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Redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord aprés le 11 septembre 2001

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par Rachid Oufkir
Université Paris VIII - Etudes Européennes et Internationales, spécialité La Construction Européenne, Option l'Europe et l'ordre International 2006
  

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    Université de Paris VIII

    Institut des Etudes Européennes

    Mémoire de Master II (2006)

    Le redéploiement militaire américain : L'Afrique du Nord après le 11 septembre 2001

    Présenté par :

    OUFKIR Rachid, Master II Construction Européenne, l'Europe et l'Ordre International

    Sous la direction de Mr. Pascal Boniface

    SOMMAIRE

    SOMMAIRE 1

    Remerciements 4

    Sigles et abréviations 5

    Introduction 7

    Première partie : Ressort de La politique étrangère américaine après le 11 septembre 2001 11

    I- La National Security Strategy (NSS) 12

    1- Soutenir les aspirations de la dignité humaine Liberté & justice 12

    2- Guerre classique et guerre moderne 13

    3- « Etats voyous » 14

    4- Renforcement des alliances 14

    5- Action préventive 15

    6- Réforme des institutions américaines de sécurité nationale 17

    II - Doctrine Bush 19

    III - Redéploiement global des forces américaines 20

    1 - Puissance américaine 20

    2 - Global Posture Review 22

    Sur le plan militaire 23

    Sur le plan politique 23

    Sur le plan opérationnel 24

    3 - Implications proches et lointaines 25

    IV - Mouvement stratégique américain vers l'Afrique 26

    1 - Historique de la coopération militaire des Etats-Unis et de l'Afrique 27

    2 - Fondement d'une nouvelle politique africaine. 28

    Ambitions hégémonistes 28

    Ambitions énergétiques 30

    Deuxième partie : Etats-Unis Maghreb 32

    I- Relations des Etats-Unis et les pays et l'Afrique du nord 33

    1- Guerre Froide 33

    2- 1990-2001 34

    3- 2001 - . 38

    II- Coopération politique 39

    1- Recomposition des alliances après le 11 septembre 40

    2- Mesures actives de prévention du terrorisme 41

    III - Coopération sécuritaire 41

    1- Opérations et manoeuvres militaires 42

    Flintlock 42

    MEDFLAG 43

    African Lion 43

    Barbary Thunder 44

    Pan Sahélien Initiative (PSI) 45

    Operation Enduring Freedom - Trans Sahara (OEF-TS) 45

    2 - Droits de l'homme et la coopération sécuritaire 46

    Système de détention 48

    Sous-traitance de la violence 49

    3- Système de Bases 52

    a- Genèse des bases américaines. 54

    b- Enjeux de la prolifération 56

    Pétrolière 56

    Sécuritaire 56

    Expansionniste 57

    4- VIème flotte et les enjeux de la présence militaire 57

    a- VIème flotte américaine et sa présence en Méditerranée 57

    b- Débat stratégique américain 58

    Poids de la Navy 60

    Leadership américain dans la zone 61

    Défense de l'Etat d'Israël 62

    III- Coopération militaire 62

    1- Tunisie 62

    2- Maroc 65

    3- Algérie 67

    4- Libye 70

    a- Nécessité de coopération avec la Libye 72

    Manque de « visibilité » à long terme la politique américaine basée sur la force 72

    Concurrence européenne 74

    b- Aspects de cette coopération 75

    Troisième partie : La militarisation, ses conséquences possibles, et le rôle de l'Europe en Méditerranée 77

    I- Y a-t-il un risque de conflit armé ? 78

    1- Militarisation de l'Afrique du Nord 78

    2- Enjeux de cette militarisation 79

    3- Contentieux actuels pouvant servir de débouchés du potentiel militaire 82

    4- Conflit entre la demande « sociale » intérieure et l'offre « militaro sécuritaire » extérieure 85

    5- Alternatives pour dépasser le statut quo 88

    II- Europe face aux défis méditerranéens 89

    1- Rivalité euro-atlantiste 91

    2- Raisons maghrébines à l'acceptation de cette présence 94

    Conclusion 96

    Bibliographie 99

    Annexe 101

    Remerciements

    Je tiens à remercier tout particulièrement mon directeur de recherche, Mr Pascal Boniface, pour avoir accepter de diriger mon mémoire. Je tiens également à remercier de l'Institut des Etudes européennes pour la qualité des enseignements.

    Sigles et abréviations

    ACRI African Crisis Response Initiative

    ADM Armes de Destruction Massives

    AMDH Association Marocaine des Droits de l'Homme

    Cen-Sad Communauté des États sahélo-sahariens

    CIA Central Intelligence Agency

    CSCE Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe

    CSCM Conférence pour la sécurité et la coopération en Méditerranée

    CSIS Center for Stratégique et International Studies

    CSL Cooperating Security Locations

    DGSN Direction Générale de la Sûreté Nationale

    FIS Front Islamique Armé

    FMF Foreign Military Finance

    FOS Forward Operating Sites

    GSPC Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat
    IMET International Military Education and Training program

    JCET Joint Combined Exchange Training

    MOB Main Operating Bases

    NPR Nuclear Posture Review

    NSA National Security Agency

    NSS National Security Strategy 

    OEF-TS Operation Enduring Freedom - Trans Sahara

    OLP Organisation pour la Libération de la Palestine

    OTAN Organisation de Traité de l'Atlantique du Nord

    PSI Pan Sahelian Initiative

    QDR Quadrennial Defense Review

    RMA Revolution in Military Issues

    SOCEUR Opérations Spéciales de l'EUCOM

    SOF Special Opérations Forces

    TSCTI Trans-Sahara Counter-Terrorism Initiative

    UMA Union du Maghreb Arabe

    USAID US Agency for International Development

    US-Eucom Commandement militaire américain basé en Europe

    Introduction

    Le 11 septembre 2001 est un tournant majeur dans la conception de la politique étrangère et de défense des Etats-Unis, la scène internationale a connu depuis de nombreuses mutations qui ont bouleversé les anciennes références géopolitiques et géostratégiques,  l'ère suivant cette date se caractérise par une conception d'ordre nouveau, de la façon dont les Etats-Unis devront traiter avec les pays alliés et des modes de gestion de la sécurité mondiale. La « Guerre Globale contre le Terrorisme » constitue la colonne vertébrale de la présence militaire américaine à travers le monde, elle permet une fuite en avant dans l'emprise sur le monde, ainsi le principe des nouvelles alliances est conditionnée par cet axe majeur de l'Administration Bush, selon que les pays du monde se situent « pour » ou « contre » cette politique. L'objectif étant de traquer et neutraliser les terroristes, de stabiliser les zones d'inquiétudes ou « areas of concern » ainsi que de parer à la prolifération de nouvelles sources de la violence, plus diffuse, l'Administration Bush développe, pour cet effet, le concept de « guerre préventive », jugée très efficace pour échapper aux contraintes du droit international, cette guerre de genre nouveau a permis aux Etats-Unis d'amplifier le redéploiement de leur forces militaires à travers le monde, par l'accroissement des dépenses en matière de défense et la multiplication des champs d'intervention des forces militaires, sous forme de maillages de bases sur chaque continent (environs 700 au total, les Etats-Unis exclus), d'assistance militaire, de coopération, de partenariat, un demi million de soldats, d'espions, de techniciens, d'enseignants, de subordonnés, d'entrepreneurs civils sont déployés à l'étranger etc. Aujourd'hui, le nombre de pays où les Etats-Unis sont présents militairement, est de 135, c'est-à-dire 70% des pays du monde.

    Dans ce mémoire il ne s'agit pas d'une étude de plus de la présence américaine outre-mer, cependant ces indications permettent d'avoir une idée sur l'ampleur de cette prolifération et aident à saisir les enjeux en question en Afrique du nord.

    L'Afrique du nord, un point stratégique important, appelé dans les années à venir à jouer un rôle international, pour des raisons de sa richesse énergétique, de son emplacement géostratégique, enfin son appartenance au monde dit arabo-musulman, source d'inquiétude pour l'Occident, à la tête duquel les Etats-Unis ainsi que leurs valeurs sont visés.

    De même depuis longtemps l'Afrique, surtout sahélienne, était perçue comme un problème européen qu'un problème américain1(*) mais de plus en plus les Etats-Unis sont de retour sur le continent. Officiellement la présence américaine était modeste et limitée à 300 militaires et aucune base militaire pérenne sur place, cependant avec le remaniement du contexte géopolitique, l'intérêt des américains pour l'Afrique, du Nord et sahélienne, se confirme de plus en plus. D'un terrain d'affrontement pendant la guerre froide, cette zone est devenue un terrain dont l'enjeu économique s'affirme comme primordial.

    Pour mieux se rendre compte de ce mouvement américain envers l'Afrique, notamment l'Afrique du nord et la zone sahélienne, il importe au préalable de passer en revue l'aspect doctrinal de la politique étrangère et de défense américaine, et la mutation qu'a subi l'organisation de l'armée américaine à l'étranger, enfin les caractéristiques de cette refonte globale, et bien évidement les coopérations militaires avec les pays de la région.

    Avec la National Security Strategy (NSS) de septembre 2002, un cadre nouveau a été prévu pour refaçonner l'organisation de l'armée outre-mer pour l'adapter aux défis nouveaux qui se posent à la sécurité internationale. On mise sur la technologie et la maximisation de la mobilité du personnel militaire, du perfectionnement de commandement, et le développement de la logistique etc.

    Ensuite il est question de mesurer les mutations et les ruptures dans les orientations américaines envers le Maghreb et il m'a semblé intéressant de tracer l'évolution des relations bilatérales car elle est déterminante et nous permet de comprendre les relations présentes, à tout point de vue entre les Etats-Unis et les pays du Maghreb et étudier la coopération avec les Etats de ces pays, au niveau politique, militaire et sécuritaire. Depuis le 11 septembre la force militaire se décline dans la région par la présence de la sixième flotte, le prépositionnement en mer d'une brigade de Marines, la multiplication d'exercices conjoints, l'aménagement consécutif de bases et de ports nord-africains en vue de leur éventuelle utilisation en cas de conflit, et la formation de militaires aux Etats-Unis dans le cadre, entre autres, du programme Imet (International Military Education and Training Program).

    Enfin il s'agit de traiter de la question de la militarisation de la zone et la place de l'Union Européenne dans la définition d'une politique sécuritaire commune, ainsi la rivalité américano européenne.

    Le choix du titre peut prêter à confusion, en effet le redéploiement militaire américain ne signifie nullement que les américains sont présent en Afrique du Nord pour des raisons de guerres qui risquent de mettre la région en chaos, tel que c'est le cas de l'Afghanistan et de l'Irak, il s'agit, pour ma part, dans ce mémoire de traiter de la coopération militaire et sécuritaire très offensive depuis de le 11 septembre 2001, de projets d'installations de bases dans la région, d'étudier les logiques de replacement stratégiques de Washington dans la région ainsi que des visées politiques et autres. J'ai choisi l'expression de « Redéploiement militaire », pour une raison simple que la présence de l'armée américaine en Afrique du nord s'inscrit dans le cadre du redéploiement global des forces militaires américaines, comme on va le voir dans la première partie de ce mémoire.

    Le champ d'étude de ce mémoire est l'Afrique du nord au sens large du terme y compris la zone sahélienne, mais cette dernière ne constitue pas le sujet principal que je prétends traiter, autrement dit je ne vais traiter que par occasions des Etats, comme le Mali, le Niger, et le Tchad qui constituent cette vaste région désertique où les frontières sont perméables et favorables à l'installations de trafics de tout genre et surtout le développement de cellules terroristes comme on va le voir. Cette région est importante au regard de mon sujet, la zone constitue le focus de la présence américaine dans la région, les frontières entre la zone sahélienne et ce qu'on appelle, par coutume, l'Afrique du nord ne sont pas hermétiques, au contraire il y a un continuum, par exemple l'Algérie a des frontières communes avec le Mali, le Niger et le mali, de même que la Libye possède une frontière avec le Tchad. D'autre part, je n'ai pas intégré la Maurétanie à ce champ d'étude, faute de ressources documentaires mais aussi pour des raisons de dimensions politique et stratégique de ce pays, très limitée au regard des autre Etats du Maghreb, un Etat plus faible, une population estimée à 3,1 millions d'habitants, alors que la superficie de son territoire et trois fois plus large que celle du Maroc par exemple etc....

    Pour faire ce mémoire, mes références bibliographiques proviennent essentiellement d'articles de revues spécialisées dans les relations internationales, numériques pour la plupart, et dans les langues français et anglais.

    En annexe j'ai mis une dizaine de cartes géopolitiques, de diagrammes, exprimant de manière schématique les idées avancées dans le développement de ce mémoire. Je me suis aussi appuyé sur des tableaux chiffrés pour illustrer mes idées.

    Première partie

    Ressort de la politique étrangère américaine après le 11 septembre 2001

    Dans le processus qui fait l'objet de la première partie, il s'agit de situer les options stratégiques des Etats-Unis dans leur contexte, présenter les objectifs stratégiques et les modalités d'un vaste ensemble de dispositions sécuritaires et comprendre l'argumentaire de la doctrine américaine en matière de sécurité.

    L'après 11 septembre 2001 a vu l`aggiornamento en matière de stratégie de sécurité américaine à travers les annonces du discours à la National Defense University le 1er mai 2001, du Sommet américano-russe de Crawford le 13 novembre 2001, et la dénonciation par le président Bush du Traité ABM2(*) le 13 décembre 2001. Il y a eu d'autres moments forts de la nouvelle architecture de la sécurité américaine, le premier a été la présentation de la nouvelle revue de la posture nucléaire (Nuclear Posture Review, NPR), le deuxième moment fort a été la parution, en septembre2002, de la «National Security Strategy » (NSS), et je m'attacherai dans ce qui suit, à décortiquer ce dernier, en tant que nouveau cadre stratégique et à l'articulation de 5 éléments, qui l'échafaudent.

    I- La National Security Strategy (NSS3(*))

    Le 17 septembre 2002, la Maison blanche publie la National Security Strategy 4(*), exposant et définissant une nouvelle stratégie pour la défense des Etats-Unis, de leurs intérêts dans le monde, mais aussi de leur alliés et pays « amis ». La NSS est structurée selon 5 éléments fondamentaux donnant matière à la stratégie américaine de sécurité.

    1- Soutenir les aspirations de la dignité humaine, Liberté et la justice

    Le document réaffirme que, la  « Liberté » et la « Justice » sont deux principes au centre de la stratégie de démocratisation du monde et de lutte contre les régimes tyranniques. L'Etat de droit, la liberté de culte, la liberté d'expression, une justice indépendante, le respect de la propriété privée, sont non-négociables et il convient pour cela de faire comprendre et accepter leur caractère « inéluctable » et « irrévocable ».

    Ces valeurs sont des droits pour toute personne et pour toute société, et il est indispensable de les protéger. Les Etats-Unis, seront en première ligne de la défense de ces valeurs et pour promouvoir les Droits de l'Homme, ils feront jouer leurs avantages à savoir la force militaire, et l'influence politique et économique.

    La NSS fait référence aux Etats-Unis à l'image d'une nation où la démocratie consiste dans le respect de la diversité, où des individus d'héritage et de fois différentes, peuvent vivre dans la paix, elle poursuit que l'histoire des Etats-Unis est une histoire de combat pour maintenir cet idéal de diversité, qui conjugue la liberté et l'égalité comme fondement essentiel à toute société libre et il sera de même dans la mission civilisatrice des Etats-Unis dans le monde. Ce fondement est notamment enraciné dans la déclaration de l'indépendance des Etats-Unis et guide l'action des américains dans les pires moments. Ainsi les Etats-Unis sont aujourd'hui non seulement puissants, mais aussi libres, et la société américaine est une société juste.

    2- Guerre classique et guerre moderne

    L'un des points stratégiques, importants dans ce document, est l'introduction d'une distinction entre la guerre classique et celle du 21ème siècle, la différence est notable à tout point de vue, des acteurs, des moyens, des motivations, de dimension.

    La donne a changé diamétralement au 21ème siècle, les notions de la liberté et de la justice se trouvent face à une menace de genre nouveau, et requérant l'emploi de moyens nouveaux et adéquats pour en venir à bout.

    Aujourd'hui la menace principale est le terrorisme porté par un réseau ou une « constellation » d'individus dont l'objectif est de ramener le chaos dans le monde, et cela à moindre coût et à moindre perte alors que de par le passé, de grandes armées et de grandes logistiques industrielles étaient nécessaires pour faire la guerre. Défaire cette menace est une tâche colossale et requiert la mobilisation de tout l'arsenal, militaire, juridique, et sécuritaire.

    3- « Etats voyous »

    Les Etats-Unis déclareront la guerre à ceux qui contribuent à la mise en oeuvre de cette menace y compris les Etats s'il s'avère qu'ils ont l'ambition de développer ou d'acquérir avec détermination des Armes de Destruction Massives (ADM), et plus encore, ce qui constitue une menace sérieuse pour les américains, c'est le croisement du radicalisme et des technologies, mention faite implicitement à l'Irak du temps de Saddam accusé de posséder un programme nucléaire, de la Libye avant que Kadhafi ne renonce à ses prétentions nucléaires, et à la Corée du Nord qui affirme détenir des armes nucléaires, prête à en faire usage en cas d'attaque extérieure, notamment américaine.

    4- Renforcement des alliances

    Etant donné que l'ennemi n'est pas personnifié dans un Etat ou une organisation bien précise et bien localisée géographiquement, la guerre contre le terrorisme est différente des guerres classiques, et c'est pour cette raison qu'elle doit être menée sur différents fronts, et sur une période indéfinie. La « Guerre globale contre le terrorisme » est une entreprise globale, elle est ouverte à tout le monde, elle n'est pas purement américaine. La lutte est entre celle de la terreur d'un côté et celle et de la démocratie, et de la liberté de l'autre, et il convient à chacun de se ranger derrière cette vision binaire, toute nation qui n'est pas pour un camp, elle est logiquement pour l'autre, approche décisive de l'Administration Bush dans la guerre globale contre la terreur.

    La guerre en Afghanistan est un cas d'école des avantages d'une alliance mondiale contre la terreur, les militaires des Etats5(*) du monde entier ont constitué une force de coalition, libéré le pays, et continuent toujours de chasser les Taliban et Al Qaida.

    L'Afghanistan n'est pas le seul champ de bataille contre le terrorisme, et de nombreuses cellules pullulent sur tous les continents. Il convient pour cela de coordonner les efforts avec les partenaires régionaux des Etats-Unis, et isoler les terroristes afin de bouleverser leurs organisations, leur commandement, leur communication, leurs matériels, leur support, et leurs finances.

    La coopération contre le terrorisme va aussi se mettre en place avec les organisations internationales, et les ONG, pour dévoiler le financement, geler le patrimoine, et barrer l'accès au système financier international à toute entité suspecte de soutien au terrorisme, y compris les associations de charité qui sont souvent exploitées par de terroristes.

    5- Action préventive

    Devant ces menaces, il n'est pas possible de tout protéger, et les doctrines défensives de la guerre froide sont obsolètes et inopérants face à ce genre de menaces multiformes et imprévisibles, même la notion d'autodéfense, telle que la conçoit le droit international, l'article 516(*) de la Charte des Nations Unies, reste inefficace car il est difficile de faire la preuve de l'imminence de la menace, donc ce n'est plus l'immédiateté de la menace qui compte mais c'est la réalité.

    L'action la plus adaptée aux défis de nos jours sera l' « action préventive7(*) » ( ou l'action préemptive) même si l'incertitude demeure sur le lieu et le moment de l'attaque.

    Cette action peut être menée s'il est nécessaire, car le président des Etats-Unis a la responsabilité d'assurer la défense du territoire et de sa population.

    La « guerre préventive » est un concept nouveau et un chaînon fondamental dans cette guerre et sera plus tard derrière toutes les opérations militaires américaines, notamment en Irak, mais aussi potentiellement en Iran et dans d'autres pays comptant pour des « Rogue states » ou « Etats voyous »8(*). Une page est tournée dans la conception que se font les Etats-Unis de leur sécurité. L'attaque par surprise, cette variable incertaine que toute l'histoire de la dissuasion a essayé d'éviter, devient la règle. Il ne s'agit plus d'attendre que l'ennemi attaque le premier, il faut prendre les devants, même si la immédiateté de la menace reste incertaine pourvu qu'il y ait le soupçon, il faut désormais maitriser le temps du conflit vu que l'ennemi, comme on l'a vu, est de nature nouveau : le terrorisme. Mais encore c'est le caractère imprévisible du comportement d'organisations qui n'auraient pas une rationalité équivalente à celle des (autres) Etats. Enfin ces organisations sont au carrefour du radicalisme et de technologies, ce qui rend autrement plus difficile de voir la formation de la menace.

    L'action militaire et plus précisément l'action préemptive est l'épine dorsale de la NSS, celle-ci embrasse d'autres modes d'action et fronts d'attaques comme la diplomatie, l'économie l'influence, la coopération :

    · La promotion de la libre circulation de l'information et des idées par une diplomatie publique efficace

    · Le soutien aux gouvernements modérés dans le monde musulman

    · La coopération avec les Etats pivots dans le monde

    · Enclenchement d'une nouvelle ère de croissance économique globale par le biais des marchés libres et le libre échange.

    · L'extension du cercle de développement par l'ouverture des sociétés et la mise en place des infrastructures pour la démocratie.

    · L'aide aux pays faibles

    · la lutte contre la pauvreté

    · L'implication dans le règlement des conflits régionaux les plus dangereux de la stabilité internationale.

    Le volet militaire, qui est l'objet de ce mémoire, va subir une mutation indispensable pour face à cette menace, la NSS aborde alors la réforme des institutions de défense des Etats-Unis.

    6- Réforme des institutions américaines de sécurité nationale

    Les institutions de la sécurité nationale américaine doivent être réformées, il s'agit de réaffirmer le rôle essentiel de la force militaire américaine, pour défendre les Etats-Unis, protéger le alliés et amis, dissuader la concurrence militaire future, et prévenir les menaces contre les Etats-Unis, les pays alliés et amis.

    La force militaire a pour rôle de maintenir la paix et la sécurité à travers le monde, et dans les régions dans lesquelles elle est installée. Mais il s'agit aujourd'hui de transformer la stratégie qui a prévalu pendant la guerre froide pour prévenir les menaces ennemies. Il faut focaliser la façon dont l'ennemi agira plutôt que le lieu et le temps de ces combats.

    Pour faire face à l'incertitude de la guerre de 21ème siècle et pour répondre aux défis de sécurité dans le monde, la création des bases et des stations à l'extérieur des USA est fondamentale. La NSS prévoit trois dispositifs de défense :

    · La contre prolifération

    · La gestion des conséquences

    · Procative counterprolifiration

    Procative counterprolifiration recouvre le renseignement, détection, défense passive et active, capacités de frappes antiforces. Cet ensemble devrait outiller la défense américaine, et il est fondamental pour l'action préventive. Cela suppose l'adaptation de l'équipement des forces et les entrainements. Le cycle de détection-décision-frappe doit pouvoir passer de quelques jours à quelques heures, amélioration des renseignements, la grande précision dans les frappes.

    Ces dispositifs prennent tout leur sens dans le concept de Proactive counter-prolifération, ce qui traduit la recherche de la supériorité dans tous les domaines notamment militaires et technologiques.

    Donc l'action préventive est au coeur de la démarche américaine de défense, et cela pose un problème, de mener des frappes préventives sans être certain de l'imminence de l'attaque adverse.

    La doctrine de la préemption et de la guerre contre le terrorisme ne se fonde sûrement pas sur la volonté de respecter le droit international, jugé trop contraignant et contre productif mais elle n'est pas non plus fondée sur le rejet de celui-ci au nom des intérêts. La doctrine de la préemption représente la volonté de détruire les normes internationales jusque-là admises (juridiques ou autres) pour les substituer par de nouvelles normes, censées répondre à la morale et à la force américaine dans le monde.

    La prohibition de l'utilisation de la force pour résoudre les conflits internationaux est contenue dans l'article 2 de la Charte des Nations Unies. Seules deux exceptions sont prévues : le droit de légitime défense, dans l'article 51, et l'action collective initiée par le Conseil de Sécurité sous le Chapitre VII. Or, aucune de ces deux exceptions ne couvre le droit à la guerre préventive.

    L'article 51 de la charte des Nations Unies dénie aux Etats de procéder par anticipation face à une menace qui ne serait ni imminente ni incertaine. L'action préventive, sinon balaye tous les fondements du droit international, du moins crée un conflit avec le droit international puisque les Etats-Unis dérogent à ses règles unilatéralement si nécessaire.

    Cette démarche rentre aussi en conflit avec le droit constitutionnel américain, surtout l'incompatibilité avec le War Power Act 19739(*), mais aussi rentre en conflit avec le Congrès.

    La doctrine de préemption représentent des risques stratégiques, comme le risque que certains Etats puisse utiliser le même type d'arguments, l'action préventive, contre leur voisins, le fait d'être à la fois juge et partie de la légitimité de son action rend l'action préventive plus risquée.

    La phase nouvelle, qui voit l'expérimentation et l'instauration ce que les Etats-Unis appellent une « nouvelle norme » dans les relations internationales, autrement dit l' « action préventive », prélude de la domination du monde par la force et d'une conduite de type nouveau sur la scène internationale. Cette conduite est basée sur le primat du militaire et de l'isolationnisme plus fort que de par le passé, enfin elle vise, en particulier, la refondation du monde arabo-musulman en « Grand Moyen-Orient ».

    II - Doctrine Bush : primat du militaire

    Le volet militaire de la stratégie de défense et de sécurité américaine n'as pas été établi après le 11 septembre mais bien avant, c'est-à-dire avec l'arrivée de l'équipe Bush au pouvoir, cette ambition de donner une priorité à l'aspect militaire était déjà présente. Deux facteurs ont été donnés pour expliquer cette tendance : d'une part la défense américaine a été affaiblie durant le mandat Clinton, donc il faut lui donner du renouveau, l'élection de Bush avec une maigre marge, face à Al-Gore le candidat Démocrate de l'autre mais aussi il faut voir dans la composition de l'équipe Bush un facteur explicatif de cette « poussée » du militaire. L'Administration Bush est composée de la vielle garde et de nouveaux.

