'élevage
La viande est, pour partie, importée d'Europe, de
Madagascar ou de Mombasa.
Le développement de l'élevage des bovins
risquerait d'entrer en conflit avec celui de la production agricole,
l'élevage des volailles est en état embryonnaire. Les poulets de
chair sont importés, mais, plus grave, les morceaux de volailles de
basse gamme (tels que les ailes), le sont également.
Les projets de développement de l'élevage
n'ont pas eu un grand succès. Une opération a été
tentée qui consistait à faire de l'"enbocagement",
c'est-à-dire à clôturer les champs par des haies
susceptibles de nourrir les bovins. Cette nourriture provoquait chez eux la
maladie du "gros ventre", provoquant ainsi la mort ide plusieurs bovins en 2004
et 2005.
Actuellement, la consommation annuelle de
viande ne dépasse pas 7 kilogrammes par habitant et par an. Le manque
de protéine touche une grande partie de la population dont les enfants
sont les victimes. Ni les importations de viande ni la pêche ne sont en
effet encore capables de combler cette carence.
Si les efforts de sensibilisation menés en matière
de santé animale ont été couronnés de
succès, la vulgarisation de pratiques d'élevage
amélioré n'a pas encore fourni de résultats significatifs.
Le troupeau est estimé à 43.200 bovins, 18.000 ovins et 113.000
caprins, 170.850 volailles ; il se développe
régulièrement mais reste, cependant en dessous des besoins de la
population.
Section 5 : la pêche.
La pêche artisanale est
pratiquée exclusivement à l'aide de pirogues monoxyles à
balancier (ngalawa), simple ou double, dont il y a environ 3000 pour les
îles. A l'heure actuelle, quelques rares pirogues ne sont pas
motorisées.
5-1 la situation actuelle du secteur.
En 1986, le projet de développement de la pêche
artisanale comportait un certain nombre de volets. Certains n'ont pas eu le
succès escompté, en particulier l'école de pêche
d'Anjouan. Un autre a été couronné de succès : la
construction de pirogues en fibre de verre motorisées dont
l'efficacité est trois fois supérieure à celle d'une
pirogue traditionnelle « ngalawa », à laquelle
était associée la formation des pêcheurs à de
nouvelles techniques, telle que celle de l'utilisation des DCP (dispositifs de
concentration du poisson) et celle de la pêche à la
traîne.
L'objet du projet était entre autres de
diminuer la pression sur les ressources du plateau littoral (les poissons
démerseaux), exploitées au point de ne plus se renouveler (comme
l'indiquait la petite taille des poissons pêchés et les dires des
pêcheurs), L'objectif était de développer la pêche
des poissons qui migrent au large du plateau continental (les poissons
pélagiques).
La production de poisson qui était avant le
démarrage du projet, de 8 000 tonnes par an est aujourd'hui de 13 000
tonnes, dont 70% de pélagiques et 30% de démerseaux, ce qui est
loin du maximum. De ceci, il résulte que, contrairement à ce qui
était le cas auparavant, il y a du poisson toute l'année sur le
marché.
La consommation de sardines en boîte a totalement
diminuée.
Le projet a également favorisé la mise en place
de chambre froide et de machines à fabriquer la glace (qui permettent de
conserver le poisson jusqu'à cinq jours). Il existe plusieurs chambres
froides à la Grande Comore, deux à Anjouan et une à
Mohéli.
Les associations de pêcheurs ont repris à leur
compte une partie des activités du projet, tels que l'achat de
pièces détachées.
Deux opérateurs privés ont poursuivi en Grande
Comore la fabrication des pirogues en fibre de verre.
5-2 : Les potentialités de la pêche
Il serait possible, avec les moyens techniques actuels
(pirogues en fibre de verre motorisées), d'augmenter la production, mais
ce ne serait pas rentable pour les pêcheurs compte tenu de la demande
intérieure. Cependant, une certaine augmentation de la demande
intérieure pourrait être satisfaite par un écoulement plus
régulier de la production rendu possible par des capacités de
froid (chambres froides ou glaces) accrues. La rentabilité de cette
régulation est cependant très incertaine. Elle permettrait des
prix plus élevés en cas de bonne pêche, par
rétention d'une partie de la pêche, mais elle conduirait à
des prix plus bas en cas de mauvaise pêche, par écoulement des
stocks. Elle aurait un coût important en énergie, dans
l'hypothèse où l'achat des équipements serait à la
charge des pêcheurs et non à celle d'un projet, rien ne garantit
la rentabilité de l'opération.
Indépendamment de la saturation du
marché intérieur, les possibilités d'extension de la
pêche des poissons démerseaux proposées par la FAO semblent
aujourd'hui devoir être remises en question. Il apparaît en effet
que dans la zone la plus poissonneuse des Comores, le plateau continental de
Mohéli, on assiste à un épuisement de la ressource,
à tel point que le PNUD a du monter un projet de protection du
patrimoine maritime.
Au delà d'un marché intérieur presque
saturé, serait-il possible de se tourner vers l'exportation. L'exemple
des pays de la région conduirait à se tourner vers des navires de
taille intermédiaire, entre 15 et 20 mètres de long, dont le port
d'attache serait Mutsamudu (Anjouan). Ce port pourrait également servir
de port de transbordement à la flotte de pêche qui croise dans la
région.
