Université de perpignan Via Domicia
La question Kaliningrad dans les relations UE - Russie
Dédicaces ;
Je dédie ce travail à
Mes parents en reconnaissance aux efforts et sacrifices qu'ils
ont consentis en ma faveur.
Mon frère et mes soeurs pour leur soutien moral tout aux
long de mon cursus universitaire.
La mémoire de ma grande mère,
A tous mes amis et tous ceux qui me sont chers.
Remerciement ;
Je remercie Le professeur Christophe EUZET, pour son
intérêt pour mon travail ;
Je remercie également la Bibliothèque
universitaire de perpignan pour la disponibilité des ouvrages dans leurs
rayons, et l'accès à Internet ;
Enfin j'exprime ma sincère reconnaissance et mon profond
attachement à l'égard de mes parents et de mes amis pour leur
soutien durant ces toutes dernières années, ce qui ma permis de
mener à bien ce travail.
SOMMAIRE
PREMIERE PARTIE
UNION EUROPEENNE - RUSSIE LES RELATIONS BILATERALES ET LES PRINCIPAUX THEMES DE
COOPERATION
CHAPITRE I
LES FONDEMENTS DU
PARTENARIAT UNION EUROPEENNE RUSSIE
Section 1 : Principes
Fondateurs
Section 2 : Les Programmes De Coopération
CHAPITRE II
LES RELATIONS ECONOMIQUES,
SCIENTIFIQUES ET CULTURELLES
Section 1 : Une Forte Intégration Économique
Section 2 : La
Coopération Dans Le Domaine Scientifique Et Culturelle
DEUXIEME PARTIE
LA QUESTION KALININGRAD
CHAPITRE I
L'EUROPE FACE A UN NOUVEAU
DEPARTEMENT D'OUTRE TERRE
Section 1 : Kaliningrad Ex
Königsberg
Section 2 : Kaliningrad
Entre Russie Et Union Européenne
CHAPITRE II
L'UNION EUROPEENNE ET KALININGRAD
Section 1 :
Conséquence Du Processus De L'élargissement De L'union
Section 2 : L'Avenir de
Kaliningrad
INTRODUCTION
L' Union Européenne et la Russie : une puissance
qui ne l'est pas encore, et une puissance qui ne l'est plus. La
complexité et le caractère laborieux des relations entre ces deux
acteurs restent frappants.
Ces incompréhensions s'expliquent d'abord parce que ces
relations mettent en jeu des sujets cruciaux mais aussi par le caractère
à priori très différent entre les deux entités.
Autre raison majeure : la difficulté qu'ont aussi bien la Russie et
l'Union Européenne à savoir et à formuler clairement ce
qu'elles attendent l'une de l'autre. Sauf que la Russie attend au moins une
chose de l'Union, c'est un traitement spécifique. Or la plus grande
erreur de l'UE est de placer l'Ukraine, la Biélorussie ou le Maroc sur
le même pied d'égalité que la Russie explique Jean
-Louis Bianco1(*)
Ce constat ne se veut pas alarmiste : si les relations
entre l'Union et la Russie sont difficiles, il ne s'agit pas de s'entendre
verbalement sur des questions, certes importantes, mais ponctuelles, ni de se
réunir de temps à autres devant les caméras de
télévision en affichant de grands sourires de circonstance. Il
s'agit de négocier au jour le jour sur des questions de certificats
vétérinaires, de sûreté nucléaire, de tarifs
douaniers, de visas de longue durée ou de lanceurs spatiaux. Il s'agit
d'aborder des sujets difficiles, tels que l'interdépendance
énergétique, la construction d'une architecture de
sécurité européenne efficace, la lutte contre la
criminalité organisée, à Kaliningrad, en
Tchétchénie... ou en Ukraine.
Les relations entre l'Union européenne et la Russie se
trouvent aujourd'hui à un carrefour. Les échanges
économiques ne cessent de s'intensifier et la nécessité
d'un dialogue approfondi face aux crises internationales apparaît chaque
jour plus évidente. Si, face à la Russie, l'Union et ses Etats
membres doivent s'unir pour défendre leurs intérêts, un
dialogue constructif ne peut avoir pour condition préalable que la
reconnaissance de la légitimité pleine et entière des deux
partenaires. Un Partenariat renouvelé entre la Russie et l'Union
européenne pourrait dès lors privilégier ce qui les unit,
plutôt que ce qui les divise.
Ces relations obéissent à trois
contraintes2(*). La
première est la différence de nature entre l'Union, construction
récente, aux compétences évolutives et rassemblant des
Etats indépendants et démocratiques, et la Russie, nation
pleinement souveraine et héritière d'un Empire autocratique et
multinational. La seconde est l'incertitude qui caractérise le
comportement de ces deux entités, née des bouleversements
internes intervenus depuis 15 ans et de l'instabilité de leur
environnement géopolitique. La troisième est la proximité
et l'interdépendance qui, sur tous les plans, unissent la Russie et l'UE
et ne leur laissent d'autre choix que de s'entendre.
Cette situation se complique du fait des particularités
de l'Union européenne en tant qu'acteur international. Dépourvue
pour l'essentiel de capacités militaires et stratégiques,
celle-ci a fait de l'action économique le coeur de sa politique
étrangère, tout en essayant de transposer sur la scène
internationale son savoir-faire en matière d'harmonisation des
législations internes. Cette tentative visant à effacer
progressivement la frontière entre politique intérieure et
politique étrangère s'est heurtée au refus de la Russie de
remettre en cause sa propre souveraineté et à l'incapacité
des Etats membres de l'Union à coordonner leurs propres politiques
vis-à-vis de Moscou et à reprendre à leur compte les
décisions prises en leur nom à Bruxelles. Ce dernier facteur
explique, pour une large part, le contraste entre le poids économique
déterminant de l'Union en Russie et dans l'espace post-soviétique
et la faiblesse parfois remarquable de sa position politique.
Dix ans
après l'entrée en vigueur de l'Accord de Partenariat et de
Coopération de 1997, la relation entre la Russie et l'Union
européenne est donc à réinventer. Ce travail de
redéfinition, s'il ne peut aboutir sans l'accord et la
coopération de la Russie, suppose, de la part des dirigeants
européens, à la fois une véritable unité d'action,
car les contradictions entre Etats européens et la coexistence de
politiques nationales parfois divergentes compromet la capacité de
chacun d'eux à infléchir la politique de la Russie, et un retour
à une conception plus classique des relations internationales, car
l'Union européenne ne saurait obtenir, à elle seule, l'abolition
des règles de la diplomatie westphalienne, auxquelles la Russie, comme
d'autres, entend demeurer fidèle.
L'élargissement à 27 pays de l'Union
Européenne, notamment l'adhésion de la Pologne et de la Lituanie
pose un nouveau défi au relation union Européenne - Russie. Car
Kaliningrad l'ancienne Königsberg, devenue soviétique en
1945 et siège de la flotte russe de la mer baltique, devient en effet
une enclave russe dans le territoire de l'Union européenne et pose la
question de la circulation des personnes et des marchandises entre Kaliningrad
et ses voisins, mais aussi entre celle-ci et le territoire central de la
Russie.
Si aucune mesure particulière n'est envisagée,
les règles de l'espace Schengen s'appliqueront alors aux voyageurs
russes qui en proviennent ou qui s'y rendent. Ceux -ci devront être munis
de visas permettant d'entrer dans cet espace et d'y circuler librement, alors
que les citoyens russes pouvaient jusqu'à présent traverser la
Lituanie sans visa..
La Russie rejette cette évolution annoncée, au
nom de sa continuité territoriale, et du droit de ses citoyens à
se déplacer librement d'un point à l'autre du territoire
national, principes soutenus par la France lors de la visite du
président Jaques Chirac à Moscou en juillet 20023(*).
Tant la Russie que l'Union européenne ont
présenté de nouvelles propositions afin de trouver une solution
mutuellement acceptable à cette situation très
particulière.
Dans cette atmosphère, la présente étude
se consacre aux enjeux et perspectives stratégiques des relations Union
européenne - Russie en général, et plus
particulièrement au devenir de l'enclave de Kaliningrad, prise entre
encerclement et élargissement : quelles sont ses perspectives
d'évolution face à l'élargissement de l'Union
européenne ? Et quels sont les scénarios possibles des relations
de Kaliningrad avec l'UE ? Ainsi et de façon plus
général l'étude essaie de répondre sur les question
relatives au relation entre la Russie et l'Union Européenne Qu'est-ce
que la Russie aujourd'hui pour l'Europe ? Tout à la fois un voisin
(approche géographique), un partenaire (approche commerciale), un
concurrent (approche géopolitique), une source de préoccupations
(approche politico-éthique), une menace (approche dans certains nouveaux
Etats membres), une source d'incertitudes (approche prospective), un
contrepoids à la puissance américaine dans la perspective
multipolaire (approche politique).
A l'inverse, qu'attend la Russie de sa relation avec l'Union
européenne ?
L'élargissement de l'Union européenne doit donc
se donner pour objectif d'exercer un effet stabilisateur.4(*)
Sur ce, Notre plan sera dessiné de la façon
suivante une première partie consacre au relation UE - Russie en
générale avec deux chapitre sur les programmes de
coopération et de partenariat et une deuxième partie consacre
entièrement a la question de Kaliningrad dans les relations UE -Russie ,
les conséquence de l' élargissement ainsi que sur l'avenir
de l'enclave
PREMIERE PARTIE
UE - RUSSIE LES RELATIONS BILATERALES
ET LES PRINCIPAUX THEMES
DE COOPERATION
Le 28 octobre 2003, le bureau du conseil économique et
social a confié la section des relations extérieures la
préparation d'un rapport et d'un projet d'avis sur les relations entre
l'union européenne et la fédération de Russie.5(*)
En dépit du regain de
critiques suscité par les deux élargissement, on doit constater
qu'au cours des deux dernières années, d'importants
progrès ont été réalisé pour la mise en
place d'un cadre institutionnel, tant avec l'Union qu'avec l'OTAN , consacrant
le partenariat stratégique avec la Russie. La persistance de points de
friction ou d'attentes déçues, tout comme l'âpreté
de certaines discussions, ne doivent pas masquer les possibilité de
trouver, dans le cadre normal du dialogue et de la coopération tel qu'il
est désormais établi, des solutions à nombre de questions
soulevées par la Russie.
La délégation considère comme essentiel
l'établissement d'un partenariat solide avec cet acteur majeur du
continent européen.
CHAPITRE I
LES
FONDEMENTS DU PARTENARIAT UNION EUROPEENNE RUSSIE
Les deux textes
fondateurs du Partenariat entre la Russie et l'Union européenne sont
l'Accord de Partenariat et de Coopération, conclu en 1994 et
entré en vigueur en 1997, et l'Accord sur les Quatre« Espaces
Communs », conclu en mai 2005. Le premier Accord est essentiellement
économique. Se réclamant du « respect des principes
démocratiques et des droits de l'Homme » par les deux Parties (art.
1 et 2), il vise « l'intégration progressive » des
économies russe et européenne, avec pour objectif ultime
«l'établissement d'une zone de libre-échange» (art. 1
et 3). Le texte prévoit que « la Russie bénéficiera
d'une assistance financière de la part de la Communauté »
(art. 86)6(*), met en place
une infrastructure institutionnelle pour assurer la mise en oeuvre de l'Accord
et institue les sommets semestriels entre dirigeants russes et
européens. L'Accord de 2005 complète le premier et tire les
conséquences de l'extension des compétences de l'Union
européenne. Le partenariat a désormais pour objectif la
réalisation de 4 « espaces communs » : un espace
économique, un espace de liberté, de sécurité et de
justice, un espace de sécurité extérieure et un espace de
recherche et d'éducation. La coopération bilatérale couvre
désormais une grande variété de domaines et engage
à la fois les institutions communautaires et les Etats membres
représentés au Conseil de l'Union.
SECTION 1 : PRINCIPES FONDATEURS
Ces Accords ne sont cependant pas
interprétés de la même manière par les dirigeants
russes et européens. Pour l'Union européenne, les deux objectifs
du Partenariat sont « une démocratie stable, ouverte et pluraliste
en Russie, gouvernée par la loi et soutenant une économie de
marché prospère » et « le maintien de la
stabilité européenne, la promotion de la sécurité
internationale et une résolution des défis communs du Continent
grâce à une coopération accrue avec la Russie ». Pour
la Russie, le Partenariat vise à « promouvoir les
intérêts nationaux, accroître le rôle et
améliorer l'image de la Russie en Europe et dans le monde, grâce
à l'établissement d'un système paneuropéen de
sécurité collective » et à « mobiliser le
potentiel économique et l'expérience managériale de
l'Union pour promouvoir le développement d'une économie sociale
de marché en Russie, basée sur les principes de concurrence
équitable et de l'Etat de droit démocratique ». L'objectif
essentiel de la Stratégie européenne est donc l'extension des
valeurs démocratiques en Russie, tandis que celui de la Stratégie
russe est la consolidation de la puissance économique et diplomatique de
la Russie. Cette divergence n'invalide en rien la légitimité et
l'utilité des Accords, mais elle n'en constitue pas moins, pour la
politique européenne, une difficulté réelle.
Paragraphe 1 : L'accord de
partenariat et de coopération (APC)
À ce jour, la pierre angulaire des relations
bilatérales entre l'Union européenne et la Russie repose sur
l'accord de partenariat et de coopération, signé à Corfou
en juin 1994 pour une durée de dix ans renouvelable, et entré en
vigueur le 1er décembre 1997.7(*) D'emblée, il convient de souligner l'importance
des termes choisis pour dénommer cet accord et par delà
même pour définir la nature des relations que ces deux blocs
entendent développer. L'accord de partenariat et de coopération
se propose d'aller plus loin dans ses objectifs que l'accord de commerce et de
coopération de 1989 qui présidait alors aux relations entre les
deux ensembles : ce texte constituait le fondement juridique de leurs relations
et il avait en tout cas déjà permis à l'Union d'apporter,
par un large éventail de mesures, son soutien à la transition de
la Russie vers la démocratie et l'économie de marché,
illustrant en cela l'importance qu'elle accordait au processus de
réformes lancé. Il avait en outre permis d'initier un dialogue
politique qui s'était traduit par des rencontres périodiques
à différents niveaux. De fait, cet accord de partenariat
revêt une configuration singulière dans la mesure où il ne
peut être assimilé ni à un classique partenariat de
développement, ni aux accords d'association, ni davantage à
« l'association partenariale » avec les pays tiers
méditerranéens. Rien n'empêcherait cependant qu'il puisse
à terme tendre vers une de ces configurations. L'accord de partenariat
et de coopération constitue, sur le fondement de valeurs et d'objectifs
réciproquement partagés, le cadre institutionnel, politique et
administratif à partir duquel doivent se dessiner et se déployer
les différentes formes de coopération entre la
Fédération de Russie et l'Europe. L'institution d'un Etat de
droit et le respect des droits de l'Homme sont énoncés dès
le préambule de l'accord et la nécessité de l'instauration
d'un dialogue politique, comme devant contribuer à l'émergence
d'un faisceau de convergences dans les domaines économique, de politique
internationale ou encore de l'exercice des libertés fondamentales,
figure dans l'article premier de ce texte.
Quant au fond, l'accord vise à l'institution d'un
dialogue fructueux pour les deux parties et au développement d'actions
de partenariat dans un nombre non négligeable de domaines. Le volet
économique et commercial ainsi que le volet sur le dialogue politique
occupent donc une place centrale. Pour ce qui concerne le premier volet, l'APC
vise à la promotion du commerce et à l'amélioration de la
qualité de l'environnement pour les investissements, avec pour
finalité une intensification des relations économiques entre l'UE
et la Russie. À terme, l'objectif est de parvenir à réunir
les conditions nécessaires à la création d'une zone de
libre-échange entre la Russie et l'Union européenne. Dans le
cadre de l'APC, les deux partenaires se sont réciproquement
confirmés le statut de « nation la plus favorisée »,
bien que ce fût au demeurant déjà le cas dans le cadre de
l'accord de commerce et de coopération de 1989. C'est le seul Accord de
partenariat et de coopération signé par l'UE avec un pays de la
Communauté des Etats indépendants (CEI) qui affiche l'abandon de
la condition de « pays à commerce d'Etat ». Considérant
la Russie comme un Etat doté d'une économie en transition, l'APC
formule en conséquence des propositions pour libéraliser le
commerce. L'APC pose le principe du démantèlement immédiat
et intégral des restrictions quantitatives aux échanges8(*). Toutefois, certaines exceptions
sectorielles devaient, notamment pour les exportations de produits textiles,
agricoles et métallurgiques, donner lieu à la signature d'accords
séparés9(*).
À ce propos, un nouvel accord sur l'acier après
celui paraphé en 1997 est entré en application en juillet 2002.
Un accord sur les produits textiles a également été conclu
en 1998. De même, il doit contribuer à faciliter l'implantation de
sociétés et d'activités de services dans un certain nombre
de secteurs en Russie et au sein de l'Union européenne. En
parallèle, la Russie pour ce qui la concerne doit oeuvrer à
l'harmonisation de sa législation avec celle de la Communauté
européenne en matière de normes et de certifications, de droit de
la concurrence, de droit de l'entreprise, de droit bancaire, de code fiscal, de
services financiers, et de législation douanière. L'APC contient
en outre des dispositions qui ont pour but d'assurer la protection
adéquate des droits de la propriété intellectuelle comme
le copyright, les brevets, les marques et le dessin industriel. À cet
égard, la Russie affiche la volonté d'adopter un niveau de
protection similaire à celui qui existe dans l'Union européenne.
Outre le champ économique à proprement parler, l'accord de
partenariat et de coopération met l'accent sur un certain nombre de
secteurs au bénéfice desquels la coopération doit
être renforcée : les transports, l'énergie, les
télécommunications, l'environnement, la culture. Enfin, le
domaine de la justice et des affaires intérieures doit également
donner lieu à de fortes actions de partenariat : la prévention
d'activités illégales, le trafic de drogue, le blanchiment
d'argent et le crime organisé sont plus particulièrement
ciblés. Le plan d'action arrêté en juin 2000 pour combattre
le crime organisé s'inscrit dans cette perspective. En ce qui concerne
le dialogue politique, l'accord pose, dès son premier article, le
principe de son renforcement et de son institutionnalisation à
différents niveaux10(*). Ainsi, l'accord prévoit des rencontres
régulières destinées à favoriser une meilleure
compréhension réciproque ainsi qu'une approche plus
précise, par les deux parties, des principaux enjeux, priorités,
objectifs et problèmes.
On notera que le dialogue politique comporte également
un dispositif visant à favoriser la résolution des conflits
locaux. Il prolonge en cela les aides existant par ailleurs, destinées
à soutenir la transition démocratique et la mise en oeuvre des
droits de l'Homme. À cet égard, on observera que l'APC contient
une clause particulière relative aux droits de l'Homme applicable en
matière de procédures de consultation lors de difficultés,
d'interprétation contestée d'une situation relative aux droits de
l'homme, ou encore de mise en oeuvre d'une procédure spécifique
de règlement des différends en cas d'urgence11(*). Pour mener à bien le
dialogue et faciliter l'instauration de contacts aux différents niveaux,
l'accord de partenariat et de coopération définit les
modalités de concertation entre les deux partenaires : - deux sommets
bi-annuels au plus haut niveau entre le Président de la
Fédération de Russie et les Présidents de la Commission et
du Conseil dont la vocation est de donner l'impulsion et les orientations
nécessaires au développement et à l'approfondissement des
relations : en mai et novembre 2002, se sont respectivement tenus les sommets
de Moscou puis de Bruxelles ; en 2003, il y a eu notamment le sommet de
Saint-Pétersbourg (31 mai) auquel participèrent les futurs
nouveaux Etats membres de l'Union et le sommet de Rome en novembre ; le 21 mai
2004, s'est tenu le sommet de Moscou.
Un conseil permanent de partenariat qui se réunit au
niveau des ministres compétents une fois l'an et qui est chargé
d'examiner l'ensemble des questions relatives à l'application de
l'accord ainsi que tous les sujets d'intérêt commun ; enfin, les
comités de coopération au niveau des hauts fonctionnaires qui se
tiennent en tant que de besoin alternativement en Russie et dans l'un des pays
de l'Union. Ils sont au nombre de neuf et ils permettent d'aller plus avant
dans l'instruction des thématiques ; - une commission parlementaire
mixte qui réunit des représentants du Parlement et de
l'Assemblée fédérale de la Fédération de
Russie. Pour sa part, le gouvernement russe a créé en son sein
une Commission interdépartementale pour les relations avec l'Union
européenne. En termes de bilan, si l'accord de partenariat et de
coopération n'a pu qu'oeuvrer, malgré des divergences, à
une meilleure compréhension réciproque, il n'en demeure pas moins
qu'au-delà des déclarations politiques ambitieuses et
l'élaboration de stratégies - « stratégie commune de
l'Union européenne à l'égard de la Russie » et «
stratégie à moyen terme de la Russie par rapport à l'Union
européenne » et d'une interdépendance croissante -, les
résultats sont mitigés. Telle est la conclusion à laquelle
est parvenue la Commission, et qu'elle a exprimée en février
2004, dans sa communication au Conseil et au Parlement. La structure de l'APC
« n'est ni dépassée, ni épuisée » mais
les institutions de l'APC apparaissent insuffisamment souples et
opérationnelles, ce qui aboutit à freiner la mise en oeuvre des
objectifs du partenariat. De même, l'APC pâtit d'une insuffisante
lisibilité de la ligne de conduite de la Commission. La Commission
souligne « qu'il est nécessaire d'accroître la coordination
et la cohérence de l'Union européenne dans tous ses domaines
d'activités, en envoyant à la Russie des messages clairs et
dénués d'ambiguïté ».12(*) La nécessité
d'un réel renforcement de la coordination des politiques de l'Union
à l'égard de la Russie est désormais d'autant plus
souhaitable que lors du sommet de Saint-Pétersbourg, tenu sous
présidence grecque, il a été décidé de
l'établissement de quatre « espaces communs » - un «
espace économique commun », un « espace commun de
liberté, de sécurité et de justice », un «
espace commun de coopération dans le domaine de la
sécurité extérieure » ainsi qu'un « espace
commun de recherche et d'éducation ».
Paragraphe 2 : L'APC à
l'aune de l'élargissement
La Russie a toujours souligné le caractère
positif des relations avec l'UE et l'importance de cet espace qui constitue
pour elle le principal partenaire commercial. En même temps, la Russie a
toujours insisté sur la nécessité d'une prise en compte
des intérêts russes dans les initiatives et les évolutions
futures de l'UE.
