Université de Paris VIII
Institut des Etudes Européennes
Mémoire de Master II (2006)
Le redéploiement militaire américain :
L'Afrique du Nord après le 11 septembre 2001
Présenté par :
OUFKIR Rachid, Master II Construction Européenne,
l'Europe et l'Ordre International
Sous la direction de Mr. Pascal
Boniface
SOMMAIRE
SOMMAIRE
1
Remerciements
4
Sigles et abréviations
5
Introduction
7
Première partie :
Ressort de La politique
étrangère américaine après le 11 septembre 2001
11
I- La National Security Strategy (NSS)
12
1- Soutenir les aspirations de la dignité
humaine Liberté & justice
12
2- Guerre classique et guerre moderne
13
3- « Etats voyous »
14
4- Renforcement des alliances
14
5- Action préventive
15
6- Réforme des institutions
américaines de sécurité nationale
17
II - Doctrine Bush
19
III - Redéploiement global des forces
américaines
20
1 - Puissance américaine
20
2 - Global Posture Review
22
Sur le plan militaire
23
Sur le plan politique
23
Sur le plan opérationnel
24
3 - Implications proches et lointaines
25
IV - Mouvement stratégique américain
vers l'Afrique
26
1 - Historique de la coopération militaire
des Etats-Unis et de l'Afrique
27
2 - Fondement d'une nouvelle politique
africaine.
28
Ambitions hégémonistes
28
Ambitions énergétiques
30
Deuxième
partie :
Etats-Unis Maghreb
32
I- Relations des Etats-Unis et les pays et
l'Afrique du nord
33
1- Guerre Froide
33
2- 1990-2001
34
3- 2001 - .
38
II- Coopération politique
39
1- Recomposition des alliances après le 11
septembre
40
2- Mesures actives de prévention du
terrorisme
41
III - Coopération sécuritaire
41
1- Opérations et manoeuvres militaires
42
Flintlock
42
MEDFLAG
43
African Lion
43
Barbary Thunder
44
Pan Sahélien Initiative (PSI)
45
Operation Enduring Freedom - Trans Sahara
(OEF-TS)
45
2 - Droits de l'homme et la coopération
sécuritaire
46
Système de détention
48
Sous-traitance de la violence
49
3- Système de Bases
52
a- Genèse des bases américaines.
54
b- Enjeux de la prolifération
56
Pétrolière
56
Sécuritaire
56
Expansionniste
57
4- VIème flotte et les enjeux de la
présence militaire
57
a- VIème flotte américaine et sa
présence en Méditerranée
57
b- Débat stratégique
américain
58
Poids de la Navy
60
Leadership américain dans la zone
61
Défense de l'Etat d'Israël
62
III- Coopération militaire
62
1- Tunisie
62
2- Maroc
65
3- Algérie
67
4- Libye
70
a- Nécessité de coopération
avec la Libye
72
Manque de « visibilité »
à long terme la politique américaine basée sur la
force
72
Concurrence européenne
74
b- Aspects de cette coopération
75
Troisième
partie :
La militarisation, ses conséquences
possibles,
et le rôle de l'Europe en
Méditerranée
77
I- Y a-t-il un risque de conflit
armé ?
78
1- Militarisation de l'Afrique du Nord
78
2- Enjeux de cette militarisation
79
3- Contentieux actuels pouvant servir de
débouchés du potentiel militaire
82
4- Conflit entre la demande
« sociale » intérieure et l'offre
« militaro sécuritaire » extérieure
85
5- Alternatives pour dépasser le statut
quo
88
II- Europe face aux défis
méditerranéens
89
1- Rivalité euro-atlantiste
91
2- Raisons maghrébines à
l'acceptation de cette présence
94
Conclusion
96
Bibliographie
99
Annexe
101
Remerciements
Je tiens à remercier tout particulièrement mon
directeur de recherche, Mr Pascal Boniface, pour avoir accepter de diriger mon
mémoire. Je tiens également à remercier de l'Institut des
Etudes européennes pour la qualité des enseignements.
Sigles et
abréviations
ACRI
African Crisis Response Initiative
ADM
Armes de Destruction Massives
AMDH Association Marocaine des Droits de
l'Homme
Cen-Sad
Communauté des États sahélo-sahariens
CIA
Central Intelligence Agency
CSCE Conférence pour la sécurité et
la coopération en Europe
CSCM Conférence pour la sécurité et
la coopération en Méditerranée
CSIS Center for Stratégique et International
Studies
CSL
Cooperating Security Locations
DGSN Direction Générale de la
Sûreté Nationale
FIS
Front Islamique Armé
FMF Foreign Military Finance
FOS Forward Operating Sites
GSPC Groupe Salafiste pour la Prédication et le
Combat
IMET International Military Education and Training program
JCET Joint Combined Exchange Training
MOB Main Operating Bases
NPR Nuclear Posture Review
NSA National Security Agency
NSS
National Security Strategy
OEF-TS
Operation Enduring Freedom - Trans Sahara
OLP Organisation pour la Libération de la
Palestine
OTAN
Organisation de Traité de l'Atlantique du Nord
PSI
Pan Sahelian Initiative
QDR
Quadrennial Defense Review
RMA
Revolution in Military Issues
SOCEUR Opérations Spéciales de l'EUCOM
SOF Special Opérations Forces
TSCTI
Trans-Sahara Counter-Terrorism Initiative
UMA
Union du Maghreb Arabe
USAID US Agency for International Development
US-Eucom Commandement militaire américain basé
en Europe
Introduction
Le 11 septembre 2001 est un tournant majeur dans la conception
de la politique étrangère et de défense des Etats-Unis, la
scène internationale a connu depuis de nombreuses mutations qui ont
bouleversé les anciennes références géopolitiques
et géostratégiques, l'ère suivant cette date se
caractérise par une conception d'ordre nouveau, de la façon dont
les Etats-Unis devront traiter avec les pays alliés et des modes de
gestion de la sécurité mondiale. La « Guerre Globale
contre le Terrorisme » constitue la colonne vertébrale de la
présence militaire américaine à travers le monde, elle
permet une fuite en avant dans l'emprise sur le monde, ainsi le principe des
nouvelles alliances est conditionnée par cet axe majeur de
l'Administration Bush, selon que les pays du monde se situent
« pour » ou « contre » cette politique.
L'objectif étant de traquer et neutraliser les terroristes, de
stabiliser les zones d'inquiétudes ou « areas of
concern » ainsi que de parer à la prolifération de
nouvelles sources de la violence, plus diffuse, l'Administration Bush
développe, pour cet effet, le concept de « guerre
préventive », jugée très efficace pour
échapper aux contraintes du droit international, cette guerre de genre
nouveau a permis aux Etats-Unis d'amplifier le redéploiement de leur
forces militaires à travers le monde, par l'accroissement des
dépenses en matière de défense et la multiplication des
champs d'intervention des forces militaires, sous forme de maillages de bases
sur chaque continent (environs 700 au total, les Etats-Unis exclus),
d'assistance militaire, de coopération, de partenariat, un demi million
de soldats, d'espions, de techniciens, d'enseignants, de subordonnés,
d'entrepreneurs civils sont déployés à l'étranger
etc. Aujourd'hui, le nombre de pays où les Etats-Unis sont
présents militairement, est de 135, c'est-à-dire 70% des pays du
monde.
Dans ce mémoire il ne s'agit pas d'une étude de
plus de la présence américaine outre-mer, cependant ces
indications permettent d'avoir une idée sur l'ampleur de cette
prolifération et aident à saisir les enjeux en question en
Afrique du nord.
L'Afrique du nord, un point stratégique important,
appelé dans les années à venir à jouer un
rôle international, pour des raisons de sa richesse
énergétique, de son emplacement géostratégique,
enfin son appartenance au monde dit arabo-musulman, source d'inquiétude
pour l'Occident, à la tête duquel les Etats-Unis ainsi que leurs
valeurs sont visés.
De même depuis longtemps l'Afrique, surtout
sahélienne, était perçue comme un problème
européen qu'un problème américain1(*) mais de plus en plus les
Etats-Unis sont de retour sur le continent. Officiellement la présence
américaine était modeste et limitée à 300
militaires et aucune base militaire pérenne sur place, cependant avec le
remaniement du contexte géopolitique, l'intérêt des
américains pour l'Afrique, du Nord et sahélienne, se confirme de
plus en plus. D'un terrain d'affrontement pendant la guerre froide, cette zone
est devenue un terrain dont l'enjeu économique s'affirme comme
primordial.
Pour mieux se rendre compte de ce mouvement américain
envers l'Afrique, notamment l'Afrique du nord et la zone sahélienne, il
importe au préalable de passer en revue l'aspect doctrinal de la
politique étrangère et de défense américaine, et la
mutation qu'a subi l'organisation de l'armée américaine à
l'étranger, enfin les caractéristiques de cette refonte globale,
et bien évidement les coopérations militaires avec les pays de la
région.
Avec la National Security Strategy
(NSS) de septembre 2002, un cadre nouveau a été
prévu pour refaçonner l'organisation de l'armée outre-mer
pour l'adapter aux défis nouveaux qui se posent à la
sécurité internationale. On mise sur la technologie et la
maximisation de la mobilité du personnel militaire, du perfectionnement
de commandement, et le développement de la logistique etc.
Ensuite il est question de mesurer les mutations et les
ruptures dans les orientations américaines envers le Maghreb et il m'a
semblé intéressant de tracer l'évolution des relations
bilatérales car elle est déterminante et nous permet de
comprendre les relations présentes, à tout point de vue entre les
Etats-Unis et les pays du Maghreb et étudier la coopération avec
les Etats de ces pays, au niveau politique, militaire et sécuritaire.
Depuis le 11 septembre la force militaire se décline dans la
région par la présence de la sixième flotte, le
prépositionnement en mer d'une brigade de Marines, la
multiplication d'exercices conjoints, l'aménagement consécutif de
bases et de ports nord-africains en vue de leur éventuelle utilisation
en cas de conflit, et la formation de militaires aux Etats-Unis dans le cadre,
entre autres, du programme Imet (International Military Education
and Training Program).
Enfin il s'agit de traiter de la question de la militarisation
de la zone et la place de l'Union Européenne dans la définition
d'une politique sécuritaire commune, ainsi la rivalité
américano européenne.
Le choix du titre peut prêter à
confusion, en effet le redéploiement militaire américain ne
signifie nullement que les américains sont présent en Afrique du
Nord pour des raisons de guerres qui risquent de mettre la région en
chaos, tel que c'est le cas de l'Afghanistan et de l'Irak, il s'agit, pour ma
part, dans ce mémoire de traiter de la coopération militaire et
sécuritaire très offensive depuis de le 11 septembre 2001, de
projets d'installations de bases dans la région, d'étudier les
logiques de replacement stratégiques de Washington dans la région
ainsi que des visées politiques et autres. J'ai choisi l'expression de
« Redéploiement militaire », pour une raison simple
que la présence de l'armée américaine en Afrique du nord
s'inscrit dans le cadre du redéploiement global des forces militaires
américaines, comme on va le voir dans la première partie de ce
mémoire.
Le champ d'étude de ce mémoire
est l'Afrique du nord au sens large du terme y compris la zone
sahélienne, mais cette dernière ne constitue pas le sujet
principal que je prétends traiter, autrement dit je ne vais traiter que
par occasions des Etats, comme le Mali, le Niger, et le Tchad qui constituent
cette vaste région désertique où les frontières
sont perméables et favorables à l'installations de trafics de
tout genre et surtout le développement de cellules terroristes comme on
va le voir. Cette région est importante au regard de mon sujet, la zone
constitue le focus de la présence américaine dans la
région, les frontières entre la zone sahélienne et ce
qu'on appelle, par coutume, l'Afrique du nord ne sont pas hermétiques,
au contraire il y a un continuum, par exemple l'Algérie a des
frontières communes avec le Mali, le Niger et le mali, de même que
la Libye possède une frontière avec le Tchad. D'autre part, je
n'ai pas intégré la Maurétanie à ce champ
d'étude, faute de ressources documentaires mais aussi pour des raisons
de dimensions politique et stratégique de ce pays, très
limitée au regard des autre Etats du Maghreb, un Etat plus faible, une
population estimée à 3,1 millions d'habitants, alors que la
superficie de son territoire et trois fois plus large que celle du Maroc par
exemple etc....
Pour faire ce mémoire, mes références
bibliographiques proviennent essentiellement d'articles de
revues spécialisées dans les relations internationales,
numériques pour la plupart, et dans les langues français et
anglais.
En annexe j'ai mis une dizaine de cartes
géopolitiques, de diagrammes, exprimant de manière
schématique les idées avancées dans le
développement de ce mémoire. Je me suis aussi appuyé sur
des tableaux chiffrés pour illustrer mes idées.
Première partie
Ressort de la politique
étrangère américaine après le 11 septembre 2001
Dans le processus qui fait l'objet de la première partie,
il s'agit de situer les options stratégiques des Etats-Unis dans leur
contexte, présenter les objectifs stratégiques et les
modalités d'un vaste ensemble de dispositions sécuritaires et
comprendre l'argumentaire de la doctrine américaine en matière de
sécurité.
L'après 11 septembre 2001 a vu l`aggiornamento
en matière de stratégie de sécurité
américaine à travers les annonces du discours à la
National Defense University le 1er mai 2001, du Sommet
américano-russe de Crawford le 13 novembre 2001, et la
dénonciation par le président Bush du Traité ABM2(*) le 13 décembre 2001. Il y
a eu d'autres moments forts de la nouvelle architecture de la
sécurité américaine, le premier a été la
présentation de la nouvelle revue de la posture nucléaire
(Nuclear Posture Review, NPR), le deuxième moment fort a
été la parution, en septembre2002, de la «National
Security Strategy » (NSS), et je m'attacherai dans ce qui suit,
à décortiquer ce dernier, en tant que nouveau cadre
stratégique et à l'articulation de 5 éléments, qui
l'échafaudent.
I- La National Security
Strategy (NSS3(*))
Le 17 septembre 2002, la Maison blanche publie la
National Security Strategy 4(*), exposant et définissant une
nouvelle stratégie pour la défense des Etats-Unis, de leurs
intérêts dans le monde, mais aussi de leur alliés et pays
« amis ». La NSS est structurée selon 5
éléments fondamentaux donnant matière à la
stratégie américaine de sécurité.
1- Soutenir les aspirations de
la dignité humaine, Liberté et la justice
Le document réaffirme que, la
« Liberté » et la
« Justice » sont deux principes au centre de la
stratégie de démocratisation du monde et de lutte contre les
régimes tyranniques. L'Etat de droit, la liberté de culte, la
liberté d'expression, une justice indépendante, le respect de la
propriété privée, sont non-négociables et il
convient pour cela de faire comprendre et accepter leur caractère
« inéluctable » et
« irrévocable ».
Ces valeurs sont des droits pour toute personne et pour toute
société, et il est indispensable de les protéger. Les
Etats-Unis, seront en première ligne de la défense de ces valeurs
et pour promouvoir les Droits de l'Homme, ils feront jouer leurs avantages
à savoir la force militaire, et l'influence politique et
économique.
La NSS fait référence aux Etats-Unis à
l'image d'une nation où la démocratie consiste dans le respect de
la diversité, où des individus d'héritage et de fois
différentes, peuvent vivre dans la paix, elle poursuit que l'histoire
des Etats-Unis est une histoire de combat pour maintenir cet idéal de
diversité, qui conjugue la liberté et l'égalité
comme fondement essentiel à toute société libre et il sera
de même dans la mission civilisatrice des Etats-Unis dans le monde. Ce
fondement est notamment enraciné dans la déclaration de
l'indépendance des Etats-Unis et guide l'action des américains
dans les pires moments. Ainsi les Etats-Unis sont aujourd'hui non seulement
puissants, mais aussi libres, et la société américaine est
une société juste.
2- Guerre classique et guerre
moderne
L'un des points stratégiques, importants dans ce
document, est l'introduction d'une distinction entre la guerre classique et
celle du 21ème siècle, la différence est notable à
tout point de vue, des acteurs, des moyens, des motivations, de dimension.
La donne a changé diamétralement au 21ème
siècle, les notions de la liberté et de la justice se trouvent
face à une menace de genre nouveau, et requérant l'emploi de
moyens nouveaux et adéquats pour en venir à bout.
Aujourd'hui la menace principale est le terrorisme
porté par un réseau ou une « constellation »
d'individus dont l'objectif est de ramener le chaos dans le monde, et cela
à moindre coût et à moindre perte alors que de par le
passé, de grandes armées et de grandes logistiques industrielles
étaient nécessaires pour faire la guerre. Défaire cette
menace est une tâche colossale et requiert la mobilisation de tout
l'arsenal, militaire, juridique, et sécuritaire.
3- « Etats
voyous »
Les Etats-Unis déclareront la guerre à ceux qui
contribuent à la mise en oeuvre de cette menace y compris les Etats
s'il s'avère qu'ils ont l'ambition de développer ou
d'acquérir avec détermination des Armes de Destruction Massives
(ADM), et plus encore, ce qui constitue une menace sérieuse pour les
américains, c'est le croisement du radicalisme et des technologies,
mention faite implicitement à l'Irak du temps de Saddam accusé de
posséder un programme nucléaire, de la Libye avant que Kadhafi ne
renonce à ses prétentions nucléaires, et à la
Corée du Nord qui affirme détenir des armes nucléaires,
prête à en faire usage en cas d'attaque extérieure,
notamment américaine.
4- Renforcement des alliances
Etant donné que l'ennemi n'est pas personnifié
dans un Etat ou une organisation bien précise et bien localisée
géographiquement, la guerre contre le terrorisme est différente
des guerres classiques, et c'est pour cette raison qu'elle doit être
menée sur différents fronts, et sur une période
indéfinie. La « Guerre globale
contre le terrorisme » est une entreprise globale, elle
est ouverte à tout le monde, elle n'est pas purement américaine.
La lutte est entre celle de la terreur d'un côté et celle et de la
démocratie, et de la liberté de l'autre, et il convient à
chacun de se ranger derrière cette vision binaire, toute nation qui
n'est pas pour un camp, elle est logiquement pour l'autre, approche
décisive de l'Administration Bush dans la guerre globale contre la
terreur.
La guerre en Afghanistan est un cas d'école des
avantages d'une alliance mondiale contre la terreur, les militaires des
Etats5(*) du monde entier
ont constitué une force de coalition, libéré le pays, et
continuent toujours de chasser les Taliban et Al Qaida.
L'Afghanistan n'est pas le seul champ de bataille contre le
terrorisme, et de nombreuses cellules pullulent sur tous les continents. Il
convient pour cela de coordonner les efforts avec les partenaires
régionaux des Etats-Unis, et isoler les terroristes afin de bouleverser
leurs organisations, leur commandement, leur communication, leurs
matériels, leur support, et leurs finances.
La coopération contre le terrorisme va aussi se mettre
en place avec les organisations internationales, et les ONG, pour
dévoiler le financement, geler le patrimoine, et barrer l'accès
au système financier international à toute entité suspecte
de soutien au terrorisme, y compris les associations de charité qui
sont souvent exploitées par de terroristes.
5- Action préventive
Devant ces menaces, il n'est pas possible de tout
protéger, et les doctrines défensives de la guerre froide sont
obsolètes et inopérants face à ce genre de menaces
multiformes et imprévisibles, même la notion
d'autodéfense, telle que la conçoit le droit international,
l'article 516(*) de la
Charte des Nations Unies, reste inefficace car il est difficile de faire la
preuve de l'imminence de la menace, donc ce n'est plus
l'immédiateté de la menace qui compte mais c'est la
réalité.
L'action la plus adaptée aux défis de nos
jours sera l' « action préventive7(*) » ( ou l'action
préemptive) même si l'incertitude demeure sur le lieu et le
moment de l'attaque.
Cette action peut être menée s'il est
nécessaire, car le président des Etats-Unis a la
responsabilité d'assurer la défense du territoire et de sa
population.
La « guerre préventive » est un
concept nouveau et un chaînon fondamental dans cette guerre et sera plus
tard derrière toutes les opérations militaires
américaines, notamment en Irak, mais aussi potentiellement en Iran et
dans d'autres pays comptant pour des « Rogue
states » ou « Etats voyous »8(*). Une page est tournée
dans la conception que se font les Etats-Unis de leur sécurité.
L'attaque par surprise, cette variable incertaine que toute l'histoire de la
dissuasion a essayé d'éviter, devient la règle. Il ne
s'agit plus d'attendre que l'ennemi attaque le premier, il faut prendre les
devants, même si la immédiateté de la menace reste
incertaine pourvu qu'il y ait le soupçon, il faut désormais
maitriser le temps du conflit vu que l'ennemi, comme on l'a vu, est de nature
nouveau : le terrorisme. Mais encore c'est le caractère
imprévisible du comportement d'organisations qui n'auraient pas une
rationalité équivalente à celle des (autres) Etats. Enfin
ces organisations sont au carrefour du radicalisme et de technologies, ce qui
rend autrement plus difficile de voir la formation de la menace.
L'action militaire et plus précisément l'action
préemptive est l'épine dorsale de la NSS, celle-ci embrasse
d'autres modes d'action et fronts d'attaques comme la diplomatie,
l'économie l'influence, la coopération :
· La promotion de la libre circulation de
l'information et des idées par une
diplomatie publique efficace
· Le soutien aux gouvernements
modérés dans le monde musulman
· La coopération avec les Etats
pivots dans le monde
· Enclenchement d'une nouvelle ère de
croissance économique globale par le biais des marchés
libres et le libre échange.
· L'extension du cercle de développement
par l'ouverture des sociétés et la mise en place des
infrastructures pour la démocratie.
· L'aide aux pays faibles
· la lutte contre la
pauvreté
· L'implication dans le règlement
des conflits régionaux les plus dangereux de la
stabilité internationale.
Le volet militaire, qui est l'objet de ce mémoire, va
subir une mutation indispensable pour face à cette menace, la NSS
aborde alors la réforme des institutions de défense des
Etats-Unis.
6- Réforme des
institutions américaines de sécurité nationale
Les institutions de la sécurité nationale
américaine doivent être réformées, il s'agit de
réaffirmer le rôle essentiel de la force militaire
américaine, pour défendre les Etats-Unis, protéger le
alliés et amis, dissuader la concurrence militaire future, et
prévenir les menaces contre les Etats-Unis, les pays alliés et
amis.
La force militaire a pour rôle de maintenir la paix et
la sécurité à travers le monde, et dans les régions
dans lesquelles elle est installée. Mais il s'agit aujourd'hui de
transformer la stratégie qui a prévalu pendant la guerre froide
pour prévenir les menaces ennemies. Il faut focaliser la façon
dont l'ennemi agira plutôt que le lieu et le temps de ces combats.
Pour faire face à l'incertitude de la guerre de
21ème siècle et pour répondre aux défis de
sécurité dans le monde, la création des bases et des
stations à l'extérieur des USA est fondamentale. La NSS
prévoit trois dispositifs de défense :
· La contre prolifération
· La gestion des conséquences
· Procative counterprolifiration
Procative counterprolifiration recouvre le
renseignement, détection, défense passive et active,
capacités de frappes antiforces. Cet ensemble devrait outiller la
défense américaine, et il est fondamental pour l'action
préventive. Cela suppose l'adaptation de l'équipement des forces
et les entrainements. Le cycle de détection-décision-frappe doit
pouvoir passer de quelques jours à quelques heures, amélioration
des renseignements, la grande précision dans les frappes.
Ces dispositifs prennent tout leur sens dans le concept de
Proactive counter-prolifération, ce qui traduit la recherche
de la supériorité dans tous les domaines notamment militaires et
technologiques.
Donc l'action préventive est au coeur de la
démarche américaine de défense, et cela pose un
problème, de mener des frappes préventives sans être
certain de l'imminence de l'attaque adverse.
La doctrine de la préemption et de la guerre contre le
terrorisme ne se fonde sûrement pas sur la volonté de respecter le
droit international, jugé trop contraignant et contre productif mais
elle n'est pas non plus fondée sur le rejet de celui-ci au nom des
intérêts. La doctrine de la préemption représente la
volonté de détruire les normes internationales jusque-là
admises (juridiques ou autres) pour les substituer par de nouvelles normes,
censées répondre à la morale et à la force
américaine dans le monde.
La prohibition de l'utilisation de la force pour résoudre
les conflits internationaux est contenue dans l'article 2 de la Charte des
Nations Unies. Seules deux exceptions sont prévues : le droit de
légitime défense, dans l'article 51, et l'action collective
initiée par le Conseil de Sécurité sous le Chapitre VII.
Or, aucune de ces deux exceptions ne couvre le droit à la guerre
préventive.
L'article 51 de la charte des Nations Unies dénie aux
Etats de procéder par anticipation face à une menace qui ne
serait ni imminente ni incertaine. L'action préventive, sinon balaye
tous les fondements du droit international, du moins crée un conflit
avec le droit international puisque les Etats-Unis dérogent à ses
règles unilatéralement si nécessaire.
Cette démarche rentre aussi en conflit avec le droit
constitutionnel américain, surtout l'incompatibilité avec le
War Power Act 19739(*), mais aussi rentre en conflit avec le Congrès.
La doctrine de préemption représentent des risques
stratégiques, comme le risque que certains Etats puisse utiliser le
même type d'arguments, l'action préventive, contre leur voisins,
le fait d'être à la fois juge et partie de la
légitimité de son action rend l'action préventive plus
risquée.
La phase nouvelle, qui voit l'expérimentation et
l'instauration ce que les Etats-Unis appellent une « nouvelle
norme » dans les relations internationales, autrement dit
l' « action préventive », prélude de la
domination du monde par la force et d'une conduite de type nouveau sur la
scène internationale. Cette conduite est basée sur le primat du
militaire et de l'isolationnisme plus fort que de par le passé, enfin
elle vise, en particulier, la refondation du monde arabo-musulman en
« Grand Moyen-Orient ».
II - Doctrine Bush : primat du militaire
Le volet militaire de la stratégie de défense et
de sécurité américaine n'as pas été
établi après le 11 septembre mais bien avant,
c'est-à-dire avec l'arrivée de l'équipe Bush au pouvoir,
cette ambition de donner une priorité à l'aspect militaire
était déjà présente. Deux facteurs ont
été donnés pour expliquer cette tendance : d'une part
la défense américaine a été affaiblie durant le
mandat Clinton, donc il faut lui donner du renouveau, l'élection de Bush
avec une maigre marge, face à Al-Gore le candidat Démocrate de
l'autre mais aussi il faut voir dans la composition de l'équipe Bush un
facteur explicatif de cette « poussée » du
militaire. L'Administration Bush est composée de la vielle garde et de
nouveaux.
