Mémoire de fin d'étude
Les fusions acquisitions et leurs
conséquences ressources humaines
Introduction générale
Face au phénomène de globalisation de
l'industrie et des marchés, les entreprises des pays
développés ont adopté une nouvelle stratégie
d'internationalisation. « L'implantation dans les pays
étrangers, à travers la création des filiales, succursales
ou bureaux de représentation, convient de moins en moins aux entreprises
qui cherchent à conquérir a court terme de nouvelles parts de
marchés afin d'accéder rapidement à une taille
jugée optimale face à la compétition mondiale. En revanche
la fusion ou le rachat d'entreprises locales leurs permet de résoudre
plus facilement certains problèmes tels que la constitution d'un
réseau de distribution, la formation du personnel... »
1(*)
Les entreprises locales, opérant désormais dans
un environnement à concurrence accrue avec des parts de marchés
tendant à se restreindre et des changements imprévisibles et
fréquents, se trouvent obliger de contourner ce phénomène
via un mouvement de regroupement.
Dans le cas de la Tunisie, le tissu économique est
formé surtout par des petites et moyennes entreprises dont les
capacités permettent difficilement de faire face à la concurrence
mondiale et l'émergence de plus en plus accélérée
des grandes entreprises.
Pour cette raison, ce mode de concentration apparaît
comme une solution assurant leur pérennité et leur croissance.
Les opérations de fusions se sont alors accrues un peu partout dans le
monde dans un laps de temps court, des sommes de plus en plus importantes se
sont mises en jeu et des entreprises de plus en plus grandes sont
impliquées dans le processus.
Par définition, « la fusion est
l'ensemble des accords à caractère stratégique
noués entre deux ou plusieurs entreprises indépendantes qui
choisissent de réunir leurs ressources (technologiques, productives,
commerciales...) dans le but d'atteindre des objectifs
communs »2(*).
Si on a pu constater une multitude d'opérations de
fusions, toutes ne permettent pas d'augmenter les performances. Et si certains
échecs peuvent être expliqués par les facteurs financiers
ou commerciaux, un nombre considérable s'explique par la
négligence du rôle du facteur humain. « Le
succès d'une opération de fusion est résultante d'une part
d'une logique stratégique et d'autre part d'un réel effort
d'intégration »3(*). Car une vision exclusivement financière
constitue une vision étroite de ce qu'est une opération de
fusion, vu que son succès dépend fortement de la
réalisation d'une synergie humaine.
Le plus souvent, la fusion s'accompagne d'une réduction
d'effectif, une élimination des postes redondants et une redistribution
des rôles et des responsabilités. Ces changements peuvent
être déstabilisants pour le personnel et susciter de
sérieuses résistances. La résistance s'explique par le
manque de transparence sur les intentions de l'entreprise, la
préférence pour la stabilité et la crainte de perdre son
poste, son pouvoir et toute autre chose qu'il valorise. Dans la
fusion-absorption, un autre problème peut avoir lieu : c'est la
tendance de l'absorbeur à accaparer les postes de responsabilité
et à imposer ses méthodes de travail à l'absorbé.
Cette situation accentue les sentiments d'insécurité et le stress
vécus par les membres de l'entité absorbée. Il arrive que
certains cadres n'acceptent pas leur nouveau rôle de subordonné,
chose qui explique leur départ même après des années
de la fusion.
Il apparaît donc que la fonction ressources humaines est
désormais plus que jamais interpellée pour jouer le rôle de
passerelle entre les différents niveaux de l'organisation dans la mesure
où elle supporte la mise en place du processus qui vise au rapprochement
des structures de l'entreprise.
Ainsi nous pouvons formuler notre
problématique comme suit :
Dans quelles mesures les conséquences humaines,
organisationnelles et culturelles apparaissent-t-elles comme un obstacle
à la réussite des opérations de fusions ?
Quel serait le rôle de la fonction ressources
humaines lors d'une opération de fusion ? Et quelles politiques et
pratiques de management doivent être mis en place pour remédier a
ces problèmes ?
Dans ce qui suit, nous allons nous intéresser au niveau
de la première partie à la notion de fusion à savoir les
types, les étapes, les motivations (Chapitre I).
Ensuite, nous aborderons les conséquences humaines, organisationnelles
et culturelles suite à une opération de fusion (Chapitre
II). Quant au (chapitre III), il sera consacré
aux pratiques de management à adopter et au rôle de la fonction
ressources humaines face à une telle opération, en d'autre termes
les facteurs clés de succès pour réussir une fusion.
La seconde partie sera consacrée à la recherche
empirique que nous effectuerons à travers l'étude du cas de
fusion par absorption de la Fininvest par la Sudinvest deux
intermédiaires en bourse. Dans cette partie nous allons, en premier lieu
présenter le contexte général de la fusion, en
deuxième lieu essayer de cerner les problèmes rencontrés
et en dernier lieu les moyens mis en oeuvre pour la gestion de la fusion.
Chapitre1 : Les fusions acquisitions, motivations,
typologies et étapes.
Introduction
Les opérations de fusions ne sont pas
récentes : « D'un point de vue historique on
peut distinguer 4 vagues de fusions acquisitions entre 1895 et
1995 »4(*).
Quelques tendances générales peuvent être
dégagées. Les deux premières ont eu lieu au début
du siècle et dans les années vingt. La création de grandes
entreprises, avec des intégrations verticales, avait
entraîné une augmentation du taux de concentration industrielle.
La troisième vague a été caractérisée par la
formation de nombreux conglomérats dans les années soixante. La
quatrième vague, dans les années quatre vingt, était
basée surtout aux Etats-Unis avec une logique plus financière que
lors des trois premières vagues.