L'APC (articles 6-9) instaure officiellement un dialogue
politique entre la Russie et la CE.13(*)
Dans cette perspective, l'extension de l'APC aux dix futurs
Etats membres a été au coeur des préoccupations de la
Russie. Cet accord régit l'ensemble des relations entre l'UE et la
Russie sur des sujets aussi variés que les droits de l'homme, la
sécurité, le commerce ou la culture. Lors du dernier sommet
UE/Russie, en novembre 2003 à Rome, la Russie avait d'ailleurs
exprimé son refus d'une extension automatique de cet accord. La Russie
craignait entre autres que ses intérêts commerciaux avec chacun
des pays de l'Europe centrale et orientale et les pays baltes issus de l'ancien
bloc soviétique puissent être lésés. Plus
précisément ses inquiétudes ont été
formalisées, en février 2004, dans un document adressé
à la Commission européenne énumérant quatorze
sujets de préoccupation pour lesquels elle souhaitait des garanties de
la part de l'UE avant son prochain élargissement. Elles s'ajoutent aux
contentieux bilatéraux traditionnels (la ratification du protocole de
Kyoto, les droits de survol de la Sibérie, etc.). Les inquiétudes
russes portaient notamment sur les relations commerciales, l'industrie, les
ressources énergétiques, le commerce de matériaux
nucléaires, le développement durable, le transit de marchandises
de l'enclave de Kaliningrad vers la Russie, la situation des minorités
russes dans les pays baltes ou encore l'instauration d'un régime sans
visa entre l'UE et la Russie14(*). La Russie avait demandé également un
délai supplémentaire, au minimum le 1er juin, ainsi qu'une
application « provisoire » de l'Accord. Les positions se sont
rapprochées, suite aux négociations entre la Russie et l'UE, les
22-23 avril 2004 à Moscou, notamment sur trois dossiers principaux
liés à l'élargissement : l'accès à l'enclave
de Kaliningrad, les nouveaux tarifs douaniers entre la Russie et l'UE et le
statut des minorités russophones en Lettonie et en Estonie. De son
côté, M. Prodi a souligné la nécessité
d'ouvrir le marché européen aux compagnies russes et le fait que
la Russie et l'UE doivent réunir leurs marchés
énergétiques. Il a insisté de même sur la
ratification par la Russie du protocole de Kyoto sur la réduction des
gaz à effet de serre (une plus grande flexibilité est perceptible
du côté russe depuis que le ministère de l'Economie a
reconnu que ses effets économiques ne seraient pas forcément
défavorables à la Russie) en offrant en échange l'aide de
l'UE pour l'adhésion de la Russie à l'OMC. Les discussions
à Moscou n'ont pas permis de sceller un accord sur la déclaration
politique qui doit accompagner le protocole d'extension de l'APC aux dix pays
adhérents, même si les positions se sont rapprochées. Ce
protocole a été signé le 27 avril 2004 à Luxembourg
au cours du Conseil permanent de partenariat UE/Russie. Parallèlement,
une déclaration conjointe y a été approuvée.
En ce qui concerne les revendications économiques et
commerciales de la Russie (Moscou arguait jusqu'ici qu'elle allait perdre une
grande partie de son commerce traditionnel avec les dix nouveaux membres en
raison de leur inclusion dans le régime commercial, douanier et
anti-dumping de l'UE), la déclaration conjointe commence par la
constatation (appuyée par les deux côtés) que les droits de
douane imposés à partir du 1er mai dans les dix nouveaux pays
membres aux importations en provenance de la Russie vont diminuer, en moyenne
de 9 à 4 %, ce qui signifie des « conditions plus favorables pour
le commerce ». Après cette introduction, la déclaration
conjointe annonce une série de mesures concrètes visant à
aider certaines industries russes à faire face à la nouvelle
situation après l'élargissement de l'UE, notamment : - des
mesures transitoires (jusqu'au 1er mai 2007) pour les droits à
l'importation frappant les exportations russes d'aluminium vers la Hongrie ; -
une augmentation du quota pour l'importation d'acier russe dans l'UE
élargie ; - des mesures spéciales applicables aux principales
procédures anti-dumping en cours contre certains produits russes,
l'objectif étant d'éviter un « impact trop important et trop
rapide » sur les flux commerciaux traditionnels. Il a aussi
été convenu que les procédures anti-dumping toujours en
cours dans les dix pays adhérents seront abolies dès le 1er mai ;
- la garantie que les contrats de fourniture de matériaux
nucléaires existants entre la Russie et les dix pays adhérents
resteront en vigueur et valables au-delà du 1er mai, à condition
que les nouveaux pays membres notifient ces contrats à la Commission
(conformément aux règles Euratom) ; - la libre circulation des
marchandises (y compris de l'énergie) entre Kaliningrad et le reste du
territoire russe. Le transit de marchandises sera libre et ne sera soumis
à aucune restriction ou procédure superflue. Ce transit sera
exempté de droits de douane et d'autres taxes liées au transit
(à l'exception des frais de transport). Des restrictions au transit de
marchandises pourront être introduites seulement pour des raisons de
sécurité publique, protection de la santé humaine, etc. ;
- les facilités existantes entre la Russie et les dix adhérents
pour l'octroi de visas seront maintenues au-delà du 1er mai, à
condition qu'elles ne soient pas contraires aux législations
européenne et russe. L'UE et la Russie confirment aussi leur intention
de faciliter réciproquement l'octroi de visas et de poursuivre les
pourparlers sur l'abolition de l'obligation de visa à long terme.
Ainsi, la Russie pourra tirer parti du potentiel qu'offrira
l'élargissement de l'UE pour accroître ses échanges avec
l'UE élargie, le potentiel industriel étant important et les
règles du jeu les mêmes pour tous. Le passage de 15 à 25
entraîne pour la Russie des enjeux non seulement commerciaux : elle
négocie désormais avec un bloc de pays et non plus dans le cadre
de relations bilatérales. Cependant, la Russie n'est pas parvenue
à faire inclure dans cette déclaration un engagement formel de
l'UE et des trois pays baltes à faire davantage pour
l'intégration sociale et le respect des droits des minorités
russophones vivant dans ces pays. L'UE et la Russie considèrent que
l'adhésion des pays Baltes à l'UE constitue en elle-même
déjà une « solide garantie » pour la protection des
droits de l'homme et les personnes appartenant à des minorités.
Ce protocole doit être ratifié par la Douma après que soit
effectué un bilan de son application sur six mois. Les problèmes
restant en suspens (adhésion à l'OMC, ratification du protocole
de Kyoto et mise en place des quatre espaces communs définis au sommet
de Saint-Pétersbourg en mai 2003) ont été reporté
au sommet Russie/UE du 21 mai 2004.
SECTION 2 : LES PROGRAMMES DE
COOPERATION
Paragraphe 1 : le programme
TACIS
Par le biais de TACIS, la Commission a accès à
des projets dont la nature est éminemment politique15(*) et qui façonne l'avenir
des relations avec la Russie. Cette interconnexion entre assistance technique
et stratégie politique se reflète dans la communication
rédigée par la Commission sur « l'avenir des relations
avec la Russie » en 199516(*).
L'Union européenne ainsi que ses Etats membres sont les
principaux fournisseurs d'aide à la Russie. Instrument financier
d'assistance technique, le programme TACIS a été
créé en décembre 1991 avec pour objectif d'encourager
« l'établissement de conditions favorables à
l'économie de marché » et de « renforcer la
démocratie ». On rappellera que c'est en 1990, à l'occasion
des sommets de Dublin et de Rome, que l'Union européenne a reconnu que
les réformes économiques lancées par l'Union
soviétique étaient fondamentales pour la promotion de la paix et
de la stabilité en Europe et dans le reste du monde et qu'il convenait
en conséquence d'accompagner les efforts de la Russie par diverses
aides. Parmi celles-ci figuraient une aide alimentaire d'urgence, des
crédits garantis destinés à l'importation de
denrées alimentaires, mais aussi et surtout un programme d'assistance
technique dont la finalité était de « soutenir les mesures
prises par les autorités soviétiques pour mener à bien la
réforme et le redressement de l'économie soviétique
».
A /L'initiative
L'idée initiale d'une telle assistance à l'URSS
émanait de la France et de l'Allemagne avant que la Commission ne se
l'approprie progressivement. Elle proposa alors au Conseil de mettre en place
un programme communautaire d'assistance technique sur le modèle du
programme Phare créé en 1989 pour l'Europe centrale. De fait, si
l'Union européenne a peiné à élaborer un nouveau
cadre politique pour ses relations avec la Russie, au contraire elle a su
rapidement asseoir son programme d'assistance technique ; TACIS devint au
demeurant distinct, dans ses structures de gestion de la direction Phare,
dès 1993. Constat doit être fait que la Commission a su exploiter
l'aide accordée à la Russie pour s'affirmer comme un acteur
majeur de la scène communautaire mais également
internationale17(*).
L'objectif du programme TACIS est de veiller à aider les pays de
l'ex-URSS ainsi que la Mongolie18(*) à réaliser chacun leur processus de
transition, à consolider leurs structures démocratiques et
juridiques, et à développer leur économie de
marché. Pour ce qui concerne plus particulièrement l'ex-URSS, il
est devenu, avec la mise en oeuvre de l'APC, l'outil privilégié
d'une coopération dans des domaines allant du conseil pour l'adoption de
législations économiques à la fourniture d'un savoir-faire
technique, dans le but à terme d'une l'intégration
économique plus complète entre la Russie et les pays de l'UE. Au
fil du temps, l'accent a également été mis sur les
réformes institutionnelles, juridiques et administratives et cet outil
doit in fine contribuer à faciliter l'intégration de la Russie
dans l'OMC. La première programmation de TACIS, dite TACIS I, couvrait
la période 1991-1999 et comprenait de grands projets, mais aussi de
petits projets appelés « bistro » qui correspondaient à
la mise en oeuvre de micro-projets répondant à des besoins
locaux, ainsi que des projets dits « TACIS démocratie ». Le
soutien de TACIS vise principalement à transmettre un savoir-faire et
une expertise aux organisations des pays partenaires
(bénéficiaires). Le programme n'investit pas dans des projets
concrets de reconstruction ; les fonds sont alloués à des experts
et à des organes de contrôle selon différents modes :
l'organisation de sessions de formation, la collaboration ou le jumelage entre
organisations, ou encore le détachement de spécialistes
européens dans les pays partenaires.
B/ Procédure Du Programme TACIS
TACIS s'adresse donc, en premier lieu, via une
procédure d'appels d'offres, aux sociétés
d'ingénierie ou de conseil, voire le cas échéant à
des organismes publics, des associations ou des ONG.
Une des caractéristiques de TACIS est de reposer sur
une double approche :
1- approche sectorielle
L'approche sectorielle qui est certes prédominante mais
qui se conjugue avec des actions transversales répondant à des
impératifs géographiques ou aux besoins de certaines
catégories de populations. Aussi dès 1991, des régions
prioritaires furent sélectionnées pour mettre en place dans ces
zones des programmes cohérents, fondés sur le choix d'un secteur
particulier d'activités fonction des atouts de la région
bénéficiaire. Le choix de miser sur des régions
résulta d'une volonté affichée d'accroître
l'efficacité de l'aide, mais aussi sa visibilité. Il reste
qu'au-delà de cette ambition, le choix de régions prioritaires
obéit à plusieurs impératifs. En premier, la
Communauté opta pour les régions les plus avancées dans
les réformes (par exemple Saint-Pétersbourg au début des
années 1990). Ensuite, le choix des régions pilotes
répondit à des motivations économiques : la
sélection de la Sibérie occidentale fut dictée par la
richesse en ressources naturelles de cette aire géographique). Enfin, la
position stratégique de certaines régions put également
conduire à les privilégier : tel fut le cas de Kaliningrad ainsi
que la partie nord-ouest de la Russie en 1995, date de l'entrée de la
Finlande dans l'UE19(*).
Mais cette volonté explicite de prendre en compte les niveaux
régional et local reposait aussi sur des motivations implicites. La
Communauté espérait ainsi développer des relations
horizontales avec les régions sans nécessairement devoir passer
par le centre.
2- L'approche communautaire
L'approche communautaire releva enfin d'une
volonté d'insérer les régions russes dans
l'économie mondiale et de resserrer leurs liens avec leurs homologues
européennes. Dans cette perspective, la Communauté institua
d'ailleurs des sous-programmes dont le but fut de développer les liens
entre certains acteurs européens et leurs homologues russes20(*). En ce qui concerne le
montant des dotations allouées, ce sont quelque 4,2 millions d'euros qui
ont été affectés entre 1991 et 2001 à l'ensemble
des pays de la zone concernée et la Russie a, pour sa part, reçu
30,2 % (soit 1,27 million d'euros) du total des fonds (hors programmes
régionaux). Par comparaison, les cinq pays d'Asie centrale n'ont
perçu, à eux seuls, que 7,4 % du total de ces fonds. Il convient
néanmoins de souligner qu'à côté des programmes
nationaux, 81 28,3 % des fonds TACIS ont été octroyés dans
le cadre de programmes régionaux, lesquels ont vocation à
favoriser les actions de coopération entre Etats
bénéficiaires, en particulier dans le secteur nucléaire,
la réforme de l'administration publique, les transports. Le bilan qui
peut être tiré, au vu des objectifs initialement fixés et
de l'impact attendu des actions engagées dans le cadre de cette
première vague de programmation, reste cependant nuancé. Les
résultats les plus tangibles, selon les évaluations menées
par la Commission, auraient été obtenus en matière de
restructuration des entreprises et de ressources humaines : ces deux secteurs
se sont d'ailleurs vu octroyer près de 39 % des financements TACIS
attribués à la Russie. Le domaine de la sécurité
nucléaire n'a pas été non plus négligé
puisqu'il a perçu quelque 20,2 % des fonds, ce qui a permis de lancer
l'élaboration d'une nouvelle législation sur la
sûreté nucléaire, de mettre en place de nouvelles instances
indépendantes de réglementation, de fournir des
équipements en vue de relever le niveau de la sûreté dans
les centrales et enfin d'aider à l'émergence d'une culture
d'entreprise axée sur le caractère fondamental de la
sécurité. Ainsi, si certains succès ont pu être
enregistrés, il reste que la lenteur de la mise en oeuvre des
réformes sur le terrain tout autant que les insuffisances
intrinsèques au programme TACIS ont été des freins
à une pleine efficacité des actions. À cet égard,
quatre types de griefs sont généralement formulés à
l'encontre du programme TACIS : - des objectifs imprécis et peu
adaptés aux réalités du terrain : le caractère par
trop général des objectifs retenus pour parvenir à
l'instauration d'une économie de marché et d'une réelle
démocratie, et ce malgré l'énoncé de cinq axes
prioritaires, a conduit, singulièrement au cours des premières
années, à une sélection de projets difficilement viables
et à une dispersion préjudiciable des dotations. Le principe
d'une programmation pluriannuelle afin d'éviter les à-coups dans
la conduite des actions ne semble cependant pas encore être pleinement
concluante ; - une gestion par trop centralisée au profit de la
Commission : si on ne peut contester la préoccupation légitime de
cette dernière de vouloir s'assurer de la bonne destination des fonds
dans un pays où la situation politique, économique et sociale
demeure volatile, cette concentration du pouvoir de décision entre les
mains de la Commission a toutefois abouti à ce que les procédures
d'instruction des projets jusqu'à leur mise en oeuvre s'étire sur
une durée beaucoup trop longue (jusqu'à 18 mois). Dans cette
perspective, le Conseil européen de décembre 1999 avait
acté le fait que la définition et la programmation par la
Commission des objectifs de TACIS et de l'APC 21(*)devaient être conduites simultanément.
Parallèlement, le nouveau règlement comporte une clause
suspensive reprenant celle figurant dans l'APC. Pour autant, les deux textes
restent dans une certaine mesure, au regard du sens à donner à la
notion de coopération, en décalage.
Doté d'une enveloppe de 3 138 millions d'euros pour
les six années d'exécution du programme, les actions doivent
s'articuler autour d'objectifs moins nombreux et donc plus ciblés dans
le but de parvenir à des résultats plus tangibles. Ces actions
doivent par ailleurs et dans toute la mesure du possible reposer sur des
projets bâtis de telle façon qu'ils atteignent une envergure
suffisante pour avoir un impact significatif.
3Les domaines prioritaires
Dans cette configuration, six domaines d'intervention
prioritaires ont été retenus.
Le soutien aux réformes institutionnelles, juridiques
et administratives. La réforme institutionnelle, juridique et
administrative couvre l'organisation et les politiques des pouvoirs publics
à l'échelon national, régional et local, la mise en place
et le fonctionnement du système judiciaire, le développement des
compétences notamment des professionnels du droit ainsi que l'aide
à l'émergence d'une société civile ; - le soutien
au secteur privé et l'aide au développement économique.
L'appui apporté au développement du secteur privé et de
l'économie doit encourager l'esprit d'entreprise et concourir à
la densification du tissu des petites et moyennes entreprises, notamment au
travers de partenariats industriels ; le développement du système
bancaire et financier et la mise en place d'un cadre économique
adapté émargent également à cette rubrique ; - le
soutien à la gestion des conséquences sociales de la transition.
Il s'agit de prendre en compte les conséquences sociales de la
transition à la lumière des effets de la restructuration
industrielle et de soutenir pour ce faire la réforme des systèmes
de santé, de retraite, de sécurité sociale et d'assurance,
ainsi que de favoriser la définition de mesures de reconversion ; - le
développement de réseaux d'infrastructures de transports, de
communication et de pipe-lines ; la promotion de la protection de
l'environnement et de la gestion des ressources naturelles : l'accent doit
être mis sur l'alignement des normes russes en la matière sur les
normes européennes, ainsi que sur la définition de modes de
gestion durable des ressources naturelles. Il convient également de
mentionner les aides envisagées pour le renforcement de la
sûreté nucléaire et la mise au point de stratégies
de gestion du combustible usé et des déchets ; - le
développement de l'économie rurale. : l'objectif est
d'accompagner le processus de réformes engagé par la Russie en ce
qui concerne la privatisation des terres, l'amélioration de la
distribution des produits agricoles et de l'accès aux marchés.
4-La programmation TACIS
Elle comporte par ailleurs, pour certains domaines tels que la
protection de l'environnement ou l'encouragement à l'installation de
liaisons entre réseaux de transport, des programmes de
coopération transfrontalière ou transrégionale entre les
nouveaux Etats indépendants eux-mêmes ou entre ces pays et l'Union
européenne.. Ainsi, la Commission européenne a initié en
août 1999 une étude de faisabilité d'un projet de transport
multimodal (Europe de l'Est - Asie centrale). Au demeurant, ce dossier
s'intègre dans un ensemble plus vaste de projets d'assistance technique
et d'investissements financés par l'UE en vue de constituer à
terme une zone de transport « Europe, Caucase, Asie Centrale
»22(*). De
même, un programme transfrontalier (Tacis CBC) a été mis en
place autour de trois axes afin de stimuler la coopération et
d'améliorer les contacts entre les communautés
frontalières : le développement d'un réseau
d'infrastructures, la protection de l'environnement et la gestion des
ressources naturelles, et l'aide au secteur privé et au
développement économique. TACIS occupe donc une grande place dans
les relations russo-européennes, et on rappellera qu'il joua un
rôle dans la réaction européenne à l'intervention
russe en Tchétchénie, fin 1999. Pour la première fois, et
bien qu'aucune sanction n'ait été prévue, la
réaction de l'UE mobilisa de façon cohérente les divers
instruments européens. Alors que le Parlement demanda l'application de
la clause de conditionnalité pour la poursuite de l'assistance23(*), le conseil Affaires
générales, réuni le 24 janvier 2000, décida de
consacrer les projets TACIS au renforcement de la démocratie en Russie,
mettant entre parenthèses les autres secteurs prioritaires24(*). Le programme d'action 2000
prévoyait ainsi, pour la Russie, la mise en oeuvre d'actions visant
à renforcer l'indépendance des médias, la tolérance
interethnique, l'approfondissement de l'Etat de droit et la défense des
droits individuels25(*).Plus de 170 projets ont déjà
été engagés tant au niveau de l'Etat fédéral
que des régions. Entre 1997 et 2000, la Russie a reçu quelque 8
millions d'euros destinés en premier lieu à favoriser
l'émergence d'une société civile plus démocratique
donnant tout son sens à la notion de respect des droits de l'Homme. Pour
les années 2002-2004, le but est de poursuivre, en liaison en
particulier avec les ONG russes et internationales, les actions engagées
en mettant l'accent sur les projets privilégiant le renforcement des
capacités d'action de la société civile, la formation aux
exigences qu'impliquent le respect des droits de l'Homme et de la règle
de droit, la liberté d'expression et l'indépendance des
médias.