    La vielle garde, ce sont ceux qui ont participé dans les Administrations précédentes, comme c`est le cas de Donald Rumsfeld, l'actuel secrétaire à la Défense, qui a été ministre de la Défense de Gérald Ford (1974-1976). Les nouveaux sont encore plus jeunes Paul Wolfowits, l'assistant du secrétaire à la Défense Mr D. Rumsfeld très dur en matière de la défense américaine. Enfin, Mme Condolezza Rice. Il s'agissait avec l'arrivée de cette Administration de reprendre, en terme de politique étrangère, tout ce qui a été fait sous le mandat Clinton 1994-2000, et il faut le refaire, mais cette fois-ci, à l'image de l'Administration Bush.

    Le budget de la défense a été porté à un niveau élevé et surtout une défense anti missile. Selon François Géré10(*), directeur de l'Institut Diplomatie & Défense, ce projet était déjà sur les plans dès l'arrivée au pouvoir de l'équipe Bush en 2000, les conséquences en étaient la mise à l'écart des traités antérieurs à la fin de l'Union Soviétiques. Pour cette Administration, la fin de la guerre froide (1947-1990) est considérée comme close, de tels traités n'on plus cours et leurs relations avec la Russie, l'héritière de l'Union soviétique, sont différentes et ont complètement changé. Les traités et les engagements sur l'arms control, c'est-à-dire les traités sur les essais nucléaires et la limitation des armements stratégiques sont des vestiges d'un passé révolu, changement de conception et de pratiques diplomatiques.

    Le gouvernement Bush prône aussi la «révolution» afin de réaffirmer l'autonomie d'action des États-Unis sur la scène internationale, en s'appuyant sur des ressources militaires et économiques considérables. L'intérêt dont fait l'objet la défense et le secteur militaire aboutit à un appel à la réforme aussi bien du Département de la Défense que des doctrines et structures des forces armées américaines et surtout à la "Révolution technico-militaire" pour faire face aux mutations de l'environnement international. De la doctrine Bush découle une ainsi une doctrine militaire, fondée sur le progrès technologique et scientifique en matière d'information, de communication, et un vaste programme de redéploiement militaire américain à l'étranger.

    III - Redéploiement global des forces américaines

    En 2004 les Etats-Unis ont annoncé une refonte globale de leurs forces dans le monde, cette refonte se traduit par une architecture et une géographie nouvelle.

    1 - Puissance américaine

    Les Etats-Unis sont une puissance globale dans tous les registres de la puissance, économie, culture, forces armées, mais l'exceptionnalité de cette hyperpuissance est encore plus considérable dans le domaine militaire, comme en attestent le redéploiement militaire à l'étranger.

    Ils disposent de :

    · Grands commandements régionaux (combattant commands)

    · 700 installations militaires à l'étranger

    · Une Capacité de projection à grande distance des moyens militaires à grande distance

    · Disposition d'un réseau de bases.

    · matériel prépositionnné et de troupes terrestres capables de se projeter en cas de crise.

    · Une maîtrise des « espaces communs », domination sans partage en matière navale aérienne et satellitaire.

    Les américains contrôlent la plupart des points de passage et des routes de transit ce qui leur permet de sécuriser les voies d'approvisionnement des matières premières et flux commerciaux

    La globalité de dispositif militaire américain est une preuve que les américains se veulent être la figure de l'ultime garantie de sécurité au niveau international et cela leur permet de consolider le système d'alliance de la guerre froide - l'OTAN- et de traduire l'engagement américain de façon concrète et durable, au point que certains pays dépendent largement de la garantie de la sécurité américaine.

    Le périmètre d'intervention de Washington s'est accru encore avec l'élargissement de l'OTAN et l'implantation au Moyen Orient.

    Ces déploiements ont acquis des rôles nouveaux, au delà des rôles traditionnels surtout dans l'après guerre froide, ainsi les militaires jouent de plus en plus un rôle politique et diplomatique dans les régions placées sous leur responsabilité. Cela tient de la profusion de leurs moyens, l'ampleur de leur présence, et le retrait de département d'Etat, financièrement malmené par les Congres. Les responsabilités des armées et la militarisation de la politique étrangère a été renforcée par l'intervention des Etats-Unis dans des opérations de maintien de la paix, dans les Balkans et au Grand Moyen Orient.

    2 - Global Posture Review

    La redéfinition des forces américaines dans le monde est un processus connu sous le nom de Global Posture Review11(*), le plus important depuis la fin de la guerre froide.

    Cette refonte doit être perçue comme une réévaluation globale de l'armée américaine, particulièrement la réorganisation du réseau de bases. Au-delà des 230 bases principales dans le monde, dont 200 sont aux Etats-Unis, les forces armées américaines disposent de 5458 installations militaires distinctes et discrètes de par le monde. Le nouveau système de positionnement militaire s'appuie sur trois types d'installations :

    · Main Operating Bases (MOB) ou « Principales Bases d'Opérations » ces bases se caractérisent par des forces permanentes de grande ampleur et une infrastructure imposante, des logements pour les familles de soldats, des écoles et des endroits de loisirs. La base aérienne de Ramstein en Allemagne et la station navale américaine de Rota, en Espagne est un exemple de ce type de base.

    · Forward Operating Locations (FOL) ou « Sites des Opérations Avancées », il s'agit des camps d'entraînement et de transit. Les forces présentes sont légères et le matériel est prépositionné. Le personnel militaire y est présent non de façon permanente mais par roulement, et il est responsable des formations et exercices auxquels participent les armées régionales. Ce Type de base est le cas de la base des forces aériennes à Incirlik en Turquie et la base américaine de camp Bonsteel au Kosovo. Les Etats-Unis ont affirmé avoir passé des accords avec des pays nord-africains pour l'installation de ce type de base, notamment le Maroc et la Tunisie et d'autres pays comme la Bulgarie et la Romanie.

    · Cooperating Security Locations (CSL) ou « Sites de Sécurité Coopérative » Ces installations sont des infrastructures quasiment vides car elles n'abritent pas les militaires américain de façon permanente, la responsabilité de les gérer incombe à des sous-traitants c'est-à-dire les pays hôtes notamment. Ces sites constituent des points d'accès vers les différentes régions en cas de crise. Certains pays africains seront concernés par ce type de sites, Ghana, Gabon et le Sénégal.

    Ces trois catégories de bases ont pour but de réduire le coût de prés de 6 milliards de dollars par la fermeture de 100 à 150 installations12(*), réduire les effectifs13(*), améliorer la réactivité des forces américaines et décliner les modes de présence en fonction des sensibilités politiques locales.

    Sur le plan militaire

    On a misé sur les technologies émergentes, en procédant à une modernisation accélérée des forces américaines inspirée de la Révolution dans les Affaires Militaires RMA (Revolution in Military Issues) rebaptisée (Transformation).

    Réformes des équipements, de l'organisation et la posture héritée de la guerre froide, un désengagement des Balkans et le rapatriement d'une partie des forces. On a mis l'accent sur les satellites, les bombardiers, les capacités de frappe et de projections à longue portée, l'Air force, et la Navy au détriment des forces terrestres.

    L'Administration américaine évoque des arguments de nature politique et opérationnels à pour justifier cette refonte :

    Sur le plan politique

    Il s'agit d'éviter les frictions et les tensions entre l'Armée américaine et les populations locales, les restrictions en matière de droit de survol, de mouvement et d'entraînement imposés aux forces américaines. Mais aussi le statut exact des militaires américains par rapport à la Cour Pénale Internationale et au système juridique des pays hôtes.

    Sur le plan opérationnel

    Pour Donald Rumsfeld, secrétaire à la Défense, il s'agit d'améliorer la rapidité de déploiement en optimisant l'emplacement des bases en se prémunissant contre d'éventuelles interdictions politiques (le veto turc de 2003).

    3 - Implications proches et lointaines

    Le plan Global Posture Review ne peut qu'avoir des répercussions surtout externes : La négociation des droits d'accès et de « basage » se fait à l'avantage des gouvernements locaux, économiquement, politiquement et stratégiquement.

    Implication accrue des USA dans la politique sur la scène politique locale, perçue comme un soutien des régimes en place et comme ennemis objectifs des mouvements d'opposition.

    Comme les pays dans lesquels les USA s'installent ne sont pas démocratiques, leur pratiques risquent fort de contredire les préférences et les idéaux affichés de la nation américaine, donc cela risque de susciter des demandes de retrait aux Etats-Unis mêmes et cristalliser l'opposition interne antiaméricaine.

    La présence américaine n'est jamais neutre, les redéploiements risquent d'impliquer les Etats-Unis dans les querelles politiques nationales, faisant de leur présence sur le terrain, à la fois un enjeu, une ressource et une cible des acteurs locaux.

    La présence américaine, enfin, poussera nécessairement les acteurs régionaux à réajuster leur calcul et cela selon deux schémas qui peuvent tous les deux être un facteur d'instabilité :

    · Soit unir leur effort contre les USA, c'est le modèle de balancing

    · Soit ils se mettront à capter les faveurs américaines, c'est le modèle de bandwagoning

    Le repositionnement militaire américain concerne en partie, et de façon intense, le continent africain14(*). Dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, l'Afrique est vue comme un repaire de « voyous » de groupes terroristes et de mafieux vus, à tort ou à raison, comme une menace pour les Etats-Unis et les Etats de la région. Par ailleurs l'Afrique est aussi un continent qui présente de grandes opportunités pour les ambitions énergétiques et hégémonistes des Etats-Unis.

    IV - Mouvement stratégique américain vers l'Afrique

    Depuis les années 1990, l'Afrique était au coeur des intentions stratégiques et diplomatiques des Etats-Unis, cet intérêt, stratégique et militaire, est plus visible et concret dans la période post 11 septembre 2002. Le 23 et le 24 Mars 2004 les chefs d'Etats-majors de pays comme le Mali, le Niger Tchad la Maurétanie, le Maroc et de la Tunisie ont pris part à une réunion au Quartier Général du Commandement de l'Armée américaine en Europe, US-Eucom, à Stuttgart, l'objet de la réunion est resté secret, mais il s'agissait de la coopération militaire dans la guerre contre le Terrorisme dans la région de Sahel, zone tampon entre l'Afrique du Nord et l'Afrique Sub-saharienne, cet intérêt est symbolisé par les visites des officiels américains dans la région, Colin Powell en 2002, le Président Bush en 2003 et la visite du sous commandant de l'US-Eucom, le Général Charles Wald deux semaines avant la réunion de Stuttgart.

    Encore plus, les Etats-Unis se sont impliqués dans des opérations militaires des pays du Sahel - le Tchad, le Niger, le Mali, l'Algérie- contre le Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), organisation figurant désormais sur la liste du Département d'Etat des organisations terroristes. De ces coopérations, de nombreuses avancées ont été réalisés, comme l'arrestation des leaders de ce group.

    Cette coopération militaire vient dans le cadre du Pan Sahelian Initiative PSI, un programme d'assistance militaire, commencé depuis 2003, son budget pour 2004 a été estimé à hauteur de 7 millions de dollars, son objectif est de combattre la contrebande, le terrorisme et le crime international. Selon officiel américain15(*), qui a supervisé ce programme, le PSI est un outil important dans la guerre contre le terrorisme, il permet de renforcer la coopération entre les pays concernés, mais aussi pour contrecarrer les terroristes, qui ont trouvé refuge au Maghreb et au Sahel, après qu'ils aient fui l'Afghanistan et l'Irak, suite au déclenchement de la guerre par les américains dans ces pays respectifs.

    Sur les 5 prochaines années les Etats-Unis vont dépenser 500 millions de dollars pour un programme anti terroriste et cela pour sécuriser ce qu'ils appellent le « dernier front » dans leur guerre globale contre le terrorisme. Certains observateurs disent que cette expansion militaire américaine aura les mêmes conséquences qu'à la Corne de l'Afrique.

    Trans-Sahara Counter-Terrorism Initiative (TSCTI) a été mise en place en juin 2006, pour fournir l'expertise militaire, les équipements nécessaires aux militaires des neuf pays de la région, considérés comme instables, et un terrain fertile pour les militants des groupes islamistes, qui cherchent à établir un camp d'entrainement sur le modèle de l'Afghanistan et de s'engager dans la contrebande, et d'autres activités illégales. L'initiative représente une amélioration importante et remplace le PSI, initié en 2002.

    1 - Historique de la coopération militaire des Etats-Unis et de l'Afrique

    Les intérêts américains pour l'Afrique, ont été rétablis après l'échec de l'intervention des Etats-Unis en Somalie de 1992-1994, et la relance de la politique américaine pour l'Afrique.

    En Mars 1999, une réunion a été tenue entre les chefs des 8 organisations régionales africaines, en plus des 83 ministres africains et leurs homologues américains. L'objectif était de renforcer le partenariat entre les Etats Unis et l'Afrique et encourager le développement économique, le commerce, l'investissement, et la réforme politique. Parmi d'autres thèmes de la réunion, il y a eu la question de terrorisme et l'accès des produits africains au marché américain. Depuis les années 1990 plusieurs initiatives ont été initiées pour la coopération stratégique et militaire, en voila les principales :

    1996 The African Crisis Response Initiative (Acri) dont l'objectif était d'accroitre les capacités des pays africains à fournir des troupes de maintien de la paix de l'ONU sur le continent africain.

    1999 The Africa Centre for Strategic Studies, crée en 1999 et basé à Washington, ce programme a été établi entre le ministère de la défense américaine et l'Afrique, il est chargé de fournir une formation aux hauts responsables chargés de la défense en Afrique

    Printemps 2002 ACRI devient ACOTA (African Contingency Operations Training and Assistance), ce programme est considéré comme l'évaluation et réajustement du programme ACRI qui a révélé un certain nombre d'insuffisances. En terme d'adaptation des formations et des équipements fournis, et en terme de focalisation sur les missions de maintien de la paix plus que sur les entrainements au combats et au soutien logistique.

    The International Military Education and Training program (IMET), ce programme est chargé de former 1500 officiers Africains. Son cout total a été estimé à 11 millions de dollars en 2003.

    Africa Regional Peacekeeping Program (ARP), ce programme entraine et équipe les troupes de certains pays africains impliquées dans des opérations de maintien de la paix. Il inclut aussi aux tactiques offensives et le transfert des technologiques militaires

    2 - Fondement d'une nouvelle politique africaine.

    Ambitions hégémonistes

    Le GSPC, la raison d'être officielle de la présence américaine au Sahara, est un groupe qui figure sur la liste de Département d'Etat des organisations étrangères qualifiées de terroristes, dont on estime compter dans ses rangs 100 membres basés en Algérie. Le groupe a été créé en 1990 pour déposer le gouvernement en place et établir un Etat d'inspiration extrémiste.

    Le groupe est accusé d'être à l'origine d'une avalanche d'attaques au Sahara l'année dernière, qui se sont soldés par la mort d'une quarantaine de morts dans le rang des militaires algériens et mauritaniens. Certains observateurs estiment que l'implication des Etats-Unis dans cette région pourrait la déstabiliser.

    Selon Jeremy Keenan, un spécialiste du Sahara à l'université de East Anglia en Angleterre, l'initiative américaine générera le terrorisme au lieu de le combattre, mais aussi générera une résistance à la stratégie et à la présence globale dans la région, il estime qu'au Sahara il n'y a pas de terrorisme, et que les autorités algériennes et américaines n'ont pas de preuve de la présence du terrorisme au Sahara. Sans le GSPC les Etats-Unis n'ont de légitimité de présence dans cette région, cela veut dire que clairement que l'ingérence américaine dans la région cache leur intérêts réel dans la région, à savoir le pétrole. Les Etats-Unis sont de plus en plus dépendants vis-à-vis du pétrole, et depuis que le président Bush l'a déclaré comme un intérêt national stratégique.

    Un rapport d'International Crisis Group, un Think-Tank basé à Bruxelles, dit que bien que le Sahara ne soit pas un creuset terroriste, les gouvernements autoritaires de la région ont profité de la « Guerre Globale contre le Terrorisme » de l'Administration Bush, pour capter les largesses des Etats-Unis et bafouer les libertés humaines des civils, c'est le cas notamment de l'ancien président mauritanien Mouayiwa Ould Sidi Taya, déposé en 2005, qui a utilisé la menace terroriste pour justifier les abus des droits de l'Homme et emprisonné des douzaines d'opposants, accusés d'être liés au GSPC16(*). Mais aussi le cas du Maroc, où les autorités ont arrêtés, suite aux attentats de Casablanca en Mai 2003, prés de 900 personnes sur la simple suspicion de lien avec les groupes islamistes radicaux.

    Lors de la mise en place de cette initiative, des Mauritaniens sont descendus dans la rue pour dénoncer les Etats-Unis, à la base de ce dispositif anti terroriste. En Somalie, les Etats-Unis sont accusés de soutenir les seigneurs de la guerre anti islamistes qui ont perdu le contrôle de Mogadiscio, au profit de la milice Djihadiste après 15 ans de mainmise sur la capitale du pays. Des opposants au programme de la CIA pensent que les seigneurs de la guerre ont exploité les craintes américaines pour convertir le pays en un paradis des terroristes, avoir un financement et des armes pour renforcer les opérations criminelles existantes sous prétexte de combattre les extrémistes.

    Les effets de cette politique, est ce qui a nourri les sentiments antiaméricains et le radicalisme islamique parmi les somaliens à la vue des américains, qui interférent dans leur affaires intérieures, et qui contribuent à déchirer le pays à force de soutenir certaines parties au conflit. Certains prédisent le même scénario au Sahara.

    Les opposants à cette initiative soutiennent que, bien que la menace du GSPC pèse sur le continent, les récents événements penchent pour dire que l'organisation même n'est plus aussi dangereuse et menaçante que le prétendent les Etats-Unis. Force est de constater les démantèlements continus de certaines cellules de ce groupe par les autorités algériennes, ainsi que l'analyse de certains qui consiste à dire que le leadership de l'organisation s'engouffre dans la déchirure.

    Même le fondateur du GSPC, emprisonné en Algérie, appelle les militants en activité de se rendre et de profiter de la loi algérienne d'amnistie, sous laquelle ils déposent les armes en échange d'une immunité contre la poursuite en justice. En février 2006, les autorités algériennes ont libérés 2200 des militants islamistes emprisonnés, sous la loi d'amnistie précitée.

    Le GSPC continue d'agir sur les compagnes algériennes mais, l'organisation a changé de cible, pour se déplacer sur le sol européen, où un réseau de cellules dormantes planifie des cibles civiles, des douzaines de suspects ont été arrêtés et de nombreux complots ont été déjoués, y compris un plan d'attentat qui vise à perpétrer des attentats similaires à ceux de 11 septembre 2001.

    Les officiels de renseignements européens et américains ont la preuve que des membres de cette organisation en Europe continuent de recruter, entrainer et financer des Djihadistes maghrébins pour aller combattre les forces américaines en Irak et en Afghanistan. Ces facteurs font d'elle l'une des organisations les plus dangereuses dans l'orbite d'Al-Qaïda, selon Jamestown Foundation, un Think-Tank basé à Washington.

    Ces cellules dormantes sont basées notamment en Italie, base de facto des opérations à destination des autres pays européens, selon Jamestown Foundation. Dans les banlieues de Milan, des activistes ont été arrêtés et des attentats déjoué, ciblant des monuments des stades de foot, des chemins de fer, le but était de faire le maximum de victimes, selon les déclarations du ministre de l'intérieur italien.

    La première cible de l'organisation en dehors de l'Italie est la France, selon L'UCLAT17(*), elle devient l'ennemi Numéro « Un » de cette organisation.la France est notamment décriée à cause de la loi de 15 Mars 2004 sur l'interdiction des signes religieux ostensibles à l'école. En Janvier 2005, 11 suspects ont été arrêtés, en septembre de la même année trois autres affiliés à l'organisation ont été arrêtés, leur objectif était de planifier le bombardement des métros parisiens.

    En Espagne aussi, des arrestations ont sévi dans les rangs du groupe combattant marocains, il est suspect d'être lié au GSPC, aux attentats de Madrid qui ont 191 victimes, mais aussi aux attentats de Casablanca en Mai 2003. Des arrestations ont été opérés en Belgique et au Pays-Bas, Angleterre enfin Canada.

    Ambitions énergétiques

    Les autres axes majeurs de la stratégie américaine en Afrique, sont au nombre de deux :

    · Accès illimité aux marchés africains, énergie et les autres ressources stratégiques.

    · La sécurisation de l'approvisionnement des matières premières.

    Les visites des officiels américains, notamment celle de Colin Powell en septembre 2002, dans certains pays producteur de pétrole, l'Angola et le Gabon, est parlant pour cet intérêt pour le pétrole africain. Les experts estiment que l'Afrique sera dans 10 ans le plus important fournisseur de pétrole après le Moyen Orient. En effet, les américains, se sont rendu compte de leur dépendance des matières premières stratégiques18(*) et ces accords militaires sont là pour jeter les bases pour la protection de leur approvisionnement.

    En Juillet 2003 une tentative de coup d'Etat, Sao Tomé et Principe, un petit Etat riche en pétrole, a déclenché l'intervention militaire américaine dans l'archipel. Trois mois plus tard, des compagnies américaines ont offert 500 millions de dollars pour explorer les eaux profondes du Gulf de Guinée, partagée par le Nigéria et Sao Tomé et Príncipe, c'est-à-dire le double de ce que ces Etats ont espéré avoir comme offre.

    Deuxième partie

    Etats-Unis Maghreb

    I- Relations des Etats-Unis et les pays et l'Afrique du nord

    D'entrée de jeu il y a une difficulté qu'il faut cerner, le titre les relations entre les Etats-Unis et le Maghreb induit en erreur et pose problème à savoir qu'en dehors d'une réalité géographique, il n'existe pas de Maghreb en tant qu'entité politique et économique et moins encore militaire, de ce point de vue chaque Etat composant cette entité présente une physionomie particulière et propre et donc des interlocuteurs différents, concurrents et adversaires, dans leurs relations avec les Etats-Unis. A leurs tours, les Etats-Unis, Selon Yahia Zoubir19(*), n'ont pas toujours perçu le Maghreb comme une entité à part entier, mais quand il s'agit de traiter avec la région, ils traitaient avec les Etats pris individuellement.

    Après la mise en perspective de cet aspect important qui apparaît non seulement dans la coopération de ces pays avec les Etats-Unis, mais avec tout les autres partenaires étrangers, notamment l'Union européenne, le chapitre II introduira les relations entre le Maghreb et les Etats-Unis non pas sous forme de relations bilatérales mais selon 3 périodes. La coopération bilatérale, surtout en matière, sécuritaire et militaires seront étudiés plus loin dans le même chapitre.

    1- Guerre Froide

    Historiquement la région attire l'attention des décideurs de la politique étrangère américaine dans la mesure où elle peut affecter la sécurité de l'Europe notamment la rêve sud et cela malgré son emplacement géographique stratégique.

    Durant la Guerre Froide les Etats-Unis cherchaient à contrer l'influence des soviétiques, offrir la protection occidentale aux Etats alliés de la région le Maroc et la Tunisie et mener une politique de Containment20(*) autour de Kadhafi. Il faut signaler que bien que l'Algérie avait un penchant de soutien des soviétiques durant la guerre froide, les Etats-Unis n'ont pas rompu leur relation surtout en matière économique, dans ce domaine leur rapport est basé sur le pragmatisme, donc ne laissaient pas leur divergence idéologique assombrir leur relations commerciales.

    Durant les années 1980 l'Administration américaine ne se souciait pas de la montée de l'intégrisme religieux que ce soit en Tunisie ou en Algérie, elle n'accordait pas non plus beaucoup d'attention au processus de démocratisation en Algérie notamment 1989-90, un rôle laissé à la France traditionnellement ancrée dans la région pour son histoire coloniale, elle focalisait plutôt l'évolution de la situation en Europe de l'Est.

    En ce que concerne l'Union du Maghreb Arabe (UMA21(*)) les USA étaient favorable à l'intégration de cette entité qui regroupe les cinq pays de la région, mais vu qu'ils ne voulaient pas que la Libye soit partie intégrante de ce regroupement, étant donné Kadhafi était perçu comme la bête noire des américains juste après l'Iran, cette attitude a fait capoter le projet de développement autant économique que politique de la région.

    De plus vu les rapports historiques entre le Maroc et les Etats-Unis, alliés stratégiques historiques, la résolution du conflit sur le Sahara reste en suspens.

    2- 1990-2001

    Après la chute du mur de Berlin, des éléments de la politique américaine vis-à-vis du Maghreb commençaient à émerger, en effet pendant cette période les Etats-Unis avaient un objectif stratégique global de libéralisation qu'ils essayer de répandre et de promouvoir partout dans le Monde, ainsi une intégration régionale sous forme de l'UMA devrait être un marché potentiellement important et attractive pour les investisseurs américains. Trois rôles ont pu être joués :

    La guerre civile algérienne a acculé les américains à prévenir une éventuelle expansion de la crise vers les deux pays voisins, à savoir le Maroc et la Tunisie, et à long terme une déstabilisation de la région tout entière dont les conséquences seraient l'enclenchement d'un flux migratoire en direction de l'Europe. Cette perspective d'un Maghreb instable due à la combinaison d'une envolée démographique, de détérioration des conditions socio-économique constituait un souci autant pour les Etats-Unis en Europe, qu'au sein de l'OTAN, dans ce contexte les USA, mais aussi la France, ont laissé libre cours à ce que les autorités tunisiennes répriment les islamistes dans des conditions contrevenant au respect des droits de l'homme.

    En ce qui concerne le Maroc, ils ont favorisé le maintien de statu quo ante sur la question de Sahara en reportant sine die l'échéance référendaire, ce qui amène les acteurs principaux sur les pieds d'égalité.