La vielle garde, ce sont ceux qui ont participé dans
les Administrations précédentes, comme c`est le cas de Donald
Rumsfeld, l'actuel secrétaire à la Défense, qui a
été ministre de la Défense de Gérald Ford
(1974-1976). Les nouveaux sont encore plus jeunes Paul Wolfowits, l'assistant
du secrétaire à la Défense Mr D. Rumsfeld très dur
en matière de la défense américaine. Enfin, Mme Condolezza
Rice. Il s'agissait avec l'arrivée de cette Administration de reprendre,
en terme de politique étrangère, tout ce qui a été
fait sous le mandat Clinton 1994-2000, et il faut le refaire, mais cette
fois-ci, à l'image de l'Administration Bush.
Le budget de la défense a été
porté à un niveau élevé et surtout une
défense anti missile. Selon François Géré10(*), directeur de l'Institut
Diplomatie & Défense, ce projet était déjà sur
les plans dès l'arrivée au pouvoir de l'équipe Bush en
2000, les conséquences en étaient la mise à l'écart
des traités antérieurs à la fin de l'Union
Soviétiques. Pour cette Administration, la fin de la guerre froide
(1947-1990) est considérée comme close, de tels traités
n'on plus cours et leurs relations avec la Russie, l'héritière de
l'Union soviétique, sont différentes et ont complètement
changé. Les traités et les engagements sur l'arms
control, c'est-à-dire les traités sur les essais
nucléaires et la limitation des armements stratégiques sont des
vestiges d'un passé révolu, changement de conception et de
pratiques diplomatiques.
Le gouvernement Bush prône aussi la
«révolution» afin de réaffirmer l'autonomie d'action
des États-Unis sur la scène internationale, en s'appuyant sur des
ressources militaires et économiques
considérables. L'intérêt dont fait l'objet la
défense et le secteur militaire aboutit à un appel à la
réforme aussi bien du Département de la Défense que des
doctrines et structures des forces armées américaines et surtout
à la "Révolution technico-militaire" pour faire face aux
mutations de l'environnement international. De la doctrine Bush découle
une ainsi une doctrine militaire, fondée sur le progrès
technologique et scientifique en matière d'information, de
communication, et un vaste programme de redéploiement militaire
américain à l'étranger.
III - Redéploiement global des forces
américaines
En 2004 les Etats-Unis ont annoncé une refonte globale
de leurs forces dans le monde, cette refonte se traduit par une architecture et
une géographie nouvelle.
1 -
Puissance américaine
Les Etats-Unis sont une puissance globale dans tous les
registres de la puissance, économie, culture, forces armées, mais
l'exceptionnalité de cette hyperpuissance est encore plus
considérable dans le domaine militaire, comme en attestent le
redéploiement militaire à l'étranger.
Ils disposent de :
· Grands commandements régionaux (combattant
commands)
· 700 installations militaires à l'étranger
· Une Capacité de projection à grande
distance des moyens militaires à grande distance
· Disposition d'un réseau de bases.
· matériel prépositionnné et de
troupes terrestres capables de se projeter en cas de crise.
· Une maîtrise des « espaces
communs », domination sans partage en matière navale
aérienne et satellitaire.
Les américains contrôlent la plupart des points
de passage et des routes de transit ce qui leur permet de sécuriser les
voies d'approvisionnement des matières premières et flux
commerciaux
La globalité de dispositif militaire américain
est une preuve que les américains se veulent être la figure de
l'ultime garantie de sécurité au niveau international et cela
leur permet de consolider le système d'alliance de la guerre froide
- l'OTAN- et de traduire l'engagement américain de façon
concrète et durable, au point que certains pays dépendent
largement de la garantie de la sécurité américaine.
Le périmètre d'intervention de Washington s'est
accru encore avec l'élargissement de l'OTAN et l'implantation au Moyen
Orient.
Ces déploiements ont acquis des rôles nouveaux,
au delà des rôles traditionnels surtout dans l'après guerre
froide, ainsi les militaires jouent de plus en plus un rôle politique et
diplomatique dans les régions placées sous leur
responsabilité. Cela tient de la profusion de leurs moyens, l'ampleur de
leur présence, et le retrait de département d'Etat,
financièrement malmené par les Congres. Les
responsabilités des armées et la militarisation de la politique
étrangère a été renforcée par l'intervention
des Etats-Unis dans des opérations de maintien de la paix, dans les
Balkans et au Grand Moyen Orient.
2
- Global Posture Review
La redéfinition des forces américaines dans le
monde est un processus connu sous le nom de Global Posture Review11(*), le plus important depuis
la fin de la guerre froide.
Cette refonte doit être perçue comme une
réévaluation globale de l'armée américaine,
particulièrement la réorganisation du réseau de bases.
Au-delà des 230 bases principales dans le monde, dont 200 sont aux
Etats-Unis, les forces armées américaines disposent de
5458 installations militaires distinctes et discrètes
de par le monde. Le nouveau système de positionnement militaire
s'appuie sur trois types d'installations :
· Main Operating Bases (MOB) ou
« Principales Bases d'Opérations » ces bases se
caractérisent par des forces permanentes de grande ampleur et une
infrastructure imposante, des logements pour les familles de soldats, des
écoles et des endroits de loisirs. La base aérienne de Ramstein
en Allemagne et la station navale américaine de Rota, en Espagne est un
exemple de ce type de base.
· Forward Operating Locations (FOL) ou
« Sites des Opérations Avancées », il s'agit
des camps d'entraînement et de transit. Les forces présentes sont
légères et le matériel est prépositionné. Le
personnel militaire y est présent non de façon permanente mais
par roulement, et il est responsable des formations et exercices auxquels
participent les armées régionales. Ce Type de base est le cas de
la base des forces aériennes à Incirlik en Turquie et la base
américaine de camp Bonsteel au Kosovo. Les Etats-Unis ont affirmé
avoir passé des accords avec des pays nord-africains pour l'installation
de ce type de base, notamment le Maroc et la Tunisie et d'autres pays comme la
Bulgarie et la Romanie.
· Cooperating Security Locations (CSL) ou
« Sites de Sécurité Coopérative » Ces
installations sont des infrastructures quasiment vides car elles n'abritent pas
les militaires américain de façon permanente, la
responsabilité de les gérer incombe à des sous-traitants
c'est-à-dire les pays hôtes notamment. Ces sites constituent des
points d'accès vers les différentes régions en cas de
crise. Certains pays africains seront concernés par ce type de sites,
Ghana, Gabon et le Sénégal.
Ces trois catégories de bases ont pour but de
réduire le coût de prés de 6 milliards de dollars par la
fermeture de 100 à 150 installations12(*), réduire les effectifs13(*), améliorer la
réactivité des forces américaines et décliner les
modes de présence en fonction des sensibilités politiques
locales.
Sur le plan militaire
On a misé sur les technologies émergentes, en
procédant à une modernisation accélérée des
forces américaines inspirée de la Révolution dans les
Affaires Militaires RMA (Revolution in Military Issues)
rebaptisée (Transformation).
Réformes des équipements, de l'organisation et
la posture héritée de la guerre froide, un désengagement
des Balkans et le rapatriement d'une partie des forces. On a mis l'accent sur
les satellites, les bombardiers, les capacités de frappe et de
projections à longue portée, l'Air force, et la
Navy au détriment des forces terrestres.
L'Administration américaine évoque des arguments
de nature politique et opérationnels à pour justifier cette
refonte :
Sur le plan politique
Il s'agit d'éviter les frictions et les tensions entre
l'Armée américaine et les populations locales, les restrictions
en matière de droit de survol, de mouvement et d'entraînement
imposés aux forces américaines. Mais aussi le statut exact des
militaires américains par rapport à la Cour Pénale
Internationale et au système juridique des pays hôtes.
Sur le plan opérationnel
Pour Donald Rumsfeld, secrétaire à la
Défense, il s'agit d'améliorer la rapidité de
déploiement en optimisant l'emplacement des bases en se
prémunissant contre d'éventuelles interdictions politiques (le
veto turc de 2003).
3 -
Implications proches et lointaines
Le plan Global Posture Review ne peut qu'avoir des
répercussions surtout externes : La négociation des droits
d'accès et de « basage » se fait à
l'avantage des gouvernements locaux, économiquement, politiquement et
stratégiquement.
Implication accrue des USA dans la politique sur la
scène politique locale, perçue comme un soutien des
régimes en place et comme ennemis objectifs des mouvements d'opposition.
Comme les pays dans lesquels les USA s'installent ne sont pas
démocratiques, leur pratiques risquent fort de contredire les
préférences et les idéaux affichés de la nation
américaine, donc cela risque de susciter des demandes de retrait aux
Etats-Unis mêmes et cristalliser l'opposition interne
antiaméricaine.
La présence américaine n'est jamais neutre, les
redéploiements risquent d'impliquer les Etats-Unis dans les querelles
politiques nationales, faisant de leur présence sur le terrain, à
la fois un enjeu, une ressource et une cible des acteurs locaux.
La présence américaine, enfin, poussera
nécessairement les acteurs régionaux à réajuster
leur calcul et cela selon deux schémas qui peuvent tous les deux
être un facteur d'instabilité :
· Soit unir leur effort contre les USA, c'est le
modèle de balancing
· Soit ils se mettront à capter les faveurs
américaines, c'est le modèle de
bandwagoning
Le repositionnement militaire américain concerne en
partie, et de façon intense, le continent africain14(*). Dans le cadre de la guerre
contre le terrorisme, l'Afrique est vue comme un repaire de
« voyous » de groupes terroristes et de mafieux vus,
à tort ou à raison, comme une menace pour les Etats-Unis et les
Etats de la région. Par ailleurs l'Afrique est aussi un continent qui
présente de grandes opportunités pour les ambitions
énergétiques et hégémonistes des Etats-Unis.
IV - Mouvement stratégique américain vers
l'Afrique
Depuis les années 1990, l'Afrique était au coeur
des intentions stratégiques et diplomatiques des Etats-Unis, cet
intérêt, stratégique et militaire, est plus visible et
concret dans la période post 11 septembre 2002. Le 23 et le 24 Mars 2004
les chefs d'Etats-majors de pays comme le Mali, le Niger Tchad la
Maurétanie, le Maroc et de la Tunisie ont pris part à une
réunion au Quartier Général du Commandement de
l'Armée américaine en Europe, US-Eucom, à Stuttgart,
l'objet de la réunion est resté secret, mais il s'agissait de la
coopération militaire dans la guerre contre le Terrorisme dans la
région de Sahel, zone tampon entre l'Afrique du Nord et l'Afrique
Sub-saharienne, cet intérêt est symbolisé par les visites
des officiels américains dans la région, Colin Powell en 2002, le
Président Bush en 2003 et la visite du sous commandant de l'US-Eucom, le
Général Charles Wald deux semaines avant la réunion de
Stuttgart.
Encore plus, les Etats-Unis se sont impliqués dans des
opérations militaires des pays du Sahel - le Tchad, le Niger, le Mali,
l'Algérie- contre le Groupe Salafiste pour la Prédication et le
Combat (GSPC), organisation figurant désormais sur la liste du
Département d'Etat des organisations terroristes. De ces
coopérations, de nombreuses avancées ont été
réalisés, comme l'arrestation des leaders de ce group.
Cette coopération militaire vient dans le cadre du
Pan Sahelian Initiative PSI, un programme
d'assistance militaire, commencé depuis 2003, son budget pour 2004 a
été estimé à hauteur de 7 millions de dollars, son
objectif est de combattre la contrebande, le terrorisme et le crime
international. Selon officiel américain15(*), qui a supervisé ce programme, le PSI est un
outil important dans la guerre contre le terrorisme, il permet de renforcer la
coopération entre les pays concernés, mais aussi pour
contrecarrer les terroristes, qui ont trouvé refuge au Maghreb et au
Sahel, après qu'ils aient fui l'Afghanistan et l'Irak, suite au
déclenchement de la guerre par les américains dans ces pays
respectifs.
Sur les 5 prochaines années les Etats-Unis vont
dépenser 500 millions de dollars pour un programme anti terroriste et
cela pour sécuriser ce qu'ils appellent le « dernier
front » dans leur guerre globale contre le terrorisme. Certains
observateurs disent que cette expansion militaire américaine aura les
mêmes conséquences qu'à la Corne de l'Afrique.
Trans-Sahara Counter-Terrorism Initiative (TSCTI) a
été mise en place en juin 2006, pour fournir l'expertise
militaire, les équipements nécessaires aux militaires des neuf
pays de la région, considérés comme instables, et un
terrain fertile pour les militants des groupes islamistes, qui cherchent
à établir un camp d'entrainement sur le modèle de
l'Afghanistan et de s'engager dans la contrebande, et d'autres activités
illégales. L'initiative représente une amélioration
importante et remplace le PSI, initié en 2002.
1 -
Historique de la coopération militaire des Etats-Unis et de l'Afrique
Les intérêts américains pour l'Afrique,
ont été rétablis après l'échec de
l'intervention des Etats-Unis en Somalie de 1992-1994, et la relance de la
politique américaine pour l'Afrique.
En Mars 1999, une réunion a été tenue
entre les chefs des 8 organisations régionales africaines, en plus des
83 ministres africains et leurs homologues américains. L'objectif
était de renforcer le partenariat entre les Etats Unis et l'Afrique et
encourager le développement économique, le commerce,
l'investissement, et la réforme politique. Parmi d'autres thèmes
de la réunion, il y a eu la question de terrorisme et l'accès des
produits africains au marché américain. Depuis les années
1990 plusieurs initiatives ont été initiées pour la
coopération stratégique et militaire, en voila les
principales :
1996 The African Crisis Response
Initiative (Acri) dont l'objectif était d'accroitre les
capacités des pays africains à fournir des troupes de maintien de
la paix de l'ONU sur le continent africain.
1999 The Africa Centre for Strategic
Studies, crée en 1999 et basé à
Washington, ce programme a été établi entre le
ministère de la défense américaine et l'Afrique, il est
chargé de fournir une formation aux hauts responsables chargés de
la défense en Afrique
Printemps 2002 ACRI devient ACOTA (African
Contingency Operations Training and Assistance), ce programme est
considéré comme l'évaluation et réajustement du
programme ACRI qui a révélé un certain nombre
d'insuffisances. En terme d'adaptation des formations et des équipements
fournis, et en terme de focalisation sur les missions de maintien de la paix
plus que sur les entrainements au combats et au soutien logistique.
The International Military Education and Training
program (IMET), ce programme est chargé de former 1500 officiers
Africains. Son cout total a été estimé à 11
millions de dollars en 2003.
Africa Regional Peacekeeping Program (ARP),
ce programme entraine et équipe les troupes de certains pays
africains impliquées dans des opérations de maintien de la paix.
Il inclut aussi aux tactiques offensives et le transfert des technologiques
militaires
2
- Fondement d'une nouvelle politique africaine.
Ambitions
hégémonistes
Le GSPC, la raison d'être officielle de la
présence américaine au Sahara, est un groupe qui figure sur la
liste de Département d'Etat des organisations étrangères
qualifiées de terroristes, dont on estime compter dans ses rangs 100
membres basés en Algérie. Le groupe a été
créé en 1990 pour déposer le gouvernement en place et
établir un Etat d'inspiration extrémiste.
Le groupe est accusé d'être à l'origine
d'une avalanche d'attaques au Sahara l'année dernière, qui se
sont soldés par la mort d'une quarantaine de morts dans le rang des
militaires algériens et mauritaniens. Certains observateurs estiment que
l'implication des Etats-Unis dans cette région pourrait la
déstabiliser.
Selon Jeremy Keenan, un spécialiste du Sahara à
l'université de East Anglia en Angleterre, l'initiative
américaine générera le terrorisme au lieu de le combattre,
mais aussi générera une résistance à la
stratégie et à la présence globale dans la région,
il estime qu'au Sahara il n'y a pas de terrorisme, et que les autorités
algériennes et américaines n'ont pas de preuve de la
présence du terrorisme au Sahara. Sans le GSPC les Etats-Unis n'ont de
légitimité de présence dans cette région, cela veut
dire que clairement que l'ingérence américaine dans la
région cache leur intérêts réel dans la
région, à savoir le pétrole. Les Etats-Unis sont de plus
en plus dépendants vis-à-vis du pétrole, et depuis que le
président Bush l'a déclaré comme un intérêt
national stratégique.
Un rapport d'International Crisis Group, un
Think-Tank basé à Bruxelles, dit que bien que le Sahara ne soit
pas un creuset terroriste, les gouvernements autoritaires de la région
ont profité de la « Guerre Globale contre le
Terrorisme » de l'Administration Bush, pour capter les largesses des
Etats-Unis et bafouer les libertés humaines des civils, c'est le cas
notamment de l'ancien président mauritanien Mouayiwa Ould Sidi Taya,
déposé en 2005, qui a utilisé la menace terroriste pour
justifier les abus des droits de l'Homme et emprisonné des douzaines
d'opposants, accusés d'être liés au GSPC16(*). Mais aussi le cas du Maroc,
où les autorités ont arrêtés, suite aux attentats
de Casablanca en Mai 2003, prés de 900 personnes sur la simple
suspicion de lien avec les groupes islamistes radicaux.
Lors de la mise en place de cette initiative, des Mauritaniens
sont descendus dans la rue pour dénoncer les Etats-Unis, à la
base de ce dispositif anti terroriste. En Somalie, les Etats-Unis sont
accusés de soutenir les seigneurs de la guerre anti islamistes qui ont
perdu le contrôle de Mogadiscio, au profit de la milice Djihadiste
après 15 ans de mainmise sur la capitale du pays. Des opposants au
programme de la CIA pensent que les seigneurs de la guerre ont exploité
les craintes américaines pour convertir le pays en un paradis des
terroristes, avoir un financement et des armes pour renforcer les
opérations criminelles existantes sous prétexte de combattre les
extrémistes.
Les effets de cette politique, est ce qui a nourri les
sentiments antiaméricains et le radicalisme islamique parmi les
somaliens à la vue des américains, qui interférent dans
leur affaires intérieures, et qui contribuent à déchirer
le pays à force de soutenir certaines parties au conflit. Certains
prédisent le même scénario au Sahara.
Les opposants à cette initiative soutiennent que, bien
que la menace du GSPC pèse sur le continent, les récents
événements penchent pour dire que l'organisation même n'est
plus aussi dangereuse et menaçante que le prétendent les
Etats-Unis. Force est de constater les démantèlements continus de
certaines cellules de ce groupe par les autorités algériennes,
ainsi que l'analyse de certains qui consiste à dire que le leadership de
l'organisation s'engouffre dans la déchirure.
Même le fondateur du GSPC, emprisonné en
Algérie, appelle les militants en activité de se rendre et de
profiter de la loi algérienne d'amnistie, sous laquelle ils
déposent les armes en échange d'une immunité contre la
poursuite en justice. En février 2006, les autorités
algériennes ont libérés 2200 des militants islamistes
emprisonnés, sous la loi d'amnistie précitée.
Le GSPC continue d'agir sur les compagnes algériennes
mais, l'organisation a changé de cible, pour se déplacer sur le
sol européen, où un réseau de cellules dormantes planifie
des cibles civiles, des douzaines de suspects ont été
arrêtés et de nombreux complots ont été
déjoués, y compris un plan d'attentat qui vise à
perpétrer des attentats similaires à ceux de 11 septembre 2001.
Les officiels de renseignements européens et
américains ont la preuve que des membres de cette organisation en Europe
continuent de recruter, entrainer et financer des Djihadistes maghrébins
pour aller combattre les forces américaines en Irak et en Afghanistan.
Ces facteurs font d'elle l'une des organisations les plus dangereuses dans
l'orbite d'Al-Qaïda, selon Jamestown Foundation, un Think-Tank
basé à Washington.
Ces cellules dormantes sont basées notamment en Italie,
base de facto des opérations à destination des autres
pays européens, selon Jamestown Foundation. Dans les banlieues
de Milan, des activistes ont été arrêtés et des
attentats déjoué, ciblant des monuments des stades de foot, des
chemins de fer, le but était de faire le maximum de victimes, selon les
déclarations du ministre de l'intérieur italien.
La première cible de l'organisation en dehors de
l'Italie est la France, selon L'UCLAT17(*), elle devient l'ennemi Numéro
« Un » de cette organisation.la France est notamment
décriée à cause de la loi de 15 Mars 2004 sur
l'interdiction des signes religieux ostensibles à l'école. En
Janvier 2005, 11 suspects ont été arrêtés, en
septembre de la même année trois autres affiliés à
l'organisation ont été arrêtés, leur objectif
était de planifier le bombardement des métros parisiens.
En Espagne aussi, des arrestations ont sévi dans les
rangs du groupe combattant marocains, il est suspect d'être lié au
GSPC, aux attentats de Madrid qui ont 191 victimes, mais aussi aux attentats de
Casablanca en Mai 2003. Des arrestations ont été
opérés en Belgique et au Pays-Bas, Angleterre enfin Canada.
Ambitions
énergétiques
Les autres axes majeurs de la stratégie
américaine en Afrique, sont au nombre de deux :
· Accès illimité aux marchés
africains, énergie et les autres ressources stratégiques.
· La sécurisation de l'approvisionnement des
matières premières.
Les visites des officiels américains, notamment celle
de Colin Powell en septembre 2002, dans certains pays producteur de
pétrole, l'Angola et le Gabon, est parlant pour cet intérêt
pour le pétrole africain. Les experts estiment que l'Afrique sera dans
10 ans le plus important fournisseur de pétrole après le Moyen
Orient. En effet, les américains, se sont rendu compte de leur
dépendance des matières premières
stratégiques18(*)
et ces accords militaires sont là pour jeter les bases pour la
protection de leur approvisionnement.
En Juillet 2003 une tentative de coup d'Etat, Sao Tomé
et Principe, un petit Etat riche en pétrole, a déclenché
l'intervention militaire américaine dans l'archipel. Trois mois plus
tard, des compagnies américaines ont offert 500 millions de dollars pour
explorer les eaux profondes du Gulf de Guinée, partagée par le
Nigéria et Sao Tomé et Príncipe, c'est-à-dire le
double de ce que ces Etats ont espéré avoir comme offre.
Deuxième partie
Etats-Unis Maghreb
I- Relations des Etats-Unis et les pays et l'Afrique du nord
D'entrée de jeu il y a une difficulté qu'il faut
cerner, le titre les relations entre les Etats-Unis et le Maghreb
induit en erreur et pose problème à savoir qu'en dehors
d'une réalité géographique, il n'existe pas de Maghreb en
tant qu'entité politique et économique et moins encore militaire,
de ce point de vue chaque Etat composant cette entité présente
une physionomie particulière et propre et donc des interlocuteurs
différents, concurrents et adversaires, dans leurs relations avec les
Etats-Unis. A leurs tours, les Etats-Unis, Selon Yahia Zoubir19(*), n'ont pas toujours
perçu le Maghreb comme une entité à part entier, mais
quand il s'agit de traiter avec la région, ils traitaient avec les Etats
pris individuellement.
Après la mise en perspective de cet aspect important
qui apparaît non seulement dans la coopération de ces pays avec
les Etats-Unis, mais avec tout les autres partenaires étrangers,
notamment l'Union européenne, le chapitre II introduira les relations
entre le Maghreb et les Etats-Unis non pas sous forme de relations
bilatérales mais selon 3 périodes. La coopération
bilatérale, surtout en matière, sécuritaire et militaires
seront étudiés plus loin dans le même chapitre.
1- Guerre Froide
Historiquement la région attire l'attention des
décideurs de la politique étrangère américaine dans
la mesure où elle peut affecter la sécurité de l'Europe
notamment la rêve sud et cela malgré son emplacement
géographique stratégique.
Durant la Guerre Froide les Etats-Unis cherchaient à
contrer l'influence des soviétiques, offrir la protection occidentale
aux Etats alliés de la région le Maroc et la Tunisie et mener une
politique de Containment20(*) autour de Kadhafi. Il faut signaler que bien que
l'Algérie avait un penchant de soutien des soviétiques durant la
guerre froide, les Etats-Unis n'ont pas rompu leur relation surtout en
matière économique, dans ce domaine leur rapport est basé
sur le pragmatisme, donc ne laissaient pas leur divergence idéologique
assombrir leur relations commerciales.
Durant les années 1980 l'Administration
américaine ne se souciait pas de la montée de l'intégrisme
religieux que ce soit en Tunisie ou en Algérie, elle n'accordait pas non
plus beaucoup d'attention au processus de démocratisation en
Algérie notamment 1989-90, un rôle laissé à la
France traditionnellement ancrée dans la région pour son histoire
coloniale, elle focalisait plutôt l'évolution de la situation en
Europe de l'Est.
En ce que concerne l'Union du Maghreb Arabe (UMA21(*)) les USA étaient
favorable à l'intégration de cette entité qui regroupe les
cinq pays de la région, mais vu qu'ils ne voulaient pas que la Libye
soit partie intégrante de ce regroupement, étant donné
Kadhafi était perçu comme la bête noire des
américains juste après l'Iran, cette attitude a fait capoter le
projet de développement autant économique que politique de la
région.
De plus vu les rapports historiques entre le Maroc et les
Etats-Unis, alliés stratégiques historiques, la résolution
du conflit sur le Sahara reste en suspens.
2-
1990-2001
Après la chute du mur de Berlin, des
éléments de la politique américaine vis-à-vis du
Maghreb commençaient à émerger, en effet pendant cette
période les Etats-Unis avaient un objectif stratégique global de
libéralisation qu'ils essayer de répandre et de promouvoir
partout dans le Monde, ainsi une intégration régionale sous forme
de l'UMA devrait être un marché potentiellement important et
attractive pour les investisseurs américains. Trois rôles ont pu
être joués :
La guerre civile algérienne a acculé les
américains à prévenir une éventuelle
expansion de la crise vers les deux pays voisins, à savoir le
Maroc et la Tunisie, et à long terme une déstabilisation de la
région tout entière dont les conséquences seraient
l'enclenchement d'un flux migratoire en direction de l'Europe. Cette
perspective d'un Maghreb instable due à la combinaison d'une
envolée démographique, de détérioration des
conditions socio-économique constituait un souci autant pour les
Etats-Unis en Europe, qu'au sein de l'OTAN, dans ce contexte les USA, mais
aussi la France, ont laissé libre cours à ce que les
autorités tunisiennes répriment les islamistes dans des
conditions contrevenant au respect des droits de l'homme.
En ce qui concerne le Maroc, ils ont favorisé le
maintien de statu quo ante sur la question de Sahara en reportant sine
die l'échéance référendaire, ce qui amène
les acteurs principaux sur les pieds d'égalité.
Le second objectif des Etats-Unis
était de presser le régime algérien à
mettre fin à la crise politique. Durant 1993-96 les
décideurs politiques américains étaient convaincus que le
régime politique en vigueur aller tomber, et pour prévenir un
scénario à l'algérienne, ils préféraient
concevoir une politique de conciliation vis-à-vis des islamistes, seul
moyen de les amener à mettre fin à la crise, cette politique
favorisait à ce que le processus politique inclut aussi les forces
laïques que les islamistes qui rejettent la violence.