Paragraphe 2 : Les
interventions de la BERD
Créée en 1990, à l'initiative de la
France, la Banque européenne pour la reconstruction et le
développement26(*)
a pour objectif de faciliter la transition des pays d'Europe centrale et
orientale ainsi que des pays issus de l'ex-Union soviétique vers
l'économie de marché et d'y favoriser l'initiative privée
et l'esprit d'entreprise. La majorité de ces pays (à l'exception
de certaines républiques d'Asie centrale) en sont membres tout comme la
Communauté européenne en tant que telle et ses vingt-cinq Etats
membres. Hors Europe figurent les Etats-Unis, le Canada, l'Australie, la
Nouvelle-Zélande, le Mexique, le Japon, la Corée, le Maroc et la
Turquie. En 2002, la BERD a accru de manière significative le niveau de
ses nouvelles opérations dans la Fédération de Russie,
portant ses engagements annuels à 1,3 milliard d'euros27(*) contre 804 millions d'euros en
2001. La croissance a été particulièrement solide dans le
secteur des infrastructures. Fin 2002, le total des investissements de la BERD
en Fédération de Russie s'élevait à 4,8 milliards
d'euros. Les investissements dans le secteur privé représentaient
78 % de cette somme. L'investissement total comprend 1,34 milliard pour
soutenir les institutions financières, 761 millions pour les ressources
naturelles, 458 millions pour l'agroalimentaire et 758 millions d'euros pour
les projets dans l'industrie générale et dans les industries
manufacturières. En 2002, la BERD a signé des projets avec
d'importants investisseurs locaux et stratégiques dans des secteurs
aussi divers que les articles ménagers et le traitement de l'acier. Elle
a renforcé son portefeuille hors des grandes villes, élargi son
soutien aux petites municipalités et aux banques régionales et
accru ses financements en monnaie locale. Dans le secteur de
l'électricité, la BERD s'est impliquée dans des projets
avec les principaux services publics régionaux, tout en poursuivant un
dialogue soutenu avec les autorités compétentes sur la
restructuration du secteur. Le plus vaste projet de la BERD à ce jour -
un prêt de 234 millions d'euros pour la barrière de protection
contre les crues de Saint-Pétersbourg - a été signé
en fin d'année. Ce prêt contribuera à financer
l'achèvement de cette barrière et à prévenir les
inondations dans la ville. Depuis deux décennies,
Saint-Pétersbourg est inondée environ deux fois par an et une
inondation sérieuse pourrait coûter 4 milliards d'euros à
la ville. Ce prêt sur dix-huit ans permettra aux autorités russes
d'appliquer les meilleures pratiques commerciales à la construction et
au fonctionnement d'un important projet du secteur public, avec recouvrement
des coûts et participation du secteur privé. Parmi les projets
importants signés en fin d'année figure le prêt au
gouvernement russe pour financer les réparations sur la tour Ostankino
à Moscou, deuxième tour de télévision du monde par
sa hauteur. Ce projet aura un impact significatif sur le processus de
transition en assurant le même accès aux chaînes publiques
et privées et en introduisant des méthodes commerciales de
gestion28(*). Le
programme de la Banque pour les petites entreprises a bien progressé
pendant l'année. Le Fonds pour les petites entreprises de la
Fédération de Russie a fourni 300 millions d'euros à 44
500 emprunteurs, avec des prêts allant de 10 à 200 000 euros. Fin
2002, les décaissements du Fonds s'élevaient à plus d'un
milliard de dollars EU (950 millions d'euros) répartis sur plus de 100
clients. Les fonds régionaux de capital-risque ont offert un soutien
complémentaire aux petites et moyennes entreprises (PME) via des prises
de participations et des subventions. Elle a poursuivi le développement
de sa gamme de produits en Fédération de Russie, introduisant les
reçus de stockage et le crédit-bail. S'agissant des
activités à venir, la BERD a adopté, en octobre 2002, une
nouvelle stratégie de pays pour la Fédération de Russie.
Cette stratégie met en évidence la contribution de la Banque
à la diversification économique du pays et son soutien au
processus de réforme en cours. L'accent sera mis tout
particulièrement sur les projets qui contribuent à libérer
l'économie de sa dépendance vis-à-vis des secteurs du
pétrole et du gaz. Par exemple, la BERD va renforcer son programme de
modernisation des infrastructures municipales et de financement de projets
clés dans les transports. À Kaliningrad, elle a
élaboré un plan d'action qui prévoit des investissements
importants dans les systèmes de traitement des eaux, la création
d'une filiale d'une banque spécialisée dans les prêts aux
PME et le lancement d'une étude visant à évaluer les
difficultés rencontrées par les petites entreprises.
CHAPITRE II :
LES RELATIONS ECONOMIQUES,
SCIENTIFIQUES ET CULTURELLES
Ainsi que l'indiquait Jacques Sapir29(*), « la Russie et l'Union
européenne sont d'ores et déjà fortement
intégrées d'un point de vue économique mais aussi culturel
et scientifique. Cette intégration a des éléments
extrêmement positifs pour les deux parties et on peut considérer
que d'une certaine manière dans nos relations avec la Russie, se joue la
question de notre compétitivité globale face à la fois
à l'ensemble nord-américain, mais aussi face à l'ensemble
extrême-asiatique qui est aujourd'hui un partenaire extrêmement
important au niveau mondial ». Cette intégration économique
concerne à la fois les échanges et les investissements.
SECTION 1 : UNE FORTE
INTÉGRATION ÉCONOMIQUE
Paragraphe 1 : le secteur
énergétique
L'Union européenne constitue de loin le premier
partenaire commercial de la Russie. Avant même l'élargissement, le
commerce avec l'Union européenne représentait environ le tiers du
commerce extérieur de la Russie : 25 % de ses importations pour un
montant de 24,4 milliards de dollars et 35 % de ses exportations (34,3
milliards de dollars). Si on y ajoute les dix nouveaux membres de l'Union
européenne, la part du commerce réalisée avec l'Union va
représenter environ la moitié du commerce extérieur russe.
Par comparaison, les échanges de la Russie avec l'Amérique du
Nord (Etats-Unis, Canada, Mexique) représentent 4,5 % de son commerce
extérieur. Avec ses partenaires de la CEI, ils en constituent environ 20
%30(*) et avec la Chine,
quelque 15 %. Cette comparaison montre que « l'Union européenne
joue un rôle commercial extrêmement important pour la Russie, elle
montre aussi que le commerce de la Russie est un commerce essentiellement
continental : Union européenne, CEI, Chine. On pourrait y ajouter deux
pays qui pèsent évidemment moins mais qui pèsent
pratiquement autant que le continent nord-américain, l'Inde et l'Iran.
C'est donc un point extrêmement important, le commerce extérieur
russe est un commerce continental »31(*). En sens inverse, l'engagement européen est
bien moindre puisque la Russie ne constitue que le 5ème partenaire
commercial de l'Union : 4,4 % de ses importations et 2,1 % de ses exportations.
Ces courants ont fortement progressé depuis le début des
années 1990 ; ils ont enregistré une très forte reprise
après la crise de 1998/1999 et quadruplé en dix ans.
Néanmoins, la progression des achats de l'Union ayant été
plus forte que celle de ses ventes, le déficit de l'Europe s'est
creusé, il a dépassé 17 milliards d'euros en 2002.
Echanges de l'Union européenne avec la Russie de
1992 à 2001
(En milliards d'écu/euros
Et en % des exportations et importations totales intra
et extra -UE)
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
Exportations
En valeur
en %
|
6,9
1,7
|
12,6
2,7
|
14,3
2,7
|
16,3
2,8
|
18,7
3,0
|
25,5
3,4
|
21,2
3,1
|
14,7
1,9
|
19,9
2,1
|
28
|
30,4
|
Importations
En valeur
en %
|
10,8
2,3
|
17,3
3,6
|
21,1
4,1
|
21,1
3,9
|
23,3
3,9
|
27
3,8
|
23,2
3,3
|
26,0
3,3
|
45,7
4,4
|
47,7
|
47,6
|
Solde
En valeur
|
-3,9
|
-4,9
|
-6,8
|
-4,8
|
-4,6
|
-1,5
|
-2,0
|
-11,3
|
-25,8
|
-19,7
|
-17,2
|
Source : Eurostat
Le rôle de l'Allemagne est fondamental dans ces
relations puisqu'elle contribue pour plus de 30 % aux échanges
russo-européens. Viennent ensuite l'Italie (13,6 % des échanges
de la Russie avec l'Union européenne), les Pays-Bas (11,7 %), la
Grande-Bretagne (9,8 %), la Finlande (9,5 %) et la France (6,7 %). Le commerce
entre l'Union européenne et la Russie se caractérise par une
forte asymétrie : la Russie exporte surtout des matières
premières alors que l'Union européenne lui vend essentiellement
des biens d'équipement, des produits transformés et de
l'agroalimentaire. Les importations européennes portent avant tout sur
des produits énergétiques, du fer, de l'acier et des
métaux non ferreux dont la Russie est le premier fournisseur, à
l'exception du gaz dont elle est le troisième fournisseur (après
la Norvège et l'Algérie). L'importance du secteur
énergétique dans les échanges entre les deux
entités a conduit à la formalisation en novembre 2000 d'un
partenariat énergétique entre l'Union européenne et la
Russie. En effet, la croissance de la demande en Europe, les incertitudes au
Moyen-Orient, les limites des ressources ouest-européennes, les
problèmes d'exploitation et d'acheminement de la Mer Caspienne
confèrent d'autant plus d'intérêt aux ressources russes. La
Russie dispose de 45 % des ressources mondiales de gaz et de 13 % des
réserves de pétrole32(*). En 2000, la Russie a fourni à l'Europe 41 %
de ses achats de gaz33(*),
contribuant à 19 % de sa consommation et 21 % de ses importations de
pétrole, ce qui représente 19 % de la consommation
européenne. Le partenariat énergétique a pour objectif de
développer les relations énergétiques entre l'Union
européenne et la Russie et de favoriser l'intégration de leurs
marchés. Il couvre les secteurs pétrolier, gazier et
électrique. A travers le partenariat énergétique, l'Union
européenne veut sécuriser sa dépendance, par des contrats
à long terme et par la protection des investisseurs européens en
Russie et sur le plan technique, en modernisant un secteur
délabré, en créant des infrastructures de transport et en
ouvrant de nouveaux champs tels que celui de Shtokman, en mer de Barents. De
tels objectifs impliquent des engagements concrets du côté russe
en termes de stabilité fiscale, d'amélioration de la production
et de protection des investissements ainsi qu'une amélioration du cadre
contractuel dans lequel évoluent les entreprises européennes.
Elle suppose également la mise en place d'une procédure de
règlement rapide des litiges en droit russe. La Russie, quant à
elle, vise à accélérer la réforme des monopoles,
à attirer des investissements afin de réorienter les
systèmes de production et de consommation pour accroître les
exportations de gaz et de pétrole et à améliorer
l'efficacité énergétique. Le partenariat
énergétique prévoit un doublement des exportations de gaz
vers l'Europe et une contribution de l'Union européenne au financement
des infrastructures de production et de transport dans ce secteur34(*). Ainsi, à l'issue du
sixième sommet russo-européen (octobre 2000), un consortium
européen composé notamment de Gaz de France et du russe Gazprom a
décidé la construction d'une conduite destinée à
acheminer la gaz russe en Europe via la Biélorussie, la Pologne et la
Slovaquie, projet dans lequel est particulièrement impliqué
Ruhrgas (Allemagne), principal actionnaire étranger de Gazprom et l'un
de ses principaux partenaires pour la fourniture de gaz à
l'Europe35(*).
Le quatrième rapport de synthèse36(*) présenté en
novembre 2003 par Victor Khristenko, vice-premier ministre de la Russie et par
François Lamoureux, directeur général à la
Commission européenne, a réitéré l'objectif
d'intégration des marchés de l'énergie. Il a
réaffirmé également la nécessité de trouver
une solution « mutuellement acceptable » au problème des
échanges de matières nucléaires conformément
à l'article 22 de l'APC et mis l'accent sur la coopération en
matière de sûreté nucléaire. Il a de plus
insisté sur la nécessité de garantir des niveaux de
sécurité élevée pour le transport des hydrocarbures
et sur la sécurité environnementale applicable au transport de
produits pétroliers.
Le rapport rappelle enfin que l'utilisation rationnelle de
l'énergie et les économies d'énergie qui sont
également une des composantes du dialogue
énergétique37(*) font l'objet de projets pilotes dans les
régions d'Astrakhan, d'Arkhangelsk et de Kaliningrad, financés
dans le cadre du programme TACIS 2003. Il est clair que dans le partenariat
énergétique, la Russie voit un vecteur de rapprochement dans
d'autres sphères, notamment politique. Cependant
l'interdépendance énergétique entre la Russie et l'UE si
elle constitue un gage de dialogue permanent, représente en même
temps un risque de trop grande dépendance vis à vis du
fournisseur russe, elle suscite de plus des malentendus, la Russie craignant
que l'Europe ne cherche à la maintenir dans la position de fournisseur
de matières premières, l'UE souhaitant pour sa part parvenir
à l'intégration du secteur énergétique russe au
marché européen. Enfin, sachant que les marges sont
partagées entre actionnaires européens et Gazprom, la forte
implication des entreprises européennes dans ce secteur pourrait
expliquer le maintien d'une politique de prix élevé du gaz dont
on sait qu'il a constitué une des pierres d'achoppement dans les
négociations entre l'UE et la Russie, sur l'adhésion de cette
dernière à l'OMC.
Paragraphe 2 : L'accession de
la Russie à l'OMC
La Russie est officiellement candidate à
l'adhésion à l'OMC depuis 1993. Les négociations n'ont
pratiquement pas avancé jusqu'en 1999 en raison de la situation
chaotique de l'économie russe. Ce n'est donc qu'à partir de
l'année 2000 et des réformes des systèmes
économique et financier que les négociations ont pu
réellement progresser. Les réformes engagées depuis cette
date ont porté notamment sur la simplification des dispositions
réglementaires relatives au commerce extérieur et sur la
réduction des droits de douanes38(*) mais également sur les conditions de
concurrence, d'accueil des investissements étrangers, sur la
restructuration du système bancaire et des entreprises d'Etat. Si des
progrès notables ont été réalisés, ces
réformes structurelles restent encore insuffisantes ou inachevées
au regard des règles requises pour accéder à l'OMC. De
plus les textes réglementaires ou législatifs ne reçoivent
pas toujours d'application effective Malgré la remise de nouvelles
offres russes en 2002, le processus d'accession n'a donc pu aboutir avant la
Conférence de Cancún en septembre 2003.
Les trois points majeurs demeurés en suspens jusqu'au
21 mai 2004 concernaient :
A/ La négociation tarifaire
Les droits de douane offerts par la Russie
s'élèvent désormais en moyenne à 8,6 %, alors que
la moyenne actuelle des droits appliqués est d'environ 11 %. Le nombre
des pics tarifaires est faible (6 % des lignes tarifaires au-delà de 15
% de droits). Toutefois, la négociation bilatérale de fin janvier
n'avait pas abouti à des avancées sur les points de divergence
persistants, en particulier dans les secteurs automobile et
aéronautique. Dans le secteur automobile, les parties envisageaient la
mise en place de périodes de transition, visant à la
réduction progressive des droits de douane russes. Dans le secteur
aéronautique, la Commission négociait la possibilité de ne
pas acquitter la totalité des droits de douane dans le cas d'un contrat
de leasing. Sur les tarifs agricoles, l'Union européenne demandait une
diminution des droits sur quelques lignes tarifaires, dont les produits
laitiers. Il faut noter en ce qui concerne l'agriculture qu'au cours des
dernières années, l'administration russe a fait montre
d'intelligence tactique dans sa capacité à jouer alternativement
les cartes américaine et européenne. Dans le cadre du volet
agricole de sa négociation avec l'OMC, il est probable qu'elle
procèdera de même, mais cette fois en usant d'une approche
à trois niveaux mettant en concurrence les Etats-Unis, l'UE et le groupe
de Cairns. Nul doute que la Russie n'excelle dans cette partie qui risque fort
d'être décisive pour l'avenir de l'Accord sur l'Agriculture conclu
lors du cycle d'Uruguay. Dans cette négociation, la Russie est en
position de force. En effet, si elle n'a aucun intérêt manifeste
à se rattacher à tel ou tel camp, son ralliement éventuel
à l'un ou l'autre des protagonistes modifiera considérablement
les rapports de force entre eux, eu égard à son poids dans les
importations mondiales de produits alimentaires et à son potentiel
productif. En ce qui concerne les Etats-Unis.
1- l'approche agricole
Elle relève probablement plus d'une logique globale de
coopération, sachant que les échanges commerciaux entre les deux
pays sont très modestes (5 % du commerce extérieur russe). La
Russie soutient les positions américaines sur l'agriculture, sous
réserve d'un appui sans faille des Etats-Unis sur l'ensemble des
modalités de son accession à l'OMC. Les services Aucune
avancée n'avait été obtenue sur les divergences
persistantes dans les secteurs de l'assurance et des
télécommunications. Les autorités russes souhaitaient se
réserver la possibilité d'instaurer une limite de 49 % de
participation étrangère autorisée dans le secteur des
télécommunications. La Commission considérait que cette
demande est en deçà de la situation actuelle, dans la mesure
où un tel plafond n'est pas prévu dans la législation
russe.
Dans le secteur des assurances, la Commission a examiné
la compatibilité des amendements à la loi sur les assurances,
adoptés le 20 novembre 2003, avec le principe de non-discrimination
fixé par l'OMC. Ces amendements donnent en effet accès, aux
seules entreprises européennes, au marché russe de
l'assurance-vie et de l'assurance obligatoire. Le secteur des banques a
été également examiné par la Commission qui
souhaite que les conditions d'établissement des filiales
étrangères en Russie soient améliorées.
L'énergie La question de l'énergie posait problème. La
Commission n'accordait plus une priorité à la question du
monopole de Gazprom, mais continuait d'accorder la plus grande attention
à la question du double prix de l'énergie, en souhaitant que la
Russie mette progressivement fin au double prix (alignement du prix vendu au
secteur industriel russe sur les prix du marché mondial). A l'occasion
du Sommet UE Russie du 29 mai 2002, la Russie s'était en effet
engagée à mettre en oeuvre progressivement les principes du
marché dans ses politiques énergétiques, y compris dans le
domaine des prix. L'UE souhaitait que la Russie applique cet engagement, elle
considère que les négociations à l'OMC offrent le cadre
légal le plus adéquat pour aborder cette question. En outre, la
Commission estimait que la négociation sur l'énergie avec la
Russie ne doit pas se limiter à la question des prix et est prête
à engager un débat de fond sur le thème de
l'énergie dans sa globalité, en particulier sur les obstacles
liés aux restrictions à la liberté de transit. Ces
thèmes ne sont pas exhaustifs et la plus grande importance est
accordée à d'autres questions, telle que la protection de la
propriété intellectuelle, les normes, les taxes à
l'exportation. Sur ce dernier point, la Russie avait confirmé son
intention de supprimer les taxes à l'exportation sur la
quasi-totalité des produits, sauf toutefois sur l'énergie et les
métaux ferreux et non ferreux, produits les plus sensibles pour l'UE.
Les domaines de négociation qui paraissent les plus
problématiques sont ceux pour lesquels il existe un risque réel
de sous-estimation par l'une des parties de l'importance qu'ils revêtent
pour l'autre. Ainsi en matière agricole, il faut être conscient de
l'ampleur de la sensibilité russe à l'égard de la
préservation de son potentiel agricole. Symétriquement, les pays
membres de l'OMC attachent une grande importance au respect de la
propriété intellectuelle. Si une exposition trop brutale de
l'industrie russe à la concurrence mondiale comporte des risques
politiques, inversement l'accession a l'OMC si elle s'accompagne de soutiens
financiers et d'incitations à la concurrence, favorisera l'indispensable
remise à niveau du tissu économique russe.
L'accord conclu le 21 mai 2004 à l'occasion du Sommet
UE-Russie met ainsi fin à six ans de pourparlers. Il ne signifie pas
l'entrée immédiate de la Russie qui doit encore négocier
avec ses autres partenaires commerciaux en particulier les Etats-Unis et la
Chine. Les deux principaux obstacles à la signature ont
été levés : l'énergie : la Russie s'est
engagée à ce que ses prix du gaz vendu aux utilisateurs
industriels couvrent le prix de revient, une marge bénéficiaire
et les investissements pour l'exploration de nouveaux gisements. En outre, des
quotas sur la viande fraîche et surgelée et sur la volaille ont
été prévus à hauteur de 600 millions d'euros par
an, soit 15 % des exportations agricoles de l'UE vers la Russie ; les services
: des engagements ont été pris dans un grand nombre de secteurs :
télécommunications, transport, services financiers et postaux,
construction, distribution, environnement, agence d'information et tourisme.
Selon les termes mêmes de M. Poutine, cet accord pourrait favoriser la
ratification par la Russie du protocole de Kyoto39(*). 3. L'Union européenne
est le premier investisseur en Russie Avec 38 % du flux total des
investissements directs étrangers en 2001, l'Union européenne est
le premier investisseur en Russie.
« Si l'on se réfère aux cinq
dernières années, on constate que les différents pays de
l'Union européenne ont réalisé plus des deux tiers des
investissements directs étrangers en Russie. Si maintenant on retire le
domaine des hydrocarbures avec évidemment la présence des grandes
sociétés américaines dans ce secteur, la part des pays de
l'Union européenne atteint les 80 % »40(*).
Parmi les pays européens, les Pays-Bas se placent
largement en tête avec 2,4 milliards de dollars, suivis par le
Royaume-Uni (2,1 milliards), l'Allemagne (1,71 milliards), la France (303
millions de dollars) et l'Italie (194 millions de dollars)41(*). L'Union européenne se
situe ainsi devant les Etats-Unis (20,7 % des IDE), Chypre (19,3 %), le Japon
et la Suisse, sachant que les Etats-Unis, Chypre ou les Antilles
néerlandaises réinvestissent pour l'essentiel des actifs russes.
La faiblesse apparente des investissements français s'explique en partie
par le fait que nombre de sociétés françaises ont investi
à partir d'un autre pays de l'Union européenne. Tel serait le cas
de l'Oréal qui a opéré à partir de l'Allemagne, les
termes de la convention fiscale franco allemande étant plus
avantageux42(*). La
Pologne sert également de pays de transit pour les investissements vers
la Russie. Enfin plusieurs entreprises françaises ont leur siège
social aux Pays Bas.
Ces résultats sont d'autant plus remarquables que la
Russie ne jouit pas d'une bonne image auprès des investisseurs
étrangers.
Classée par le cabinet conseil en stratégie AT
Kearney au 8ème rang parmi les pays les plus attractifs mais à la
135ème place sur 156 pays par le Wall Street Journal, elle n'a
pratiquement pas réussi à dépasser 5 milliards de dollards
d'IDE par an soit moins de 10 % des IDE destinés à la Chine ou
encore aux PECO43(*).
L'investissement privé en Russie a en effet connu durant la
décennie 1990 des années difficiles qui ont culminé en
1998/1999 avec la crise financière et ce, alors même que le pays
avait besoin de l'investissement étranger pour restructurer son
économie, diversifier sa production et s'adapter à la concurrence
des produits importés. Après la crise de 1998 et la
dévaluation du rouble, la substitution des produits importés par
la production nationale a été de nature à convaincre les
investisseurs potentiels que la conquête du marché russe ne
saurait passer uniquement par un développement des échanges mais
aussi par une implantation. Le principe du traitement national consigné
dans l'accord de partenariat et de coopération (APC) signé en
1994 entre l'Union européenne et la Russie mais plus encore les
réformes, l'amélioration de l'environnement fiscal mis en oeuvre
à la fin des années 1990 et la croissance économique de
ces dernières années44(*)ont convaincu un plus grand nombre d'investisseurs
étrangers de l'intérêt de ce marché.
