§ 2 Les principes
d'une réforme nécessaire du modèle français
La répartition géographique des prisons
françaises et la mobilité demandée aux détenus
entre ces prisons pour des raisons de sécurité, ne facilitent pas
le maintien de liens familiaux. D'autant que c'est aux détenus
criminels, et plus particulièrement ceux considérés comme
dangereux, que s'adresse cette mobilité. C'est pourtant cette population
qui nécessite plus particulièrement une préservation des
quelques liens familiaux qu'ils peuvent avoir. Une création
d'établissement pénitentiaire liée aux infractions,
permettrait en partie de stabiliser ces populations migrantes, aidant d'autant
à la normalisation des rapports entre ceux de dedans et ceux de dehors.
Les frais occasionnés par les voyages, ceux du logement
que l'on doit prendre sur place et tous les autres « faux
frais », alourdissent les charges qui pèsent sur la famille du
détenu. Après quelques semaines ou quelques mois, les
économies fondent. L'argent nécessaire pour faire face aux
dépenses de plus en plus pressantes est de plus en plus difficile
à trouver. Les visites s'espacent graduellement. Les rapports se tendent
et le malaise s'installe. Maris et femmes découvrent qu'ils sont entrain
de devenir étrangers l'un pour l'autre. Puis, un jour, le conjoint ne
vient plus.
Outre le plan financier, les familles de détenus ont
à se confronter au regard de la société qui est bien
souvent pesant. Inévitablement un ressentiment à l'égard
du conjoint incarcéré va se développer. Si les
échanges entre les époux ne se font pas à ce moment
là, afin que la communication conjugale puisse désamorcer la
crise montante, les couples finissent par se déchirer faute de n'avoir
pu dialoguer sur leur situation familiale. Et ce d'autant que faire une visite
en milieu carcéral est souvent vécue comme une épreuve. En
effet, les membres des familles de détenus doivent se conformer aux
règles astreignantes de la sécurité, qui sont autant de
facteurs démobilisateurs de prochaines visites. La prison d'Avignon-Le
Pontet et son unité d'accueil des familles permet de réduire le
caractère disqualifiant de ces visites. La mise en place de telles
structures géographiquement extérieure à la prison, mais
toutefois directement reliées au service des visites, permettent souvent
de faire comprendre aux familles les impératifs auxquels sont soumis
leurs visites, et les droits auxquels elles peuvent prétendre. De petits
box pour les effets personnels et un espace de convivialité finissent
par créer un espace relativement accueillant.
Le développent des Unités de Vie Familiale
doivent être une priorité. Sans revenir sur
l'intérêts de ces structures, il est important de remarquer que le
projet d'ouverture de ces unités a pris du retard à cause d'une
mauvaise appréciation politique du Garde des Sceaux de l'époque,
Monsieur Dominique PERBEN. Il est donc nécessaire que désormais
le politique prenne conscience de l'urgence en la matière.
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