Par définition, la fusion est
« L'opération par laquelle plusieurs
sociétés décident de réunir leur patrimoine pour
n'en former qu'une seule »5(*).
Selon l'article 411 du code des sociétés
commerciales Tunisiennes : « La fusion est la
réunion de deux ou plusieurs sociétés pour former une
seule société. La fusion peut résulter soit de
l'absorption par une ou plusieurs sociétés des autres
sociétés, soit de la création d'une société
nouvelle à partir de celles-ci. La fusion entraîne la dissolution
des sociétés fusionnées ou absorbées et la
transmission universelle de leurs patrimoines à la société
nouvelle ou à la société absorbante. La fusion s'effectue
sans liquidation des sociétés fusionnées ou
absorbées. Quand elle est le résultat d'une absorption, elle se
fait par augmentation du capital de la société absorbée et
ce, conformément aux dispositions du présent
code. »6(*)
Pour comprendre ce type de rapprochement nous allons dans une
première section essayer de cerner les types et les motivations des
fusions acquisitions, puis dans une deuxième section nous allons
présenter ses différentes étapes.
Section 1 : Typologies et motivations des
F&A
I.1- Les types de fusions
Les types de fusions peuvent être identifiés
selon deux critères : la taille des entreprises d'une part et leur
niveau d'activité d'autre part.
I.1.1- La taille des entreprises
Selon la taille des firmes, nous distinguons la fusion
égalitaire et la fusion-absorption.
· La fusion égalitaire ou la fusion par
création de société nouvelle
Elle réunit deux ou plusieurs entreprises de dimensions
comparables qui mettent en commun leurs moyens pour donner naissance à
une nouvelle société. Il est rare que les entreprises optent pour
la fusion égalitaire vu la complexité qu'elle présente sur
le plan pratique.
· La fusion-absorption ou la
fusion-annexion
Contrairement à la fusion par création de
société nouvelle, la fusion-absorption regroupe des entreprises
de tailles différentes. Cette opération se traduit par une
augmentation du capital de la firme absorbante et la disparition de la
personnalité juridique des firmes absorbées.
Nous pouvons dire que les opérations de
fusion-absorption et d'acquisition se ressemblent malgré leurs
spécificités juridiques, dans le sens où elles visent la
même logique : prise du contrôle intégral ou partiel
sur le patrimoine ou le capital d'une autre société.
I.1.2- Le niveau d'activité des entreprises
Selon le degré de similitude entre les secteurs servis
et les produits offerts par les entreprises qui fusionnent, nous distinguons
les fusions horizontales, verticales, de diversification liée et
conglomérales.
· La fusion horizontale
Elle correspond à un rapprochement d'entreprises
concurrentes ou potentiellement concurrentes. Cette modalité de
croissance vise essentiellement la réduction des coûts unitaires
et le renforcement du pouvoir du marché des entreprises qui
opèrent dans le même secteur.
· La fusion verticale
Il s'agit d'une intégration vers l'amont et/ou vers
l'aval. Vers l'amont, l'entreprise absorbe son fournisseur ou sous-traitant. Ce
type de fusion permet surtout d'avoir un approvisionnement assuré, des
matières premières avec des coûts moins
élevés. Vers l'aval, elle absorbe son distributeur afin de
contrôler la distribution de ses produits.
· La fusion de diversification liée
Elle correspond à un regroupement d'entreprises qui
n'appartiennent pas au même secteur. Cependant, leurs activités
présentent des liens de nature technique ou commerciale permettant le
partage de certains coûts ou savoir-faire.
· La fusion conglomérale
Elle regroupe des entreprises dont les produits ou les
services offerts sont totalement différents. Ces firmes cherchent
surtout la diversification de leurs portefeuilles produits marchés.
« Qu'elles soient de nature verticale, horizontale ou
conglomérale, les F&A sont contrôlées par les
autorités publiques en raison de leurs effets sur
l'économie »7(*) , surtout les effets de la concentration de
l'offre sur les consommateurs.
I.2- Les motivations des fusions
Fournir une approche exhaustive des déterminants des
F&A n'est pas simple, mais on peut tenter d'en articuler l'analyse autour
de grands aspects, un aspect stratégique et un autre financier.
I.2.1- Les déterminants stratégiques
La réalisation de synergie est un argument largement
utilisé lors des réalisation des F&A, l'idée de base
de la synergie est que deux organisations combinées vont crée
plus de valeurs que s'ils sont considérés comme deux
entités indépendantes.
Détrie J.P. et al. (1997), définissent la
synergie comme : « L a première justification
économique avancée par les dirigeants. Se résumant
généralement par la formule 1+1=3, la synergie correspond a toute
création de valeur supplémentaire obtenue grâce au
regroupement de deux (ou plusieurs) entreprises et qui n'aurait pas
été obtenue sans la mise en oeuvre effective de ce regroupement.
Ainsi, cette définition exclut tout gain qui serait obtenu à
l'issue d'une fusion indépendamment des effets du
regroupement ».8(*)
· Economies d'échelles et recherche de
taille critique
La synergie de nature économique provient de la
réalisation d'économie d'échelle grâce à la
mise en commun de facteur de production. Il est à noter que les
économies d'échelles résultent de la diminution des
coûts unitaires correspondant à une activité donnée
au fur et à mesure que les quantités produites et le volume
d'affaires augmentent. Ou encore elle renvoie à la répartition
des coûts fixes importants sur une base plus grande de production :
de telles économies sont constatées notamment dans les domaines
industriels et manufacturiers où on enregistre des coûts fixes
importants.