Les 160 entreprises étrangères qui ont
décidé, au cours des quatre premiers mois de 2003, selon la
CNUCED, de lancer des projets pour un montant final de 9 milliards de dollars
sont surtout présentes dans le secteur pétrolier (BP a
acheté la moitié du capital de Tyumen Oil pour 6,5 milliards de
dollars), dans l'alimentation (Cadbury, Mars, Stollwerk), les boissons
(Baltika, Brewery), le tabac (Philip Morris, Ligget) et les
télécommunications (Mustcom Consortium, Deutsche Telekom). Les
grands constructeurs automobiles (BMW, Renault, General Motors et Ford) ont
également misé sur un marché en forte expansion45(*). Il n'en reste pas moins que
pour l'heure les flux d'IDE restent très faibles par rapport au
potentiel du pays.
SECTION 2 : LA COPPERATION
DANS LE DOMAINE SCIENTTIFIQUE ET CULTURELLE
Si les relations entre l'Union européenne et la Russie
sont largement dominées par l'importance des échanges
économiques et commerciaux, la coopération scientifique et
technique n'en occupe pas moins une place non négligeable.
Paragraphe 1: La
coopération scientifique et technique
Dans l'esprit des dispositions de l'Accord de partenariat et
de coopération qui pose, dans son article 62, le principe du
nécessaire renforcement de la coopération mutuelle en ce domaine,
c'est un accord de coopération scientifique et technologique qui a
été signé le 16 novembre 2000 et renouvelé en
novembre 2003 entre les deux parties, qui fixe plus précisément
les contours de cette coopération et qui lui donne toute sa dimension.
Par delà la recherche d'une meilleure compréhension notamment
entre communautés scientifiques et des bénéfices
réciproques que chacun est appelé en en tirer, la finalité
est d'encourager, d'étendre, d'intensifier les possibilités de
coopération et d'échanges dans des disciplines
d'intérêt commun, parmi lesquelles figurent : l'environnement, le
climat et l'observation de la terre ; la santé et la biomédecine
; l'agriculture, la forêt et la pêche ; les technologies ; les
matériaux et la métrologie ; l'énergie non
nucléaire, les infrastructures, les technologies de l'information, les
sciences sociales, les politiques en matière de science et de
technologie, la formation et la mobilité des chercheurs. En tout
état de cause, cette énumération n'est pas figée et
peut évoluer au fil du temps en fonction des recommandations
formulées par le Comité conjoint Union Européenne -Russie
chargé de superviser l'opérationnalité de l'accord et de
définir et faire évoluer en tant que de besoin les champs de
coopération à privilégier. L'accord pose par ailleurs les
principes sur lesquels cette collaboration doit se nouer : l'avantage mutuel,
un traitement équitable et loyal, l'échange en temps opportun
d'informations pouvant avoir une incidence sur les activités de
recherche. Il dessine également le cadre général pour la
mise en oeuvre des activités conjointes, qui peuvent revêtir
différentes formes : participation réciproque à des
programmes de recherche à l'exception de ceux relevant du secteur
nucléaire, échanges de données scientifiques et
techniques, échanges ou partages d'équipements et de
matériels, visites et échanges de chercheurs,
d'ingénieurs, etc. Si la communauté scientifique de Russie est
confrontée, en cette période de transition, à de graves
difficultés liées notamment à une diminution drastique du
budget « recherche et développement » et à une fuite de
cerveaux inquiétante qui fragilisent son potentiel, elle n'en reste pas
moins de très haut niveau dans de nombreuses disciplines et beaucoup de
ses institutions et laboratoires de recherche sont autant de pôles
d'excellence reconnus par toute la communauté internationale et avec
lesquels il existe, pour ce qui concerne les pays européens, une longue
tradition de contacts bilatéraux. L'Union européenne, qui a pour
objectif la constitution d'un authentique espace européen de recherche
et qui s'est engagée sur une large ouverture de ses programmes à
des chercheurs des pays tiers, entend faire du sixième programme-cadre
de recherche/développement (2003-2006) un puissant levier de
diversification et d'approfondissement de ses partenariats extérieurs.
Dans ce contexte, la Russie représente un partenaire stratégique
et la gamme des disciplines scientifiques ouvertes à ces
coopérations dans le cadre du 6ème programme susvisé est
naturellement ouverte à ce pays et devrait contribuer, compte tenu des
points et axes forts de la recherche russe, à multiplier les initiatives
et les actions susceptibles d'être conduites en commun. Ces initiatives
et actions devraient, en outre, aider à juguler le
phénomène de fuite des cerveaux et à poursuivre la
reconversion d'équipes de chercheurs russes qui ont longuement
travaillé dans le secteur de la recherche militaire mais qui ont des
compétences tout à fait avérées dans de nombreux
domaines : nucléaire, biologie, chimie, etc.
Sept domaines de recherches prioritaires sont retenus par le
6ème programme-cadre : les sciences de la vie, la génomique et
les biotechnologies, pour la santé ; les technologies pour la
société de l'information ; les nanotechnologies ;
l'aéronautique et l'espace ; la qualité et la sûreté
alimentaire ; le développement durable, le changement planétaire
et les écosystèmes ; les citoyens et la gouvernance dans la
société de la connaissance. De plus, le sixième
programme-cadre contribue au financement des actions engagées par
l'Association internationale pour la promotion de la coopération avec
les scientifiques des nouveaux Etats indépendants (INTAS),
créée en 1993 et qui compte, parmi ses membres, l'Union
européenne. Son objet est de contribuer au développement des
activités de recherche dans les nouveaux Etats indépendants, de
faciliter la participation et l'intégration de chercheurs de ces pays
dans les projets de recherche de l'Union européenne via la mise en place
d'un réseau d'informations intégré, d'accorder des bourses
à de jeunes chercheurs et d'aider à la diffusion des
résultats des recherches.
En tout état de cause, il est un domaine de
coopération entre l'Union européenne et la Russie qui constitue
à cet égard un exemple emblématique d'un partenariat
profitable pour chacune des deux parties : la coopération
aéronautique et spatiale qui repose sur une collaboration très
étroite depuis plusieurs années. Elle a été
institutionnalisée en 1998 par l'instauration au plus haut niveau d'un
dialogue entre les deux partenaires en décembre 2001 et par la signature
d'un mémorandum entre la Commission européenne, l'Agence spatiale
européenne et l'Agence spatiale russe Rosaviakosmos visant à
favoriser, en partant du constat que la maîtrise de l'espace est une
composante clé du monde technologique contemporain, le lancement et le
développement de nouvelles opportunités de collaboration.
46(*)l'initiative GMES
47(*)instituée pour
assurer en Europe un accès indépendant et permanent aux flux
d'information générés à partir de l'espace et les
programmes visant à la mise au point de systèmes de transports
spatiaux et de nouveaux lanceurs. On ajoutera, mais ce point sera repris plus
avant dans le cadre de l'analyse des relations franco-russes, le projet «
Soyouz » en Guyane qui se situe pour sa mise en oeuvre à la
confluence de programmes français et européens. Au niveau
européen, l'ensemble des projets de lanceurs s'inscrit dans un cadre
plus général concernant à la fois l'avenir des lanceurs
européens dits de l'après « Ariane 5 », la
possibilité de missions habitées à partir de Kourou, mais
aussi la nécessité d'une restructuration du secteur compte tenu
des évolutions du marché des lanceurs et des
réorganisations industrielles. Enfin, dans le domaine industriel, on
mentionnera la création d'une joint-venture, la société
Starsem, entreprise conjointe russo-européenne avec 50 % du capital
partagé entre l'agence aéronautique et spatiale russe RAKA et
l'usine de Samara qui construit les lanceurs Soyouz et, 50% apportés par
l'Aérospatiale Matra (35 %) et Arianespace (15 %). Pour ce qui concerne
les projets commerciaux dans l'aéronautique impliquant les
sociétés EADS et Airbus Industries, ils sont
évoqués, compte tenu du rôle joué à cet
égard par la France, dans le chapitre concernant les relations
franco-russes. On ne saurait conclure ce panorama sans mentionner, dans le
domaine nucléaire, l'existence de deux accords spécifiques
portant respectivement sur la sûreté nucléaire et le
contrôle de la fusion nucléaire qui ont été
signés en octobre 2001. Ils sont entrés en application en avril
2002.
Paragraphe 2 : les
échanges culturels et universitaires
La coopération scientifique et technique constitue un
terrain privilégié pour un approfondissement des relations entre
l'Union européenne et la Russie. La coopération spatiale repose
ainsi sur une collaboration très étroite qui s'est
développée depuis déjà de nombreuses années,
grâce à la France en particulier48(*)
Si le constat qui prime en premier lieu est celui de relations
d'abord scellées au niveau bilatéral et parfois fort anciennes,
l'Union européenne, en tant qu'entité une et unique et la Russie
n'en sont pas moins parvenues à nouer des liens qui se sont au demeurant
renforcés au fil du temps. Ainsi, au cours des dernières
années, les initiatives se sont-elles multipliées notamment pour
permettre l'organisation en Russie d'événements et de
manifestations qui ont rencontré un certain retentissement. La plupart
d'entre elles ont été préparées de concert par la
Commission et les Etats membres partis prenantes à ces
opérations. Parmi les plus marquantes, parce que leur tenue
régulière a contribué à leur ancrage et à
leur notoriété, l'amélioration de l'organisation du
système d'enseignement supérieur et de formation professionnelle
;l'encouragement à la coopération inter -universitaire ainsi
qu'à la coopération entre universités et entreprises ;
l'aide à la mobilité des étudiants ainsi qu'à celle
des chercheurs et des scientifiques ; - la promotion de l'enseignement à
distance ainsi que celle du recours aux nouvelles technologies ;
l'apprentissage des langues européennes et la connaissance de l'Europe.
La mise en oeuvre de ces objectifs relève d'un instrument
spécifique.
1- Le programme TEMPUS I - II
Institué en 1990.49(*) Ce programme, qui couvrait initialement les pays de
l'Europe centrale et orientale, a été étendu en 1993,
à la Fédération de Russie, aux Balkans, à l'Ukraine
et à l'Albanie, devenant par là même un volet du programme
plus large, TACIS. Destiné à appuyer, grâce à une
coopération active dans le champ de l'enseignement supérieur, le
processus de réformes engagé par ces pays, il a été
conçu pour promouvoir le développement conjoint de nouveaux
programmes d'étude plus adaptés aux évolutions politiques
et socio-économiques, l'acquisition de nouvelles compétences en
matière de gestion par les personnels enseignants et administratifs des
universités et une réelle ouverture des systèmes
éducatifs des pays partenaires à la société civile.
La deuxième phase du programme TEMPUS -TEMPUS II50(*)- a été
adoptée en 1993 pour la période 1994-1998, puis prolongée
jusqu'en 2000.
2- Le programme TEMPUS III
La troisième phase -TEMPUS III- a été
lancée le 1er juillet 2000 et elle s'achèvera en 2006. Au fil des
années, si les logiques d'intervention au travers de cet instrument sont
globalement restées inchangées, son champ d'action s'est
toutefois élargi, accompagnant en cela les changements intervenus dans
l'ensemble des pays de l'Est de l'Europe et en Russie. Au-delà de la
réforme et de la modernisation du système d'enseignement
supérieur, désormais, le programme TEMPUS vise également
dans l'esprit des orientations politiques de la « stratégie commune
de l'Union européenne à l'égard de la Russie »,
à renforcer la société civile, à promouvoir la
démocratie et à approfondir le dialogue interculturel.
Combinant, pour sa mise en oeuvre.
Une approche ascendante Selon laquelle les initiatives et
propositions d'actions doivent émaner d'établissements
d'enseignement supérieur eux-mêmes avec une approche descendante
reposant sur des priorités fixées au niveau national, TEMPUS
soutient trois types de projets : - les Projets européens communs (PEC)
adossés à des objectifs clairs et qui peuvent
bénéficier d'une aide financière sur une durée de
deux ou trois ans. S'agissant de la Fédération de Russie, les
objectifs prioritairement mis en avant sont les suivants :
l'amélioration de la qualité des enseignements dispensés
par une meilleure adéquation de leur contenu aux exigences d'un monde en
profonde mutation ; la mobilité des étudiants et des personnels
enseignants ; la gestion des établissements ; la formation continue et
l'intégration du système universitaire russe dans le
système dénommé « processus de Bologne » dont le
but est la convergence des systèmes d'enseignement supérieur
européens vers une architecture plus transparente qui placerait les
systèmes nationaux encore trop différenciés dans un cadre
commun reposant sur trois cycles : licence, maîtrise et doctorat ,
l'octroi de bourses de mobilité individuelle dont l'objet est
d'encourager un rapprochement culturel, et d'aider à la multiplication
des contacts entre sociétés civiles et au renforcement des
institutions ; - des aides spécifiques pour certains types d'actions
complémentaires. La définition et la réalisation des ces
projets doivent s'effectuer dans le cadre de consortiums regroupant certes des
établissements d'enseignement supérieur mais pouvant aussi
comporter d'autres types de structures de formation, des organismes
privés, des entreprises, etc.
On ne saurait néanmoins éluder les limites
auxquelles se heurte le programme TEMPUS. En sus du faible nombre de projets,
peu en rapport avec les dimensions du pays, la question des distances,
l'hétérogénéité des contenus des projets
sélectionnés n'ont pas rendu possible jusqu'à
présent une mutualisation des résultats ni, par voie de
conséquence, entraîné un effet de système. À
de rare exceptions près, l'impact reste local, si ce n'est même
limité à la seule université bénéficiaire,
lorsqu'il existe d'autres établissements dans la même ville. Des
facteurs institutionnels ont également entravé la mise en oeuvre
des programmes retenus :
- la Commission n'a sans doute pas mené une action
pédagogique suffisante auprès des instances ministérielles
de la Fédération de Russie pour qu'il soit clairement compris
que, dans la conception et l'exécution du programme, l'initiative et la
force de proposition devaient pleinement revenir aux établissements et
non pas dépendre des pouvoirs centraux ;
- le niveau des dotations budgétaires allouées
aux programmes n'a pas permis jusqu'ici d'exploiter tout le potentiel de
coopération existant ; - sur le plan procédural, et bien que des
efforts de rationalisation aient été amorcés, il
apparaît que les règles qui président à
l'établissement des contrats et à leur exécution sur le
plan financier, restent perçues comme trop rigides ;
- Enfin, aucun mécanisme n'a été
envisagé en vue de favoriser les synergies nécessaires entre les
établissements d'enseignement supérieur et les
établissements ou organismes d'enseignement ou de formation
professionnels. La définition des politiques éducatives, la
formation professionnelle et continue, notamment dans le domaine de la gestion,
la gestion des centres d'enseignement à distance, l'amélioration
des qualifications des personnels oeuvrant dans le champ éducatif. Dans
le contexte de DELPHI I, outre la région autonome de Moscou, cinq
régions avaient été retenues : Komis,
Saint-Pétersbourg, Ekaterinbourg, Sama, Novossibirsk. À l'avenir,
d'autres régions devraient venir s'ajouter à cette liste.
DEUXIEME PARTIE
LA QUESTION KALININGRAD
« Ou placer cette Russie ou cette Union
post-soviétique, qui appartient à la fois à l'Europe et
à un autre monde ? » J.Delors 51(*)
Au-delà des bouleversements stratégiques globaux
(Kosovo, élargissement de l'OTAN, 11 septembre 2001), la Russie et
l'Union ont profondément évolué. Politiquement et
économiquement, la Russie était encore dans une situation
extrêmement confuse et instable en 1994 ; en 2004, pour fragile que
soit l'équilibre institutionnel, la situation économique et
politique du pays est très différente. De son côté,
l'Union s'est, depuis cette date, élargie à treize nouveaux
Etats, a adopté une monnaie commune et mis en place une politique
étrangère et de sécurité commune ainsi qu'une
politique européenne de sécurité et de défense.
Dès lors, comment un accord qui se propose
« d'établir le partenariat et la
coopération » ne serait-il pas frappé
d'obsolescence, quand la question pertinente aujourd'hui est celle du
renforcement et de l'approfondissement de ce partenariat ? De même,
l'absence de mention de la coopération politique et de
sécurité dans l'accord censé former l'acte fondateur de la
relation UE-Russie est, au mieux, un anachronisme. Qui plus est, cet accord,
dans les champs de coopération qu'il envisage, adopte une approche dont
l'expérience a clairement montré les limites : ainsi, en
matière économique, il identifie 140 champs de
coopération, sans établir quelque hiérarchie que ce soit
entre eux. Le travail sur l'espace économique commun n'est-il pas de
facto une reconnaissance implicite des limites de cet accord ?
Le dernier élargissement de l'Union, par les nouvelles
problématiques qu'il met en avant, place l'Union européenne et la
Russie devant leurs responsabilités : leurs relations
déjà complexes sont encore alourdies par l'introduction de
questions nouvelles, pour certaines particulièrement difficiles et
délicates, pour d'autres, résultant davantage d'une
stratégie d'instrumentalisation. L'année 2004 restera d'ailleurs
à ce titre comme un moment paradoxal des relations UE-Russie,
marquée tour à tour par la conclusion d'un accord essentiel pour
l'avenir de la Russie, puisqu'il lui ouvre les portes de l'OMC, et par une
succession de négociations et de discussions difficiles, qui culminent
actuellement avec la crise ukrainienne.
Bien avant le 1er mai 2004, le ministère russe des
Affaires étrangères avait adressé à l'UE la liste
des préoccupations de la Fédération de Russie. Mais,
à l'époque, Bruxelles n'avait pas daigné jeter un regard
sur ce document, estimant que l'adhésion à l'Union de dix
nouveaux membres ne pouvait apporter que des résultats positifs, y
compris pour la Russie. Au début de cette année, des
négociations ont finalement été engagées, l'Union
ayant reconnu le bien-fondé de ces préoccupations. La
déclaration conjointe sur l'élargissement de l'Union et les
rapports Russie - UE, adoptée le 27 avril à Luxembourg, peu avant
l'entrée dans l'Union de nouveaux pays, tient compte de ces
préoccupations. Au final, on peut affirmer que la Russie et l'Union
européenne, après avoir effectué un travail consciencieux,
ont eu le temps d'examiner un maximum de préoccupations russes, d'en
tenir compte et de décider de mesures susceptibles de les
écarter. Elles ont établi une liste conjointe des questions sur
lesquelles il leur faudra maintenant travailler.52(*)
Après le sommet en demi-teinte de novembre 2003, la
présentation, par la Russie, au mois de janvier 2004, d'une liste de
quatorze points faisant état de ses préoccupations et de ses
revendications concernant l'élargissement a donné le ton. La
Russie a ainsi chiffré entre 150 et 300 millions d'euros le
montant des pertes économiques et commerciales qu'elle subirait du fait
de l'élargissement. Au nombre de ces revendications, figuraient aussi
bien le régime des préférences commerciales, des visas et
la question des barrières tarifaires que la protection des
minorités russophones dans les Etats baltes. Aux menaces de la Russie de
ne pas signer le protocole d'extension de l'accord de partenariat de 1994 aux
nouveaux membres, l'Union européenne rétorqua que
l'élargissement était un problème interne à l'Union
et menaça la Russie de sanctions économiques. La
négociation s'engagea néanmoins et aboutit, le 27 avril, à
la signature d'un accord sur le protocole, l'Union s'étant
engagée à prendre en considération les
préoccupations russes liées à l'élargissement.
S'il a largement réglé les questions de nature
exclusivement économiques, les points durs mentionnés par la
Russie, relevant du champ politique ou de sécurité
intérieure et extérieure vont très certainement persister
comme des « irritants » de la relation UE-Russie,
systématiquement et méthodiquement utilisés par la Russie.
Des contacts qu'ils ont eus au cours de leurs différents entretiens, les
rapporteurs souhaitent mettre l'accent sur deux d'entre eux, qui risquent de
devenir des questions récurrentes du dialogue UE-Russie.
Ainsi en est-il de Kaliningrad, enclave russe dans l'Union,
qui en a fait une zone d'assistance technique prioritaire à laquelle
elle envisage de consacrer 50 millions d'euros dans les trois
années qui viennent. La question de l'enclave de Kaliningrad a
donné lieu à de difficiles négociations qui ont abouti
à un accord au sommet UE-Russie de novembre 2002. Les dispositions de ce
qu'il est convenu d'appeler le « Paquet Kaliningrad » se
mettent progressivement en place, notamment en ce qui concerne le transit
facilité des personnes.
CHAPITRE I
L'EUROPE FACE A UN NOUVEAU DEPARTEMENT D'OUTRE TERRE
Depuis que l'Union européenne prépare avec soin
son élargissement vers l'Est, la question posée par l'existence
de la région (oblast)53(*) de Kaliningrad, petit territoire russe de 15 000
Km² accueillant 948 000 habitants, russes en grande majorité,
devient de plus en plus aiguë. Les rapports et les invitations au dialogue
se sont multipliés entre la Fédération de Russie et les
institutions communautaires de l'Union.
Aucun des quatre-vingt-huit autres territoires constituant la
Fédération de Russie ne présente de
spécificités aussi fortes et d'enjeux stratégiques et
économiques touchant le continent européen dans son ensemble.
Suite à la dissolution de l'URSS en 1991 et à
l'indépendance proclamée de la Biélorussie et des Etats
baltes, Kaliningrad, que l'on appelle parfois «petite Russie», est
devenue une esclave, séparée de la «grande Russie».
Mais cette séparation géographique du reste de la Russie a
ensuite acquis une nouvelle dimension : dans la perspective de
l'élargissement de l'UE aux pays Baltes et à la Pologne,
Kaliningrad risque de devenir une enclave russe isolée à
l'intérieur de l'UE. Or la situation en double périphérie
de la région n'est pas nécessairement négative pour son
avenir, si des décisions politiques sont prises. Le
développement de l'enclave doit aujourd'hui adopter,
parallèlement à une politique volontariste et cohérente de
démilitarisation, une stratégie d'ouverture des
frontières, d'accompagnement du développement économique
et de prévention des risques liés à l'élargissement
de l'UE.
Entre encerclement et élargissement, quelle sera la
voie de transition qu'adoptera Kaliningrad ?
SECTION 1 : KALININGRAD EX KÖNIGSBERG
Kaliningrad (en russe
Êàëèíèíãðàä,
Königsberg (traditionnellement orthographié Koenigsberg en
français) jusqu'en 1946; en polonais Królewiec, et en lituanien
Karaliauèius ou Kaliningradas) est une ville de
Russie, située dans
une
enclave territoriale, l'
oblast de
Kaliningrad totalement isolée du territoire russe, (jusqu'en 1945
«
Prusse
orientale ») au bord de la
mer Baltique, entre la
Pologne et la
Lituanie.