Ce projet devrait, pour aboutir, surmonter de nombreux
obstacles :
- le port d'Anjouan est utilisé comme port de
transbordement ;
- les services portuaires d'Anjouan sont coûteux et peu
efficaces ;
- le prix de l'énergie.
Ce projet ne pourrait aboutir que dans le cadre d'une
réhabilitation du port d'Anjouan.
5-3 : Pêche industrielle et semi
industrielle
Elles sont inexistantes aux Comores au niveau national.
Un accord de pêche avec l'Union Européenne (un
accord qui se renouvelle tous les 4 ans depuis 1988) a été conclu
pour la période allant du 28 février 2001 au 27 février
2004. Des licences sont accordées à 40 senneurs
congélateurs et 25 palangriers de surface, simultanément.
La contrepartie financière est fixée
annuellement à 350 250€ dont 140 000€ pour 4 670 tonnes de
captures annuelles, et 210 250€ qui sont destinés:
_126 000€ pour l'assistance au développement de la
pêche artisanale.
_31 600€ pour le financement de programmes scientifiques et
appui institutionnel aux structures du Ministère chargé de la
pêche et aux structures de surveillance des pêches.
_52 650€ pour la participation des
délégués comoriens aux réunions internationales,
contribution des Comores aux organisations régionales de pêche et
financement de bourses d'études, des stages de formation pratique dans
le domaine des pêches.
Ces différentes actions sont décidées par
le Ministère qui en informe la Commission.
La Commission Européenne présente, à la
demande l'armateur, une demande de licence pour chaque navire 20 jours avant le
début de la période souhaitée. Elle est
délivrée par le Ministère chargé de la pêche
aux Comores, est valable un an et peut être renouvelée. Le droit
de licence est fixé à 25€ par tonne de thon capturé
dans les eaux comoriennes, avec un paiement anticipatif de 1 000 à 2
250€ selon le type de navire et sa taille.
Le capitaine est tenu de remplir une fiche de pêche pour
chaque période de pêche dans les eaux comoriennes.
5-4 : organisation des pécheurs
Dans le cadre du développement de la pêche,
les autorités Comoriennes ont encouragé les pêcheurs
à s'organiser en société civile à capital et
personne variable. Ces groupements de pêcheur ont pour objet d'effectuer,
pour le compte et aux profits de leurs membres, toute opération
susceptible d'accroître leur revenu dans le domaine de la pêche au
sens large.
En résumé, un groupement comprend de 8 à 20
pêcheurs de la même région ou même village. Il est
administré par un conseil d'administration élu pour deux ans.
Chaque associer doit fournir ses actions dont la valeur nominale est
fixée à 5 000 francs comoriens.
La société de développements de
pêche aux Comores (SODEPEC) fournit à la société une
fois qu'elle a réuni son capital, un montant qui peut être 5 fois
du montant du capital de la société, qui permettra la
société de démarrer ses activités(achats des
matériels de pêche).
Chapitre 2 : le tourisme
Les îles Comores disposent des atouts ; du patrimoine
culturel et naturel qui demeurent jusqu'à pressent inexploités.
Ainsi il a été recensé 45 sites d'intérêts
touristiques au niveau des trois (3) îles (18 en Grande Comore, 12
à Anjouan et 15 à Mohéli), dont la plupart sont des sites
balnéaires.
La bio diversité des Comores est peu étudiée
et pourtant le pays est à la fois un "jardin botanique" et un "aquarium
tropical" selon le rapport de la Banque Mondiale (1996) sur le tourisme,
environnement et Infrastructures. Plus d'une centaine d'espèces
d'orchidées recensées et une faune comportant des espèces
remarquables : les coelacanthes,les tortues marines etc.
Les Comores disposent d'un patrimoine historique et culturel
riche et diversifié : sites archéologiques, édifices
religieux, édifices liés aux anciens sultans batailleurs, des
fortifications, le grand mariage etc.
Ces atouts sont entrain d'être
détériorés en raison des prélèvements de
sable et de coraux, du braconnage des tortues marines surtout à
l'île de Mohéli ou beigne les plus des tortues, de la
déforestation, de la pêche à la dynamite, de
l'assèchement des rivières, des constructions anarchiques etc.
Faute des liaisons inter îles
adaptées, la fréquentation hôtelière internationale
des Comores est limitée principalement à la Grande Comore.
Le tourisme des Comores est actuellement de mono produit
balnéaire. Il positionne les Comores en concurrence avec presque toutes
les destinations insulaires tropicales. L'accroissement de la part de
marché implique donc des coûts de commercialisation
élevés.
La banque mondiale a proposé de développer
l' « écotourisme » qui s'intègre dans le
double objectif : développement durable, car il respecte
l'environnement naturel et culturel, et de réduction de la
pauvreté car les retombées économiques qu'il suscite
touchent directement les populations locales.
Le rapport de la Banque mondiale "Comores, étude
sectorielle, tourisme, environnement et infrastructures" de juin 1996,
prévoit :
- une multiplication des recettes nettes en devises par 8 en
15 ans, de 1,5 milliard de FC en 1995 à 11,8 milliards en 2010 ;
- en 2010, le tourisme représentera 33% des
exportations, les cultures de rente 28% ;
- en 2010, les taxes engendrées par le tourisme
représenteront plus de la moitié des recettes fiscales de l'Etat
en 1995 ;
- le nombre d'emplois touristiques passerait de 435 en 1995
à 1800 en 2010 ;
- le nombre d'emplois directs + indirects + induits
(constructions) passerait de 600 en 1995 à 2800 en 2010.