On constate que la recherche de l'effet taille est une
conséquence de la recherche d'économies d'échelles. La
pression des marchés financiers est telle qu'une fusion si elle est
annoncée, sans information concernant le montant de la réduction
des coûts qu'elle permettra, serait suspecte pour les investisseurs.
· Pouvoir de marché
Lorsque les entreprises fusionnent, elles occupent une
nouvelle position sur le marché. La fusion peut alors obéir
à des motifs stratégiques comme la volonté
d'acquérir une taille critique pour rationaliser sa production ou
exercer un pouvoir de marché en devenant leader.
Quelques fusions sont motivées par un désir
d'accroître le pouvoir monopolistique dans un secteur et ainsi permettre
une influence plus importante sur les niveaux des prix. Si une entreprise est
capable d'atteindre un pouvoir de marché significatif, elle peut
s'attribuer le droit de choisir elle-même les niveaux des prix, chose
qu'elle ne peut de permettre dans un environnement concurrentiel.
Afficher des prix supérieurs à ceux qu'elle
aurait affiché dans un marché concurrentiel permettrait, à
la firme, de réaliser des profits économiques supérieurs
à la normale. Le problème avec la théorie du pouvoir de
marché est l'effet des investigations anti-concurrence des
régulateurs du marché. En effet, les autorités
réglementaires vont sûrement s'opposer à toute fusion
perçue comme procédure de nature monopolistique et vu comme bien
placé pour gagner en pouvoir de marché. Il est à noter que
dans une fusion verticale : « En s'appropriant le
contrôle d'un fournisseur clé dans la fourniture d'un input, la
firme absorbante peut acquérir une position stratégique dans la
fourniture de cet input et limiter fortement voire interdire aux firmes rivales
l'accès a l'input. »9(*)
· Diversification
Par diversification on entend la stratégie selon
laquelle la firme pénètre un secteur autre que le sien. Les
entreprises acheteuses justifient souvent le recours à cette
stratégie en avançant que c'est un moyen pour réduire le
risque des actionnaires à travers la stabilisation des revenus en
répartissant les flux à investir sur différents secteurs.
En ayant des sources de revenu non corrélées, l'organisation
ainsi combinée se trouve moins confrontée à l'échec
et devrait contenir l'impact de la conjoncture et la turbulence d'un seul
secteur à la fois.
· Le recentrage sur les compétences de
base
Toutes les approches centrées sur les
compétences s'accordent sur l'hypothèse commune selon laquelle
l'attribut essentiel de la firme est constitué par ses «
compétences » ou « capacités opérationnelles
». Chaque firme dispose d'une compétence principale et d'un
ensemble plus ou moins étendu de compétences secondaires
(situées en amont, en aval ou jointes à l'activité
principale). Lorsque sur une compétence donnée, l'entreprise
dispose par rapport à la concurrence d'un avantage soutenable (ce que la
firme sait mieux faire que les autres), on parle de compétences de base
ou de core competences. Une des conséquences de cette
conception de la firme est la distinction de deux ensembles d'activités,
celles qui appartiennent aux compétences de base et celles hors
compétences de base, qui apparaissent complémentaires.
Dans ce contexte et dans une analyse dynamique, certaines
activités secondaires peuvent devenir essentielles et inversement. Le
groupe choisit d'abord son coeur de compétences auquel il ajoute (ou
non) des activités hors compétences de base. Selon leur
environnement, les firmes mettront en oeuvre des processus de recentrage ou de
diversification. La mise en oeuvre de ces stratégies peut être
réalisée plus rapidement en utilisant les fusions et
acquisitions.
Le contexte de changement technologique et d'une
économie fondée sur la connaissance donne une importance
croissante à l'information et au savoir dans les activités
productives. Il favorise un découpage de la production en fonction des
compétences ou blocs de savoirs homogènes, qui induisent une
recomposition fonctionnelle des processus productifs qui devient alors une
stratégie de recherche de rentabilité. Le recentrage des
activités des firmes sur leurs compétences centrales (et
l'externalisation des activités faisant appel aux compétences
annexes) prend alors tout son sens.
· Un mode spécifique de
pénétration des marchés étrangers
Plusieurs objectifs peuvent conduire les firmes à
réaliser des fusions ou des alliances dans le but de
pénétrer les marchés étrangers : la
réduction des coûts de transaction, l'augmentation du volume de
production, la réduction des coûts de facteurs de production,
l'acquisition d'informations ou le contournement des barrières aux
échanges.
Ø L'augmentation du volume de production et la
diminution des coûts des facteurs de production
La pénétration des marchés
étrangers permet à la firme d'étendre son activité
et de développer sa production. Cela se révèle être
une stratégie particulièrement nécessaire dans les
secteurs où les activités sont arrivées à
maturité, car la conquête de nouveaux marchés permet de
prolonger la vie du produit. Après avoir exploité un produit
nouveau sur son marché domestique, la firme le développe sur les
marchés étrangers.
Les opérations internationales, tant les fusions et
acquisitions que les alliances, peuvent être motivées par la
recherche de diminution des coûts de production en profitant des
différentiels de coûts entre les pays pour certains facteurs de
production.
Ces opérations sont alors des opérations de
délocalisation de tout ou partie de la production : les firmes peuvent
délocaliser en s'alliant ou en acquérant un producteur local.