Koenigsberg" / "Königsberg" a une
toponymie
florissante :
Regiomontium en latin, Królewiec en polonais et
Karaliauèius en lituanien.
En 1946, Staline, afin d'effacer
toute trace germanique, rebaptisa la ville en Kaliningrad /
Êàëèíèíãðàä
d'après son compagnon d'oppression Mikhail Kalinine. 54(*)
Paragraphe1 : Kaliningrad fiche technique
Kaliningrad (en russe
Êàëèíèíãðàä,
Königsberg (traditionnellement orthographié Koenigsberg en
français) jusqu'en 1946; en polonais Królewiec, et en lituanien
Karaliauèius ou Kaliningradas) est une ville de
Russie, située dans
une
enclave territoriale, l'
oblast de
Kaliningrad totalement isolée du territoire russe, (jusqu'en 1945
«
Prusse
orientale ») au bord de la
mer Baltique, entre la
Pologne et la
Lituanie.
Koenigsberg" / "Königsberg" a une
toponymie
florissante : Regiomontium en latin, Królewiec en polonais et
Karaliauèius en lituanien.
En 1946, Staline, afin d'effacer toute trace germanique,
rebaptisa la ville en Kaliningrad /
Êàëèíèíãðàä
d'après son compagnon d'oppression Mikhail Kalinine. 55(*)
La
Fédération
de Russie, héritière de
l'URSS et
occupante de ce
territoire
désormais enclavé dans
l'Union
Européenne entre
Pologne
&
Lituanie,
n'a pas jugé utile de changer son nom peu glorieux. Toutefois ses
habitants branchés le surnomment affectueusement Kenig, forme russe
abrégée de l'ancestral Königsberg.
Königsberg a vu la naissance d'Emmanuel Kant mais aussi
de la topologie. Cette branche des mathématiques est apparue
grâce au problème des "sept ponts de Königsberg" au dessus de
la rivière "Pregel" qu'il fallait essayer de ne franchir qu'une
seule fois pour relier les quatre quartiers de la ville. Leonhard Euler fut le
premier en 1736 a apporter une démonstration à cette
énigme récréative.
A/ Géographie
Kaliningrad, édifiée sur l'estuaire du
Pregel, occupe les deux
berges de ce fleuve (cf. infra le problème des sept ponts),
ainsi qu'une île centrale, le Kneiphof. Le port est
naturellement séparé de la Baltique par une presqu'île, le
Samland, fermant le golfe du
Frisches
Haff. Un canal de 50 km de longueur relie la ville au port maritime de
Pillau. Par voie de terre, Berlin se trouve à environ 650 km de cette
ancienne capitale de la Prusse. La presqu'île du Samland est très
fréquentée l'été en raison de ses stations
balnéaires : Cranz, Neukuhren, Palmnicken et Rauschen.
B/ Histoire
1- Haut Moyen-Âge
On a retrouvé sur le site de la ville des vestiges
d'habitats des IIe et IIIe siècles, à l'époque où
les
Wisigoths occupaient la
Prusse Baltique. Cette peuplade céda ensuite la place aux
Ostrogoths, dont une
tribu, les Borussiens ou Vieux-Prussiens, demeura sur les
rives de la Baltique.
En
1226 le duc
Conrad Ier de
Mazovie appela à l'aide les
chevaliers
Teutoniques pour l'aider à reprendre le
Culmerland
aux païens
Borussiens. Les
chevaliers commencèrent donc par s'emparer en 1231 des terres
occupées par ces tribus. Afin de tenir les territoires conquis, ils
firent venir de toutes les régions du
Saint Empire des colons
de langue allemande. Les quartiers de la future Königsberg
n'étaient alors que des villages épars : Juditten (en
vieux-prussien : noir), Kosse (arbres morts), Tragheim
(foyer), Sackheim (pinède), Laak (coudrier),
Ponarth (estrans). Même le nom de l'île du Kneiphof
dérive du dialecte
vieux-prussien et
signifie submersible, inondable. Cette île ne fut
fortifiée et colonisée par les Teutoniques qu'à partir de
1327. En 1255, avec l'autorisation du roi de
Ottokar II de
Bohême, l'Ordre rasa donc le village borussien de Tvankste et
édifia à son emplacement une petite ville du nom de Conigsberg
(Mont-royal), comme tête de pont en territoire prussien. Les
premiers édifices maçonnés datent de 1257.
2- Capitale de l'Ordre Teutonique
Autour de la citadelle, trois châteaux furent
édifiés : l'Altstadt, le Löbenicht et l'île de
Kneiphof,55(*) qui avaient
chacun leurs remparts, leur garnison, un marché et une église.
L'Altstadt, qui s'élevait en 1256 à l'emplacement de la
chaussée pavée ultérieure, succomba aux assauts des
Borussiens en 1263 et dut être reconstruit plus près du
Löbenicht. Königsberg obtint une
charte en 1286 et rejoignit
la
Ligue
Hanséatique en 1340. L'île du Kneiphof était depuis
1322 un sanctuaire religieux, et l'on y édifia la cathédrale
entre 1327 et 1380. Après la chute de la
Forteresse
teutonique de Marienbourg en 1457, Königsberg devint la capitale de
l'Ordre Teutonique.
3 - Capitale du duché de Prusse
En 1525 le
Margrave
Albert de
Brandebourg-Ansbach, Grand-Maître de l'Ordre, annexa la capitale de
son Ordre au Duché de Prusse et y propagea la
Réforme. Albert
n'était toutefois pas véritablement duc de toute la Prusse, car
la
Pomerellie
et la
Warmie
(patrie de
Nicolas Copernic)
restèrent sous dépendance héréditaire (jusqu'en
1569 :
Union de Lublin)
puis militaire du
Grand-Duché
de Varsovie. À l'instigation du duc Albert, la première
université de Königsberg (l'Albertina) ouvrit ses portes
en 1544 pour propager le nouvel Évangile luthérien. Le recteur du
lycée d'
Elbing, Willem van de
Voldersgraft, fut appelé à l'Albertina comme doyen et
reçut la charge de conseiller ducal
1. Il recruta
l'érudit
Andreas Osiander
comme professeur.
Comme ses prédécesseurs, Albert avait dû
toutefois se reconnaître comme le vassal du Grand-Duché polonais.
Mais par une série de manoeuvres diplomatiques auprès des autres
cours d'Europe, l'électeur
Frédéric
Guillaume Ier de Brandebourg fit reconnaître sa souveraineté
pleine et entière sur le duché de de Prusse, avec les forteresses
d'Altstadt, Kneiphof et du Löbenicht (traités de Labiau en 1656, de
Wehlau en 1657, et paix d'Oliva en 1660). Il eut cependant à combattre
le soulèvement de Königsberg contre la pression fiscale du
Duché.
4- Ville royale de Prusse
En récompense de son ralliement à la cause
autrichienne au début de la
Guerre
de Succession d'Espagne, l'électeur
Frédéric
III obtint l'élévation de la Prusse au rang de royaume, et
c'est naturellement à Königsberg qu'il se fit couronner en tant que
Frédéric
Ier de Prusse. Avec la requalification de l'électorat de Brandebourg
en tant que fief du roi de Prusse, l'ensemble des territoires de la couronne
Hohenzollern
reçut le nom de Royaume de Prusse.
La Prusse Orientale fut décimée par une
épidémie de peste de 1708 à 1710. Pour repeupler la
région, le Roi-sergent Frédéric-Guillaume Ier combina
colonisation forcée et octroi d'avantages fiscaux : ainsi, en 1732,
les protestants Salzbourgeois, chassés d'Autriche, y furent accueillis
à bras ouverts.
Königsberg fut plusieurs fois assiégée au
cours des guerres de Frédéric II entre 1741 et 1760, et fut
même occupée par les Russes en 1758. Malgré tout, c'est au
XVIIIe siècle qu'elle connut son apogée commerciale et
intellectuelle. Les armateurs et négociants écossais
(également actifs à
Saint-Pétersbourg)
y importaient du thé, du tabac et du café, et exportaient du bois
de charpente et des céréales. Les notables de la ville (et Kant
en particulier) appréciaient leur compagnie car ils étaient le
lien avec une Europe techniquement et politiquement plus moderne.
Après sa défaite contre Napoléon en 1807,
l'armée prussienne se replia sur Königsberg. Et après la
Retraite de Russie, c'est dans cette ville que se réorganisa, le 30
décembre 1812, la riposte des coalisés contre la France (pacte
militaire de Tauroggen entre le
général
prussien Yorck et le chef d'état major russe Hans Karl von
Diebitsch).
Königsberg renforça son rôle de pôle
administratif au XIXe siècle, sans toutefois pouvoir rivaliser avec
Berlin, qui s'industrialisait et se peuplait plus rapidement. La gare de chemin
de fer desservie par la compagnie Preußische Ostbahn ouvrit en
1860, et fit de la ville pendant quelques décennies une plaque tournante
entre Europe de l'ouest et Russie. Königsberg fut la capitale de la
Prusse, puis fit partie de l'
Empire allemand
à partir de
1871.
5- Destruction et russification
La ville et sa population subirent à la fin de la
Seconde Guerre
mondiale des bombardements alliés sévères. Elle fut
attaquée le 6 avril et prise le 9 avril 1945 par les troupes
soviétiques, sous le commandement du maréchal
Vassilievski.
Elle a été renommée Kaliningrad56(*) (du nom du
président du Comité Central du Parti,
Mikhaïl
Kalinine) en 1946, lorsque l'
URSS
a annexé le territoire alentour (
oblast de
Kaliningrad). On peut d'ailleurs s'étonner que la ville soit encore
de nos jours associée à la mémoire d'un dignitaire
Soviétique puisque Stalingrad (renommée après la mort de
Staline en Volgograd), Leningrad, Gorki ou Sverdlovsk ne sont plus
employés. Si l'emploi du nom allemand originel Königsberg
peut poser problème, les Russes pourraient utiliser comme nom
« Korolovets » comme le font déjà les
Polonais ("Królewiec"), les Tchèques ("Královec") ou les
Lituaniens ("Karaliauèius"), mais ces noms font aussi très
réference au Königsberg (= montagne du roi). La ville a
été l'un des plus importants ports militaires de l'
URSS en mer Baltique.
750 ans (700 d'histoire Allemande, 50 d'histoire Russe) de la
ville le
2 juillet
2005 a rassemblé les
présidents
Poutine,
Chirac et le
chancelier
Schröder.
Depuis l'adhésion de dix pays de l'Est à l'
Union
européenne, la ville est désormais une
enclave russe au milieu de
l'UE.
C/ Démographie
Parallèlement à son expansion économique
et administrative, Königsberg vit sa population croître
continuellement :
· vers 1400 on estime que la ville comptait
déjà 10 000 habitants.
· L'épidémie de peste de 1601/02 fit 12 000
victime en Prusse Orientale, mais en 1813 on dénombre 50 000 habitants
dans la capitale régionale.
· En 1864 Königsberg dépassa les 100 000
habitants et
· en 1910 elle en comptait 246 000.
· La
Première
Guerre mondiale ralentit évidemment la croissance, mais en 1925 la
ville atteint les 287 000 habitants.
· Jusqu'en 1933, la population s'accroît à 316
000 et on comptait
372 000 habitants peu avant qu'éclate la
Seconde Guerre
mondiale
Paragraphe 2 : de Königsberg à
Kaliningrad
Les « Mémoires de Guerre » du
général de Gaulle présente une bonne image des positions
adoptées par les puissances alliées face à la perspective
de la capitulation allemande, Dès le 21 juin 1942, un
télégramme du Comité national au
délégué de la France libre à Kouybichev :
« Nous ne verrions, en ce qui nous concerne, que des avantages à ce
que la Pologne se vit attribuer la Prusse orientale ».
Le 10 novembre 1943, un rapport adressé au chef de la
France Libre par le commissaire aux affaires étrangères
René Massigli raviva les inquiétudes :« Les Russes
n'ont pas dissimulé leurs prétentions territoriales : le
gouvernement polonais (préfère écarter )toute discussion
sur les frontière jusqu'à la paix ».
Dix jours plus tard, au cours d'un entretien avec M. Morawski,
ambassadeur de Pologne, le Général confirme qu'a son avis «
ce serait pour la Pologne le plus mauvais moment pour poser la question de ses
frontières avec la Russie et avec ses autres voisin » A
l'évidence, les soviétiques lui paraissaient
décidés à mesurer leurs concessions selon la nature du
régime qui s'installerait en Pologne 57(*)
Le chef de la France libre se souvenait des avertissements
naguère prodigués par l'historien Jaques
Bainville : « Pologne et Russie sont deux nations aux
frontières indistinctes, entre lesquelles il n'y a pas d'accommodements
depuis qu'elles se connaissent ».58(*)
Les rapports de forces se précisèrent quelque
peu lors de la visite du générale de Gaulle au Kremlin au
début de décembre 1944.le 2 décembre, le maréchal
Staline se déclara d'emblée disposé à ce que
« les anciennes terres polonaises (soient) restituées à
la Pologne» .Il restait à définir cette notion
d' « anciennes terres polonaises », et surtout la
nature du régime polonais escompté : «La Russie a,
dans l'affaire polonaise, un intérêt essentiel »,
compléta Staline. « Nous voulons une Pologne amie des
Alliés et résolument anti-allemande. Cela n'est pas possible avec
le gouvernement qui est à Londres et qui représente l'esprit
anti-russe, virulent depuis toujours. Au contraire, nous pourrions nous
entendre avec une autre Pologne, grande, forte et
démocratique ».
De Gaulle ayant riposté qu'il
n'avait « pas l'intention de reconnaître le comité
de Lublin comme gouvernement de la Pologne, ni de traiter officiellement avec
lui », la questions des frontières russo-polonaise parut
rester ouverte jusqu'au accords qui seront signes à Potsdam le 2
août 1945. En réalité, cependant, la conférence de
Téhéran s'était terminée le 1er
décembre 1943, su un accord de principe retenant pour frontière
l'ancienne ligne Curzon59(*) et un parallèle au sud de Königsberg; des
protocoles en ce sens furent paraphés dés septembre et octobre
1944 par les Soviétiques et les Anglo-saxons, à l'insu des
français et des Polonais de Londres. Ce sont ces textes qui seront
officialisés par Postdam, instituant une ligne de partage voisine de
parallèle de latitude 54°25N. La moitie septentrionale de la Prusse
orientale sera incorporée au territoire soviétique, tandis que la
moitie méridionale -beaucoup plus agricole- sera
placée « sous administration polonaise », en
attendant le tracé frontalier définitif, lui-même
reporté au jour de traité de paix . Mais ce dernier ne sera
jamais signé.
La souveraineté soviétique puis russe sur le
nord de l'ancienne Prusse orientale ne sera jamais contestée.
Assurée de son droit de conquête et confortée par l'accord
de ses grands partenaires, l'URSS en fit une « Oblast' »
(un département) de droit commun , et pour prévenir le
moindre doute, tous les noms allemands furent remplacés par des
appellations russe. C'est ainsi que, depuis 1946, Königsberg est devenue
Kaliningrad....60(*)
SECTION 2 : KALININGRAD ENTRE RUSSIE ET UNION EUROPEENNE
Suite aux discussions consacrées à Kaliningrad
lors du sommet UE-Russie de Moscou, le Conseil européen de
Séville a invité la Commission "à présenter,
à temps avant sa réunion de Bruxelles, une étude
complémentaire sur les possibilités qui s'offrent pour
résoudre de manière efficace et souple la question des transits
de personnes et de marchandises vers et à partir de l'oblast de
Kaliningrad, dans le respect de l'acquis et en accord avec les pays candidats
concernés".61(*)
Paragraphe 1 : Kaliningrad et la coopération
russo-européennes
La question à résoudre n'est pas uniquement
celle de la mobilité des personnes entre grande et petite Russie ou
entre Kaliningrad et l'Union européenne. Il s'agit, de manière
plus fondamentale, du choix d'un modèle de développement pour la
région, de sa spécialisation, en particulier internationale et de
son intégration dans un espace économique cohérent.
Cette question doit être résolue dans le
cadre d'un dialogue entre la Russie et l'Union européenne. Toute
tentative de traitement unilatéral sera vouée à
l'échec. C'est sans doute l'occasion d'un dialogue renforcé entre
Européens et Russes qui devrait permettre d'avancer sur le mouvement des
biens, des capitaux et des personnes et, au-delà, sur la question de la
construction d'un espace économique européen commun. Kaliningrad
devra réellement être une région pilote, comme l'ont
déclaré MM. Poutine et Prodi, pour une plus grande
intégration entre la Russie et l'Europe.
Afin de prévenir tout isolement des habitants de
Kaliningrad, il paraît souhaitable de simplifier au maximum les
procédures d'émission des visas et de permettre l'acquisition de
visas Schengen de plus longue période pour les Kaliningradois. Les
réticences à ce jour existent de part et d'autre. Une plus grande
intégration entre la Russie et l'Union européenne pourrait mener
à un abandon du régime des visas et, de fait, solutionner les
problèmes de transit pour la région de Kaliningrad. Cependant, il
s'agit de perspectives de long terme qui ne répondent pas aux urgences
du quotidien.
Le souci majeur reste néanmoins celui de modèle
de développement économique que suivra la région pour
faire face à ces nouvelles conditions économiques et politiques.
Kaliningrad est une économie largement ouverte du fait de sa petite
taille et de sa position intermédiaire entre la Russie et l'Union
européenne.
Son taux d'ouverture (ratio commerce extérieur sur
produit régional brut) est de 270%. Elle se situe
géographiquement « entre » et « au sein » des deux
espaces et possède une spécialisation économique
intermédiaire entre l'UE largement basée sur les activités
de services et des industries à haut contenu technologique et une Russie
traditionnellement fournisseuse de matières premières et de
produits intermédiaires.
L'élargissement prochain, couplé à
l'adhésion de la Russie à l'OMC, bien que la Russie n'ait jamais
eu le statut de partie contractante du GATT62(*), changera substantiellement la donne concernant les
barrières à l'échange, tarifaires et non tarifaires, les
règles concernant les standards et certifications. A défaut de
réellement avancer sur l'émergence de l'espace économique
européen commun, des projets pourraient naître pour
améliorer les choses. Il s'agit, par exemple, de la mise en place d'un
fonds de développement régional impliquant la participation de la
dimension septentrionale, de propositions de création d'un centre
russo-européen des normes et des standards aidant aux rapprochements des
systèmes institutionnels, voire d'une université des
humanités oeuvrant pour une meilleure compréhension des cultures.
Les idées ne manquent pas.
Paragraphe 2 : Kaliningrad, instrument d'une
nouvelle coopération
Pour conclure, les problèmes de Kaliningrad sont
largement connectés à son « insularité ». A
l'issue du sommet Russie - Union européenne ou l'absence de
réelles avancées dans ce dialogue63(*), la continuité
territoriale demandée par la Russie et les libertés fondamentales
des citoyens russes globalement ont été respectées en
évitant la souricière du corridor. Les Russes pourront voyager
d'une Russie à l'autre. Cependant, le transit via la Lituanie ne
représente qu'une partie mineure du problème. Qui plus est sa
résolution n'a ni satisfait ses habitants, ni leurs familles vivant dans
la partie principale de la Russie. La sphère d'affaires locale reste
également sceptique. L'intérêt de l'UE est de
prévenir toute dégradation économique de la région,
de maintenir et garantir la stabilité dans la Baltique. Il est aussi
d'utiliser Kaliningrad pour renforcer sa coopération avec la Russie.
L'Europe doit enfin assurer son élargissement et en assurer sa
sécurité intérieure. Les compromis trouvés sont
l'illustration de ces différents enjeux parfois contradictoires dans les
faits. Mais si les apparences sont sauvées, il n'en reste pas moins que
les conditions d'une meilleure intégration économique restent
à inventer, puis à mettre en place. Il s'agit là d'une
longue route pour rapprocher la Russie et l'Europe, via une meilleure inclusion
de Kaliningrad dans un espace économique et social largement
européen.
CHAPITRE II
L'UNION EUROPEENNE ET KALININGRAD
Séparée géographiquement du reste de la
Russie, Kaliningrad constitue un territoire particulier qui est appelé
à être entouré par l'UE après
l'élargissement. Celui-ci se rapprochant, la région fait l'objet
de tous les regards. Dans le droit fil du document stratégique de la
Commission de novembre 2000 sur l'élargissement, la présente
communication vise à apporter des éléments à un
débat que l'UE doit avoir avec la Russie (notamment avec Kaliningrad) et
avec les deux futurs États membres voisins, à savoir la Pologne
et la Lituanie, sur des questions qui se répercuteront sur notre avenir
commun.
La présente communication se penche sur l'impact de
l'élargissement de l'UE et fait une distinction entre les questions qui
se poseront pour toutes les régions russes64(*)et celles qui sont
spécifiques à Kaliningrad. L'élargissement de l'UE sera un
événement positif pour ses voisins, en contribuant à la
stabilité et à la prospérité. La Russie devrait
bénéficier de façon substantielle de
l'élargissement et les régions telles que Kaliningrad sont bien
situées pour tirer parti des nouvelles opportunités qui seront
créées.
L'adoption de l'acquis par la Pologne et la Lituanie
impliquera inévitablement des modifications dans certaines règles
et pratiques en vigueur entre la Russie, l'UE et les nouveaux États
membres. Certains de ces changements auront un impact égal sur toutes
les régions russes tandis que d'autres auront des implications
spécifiques pour Kaliningrad, essentiellement en ce qui concerne la
circulation des marchandises, des personnes et l'approvisionnement
énergétique. Le présent document examine également
les modalités par lesquelles l'UE et la Russie peuvent coopérer
dans le cadre de ces avantages mutuels afin de réduire l'impact des
problèmes existants auxquels Kaliningrad est confrontée et qui ne
sont pas directement liés à l'élargissement dans des
domaines tels que l'environnement, la lutte contre la criminalité, les
soins de santé et le développement économique.
Le présent document ne définit pas de
proposition de décision officielle de la Commission mais présente
en revanche des suggestions et des éléments de discussion entre
les parties. Les décisions en ce qui concerne Kaliningrad sont de la
compétence de la Russie et de la région elle-même.
Néanmoins, l'UE et ses futurs États membres ont
intérêt à oeuvrer à la bonne marche des changements
requis par l'adhésion et à encourager la coopération avec
Kaliningrad dans un certain nombre de questions régionales. Des
suggestions sont faites afin de donner des idées permettant de
s'attaquer aux questions mises en évidence dans le présent
document. Si elles s'avèrent utiles, elles pourront par la suite servir
de base aux décisions à prendre par les autorités
compétentes.65(*)
Des informations de base sur la situation actuelle de
Kaliningrad et sur ses relations avec ses voisins et organisations
internationales figurent dans les annexes du document.