Les prévisions de la Banque mondiale sont sans doute
à considérer comme une hypothèse haute, puisqu'elles ont
été faites en 1995 et que pratiquement rien n'a été
fait depuis. Un certain nombre de conditions devraient être remplies pour
que le projet de développer le tourisme acquière un début
de réalité. Les professionnels du tourisme sont d'accord pour
dire que, mis à part L'Afrique du Sud, c'est vers l'Europe qu'il
convient de se tourner. Ils sont également d'accord pour dire que le
problème essentiel n'est pas celui du réceptif mais celui du
transport, actuellement trop cher.
Section 1 : l'évaluation de la contribution du
tourisme
Afin de ne pas se méprendre sur les ordres de
grandeur, il est bon de garder à l'esprit que la population comorienne
augmente d'environ 1000 personnes par mois. C'est à ce chiffre que
doivent être comparés les 2800 emplois crées d'ici 2010.
Le chiffre de 2800 peut sans doute être augmenté
si l'on tient compte de ce que les emplois indirects sont indirectement
liés au tourisme (fournitures de consommations intermédiaires),
mais non ceux qui seraient créés par la dépense du pouvoir
d'achat des emplois liés au tourisme. Un multiplicateur égal
à 2 est sans doute un maximum.
Chapitre 3 : les secteurs manufacturier et des
services
Les secteurs manufacturiers et des services sont
regroupés car ils ont en commun la caractéristique d'être
presque inexistants, mais d'être impérativement
développés dans l'hypothèse d'une croissance du PIB par
tête au moins égale à celle de la population.
Il n'existe qu'une entreprise industrielle au sens plein du
terme « GASCOM » qui produit du gaz. Encore est-elle
menacée par la création d'une entité de ce type à
Mayotte.
Actuellement, des biens manufacturés peu
sophistiqués sont importés, par exemple :
- menuiserie métallique de Madagascar
- eau minérale de Madagascar alors qu'il y a des
sources à Anjouan.
La nature exacte du tissus industriel et des services peut
être appréhendée à l'examen de la liste des
principales entreprises de ces secteurs, telle qu'elle figure dans
l'étude de juillet 1997 "études sur les contraintes des petites
et moyennes entreprises en RFIC". Dans la dernière colonne, la case vide
signifie que l'entreprise affiche quelques progrès, X signifie
fermée ou sur le point de l'être, DIFF signifie en
difficulté, par manque des données Les entreprises de transport
ne figurent pas sur cette liste.
A la lecture du tableau ci dessous des principales PME, on
peut se rendre compte que les entreprises qui fabriquent des
biens'' échangeables'' et qui ont survécu et ne sont
pas en difficulté sont extrêmement peu nombreuses : une
menuiserie, une entreprise de confection, une fabrique de tuiles, trois
élevages de poulets, une savonnerie, une fabrique de pirogues en fibre
de verre.
Section 1 : Tableau des principales PME des
Comores.
Entreprise
|
Activité
|
Lieu
|
Situation
|
|
|
|
|
ACCOTRANS SHIPPING
|
Transport maritime
|
Grande Comore
|
|
ADC
|
Electricité
|
Grande Comore
|
|
SELECO
|
Electricité
|
Grande Comore
|
DIFF
|
DEPA
|
Rép. Radio TV
|
Anjouan
|
DIFF
|
AGS
|
Transit
|
Anjouan
|
|
ALUCOM
|
Fabric. d'ustensiles
|
Grande Comore
|
X
|
ELARIF
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
|
PAPA LAGUERA
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
X
|
YOUSSOUF AMIR
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
X
|
SAID ALI OMAR
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
OUDJOHOMAKARI
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
MAOULIDA
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
MIRADJI
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
KOUNA
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
BILADI
|
Menuiserie
|
Grande Comore
|
DIFF
|
ATS
|
Agence de voyages
|
Anjouan
|
|
BETA
|
Formation en inform.
|
Grande Comore
|
|
BIMBO
|
Boissons gazeuses
|
Grande Comore
|
X
|
CCTD
|
Boulangerie
|
Grande Comore
|
|
BOUL. MOHELIENNE
|
Boulangerie
|
Mohéli
|
X
|
WADAAN
|
Boulangerie
|
Grande Comore
|
X
|
NASSIB
|
Boulangerie
|
Grande Comore
|
|
BOUL. ANJOUANAISE
|
Boulangerie
|
Anjouan
|
DIFF
|
CODETRANS
|
Transports de colis
|
Grande Comore
|
|
HERTZ
|
Location de voitures
|
Grande Comore+Anj.
|
|
COMORE TRADE INT.
|
Assurances auto.
|
Grande Comore
|
|
Foundi Maoulida
|
Confection
|
Grande Comore
|
|
CIC
|
Confection
|
Grande Comore
|
X
|
LA GRIFFE
|
Confection
|
Grande Comore
|
X
|
MAMALADY
|
Confection
|
Anjouan
|
X
|
CONFORT
|
Tuiles
|
Grande Comore
|
|
GODA
|
Cuir
|
Grande Comore
|
|
NADJIB
|
Distillation de fleurs
|
Anjouan
|
X
|
BONBONS DJEMA
|
Bonbons, Biscuits
|
Grande Comore
|
X
|
NGOMENI
|
Poulets
|
Anjouan
|
|
RAKAB
|
Poulets
|
Anjouan
|
|
SALIM MOHAMED
|
Poulets
|
Anjouan
|
DIFF
|
FERME AVICOLE MZE
|
Poulets
|
Grande Comore+Anj.