    Le second objectif des Etats-Unis était de presser le régime algérien à mettre fin à la crise politique. Durant 1993-96 les décideurs politiques américains étaient convaincus que le régime politique en vigueur aller tomber, et pour prévenir un scénario à l'algérienne, ils préféraient concevoir une politique de conciliation vis-à-vis des islamistes, seul moyen de les amener à mettre fin à la crise, cette politique favorisait à ce que le processus politique inclut aussi les forces laïques que les islamistes qui rejettent la violence.

    Certains officiels étaient certains que l'arrivée au pouvoir des islamistes était inévitable, pour maintenir leur relation avec le futur Etat, l'activisme du Front Islamique du Salut n'était pas réprimé au sein même des Etats-Unis. L'Algérie était aussi conçue comme un champ d'expérimentation d'un régime dirigé par des islamistes modérés, cela servirait l'intérêt des américains pour effacer l'image négative qu'on a d'eux dans le monde musulman d'autant plus que les Etats-Unis ont gardé leur distance vis-à-vis du pouvoir algérien dans l'espoir qu'une fois les islamistes au pouvoir, ils ne seront pas opposés aux intérêts américains dans la région.

    Cette politique, on la voit, est basée sur l'opportunisme et la conciliation entre les islamistes et le régime. Cela s'est concrétisé en 1995 lors de la plateforme de San Egidio où 6 partis de l'opposition, le FIS inclus, et le régime étaient invités pour convenir d'une base à la réconciliation nationale.

    La politique de compromis américain n'était pas la seule approche des décideurs politiques américains, ainsi au département d'Etat d'aucuns pessimistes quant à la contagion que pourrait entraîner le mouvement islamiste dans les pays voisins, par un effet de domino islamiste, en Novembre 1994 le Comité des Affaires Civils de l'Assemblée de l'OTAN a exprimé cette inquiétude dans un rapport publié a cet effet.

    Le troisième objectif des Etats-Unis était de maintenir le régime des sanctions sur la Libye mis en place depuis 1986 et celui des Nations-Unies mis en place depuis 1994 après l'affaire Lockerbie. Enfin, concernant toujours le cas de la Libye, les Etats-Unis voulaient prévenir qu'elle ne développe pas des Armes de Destruction Massive (ADM).

    Durant les années 1990, les Etats-Unis ont eu une approche coopérative en ce qui concerne le Maghreb22(*), excepté la Libye, mais tous les observateurs s'accordent sur le fait que jusqu'à 1998 les Etats-Unis n'ont pas eu de politique étrangère vis-à-vis du Maghreb, cependant les américains commencent à avoir conscience de trois choses :

    Le Maghreb est négligé dans la politique étrangère américaine, qu'il faudrait se mettre à la développer.

    Il faudrait favoriser la stabilité dans la région, pour cet effet il faut encourager le développement économique dans la région à travers des réformes. Que les Etats de la région développent une politique de coopération, notamment politique, afin de capter d'éventuels investissements américains dans la région, car les économies nationales ne pourraient pas faire face aux capitaux US.

    C'est dans ce contexte que les Etats-Unis ont lancé en1999 le partenariat économique USA Afrique du nord, ou l'initiative Eisenstat23(*). Cette initiative était perçue comme un changement et une ébauche dans la politique américaine à l'égard du Maghreb. Celui-ci n'est plus la chasse gardée de la France ou de l'Union Européenne, le marché maghrébin était assez grand pour profiter aussi bien aux Etats-Unis qu'aux européens.

    Les américains voyaient d'un bon oeil l'initiative euro méditerranéenne, car elle aide à la libéralisation des échanges, à la coopération régionale, et à la suppression des barrières douanières ; A leur tour les Etats de la région se sont lancé dans un réajustement de leur politique, tout en tenant compte de l'arrivé d'un nouvel acteur sur la scène régionale.

    Avec l'arrivée de Bouteflika an Algérie, les relations entre les deux pays ont été amélioré, dans le domaine de l'anti terrorisme précédant les événements de 11 septembre 2001, développement des relations en matière militaire, la visite des officiers haut gradés des USA ainsi que de l'OTAN en Algérie, enfin des manoeuvre conjoint des militaires américains et algériens.

    En ce qui concerne le Maroc, après la mort de Hassan II en 1999, le régime politique est devenu trop proche des Etats-Unis, et se positionne comme un rempart contre l'islamisme et l'extrémisme, ce que veulent les américains, en échange le Maroc espère recevoir un soutien de la part des Etats-Unis quant à le conflit sur le Sahara qui oppose le Maroc, à l'Algérie et le Polisario.

    Pour la Tunisie, le soutien américain du régime reste fondamental surtout pour contrer la prétendue menace islamiste.

    Quant à la Libye, les Etats-Unis lui restent encore hostile malgré ses initiatives de normaliser ses relations avec les Etats-Unis et son abandon du terrorisme, elle acquiert un statut « état voyou » aux yeux des américains.

    A l'aube de 11 septembre 2001 la présence américaine dans la région fut plus importante que jamais et ses objectifs furent formulés dans la National Security Strategy, comme on l'a vu au début du chapitre précédent.

    Ce qui est très important à remarquer, c'est que les relations Etats-Unis Algérie, ne sont plus cantonnées dans le secteur d'hydrocarbure, mais se sont étendus vers le militaire

    3- De 2001 -

    Les conséquences immédiates des attentats de 11 septembre 2001 étaient une tentative des élites en place de réaffirmer le pacte de stabilité qui les relie à l'Occident, avant tout aux Etats-Unis, dans un effort commun de lutte contre l'islamisme assimilé au terrorisme et cela en contrepartie d'un soutien politique et d'une « relégitimation » de leur pouvoir par les Etats-Unis, dont le rôle au Maghreb se voit indirectement renforcé. Ce pacte de stabilité inclut même la Libye qui a cessé de conduire sa politique classique frontale par rapport aux Etats Unis et se positionne désormais du côté des américains dans leur guerre mondiale contre le terrorisme.

    Ainsi on va voir que tous les Etats de la région ont coopéré avec les américains d'une manière ou d'une autre.

    Pour certains Etats, notamment l'Algérie et la Tunisie, la guerre mondiale contre le terrorisme constituait une « occasion d'or » au service des intérêts de leur politique intérieure mais aussi une occasion de consolider leur rapport avec les Etats-Unis.

    Le Maroc, les services secrets, notamment, a pour s a part s'est met à la poursuite des toutes les personnes suspects d'appartenir à Al-Qaëda, et éventuellement les extrader vers les USA pour un éventuel jugement.

    La Tunisie poursuit sa politique répressive contre les islamistes modérés tel que Rachid Ghannouchi, mais aussi contre tous ce qui contestent le pouvoir du régime de Ben Ali, le combat contre le terrorisme fut pour longtemps un prétexte d'or pour le régime pour mettre hors la loi toute revendication démocratique et réprimer ses auteurs qu'ils soient des islamistes ou des laïques.

    Ben Ali s'est senti conforté par le cautionnement de ses actes par les dirigeants occidentaux au nom de la lutte anti terroriste. Le défilé en Tunisie des chefs d'Etat occidentaux pour « louer la clairvoyance de la politique tunisienne », ce qui signifie la carte blanche pour une fuite en avant du tout sécuritaire : après les attentats du 11 septembre, le gouvernement a présenté à ses partenaires occidentaux une liste d'extradition des réfugiés politiques, le tribunal militaire, juridiction d'exception, s'est mis en branle, une suite de procès politiques a eu lieu, jugeant des terroristes présumés avec des dossiers vides, l'amendement de la constitution le 26 Mai 2002, la lutte anti terroriste s'est traduite par un offensif tout azimut et un recul des maigres acquis que les tunisiens avaient arrachés les années précédentes, la surveillance policière s'est accrue, les lignes téléphoniques sont sur écoute, et l'Internet est sous haute surveillance.

    L'Algérie, le 11 septembre et la lutte contre l'islam politique, ont été une occasion d'or pour justifier l'interruption du processus démocratique de 1989 qui allait voir les islamistes prendre le pouvoir, et les exactions durant la guerre civile dont les responsables ne sont autres que l'Armée donc l'Etat algérien.

    La guerre contre le terrorisme a renforcé le président ainsi que les militaires et leur a donné la légitimité de se maintenir dans le pouvoir, et pour cause, continuer leur guerre contre le terrorisme par tous les moyens, et dans l'impunité totale. Plus encore l'Etat algérien s'est mis à critiquer les Etats occidentaux, tels l'Europe, les Etats-Unis, le Canada, la France, pour avoir servi de refuge aux groupes islamistes qui ont été largement derrière la guerre civile en Algérie tels que le GIA le groupe islamique armée ainsi que le GSPC. Ils sont allés jusqu'à défendre l'idée qu'ils étaient la créature de Bin Laden.

    L'Algérie, s'est vu en droit, recevoir une assistance militaire en terme de logistique sophistiquée pour éradiquer les terroristes ainsi qu'une assistance en matière de renseignement pour pourchasser les islamistes en dehors des territoire algérien, c'est-à-dire en Europe et aux Etats-Unis, ils ont aussi demandé aux Usa de leur extrader des éléments suspects pour comparaître devant la justice algérienne.

    II- Coopération politique

    Le 11 septembre et le terrorisme international a eu un impact important sur la politique sécuritaire dans la région. Après le11 septembre 2001, l'Algérie a lié son terrorisme à celui qui a frappé les Etats-Unis, ce qui lui a procuré des avantages politiques, sécuritaires et technologiques. Cela est du fait que la menace est simplifié dans par l'invocation d'Al Qaeda à tout les coups : celui-ci devient un label englobant l'ensemble des réseaux Djihadistes internationaux, les organisations locales comme le GSPC, le Groupe Islamique Armée marocain, et d'autres militants autonomes. Du temps de la guerre civile en Algérie, le GSPC n'a eu de raisons d'existence que dans le cadre national, contre le pouvoir des militaires.

    De nombreuses mesures étaient prises par les Etats de la région concernés. La Convention de l'Union Africaine pour la lutte contre le terrorisme interdit d'assister les organisations terroristes.

    Rencontre multilatérale au sommet à Alger en septembre 2002 où il y a eu l'adoption un plan d'action contre le terrorisme (aspects policiers, judiciaires, contrôle aux frontières, échanges d'informations).

    La Communauté des États sahélo-sahariens (Cen-Sad) a organisé le sixième sommet le 14 Mai 2004, dans laquelle a été évoqué notamment la question du terrorisme, et la possibilité de coopération contre ce phénomène.

    Le Sénégal et le Maroc ont crée un cadre de coopération en matière de renseignement et de la police.

    Un centre africain d'études et de recherches contre le terrorisme, basé à Alger, a été créé fin 2004 sur l'initiative de l'Union Africaine, avec le soutien financier américain, onusien et européen.

    1- Recomposition des alliances après le 11 septembre

    Le rapprochement entre le Maroc et l'Espagne, dont les relations étaient devenues difficiles jusqu'alors du fait des questions de l'immigration clandestine.

    La mise en place de la Pan Sahelien Initiative par le Département d'Etat américain, et qui a été étendu en 2004 au Maroc, à l'Algérie et à la Tunisie. L'approche américaine a préféré de contourner la planification et le déploiement d'une forte et importante présence de troupes américaines au profit d'un déploiement de forces spéciales, plus discrètes et probablement moins coûteuses, capables de former les forces locales.

    Les Etats-Unis et l'Algérie ont développés des relations en matière de sécurité, considérés comme concurrentielles à celles entre Paris et Alger.

    Le 21 septembre 2004, à sa première intervention devant l'Assemblée Générale des Nations Unis, le Président du gouvernement espagnol, José Louis Rodrigo Zapatero, proposa la création d'une Alliance des Civilisations entre l'Occident et le monde Arabo Islamique, l'esprit de cette alliance est que la paix et la sécurité ne peuvent exister que par l'intermédiaire des Nations Unies, de la légalité internationale, des droits humains, de la démocratie, de l'État de droit et de l'égalité entre les hommes et les femmes.

    2 - Mesures actives de prévention du terrorisme

    Ces mesures sont de deux sortes :

    · Conjoncturelles, il s'agit d'empêcher qu'une situation puisse dégénérer en conflit armé sans pouvoir ou vouloir en corriger les causes profondes, le but est de rester au stade latent du conflit.

    · La prévention structurelle, il s'agit de remettre en question les origines profondes, sociales historiques d'une violence potentielle.

    Cette dernière approche reste intéressante et ambitieuse Le développement économique et social peut réduire les origines du terrorisme, chômage, sous développement, manque d'infrastructures.

    Une stricte approche sécuritaire et militaire ne se préoccupe pas du long terme. Il faut une approche combinée entre le tout-sécuritaire, policiers, militaires, et l'approché focalisée sur le développement économique, notamment celle des ONG. Entre le maillage sécuritaire antiterrorisme individuel et maillage de développement, une approche systématiquement combinée est possible. Car le problème de la violence est plus complexe donc la solution n'est pas simple.

    III - Coopération sécuritaire

    1- Opérations et manoeuvres militaires

    Les Etats-Unis ont établis, en coordination avec les pays de la région d'Afrique du nord et de Sahel, un certain nombre de programmes militaires, sous formes notamment de manoeuvres militaires. Dans ce qui suit, je vais aborder 6 types d'opérations militaires dont les objectifs différent tactiquement mais dont l'objectif central reste le même, à savoir le renforcement de l'aspect sécuritaire du continent africain, notamment dans les zones dites à risques.

    Flintlock

    A l'origine de ce programme fut (Joint Combined Exchange Training - JCET) initié en 1993 et spécifiquement mené par les forces spéciales américaines en coordination avec l'EUCOM, commandement des forces américaines en Europe. Ce programme a changé de nom pour devenir Flintlocks lorsqu'il fut étend à d'autres pays africain. L'objectif était d'améliorer les coopérations régionales et exposer les forces spéciales américaines à une variété d'expériences militaires. Ce type d'opération est conduit deux fois par an, il inclut aussi des opérations de gestion des désastres, de recherche et de secours, etc. Ces entrainements ont eu lieu dans endroits comme en Algérie, au Sénégal, et en Maurétanie.

    Objectifs de ces entrainements :

    · Permettre aux soldats des armées africaines d'améliorer leurs performances, en matière de connaissances, et d'entrainement à des tactiques plus sophistiqués et très poussée pour déloger les terroristes. L'autre la réussite stratégique de cette manoeuvre était de fédérer les armés des trois zones Maghreb Sahel et l'Afrique de l'ouest, ce qui permet de les intégrer ensemble dans la traque d'Al Qaeda

    · Arrêter le trafic d'armes, et le trafic d'humains dans la région,

    · Prévenir l'infiltration des terroristes dans les pays de la région.

    Dans le « Flintlock 2005 », 700 soldats des forces spéciales américaines ainsi que 2100 soldats des quarante pays africains ont participé aux manoeuvres pour coordonner la sécurité le long des frontières poreuses et mettre en place les patrouilles dans ces territoires incontrôlables. Les armées de Mali, du Niger, du Tchad, de la Mauritanie et de l'Algérie ainsi que les armées de Tunisie, du Sénégal, du Maroc et du Nigéria ont participé de cette opération.

    Ces exercices, axés sur l'orientation, la communication sur le terrain et l'entraînement au tir de précision, ont permis également aux Américains, chose qu'ils réfutent, de tester les capacités de défense d'armées aux logistiques différentes et aux techniques antagonistes. Sur ce plan, l'exercice qui s'est déroulé au sud des frontières algériennes a pris ancrage sur la réalité physique de la présence du groupe du GSPC, où des groupuscules salafistes affiliés, sont installés.

    MEDFLAG

    Une opération de secours humanitaire et de formation médicale, menée deux fois par an. Ces opérations se situent dans le domaine de la médecine d'urgence, de la stabilisation, des affaires publiques, et de la formation à la préparation au désastre. Et elle vise le développement de l'interopérabilité des corps médicaux de l'armée américaine et les armées de leurs alliés dans la région.

    Au Maroc cet exercice a été tenu en 2003 pour durer 2 semaines, 6-16 septembre, des pays comme la Tunisie, la Belgique, le Zimbabwe et le Gabon ont pris part ce type d'opération.

    African Lion

    Au mois d'avril 2005 les Forces Armées Royales et l'armée américaine ont organisé des entrainements conjoints sur l'intervention humanitaire, nommé « African Lion 2005 » dans la région sud de Tan Tan, au camp d'entrainement de Cap Draa, une ville situé au sud du Maroc, cet exercice est devenu annuel. Des unités médicales des deux pays, ont rejoint ces manoeuvres.

    Cependant selon la presse locale et la presse internationale, américaine, espagnole et britannique, les forces américaines aurait construit une base militaire à Tan Tan, officiellement, il ne s'agissait pas de la réalisation d'une base militaire, mais d'une mission humanitaire, qui consiste dans l'amélioration des performances des forces armées en matière de planification, de conduite des opérations dans le cadre des interventions humanitaires, l'aspect social en était la construction des écoles, des infrastructures sociales basiques, l'assistance médicale fournie aux habitants de la région par les services sociaux des deux pays, enfin la distribution des fournitures scolaires pour les enfants de la région24(*). Les responsables25(*) des deux pays ont exclut toute intention de construire une base militaire quelle qu'elle soit, et que les forces américaines partiront dès que leur exercices seront terminées. Or la présence des forces américaines a duré tout l'été, ce qui mit en doute le but humanitaire et des enjeux militaires et stratégiques se sont crédibles dans un endroit pareil.

    Le site a été choisi pour sa proximité de l'océan Atlantique, qui permet de ravitailler militairement les américains et sa proximité de Sahara Occidental, considéré par Washington comme un potentiel foyer des cadres d'Al Qaeda, qui ont fuit l'Irak et Afghanistan. Par ailleurs, il serait aussi un transit des forces américaines pour le Moyen Orient. Enfin un site idéal pour saper les intérêts français en Afrique, et exploiter les ressources de pétrole toujours inexploitées sur le continent.

    Barbary Thunder

    L'exercice consiste dans des entrainements conjoints, entre la marine américaine, US Navy et le Marine Corps, et celle des pays alliés , destinés à donner aux marines participantes une occasion pour développer une relation à travers les entrainements maritimes.

    Les entrainements se focalisent sur le développement capacités maritimes26(*), des compétences collectives de partage des renseignements, la promotion des relations bilatérales, et le partage des connaissances, d'expertise et l'expérience entre la Navy, la marine américaine, et les corps professionnels des pays nord africains ainsi les pays membres de l'OTAN.

    Ces opérations incluent l'emploi des hélicoptères des scenarios de recherche et secours, opération d'interdiction maritimes, les manoeuvres maritimes, et des exercices de communication.

    Ce type d'exercices a été mené en Juillet 2005 par les Etats-Unis et des pays de la région comme le Maroc, l'Algérie et l'Italie. Le 27 Septembre 2005 des exercices similaires ont été menés par la marine américaine, et des pays comme le Ghana, le Sénégal, la Guinée, et le Maroc.

    Ces manoeuvres maritimes, permettent aux américains d'être mieux préparés pour poursuivre les efforts de coopérations sécuritaires pour la stabilité régionale, améliorer l'interopérabilité internationale et dissuader les adversaires potentiels dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Il est vraisemblablement que ce type d'exercice a des liens étroits avec des manoeuvres, tel que le Pan Sahelian Initiative.

    Pan Sahélien Initiative (PSI)

    Cette initiative a été mis en place suite à la visite au Maroc et en Algérie, de la CIA, de Donald Rumsfeld et de Jack Straw, ministre des affaires étrangères de la Grande Bretagne dans le but de se concerter et d'oeuvrer dans les domaines de sécurité internationale et de lutte anti-terroriste. Pour cet objectif des moyens financiers ont été débloqués pour ces opérations. Mais aussi des logistiques, des équipements modernes pour le repérage, la reconnaissance, la détection et l'attaque aérienne, en renfort ces moyens, des experts militaires ont été engagés pour cet effet.

    Comme les Etats-Unis ne peuvent s'engager sur plusieurs fronts, ni engager leur troupes très éprouvés, alors ils comptent sur les Etats régionaux.

    Cependant les Etats-Unis ne se sont pas retirés pour autant, avec leur satellites espions, leur drones, des avions de reconnaissances Orion P3, les Etats-Unis pourraient mener, « intelligemment » une guerre de loin, sans avoir à déplorer des pertes, bien sûr avec l'engagement des soldats des Etats riverains, cette approche s'appelle en stratégie militaire, « disposer de troupes sur place »27(*).

    Le PSI est une initiative qui a pour but, de fournir des moyens de communication et des systèmes de vision nocturne, ainsi que des équipements radar et des renseignements, mais aussi donner une formation à destination des armées, incluant des exercices d'entrainement, le programme étant sous le commandement américain.

    Operation Enduring Freedom - Trans Sahara (OEF-TS)

    Elle est la composante militaire de l'initiative américaine de TSCTI. L'EUCOM exécute cette opération à travers des exercices militaires destinés à renforcer les capacités militaires des Etats de la région de faire régner l'ordre au fin fond de Sahara.

    Le Département de la Défense élargit son implication en allant de la participation d'une Compagnie vers la participation du Bataillon, mais d'autres agences américaines s'impliquent dans cette opération :

    L'US Agency for International Development s'implique par des initiatives d'éducation

    Le Département d'Etat et le Département de la Trésorerie s'impliquent par le contrôle de maniement d'argent dans la région.

    L'OEF-TS rentre dans le cadre des Opérations spéciales de l'Eucom (SOCEUR), pour appuyer la guerre contre le terrorisme et la rendre flexible sur le plan régional, des partenariats focalisés sur des opérations capables de détecter, dissuader et détruire les cibles dans les zones sous la responsabilité de l'Eucom.

    Ces objectifs devraient être atteints à travers deux lignes de conduite: Permettre aux pays concernés de combattre les terroristes dans leur région et Améliorer les capacités des pays partenaires pour soutenir les opérations dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Ne pas laisser les terroristes s'installer dans ces zones et traquer Al Qaeda ses réseaux, et son paradis potentiel.

    L'objectif central est d'éloigner la menace du continent européen, et isoler les opérations terroristes dans le golfe arabo-persique et faire en sorte que ces opérations terroristes n'accèdent pas aux zones de responsabilité d'Eucom.

    Ces manoeuvres ont permis aux américains de tester les capacités de défense d'armées aux logistiques différentes et techniques antagonistes.

    Toutes ces opérations sont significatifs, parce qu'elles sont une opération nécessaire pour une intervention directe en Afrique, alors que les bases, sont prévues pour des opérations de terrain de grande échelle comme les opérations de maintien de la paix.

    2 - Droits de l'homme et la coopération sécuritaire

    Le 11 septembre 2001, marque le lancement de la « Révolution impériale », celle qui impose des changements nécessaires dans les règles du jeu international, cela dit que « le système légal en place est incompatible avec la nouvelle bataille qu'exige cette guerre 28(*)» par conséquence il faut inventer de nouvelles catégories juridiques pour que chaque Etat, engagé dans la lutte contre le terrorisme, ait le droit à se soustraire au champ d'application des normes juridiques de l'avant-11-Septembre. Désormais il est « inacceptable » d'invoquer les droits de l'homme s'agissant des présumés terroristes.

    Mr R.Wexler, représentant Démocrate a réfuté avec véhémence l'objection selon laquelle les extraordinary renditions pourraient être assimilées à un terrorisme d'Etat. En somme, Abou Ghraib, la torture, Guantánamo, les extraordinary renditions et les violations des droits humains en Irak ou en Afghanistan ne seraient que de « simples bavures », des « effets collatéraux » secondaires, qui ne doivent pas être sanctionnés. Cette logique a été entamée avec l'institution, par décret, par le président Bush des tribunaux militaires d'exception, le 13 novembre 2001, qui, selon le juriste Antonio Cassese, « ont fait reculer de cinquante ans la société américaine29(*) ».

    Sur la base d'informations détenues par le président des Etats-Unis, les tribunaux militaires d'exception peuvent juger des citoyens étrangers soupçonnés d'avoir participé, ou coopéré à des actions contre les Etats-Unis, ou ayant gravement porté atteinte à leurs intérêts politiques et économiques.

    La présence d'un avocat n'est pas obligatoire, l'habeas corpus (le droit de contester la détention) est suspendu, les procès peuvent être secrets. Les preuves et les aveux obtenus sous la torture, non valables dans les procès habituels, sont ici acceptés.

    Après la décision de la Cour suprême du 29 juin de déclarer illégaux les tribunaux qui devaient juger les prisonniers de Guantánamo, le gouvernement américain tente de trouver un accord avec le Congrès pour établir un cadre de fonctionnement de ces tribunaux, tout en maintenant leur caractère d'exception30(*).

    Système de détention

    L'agence de renseignement américaine, la CIA, a mis en place un système de détention pour les individus capturés depuis le 11 septembre et soupçonnés d'être liés à Al-Qaeda, il fonctionne de la manière suivante :

    Les « proies » les plus importantes, sont détenus dans des prisons secrètes dénommés aussi « sites noirs » Thaïlande et Baie de Guantanamo.

    Les individus soupçonnés de terrorisme sans pour autant être de gros bonnets d'Al-Qaeda ont droit au programme baptisé par la CIA « extraorinary rendition » ou « transferts exceptionnels des prisonniers ». Le principe de ce programme est l'interpellation clandestine, par des agents secrets sans mandat d'arrêt judiciaire, de suspects n'importe où dans le monde, dans des pays peu regardant en matière des droits de l'homme, pour les conduire dans des prisons cachées où ils peuvent être soumis à la torture. Ces prisonniers seraient au nombre de 70 et ont été détenus au Maroc entre autres pays comme l'Egypte, la Syrie etc...

    Le Centre de Guantanamo est le dernier échelon de ce système de détention. Les prisonniers gardés dans ce centre sont appelés les « combattants ennemis » une catégorie juridique que le ministre de la Justice Alberto Gonzales a concocté dans le but de dénier aux suspects de complicité de terrorisme l'application des droits garantis par les conventions internationales.

