UNIVERSITE DE LOME
***
ECOLE SUPERIEURE D'AGRONOMIE
***
ECOLE DOCTORALE
« SCIENCES, SANTE ET
ENVIRONNEMENT »
BP : 1515 Tel : (228) 225 41 97
Lomé, Togo
MEMOIRE de DEA
Sciences des Agroressources et Génie de
l'Environnement (DEA - SAGE)
Présenté par
ADDEN Ayi Koffi
THÈME :
EFFETS DE TROIS SYSTEMES CULTURAUX SUR LA DURABILITE DE
LA PRODUCTION DE MAÏS (Zea mays L.) SUR SOL FERRALITIQUE AU TOGO
MERIDIONAL
Soutenu publiquement le .....................devant le jury
d'examen ainsi composé :
Président du Jury : Professeur Kofi
AKPANGANA,
Faculté Des Sciences de l'Université de
Lomé.
Membres du Jury : Professeur Komla SANDA,
Ecole Supérieure d'Agronomie de l'Université
de Lomé.
Docteur Jean M. SOGBEDJI, Maître de
Conférence,
Ecole Supérieure d'Agronomie de l'Université
de Lomé.
REMERCIEMENT
Si la rédaction de ce mémoire, les analyses et
les commentaires sont mes propres oeuvres, il ne saurait voir le jour s'il n'y
a pas eu la contribution d'un certain nombre de personnes. Aussi, dois-je une
reconnaissance à tous ceux qui de prés ou de loin ont
contribué à la réalisation de ce document.
Mes gratitudes vont particulièrement à :
- Dr Jean M. SOGBEDJI, Maître de Conférence,
Coordonnateur Ouest Africain des Projets IFAD/IFDC et Chef du
Département de Pédochimie de l'Ecole Supérieure
d'Agronomie. Il a été pour moi plus qu'un Directeur de recherche,
mais un père en matière de recherche scientifique. Ses conseils
et ses commentaires d'une rigueur scientifique rare ont fait de moi ce que je
suis aujourd'hui.
- Professeur Komla SANDA, Directeur de l'Ecole
Supérieure d'Agronomie, Directeur de la formation doctorale Sciences
des Agroressources et Génie de l'Environnement (SAGE) de
l'Unité de Recherche sur les Agroressources et la Santé de
l'Environnement (URASE)-Université de Lomé, pour son
éternelle disponibilité.
- Professeur xxxx
A tous les autres membres de l'équipe de recherche
notamment Messieurs K. L. B. AGBOYI, K. AMOUZOU, B. LAMBONI et A. KAGNISSA et
à Messieurs K S. EZUI et K. KOUKOUDE de l'IFDC, j'exprime ma
sincère gratitude.
SOMMAIRE
Introduction 1
Chapitre I : Revue de littérature
3
1.1 Généralités 4
1.2 Effets des systèmes culturaux sur le sol et la
production d'agroressources
1.3 Effets des plantes de couverture sur le sol
1.4 Effets des plantes de couverture sur la production
d'agroressources
1.5 Dynamique des nutriments
Chapitre II : Matériels et
Méthodes
2.1 Site d'expérimentation
2.2 Essais agronomiques
2.3 Collectes des données
2.4 Analyse des données
Chapitre III : Résultats et
Discussions
3.1 Rendements et composantes du rendements
3.1.1 Rendements en grain du maïs
3.1.2 Composantes du rendement du maïs
3.2 Utilisation des ressources
3.2.1 Nutriments et efficacités d'utilisation des
ressources
3.2.2 Bilan des nutriments
Conclusions
Références bibliographiques
LISTE DES FIGURES ET DES TABLEAUX
Tableau 1 : Rendements en grains de maïs
(Mg.ha-1)
Tableau 2 : Composantes du rendement de maïs
Tableau 3 : Teneurs des grains et des pailles en N et P
et leurs exportations par le maïs
Tableau 4 : Efficacité agronomique et
Efficacité d'utilisation de l'eau
Tableau 5 : Taux de recouvrement et efficacité
interne
Tableau 6 : Bilan de N et P sur une profondeur de 0
à 0,6 m du sol durant la première saison de culture
LISTE DE SIGLES ET ABBREVIATIONS
Ca : Calcium
CEC : Capacité d'Echange Cationique
DRA : Direction de la Recherche Agronomique
EA : Efficacité Agronomique
EI : Efficacité Interne
EUE : Efficacité d'Utilisation de l'Eau
FAO : United Nations Food and Agriculture Organization
IFDC : An International Center for Soil Fertility and
Agriculture Developement
IR : Indice de Récolte
IRN : Indice de Récolte de Nutriment
K : Potassium
N (N2) : Azote (Diazote)
P : Phosphore
PS : Première saison
SS : Seconde saison
TR : Taux de recouvrement
RESUME
Titre : Effets de trois systèmes
culturaux sur la durabilité de la production du maïs (Zea mays L.)
sur sol ferralitique au Togo méridional
La présente étude a eu pour objet d'identifier
les systèmes culturaux les plus appropriés pour optimiser les
rendements du maïs et empêcher l'épuisement des nutriments du
sol. Des essais au champ ont été menés dans trois
systèmes culturaux incluant les plantes de couverture tel le mucuna
(Mucuna pruriens) et le cajan (Cajanus cajan) sur sol
ferralitique au Sud Togo dans un dispositif en bloc aléatoire complet
avec parcelles divisées : la monoculture du maïs, la rotation
maïs - mucuna et la rotation maïs - cajan formaient les parcelles
principales et les différents niveaux d'engrais inorganiques
(N0P0K60, N40P0K60,
N40P30K60 et
N80P30K60) constituaient les sous parcelles.
Les résultats révèlent que les rendements varient de 3,00
à 6,83 Mg.ha-1 durant la première saison (PS) et de
3,02 à 5,85 Mg.ha-1 durant la seconde saison (SS). Le mucuna
engendre une augmentation de rendement du maïs de 38 - 57% par rapport
à la monoculture du maïs et permet de produire autant de maïs
que l'application des engrais minéraux à des doses de
N40P0K60 et
N40P30K60 tandis que le cajan induit une
augmentation de rendement de l'ordre de 30 - 49%. La formation du rendement de
maïs est déterminée par la productivité de chaque
plant de maïs et son indice de récolte. Pour le bilan des
nutriments, pendant la PS, le système maïs continu a perdu 93% de N
et 10% de P tandis que le système de maïs - cajan ne perd que 28%
de N et 11% de P et le système de maïs - mucuna encore moins (26%
de N et 7% de P).
Mots clés : Cajanus
cajan, Mucuna pruriens, plante de couverture, sol ferralitique, Zea
mays.
ABSTRACT
Title : Three
cropping systems effects on sustainable maize crop (Zea mays L.)
production on Southern Togo Ferralsol.
Identifying appropriate cropping systems which can optimize
maize yield and prevent nutrient depletion in soil was the aim of this study.
On field trial were conducted on Southern Togo Ferralsol including mucuna
(Mucuna pruriens) and pigeon pea (Cajanus cajan) cover crops
in three cropping systems on randomize split plot design with three
replications. Cropping systems consisted of continuous maize, maize - mucuna
relay and maize - pigeon pea relay and represent the mains plot with mineral
fertilizer rate (N0P0K60,
N40P0K60,
N40P30K60 and
N80P30K60) in subdivided plot. Results showed
that maize grain yield ranged from 3.00 to 6.83 Mg.ha-1 during first
season (FS) and from de 3.02 to 5.85 Mg.ha-1 during second season
(SS). Mucuna increased maize grain yield by 38-57% and allowed to attend the
same maize grain yield with application of inorganic fertilizers at the rate of
N40P0K60 and
N40P30K60. Maize plant productivity and its
harvest index were factors that determined maize grain yield. Nitrogen and P
budget showed, during FS, a loss of 93% of N and 10% of P in continuous maize
system, 28% of N and 11% of P in maize -pigeon pea system and 26% of N and 7%
of P in maize - mucuna system.
Keys words : Cajanus cajan,
Cover crops, Ferralsol, Mucuna pruriens, Zea mays,.
INTRODUCTION
L'Afrique, en général, dispose de sols pauvres
et de climats peu propices à l'agriculture (Breman et al.,
2001). La gestion efficace des nutriments pour la meilleure productivité
des cultures est une étape importante pour la réalisation des
Objectifs du Millénium des Nations Unies notamment les objectifs 1
(éradiquer l'extrême pauvreté et la faim), 7
(assurer la durabilité environnementale) et 8
(développer un partenariat global pour le
développement). Dans le cas particulier de l'Afrique Sub-Saharienne
où le manque de denrées alimentaires apparaît comme une
résultante de la pression démographique et de la continuelle
dégradation de la fertilité des sols, de l'aide internationale
limitée et les subventions étatiques restreintes pour les
intrants agricoles, l'enjeu est d'accroître la productivité des
cultures et d'augmenter la teneur des sols en nutriments. Ceci ne peut se faire
qu'à travers l'apport d'intrants agricoles localement disponibles, vu
les conditions des sols, et la minimisation de la dépendance des engrais
minéraux peu disponibles et très coûteux. Cette vision des
choses requiert d'autres approches de gestion des sols et des cultures autres
que celles usuellement pratiquées, une bonne compréhension et
maîtrise de la dynamique des nutriments, et un meilleur suivi de la
dissémination des résultats de recherche. L'Afrique de l'Ouest,
principalement la zone côtière, est caractérisée par
l'existence de sols ferralitiques dont l'infertilité notoire est un
phénomène accentué par la pression démographique
(Louette, 1988, Poss et al., 1997, Manyong et al., 1999)
alors que les activités affiliées à la terre sont
essentielles pour l'économie de la région. Plusieurs
systèmes de productions agricoles sont identifiables en Afrique de
l'Ouest ; mais ils sont très souvent basés sur la culture
des céréales comme le maïs, le sorgho, le riz, etc.