Certains officiels étaient certains que
l'arrivée au pouvoir des islamistes était inévitable,
pour maintenir leur relation avec le futur Etat, l'activisme du Front Islamique
du Salut n'était pas réprimé au sein même des
Etats-Unis. L'Algérie était aussi conçue comme un champ
d'expérimentation d'un régime dirigé par des islamistes
modérés, cela servirait l'intérêt des
américains pour effacer l'image négative qu'on a d'eux dans le
monde musulman d'autant plus que les Etats-Unis ont gardé leur distance
vis-à-vis du pouvoir algérien dans l'espoir qu'une fois les
islamistes au pouvoir, ils ne seront pas opposés aux
intérêts américains dans la région.
Cette politique, on la voit, est basée sur
l'opportunisme et la conciliation entre les islamistes et le régime.
Cela s'est concrétisé en 1995 lors de la plateforme de San Egidio
où 6 partis de l'opposition, le FIS inclus, et le régime
étaient invités pour convenir d'une base à la
réconciliation nationale.
La politique de compromis américain
n'était pas la seule approche des décideurs politiques
américains, ainsi au département d'Etat d'aucuns pessimistes
quant à la contagion que pourrait entraîner le mouvement islamiste
dans les pays voisins, par un effet de domino islamiste, en Novembre 1994 le
Comité des Affaires Civils de l'Assemblée de l'OTAN a
exprimé cette inquiétude dans un rapport publié a cet
effet.
Le troisième objectif des Etats-Unis
était de maintenir le régime des sanctions sur la Libye mis en
place depuis 1986 et celui des Nations-Unies mis en place depuis 1994
après l'affaire Lockerbie. Enfin, concernant toujours le cas de la
Libye, les Etats-Unis voulaient prévenir qu'elle ne développe pas
des Armes de Destruction Massive (ADM).
Durant les années 1990, les Etats-Unis ont eu une
approche coopérative en ce qui concerne le
Maghreb22(*),
excepté la Libye, mais tous les observateurs s'accordent sur le fait que
jusqu'à 1998 les Etats-Unis n'ont pas eu de politique
étrangère vis-à-vis du Maghreb, cependant les
américains commencent à avoir conscience de trois choses :
Le Maghreb est négligé dans la politique
étrangère américaine, qu'il faudrait se mettre à la
développer.
Il faudrait favoriser la stabilité dans la
région, pour cet effet il faut encourager le développement
économique dans la région à travers des réformes.
Que les Etats de la région développent une politique de
coopération, notamment politique, afin de capter d'éventuels
investissements américains dans la région, car les
économies nationales ne pourraient pas faire face aux capitaux US.
C'est dans ce contexte que les Etats-Unis ont lancé
en1999 le partenariat économique USA Afrique du nord, ou
l'initiative Eisenstat23(*). Cette initiative était perçue
comme un changement et une ébauche dans la politique américaine
à l'égard du Maghreb. Celui-ci n'est plus la chasse gardée
de la France ou de l'Union Européenne, le marché maghrébin
était assez grand pour profiter aussi bien aux Etats-Unis qu'aux
européens.
Les américains voyaient d'un bon oeil l'initiative euro
méditerranéenne, car elle aide à la libéralisation
des échanges, à la coopération régionale, et
à la suppression des barrières douanières ; A leur
tour les Etats de la région se sont lancé dans un
réajustement de leur politique, tout en tenant compte de l'arrivé
d'un nouvel acteur sur la scène régionale.
Avec l'arrivée de Bouteflika an Algérie, les
relations entre les deux pays ont été amélioré,
dans le domaine de l'anti terrorisme précédant les
événements de 11 septembre 2001, développement des
relations en matière militaire, la visite des officiers haut
gradés des USA ainsi que de l'OTAN en Algérie, enfin des
manoeuvre conjoint des militaires américains et algériens.
En ce qui concerne le Maroc, après la mort de Hassan II
en 1999, le régime politique est devenu trop proche des Etats-Unis, et
se positionne comme un rempart contre l'islamisme et l'extrémisme, ce
que veulent les américains, en échange le Maroc espère
recevoir un soutien de la part des Etats-Unis quant à le conflit sur le
Sahara qui oppose le Maroc, à l'Algérie et le Polisario.
Pour la Tunisie, le soutien américain du régime
reste fondamental surtout pour contrer la prétendue menace islamiste.
Quant à la Libye, les Etats-Unis lui restent encore
hostile malgré ses initiatives de normaliser ses relations avec les
Etats-Unis et son abandon du terrorisme, elle acquiert un statut
« état voyou » aux yeux des américains.
A l'aube de 11 septembre 2001 la présence
américaine dans la région fut plus importante que jamais et ses
objectifs furent formulés dans la National Security Strategy,
comme on l'a vu au début du chapitre précédent.
Ce qui est très important à remarquer, c'est que
les relations Etats-Unis Algérie, ne sont plus cantonnées dans le
secteur d'hydrocarbure, mais se sont étendus vers le militaire
3- De 2001 -
Les conséquences immédiates des attentats de 11
septembre 2001 étaient une tentative des élites en place de
réaffirmer le pacte de stabilité qui les relie à
l'Occident, avant tout aux Etats-Unis, dans un effort commun de lutte contre
l'islamisme assimilé au terrorisme et cela en contrepartie d'un soutien
politique et d'une « relégitimation » de leur
pouvoir par les Etats-Unis, dont le rôle au Maghreb se voit indirectement
renforcé. Ce pacte de stabilité inclut même la Libye qui a
cessé de conduire sa politique classique frontale par rapport aux
Etats Unis et se positionne désormais du côté des
américains dans leur guerre mondiale contre le terrorisme.
Ainsi on va voir que tous les Etats de la région ont
coopéré avec les américains d'une manière ou d'une
autre.
Pour certains Etats, notamment
l'Algérie et la Tunisie, la guerre
mondiale contre le terrorisme constituait une « occasion
d'or » au service des intérêts de leur politique
intérieure mais aussi une occasion de consolider leur rapport avec les
Etats-Unis.
Le Maroc, les services secrets, notamment, a
pour s a part s'est met à la poursuite des toutes les personnes
suspects d'appartenir à Al-Qaëda, et éventuellement les
extrader vers les USA pour un éventuel jugement.
La Tunisie poursuit sa politique
répressive contre les islamistes modérés tel que Rachid
Ghannouchi, mais aussi contre tous ce qui contestent le pouvoir du
régime de Ben Ali, le combat contre le terrorisme fut pour longtemps un
prétexte d'or pour le régime pour mettre hors la loi toute
revendication démocratique et réprimer ses auteurs qu'ils soient
des islamistes ou des laïques.
Ben Ali s'est senti conforté par le cautionnement de
ses actes par les dirigeants occidentaux au nom de la lutte anti terroriste. Le
défilé en Tunisie des chefs d'Etat occidentaux pour
« louer la clairvoyance de la politique tunisienne », ce
qui signifie la carte blanche pour une fuite en avant du tout
sécuritaire : après les attentats du 11 septembre, le
gouvernement a présenté à ses partenaires occidentaux une
liste d'extradition des réfugiés politiques, le tribunal
militaire, juridiction d'exception, s'est mis en branle, une suite de
procès politiques a eu lieu, jugeant des terroristes
présumés avec des dossiers vides, l'amendement de la constitution
le 26 Mai 2002, la lutte anti terroriste s'est traduite par un offensif tout
azimut et un recul des maigres acquis que les tunisiens avaient arrachés
les années précédentes, la surveillance policière
s'est accrue, les lignes téléphoniques sont sur écoute,
et l'Internet est sous haute surveillance.
L'Algérie, le 11 septembre et la lutte
contre l'islam politique, ont été une occasion d'or pour
justifier l'interruption du processus démocratique de 1989 qui allait
voir les islamistes prendre le pouvoir, et les exactions durant la guerre
civile dont les responsables ne sont autres que l'Armée donc l'Etat
algérien.
La guerre contre le terrorisme a renforcé le
président ainsi que les militaires et leur a donné la
légitimité de se maintenir dans le pouvoir, et pour cause,
continuer leur guerre contre le terrorisme par tous les moyens, et dans
l'impunité totale. Plus encore l'Etat algérien s'est mis à
critiquer les Etats occidentaux, tels l'Europe, les Etats-Unis, le Canada, la
France, pour avoir servi de refuge aux groupes islamistes qui ont
été largement derrière la guerre civile en Algérie
tels que le GIA le groupe islamique armée ainsi que le GSPC. Ils sont
allés jusqu'à défendre l'idée qu'ils étaient
la créature de Bin Laden.
L'Algérie, s'est vu en droit, recevoir une assistance
militaire en terme de logistique sophistiquée pour éradiquer les
terroristes ainsi qu'une assistance en matière de renseignement pour
pourchasser les islamistes en dehors des territoire algérien,
c'est-à-dire en Europe et aux Etats-Unis, ils ont aussi demandé
aux Usa de leur extrader des éléments suspects pour
comparaître devant la justice algérienne.
II- Coopération
politique
Le 11 septembre et le terrorisme international a eu un impact
important sur la politique sécuritaire dans la région.
Après le11 septembre 2001, l'Algérie a lié son terrorisme
à celui qui a frappé les Etats-Unis, ce qui lui a procuré
des avantages politiques, sécuritaires et technologiques. Cela est du
fait que la menace est simplifié dans par l'invocation d'Al Qaeda
à tout les coups : celui-ci devient un label englobant l'ensemble
des réseaux Djihadistes internationaux, les organisations locales comme
le GSPC, le Groupe Islamique Armée marocain, et d'autres militants
autonomes. Du temps de la guerre civile en Algérie, le GSPC n'a eu de
raisons d'existence que dans le cadre national, contre le pouvoir des
militaires.
De nombreuses mesures
étaient prises par les Etats de la région concernés. La
Convention de l'Union Africaine pour la lutte contre le terrorisme interdit
d'assister les organisations terroristes.
Rencontre multilatérale au sommet à Alger en
septembre 2002 où il y a eu l'adoption un plan d'action contre le
terrorisme (aspects policiers, judiciaires, contrôle aux
frontières, échanges d'informations).
La Communauté des États sahélo-sahariens
(Cen-Sad) a organisé le sixième sommet le 14 Mai 2004, dans
laquelle a été évoqué notamment la question du
terrorisme, et la possibilité de coopération contre ce
phénomène.
Le Sénégal et le Maroc ont crée un cadre
de coopération en matière de renseignement et de la police.
Un centre africain d'études et de recherches contre le
terrorisme, basé à Alger, a été créé
fin 2004 sur l'initiative de l'Union Africaine, avec le soutien financier
américain, onusien et européen.
1-
Recomposition des alliances après le 11 septembre
Le rapprochement entre le Maroc et l'Espagne, dont les
relations étaient devenues difficiles jusqu'alors du fait des questions
de l'immigration clandestine.
La mise en place de la Pan Sahelien Initiative par le
Département d'Etat américain, et qui a été
étendu en 2004 au Maroc, à l'Algérie et à la
Tunisie. L'approche américaine a préféré de
contourner la planification et le déploiement d'une forte et importante
présence de troupes américaines au profit d'un déploiement
de forces spéciales, plus discrètes et probablement moins
coûteuses, capables de former les forces locales.
Les Etats-Unis et l'Algérie ont
développés des relations en matière de
sécurité, considérés comme concurrentielles
à celles entre Paris et Alger.
Le 21 septembre 2004, à sa première intervention
devant l'Assemblée Générale des Nations Unis, le
Président du gouvernement espagnol, José Louis Rodrigo Zapatero,
proposa la création d'une Alliance des Civilisations entre l'Occident et
le monde Arabo Islamique, l'esprit de cette alliance est que la paix et la
sécurité ne peuvent exister que par l'intermédiaire des
Nations Unies, de la légalité internationale, des droits humains,
de la démocratie, de l'État de droit et de
l'égalité entre les hommes et les femmes.
2
- Mesures actives de prévention du terrorisme
Ces mesures sont de deux sortes :
· Conjoncturelles, il s'agit d'empêcher qu'une
situation puisse dégénérer en conflit armé sans
pouvoir ou vouloir en corriger les causes profondes, le but est de rester au
stade latent du conflit.
· La prévention structurelle, il s'agit de
remettre en question les origines profondes, sociales historiques d'une
violence potentielle.
Cette dernière approche reste intéressante et
ambitieuse Le développement économique et social peut
réduire les origines du terrorisme, chômage, sous
développement, manque d'infrastructures.
Une stricte approche sécuritaire et militaire ne se
préoccupe pas du long terme. Il faut une approche combinée entre
le tout-sécuritaire, policiers, militaires, et l'approché
focalisée sur le développement économique, notamment celle
des ONG. Entre le maillage sécuritaire antiterrorisme individuel et
maillage de développement, une approche systématiquement
combinée est possible. Car le problème de la violence est plus
complexe donc la solution n'est pas simple.
III - Coopération sécuritaire
1- Opérations
et manoeuvres militaires
Les Etats-Unis ont établis, en coordination avec
les pays de la région d'Afrique du nord et de Sahel, un certain nombre
de programmes militaires, sous formes notamment de manoeuvres militaires. Dans
ce qui suit, je vais aborder 6 types d'opérations militaires dont les
objectifs différent tactiquement mais dont l'objectif central reste le
même, à savoir le renforcement de l'aspect sécuritaire du
continent africain, notamment dans les zones dites à risques.
Flintlock
A
l'origine de ce programme fut (Joint Combined Exchange Training - JCET)
initié en 1993 et spécifiquement mené par les forces
spéciales américaines en coordination avec l'EUCOM, commandement
des forces américaines en Europe. Ce programme a changé de nom
pour devenir Flintlocks lorsqu'il fut étend à d'autres pays
africain. L'objectif était d'améliorer les coopérations
régionales et exposer les forces spéciales américaines
à une variété d'expériences militaires. Ce type
d'opération est conduit deux fois par an, il inclut aussi des
opérations de gestion des désastres, de recherche et de secours,
etc. Ces entrainements ont eu lieu dans endroits comme en Algérie, au
Sénégal, et en Maurétanie.
Objectifs de ces entrainements :
· Permettre aux soldats des
armées africaines d'améliorer leurs performances, en
matière de connaissances, et d'entrainement à des
tactiques plus sophistiqués et très poussée pour
déloger les terroristes. L'autre la réussite stratégique
de cette manoeuvre était de fédérer les armés des
trois zones Maghreb Sahel et l'Afrique de l'ouest, ce qui permet de les
intégrer ensemble dans la traque d'Al Qaeda
· Arrêter le trafic d'armes, et
le trafic d'humains dans la région,
· Prévenir l'infiltration des
terroristes dans les pays de la région.
Dans le « Flintlock 2005 », 700 soldats
des forces spéciales américaines ainsi que 2100 soldats des
quarante pays africains ont participé aux manoeuvres pour coordonner la
sécurité le long des frontières poreuses et mettre en
place les patrouilles dans ces territoires incontrôlables. Les
armées de Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie et de
l'Algérie ainsi que les armées de Tunisie, du
Sénégal, du Maroc et du Nigéria ont participé de
cette opération.
Ces exercices, axés sur l'orientation, la communication
sur le terrain et l'entraînement au tir de précision, ont permis
également aux Américains, chose qu'ils réfutent, de tester
les capacités de défense d'armées aux logistiques
différentes et aux techniques antagonistes. Sur ce plan, l'exercice qui
s'est déroulé au sud des frontières algériennes a
pris ancrage sur la réalité physique de la présence du
groupe du GSPC, où des groupuscules salafistes affiliés, sont
installés.
MEDFLAG
Une opération de secours humanitaire et de formation
médicale, menée deux fois par an. Ces opérations se
situent dans le domaine de la médecine d'urgence, de la stabilisation,
des affaires publiques, et de la formation à la préparation au
désastre. Et elle vise le développement de
l'interopérabilité des corps médicaux de l'armée
américaine et les armées de leurs alliés dans la
région.
Au Maroc cet exercice a été tenu en 2003 pour
durer 2 semaines, 6-16 septembre, des pays comme la Tunisie, la Belgique, le
Zimbabwe et le Gabon ont pris part ce type d'opération.
African Lion
Au mois d'avril 2005 les Forces Armées Royales et
l'armée américaine ont organisé des entrainements
conjoints sur l'intervention humanitaire, nommé « African
Lion 2005 » dans la région sud de Tan Tan, au camp
d'entrainement de Cap Draa, une ville situé au sud du Maroc, cet
exercice est devenu annuel. Des unités médicales des deux pays,
ont rejoint ces manoeuvres.
Cependant selon la presse locale et la presse internationale,
américaine, espagnole et britannique, les forces américaines
aurait construit une base militaire à Tan Tan, officiellement, il ne
s'agissait pas de la réalisation d'une base militaire, mais d'une
mission humanitaire, qui consiste dans l'amélioration des performances
des forces armées en matière de planification, de conduite des
opérations dans le cadre des interventions humanitaires, l'aspect social
en était la construction des écoles, des infrastructures sociales
basiques, l'assistance médicale fournie aux habitants de la
région par les services sociaux des deux pays, enfin la distribution des
fournitures scolaires pour les enfants de la région24(*). Les responsables25(*) des deux pays ont exclut toute
intention de construire une base militaire quelle qu'elle soit, et que les
forces américaines partiront dès que leur exercices seront
terminées. Or la présence des forces américaines a
duré tout l'été, ce qui mit en doute le but humanitaire
et des enjeux militaires et stratégiques se sont crédibles dans
un endroit pareil.
Le site a été choisi pour sa
proximité de l'océan Atlantique, qui permet de ravitailler
militairement les américains et sa proximité de Sahara
Occidental, considéré par Washington comme un potentiel foyer des
cadres d'Al Qaeda, qui ont fuit l'Irak et Afghanistan. Par ailleurs, il serait
aussi un transit des forces américaines pour le Moyen Orient. Enfin un
site idéal pour saper les intérêts français en
Afrique, et exploiter les ressources de pétrole toujours
inexploitées sur le continent.
Barbary Thunder
L'exercice consiste dans des entrainements conjoints, entre la
marine américaine, US Navy et le Marine Corps, et celle des pays
alliés , destinés à donner aux marines participantes une
occasion pour développer une relation à travers les entrainements
maritimes.
Les entrainements se focalisent sur le
développement capacités maritimes26(*), des compétences collectives de partage des
renseignements, la promotion des relations bilatérales, et le partage
des connaissances, d'expertise et l'expérience entre la Navy, la marine
américaine, et les corps professionnels des pays nord africains ainsi
les pays membres de l'OTAN.
Ces opérations incluent l'emploi des
hélicoptères des scenarios de recherche et secours,
opération d'interdiction maritimes, les manoeuvres maritimes, et des
exercices de communication.
Ce type d'exercices a été mené en Juillet
2005 par les Etats-Unis et des pays de la région comme le Maroc,
l'Algérie et l'Italie. Le 27 Septembre 2005 des exercices similaires
ont été menés par la marine américaine, et des
pays comme le Ghana, le Sénégal, la Guinée, et le
Maroc.
Ces manoeuvres maritimes, permettent aux américains
d'être mieux préparés pour poursuivre les efforts de
coopérations sécuritaires pour la stabilité
régionale, améliorer l'interopérabilité
internationale et dissuader les adversaires potentiels dans le cadre de la
guerre contre le terrorisme. Il est vraisemblablement que ce type d'exercice
a des liens étroits avec des manoeuvres, tel que le Pan Sahelian
Initiative.
Pan
Sahélien Initiative (PSI)
Cette initiative a été mis en place suite
à la visite au Maroc et en Algérie, de la CIA, de Donald Rumsfeld
et de Jack Straw, ministre des affaires étrangères de la Grande
Bretagne dans le but de se concerter et d'oeuvrer dans les domaines de
sécurité internationale et de lutte anti-terroriste. Pour cet
objectif des moyens financiers ont été débloqués
pour ces opérations. Mais aussi des logistiques, des équipements
modernes pour le repérage, la reconnaissance, la détection et
l'attaque aérienne, en renfort ces moyens, des experts militaires ont
été engagés pour cet effet.
Comme les Etats-Unis ne peuvent s'engager sur plusieurs
fronts, ni engager leur troupes très éprouvés, alors ils
comptent sur les Etats régionaux.
Cependant les Etats-Unis ne se sont pas retirés pour
autant, avec leur satellites espions, leur drones, des avions de
reconnaissances Orion P3, les Etats-Unis pourraient mener,
« intelligemment » une guerre de loin, sans avoir à
déplorer des pertes, bien sûr avec l'engagement des soldats des
Etats riverains, cette approche s'appelle en stratégie militaire,
« disposer de troupes sur place »27(*).
Le PSI est une initiative qui a pour but, de fournir des
moyens de communication et des systèmes de vision nocturne, ainsi que
des équipements radar et des renseignements, mais aussi donner une
formation à destination des armées, incluant des exercices
d'entrainement, le programme étant sous le commandement
américain.
Operation Enduring Freedom - Trans Sahara (OEF-TS)
Elle est la composante militaire de l'initiative
américaine de TSCTI. L'EUCOM exécute cette opération
à travers des exercices militaires destinés à renforcer
les capacités militaires des Etats de la région de faire
régner l'ordre au fin fond de Sahara.
Le Département de la Défense élargit son
implication en allant de la participation d'une Compagnie vers la participation
du Bataillon, mais d'autres agences américaines s'impliquent dans cette
opération :
L'US Agency for International Development s'implique
par des initiatives d'éducation
Le Département d'Etat et le Département de la
Trésorerie s'impliquent par le contrôle de maniement d'argent dans
la région.
L'OEF-TS rentre dans le cadre des
Opérations spéciales de l'Eucom (SOCEUR), pour appuyer la guerre
contre le terrorisme et la rendre flexible sur le plan régional, des
partenariats focalisés sur des opérations capables de
détecter, dissuader et détruire les cibles dans les zones sous la
responsabilité de l'Eucom.
Ces objectifs devraient être atteints à travers
deux lignes de conduite: Permettre aux pays concernés de combattre les
terroristes dans leur région et Améliorer les capacités
des pays partenaires pour soutenir les opérations dans le cadre de la
guerre contre le terrorisme. Ne pas laisser les terroristes s'installer dans
ces zones et traquer Al Qaeda ses réseaux, et son paradis potentiel.
L'objectif central est d'éloigner la menace du
continent européen, et isoler les opérations terroristes dans le
golfe arabo-persique et faire en sorte que ces opérations terroristes
n'accèdent pas aux zones de responsabilité d'Eucom.
Ces manoeuvres ont permis aux américains de tester les
capacités de défense d'armées aux logistiques
différentes et techniques antagonistes.
Toutes ces opérations sont significatifs, parce
qu'elles sont une opération nécessaire pour une intervention
directe en Afrique, alors que les bases, sont prévues pour des
opérations de terrain de grande échelle comme les
opérations de maintien de la paix.
2 - Droits de l'homme et la
coopération sécuritaire
Le 11 septembre 2001, marque le lancement de la
« Révolution impériale », celle qui impose
des changements nécessaires dans les règles du jeu international,
cela dit que « le système légal en place est
incompatible avec la nouvelle bataille qu'exige cette
guerre 28(*)» par conséquence il faut inventer de
nouvelles catégories juridiques pour que chaque Etat, engagé dans
la lutte contre le terrorisme, ait le droit à se soustraire au champ
d'application des normes juridiques de l'avant-11-Septembre. Désormais
il est « inacceptable » d'invoquer les droits de
l'homme s'agissant des présumés terroristes.
Mr R.Wexler, représentant Démocrate a
réfuté avec véhémence l'objection selon laquelle
les extraordinary renditions pourraient être
assimilées à un terrorisme d'Etat. En somme, Abou Ghraib, la
torture, Guantánamo, les extraordinary renditions
et les violations des droits humains en Irak ou en Afghanistan ne
seraient que de « simples bavures », des
« effets collatéraux » secondaires, qui ne
doivent pas être sanctionnés. Cette logique a été
entamée avec l'institution, par décret, par le président
Bush des tribunaux militaires d'exception, le 13 novembre
2001, qui, selon le juriste Antonio Cassese, « ont fait reculer
de cinquante ans la société américaine29(*) ».
Sur la base d'informations détenues par le
président des Etats-Unis, les tribunaux militaires
d'exception peuvent juger des citoyens étrangers
soupçonnés d'avoir participé, ou coopéré
à des actions contre les Etats-Unis, ou ayant gravement porté
atteinte à leurs intérêts politiques et
économiques.
La présence d'un avocat n'est pas obligatoire,
l'habeas corpus (le droit de contester la détention)
est suspendu, les procès peuvent être secrets. Les preuves et
les aveux obtenus sous la torture, non valables dans les procès
habituels, sont ici acceptés.
Après la décision de la Cour suprême du 29
juin de déclarer illégaux les tribunaux qui devaient juger les
prisonniers de Guantánamo, le gouvernement américain tente de
trouver un accord avec le Congrès pour établir un cadre de
fonctionnement de ces tribunaux, tout en maintenant leur caractère
d'exception30(*).
Système de détention
L'agence de renseignement américaine, la CIA, a mis en
place un système de détention pour les individus capturés
depuis le 11 septembre et soupçonnés d'être liés
à Al-Qaeda, il fonctionne de la manière suivante :
Les « proies » les plus
importantes, sont détenus dans des prisons secrètes
dénommés aussi « sites noirs » Thaïlande
et Baie de Guantanamo.
Les individus soupçonnés de terrorisme sans pour
autant être de gros bonnets d'Al-Qaeda ont droit au programme
baptisé par la CIA « extraorinary
rendition » ou « transferts exceptionnels des
prisonniers ». Le principe de ce programme est l'interpellation
clandestine, par des agents secrets sans mandat d'arrêt judiciaire, de
suspects n'importe où dans le monde, dans des pays peu regardant en
matière des droits de l'homme, pour les conduire dans des prisons
cachées où ils peuvent être soumis à la torture. Ces
prisonniers seraient au nombre de 70 et ont été détenus au
Maroc entre autres pays comme l'Egypte, la Syrie etc...
Le Centre de Guantanamo est le dernier échelon de ce
système de détention. Les prisonniers gardés dans ce
centre sont appelés les « combattants ennemis » une
catégorie juridique que le ministre de la Justice Alberto Gonzales a
concocté dans le but de dénier aux suspects de complicité
de terrorisme l'application des droits garantis par les conventions
internationales.
L'autre spécificité de la guerre contre le
terrorisme est la rotation des avions mises en place par la CIA pour
transférer leurs prisonniers d'un lieu de détention à un
autre. Selon le rapport d'Amnesty International Etats-Unis hors des
portée des radars, vols secrets pour la torture et
"disparition"31(*)
publié le 5 Avril 2006, les États-Unis ont eu recours
à des compagnies privées de transport aérien comme
sociétés écrans pour transférer de manière
secrète des suspects de terrorisme entre différents lieux de
détention.