Ø Un moyen de réduire l'incertitude sur
les marchés étrangers
Les fusions et acquisitions transfrontalières et les
alliances permettent de pénétrer des pays en réduisant les
incertitudes pesant sur les marchés étrangers. La
pénétration de ces marchés ou la délocalisation
d'activités de production par l'intermédiaire des fusions,
acquisitions ou des alliances est moins coûteuse, et moins
risquée, que l'implantation d'une filiale de production à
l'étranger. En effet, en achetant ou en s'alliant à un partenaire
local disposant d'infrastructures sur son terrain et de connaissances des
marchés locaux, la firme bénéficie des acquis de ce
partenaire.
Ø Le contournement de barrières
tarifaires et non tarifaires
Les barrières tarifaires et non tarifaires sont les
obstacles auxquels se heurtent les entreprises lorsqu'elles cherchent à
pénétrer un marché étranger. Elles consistent en
des mesures protectionnistes reposant sur des droits de douanes
(barrières tarifaires) et en des normes à respecter pour les
produits étrangers ainsi que des quotas ou volumes limités
à l'importation (barrières non tarifaires). La production locale,
via des fusions et acquisitions ou des alliances, peut être
substituée à l'exportation lorsque des mesures protectionnistes
existent sur le marché étranger. Les alliances entre firmes de
nationalités différentes peuvent également permettre
d'accéder à des marchés protégés comme le
Japon ou la Chine.
Enfin, les opérations transfrontalières
permettent de pénétrer rapidement les marchés
étrangers. Elles constituent en effet le moyen le plus rapide de
s'implanter solidement sur un nouveau territoire et d'y acquérir un
pouvoir de marché.
I.2.2- Les déterminants financiers :
La volonté de réaliser des synergies est l'une
des principales motivations mise en évidence par la littérature
sur les fusions-acquisitions.
Certes, le renforcement du pouvoir de négociation et
réalisation d'économies d'échelle ne sont pas les seules
sources de gains attendus des groupements d'entreprises. Il peut
également s'agir de synergies financières, c'est-à-dire
n'ayant aucune origine industrielle ou commerciale, comme par exemple : la
recherche d'un coût inférieur ou encore l'amélioration de
la gestion de la cible.
· Montée en puissance des
actionnaires
Selon Jean Birlman la montée en puissance des fonds de
placements et des opérations sur les marchés financiers, s'est
traduite par une augmentation du pouvoir et des actionnaires qui ont
favorisé de multiples opérations de fusions-acquisitions.
· Recherche d'une meilleure
rentabilité
Accroître la rentabilité est l'un des motifs les
plus importants des fusions ou acquisition. Etant donnée que la
rentabilité générique vraie d'un secteur d'activité
à un autre, certains secteurs sembleront offrir des opportunités
plus intéressantes que d'autres.
Plusieurs études ont montré que les entreprises
opérant dans un secteur rentable ont tendance à réaliser
leurs acquisitions au sein du même secteur, tandis que celles dont
l'environnement sectoriel est moins favorable tendent à chercher leur
cible en dehors afin d'améliorer leur rentabilité potentielle.
Il est à noter que : « Il existe une
relation positive entre la rentabilité de la cible acquise et les
succès ultérieurs de l'opération
d'acquisition »10(*) .
· La recherche d'un coût
inférieur
« La firme absorbante parvient à se
procurer des actifs à un prix plus bas que celui qu'elle supporterait en
les constituant elle-même, ceci peut s'exercer à l'égard de
situations extrêmement diverses : c'est le cas, par exemple, des
affaires familiales sans successeur, des titres de faible liquidité, des
titres à marché étroit et sous-évalués en
bourse.. »11(*)
Ainsi, dans chacun des cas précités, la firme
initiatrice recherche surtout un coût inférieur. En effet, les
affaires familiales sans successeur sont très souvent sacrifiées
à des prix nettement inférieurs à leurs véritables
valeurs.
Quant aux titres évalués en bourse, la valeur de
remplacement est supérieure à leur valeur marchande. La firme
ainsi considérée devient une opportunité attrayante
permettant de réaliser des gains considérables, surtout, si, en
plus, elle présente d'autres opportunités d'investissement et
d'autres avantages comme la dominance d'un segment de marché,
l'accès à des circuits de distribution ou l'offre d'une marque de
commerce ou un savoir faire.
La firme acquéreuse pourrait également profiter
d'un coût inférieur si elle envisageait la construction d'une
unité à qui incombe la même mission que celle
achetée. Mais surtout, les fusions-acquisitions obéissant au
désir d'agir rapidement sous la pression des marchés poussant
à la croissance et au renforcement de la compétitivité.
Les entreprises acheteuses penseraient qu'il serait plus
rapide, moins cher et moins risqué d'acquérir une
société déjà établie que de construire une
nouvelle usine pour assurer la croissance programmée.
· Amélioration de la gestion de la
cible
Acquérir une entreprise peut permettre à
l'acquéreur d'améliorer la productivité de cette
première en appliquant les méthodes de gestion qui se vont
avérées efficaces par le passé pour ce dernier, tant d'un
point de vue opérationnel que stratégique.
L'amélioration de la gestion opérationnelle peut
être traduite par un contrôle plus strict des coûts de
production, par une gestion plus rigoureuse de la trésorerie
d'exploitation, par une réduction des frais généraux et
par un dégraissage de certains services.
Sur le plan stratégique, l'acquéreur peut
redéfinir la segmentation stratégique. Il peut en effet constater
que les actifs de la cible sont mal employés suite à des erreurs,
voir à une absence de stratégie. Il peut également
être amené à redéployer le portefeuille
d'activités de la cible. Par exemple, il peut procéder à
un recentrage des activités de la cible autour d'un métier
jugé extrêmement rentable, mais qui est noyé dans un
ensemble d'activités hétérogènes. Le
désinvestissement d'activités marginales ou peu rentables peut
apporter les fonds nécessaires au renforcement de son activité de
base.