    L'autre spécificité de la guerre contre le terrorisme est la rotation des avions mises en place par la CIA pour transférer leurs prisonniers d'un lieu de détention à un autre. Selon le rapport d'Amnesty International Etats-Unis hors des portée des radars, vols secrets pour la torture et "disparition"31(*) publié le 5 Avril 2006, les États-Unis ont eu recours à des compagnies privées de transport aérien comme sociétés écrans pour transférer de manière secrète des suspects de terrorisme entre différents lieux de détention.

    Il y a deux raisons à la démarché américaine, d'abord la CIA a profité des pratiques de l'aviation privée et des dispositions juridiques internationales telles que la convention de Chicago sur l'aviation civile qui permet aux vols privés de survoler un pays ou d'y effectuer des escales techniques avec un minimum de contrôles. Les Etats qui ont permis l'atterrissage de ce genre de vols se sont servis de cette disposition pour dissimuler les enlèvements et leur complicité des «restitutions» de la CIA avec la CIA en général. Ensuite ces pratiques secrètes font qu'« il est impossible de savoir combien de personnes ont été arrêtées ou enlevées, transférées par-delà les frontières, détenues en secret ou torturées dans [le cadre de] la "guerre contre le terrorisme"».

    Sous-traitance de la violence

    L'existence au Maroc d'un centre secret ou « site noir 32(*) », est une hypothèse33(*) d'autant plus fondée que le Maroc collabore avec les Etats-Unis en matière de lutte contre le terrorisme depuis 2001. Le cas de Mohamed Haydar Zammar est symptomatique, un ressortissant allemand d'origine syrienne soupçonné de liens avec la «cellule de Hambourg» il aurait été interrogé pendant quinze jours au Maroc en décembre 2001 conjointement par les agents de services de renseignements marocains et américains à la fin de décembre, il aurait été transféré à Damas (Syrie) à bord d'un avion affrété par la CIA. Le cas de Binyam Mohamed est édifiant sur les méthodes employées par les services marocains lors des interrogatoires des suspects de la CIA. Citoyen éthiopien, avec un permis de séjour au Royaume Uni. Arrêté au Pakistan en 2001, B. Mohamed a été livré aux américains, transféré au Maroc en 2002 dans un avion de la CIA et y passa 12 mois de détention dans des conditions épouvantables il aurait été soumis à des formes de torture des plus brutales34(*) durant sa détention lorsqu'il a refusé d'avouer son appartenance à AL-Qaeda. Enfin, il a été transféré dans la prison noire de Kaboul en janvier 2004, puis vers la prison américaine de Bagram, en Afghanistan.

    Le troisième cas remonte au décembre 2005, José Padilla, ressortissant américain, accusé par les autorités américaines d'avoir voulu actionner une bombe radioactive à Washington, le détenu risquait la peine de mort, quelques temps après et grâce à Amnesty International, il s'est révélé que les américains se sont appuyés sur les aveux de Binyam Mohamed arrachés sous la torture par les agents de services de renseignement au Maroc auquel il a été confié Padilla. Ces révélations ont obligé la justice américaine à renoncer à retenir contre le détenu le crime de « combattant ennemi » et il a été par la suite lavé de toute accusation de terrorisme par la justice américaine.

    Les escales d'avions sur le sol marocain, 17 vols au total35(*), ne sont plus secrètes pour personne36(*). Au Maroc le sujet reste tabou et les allégations Dick Marty37(*) ne provoquent guère de remous dans la classe politique marocaine, toute tendance confondue. Désormais une chape de plomb plane le sujet. La classe politique a tout fait pour éviter le sujet de peur de froisser les services secrets. Quant au premier ministre, il a rejeté en bloc les propos de Dick Marty concernant le transfert au Maroc de prisonniers à partir des lieux de détention situés en Europe. Seule l'Association Marocaine des Droits de l'Homme (AMDH), du coté de la société civile a lancé une enquête. Pour les Etats-Unis le contexte marocain est « idéal », il rend les agissements non conventionnels de la CIA possible dans ce pays. Aucune commission parlementaire n'a été lancé au niveau officiel, au contraire ce qui s'est passé au niveau européen, où deux commission d'enquête38(*) on été installé sur «l'existence de centres de détention secrets en Europe et l'utilisation d'aéroports de l'Union pour le transport de présumés terroristes et d'éventuelles complicités de pays tiers.

    Primo, en collaborant, le « Maroc veut faire plaisir aux Etats-Unis 39(*)» mais aussi se prémunir contre les attentats de Casablanca en Mai 2003 ce qui pose un problème au niveau de son opinion publique à la fois anti américaine et hostile à l'intervention en Irak. Ce qui fait que le Maroc est acculé à agir dans la clandestinité. Les Etats-Unis se désengagent de l'Europe car les protestations des opinions et des gouvernements y sont plus fortes, et mis leurs prisonniers dans des « pays-relais » moins regardant comme le Maroc, considéré comme un « dépotoir 40(*)» mais aussi le cas de la l'Algérie et la Libye41(*).

    Cet exemple illustre une « politique schizophrène » et une contradiction évidente aussi bien américaine que marocaine. D'une part les américains font la promotion de leur projet de Grand Moyen Orient dont le but central et l' « inculcation » de la Démocratie et le respect des droits de l'homme dans les pays qui composent cette vaste région dont le Maroc, et de l'autre ils sous-traitent l'usage de la torture et les méthodes répressives dans les interrogatoires dans ces mêmes pays.

    Au niveau du Maroc cette « politique schizophrène » s'illustre d'une part par le fait que l'on veut tourner les pages des « années de plomb »42(*) et de l'autre on utilise les mêmes méthodes de répressions, ce qui ternit l'image du Maroc en termes des droits de l'Homme et à cause de sa collaboration aveugle avec les Etats-Unis.

    Secundo sur le plan géostratégique le Maroc est un petit pays qui ne peut s'en passer de Washington ou lui refuser une quelconque sollicitation dans quelques matières que ce soit.

    Tercio sur le plan de l'affaire du Sahara les Etats-Unis restent un allié. La marge de manoeuvre est ténue pour le Maroc. Il y a deux risques que court le régime marocain, il s'agit du prix politique que risque de payer la monarchie vis-à-vis de son opinion publique interne et le fait de se prosterner trop devant les américains pourrait amener aux mêmes conséquences que dans le cas Iranien avec la révolution Iranienne.

    Quarto c'est une raison liée aux tensions que connaît l'appareil sécuritaire et sa relation avec la monarchie de Mohammed VI. Les sécuritaires de Hassan II ne se sentent plus en sécurité sous l'ère Mohamed VI. Donc le fait de collaborer avec les américains, ce serait une manière de chercher l'assurance-vie c'est le cas de Hamidou Laânigri, ex patron de la DST mais c'est le cas aussi de nouveau couple Ali El Himma/Ahmed Harrari.

    La coopération avec les américains a amené entre d'autres raisons à la disgrâce de ses auteurs. La démission de Hamidou Laânigri de ses fonctions à la tête de la DGSN est pertinente dans ce sens.

    Mais il y a aussi les pressions d'une opinion publique nationale qui exècre voir ses sécuritaires jouer les valets de service d'une administration américaine honnie.

    3- Système de Bases

    Dans son article43(*) un expert militaire américain Chalmers Johnson, démontre que le Pentagone est en train de tisser une toile militaire pour asservir l'humanité, ce plan là est menée sous couvert de lutte anti terroriste qui selon lui aura l'effet contraire, c'est-à-dire la stimulation du terrorisme. Dans son article il s'interroge sur la nécessité de déployer à l'étranger un demi-million d'hommes44(*), pour écouter ce que disent, télécopient ou échangent par courriel les citoyens du monde entier, y compris les américains. Pour cela l'auteur avance des chiffres. Outre ses 6.000 bases aux Etats-Unis, le Département de la Défense entretient 720 bases45(*) dans 130 pays, ce qui représente 253.288 gens en uniforme et presque l'équivalent de fonctionnaires civils de la Défense, auxquels s'ajoutent 44.446 recrutés locaux

    Il estime que le Pentagone est emporté par une volonté expansionniste, car on envisage la mise en place de 4 bases permanentes en Irak, dans d'autres pays de l'Europe de l'Est, et en Afrique du nord46(*).

    La prolifération des bases à l'étranger devient de plus en plus une source de polémique, au sein même des Etats-Unis chez certains élus de la Californie notamment, qui prônent la fermeture de ces installations et le rapatriement des soldats. Même une commission indépendante est réclamée pour formuler un programme réaliste des bases américaines

    Cette famille de bases américaines, une sorte de Cavalerie globale (Global Cavalry) qu'une institution républicaine comme The American Entreprise Institute comble d'éloges dans toutes ses études sécuritaires.

    Sur le continent africain les Etats-Unis comptent sur les accords avec les pays47(*) de la région, pour exploiter des bases locales et d'autres installations militaires en période de nécessité pour les militaires américains. Les Etats-Unis ont déjà accès aux Opérating bases en Afrique du nord et la Corne de l'Afrique pour soutenir les opérations anti-terroristes dans la région, après la 11 septembre les Etats-Unis ont reçu des permissions de Djibouti d'exploiter la base Camp Lemonier, comme quartier général de Combined Joint Task Force pour la Corne d'Afrique, une force navale multinationale menée par les Etats-Unis, qui surveille et interdit l'accès à l'océan aux terroristes mais aussi de prévenir les activités terroristes suspects dans les pays riverains, particulièrement en Somalie. Tout cela en coordination avec les 800 soldats des Special Opérations Forces (SOF) installé au camp Lemonier.

    En 2003 un accord a été signé par le président Bouteflika lors de sa visite à Washington, par cet accord, les militaires américains sont autorisés à utiliser la base aérienne48(*) de Tamanrasset, dans le sud du pays.

    Ces opérations contre la menace terroriste, et la recherche en des bases locales pour l'installation des militaires américains, c'est aussi pour le flux de pétrole, en 2003 un officiel a déclaré au Wall Street Journal « la mission clé des forces américaines [en Afrique] sera de s'assurer que les champs de pétrole nigérien, qui pourra compter pour 25% de l'importation globale des, soit sûre ».

    En Algérie les Etats-Unis prévoient d'installer une station d'écoute de la NSA 49(*)à Tamenrasset, dans le sud du pays.

    L'installation dans cette région du pays sous prétexte, selon le journal algérien, qu'il ait la prolifération de téléphones satellites, utilisés par les contrebandiers, les terroristes notables et passeurs d'armes, qui ne sont pas couverts par aucune station régionale américaine ou européenne, même le système échelon50(*) ne couvrent que partiellement cette partie du monde

    Cette partie est proche aussi de la Libye du Sahara occidental. Au Maroc, la NSA compte déjà une station d'écoute dans le nord du pays, prés de Tanger.

    Mais aussi la présence américaine dans le sud du pays permettra de sécuriser les échanges entre les compagnies pétrolières.

    a- Genèse des bases américaines.

    Les effets majeurs des dernières interventions militaires américaines étaient la prolifération des bases militaires à travers le monde. Le nombre de bases a augmenté depuis la fin de la guerre froide par un tiers, à savoir 60 bases de plus.

    Pour Sean Moir51(*) cela pourrait résulter de facteurs explicatifs :

    La prolifération est le résultat des conflits armés.

    La prolifération est une composante de la politique étrangère américaine.

    Déterminer lequel facteur des deux est le plus explicatif, S.Moir le fera après avoir tracé la genèse de l'idée de bases outre mer.

    L'idée de prolifération de bases militaires post guerre froide remonte à 1993, lorsque Dick Cheney et son sous-secrétaire à la Défense publient un rapport dans lequel ils mettaient en garde contre déclin militaire après la Guerre Froide. Dans leur stratégie de défense, il y avait la notion de « forward présence » qui requiert l'établissement d'un réseau de « forward bases » à l'intérieur de ce qu'ils appellent des « host nations » à travers le monde.

    À l'époque le projet n'a pas reçu un accueil favorable de la part du président Clinton52(*), et c'est avec l'élection du président Bush, en 2000, que va refaire surface l'esquisse stratégique contenue dans le rapport Cheney. IL s'agit d'un rapport similaire, concocté par un Think Tank53(*), le Project for a New American Century. Dans Rebuilding America's Defenses Paul Wolfowitz, declare que les forces américaines sont malpositionnés aux défis stratégiques du 21eme siècle  ``Us forces are poorly positioned to respond to toady's crisis and [the United States must] reposition US forces to respond to 21st century strategic realities by shifting permanently-based forces.»

    Il recommande alors l'établissement, par les Etats-Unis, d'un réseau de « Deployment bases » ou « forward operating » pour optimiser la portée des forces américaines, ces bases auront la mission de compléter les autres bases et fournir en matériels en temps de crise. Plus de bases en Asie de l'Est de et même en Inde, afin de surveiller la Chine, et en Amérique du sud pour compenser la perte de Panama.

    C'est le 11 septembre 2001 qui va justifier davantage la stratégie agressive contenue dans ce rapport et constituera la base de la future politique étrangère américaine.

    D'abord D. Rumsfeld qui apporté son soutien à cette approche, a dévoilé à son tour une stratégie à six points,  « Six-Step Strategy », pour la transformation de l'Armée, le deuxième point concernait la projection et maintien de la puissance outre mer. Ensuite dans une étude faite en 2003 coréalisée par Kurt Campbell, vice président du Center Strategic and Internationals Studies, l'idée d'établir des «forward bases», renommées «lilly pads», était plus élaborée encore, développe une notion nouvelle, l' « arc d'instabilité » régions à haut risque qui accueilleront ces bases, autrement dit les Etats en déliquescence, mais aussi dans les régions où règnent le radicalisme islamique, et le trafic de drogue, il s'agit notamment de l'Amérique du sud, l'Afrique, les Balkans, le Caucase, le Moyen Oriente et l'Asie du sud et celle de l'ouest.

    Cette nouvelle configuration politique ne peut fonctionner sans que les « host nations » assurent la mobilité des forces américaine c'est ce que le sous secrétaire à la défense Douglas J Feith, a expliqué en décembre 2003 devant les membres de CSIS.

    b- Enjeux de la prolifération

    Pétrolière

    Selon S. Moir, l' « arc d'instabilité » est aussi un  arc de richesses minérale et pétrolière que la presse américaine pro guerre en majorité, n'a pas évoqué par exemple pendant la guerre du golfe et cela au contraire de ce que dit le document préparé par Cheney en 1993, c'est-à-dire la propagation de la démocratie et celle d'une zone de la paix, les Etats-Unis étant les garants de la liberté et de la paix et de la stabilité.

    La « Guerre Contre la Terreur » est un concept véhiculé par les néoconservateurs54(*) et justifié par le 11 septembre pour avoir une prise dans ce qui il est appelé l' « arc d'instabilité », des Etats faible, instable et riche de ressources naturelles, entre autre le pétrole. La localisation géographique ces pays permet de vérifier cet état de fait, la plupart de ces bases sont installées Sud-est de l'Europe, le Golfe persique et l'Asie centrale.

    Ainsi après la guerre du Golfe, des grandes bases ont été laissé en Arabie Saoudite, au Bahreïn, au Qatar et aux Emirats Arabes Unies.

    Après l'intervention américaine en Somalie, les droits de bases ont été acquis dans la Mer Rouge, le port d'Aden, au Yémen, ou l'USS Cole est accosté.

    L'intervention américaine en Yougoslavie, s'est soldée par l'installation des bases en Hongrie, en Macédoine, au Kosovo, etc...

    L'intervention en Afghanistan a permis aux Etats-Unis d'implanter des bases dans le pays même mais aussi au sein des pays voisins, Ouzbékistan, Pakistan, Kirghizstan, et Tadjikistan.

    Ces bases seront appelées à se multiplier durant les années à venir dans tout l' « arc d'instabilité » c'est-à-dire de l'océan Atlantique -Maroc- jusqu'à la Mer rouge -Djibouti.

    Sécuritaire

    Pour Thomas Barnett de Naval War College, l'expansion américaine vise à sécuriser le monde en vue d'une globalisation économique et que la guerre en Irak va marquer un tournant, «[The war in Irak] will mark a historic tipping point, the moment when Washington takes real ownership of strategic security in the age of globalization.»

    Expansionniste

    D'autres critiques de la politique américaine, surtout de la gauche américaine, pensent que cela cache la montée de l'empire américain. Et cela bien que Bush et son administration réfutent l'idée que les Etats Unis soient un empire et que les américains soient des impérialistes. Tellement il y a l'absence d'une définition commune du concept d'Empire, qu'il est difficile d'arrêter un jugement sur la question.

    Au-delà des bases, l'autre question centrale qui me semble importante à aborder en terme de présence militaire en méditerranée, et donc en Afrique du nord, c'est la présence de la VI flotte américaine. La coopération dans le domaine sécuritaire dans cet espace est largement soutenue par la présence de la VIème flotte. Ancrée en méditerranée, la flotte américaine participe largement de cette guerre contre le terrorisme, par l'intermédiaire de la coopération qui la lie aux pays riverains, notamment dans le cadre du Dialogue Méditerranéen, mais cette présence est de plus en plus mis à mal, vu que la menace centrale contre laquelle elle a été a mise en place, à savoir l'URSS, n'est plus présente, étant donné la disparition de celui-ci et la fin de la guerre froide. Cependant avec l'émergence d'un ennemi nouveau, qui est le terrorisme, l'emplacement important, que constitue la méditerranée ainsi les enjeux stratégiques y afférant, d'autre part l'influence de la Navy dans la prise de décision en matière stratégique, enfin l'ambition hégémoniste des stratèges américains, refus d'accorder le commandement sud de l'Otan (AFSOUTH) à un pays européen, tous ces facteurs plaident en faveur du maintien de la VI flotte en Méditerranée.

    4- VIème flotte et les enjeux de la présence militaire

    Avant de procéder à l'analyse des termes de ce débat, un historique de la présence américaine dans la Méditerranée s'impose, pour comprendre les raisons historiques qui ont amenées les Etats-Unis à imposer leur présence, militairement parlant, dans la région.

    a- VIème flotte américaine et sa présence en Méditerranée

    Avec l'apparition de la menace soviétique, la réaction américaine fut la création de l'Alliance Atlantique, et un engagement en Méditerranée dès 1946, avec l'envoi de l'USS Missouri à Istanbul, pour rassurer les Turcs et la Grecs contre la prétention Russe. Cette flotte a pris le nom de Sixth Task Flee, ensuite elle est devenue la Sixth fleet.

    Le commandement américain55(*) disposait alors de deux porte-avions, deux croiseurs, plusieurs sous-marins, 20 destroyers et un bataillon de marines, soit 50 bateaux, 25000 marins, 200 avions.

    Sa mission principale, consistait à contrer une invasion soviétique par les Balkans. Ses missions furent aussi l'organisation de l'évacuation de 2000 civils d'Israël et d'Égypte en 1956, elle fit acte de présence durant la crise jordanienne en 1957, et soutint les interventions américaines au Liban en 1958.

    En 1964, la VIème flotte a été contrée par l'apparition de la Vème Eskadra soviétique, celle-ci dépassa en nombre la flotte américaine, ce qui a imposé un nouvel équilibre de la terreur, car les forces américaines étaient déployées sur d'autres champs de batailles, comme le Vietnam et le Golfe Persique, ce qui réduisit le format des forces américaines en Méditerranée.

    Pendant les années 1980, il y a eu un changement de cap de la VIeme flotte, désormais le point de focalisation était le Liban, la Libye et le terrorisme56(*).

    b- Débat stratégique américain

    La présence de la VI flotte57(*), déployée en Méditerranée, fait l'objet d'un débat au sein de la communauté stratégique américaine, on y retrouve trois grandes lignes des analyses58(*) :

    1- Pour la première catégorie l'environnement méditerranéen paraît relativement stable et d'autres priorités stratégiques se développent dans le golfe Persique et en Asie59(*), ce qui ne nécessiterait plus, en permanence, le déploiement d'un groupe aéronaval.

    La liberté de navigation et le libre acheminement du pétrole des champs pétrolifères de la péninsule arabique et de la mer Caspienne sont actuellement assurés.

    La Russie ne remet pas en cause le contrôle maritime par les Etats-Unis.

    La Libye n'a plus fait usage de son pouvoir de nuisance en mer depuis 1986, date du bombardement américain sur Tripoli.

    2- L'argument de la deuxième catégorie est centré sur l'inutilité de conserver un groupe aéronaval complet, pour l'engagement en temps de paix et la gestion des crises. Mobiliser un porte-avions afin d'entretenir des relations de bon voisinage, paraît coûteux pour certains analystes américains. Rares seraient les ports du Sud qui auraient la capacité de recevoir un groupe naval. Les exercices maritimes s'organiseraient, le plus souvent, autour des frégates et non pas des porte-avions.

    3- Enfin, pour la troisième catégorie, les conflits méditerranéens relèveraient dorénavant d'une logique de gestion de crise et d'opérations de maintien de la paix. Leur résolution ne devrait pas impliquer, au niveau opérationnel, l'utilisation d'un porte-avions. Dans cette perspective, le porte-avions n'exercerait pas d'action de dissuasion, comme il ne pourrait pas empêcher une escalade soudaine de la violence.

    Cependant, selon Bénédicte Suzan60(*) la projection de force est l'élément fondamental de la protection des équilibres régionaux. D'abord, en cas de crise, les Etats-Unis ne peuvent compter sur les pays arabes alliés de la région, ces pays n'ont pas les capacités de dissuasion telles que celles des américains, avec leurs porte-avions. Ensuite le déploiement d'un porte-avions semble nécessaire pour répondre à la menace que font peser les States of concern (les anciens États voyous) face aux risques de prolifération d'Armes de Destruction Massive.

    D'autre part, il y a trois autres facteurs clés qui vont dans le sens du maintien de la VIème flotte :

    Le poids de la Navy.

    Le leadership américain dans la zone.

    Défense de l'Etat d'Israël.

    Poids de la Navy

    Le maintien ou pas de cette présence militaire implique directement la Marine américaine, la Navy dispose d'un poids considérable dans la prise de décision en matière stratégique pour conserver ses acquis, surtout quand il s'agit d'une zone aussi importante que la Méditerranée, au confluent de l'Europe, l'Afrique et l'Asie.

    La Navy représente un des vecteurs essentiels du leadership américain en direction de la Russie, mais surtout vis-à-vis de l'Europe, par conséquent elle voit dans le déploiement en forward presence d'un groupe aéronaval une structure appropriée des forces. Elle refuse une évolution qui l'orienterait vers l'organisation d'une marine sur le modèle des garde-côtes alors que se développent nombre de trafics déstabilisateurs. Historiquement, la Navy représente beaucoup et les amiraux ne sont pas prêts à abandonner un commandement trois étoiles (VIe flotte). Le porte-avions est le coeur de l'identité de la Navy, y renoncer remettrait en cause le commandement méditerranéen.

    Leadership américain dans la zone

    Les américains ne peuvent céder le contrôle de la Méditerranée aux européens, alors qu'ils ont une position de leadership dans la zone, ce qui leur donne une prééminence dans la chaîne des commandements, dans la définition des objectifs politiques de l'Alliance et des missions des forces armées. La présence du groupe naval américain en Méditerranée offre aux américains une indépendance par rapport à leur engagement au sein de l'OTAN61(*). Par ailleurs, les Etats-Unis estiment qu'ils sont les seuls à disposer d'intérêts dans l'ensemble du bassin méditerranéen, alors que la France, par exemple se tourne vers l'Afrique du nord, l'Espagne au Maroc, l'Italie vers la Tunisie.

    L'idée que la Méditerranée est devenue stable est une position qui peut difficilement convaincre le Congrès surtout qu'après le 11 septembre 2001, de nouvelles menaces se profilent. Enfin, le Sénat refuserait que des moyens opérationnels puissent être employés, au combat, sous commandement non américain.

    L'idée d'une remise en question la présence en permanence d'un porte avions en Méditerranée est loi d'être la priorité62(*), cependant la situation peut évoluer vers une gestion de la flotte à temps partiel qui s'adapterait mieux à la configuration des risques méditerranéens. La Navy pourrait n'envoyer un porte-avions que deux mois par an ou lorsqu'une crise se développe. Compte tenu de la particularité des équilibres méditerranéens, une flotte réduite et flexible pourrait continuer à exprimer l'engagement américain en Méditerranée.

    Défense de l'Etat d'Israël

    Les États-Unis sont les garants de l'existence et de la sécurité d'Israël et la défense ce dernier est une des raisons fondamentales du déploiement américain, et la permanence de la présence de la VIe flotte peut être perçue comme l'avancée du soutien à Tel-Aviv (ou même comme un parapluie nucléaire). De fait, la VIe flotte représente une garantie de sécurité en termes de logistique, de renseignement et de contrôle de l'espace aérien.

    III- Coopération militaire

    1- Tunisie

    Les Etats-Unis et la Tunisie ont maintenu les représentations officielles depuis presque 1797, lors d'un traité bilatéral concernant le commerce, la navigation et l'assistance mutuelle en Méditerranée. Le premier traité qui lie les Etats-Unis et la Tunisie remonte au 1799.

    Il y a des traités de sécurité entre les deux pays, mais depuis l'indépendance de la Tunisie, dont les Etats-Unis ont été les premiers à la reconnaître, les relations entre les deux sont très proches.

    Ces relations ont connu une parenthèse à partir de 1985, lorsque le Quartier Général de l'OLP à Tunis a subi un raid aérien de la part de l'Armée israélienne, mais aussi l'assassinat d'Abou Jihad en 1988 et la Guerre du Golfe. Mais ces relations ont repris avec une coopération en matière militaire, avec des exercices militaires conjoints. D'autre part l'assistance militaire reste le ciment de cette coopération. La Commission Militaire Conjointe se réunit chaque année pour discuter la coopération militaire, la modernisation de programme de défense tunisienne et les autres questions de sécurité.

    Par ailleurs, le ministère de la défense tunisienne est un participant actif dans le programme nommé «International Military Education and Training» (IMET) organisé par le Département de la Défense. Ce programme a formé environs 3600 officiers et techniciens militaires tunisiens depuis la création de ce programme au milieu des années 1980. Les Etats-Unis restent, en plus de la France, un pilier de la défense tunisienne, contre une éventuelle menace des voisins très puissants, la Libye et l'Algérie.

