UNIVERSITE CATHOLIQUE DE BUKAVU
(U.C.B.)
B.P. 285 BUKAVU
FACULTE DE DROIT
PROMOTION: PREMIERE LICENCE
TRAVAIL DE RELATIONS INTERNATIONALES
AFRICAINES
La Souveraineté et l'Intégration
régionale
Présenté par : Justin BAHIRWE
MUTABUNGA
Directeur : Doctorand ABBAS SAID Ahmed
ANNEE ACADEMIQUE :
2006-2007.
INTRODUCTION GENERALE
Parler de la souveraineté et de l'intégration
régionale, réfère au concept d'Etats indépendants
ou nouvellement crées qui bénéficient de la
plénitude des prérogatives internationales et qui veulent mettre
en profit ces attributs aux fins d'une réalisation de certains objectifs
par eux définis, comme la défense mutuelle, les échanges
commerciaux, etc.
Pour qualifier cette situation, l'on a souvent usé du
terme souveraineté qui, dans la recherche des caractéristiques de
l'Etat, s'ajoute aux critères matériels ou aux composantes de
caractères politico-social, de territoire, population et organisation
politique. Bref, c'est la tripartite, gouvernement- territoire-population.
La doctrine soutient que la souveraineté est la
manifestation par excellence de l'existence de l'Etat sur la scène
internationale (voire régionale), qu'elle renferme dans sa connotation
un ensemble de compétences dévalues à l'Etat et qu'elle
désigne de caractère des pouvoirs à lui reconnus1(*).
L'on comprend donc, que c'est grâce à la
souveraineté qu'un Etat peut se permettre d'intégrer une
organisation régionale.
Pour PUCHALA D., l'intégration régionale, dans
une analyse en termes dynamiques, est présentée comme un
processus de transformation du système au niveau de la politique
internationale et qui implique divers changements tant dans la structure que
dans le style et l'atmosphère des relations entre les Etats parties au
système régional2(*).
Le processus de transformation du système au niveau de
la politique internationale ou régionale développé par
PUCHALA, semble être une limite au concept de souveraineté :
ceci nous fait dire qu'on semble se trouver au centre d'un système
antianémique. La soumission ne permettrait pas à l'Etat d'exercer
toujours sa souveraineté sur le plan régional ; elle
constituerait, pour l'Etat, l'aliénation d'une partie de sa
souveraineté.
L'on est donc en droit de se poser une question
cruciale : comment la souveraineté de l'Etat continue-t-elle
à se manifester dans le cadre de l'intégration
régionale ?
Construire une réponse à cette question permet
de déterminer les garanties accordées à l'Etat pour
exercer sa souveraineté tout en respectant ses obligations envers
l'organisation, aussi, la souveraineté consiste dans cette
liberté permettant à son titulaire de répidier à
son engagement quand il le jugera nécessaire.
Eu égard au contour que revêt le présent
travail, nous allons nous inspirer de la technique documentaire. De ce fait,
notre travail puisera ses matériaux dans les différents, textes
constitutifs de certaines organisations régionales, mais
également dans la doctrine.
En plus de l'introduction, le présent travail portera
sur deux chapitres. Le premier traitera de la souveraineté dans sa
spécificité et le second abordera le problème de
l'intégration régionale. Viendra enfin une conclusion
générale.
CHAP I : LA SOUVERAINETE DANS SA SPECIFICITE
Section 1ère : Aperçu
général
Concrètement, la souveraineté est la
faculté pour un Etat d'agir librement, sans aucune contrainte et d'une
manière égale sur la scène internationale face à
un autre Etat.
La souveraineté, comme la définit le Larousse,
est la qualité d'un pouvoir suprême reconnue à l'Etat, qui
implique l'exclusivité de sa compétence sur le territoire
national (souveraineté interne) et non indépendance absolue dans
l'ordre internationale ou il n'est limité que par ces propres
engagements (souveraineté externe)3(*).
§1. Origine et portée de la
souveraineté.
A. Origine.
La souveraineté, comme principe cardinal des Etats, a
le même âge que l'Etat
lui-même4(*).
B. Portée du
principe
Le principe d'égalité souveraine affirmé
dans la charte des Nations Unies,
repris dans les actes constitutifs des toutes les
organisations internationales et régionales, dans les traités de
coexistence pacifique ainsi que dans les communiqués entre
gouvernements, constitue un des fondement du droit contemporain.
§2. La souveraineté Interne et
Externe.
Le mot souveraineté utilisé tout court ou dans
sa monographie, traduit donc à la fois la notion de souveraineté
dans l'Etat et celle de souveraineté de l'Etat.