|
|
STRAFER
|
Poulets
|
Entre les îles
|
|
FAB. YOGHOURTS
|
Yoghourts
|
Anjouan
|
X
|
FABRICATIONS D'AGG.
|
Brique de terre stabil.
|
Grande Comore
|
|
SAADI
|
Garage
|
Grande Comore
|
|
NAUTO
|
Garage
|
Anjouan
|
DIFF
|
ALI ANKIL
|
Garage
|
Anjouan
|
DIFF
|
MAINFORT
|
Mainten. élect. et infor.
|
Grande Comore
|
|
MONSIEUR PROPRE
|
Nettoyage des ordures
|
Grande Comore
|
|
NAWIR PLUS
|
Nettoyage des vêt.
|
Grande Comore
|
|
SAVOCO
|
Savonnerie
|
Grande Comore
|
X
|
NAZICO
|
Saonnerie+mat. mous.
|
Grande Comore
|
|
SAYACO
|
Savonnerie
|
Anjouan
|
X
|
SALIMAMOUD
|
Savonnerie
|
Grande Comore
|
X
|
FAB. MAT. MOUSSE
|
Matelas mousse
|
Grande Comore
|
X
|
SCETA
|
Construction
|
Grande Comore
|
|
MADJIKHA
|
Construction
|
Anjouan
|
DIFF
|
SOCOREV
|
Carreaux
|
Grande Comore
|
X
|
SECATOL
|
Tôles
|
Anjouan
|
X
|
SORAICO
|
Fabrication de craie
|
Anjouan
|
X
|
SCC
|
Menuiserie+Confection+Boulangerie
|
Anjouan
|
|
SOGAWA
|
Pirogue fibre de verre
|
Grande Comore
|
|
Le développement économique des Comores passe
inévitablement par le développement de ses petites et moyennes
entreprises (PME). Ces PME, qui demeurent à l'état embryonnaire,
rencontrent des difficultés dans leur création et leur
fonctionnement. Elles souffrent de plusieurs handicaps notamment l'inadaptation
des aides de l'Etat et des bailleurs de fonds, l'insuffisance dans la
conception et la faisabilité des projets, une gestion financière
défaillante et non maîtrisée et le rare recours aux
crédits. Ce dernier handicap s'explique par le fait que l'entrepreneur
comorien préfère s'autofinancer au risque de limiter le
développement de son entreprise que de recourir à l'emprunt
bancaire car les conditions d'octroi de crédits sont restrictives et un
taux d'intérêt très élevé pratiqué par
les deux banques. Conséquence, les PME comoriennes sont sous
capitalisées et font rapidement faillites, faute de ressources
suffisantes pour financer leur cycle d'exploitation ainsi que leur
investissement.
Chapitre 4 : le système bancaire et
financier
Section 1 : le système
bancaire.
Le système bancaire comorien est caractérisé
par 4 principaux établissements bancaires dont une seule banque
commerciale qui ont tous leur siège à la place de France à
Moroni: la Banque Centrale des Comores (BCC), la Banque pour l'Industrie et les
Commerces (BIC), la Banque de Développement des Comores (BDC) et la
Caisse Nationale d'Epargne (CNE) rattachée à la
Société Nationale des Postes et Télécommunications
(SNPT)
La BDC est une banque de développement de type
classique. Elle a rencontré de nombreuses difficultés mais n'a
pas été liquidée.
Ses statuts lui permettent de financer tous les secteurs sauf
celui du commerce.
Elle ne reçoit pas de dépôts mais des
lignes de crédit des bailleurs de fonds, qui lui imposent, dans une
certaine mesure, la nature des activités susceptibles d'être
financées.
A partir de 1982, la
banque s'était orienté vers le financement de petites industries
: fabrication de yoghourts, concassage, boulangerie, matelas etc.
principalement à Anjouan pour bénéficier du port en eau
profonde. La plupart de ces entreprises ont échoué. Bien qu'il
soit généralement possible d'identifier une raison apparente de
l'échec (diminution du nombre de coopérants pour les yoghourts,
transports inadaptés pour les matelas, ...), la répétition
des insuccès illustre la difficulté de réaliser des
projets industriels. Quelques expériences ont été
tentées à la limite entre l'industrie et l'artisanat, vers le
concassage de la lave et la fabrication de matériaux de constructions,
tels que carrelages ou parpaings.
La BDC souhaiterait, si des lignes de crédit lui sont
accordées, se tourner vers le financement de l'artisanat, ainsi que vers
celui du bâtiment.
L'étroitesse du système bancaire, marqué par
un monopole de fait d'un seul établissement, engendre plusieurs
imperfections au système telles que : un faible taux de bancarisation,
une couverture géographique très limitée, un coût
élevé des services bancaires, une prédominance de la
monnaie fiduciaire et un déficit de financement bancaire de
l'économie.
La BIC devrait bientôt connaître la loi de
la concurrence puisque la BNI-CL, filiale du Crédit Lyonnais (groupe
Crédit agricole) implantée à Madagascar, va ouvrir une
succursale à Moroni. La Banque centrale des Comores a déjà
donné son agrément à ce nouvel opérateur.
Reste à savoir quand est ce qu'elle ouvrira son guichet
comorien.