· Sous évaluation de la cible
Le rachat d'une entreprise peut être un moyen de prendre
le contrôle d'actif temporairement sous évalués (ou du
moins perçue comme tels). L'objectif de l'acquisition est alors de
réaliser des plus values à court terme en revendant la cible en
l'état ou par « morceaux » si cette dernière
est une entreprise diversifiée. Le prix de rachat proposé par
l'acquéreur se situe alors entre la capitalisation boursière et
la valeur de revente de la firme attendue. Une entreprise peut être sous
évaluée pour les raisons suivantes :
Ø Il existe une différence entre la valeur du
cash-flow actualisé « en l'état » et la
valeur de marché actuelle de la société. Cet écart
de perception provient généralement d'une mauvaise communication
de l'entreprise auprès du marché financier.
Ø Les améliorations réalisées au
sein de l'entreprise n'ont pas encore eu d'impact sur les
bénéfices et sur le cours de l'action.
Ø Certains actifs de l'entreprise sont
réellement sous évalués. Il s'agit notamment des actifs
incorporels tels que la marque, la réputation, la clientèle, les
brevets ou le potentiel d'innovation.
De façon récurrente, le 20éme
siècle a connu des vagues de fusions-acquisitions. Celles-ci
résultent de multiples facteurs. Au niveau global, le progrès
technique, les conditions macroéconomiques et le contexte juridique ont
une influence incontestable sur l'émergence de vagues de
fusions-acquisitions. Au niveau de la firme, la fusion acquisition
résulte soit de la volonté de s'adapter à un environnement
économique qui se transforme, soit d'agir de façon
stratégique sur cet environnement (exercice d'un pouvoir de
marché) selon des objectifs.
Section 2 : Processus des opérations de F &
A
Selon une étude de McKinsey, 70% des opérations
de fusions et acquisitions seraient des échecs. Trois facteurs
expliqueraient ces performances médiocres :
ü Des prévisions trop optimistes quant au
potentiel de création de valeur ;
ü Un prix payé excessif ;
ü Des problèmes liés à la mise en
oeuvre de la fusion ;
Ces trois facteurs sont étroitement liés
puisqu'une surestimation du potentiel de création de valeur,
conjuguée à une sous estimation des problèmes liés
à la mise en oeuvre, conduit à payer l'acquisition trop cher par
rapport à ces espérances de rendement, ce qui rend
l'investissement plus risqué. Par ailleurs, les négociations
réalisées de façon précipitée et la
volonté de certains dirigeants de remporter à tout prix une
bataille boursière donnent lieu à des surenchères
spectaculaires où l'on voit l'acquisition devenir une fin en soi au lieu
de rester un simple moyen de mise en oeuvre du développement
stratégique de l'entreprise. L'acquisition doit en effet être
réalisée dans le cadre d'une vision stratégique claire de
l'entreprise. A cet égard, on ne peut que vivement préconiser le
recours à une démarche méthodique qui, même si elle
ne garantit pas le succès, permet de réduire la
probabilité et l'ampleur d'un échec.
Le processus d'acquisition se décompose en 6
étapes successives :
II.1- Formulation de la stratégie de
l'acquéreur
Cette première étape correspond à
l'analyse stratégique classique. Après avoir analysé la
position concurrentielle de l'entreprise sur ses différentes
activités, la direction générale doit déterminer
les nouvelles voies de développement : la croissance interne, la
coopération et/ou la croissance externe. Dans le dernier,
l'acquéreur devra préciser le rôle des acquisitions dans
les stratégies du groupe. En effet, les acquisitions sont un moyen de
mettre en oeuvre une business strategy ou une corporate
strategy.
· La business strategy
Il s'agit d'acquisitions qui permettent d'améliorer la
position concurrentielle de l'entreprise sur ses différents
métiers par une efficience interne accrue de l'entreprise
(réalisation d'économies d'échelle, contrôle accru
de la valeur ajoutée, partage d'expérience) ou par un
renforcement de son pouvoir de marché.
· La corporate strategy
Les acquisitions peuvent être un moyen
d'équilibrer les flux financiers de l'acquéreur (rachat
d'entreprises aux caractéristiques financières
complémentaires) ou le seul moyen pour ce dernier, si son
activité principale est en déclin, de se redéployer vers
de nouvelles activités.
II.2- Définition des critères
d'acquisition
Après avoir formulé clairement le rôle de
l'acquisition dans la stratégie de l'entreprise, la seconde étape
consiste à déterminer des critères permettant
d'opérer une première sélection des cibles
intéressantes pour l'entreprise. Si l'acquisition vise à
améliorer la position concurrentielle de l'entreprise dans un secteur
particulier, seuls des critères relatifs à la cible
elle-même seront pris en considération.
· Critères relatifs à la
cible
- Taille relative.
- Zone géographique.
- Type de clientèle.
- Type de technologie utilisée.
- Part de marché.
- Composition de gammes.
- Potentiel technologique, industriel, commercial ou
financier.
- Risque financier.
· Critères relatifs au secteur
Pour sélectionner les secteurs dans lesquels
l'acquéreur serait susceptible de se diversifier, deux types de
critères sont à prendre en considération.
-L'attrait du secteur : il s'agit d'examiner les
pressions concurrentielles qui s'exercent sur ce secteur afin d'en
inférer la rentabilité à moyen terme.
-L'existence de complémentarités entre le
secteur de la cible et celui de l'acquéreur. Cette
complémentarité peut être commerciale ou industrielle
(dans le cas d'une stratégie de diversification liée) ou
financière (dans le cas d'une stratégie de diversification
conglomérales).