Il y a deux raisons à la démarché
américaine, d'abord la CIA a profité des pratiques de l'aviation
privée et des dispositions juridiques internationales telles que la
convention de Chicago sur l'aviation civile qui permet aux vols privés
de survoler un pays ou d'y effectuer des escales techniques avec un
minimum de contrôles. Les Etats qui ont permis
l'atterrissage de ce genre de vols se sont servis de cette disposition pour
dissimuler les enlèvements et leur complicité des
«restitutions» de la CIA avec la CIA en
général. Ensuite ces pratiques secrètes font qu'«
il est impossible de savoir combien de personnes ont été
arrêtées ou enlevées, transférées
par-delà les frontières, détenues en secret ou
torturées dans [le cadre de] la "guerre contre le
terrorisme"».
Sous-traitance de la
violence
L'existence au Maroc d'un centre secret ou « site
noir 32(*) », est une hypothèse33(*) d'autant plus fondée
que le Maroc collabore avec les Etats-Unis en matière de lutte contre le
terrorisme depuis 2001. Le cas de Mohamed Haydar Zammar est symptomatique, un
ressortissant allemand d'origine syrienne soupçonné de liens avec
la «cellule de Hambourg» il aurait été
interrogé pendant quinze jours au Maroc en décembre 2001
conjointement par les agents de services de renseignements marocains et
américains à la fin de décembre, il aurait
été transféré à Damas (Syrie) à bord
d'un avion affrété par la CIA. Le cas de Binyam Mohamed est
édifiant sur les méthodes employées par les services
marocains lors des interrogatoires des suspects de la CIA. Citoyen
éthiopien, avec un permis de séjour au Royaume Uni.
Arrêté au Pakistan en 2001, B. Mohamed a été
livré aux américains, transféré au Maroc en 2002
dans un avion de la CIA et y passa 12 mois de détention dans des
conditions épouvantables il aurait été soumis à des
formes de torture des plus brutales34(*) durant sa détention lorsqu'il a refusé
d'avouer son appartenance à AL-Qaeda. Enfin, il a été
transféré dans la prison noire de Kaboul en janvier 2004, puis
vers la prison américaine de Bagram, en Afghanistan.
Le troisième cas remonte au décembre 2005,
José Padilla, ressortissant américain, accusé par les
autorités américaines d'avoir voulu actionner une bombe
radioactive à Washington, le détenu risquait la peine de mort,
quelques temps après et grâce à Amnesty International, il
s'est révélé que les américains se sont
appuyés sur les aveux de Binyam Mohamed arrachés sous la torture
par les agents de services de renseignement au Maroc auquel il a
été confié Padilla. Ces révélations ont
obligé la justice américaine à renoncer à retenir
contre le détenu le crime de « combattant ennemi »
et il a été par la suite lavé de toute accusation de
terrorisme par la justice américaine.
Les escales d'avions sur le sol marocain, 17
vols au total35(*), ne
sont plus secrètes pour personne36(*). Au Maroc le sujet reste tabou et les
allégations Dick Marty37(*) ne provoquent guère de remous dans la classe
politique marocaine, toute tendance confondue. Désormais une chape de
plomb plane le sujet. La classe politique a tout fait pour éviter le
sujet de peur de froisser les services secrets. Quant au premier ministre, il a
rejeté en bloc les propos de Dick Marty concernant le transfert au Maroc
de prisonniers à partir des lieux de détention situés en
Europe. Seule l'Association Marocaine des Droits de l'Homme (AMDH), du
coté de la société civile a lancé une
enquête. Pour les Etats-Unis le contexte marocain est
« idéal », il rend les agissements non
conventionnels de la CIA possible dans ce pays. Aucune commission parlementaire
n'a été lancé au niveau officiel, au contraire ce qui
s'est passé au niveau européen, où deux commission
d'enquête38(*) on
été installé sur «l'existence de centres de
détention secrets en Europe et l'utilisation d'aéroports de
l'Union pour le transport de présumés terroristes et
d'éventuelles complicités de pays tiers.
Primo, en collaborant, le « Maroc
veut faire plaisir aux Etats-Unis 39(*)» mais aussi se prémunir contre les
attentats de Casablanca en Mai 2003 ce qui pose un problème au niveau
de son opinion publique à la fois anti américaine et hostile
à l'intervention en Irak. Ce qui fait que le Maroc est acculé
à agir dans la clandestinité. Les Etats-Unis se
désengagent de l'Europe car les protestations des opinions et des
gouvernements y sont plus fortes, et mis leurs prisonniers dans des
« pays-relais » moins regardant comme le Maroc,
considéré comme un « dépotoir 40(*)» mais aussi le cas de la
l'Algérie et la Libye41(*).
Cet exemple illustre une « politique
schizophrène » et une contradiction évidente aussi bien
américaine que marocaine. D'une part les américains font la
promotion de leur projet de Grand Moyen Orient dont le but central et
l' « inculcation » de la Démocratie et le
respect des droits de l'homme dans les pays qui composent cette vaste
région dont le Maroc, et de l'autre ils sous-traitent l'usage de la
torture et les méthodes répressives dans les interrogatoires dans
ces mêmes pays.
Au niveau du Maroc cette « politique
schizophrène » s'illustre d'une part par le fait que l'on veut
tourner les pages des « années de plomb »42(*) et de l'autre on utilise les
mêmes méthodes de répressions, ce qui ternit l'image du
Maroc en termes des droits de l'Homme et à cause de sa collaboration
aveugle avec les Etats-Unis.
Secundo sur le plan
géostratégique le Maroc est un petit pays qui ne peut s'en
passer de Washington ou lui refuser une quelconque sollicitation dans quelques
matières que ce soit.
Tercio sur le plan de l'affaire du Sahara les
Etats-Unis restent un allié. La marge de manoeuvre est ténue pour
le Maroc. Il y a deux risques que court le régime marocain, il s'agit du
prix politique que risque de payer la monarchie vis-à-vis de son opinion
publique interne et le fait de se prosterner trop devant les américains
pourrait amener aux mêmes conséquences que dans le cas Iranien
avec la révolution Iranienne.
Quarto c'est une raison liée aux
tensions que connaît l'appareil sécuritaire et sa relation avec la
monarchie de Mohammed VI. Les sécuritaires de Hassan II ne se sentent
plus en sécurité sous l'ère Mohamed VI. Donc le fait de
collaborer avec les américains, ce serait une manière de chercher
l'assurance-vie c'est le cas de Hamidou Laânigri, ex patron de la DST
mais c'est le cas aussi de nouveau couple Ali El Himma/Ahmed Harrari.
La coopération avec les américains a
amené entre d'autres raisons à la disgrâce de ses auteurs.
La démission de Hamidou Laânigri de ses fonctions à la
tête de la DGSN est pertinente dans ce sens.
Mais il y a aussi les pressions d'une opinion publique
nationale qui exècre voir ses sécuritaires jouer les valets de
service d'une administration américaine honnie.
3- Système de Bases
Dans son article43(*) un expert militaire américain
Chalmers Johnson, démontre que le Pentagone est en
train de tisser une toile militaire pour asservir l'humanité, ce plan
là est menée sous couvert de lutte anti terroriste qui selon lui
aura l'effet contraire, c'est-à-dire la stimulation du terrorisme. Dans
son article il s'interroge sur la nécessité de déployer
à l'étranger un demi-million d'hommes44(*), pour écouter ce que
disent, télécopient ou échangent par courriel les citoyens
du monde entier, y compris les américains. Pour cela l'auteur avance des
chiffres. Outre ses 6.000 bases aux Etats-Unis, le Département de la
Défense entretient 720 bases45(*) dans 130 pays, ce qui représente 253.288 gens
en uniforme et presque l'équivalent de fonctionnaires civils de la
Défense, auxquels s'ajoutent 44.446 recrutés locaux
Il estime que le Pentagone est emporté par une
volonté expansionniste, car on envisage la mise en place de 4 bases
permanentes en Irak, dans d'autres pays de l'Europe de l'Est, et en Afrique du
nord46(*).
La prolifération des bases à l'étranger
devient de plus en plus une source de polémique, au sein même des
Etats-Unis chez certains élus de la Californie notamment, qui
prônent la fermeture de ces installations et le rapatriement des soldats.
Même une commission indépendante est réclamée pour
formuler un programme réaliste des bases américaines
Cette famille de bases américaines, une sorte de
Cavalerie globale (Global Cavalry) qu'une institution républicaine comme
The American Entreprise Institute comble d'éloges dans toutes ses
études sécuritaires.
Sur le
continent africain les Etats-Unis comptent sur les accords avec les pays47(*) de la région, pour exploiter
des bases locales et d'autres installations militaires en période de
nécessité pour les militaires américains. Les Etats-Unis
ont déjà accès aux Opérating bases en Afrique du
nord et la Corne de l'Afrique pour soutenir les opérations
anti-terroristes dans la région, après la 11 septembre les
Etats-Unis ont reçu des permissions de Djibouti d'exploiter la base Camp
Lemonier, comme quartier général de Combined Joint Task Force
pour la Corne d'Afrique, une force navale multinationale menée par les
Etats-Unis, qui surveille et interdit l'accès à l'océan
aux terroristes mais aussi de prévenir les activités terroristes
suspects dans les pays riverains, particulièrement en Somalie. Tout cela
en coordination avec les 800 soldats des Special Opérations Forces (SOF)
installé au camp Lemonier.
En 2003 un accord a été signé par le
président Bouteflika lors de sa visite à Washington, par cet
accord, les militaires américains sont autorisés à
utiliser la base aérienne48(*) de Tamanrasset, dans le sud du pays.
Ces opérations contre la menace terroriste, et la
recherche en des bases locales pour l'installation des militaires
américains, c'est aussi pour le flux de pétrole, en 2003 un
officiel a déclaré au Wall Street Journal
« la mission clé des forces américaines [en
Afrique] sera de s'assurer que les champs de pétrole nigérien,
qui pourra compter pour 25% de l'importation globale des, soit
sûre ».
En
Algérie les Etats-Unis prévoient d'installer une station
d'écoute de la NSA 49(*)à Tamenrasset, dans le sud du pays.
L'installation dans cette région du pays sous
prétexte, selon le journal algérien, qu'il ait la
prolifération de téléphones satellites, utilisés
par les contrebandiers, les terroristes notables et passeurs d'armes, qui ne
sont pas couverts par aucune station régionale américaine ou
européenne, même le système échelon50(*) ne couvrent que partiellement
cette partie du monde
Cette partie est proche aussi de la Libye du Sahara
occidental. Au Maroc, la NSA compte déjà une station
d'écoute dans le nord du pays, prés de Tanger.
Mais aussi la présence américaine dans le sud du
pays permettra de sécuriser les échanges entre les compagnies
pétrolières.
a-
Genèse des bases américaines.
Les effets majeurs des dernières interventions
militaires américaines étaient la prolifération des bases
militaires à travers le monde. Le nombre de bases a augmenté
depuis la fin de la guerre froide par un tiers, à savoir 60 bases de
plus.
Pour Sean Moir51(*) cela pourrait résulter de facteurs
explicatifs :
La prolifération est le résultat des conflits
armés.
La prolifération est une composante de la politique
étrangère américaine.
Déterminer lequel facteur des deux est le plus
explicatif, S.Moir le fera après avoir tracé la genèse de
l'idée de bases outre mer.
L'idée de prolifération de bases militaires post
guerre froide remonte à 1993, lorsque Dick Cheney et son
sous-secrétaire à la Défense publient un rapport dans
lequel ils mettaient en garde contre déclin militaire après la
Guerre Froide. Dans leur stratégie de défense, il y avait la
notion de « forward présence » qui
requiert l'établissement d'un réseau de « forward
bases » à l'intérieur de ce qu'ils appellent des
« host nations » à travers le monde.
À l'époque le projet n'a pas reçu un
accueil favorable de la part du président Clinton52(*), et c'est avec
l'élection du président Bush, en 2000, que va refaire surface
l'esquisse stratégique contenue dans le rapport Cheney. IL s'agit d'un
rapport similaire, concocté par un Think Tank53(*), le Project for a New
American Century. Dans Rebuilding America's Defenses Paul
Wolfowitz, declare que les forces américaines sont malpositionnés
aux défis stratégiques du 21eme siècle ``Us
forces are poorly positioned to respond to toady's crisis and [the
United States must] reposition US forces to respond to 21st century
strategic realities by shifting permanently-based forces.»
Il recommande alors l'établissement, par les
Etats-Unis, d'un réseau de « Deployment
bases » ou « forward operating »
pour optimiser la portée des forces américaines, ces bases auront
la mission de compléter les autres bases et fournir en matériels
en temps de crise. Plus de bases en Asie de l'Est de et même en Inde,
afin de surveiller la Chine, et en Amérique du sud pour compenser la
perte de Panama.
C'est le 11 septembre 2001 qui va justifier davantage la
stratégie agressive contenue dans ce rapport et constituera la base de
la future politique étrangère américaine.
D'abord D. Rumsfeld qui apporté son soutien à
cette approche, a dévoilé à son tour une stratégie
à six points, « Six-Step Strategy »,
pour la transformation de l'Armée, le deuxième point concernait
la projection et maintien de la puissance outre mer. Ensuite dans une
étude faite en 2003 coréalisée par Kurt Campbell, vice
président du Center Strategic and Internationals Studies,
l'idée d'établir des «forward bases»,
renommées «lilly pads», était plus
élaborée encore, développe une notion nouvelle,
l' « arc d'instabilité » régions
à haut risque qui accueilleront ces bases, autrement dit les Etats en
déliquescence, mais aussi dans les régions où
règnent le radicalisme islamique, et le trafic de drogue, il s'agit
notamment de l'Amérique du sud, l'Afrique, les Balkans, le Caucase, le
Moyen Oriente et l'Asie du sud et celle de l'ouest.
Cette nouvelle configuration politique ne peut fonctionner
sans que les « host nations » assurent la
mobilité des forces américaine c'est ce que le sous
secrétaire à la défense Douglas J Feith, a expliqué
en décembre 2003 devant les membres de CSIS.
b-
Enjeux de la prolifération
Pétrolière
Selon S. Moir, l' « arc
d'instabilité » est aussi un arc de richesses
minérale et pétrolière que la presse américaine pro
guerre en majorité, n'a pas évoqué par exemple pendant la
guerre du golfe et cela au contraire de ce que dit le document
préparé par Cheney en 1993, c'est-à-dire la propagation de
la démocratie et celle d'une zone de la paix, les Etats-Unis
étant les garants de la liberté et de la paix et de la
stabilité.
La « Guerre Contre la Terreur » est un
concept véhiculé par les néoconservateurs54(*) et justifié par le 11
septembre pour avoir une prise dans ce qui il est appelé
l' « arc d'instabilité », des Etats faible,
instable et riche de ressources naturelles, entre autre le pétrole. La
localisation géographique ces pays permet de vérifier cet
état de fait, la plupart de ces bases sont installées Sud-est de
l'Europe, le Golfe persique et l'Asie centrale.
Ainsi après la guerre du Golfe, des grandes bases ont
été laissé en Arabie Saoudite, au Bahreïn, au Qatar
et aux Emirats Arabes Unies.
Après l'intervention américaine en Somalie, les
droits de bases ont été acquis dans la Mer Rouge, le port d'Aden,
au Yémen, ou l'USS Cole est accosté.
L'intervention américaine en Yougoslavie, s'est
soldée par l'installation des bases en Hongrie, en Macédoine, au
Kosovo, etc...
L'intervention en Afghanistan a permis aux Etats-Unis
d'implanter des bases dans le pays même mais aussi au sein des pays
voisins, Ouzbékistan, Pakistan, Kirghizstan, et Tadjikistan.
Ces bases seront appelées à se multiplier durant
les années à venir dans tout l' « arc
d'instabilité » c'est-à-dire de l'océan
Atlantique -Maroc- jusqu'à la Mer rouge -Djibouti.
Sécuritaire
Pour Thomas Barnett de Naval War College, l'expansion
américaine vise à sécuriser le monde en vue d'une
globalisation économique et que la guerre en Irak va marquer un
tournant, «[The war in Irak] will mark a historic tipping point, the
moment when Washington takes real ownership of strategic security in the age of
globalization.»
Expansionniste
D'autres critiques de la politique américaine, surtout
de la gauche américaine, pensent que cela cache la montée de
l'empire américain. Et cela bien que Bush et son administration
réfutent l'idée que les Etats Unis soient un empire et que les
américains soient des impérialistes. Tellement il y a l'absence
d'une définition commune du concept d'Empire, qu'il est
difficile d'arrêter un jugement sur la question.
Au-delà des bases, l'autre question centrale qui me
semble importante à aborder en terme de présence militaire en
méditerranée, et donc en Afrique du nord, c'est la
présence de la VI flotte américaine. La coopération dans
le domaine sécuritaire dans cet espace est largement soutenue par la
présence de la VIème flotte. Ancrée en
méditerranée, la flotte américaine participe largement de
cette guerre contre le terrorisme, par l'intermédiaire de la
coopération qui la lie aux pays riverains, notamment dans le cadre du
Dialogue Méditerranéen, mais cette présence est de plus en
plus mis à mal, vu que la menace centrale contre laquelle elle a
été a mise en place, à savoir l'URSS, n'est plus
présente, étant donné la disparition de celui-ci et la fin
de la guerre froide. Cependant avec l'émergence d'un ennemi nouveau, qui
est le terrorisme, l'emplacement important, que constitue la
méditerranée ainsi les enjeux stratégiques y
afférant, d'autre part l'influence de la Navy dans la prise de
décision en matière stratégique, enfin l'ambition
hégémoniste des stratèges américains, refus
d'accorder le commandement sud de l'Otan (AFSOUTH) à un pays
européen, tous ces facteurs plaident en faveur du maintien de la VI
flotte en Méditerranée.
4-
VIème flotte et les enjeux de la présence militaire
Avant de procéder à l'analyse des termes de ce
débat, un historique de la présence américaine dans la
Méditerranée s'impose, pour comprendre les raisons historiques
qui ont amenées les Etats-Unis à imposer leur présence,
militairement parlant, dans la région.
a-
VIème flotte américaine et sa présence en
Méditerranée
Avec l'apparition de la menace soviétique, la
réaction américaine fut la création de l'Alliance
Atlantique, et un engagement en Méditerranée dès 1946,
avec l'envoi de l'USS Missouri à Istanbul, pour rassurer les
Turcs et la Grecs contre la prétention Russe. Cette flotte a pris le nom
de Sixth Task Flee, ensuite elle est devenue la Sixth
fleet.
Le commandement américain55(*) disposait alors de deux
porte-avions, deux croiseurs, plusieurs sous-marins, 20 destroyers et un
bataillon de marines, soit 50 bateaux, 25000 marins, 200 avions.
Sa mission principale, consistait à contrer une
invasion soviétique par les Balkans. Ses missions furent aussi
l'organisation de l'évacuation de 2000 civils d'Israël et
d'Égypte en 1956, elle fit acte de présence durant la crise
jordanienne en 1957, et soutint les interventions américaines au Liban
en 1958.
En 1964, la VIème flotte a été
contrée par l'apparition de la Vème Eskadra
soviétique, celle-ci dépassa en nombre la flotte
américaine, ce qui a imposé un nouvel équilibre de la
terreur, car les forces américaines étaient
déployées sur d'autres champs de batailles, comme le Vietnam et
le Golfe Persique, ce qui réduisit le format des forces
américaines en Méditerranée.
Pendant les années 1980, il y a eu un changement de cap
de la VIeme flotte, désormais le point de focalisation était le
Liban, la Libye et le terrorisme56(*).
b-
Débat stratégique américain
La présence de la VI flotte57(*), déployée en
Méditerranée, fait l'objet d'un débat au sein de la
communauté stratégique américaine, on y retrouve trois
grandes lignes des analyses58(*) :
1- Pour la première catégorie
l'environnement méditerranéen paraît relativement
stable et d'autres priorités stratégiques se
développent dans le golfe Persique et en Asie59(*), ce qui ne
nécessiterait plus, en permanence, le déploiement d'un groupe
aéronaval.
La liberté de navigation et le libre acheminement du
pétrole des champs pétrolifères de la péninsule
arabique et de la mer Caspienne sont actuellement assurés.
La Russie ne remet pas en cause le contrôle maritime par
les Etats-Unis.
La Libye n'a plus fait usage de son pouvoir de nuisance en mer
depuis 1986, date du bombardement américain sur Tripoli.
2- L'argument de la deuxième catégorie est
centré sur l'inutilité de conserver un groupe
aéronaval complet, pour l'engagement en temps de paix et la
gestion des crises. Mobiliser un porte-avions afin d'entretenir des relations
de bon voisinage, paraît coûteux pour certains analystes
américains. Rares seraient les ports du Sud qui auraient la
capacité de recevoir un groupe naval. Les exercices maritimes
s'organiseraient, le plus souvent, autour des frégates et non pas des
porte-avions.
3- Enfin, pour la troisième catégorie,
les conflits méditerranéens relèveraient
dorénavant d'une logique de gestion de crise et d'opérations de
maintien de la paix. Leur résolution ne devrait pas
impliquer, au niveau opérationnel, l'utilisation d'un
porte-avions. Dans cette perspective, le porte-avions n'exercerait pas
d'action de dissuasion, comme il ne pourrait pas empêcher une escalade
soudaine de la violence.
Cependant, selon Bénédicte Suzan60(*) la projection de force est
l'élément fondamental de la protection des équilibres
régionaux. D'abord, en cas de crise, les Etats-Unis ne peuvent compter
sur les pays arabes alliés de la région, ces pays n'ont pas les
capacités de dissuasion telles que celles des américains, avec
leurs porte-avions. Ensuite le déploiement d'un porte-avions semble
nécessaire pour répondre à la menace que font peser les
States of concern (les anciens États voyous) face aux risques
de prolifération d'Armes de Destruction Massive.
D'autre part, il y a trois autres facteurs clés qui
vont dans le sens du maintien de la VIème flotte :
Le poids de la Navy.
Le leadership américain dans la zone.
Défense de l'Etat d'Israël.
Poids de la Navy
Le maintien ou pas de cette présence militaire implique
directement la Marine américaine, la Navy dispose d'un poids
considérable dans la prise de décision en matière
stratégique pour conserver ses acquis, surtout quand il s'agit d'une
zone aussi importante que la Méditerranée, au confluent de
l'Europe, l'Afrique et l'Asie.
La Navy représente un des vecteurs essentiels du
leadership américain en direction de la Russie, mais surtout
vis-à-vis de l'Europe, par conséquent elle voit dans le
déploiement en forward presence d'un groupe aéronaval
une structure appropriée des forces. Elle refuse une évolution
qui l'orienterait vers l'organisation d'une marine sur le modèle des
garde-côtes alors que se développent nombre de trafics
déstabilisateurs. Historiquement, la Navy représente beaucoup et
les amiraux ne sont pas prêts à abandonner un commandement trois
étoiles (VIe flotte). Le porte-avions est le coeur de l'identité
de la Navy, y renoncer remettrait en cause le commandement
méditerranéen.
Leadership américain dans la zone
Les américains ne peuvent céder le
contrôle de la Méditerranée aux européens, alors
qu'ils ont une position de leadership dans la zone, ce qui leur donne une
prééminence dans la chaîne des commandements, dans la
définition des objectifs politiques de l'Alliance et des missions des
forces armées. La présence du groupe naval américain en
Méditerranée offre aux américains une indépendance
par rapport à leur engagement au sein de l'OTAN61(*). Par ailleurs, les Etats-Unis
estiment qu'ils sont les seuls à disposer d'intérêts dans
l'ensemble du bassin méditerranéen, alors que la France, par
exemple se tourne vers l'Afrique du nord, l'Espagne au Maroc, l'Italie vers la
Tunisie.
L'idée que la Méditerranée est devenue
stable est une position qui peut difficilement convaincre le Congrès
surtout qu'après le 11 septembre 2001, de nouvelles menaces se
profilent. Enfin, le Sénat refuserait que des moyens
opérationnels puissent être employés, au combat, sous
commandement non américain.
L'idée d'une remise en question la présence en
permanence d'un porte avions en Méditerranée est loi
d'être la priorité62(*), cependant la situation peut évoluer vers une
gestion de la flotte à temps partiel qui s'adapterait
mieux à la configuration des risques méditerranéens. La
Navy pourrait n'envoyer un porte-avions que deux mois par an ou lorsqu'une
crise se développe. Compte tenu de la particularité des
équilibres méditerranéens, une flotte réduite et
flexible pourrait continuer à exprimer l'engagement américain en
Méditerranée.
Défense de l'Etat d'Israël
Les États-Unis sont les garants de l'existence et de la
sécurité d'Israël et la défense ce dernier est une
des raisons fondamentales du déploiement américain, et la
permanence de la présence de la VIe flotte peut être perçue
comme l'avancée du soutien à Tel-Aviv (ou même comme un
parapluie nucléaire). De fait, la VIe flotte représente une
garantie de sécurité en termes de logistique, de renseignement et
de contrôle de l'espace aérien.
III- Coopération militaire
1-
Tunisie
Les Etats-Unis et la Tunisie ont maintenu les
représentations officielles depuis presque 1797, lors d'un traité
bilatéral concernant le commerce, la navigation et l'assistance mutuelle
en Méditerranée. Le premier traité qui lie les Etats-Unis
et la Tunisie remonte au 1799.
Il y a des traités de sécurité entre les
deux pays, mais depuis l'indépendance de la Tunisie, dont les Etats-Unis
ont été les premiers à la reconnaître, les relations
entre les deux sont très proches.
Ces relations ont connu une parenthèse à partir
de 1985, lorsque le Quartier Général de l'OLP à Tunis a
subi un raid aérien de la part de l'Armée israélienne,
mais aussi l'assassinat d'Abou Jihad en 1988 et la Guerre du Golfe. Mais ces
relations ont repris avec une coopération en matière militaire,
avec des exercices militaires conjoints. D'autre part l'assistance militaire
reste le ciment de cette coopération. La Commission Militaire Conjointe
se réunit chaque année pour discuter la coopération
militaire, la modernisation de programme de défense tunisienne et les
autres questions de sécurité.
Par ailleurs, le ministère de la défense
tunisienne est un participant actif dans le programme nommé
«International Military Education and Training» (IMET)
organisé par le Département de la Défense. Ce programme a
formé environs 3600 officiers et techniciens militaires tunisiens depuis
la création de ce programme au milieu des années 1980. Les
Etats-Unis restent, en plus de la France, un pilier de la défense
tunisienne, contre une éventuelle menace des voisins très
puissants, la Libye et l'Algérie.
La coopération entre les deux pays est centrée
aussi sur l'échange des militaires qui permet la compréhension et
la coopération entre les deux pays.