(Franzluebbers et al., 1998). Le maïs (Zea mays L.) est
la principale culture dans la sous région Ouest Africaine et la base
alimentaire des populations de la région (IFDC, 2006 ; Sogbedji
et al., 2006). Il est produit essentiellement par des ruraux dans des
systèmes culturaux plus ou moins complexes allant de la monoculture
à l'agroforesterie associant ou non des engrais minéraux. Etudier
les possibilités d'amélioration de la fertilité des sols
et d'accroissement de la productivité de la culture de maïs sous
différents systèmes de production agricole afin d'identifier les
systèmes culturaux les plus appropriés pour optimiser des
rendements du maïs et empêcher l'épuisement des nutriments du
sol, est l'objet de cette étude. Plus spécifiquement, cette
étude visait à :
(i) à déterminer les impacts des
différents systèmes culturaux sur le rendement et les composantes
du rendement du maïs, et
(ii) à établir et à analyser le bilan et
les flux de l'azote en présence ou non du phosphore sous ces
différents systèmes culturaux.
Le présent document est structuré en trois
parties. Après cette introduction, il sera présenté la
revue de littérature sur les travaux antérieurs
réalisés sur la thématique, ensuite viendront les
matériels et méthodes utilisés pour nos propres travaux
puis les résultats et discussions suivis de la conclusion.
CHAPITRE I :
REVUE DE LITTERATURE
1.1 Généralités
Une plante de couverture est une espèce
végétale qui au cours de son cycle de vie produit de la biomasse
qui couvre la surface du sol. On le désigne aussi sous l'appellation
d'engrais vert. En réalité, les engrais verts sont des plantes
vertes (ou des parties de plantes) non ligneuses qui ont poussé
après ou en même temps que la culture principale, une mauvaise
herbe provenant de la période de jachère, ou encore des feuilles
d'un arbre ou d'une plante d'ombrage qu'on a taillées ou qui sont
tombées (van Schöll, 1998). Leur utilisation en élaboration
des agroressources d'origine végétale comme source de nutriments
et de matière organique est diversement appréciée et a
fait l'objet de nombre des études menées pour venir à bout
de la dégradation de la fertilité des sols en Afrique
Sub-Saharienne (IFDC, 2005, 2006 ; Sogbedji et al., 2006). Dans
les conditions socioéconomiques de l'Afrique, il est prôné
que la fertilisation des sols soit focalisée sur la technologie de la
matière organique où l'on recommande l'usage maximal des
nutriments d'origine organique et la minimisation de l'usage d'engrais
chimiques qui sont d'ailleurs très coûteux (Smalling et
al., 1992) en vue d'améliorer la santé du sol. En substance,
ce sont ces aspects de la recherche qui seront développés dans
cette partie du document.
1.2 Effets des systèmes culturaux sur le sol et
la production d'agroressources
Il existe de variables systèmes culturaux qui sont
développés suivant la prévalence des conditions
climatiques, édaphiques, socioéconomique et ethnologiques (Kang,
1986). Traditionnellement en Afrique de l'Ouest, il est souvent cultivé
plus d'une espèce sur de petites parcelles mises en jachère
pendant plusieurs années. La culture intercalaire est très commun
sous les tropiques et est pratiquée sur 80% des terres cultivées
en Afrique de l'Ouest (Steiner, 1984), de même que dans les
régions forestières humides (Juo et Ezumah, 1992). En fait, les
systèmes culturaux dépendent de la nature et des exigences
nutritionnelles des espèces à cultiver. On peut avoir en Afrique
de l'Ouest les principaux systèmes culturaux suivants :
v La monoculture
La monoculture est l'installation sur la même parcelle
exploitée de la même et unique culture pendant plusieurs saisons
de culture consécutives. Elle présente l'avantage de limiter les
concurrences nutritionnelles (eau, lumière et nutriments) mais
pérennise le parasitisme spécifique de la culture. La monoculture
du maïs sur sol ferralitique d'Afrique de l'Ouest par exemple,
déprécie le rendement de l'ordre de 28,5% (Sogbedji et
al., 2006). IFDC (2002) rapporte sur sol ferralitique
dégradé une chute de rendement de maïs de 10 - 75% sans
apport de matière organique au sol et de 20 - 32 % avec l'usage du
mucuna sur deux ans de production. Ceci dénote l'importance du continuel
besoin de restauration des sols dans les systèmes de production
continue.
v L'association culturale
L'association culturale consiste à mettre sur la
même parcelle deux ou plusieurs cultures en croissance simultanée.
Ce système présente l'inconvénient de donner lieu à
une compétition interspécifique pour la lumière, l'eau et
les nutriments. Il contribue significativement à l'épuisement
rapide du sol. Toutefois, l'association culturale permet l'obtention d'une
multitude d'agroressources en peu de temps sur un même espace. Elle peut
donner lieu à une culture intercalaire si les espèces sont
installées suivant un ordre spécifique. Ceci peut engendrer une
amélioration de la disponibilité de N dans l'association des
céréales avec les légumineuses (Eaglesham et al.,
1982).
v La rotation culturale
Ce système consiste à mettre en place deux ou
plusieurs cultures dans un ordre donné suivant les saisons ou les
années de culture. Il ne présente pas d'inconvénient
majeur si l'ordre de succession des cultures est bien choisi. Une rotation
culturale bien élaborée permet la discontinuité dans le
cycle des agents pathogènes spécifiques des cultures et optimise
l'utilisation des ressources nutritionnelles. La rotation céréale
- légumineuse est la plus bénéfique à cause de la
fixation symbiotique de N2 atmosphérique. Ce système
accroît davantage la disponibilité de N pour la culture
subséquente après incorporation et décomposition du mulch
de ces légumineuses (Ledgard et Giller, 1995). La plupart du temps, les
légumineuses à graines comestibles exportent 60 - 70% de N
fixé biologiquement dans leurs gousses et graines. Ceci constitue une
perte énorme pour le système sol - plante - atmosphère
(Henzell et Vallis, 1977). Le bilan de N dans un tel système peut
être négatif. Il serait beaucoup plus intéressant
d'utiliser les légumineuses graines non consommables comme le mucuna ou
le lablab et d'incorporer au sol la matière organique résiduelle
afin d'accroître la teneur du sol en N et en matière organique.
1.3 Effets des plantes de couverture sur le
sol
En Afrique de l'Ouest, les besoins d'une grande production
réclament l'apport de nutriments aux sols (IFDC, 2007). Ainsi dans les
systèmes de production où les cultures sont en rotation avec les
légumineuses à graines comme le niébé (Vigna
ungiculata L), le pois d'angole (Cajanus cajan L.), le soja
(Glycine max L.) ou l'arachide (Arachis hypogaea L.), la
fertilité du sol s'améliore (Hulugalle et Lal, 1986 ; Wilson
et al., 1982 ; IFDC, 1993).
Plusieurs espèces de légumineuses annuelles
à graines non comestibles comme le pois mascate (Mucuna pruriens var
utilis), le Kudzu (Puerovia phaseoloïdes) ou le lablab
(Lablab purpureus L.) sont utilisées comme plante de couverture
pour le contrôle de l'érosion hydrique, la lutte contre les
adventices et la restauration de la fertilité du sol (Sanginga et
al., 1996 ; Franzluebbers et al., 1998 ; Galaba et
al., 1998 ; Sedga et Toe, 1998 ; Manyong et al., 1999).
La fertilité du sol est également
améliorée par l'utilisation du mulch des légumineuses
pérennes à croissance rapide. Des études menées en
Afrique ont montré que l'incorporation dans le sol du mulch provenant de
la croissance rapide des légumineuses pérennes comme le leucaena
(Leucaena sp.), le cajan (Cajanus cajan L.), le sesbania
(Sesbania sesban M.) ou le glyricidia (Glyricidia
sepium) ont résulté en une amélioration significative
de la fertilité du sol (Barrios et al., 1997 ; Bashir
et al., 1998 ; IFDC, 2002, 2005).
Les atouts de l'usage des légumineuses comme engrais
verts ou plantes de couverture résident dans le fait qu'elles (1)
enrichissent le sol avec le N2 biologique fixé, (2)
conservent et recyclent les nutriments du sol, (3) fournissent une protection
du sol favorisant la réduction de son érosion et (4) requiert peu
ou pas d'engrais minéraux immédiats. Toutefois, à
intervalle planifié, on a besoin de travailler le sol pour favoriser
l'établissement, la maintenance et l'incorporation de ces engrais verts
(IFDC, 2002 ; Franzluebbers et al., 1998 ; Groot et
al., 1998).
Les couvertures de sol par les végétaux aident
à diminuer les risques d'érosion du sol dans les cultures
arbustives, particulièrement avant la fermeture du couvert arbustif.
Parmi les différentes espèces de couverture de sol testées
avec le cacao par Fianu (1998) au Ghana, celles qui ont eu le plus de
succès sont Centrosema pubescens, Pueraria
phaseoloïdes et Flemingia congesta. Ces plantes de
couverture de sol ont été aussi efficaces pour le
désherbage et l'amélioration de la fertilité des sols
épuisés par des cultures de plantation. Le niveau de couverture
du sol par ces plantes est un facteur déterminant dans la
réduction du ruissellement (Perez, 1994 ; Zougmoré
et al., 1998). Ainsi, comme l'ont souligné Roose et
al. (1992), la protection de la surface du sol assurée par une
litière ou un couvert végétal bien développé
permet de diminuer les pertes par ruissellement et de ralentir
l'évolution des croûtes. Il faudrait donc favoriser l'implantation
rapide des cultures et le développement d'une biomasse apte à
intercepter efficacement la pluie. Cela impose d'associer étroitement
les techniques de gestion de l'eau et de maintien de la fertilité des
sols. Selon les travaux conduits par Zougmoré et al. (1998),
l'association culturale sorgho - niébé s'est montrée plus
efficace que leurs cultures pures en entraînant une réduction de
l'érosion de 80 % par rapport au sorgho seul et de 45 - 55 % par rapport
au niébé seul. En réduisant la vitesse des
écoulements, la protection de la surface du sol permet une limitation
des déplacements solides, notamment des particules grossières
(Roose, 1981).