Section 2 : les
réseaux mutualistes
En plus de ces établissements bancaires
traditionnels, se sont développés au cours de ces
dernières années, des réseaux mutualistes de caisses
d'épargne et de crédit (les Sanduk et les Meck). Ces caisses
offrent des services bancaires de proximité à destination d'une
population rurale et urbaine non bancarisée. Les SANDUK ont
été financés au départ la Caisse Française
de Développement. Les Meck (Mutuelles d'épargne et crédit
des Comores) qui sont la Composante Epargne et Crédit du Projet Appui
aux initiatives Economiques de Base sont financés par l'état
Comorien et le Fond International de Développement Agricole (FIDA). Ce
sont des organismes dont leur objet d'aider les personnes qui ne peuvent pas
accéder aux crédits des institutions bancaires à cause des
formalités juridiques et administratives complexes, mais qui ont
la volonté de produire ou investir
De nos jours douze (12) Mutuelles d'Epargne et des
Crédits sont en exercice (6 en Grande Comore, 5 à Anjouan et 1
à Mohéli). L'ensemble des mutuelles au 31 décembre 1998
disposait de 1810 membres. L'épargne collectée à ce moment
était de 258 millions de FC.
2-1 : Les MECK
Crées dans le cadre du projet AIEB (Appui
aux Initiatives Economiques de Base) financé par le FIDA (Fonds
International de Développement Agricole), son objectif est de collecter
de l'argent sous forme d'épargne et de les rétrocéder en
crédit. L'objectif du projet AIEB par rapport aux autres est de
créer un réseau mutualiste national d'épargne et
crédit en vue de pérenniser ces mutuelles.
Chaque Meck a sa propre structure et jouit d'une
autonomie administrative et financière. Les membres des instances
administratives et financières, sont tous élus en
Assemblée Générale. Ils bénéficient d'une
assistance technique du projet AIEB.
2-2 : Le système « Sanduk »
(caisses d'argent).
Les SANDUKS, sont des associations crées dans des
différentes localités ou chacune dispose sa propre caisse
d'épargne et de crédit. Elle regroupe l'union les SANDUK qui
reste le partenaire privilégié des bailleurs de fond au niveau de
chaque Ile. Les instances dirigeantes sont : un bureau, un comité
de gestion et un conseil des sages. Chaque Sanduk reçoit de l'union des
Sanduk un montant 4 fois plus que celui collecté localement.
Le nombre des Sanduck est passé de 55 à 62 entre
janvier 2001 et début 2002 avec un nombre d'adhérant passé
de 10454 à 17 410 personnes. Mais le total des usagers est de 26
250 dont 66% sont des membres.
Les deux réseaux ont enregistré une croissance
importante, tant sur le nombre de caisses et d'adhérents que sur le
volume des opérations réalisées. Ils se sont
imposés dans le paysage financier comorien, occupant désormais en
terme de parts de marché, la deuxième place dans la collecte de
l'épargne et la distribution des crédits à
l'économie. Ces institutions ne se sont pas uniquement
spécialisées en micro crédits destinés à des
populations moins fortunées. Elles ont aussi développé une
politique similaire à celle des établissements bancaires
classiques. L'exercice de leur activité a été
réglementé par un décret présidentiel du 22 juin
2004.
Section 3 : l'épargne et l'investissement.
Le concept d'épargne (revenu moins consommation), n'a
de sens aux Comores que si l'on considère à la fois les comoriens
des Comores et les comoriens de France. Le montant de cette épargne
n'est pas connu, mais l'usage qui en est fait l'est, par l'observation des
comportements sinon par les statistiques. Les comoriens épargnent dans
diverses intentions dont deux revêtent une importance particulière
:
- la construction d'une maison (en génal, la maison
construite est réservée au grand mariage)
- le grand mariage lui-même.
De ceci, il résulte une insuffisance de fonds propres
dénoncés par les banquiers prêteurs.
Les deux motifs d'épargne évoqués
ci-dessus méritent d'être analysés du point de vue de leur
impact économique.
La construction de maisons à usage d'habitation ne
représente pas un investissement productif. Elle contribue cependant au
développement, mais pour une part relativement faible, pourtant c'est
une activité qui pourrait participer au développement si son
contenu en importation était diminué, or que nous constatons que,
le ciment, le fer et le quasi-totalité des autres intrants (carrelages,
sanitaires, ...) sont importés. Des tentatives de substituer aux
parpaings des briques en terre stabilisée n'ont pas reçu un
accueil favorable de la part des ménages qui construisent leurs
maisons.
Le projet d'un habitat social, s'il était
réalisé, devrait veiller au contenu en importations des
matériaux utilisés.
Le grand mariage est un phénomène
complexe. Il est un élément fondamental de la culture comorienne.
Du point de vue économique, il s'analyse, au niveau individuel, comme
une épargne positive (revenu supérieur à la consommation)
pendant les années qui précèdent le grand mariage, puis
une épargne négative (revenu inférieur à la
consommation) pendant le grand mariage et après le grand mariage.
Globalement, il y a en permanence des Hommes qui épargnent en vue du
grand mariage et d'autres qui désépargnent à l'occasion du
grand mariage ; il n'y a donc pas d'épargne au niveau
macro-économique. Le grand mariage permet d'accéder au rang de
notable qui présente des avantages en termes de statut social, Mais
aussi en termes économiques puisqu'il conduit à recevoir des
versements, en particulier à l'occasion des grands mariages futurs ; le
grand mariage s'analyse donc, comme un financement de retraite.