La Tunisie a reçu, comme soutien, 10.4 millions de
dollars de la part de Foreign Military Finance le (FMF) un programme
qui permet de soutenir et moderniser les forces militaires tunisiennes et ses
équipements.
Le Département de la Défense soutient le
programme tunisien de la lutte antiterroriste à travers les exercices
bilatéraux et des cours d'entrainements spéciaux.
La Tunisie reste un pays où les Etats-Unis maintiennent
des intérêts, surtout en terme d'accès à
l'approvisionnement d'énergies. Le but de la coopération est de
promouvoir la participation active des tunisiens et promouvoir la
stabilité régionale, en particulier le processus de paix au Moyen
orient, la coopération militaire bilatérale, et la
facilité d'accès des forces américaines aux installations
militaires tunisiennes. Les exercices d'entrainements conjoints est un aspect
important de cette relation, ce qui fait de la Tunisie un partenaire important
de la coalition américaine dans la stabilité de la région
et la lutte antiterrorisme.
L'IMET finance la formation en termes d'apprentissage
d'anglais pour les officiers militaires tunisiens qui reçoivent aussi
une formation dans les académies militaires américaines, et
participent au programme Africa Center For Startegic Studies. L'IMET
finance aussi la maintenance la logistique et des entrainements
spéciaux
|
FY 2005 Actual
|
FY 2006 Planned
|
Type of Activity
|
Number of Students Trained
|
Dollar Value
|
Number of Projected Students
|
Dollar Value
|
ALP
|
2
|
$35,576
|
0
|
$0
|
CTFP
|
7
|
$52,307
|
17
|
$141,277
|
IMET
|
100
|
$2,432,659
|
74
|
$1,923,213
|
Regional Centers
|
25
|
$357,436
|
12
|
$21,568
|
Service Academies
|
8
|
$468,489
|
0
|
$0
|
TOTAL
|
142
|
$3,346,467
|
103
|
$2,086,058
|
Tableau 1 l'assistance militaire américaine pour
la Tunisie. Source Foreign Military Training: Joint Report to Congress,
Fiscal Years 2005 and 2006
http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm
CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program
ALP Aviation Leadership Program
FY Fiscal Year
IMET International Military Education and Training
DoD-DoS Department of Defense, Department Of State
Les Etats-Unis ont fourni aussi une assistance
économique et technique à la Tunisie dans le cadre d'un accord
bilatéral signé le 26 Mars 1957.
L'assistance est aussi fournie à la Tunisie à
travers l'Agence américaine pour le développement international
USAID pour 3,5 milliards de dollars sur 35 ans.
Cette coopération concerne surtout l'habitat, les
projets d'infrastructures, l'éducation, l'agriculture.
Les Etats-Unis sont intervenus aussi pour des
opérations de secours à la suite des inondations en 1982, et
l'invasion des criquets en 1988. La Tunisie était le premier pays arabe
à accueillir l'United States Peace Corps, un programme qui est
resté très actif pendant 35 ans 1961-1996, en matière
d'enseignement professionnel et la santé publique. Les deux pays ont
conclu des traités d'investissement en 1990 et un accord pour
éviter les taxations en 1989.
L'initiative Eisenstat, partenariat économique
entre les Etats-Unis et le Maghreb, est un aspect important de cette
coopération, son but est d'encourager les contacts entre les secteurs
privés des deux pays, pour une augmentation des investissements et la
promotion de la coopération régionale.
La Tunisie est un exemple de coopération militaire et
diplomatique très constructive comme l'a qualifié Rumsfeld
à la 20ème réunion de la Commission Militaire Conjointe
(Joint Military Commission) Tunisie Etats-Unis. Elle est aussi une
voix de modération et de tolérance dans la région qui a
joué un rôle clé dans la confrontation avec les islamistes,
en Tunisie et dans les pays voisins.
2-
Maroc
|
FY 2005 Actual
|
FY 2006 Planned
|
Type of Activity
|
Number of Students Trained
|
Dollar Value
|
Number of Projected Students
|
Dollar Value
|
CTFP
|
8
|
$189,789
|
9
|
$71,921
|
EIPC
|
2
|
$6,808
|
0
|
$0
|
IMET
|
122
|
$2,219,193
|
81
|
$1,820,204
|
Regional Centers
|
13
|
$60,604
|
8
|
$22,288
|
TOTAL
|
145
|
$2,476,394
|
98
|
$1,914,413
|
Tableau 2 L'assistance militaire américaine au
Maroc. Source, Foreign Military Training: Joint report to Congress, Fiscal
Years 2005 and 2006
http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm
CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program
ALP Aviation Leadership Program
FY Fiscal Year
IMET International Military Education and Training
DoD-DoS Department of Defense, Department Of State
Le Maroc est un vieil allié des Etats Unis dans la
région, la politique étrangère classique du Maroc est une
politique pro américaine en matière des orientations
internationales, mais aussi pour ses politiques modérées dans le
cadre de processus de paix israélo-palestinien.
La stabilité au Maroc et au Maghreb est d'une vitale
importance pour les pays européens du sud de la
Méditerranée membre de l'OTAN.
La coopération entre les deux pays se situe aussi au
niveau de l'accès des militaires américains, lors des
opérations dans la région, aux installations militaires
marocaines. Le Maroc est partie prenante du programme IMET (International
Military Education and Training).
Les relations bilatérales
ont connu, de par le passé, des coopérations au niveau
militaires :
L'appui effectif du Maroc, avec envoi de contingent, à
la guerre du Golfe de 1990-91, conduite par George Bush père et l'envoi
de 2000 soldats marocains en Arabie Saoudite.
Expéditions marocaines au Congo, sous couvert de l'ONU,
en 1960, en 1978 et 1979 en compagnie des Européens et sous supervision
logistique américaine.
Actifs en Angola, durant les années 70 et 80, aux
côtés du MPLA de Jonas Savimbi contre l'UNITA de Agostino Neto, et
pour le compte des Américains.
Le Maroc est engagé depuis 2003 dans le
Programme de Partenariat International (State Partnership
Program) de la Garde Nationale de l'Etat de l'Utah, Nord-est des
Etats-Unis. La coopération comporte plusieurs types d'échanges et
de programmes divers allant de l'instruction de militaires - programme dit des
« Minuteman Fellows » -de carrière au
renforcement des capacités de dirigeants civils. La garde nationale de
l'Etat de l'Utah a participé de façon importante aux
opérations humanitaires, suite aux conséquences du tremblement de
terre à Al Hoceima en 2003 qui a fait 300 morts.
Il est le Pilier de la présence
américaine au Maghreb et au Proche-Orient par la sixième
flotte américaine en Méditerranée et pour le processus de
paix israélo palestinien. Le spectre d'une révolution
islamiste en Algérie a redonné au Maroc
le rôle de rempart contre les forces extrémistes
anti occidentales. Le statut de grand allié régional tient aussi
à l'augmentation des réformes économiques
de libre marché, et de privatisation à grande échelle. Le
Maroc bénéficie aussi de soutien significatif au sein du
congrès américain et un membre du programme « Dialogue
Méditerranéen » de l'OTAN au même titre que la
Tunisie, l'Algérie, la Mauritanie, l'Egypte, la Jordanie et
Israël.
En novembre 2003 George Bush a annoncé le renforcement
de la coopération économique et militaire, notamment dans le
domaine anti terroriste. Le Maroc est devenu alors une pièce
maîtresse dans la lutte contre le terrorisme international63(*), dans la stratégie
américaine, mais aussi vu son emplacement géographique. La
neutralisation d'éléments saoudiens d'Al Qaeda, en Mai 2002, dans
le nord du pays, alors qu'ils voulaient attaquer les bâtiments de guerre
américains en rade dans le Détroit, et les attentats de 16 Mai
2003 à Casablanca supposés d'être perpétrés
par des éléments liés à Al Qaeda sont des preuves
concrètes de ces coopérations et rapprochements.
La coopération entre les deux ne datent pas à
partir de 11 septembre 2001, mais bien avant, elle a commencé au
XVIIIème siècle et s'est poursuivie tout au long des
siècles suivants, cela étant les bases américaines, les
manoeuvres au ou avec le Maroc constitue un
non-événement et un fait classique dont les marocains ne peuvent
s'étonner comme le souligne éditorialiste marocain.
« À propos de [...] l'implantation
prochaine d'une base américaine, les Marocains pourraient
répondre par une métaphore connue: «les Américains
débarquent». Dans d'autres pays, ce type d'interjection serait un
cri de peur et d'effroi. Au Maroc, on dirait: "les Américains ne cessent
d'arriver, sans jamais réellement arriver»»64(*).
3-
Algérie
|
FY 2005 Actual
|
FY 2006 Planned
|
Type of Activity
|
Number of Students Trained
|
Dollar Value
|
Number of Projected Students
|
Dollar Value
|
CTFP
|
5
|
$48,047
|
14
|
$272,945
|
IMET
|
65
|
$533,422
|
51
|
$1,404,126
|
Regional Centers
|
11
|
$90,074
|
13
|
$13,664
|
TOTAL
|
81
|
$671,543
|
78
|
$1,690,735
|
Tableau 3 l'assistance militaire américaine
à l'Algérie. Source Foreign Military Training: Joint Report
to Congress, Fiscal Years 2005 and 2006
http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm
CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program
ALP Aviation Leadership Program
FY Fiscal Year
IMET International Military Education and Training
DoD-DoS Department of Defense, Department Of State
Aidée par des atouts et les enjeux y afférant,
la position géopolitique, la production d'hydrocarbures et une
diplomatie très active dans le monde, l'Algérie est
prédisposée à jouer un rôle de premier ordre,
surtout au regard des nouvelles ambitions américaines dans la
région d'Afrique du nord. Outre ces atouts précités, le
domaine militaire constitue un autre noyau dur de cette coopération, en
visite à Alger le 9 décembre 2002, William Burns, assistant du
secrétaire d'État américain chargé du Moyen-Orient
et d'Afrique du Nord, à déclaré lors d'une interview que
« l'Amérique à tout à apprendre de
l'Algérie sur la façon de lutter contre le
terrorisme65(*)
», l'Algérie se trouve de fait un partenaire vital et
incontournable pour la réussite du programme antiterroriste
américain mis en place dans la région.
La coopération militaire sur l'axe Alger Washington se
cristallise par ce qu'est appelé le Dialogue Militaire
dont la première phase a été tenu en avril 2005 à
Washington et la deuxième en novembre 2006 à Alger et il a
été programmé pour avoir lieu chaque année. Ce
dialogue est coprésidé par des responsables militaires des deux
pays, le général-major Ahmed Senhadji et le secrétaire
adjoint US à la Défense pour la sécurité
internationale, Peter W. Rodman. Il vise à entretenir le dialogue et les
relations entre les deux pays et à renforcer la coopération dans
le domaine militaire, dont le volet névralgique est la
coopération antiterroriste. Le dialogue renforcera la coopération
déjà à l'oeuvre dans le cadre du Dialogue
Miterranéen66(*) créée par l'OTAN, à
travers lequel les Etats-Unis aident à perfectionner les forces
armées algériennes (ANP), et à réussir l'entreprise
de sa « professionnalisation ».
Selon un récent rapport de la commission de
défense du Congrès américain67(*), l'Algérie a acquis
pour 500 millions de dollars d'équipements d'assistance
électronique, de transmission et du matériel de vision nocturne.
L'assistance militaire est caractérisée aussi par
l'approvisionnement en avions de surveillance et en radars, en outre une
possibilité à l'avenir d'un transfert de haute technologie
militaire a été évoquée par Donald Rumsfeld le
secrétaire à la défense américaine, pendant sa
tournée en Afrique du nord. Condolezza Rice pour sa part lors de sa
tournée dans la région, a aussi fait une promesse dans ce sens,
à savoir une aide de 1,2 millions de dollars en 2006 pour
l'Algérie.
Le dialogue militaire entre les deux pays se représente
aussi sous forme d'installation d'une base militaire68(*) dans le sud algérien,
et la présence sur cette base de 400 membres des forces spéciales
américaines, selon le canard enchainé69(*), journal satirique
français.
Le programme de cette coopération inclut des visites de
bateaux militaires, de formation et d'études70(*), les officiers
algériens participent au programme US Capstone71(*) de formation militaire de
pointe pour créer, selon les responsables officiels, une meilleure
compréhension mutuelle et une meilleure disposition à travailler
ensemble, d'échange des renseignements sur les groupes armés.
L'Algérie a contribué à plusieurs exercices des forces
navales et spéciales américaines dans la
méditerranée ainsi que dans le Sahel. En outre l'Algérie a
vu accoster dans ses ports nombre de bateaux de la marine américaine.
Le processus de coopération militaire a
été aussi ponctué par un « ballet »
diplomatique densifié des responsables militaires de deux pays, et cela
depuis l'immédiat 11 septembre 2001, visite des
délégations de hauts responsables militaires américains en
Algérie, Peter Rodman en janvier 2003 et en Novembre 2006
accompagné par des experts du Pentagone et par ceux de la
Défense et de la Sécurité au niveau du ministère de
la Défense nationale, celle du Général James L. Jones,
Commandant suprême des forces alliées (OTAN) et commandant en chef
des forces américaines en Europe, à maintes reprises en 2005,
plus récemment, celle du secrétaire d'Etat à la
Défense, Donald Rumsfeld, en février 2006.Par ailleurs on peut
citer la tournée régionale au Maghreb du directeur du FBI Robert
Mueller. Enfin la visite non officielle72(*) le 18 septembre 2006 d'une
délégation de l'organisation américaine Business
Executive for National Security (Bens) 73(*)dirigé par un retraité de l'armée
de l'air général Charles Boyd., dont les discussions avec les
responsables algériens se sont focalisées sur le dossier
sécuritaire et la lutte contre le terrorisme international. Ce
« ballet » diplomatique se fait aussi dans l'autre sens,
à savoir les visites des délégations de l'ANP à
Washington en Mai 2005, pour étudier les modalités de la mise en
place de la coopération, les visites successives des
généraux algériens à la base d'EUROCOM à
Stuttgart.
4-
Libye
En plus du Maroc et les autres pays, la Libye reste un pays
clé dans la coopération militaire en Afrique du Nord, cette
coopération, amorcée en 2000, est axée dans le domaine de
l'équipement.
La coopération a vu le jour au lendemain de la
suspension en 1999 de l'embargo pratiqué par les Etats-Unis depuis 1992,
désormais le régime se focalise essentiellement sur le retour
dans le concert des nations et entreprend de se racheter auprès des
puissances occidentales, et cela au prix de l'abandon du panarabisme et un
rapprochement avec les Etats-Unis, l'ennemi juré au fort des
années révolutionnaires de 1970 et 1980.
Bien que le pays était toujours considéré
un « rogue state », label qui n'a
été abandonné par les Etats-Unis qu'en 2006, il y a eu
néanmoins un rapprochement entre les deux pays, notamment dans le
domaine pétrolier qui reste un avantage comparatif de la Libye, et de
nombreuses entreprises américaines ont fait leur retour en Libye, dans
l'esprit aussi de contrecarrer la concurrence européenne. Certes trois
défis américains se rattachent au cas libyen, la reconnaissance
par le régime libyen de sa responsabilité dans l'attentat de la
PanAm en 1988 et donc le remboursement des ayants droits des victimes, le
démantèlement du programme nucléaire libyen et
l'obligation à laquelle il est appelé le régime à
ne plus fournir de soutien aux terrorisme, mais force est de constater, loin
des discours officiels, que la préoccupation majeure de l'Administration
Bush au regard de la Libye était largement liée au souci de
répondre aux lobbies pétroliers d'exploiter le potentiel
énorme du pays74(*), l'élément juridique, le remboursement
des familles de victimes75(*), servait de légitimité et de porte
d'entrée pour les Etats-Unis pour s'acheminer vers de véritables
objectifs qui sont la manne pétrolière et le
démantèlement plus tard du programme nucléaire en 2003
toute suite après la guerre d'Irak.
Cette coopération est due au changement de l'approche
idéologique du régime qui est l'effet d'un facteur central,
à savoir les sanctions internationales76(*), pendant l'embargo 1992-2003 qui a introduit un
sentiment de « vulnérabilité extrême ».
D'autres facteurs concourent de façon conjointe dans le sens de ce
changement, la dissidence islamiste 1995-1998 et la menace d'une guerre
préventive77(*).
Ces deux éléments on érodé la certitude du
régime à se maintenir dans ce nouvel environnement international
et le régime ne saurait résister à la pression interne des
islamistes et le risque d'une guerre préventive à l'image de
l'Irak. Mais on pourrait y rajouter l'épuisement de l'idéologie
révolutionnaire du début et son affaiblissement ainsi que peu
d'enthousiasme que lui porte le peuple libyen.
Trois autres éléments sont à
considérer pour expliquer ce retournement. D'une part, la
« politique africaine offensive » 78(*) de Kadhafi, son implication
personnelle dans le projet de l'Union Africaine ainsi que le soutien des pays
africains pour la Libye, après l'affaire de Lockerbie. D'autre part
l'implication de la Fondation Internationale pour la Charité,
dirigée par le fils ainé de Kadhafi, dans le dénouement en
1999 de la prise d'otage de l'île de Jollo par le groupe islamiste d'Abou
Sayaf79(*), a eu un effet
de métamorphose de son image sur le plan international. En tant
qu'institution politique, elle sert de vitrine de la nouvelle diplomatie
libyenne, et accompagne directement les affaires
étrangères80(*).
En outre l'offre libyenne de lutter contre l'islamisme au
lendemain de 11 septembre 2001, à l'instar de Bouteflika, fut bien
perçue par les américains, qui se voient réconforter dans
leur légitimité et leur concept de « guerre mondiale
contre la terreur ». Kadhafi a fait d'une pierre deux coups, c'est
ainsi cette politique pro américaine servait son objectif qui
était de se débarrasser des islamistes81(*) qui reste un défi pour
le régime en place. Le 11 septembre 2001 est une circonstance capitale
que Kadhafi a exploitée pour montrer sa volonté de changement au
monde entier et aux Etats-Unis en particulier, Kadhafi s'est convertie au
concept de l'Administration Bush de « guerre contre le
terrorisme », il a reconnu aux Etats-Unis la légitime
défense et cautionné le renversement du régime des
Talibans en Afghanistan, ce tournant s'est accompagné d'une adaptation
au langage de standard international, où fleurissent des termes comme la
démocratie, la lutte contre la corruption .
La lutte anti terroriste reste un argument de vente par le
régime libyen en direction des américains et des
européens, de par sa situation géographique la Libye dispose de
quantité d'informations sur les réseaux islamistes, recueillies
essentiellement à la suite d'arrestation arbitraires des islamistes
tunisiens, algériens, soudanais qui transitent par le territoire libyen.
Cette expertise est renforcée par le rôle joué par la
Fondation Internationale pour la charité dirigé par Seif Al
Islam, le fils ainé de M. Kadhafi.
a-
Nécessité de coopération avec la Libye
La coopération militaire des Etats-Unis avec la Libye
est importante pour deux raisons essentielles, à savoir la
nécessité pour les américains de tirer les leçons
du passé quant a une politique qui n'a pas donné ses
fruits82(*), et la
concurrence accrue des européens sur le sol libyen.
Manque de « visibilité » à
long terme la politique américaine basée sur la force
La politique de l'Administration Reagan était
basée sur deux grandes lignes, à savoir d'une part l'usage de la
force, escalade des mesures coercitives, sanctions économiques et
frappes militaires, comme moyen de dissuader le régime de sa politique
extérieure jugée trop à l'écart de la
légalité internationale et de l'autre l'unilatéralisme.
Cette politique à l'égard de la Libye a échouée et
s'est révélée non productive83(*), les sanctions n'ont pas eu un
impact considérable sur l'économie de la Libye, celle-ci a
trouvé d'autres ressources financières et d'investissement pour
compenser ses pertes, estimées à 18 milliards de dollars selon
la Banque mondiale.
Preuve de cette faillite, Kadhafi a su tirer profit d'abord
de sa confrontation avec les Etats-Unis notamment au niveau de l'Union
Africaine ainsi qu'au sein de la Ligue arabe. Ensuite cette hostilité a
été instrumentalisée pour dissimuler les critiques ainsi
que l'échec de ses politiques de développement. Enfin le
bombardement de la Libye en 1986 84(*)par les Etats-Unis a cristallisé la division au
sein de l'OTAN, les Etats alliés, à l'exception de la Grande
Bretagne, ont désapprouvé les représailles militaires
contre le régime libyen. Le traitement militaire du cas libyen n'a servi
ni à isoler la Libye ni à la dissuader, et a produit l'effet
inverse de l'isolement des Etats-Unis.
Ce qui a produit le réajustement et a montré en
effet les lacunes de la politique américaine, c'est l'approche
européenne85(*),
basée sur l'idée que le commerce et le dialogue pourrait mener
à maintenir la stabilité internationale. C'est ainsi le
bombardement de la Pan Am 103 au dessus de Lockerbie en 1988 à
amené l'Administration américaine à reconsidérer sa
politique. La stratégie adoptée, sous le mandat de Bush
père et de Clinton était de reconstruire un consensus
international ainsi que des pressions économiques et diplomatiques pour
sanctionner les Etats engagés dans le terrorisme. Cette politique a
été très effective et positive puisqu' elle a
ramené la Libye à abandonner sa politique basée sur le
terrorisme.
Les Etats-Unis ont su tirer les leçons du passé
et que l'engagement dans une coopération bilatérale s'impose
aussi bien pour les Etats-Unis que pour la Libye, cette dernière pour
des raisons de sécurité internes et des besoins
économiques. Quant aux américains, pour que la « guerre
globale contre le terrorisme » ait un certain succès, il faut
l'implication des pays clés et de façon volontaire, la Libye en
est un, dans ce sens elle est incontournable.
Concurrence européenne
Les Etats-Unis et la reprise de leurs relations avec la Libye
est d'autant plus stratégique, que les européens, sont de plus en
plus présents en matière de coopération dans le domaine de
la défense, ce qui génère, selon Pascal Boniface86(*), une certaine crainte chez les
compagnies américaines de se faire « souffler » les
marchés après une longue période d'interdiction
décrétée par le Congrès américain.
La France, à titre d'exemple, a repris son
dialogue87(*) avec la
Libye en terme de coopération bilatérale de défense,
sanctionnée par la signature le 5 février 2005 d'un accord-cadre
entre les deux pays, il inclut un dialogue stratégique, la
coopération militaire et la coopération en matière
d'armement. Cela comprend l'échange de renseignements, et la
possibilité de participation de la France à la rénovation
du matériel libyen88(*). La raison en serait pour les français de
permettre à la Libye de retrouver la capacité
opérationnelle qu'elle avait avant l'embargo sur les armes
(1989-2004).
Cet accord de coopération est stratégique pour
les entreprises françaises comme Dassault et EADS, deux grandes
entreprises françaises spécialisés dans l'industrie
militaire. Cette coopération vient de renforcer la coopération
qui lie la Libye à la France dont 95% de ses importations est
constitué d'hydrocarbures, quant aux investissements de la France, ils
sont essentiellement présents dans le domaine pétrolier, enfin la
France détient une part de marché de 3,4% loin derrière
l'Italie qui est de15%.
Avec le changement qu'a opéré le régime
en terme de sa conception de son économie, due à sa
volonté de plaire aux occidentaux voire un souci de développer
son économie stagnante durant l'embargo, la première initiative
prise à ce regard était la privatisation des entreprises
publiques pour attirer les investisseurs étrangers, notamment des hommes
d'affaires européens, américains et asiatiques friands du
pétrole. Les sociétés américaine et
européenne, Boeing et Airbus, sont déjà en
compétition pour un marché de 22 avions d'une valeur d'un
milliard de dollars, destiné à la compagnie aérienne
nationale libyenne, Libyan Arab Airlines.
b-
Aspects de cette coopération
Après l'annonce de l'intention de la Libye de
démanteler son programme de destruction massive en 2003, le
régime libyen a autorisé les inspecteurs de l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique, pour effectuer des missions de
vérifications sur les installations à vocations nucléaire
et militaire de la Libye.
La Libye joue un rôle important dans la lutte anti
terroriste, le combat commun contre le Groupe Libyen pour la prédication
Islamique, que les Etats-Unis ont rajouté à la liste des
organisations terroristes en décembre 2004, de nombreuses rencontres des
ministres de la défense nationale des pays d'Afrique du nord, y compris
la Libye89(*), ont eu lieu
de temps à autre, pour traiter des problèmes relatif à la
sécurité et le défi que pose le GSPC algérien fer
de lance du « Djihad » au nord de l'Afrique. En octobre
2004, la Libye a contribué de façon décisive à
l'extradition en Algérie d'Amari Saïfi, dit El Para, numéro
deux du GSPC algérien.et responsable de l'enlèvement de 32
touristes occidentaux en Algérie en 2003.
Cette coopération comprend aussi des exercices
conjoints des forces des deux pays et la possibilité pour les
américains d'accéder aux installations militaires libyennes. Il
faut rappeler qu'avant la venue de M. Kadhafi au pouvoir en 1969 les
américains avaient trois bases militaires en Libye, et pendant les
années1950 l'une des bases, la base aérienne de Wheelus,
prés de Tripoli a servi de quartier général des forces
américaines positionnées en Europe mais aussi, elle a servi de
centre pour la CIA afin surveiller les activités de forces
armées soviétiques.
Les forces armées libyennes sont très
performantes et disposent d'une mobilité non égalables ainsi
qu'une capacité de nuisance non négligeable dans la
région, et parmi les pays arabes, la manne pétrolière y
est pour beaucoup. L'institution militaire est très importante dans le
pays et l'armement90(*)
reçoit des crédits importants de la part du régime qui
permet à celui-ci d'être au devant de la scène
régionale et africaine et pratiquer une influence sur les pays
sahéliens, ainsi que d'offrir ses bon offices pour la résolution
des conflits régionaux comme celui de Darfour.
La Libye a une politique sécuritaire orientée
vers la menace extérieure91(*), vu la concentration de la population sur un faible
territoire qui facilite son contrôle, ainsi qu'un maillage politique. Ces
deux éléments vont assurer la stabilité à la
Jamahiriya de 1969 à 1992.
L'alliance avec l'ex URSS, l'engagement de Kadhafi sur la
scène moyen orientale et la politique révolutionnaire vont
propulser la Libye à devenir une puissance méditerranéenne
qui compte, à l'image de l'Egypte. Les forces armées de terre,
aériennes et navales disposent d'un potentiel énorme dont les
forces régionale et méditerranéenne devront tenir compte.
Le conflit avec les forces égyptiennes en 1977, la tentative de
défendre le régime de Idi Amin Dada contre l'invasion des forces
tanzaniennes, enfin l'Armée libyenne a conduit une série de
compagne dans le nord du Tchad. Les prétentions militaires libyennes en
Méditerranée se sont soldées aussi par des échecs,
c'est le cas du conflit des forces libyennes avec les forces américaines
en Méditerranée en 1981 et 1986.