Par ailleurs, plusieurs légumineuses conviennent
très bien pour augmenter le statut de bases échangeables du sol
et contiennent du P et du Ca disponibles. La grande contribution des plantes de
couverture au sol est l'accroissement de sa fertilité par le biais de
l'addition annuelle de N. Il a été estimé que les
légumineuses (à graines comestibles ou non) peuvent
apporté au sol 50 kg N ha-1.an-1 (Akobundu et
Okigbo, 1984 ; Greenland, 1985). Dans de bonnes conditions de culture
(1000 - 2500 mm.an-1 de pluie, température de 19 - 27°C,
pH = 4,5 et une élévation de 0 - 1600 m), le mucuna apporte au
sol 7 - 9 Mg.ha-1.an-1 de biomasse sèche avec une
teneur de 2,96% de N, 0,32% de P et 1,57 % de K. Ce qui représente un
apport en nutriments de 207 - 266 kg N ha-1, 22 -29 kg P ha-1
et de 110 - 141 kg K ha-1 (FAO, 1990 ; Lal, 1990 ;
Vissoh et al., 1998).
Les limites de l'utilisation de plantes de couverture
résident dans le seul fait qu'elles empêchent la production de
nourritures durant une partie de la saison des pluie (seconde saison dans les
zones à pluviométrie bimodale comme en Afrique de l'Ouest) et
nécessitent donc une production considérable durant les saisons
favorables précédant la période de jachère
améliorée avec la plante de couverture (Balasubramanian et
Blaise, 1993 ; Sogbedji et al., 2006).
1.4 Effets des plantes de couverture sur la production
d'agroressources
En Afrique de l'Ouest, l'usage des légumineuses
à graines en rotation avec le maïs a résulté en une
augmentation de 50% du rendement du maïs (Hulugalle et Lal, 1986 ;
IFDC, 1993 ; Breman et van Reuler, 2000). Sur sol ferralitique du sud
Togo, le mucuna a engendré une augmentation du rendement de maïs de
16 - 67% avec un indice de récolte (IR) de 0,37 - 0,50 et une
efficacité agronomique de N (EA-N) de 4 - 17 Mg.ha-1 (IFDC,
2002). Lamboni (2000) a rapporté une augmentation du rendement du
maïs de 25% alors que Sogbedji et al. (2006) parle de 32,1 -
37,5% dans le sud du Togo. Dans cette même région, il a
entraîné l'accroissement du rendement du basilic (Ocimum
basilicum L.) de 30 - 50% suivant le type de sol et la saison de culture
(Adden, 2005). Au Malawi, MacColl (1989) rapportait que le rendement du
maïs installé après la culture du cajan a accru de 2,8
Mg.ha-1 par rapport à la culture du maïs continu
recevant 35 kg N ha-1. Au Burkina Faso, les études ont
démontrés que le rendement du maïs a accru de 0,7 à 1
Mg.ha-1 en utilisant les plantes de couverture comme
Calopogonium mucunoides, Mucuna sp., Lablab purpureus et Cajanus cajan.
Au Bénin, l'adoption du mucuna a augmenté le rendement du
maïs de 0,48 - 1,14 Mg.ha-1 (Manyong et al, 1999).
Galiba et al. (1998) ont rapporté que la biomasse de mucuna a
fait croître le rendement du maïs de 0,6 à 2,2
Mg.ha-1. Des essais menés au Mali ont montré que le
rendement du sorgho (Sorghum sp.) a augmenté de 40% en
rotation avec le soja (Kouyaté et al., 1998) ou en rotation
avec le lablab (Dolichos lablab) (Kouyaté et Juo, 1998). De
même, les rendements du coton graine et de l'arachide ont accru de 60% et
de 40% respectivement dans la rotation coton - arachide (Kouyaté,
1998).
Plusieurs études menées en Afrique de l'Ouest
ont montré que l'incorporation des résidus de maïs dans le
sol a amélioré le rendement de la culture. Malheureusement, dans
ces pays africains, les résidus de maïs (pailles) ont des
utilités traditionnelles et sont souvent exportés du champ (Poss
et al., 1997).
1.5 Dynamique des nutriments
La compréhension de la dynamique des nutriments dans le
système sol - plante - atmosphère a un intérêt de
plus en plus croissant afin de prévenir la dégradation des sols
en ressources de base et pour soutenir une production agricole efficiente avec
une gestion propre des nutriments (Sogbedji, 2001). L'obstacle majeur pour la
production agricole en Afrique est la non maîtrise de la dynamique des
nutriments afin de contourner l'infertilité et l'improductivité
notoire des sols. La principale voie d'appauvrissement de sols en nutriment est
la récolte des cultures (Nair, 1993). En moyenne, les grains des
cultures exportent 100 - 150 kg.ha-1 de N, P et K (FAO, 1990). La
dynamique des nutriments absorbés par les cultures est très
complexe du fait que la plante absorbe plus de nutriments à certains
stades végétatifs que d'autres. Il existe un laps de temps entre
la période où les nutriments sont solubilisés et/ou
disponibles dans le sol et la période où les racines des cultures
s'y approchent et les absorbent ; au cours de ce laps de temps, les
nutriments sont susceptibles d'être perdus (Zhang et al., 1996).
Stoorvogel et al. (1993) ont trouvé dans leurs recherches qu'en
Afrique Sub-Saharienne, en moyenne 22 kg N ha-1, 2,5 kg P ha-1
et 15 kg K ha-1 sont perdus chaque année dans les
terres arables. L'intensité des pertes de nutriments est fonction du
type de nutriment, de la nature des sols, des conditions climatiques et des
systèmes de production (Pieri, 1989 ; Christianson et Vlek,
1991 ; Alva et Wang, 1996 ; Sogbedji et al., 2000).
L'azote (N) et le phosphore (P) ont une dynamique très
différente dans l'environnement du sol. L'azote est biologiquement
très réactif, et après conversion en nitrate
(NO3-N), très mobile dans le sol tandis que le phosphore
devient rapidement inaccessible car étant sujet à la
précipitation chimique (Sogbedji et al., 2006ab). Ainsi, le P
pourrait avoir des effets résiduels sur la culture subséquente
alors que le N mis à disposition d'une culture est rarement accessible
à la culture subséquente (Randall et al., 1997).
Cette vision panoramique sur l'impact des systèmes
culturaux associés aux plantes de couverture sur la production
d'agroressources permet de mieux comprendre l'approche méthodologique
utilisée pour la réalisation de cette étude.
CHAPITRE II :
MATERIELS ET METHODES
2.1 Site d'expérimentation
L'étude a été conduite à la
Station d'Expérimentations Agronomiques de l'Ecole Supérieure
d'Agronomie de l'Université de Lomé, Togo (6°22'N,
1°13'E ; altitude = 50 m, pente <1%). Le sol en place est
de type ferralitique appelé localement «Terre de Barre» qui
s'est développé à partir des dépositions
continentales (Saragoni et al., 1992). Ce type de sol couvre 47% de la
Région Maritime du Togo (Worou, 2002) et se retrouve également en
Côte d'Ivoire, au Ghana, au Bénin et au Nigeria (Raunet,
1973 ; Louette, 1988). Dans les horizons de culture, le sol est bien
drainé, la teneur en matière organique (<1%) et en K (<0,2
cmol.kg-1) sont faibles, le P total est autour de 250 - 300
mg.kg-1, le N total est de 0,05 - 0,1% avec un rapport C/N de 7 -
11, la somme des bases échangeables est entre 2,82 - 3,92
méq/100g, la capacité d'échange cationique (CEC) est entre
3 - 4 méq.kg-1 et un pH de 5,2 - 6,8 (Tossah, 2000 ;
Worou, 2002 ; Struif Bontkes et Wopereis, 2003). Les précipitations
annuelles varient de 800 à 1200 mm et la température moyenne
annuelle est entre 24 à 30°C (Somana et al., 2001 ;
Worou, 2002). Le climat du site est équatorial de type guinéen,
bimodal et permet d'avoir deux saisons de culture de maïs, l'une
d'avril à juillet et l'autre de septembre à décembre. La
végétation en place est une savane herbeuse. C'est une parcelle
de terrain ayant abrité de longues années de culture continue de
maïs sans engrais ; mais a abrité depuis 2002 des essais sur
la monoculture du maïs et sa culture en relais avec les plantes de
couverture (mucuna et cajan).
2.2 Essais agronomiques
Les essais ont été conduits dans trois
systèmes culturaux. Dans chaque système cultural, le dispositif
expérimental était en bloc aléatoire complet avec
parcelles divisées et en trois répétitions afin de prendre
en compte les variabilités spatiales (van Es et van Es, 1993 ; van
Es et al., 2004). Il y avait 9 parcelles principales de 12,5 m x 10 m
contenant au total 36 sous parcelles de 6 m x 5 m. Les trois systèmes
culturaux étudiés sont basés sur deux systèmes de
production usuels en Afrique de l'Ouest : la monoculture et la rotation
culturale.
Les trois systèmes culturaux étudiés
comprennent :
· la monoculture du maïs (système de
maïs continu),
· la rotation maïs - mucuna (système
maïs - mucuna), et
· la rotation maïs - cajan (système maïs
- cajan).
A la saison précédant la période des
essais, la parcelle abritant le système maïs continu a reçu
la culture du maïs, celle du système maïs - mucuna a
reçu la culture du mucuna et celle du système maïs - cajan a
reçu la culture du cajan. Tous les résidus de récolte sont
laissés sur place et sont incorporés au sol.