A. La souveraineté dans
l'Etat
Cette première acception se rapporte à la
souveraineté intérieure qui se définit en droit interne
par son contenu positif de plénitude des pouvoirs que l'Etat exerce sur
ce qui lui sont soumis, c'est-à-dire ses sujets ; il n'admet point
de collectivité à lui supérieure5(*). C'est en quelque sorte la
portée du principe de non ingérence dans les affaires internes de
l'Etat ou des peuples à disposer d'eux mêmes.
B. La souveraineté de
l'Etat
La seconde acception, quant à elle, se rapporte
à la souveraineté extérieure
qui ne s'analyse pas en des termes positifs, comme un ensemble
des pouvoirs que l'Etat détiendrait sur ses sujets au sur les autres,
mais se définit négativement comme la non- soumission à
une autorité supérieure ; le fait de n'être le sujet
(au sens d'assujetti) d'aucun autre sujet (au sens juridique)6(*)
L'idée de souveraineté-indépendance
comporte comme corollaire
immédiat l'égalité des Etats; tous sont
égaux, et à cet titre, négocient et discutent leurs
accords sur base de l'égalité et de la liberté
contractuelle.
Cependant, tout Etat, en adhérant à
l'organisation régionale (comme l'union africaine, l'union
européenne, etc), doit en adopter la charité qui contient des
devoirs et obligations auxquels l'Etat est tenu de se soumettre : ce qui
est une limite considérable audit principe dont nous examinons.
Section 2ème : les limites de la
souveraineté
Le principe de non intervention est en corollaire de celui
d'égalité. Les collectivités étant égale
entre elles, il existe un principe de respect réciproque des pouvoirs de
chaque Etat. Mais comme nous le fait observer MAPUYA, ce principe est
essentiellement d'ordre politique. A ce titre, il est d'une application fort et
difficile7(*). L'histoire de
relations internationales montre que les hypothèses d'intervention sont
beaucoup plus fréquentes que celles de non intervention même et
est appliqué comme signifiant tant à la fois la non intervention
de certains Etats et l'intervention d'autres : ce qui nous amène
à analyser les limites proprement dites.
§1. L'intervention
sollicitée
Elle est légitime dans une communauté
d'Etats ; celui qui est en difficulté peut appeler les autres au
secours : ce fut le cas de la RDC en 1998. Dans le cadre du SADEC,
l'Angola, le Zimbabwe et la Namibie étaient venus l'assister pour lutter
contre les rébellions survenues de part le pays.
Cette intervention doit normalement obéir à deux
conditions du droit international public: elle ne doit pas être
entachée des nullités, comme l'annexion d'une partie d'un autre
Etat, également elle ne doit pas avoir pour objet la violation d'une
règle du droit des gens.
§2. L'intervention dite
humanitaire
Elle se conçoit par exemple, lorsqu'un Etat
donné viole le droit humanitaire et que d'autres Etats doivent
intervenir pour le contraindre à cesser les exactions. Cette
hypothèse est envisageable au Sud Soudan, plus précisément
dans le DARFOUR. Le président EL BECHIR, en face d'une grande violation
du droit humanitaire, doit cesser de blandir la non intervention dans les
affaires intérieures de son pays : c'est la raison pour laquelle,
la communauté internationale à d'ailleurs raison de venir
suppléer l'union africaine qui ne semble pas être à la
hauteur du travail à abattre.
§3. L'intégration régionale
Elle constitue une limite par excellence au principe de la
souveraineté. Grâce aux multiples avantages qu'elle
présente, les Etats sont obligés, dans certaines mesures
d'aliéner une partie de leur souveraineté aux fins de permettre
à l'organisation de mieux réaliser ses objectifs et son objectif
a lui assignés.
C'est ce que veut dire l'art 277 de la constitution de la
République Démocratique du Congo qui dispose que :
« la République Démocratique du Congo peut conclure des
traités ou des accords d'association ou de communauté portant un
abandon partiel de souveraineté en vue de promouvoir l'unité
africaine ». L'intégration régionale constitue, de ce
fait, l'objet de notre second chapitre.
CHAP II : LA PROBLEMATIQUE DE L'INTEGRATION
REGIONALE
Section 1 : La conception de l'intégration
régionale
§1. D'où vient la volonté
d'intégration ?
Cette question est cruciale et mérite d'être
posée. ERNEST Harsch, dans son article sur « la
concrétisation de l'intégration africaine », souligne
que la volonté de l'intégration ne vient pas seulement des
dirigeants mais à de nombreux niveaux de la société.
