Les implications socio-sémiotiques et esthétiques du partage des photos numériques et des MMSpar Mahdi AMRI Université Bordeaux 3 - Master 2 R Sciences de l'Information et de la Communication 2006 |
PHOTOS NUMERIQUES :ASPECTS SOCIO-SEMIOTIQUESIntroduction Nous utilisons fréquemment les expressions « images numériques » ou « photographies numériques » en opposition à « images argentiques » ou « images photographiques ». Une certaine ambiguïté réside dans la juxtaposition des deux termes « photographie » et « numérique » qui en fait se contredisent.38(*) Le terme même de « photographie numérique » est à examiner minutieusement surtout si l'on sait que « photographie » signifie écriture de la lumière. À l'évidence avec le numérique, nous ne sommes plus dans l'écriture de la lumière, mais dans l'écriture d'un langage algorithmique.39(*) Toutefois, par « photographie numérique », on fait référence au fichier obtenu lors de la prise de vue (avec un caméscope numérique ou après la numérisation d'une image). Ce n'est pas en soi la question identitaire de ces images qui nous intéresse ici - nous utiliserons le terme « image numérique » ou « photographie numérique » pour désigner le même objet - mais plutôt l'étude de leurs aspects socio-sémiotiques (notamment esthétiques) qui constituera le coeur de cette recherche. Images numériques et aspects socio-sémiotiquesL'apparition desdites "nouvelles technologies de l'image" semble bouleverser profondément le régime de la représentation optique et instaurer un nouvel ordre visuel 40(*), une nouvelle économie symbolique de l'image marquée par une rupture radicale non seulement dans la morphogenèse de l'image mais dans sa distribution et dans sa socialisation. Les images numériques que certains ne considèrent tout au plus que comme une mode passagère sont pour certains d'autres des images nouvelles qui annoncent une nouvelle ère pour la figuration. En effet, il n'est pas difficile de comprendre que la nouveauté de ces images est si largement défendue que les industries culturelles elles-mêmes ont tout intérêt à faire du numérique un phénomène de consommation, le vecteur d'un monde entièrement neuf, qui pourrait advenir hors de toute histoire et de toute culture.41(*) Cependant, n'étant pas si nouvelles qu'on le dit, les images numériques s'inscrivent dans une histoire à laquelle des acteurs humains ont participé - depuis les recherches inaugurées par les militaires dans les années qui suivent la Seconde Guerre mondiale, passant par la synthèse d'image qui date de 1963 pour le domaine civil jusqu'à l'irruption des images numériques dans les différents champs médiatiques à partir des années 1970. Bien qu'elles soient en pleine évolution et capables d'atteindre une complexité que nous ne prévoyons pas, il est déjà possible de relever les caractères spécifiques et inaliénables de ces nouvelles images : elles sont générées par du langage, elles sont algorithmiques (produites par du calcul) et elles sont dématérialisées. * 38 LAVEDRINE B. (1999), « La conservation du numérique et ses enjeux », Actes de la journée : Image scientifique, de l'argentique au numérique, IRD / Institut Pasteur, Paris , p. 2. www.ird.fr/fr/info/phototheque/arret/lavedr.pdf * 39 Cet article a été rédigé à partir d'une conférence publique donnée le 29 mars 2001, lors du cycle de conférences « Les jeudis de la Sorbonne » consacré au thème « La Photographie et le Multimédia ». Ce cycle de conférences est organisé par le second cycle de Conception et Mise en OEuvre de Projets Culturels de l'Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Cette conférence consacrée à la Photographie et au Multimédia a été organisée et transcrite par Aldjia Aneb, Léticia Dargère et Anne-Laure Zini. * 40 COUCHOT E. (1987), « Sujet, Objet, Image », Cahiers internationaux de sociologie, vol LXXXII, Paris, PUF, pp. 85-97. * 41 Entretien avec Louise MERZEAU, document remis par Thierry LANCIEN, Université Bordeaux III, p. 2. |
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