Le maïs (Zea mays L.) a été choisi
comme plante test à cause de ses propriétés à
mettre en évidence les carences du sol et était semé
à une densité de 50 000 plants.ha-1 le 17 avril 2006
et le 01 septembre 2006 respectivement dans le compte de la première
saison (PS) et de la seconde saison (SS). La variété de maïs
utilisé était IKENNE (une variété de 90 jours
localement très utilisée). Dans chaque
agroécosystème ayant une gestion particulière de la
matière organique résiduelle, les traitements d'engrais
minéraux suivants y étaient associés pour le
maïs : N0P0K60,
N40P0K60,
N40P30K60, et
N80P30K60. Les doses de N, P et K
étaient appliquées en un seul apport entre deux et trois semaines
après le semis suivant la pluviométrie. Dans les systèmes
de rotation culturale, le mucuna (Mucuna pruriens var utilis) a
été semé à une densité de 35 000
plants.ha-1 tandis que le cajan (Cajanus cajan) a
été semé à une densité de 42 000 plants
ha-1. Les biomasses produites après la période de
végétation ont été incorporées au sol
après la récolte des graines. Tous les travaux agricoles ont
été réalisés manuellement. La récolte de la
PS a été réalisée le 31 juillet 2006 et pour la SS
le 19 décembre 2006. La récolte a été faite sur les
sous parcelles utiles centrales (2,4 m x 3 m) en éliminant les plantes
de bordure.
2.3 Collectes des données
En début et en fin des essais, des échantillons
composites de sol ont été prélevés dans chaque
système à des intervalles de profondeur de 0 - 30 cm et 30 - 60
cm. Sur ces échantillons, les analyses chimiques ont porté sur le
N organique, le N total, le N nitrique (NO3-N), le C total, le P
total et le P assimilable. Des échantillons ont été pris
également en fin de la PS et on y a déterminé le N
nitrique (NO3-N) et le P assimilable.
A chaque saison de culture du maïs, il a
été déterminé des paramètres agrotechniques
permettant de réaliser l'étude. A cet effet, sur chaque parcelle
expérimentale, des échantillons de plant entier de maïs ont
été prélevés à la maturité de
récolte (teneur en eau des grains comprise entre 18 - 23%) (Witt et
al, 1999) pour déterminer la quantité totale de
matière sèche. Chaque échantillon de plante a
été séché à l'étuve à 40 -
60°C pendant trois jours pour déterminer leur teneur en eau ;
leurs matières sèches ont été analysées au
laboratoire pour déterminer leur teneur en N et en P.
2.4 Analyse des données
Les rendements et les composantes du rendement ont
été comparés pour chaque système cultural par
rapport à la saison et sur toute l'année. Les bilans partiels de
N et de P ont été établis dans la couche de sol de 0 -
0,60 m correspondant à la profondeur moyenne racinaire du maïs.
Pour chaque système, les entrées du bilan sont constituées
de la teneur initiale du sol en NO3-N, du P assimilable, les
dépositions atmosphériques de N et des engrais inorganiques
apportés. Les sorties sont constituées de l`exportation en N et P
du maïs, et la teneur résiduelle du sol en NO3-N et en P
assimilable. La balance entre les entrées et les sorties a
été attribuée à la résultante du lessivage,
de la percolation, de la dénitrification de N, et de la
minéralisation de N et de l'immobilisation et de la
minéralisation de P. Le choix de NO3-N s'explique par le fait
qu'il est plus stable dans le sol que NH4+ qui se
nitrifie très rapidement (Hofman et Cleemput, 2004).
Les analyses chimiques ont été
réalisées au Laboratoire d'ICRISAT au Niger en suivant les
méthodes standard d'analyses chimiques. Les différences entre les
moyennes et leur ségrégation ont été
effectuées en utilisant le logiciel d'analyse statistique STATISTICA
(á = 5%).
Les variables prises en compte pour la détermination
des paramètres techniques ont été calculées de la
manière suivante :
· Productivité en grains
(g.plant-1) : masse de grains
récoltés sur la parcelle utile / nombre de plants
récoltés (économique -teneur en eau de 14%- et en
matière sèche) ;
· Rendement en grains
(Mg.ha-1) : (productivité en grains x
densité de peuplement) / 1 000 000 (économique -teneur en
eau de 14%- et en matière sèche) ;
· Rendement en
biomasse (Mg.ha-1) : (masse
d'échantillons composites de la production aérienne totale de
plantes en matière sèche / nombre de plantes
échantillonnées) x densité de peuplement ;
· Rendement en paille
(Mg.ha-1) : rendement en biomasse - rendement en
grains (en matière sèche) ;
· Indice de
récolte (IR): rendement en
grains en matière sèche (ms) / rendement en biomasse ;
· Ratio grain/paille
(RGP) : rendement en grains en ms / rendement en
paille ;
· Masse de 1000
grains (g): ?(masse de 100 grains / nombre de lots de 100
grains) x 10 ;
· Efficacité agronomique d'un
nutriment (Mg.kg-1) : (rendement
économique en grains avec apport du nutriment - rendement
économique en grain sans ce nutriment) / dose du nutriment
appliqué à l'hectare ;
· Absorption d'un
nutriment (kg.ha-1) : rendement en ms x teneur du
nutriment dans la ms ;
· Taux de recouvrement d'un nutriment
(%) : [(absorption d'un nutriment spécifique sur une
parcelle avec apport de ce nutriment) - (absorption d'un nutriment
spécifique sur une parcelle sans apport de ce nutriment)] / dose de ce
nutriment appliqué à l'hectare ;
· Efficacité interne pour un
nutriment (kg.kg-1) : Rendement économique /
Absorption de ce nutriment par la plante. L'efficacité interne traduit
la capacité d'une espèce végétale à
convertir en un rendement économique les nutriments mis à sa
disposition. Dans le cas du maïs, on s'intéresse à la
quantité de grains produits par rapport à la quantité de
nutriments absorbés (kg de grains par kg de nutriment).
· Efficacité d'utilisation de l'eau
(kg.m-3) : Rendement économique /
Quantité d'eau reçue durant le cycle de végétation
de la plante cultivée par hectare.
CHAPITRE III :
RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 Rendements et composantes du rendements
3.1.1 Rendements en grain du maïs
Les rendements moyens en grains de maïs varient suivant
tous les systèmes culturaux de 3,00 à 6,83 Mg.ha-1
durant la première saison (PS), de 3,02 à 5,85 Mg.ha-1
durant la seconde saison (SS) et sur toute l'année on a eu un cumul qui
varie de 6,02 à 12,66 Mg.ha-1 (Tableau 1). On constate une
dépression du rendement au cours de la SS due probablement à la
différence de la pluviométrie entre la PS (504 mm) et la SS (115
mm). Ceci confirme la différence du potentiel de rendement entre la
grande saison et la petite saison des pluies déjà observée
par DRA (1985) et Sogbedji (1986).
Dans le système de maïs continu, durant la PS, le
traitement N0P0 donne le plus faible rendement en grain de maïs (3,00
Mg.ha-1) tandis que le meilleur rendement provient de l'application
de N80P30 (6,16 Mg.ha-1). Au cours de la SS, le traitement N40P30
donne le meilleur rendement (4,61 Mg.ha-1). En terme de production
annuelle, le traitement N80P30 donne le meilleur rendement (10,58
Mg.ha-1).
Dans le système maïs - mucuna, on constate que
durant la PS, le traitement N40P30 s'impose avec un rendement de 6,83
Mg.ha-1 alors que le traitement N0P0 donne le plus faible rendement
(5,06 Mg.ha-1). En SS, le traitement N80P30 s'est montré
supérieur avec un rendement de 5,85 Mg.ha-1 et le plus faible
rendement est fourni par N0P0 avec un rendement de 4,84 Mg.ha-1. Sur
toute l'année, il est à noter que N40P30 et N80P30 donnent les
meilleurs cumuls de rendements (12,66 et 12,53 Mg.ha-1
respectivement). Le traitement N0P0 génère toujours le plus
faible rendement (9,89 Mg.ha-1). Le faible rendement obtenu aussi
bien en PS (5,06 Mg.ha-1) qu'en SS (4,84 Mg.ha-1) dans ce
système est nettement supérieur au rendement obtenu au Malawi
(1,2 Mg.ha-1) dans la rotation maïs - mucuna (IFDC, 2005 ;
Murwira et al., 2005).
Tableau 1 : Rendements en grains de maïs
(Mg.ha-1)
Traitements
|
PS
|
ET- PS
|
SS
|
ET- SS
|
Total
PS+SS
|
ET-
PS+SS
|
MaN0P0
|
3,00 e
|
0,37
|
3,02 e
|
1,28
|
6,02 e
|
1,62
|
MaN40P0
|
4,98 cd
|
0,75
|
3,72 de
|
0,49
|
8,70 d
|
0,94
|
MaN40P30
|
5,35 cd
|
0,34
|
4,61 bcd
|
0,70
|
9,97 bcd
|
0,49
|
MaN80P30
|
6,16 abc
|
0,27
|
4,42 cd
|
0,67
|
10,58 abc
|
0,63
|
|
Mu N0P0
|
5,06 cd
|
1,00
|
4,84abcd
|
0,69
|
9,89 bcd
|
0,95
|
Mu N40P0
|
5,61 bc
|
0,90
|
5,83 ab
|
0,27
|
11,43 ab
|
1,04
|
Mu N40P30
|
6,83 a
|
0,26
|
5,83 ab
|
0,57
|
12,66 a
|
0,60
|
Mu N80P30
|
6,68 ab
|
0,34
|
5,85 a
|
0,58
|
12,53 a
|
0,58
|
|
Ca N0P0
|
4,31 d
|
0,25
|
5,26 abc
|
0,64
|
9,57 cd
|
0,57
|
Ca N40P0
|
5,64 bc
|
0,69
|
5,38 abc
|
0,44
|
11,01 abc
|
1,11
|
Ca N40P30
|
5,73 abc
|
1,05
|
5,42 abc
|
0,28
|
11,15 abc
|
1,26
|
Ca N80P30
|
5,92 abc
|
0,51
|
5,45 abc
|
0,38
|
11,37 ab
|
0,59
|
PS : première saison, SS : seconde saison,
ET : Ecart-type ; a, b, c, d, e indiquent les classes de moyennes
issues la ségrégation statistiques des moyennes avec á =
5%.