§2. Les avantages de l'intégration
régionale
Si l'intégration régionale entraîne une
aliénation d'une partie de la souveraineté, elle a cependant
plusieurs avantages. L'on peut citer entre autre l'élargissement des
marchés régionaux qui donnent aux producteurs et aux
consommateurs davantage de possibilités, bien au-delà des
marchés parfois de leurs propres pats. Elle facilite la circulation
d'un cours de change unique (cas de l'union Européenne), la mise sur
pied de certaines institutions communes à toute l'organisation, elle
peut réduire les coûts de la mise en place d'infrastructures
essentielles; comme le transports, les communications, l'énergie, les
systèmes d'approvisionnement en eau et la recherche scientifique et
technologique qu'un pays ne peut souvent financer à lui seul.
En même temps, elle facilite les investissements
à grande échelle.
Section 2 : L'intégration régionale
du type africain.
§1. La souveraineté comme obstacle
majeur à l'intégration africaine.
SOLDATOS Ponayotis affirme que : « si l'on
veut freiner le rythme de l'intégration, l'empêcher de parcourir
de nouvelles étapes intégratives, la douer au sol, en
écartant toute virtualité intégrative
ultérieure», le moyen est de la doter d'une armature
intergouvernementale qui ne dégage pas une dynamique institutionnelle
suffisante d'engrainage structurel, fonctionnel et de socialisation, mais qui
favorise plutôt de nombreux blocages fonctionnels.8(*)
Il nous semble donc que l'une des causes majeures de la
stérilité des organisations régionales africaines et,
partant de l'échec de l'intégration régionale en Afrique
réside alors dans la faiblesse du cadre institutionnel
décisionnel. Sa nature molle fait que les processus de regroupement
régional en Afrique sont piégés et prisonniers du carcan
des souverainetés étatiques : c'est ce qui explique, entre
autres facteurs, qu'on sein des organisations régionales africaines on
parle beaucoup pour ne rien faire ou presque.
§2. Perspectives d'avenir pour
l'intégration régionale africaine.
Si les tentatives d'intégration ont jusqu'ici
échoué en Afrique, estiment de nombreux membres de la
société civile lors du Forum africain du développement
organisé en mars 2002 par la CEA à Addis-Abeba, c'est en grande
partie parce que les dirigeants africains n'ont pas consultés leurs
citoyens lors de l'élaboration des stratégies et des programmes
d'intégration. Comme l'affirme d'ailleurs Moria NZOMO, professeur
à l'Université de Nairobi « le problème est
lié au manque de confiance vis-à-vis de nos
peuples ».
NTUMBA LWABA soutient que « le continent africain
se présente comme celui où la prolifération des
organisations régionales est la plus forte. L'on y dénombre
quelques 300 organisations dont 80% sont
intergouvernementales »9(*). Ceci amène à Marie-Claude SMOUTS de
dire que : « trente ans après les
indépendances...les résultats sont loin d'être
proportionnels à cette ébauche
organisationnelle »1(*)0
Tenant compte de ce qui précède, nous
comprenons donc que, tant que le rôle et l'importance du système
institutionnel-décisionnel dans le processus intégral ne seront
pas suffisamment pris en compte, et que la prédominance de
l'intergouvernementalité sera sans limite, entraînant de ce fait
l'effacement des organes intégrés, l'intégration
régionale africaine aura du mal à décoller. D'où,
il serait mieux de procéder à la consolidation de l'armature
normativo-institutionnelle des organisations régionales africaines.
CONCLUSION GENERALE
L'objet de notre travail était de faire une
étude sur la souveraineté et l'intégration
régionale. Nous avons de ce fait, passé en revue d'une part, la
souveraineté et l'intégration régionale de l'autre.
Ce pendant, il appert que l'intégration
régionale constitue une limite par excellence au principe de la
souveraineté Etatique. Toutefois, loin, d'être un
tempérament, l'intégration régionale contient de nombreux
avantages lesquels nous avons eu à soulever le long de notre second
chapitre.
Contrairement à l'union Européenne qui a
atteint un niveau d'intégration régional plus avancé, les
Etats Africains semblent restés foisonnés dans leur carcan de
souveraineté au mépris des avantages que procure
l'intégration régionale ; et lorsqu'ils s'engagent, souvent
ils le font sans consulter leurs populations sur certaines matières, par
voie référendaire, comme ce fut dernièrement le cas au
niveau de l'union Européenne lors de l'adoption de la constitution de
l'union.
