III.3. Le temps des
traductions
A partir du V-VIème siècle, des traductions
latines anonymes ont été élaborées en Italie,
à l'intention de ceux qui ne maîtrisaient pas le grec. Les
traductions se distinguent par leur fidélité à
l'original.
Au même moment, l'Orient traduit à son tour
massivement des ouvrages grecs, essentiellement philosophiques et
scientifiques. Dès le VIème siècle, une douzaine de
traités hippocratiques sont traduits en syriaque par Serge de Res'ayna,
mais ne laissent aucune trace. Les premières traductions
conservées sont datées du IXème siècle,
élaborées dans le cadre de la maison de la sagesse. Le texte est
souvent traduit en syriaque puis en arabe. On retrouve ici l'influence de
Galien car sont traduits ceux qu'il a commentés et la traduction ne
reprend, souvent, que ses commentaires. On peut qualifier cet hippocratisme
à l'oriental d'hippocratisme galénique. Les savants arabes,
à leur tour, s'emparent de ces textes mis à leur disposition pour
rédiger des commentaires.
Le XIème siècle marque une étape
décisive dans l'histoire du Corpus. En effet, les traductions
arabes faites au IXème siècle arrivent en Occident où
elles sont retraduites en latin, notamment par Constantin l'Africain, ce qui
donne un nouvel essor aux études médicales dans le monde
occidental. A Salerne, apparaît une école qui appuie son
enseignement sur ce nouveau corpus de traductions qu'elle imposera
comme la « vulgate » du texte hippocratique durant
plusieurs siècle. Réduit aux Aphorismes, Pronostic,
Régime des maladies aiguës, l'ensemble s'étoffe et
entre dans le recueil de l'Articella, corpus de textes qui
figurent au programme des études médicales des premières
grandes universités du Moyen Âge, que sont Montpellier, Bologne,
et Paris. A leur tour, ces traductions donnent matière à des
commentaires rédigés par les professeurs de médecine dans
leur enseignement. Face aux pesanteurs de la traduction universitaire, d'autres
traductions, réalisées à partir du grec, ne parviennent
pas à s'imposer malgré leur grandes précisions :
L'Articella, imprimée en 1473 règnera jusqu'en 1525,
année où Calvus publie la première traduction latine de
l'ensemble du corpus faite sur le modèle grec hippocratique et
non galénique. La parutions en 1526, de la première
édition grecque chez les Aldes, par Jean-François d'Asola, marque
le début d'une nouvelle époque : à la scolastique du
Moyen-Âge succèdent les travaux des philologues, traducteurs et
éditeurs, qui se poursuivent encore.
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