Dans le système maïs - cajan, les faibles
rendements proviennent du traitement N0P0 en considérant la PS et le
cumul de l'année (4,31 et 9,57 Mg.ha-1 respectivement).
Durant la SS, il n'y pas de différence significative entre les
rendements issus des quatre traitements. Ce qui voudrait dire qu'on n'ait pas
besoin d'apporter de l'engrais en SS pour obtenir cette production. Les
traitements N40P30 et N80P30 se rivalisent toujours les meilleures places au
cours de la PS (5,73 et 5,92 Mg.ha-1 respectivement) alors que le
cumul annuel fait état d'une similarité entre les traitements
N40P0, N40P30 tandis que N80P30 s'impose avec un rendement de 11,37
Mg.ha-1.
La remarque triviale issue de la comparaison du système
de maïs continu avec le système de maïs - mucuna est que
quelque soit la période de culture, l'utilisation du mucuna comme plante
de couverture engendre une augmentation de rendement de l'ordre de 38 à
57%. Le traitement sans engrais (N0P0) dans le système maïs -
mucuna donne un rendement statistiquement identique à l'utilisation
d'engrais (N40P0 et N40P30) dans le système de maïs continu.
On note de façon générale que le
système maïs - cajan engendre une augmentation de rendements de
l'ordre de 30 à 49% par rapport au système de maïs continu.
Sans apport d'engrais (N0P0), le système maïs - cajan
présente un rendement s'apparentant à certains traitements avec
apport d'engrais du système de maïs continu (N40P0 et N40P30). Mais
ceux-ci demeurent toutefois inférieurs aux rendements obtenus dans le
système maïs - mucuna dans les mêmes conditions.
Une comparaison des deux systèmes utilisant les plantes
de couverture fait remarquer que, par rapport au système maïs -
cajan, au cours de la PS il y a une augmentation de rendement de 12% en moyenne
alors que la SS révèle seulement un accroissement de rendement de
4% en moyenne avec un accroissement annuel du rendement de 8% (3 à 14%).
Cette différence de performance au cours du temps pourrait s'expliquer
par le fait que le mucuna produit une biomasse en quantité plus grande
et plus facilement décomposable par les microorganismes telluriques que
celle du cajan. Avec le temps, la cajan a commencé par se
décomposer et à libérer davantage de nutriments et
à compenser le déficit de prime abord.
En définitive, à la fin de l'année de
production, on constate que le système maïs - mucuna
produit beaucoup plus de maïs que les autres systèmes et est
potentiellement utilisable pour soutenir une production maïsicole durable.
L'augmentation du rendement du maïs (38-57%) engendrée par l'usage
du mucuna comme plante de couverture confirme la tendance
générale à la hausse des rendements observée
déjà par certains auteurs comme Hulugalle et Lal, (1986), IFDC
(1993) et Breman et van Reuler (2000) qui parlent de 50% ; IFDC (2002)
donne 16 - 67%, Lamboni (2000) fait état de 25% et Sogbedji et
al. (2006) révèlent 32,1 - 37,5%.
3.1.2 Composantes du rendement du maïs
La productivité de plants de maïs (teneur en eau
de 14%) varie suivant les systèmes culturaux de 51 - 141
g.plant-1 durant la PS et de 35 - 182 g.plant-1 durant la
SS. La variabilité statistique de la productivité du maïs
est identique à celle des rendements suivant les systèmes et les
traitements décrite précédemment (Tableau 2). On note par
ailleurs que la masse de 1000 grains de maïs est invariable suivant les
traitements ni suivant les systèmes et est en moyenne de 282 (#177;23)
g. Ceci montre que le rendement du maïs est beaucoup plus influencé
par la quantité ou le nombre de grains formés par épis que
la masse spécifique d'un grain. Le rendement en paille sèche est
en moyenne de 7,3 Mg.ha-1 (2,5 - 18,0 Mg.ha-1) pour PS et
de 7,7 Mg.ha-1 (1,6 - 15,6 Mg.ha-1) pour SS. Ces
rendements de la biomasse sèche représentent une importante
biomasse sèche pour une typologie d'utilisation non alimentaire telle la
production d'énergie et autre.
Les traitements d'engrais et les systèmes culturaux
n'ont pas une influence significative sur l'indice de récole et le ratio
grain - paille. Le ratio grain - paille (RGP) est en moyenne de 0,71 (0,31 -
1,39) pour PS et de 0,65 (0,38 - 1,23) pour SS tandis que l'indice de
récolte (IR) est en moyenne de 0,40 pour PS et de 0,37 pour SS. Le RGP
semble être identique au cours des deux saisons de culture (0,71 et 0,65
respectivement pour PS et SS). Ceci entre en contradiction avec les
résultats de Hay (1995) qui montrent que la durée de la
végétation pendant la PS et pendant la SS influençait le
RGP des céréales.
Le IR présente une plus grande variabilité
pendant la SS (0,17 - 0,72) que durant la PS (0,24 - 0, 58) mais en moyenne, il
n'y pas une différence notoire entre IR de PS (0,40) et IR de SS
(0,37). Ces IR sont conformes à ceux déjà trouvé
par IFDC (2002) qui donne une marge de 0,37 - 0,50 pour le maïs. Il a
été constaté qu'il y a une corrélation positive (p
= 0,000234) entre IR et la productivité du maïs. Ceci indique que
IR et la productivité ont une influence notoire sur la formation du
rendement de maïs.
Tableau 2 : Composantes du rendement de
maïs
Traitements
|
Première saison
|
Seconde saison
|
Masse
1000 grains
|
Prodté 14%
|
Rdt
paille
|
IR
|
RGP
|
Prodté 14%
|
Rdt
paille
|
IR
|
RGP
|
Unités
|
g.plt-1
|
Mg.ha-1
|
|
/1
|
g.plt-1
|
Mg.ha-1
|
|
/1
|
g
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MaN0P0
|
60
|
4,6
|
0,32
|
0,47
|
60
|
5,3
|
0,34
|
0,57
|
250
|
MaN40P0
|
100
|
5,2
|
0,48
|
0,93
|
74
|
6,0
|
0,35
|
0,55
|
279
|
MaN40P30
|
107
|
6,7
|
0,39
|
0,75
|
92
|
5,3
|
0,48
|
1,23
|
267
|
MaN80P30
|
123
|
6,8
|
0,44
|
0,82
|
88
|
6,7
|
0,38
|
0,63
|
281
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MuN0P0
|
101
|
6,5
|
0,46
|
0,88
|
97
|
11,1
|
0,27
|
0,38
|
262
|
MuN40P0
|
112
|
10,6
|
0,30
|
0,43
|
117
|
9,0
|
0,36
|
0,56
|
286
|
MuN40P30
|
137
|
6,1
|
0,42
|
0,79
|
117
|
9,7
|
0,37
|
0,62
|
300
|
MuN80P30
|
134
|
8,9
|
0,37
|
0,59
|
117
|
9,7
|
0,34
|
0,52
|
299
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CaN0P0
|
86
|
6,2
|
0,35
|
0,54
|
105
|
7,0
|
0,43
|
0,84
|
271
|
CaN40P0
|
113
|
8,5
|
0,32
|
0,47
|
108
|
8,4
|
0,36
|
0,55
|
299
|
CaN40P30
|
115
|
8,0
|
0,37
|
0,59
|
108
|
7,4
|
0,39
|
0,63
|
293
|
CaN80P30
|
118
|
9,5
|
0,40
|
0,66
|
109
|
6,5
|
0,42
|
0,73
|
299
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Minimum
|
51
|
2,5
|
0,24
|
0,31
|
35
|
1,6
|
0,17
|
0,21
|
230
|
Moyenne
|
109
|
7,3
|
0,40
|
0,71
|
99
|
7,7
|
0,37
|
0,65
|
282
|
Maximum
|
141
|
18,0
|
0,58
|
1,39
|
128
|
15,6
|
0,72
|
2,53
|
327
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Prodté : productivité, Rdt :
rendement, IR : indice de récolte, RGP : Ratio grain -
paille
3.2 Utilisation des ressources
La présente analyse est focalisée sur la
dynamique de N et P. L'élément K, un des trois macronutriments
des plantes, n'est pas pris en compte à cause de sa chimie plutôt
favorable dans le sol. Les sols ferralitiques sont généralement
pauvre en K (les données sur notre site d'essai révèle un
K total de 0,83 - 0,93 g.kg-1) mais en apportant les engrais
potassiques, leur utilisation est très efficace par rapport à N
et P du fait de la chimie affectée à K dans le sol (Dobermann
et al., 1998 ; Adden, 2005).
3.2.1 Efficacités d'utilisation des nutriments et de
l'eau
3.2.1.1 Concentration en nutriments et leurs
absorptions
L'analyse de la concentration (teneur ou absorption) en
nutriments se limite à la PS. La teneur en nutriments N et P dans les
grains de maïs est en moyenne de 15,6 g N kg-1 et de 6,3 g P
kg-1 tandis que la concentration dans les pailles est de 6,4 g N
kg-1 et de 3,0 g P kg-1 (Tableau 3). Reflétant la
large gamme de variabilité des conditions environnementales de
production, la concentration en nutriments varie considérablement aussi
bien dans les grains (13,2 - 18,4 g N kg-1 et 4,9 - 7,8 g P
kg-1) que dans les pailles (3,7 - 10,7 g N kg-1 et 1,7 -
4,7 g P kg-1). Dans les grains, la teneur en N est faible dans le
système maïs continu (15,0 g N kg-1),
modérée dans le système maïs - cajan (15,7 g N
kg-1) et forte dans le système maïs - mucuna (16,2 g N
kg-1) tandis que la teneur en P est faible dans le système
maïs continu et dans le système maïs - cajan (6,2 et 6,1 g P
kg-1 respectivement) et forte dans le système maïs -
mucuna (6,7 g P kg-1). Dans les pailles, la teneur en N est faible
dans le système maïs continu (5,8 g N kg-1),
modérée dans le système maïs - cajan (6,4 g N
kg-1) et forte dans le système maïs - mucuna (7,1 g N
kg-1) tandis que la teneur en P est faible dans le système
maïs - cajan (2,3 g P kg-1) et forte dans le système
maïs continu et dans le système maïs - mucuna (3,4 g P
kg-1).