Troisième partie
La militarisation, ses
conséquences possibles,
et le rôle de
l'Europe en Méditerranée
I- Y a-t-il un risque de
conflit armé ?
En Afrique du nord deux situations se posent à la
fois, les problèmes économiques et sociaux de plus en plus
graves, mais aussi les rivalités pour le repositionnement sur la
scène régionale et de la tendance au
« surarmement » qui en découle92(*) .
Le déploiement militaire américain, s'accompagne
de l'assistance militaire aux pays de la région, en terme de
matériels sophistiqués, qui peuvent être pourrait
être retourné contre la population même, c'est le cas
la Maurétanie sous le régime déchu, ou
détourné pour le compte du conflit qui oppose le Maroc d'une part
et l'Algérie et le Polisario de l'autre, la Libye, qui a des
prétentions hégémoniques, pourrait être
impliqué aussi.
1- Militarisation de l'Afrique
du Nord
Selon le rapport, publié en 2004 par la
société Forecast International spécialisée
en prospective militaire et de défense au Maghreb, les prochaines
années seront consacrées à la course aux armements.
L'Algérie et le Maroc consacrent les plus gros budgets d'armement en
Afrique, aux côtés de la Libye. Cette course est à
même de révéler, à l'avenir, l'étendue de
l'équilibre de chacun sur le plan géostratégique au
Maghreb et en Méditerranée. L'Algérie s'arme
auprès des puissances comme le Russie, dans le cade de contrats qui se
chiffrent en milliards, elle dépensera plus de 2,3 milliards de dollars
annuellement à l'horizon 2007 pour ses achats d'équipements
militaires93(*), en 2003,
elle aurait dépensé 2,14 milliards de dollars, les
autorités militaires algériennes justifient, l'euphorie
financière aidant, ces acquisitions auprès de l'ex URSS, pour la
rénovation du matériel de la défense nationale, et sous
prétexte de la lutte anti terroriste, mais aussi pour se mettre au
standard des forces de l'OTAN « L'ambition de Bouteflika depuis 5 ans
est de faire de l'Algérie un pays à qui l'on
déléguerait des responsabilités en
Méditerranée 94(*)».. Dans une démarche similaire, mais qui
n'est pas comparable, le Maroc, en invoquant le droit à l'achat d'armes,
de crainte d'être dépassé par le voisin algérien en
terme d'approvisionnement militaire, passe des commandes auprès des
fournisseurs français russes et suisses95(*); Etant donné le pays n'est pas producteur de
pétrole, il est conditionné de contrainte financières et
ne peut pas se permettre de passer des commandes au-delà de son budget,
lequel est de 1,5 milliards de dollars. En 2003, le Maroc a consacré 1,3
milliard de dollars à l'achat d'armements.
2- Enjeux de cette
militarisation
La question qui se pose et qui reste sans réponse,
pourquoi l'Armée Nationale Populaire (ANP) se militarise ? A cette
question, les réponses sont divers et variés, mais
substantiellement on peut en retenir deux interprétations, pour la
partie marocaine la seule réponse est que l'Armée
algérienne est en course d'armement en préparation d'une guerre
contre le Maroc, arguant le fait que les deux pays se retrouvent au centre d'un
rapport de force sur le plan diplomatique et géostratégique
concernant la question de Sahara occidental, la guerre des
« sables » en 1963 qui a eu des répercussions sur
les relations bilatérales, enfin la question d'hégémonisme
est important dans ce refroidissement au Maghreb et explique beaucoup le
« pourquoi » du renforcement de l'armement algérien.
L'Afrique du nord manque de leader, ce qui laisse un champ
libre pour l'Algérie de pouvoir prétendre à jouer un
rôle régional, aidés en cela par la coopération
américaine au niveau sécuritaire qui fait penser que
l'Algérie est une puissance régionale. D'aucuns voient des
raisons internes pour expliquer les énormes contrats d'armement que le
pouvoir en place passe avec la Russie notamment, les Etats-Unis et l'Inde, il
s'agit de généraux algériens qui, pour se maintenir au
pouvoir, déploient tous les moyens, y compris, créent des
situations de conflictualité qui nécessitent leurs interventions,
donc la nécessité de leur maintien en place, vu qu'ils sont les
plus compétents pour répondre efficacement à ces
situations de tension. Le maintien de la tension avec le Maroc reste un point
nodal dans leurs stratégies géopolitiques96(*). Placés dans des
centres de décisions stratégiques et maîtrisant tous les
rouages de l'Etat, ils sont capables de bloquer ou saboter toute initiative de
rapprochement entre les deux pays. Le Polisario qui est un
« sérieux problème [...] pour le
Maroc, » est un soutien fort dans cette entreprise. Selon
M.Samraoui97(*), la
normalisation ne peut se concevoir entre le Maroc et l'Algérie tant
qu'il y au pouvoir ces généraux
« ils sont capables du
pire » comme la liquidation de Mohamed Boudiaf dont, entre
d'autres raisons, le projet de résolution du conflit menaçait les
intérêts et le système mis en place par les
généraux, ainsi que ses positions risquaient de compromettre leur
devenir, ou « provoquer un conflit militaire avec le
Maroc ».
La deuxième interprétation, celle des dirigeants
algériens, est que l'armement n'est pas une provocation adressée
au Maroc, mais un besoin de l'armée algérienne de mettre à
jour et rénover son arsenal militaire, viellé et
dégradé depuis les années 1980 et l'embargo imposé
des pays occidentaux sur la vente d'armes durant les années 1990,
pendant la guerre civile qui s'est soldé par des centaines de milliers
de morts. D'autre part, l'Algérie doit aussi assurer
l'intégrité d'un territoire cinq fois plus grand que le Maroc, et
sa position centrale, au milieu de six Etats, fait qu'elle doit multiplier au
moins par six les risques qu'elle encoure de voir surgir à ses
frontières un conflit armé. Dans de nombreuses
déclarations du chef d'Etat, et des autorités algériennes
en général, la tendance est à l'apaisement de la crainte
d'une guerre que l'Algérie déclencherait contre le Maroc, «
Il n'y a aucune guerre possible entre deux pays frères et deux
peuples frères 98(*)» déclare le ministre des affaires
étrangères algérien, celle-là reste une option,
seulement au cas où les frontières nationales algériennes
sont transgreéssées « la guerre est une option que
l'Algérie ne retient que dans le cas d'une violation de ses
frontières [...] Si l'on ne touche pas à nos frontières
héritées de la colonisation, il n'y aura aucune guerre avec un
autre pays [...] l'Algérie n'a de visée sur aucun territoire de
pays voisins et elle n'a aucune attitude belliciste et
belliqueuse » "L'Algérie ne déclarera jamais
la guerre au Maroc, car nous sommes des hommes de paix [...] le Sahara
occidental n'est pas un casus belli entre l'Algérie et le Maroc
frère99(*)".
Des deux côtés de la frontière, on assiste
à une escalade médiatique, alimentée par ces
interprétations entretenues par les hommes politiques, les
intellectuels, les universitaires 100(*) et les journalistes.
Jusqu'à présent, il n y a pas de signe patent
démontrant les velléités belliqueuses de l'Algérie,
au delà de la thèse de l'armement, entretenue par les
responsables marocains, qui mènerait inéluctablement vers une
affirmation de sa puissance régionale du moins. Il est vrai aussi
qu'aucun stratège, pour le moment, ne peut parier sur un futur conflit
armé entre les deux pays voisins. Donc avancer une thèse, qui ne
souffre pas de marge d'erreur, sur les intentions de l'armement
algérien, serait une tâche ardue, l'important est de constater que
la course aux armements existe bel et bien, que tous les pays de la
région cherchent à acquérir des armes pour des raisons
diverses. Dans une de ses déclarations à la presse, l'ancien
président algérien, A Benbella a fait le constat de la course
aux armements et l'augmentation des budgets alloués au renforcement de
l'arsenal militaire et des armées, il s'en est prononcé contre,
et regrette que cela se fasse au détriment de développement
socio-économique et culturel, de telles initiatives ne peuvent
qu'instaurer un climat de méfiance entre frères
maghrébins101(*).
Ce qui va m'intéresser dans cette partie est le fait que la lutte anti
terroriste justifie la sophistication de l'armement des pays comme le Maroc,
l'Algérie, la Libye et la Tunisie. Comme on l'a vu
précédemment, ces pays sont engagés dans la lutte anti
terroriste contre les islamistes et se liguent à la cause globale de
guerre contre le terrorisme, cheval de bataille des deux mandats successifs de
Mr G. Bush depuis 2000. Comme cette guerre exige du matériel
adéquat et adapté à la menace, les Etats-Unis adoptent
deux situations qui sont complémentaires, la première consiste
à créer des bases et des installations militaires dans ces pays
même où la menace, réelle ou supposé »,
est présente, ce qui implique la présence physique des soldats
américains pour assurer des missions qui demandent la compétence,
l'expertise, et le professionnalisme, dont les américains se croient
être investis, et déléguer des tâches aux soldats
locaux serait inefficace dans la lutte contre le GSPC par exemple. La
deuxième consiste dans le fait que les américains sous-traitent
la lutte anti terroriste à ces pays mêmes, et le rôle majeur
est celui joué par les Etats hôtes mêmes. Dans ce dernier
cas, les pays sont censés ne pas être à la mesure des
défis sécuritaires qui se posent sur leur territoires, ils
reçoivent pour cela l'assistance militaire américaine, les
formations nécessaires et modernes dans le cadre des manoeuvres
militaires, comme on l'a a vu dans la deuxième partie, dans le
désert et en mer. C'est là que se pose la question de la
destination de ces armes ? Sont-elles uniquement destinées à
la lutte anti terroriste ? N'y aurait-il pas de dérive dans l'usage
de ces armements à des fins hégémonistes et de
prétentions territoriales ? En effet, comme on l'a vu
précédemment avec Sean Moir102(*), les Etats Unis amplifient plus que de mesure la
réalité des menaces des groupes terroristes dans le Sahel,
certes, les menaces existent mais l'importance qui leur est accordée est
exagérée ainsi que les moyens, largement militaires, mis en place
pour résorber et venir à bout de ce phénomène, et
on a oublié que le terrorisme a ses origines socio économiques et
doit être traité comme tel. Dans d'autres cas, la menace est
crée103(*), le
cas d'El Para, ancien officier des forces spéciales de l'armée
algérienne officiellement passé à la guérilla du
(GSPC), pour servir les intérêts de la sécurité
militaire en Algérie, tel que pour convaincre les responsables
sécuritaires américains pour recevoir un soutien financier et
militaire104(*),
installer une base militaire dans le sud de l'Algérie, et passer pour
l'allié naturel des Etats-Unis dans la région.
3- Contentieux actuels
pouvant servir de débouchés du potentiel militaire
L'assistance militaire est susceptible d'être
utilisée sur les postes frontières ce qui déclencherait
immédiatement des représailles de la partie adverse. Avec le
conflit au Sahara occidental, qui n'est pas toujours résolu, et la
menace du Front Polisario de reprendre la lutte armée contre les Forces
Armées Royales, cette hypothèse est d'autant plus
accréditée que ce dernier dispose d'un quartier
général à Tindouf105(*), ville algérienne, d'où il peut mener
des attaques contres les FAR (Force Armée Royale), ce qui risque de
déclencher un conflit armé, impliquant aussi l'Algérie,
car cela touche ses frontières. Un autre foyer de tension, important
aussi, est celui qui oppose le Maroc et l'Espagne, cristallisé sur la
crise du rocher appelé Tora, Leila, ou encore Perejil106(*). La crise de l'îlot
Persil, qui a failli déclencher un conflit armé entre l'Espagne
et le Maroc, a démontré trois facteurs susceptibles de conduire
à un conflit armé : d'abord l'existence d'un foyer permanent
de tension, l'esprit conflictuel non seulement sur ce rocher mais aussi sur les
deux enclaves espagnoles au Maroc Ceuta et Melilla. Ensuite l'affirmation de
velléités de suprématie et d'hégémonie de la
part des espagnols, pendant cette crise, la mobilisation de toute
l'armée espagnole face à la présence de quelques soldats
marocains désarmés. Enfin la volonté permanente du Maroc
de rentrer dans la possession de ses territoires
« occupés » par les espagnoles, Ceuta et Melilla est
aussi un dossier qui refait surface sur la scène politique marocaine
mais aussi un dossier incontournable dans les relations bilatérales
entre les deux pays, enfin il constitue la priorité des autorités
marocaines ces dernières années.
D'autre part, les relations conflictuelles entre la Tunisie,
de faible superficie et aux ressources limitées, et ses voisins
très puissants militairement qu'elle et ayant des prétentions
hégémoniques dans la région. Ce voisinage reste
perçu aujourd'hui par la Tunisie comme sa principale
préoccupation. Les risques de confrontation armée, bien moins
probable, restent plausibles, surtout dans le cas de la Libye, cette perception
est accrue par les relations politiques bilatérales :
· Expulsions en 1985 de tunisiens installés en
Libye.
· Les fermetures de frontières ou les accusations
mutuelles de déstabilisation intérieure.
· La nature du régime.
· Le potentiel libyen en équipements les
contentieux frontaliers sont des facteurs de poids dans l'évaluation de
la menace libyenne.
· La Libye a été longtemps perçue
comme un champ d'entrainement pour les islamistes tunisiens et algériens
non pas dans le but de promouvoir l'idéologie islamiste mais pour dans
le but de déstabilisation intérieure.
L'Algérie aussi a été perçue comme
une menace pour la sécurité intérieure tunisienne, surtout
pendant guerre civile entre les islamistes et armée. Les
inquiétudes de la Tunisie étaient la crainte de l'infiltration
des islamistes algériens, l'extension de la violence aux islamistes
tunisiens, et enfin, la crainte d'une vague massive de réfugiés
politiques sur la Tunisie.
Par ailleurs l'armée tunisienne n'a pas jamais
joué un rôle sur la scène politique, et ne dispose pas de
moyens significatifs, cette optique de l'armée remonte au temps de
Bourguiba, qui concevait qu'une armée trop puissante et trop
présente sur la vie politique représentait un risque.
Les capacités militaires de la Tunisie accroissent sa
vulnérabilité, et les gouvernements successifs tunisiens, se
rendant compte de ce déficit, ont investi pour la modernisation de
l'appareil militaire.
Le tracé des frontières au Maghreb reste un
autre foyer potentiel de contentieux armé. Je ne vais tarder
là-dessus mais je vais signaler deux exemples. Entre le Maroc et
l'Algérie le tracé frontalier107(*) n'existe pas au nord sur
500 Km entre Saidia et Figuig, et de nombreux villages se posent la question de
leur appartenance nationale. Les contours de la ligne frontalière sont
floues, et ne figurent même pas sur certaines cartes, et de plus en plus
d'incident sur la zone frontalière viennent rappeler l'urgence d'une
solution au dilemme frontalier108(*) . A Figuig, ville marocaine, de plus en plus
l'armée algérienne occupe des terres agricoles, des oasis, les
mines et les gisements minéraux appartenant à des
propriétaires marocains. Entre le Maroc et la Maurétanie
le statut de la ville Lagouira reste un point
d'achoppement dans les relations bilatérales entre le Maroc et la
Maurétanie. Laguira, lagune dotée d'importante richesse
halieutique, est depuis 1989 un territoire sous souveraineté
mauritanienne, aucun drapeau marocain n y flotte et l`armée
mauritanienne y a installé une caserne mais dans le discours du Maroc
officiel, la localité fait toujours partie du territoire
marocain109(*).
4- Conflit entre la demande
« sociale » intérieure et l'offre
« militaro sécuritaire » extérieure
En agissant ainsi les Etats-Unis ont un calcul conscient de la
dimension que prend la prolifération, de leurs bases et de leur
présence dans une région qui ne demande pas de soldats
américains mais plutôt des aides économiques, ainsi qu'un
soutien en termes d'acheminement vers la justice sociale et
l'égalité, en un mot vers la démocratie. Une
démocratie qui fait en sorte que les citoyens puissent penser par eux
même le destin qu'ils veulent pour leur société, des
élections libres, alternance aux pouvoirs autoritaires, une juste
distribution des richesses nationales, ce sont ces ambitions là
auxquelles aspire le peuple. La genèse de la citoyenneté et la
démocratie dans les pays développés, ne s'était pas
faite en adoptant le militarisme en tant que priorité nationale, mais au
contraire, la priorité était donné à
l'élément de base d'une société digne de ce nom,
à savoir l'individu et ses préoccupations humaines et
prioritaires, la paix, son émancipation, sa liberté ses besoins
en terme de santé, son droit à l'éducation, le besoin
qu'on respecte son choix lors des élections électorales. Le
militarisme et la militarisation que connaît la zone ne pencherait ni
dans le sens de développement ni celle de la paix110(*), et l'histoire est là
pour rappeler que la course aux armements produit des effets négatifs,
de la destruction plutôt que le bâtissement d'une paix durable, la
haine de l'autre plutôt que le rapprochement entre les peuples quelques
soient leur appartenance nationales, idéologiques, linguistiques, et
religieuses. La guerre en Irak et celle d'Afghanistan avaient des
légitimations de démocratisation et d'émancipation d'un
peuple opprimé par leur dirigeant. Aujourd'hui, l'actualité de
ses deux pays parle d'elle-même, la démocratisation est loin
d'être le cas, et l'objectif aujourd'hui est de répondre aux
inquiétudes de voir l'actuelle guerre civile111(*), en s'intensifiant,
entrainer les Etats voisins et créer un Etat en faillite
« failedstate » propice à l'installation
d'un centre de terrorism,e comme le fut l'Afghanistan, ainsi que faire cesser
les carnages et la haine que se livrent les confessions irakiennes entre elles
mêmes. La violence en place dépasse en dimension celle en vogue
sous les régimes destitués, comme vient de le déclarer
Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU112(*).
Depuis le démantèlement de l'Union
soviétique, les Etats-Unis sont à la recherche d'un ennemi. Ils
en ont besoin de façon cruciale à la fois pour des raisons de
politique intérieure et pour maintenir la cohésion du monde sous
leur direction et pour leur profit. Grégory Arbatov, directeur de
l'Institut pour les études nord américaines à
l'Académie soviétique des sciences disait en 1988
« Nous sommes en train de vous faire quelque chose de
terrible : nous sommes en train de vous priver d'ennemi113(*) ».
Trouver immédiatement un ennemi de substitution fut
l'objectif premier pour continuer à jouer leur rôle
hégémonique. Ce fut, dès 1990, Saddam Hussein, Mais cela
n'a pas suffit pas pour ratisser large, il leur a fallu alors agiter un autre
chiffon rouge : le terrorisme. Le but est de faire croire au monde et aux
Européens qu'ils sont sous le coup d'une menace grave et
immédiate et qu'ils ne pourront y faire face qu'en se rangeant
derrière la puissance américaine
Il ne s'agit pas ici de soutenir l'idée selon laquelle
les Etats-Unis sont entrain d'enclencher une guerre régionale, cela
n'est pas mon propos. Mon intérêt est plutôt ailleurs
à savoir que les américains, et à leur tête Bush
avec son concept de guerre préventive, concept qui
constitue la pierre angulaire de sa politique étrangère et de
défense depuis 2001, sont entrain de créer les conditions pour
une tension régionale en se proliférant militairement dans une
région sous des prétextes de l'épouvantail de groupes
terroristes, de lutte anti terrorisme, de sécurisation de
l' « arc d'instabilité », connue comme
étant la source d'inquiétude pour leurs sécurités
et leurs intérêt, ce qui est tout à fait contradictoire
avec leurs prétentions universalistes au travers du projet de Grand
Moyen Orient. Ces deux situations, à mon sens, ne peuvent aller de
pair, militarisme exclut la démocratie et vice versa.
L'assistance militaire, l'approvisionnement en arme,
l'autorisation des abus des droits de l'homme, par les Etats-Unis eux
même, et la sous-traitance de ses formes de traitements à leur
alliés, combiné à la course aux armement et le militarisme
érigée en doctrine, en Algérie par exemple, les
dépenses en achats d'armes attestent de cela, ainsi les réactions
que provoquent chez les pays voisins, c'est-à-dire l'achat à leur
tour d'armes et de mise à niveau de leur dispositifs militaires pour une
confrontation éventuelle à l'avenir , sont des données
objectives, qui donne une certaine idée de l'avenir de la région
, proche ou lointain.
Cet environnement stratégique n'est pas
déconnecté de l'Etat du monde de ces dernières
années, la « Guerre Globale contre le Terrorisme »
la prolifération des armes de destruction massives, en Iran, la menace
de faire usage de l'arme nucléaire par la Corée du Nord, en cas
d'attaque américaine, les prétentions nucléaires des Etats
comme l'Egypte, la multiplication des conflits en Afrique et en Asie ainsi
qu'en Amérique latine. Cet environnement est une donnée
fondamentale dans la compréhension des défis mondiaux dont l'ONU
est appelé à répondre.
Comme décrit en haut, la démocratie exclut le
militarisme et vice versa, une démocratie ne peut s'appuyer sur le
militarisme, doctrine qui prône la prépondérance de
l'armée, de l'élément militaire dans la vie d'une
société, le gout des armes de la guerre, et le
bellicisme114(*).
Le militarisme ne peut être démocratique, et
consenti par le peuple, en règle globale cela est un fait dans les
sociétés démocratiques et les pays les plus
développés en Europe notamment, ces pays ont déjà
appris des leçons de la 1ère et
2ème Guerre Mondiales qui n'ont produit que des carnages et
de destruction ainsi que de la haine. Le cas des Etats-Unis fait exception
à ce postulat, comme l'explique Philip Golub dans son article Sur le
militarisme américain115(*) pour rendre compte de deux livres sur la
question, « le dieu romain de la guerre inspire encore l'esprit
américain ».
Le nationalisme et le militarisme imprègnent les
élites et des secteurs larges de la population116(*)américaine, notamment
le parti républicain dans le sud du pays. Ces deux
phénomènes se perçoivent à travers des
symptômes comme la normalisation de la guerre, la glorification des chefs
militaires, la recherche élitaire de la supériorité
stratégique perpétuelle, l'accoutumance de la population à
la guerre, une nouvelle « esthétique de la guerre »
technologique à distance, et enfin la transfiguration des
présidents en seigneurs de guerre.
Comment se fait-il qu'un pays réputé si
démocratiquement avancé se permet une telle situation ? Pour
l'auteur ce phénomène est « profondément
enraciné dans le passé américain » et s'est
développé « au grand jour en jouissant d'un grand
soutien populaire » l'immense appareil de
sécurité, dont « l'étendue, le coût et
la configuration » visent son expansion et son
autoperpétuation, parallèlement à la transformation de la
société américaine.
Outre le complexe militaro-industriel117(*), le facteur religieux y est
pour beaucoup à savoir l'irruption du fondamentalisme chrétien
dans l'arène politique. Le poids des Etats du sud dans
l'émergence d'un bloc nationaliste, militariste et
impérialiste118(*).
En Afrique, cette tendance est de vigueur pour les Etats-Unis
dont le militarisme et la militarisation119(*) est une composante aujourd'hui incontournable de
l'action diplomatique, et participe activement à l'élaboration de
la politique étrangère et de défense. Au delà de
déploiement de leurs armées, le credo des stratèges
américains comprend aussi la vocation des Etats-Unis à guider la
planète, à en contrôler les ressources
énergétiques, et à modeler la civilisation mondiale.
En parlant de la logique sécuritaire,envisagée dans
la région d'Afrique du nord, cela suppose que, d'abord les Etats de
la région sont le premiers concernés et responsables, ensuite
que les conséquences qui découlent de la logique
sécuritaire peuvent être résolues, non pas de
l'extérieur, mais par le dernier ressort que constitue la
démocratie qui doit jaillir de l'intérieur
5- Alternatives pour
dépasser le statut quo
La démocratie est long processus qui peut prendre des
décennies pour pouvoir s'enraciner et donner ses fruits. Dans le cas du
Maghreb, de nombreuses étapes ont été franchies, cependant
la région n'a pas encore entamé son décollage
économique et politique. Je pense que cela ne peut se faire sans le
bâtissement d' un espace maghrébin cohérent et dynamique
pour attirer les investisseurs et sortir de la torpeur et de son cloisonnement
qui la caractérisent (système des visas, fermeture des
frontières interne, échange intra zone à hauteur de 4%) et
se concentrer sur le contentieux algéro-marocain120(*), central et capital, pour
approcher des sorties de crises et intégrer l'espace euro
méditerranéen. Pour cela il faut dépasser le cadre
nationaliste et faire abstraction des modes de pensée des imaginaires
politiques, s'appuyer sur la société civile et
sur la prépondérance des élites des deux
pays qui se connaissent mal ou dialoguent peu.
Sur le premier point, l'une des raisons fondamentales du
conflit est que le projet maghrébin, contrairement au projet de l'Union
Européenne, est resté entre les mains des politiques sans que
jamais les institutions et les populations de la région ne se
l'approprient réellement121(*). En outre le conflit ne mobilise pas la population
et il est loin d'être le sujet prioritaire en Algérie comme
l'explique Akram Belkaïd, journaliste algérien. En Algérie,
il y a une volonté de distanciation par rapport au conflit c'est la
même tendance au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Maurétanie,
pour des facteurs historiques sociaux, linguistiques et religieux le blocage ne
peut en provenir, ce qui est tout à fait un levier pour une sortie de
crise.
Pour le deuxième point, les élites
universitaires, acteurs économiques, pour des atouts qui sont les leurs,
à savoir des capacités de mettre en question les
véritables blocages régionaux, et la promotion de la
coopération intra régionale, constituent une alternative sur
laquelle il faut mettre l'accent et pourra à l'avenir avoir des
incidences sur le règlement de ce conflit.
La division et les tensions internes des pays d'Afrique du
nord est un facteur clé qui pèse dans les relations
transméditerranéennes et tous les analystes et les observateurs
avertis s'en rendent compte. Cette division constitue, comme on va le voir, une
« menace » pour les européens. Pour contrecarrer une
éventuelle menace, l'Europe à intérêt à jouer
un rôle et s'impliquer dans des projets de sécurité
régionale le but étant de diminuer les différences et
créer un cadre plus stable par le biais des relations horizontales entre
les pays Maghrébins.
II- Europe face aux défis
méditerranéens
La question de sécurité en Afrique du nord ne
peut laisser les pays européens indifférent, car elle, la
sécurité, ne se limite pas à cette région. Assurer
la stabilité de la région maghrébine est une
préoccupation majeure surtout pour des pays comme l'Italie, la France,
l'Espagne et le Portugal, notamment en raison de la proximité
géographique. Le Maghreb commence à la pointe de la
péninsule ibérique et une crise grave dans la région ne
manquerait pas d'avoir de profondes répercussions sur les pays
européens voisins.