L'épargne en vue du grand mariage n'a pas pour
contrepartie macro-économique l'investissement d'autres agents, mais la
désépargne de ceux qui font le grand mariage. De ce point de vue,
il n'est pas un facteur de développement. Il peut cependant receler des
éléments positifs :
- c'est une composante de la demande intérieure ; ce
point de vue, sa contribution au développement dépend
fondamentalement de son contenu en importations ;
- c'est une incitation aux transferts des comoriens de
l'étranger.
TROISIEME PARTIE
L'environnement des opérateurs
Chapitre 1 ; l'environnement
économique
Plusieurs dimensions de l'environnement des opérateurs
économiques sont à prendre en compte : les infrastructures, le
coût des services publics, la qualification de la main-d'oeuvre entre
autres.
Section 1 : les infrastructures
Les routes ne sont pas entretenues. L'aéroport
international de Moroni Hahaya nécessite une réfection de son
revêtement. Le port en eau profonde d'Anjouan nécessite un
désensablement ainsi que la construction de déviations pour
éviter un ensablement ultérieur. Le port de Moroni
nécessite, pour que les services portuaires soient
améliorés, la création d'une gare maritime qui permet de
séparer le trafic inter îles du trafic international ainsi qu'une
amélioration des conditions de déchargement.
Deux types de travaux d'infrastructure sont menés. Les
premiers sont constitués de projets locaux plutôt orientés
vers la satisfaction des besoins des collectivités et partiellement
financés par elles : ces travaux reçoivent l'appui du projet du
Fonds d'appui aux développements communautaire (FADC). Qui est un projet
de la Banque mondiale d'appui à la réalisation d'infrastructures
locales : adductions d'eau, écoles, centres de santé,
marchés, routes, ponts, environnement, activités connexes
à l'agriculture, distribution de petits crédits.
Le FADC intervient comme maître d'oeuvre aussi bien
pour la préparation que pour la réalisation du projet et fait
travailler soit des entreprises, soit la population.
Le FADC octroie également des crédits de petit
montant, soit à des particuliers, soit à des communautés
villageoises, à charge pour ces dernières de reprêter les
fonds à des particuliers.
Les seconds sont des travaux de plus grande envergure ; ils
sont très largement financés par l'aide internationale.
Section 2 : les services publiques
Les coûts sont très élevés de :
- l'électricité ;
- les transports à longue distance ;
- les transports inter-îles dans certains cas.
Selon la Chambre de Commerce, le transport d'un conteneur
depuis Marseille coûte 1000 000 francs comoriens jusqu'à Mayotte
et 2 600 000 francs comoriens, jusqu'à Moroni. D'autres estimations
conduisent à un prix deux fois plus élevé seulement. Le
supplément de coût résulte à la fois des conditions
de déchargement et du faible trafic. Les mauvaises conditions de
déchargement engendrent des coûts liés au prix du
déchargement, à l'insécurité de ce mode de
déchargement et à l'immobilisation des navires (souvent plus de
quinze jours)
La construction du port en eau profonde à Anjouan
alors que la destination des marchandises importées était
majoritairement la Grande Comore fut sans doute une erreur. Le port d'Anjouan
est extrêmement sous-utilisé. Il semble que, pour la plupart des
produits, il soit moins coûteux de décharger un navire au large de
Moroni que de le décharger à Anjouan, puis de faire venir les
marchandises à Moroni.
La même remarque vaut pour les exportations.
La question qui se pose cependant aujourd'hui est celle
de l'utilisation des capacités du port d'Anjouan, dans le cadre d'une
politique de développement de produits d'exportation ; compte tenu de la
main-d'oeuvre disponible et moins chère à Anjouan, le port
pourrait retrouver une justification.
Il faut cependant noter que les transports entre les
îles et le transbordement n'accroissent, le coût du transport que
dans une mesure limitée, Par contre, si les marchandises viennent de
Madagascar, de Doubaï ou de Mombasa, le supplément de coût
est, relativement, plus important.
Les entreprises publiques sont en voie de privatisation ou de
mise en concession. Cette réforme pourrait contribuer à la
réduction du coût des services rendus. Ainsi, le prix de
l'électricité est l'un des plus cher au monde. Une
réduction substantielle du coût de l'électricité
pourrait être obtenue par substitution du fuel lourd au diesel, mais
l'étroitesse de la demande d'électricité semble limiter la
rentabilité d'une telle opération.
Il semblerait qu'il soit possible de construire des centrales
hydro-électriques à Anjouan. Il n'y a cependant pas
d'études sérieuses du projet. De plus, la dégradation de
l'environnement est un facteur négatif car l'île d'Anjouan est la
plus abîmée. Sur 25 rivières qui existaient en 1960, il
n'en reste aujourd'hui plus que 11.
2.1 - Coût du transport maritime et du
transbordement d'un conteneur de 20 (en FC)
France/Comores
|
2 100 000 à 2 850 000
|
Réunion/Comores
|
375 000 à 450 000
|
Doubaï/Comores
|
1 200 000
|
Mombasa/Comores
|
640 000
|
Madagascar/Comores
|
75 000
|
Moroni/Fomboni et Mutsamudi/Fomboni
|
56 000
|
Moroni/Dzaoudzi
|
119 000
|
Moroni/Mutsamudu
|
105 000
|
Transbordement bord à bord
|
67 455
|
Transbordement via quai
|
89 941
|
Source : SOCOPOTRAM
Section 3 : la formation
L'état du système éducatif public s'est
récemment aggravé, à la suite des grèves et de la
démobilisation des enseignants, dues aux arriérés de
salaires. L'enseignement aux Comores, qu'il soit primaire ou secondaire, est
général alors qu'il est nécessaire de développer un
enseignement technique et une formation à la gestion des petites
entreprises.