En moyenne, l'absorption ou l'exportation des nutriments par
les plants de maïs est de 121 kg N ha-1 et de 51 kg P
ha-1 produisant un rendement moyen de 5,4 Mg.ha-1.
L'absorption est faible dans le système maïs
continu (96 kg N ha-1 et 45 kg P ha-1),
intermédiaire dans le système maïs - cajan (125 kg N
ha-1 et 49 kg P ha-1) puis forte dans le système
maïs mucuna (142 kg N ha-1 et 48 kg P ha-1).
L'absorption de N dans ce dernier système est nettement
supérieure à celle trouvée au Malawi (28-29 kg N
ha-1) dans un système typique (IFDC, 2005 ; Murwira et
al, 2005).
L'indice de récolte de nutriment (IRN) comme
étant la proportion des nutriments accumulés dans les grains par
rapport aux nutriments totaux cumulés par la matière sèche
de la plante, est très peu variable suivant les systèmes
culturaux. L'indice de récolte de nutriment de N (IRN-N) est similaire
dans les trois systèmes (0,59 pour maïs - cajan, 0,61 pour
maïs - mucuna et 0,66 pour maïs continu) de même que celui de P
(0,63 pour maïs - cajan, 0,56 pour maïs - mucuna et 0,58 pour
maïs continu). On remarque que dans tous les systèmes de production
confondus, l'IRN-N (0,62) et l'IRN-P (0,59) sont statistiquement identiques
entre eux. Ceci voudrait dire que la plante répartie proportionnellement
N et P aussi bien dans la biomasse résiduelle que dans les grains. La
plante aurait donc besoin de N et de P dans toutes ses parties et cela traduit
l'importance de ces deux nutriments dans la production et reflète ce qui
adviendrait en cas de carence en ces nutriments. Les concentrations des
nutriments dans la biomasse de maïs de même que les absorptions de N
et de P démontrent à quel point l'usage des plantes de couverture
améliore la richesse en nutriments des agroressources et optimisent la
production agricole.
Tableau 3 : Teneurs des grains et des pailles en N
et P et leurs exportations par le maïs
Traitements
|
Concentration en nutriments
(g.kg-1)
|
|
Exportations (kg.ha-1)
|
|
Grains
|
|
Pailles
|
|
|
|
|
N
|
P
|
|
N
|
P
|
|
N
|
P
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MaN0P0
|
14,5
|
6,0
|
|
6,8
|
3,6
|
|
112
|
56
|
MaN40P0
|
15,3
|
6,4
|
|
5,2
|
3,5
|
|
85
|
37
|
MaN40P30
|
14,7
|
6,2
|
|
6,6
|
3,7
|
|
78
|
36
|
MaN80P30
|
15,5
|
6,3
|
|
4,7
|
2,7
|
|
108
|
53
|
Moyenne
|
15,0
|
6,2
|
|
5,8
|
3,4
|
|
96
|
45
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
MuN0P0
|
15,7
|
6,1
|
|
6,5
|
4,1
|
|
115
|
45
|
MuN40P0
|
16,3
|
6,2
|
|
5,9
|
3,0
|
|
143
|
65
|
MuN40P30
|
16,3
|
5,7
|
|
7,6
|
3,1
|
|
128
|
54
|
MuN80P30
|
16,5
|
6,2
|
|
8,4
|
3,3
|
|
180
|
69
|
Moyenne
|
16,2
|
6,1
|
|
7,1
|
3,4
|
|
142
|
58
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CaN0P0
|
15,5
|
6,7
|
|
5,9
|
2,6
|
|
128
|
48
|
CaN40P0
|
16,1
|
7,2
|
|
6,0
|
2,0
|
|
98
|
40
|
CaN40P30
|
15,7
|
6,4
|
|
7,0
|
2,7
|
|
137
|
57
|
CaN80P30
|
15,3
|
6,5
|
|
6,8
|
2,0
|
|
137
|
53
|
Moyenne
|
15,7
|
6,7
|
|
6,4
|
2,3
|
|
125
|
49
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Moyenne Générale
|
15,6
|
6,3
|
|
6,4
|
3,0
|
|
121
|
51
|
3.2.1.2 Efficacités d'utilisation des ressources
L'efficacité d'utilisation de l'eau (EUE) dans le
système maïs continu varie de 0,5 - 1,0 kg.m-3 pour la
PS et de 2,3 - 3,5 kg.m-3 pour SS (Tableau 4). Pour le
système maïs - mucuna, l'EUE varie entre 0,9 - 1,2
kg.m-3 pour la PS et de 3,6 - 4,4 kg.m-3 pour la SS. Pour
le système maïs - cajan, l'EUE varie entre 0,7- 1,0
kg.m-3 pour la PS et de 4,0 - 4,1 kg.m-3 pour la SS.
Durant la PS, l'EUE est faible dans le système de
maïs continu (0,82 kg.m-3), modérée dans le
système maïs - cajan (0,91 kg.m-3) et forte dans le
système maïs - mucuna (1,02 kg.m-3). De même
durant la SS, l'EUE est faible dans le système de maïs continu
(2,99 kg.m-3), modérée dans le système
maïs - cajan (4,06 kg.m-3) et forte dans le système
maïs - mucuna (4,21 kg.m-3). On note qu'il y a une meilleure
utilisation de l'eau en SS (3,8 kg.m-3) qu'en PS (0,9
kg.m-3). Cette différence pourrait s'expliquer par la
pluviométrie élevée en PS (504 mm) qu'en SS (115
mm) ; les disponibilités en eau étant restreintes en SS, la
plante a mieux utilisé cette ressource qu'en PS. Par ailleurs, on note
que le mucuna améliore l'utilisation de l'eau aussi bien en PS qu'en
SS.
L'efficacité agronomique de N (EA-N) dans le
système maïs continu varie de 49 - 79 Mg.ha-1 pour la PS
et de 17 - 40 Mg.ha-1 pour SS. Pour le système maïs -
mucuna, l'EA-N varie entre 14 - 40 Mg.ha-1 pour la PS et est de 25
Mg.ha-1 pour la SS. Ces données sont inférieures
à celles publiées par IFDC (2002) où on décrit une
EA-N variant de 4 - 17 Mg.ha-1 pour la culture du maïs en
rotation avec le mucuna. Pour le système maïs - cajan, l'EA-N varie
entre 33 - 40 Mg.ha-1 pour la PS et de 3 - 5 Mg.ha-1 pour
la SS. Durant la PS, l'EA-N est de faible dans le système de maïs -
mucuna (33 Mg.ha-1), modérée dans le système
maïs - cajan (36 Mg.ha-1) et forte dans le système
maïs continu (62 Mg.ha-1).
Tableau 4 : Efficacité agronomique et
Efficacité d'utilisation de l'eau
Traitements
|
Première saison
|
Seconde saison
|
|
EUE
|
EA-N
|
EA-P
|
EUE
|
EA-N
|
EA-P
|
Unités
|
kg.m-3
|
Mg.ha-1
|
Mg.ha-1
|
kg.m-3
|
Mg.ha-1
|
Mg.ha-1
|
MaN0P0
|
0,5
|
|
|
2,3
|
|
|
MaN40P0
|
0,8
|
49
|
|
2,8
|
17
|
|
MaN40P30
|
0,9
|
59
|
78
|
3,5
|
40
|
53
|
MaN80P30
|
1,0
|
79
|
105
|
3,3
|
35
|
47
|
|
|
|
|
|
|
|
MuN0P0
|
0,9
|
|
|
3,6
|
|
|
MuN40P0
|
0,9
|
14
|
|
4,4
|
25
|
|
MuN40P30
|
1,2
|
44
|
59
|
4,4
|
25
|
33
|
MuN80P30
|
1,1
|
41
|
54
|
4,4
|
25
|
34
|
|
|
|
|
|
|
|
CaN0P0
|
0,7
|
|
|
4,0
|
|
|
CaN40P0
|
0,9
|
33
|
|
4,1
|
3
|
|
CaN40P30
|
1,0
|
36
|
48
|
4,1
|
4
|
5
|
CaN80P30
|
1,0
|
40
|
54
|
4,1
|
5
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
Minimum
|
0,4
|
-25
|
10
|
1,3
|
-16
|
-21
|
Moyenne
|
0,9
|
44
|
66
|
3,8
|
20
|
30
|
Maximum
|
1,2
|
90
|
120
|
4,8
|
56
|
75
|
|
|
|
|
|
|
|
EUE : efficacité d'utilisation de l'eau, EA-N
(P) : efficacité agronomique de N (de P),
De même durant la SS, l'EA-N est de faible dans le
système de maïs - cajan (4 Mg.ha-1),
modérée dans le système maïs - mucuna (25
Mg.ha-1) et forte dans le système maïs continu (31
Mg.ha-1). On note qu'il y a une meilleure efficacité
agronomique de N en PS (44 Mg.ha-1) qu'en SS (20
Mg.ha-1). Ceci dénote le fait que la PS favorise une
meilleure utilisation de N que la SS car les conditions pédoclimatiques
sont beaucoup plus favorables à la production en PS qu'en SS.