II.3- Analyse des cibles potentielles
L'analyse de la cible repose sur deux éléments
essentiels : son attractivité et sa disponibilité.
· Attractivité de la cible
L'étude de l'attractivité de la cible se limite
dans la plupart des cas à l'analyse financière classique .Ce
travail est généralement pris en charge par les banques
d'affaires, chargées d'organiser la transaction entre l'offreur et la
cible. Mais aussi pour enrichir cette étude il est conseillé de
réaliser une étude stratégique de la cible.
· Disponibilité de la cible
Parallèlement, il faut vérifier s'il est
possible de prendre le contrôle de la cible. Le secteur auquel appartient
la cible peut être protégé par l'Etat, car appartenant
à une industrie
stratégique(aéronautique,électronique de défense).
La réglementation relative aux concentrations d'entreprises ou aux
investissements transnationaux constitue également un frein à la
prise de contrôle.
Par ailleurs, la structure de l'actionnariat peut être
un obstacle à la prise de contrôle. Deux éléments
sont à prendre en compte : le type d'actionnaires (individu,
famille, groupe, institutionnelles, public) et le degré de
concentration du capital (part des principaux actionnaires, part des actions
cotées).
II.4- Evaluation financière des cibles
sélectionnées
Après avoir réalisé l'analyse
financière et stratégique de la cible, il faut procéder
à son évaluation financière. Dans le cas d'un groupement
d'entreprises, deux valeurs sont à prendre en
considération : la valeur intrinsèque de la cible, d'une
part, et la valeur relative, d'autre part.
· La valeur intrinsèque
De multiples méthodes ont été
élaborées pour estimer la valeur intrinsèque de
l'entreprise. Parmi ces méthodes, on distingue
généralement les méthodes comptables, fondées sur
la valeur patrimoniale de l'entreprise et les méthodes
financières, fondées sur la valeur de rentabilité (ou
valeur de marché) de l'entreprise.
· La valeur relative
Si les méthodes pour estimer la valeur
intrinsèque de l'entreprise sont connues et largement pratiquées,
il n'en va pas de même pour la valeur relative, qui est souvent
estimée sans prise en compte des caractéristiques de
l'acquéreur. Et pourtant, cette étape est essentielle, car elle
permet de déterminer un seuil maximal de prix à payer
au-delà duquel toute chance de réaliser une acquisition rentable
risquerait d'être fortement compromise (du moins sur le plan
financier)
II.5- Négociation du prix d'acquisition
Le prix réellement payé doit se situer entre
la valeur intrinsèque de l'entreprise et sa valeur relative. Mais le
prix d'acquisition se détermine en fonction de l'offre et de la demande,
car le marché des firmes est un marché concurrentiel où
plusieurs équipes dirigeantes peuvent être amenées à
se disputer le droit de prendre le contrôle d'une firme. Ainsi, si de
nombreuses offres concurrentes existent, l'acquéreur sera obligé
de surenchérir. Il faut alors qu'il se fixe un moment maximal s'il
souhaite rentabiliser son investissement dans un délai raisonnable. En
revanche, il existe des secteurs où l'offre est supérieure
à la demande. Il s'agit souvent des secteurs en déclin (textile,
construction mécanique) où de nombreuses entreprises sont mises
en vente pour un nombre limité de repreneurs potentiels.
II.6- Intégration de l'entreprise
acquise
L'intégration de l'entreprise acquise au sein des
structures de l'acquéreur dépend évidemment des objectifs
poursuivis par l'acquéreur. Si l'acquéreur vise simplement
à réaliser des plus-values financières, la cible sera
revendue après dépeçage ou en l'état
(éventuellement après la mise en oeuvre d'une politique de
redressement qui ne requiert, pour être réalisée, que le
transfert d'une équipe dirigeante). En revanche, si l'acquisition est un
moyen de réaliser des synergies, une intégration entre
l'acquéreur et l'entreprise acquise sera alors nécessaire.
Les différentes opérations d'intégration
d'entreprises passent nécessairement par trois phases majeures à
savoir : la préparation, l'intégration et la phase de
gestion.
· la phase de préparation
La première phase joue un rôle important dans la
mesure où elle peut faciliter ou, au contraire, entraver la phase
subséquente, selon que l'on a considéré ou non, en plus
des facteurs de complémentarités stratégiques, les
facteurs reliés à l'organisation et aux individus
impliqués.
· La phase d'intégration
La deuxième phase est, quant à elle,
caractérisée par une activité intense, causée par
le nombre de changements au niveau des structures, des systèmes et des
individus. Les phénomènes de stress, d'anxiété et
d'émotivité y sont particulièrement intenses, surtout chez
les membres de l'entreprise acquise dans le cas d'une absorption.
· La phase de gestion
La troisième phase peut s'étendre sur plusieurs
années et il est souvent difficile de la cerner en totalité. Elle
est appelée, selon les spécialistes, la phase de post
intégration. Cette phase est tributaire de la réussite de la
phase d'intégration, elle est souvent marquée par une relative
stabilité et par la diminution des changements liés directement
ou indirectement à la fusion, ainsi que par l'augmentation des efforts
que la nouvelle organisation doit déployer, afin de consolider ces
changements et créer la synergie désirée.
Conclusion
Ces dernières années les opérations de
fusions et d'acquisitions entre entreprises ont augmenté
régulièrement. Les raisons qui rendent telle entreprise plus au
moins vulnérable à une opération de rachat sont de deux
types financières et stratégiques. La rapidité
d'intégration et la recherche des effets de synergie pousse toute
organisation à adopter une démarche focalisée sur les
aspects quantitatifs au détriment des aspects qualitatifs. C'est
pourquoi beaucoup de problèmes humains se posent surtout lorsque le
rapprochement des structures devient effectif.