SECTION 1 : CONSEQUENCE DU PROCESSUS DE L'ELARGISSEMENT
DE L'UNION
L'élargissement de l'UE aux États baltes
représente pour la Russie une perspective d'affaiblissement
stratégique mais aussi d'isolement économique et humain de la
région, en raison du renforcement prévu des contrôles aux
frontières et de la nouvelle législation commerciale en voie
d'adoption par les pays adhérents. Le risque serait alors que l'oblast'
se transforme en une zone de pauvreté enclavée dans une
région en pleine expansion, ce qui pourrait provoquer des flux
migratoires et générer des tensions locales et régionales
importantes.
Paragraphe 1 : questions découlant du processus
d'élargissement
A / Circulation des marchandises
Actuellement, les relations commerciales entre l'UE et la
Russie sont régies par l'Accord de partenariat et de coopération
(APC) signé en 1994. Lors de l'adhésion, la Pologne et la
Lituanie reprendront l'APC, qui fait partie de l'acquis, et le tarif
extérieur commun s'appliquera aux échanges entre la Russie et
l'UE élargie. Étant donné que l'UE applique
déjà des tarifs très bas à ses échanges de
produits industriels avec la Russie dans le cadre de la NPF tandis que la
Pologne applique des tarifs NPF de 15,8 % et la Lituanie de 5,3 %, les
marchandises russes bénéficieront de tarifs sensiblement plus bas
après l'élargissement. Ces niveaux tarifaires plus bas
s'appliqueront aux marchandises originaires de Kaliningrad de la même
manière qu'au reste de la Russie. Étant donné sa
proximité par rapport aux marchés de l'UE, cette perspective
d'accès allégé représente une importante
opportunité pour Kaliningrad.
Vu sa forte dépendance à l'égard du
commerce avec les pays voisins, Kaliningrad devrait avoir intérêt
à adopter les normes techniques de l'UE pour tirer pleinement parti de
cette facilité d'accès. Néanmoins, avant que ne soit faite
une évaluation plus détaillée, on ne peut pas exclure que
les modifications du régime commercial qui auront lieu à
l'adhésion pourraient avoir un impact sur des produits particuliers.
Il est proposé que l'UE et la Russie examinent l'impact
commercial de l'élargissement sur Kaliningrad au sein du
sous-comité pour le commerce et l'industrie de l'APC. Celui-ci pourra
être invité à recommander des solutions si des
problèmes particuliers y sont recensés. Cette évaluation
devrait être réalisée durant le premier semestre de
2001.
Pour le moment, les marchandises originaires de Kaliningrad
qui sont destinées à la Russie, et vice versa, passent en transit
par la Lituanie et la Lettonie/Belarus. Après l'élargissement,
l'APC permettra le libre transit entre la Lituanie et/ou la Lettonie, sans
droits de douane ni autres droits de transit (autres que les redevances pour le
transport et l'administration). L'APC bénéficiera
également au commerce de marchandises entre la Russie et l'UE
étant donné qu'il offre à la Russie le traitement de la
NPF. Lorsque la Russie deviendra membre de l'OMC, ses règles
s'appliqueront également au commerce entre l'UE et la Russie.
À plusieurs reprises, il a été
proposé d'instituer un régime commercial spécial en faveur
de Kaliningrad. Or Kaliningrad faisant partie intégrante de la Russie,
il serait difficile de la doter d'un statut particulier, tel une zone de
libre-échange ou une union douanière. Des problèmes
politiques et juridiques particuliers en découleraient, outre que la
Russie n'est pas susceptible d'octroyer à Kaliningrad le degré
d'autonomie nécessaire. De plus, il n'est pas certain qu'un tel
traitement spécial serait nécessaire, vu la situation
généralement favorable décrite ci-avant.
Un aspect de la circulation des marchandises dont il faudra se
préoccuper est le franchissement des frontières. Aujourd'hui, il
y a 23 points de franchissement entre Kaliningrad, la Pologne et la Lituanie.
Pour assurer des flux de marchandises satisfaisants à la
frontière extérieure de l'UE, des améliorations pourraient
être apportées tant dans les infrastructures matérielles
que dans la gestion, notamment par l'amélioration des systèmes
d'information. Le dernier élargissement a montré que
l'introduction de l'acquis à la frontière entre la Finlande et la
Russie peut accélérer les formalités de passage aux
frontières.
L'UE, la Russie, la Pologne et la Lituanie doivent examiner
les modalités pratiques de gestion du franchissement des
frontières, sous l'hypothèse de leur admission à
l'OTAN66(*). En
commençant par les principaux points de passage par route et chemin de
fer, surtout dans les liaisons de la région avec les corridors
paneuropéens de transport. Il y a lieu de traiter des problèmes
douaniers, de la surveillance des frontières, des aspects
phytosanitaires, vétérinaires et sanitaires. Les discussions
pourraient se tenir dans des groupes de travail dans les sous-comités
concernés de l'APC en ce qui concerne la Russie et dans le cadre de
l'accord européen en ce qui concerne la Lituanie et la Pologne. Elles
doivent encourager la ratification des accords en suspens qui portent sur la
démarcation des frontières et les points de passage et viser
l'adoption d'une approche pluriannuelle visant à moderniser les
installations à mettre en oeuvre par les autorités nationales
compétentes. Dans le cadre de ces discussions, il y aurait lieu de
donner des conseils sur l'utilisation optimale des moyens financiers, quelle
que soit leur origine.
Les activités de transit futures seront
également facilitées par l'amélioration des liaisons de
transport; Kaliningrad est actuellement intégrée dans le
réseau de transport paneuropéen, en particulier dans les
corridors I et IX. Le programme Tacis a déjà financé une
stratégie de transport multimodal en faveur de Kaliningrad. Des
investissements considérables devraient être consentis pour porter
les corridors routiers I et IX aux niveaux européens.
Il est proposé que le résultat de cette
étude soit examiné avec les IFI et la Russie et les
autorités des pays limitrophes, afin de garantir le financement des
projets prioritaires.
Pour le moment, le matériel et les effectifs militaires
sont transportés par la Lituanie dans le cadre d'un accord
spécial conclu avec la Russie. Ces dispositions doivent être
examinées dans le contexte de l'élargissement.
B / Approvisionnement énergétique
Actuellement, les besoins en électricité de
Kaliningrad sont essentiellement couverts par des importations provenant du
reste de la Russie qui passent par la Lituanie au moyen d'un réseau
commun. La Lituanie envisage de se relier au réseau électrique
d'Europe centrale en établissant une connexion avec la Pologne. En
fonction de l'option technique qui sera choisie pour cette connexion (ligne
électrique avec ou sans station de conversion) et des coûts
entraînés, Kaliningrad pourrait soit maintenir sa liaison au
réseau russe soit passer au réseau de l'Europe centrale qui est
relié au principal réseau de l'UE, l'UCTE.
Sans préjuger des choix futurs qui seront faits, il est
proposé d'entreprendre une étude dans le cadre de Tacis sur les
besoins en énergie, le potentiel énergétique et les
scénarios envisageables afin d'évaluer, notamment, la
faisabilité de produire de l'électricité à
Kaliningrad ainsi que de recourir à d'autres sources d'approvisionnement
électrique et à des solutions d'échange
d'électricité. Les projets de construction de gazoducs dans la
région de la
Baltique ainsi que les questions de transit qui y sont
liées devront également être prises en compte dans
l'étude, ce qui nécessitera une étroite coopération
entre l'UE, la Lituanie, la Russie (y compris Kaliningrad) et les IFI.
C/ Circulation des personnes
Les visas constituent un sujet de grande sensibilité et
d'une grande valeur symbolique : le régime des visas
révèle le rapport entre deux pays, la confiance qui règne
entre eux.67(*)
L'introduction de l'acquis par les nouveaux États
membres aura un impact sur les pays tiers en ce qui concerne les exigences de
visa et les contrôles des frontières. Même si les exigences
de l'acquis resteront les mêmes vis-à-vis de Kaliningrad comme du
reste de la Russie ou d'autres pays tiers de la région, il est possible
que l'impact sur la population sera plus grand là que dans d'autres
parties de la Russie, vu la situation géographique de Kaliningrad.
La Pologne a l'intention d'introduire l'acquis communautaire
en 2001 et la Lituanie au plus tard à l'adhésion. Ceci aura des
implications pour le transit et le voyage des personnes. Les voyages, quelle
qu'en soit leur raison, vers ou au travers d'États membres de l'UE,
nécessiteront un visa. Le transit sans visa (dont
bénéficient actuellement les habitants de Kaliningrad et
certaines catégories de ressortissants russes transitant par la
Lituanie) ne sera plus possible. En outre, les ressortissants de Kaliningrad ne
pourront voyager que s'ils sont munis d'un passeport valable (alors
qu'aujourd'hui les documents d'identité internes sont
acceptés).
Ces nouvelles exigences n'entraveront pas
nécessairement la circulation des personnes entre Kaliningrad et le
reste de la Russie ainsi que vers et depuis les États membres futurs (et
toutes les exigences ne n'appliqueront pas nécessairement à la
date de l'adhésion étant donné que certaines parties de
l'acquis ne devront pas être mises en oeuvre avant que les
contrôles aux frontières intérieures de l'UE élargie
soient levés pour les nouveaux États membres). L'acquis
prévoit la délivrance de visas de transit, de visas à
court terme et de visas nationaux à long terme, ce qui permet un passage
aisé des frontières et la possibilité d'entrées
multiples.
Dans le contexte plus large des politiques de la
Communauté en matière de visas et de frontière
extérieure, il pourrait falloir examiner un certain nombre de domaines
du point de vue de la facilité de circulation des personnes :
l'élaboration possible de nouvelles règles en ce qui concerne le
petit trafic frontalier (trafic au sein de zones proches de la frontière
extérieure) afin d'empêcher la perturbation des liaisons
socio-économiques locales; l'effet des règles existantes en
matière de transit dans le cadre de la situation spécifique de
Kaliningrad; le coût des passeports (compétence de la Russie) et
des visas (compétence des États membres actuels et futurs de
l'UE); l'ouverture d'offices consulaires à Kaliningrad afin de faciliter
la délivrance des visas (ressort des États membres de l'UE) et la
possibilité de tirer parti de tout arrangement particulier
autorisé par l'acquis. Dans ce dernier contexte, les exemples
présentés par les autres pays candidats devraient être
examinés.
Néanmoins, le plus important sera la gestion efficace
du franchissement des frontières, qui passe par l'amélioration
des installations et des procédures ainsi que l'échange des
meilleures pratiques. Ceci accélérerait les procédures de
franchissement des frontières qui sont lentes et arbitraires. L'UE
contribue déjà au développement des infrastructures aux
points de passage des frontières, à la modernisation des
procédures et à la formation afin de faciliter la circulation des
personnes et des marchandises au travers de la future frontière
extérieure. De telles mesures pratiques facilitent le franchissement des
frontières tout en combattant la criminalité organisée et
les autres activités illicites.
Sans préjuger des négociations d'adhésion
avec la Pologne ou la Lituanie, il est proposé que les mesures pratiques
visant à mener un contrôle adéquat et efficace des
frontières soient maintenues, facilitant ainsi la circulation des
personnes et des marchandises au passage de la future frontière
extérieure. Le recours à des officiers de liaison pourrait
être envisagé.
L'assistance technique et financière de l'UE peut
contribuer à la création d'un système de contrôle
des frontières performant, notamment par le recours à des
documents de voyage impossibles à falsifier.
Dans le contexte plus large des politiques de la
Communauté en matière de visas et de frontière
extérieure, la bonne adaptation des règles de la
Communauté en matière de petit trafic frontalier et de transit
à la situation spécifique de Kaliningrad pourrait être
évaluée. La possibilité de tirer parti de tout arrangement
particulier autorisé par l'acquis devrait être examinée,
à partir d'exemples constitués par les dispositions existantes,
notamment dans les pays candidats.
Leur intégration dans l'espace Schengen est
prévu pour 2007/2008.68(*)
Le coût des passeports (compétence de la Russie)
pourrait aussi être examiné, de même que le coût des
visas (compétence des États membres actuels et futurs de l'UE)
dans le contexte plus large des politiques communautaires. Les États
membres nouveaux et actuels pourraient envisager l'ouverture de consulats (ou
le partage des locaux afin de réduire les coûts) à
Kaliningrad, afin de faciliter la délivrance des visas et la gestion
efficace des flux migratoires.
De telles initiatives destinées à assurer la
circulation harmonieuse des personnes à travers les frontières
impliqueraient une certaine coordination entre la Russie et l'UE en
matière de politique de visa, ce qui présenterait
également un avantage mutuel plus vaste. Il y aurait lieu de les
accompagner de contrôles appropriés et d'une action contre les
voyageurs et passagers ne disposant pas des documents adéquats. La
conclusion rapide d'un accord de réadmission entre la Russie et l'UE
contribuerait à étoffer la confiance.
Une initiative d'information devrait être prise pour
redresser l'image déformée que l'on peut se faire des
conséquences de l'élargissement de l'UE sur la circulation tant
des personnes que des marchandises au travers de la future frontière
extérieure de l'UE.
Il est proposé que l'UE et la Russie concluent
rapidement un accord de réadmission.
Il est proposé que l'UE fournisse à
l'administration et à la population de Kaliningrad et des régions
frontalières des informations sur la manière dont la future
frontière extérieure de l'UE fonctionnera, vu le besoin d'assurer
un franchissement des frontières rapide et efficace pour les
marchandises et les personnes tout en empêchant les activités
illicites.
Pêche Après l'élargissement, la mer
baltique deviendra presque entièrement une zone de pêche de l'UE,
à l'exception de quelques zones réduites autour de Kaliningrad et
Saint Pétersbourg.
Il est proposé d'examiner les relations dans le domaine
de la pêche entre l'UE et Kaliningrad, à la lumière des
conséquences de l'élargissement sur l'accès aux zones de
pêche et du futur accord sur la pêche entre l'UE et la Russie.
Paragraphe 2 : questions d'intérêt commun non
directement liées a
L'élargissement
A/ Développement économique
Le chômage et la pauvreté se sont
spectaculairement aggravés à Kaliningrad depuis 1991 et les
principaux indicateurs de bien-être montrent que le niveau de vie y est
inférieur à la moyenne en Russie 69(*)(voir l'annexe 1 pour plus de détails sur la
situation économique). Le développement économique de
Kaliningrad est du ressort des autorités centrales à Moscou ainsi
que des autorités locales de la région. Kaliningrad est
tributaire des crédits alloués par Moscou et de ses relations
commerciales et économiques avec le reste du pays. Jusqu'à
présent, la politique régionale de la Russie s'est
révélée moins développée que celle de l'UE,
en termes de transferts financiers et d'incitations aux investissements, et la
tendance actuelle va vers un renforcement de la centralisation. Ce sont
néanmoins les autorités centrales et locales qui ont en main les
cartes nécessaires pour stimuler le développement
économique.
Comme ailleurs en Russie, il faut pouvoir compter sur un
environnement juridique et institutionnel stable et sûr. Une saine
gestion des affaires publiques, la mise en oeuvre équitable et efficace
de la législation (par exemple en ce qui concerne la protection des
droits des actionnaires et des investisseurs, les faillites, l'audit et la
comptabilité), la restructuration des entreprises et le
développement des PME s'impose. Les institutions du marché
doivent être renforcées, par exemple dans le secteur financier et
la fiscalité.
L'UE peut contribuer au développement économique
de Kaliningrad de diverses manières.
Déjà, elle peut apporter son aide en fournissant
de conseils, en partageant son expérience et en fournissant des fonds
par l'intermédiaire du programme Tacis et des programmes
bilatéraux des États membres.
D'aucuns ont suggéré de constituer un fonds
spécial en faveur du développement de Kaliningrad. La Commission
estime quant à elle que la première priorité est de
travailler avec les autorités russes et les autorités locales
pour recenser les domaines prioritaires à aider et ensuite apporter son
concours afin de trouver les subventions et/ou prêts permettant de
financer ces actions. Le financement de Tacis en faveur de la Russie peut
être mis en oeuvre au niveau régional et dans ses débats
avec les autorités russes sur les priorités futures, la
Commission a la faculté de prendre en compte des actions prioritaires
à mener à Kaliningrad.
Plus spécifiquement, les autorités et les
entreprises basées à Kaliningrad peuvent participer aux
programmes de formation financés par Tacis pour contribuer au
développement des institutions du marché telles que les banques,
les compagnies d'assurances et les services fiscaux locaux. Les cadres sur
place pourraient participer à des programmes de formation dans des
entreprises de l'UE. Pour développer le potentiel et les marchés
d'exportation de
Kaliningrad dans les pays voisins, l'UE pourrait
également fournir une aide dans des domaines tels quel l'harmonisation
des normes et les procédures d'évaluation de la
conformité. Tacis soutient une Agence de développement
régional à Kaliningrad, qui pourrait jouer un rôle
important dans la promotion du commerce et des investissements de
Kaliningrad.
La Zone économique spéciale (ZES) a
été créée essentiellement pour offrir des avantages
aux entreprises basées à Kaliningrad, au moyen d'exemptions
tarifaires et fiscales en faveur de leurs importations et des marchandises
produites localement, exportées vers d'autres pays et dans le reste de
la Russie. L'idée de promouvoir l'activité économique et
les investissements au moyen d'une zone économique spéciale est
intéressante, même si, dans sa forme actuelle, la ZES est
susceptible d'entraîner une distorsion de la concurrence en raison des
subventions allouées, ce qui est incompatible avec les règles de
l'APC et de l'OMC. En pratique, la ZES n'a jamais été pleinement
fonctionnelle et n'a reçu qu'un appui limité des
autorités.
Néanmoins, les avantages possibles ainsi que le statut
de ZES doivent être éclaircis auprès des autorités
fédérales et, si nécessaire, être adaptés
pour être mis en conformité avec les obligations internationales
de la Russie. La société de l'information est un
élément primordial à la base de la
prospérité et du développement durable. Un environnement
favorable à l'utilisation d'Internet est essentiel pour le
fonctionnement de l'économie, des entreprises, du gouvernement et de la
démocratie.
Le développement de la société de
l'information devrait être encouragé et il s'agira d'identifier
des moyens efficaces pour promouvoir la participation de Kaliningrad aux
actions de coopération régionale dans ce domaine.
B/ Démocratie et Etat de droit
Le développement de Kaliningrad et sa participation
dans la région dépendent du renforcement de l'Etat de droit et de
la mise en oeuvre des principes de saine gestion, en particulier par le
développement des institutions et de la société civile.
L'UE peut apporter sont aide dans ce processus en encourageant la participation
de Kaliningrad dans les projets qu'elle mène en faveur de
l'administration publique et de la réforme judiciaire et la
participation des fonctionnaires locaux aux programmes de formation. On peut
envisager d'apporter une aide à la gestion du budget régional et
local et à la gestion des services municipaux.70(*)
Grâce au bureau d'assistance de Tacis, mis en place
à Kaliningrad en décembre 2000, la participation des acteurs
locaux dans les programmes de partenariat avec les organisations de l'UE et les
activités de personne à personne seront promues, de même
que les institutions de formation, les ONG, les syndicats, les médias,
les organisations professionnelles, les entreprises, les municipalités
et les tribunaux.
Comme ailleurs en Russie, il y a lieu de lutter contre les
activités illicites, qui sont susceptibles de toucher les États
membres limitrophes de l'UE. Des mesures énergiques doivent être
prises par les autorités fédérales, par exemple pour
mettre en oeuvre et faire respecter la législation et les conventions
internationales. La Task force sur la criminalité organisée dans
la région de la mer baltique peut apporter une précieuse
contribution pour s'attaquer à ces problèmes. Au niveau local, la
coopération doit être renforcée pour traiter des
problèmes tels que les vols de voitures et être ensuite
étendue à d'autres régions. La coopération pourrait
également viser à améliorer l'indépendance du
pouvoir judiciaire local, en particulier par des programmes de formation et de
jumelage s'adressant aux magistrats. Des efforts visant à mettre au
point des mesures de contrôle frontalier/douanier performantes doivent
également être liés au programme plus vaste de la lutte
contre la criminalité.
C/ Environnement
1/ la pollution de l'eau
Dans le cadre des efforts déployés pour
améliorer la qualité de la vie à Kaliningrad, il est
nécessaire de porter toute son attention sur l'environnement, en
particulier sur la réduction de la pollution de l'eau.
L'amélioration de la propreté de la mer baltique
bénéficierait à toutes les régions qui la bordent
et devrait être un objectif prioritaire de la coopération
régionale. Il faudrait aussi faire plus pour réduire la pollution
provenant de villes plus petites de la région.
Kaliningrad devrait être activement impliquée
dans les efforts menés au plan fédéral pour surveiller
l'environnement, harmoniser les normes, etc.
La présence militaire passée à
Kaliningrad est susceptible de poser des problèmes d'élimination
des déchets nucléaires. Il y a également des
problèmes du fait des réserves d'armes chimiques laissées
sur place depuis la deuxième guerre mondiale.
L'environnement est un domaine prioritaire de l'aide de l'UE.
Les actions de Tacis menées actuellement comprennent un projet CT
portant sur la qualité de l'eau dans les zones de la frontière
avec la Lituanie et la Pologne ainsi qu'un projet de gestion des déchets
dans la zone côtière de Kaliningrad. Un prêt BERD/NEFCO/NIB
a été consenti en faveur d'une installation de traitement des
eaux usées dans la ville de Kaliningrad et plusieurs projets
bilatéraux sont mis en oeuvre pour améliorer le réseau des
eaux dans la région.
2/ Santé
Les maladies contagieuses posent un grave problème en
Russie et à Kaliningrad en particulier. Il faut s'y attaquer au niveau
fédéral mais des mesures préventives peuvent aussi
être prises à Kaliningrad même. Tacis soutient plusieurs
initiatives au niveau local et dans le secteur non- gouvernemental afin d'aider
à la réforme des systèmes de soins de santé et
à la lutte contre le sida. À l'avenir, la recommandation de la
Task force pour la lutte contre les maladies contagieuses dans la région
de la mer baltique contribuera à résoudre le problème de
la tuberculose et du sida au niveau régional.71(*)
L'objectif de étude présente est d'alimenter les
débats. il y a lieu d'examiner plusieurs problèmes, qui font
intervenir différents partenaires. Il sera important de faire avancer
les débats dans un cadre approprié, en respectant
intégralement les compétences de chacun des partenaires. Dans
l'APC, l'UE et la Russie disposent déjà des mécanismes qui
permettront de débattre de ces questions au niveau politique le plus
élevé, et aussi d'assurer une préparation technique en
profondeur de ces débats. Durant le processus d'élargissement,
l'UE peut débattre de toutes ces questions avec les pays candidats.