Si les Comores manquent de personnel technique de niveau
secondaire, il n'en est pas de même pour les diplômés de
l'enseignement supérieur. Les comoriens qui ont fréquentés
les Universités et les grandes écoles à l'étranger
sont, en proportion de la population comorienne, très nombreuse.
Cependant, la plupart d'entre eux ne reviennent pas aux Comores.
A l'heure de la mondialisation, il n'y a guère plus
d'avantages comparatifs innés. Aux Comores, on l'a dit, ce sont
l'agriculture et le tourisme. Il y a par contre des avantages comparatifs
acquis par la formation des hommes et des femmes.
De ce point de vue, le système éducatif
comorien public présente deux défauts. En premier lieu, il est
déserté au profit de l'enseignement privé. La solution
à ce problème passe sans doute par le paiement des enseignants,
En second lieu, il est général et non orienté vers la
satisfaction des besoins de l'économie. Il faut réorienter une
partie importante des élèves vers des disciplines techniques.
Ceci ne sera pas facile, compte tenu de l'absence d'enseignants
spécialisés dans ces disciplines. Il y a sans doute là un
domaine où l'assistance technique pourrait être sollicitée,
pour former des formateurs.
Chapitre 2 : l'environnement institutionnel des
opérateurs.
A l'heure de la mondialisation et de la globalisation des
échanges, le développement économique d'un pays ne peut se
réaliser sans le concours des investisseurs et des capitaux
étrangers. Ces investisseurs ont besoin d'une sécurité
juridique dans le pays d'accueil pour fructifier et sécuriser leurs
affaires. Cette sécurité se caractère par la
stabilité politique et un environnement juridique attrayant et
encourageant. Aux Comores la première condition est loin d'être
remplie. Notre pays malheureusement est secoué depuis son accession
à l'indépendance en 1975 d'une instabilité politique
chronique qui ruine tous les projets de développement. Et pourtant nous
avons la chance d'avoir un cadre juridique qui se modernise et s'adapte aux
mutations économiques qui bouleversent le monde. Il conviendra de vous
présenter ce cadre qui comporte en fait l'ensemble des textes
constitutionnels, législatifs et réglementaires qui
régissent les affaires ou qui peuvent avoir des incidences dans le
domaine des affaires et l'ensemble des règles non
écrites qui s'imposent dans les rapports entre ou avec les
opérateurs ou qui sont de nature à exercer une influence
sur leurs activités.
Ce Cadre juridique des affaires est complexe, car il
découle d'une juxtaposition de différents systèmes
juridiques (musulman, coutumier et français)
C'est une banalité de dire que la stabilité
politique est une condition du développement économique. Au
delà de cette évidence, plusieurs dimensions de l'environnement
institutionnel des opérateurs sont à prendre en compte : le code
des investissements, l'environnement juridique et judiciaire, l'attitude de
l'administration, le rôle de l'Etat, le rôle des organismes d'aide
aux entreprises.
Section1 : le code des investissements
Le code des investissements pose en principe la
liberté de l'investissement, l'identité de traitement que
l'investisseur soit comorien ou étranger, le libre transfert des
revenus.
Le code prévoit des mesures en faveur des
investissements lorsque le capital investi est d'au moins dix millions de FC ou
lorsqu'il conduit à la création d'au moins cinq emplois. En fait,
certaines des dispositions du code sont obtenues par des petites entreprises
bénéficiant de l'appui de certains projets ; c'est en particulier
le cas de celles qui bénéficient de l'aide du projet AMI.
Le secteur du commerce est exclu des mesures en faveur de
l'investissement.
Les avantages accordés par le code sont
l'exonération de :
- l'impôt sur les bénéfices ou la taxe
professionnelle unique pendant cinq ans ;
- les droits d'enregistrement et de timbre ;
- les droits de mutations sur les acquisitions de terrains et
bâtiments ;
- la TGV (taxe générale sur les ventes),
- la taxe à l'importation sur les
équipements pendant deux ans ;
- la taxe à l'importation sur les consommations
intermédiaires pendant cinq ans.
Le code des investissements est donc relativement favorable,
compte tenu de l'importance de la taxe à l'importation dont les
investisseurs sont exonérés, il est vrai pendant une courte
période.
Section 2 : l'environnement juridique et
judiciaire
C'est encore une banalité de dire qu'un système
judiciaire équitable et rapide est une condition préalable
à l'investissement. Il est également nécessaire que les
décisions de justice soient exécutées, en particulier la
mise en oeuvre des garanties.
Plus précisément, il y a aux Comores un manque
de magistrats (cependant, 11 ont été formés depuis 1995,
financés par la Banque mondiale) et plus encore d'avocats puisque ceux
qui sont actifs dans le gouvernement sont à un nombre très
faible, et d'autres sont à l'étranger.