Chapitre 2 : Les conséquences ressources
humaines des opérations de F&A
Introduction
La mise en oeuvre de la fusion est délicate à
réaliser, car elle s'opère dans un climat tendu où les
salariés de la cible s'inquiètent de leur sort individuel et
collectif.
De plus, l'acquisition est souvent perçue comme la
sanction d'une mauvaise gestion ce qui favorise l'apparition de relations types
vainqueurs/vaincu où, d'un côté, se manifeste un sentiment
d'arrogance et de supériorité qui inhibe tout échange et,
de l'autre se développe un complexe d'infériorité qui
interdit toute participation (Hayes, 1979).
Outre ce choc psychologique que crée l'annonce d'une
fusion, des facteurs plus profonds constituent des obstacles à la mise
en oeuvre du changement souhaité par l'acquéreur : la perte
d'identité et la redistribution des cartes du pouvoir défavorable
aux cadres de l'entreprise acquise. Ces facteurs conduisent les cadres
clés de l'entreprise à démissionner, ce qui constitue une
menace lourde pour le bon déroulement de la fusion.
Il apparaît donc que la fonction ressources humaines
joue un rôle prépondérant après une fusion ou une
acquisition, dans la mesure où elle supporte la mise en place du
processus d'intégration qui vise au rapprochement des deux structures
d'entreprise. En effet, l'intégration est une phase déterminante
dans une opération de fusion, puisque il s'est avéré que
fusionner deux entreprises ne consiste pas à additionner des chiffres
d'affaire et des parts de marché, mais également à
mélanger des hommes, des méthodes de travail et des cultures.
Nous allons nous intéresser dans le cadre de ce
chapitre aux problèmes de mise en oeuvre de l'opération de fusion
en analysant ses conséquences sur les ressources humaines. Pour ce faire
nous allons essayer de déterminer les conséquences
organisationnelles, dans une première section. Puis ses effets humains
et sociaux dans la deuxième et enfin ses séquelles culturelles
dans la troisième section.
Section 1 : Les conséquences organisationnelles
des F &A
« La confrontation des organisations dans un
contexte de fusion ou d'acquisition amène les dirigeants de part et
d'autre à prendre conscience des différences de structure
existant entre les deux entités. Lorsque ces différences sont
importantes, les changements relatifs à l'opération vont toucher
les salariés plus directement et plus concrètement, car ils vont
concerner les postes, les emplois, les fonctions et les modes de
travail. »12(*)
En effet, une connaissance approfondie des conséquences
organisationnelles et techniques est indispensable pour la bonne gestion des
conséquences sociales. Résultant des politiques définies
en amont, elle fixe le niveau de difficulté et les marges de
liberté dans la gestion du changement et dans la mise en place de la
nouvelle gestion du personnel et des ressources humaines. Il est à noter
que : « ...Dans une fusion industriel, l'harmonisation
des gammes de produits, la suppression des doublons, la réorganisation
de la fonction marketing ont de nombreuses répercussions techniques et
sociales, notamment sur les usines, les forces de vente et la
logistique. »13(*)
Les responsables de logistique doivent réorganiser les
flux de matières premières, de composants et de produits finis en
fonction de la nouvelle carte des clients et de la nature de leurs besoins. Si
les deux entreprises, ou l'une d'entre elle, travaillaient sur
dépôts, il faut alors revoir les volumes à traiter et, le
plus souvent, modifier le nombre et la localisation des points de stockage. Les
responsables commerciaux doivent contrôler et fusionner les fichiers
clients et produits des deux sociétés, recomposer des
équipes commerciales et les affecter aux nouvelles régions ou
domaines résultant de l'analyse des clientèles actives et
potentielles.
Concernant l'administration et les moyens
généraux ou de recherche, nous ne mentionnerons que les
problèmes liés à la dualité des services comptables
et informatiques. Une des taches majeures en comptabilité sera
l'unification des plans comptables, notamment analytiques, et des
systèmes de contrôle de gestion. Quant aux responsables
informatiques, ils devront choisir la configuration et les moyens permettant
d'intégrer et de traiter un volume accru de données, et de
répondre le mieux possible aux besoins de contrôle et de suivi
formuler par les différents responsables. Les services financiers
d'administration du personnel, d'accueil et de sécurité ou encore
de recherche ne manquent non plus d'occupation dans la période de
fusion. (Egg, 2000).
Ainsi chaque responsable, même de faible niveau,
impliqué dans la nouvelle entreprise supporte pendant la fusion une
charge considérable de travail. Il doit non seulement atteindre les
objectifs qui lui ont été fixés dans le cadre du budget
général mais en même temps participer, dans la
sphère de compétences, à la réflexion et à
la mise en place des structures, procédures et outils de travail de la
nouvelle société.
I.1- Les conséquences organisationnelles pendant la
phase de préparation :
I.1.1- Les problèmes liés à la
communication
Les partenaires ont souvent tendance à valoriser les
aspects positifs de l'opération, en laissant de côté les
problèmes potentiels. Ce sentiment de confiance (à l'égard
des partenaires) amène souvent les dirigeants à sous estimer le
temps et, surtout, les coûts liés à l'intégration
des deux entreprises. Lors du rapprochement des entreprises la phase de
préparation est un exemple qui illustre très bien ce sentiment.
La vitesse à la quelle cette phase est conduite est souvent citée
comme un facteur d'échec. Le temps parait donc comme un facteur
déterminant dans la réussite ou l'échec de cette phase.