    La coopération entre les deux pays est centrée aussi sur l'échange des militaires qui permet la compréhension et la coopération entre les deux pays.

    La Tunisie a reçu, comme soutien, 10.4 millions de dollars de la part de Foreign Military Finance le (FMF) un programme qui permet de soutenir et moderniser les forces militaires tunisiennes et ses équipements.

    Le Département de la Défense soutient le programme tunisien de la lutte antiterroriste à travers les exercices bilatéraux et des cours d'entrainements spéciaux.

    La Tunisie reste un pays où les Etats-Unis maintiennent des intérêts, surtout en terme d'accès à l'approvisionnement d'énergies. Le but de la coopération est de promouvoir la participation active des tunisiens et promouvoir la stabilité régionale, en particulier le processus de paix au Moyen orient, la coopération militaire bilatérale, et la facilité d'accès des forces américaines aux installations militaires tunisiennes. Les exercices d'entrainements conjoints est un aspect important de cette relation, ce qui fait de la Tunisie un partenaire important de la coalition américaine dans la stabilité de la région et la lutte antiterrorisme.

    L'IMET finance la formation en termes d'apprentissage d'anglais pour les officiers militaires tunisiens qui reçoivent aussi une formation dans les académies militaires américaines, et participent au programme Africa Center For Startegic Studies. L'IMET finance aussi la maintenance la logistique et des entrainements spéciaux

     

    FY 2005 Actual

    FY 2006 Planned

    Type of Activity

    Number of Students Trained

    Dollar Value

    Number of Projected Students

    Dollar Value

    ALP

    2

    $35,576

    0

    $0

    CTFP

    7

    $52,307

    17

    $141,277

    IMET

    100

    $2,432,659

    74

    $1,923,213

    Regional Centers

    25

    $357,436

    12

    $21,568

    Service Academies

    8

    $468,489

    0

    $0

    TOTAL

    142

    $3,346,467

    103

    $2,086,058

    Tableau 1 l'assistance militaire américaine pour la Tunisie. Source Foreign Military Training: Joint Report to Congress, Fiscal Years 2005 and 2006

    http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm

    CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program

    ALP Aviation Leadership Program

    FY Fiscal Year

    IMET International Military Education and Training

    DoD-DoS Department of Defense, Department Of State

    Les Etats-Unis ont fourni aussi une assistance économique et technique à la Tunisie dans le cadre d'un accord bilatéral signé le 26 Mars 1957.

    L'assistance est aussi fournie à la Tunisie à travers l'Agence américaine pour le développement international USAID pour 3,5 milliards de dollars sur 35 ans.

    Cette coopération concerne surtout l'habitat, les projets d'infrastructures, l'éducation, l'agriculture.

    Les Etats-Unis sont intervenus aussi pour des opérations de secours à la suite des inondations en 1982, et l'invasion des criquets en 1988. La Tunisie était le premier pays arabe à accueillir l'United States Peace Corps, un programme qui est resté très actif pendant 35 ans 1961-1996, en matière d'enseignement professionnel et la santé publique. Les deux pays ont conclu des traités d'investissement en 1990 et un accord pour éviter les taxations en 1989.

    L'initiative Eisenstat, partenariat économique entre les Etats-Unis et le Maghreb, est un aspect important de cette coopération, son but est d'encourager les contacts entre les secteurs privés des deux pays, pour une augmentation des investissements et la promotion de la coopération régionale.

    La Tunisie est un exemple de coopération militaire et diplomatique très constructive comme l'a qualifié Rumsfeld à la 20ème réunion de la Commission Militaire Conjointe (Joint Military Commission) Tunisie Etats-Unis. Elle est aussi une voix de modération et de tolérance dans la région qui a joué un rôle clé dans la confrontation avec les islamistes, en Tunisie et dans les pays voisins.

    2- Maroc

     

    FY 2005 Actual

    FY 2006 Planned

    Type of Activity

    Number of Students Trained

    Dollar Value

    Number of Projected Students

    Dollar Value

    CTFP

    8

    $189,789

    9

    $71,921

    EIPC

    2

    $6,808

    0

    $0

    IMET

    122

    $2,219,193

    81

    $1,820,204

    Regional Centers

    13

    $60,604

    8

    $22,288

    TOTAL

    145

    $2,476,394

    98

    $1,914,413

    Tableau 2 L'assistance militaire américaine au Maroc. Source, Foreign Military Training: Joint report to Congress, Fiscal Years 2005 and 2006

    http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm

    CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program

    ALP Aviation Leadership Program

    FY Fiscal Year

    IMET International Military Education and Training

    DoD-DoS Department of Defense, Department Of State

    Le Maroc est un vieil allié des Etats Unis dans la région, la politique étrangère classique du Maroc est une politique pro américaine en matière des orientations internationales, mais aussi pour ses politiques modérées dans le cadre de processus de paix israélo-palestinien.

    La stabilité au Maroc et au Maghreb est d'une vitale importance pour les pays européens du sud de la Méditerranée membre de l'OTAN.

    La coopération entre les deux pays se situe aussi au niveau de l'accès des militaires américains, lors des opérations dans la région, aux installations militaires marocaines. Le Maroc est partie prenante du programme IMET (International Military Education and Training).

    Les relations bilatérales ont connu, de par le passé, des coopérations au niveau militaires :

    L'appui effectif du Maroc, avec envoi de contingent, à la guerre du Golfe de 1990-91, conduite par George Bush père et l'envoi de 2000 soldats marocains en Arabie Saoudite.

    Expéditions marocaines au Congo, sous couvert de l'ONU, en 1960, en 1978 et 1979 en compagnie des Européens et sous supervision logistique américaine.

    Actifs en Angola, durant les années 70 et 80, aux côtés du MPLA de Jonas Savimbi contre l'UNITA de Agostino Neto, et pour le compte des Américains.

    Le Maroc est engagé depuis 2003 dans le Programme de Partenariat International (State Partnership Program) de la Garde Nationale de l'Etat de l'Utah, Nord-est des Etats-Unis. La coopération comporte plusieurs types d'échanges et de programmes divers allant de l'instruction de militaires - programme dit des « Minuteman Fellows » -de carrière au renforcement des capacités de dirigeants civils. La garde nationale de l'Etat de l'Utah a participé de façon importante aux opérations humanitaires, suite aux conséquences du tremblement de terre à Al Hoceima en 2003 qui a fait 300 morts.

    Il est le Pilier de la présence américaine au Maghreb et au Proche-Orient par la sixième flotte américaine en Méditerranée et pour le processus de paix israélo palestinien. Le spectre d'une révolution islamiste en Algérie a redonné au Maroc le rôle de rempart contre les forces extrémistes anti occidentales. Le statut de grand allié régional tient aussi à l'augmentation des réformes économiques de libre marché, et de privatisation à grande échelle. Le Maroc bénéficie aussi de soutien significatif au sein du congrès américain et un membre du programme « Dialogue Méditerranéen » de l'OTAN au même titre que la Tunisie, l'Algérie, la Mauritanie, l'Egypte, la Jordanie et Israël.

    En novembre 2003 George Bush a annoncé le renforcement de la coopération économique et militaire, notamment dans le domaine anti terroriste. Le Maroc est devenu alors une pièce maîtresse dans la lutte contre le terrorisme international63(*), dans la stratégie américaine, mais aussi vu son emplacement géographique. La neutralisation d'éléments saoudiens d'Al Qaeda, en Mai 2002, dans le nord du pays, alors qu'ils voulaient attaquer les bâtiments de guerre américains en rade dans le Détroit, et les attentats de 16 Mai 2003 à Casablanca supposés d'être perpétrés par des éléments liés à Al Qaeda sont des preuves concrètes de ces coopérations et rapprochements.

    La coopération entre les deux ne datent pas à partir de 11 septembre 2001, mais bien avant, elle a commencé au XVIIIème siècle et s'est poursuivie tout au long des siècles suivants, cela étant les bases américaines, les manoeuvres au ou avec le Maroc constitue un non-événement et un fait classique dont les marocains ne peuvent s'étonner comme le souligne éditorialiste marocain.

    « À propos de [...] l'implantation prochaine d'une base américaine, les Marocains pourraient répondre par une métaphore connue: «les Américains débarquent». Dans d'autres pays, ce type d'interjection serait un cri de peur et d'effroi. Au Maroc, on dirait: "les Américains ne cessent d'arriver, sans jamais réellement arriver»»64(*).

    3- Algérie

     

    FY 2005 Actual

    FY 2006 Planned

    Type of Activity

    Number of Students Trained

    Dollar Value

    Number of Projected Students

    Dollar Value

    CTFP

    5

    $48,047

    14

    $272,945

    IMET

    65

    $533,422

    51

    $1,404,126

    Regional Centers

    11

    $90,074

    13

    $13,664

    TOTAL

    81

    $671,543

    78

    $1,690,735

    Tableau 3 l'assistance militaire américaine à l'Algérie. Source Foreign Military Training: Joint Report to Congress, Fiscal Years 2005 and 2006

    http://www.state.gov/t/pm/rls/rpt/fmtrpt/2006/74685.htm

    CTFP Counter-Terrorism Fellowship Program

    ALP Aviation Leadership Program

    FY Fiscal Year

    IMET International Military Education and Training

    DoD-DoS Department of Defense, Department Of State

    Aidée par des atouts et les enjeux y afférant, la position géopolitique, la production d'hydrocarbures et une diplomatie très active dans le monde, l'Algérie est prédisposée à jouer un rôle de premier ordre, surtout au regard des nouvelles ambitions américaines dans la région d'Afrique du nord. Outre ces atouts précités, le domaine militaire constitue un autre noyau dur de cette coopération, en visite à Alger le 9 décembre 2002, William Burns, assistant du secrétaire d'État américain chargé du Moyen-Orient et d'Afrique du Nord, à déclaré lors d'une interview que « l'Amérique à tout à apprendre de l'Algérie sur la façon de lutter contre le terrorisme65(*) », l'Algérie se trouve de fait un partenaire vital et incontournable pour la réussite du programme antiterroriste américain mis en place dans la région.

    La coopération militaire sur l'axe Alger Washington se cristallise par ce qu'est appelé le Dialogue Militaire dont la première phase a été tenu en avril 2005 à Washington et la deuxième en novembre 2006 à Alger et il a été programmé pour avoir lieu chaque année. Ce dialogue est coprésidé par des responsables militaires des deux pays, le général-major Ahmed Senhadji et le secrétaire adjoint US à la Défense pour la sécurité internationale, Peter W. Rodman. Il vise à entretenir le dialogue et les relations entre les deux pays et à renforcer la coopération dans le domaine militaire, dont le volet névralgique est la coopération antiterroriste. Le dialogue renforcera la coopération déjà à l'oeuvre dans le cadre du Dialogue Miterranéen66(*) créée par l'OTAN, à travers lequel les Etats-Unis aident à perfectionner les forces armées algériennes (ANP), et à réussir l'entreprise de sa « professionnalisation ».

    Selon un récent rapport de la commission de défense du Congrès américain67(*), l'Algérie a acquis pour 500 millions de dollars d'équipements d'assistance électronique, de transmission et du matériel de vision nocturne. L'assistance militaire est caractérisée aussi par l'approvisionnement en avions de surveillance et en radars, en outre une possibilité à l'avenir d'un transfert de haute technologie militaire a été évoquée par Donald Rumsfeld le secrétaire à la défense américaine, pendant sa tournée en Afrique du nord. Condolezza Rice pour sa part lors de sa tournée dans la région, a aussi fait une promesse dans ce sens, à savoir une aide de 1,2 millions de dollars en 2006 pour l'Algérie.

    Le dialogue militaire entre les deux pays se représente aussi sous forme d'installation d'une base militaire68(*) dans le sud algérien, et la présence sur cette base de 400 membres des forces spéciales américaines, selon le canard enchainé69(*), journal satirique français.

    Le programme de cette coopération inclut des visites de bateaux militaires, de formation et d'études70(*), les officiers algériens participent au programme US Capstone71(*) de formation militaire de pointe pour créer, selon les responsables officiels, une meilleure compréhension mutuelle et une meilleure disposition à travailler ensemble, d'échange des renseignements sur les groupes armés. L'Algérie a contribué à plusieurs exercices des forces navales et spéciales américaines dans la méditerranée ainsi que dans le Sahel. En outre l'Algérie a vu accoster dans ses ports nombre de bateaux de la marine américaine.

    Le processus de coopération militaire a été aussi ponctué par un « ballet » diplomatique densifié des responsables militaires de deux pays, et cela depuis l'immédiat 11 septembre 2001, visite des délégations de hauts responsables militaires américains en Algérie, Peter Rodman en janvier 2003 et en Novembre 2006 accompagné par des experts du Pentagone et par ceux de la Défense et de la Sécurité au niveau du ministère de la Défense nationale, celle du Général James L. Jones, Commandant suprême des forces alliées (OTAN) et commandant en chef des forces américaines en Europe, à maintes reprises en 2005, plus récemment, celle du secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, en février 2006.Par ailleurs on peut citer la tournée régionale au Maghreb du directeur du FBI Robert Mueller. Enfin la visite non officielle72(*) le 18 septembre 2006 d'une délégation de l'organisation américaine Business Executive for National Security (Bens) 73(*)dirigé par un retraité de l'armée de l'air général Charles Boyd., dont les discussions avec les responsables algériens se sont focalisées sur le dossier sécuritaire et la lutte contre le terrorisme international. Ce « ballet » diplomatique se fait aussi dans l'autre sens, à savoir les visites des délégations de l'ANP à Washington en Mai 2005, pour étudier les modalités de la mise en place de la coopération, les visites successives des généraux algériens à la base d'EUROCOM à Stuttgart.

    4- Libye

    En plus du Maroc et les autres pays, la Libye reste un pays clé dans la coopération militaire en Afrique du Nord, cette coopération, amorcée en 2000, est axée dans le domaine de l'équipement.

    La coopération a vu le jour au lendemain de la suspension en 1999 de l'embargo pratiqué par les Etats-Unis depuis 1992, désormais le régime se focalise essentiellement sur le retour dans le concert des nations et entreprend de se racheter auprès des puissances occidentales, et cela au prix de l'abandon du panarabisme et un rapprochement avec les Etats-Unis, l'ennemi juré au fort des années révolutionnaires de 1970 et 1980.

    Bien que le pays était toujours considéré un « rogue state », label qui n'a été abandonné par les Etats-Unis qu'en 2006, il y a eu néanmoins un rapprochement entre les deux pays, notamment dans le domaine pétrolier qui reste un avantage comparatif de la Libye, et de nombreuses entreprises américaines ont fait leur retour en Libye, dans l'esprit aussi de contrecarrer la concurrence européenne. Certes trois défis américains se rattachent au cas libyen, la reconnaissance par le régime libyen de sa responsabilité dans l'attentat de la PanAm en 1988 et donc le remboursement des ayants droits des victimes, le démantèlement du programme nucléaire libyen et l'obligation à laquelle il est appelé le régime à ne plus fournir de soutien aux terrorisme, mais force est de constater, loin des discours officiels, que la préoccupation majeure de l'Administration Bush au regard de la Libye était largement liée au souci de répondre aux lobbies pétroliers d'exploiter le potentiel énorme du pays74(*), l'élément juridique, le remboursement des familles de victimes75(*), servait de légitimité et de porte d'entrée pour les Etats-Unis pour s'acheminer vers de véritables objectifs qui sont la manne pétrolière et le démantèlement plus tard du programme nucléaire en 2003 toute suite après la guerre d'Irak.

    Cette coopération est due au changement de l'approche idéologique du régime qui est l'effet d'un facteur central, à savoir les sanctions internationales76(*), pendant l'embargo 1992-2003 qui a introduit un sentiment de « vulnérabilité extrême ». D'autres facteurs concourent de façon conjointe dans le sens de ce changement, la dissidence islamiste 1995-1998 et la menace d'une guerre préventive77(*). Ces deux éléments on érodé la certitude du régime à se maintenir dans ce nouvel environnement international et le régime ne saurait résister à la pression interne des islamistes et le risque d'une guerre préventive à l'image de l'Irak. Mais on pourrait y rajouter l'épuisement de l'idéologie révolutionnaire du début et son affaiblissement ainsi que peu d'enthousiasme que lui porte le peuple libyen.

    Trois autres éléments sont à considérer pour expliquer ce retournement. D'une part, la « politique africaine offensive » 78(*) de Kadhafi, son implication personnelle dans le projet de l'Union Africaine ainsi que le soutien des pays africains pour la Libye, après l'affaire de Lockerbie. D'autre part l'implication de la Fondation Internationale pour la Charité, dirigée par le fils ainé de Kadhafi, dans le dénouement en 1999 de la prise d'otage de l'île de Jollo par le groupe islamiste d'Abou Sayaf79(*), a eu un effet de métamorphose de son image sur le plan international. En tant qu'institution politique, elle sert de vitrine de la nouvelle diplomatie libyenne, et accompagne directement les affaires étrangères80(*).

    En outre l'offre libyenne de lutter contre l'islamisme au lendemain de 11 septembre 2001, à l'instar de Bouteflika, fut bien perçue par les américains, qui se voient réconforter dans leur légitimité et leur concept de « guerre mondiale contre la terreur ». Kadhafi a fait d'une pierre deux coups, c'est ainsi cette politique pro américaine servait son objectif qui était de se débarrasser des islamistes81(*) qui reste un défi pour le régime en place. Le 11 septembre 2001 est une circonstance capitale que Kadhafi a exploitée pour montrer sa volonté de changement au monde entier et aux Etats-Unis en particulier, Kadhafi s'est convertie au concept de l'Administration Bush de « guerre contre le terrorisme », il a reconnu aux Etats-Unis la légitime défense et cautionné le renversement du régime des Talibans en Afghanistan, ce tournant s'est accompagné d'une adaptation au langage de standard international, où fleurissent des termes comme la démocratie, la lutte contre la corruption .

    La lutte anti terroriste reste un argument de vente par le régime libyen en direction des américains et des européens, de par sa situation géographique la Libye dispose de quantité d'informations sur les réseaux islamistes, recueillies essentiellement à la suite d'arrestation arbitraires des islamistes tunisiens, algériens, soudanais qui transitent par le territoire libyen. Cette expertise est renforcée par le rôle joué par la Fondation Internationale pour la charité dirigé par Seif Al Islam, le fils ainé de M. Kadhafi.

    a- Nécessité de coopération avec la Libye

    La coopération militaire des Etats-Unis avec la Libye est importante pour deux raisons essentielles, à savoir la nécessité pour les américains de tirer les leçons du passé quant a une politique qui n'a pas donné ses fruits82(*), et la concurrence accrue des européens sur le sol libyen.

    Manque de « visibilité » à long terme la politique américaine basée sur la force

    La politique de l'Administration Reagan était basée sur deux grandes lignes, à savoir d'une part l'usage de la force, escalade des mesures coercitives, sanctions économiques et frappes militaires, comme moyen de dissuader le régime de sa politique extérieure jugée trop à l'écart de la légalité internationale et de l'autre l'unilatéralisme. Cette politique à l'égard de la Libye a échouée et s'est révélée non productive83(*), les sanctions n'ont pas eu un impact considérable sur l'économie de la Libye, celle-ci a trouvé d'autres ressources financières et d'investissement pour compenser ses pertes, estimées à 18 milliards de dollars selon la Banque mondiale.

    Preuve de cette faillite, Kadhafi a su tirer profit d'abord de sa confrontation avec les Etats-Unis notamment au niveau de l'Union Africaine ainsi qu'au sein de la Ligue arabe. Ensuite cette hostilité a été instrumentalisée pour dissimuler les critiques ainsi que l'échec de ses politiques de développement. Enfin le bombardement de la Libye en 1986 84(*)par les Etats-Unis a cristallisé la division au sein de l'OTAN, les Etats alliés, à l'exception de la Grande Bretagne, ont désapprouvé les représailles militaires contre le régime libyen. Le traitement militaire du cas libyen n'a servi ni à isoler la Libye ni à la dissuader, et a produit l'effet inverse de l'isolement des Etats-Unis.

    Ce qui a produit le réajustement et a montré en effet les lacunes de la politique américaine, c'est l'approche européenne85(*), basée sur l'idée que le commerce et le dialogue pourrait mener à maintenir la stabilité internationale. C'est ainsi le bombardement de la Pan Am 103 au dessus de Lockerbie en 1988 à amené l'Administration américaine à reconsidérer sa politique. La stratégie adoptée, sous le mandat de Bush père et de Clinton était de reconstruire un consensus international ainsi que des pressions économiques et diplomatiques pour sanctionner les Etats engagés dans le terrorisme. Cette politique a été très effective et positive puisqu' elle a ramené la Libye à abandonner sa politique basée sur le terrorisme.

    Les Etats-Unis ont su tirer les leçons du passé et que l'engagement dans une coopération bilatérale s'impose aussi bien pour les Etats-Unis que pour la Libye, cette dernière pour des raisons de sécurité internes et des besoins économiques. Quant aux américains, pour que la « guerre globale contre le terrorisme » ait un certain succès, il faut l'implication des pays clés et de façon volontaire, la Libye en est un, dans ce sens elle est incontournable.

    Concurrence européenne

    Les Etats-Unis et la reprise de leurs relations avec la Libye est d'autant plus stratégique, que les européens, sont de plus en plus présents en matière de coopération dans le domaine de la défense, ce qui génère, selon Pascal Boniface86(*), une certaine crainte chez les compagnies américaines de se faire « souffler » les marchés après une longue période d'interdiction décrétée par le Congrès américain.

    La France, à titre d'exemple, a repris son dialogue87(*) avec la Libye en terme de coopération bilatérale de défense, sanctionnée par la signature le 5 février 2005 d'un accord-cadre entre les deux pays, il inclut un dialogue stratégique, la coopération militaire et la coopération en matière d'armement. Cela comprend l'échange de renseignements, et la possibilité de participation de la France à la rénovation du matériel libyen88(*). La raison en serait pour les français de permettre à la Libye de retrouver la capacité opérationnelle qu'elle avait avant l'embargo sur les armes (1989-2004).

    Cet accord de coopération est stratégique pour les entreprises françaises comme Dassault et EADS, deux grandes entreprises françaises spécialisés dans l'industrie militaire. Cette coopération vient de renforcer la coopération qui lie la Libye à la France dont 95% de ses importations est constitué d'hydrocarbures, quant aux investissements de la France, ils sont essentiellement présents dans le domaine pétrolier, enfin la France détient une part de marché de 3,4% loin derrière l'Italie qui est de15%.

    Avec le changement qu'a opéré le régime en terme de sa conception de son économie, due à sa volonté de plaire aux occidentaux voire un souci de développer son économie stagnante durant l'embargo, la première initiative prise à ce regard était la privatisation des entreprises publiques pour attirer les investisseurs étrangers, notamment des hommes d'affaires européens, américains et asiatiques friands du pétrole. Les sociétés américaine et européenne, Boeing et Airbus, sont déjà en compétition pour un marché de 22 avions d'une valeur d'un milliard de dollars, destiné à la compagnie aérienne nationale libyenne, Libyan Arab Airlines.

    b- Aspects de cette coopération

    Après l'annonce de l'intention de la Libye de démanteler son programme de destruction massive en 2003, le régime libyen a autorisé les inspecteurs de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique, pour effectuer des missions de vérifications sur les installations à vocations nucléaire et militaire de la Libye.

    La Libye joue un rôle important dans la lutte anti terroriste, le combat commun contre le Groupe Libyen pour la prédication Islamique, que les Etats-Unis ont rajouté à la liste des organisations terroristes en décembre 2004, de nombreuses rencontres des ministres de la défense nationale des pays d'Afrique du nord, y compris la Libye89(*), ont eu lieu de temps à autre, pour traiter des problèmes relatif à la sécurité et le défi que pose le GSPC algérien fer de lance du « Djihad » au nord de l'Afrique. En octobre 2004, la Libye a contribué de façon décisive à l'extradition en Algérie d'Amari Saïfi, dit El Para, numéro deux du GSPC algérien.et responsable de l'enlèvement de 32 touristes occidentaux en Algérie en 2003.

    Cette coopération comprend aussi des exercices conjoints des forces des deux pays et la possibilité pour les américains d'accéder aux installations militaires libyennes. Il faut rappeler qu'avant la venue de M. Kadhafi au pouvoir en 1969 les américains avaient trois bases militaires en Libye, et pendant les années1950 l'une des bases, la base aérienne de Wheelus, prés de Tripoli a servi de quartier général des forces américaines positionnées en Europe mais aussi, elle a servi de centre pour la CIA afin surveiller les activités de forces armées soviétiques.

    Les forces armées libyennes sont très performantes et disposent d'une mobilité non égalables ainsi qu'une capacité de nuisance non négligeable dans la région, et parmi les pays arabes, la manne pétrolière y est pour beaucoup. L'institution militaire est très importante dans le pays et l'armement90(*) reçoit des crédits importants de la part du régime qui permet à celui-ci d'être au devant de la scène régionale et africaine et pratiquer une influence sur les pays sahéliens, ainsi que d'offrir ses bon offices pour la résolution des conflits régionaux comme celui de Darfour.

    La Libye a une politique sécuritaire orientée vers la menace extérieure91(*), vu la concentration de la population sur un faible territoire qui facilite son contrôle, ainsi qu'un maillage politique. Ces deux éléments vont assurer la stabilité à la Jamahiriya de 1969 à 1992.

    L'alliance avec l'ex URSS, l'engagement de Kadhafi sur la scène moyen orientale et la politique révolutionnaire vont propulser la Libye à devenir une puissance méditerranéenne qui compte, à l'image de l'Egypte. Les forces armées de terre, aériennes et navales disposent d'un potentiel énorme dont les forces régionale et méditerranéenne devront tenir compte. Le conflit avec les forces égyptiennes en 1977, la tentative de défendre le régime de Idi Amin Dada contre l'invasion des forces tanzaniennes, enfin l'Armée libyenne a conduit une série de compagne dans le nord du Tchad. Les prétentions militaires libyennes en Méditerranée se sont soldées aussi par des échecs, c'est le cas du conflit des forces libyennes avec les forces américaines en Méditerranée en 1981 et 1986.