L'importance de la stabilité de la rive sud de la
Méditerranée et le souci européen d'intégrer dans
leur projet de politique extérieure le bassin
méditerranéen découlent des menaces et de
l'instabilité de l'Afrique du nord.
Ces risques dérivent, certes, de causes internes et
non pas d'une menace directe à l'encontre de l'Europe mais ils peuvent
exporter des répercussions sous la forme de réfugiés,
tensions militaires, précarité politique et conséquences
économiques auxquels les pays voisins et les institutions
européennes devront répondre par l'aide humanitaire ou par
l'action défensive. On peut résumer ces menaces dans huit
points.
La revendication par le Maroc des villes espagnoles de Ceuta
et Melilla, qui provoque une crainte récurrente en Espagne.
D'éventuelles confrontations entre un ou plusieurs
Etats de l'Afrique du Nord impliquant le terrorisme ou le recours aux armes de
destruction massive.
L'accroissement de la possession de ces armes plus le possible
stockage d'armes chimiques et biologiques en Algérie et Libye est
préoccupant, même si leur acquisition doit d'avantage aux
rivalités entre eux qu'à leurs intentions d'attaquer l'Europe.
Le risque que présentent l'islamisme radical et les
problèmes de frontières encore non résolus donnent
à ces pays des arguments qui légitiment leurs dépenses en
armements.
Les risques de rupture d'approvisionnements d'énergie
en provenance d'Algérie ou de Libye, crainte majeure des gouvernants
occidentaux dès qu'un incident souligne la faiblesse des gouvernements
locaux au pouvoir.
L'afflux de réfugiés politiques qui s'ajouterait
aux réfugiés économiques et l'interruption des voies de
navigation en Méditerranée occidentale à cause d'un
conflit régional. L'Europe craint que l'arrivée massive de
réfugiés, toute catégorie confondue, soit une source de
conflits dans les villes Européennes et provoque une montée de
l'extrême droite et leurs possibles arrivés au pouvoir dans les
principaux pays européens.
Cet état des lieux pousse posse l'Union
européenne définir une approche commune face à la
Méditerranée et plus précisément la partie
occidentale de l'Afrique du nord.
Malgré de nombreuses initiatives, dont les
européens étaient les initiateurs, les Etats-Unis, puissance
méditerranéenne militaire (l'OTAN et la sixième flotte),
mais aussi politique (démocratisation par le biais du projet de Grand
moyen Orient) et économique (l'accord de libre échange avec le
Maroc et les aides économiques offertes aux pays de la région) se
révèlent être un véritable et redoutable
concurrent. En outre la puissance planétaire que représentent les
Etats-Unis, sur tous les plans, exercent une attraction sur les acteurs locaux
qui ne peuvent que s y « soumettre ».
1-
Rivalité euro-atlantiste en Afrique du nord
L'Europe, voit du mauvais oeil l'implantation
américaine aussi bien militaire, économique que commerciale dans
une région qui lui est proche et adjacente. Le Maghreb étant une
région proche de l'Europe sur de nombreux points, culturels,
historiques, géographiques, économiques, il constitue une
région prioritaire dans la politique extérieure de l'Union
européenne. Cet intérêt se passe de démonstration,
le partenariat euro-méditerranéen, initiative, essentiellement
économique, de coopération régionale avec la rive sud de
la Méditerranée. La coopération
trans-méditerranéenne englobée dans le cadre de la CSCE,
du Dialogue Euro-Arabe, du Cinq plus Cinq, du CSCM et du Forum
Méditerranéen.
La lutte d'influence est très perceptible surtout
entre la France et les Etats-Unis. La France, ex puissance coloniale en Afrique
du nord, se voit détrônée dans la zone, un domaine
d'influence qui renforce sa position sur la scène internationale, par
les Etats-Unis déterminés à mettre de côté
cette conception du temps de la guerre froide qui faisait de la région
la chasse gardée des européens. Mais les raisons profondes de
cette offensive américaine dans la méditerranée en
général et en Afrique du nord relève aussi bien du
paradigme qui a structuré leur rapports avec les européens que de
la façon de traiter les nouveaux défis qui se font jour au
lendemain de 11 septembre 2001.
L'Europe ne peut s'opposer à cette politique, pour des
raisons suivantes : Les implantations sont légitimées par la
« guerre contre le terrorisme », les européens ont
fourni tout leur soutien à cette guerre globale contre le terrorisme, le
suivisme silencieux des européens s'inscrit dans ce cadre.
L'Europe ne dispose pas d'une politique
étrangère commune, autant dire que même si l'Europe est
très présente en Méditerranée et en Afrique du nord
sur des questions de sécurité comme la coopération sur la
sécurité méditerranéenne de l'Union
européenne, le dialogue 5 + 5 la politique de voisinage, le
dialogue méditerranéen de l'OTAN, cette présence est
très limitée, et les pays européens largement en
désaccord sur la ligne à donner à cette politique,
notamment entre d'une part la France et l'Allemagne, qui restent
attachés à une politique de défense proprement
européenne, et la vision de la Grande Bretagne, d'autre part, qui fait
d'elle le Cheval de Troie des Etats-Unis en Europe, se raccroche à faire
dépendre la politique sécuritaire de celle américains et
maintenir le statut quo.
Dès le début des années 1940, la
conception américaine consiste à dire que cette zone ne peut
être stabilisée par une autre puissance que la puissance
américaine, en ce qui concerne les européens, ils ne sont pas
capables de maitriser leur destin. En plus clair cette mission stabilisatrice
tourne autour de la théorie du « vide » de
Eisenhower à la fin des années 1950, pour les américains
elle consiste à dire que si nous ne sommes pas là, il y aura un
vide que nos adversaires ne manquerons pas de combler à nos
dépends.
Sur le plan militaire seuls les américains peuvent
déployer des moyens militaires de telle dimension, leur budget de la
défense est de 400 milliards de dollars122(*) (exactement 401,3 milliards
de dollars, dont 19,3 pour la partie « armes nucléaires » du
Département de l'Energie) ce montant est en perpétuel mouvement
de hausse. 63,4 milliards de dollars sont consacrés à la
recherche-développement, c'est-à-dire à peu près le
total des budgets globaux de Défense français et allemand.
D'autres facteurs supplémentaires de poids aident
à expliquer cette présence. L'esprit d'expansionnisme et la
logique d'unilatéralisme comme cadre global de la pensée et de
l'action stratégique.
La montée de la concurrence et de rivalité, qui
se fait de plus en plus rude et aigue entre les deux parties. La concurrence
se voit dans beaucoup de secteurs, la course aux technologies militaires en est
un. Les Etats-Unis, qui se trouvent à la tête de cette course,
espèrent distancer durablement les pays européens et obtenir le
contrôle des marchés d'armement des pays amis et alliés, le
Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont les clients importants de
l'Amérique. Il ne s'agit plus seulement de conforter une
prééminence : il s'agit de réduire les moyens
d'intervention du rival gênant. Les américains sont largement
présents sur le marché maghrébin, accord avec le Maroc,
concessions d'hydrocarbures en Libye, et présence sur le marché
de pétrole et de gaz algérien.
La présence relève aussi de raisons
d'opposition idéologique fondamentale comme l'explique Robert Kagan,
l'un des chefs de file des néoconservateurs américains «
il est temps de cesser de faire semblant de croire que les Européens
et les Américains partagent une vision commune du monde, ou même
qu'ils vivent dans le même monde. Sur la question fondamentale du pouvoir
- de l'efficacité du pouvoir, de l'éthique du pouvoir, de
l'attrait du pouvoir -, les approches américaines et européennes
divergent. L'Europe tourne le dos au pouvoir ou, pour le dire autrement, elle
dépasse le pouvoir pour s'inscrire dans un monde autonome de lois et de
règlements, de négociations et de coopérations
transnationales. Elle pénètre aujourd'hui dans un paradis
posthistorique de paix et de prospérité relative, qui correspond
à la `paix perpétuelle ' de Kant. Les Etats-Unis, eux, restent
empêtrés dans l'histoire, exerçant le pouvoir dans le monde
anarchique de Hobbes, où l'on ne peut se fier au droit international et
où la véritable sécurité, la défense et la
propagation d'un ordre libéral restent tributaires de la possession et
de l'usage de la force militaire. C'est pourquoi, sur les grandes questions
stratégiques et internationales actuelles, les Américains
viennent de Mars et les Européens de Vénus : ils ne s'entendent
que sur peu de points et se comprennent de moins en moins. Et cet état
de choses n'est pas passager - il n'est dû ni à une
élection américaine ni à quelque catastrophe. Les raisons
de la scission transatlantique sont profondes, anciennes et sans doute
durables. Lorsqu'il s'agit de fixer des priorités nationales,
d'identifier les menaces, de définir les défis à relever
et d'élaborer et mettre en oeuvre une politique étrangère
et une stratégie de défense, les Etats- Unis et l'Europe
empruntent des voies différentes 123(*)».
L'économie américaine est de plus en plus
dépendante des matières premières, ainsi les offres,
politiques, économiques et commerciales, faites aux pays de la
région, rendent cette présence plus offensive que les tiers ne
peuvent arrêter, les Etats-Unis trouvent dans certains pays de la
région des alternatives en terme d'approvisionnement de pétrole
surtout, pour des questions de diversifications, au sein de la politique
étrangère américaine il s'agit de stratégie
énergétique capitale pour l'économie américaine
pour les prochaines décennies, leur fournisseurs classiques connaissent
un ralentissement en terme de production, l'Irak pour cause de guerre, l'Iran
pour des raisons idéologiques et de contentieux sur les armes de
destructions massives l'Arabie saoudite pour des raisons d'émancipation
des Etats-Unis, elle cherche à établir un cadre de
coopération avec la Chine le concurrent américain pour les
prochaines années, en Afrique la Chine centre ses efforts sur
l'établissement d'un partenariat stratégique avec l'Afrique, en
terme énergétique pour alimenter son économie et sa
croissance. Il reste la lutte anti terroriste, la raison initiale et officielle
évoquée par la diplomatie américaine à leur
présence, comme on l'a vu dans la première partie, il s'agit
d'une raison « hypertrophiée » qui ne
mériterait pas une telle « sur-dimension » que lui
donne les américains ainsi que leurs alliés régionaux,
tous les deux trouvent leur compte dans cette affaire.
Enfin l'OTAN, structure militaire qui opère en
Méditerranée, est une structure dominée par la conception
américaine de la défense et ils (Etats-Unis) la commandent selon
les intérêts qui sont les leurs.
2- Raisons maghrébines
à l'acceptation de cette présence
Les Etats maghrébins ont le sentiment qu'avec
l'élargissement de l'Union Européenne vers l'est, l'Europe semble
se désintéresser de la rive sud de la Méditerranée
et les frontières de l'Europe semblent se verrouiller. On assiste alors
au renforcement des relations bilatérales et à la dilution de la
priorité méditerranéenne de l'Union Européenne,
selon Dorothée Schmitt il sera question à l'avenir de relations
bilatérales étroites entre les Etats du sud et les Etats membres
de l'Union Européenne, en premier chef la France.
D'autre part l'éventail des offres américaines
faites aux pays de la région accélère leur
adhésion, l'accord de libre échange avec le Maroc,
éminemment politique, l'attribution du statut «allié
majeur non OTAN 124(*)» à ce dernier, la coopération au
niveau militaire avec l'Algérie, le rétablissement des relations
diplomatiques avec la Libye. Par ailleurs la présence des
américains est même demandée par les Etats de la
région pour faire contrepoids à l'Union européenne qui a
tendance à intervenir dans leurs affaires125(*). Une intervention
attentatoire à leur souveraineté ainsi qu'aux équipes
dirigeantes à l'oeuvre, le cas notamment de l'Algérie et de la
Tunisie.
L'Europe est rarement en mesure de parler d'une seule voix
dès qu'il s'agit de problèmes majeurs de politique
extérieure, a fortiori méditerranéens. Sur la
question du Sahara, seuls les Etats-Unis, du fait de leur
« neutralité active » osent prendre des initiatives
pour tenter de résoudre le contentieux entre Maroc, le Polisario et
l'Algérie, la libération des 404 soldats marocains prisonniers
du Polisario, l'arbitrage américain dans la crise entre le Maroc et
l'Espagne autour de l'îlot de Perejil. A défaut d'une vision
commune du contentieux, les pays européens, la France et l'Espagne,
s'impliquent dans le conflit selon leurs intérêts nationaux
respectifs. Cela paralyse leur action au plan international.
Cependant et comme je l'ai souligné auparavant, du fait
que les problèmes du terrorisme, et de tensions entre les Etats de la
région se ne résolvent pas que par des moyens militaires mais
aussi par le volet économique, social et politique, l'Europe reste un
acteur majeur appelé dans les années à venir à
jouer un rôle clé dans la zone. La proximité et l'histoire
commune qui lient les deux rives, faite de rapprochement et de conflit,
d'attirance et de rejet, impose une approche commune de la
sécurité entre les deux partenaires.
Conclusion
Le sujet de mon mémoire étant d'examiner la mise
en place de la coopération militaire, sécuritaire et politique
des Etats-Unis d'un côté et les Etats de la région de
l'autre, les logiques idéologiques et stratégiques respectives de
départ, autrement dit les bénéfices et les
intérêts que peut procurer la mise en commun des potentiels
disponibles pour affronter une question d'ordre stratégique, j'ai pu
faire le constat de plusieurs points importants que je vais récapituler
dans ce qui suit.
Tout au long de mon étude, j'ai essayé de mettre
en exergue la NSS et son rôle fondamental dans la reformulation du
replacement stratégique militaire américain, à travers le
monde, en particulier en Afrique du Nord, d'une part cela m'a permis de
comprendre, l'engagement profond des Etats de la région dans la guerre
globale, menée contre le terrorisme par les USA à tout point de
vue, politique sécuritaire et militaire.
D'une part cette coopération met en doute la question
des vraies ambitions américaines. L'action américaine fait
apparaître un paradoxe entre les ambitions de démocratisation
affichées et les politiques de militarisation à l'oeuvre
déployées face à des indicateurs supposés à
risque pour la région ainsi que pour la posture
géostratégique de l'Amérique.
Ensuite cette coopération avec une puissance
planétaire à été sollicitée et accueillie
dans l'enthousiasme par les Etats de la région, ceux-ci en tirent tout
le bénéfice pour leur sécurité, leur
prétention à jouer un rôle sur la scène
régionale et mondiale, mais aussi une manière
d'autolégitimation de l'élite au pouvoir face à sa
population et aux yeux du monde extérieur, l'Europe et les Etats-Unis
notamment.
Par ailleurs, le redéploiement militaire et la
présence intense des Etats-Unis dans la région se renforce sur le
plan normatif, une réaffirmation et poursuite d'un rôle encore
majeur dans les relations internationales et de leur intérêts.
Le fait que le terrorisme soit un ennemi
déterritorialisé, constitue un grand levier pour les Etats-Unis
dans la poursuite des objectifs stratégiques
« vitaux ». Le credo de l'Administration Bush est qu'il
faut « aller chercher les terroristes là où ils se
trouvent », en conséquencen, il faut se placer partout, pour
contrer la menace susceptible de provenir de partout, ce qui nous amène
à un paradigme sécuritaire du monde.
La mondialisation de la sécurité sous la
houlette des Etats Unis est perçue comme la seule analyse possible aux
séries d'attentats de 11 septembre et la seule solution à la
mondialisation de l'insécurité, ce qui rend obsolètes les
frontières nationales et somme les Etats à collaborer.
Encore plus sérieuse que la menace du terrorisme,
l'image des Etats Unis est de plus en plus brouillée et
érodée auprès de la population de la région. Dans
un sondage mené par l'Institut Gallup dans 9 pays à populations
majoritairement musulmane, auprès de 10 000 enquêtés
sur la question à savoir s'ils sont favorables ou défavorables
aux Etats-Unis, la réponse défavorable des sondés variait
de 33 % en Turquie jusqu'au 68 % au Pakistan les Etats-Unis sont
décrits comme un pays « arrogant »
« agressif » « suffisant »
« provocateur », et partial. Ces qualifications ne
concernent pas le peuple ou les institutions américaines, mais les
actions du gouvernement américain126(*).
Il y a un respect profond du système politique,
judiciaire, des établissements d'études supérieures
américaines, de l'esprit d'entreprise, de l'économie, les sources
de l'antiaméricanisme sont plus dues à la politique
étrangère dans les pays musulmans, leur positions
vis-à-vis de la cause israélo-palestinienne, les deux poids deux
mesures et le soutien indéfectible du premier dans quelques occasions
que ce soient. La « diplomatie publique » américaine
à du mal à redresser cette image détestable des Etats-Unis
causée principalement par une politique étrangère
jugée inique par la population de la région. Un rapport
récent Governement Accountability Office souligne en effet cet
échec127(*).
Quoique cette diplomatie publique soit basée sur un
programme colossal et sophistiqué, mis en place par l'Under
Secretary for Public Diplomacy and Public Affairs destiné à
modeler les opinions publiques mondiales et à améliorer l'image
des Etats-Unis le rapport a fait le constat d'un échec cuisant. Ce
programme comprend entre autres une campagne médiatique appuyée
par la chaîne de télévision Al Hurra et de
Radio Siwa et un magazine Hi Magazine
destiné à la jeunesse et distribué en langue arabe il est
Financé entièrement par le département d'État.
Enfin le Edward R. Murrow Journalism Program destiné
à former les journalistes étrangers à de bonnes
pratiques, telles que un traitement positif des Etats-Unis dans la presse.
C'est pour cela que les Etats-Unis devront tenir compte de cet
élément très important qui est l'image et se remettre en
question en conséquences et s'interroger sur les véritables
causes des choses. L'expansionnisme illimité de la
« violence » induite par l'omniprésence militaire
américain, la sous-traitance des « basses oeuvres »
à leurs Etats, l'appui des systèmes autoritaires ainsi qu'un sont
des facteurs de poids dans l'érosion cette image, certes non pas la
population mais du gouvernement, cependant cela déborde sur la haine de
tout ce qui est de consonance américaine.
Ces faits remettent en doute les intentions de l'engagement
américain dans leur projet de démocratisation de la
région, et de plus en plus la population se fait à l'idée
que la présence américaine n'est ni plus ni moins un pas
supplémentaire dans le projet néoconservateur de renforcer
l'empire sur le monde drapé dans des habits de démocratisation et
de libéralisation des peuples.
En ce qui concerne les pays nord africains, la
coopération, a remis en question de nombreuses avancées et les
acquis aussi minimes et relatives soient-elles, que les Etats et de la
région ont réalisés en matières de droits de
l'homme et de démocratisation128(*). D'autre part, cela a réaffirmé les
chefs des Etats de la région dans leur pouvoirs, qui
bénéficient désormais d'une
« investiture » et un soutien ferme des Etats Unis et des
pays occidentaux, au dépend d'une population, agacée par ce que
Remy Leveau appelle une « course à la soumission129(*) » et qui
reste hostile à l'image de l'Amérique arrogante, et
provocatrice130(*).
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Annexe
Figure 1 Les dépenses militaires en
2003.
Figure 2 Les effectifs militaires des Etats-Unis
(1950-2002)
Figure 3 Bases stratégiques et points de
contrôle en Méditerranée (2004) Source
Documentation française.
Figure 4 Les Etats-Unis et le reste du monde
Source La Documentation française septembre-Octobre 2003
Figure 5 Les commandements des « aires de
responsabilités » ou « Area Of
Responsibility » (AOR) Source
http://www.yes-dk.dk/YES/index.php?option=content&task=view&id=45&Itemid=72
Figure 6 Théâtre de stratégie du
Commandement des opérations spéciales Europe (SOCEUR) dans le
cadre de la Guerre Globale contre le terrorisme de l'EUCOM( commandement
militaire américain en Europe) Source
http://www.globalsecurity.org/military/ops/oef-ts-maps.htm
Tableau 5 Pan Sahel Initiative (PSI) Source
http://www.globalsecurity.org/military/ops/oef-ts-maps.htm
Figure 7 Le Grand Sahara
Figure 8 Accords de défense du continent africain
Figure 9 Le Maghreb Economique source, la documentation
française
* 1 S. Ambroise cité par
Fréderic Leriche, La politique africaine des Etats-Unis : une
mise en perspective, Afrique contemporaine Automne 2003.
* 2 Le 13 décembre 2001
le président Bush a annoncé le retrait unilatéral des
Etats unis du traité anti missile balistique ABM, signé en 1972,
le traité devait limiter l'accumulation des armes nucléaire, en
interdisant la construction de défense antimissile, le retrait de ce
traité signifie la volonté des stratèges
américains de développer leur propre projet de défense
antimissile.
* 3 National Security Strategy
of the United States of America
* 4 La National Defence
Strategy est un rapport remis au Congrès par le président
des Etats-Unis détaillant la vision stratégiques du
président américain et actualisé tout les quatre ans.
Cette tradition trouve ses origines dans la présentation, par le
président Truman en 1950, du rapport NSC-68qui portait essentiellement
sur les Etats-Unis et l'Union soviétique et préconisait la
doctrine d'endiguement qui allait dominer la guerre froide. Chaque
président à soumis depuis lors un document similaire au
Congrès. Il est rédigé par plusieurs services, le
conseiller à la sécurité nationale et l'ensemble des
Départements, qu'il s'agisse du Département de la Défense,
du Département de la sécurité intérieure
(Homeland Security) ou du Département d'Etat. Sa publication
est rendue obligatoire par la loi est rendue obligatoire par la loi
édictée en 1986 Golds Waters-Nichols, cette loi visait al
réorganisation de la défense nationale des Etats-Unis à
moyen et long terme
* 5 Les pays qui ont
participé dans l' « Opération Enduring
Freedom » comme l'a appelé les Etats-Unis sont les
suivants les pays membres de l'OTAN, le Royaume Uni, le Canada, La France,
l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, l'Australie, le Pakistan, et la
Nouvelle Zélande
* 6 Aucune disposition de la
présente charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime
défense individuelle ou collective , dans le cas ou un membre des
Nations Unies est l'objet d'une agression armée jusqu'à ce
que le conseil de sécurité ait pris les mesures
nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité
internationales les mesures prises par les membres dans l'exercice de ce
droit légitime défense sont immédiatement portées
à la connaissance du conseil de sécurité et n'affectent
pas le pouvoir et le devoir qu' a le conseil, en vertu de la présente
charte , d'agir à tout moment de la manière qu'il juge
nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la
sécurité internationale
* 7 Le principe d'une guerre
préventive consiste à stopper ce que l'Administration appelle les
« Rogues states » ou « Etats voyous »
avant qu'ils ne soient dans la capacité de développer de menacer
ou d'utiliser les Armes de Destruction Massives contre les Etats-Unis, leur
intérêts et leur alliés et pays amis. Cela devrait se faire
par le renforcement des alliances, l'établissement des nouveaux
partenariats avec les anciens adversaires, l'innovation dans l'utilisation des
forces armés, les technologies modernes y compris le
développement d'un système de défense anti missile et
l'accent doit être mis sur les renseignements. Il y a une
différence considérable entre les deux termes, à savoir la
guerre préemptive et la guerre de défense préventive,
alors la premier est une réponse à une attaque imminente ou en
cours, la deuxième sous entend que les Etats-Unis et eux seuls ont le
droit d'attaquer n'importe quel pays qu'ils estiment potentiellement dangereux
pour eux et la confusion a été sciemment entretenue.
* 8 Le NSS définit
cette catégorie comme suit : ceux qui brutalisent leurs peuples et
gaspillent les ressources nationales pour des gains personnels et
intérêts des gouvernants, ceux qui ne prennent pas en
considérations les lois internationales et menacent leur voisins ainsi
qu'ils violent les traités internationaux qu'ils signé et
ratifié, ceux qui sponsorisent le terrorisme dans le monde, enfin ceux
qui rejettent les droits humains basiques et haïssent les Etats-Unis
* 9Une loi qui limite le pouvoir
du président d'envoyer des troupes armées américaines
à l'étranger sans le consentement du congrès, elle est
censée redonner du pois au congrès en matière de politique
étrangère. En terme d'action préventive , cette loi est
contournée, puisque le président peut l'action
préventive dès l'instant qu'il estime que la
sécurité des Etats-Unis est menacée, sans en avoir la
preuve formelle et sans le consentement du Congrès
* 10 François
Géré « La nouvelle stratégie des
Etats-Unis », Institut Diplomatie et Défense, Mai 2002
http://www.diploweb.com/p5gere1.htm
* 11 La QPR 2004 prévoit
les endroits où s'effectuera ce redéploiement, selon quelles
modalités et avec quelles capacités les forces américaines
seront déployées en dehors des Etats-Unis.
* 12 Notamment en Allemagne et
les Etats prévoient de les remplacer par des nouvelles bases dans
des pays membres de l'alliance, Roumanie et les Bulgarie, ou d'autres pays
allié hors OTAN comme c'est le cas du Maroc et l'Algérie.
* 13 Qui sera réduit
d'environ 300 000 hommes
* 14 Un des aspects
essentiel de cette transformation est de mobiliser des capacités
à l'échelle mondiale notamment par le biais des lignes de
commandement, en plus des cinq commandements existants, le haut commandement
militaire américain propose la mise en place d'un centre de commandement
en charge uniquement de l'Afrique. Actuellement le continent africain tombe
sous la responsabilité du Commandement des forces américaines
basées en Europe, l'Eucom, l'US Central Command, et le Pacific
Command.
* 15 Colonel Victor Nelson, qui
a supervisé le programme pour le compte de Département de la
Défense, Bureau des affaires de la sécurité international,
in Pierre Abramovichi « United States, the new scramble
to Africa » le Monde Diplomatique, Juillet 2004
* 16 La FIDH rapporte que
depuis le début de mois de mai 2003 une vague d'arrestation a lieur
à l'encontre des dizaines de personnalités mauritaniennes, y
compris des représentants politiques du parti Nouhoud, un maire, un
représentant religieux, un magistrat, un directeur de la
bibliothèque nationale, un ancien ambassadeur, ils sont détenus
dans le secret, sans qu'aucune charge ne leur soit adressé.
* 17 Unité de
Coordination de la Lutte entre le Terrorisme, cellule anti terroriste
basée à Paris, dont le but est de mettre en commun les
renseignements sur les activistes islamistes.
* 18Les Etats -Unis sont
dépendant des matières premières stratégiques comme
le Manganèse, pour la production d'acier, le Cobalt et le Chrome vital
pour l'alliage notamment dans le domaine aéronautique, le Vanadium,
l'or, l'Antimoine, le fluorspar et le germanium pour les diamants industriels.
Le Congrès américain a déclaré que l'Afrique est
d'un intérêt vital pour les Etats-Unis.