Lorsqu'il est nécessaire que tous les partenaires (UE, Russie, Lituanie
et Pologne) discutent ensemble, des réunions peuvent être
organisées.
Dans le droit fil du document stratégique de la
Commission de novembre 2000 sur l'élargissement, il convient de traiter
des questions relatives à Kaliningrad en coopération avec la
Russie, la Pologne et la Lituanie. Il est proposé qu'après
l'examen interne du présent document par l'UE, le conseil de
coopération UE-Russie porte la question de Kaliningrad à son
ordre du jour et voie comment résoudre les différents
problèmes évoqués. Cette coopération doit
être préparée avec la Russie par la présidence et la
Commission. En fonction du résultat de ces délibérations
politiques et techniques, les problèmes et solutions envisageables
pourront être désignés pour être examinés par
les organes de l'APC. Il est également proposé que la question de
Kaliningrad soit examinée lors du sommet UE-Russie de mai 2001. En
parallèle, l'UE continuera de débattre des mêmes questions
avec la Lituanie et la Pologne dans le cadre mis en place par les accords
européens. Le cas échéant, des réunions entre
toutes les parties pourront être organisées. En outre, pour
faciliter la coopération transfrontalière, des réunions
spécifiques pourront être organisées entre les partenaires
intéressés de façon, notamment, à convenir des
dispositions pratiques.
SECTION 2 : L'AVENIR DE KALININGRAD
Paragraphe 1 : scénarios possibles des relations
entre Kaliningrad et l'UE
La question de l'ouverture internationale de pays en
transition, et par extension, de leur intégration à
l'économie mondiale, est depuis treize ans au centre des débats
sur les politiques de transformation systémique. Cette question
revêt un caractère particulier au regard du dialogue engagé
entre la Russie et l'UE, pour lequel Kaliningrad représente une
pièce important du puzzle, que ce soit sur la question des visas ou sur
celle de la coopération transfrontalière. Selon
P.Joenniemi72(*), trois
scénarios d'ouverture sont envisageables dans le cas de la région
de Kaliningrad.
A/ Scénario 1: Le choix de l'indifférence
Dans ce scénario, les relations entre Kaliningrad
et l'UE se poursuivent sans prendre en compte les conséquences de
l'élargissement de l'UE. Des projets d'assistance technique divers sont
toujours réalisés, mais ils demeurent intégrés
à un programme d'action consacré à la Russie dans son
ensemble.
Cette option souffre de l'absence d'une réelle
stratégie adaptée à la situation d'enclave au sein de
l'UE. Au lieu de coopérer avec Kaliningrad dans une perspective
régionale, l'UE ne fournit que des aides ponctuelles et circonscrites
à certains domaines, comme l'assistance médicale. Les actions
politiques à l'égard de Kaliningrad, bien qu'importantes, ne font
pas l'objet d'une aide intégrée tenant compte des
réalités locales. D'autres formes de coopération
ponctuelles pourraient être amplifiées : le renforcement de la
présence de Kaliningrad dans les eurorégions de la Baltique et de
Niémen , les projets Interreg III , la Dimension
septentrionale ou l'Initiative de Nida
[8]
entre la Russie et la Lituanie pour améliorer les transports, la
qualité de l'environnement, la santé publique et le
contrôle douanier.
L'option de l'indifférence est de loin la plus
improbable. Pourtant, pendant les années 1990, Kaliningrad a souffert du
désintérêt de la "grande Russie" comme de celui de l'UE,
soucieuse de ne pas être suspectée d'ingérence. Mais un
espace de près d'un million d'habitants occupant une telle position
centrale dans la zone de la Baltique ne saurait être abandonné
à la dérive. Tous les acteurs comprennent qu'il serait bien
irresponsable à long terme de rester dans une indifférence qui
pourrait mettre en péril la pérennité économique de
la zone.
B/ Scénario 2 : Le choix de l'isolement
Dans ce scénario, l'UE considère que le
retard économique et social accumulé par Kaliningrad par rapport
à ses voisins baltes est tel qu'une aide, aussi cher payée
soit-elle par les contribuables européens, ne peut être rentable ;
ce problème incombe donc à la seule Russie. Trois raisons
alimenteraient cette position : il apparaît d'abord très difficile
pour l'UE d'offrir à la région russe un niveau d'aide
équivalent à celui attribué aux Etats candidats à
l'adhésion 73(*) ; ensuite, la Russie dans son ensemble est
très loin d'atteindre un niveau acceptable en matière
d'économie de marché et de fonctionnement démocratique ;
enfin, la Russie pourrait se montrer réticente à toute
implication étrangère directe sur son territoire.
Ce scénario, au mieux favorise le renforcement du
secteur informel, au pire conduit à la crise et au déclin, la
criminalité transfrontalière augmentant en particulier,
menaçant à terme la stabilité régionale. Ceci
encourage l'UE à renforcer son isolement par la stricte application de
l'accord de Schengen. En cas de dégradation plus prononcée de la
situation, avec l'apparition d'une épidémie contagieuse ou un
taux de criminalité très élevé, d'autres mesures
seront prises, telles la mise en place d'un «cordon sanitaire» autour
de la région. En cas d'aggravation de la situation et d'accroissement de
l'instabilité, l'UE n'a pas prévu de scénario de sortie de
crise pouvant y répondre efficacement.
C/ Scénario 3: Le choix de l'intégration
Ce scénario implique que l'UE reconnaisse Kaliningrad
comme membre à part entière de la famille européenne :
avec ou sans l'aide de Moscou, l'UE coopère activement avec l'enclave
afin de renforcer une politique régionale dans laquelle la région
est traitée en partenaire réel. Tout en reconnaissant que
Kaliningrad ne peut bénéficier exactement du même
traitement que les Etats candidats à l'adhésion, des
mécanismes compensatoires sont mis en place afin que Kaliningrad ne
continue pas à être défavorisée :
idéalement, Kaliningrad devra recevoir un montant d'aide comparable
à ses voisins. Ceci est loin d'être le cas pour l'instant, comme
l'indique la carte ci-après, puisqu'il y a un rapport de un à
cinq avec les pays Baltes et un rapport de 2,3 avec la Pologne (pourtant
peuplée de plus de 39 millions d'habitants).
Cette hypothèse de l'intégration semble la plus
probable, malgré les obstacles et les défis qu'elle
sous-tend
. Des
efforts ont déjà été entrepris dans le sens d'une
meilleure intégration de l'exclave au sein de l'espace baltique, puis
dans l'optique de celle d'une enclave au sein de l'UE.74(*)
Dès 1991, une Zone économique libre a
été créée pour favoriser les investissements et le
commerce à l'intérieur de l'enclave. Puis le cadre des relations
générales entre la Russie et l'UE s'est étoffé,
témoignant de la volonté commune aux deux acteurs
d'améliorer notamment la situation de Kaliningrad par une collaboration
plus intense. Mais c'est sans doute à travers l'étude du
degré d'ouverture des frontières que l'on appréhende le
mieux les dernières évolutions de la question de Kaliningrad.
Paragraphe 2 : L'avenir de Kaliningrad dans le
co-pilotage
Kaliningrad a bénéficié d'un traitement
spécifique de la part de la Russie, qui lui a accordé le statut
de Zone économique spéciale (ZES). Ses résultats sont
mitigés, malgré une très forte reprise de la croissance
économique depuis la crise de 1998. Ceci pose la double question de
l'ancrage des mesures dans le long terme, mais aussi d'une meilleure
articulation avec les stratégies et les politiques européennes
liées à l'élargissement de l'UE à la Pologne et aux
Etats baltes. N'y aurait-il pas une possibilité de co-pilotage de la
région pilote?
A/ Les résultats
mitigé de la Zone économique spéciale
Afin d'aider au passage d'un modèle de
développement basé sur une économie militarisée,
largement dépendante du centre (économie de garnison) à
une économie de marché dans des conditions d'enclavement, une
Zone économique libre, couvrant la totalité du territoire de
l'enclave, a été créée en 1991, transformée
depuis en Zone économique spéciale. Les principes de son
fonctionnement tiennent à deux mesures en particulier : la
première est liée à l'exemption de droit de douanes
à l'importation, dans une limite fixée par des quotas. La seconde
consiste en l'exemption de droit de douanes à l'importation de produits
intermédiaires pour les biens produits à Kaliningrad dans le
cadre de la ZES (30 % de valeur ajoutée locale pour les biens
manufacturés, 15 % pour les biens électroniques). L'objectif de
limiter les coûts de transactions supplémentaires engendrés
par la position de Kaliningrad a conduit à des résultats
mitigés.
D'une part, les privilèges commerciaux ont
compensé les coûts d'esclave et ont limité les tensions
sociales. La demande locale a pu bénéficier de produits
alimentaires au meilleur prix (exempts de droits de douane) et du taux
d'inflation le plus modeste en Russie sur la période 1996-1999, sans
compter les importants effets induits, principalement dans l'économie
parallèle, permettant des revenus additionnels pour une large part de la
population. Malgré tout, la restructuration dans la région est
lente et circonscrite à quelques secteurs. La plupart des entreprises
ont préféré jouer une stratégie à court
terme de gestion de leur rente, aidées en cela par une diminution du
coût des intrants permise par la ZES.
Sur la période 1991-2000, le produit régional
brut de Kaliningrad a chuté de 55 % contre 42 % pour tout le district
Nord-Ouest. En terme de revenu par habitant, avec 4 400 dollars, Kaliningrad
est l'avant-dernière région sur les dix du district. Les
investisseurs étrangers, censés être attirés par la
ZES, n'ont apporté que 70 millions de dollars. Finalement, la Zone a
largement joué pour les individus, mais n'a pas eu les effets
escomptés sur la restructuration du tissu économique local.
Les raisons de ce semi-échec tiennent en premier lieu
à la façon dont a été pensée la zone. A
l'inverse des modèles existants dans le monde, le choix a
été fait d'en étendre le principe à tout le
territoire, ce qui a eu pour effet de limiter les autres moyens de la politique
d'aménagement du territoire et de placer la région dans une
situation de dépendance à l'égard de cet instrument.
D'autre part, il existe encore des ambiguïtés entre la ZES et la
législation fédérale qui restent une source de querelles
juridiques
.75(*)
A ce jour, la ZES a surtout permis d'exploiter des rentes
d'intermédiation dans le domaine des importations, au détriment
des autres régions russes. Ces bénéfices commerciaux,
restés pour une large part dans l'ombre, ont néanmoins eu le
mérite de positionner la région comme un axe commercial en
matière de transports et de services qui lui sont associés. Le
volume du commerce par habitant est par exemple trois fois supérieur
à la moyenne russe. Les rares estimations faites, dont les nôtres,
concernant l'économie informelle prêtent à celle-ci une
importance égale, voire supérieure, à l'économie
formelle. D'autres éléments montrent l'émergence d'une
économie souterraine puissante.
La crise financière de 1998, avec la dévaluation
consécutive du rouble, a néanmoins limité ce
phénomène de rente d'intermédiation, poussé
certains secteurs à des stratégies d'import -substitution et
relancé l'économie locale. Kaliningrad a également
bénéficié de revenus commerciaux pétroliers
générés par des prix élevés de
l'énergie sur le marché mondial. Ceci a eu des effets
d'entraînement sur la demande locale, en particulier industrielle. En
conséquence, en 2000 le taux de croissance de 14,4 % s'est
avéré largement supérieur à la moyenne russe (8,3
%).
Cette tendance semble se confirmer, selon Goskomstat en 2001
où Kaliningrad atteindrait un taux de croissance de l'ordre de 6%,
contre 5% pour la Russie.
Cependant, ces effets conjoncturels ne doivent pas masquer la
nécessité d'une restructuration profonde et d'une
préparation à l'élargissement prochain de l'UE à la
Pologne et la Lituanie voisines. Le risque existe que Kaliningrad soit
confinée dans une situation d'isolement marqué du fait d'une
différence de traitement par rapport à ses voisins
européens, cette différence de traitement touchant en premier
lieu à la mobilité des personnes. Cette coupure risque
également de faire perdre à Kaliningrad ses possibilités
d'approvisionnement énergétique
. Elle
met aussi en jeu une partie non négligeable du trafic organisé
par les tchelnoki, vendant cigarettes, vodka et essence. Ce marché
important, non déclaré mais pas criminel pour autant, est
organisé avec l'appui des douaniers et joue dans une large mesure le
rôle d'amortisseur social. L'accès aux marchés de l'Europe
communautaire risque également d'être compliqué dans
certains secteurs comme l'agriculture et la pêche, sans aborder la
question des standards. Enfin, Kaliningrad ne bénéficie pas des
programmes de politiques structurelles et de pré-adhésion.
Si les choses restent en l'état, on peut craindre qu'un
écart grandissant de développement économique, mais aussi
social, ne s'installe durablement et ne mette en péril
l'équilibre de la région par des crispations identitaires. Le
différentiel de développement est déjà important,
si l'on en juge par le PNB par habitant qui représente la moitié
du PNB des pays Baltes, seulement le tiers de celui de la Pologne et le
sixième de celui des pays scandinaves. Il est crucial que Kaliningrad
résolve ces problèmes de visas et de transit, non seulement pour
des raisons qui tiennent à la mobilité des personnes, mais
surtout parce qu'elle est devenue une région largement ouverte sur
l'extérieur et que son intégration dans l'ensemble baltique est
un gage de son développement et de stabilité de la zone.
B/ Une reprise forte et
fragile à la loi
Kaliningrad a souffert d'un déclin économique
jusqu'à la fin des années 1990
[20] :
la production a diminué de plus de moitié depuis 1990, et la
région a été très touchée par la crise
économique de 1998, du fait de sa grande dépendance à
l'égard du commerce extérieur (taux d'ouverture de près de
370 %), en particulier avec l'Allemagne, la Pologne et la Lituanie qui
représentent la moitié des échanges. Cependant, le choc de
1998 a permis à Kaliningrad de se réorienter vers ses
marchés traditionnels et d'améliorer son taux de couverture, qui
est passé de 27 à 51 % en deux ans. 14 000 PME sont actuellement
enregistrées, plaçant l'enclave à la troisième
place au sein de la Fédération russe en nombre de PME par
habitant.
En ce qui concerne les passages de personnes à la
frontière Kaliningrad s'est hissé à la quatrième
place en Russie et à la deuxième pour le transport de
marchandises 76(*)
Mais c'est surtout à cause des mutations structurelles
de son économie que Kaliningrad a connu le déclin. Les industries
liées aux activités militaires ont été les
premières à s'effondrer. L'industrie de la pêche, qui
jouait un rôle prédominant, a suivi le même déclin.
Aujourd'hui, les principales industries de la région concernent
l'extraction de pétrole off-shore, l'industrie légère (TV,
menuiserie bois et PVC), notamment l'ameublement, et l'industrie
mécanique, dont BMW -Autotor reste le chef de file. L'agriculture n'a
que peu de poids, malgré une terre fertile et un potentiel de
développement élevé. Les services sont en
développement constant, en particulier le tourisme (en majorité
russe), et surtout le commerce (vers les marchés russes). Le regain
d'activité est donc largement dépendant de marchés
extérieurs à la région, mais aussi
d'éléments sur lesquels Kaliningrad n'a que peu de poids, en
premier lieu la régulation de la ZES et les négociations avec
l'UE. En résumé, Kaliningrad a bénéficié
d'externalités positives souterraines, qui pourraient se transformer en
externalités négatives apparentes entraînant des tensions
sociales si les privilèges liés à la Zone étaient
remis en cause par Moscou et lorsque les pays candidats à
l'adhésion renforceront les contrôles et les barrières
(principalement non tarifaires) à l'entrée de leurs
marchés. En outre, le dynamisme de la région repose sur des
activités informelles qui fragilisent la situation. L'évolution
récente du trafic transfrontalier témoigne d'un
développement significatif des activités économiques entre
la région et ses voisins
, ce
qui témoigne de l'utilité pour Kaliningrad d'être une zone
d'échanges. En terme de passages de personnes à la
frontière, Kaliningrad se hisse à la quatrième place en
Russie pour 2001 et à la deuxième pour le transport de
marchandises.
S'agissant du climat d'investissement, la dernière
analyse du ministère russe de l'Economie place la région en
11ème position sur 89 sujets en 2001. Un autre rating effectué
par l'agence Expert RA crédite la région d'un faible risque,
mais d'un potentiel également faible du fait de sa taille modeste. En
2000, l'investissement a fait un bon de 39 %. La région reste attractive
et a su réorienter son économie vers l'extérieur, en
particulier la Baltique. Le principal défi est maintenant de
réussir sa conquête des marchés de l'UE.
C/ La création d'une
«région pilote »
Depuis 1999, l'UE et la Russie ont intensifié leur
intérêt pour le sort de Kaliningrad et l'ont inscrit dans leur
agenda. Le Conseil européen de Feira ( Portugal), en juin 2000, a
notamment souligné trois lignes d'action essentielles pour la Dimension
septentrionale : l'environnement, la lutte contre le crime organisé et
Kaliningrad. La Russie a accepté que l'UE mette Kaliningrad sur son
agenda et a elle-même proposé un éventuel «accord
spécial» pour que la région devienne une «région
pilote», désormais au coeur des relations UE - Russie. Si les
caractéristiques de cette "région pilote" sont encore mal
définies, c'est pour prendre en compte les modifications
stratégiques, politiques et économiques issues de
l'élargissement de l'UE, mais aussi afin de trouver pour Kaliningrad des
aides financières européennes, indépendamment de son
élargissement à l'Est. Cet élargissement oblige
l'économie de la région à se transformer, transformation
qui dépend aussi de l'avenir des frontières. D'un point de vue
économique, outre la question de la libre circulation des personnes, qui
affecte le mouvement de la main d'oeuvre et des hommes d'affaires russes ou
étrangers, le mouvement des biens entre l'UE et Kaliningrad touche le
second aspect du développement économique de l'enclave.
Après l'élargissement, il est prévu que le transit
à travers la Lituanie et la Lettonie s'effectuera sans taxe
douanière.
L'idée d'une meilleure intégration
économique entre la Russie et Kaliningrad est maintenant sur l'agenda
européen dans le cadre de la réflexion globale sur la
création d'un Espace Economique Européen commun. Il s'agit aussi,
en filigrane, du côté russe, de tester des réformes
d'ouverture et d'insertion économiques qui, le cas
échéant, pourront être étendues au reste de la
Russie.
A la différence de la plupart des régions
européennes, voire russes, la transition de Kaliningrad est double.
D'une part, Kaliningrad doit redéfinir sa place dans un environnement
russe en pleine mutation et transcender sa position d'esclave. D'autre part,
elle fait face au défi de l'élargissement de l'UE, pour lequel
elle n'est pas invitée à négocier. Dans ce cadre
particulier, la région a bénéficié de
l'introduction de régimes de libéralisation et d'ouverture
internationale particuliers, au premier rang desquels le statut de Zone
économique spéciale. Bien qu'incomplet et en contradiction avec
la législation fédérale, ce statut est le premier
élément structurant d'une politique de développement pour
Kaliningrad. Jusqu'à présent, cette mesure a surtout permis un
développement resté largement dans l'économie informelle.
Afin d'éviter l'indifférence, voire les tentations d'isolement,
et de favoriser l'émergence d'un cercle vertueux des relations entre la
Russie et l'Europe dans le cadre d'une nouvelle dynamique européenne, il
est souhaitable de réformer et de renforcer ce système de court
terme et d'engager des réformes globales. La volonté existe en
Russie comme en Europe, l'une voyant dans l'autre un partenaire
stratégique possible pour le long terme. Il paraît important que
l'UE accroisse substantiellement ses aides au développement et son
assistance technique en particulier pour les infrastructures
économiques, mais aussi dans les domaines de l'éducation et de la
formation.
L'Europe devra enfin adopter une approche nettement plus
flexible des quatre libertés (biens, services, capitaux et personnes) en
synchronisant ses politiques intérieures et extérieures. Elle
devra par exemple adopter une gouvernance des frontières et
dépasser le seul financement des programmes de coopération
transfrontaliers initiés par les acteurs économiques et
sociaux.
CONCLUSION
« Intégration impossible, confrontation
improbable, coopération nécessaire » (ce triptyque
résume de manière lapidaire les déterminants des relations
entre l'Union européenne et la Russie.
A l'horizon de dix ans, le schéma d'évolution le
plus probable devrait ressembler à un mixte entre, d'une part, un
partenariat stratégique limité à des domaines
ciblés, notamment en matière énergétique et dans
les domaines de la recherche et de l'éducation, et, d'autre part, une
relation de coopération dans les autres dossiers. Et ce dans un contexte
d'approfondissement de l'intégration économique du fait de
l'accession de la Russie à l'OMC, prévue pour 2006-2007.
Seule la mise en oeuvre d'un certain nombre de
réformes, permettront cependant de progresser en ce sens, que ce soit en
matière économique, énergétique, institutionnelle
ou scientifique. Reste cependant à souligner que ce n'est cependant pas
seulement sur des questions de fond que se joue l'avenir des relations entre
l'Union européenne et la Russie. A bien des égards, la symbolique
et les questions de style y jouent un rôle tout aussi fondamental.
Ce que demande, fondamentalement, la Russie à l'Europe,
c'est une relation d'égalité. Ce syndrome de la grande puissance
humiliée est parfaitement compréhensible : rappelons-nous
que la Russie est brusquement passée du statut de modèle
idéologique à l'égard duquel l'Europe se
déterminait à celui de repoussoir et de puissance pauvre.
La Russie doit cependant comprendre que cette
égalité, l'Union européenne la revendique tout autant dans
le voisinage proche qu'elle partage désormais avec la Russie et qu'elle
ne saurait concevoir comme une zone grise. En soutenant le principe
d'élections démocratiques libres en Ukraine, elle n'est pas dans
une stratégie de concurrence et encore moins de conquête, mais
simplement dans son droit, le droit d'avoir, à ses frontières des
voisins stables et en paix.