    Troisième partie

    La militarisation, ses conséquences possibles,

    et le rôle de l'Europe en Méditerranée

    I- Y a-t-il un risque de conflit armé ?

    En Afrique du nord deux situations se posent à la fois, les problèmes économiques et sociaux de plus en plus graves, mais aussi les rivalités pour le repositionnement sur la scène régionale et de la tendance au « surarmement » qui en découle92(*) .

    Le déploiement militaire américain, s'accompagne de l'assistance militaire aux pays de la région, en terme de matériels sophistiqués, qui peuvent être pourrait être retourné contre la population même, c'est le cas la Maurétanie sous le régime déchu, ou détourné pour le compte du conflit qui oppose le Maroc d'une part et l'Algérie et le Polisario de l'autre, la Libye, qui a des prétentions hégémoniques, pourrait être impliqué aussi.

    1- Militarisation de l'Afrique du Nord

    Selon le rapport, publié en 2004 par la société Forecast International spécialisée en prospective militaire et de défense au Maghreb, les prochaines années seront consacrées à la course aux armements. L'Algérie et le Maroc consacrent les plus gros budgets d'armement en Afrique, aux côtés de la Libye. Cette course est à même de révéler, à l'avenir, l'étendue de l'équilibre de chacun sur le plan géostratégique au Maghreb et en Méditerranée. L'Algérie s'arme auprès des puissances comme le Russie, dans le cade de contrats qui se chiffrent en milliards, elle dépensera plus de 2,3 milliards de dollars annuellement à l'horizon 2007 pour ses achats d'équipements militaires93(*), en 2003, elle aurait dépensé 2,14 milliards de dollars, les autorités militaires algériennes justifient, l'euphorie financière aidant, ces acquisitions auprès de l'ex URSS, pour la rénovation du matériel de la défense nationale, et sous prétexte de la lutte anti terroriste, mais aussi pour se mettre au standard des forces de l'OTAN « L'ambition de Bouteflika depuis 5 ans est de faire de l'Algérie un pays à qui l'on déléguerait des responsabilités en Méditerranée 94(*)».. Dans une démarche similaire, mais qui n'est pas comparable, le Maroc, en invoquant le droit à l'achat d'armes, de crainte d'être dépassé par le voisin algérien en terme d'approvisionnement militaire, passe des commandes auprès des fournisseurs français russes et suisses95(*); Etant donné le pays n'est pas producteur de pétrole, il est conditionné de contrainte financières et ne peut pas se permettre de passer des commandes au-delà de son budget, lequel est de 1,5 milliards de dollars. En 2003, le Maroc a consacré 1,3 milliard de dollars à l'achat d'armements.

    2- Enjeux de cette militarisation

    La question qui se pose et qui reste sans réponse, pourquoi l'Armée Nationale Populaire (ANP) se militarise ? A cette question, les réponses sont divers et variés, mais substantiellement on peut en retenir deux interprétations, pour la partie marocaine la seule réponse est que l'Armée algérienne est en course d'armement en préparation d'une guerre contre le Maroc, arguant le fait que les deux pays se retrouvent au centre d'un rapport de force sur le plan diplomatique et géostratégique concernant la question de Sahara occidental, la guerre des « sables » en 1963 qui a eu des répercussions sur les relations bilatérales, enfin la question d'hégémonisme est important dans ce refroidissement au Maghreb et explique beaucoup le « pourquoi » du renforcement de l'armement algérien.

    L'Afrique du nord manque de leader, ce qui laisse un champ libre pour l'Algérie de pouvoir prétendre à jouer un rôle régional, aidés en cela par la coopération américaine au niveau sécuritaire qui fait penser que l'Algérie est une puissance régionale. D'aucuns voient des raisons internes pour expliquer les énormes contrats d'armement que le pouvoir en place passe avec la Russie notamment, les Etats-Unis et l'Inde, il s'agit de généraux algériens qui, pour se maintenir au pouvoir, déploient tous les moyens, y compris, créent des situations de conflictualité qui nécessitent leurs interventions, donc la nécessité de leur maintien en place, vu qu'ils sont les plus compétents pour répondre efficacement à ces situations de tension. Le maintien de la tension avec le Maroc reste un point nodal dans leurs stratégies géopolitiques96(*). Placés dans des centres de décisions stratégiques et maîtrisant tous les rouages de l'Etat, ils sont capables de bloquer ou saboter toute initiative de rapprochement entre les deux pays. Le Polisario qui est un « sérieux problème [...] pour le Maroc, » est un soutien fort dans cette entreprise. Selon M.Samraoui97(*), la normalisation ne peut se concevoir entre le Maroc et l'Algérie tant qu'il y au pouvoir ces généraux « ils sont capables du pire » comme la liquidation de Mohamed Boudiaf dont, entre d'autres raisons, le projet de résolution du conflit menaçait les intérêts et le système mis en place par les généraux, ainsi que ses positions risquaient de compromettre leur devenir, ou «  provoquer un conflit militaire avec le Maroc ».

    La deuxième interprétation, celle des dirigeants algériens, est que l'armement n'est pas une provocation adressée au Maroc, mais un besoin de l'armée algérienne de mettre à jour et rénover son arsenal militaire, viellé et dégradé depuis les années 1980 et l'embargo imposé des pays occidentaux sur la vente d'armes durant les années 1990, pendant la guerre civile qui s'est soldé par des centaines de milliers de morts. D'autre part, l'Algérie doit aussi assurer l'intégrité d'un territoire cinq fois plus grand que le Maroc, et sa position centrale, au milieu de six Etats, fait qu'elle doit multiplier au moins par six les risques qu'elle encoure de voir surgir à ses frontières un conflit armé. Dans de nombreuses déclarations du chef d'Etat, et des autorités algériennes en général, la tendance est à l'apaisement de la crainte d'une guerre que l'Algérie déclencherait contre le Maroc, « Il n'y a aucune guerre possible entre deux pays frères et deux peuples frères 98(*)» déclare le ministre des affaires étrangères algérien, celle-là reste une option, seulement au cas où les frontières nationales algériennes sont transgreéssées « la guerre est une option que l'Algérie ne retient que dans le cas d'une violation de ses frontières [...] Si l'on ne touche pas à nos frontières héritées de la colonisation, il n'y aura aucune guerre avec un autre pays [...] l'Algérie n'a de visée sur aucun territoire de pays voisins et elle n'a aucune attitude belliciste et belliqueuse » "L'Algérie ne déclarera jamais la guerre au Maroc, car nous sommes des hommes de paix [...] le Sahara occidental n'est pas un casus belli entre l'Algérie et le Maroc frère99(*)".

    Des deux côtés de la frontière, on assiste à une escalade médiatique, alimentée par ces interprétations entretenues par les hommes politiques, les intellectuels, les universitaires 100(*) et les journalistes.

    Jusqu'à présent, il n y a pas de signe patent démontrant les velléités belliqueuses de l'Algérie, au delà de la thèse de l'armement, entretenue par les responsables marocains, qui mènerait inéluctablement vers une affirmation de sa puissance régionale du moins. Il est vrai aussi qu'aucun stratège, pour le moment, ne peut parier sur un futur conflit armé entre les deux pays voisins. Donc avancer une thèse, qui ne souffre pas de marge d'erreur, sur les intentions de l'armement algérien, serait une tâche ardue, l'important est de constater que la course aux armements existe bel et bien, que tous les pays de la région cherchent à acquérir des armes pour des raisons diverses. Dans une de ses déclarations à la presse, l'ancien président algérien, A Benbella a fait le constat de la course aux armements et l'augmentation des budgets alloués au renforcement de l'arsenal militaire et des armées, il s'en est prononcé contre, et regrette que cela se fasse au détriment de développement socio-économique et culturel, de telles initiatives ne peuvent qu'instaurer un climat de méfiance entre frères maghrébins101(*). Ce qui va m'intéresser dans cette partie est le fait que la lutte anti terroriste justifie la sophistication de l'armement des pays comme le Maroc, l'Algérie, la Libye et la Tunisie. Comme on l'a vu précédemment, ces pays sont engagés dans la lutte anti terroriste contre les islamistes et se liguent à la cause globale de guerre contre le terrorisme, cheval de bataille des deux mandats successifs de Mr G. Bush depuis 2000. Comme cette guerre exige du matériel adéquat et adapté à la menace, les Etats-Unis adoptent deux situations qui sont complémentaires, la première consiste à créer des bases et des installations militaires dans ces pays même où la menace, réelle ou supposé », est présente, ce qui implique la présence physique des soldats américains pour assurer des missions qui demandent la compétence, l'expertise, et le professionnalisme, dont les américains se croient être investis, et déléguer des tâches aux soldats locaux serait inefficace dans la lutte contre le GSPC par exemple. La deuxième consiste dans le fait que les américains sous-traitent la lutte anti terroriste à ces pays mêmes, et le rôle majeur est celui joué par les Etats hôtes mêmes. Dans ce dernier cas, les pays sont censés ne pas être à la mesure des défis sécuritaires qui se posent sur leur territoires, ils reçoivent pour cela l'assistance militaire américaine, les formations nécessaires et modernes dans le cadre des manoeuvres militaires, comme on l'a a vu dans la deuxième partie, dans le désert et en mer. C'est là que se pose la question de la destination de ces armes ? Sont-elles uniquement destinées à la lutte anti terroriste ? N'y aurait-il pas de dérive dans l'usage de ces armements à des fins hégémonistes et de prétentions territoriales ? En effet, comme on l'a vu précédemment avec Sean Moir102(*), les Etats Unis amplifient plus que de mesure la réalité des menaces des groupes terroristes dans le Sahel, certes, les menaces existent mais l'importance qui leur est accordée est exagérée ainsi que les moyens, largement militaires, mis en place pour résorber et venir à bout de ce phénomène, et on a oublié que le terrorisme a ses origines socio économiques et doit être traité comme tel. Dans d'autres cas, la menace est crée103(*), le cas d'El Para, ancien officier des forces spéciales de l'armée algérienne officiellement passé à la guérilla du (GSPC), pour servir les intérêts de la sécurité militaire en Algérie, tel que pour convaincre les responsables sécuritaires américains pour recevoir un soutien financier et militaire104(*), installer une base militaire dans le sud de l'Algérie, et passer pour l'allié naturel des Etats-Unis dans la région.


    3- Contentieux actuels pouvant servir de débouchés du potentiel militaire

    L'assistance militaire est susceptible d'être utilisée sur les postes frontières ce qui déclencherait immédiatement des représailles de la partie adverse. Avec le conflit au Sahara occidental, qui n'est pas toujours résolu, et la menace du Front Polisario de reprendre la lutte armée contre les Forces Armées Royales, cette hypothèse est d'autant plus accréditée que ce dernier dispose d'un quartier général à Tindouf105(*), ville algérienne, d'où il peut mener des attaques contres les FAR (Force Armée Royale), ce qui risque de déclencher un conflit armé, impliquant aussi l'Algérie, car cela touche ses frontières. Un autre foyer de tension, important aussi, est celui qui oppose le Maroc et l'Espagne, cristallisé sur la crise du rocher appelé Tora, Leila, ou encore Perejil106(*). La crise de l'îlot Persil, qui a failli déclencher un conflit armé entre l'Espagne et le Maroc, a démontré trois facteurs susceptibles de conduire à un conflit armé : d'abord l'existence d'un foyer permanent de tension, l'esprit conflictuel non seulement sur ce rocher mais aussi sur les deux enclaves espagnoles au Maroc Ceuta et Melilla. Ensuite l'affirmation de velléités de suprématie et d'hégémonie de la part des espagnols, pendant cette crise, la mobilisation de toute l'armée espagnole face à la présence de quelques soldats marocains désarmés. Enfin la volonté permanente du Maroc de rentrer dans la possession de ses territoires « occupés » par les espagnoles, Ceuta et Melilla est aussi un dossier qui refait surface sur la scène politique marocaine mais aussi un dossier incontournable dans les relations bilatérales entre les deux pays, enfin il constitue la priorité des autorités marocaines ces dernières années.

    D'autre part, les relations conflictuelles entre la Tunisie, de faible superficie et aux ressources limitées, et ses voisins très puissants militairement qu'elle et ayant des prétentions hégémoniques dans la région. Ce voisinage reste perçu aujourd'hui par la Tunisie comme sa principale préoccupation. Les risques de confrontation armée, bien moins probable, restent plausibles, surtout dans le cas de la Libye, cette perception est accrue par les relations politiques bilatérales :

    · Expulsions en 1985 de tunisiens installés en Libye.

    · Les fermetures de frontières ou les accusations mutuelles de déstabilisation intérieure.

    · La nature du régime.

    · Le potentiel libyen en équipements les contentieux frontaliers sont des facteurs de poids dans l'évaluation de la menace libyenne.

    · La Libye a été longtemps perçue comme un champ d'entrainement pour les islamistes tunisiens et algériens non pas dans le but de promouvoir l'idéologie islamiste mais pour dans le but de déstabilisation intérieure.

    L'Algérie aussi a été perçue comme une menace pour la sécurité intérieure tunisienne, surtout pendant guerre civile entre les islamistes et armée. Les inquiétudes de la Tunisie étaient la crainte de l'infiltration des islamistes algériens, l'extension de la violence aux islamistes tunisiens, et enfin, la crainte d'une vague massive de réfugiés politiques sur la Tunisie.

    Par ailleurs l'armée tunisienne n'a pas jamais joué un rôle sur la scène politique, et ne dispose pas de moyens significatifs, cette optique de l'armée remonte au temps de Bourguiba, qui concevait qu'une armée trop puissante et trop présente sur la vie politique représentait un risque.

    Les capacités militaires de la Tunisie accroissent sa vulnérabilité, et les gouvernements successifs tunisiens, se rendant compte de ce déficit, ont investi pour la modernisation de l'appareil militaire.

    Le tracé des frontières au Maghreb reste un autre foyer potentiel de contentieux armé. Je ne vais tarder là-dessus mais je vais signaler deux exemples. Entre le Maroc et l'Algérie le tracé frontalier107(*) n'existe pas au nord sur 500 Km entre Saidia et Figuig, et de nombreux villages se posent la question de leur appartenance nationale. Les contours de la ligne frontalière sont floues, et ne figurent même pas sur certaines cartes, et de plus en plus d'incident sur la zone frontalière viennent rappeler l'urgence d'une solution au dilemme frontalier108(*) . A Figuig, ville marocaine, de plus en plus l'armée algérienne occupe des terres agricoles, des oasis, les mines et les gisements minéraux appartenant à des propriétaires marocains. Entre le Maroc et la Maurétanie le statut de la ville Lagouira reste un point d'achoppement dans les relations bilatérales entre le Maroc et la Maurétanie. Laguira, lagune dotée d'importante richesse halieutique, est depuis 1989 un territoire sous souveraineté mauritanienne, aucun drapeau marocain n y flotte et l`armée mauritanienne y a installé une caserne mais dans le discours du Maroc officiel, la localité fait toujours partie du territoire marocain109(*).

    4- Conflit entre la demande « sociale » intérieure et l'offre « militaro sécuritaire » extérieure

    En agissant ainsi les Etats-Unis ont un calcul conscient de la dimension que prend la prolifération, de leurs bases et de leur présence dans une région qui ne demande pas de soldats américains mais plutôt des aides économiques, ainsi qu'un soutien en termes d'acheminement vers la justice sociale et l'égalité, en un mot vers la démocratie. Une démocratie qui fait en sorte que les citoyens puissent penser par eux même le destin qu'ils veulent pour leur société, des élections libres, alternance aux pouvoirs autoritaires, une juste distribution des richesses nationales, ce sont ces ambitions là auxquelles aspire le peuple. La genèse de la citoyenneté et la démocratie dans les pays développés, ne s'était pas faite en adoptant le militarisme en tant que priorité nationale, mais au contraire, la priorité était donné à l'élément de base d'une société digne de ce nom, à savoir l'individu et ses préoccupations humaines et prioritaires, la paix, son émancipation, sa liberté ses besoins en terme de santé, son droit à l'éducation, le besoin qu'on respecte son choix lors des élections électorales. Le militarisme et la militarisation que connaît la zone ne pencherait ni dans le sens de développement ni celle de la paix110(*), et l'histoire est là pour rappeler que la course aux armements produit des effets négatifs, de la destruction plutôt que le bâtissement d'une paix durable, la haine de l'autre plutôt que le rapprochement entre les peuples quelques soient leur appartenance nationales, idéologiques, linguistiques, et religieuses. La guerre en Irak et celle d'Afghanistan avaient des légitimations de démocratisation et d'émancipation d'un peuple opprimé par leur dirigeant. Aujourd'hui, l'actualité de ses deux pays parle d'elle-même, la démocratisation est loin d'être le cas, et l'objectif aujourd'hui est de répondre aux inquiétudes de voir l'actuelle guerre civile111(*), en s'intensifiant, entrainer les Etats voisins et créer un Etat en faillite « failedstate » propice à l'installation d'un centre de terrorism,e comme le fut l'Afghanistan, ainsi que faire cesser les carnages et la haine que se livrent les confessions irakiennes entre elles mêmes. La violence en place dépasse en dimension celle en vogue sous les régimes destitués, comme vient de le déclarer Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU112(*).

    Depuis le démantèlement de l'Union soviétique, les Etats-Unis sont à la recherche d'un ennemi. Ils en ont besoin de façon cruciale à la fois pour des raisons de politique intérieure et pour maintenir la cohésion du monde sous leur direction et pour leur profit. Grégory Arbatov, directeur de l'Institut pour les études nord américaines à l'Académie soviétique des sciences disait en 1988 « Nous sommes en train de vous faire quelque chose de terrible : nous sommes en train de vous priver d'ennemi113(*) ».

    Trouver immédiatement un ennemi de substitution fut l'objectif premier pour continuer à jouer leur rôle hégémonique. Ce fut, dès 1990, Saddam Hussein, Mais cela n'a pas suffit pas pour ratisser large, il leur a fallu alors agiter un autre chiffon rouge : le terrorisme. Le but est de faire croire au monde et aux Européens qu'ils sont sous le coup d'une menace grave et immédiate et qu'ils ne pourront y faire face qu'en se rangeant derrière la puissance américaine

    Il ne s'agit pas ici de soutenir l'idée selon laquelle les Etats-Unis sont entrain d'enclencher une guerre régionale, cela n'est pas mon propos. Mon intérêt est plutôt ailleurs à savoir que les américains, et à leur tête Bush avec son concept de guerre préventive, concept qui constitue la pierre angulaire de sa politique étrangère et de défense depuis 2001, sont entrain de créer les conditions pour une tension régionale en se proliférant militairement dans une région sous des prétextes de l'épouvantail de groupes terroristes, de lutte anti terrorisme, de sécurisation de l' « arc d'instabilité », connue comme étant la source d'inquiétude pour leurs sécurités et leurs intérêt, ce qui est tout à fait contradictoire avec leurs prétentions universalistes au travers du projet de Grand Moyen Orient. Ces deux situations, à mon sens, ne peuvent aller de pair, militarisme exclut la démocratie et vice versa.

    L'assistance militaire, l'approvisionnement en arme, l'autorisation des abus des droits de l'homme, par les Etats-Unis eux même, et la sous-traitance de ses formes de traitements à leur alliés, combiné à la course aux armement et le militarisme érigée en doctrine, en Algérie par exemple, les dépenses en achats d'armes attestent de cela, ainsi les réactions que provoquent chez les pays voisins, c'est-à-dire l'achat à leur tour d'armes et de mise à niveau de leur dispositifs militaires pour une confrontation éventuelle à l'avenir , sont des données objectives, qui donne une certaine idée de l'avenir de la région , proche ou lointain.

    Cet environnement stratégique n'est pas déconnecté de l'Etat du monde de ces dernières années, la « Guerre Globale contre le Terrorisme » la prolifération des armes de destruction massives, en Iran, la menace de faire usage de l'arme nucléaire par la Corée du Nord, en cas d'attaque américaine, les prétentions nucléaires des Etats comme l'Egypte, la multiplication des conflits en Afrique et en Asie ainsi qu'en Amérique latine. Cet environnement est une donnée fondamentale dans la compréhension des défis mondiaux dont l'ONU est appelé à répondre.

    Comme décrit en haut, la démocratie exclut le militarisme et vice versa, une démocratie ne peut s'appuyer sur le militarisme, doctrine qui prône la prépondérance de l'armée, de l'élément militaire dans la vie d'une société, le gout des armes de la guerre, et le bellicisme114(*).

    Le militarisme ne peut être démocratique, et consenti par le peuple, en règle globale cela est un fait dans les sociétés démocratiques et les pays les plus développés en Europe notamment, ces pays ont déjà appris des leçons de la 1ère et 2ème Guerre Mondiales qui n'ont produit que des carnages et de destruction ainsi que de la haine. Le cas des Etats-Unis fait exception à ce postulat, comme l'explique Philip Golub dans son article Sur le militarisme américain115(*) pour rendre compte de deux livres sur la question, « le dieu romain de la guerre inspire encore l'esprit américain ».

    Le nationalisme et le militarisme imprègnent les élites et des secteurs larges de la population116(*)américaine, notamment le parti républicain dans le sud du pays. Ces deux phénomènes se perçoivent à travers des symptômes comme la normalisation de la guerre, la glorification des chefs militaires, la recherche élitaire de la supériorité stratégique perpétuelle, l'accoutumance de la population à la guerre, une nouvelle « esthétique de la guerre » technologique à distance, et enfin la transfiguration des présidents en seigneurs de guerre.

    Comment se fait-il qu'un pays réputé si démocratiquement avancé se permet une telle situation ? Pour l'auteur ce phénomène est « profondément enraciné dans le passé américain » et s'est développé « au grand jour en jouissant d'un grand soutien populaire » l'immense appareil de sécurité, dont « l'étendue, le coût et la configuration » visent son expansion et son autoperpétuation, parallèlement à la transformation de la société américaine.

    Outre le complexe militaro-industriel117(*), le facteur religieux y est pour beaucoup à savoir l'irruption du fondamentalisme chrétien dans l'arène politique. Le poids des Etats du sud dans l'émergence d'un bloc nationaliste, militariste et impérialiste118(*).

    En Afrique, cette tendance est de vigueur pour les Etats-Unis dont le militarisme et la militarisation119(*) est une composante aujourd'hui incontournable de l'action diplomatique, et participe activement à l'élaboration de la politique étrangère et de défense. Au delà de déploiement de leurs armées, le credo des stratèges américains comprend aussi la vocation des Etats-Unis à guider la planète, à en contrôler les ressources énergétiques, et à modeler la civilisation mondiale.

    En parlant de la logique sécuritaire,envisagée dans la région d'Afrique du nord, cela suppose que, d'abord les Etats de la région sont le premiers concernés et responsables, ensuite que les conséquences qui découlent de la logique sécuritaire peuvent être résolues, non pas de l'extérieur, mais par le dernier ressort que constitue la démocratie qui doit jaillir de l'intérieur

    5- Alternatives pour dépasser le statut quo

    La démocratie est long processus qui peut prendre des décennies pour pouvoir s'enraciner et donner ses fruits. Dans le cas du Maghreb, de nombreuses étapes ont été franchies, cependant la région n'a pas encore entamé son décollage économique et politique. Je pense que cela ne peut se faire sans le bâtissement d' un espace maghrébin cohérent et dynamique pour attirer les investisseurs et sortir de la torpeur et de son cloisonnement qui la caractérisent (système des visas, fermeture des frontières interne, échange intra zone à hauteur de 4%) et se concentrer sur le contentieux algéro-marocain120(*), central et capital, pour approcher des sorties de crises et intégrer l'espace euro méditerranéen. Pour cela il faut dépasser le cadre nationaliste et faire abstraction des modes de pensée des imaginaires politiques, s'appuyer sur la société civile et sur la prépondérance des élites des deux pays qui se connaissent mal ou dialoguent peu.

    Sur le premier point, l'une des raisons fondamentales du conflit est que le projet maghrébin, contrairement au projet de l'Union Européenne, est resté entre les mains des politiques sans que jamais les institutions et les populations de la région ne se l'approprient réellement121(*). En outre le conflit ne mobilise pas la population et il est loin d'être le sujet prioritaire en Algérie comme l'explique Akram Belkaïd, journaliste algérien. En Algérie, il y a une volonté de distanciation par rapport au conflit c'est la même tendance au Maroc, en Tunisie, en Libye et en Maurétanie, pour des facteurs historiques sociaux, linguistiques et religieux le blocage ne peut en provenir, ce qui est tout à fait un levier pour une sortie de crise.

    Pour le deuxième point, les élites universitaires, acteurs économiques, pour des atouts qui sont les leurs, à savoir des capacités de mettre en question les véritables blocages régionaux, et la promotion de la coopération intra régionale, constituent une alternative sur laquelle il faut mettre l'accent et pourra à l'avenir avoir des incidences sur le règlement de ce conflit.

    La division et les tensions internes des pays d'Afrique du nord est un facteur clé qui pèse dans les relations transméditerranéennes et tous les analystes et les observateurs avertis s'en rendent compte. Cette division constitue, comme on va le voir, une « menace » pour les européens. Pour contrecarrer une éventuelle menace, l'Europe à intérêt à jouer un rôle et s'impliquer dans des projets de sécurité régionale le but étant de diminuer les différences et créer un cadre plus stable par le biais des relations horizontales entre les pays Maghrébins.

    II- Europe face aux défis méditerranéens

    La question de sécurité en Afrique du nord ne peut laisser les pays européens indifférent, car elle, la sécurité, ne se limite pas à cette région. Assurer la stabilité de la région maghrébine est une préoccupation majeure surtout pour des pays comme l'Italie, la France, l'Espagne et le Portugal, notamment en raison de la proximité géographique. Le Maghreb commence à la pointe de la péninsule ibérique et une crise grave dans la région ne manquerait pas d'avoir de profondes répercussions sur les pays européens voisins.

    L'importance de la stabilité de la rive sud de la Méditerranée et le souci européen d'intégrer dans leur projet de politique extérieure le bassin méditerranéen découlent des menaces et de l'instabilité de l'Afrique du nord.