Les Etats Africains doivent donc respecter certains des
objectifs qui étaient définis dans la charte de l'organisation de
l'unité Africaine, à savoir, « faire participer plus
activement à tout programme d'intégration les associations de la
société civile, les groupements professionnels, les cadres et
d'autres secteurs ».
A l'instar de la SADEC et de l'UEMOA qui, leurs Etats
membres, ont consentis à l'abandon d'une partie de leur
souveraineté au profit des organisations régionales, les autres
ont donc tout intérêt d'emboîter le pas. Aussi, une des
solutions à l'intégration régionale africaine,
consisterait à mettre en place d'intégrations sectorielles et
pour y parvenir, les leaders africains doivent faire preuve de pragmatisme et
d'imagination politique.
Le présent travail n'a pas la prétention
d'avoir épuisé les discussions sur cette question. Aussi, nous
demandons l'indulgence du lecteur face à des imperfections
inévitables. Nous espérons, néanmoins, que celui-ci
suscitera des discussions permettant une meilleure appréhension et une
plus grande maîtrise des relations entre les Etats. Puissent d'autres
recherches vérifier et compléter les présentes
hypothèses.
BIBLIOGRAPHIE
1. Charte de l'organisation de l'unité Africaine.
2. RANJEVA R. et CADOUX L., Droit International Public,
Paris, edicef, 1952.
3. COMBACOU J. et SUR S., Droit International Public,
Paris, Mentchrétien,
1995.
4. PUCHALA D., Patterns in West European
intégration, Rapport présenté au
congrès de l'American political science
association, Los Angeles, sept. 1970.
5. SMOUTS M.C., Les organisations Internationales,
Paris, Armand colin, 1995.
6. SOLDATOS P., Le système institutionnel et
politique, Bruxelles, Bruylant,
1989.
7. NTUMBA LWABA, La faiblesse du cadre Institutionnel
décisionnel comme frein à l'intégration régionale
africaine, in Etat, société et pouvoir à l'Aube du
XXIe siècle, Mélange à l'honneur
de François BORELLA, Université de Nancy 2, 1999.
8. Grands Dictionnaires Encyclopédiques, Tg,
Librairie Larousse, paris, 1985.
9. SAID ABASS AHAMED, Cours des Relations Internationales
Africaines,
U.C.B., L1 Droit, 2006-2007.
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE
CHAP.I. LA SOUVERAINETE DANS SA SPECIFICITE
Section 1ère :
Aperçu Général
§1. Origine et portée de la souveraineté
§2. La souveraineté interne et externe
Section 2ème : Les limites
de la souveraineté
§1. Le principe de l'intervention sollicitée
§2. Le principe de l'intervention humanitaire
§3. L'intégration régionale.
CHAP. II. LA PROBLEMATIQUE DE L'INTEGRATION REGIONALE
Section 1ère : La
conception d'intégration régionale.
§1. Les obstacles de l'intégration
régionale
§2. Les avantages de l'intégration
régionale
Section 2ème :
L'intégration régionale du type africain.
§1. La souveraineté comme obstacle majeur à
l'intégration régionale
africaine
§2. Perspectives d'avenir pour l'intégration
régionale africaine.
CONCLUSION GENERALE.
* 1 RANJEVA R. et CADOUX L.
Droit International Public, Paris, Edicef, 1952, p.229.
* 2 PUCHALA D., Patterns, in
west european intégration, Rapport présenté au
congrès de l'Américain political
science association, Los Angeles, sep. 1970, p.6.
* 3 Grands dictionnaires
Encyclopédiques, Tg, Librairie Larousse, Paris, 1985, p. 9952.
* 4 Op.cit, p. 1952,
Idem. P.9952.
* 5 COMBACOU J. et SUR S.,
Droit International Public, 2ème éd. Mont
chrétien, Paris, 1995, p. 23.
* 6 Op.cit, p.23
* 7 MAPUYA, Emergence des
nouveaux Etats et du Droit International, Kinshasa, P.U.Z. p.74.
* 8 SOLDATOS P. Le
système institutionnel et politique des communautés
économiques dans un monde en mutation, théorie et Pratique ,
Bruxelles, Bruylant, 1989, p.89
* 9 NTUMBA LWABA, La
faiblesse du cadre Institutionnel décisionnel comme frein à
l'intégration
régionale africaine, in Etat,
société et pouvoir à l'Aube du XXIe siècle,
Mélange à l'honneur de
François BORELLA, Université de Nancy 2,
1999. p. 335.
* 10 SMOUTS M.C., Les
Organisations Internationales, Paris, Armand Colin, 1995, p. 107.
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