L'efficacité agronomique de P (EA-P) dans le
système maïs continu varie de 78 - 105 Mg.ha-1 pour la
PS et de 47 - 53 Mg.ha-1 pour SS. Pour le système maïs -
cajan, l'EA-P varie entre 48 - 54 Mg.ha-1 pour la PS et est de 5 - 6
Mg.ha-1 pour la SS. Pour le système maïs - mucuna,
l'EA-P varie entre 54- 59 Mg.ha-1 pour la PS et de 33 - 34
Mg.ha-1 pour la SS. Durant la PS, l'EA-P est faible dans le
système maïs - cajan (51 Mg.ha-1), modérée
dans le système maïs - mucuna (57 Mg.ha-1) et forte dans
le système maïs continu (92 Mg.ha-1). De même
durant la SS, l'EA-P est faible dans le système de maïs - cajan (6
Mg.ha-1), modérée dans le système maïs -
mucuna (33 Mg.ha-1) et forte dans le système maïs
continu (50 Mg.ha-1). On note qu'il y a une meilleure EA-P en PS (66
Mg.ha-1) qu'en SS (30 Mg.ha-1). On constate que la PS
favorise une meilleure utilisation de P que la SS.
La différence entre les efficacités
d'utilisation de l'eau et les efficacités agronomiques de N ou de P
confirment la différence du potentiel de production des deux saisons de
pluie en Afrique sub-humide à caractère bimodale
déjà décrite par Sogbedji (1986), Adden (2005) et Sogbedji
et al. (2006).
Le taux de recouvrement (TR) et l'efficacité interne
(EI) concernent uniquement la PS. Le taux de recouvrement de N (TR-N) dans le
système maïs continu varie de 14 - 56 % tandis que celui du
système maïs - mucuna et du système maïs - cajan varie
de 8 - 86% et 9 - 45% respectivement. Le taux de recouvrement de P (TR-P) dans
le système maïs continu varie de 44 - 46 % alors que celui du
système maïs - mucuna et du système maïs - cajan varie
de 34 - 44% et 36 - 42% respectivement. Le TR-N est faible dans le
système maïs - cajan (24%), intermédiaire dans le
système maïs continu (41%) et fort dans le système
maïs - mucuna (55%). Ce TR-N trouvé dans le système
maïs - mucuna est nettement supérieur à celui trouvé
au Malawi (3 - 11%) dans la rotation maïs - mucuna (IFDC, 2005 ;
Murwira et al., 2005).
Le TR-P est fort dans le système maïs continu
(63%) et faible dans les deux autres systèmes (48-49%). L'apport de 30
kg P ha-1 en complément à 40 kg N ha-1 fait
chuter le TR-N de 60% en moyenne dans tous les systèmes. Mais un
supplément de 40 kg N ha-1 améliore le TR-N qui
s'accroît de 49% en moyenne par rapport à l'état initial.
La disponibilité de P influence donc notablement l'utilisation de N. Par
ailleurs, l'accroissement de la dose de N (de 40 à 80 kg N
ha-1) fait augmenter le TR-P aussi de 39% en moyenne dans tous les
systèmes. Cette augmentation est beaucoup plus forte dans le
système maïs - mucuna (74%), intermédiaire dans le
système maïs continu (33%) et faible dans le système
maïs - cajan (11%). Ceci dénote l'impact de la présence de N
sur la consommation de P par les plantes. Ce sont donc des nutriments dont
l'utilisation par les cultures dépendrait de leur disponibilité
mutuelle dans des proportions bien requises.
L'efficacité interne de N (EI-N) dans le système
maïs continu varie de 44 - 46 kg.kg-1 tandis que celle du
système maïs - mucuna et du système maïs - cajan varie
de 34 - 44 kg.kg-1 et 36 - 42 kg.kg-1 respectivement
(Tableau 5). L'efficacité interne de P (EI-P) dans le système
maïs continu varie de 92 - 94 kg.kg-1 alors que celle du
système maïs - mucuna varie de 91 - 106 kg.kg-1 et celle
système maïs - cajan est entre 90- 92 kg.kg-1.
L'EI-N est faible (38 - 39 kg.kg-1) dans les
systèmes contenant les plantes de couvertures et est forte dans le
système de maïs continu (45 kg.kg-1). Quant à
l'EI-P, elle est faible dans le système de maïs continu et dans le
système de maïs - cajan (91 et 93 kg.kg-1
respectivement) et forte le système de maïs - mucuna (98
kg.kg-1). Ces efficacités internes s'inscrivent parfaitement
dans les limites d'accumulation et de dilution décrites par Jansen
(1998).
Tableau 5 : Taux de recouvrement et
efficacité interne
Traitements
|
Taux de recouvrement (%)
|
Efficacité interne
(kg.kg-1)
|
N
|
P
|
N
|
P
|
|
|
|
|
|
MaN40P0
|
53
|
|
46
|
|
MaN40P30
|
14
|
54
|
44
|
92
|
MaN80P30
|
56
|
72
|
46
|
94
|
Moyenne
|
41
|
63
|
45
|
93
|
|
|
|
|
|
MuN40P0
|
86
|
|
35
|
|
MuN40P30
|
8
|
35
|
44
|
106
|
MuN80P30
|
70
|
62
|
34
|
91
|
Moyenne
|
55
|
48
|
38
|
98
|
|
|
|
|
|
CaN40P0
|
17
|
|
42
|
|
CaN40P30
|
9
|
47
|
38
|
92
|
CaN80P30
|
45
|
51
|
36
|
90
|
Moyenne
|
24
|
49
|
39
|
91
|
|
|
|
|
|
Minimum
|
8
|
35
|
26
|
46
|
Moyenne
|
40
|
54
|
40
|
94
|
Maximum
|
86
|
72
|
54
|
117
|
|
|
|
|
|
3.2.2 Bilan des nutriments
Le bilan de nutriments N et P est basé sur l'estimation
des entrées et de sorties dans la couche de sol de 0 à 0,6 m
durant la première saison.
Les exportations de N dépassent largement la
quantité de fertilisant inorganique apportée dans tous les
systèmes culturaux. Dans le système de maïs continu, les
exportations de N varient de 78 à 112 kg N ha-1 ; de 115
à 180 kg N ha-1 pour le système maïs - mucuna et
de 98 à 137 kg N ha-1 pour le système maïs -
cajan. On constate qu'il y a eu une consommation luxuriante de N en observant
les traitements de 40 kg N ha-1 et de 80 kg N ha-1 dans
le systèmes de maïs continu et de maïs - mucuna car les
rendements en grains qui en est issus sont statistiquement identiques (Tableau
6).
Par ailleurs, on note que dans la plupart des cas, les
exportations de N excèdent la teneur initiale du sol en N et la dose de
N apportée. Dans le système maïs continu, ces
excédents vont jusqu'à 67 kg N ha-1, entre 8 et 24 kg
N ha-1 dans le système maïs - mucuna et
entre 13 et 45 kg N ha-1 dans le système maïs - cajan.
Ceci démontre que la quantité de N pour satisfaire ces rendements
n'est pas disponible dans le sol de culture. Ce qui induit le fait que le bilan
de N minéral soit négatif dans presque tous les systèmes
culturaux. On se pose alors la question d'où provient le N
complémentaire dans la mesure où ces rendements ont
été acquis. L'explication plausible de cette situation est que le
complément en N proviendrait des dépositions
atmosphériques de N et de la minéralisation du N organique
(matière organique).
Les dépositions atmosphériques de N (13,9
kg.ha-1) ne sont pas négligeables devant la
minéralisation de la matière organique du fait des conditions
pédoclimatiques de l'Afrique de l'Ouest. En moyenne, ces gains de N
provenant de la minéralisation du N organique sont fort dans le
système maïs continu (56 kg N ha-1),
intermédiaire dans le système maïs - mucuna (38 kg N
ha-1) et faible dans le système maïs - cajan (31 kg N
ha-1).
Ceci démontre que le système de maïs
continu appauvrie davantage le sol que les autres systèmes de production
car il favorise une plus grande minéralisation de la matière
organique du sol entraînant la chute de son taux dans le sol ; ce
qui conduit à un sol minier très peu productif. Cela explique
aisément les conditions de production d'antan ayant conduit à
l'état actuel de l'agriculture en Afrique de l'Ouest (agriculture
minière). Les plantes de couverture utilisées (mucuna et cajan)
ont permis non seulement d'augmenter la teneur du sol en matière
organique mais aussi de temporiser sa minéralisation et l'enrichir en N
tout en produisant mieux du maïs. Par rapport à la teneur du sol en
NO3-N, le système maïs continu a perdu 93% de son
NO3-N tandis que le système de maïs - mucuna et le
système de maïs - cajan en n'ont perdu que 26% et 28%
respectivement. Ceci traduit encore la potentialité des plantes de
couverture à soutenir la production de maïs. Sogbedji et
al. (2006) ont trouvé que l'utilisation du mucuna et du cajan comme
plantes de couverture à une fréquence de 1 sur 4 saisons de pluie
augmente, par rapport à la teneur initiale, le taux de NO3-N
du sol de 39% et 3,6% respectivement tandis que la culture continu du maïs
fait perdre au système jusqu'à 57,8% de NO3-N. Ce qui
confirme le potentiel des plantes de couverture à restaurer et/ou
conserver les sols et la capacité de la monoculture de
céréales à appauvrir davantage le sol.