    Ces risques dérivent, certes, de causes internes et non pas d'une menace directe à l'encontre de l'Europe mais ils peuvent exporter des répercussions sous la forme de réfugiés, tensions militaires, précarité politique et conséquences économiques auxquels les pays voisins et les institutions européennes devront répondre par l'aide humanitaire ou par l'action défensive. On peut résumer ces menaces dans huit points.

    La revendication par le Maroc des villes espagnoles de Ceuta et Melilla, qui provoque une crainte récurrente en Espagne.

    D'éventuelles confrontations entre un ou plusieurs Etats de l'Afrique du Nord impliquant le terrorisme ou le recours aux armes de destruction massive.

    L'accroissement de la possession de ces armes plus le possible stockage d'armes chimiques et biologiques en Algérie et Libye est préoccupant, même si leur acquisition doit d'avantage aux rivalités entre eux qu'à leurs intentions d'attaquer l'Europe.

    Le risque que présentent l'islamisme radical et les problèmes de frontières encore non résolus donnent à ces pays des arguments qui légitiment leurs dépenses en armements.

    Les risques de rupture d'approvisionnements d'énergie en provenance d'Algérie ou de Libye, crainte majeure des gouvernants occidentaux dès qu'un incident souligne la faiblesse des gouvernements locaux au pouvoir.

    L'afflux de réfugiés politiques qui s'ajouterait aux réfugiés économiques et l'interruption des voies de navigation en Méditerranée occidentale à cause d'un conflit régional. L'Europe craint que l'arrivée massive de réfugiés, toute catégorie confondue, soit une source de conflits dans les villes Européennes et provoque une montée de l'extrême droite et leurs possibles arrivés au pouvoir dans les principaux pays européens.

    Cet état des lieux pousse posse l'Union européenne définir une approche commune face à la Méditerranée et plus précisément la partie occidentale de l'Afrique du nord.

    Malgré de nombreuses initiatives, dont les européens étaient les initiateurs, les Etats-Unis, puissance méditerranéenne militaire (l'OTAN et la sixième flotte), mais aussi politique (démocratisation par le biais du projet de Grand moyen Orient) et économique (l'accord de libre échange avec le Maroc et les aides économiques offertes aux pays de la région) se révèlent être un véritable et redoutable concurrent. En outre la puissance planétaire que représentent les Etats-Unis, sur tous les plans, exercent une attraction sur les acteurs locaux qui ne peuvent que s y « soumettre ».

    1- Rivalité euro-atlantiste en Afrique du nord

    L'Europe, voit du mauvais oeil l'implantation américaine aussi bien militaire, économique que commerciale dans une région qui lui est proche et adjacente. Le Maghreb étant une région proche de l'Europe sur de nombreux points, culturels, historiques, géographiques, économiques, il constitue une région prioritaire dans la politique extérieure de l'Union européenne. Cet intérêt se passe de démonstration, le partenariat euro-méditerranéen, initiative, essentiellement économique, de coopération régionale avec la rive sud de la Méditerranée. La coopération trans-méditerranéenne englobée dans le cadre de la CSCE, du Dialogue Euro-Arabe, du Cinq plus Cinq, du CSCM et du Forum Méditerranéen.

    La lutte d'influence est très perceptible surtout entre la France et les Etats-Unis. La France, ex puissance coloniale en Afrique du nord, se voit détrônée dans la zone, un domaine d'influence qui renforce sa position sur la scène internationale, par les Etats-Unis déterminés à mettre de côté cette conception du temps de la guerre froide qui faisait de la région la chasse gardée des européens. Mais les raisons profondes de cette offensive américaine dans la méditerranée en général et en Afrique du nord relève aussi bien du paradigme qui a structuré leur rapports avec les européens que de la façon de traiter les nouveaux défis qui se font jour au lendemain de 11 septembre 2001.

    L'Europe ne peut s'opposer à cette politique, pour des raisons suivantes : Les implantations sont légitimées par la « guerre contre le terrorisme », les européens ont fourni tout leur soutien à cette guerre globale contre le terrorisme, le suivisme silencieux des européens s'inscrit dans ce cadre.

    L'Europe ne dispose pas d'une politique étrangère commune, autant dire que même si l'Europe est très présente en Méditerranée et en Afrique du nord sur des questions de sécurité comme la coopération sur la sécurité méditerranéenne de l'Union européenne, le dialogue 5 + 5 la politique de voisinage, le dialogue méditerranéen de l'OTAN, cette présence est très limitée, et les pays européens largement en désaccord sur la ligne à donner à cette politique, notamment entre d'une part la France et l'Allemagne, qui restent attachés à une politique de défense proprement européenne, et la vision de la Grande Bretagne, d'autre part, qui fait d'elle le Cheval de Troie des Etats-Unis en Europe, se raccroche à faire dépendre la politique sécuritaire de celle américains et maintenir le statut quo.

    Dès le début des années 1940, la conception américaine consiste à dire que cette zone ne peut être stabilisée par une autre puissance que la puissance américaine, en ce qui concerne les européens, ils ne sont pas capables de maitriser leur destin. En plus clair cette mission stabilisatrice tourne autour de la théorie du « vide » de Eisenhower à la fin des années 1950, pour les américains elle consiste à dire que si nous ne sommes pas là, il y aura un vide que nos adversaires ne manquerons pas de combler à nos dépends.

    Sur le plan militaire seuls les américains peuvent déployer des moyens militaires de telle dimension, leur budget de la défense est de 400 milliards de dollars122(*) (exactement 401,3 milliards de dollars, dont 19,3 pour la partie « armes nucléaires » du Département de l'Energie) ce montant est en perpétuel mouvement de hausse. 63,4 milliards de dollars sont consacrés à la recherche-développement, c'est-à-dire à peu près le total des budgets globaux de Défense français et allemand.

    D'autres facteurs supplémentaires de poids aident à expliquer cette présence. L'esprit d'expansionnisme et la logique d'unilatéralisme comme cadre global de la pensée et de l'action stratégique.

    La montée de la concurrence et de rivalité, qui se fait de plus en plus rude et aigue entre les deux parties. La concurrence se voit dans beaucoup de secteurs, la course aux technologies militaires en est un. Les Etats-Unis, qui se trouvent à la tête de cette course, espèrent distancer durablement les pays européens et obtenir le contrôle des marchés d'armement des pays amis et alliés, le Maroc, l'Algérie et la Tunisie sont les clients importants de l'Amérique. Il ne s'agit plus seulement de conforter une prééminence : il s'agit de réduire les moyens d'intervention du rival gênant. Les américains sont largement présents sur le marché maghrébin, accord avec le Maroc, concessions d'hydrocarbures en Libye, et présence sur le marché de pétrole et de gaz algérien.

    La présence relève aussi de raisons d'opposition idéologique fondamentale comme l'explique Robert Kagan, l'un des chefs de file des néoconservateurs américains « il est temps de cesser de faire semblant de croire que les Européens et les Américains partagent une vision commune du monde, ou même qu'ils vivent dans le même monde. Sur la question fondamentale du pouvoir - de l'efficacité du pouvoir, de l'éthique du pouvoir, de l'attrait du pouvoir -, les approches américaines et européennes divergent. L'Europe tourne le dos au pouvoir ou, pour le dire autrement, elle dépasse le pouvoir pour s'inscrire dans un monde autonome de lois et de règlements, de négociations et de coopérations transnationales. Elle pénètre aujourd'hui dans un paradis posthistorique de paix et de prospérité relative, qui correspond à la `paix perpétuelle ' de Kant. Les Etats-Unis, eux, restent empêtrés dans l'histoire, exerçant le pouvoir dans le monde anarchique de Hobbes, où l'on ne peut se fier au droit international et où la véritable sécurité, la défense et la propagation d'un ordre libéral restent tributaires de la possession et de l'usage de la force militaire. C'est pourquoi, sur les grandes questions stratégiques et internationales actuelles, les Américains viennent de Mars et les Européens de Vénus : ils ne s'entendent que sur peu de points et se comprennent de moins en moins. Et cet état de choses n'est pas passager - il n'est dû ni à une élection américaine ni à quelque catastrophe. Les raisons de la scission transatlantique sont profondes, anciennes et sans doute durables. Lorsqu'il s'agit de fixer des priorités nationales, d'identifier les menaces, de définir les défis à relever et d'élaborer et mettre en oeuvre une politique étrangère et une stratégie de défense, les Etats- Unis et l'Europe empruntent des voies différentes 123(*)».

    L'économie américaine est de plus en plus dépendante des matières premières, ainsi les offres, politiques, économiques et commerciales, faites aux pays de la région, rendent cette présence plus offensive que les tiers ne peuvent arrêter, les Etats-Unis trouvent dans certains pays de la région des alternatives en terme d'approvisionnement de pétrole surtout, pour des questions de diversifications, au sein de la politique étrangère américaine il s'agit de stratégie énergétique capitale pour l'économie américaine pour les prochaines décennies, leur fournisseurs classiques connaissent un ralentissement en terme de production, l'Irak pour cause de guerre, l'Iran pour des raisons idéologiques et de contentieux sur les armes de destructions massives l'Arabie saoudite pour des raisons d'émancipation des Etats-Unis, elle cherche à établir un cadre de coopération avec la Chine le concurrent américain pour les prochaines années, en Afrique la Chine centre ses efforts sur l'établissement d'un partenariat stratégique avec l'Afrique, en terme énergétique pour alimenter son économie et sa croissance. Il reste la lutte anti terroriste, la raison initiale et officielle évoquée par la diplomatie américaine à leur présence, comme on l'a vu dans la première partie, il s'agit d'une raison « hypertrophiée » qui ne mériterait pas une telle « sur-dimension » que lui donne les américains ainsi que leurs alliés régionaux, tous les deux trouvent leur compte dans cette affaire.

    Enfin l'OTAN, structure militaire qui opère en Méditerranée, est une structure dominée par la conception américaine de la défense et ils (Etats-Unis) la commandent selon les intérêts qui sont les leurs.

    2- Raisons maghrébines à l'acceptation de cette présence

    Les Etats maghrébins ont le sentiment qu'avec l'élargissement de l'Union Européenne vers l'est, l'Europe semble se désintéresser de la rive sud de la Méditerranée et les frontières de l'Europe semblent se verrouiller. On assiste alors au renforcement des relations bilatérales et à la dilution de la priorité méditerranéenne de l'Union Européenne, selon Dorothée Schmitt il sera question à l'avenir de relations bilatérales étroites entre les Etats du sud et les Etats membres de l'Union Européenne, en premier chef la France.

    D'autre part l'éventail des offres américaines faites aux pays de la région accélère leur adhésion, l'accord de libre échange avec le Maroc, éminemment politique, l'attribution du statut «allié majeur non OTAN 124(*)» à ce dernier, la coopération au niveau militaire avec l'Algérie, le rétablissement des relations diplomatiques avec la Libye. Par ailleurs la présence des américains est même demandée par les Etats de la région pour faire contrepoids à l'Union européenne qui a tendance à intervenir dans leurs affaires125(*). Une intervention attentatoire à leur souveraineté ainsi qu'aux équipes dirigeantes à l'oeuvre, le cas notamment de l'Algérie et de la Tunisie.

    L'Europe est rarement en mesure de parler d'une seule voix dès qu'il s'agit de problèmes majeurs de politique extérieure, a fortiori méditerranéens. Sur la question du Sahara, seuls les Etats-Unis, du fait de leur « neutralité active » osent prendre des initiatives pour tenter de résoudre le contentieux entre Maroc, le Polisario et l'Algérie, la libération des 404 soldats marocains prisonniers du Polisario, l'arbitrage américain dans la crise entre le Maroc et l'Espagne autour de l'îlot de Perejil. A défaut d'une vision commune du contentieux, les pays européens, la France et l'Espagne, s'impliquent dans le conflit selon leurs intérêts nationaux respectifs. Cela paralyse leur action au plan international.

    Cependant et comme je l'ai souligné auparavant, du fait que les problèmes du terrorisme, et de tensions entre les Etats de la région se ne résolvent pas que par des moyens militaires mais aussi par le volet économique, social et politique, l'Europe reste un acteur majeur appelé dans les années à venir à jouer un rôle clé dans la zone. La proximité et l'histoire commune qui lient les deux rives, faite de rapprochement et de conflit, d'attirance et de rejet, impose une approche commune de la sécurité entre les deux partenaires.

    Conclusion

    Le sujet de mon mémoire étant d'examiner la mise en place de la coopération militaire, sécuritaire et politique des Etats-Unis d'un côté et les Etats de la région de l'autre, les logiques idéologiques et stratégiques respectives de départ, autrement dit les bénéfices et les intérêts que peut procurer la mise en commun des potentiels disponibles pour affronter une question d'ordre stratégique, j'ai pu faire le constat de plusieurs points importants que je vais récapituler dans ce qui suit.

    Tout au long de mon étude, j'ai essayé de mettre en exergue la NSS et son rôle fondamental dans la reformulation du replacement stratégique militaire américain, à travers le monde, en particulier en Afrique du Nord, d'une part cela m'a permis de comprendre, l'engagement profond des Etats de la région dans la guerre globale, menée contre le terrorisme par les USA à tout point de vue, politique sécuritaire et militaire.

    D'une part cette coopération met en doute la question des vraies ambitions américaines. L'action américaine fait apparaître un paradoxe entre les ambitions de démocratisation affichées et les politiques de militarisation à l'oeuvre déployées face à des indicateurs supposés à risque pour la région ainsi que pour la posture géostratégique de l'Amérique.

    Ensuite cette coopération avec une puissance planétaire à été sollicitée et accueillie dans l'enthousiasme par les Etats de la région, ceux-ci en tirent tout le bénéfice pour leur sécurité, leur prétention à jouer un rôle sur la scène régionale et mondiale, mais aussi une manière d'autolégitimation de l'élite au pouvoir face à sa population et aux yeux du monde extérieur, l'Europe et les Etats-Unis notamment.

    Par ailleurs, le redéploiement militaire et la présence intense des Etats-Unis dans la région se renforce sur le plan normatif, une réaffirmation et poursuite d'un rôle encore majeur dans les relations internationales et de leur intérêts.

    Le fait que le terrorisme soit un ennemi déterritorialisé, constitue un grand levier pour les Etats-Unis dans la poursuite des objectifs stratégiques « vitaux ». Le credo de l'Administration Bush est qu'il faut « aller chercher les terroristes là où ils se trouvent », en conséquencen, il faut se placer partout, pour contrer la menace susceptible de provenir de partout, ce qui nous amène à un paradigme sécuritaire du monde.

    La mondialisation de la sécurité sous la houlette des Etats Unis est perçue comme la seule analyse possible aux séries d'attentats de 11 septembre et la seule solution à la mondialisation de l'insécurité, ce qui rend obsolètes les frontières nationales et somme les Etats à collaborer.

    Encore plus sérieuse que la menace du terrorisme, l'image des Etats Unis est de plus en plus brouillée et érodée auprès de la population de la région. Dans un sondage mené par l'Institut Gallup dans 9 pays à populations majoritairement musulmane, auprès de 10 000 enquêtés sur la question à savoir s'ils sont favorables ou défavorables aux Etats-Unis, la réponse défavorable des sondés variait de 33 % en Turquie jusqu'au 68 % au Pakistan les Etats-Unis sont décrits comme un pays « arrogant » « agressif » « suffisant » « provocateur », et partial. Ces qualifications ne concernent pas le peuple ou les institutions américaines, mais les actions du gouvernement américain126(*).

    Il y a un respect profond du système politique, judiciaire, des établissements d'études supérieures américaines, de l'esprit d'entreprise, de l'économie, les sources de l'antiaméricanisme sont plus dues à la politique étrangère dans les pays musulmans, leur positions vis-à-vis de la cause israélo-palestinienne, les deux poids deux mesures et le soutien indéfectible du premier dans quelques occasions que ce soient. La « diplomatie publique » américaine à du mal à redresser cette image détestable des Etats-Unis causée principalement par une politique étrangère jugée inique par la population de la région. Un rapport récent Governement Accountability Office souligne en effet cet échec127(*).

    Quoique cette diplomatie publique soit basée sur un programme colossal et sophistiqué, mis en place par l'Under Secretary for Public Diplomacy and Public Affairs destiné à modeler les opinions publiques mondiales et à améliorer l'image des Etats-Unis le rapport a fait le constat d'un échec cuisant. Ce programme comprend entre autres une campagne médiatique appuyée par la chaîne de télévision Al Hurra et de Radio Siwa et un magazine Hi Magazine destiné à la jeunesse et distribué en langue arabe il est Financé entièrement par le département d'État. Enfin le Edward R. Murrow Journalism Program destiné à former les journalistes étrangers à de bonnes pratiques, telles que un traitement positif des Etats-Unis dans la presse.

    C'est pour cela que les Etats-Unis devront tenir compte de cet élément très important qui est l'image et se remettre en question en conséquences et s'interroger sur les véritables causes des choses. L'expansionnisme illimité de la « violence » induite par l'omniprésence militaire américain, la sous-traitance des « basses oeuvres » à leurs Etats, l'appui des systèmes autoritaires ainsi qu'un sont des facteurs de poids dans l'érosion cette image, certes non pas la population mais du gouvernement, cependant cela déborde sur la haine de tout ce qui est de consonance américaine.

    Ces faits remettent en doute les intentions de l'engagement américain dans leur projet de démocratisation de la région, et de plus en plus la population se fait à l'idée que la présence américaine n'est ni plus ni moins un pas supplémentaire dans le projet néoconservateur de renforcer l'empire sur le monde drapé dans des habits de démocratisation et de libéralisation des peuples.

    En ce qui concerne les pays nord africains, la coopération, a remis en question de nombreuses avancées et les acquis aussi minimes et relatives soient-elles, que les Etats et de la région ont réalisés en matières de droits de l'homme et de démocratisation128(*). D'autre part, cela a réaffirmé les chefs des Etats de la région dans leur pouvoirs, qui bénéficient désormais d'une « investiture » et un soutien ferme des Etats Unis et des pays occidentaux, au dépend d'une population, agacée par ce que Remy Leveau appelle une « course à la soumission129(*) » et qui reste hostile à l'image de l'Amérique arrogante, et provocatrice130(*).

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    Annexe

    Figure 1 Les dépenses militaires en 2003.

    Figure 2 Les effectifs militaires des Etats-Unis (1950-2002)

    Figure 3 Bases stratégiques et points de contrôle en Méditerranée (2004) Source Documentation française.

    Figure 4 Les Etats-Unis et le reste du monde Source La Documentation française septembre-Octobre 2003

    Figure 5 Les commandements des « aires de responsabilités » ou « Area Of Responsibility » (AOR) Source http://www.yes-dk.dk/YES/index.php?option=content&task=view&id=45&Itemid=72

    Figure 6 Théâtre de stratégie du Commandement des opérations spéciales Europe (SOCEUR) dans le cadre de la Guerre Globale contre le terrorisme de l'EUCOM( commandement militaire américain en Europe) Source http://www.globalsecurity.org/military/ops/oef-ts-maps.htm

    Tableau 5 Pan Sahel Initiative (PSI) Source http://www.globalsecurity.org/military/ops/oef-ts-maps.htm

    Figure 7 Le Grand Sahara

    Figure 8 Accords de défense du continent africain

    Figure 9 Le Maghreb Economique source, la documentation française

    * 1 S. Ambroise cité par Fréderic Leriche, La politique africaine des Etats-Unis : une mise en perspective, Afrique contemporaine Automne 2003.

    * 2 Le 13 décembre 2001 le président Bush a annoncé le retrait unilatéral des Etats unis du traité anti missile balistique ABM, signé en 1972, le traité devait limiter l'accumulation des armes nucléaire, en interdisant la construction de défense antimissile, le retrait de ce traité signifie la volonté des stratèges américains de développer leur propre projet de défense antimissile.

    * 3 National Security Strategy of the United States of America

    * 4 La National Defence Strategy est un rapport remis au Congrès par le président des Etats-Unis détaillant la vision stratégiques du président américain et actualisé tout les quatre ans. Cette tradition trouve ses origines dans la présentation, par le président Truman en 1950, du rapport NSC-68qui portait essentiellement sur les Etats-Unis et l'Union soviétique et préconisait la doctrine d'endiguement qui allait dominer la guerre froide. Chaque président à soumis depuis lors un document similaire au Congrès. Il est rédigé par plusieurs services, le conseiller à la sécurité nationale et l'ensemble des Départements, qu'il s'agisse du Département de la Défense, du Département de la sécurité intérieure (Homeland Security) ou du Département d'Etat. Sa publication est rendue obligatoire par la loi est rendue obligatoire par la loi édictée en 1986 Golds Waters-Nichols, cette loi visait al réorganisation de la défense nationale des Etats-Unis à moyen et long terme

    * 5 Les pays qui ont participé dans l' « Opération Enduring Freedom » comme l'a appelé les Etats-Unis sont les suivants les pays membres de l'OTAN, le Royaume Uni, le Canada, La France, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, l'Allemagne, l'Australie, le Pakistan, et la Nouvelle Zélande

    * 6 Aucune disposition de la présente charte ne porte atteinte au droit naturel de légitime défense individuelle ou collective , dans le cas ou un membre des Nations Unies est l'objet d'une agression armée jusqu'à ce que le conseil de sécurité ait pris les mesures nécessaires pour maintenir la paix et la sécurité internationales les mesures prises par les membres dans l'exercice de ce droit légitime défense sont immédiatement portées à la connaissance du conseil de sécurité et n'affectent pas le pouvoir et le devoir qu' a le conseil, en vertu de la présente charte , d'agir à tout moment de la manière qu'il juge nécessaire pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationale

    * 7 Le principe d'une guerre préventive consiste à stopper ce que l'Administration appelle les « Rogues states » ou « Etats voyous » avant qu'ils ne soient dans la capacité de développer de menacer ou d'utiliser les Armes de Destruction Massives contre les Etats-Unis, leur intérêts et leur alliés et pays amis. Cela devrait se faire par le renforcement des alliances, l'établissement des nouveaux partenariats avec les anciens adversaires, l'innovation dans l'utilisation des forces armés, les technologies  modernes y compris le développement d'un système de défense anti missile et l'accent doit être mis sur les renseignements. Il y a une différence considérable entre les deux termes, à savoir la guerre préemptive et la guerre de défense préventive, alors la premier est une réponse à une attaque imminente ou en cours, la deuxième sous entend que les Etats-Unis et eux seuls ont le droit d'attaquer n'importe quel pays qu'ils estiment potentiellement dangereux pour eux et la confusion a été sciemment entretenue.

    * 8 Le NSS définit cette catégorie comme suit : ceux qui brutalisent leurs peuples et gaspillent les ressources nationales pour des gains personnels et intérêts des gouvernants, ceux qui ne prennent pas en considérations les lois internationales et menacent leur voisins ainsi qu'ils violent les traités internationaux qu'ils signé et ratifié, ceux qui sponsorisent le terrorisme dans le monde, enfin ceux qui rejettent les droits humains basiques et haïssent les Etats-Unis

    * 9Une loi qui limite le pouvoir du président d'envoyer des troupes armées américaines à l'étranger sans le consentement du congrès, elle est censée redonner du pois au congrès en matière de politique étrangère. En terme d'action préventive , cette loi est contournée, puisque le président peut l'action préventive dès l'instant qu'il estime que la sécurité des Etats-Unis est menacée, sans en avoir la preuve formelle et sans le consentement du Congrès

    * 10 François Géré « La nouvelle stratégie des Etats-Unis », Institut Diplomatie et Défense, Mai 2002 http://www.diploweb.com/p5gere1.htm

    * 11 La QPR 2004 prévoit les endroits où s'effectuera ce redéploiement, selon quelles modalités et avec quelles capacités les forces américaines seront déployées en dehors des Etats-Unis.

    * 12 Notamment en Allemagne et les Etats prévoient de les remplacer par des nouvelles bases dans des pays membres de l'alliance, Roumanie et les Bulgarie, ou d'autres pays allié hors OTAN comme c'est le cas du Maroc et l'Algérie.

    * 13 Qui sera réduit d'environ 300 000 hommes

    * 14 Un des aspects essentiel de cette transformation est de mobiliser des capacités à l'échelle mondiale notamment par le biais des lignes de commandement, en plus des cinq commandements existants, le haut commandement militaire américain propose la mise en place d'un centre de commandement en charge uniquement de l'Afrique. Actuellement le continent africain tombe sous la responsabilité du Commandement des forces américaines basées en Europe, l'Eucom, l'US Central Command, et le Pacific Command.

    * 15 Colonel Victor Nelson, qui a supervisé le programme pour le compte de Département de la Défense, Bureau des affaires de la sécurité international, in Pierre Abramovichi « United States, the new scramble to Africa » le Monde Diplomatique, Juillet 2004

    * 16 La FIDH rapporte que depuis le début de mois de mai 2003 une vague d'arrestation a lieur à l'encontre des dizaines de personnalités mauritaniennes, y compris des représentants politiques du parti Nouhoud, un maire, un représentant religieux, un magistrat, un directeur de la bibliothèque nationale, un ancien ambassadeur, ils sont détenus dans le secret, sans qu'aucune charge ne leur soit adressé.

    * 17 Unité de Coordination de la Lutte entre le Terrorisme, cellule anti terroriste basée à Paris, dont le but est de mettre en commun les renseignements sur les activistes islamistes.

    * 18Les Etats -Unis sont dépendant des matières premières stratégiques comme le Manganèse, pour la production d'acier, le Cobalt et le Chrome vital pour l'alliage notamment dans le domaine aéronautique, le Vanadium, l'or, l'Antimoine, le fluorspar et le germanium pour les diamants industriels. Le Congrès américain a déclaré que l'Afrique est d'un intérêt vital pour les Etats-Unis.

