La maladie sacrée, les parthenoi dans le regard de la médecine grecque( Télécharger le fichier original )par Virginie TORDEUX Université Rennes 2 - Master 2006 |
I. HIPPOCRATEFaire des recherches sur l'histoire de la médecine au Vème siècle fait émerger un homme : Hippocrate. C'est sans doute le prestige dont il est auréolé qui nous a permis de sauvegarder les ouvrages du Vème siècle que la postérité lui a attribué150(*). Pour connaître la médecine de la période classique, on ne dispose, en effet, d'aucune autre source que le corpus hippocratique151(*). Sans la renommée d'Hippocrate, il est probable que ces écrits auraient disparu comme les restes des travaux de ses confrères152(*). Le problème des sources médicales du IVème et Vème siècle réside dans le fait que nous ne disposons que de fragments à partir desquels il nous faut restituer avec prudence et méfiance153(*) sans la garantie de ne commettre aucune erreur154(*). I.1. Les témoignages des auteurs anciensBien des mythes entourent Hippocrate155(*). Sur l'île de Cos, on trouve, de nos jours, un platane sous lequel Hippocrate et ses disciples se seraient réunis. Or cet arbre est bien plus jeune qu'Hippocrate156(*). Les sources nous permettant de connaître le véritable Hippocrate sont littéraires157(*). Dans l'une de ses oeuvres de jeunesse, Protagoras, Platon158(*), choisit comme personnage un Athénien nommé Hippocrate. Socrate159(*) lui demande ce qu'il attend de l'enseignement de Protagoras160(*). Pour ce faire, il le fait réfléchir sur des exemples : « supposons que l'idée te fût venue d'aller trouver ton homonyme, Hippocrate de Cos l'Asclépiade, et de lui offrir de l'argent pour qu'il s'occupa de toi ; à quel titre cet Hippocrate recevrait-il ton argent ?_Je répondrais, dit-il, à titre de médecin. Et que voudrais-tu devenir toi-même ?_Médecin. » Cette oeuvre est écrite par Platon au début du IVème siècle mais le dialogue s'est déroulé plus tôt, aux alentours de 430161(*). Ainsi, on peut donc en conclure qu'Hippocrate est connu dès le Vème siècle pour son enseignement et qu'il est considéré comme le représentant de l'art médical. On retrouve des allusions à Hippocrate dans d'autres oeuvres de Platon tel que Phèdre, ou Politique : « On peut dire qu'Hippocrate est plus grand, non pas comme homme mais comme médecin, que quelque autre qui lui serait supérieur en taille » Ici, alors que le prénom Hippocrate est très répandu, on ne mentionne plus Hippocrate de Cos l'Asclépiade ce qui corrobore la thèse de sa célébrité162(*). On retrouve Hippocrate dans d'autres oeuvres tel les Thesmophories d'Aristophane163(*) et la Politique d'Aristote164(*). Ces témoignages attestent donc de l'existence historique d'Hippocrate, des lieux dans lesquels il vécut, la notoriété de son enseignement et sa réputation après sa mort. * 150 Jacques Jouanna, L'Art de la médecine, Paris, Flammarion, 1999, 362p. * 151 René Taton, op. cit. note 131. * 152 Jacques Jouanna, , op. cit., L'Art de la médecine, p 8. * 153 René Taton, op. cit. * 154 Voir le débat, dans la partie sur la maladie sacrée concernant l'unité de l'auteur du traité. * 155 Jacques Jouanna, « Hippocrate de Cos » pp 13-42, Hippocrate, Paris, Fayard, 1992. * 156 Ibid., p 13. * 157 Ibid., p 15. * 158 Platon : (428-348), philosophe grec, disciple de Socrate. * 159 Socrate : (470-399), philosophe grec. Accusé d'impiété et de corruption de la jeunesse, il est condamné à mort par le tribunal populaire d'Athènes, l'héliée. * 160 sophiste ayant donné des conférences à Athènes. * 161 Jacques Jouanna, op. cit. p 16. * 162 Ibid., p 18. * 163 Aristophane (445-380), poète comique. * 164 Aristote (384-322), philosophe grec, fils du médecin Nicomaque. |
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