Tableau 6 : Bilan de N et P sur une profondeur de
0 à 0,6 m du sol durant la première saison de culture
|
|
Azote (N)
|
|
|
Phosphore (P)
|
|
Paramètres
|
|
N0P0
|
N40P0
|
N40P30
|
N80P30
|
|
N0P0
|
N40P0
|
N40P30
|
N80P30
|
|
|
__________________________Kg.ha-1__________________________
|
Teneur initiale du sol (+)
|
45,2
|
45,2
|
45,2
|
45,2
|
|
262,1
|
262,1
|
262,1
|
262,1
|
Engrais appliqués (+)
|
0,0
|
40,0
|
40,0
|
80,0
|
|
0,0
|
0,0
|
30,0
|
30,0
|
Déposition atm. de N (+)
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Teneur finale du sol (-)
|
59,9
|
19,5
|
20,3
|
26,0
|
|
251,1
|
218,6
|
221,4
|
254,8
|
Exportations (-)
|
112,2
|
85,1
|
78,0
|
108,4
|
|
55,9
|
36,8
|
35,8
|
52,7
|
Solde inexpliquée
|
-140,7
|
-33,3
|
-27,0
|
-23,1
|
|
-44,9
|
6,7
|
34,9
|
-15,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Système Maïs - Mucuna
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Teneur initiale du sol (+)
|
91,5
|
91,5
|
91,5
|
91,5
|
|
278,0
|
278,0
|
278,0
|
278,0
|
Engrais appliqués (+)
|
0,0
|
40,0
|
40,0
|
80,0
|
|
0,0
|
0,0
|
30,0
|
30,0
|
Déposition atm. de N (+)
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Teneur finale du sol (-)
|
13,3
|
4,8
|
16,2
|
20,6
|
|
247,4
|
196,0
|
266,4
|
208,5
|
Exportations (-)
|
115,2
|
142,7
|
128,5
|
179,8
|
|
45,2
|
65,1
|
53,9
|
69,1
|
Solde inexpliquée
|
-51,0
|
-30,0
|
-27,1
|
-42,9
|
|
-14,6
|
16,9
|
-12,3
|
30,4
|
|
|
|
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|
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Système Maïs - Cajan
|
|
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|
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Teneur initiale du sol (+)
|
83,5
|
83,5
|
83,5
|
83,5
|
|
279,9
|
279,9
|
279,9
|
279,9
|
Engrais appliqués (+)
|
0,0
|
40,0
|
40,0
|
80,0
|
|
0,0
|
0,0
|
30,0
|
30,0
|
Déposition atm. de N (+)
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
13,9
|
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Teneur finale du sol (-)
|
12,2
|
12,0
|
9,4
|
27,8
|
|
233,9
|
310,5
|
306,8
|
256,0
|
Exportations (-)
|
128,0
|
97,6
|
136,9
|
137,1
|
|
47,8
|
39,8
|
56,7
|
53,2
|
Solde inexpliquée
|
-70,6
|
0,1
|
-36,6
|
-15,3
|
|
-1,9
|
-70,5
|
-53,7
|
0,7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
(+) traduit une entrée; (-) traduit une sortie ;
atm. : atmosphérique
Les exportations de P sont excédentaires par rapport
aux doses de P appliquées lors des essais. Mais le bilan de P est
notablement influencé par la teneur initiale du sol en P assimilable. En
début d'expérimentation, les teneurs du sol en P assimilable sont
en moyenne de 262 kg.ha-1, 278 kg.ha-1 et 280
kg.ha-1 respectivement dans le système maïs continu, le
système maïs - mucuna et le système maïs - cajan
(Tableau 7). Dans le système de maïs continu, les exportations de P
varient de 36 à 56 kg P ha-1, de 45 à 59 kg P
ha-1 pour le système maïs - mucuna et de 40 à 57
kg P ha-1 pour le système maïs - cajan. En moyenne, les
résultats du bilan de P sont négatifs dans le système de
maïs continu (-5 kg.ha-1) et dans le système de
maïs - cajan (-31 kg.ha-1) mais sont positif dans le
système de maïs - mucuna (5 kg.ha-1). Ce qui signifie
que dans ce dernier système le P est toujours présent dans la
couche du sol et représente la fraction de P assimilable issue de la
minéralisation qui est restée dans le sol après sa
précipitation chimique par les sesquioxydes de fer et d'aluminium du
sol. Dans les autres systèmes, le complexe organique a dû se
minéraliser pour fournir du P pour la production. Ce qui appauvrit le
sol. Les pertes de P assimilable par le sol sont fortes dans le système
maïs continu et dans le système maïs - cajan (10% et 11%
respectivement) et faible dans le système maïs - mucuna (7%). Ces
résultats traduisent le fait que la cajan requérait beaucoup plus
de P pour croître ou que la biomasse de cajan n'est pas riche en P pour
améliorer le statut du sol en P. Ce qui a exigé la
minéralisation de P organique (matière organique) et a appauvri
davantage le sol. Le mucuna se présente, dans ces conditions, plus
favorable pour l'amélioration du statut de P du sol. Ceci confirme les
trouvailles de Sogbedji et al. (2006) qui indiquent qu'en moyenne le
système de maïs - mucuna favorise une augmentation du taux de P
assimilable résiduel de 50% et 53% par rapport au système
maïs continu et au système maïs - cajan respectivement.
Dans tous les systèmes, on remarque que
l'évolution des exportations de N n'est pas proportionnelle aux doses de
N apportées mais semble suivre la disponibilité de P. Dans les
systèmes de maïs continu et de maïs - cajan, lorsque l'on
augmente la dose de N de 40 kg N ha-1, les exportations de N et de P
chutent et avec l'apport de 30 kg P N ha-1, les exportations de P
sont stagnantes mais celles de N chute davantage. Cependant, l'apport
supplémentaire de 40 kg N ha-1 dans ces conditions augmente
les exportations aussi bien de N que de P. Dans le système de maïs
- mucuna, lorsque l'on augmente la dose de N de 40 kg N ha-1, les
exportations de N et de P s'augmentent et avec l'apport de 30 kg P N ha-1
les exportations de P et de N chutent mais sont supérieures aux
états initiaux. L'apport supplémentaire de 40 kg N
ha-1 dans ces conditions augmente davantage les exportations aussi
bien de N que de P.
De tout ce qui précède, on constate
aisément que durant la PS, le mucuna favorise l'amélioration du
statut nutritionnel du sol en N et en P que le cajan. Ceci a induit un
intérêt pour la dynamique de N et P dans le système
maïs - mucuna en seconde saison (SS) face à la monoculture du
maïs en appliquant les doses extrêmes d'engrais de l'étude
(N80P30K60).
CONCLUSIONS
La présente étude a eu pour objet de rechercher
les possibilités d'amélioration de la fertilité des sols
et d'accroissement de la productivité de la culture de maïs sous
différents systèmes de production agricole afin d'identifier les
systèmes culturaux les plus appropriés pour l'optimisation des
rendements du maïs et empêcher les pertes de nutriments du sol. Des
essais au champ ont été menés dans les systèmes
culturaux incluant les plantes de couverture (mucuna et cajan) sur sol
ferralitique d'Afrique de l'Ouest. Au terme des travaux, les principales
tendances sont les suivantes :
- Pendant la première saison, les rendements varient de
3,00 - 6,16 Mg.ha-1 dans le système de maïs continu, de
4,31 - 5,92 Mg.ha-1 dans le système maïs - cajan et de
5,06 - 6,68 Mg.ha-1 dans le système maïs - mucuna. Au
cours de la seconde saison, les rendements varient de 3,03 - 4,61 Mg.ha-1
dans le système de maïs continu, de 5,26 - 5,45
Mg.ha-1 dans le système maïs - cajan et de 4,84 - 5,85
Mg.ha-1 dans le système maïs - mucuna.
- L'incorporation de la biomasse du mucuna au sol de culture
sans apport d'engrais minéraux permet de produire autant de maïs
que l'application des engrais minéraux à des doses de
N40P0K60 et
N40P30K60. Le mucuna seul engendre une
augmentation de rendement du maïs de l'ordre de 38 - 57% par rapport
à la monoculture du maïs tandis que le cajan induit une
augmentation de rendement de l'ordre de 30 - 49%.
- La masse de 1000 grains est invariante (282 #177; 23 g) et
la formation du rendement de maïs est déterminée par la
productivité de chaque plant de maïs et l'indice de récolte
correspondant.
- La concentration en nutriments varie considérablement
dans les grains de même que dans les pailles. Dans les grains, la teneur
en N et en P est forte dans le système maïs - mucuna (16,2 g N
kg-1 et 6,7 g P kg-1) de même que dans les pailles
(7,1 g N kg-1 et 3,4 g P kg-1).
- L'absorption des nutriments par les plants de maïs est
en moyenne de 121 kg N ha-1 et 51 kg P ha-1 produisant un
rendement moyen de 5,4 Mg.ha-1 dans tous les systèmes
culturaux. L'indice de récolte du nutriment N (0,62) et l'indice de
récolte du nutriment P (0,59) sont similaires dans les trois
systèmes.
- L'efficacité d'utilisation de l'eau est meilleure
dans le système maïs - mucuna durant la première saison
(1,02 kg.m-3) de même durant la seconde saison (4,21
kg.m-3). On note qu'il y a une meilleure utilisation de l'eau en
seconde saison (3,8 kg.m-3) qu'en première saison (0,9
kg.m-3).
- Les efficacités agronomiques de N et de P sont
meilleures dans le système maïs continu (62 Mg N ha-1 et
92 Mg P ha-1) en première saison de même qu'au cours de
la seconde saison (31 Mg N ha-1 et 50 Mg P ha-1). On note
qu'il y a une meilleure efficacité agronomique de N en première
saison (44 Mg.ha-1) qu'en seconde saison (20 Mg.ha-1). Le
taux de recouvrement de N est meilleur dans le système maïs -
mucuna (55%) tandis que le taux de recouvrement de P est plus fort dans le
système maïs continu (63%).
- Les bilans de N et de P dans les systèmes sont en
général négatifs sauf pour le P dans le système
maïs - mucuna où il est positif. Pendant la première saison,
le système maïs continu a perdu 93% de N et 10% de P tandis que le
système de maïs - cajan ne perd que 28% de N et 11% de P et le
système de maïs - mucuna encore moins (26% de N et 7% de P).
Somme toute, la continuité de cette étude sur
une plus longue période est indispensable pour confirmer ou infirmer ces
conclusions. L'approche de la modélisation semble être utile
à cet effet.
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