Ni complaisance ni provocation : tel est sans doute
là que réside le point d'équilibre des relations entre une
future puissance qui n'est pas certaine de vouloir le devenir et une ancienne
puissance qui veut le redevenir de toutes ses forces. Cet équilibre est
fragile et il serait, pour cette raison, irénique d'envisager
sereinement l'avenir de la relation entre l'Union européenne et la
Russie : jamais les rapports entre l'Union européenne et la Russie
ne seront faciles, d'abord parce que des intérêts majeurs sont en
jeu entre les deux entités, ensuite parce que les valeurs qui les
rapprochent sont encore très peu nombreuses.
Le fait d'imaginer un dispositif d'ancrage à l'UE de la
croissance économique et des changements institutionnels russes place
naturellement Kaliningrad au coeur de cette problématique et donne un
aspect particulier à la notion de région pilote qui pourrait
trouver dans l'UE un utile et précieux co-pilote du développement
de la région de Kaliningrad.
BIBLIOGRAPHIE
Livres
Jean Raux et Vladimir Korovkine ;
« le partenariat entre l'Union Européenne et la
fédération de Russie » ; APOGEE ; Rennes
,1998.
Damien HELLY et Franck PETITEVILLE;
« L'union Européenne, Acteur Internationale
» ; l'Harmattan ; Paris, 2005.
Viviane du Castel ; «de
KÖNIGSBERG A KALININGRAD .L'Europe face à un nouveau
département d'outre terre russe sur la Baltique » ;
l'Harmattan, Paris 1996.
JEAN-CHRISTOPHE VICTOR ; «le
dessous des cartes» Atlas géopolitique ; ARTE
éditions ; Tallandier ; Paris 2005.
Rapports
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Communication de la commission au conseil ; «
Kaliningrad: Transit » ; COM (2002)510 final ;
Bruxelles ; 18 septembre 2002.
René André et Jean-Louis
Bianco ; « Les relations entre l'Union européenne
et la Russie : quel avenir ? Rapport de la Commission des Affaires
étrangères de l'Assemblée nationale ;
Paris ,2004.
Quatrième rapport de synthèse
« Dialogue Union européenne - Russie sur
l'énergie »; novembre, 2003.
Rapport de Lucien Bouis ;
«Les relations entre l'Union Européenne et la
fédération de Russie» ; présenté au
conseil économique et sociale ; 2004.
Office des publications officielles des
Communautés européennes; «Rapport
général sur l'activité de l'Union européenne
2000» ; Luxembourg, 2000.
Commission des Communautés
Européennes ; « communication de la
commission au conseil l'UE et Kaliningrad »; Bruxelles,
17.1.2001.
ASSEMBLEE NATIONALE « sur les
relations entre l'Union européenne et la Russie - la question de
Kaliningrad- » communication de René André
député à la délégation de l'Assemblée
nationale pour l'Union européenne, octobre 2002
Sites Internet
http://www.upmf-grenoble.fr/curei/cahiers/16/bayou.pdf
http://www.larevueparlementaire.fr/pages/DS_russie05/DS_russie_europesyastrjembski.htm.
http://www.elysee.fr/elysee/root/bank/pdf/elysee-30475.pdf
http://europa.eu.int/comm/regional_policy/interreg3/index_fr.htm
http://www.ladocumentationfrancaise.fr/
http://www.robert-schuman.eu/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil
Autres
LE COURRIER DES PAYS DE L'EST ;
« RUSSIE -EUROPE vers quelle
intégration ? » ; mensuel N1025, la
documentation Française ; mai 2002.
L'union européenne et la Russie, Fondation Robert SCHUMAN
- question d'Europe, n°35 10 juillet
2005 ;
Conférence de presse à l'issue du Sommet UE Russie
du 21 mai 2004.
Jacques Sapir ;au cours de son audition
devant la section des relations extérieures du Conseil économique
et social, le 17 févier 2004.
Susanne Nies ; «les pays baltes
dans leur environnement : enjeux et perspectives
stratégiques» ; études CERI, décembre
2002,
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION
5
PREMIERE PARTIE
10
UE - RUSSIE LES RELATIONS BILATERALES
10
ET LES PRINCIPAUX THEMES DE COOPERATION
10
CHAPITRE I
10
LES FONDEMENTS DU PARTENARIAT UNION EUROPEENNE RUSSIE
10
SECTION 1 : PRINCIPES FONDATEURS
11
Paragraphe 1 : L'accord de partenariat et de
coopération (APC)
12
Paragraphe 2 : L'APC à l'aune de
l'élargissement
16
SECTION 2 : LES PROGRAMMES DE COOPERATION
19
Paragraphe 1 : le programme TACIS
19
A /L'initiative
20
B/ Procédure Du Programme TACIS
21
Paragraphe 2 : Les interventions de la BERD
27
CHAPITRE II :
29
LES RELATIONS ECONOMIQUES, SCIENTIFIQUES ET
CULTURELLES
29
SECTION 1 : UNE FORTE INTÉGRATION
ÉCONOMIQUE
29
Paragraphe 1 : le secteur
énergétique
29
Paragraphe 2 : L'accession de la Russie à
l'OMC
34
SECTION 2 : LA COPPERATION DANS LE DOMAINE
SCIENTTIFIQUE ET CULTURELLE
39
Paragraphe 1: La coopération scientifique
et technique
39
Paragraphe 2 : les échanges culturels et
universitaires
43
DEUXIEME PARTIE
48
LA QUESTION KALININGRAD
48
CHAPITRE I
51
L'EUROPE FACE A UN NOUVEAU DEPARTEMENT D'OUTRE TERRE
51
SECTION 1 : KALININGRAD EX KÖNIGSBERG
52
Paragraphe1 : Kaliningrad fiche technique
52
A/ Géographie
53
B/ Histoire
54
1- Haut Moyen-Âge
54
2- Capitale de l'Ordre Teutonique
54
3 - Capitale du duché de Prusse
55
4- Ville royale de Prusse
55
5- Destruction et russification
56
C/ Démographie
57
Paragraphe 2 : de Königsberg à
Kaliningrad
58
SECTION 2 : KALININGRAD ENTRE RUSSIE ET UNION
EUROPEENNE
60
Paragraphe 1 : Kaliningrad et la
coopération russo-européennes
60
Paragraphe 2 : Kaliningrad, instrument d'une
nouvelle coopération
62
CHAPITRE II
62
L'UNION EUROPEENNE ET KALININGRAD
62
SECTION 1 : CONSEQUENCE DU PROCESSUS DE
L'ELARGISSEMENT DE L'UNION
64
Paragraphe 1 : questions découlant du
processus d'élargissement
64
A / Circulation des marchandises
64
B / Approvisionnement énergétique
67
C/ Circulation des personnes
68
Paragraphe 2 : questions d'intérêt commun
non directement liées a
71
L'élargissement
71
A/ Développement économique
71
B/ Démocratie et Etat de droit
73
C/ Environnement
74
1/ la pollution de l'eau
74
2/ Santé
75
SECTION 2 : L'AVENIR DE KALININGRAD
77
Paragraphe 1 : scénarios possibles des
relations entre Kaliningrad et l'UE
77
A/ Scénario 1: Le choix de
l'indifférence
77
B/ Scénario 2 : Le choix de l'isolement
78
C/ Scénario 3: Le choix de l'intégration
79
Paragraphe 2 : L'avenir de Kaliningrad dans le
co-pilotage
80
A/ Les résultats mitigé de la Zone
économique spéciale
80
B/ Une reprise forte et fragile à la loi
83
C/ La création d'une «région pilote
»
85
CONCLUSION
88
BIBLIOGRAPHIE
90
TABLE DES MATIERES
92
ANNEXES
94
ANNEXES
* 1René
André et Jean-Louis Bianco ; « Les relations
entre l'Union européenne et la Russie : quel avenir ? » ;
Rapport de la Commission des Affaires étrangères de
l'Assemblée nationale ; Paris,2004.
* 2 L'union
européenne et la Russie, Fondation Robert SCHUMAN - question d'Europe,
n°35 10 juillet 2005-
http://www.robert-schuman.org/supplement/questions_europe35.htm.
* 3 Communication sur
les relations entre l'Union européenne et la Russie « la
question de Kaliningrad » rapport de M. René André,
Député à la délégation de l'assemblée
nationale pour l'Union Européenne, octobre 2002.p7
* 4 Jean Raux et
Vladimir Korovkine ; « le partenariat entre
l'Union Européenne et la fédération de
Russie » ; APOGEE ; Rennes ; 1998,p 7.
* 5 L'ensemble du projet d'avis
a été adopté au scrutin public par 184 voix et 1
abstention (voir le résultat du scrutin en annexe1).
* 6 Article 86 de l'APC
En vue de réaliser les objectifs du présent accord,
notamment de ses titres VI et VII, et conformément aux articles 87, 88
et 89, la Russie bénéficie d'une assistance financière
temporaire accordée par la Communauté au titre de l'assistance
technique sous la forme de dons, en vue d'accélérer son processus
de réforme économique.
* 7 Signé en juin 1994,
mais pas encore approuvé par la CE et ratifié par la Russie ni
tous les Etats membres de l'Union européenne au moment de la
rédaction de ce text
* 8 Ainsi que le fait l'article
XI du GATT. Article 15 de l'APC.
* 9 Commission
européenne, DG IA, « A short guide to the Agreement on Partnership
and Coopération » signé à Corfou le 24 juin 1994 par
l'Union européenne et la Fédération de Russie, Moscou,
1994, p. 7.
* 10 Höbl K., Mûller
H., Schaper A., sous la direction de Schmitt B., « L'UE et la
réduction de la menace en Russie », Cahiers de Chaillot, n°
61, juin 2003, p. 18.
* 11 Bayou
C ; « Les relations entre l'Union européenne et
la Russie : vers une nouvelle frontière »,
http://www.upmf-grenoble.fr/curei/cahiers/16/bayou.pdf.
* 12 Selon les résultats
d'un sondage de centre d'étude de l'opinion publique de Russie, 67% des
personnes interrogées ne doutent pas qu'une coopération
étroite avec l'Ouest corresponde aux intérêts de la Russie.
`idée que l'occident est le principal coupable de la gravité de
la situation du pays vient à l'esprit de 3% seulement des personnes
interrogées.
* 13 Jean Raux et
Vladimir Korovkine ; « le partenariat entre l'Union
Européenne et la fédération de Russie »,
APOGEE ; Rennes, 1998, p 29.
* 14 Communication de
la Commission européenne « UE/Russie - La
Russie veut obtenir des garanties de l'UE pour protéger ses
intérêts dans les dix pays adhérant à l'UE le 1er
mai 2004 » ; Bruxelles, 2 février 2004.
* 15 Par exemple, l'inclusion
des projets de sécurité nucléaire dans les actions du
premier pilier n'a jamais été véritablement
discutée.
* 16 Commission
européenne, l'avenir des relations avec la fédération de
Russie, COM (95)223,1995. Ce texte est un projet de position commune
présenté au titre de la PESC.
* 17 Le Conseil européen
lui reconnaît d'ailleurs pleinement ce rôle « Cette
décision [la décision du Conseil d'inviter la Commission à
formuler des propositions d'assistance] tend à confirmer le rôle
de la Commission sur le plan international ». Bulletin des
Communautés européennes, n° 6, 1990, point I 19.
* 18 Les pays partenaires sont
les douze nouveaux Etats Indépendants (NEI) : Arménie,
Azerbaïdjan, Belarus, Géorgie, Kazakhstan, Kirghistan, Moldavie,
Russie, Tadjikistan, Turkménistan, Ukraine, Ouzbékistan; plus la
Mongolie. (les ex-Républiques de l'Union soviétique, moins les
Etats Baltes, ainsi que la Mongolie).
* 19 Delcour L., « La
politique de l'union européenne en Russie (1990-2000). De l'assistance
au partenariat ? », L'Harmattan, Paris, 2001, p. 149.
* 20 Les programmes
Démocratie ; initiative de Productivité pour les stages de
formation en Europe occidentale pour des cadres d'entreprises russes ; European
Senior service Network pour les échanges entre les cadres
retraités des entreprises européennes et leurs homologues russes
(entreprises privatisées) ; Tempus (Trans-European Scheme for Higher
Education) pour les échanges inter universitaires.
* 21 L'APC appréhende
cette notion dans une acception large et elle recouvre un nombre
élevé d'orientations jugées comme prioritaires tandis que
le nouveau règlement de TACIS demeure, pour ce qui le concerne,
attaché à une définition très circonscrite de la
notion de coopération.
* 22 Moniteur des travaux
publics, Europe et International Transports BCEOM, Projets publics et
privés, n° 5 013 du 24 décembre 1999, page 101.
* 23 Résolution du 18
novembre 1999 et du 7 décembre 1999, Bulletin de l'Union
européenne, n° 11 et n° 12, 1999. 100 Bulletin de l'Union
européenne, n°1-2, 2000, point 1.6.102.
* 24 Bulletin de l'Union
européenne, n°1-2, 2000, point 1.6.102.
* 25 Rapport
général sur l'activité de l'Union européenne 2000,
Luxembourg Office des publications officielles des Communautés
européennes, 2000, point 937.
* 26 Source : Rapport 2002 de
la BERD. Voir en annexe n° 3 « quelques exemples d'intervention de la
BERD en Russie ».
* 27 Soit un tiers des 3,9
milliards d'euros investis par la BERD en 2002, contre 1,27 milliard d'euros en
Europe centrale et orientale et dans les Etats baltes, 1,35 milliard dans les
pays aux premiers stades et aux stades intermédiaires de la transition
(Asie centrale, Europe méridionale et orientale, Caucase).
* 28 Voir en annexe quelques
exemples d'intervention de la BERD.
* 29 Audition devant la section
des relations extérieures le 17 février 2004.
* 30 La CEI représente
en 2002, 22 % des importations russes et 15 % de ses exportations
* 31 M. Jacques Sapir au cours
de son audition devant la section des relations extérieures le 17
février 2004.
* 32 La part de la Russie dans
le commerce mondial de gaz est de 35 % contre 10 % pour la Norvège et 9
% pour l'Algérie
* 33 20 % des importations
européennes proviennent de Norvège et 20 % d'Algérie.
* 34 Les besoins en
investissement pour la croissance et la modernisation du secteur
énergétique russe ont été évalués
entre 460 et 600 milliards d'euros sur la période 2000-2020
* 35 Les relations Russie
Union européenne, Le Courrier des pays de l'Est, mai 2002.
* 36 Dialogue Union
européenne - Russie sur l'énergie », quatrième
rapport de synthèse, novembre 2003.
* 37 La consommation
énergétique par point de PIB est en Russie entre trois et quatre
fois ce qu'elle est en France.
* 38 Passés de 13 % en
2000 à moins de 10 % en janvier 2002.
* 39 Source : conférence
de presse à l'issue du Sommet UE Russie du 21 mai 2004.
* 40 Jacques Sapir, au cours de
son audition devant la section des relations extérieures du Conseil
économique et social, le 17 févier 2004.
* 41 En stocks au 31
décembre 2002.
* 42 La convention fiscale
russo-allemande excluant la double imposition prévoit la
déductibilité des frais de marketing et de publicité,
à la différence de la convention fiscale franco-russe qui ne
retient que les frais de publicité.
* 43 En 2001, la Russie se
situait en 41ème position des pays destinataires d'IDE dans le monde,
à la 31ème en 2002. En 2002, selon la CNUCED, la Russie ne
recueillait que 8,4 % des investissements réalisés dans la zone
Europe Centrale et Orientale. Par ailleurs, selon le rapport de la BERD sur la
CEI et l'Europe Centrale et Orientale pour 2003, de 1989 à 2002, avec 48
$US d'IDE cumulés par habitant, la Russie arrive loin derrière
les pays d'Europe Centrale et les pays baltes (1 767 $US pour cette zone, dont
3 554 $US pour la République tchèque et 1 846 $US pour l'Estonie
par exemple) et est seulement en 10ème position parmi les pays de la CEI
(242 $US pour la moyenne CEI et 938 $US pour le Kazakhstan).
* 44 Le PIB s'est accru de 10 %
en 2000, 5 % en 2001, 4,3 % en 2002, 7,3 % en 2003 et 6 % en 2004(ce dernier
chiffre est provisoire).
* 45 Les IDE en Russie ont
représenté 2 761 millions de dollars en 1998 et 4 002 en 2002.
* 46 La dernière
rencontre entre le Président de la Commission et les autorités
gouvernementales russes, qui a eu lieu le 30 avril 2004, est venue confirmer,
si besoin en était, son caractère hautement prioritaire. À
cet égard, un certain nombre de projets méritent d'être
plus particulièrement ciblés : le programme européen de
radionavigation par satellite Galileo qui pourra bénéficier de la
technologie des satellites Glonass exploitée par la Russie depuis
1995.
* 47 Global monitoring for
environment security
* 48Union
européenne - Russie : quelles relations ?;
http://www.senat.fr/rap/r06-307/r06-30729.html
* 49 Les relations entre
l'Union Européenne et la fédération de Russie, rapport
présenté par Lucien Bouis au conseil économique et sociale
2004 page 101.
* 50 TEMPUS Trans-European
Mobility Scheme for University Studies
* 51 Damien HELLY et
Franck PETITEVILLE; « l'union européenne, acteur
internationale » ; Paris, l'Harmattan ; 2005, p
143.
* 52 Serguei
YASTRJEMBSKI ; « L'Union européenne
élargie, une nouvelle réalité géopolitique et
économique » ;
http://www.larevueparlementaire.fr/pages/DS_russie05/DS_russie_europesyastrjembski.htm.
* 53 Une
oblast (en
russe et en
ukrainien :
îáëàñòü) est une unité
administrative de type «
région »
de la
Fédération de
Russie, de l'
Ukraine, du
Kirghizstan ou encore de
la
Bulgarie. Les oblasts
russes sont subdivisés en «
raïons »
(russe : ðàéîíû /
raïony).
* 54 Mikhaïl
Ivanovitch Kalinine
(Ìèõàèë
Èâàíîâè÷
Êàëèíèí), né le
7 novembre
1875 à Vierkhniaïa
Troïtsa (province de
Tver) et mort à
Moscou le
3 juin
1946, est un
révolutionnaire, homme politique et dirigeant
soviétique.
* 55
http://www.elysee.fr/elysee/root/bank/pdf/elysee-30475.pdf
* 56 Les autorités
soviétiques avaient pris habitude d'honorer les principaux dirigeants du
parti décédés - et parfois vivants - en donnant leur nom
à des villes : ainsi de Lénine (
Léningrad,
Oulianovsk), de
Sverdlov (
Sverdlovsk), de
Dzerjinski (
Dnieprodzerjinsk),
de
Frounze, etc.
L'URSS ayant annexé après la
Seconde Guerre
mondiale une partie de l'ancienne
Prusse orientale,
la capitale
Königsberg fut
renommé
Kaliningrad. Ce nom lui
est resté depuis lors, à l'inverse de
Tver, sa ville natale, qui
nommée "Kalinin" en 1931, de son vivant, a retrouvé son
ancien toponyme en 1991.
* 57 Général de
gaulle, op.cit., II p.596
* 58 Jaques Bainville :
« Les conséquences politiques de la paix », A. Fayard,
Paris, 1920
* 59 On rappellera ici que la
ligne Curzon est proche de celle -là même que Staline avait
obtenue de Hitler en 1939 et effectivement occupé en 1940
* 60 Viviane du Castel , de
KÖNIGSBERG A KALININGRAD « L'Europe face à un nouveau
département d'outre terre russe sur la Baltique » l'Harmattan,
Paris 1996, p 99.
* 61 Commission des
communautés européennes Communication de la commission au
conseil ; « Kaliningrad: Transit » ; COM
(2002)510 final ; Bruxelles ; 18 septembre 2002.
* 62 Jean Raux et
Vladimir Korovkine ; « le partenariat entre l'Union
Européenne et la fédération de
Russie » ; APOGEE ; Rennes, 1998,p 199.
* 63 Le courrier des
pays de l'est ; « RUSSIE -EUROPE vers quelle
intégration ? » ; mensuel N1025, la
documentation Française ; mai 2002, p 38.
* 64 Et tous les pays tiers
voisins
* 65 Des informations de
base sur la situation actuelle de Kaliningrad et sur ses relations avec ses
voisins et organisations internationales figurent dans les annexes du
document.
* 66
Susanne Nies ; «les pays baltes dans leur
environnement : enjeux et perspectives stratégiques» ;
études CERI, décembre 2002, p 50.
* 67 Susanne
Nies ; «les pays baltes dans leur environnement :
enjeux et perspectives stratégiques» ; études
CERI, décembre 2002, p 51.
* 68 L'intégration
dans l'espace Schengen, dispositif qui fait partie de l'acquis communautaire,
ne se fait pas par thérapie de choc, mais de manière
gradualiste : si le candidat à l'adhésion fait preuve de
bonne application, il est admis 5 à 6 ans plus tard .Cf.
http://europa.eu.int/scadplus/leg/de/cig/g4000s.htm,sur
les dispositifs de l'accord Schengen, de 1985.
* 69 Commission des
Communautés Européennes ;
« communication de la commission au conseil l'UE et
Kaliningrad »; Bruxelles, 17.1.2001.
* 70 Commission des
Communautés Européennes ;
« communication de la commission au conseil l'UE et
Kaliningrad »; Bruxelles, 17.1.2001.
* 71 Commission des
Communautés Européennes ;
« communication de la commission au conseil l'UE et
Kaliningrad »; Bruxelles, 17.1.2001.
* 72 Le courrier des
pays de l'est ; « RUSSIE -EUROPE vers quelle
intégration ? » ; mensuel N1025, la
documentation Française ; mai 2002, p37.
* 73 Interreg III est
l'initiative communautaire du fonds européen de développement
régional (FEDER) en faveur de la coopération entre régions
de l'Union européenne pour la période
2000-2006.http://europa.eu.int/comm/regional_policy/interreg3/index_fr.htm>.
* 74 Le courrier des
pays de l'est ; « RUSSIE -EUROPE vers quelle
intégration ? » ; mensuel N1025, la
documentation Française ; mai 2002, p41.
* 75 Par exemple, l'article 10
de la ZES permet des exemptions de taxes pour les investisseurs. IL entre en
contradiction avec le Code fiscal de la fédération de Russie, qui
a l'exclusivité de al régulation des privilèges fiscaux
* 76 Pour les neuf premiers
mois de 2001,7millions de personnes ont traversé la frontière de
Kaliningrad, contre 4,5 en 2000 ; de même pour le passage de
voitures : 2,5 millions en 2001, contre 1,5 en 200 (autorités
douanières russes)
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