    * 19 Yahia Zoubir, The Maghreb states and the United States after 9/11: a problematic relationship, http://www.menavision2010.org/dokumente/tp3-studie-acht.pdf

    * 20 Traduit en français par endiguement. Le containment fur la base de la doctrine de Truman, elle visait durant la guerre froide à empêcher toute nouvelle extension de la zone d'influence soviétique au-delà de ses limites atteintes en 1947

    * 21 Organisation sous régionale maghrébine composée de 5 pays fondateurs, Le Maroc, l'Algérie, la Tunisie la Libye et la Maurétanie, crée le 17 février 1989 lors d'une réunion à Marrakech

    * 22 Que Donald Rusfeld, lors dans une visite dans une visite en Tunisie, appelle « lonstanding friends and longtime partners » en référence au Maroc, Algérie et Tunisie

    * 23 Initiative proposé et lancée par Stuart Eizenstat, sous secrétaire aux affaires économiques des Etats-Unis, dans le but d'augmenter le volume de commerce et d'investissement entre le pays nord africains et les Etats-Unis, et cela par l'intégration du Marché africain en former un grand marché, ce qui pourrait stimuler l'intérêt des entreprisses américaines au profit de cette région. Ce partenariat concerne le secteur privé, conditionné par quatre éléments : 1- le renforcement du dialogue au haut niveau, 2- un rôle accru pour le secteur privé, 3- l'accélération des réformes structurelles dans chaque pays, 4- démantèlement des barrières intra-régionales qui entravent le commerce et les investissements

    * 24 5 tonnes d'équipements ont été envoyés depuis la base navale américaine Rota, en Espagne, dans la région pour servir pour cet effet

    * 25 Le comandant des forces américaines dans la région, le colonel Brandi Kerne.

    * 26 Il y a d'autres opérations navales, parmi lesquelles l'opération « Active Endeavour » est d'importance stratégique et sécuritaire. AE est un dispositif mis en place par l'OTAN au lendemain du 11 septembre 2001 son mandat comprend la patrouille des navires non militaire, l'objectif central étant de détecter et décourager les activités terroristes ainsi que le transport d'armes de destruction massive. Les pays comme le Maroc, l'Algérie et la Tunisie participent activement à ce type de manoeuvre.

    * 27 Il s'agit de la nouvelle stratégie américaine, qui consiste à impliquer et intégrer des pays dans la lutte contre le terrorisme. Cette stratégie est conçue de façon indirecte par le biais du partenariat avec les acteurs régionaux. Il est un moyen très efficace pour tirer le meilleur parti possible des ressources militaires

    * 28 M Dan Fried, sous secrétaire d'Etat américain chargé des affaires européennes et euro asiatiques, cité par Giullietto Chiesa , L'archipel des prisons secrètes de la CIA, Le Monde diplomatique, Aout 2006

    * 29 Giullietto Chiese idem

    * 30 Giullietto Chiese idem

    * 31 Le rapport est consultable sur le site internet à l'adresse suivante http://web.amnesty.org/library/index/fraamr510512006

    * 32 Le site noir, appellation de Washington post, est un centre de détention secret géré directement par la CIA. Au Maroc ce site est localisé à 8 Km de Rabat au sein du siège de la DST à Temara, c'est dans ces centres que sont détenus les prisonniers transférés par la CIA.

    * 33 Le Journal Hebdomadaire marocain affirmait, citant un ex agent marocain de la DST, que le Maroc participé directement au programme de la sous-traitance de la torture mis en place par la CIA et que des avions affrétés par l'agence américaine avait effectué 10 déplacements au Maroc entre décembre 2002 et février 2005.

    * 34 http://www.wsws.org/francais/News/2006/Juin06/120606_EuropeCIA.shtml

    * 35 Selon la chaine CBS qui a diffusé une émission sur les vols secrets à destination des alliés

    * 36 Le Human Rights Watch rapporte qu'un avion, Boeing 737, a décollé de Washington, est passé par plusieurs pays tels que la République Tchèque, l'Afghanistan la Roumanie, la Pologne et s'est posé à l'aéroport de Rabat Salé le 23 septembre avant de décoller pour Guantanamo

    * 37 Sénateur suisse, président de la commission des questions juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée Parlementaire du Conseil de l'Europe.

    * 38 L'une au niveau du Conseil de l'Europe et l'autre au niveau du Parlement Européen

    * 39 Olivier Roy

    * 40 Terme utilisé par les journaux marocains pour décrire la sous-traitance de la détention et les interrogatoires de ces suspects, au Maroc par les Etats-Unis quitte à le faire de manière « musclée ».

    * 41 Selon le Rapport d'Amnesty International, les appareils de la CIA se sont posé 19 fois en Libye et 4 fois en Algérie

    * 42 En référence à l'Instance Equité et Réconciliation IER installé par le Roi du Maroc en Janvier 2004. Composée de militants de droit de l'homme et d'anciens détenus, sa mission est l'examen d'une période de 43 en matière de violations de droits de l'homme, de rétablissement de la vérité et la détermination de la responsabilité concernant la disparition des personnes, la détention arbitraire, la torture et mauvais traitement.

    Le deuxième volet de la mission qui lui a été assigné concerne de faire des recommandations de réformes pour préserver al mémoire, garantir la non répétition des violations, restauration de la confiance dans les institutions et le respect de la règle de droit de l'homme ainsi que l'élaboration de la politique et des programmes de réparation

    * 43 Chalmers Johnson, America's empire of bases, publié par Tomdispatch.com 15 Janvier, 2004 http://www.commondreams.org/views04/0115-08.htm

    * 44 Parmi eux des milliers de soldats de techniciens, d'enseignants et d'espions

    * 45 Ce chiffre ne comprend pas les bases temporaires en Afghanistan, en Irak et au Kosovo, Israël, Koweït, Kirghizstan, Ouzbékistan, Qatar

    * 46 Mais aussi en Australie et en Singapour

    * 47 D'autres pays comme le Sao Tomé et Principe situé dans le Golf de Guinée, en plus de Kenya qui a le premier signé un accord officiel avec Washington en février 1980, cet accord a permis d'utiliser le port de Mombasa mais aussi les terrains d'aviation pour soutenir l'intervention en Somalie entre 1992-1994

    * 48 Cette base a été exploitée pour le déploiement des avions P-3 Orion pour la surveillance aérienne et recueillera des renseignements sur le GSCP.

    * 49 L'agence fédérale chargée d'intercepter et analyser les communications mondiales, par téléphones Internet, réseaux informatiques ou radio

    * 50 Réseau de surveillance planétaire américain mise en place depuis les années 1980 par le National Security Agency (NSA), ce système dispose d'une technologie puissante qui permet d'espionner de facon systematique, Téléphone, fax, courriers électronique dans le monde entier. L'existence de ce système a été dévoilée par un chercheur néo zélandais

    * 51 Sean Moir, What Empire? the proliferation of U.S Military Bases, Issue of chronicle, Février 2004, http://www.chroniclesmagazine.org/Chronicles/February2004/0204Moir.html

    * 52 Président des Etats-Unis (1993-1998)

    * 53 Un cercle de réflexion émettant des idées dans le domaine de sciences sociales, ils sont nombreux aux Etats-Unis, les frontières d'un Think Tank se confondent avec un groupe de pression, d'un mouvement politique et un cabinet de consultants

    * 54 Courant politique aux Etats-Unis, l'axe central de leur pensée est orientée vers la revitalisation des valeurs patriotiques des Etats-Unis et une politique dynamique à l'extérieur, les Etats-Unis doivent être respectés à travers le monde et reconnus comme la nation des droits de l'homme et de la Démocratie, un principe politique que les néoconservateurs s'évertuant à promouvoir activement, par la voie militaire.

    * 55 Le 22 juin 2001 la flotte américaine était composée de 22 bâtiments, 70 avions et 7074 marins et Marines. Elle se subdivise, au niveau opérationnel, en différentes Task Forces

    * 56 Les missions de la Navy américaine, en particulier la VIème flotte, se subdivise en deux types, celles de temps de paix tel qu'évacuer des civils, assurer une aide humanitaire, fournir une assistance en cas de catastrophe naturelle, mettre en application des sanctions, combattre le trafic de drogue et soutenir les missions de maintien de la paix.

    Le deuxième type de missions, est celui de temps de guerre, la Navy doit protéger alors les intérêts américains et soutenir l'activité diplomatique de Washington en projetant à terre la puissance américaine au moyen des missiles de croisière Tomahawk, du porte-avions et des forces amphibies. Enfin la Navy doit empêcher qu'un agresseur potentiel d'attaquer ses voisins ou de mettre en danger les intérêts américains.

    * 57Les Etats-Unis disposent de 7 flottes à travers le monde et dans des endroits stratégiques, qui peuvent perçues au regard des défis qui se posent à une puissance mondiale dans un monde globalisé. Le port d'attache de la deuxième flotte est Norfolk en Virginie dans l'Atlantique, la troisième flotte est stationnée à San Diego dans le Pacifique. La Cinquième flotte est positionnée dans le Golfe persique à AL Manama au Bahreïn, la Sixième flotte est située en Méditerranée, son port d'attache est Gaeta en Italie du sud, enfin la septième flotte est stationnée au Japon.

    * 58Bénédicte Suzan, La présence de la VIème flotte américaine en Méditerranée, une remise en question ?, revue Hérodote, novembre 2001

    * 59 Cette école de pensée, représentée au Pentagone par Adrew Marshall, plaide pour une nouvelle stratégie militaire américaine qui devrait préparer le pays à de nouveaux conflits en Asie, sans toutefois se détourner du Golfe Persique, et implique le déplacement des forces du commandement Europe vers le détroit de Taiwan et la Corée du Nord, par conséquence une remise en question de la présence des soldats américains en Europe en contrepartie le commandement sud de l'OTAN pourrait être abandonné à un officier européen

    * 60Bénédicte Suzan, Op.Cit

    * 61Les Etats-Unis disposent d'un amiral américain à la tête de la VIème flotte et celle du commandement sud de l'alliance atlantique en Méditerranée.

    * 62 Bénédicte Suzan, Op.Cit

    * 63 Les cadres du ministère de l'intérieur, pour la plupart des responsables de la DAG (Direction des Affaires Générales) suivent des séances de formation organisées par les agents du FBI. La Lutte contre le terrorisme, l'extrémisme, le trafic de drogue et la criminalité organisée dans sont les axes majeurs de la Formation assurée par le National Academy du FBI (FBINA).

    * 64 Abdellatif Mansour, Le Maroc abritera une base militaire américaine, ce qu'on attend de l'Amérique, Maroc-hebdo, N°566 du 11 au 17 Juillet 2003

    * 65 Cité par Algérie et l'OTAN coopération intensifiée dans la lutte contre le terrorisme, 26 Décembre 2002 http://www.terrorisme.net/info/2002/058_algerie_coop.htm

    * 66 Un partenariat instauré par l'OTAN en 1994 avec des certains Etats de la Méditerranée comme le Maroc, Algérie, Tunisie, Egypte Israël et la Maurétanie. Ces Etats ne sont pas membres a part entière, mais sont des partenaires réguliers à travers le mécanisme de Dialogue Méditerranéen. Ce dernier permet de nouer des rapports de coopération entre l'OTAN et les autorités militaires et civiles de ces Etats partenaires et assurent une influence de l'Etat major US sur la politique militaire de ces Etats.

    * 67Cité par Aït-Chaâlal Mouloud, Course à l'armement au Maghreb, Le Jeune Indépendant, 10 février 2004.

    * 68L'existence de cette base n'a pas été confirmée par aucun des responsables des deux pays. Le sujet reste un secret défense.

    * 69 Dans son édition de Mercredi 27 Juillet 2005

    * 70 Dont le cout est estimé 700 000 dollars

    * 71 Initiative qui comprend deux volets, le premier porte sur l'aide à la formation militaire d'élite, Capstone Joint Waefighting Program, et le second est centré sur le tissage d'un véritable réseau de renseignement impliquant les armées de la coalition antiterroriste

    * 72L'organisation n'est par gouvernementale cependant elle partage de nombreux points en matière de sécurité avec l'Administration Bush

    * 73 Une organisation nationale américaine indépendante fondée en 1982 elle regroupe en son sein des hommes d'affaires, l'objectif est d'apporter une approche non idéologique à la question relevant de la sécurité nationale. L'organisation a une mission auprès de l'Administration américaine en matière de gestion de la défense, notamment dans le domaine de la prolifération des armes de destruction massives et les modes de financement du terrorisme et la sécurisation des ports

    * 74 Les compagnies pétrolières américaines ont fait compagne pour une amélioration des relations dans l'espoir de pouvoir travailler avec la Libye, pays qui n'a pas encore exploité totalement tout son potentiel pétrolier. Selon les estimations de l'OPEP les réserves du pays en pétrole sont d'environ 36 milliards de barils, et de 1314 milliards de m3 en gaz naturel

    * 75 La Libye a conclu en 2003 un accord cadre avec les familles de victimes en vertu duquel la Libye accepte de verser 10 millions de dollars par familles, 270, soit 2,3 milliards de dollars en tout sous réserve que les sanctions américains et des nations Unies soient levées et que la Libye soit retirée de la liste des Etats qui soutiennent le terrorisme.

    * 76 Luiz Martinez Des changements attendu de la Libye, CERI, Janvier 2004

    * 77 Idem

    * 78 Mohamed Zidane, Libye, la fin des illusions, CERMAM, dossier N 9 Décembre 2005 http://www.cermam.org/fr/logs/dossier/libye_la_fin_des_illusions/

    * 79 La fondation Kadhafi est intervenue dans l'indemnisation des familles de victimes non américaines de la destruction par explosif d'un avion français de l'UTA en acceptant en le montant était de 170 millions de dollars. Elle a aussi accepté d'indemniser les familles de deux membres de l'armée américaine et une femme turque, victimes d'un attentat en 1986 dans la discothèque berlinoise la Belle, le montant de cette indemnisation fut à hauteur de 35 millions de dollars

    * 80 Luiz Martinez, Chercheur au CNRS, cité par Zaire Djouane Etat-Unis - Libye : amis pour la vie, Afrik.com 16 Mai 2006

    * 81 Dès les années 1980 le régime de Kadhafi s'est retrouvé confronté à des organisations fondamentalistes armées qui compte des millions de prisonniers politiques selon Amnesty International. Le Jihad Islamique Takfir Wal HIja « Excommunion et Exil » dans les années 1980 et le Groupe Islamique Combattant Libyen et le Mouvement Islamique des Martyrs durant la décennie 1990, étaient les plus visibles de ces organisations

    * 82 Tim Niblock, Irak, Libye, Soudan, efficacité des sanctions? Politique étrangère, 2000

    * 83 Ray Takeyh, Milton Viorist and David LMack at MEI, US-Libya Relations: A way forward? Middle East Institute, Avril 2002.

    * 84 Ce bombardement fut une représaille de l'explosion dans une discothèque berlinoise dite La Belle, que les Etats-Unis attribuaient à la Libye, parmi les victimes il y avait une militaire américain.

    * 85 La Belgique a représenté durant la période 1982 2004 les intérêts américains en Libye, cette tache consistait à favoriser l'échange d'informations entre les deux capitales ce qui lui valu le théâtre de manifestations anti américaines

    * 86 Directeur de l'Institut des Relations Internationales et Stratégiques à Paris

    * 87 Cette reprise intervient après plus de 20 ans de rupture due à l'invasion du Tchad par la Libye.

    * 88 Selon le journal Al-Hayat la coopération militaire comprend la signature d'une série de contrats d'armement et la vente d'une vingtaine de Airbus, il s'agit aussi de la modernisation de 38 mirages F1 achetés par la Libye entre 1978 et 1980, des patrouilleurs maritimes avec des missiles navires Otomat de MBDA, société commune de EADS, BAE Dynamics et Alenia. Le premier salon de la défense libyenne prévu en mois de décembre 2006 à Tripoli est une opportunité pour les industriels français, tel Dassault et ses rafales qu'il compte exposer lors de ce salon.

    * 89 Le 31 Juillet 2006 à Tripoli, une réunion a eu lieu des ministres de la défense nationale des Etats du Maghreb.

    * 90 Durant les années quatre-vingt l'armée Libyenne a bénéficié d'un armement considérable dont le montant des achats sera évalué à 30 milliards de dollars. Cela ne fait pas d'elle une puissance militaire, selon Pascal Boniface directeur de l'IRIS, vu son budget qui n'est que de 1,2 milliards.

    * 91 Voir Luiz Martinez, La sécurité en Algérie et en Libye après le 11 septembre, Ceri, Science po, Mai 2003, Paris

    * 92 Alvaro de Vasconcelos, La nouvelle Europe et la méditerranée occidentale, Revue de l'OTAN, Edition Web Vol.39- No° 5 Octobre 1991 p. 27-31 http://www.nato.int/docu/revue/1991/9105-06.htm

    * 93 Les fournisseurs de l'Armée en armes sont divers en première position la Russie, les Etats-Unis, la France, la Grande Bretagne l'Afrique du sud et l'Inde et la Tchécoslovaquie. L'Armée algérienne, a conclu avec la Russie une série de contrat de livraisons d'armes d'un montant de 2,5 milliards de dollars dans le cadre de l'accord stratégique qui lie les deux pays depuis 2001, ces contrat portent sur des avions de combat (Sukhoy-24) des systèmes de défense, des équipements militaires pour l'armée de terre et la marine

    * 94 Luiz Martinez, cité par Nadia Hachimi Alaoui, La guerre est-elle possible ? Entre Alger et Rabat, rien ne va plus Jusqu'où pourrait aller cette cris, Le Journal Hebdomadaire, 11/10/2004

    * 95 En avril 2004 le Maroc a conclu avec les Emirats Arabes Unis un contrat de vente de quarante chars M-19 suisses. En 2006 les Forces Armée Royales commandé chez les Russes l'équivalent de 1 milliards de Dirhams d'équipements militaires, 112 systèmes de défense aérienne Tunguska M1. En Octobre le groupe Dassault a vendu 18 avions de combat Rafale au Maroc selon le journal La Tribune, ce qui fait du Maroc le premier client étranger du Rafale de Dassault Aviation. Le Maroc dispose d'un grand partenariat avec les Etats-Unis qui l'approvisionne d'équipements de communication tactique ; de pièces détachées pour les Hercules C-130 de l'Armée de l'air.

    * 96 Interview du Colonel Mohamed Samraoui, auteur du livre  Chronique des années de sang  in Les généraux algériens sont capables de provoquer la guerre contre le Maroc, la Gazette du Maroc http://www.lagazettedumaroc.com/articles.php?r=2&sr=964&n=423&id_artl=6686

    * 97 Colonel algérien, ancien des services de contre espionnage algérien.

    * 98 Cité par Algérie-Maroc, Belkhadem « Une guerre n'est pas passible », El Watan, 11 octobre 2004, www.algeria-watch.org

    * 99 Déclaration d'Abdelaziz Bouteflika le 32 octobre 2004 par la télévision algérienne.

    * 100Abdelmohsin El Hassouni, EL Houssaini : « le Maroc doit se préparer militairement », Aujourd'hui le Maroc, 25-5-2005, http://www.aujourdhui.ma/couverture-details36030.html

    * 101 Sahara Occidental Ben Bella s'aligne sur Rabat, Le Soir d'Algérie, 6 Mai 2006 http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2006/05/06/article.php?sid=37928&cid=2

    * 102 Sean Moir, op.cit

    * 103Salima Mellah, Jean Baptiste Rivoire Enquête sur l'étrange Ben Laden du Sahara, Le Monde Diplomatique février 2005 http://www.monde-diplomatique.fr/2005/02/MELLAH/11905

    * 104 Allégement des Etats-Unis l'embargo sur les armes à destination d'Algérie et la vente d'équipement militaire antiterroriste

    * 105 Le Polisario contrôle militairement et administrativement, 260 000 km2 environs du territoire du Sahara occidental, il y organise des défilés militaires et signent des contrats de prospection pétrolières, la frontière physique avec la zone contrôle par le Maroc est constitué par « mur de défense » fait de sables, érigé en 1980 sur 2700 km2 dont l'objectif au début était de stopper les blindés du Polisario

    * 106 L'appellation « Tora » est d'origine berbère, tandis que l'appellation « Leila » est arabe, enfin l'appellation « Perejil » est espagnole.

    * 107 En dehors de la ville de Oujda ou les frontières sont matérialisées par des barbelés ou des oueds, la zone sud de la frontière algéro-marocaine n'est nullement matérialisée , dans le meilleur des cas, un piste fait figure de frontière, ce qui est tout a fait dérisoire et peut facilement induire au contentieux armé, surtout dans le contexte actuel des relations bilatérales entre les deux pays.

    * 108 La presse marocaine rapporte qu'un contrebandier marocain, alors qu'il se croyait sur le sol marocain a été abattu par l'armée algérienne, ou encore des bergers marocains qui ont été arrêtés par l'armée algérienne parce qu'ils se sont retrouvés sur le sol algérien sans le savoir

    * 109 En 1979 lorsque la Maurétanie s'est retiré de la guerre pour le contrôle de Sahara occidental, la ville de Lagouira a été cédé au Maroc par la Maurétanie Hassan II y a installé une zone militaire pour trois raisons Hassan II à son tour a évacué la zone : la localité était la cible permanente du Polisario, elle ne comptait pas d'habitants ni d'activité économique, enfin la présence des FAR en face de la ville économique de Nouadhibou, ville économique mauritanienne, constituait un risque.

    * 110 Une étude, menée en 1995, par les économistes du FMI, The peace dividen militaray spendung cuts and economic growth, a démontré que les coupes dans les budgets militaires ont des effets sur la croissance économique sur le long terme, dans el cas de l'Afrique du nord cette croissance est de l'ordre de 4% sur la période de 10 et de l'ordre de 40 % sur une période de 50 ans

    * 111 Dans un entretien du Secrétaire Général de l'ONU diffusé à la BBC le 4 novembre, il déclare que la situation en Irak est « bien pire » que la guerre civile et il reconnaît que la situation est bien plus difficile que sous la dictature de Saddam Houssein,

    * 112 Pour Kofi Annan la vie est q pire que sous Saddam, Le Figaro, 04-12-2006 http://www.lefigaro.fr/international/20061204.WWW000000325_pour_kofi_annan_la_vie_est_pire_que_sous_saddam_.html

    * 113 Cité par Mustapha Benchenane dans, La Méditerranée, espace de stabilité ou protectorat américain ? , Arabies, Décembre 1996 http://www.fmes-france.net/article.php3?id_article=119

    Sur la question de la nécessité pour la puissance d'avoir un ennemi pour l'exercice de son hégémonie, Cf Lionel POURTOU, L'ennemi à l'âge des conflits asymétriques, Sociétés N° 80, 2003/2

    * 114 Dictionnaire du petit Robert

    * 115 Philip Golub, Sur le Militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005.

    * 116 Andrew J.Bacevich,the New American Militarism : How Americans are seduced by War, Oxford university Press, New york , cite par Philip Golub, Sur le militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005

    * 117 La guerre contre le terrorisme fait gagner énormément à l'industrie d'armement américaine. Le Budget militaire américain atteint des sommes énormes estimé à 400 milliards de dollars et sur 30 milliards de dollars de ventes d'armes dans le monde en 2002, 45% étaient réalisées par les Etats-Unis et leur complexe militaro industriel

    * 118 Anatol Lieven , Le Nouveau nationalisme américain, Lattès, Paris 2005, cité par Philip Golub in Sur le militarisme américain, Le Monde Diplomatique, Décembre 2005

    * 119 Celle-ci désigne l'action de militariser ou d'organiser militairement

    * 120 Le projet marocain de large autonomie au Sahara sous la souveraineté marocaine, sera prochainement soumis aux Nations Unis, est très intéressant du point de vue des efforts pour résoudre ce conflit et déterminera les futures négociations à ce sujet

    * 121 Fouad M. Ammor De l'environnement stratégique du Maghreb, point de vue d'un marocain, In Le Maghreb Stratégique deuxième partie, Collège de défense de l'OTAN, page 11-23 Avril 2006 http://www.ndc.nato.int/download/publications/op_14.pdf

    * 122 Ce qui équivaut à la somme des budgets de défense des 20 pays les plus dépensiers du monde pour la défense Russie, Chine, Japon, Royaume Unie, France, Allemagne, Arabie Saoudite, Italie, Inde, Corée du sud, Brésil, Taiwan, Israël ,Espagne, Australie, Canada, Pays bas, Turquie, Mexique, Koweït, Ukraine.

    * 123 Robert Kagan, Power and weakness,  Policy Review N 113 Juin 2002

    * 124 Il permet de facto la levée de restrictions sur les ventes d'armements, il autorise également le Maroc à disposer de l'aide financière des USA et à se porter candidat à certains contrats militaires américains, rechercher et programmes de développement

    * 125 Les Etats voient que le processus de Barcelone comme étant une initiative visant à détruire les secteurs protégés et assainir l'économie souterraine, ainsi que la menace de destruction des réseaux clientélistes liés aux différentes équipes au pouvoir , pour cet effet il jouent sur ce qui es perçu comme l'antagonisme euro américain.

    * 126 Cf John Waterbury, «Hate you policies, love your Institutions, Why do they hate us ?», Foreign affairs , Janvier Fevrier 2003

    * 127 Cyril Capdevielle, La « diplomatie publique » impuissante. Aveu d'un échec de la propagande Etats-unienne dans le monde arabe, 23 juin, 2006.

    * 128Tel que l'« Instance équité et réconciliation » mis en place par le roi du Maroc, Mohamed VI. Cet événement a été très apprécié et loué aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du Maroc. Or l'engagement de l'Etat de ce pays dans la guerre contre le terrorisme, et la suspicion d'accueil des centres de tortures pour le compte de la CIA écorche cette image et met à mal la réalisation d'une vraie réconciliation ainsi qu'un processus démocratique sain. De même qu'en Algérie le pouvoir politique des militaires algériens se retrouve d'autant plus renforcé que les américains ont besoin d'un allié de ce type pour faire mener leurs guerre contre le terrorisme.

    * 129Arezki Benmokhtar, Entretien avec Remy Leveau, Maghreb-USA : course à la soumission, L'Expression, 22-02-2004

    * 130 Sondage de l'Institut Gallup effectué entre Décembre 2001- Janvier 2002 dans 9 pays musulmans, parmi lesquels il y a le Maroc.






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