* 19 Yahia Zoubir, The Maghreb
states and the United States after 9/11: a problematic relationship,
http://www.menavision2010.org/dokumente/tp3-studie-acht.pdf
* 20 Traduit en
français par endiguement. Le containment fur la base de la
doctrine de Truman, elle visait durant la guerre froide à empêcher
toute nouvelle extension de la zone d'influence soviétique
au-delà de ses limites atteintes en 1947
* 21 Organisation sous
régionale maghrébine composée de 5 pays fondateurs, Le
Maroc, l'Algérie, la Tunisie la Libye et la Maurétanie,
crée le 17 février 1989 lors d'une réunion à
Marrakech
* 22 Que Donald Rusfeld, lors
dans une visite dans une visite en Tunisie, appelle « lonstanding
friends and longtime partners » en référence au
Maroc, Algérie et Tunisie
* 23 Initiative proposé
et lancée par Stuart Eizenstat, sous secrétaire aux affaires
économiques des Etats-Unis, dans le but d'augmenter le volume de
commerce et d'investissement entre le pays nord africains et les Etats-Unis, et
cela par l'intégration du Marché africain en former un grand
marché, ce qui pourrait stimuler l'intérêt des entreprisses
américaines au profit de cette région. Ce partenariat concerne le
secteur privé, conditionné par quatre
éléments : 1- le renforcement du dialogue au haut niveau, 2-
un rôle accru pour le secteur privé, 3-
l'accélération des réformes structurelles dans chaque
pays, 4- démantèlement des barrières
intra-régionales qui entravent le commerce et les investissements
* 24 5 tonnes
d'équipements ont été envoyés depuis la base navale
américaine Rota, en Espagne, dans la région pour servir pour cet
effet
* 25 Le comandant des forces
américaines dans la région, le colonel Brandi Kerne.
* 26 Il y a d'autres
opérations navales, parmi lesquelles l'opération
« Active Endeavour » est d'importance
stratégique et sécuritaire. AE est un dispositif mis en place
par l'OTAN au lendemain du 11 septembre 2001 son mandat comprend la patrouille
des navires non militaire, l'objectif central étant de détecter
et décourager les activités terroristes ainsi que le transport
d'armes de destruction massive. Les pays comme le Maroc, l'Algérie et
la Tunisie participent activement à ce type de manoeuvre.
* 27 Il s'agit de la nouvelle
stratégie américaine, qui consiste à impliquer et
intégrer des pays dans la lutte contre le terrorisme. Cette
stratégie est conçue de façon indirecte par le biais du
partenariat avec les acteurs régionaux. Il est un moyen très
efficace pour tirer le meilleur parti possible des ressources militaires
* 28 M Dan Fried, sous
secrétaire d'Etat américain chargé des affaires
européennes et euro asiatiques, cité par Giullietto Chiesa ,
L'archipel des prisons secrètes de la CIA, Le Monde
diplomatique, Aout 2006
* 29 Giullietto Chiese
idem
* 30 Giullietto Chiese idem
* 31 Le rapport est consultable
sur le site internet à l'adresse suivante
http://web.amnesty.org/library/index/fraamr510512006
* 32 Le site noir, appellation
de Washington post, est un centre de détention secret géré
directement par la CIA. Au Maroc ce site est localisé à 8 Km de
Rabat au sein du siège de la DST à Temara, c'est dans ces centres
que sont détenus les prisonniers transférés par la CIA.
* 33 Le Journal Hebdomadaire
marocain affirmait, citant un ex agent marocain de la DST, que le Maroc
participé directement au programme de la sous-traitance de la torture
mis en place par la CIA et que des avions affrétés par l'agence
américaine avait effectué 10 déplacements au Maroc entre
décembre 2002 et février 2005.
* 34
http://www.wsws.org/francais/News/2006/Juin06/120606_EuropeCIA.shtml
* 35 Selon la chaine CBS qui a
diffusé une émission sur les vols secrets à destination
des alliés
* 36 Le Human Rights Watch
rapporte qu'un avion, Boeing 737, a décollé de Washington, est
passé par plusieurs pays tels que la République Tchèque,
l'Afghanistan la Roumanie, la Pologne et s'est posé à
l'aéroport de Rabat Salé le 23 septembre avant de
décoller pour Guantanamo
* 37 Sénateur suisse,
président de la commission des questions juridiques et des droits de
l'homme de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe.
* 38 L'une au niveau du Conseil
de l'Europe et l'autre au niveau du Parlement Européen
* 39 Olivier Roy
* 40 Terme utilisé par
les journaux marocains pour décrire la sous-traitance de la
détention et les interrogatoires de ces suspects, au Maroc par les
Etats-Unis quitte à le faire de manière
« musclée ».
* 41 Selon le Rapport d'Amnesty
International, les appareils de la CIA se sont posé 19 fois en Libye et
4 fois en Algérie
* 42 En référence
à l'Instance Equité et Réconciliation IER installé
par le Roi du Maroc en Janvier 2004. Composée de militants de droit de
l'homme et d'anciens détenus, sa mission est l'examen d'une
période de 43 en matière de violations de droits de l'homme, de
rétablissement de la vérité et la détermination de
la responsabilité concernant la disparition des personnes, la
détention arbitraire, la torture et mauvais traitement.
Le deuxième volet de la mission qui lui a
été assigné concerne de faire des recommandations de
réformes pour préserver al mémoire, garantir la non
répétition des violations, restauration de la confiance dans les
institutions et le respect de la règle de droit de l'homme ainsi que
l'élaboration de la politique et des programmes de réparation
* 43
Chalmers Johnson, America's empire of
bases, publié par Tomdispatch.com 15 Janvier, 2004
http://www.commondreams.org/views04/0115-08.htm
* 44 Parmi eux des milliers de
soldats de techniciens, d'enseignants et d'espions
* 45 Ce chiffre ne comprend pas
les bases temporaires en Afghanistan, en Irak et au Kosovo, Israël,
Koweït, Kirghizstan, Ouzbékistan, Qatar
* 46 Mais aussi en Australie et
en Singapour
* 47 D'autres pays comme le Sao
Tomé et Principe situé dans le Golf de Guinée, en plus de
Kenya qui a le premier signé un accord officiel avec Washington en
février 1980, cet accord a permis d'utiliser le port de Mombasa mais
aussi les terrains d'aviation pour soutenir l'intervention en Somalie entre
1992-1994
* 48 Cette base a
été exploitée pour le déploiement des avions P-3
Orion pour la surveillance aérienne et recueillera des renseignements
sur le GSCP.
* 49 L'agence
fédérale chargée d'intercepter et analyser les
communications mondiales, par téléphones Internet, réseaux
informatiques ou radio
* 50 Réseau de
surveillance planétaire américain mise en place depuis les
années 1980 par le National Security Agency (NSA), ce système
dispose d'une technologie puissante qui permet d'espionner de facon
systematique, Téléphone, fax, courriers électronique dans
le monde entier. L'existence de ce système a été
dévoilée par un chercheur néo zélandais
* 51 Sean Moir, What
Empire? the proliferation of U.S Military Bases, Issue of chronicle,
Février 2004,
http://www.chroniclesmagazine.org/Chronicles/February2004/0204Moir.html
* 52 Président des
Etats-Unis (1993-1998)
* 53 Un cercle de
réflexion émettant des idées dans le domaine de sciences
sociales, ils sont nombreux aux Etats-Unis, les frontières d'un Think
Tank se confondent avec un groupe de pression, d'un mouvement politique et un
cabinet de consultants
* 54 Courant politique aux
Etats-Unis, l'axe central de leur pensée est orientée vers la
revitalisation des valeurs patriotiques des Etats-Unis et une politique
dynamique à l'extérieur, les Etats-Unis doivent être
respectés à travers le monde et reconnus comme la nation des
droits de l'homme et de la Démocratie, un principe politique que les
néoconservateurs s'évertuant à promouvoir activement, par
la voie militaire.
* 55 Le 22 juin 2001 la flotte
américaine était composée de 22 bâtiments, 70 avions
et 7074 marins et Marines. Elle se subdivise, au niveau
opérationnel, en différentes Task Forces
* 56 Les missions de la Navy
américaine, en particulier la VIème flotte, se subdivise en deux
types, celles de temps de paix tel qu'évacuer des civils, assurer une
aide humanitaire, fournir une assistance en cas de catastrophe naturelle,
mettre en application des sanctions, combattre le trafic de drogue et soutenir
les missions de maintien de la paix.
Le deuxième type de missions, est celui de temps de
guerre, la Navy doit protéger alors les intérêts
américains et soutenir l'activité diplomatique de Washington en
projetant à terre la puissance américaine au moyen des missiles
de croisière Tomahawk, du porte-avions et des forces amphibies. Enfin la
Navy doit empêcher qu'un agresseur potentiel d'attaquer ses voisins ou de
mettre en danger les intérêts américains.
* 57Les Etats-Unis disposent de
7 flottes à travers le monde et dans des endroits stratégiques,
qui peuvent perçues au regard des défis qui se posent à
une puissance mondiale dans un monde globalisé. Le port d'attache de la
deuxième flotte est Norfolk en Virginie dans l'Atlantique, la
troisième flotte est stationnée à San Diego dans le
Pacifique. La Cinquième flotte est positionnée dans le Golfe
persique à AL Manama au Bahreïn, la Sixième flotte est
située en Méditerranée, son port d'attache est Gaeta en
Italie du sud, enfin la septième flotte est stationnée au Japon.
*
58Bénédicte Suzan, La
présence de la VIème flotte américaine en
Méditerranée, une remise en question ?, revue
Hérodote, novembre 2001
* 59 Cette école de
pensée, représentée au Pentagone par Adrew Marshall,
plaide pour une nouvelle stratégie militaire américaine qui
devrait préparer le pays à de nouveaux conflits en Asie, sans
toutefois se détourner du Golfe Persique, et implique le
déplacement des forces du commandement Europe vers le détroit de
Taiwan et la Corée du Nord, par conséquence une remise en
question de la présence des soldats américains en Europe en
contrepartie le commandement sud de l'OTAN pourrait être abandonné
à un officier européen
* 60Bénédicte
Suzan, Op.Cit
* 61Les Etats-Unis disposent
d'un amiral américain à la tête de la VIème flotte
et celle du commandement sud de l'alliance atlantique en
Méditerranée.
* 62 Bénédicte
Suzan, Op.Cit
* 63 Les cadres du
ministère de l'intérieur, pour la plupart des responsables de la
DAG (Direction des Affaires Générales) suivent des
séances de formation organisées par les agents du FBI. La Lutte
contre le terrorisme, l'extrémisme, le trafic de drogue et la
criminalité organisée dans sont les axes majeurs de la Formation
assurée par le National Academy du FBI (FBINA).
* 64 Abdellatif Mansour,
Le Maroc abritera une base militaire américaine, ce qu'on attend de
l'Amérique, Maroc-hebdo, N°566 du 11 au 17 Juillet 2003
* 65 Cité par
Algérie et l'OTAN coopération intensifiée dans la
lutte contre le terrorisme, 26 Décembre 2002
http://www.terrorisme.net/info/2002/058_algerie_coop.htm
* 66 Un partenariat
instauré par l'OTAN en 1994 avec des certains Etats de la
Méditerranée comme le Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte
Israël et la Maurétanie. Ces Etats ne sont pas membres a part
entière, mais sont des partenaires réguliers à travers le
mécanisme de Dialogue Méditerranéen. Ce
dernier permet de nouer des rapports de coopération entre l'OTAN et les
autorités militaires et civiles de ces Etats partenaires et assurent une
influence de l'Etat major US sur la politique militaire de ces Etats.
* 67Cité par
Aït-Chaâlal Mouloud, Course à l'armement au Maghreb,
Le Jeune Indépendant, 10 février 2004.
* 68L'existence de cette
base n'a pas été confirmée par aucun des responsables
des deux pays. Le sujet reste un secret défense.
* 69 Dans son
édition de Mercredi 27 Juillet 2005
* 70 Dont le cout est
estimé 700 000 dollars
* 71 Initiative qui comprend
deux volets, le premier porte sur l'aide à la
formation militaire d'élite, Capstone Joint Waefighting
Program, et le second est centré sur le tissage
d'un véritable réseau de renseignement impliquant les
armées de la coalition antiterroriste
* 72L'organisation n'est par
gouvernementale cependant elle partage de nombreux points en matière de
sécurité avec l'Administration Bush
* 73 Une organisation
nationale américaine indépendante fondée en 1982 elle
regroupe en son sein des hommes d'affaires, l'objectif est d'apporter une
approche non idéologique à la question relevant de la
sécurité nationale. L'organisation a une mission auprès de
l'Administration américaine en matière de gestion de la
défense, notamment dans le domaine de la prolifération des armes
de destruction massives et les modes de financement du terrorisme et la
sécurisation des ports
* 74 Les compagnies
pétrolières américaines ont fait compagne pour une
amélioration des relations dans l'espoir de pouvoir travailler avec la
Libye, pays qui n'a pas encore exploité totalement tout son potentiel
pétrolier. Selon les estimations de l'OPEP les réserves du pays
en pétrole sont d'environ 36 milliards de barils, et de 1314 milliards
de m3 en gaz naturel
* 75 La Libye a conclu en 2003
un accord cadre avec les familles de victimes en vertu duquel la Libye accepte
de verser 10 millions de dollars par familles, 270, soit 2,3 milliards de
dollars en tout sous réserve que les sanctions américains et des
nations Unies soient levées et que la Libye soit retirée de la
liste des Etats qui soutiennent le terrorisme.
* 76 Luiz Martinez Des
changements attendu de la Libye, CERI, Janvier 2004
* 77 Idem
* 78 Mohamed Zidane, Libye,
la fin des illusions, CERMAM, dossier N 9 Décembre 2005
http://www.cermam.org/fr/logs/dossier/libye_la_fin_des_illusions/
* 79 La fondation Kadhafi est
intervenue dans l'indemnisation des familles de victimes non américaines
de la destruction par explosif d'un avion français de l'UTA en acceptant
en le montant était de 170 millions de dollars. Elle a aussi
accepté d'indemniser les familles de deux membres de l'armée
américaine et une femme turque, victimes d'un attentat en 1986 dans la
discothèque berlinoise la Belle, le montant de cette indemnisation fut
à hauteur de 35 millions de dollars
* 80 Luiz Martinez, Chercheur
au CNRS, cité par Zaire Djouane Etat-Unis - Libye : amis pour
la vie, Afrik.com 16 Mai 2006
* 81 Dès les
années 1980 le régime de Kadhafi s'est retrouvé
confronté à des organisations fondamentalistes armées qui
compte des millions de prisonniers politiques selon Amnesty International. Le
Jihad Islamique Takfir Wal HIja « Excommunion et Exil »
dans les années 1980 et le Groupe Islamique Combattant Libyen et le
Mouvement Islamique des Martyrs durant la décennie 1990,
étaient les plus visibles de ces organisations
* 82 Tim Niblock, Irak,
Libye, Soudan, efficacité des sanctions? Politique
étrangère, 2000
* 83 Ray Takeyh, Milton
Viorist and David LMack at MEI, US-Libya Relations: A way forward?
Middle East Institute, Avril 2002.
* 84 Ce bombardement fut une
représaille de l'explosion dans une discothèque berlinoise dite
La Belle, que les Etats-Unis attribuaient à la Libye, parmi les victimes
il y avait une militaire américain.
* 85 La Belgique a
représenté durant la période 1982 2004 les
intérêts américains en Libye, cette tache consistait
à favoriser l'échange d'informations entre les deux capitales ce
qui lui valu le théâtre de manifestations anti américaines
* 86 Directeur de l'Institut
des Relations Internationales et Stratégiques à Paris
* 87 Cette reprise intervient
après plus de 20 ans de rupture due à l'invasion du Tchad par la
Libye.
* 88 Selon le journal Al-Hayat
la coopération militaire comprend la signature d'une série de
contrats d'armement et la vente d'une vingtaine de Airbus, il s'agit aussi de
la modernisation de 38 mirages F1 achetés par la Libye entre 1978 et
1980, des patrouilleurs maritimes avec des missiles navires Otomat de MBDA,
société commune de EADS, BAE Dynamics et Alenia. Le premier salon
de la défense libyenne prévu en mois de décembre 2006
à Tripoli est une opportunité pour les industriels
français, tel Dassault et ses rafales qu'il compte exposer lors de ce
salon.
* 89 Le 31 Juillet 2006
à Tripoli, une réunion a eu lieu des ministres de la
défense nationale des Etats du Maghreb.
* 90 Durant les années
quatre-vingt l'armée Libyenne a bénéficié d'un
armement considérable dont le montant des achats sera
évalué à 30 milliards de dollars. Cela ne fait pas d'elle
une puissance militaire, selon Pascal Boniface directeur de l'IRIS, vu son
budget qui n'est que de 1,2 milliards.
* 91 Voir Luiz Martinez, La
sécurité en Algérie et en Libye après le 11
septembre, Ceri, Science po, Mai 2003, Paris
* 92 Alvaro de Vasconcelos,
La nouvelle Europe et la méditerranée occidentale, Revue
de l'OTAN, Edition Web Vol.39- No° 5 Octobre 1991 p. 27-31
http://www.nato.int/docu/revue/1991/9105-06.htm
* 93 Les fournisseurs de
l'Armée en armes sont divers en première position la Russie, les
Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne l'Afrique du sud et l'Inde et la
Tchécoslovaquie. L'Armée algérienne, a conclu avec la
Russie une série de contrat de livraisons d'armes d'un montant de 2,5
milliards de dollars dans le cadre de l'accord stratégique qui lie les
deux pays depuis 2001, ces contrat portent sur des avions de combat (Sukhoy-24)
des systèmes de défense, des équipements militaires pour
l'armée de terre et la marine
* 94 Luiz Martinez, cité
par Nadia Hachimi Alaoui, La guerre est-elle possible ? Entre Alger et
Rabat, rien ne va plus Jusqu'où pourrait aller cette cris, Le
Journal Hebdomadaire, 11/10/2004
* 95 En avril 2004 le Maroc a
conclu avec les Emirats Arabes Unis un contrat de vente de quarante chars
M-19 suisses. En 2006 les Forces Armée Royales commandé chez les
Russes l'équivalent de 1 milliards de Dirhams d'équipements
militaires, 112 systèmes de défense aérienne Tunguska M1.
En Octobre le groupe Dassault a vendu 18 avions de combat Rafale au Maroc
selon le journal La Tribune, ce qui fait du Maroc le premier client
étranger du Rafale de Dassault Aviation. Le Maroc dispose d'un grand
partenariat avec les Etats-Unis qui l'approvisionne d'équipements de
communication tactique ; de pièces détachées pour les
Hercules C-130 de l'Armée de l'air.
* 96 Interview du Colonel
Mohamed Samraoui, auteur du livre Chronique des années de
sang in Les généraux algériens sont
capables de provoquer la guerre contre le Maroc, la Gazette du Maroc
http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?r=2&sr=964&n=423&id_artl=6686
* 97 Colonel algérien,
ancien des services de contre espionnage algérien.
* 98 Cité par
Algérie-Maroc, Belkhadem « Une guerre n'est pas
passible », El Watan, 11 octobre 2004, www.algeria-watch.org
* 99 Déclaration
d'Abdelaziz Bouteflika le 32 octobre 2004 par la télévision
algérienne.
* 100Abdelmohsin El Hassouni,
EL Houssaini : « le Maroc doit se préparer
militairement », Aujourd'hui le Maroc, 25-5-2005,
http://www.aujourdhui.ma/couverture-details36030.html
* 101 Sahara Occidental
Ben Bella s'aligne sur Rabat, Le Soir d'Algérie, 6 Mai 2006
http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/06/article.php?sid=37928&cid=2
* 102 Sean Moir,
op.cit
* 103Salima Mellah, Jean
Baptiste Rivoire Enquête sur l'étrange Ben Laden du
Sahara, Le Monde Diplomatique février 2005
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/MELLAH/11905
* 104 Allégement des
Etats-Unis l'embargo sur les armes à destination d'Algérie et la
vente d'équipement militaire antiterroriste
* 105 Le Polisario
contrôle militairement et administrativement, 260 000 km2 environs du
territoire du Sahara occidental, il y organise des défilés
militaires et signent des contrats de prospection pétrolières, la
frontière physique avec la zone contrôle par le Maroc est
constitué par « mur de défense » fait de
sables, érigé en 1980 sur 2700 km2 dont l'objectif au
début était de stopper les blindés du Polisario
* 106 L'appellation
« Tora » est d'origine berbère, tandis que
l'appellation « Leila » est arabe, enfin l'appellation
« Perejil » est espagnole.
* 107 En dehors de la ville
de Oujda ou les frontières sont matérialisées par des
barbelés ou des oueds, la zone sud de la frontière
algéro-marocaine n'est nullement matérialisée , dans le
meilleur des cas, un piste fait figure de frontière, ce qui est tout a
fait dérisoire et peut facilement induire au contentieux armé,
surtout dans le contexte actuel des relations bilatérales entre les
deux pays.
* 108 La presse marocaine
rapporte qu'un contrebandier marocain, alors qu'il se croyait sur le sol
marocain a été abattu par l'armée algérienne, ou
encore des bergers marocains qui ont été arrêtés par
l'armée algérienne parce qu'ils se sont retrouvés sur le
sol algérien sans le savoir
* 109 En 1979 lorsque la
Maurétanie s'est retiré de la guerre pour le contrôle de
Sahara occidental, la ville de Lagouira a été cédé
au Maroc par la Maurétanie Hassan II y a installé une zone
militaire pour trois raisons Hassan II à son tour a évacué
la zone : la localité était la cible permanente du
Polisario, elle ne comptait pas d'habitants ni d'activité
économique, enfin la présence des FAR en face de la ville
économique de Nouadhibou, ville économique mauritanienne,
constituait un risque.
* 110 Une étude,
menée en 1995, par les économistes du FMI, The peace dividen
militaray spendung cuts and economic growth, a démontré que
les coupes dans les budgets militaires ont des effets sur la croissance
économique sur le long terme, dans el cas de l'Afrique du nord
cette croissance est de l'ordre de 4% sur la période de 10 et de l'ordre
de 40 % sur une période de 50 ans
* 111 Dans un entretien du
Secrétaire Général de l'ONU diffusé à la BBC
le 4 novembre, il déclare que la situation en Irak est
« bien pire » que la guerre civile et il
reconnaît que la situation est bien plus difficile que sous la
dictature de Saddam Houssein,
* 112 Pour Kofi Annan la
vie est q pire que sous Saddam, Le Figaro, 04-12-2006
http://www.lefigaro.fr/international/20061204.WWW000000325_pour_kofi_annan_la_vie_est_pire_que_sous_saddam_.html
* 113 Cité par
Mustapha Benchenane dans, La Méditerranée, espace de
stabilité ou protectorat américain ? , Arabies,
Décembre 1996
http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=119
Sur la question de la nécessité pour la puissance
d'avoir un ennemi pour l'exercice de son hégémonie, Cf
Lionel POURTOU, L'ennemi à l'âge des conflits
asymétriques, Sociétés N° 80, 2003/2
* 114 Dictionnaire du petit
Robert
* 115 Philip Golub, Sur le
Militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre
2005.
* 116 Andrew J.Bacevich,the
New American Militarism : How Americans are seduced by War, Oxford
university Press, New york , cite par Philip Golub, Sur le militarisme
américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005
* 117 La guerre contre le
terrorisme fait gagner énormément à l'industrie d'armement
américaine. Le Budget militaire américain atteint des sommes
énormes estimé à 400 milliards de dollars et sur 30
milliards de dollars de ventes d'armes dans le monde en 2002, 45%
étaient réalisées par les Etats-Unis et leur complexe
militaro industriel
* 118 Anatol Lieven , Le
Nouveau nationalisme américain, Lattès, Paris 2005,
cité par Philip Golub in Sur le militarisme américain,
Le Monde Diplomatique, Décembre 2005
* 119 Celle-ci désigne
l'action de militariser ou d'organiser militairement
* 120 Le projet marocain de
large autonomie au Sahara sous la souveraineté marocaine, sera
prochainement soumis aux Nations Unis, est très intéressant du
point de vue des efforts pour résoudre ce conflit et déterminera
les futures négociations à ce sujet
* 121 Fouad M. Ammor De
l'environnement stratégique du Maghreb, point de vue d'un marocain,
In Le Maghreb Stratégique deuxième partie,
Collège de défense de l'OTAN, page 11-23 Avril 2006
http://www.ndc.nato.int/download/publications/op_14.pdf
* 122 Ce qui équivaut
à la somme des budgets de défense des 20 pays les plus
dépensiers du monde pour la défense Russie, Chine, Japon, Royaume
Unie, France, Allemagne, Arabie Saoudite, Italie, Inde, Corée du sud,
Brésil, Taiwan, Israël ,Espagne, Australie, Canada, Pays bas,
Turquie, Mexique, Koweït, Ukraine.
* 123 Robert Kagan, Power
and weakness, Policy Review N 113 Juin 2002
* 124 Il permet de facto la
levée de restrictions sur les ventes d'armements, il autorise
également le Maroc à disposer de l'aide financière des USA
et à se porter candidat à certains contrats militaires
américains, rechercher et programmes de développement
* 125 Les Etats voient que
le processus de Barcelone comme étant une initiative visant à
détruire les secteurs protégés et assainir
l'économie souterraine, ainsi que la menace de destruction des
réseaux clientélistes liés aux différentes
équipes au pouvoir , pour cet effet il jouent sur ce qui es
perçu comme l'antagonisme euro américain.
* 126 Cf John Waterbury,
«Hate you policies, love your Institutions, Why do they hate us
?», Foreign affairs , Janvier Fevrier 2003
* 127 Cyril Capdevielle,
La « diplomatie publique » impuissante. Aveu d'un
échec de la propagande Etats-unienne dans le monde arabe, 23 juin,
2006.
* 128Tel que
l'« Instance équité et
réconciliation » mis en place par le roi du Maroc, Mohamed VI.
Cet événement a été très
apprécié et loué aussi bien à l'intérieur
qu'à l'extérieur du Maroc. Or l'engagement de l'Etat de ce pays
dans la guerre contre le terrorisme, et la suspicion d'accueil des centres de
tortures pour le compte de la CIA écorche cette image et met à
mal la réalisation d'une vraie réconciliation ainsi qu'un
processus démocratique sain. De même qu'en Algérie le
pouvoir politique des militaires algériens se retrouve d'autant plus
renforcé que les américains ont besoin d'un allié de ce
type pour faire mener leurs guerre contre le terrorisme.
* 129Arezki Benmokhtar,
Entretien avec Remy Leveau, Maghreb-USA : course à la
soumission, L'Expression, 22-02-2004
* 130 Sondage de
l'Institut Gallup effectué entre Décembre 2001-
Janvier 2002 dans 9 pays musulmans, parmi lesquels il y a le Maroc.