La mise en oeuvre des garanties réelles est
pratiquement impossible. La BIC, qui est la seule banque privée ne
considère comme garantie que les cautions solidaires consenties par des
salariés, De plus, il n'existe que peu de titres de
propriété, ce qui rend difficile la prise d'hypothèque.
Une réforme juridique du régime des garanties ne serait sans
doute pas suffisante. Les habitudes culturelles sont telles que personne ou
presque personne n'est prêt à se porter acheteur de la maison d'un
débiteur ; les choses seraient sans doute différentes dans le cas
d'un bien de production.
Indépendamment du problème des garanties, il
existe un code des investissements, un journal officiel, un tribunal de
commerce. Le problème est donc plutôt celui de l'application de la
loi que de la loi elle-même.
Les investisseurs ne viendront pas aux Comores pour y
installer des projets durables, sans que ne se soit établi au
préalable un climat de confiance dans l'impartialité et
l'efficacité de la justice.
Section 3 : l'attitude de l'administration
On l'a dit, le code des investissements est relativement
satisfaisant. De plus, il existe un guichet unique mis en place par l'APSP
(Association pour la Promotion du Secteur Privé) qui étudie les
dossiers des investisseurs étrangers, ce qui est un point positif.
Cependant, il est reconnu par tous que les ennuis commencent après
l'acceptation d'un dossier éligible au code des investissements par les
représentants des administrations qui siègent au niveau du
guichet unique.
Conclusion
Les principales sources de financements de l'économie
comorienne restent les transferts (publics et privés) et l'agriculture
d'exportation ; ainsi l'on peut dire que cette économie est dans
une situation de forte contrainte extérieure, cette dépendance
à l'égard des marchés extérieurs est
renforcée par le fait que le pays ne peux influencer les cours des
marchandises qu'il exporte ou importe.
L'état actuel de la balance de paiements suscite des
inquiétudes ; balance commerciale déficitaire, une bonne
santé du commerce qui provoque des conséquences inestimables car
au lieu d'investir dans le secteur productif, créateur d'emploi,
l'épargne issue des ménages comme des entreprises ne s'investie
pas dans le pays ; c'est l'origine des sorties importantes de flux des
capitaux qui provoquent un déséquilibre permanent de la balance
de paiement,
La dévaluation du franc comorien en 1994, loin d'avoir
atteint les objectifs de relance de l'activité économique par la
croissance des exportations, a aggravé davantage le déficit
commercial ; s'ajoute aussi l'aide internationale qui finance le
quasi-totalité des investissements publics, provoquant ainsi une
diminution du taux de croissance et de développent du pays, cette aide
apporté par la coopération internationale génère
parfois dans sa conception , sa structure et son exécution,des freins
qui empêchent la valorisation et la mesure de l'expertise et des
compétences nationales et ne permet pas d'amplifier et de
pérenniser à moyens et à long terme l'effort
engagé par l'Etat.
L'instabilité politique que connaissent les îles
Comores et le changement fréquent des régimes donc des
responsables techniques, renforcent l'incohérence des actions
menées et empêchent la réalisation des objectifs
recherchés comme la lutte contre la pauvreté. Combiné
à l'inadéquation du cadre législatif qui provoque la
fuite des capitaux et de l'investissement étranger et par une
fiscalité répressive qui freine et décourage les
initiatives privées.
Pour attirer les capitaux étrangers et favoriser
l'investissement privé dans l'économie du pays, l'Etat doit
procéder à un programme de révision du cadre
législatif et réglementaire, la construction ou la modernisation
des infrastructures routières, aéroportuaires et
routières
Le rôle actuel joué par la diaspora Comorienne
à l'étranger devra être intégré dans la
politique globale de développement du pays ; en effet les
transferts considérables des flux financiers apportés par la
diaspora ne doivent être gaspillés au seul but de
« grand mariage » ou de construire des maisons. Mais ces
flux de transferts devraient appuyer les flux privés nationaux et
étrangers pour multiplier les institutions bancaires afin de renforcer
la concurrence et la spécialisation dans le système de
distribution des crédits.
Bibliographie
OUVRAGES ET PUBLICATIONS
Abdallah MSA, COMORES 1975-2000 UN ESPOIR DECU, les
éditions de l'officine.
Jean BOURGET, Arcangelot FIGLIUZZI et Yves ZENU Monnaie et
système monétaire 9ème édition BREAL 2002.
Paul R.Krugman et Maurice Obsfeld ECONOMIE INTERNATIONALE
3éme Edition ; Edition Nouveau Horizon..
Chouzour Sultan, LE POUVOIR DE L'HONNEUR : tradition et
contradiction en Grande-comore, édition l'harmattan, Paris, 1994.
Rapport des Comores 2003 : les structures financières
décentralisées
Rapport sur les perspectives, diversité et reforme de
l'Etat Comorien rédigé par des agents des nations unis 2003.
Rapport de la zone franc 2001 et 2005 rédigé par la
banque de France.
Mémoire de Mohamed nasserdine Ibrahim Ahamada sur les
stratégies de lutte contre la pauvreté 2002.
Notes prises dans un atelier de formation sur « les
stratégies de développements d'une petite économie
ouverte : cas des Comores » réaliser à Dakar par
docteur Babacar SENE, docteur en Finance internationale.
WEBOGRAPHIE
http://www.banque-france.fr
http://www.banquedefrance.fr
http://www.comres-online.com
http://www.mwezinet.com
http://www.agendadescomores.com
http://www.holambedescomores.com
ANNEXES
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