(Nathalie Lorrain, 2000).
Selon le motif de l'opération, les acteurs
concernés vont tendre vers une gestion plus ou moins intuitive, au lieu
de réaliser une étude en profondeur de la pré- fusion.
Alors que, l'ambiguïté des attentes respectives
des dirigeants des deux entreprises sur la façon de mener la phase
d'intégration peut générer des difficultés majeures
si les attentes réelles des deux organisations présentent des
divergences fondamentales.
Dans cette phase de rapprochement, on observe en
général, une attitude d'attentisme prudent, de nombrilisme,
d'implication personnelle réduite qui ne facilite pas la
réactivité. De plus, à la différence des
réorganisations ordinaires, ce ressenti s'installe à grande
échelle.
L'information est défaillante : les dirigeants
semblent « se défiler » devant les interrogations
des salariés ; ou bien les revirements sont constants entre ce qui
est annoncé et ce qui arrive effectivement. Le management est
bouleversé. La réaction normale en face d'un déficit
d'information, c'est de la compenser par des rumeurs.
Elle prolifèrent, leur double caractéristiques
étant toujours : suspicion des intentions, dramatisation des
conséquences. Les dirigeants sont supposés en savoir beaucoup
plus qu'ils ne le disent. Tout sera interprété. On peut
d'ailleurs en jouer, dans une stratégie visant à souffler le
chaud et le froid, à déstabiliser puis à rassurer. Le
problème d'information n'est pas sans incidence sur la
productivité. De façon générale, le personnel n'a
plus la réponse à des questions simples.
I.1.2- Les conflits de pouvoir
Selon Karine SAMUEL, dans le cas d'une fusion à
l'amiable, ou d'une OPA amicale, c'est-à-dire lorsque les deux
présidents se sont mis d'accord pour que les choses se passent
harmonieusement, le problème est d'une autres dimension, la nouvelle
équipe dirigeante est constituée lors de la phase de
préparation contenant des gens issus de chacune des deux
sociétés, choisis pour leurs compétences, dans
l'intérêt de la nouvelle entité, or, les choix
effectués lors d'une fusion ne semblent pas relever de la logique
classique qui oriente habituellement les choix stratégiques. Ainsi, des
conflits de pouvoir peuvent naître à l'occasion de telles
nominations de dirigeants et des intérêts particuliers peuvent
interférer avec les exigences rigoureuses des affaires.
La confirmation des systèmes et des styles de
management des deux entités risque également de poser quelques
difficultés, notamment lorsque la loyauté et la confiance envers
les nouveaux dirigeants n'est pas acquise, il peut alors apparaître chez
les salariés des sentiments de méfiance et d'hostilité qui
vont diminuer leurs degré d'engagement envers l'entreprise, et s'ils
sont mal contrôlés, peuvent conduire à la
généralisation d'un sentiment de pessimisme à
l'intérieur de l'organisation, la compatibilité entre les styles
de management est donc déterminante du niveau de performance de
l'opération.
Cependant, les conflits de pouvoir ne concernent pas seulement
la direction générale, mais aussi les directeurs de divisions,
les directeurs de départements, chef de services et tous les cadres
responsables qui doivent s'intégrer dans la nouvelle structure. Le choix
entre les deux candidats potentiels est parfois, à l'origine même
du conflit, en effet, les critères de choix qui sont retenus ne sont pas
ceux utilisés de manière habituelle. Ainsi, il y a lieu
d'utiliser les informations contenues dans les documents annuels
d'évaluation des cadres intéressés, les décideurs
cherchent d'abord à éliminer certain nombre de candidats
potentiels.
I.2- Les conséquences organisationnelles pendant la
phase de l'intégration :
Durant la phase d'intégration, l'organisation va
changer de taille, rendant les flux d'information plus complexes,
déplaçant les centres de décisions et influant sur le
degré de centralisation ou de décentralisation de l'organisation.
Les salariés vont alors s'interroger : Qui aura tel poste ?
Qui sera sous les ordres de qui ? Aurais-je le même pouvoir et la
même influence ? Aurais-je un poste plus important ou moins
prestigieux ? Qu'adviendra-t-il de mes collaborateurs ? Toutes ces
interrogations vont élargir les zones d'incertitudes et
déstabiliser les jeux de pouvoir de chacun des acteurs au sein de la
nouvelle organisation. (El Hachemi Ben Ali, 2000).
On observe également des phénomènes de
rétention de l'information, une tendance, de la part des dirigeants
à ne pas communiquer avec les membres de leurs organisations
respectives, ce qui peut entraîner des conflits particulièrement
intenses.
Certains compromis structurels sont difficilement acceptables
pour les actionnaires car ils ont peu de rapports avec la création de
valeur ajoutée et aboutissent souvent à des conflits. La nouvelle
équipe de direction doit franchir les obstacles dès le
départ et se trouve face à des choix imposés. De plus, ces
compromis se répercutent à tous les niveaux tentant ainsi de
déstabiliser les arbitrages négociés par les responsables.
On constate une incompatibilité entre les compétences et les
postes destinés au management intermédiaire. On aboutit ainsi
à une organisation guidée par la politique au détriment de
la performance et de la productivité.
Les répercussions de cette politique se font sentir
au-delà des organigrammes, des niveaux hiérarchiques et des
effectifs. De plus, la recherche d'un organigramme est le dernier refuge des
dirigeants dont l'environnement structurel est remis en question.
« Ils s'y accrochent comme si l'organigramme à lui seul
faisait l'entreprise ».14(*)
La temporisation peut provoquer la fragmentation et/ou la
modification des groupes de travail existants, l'émergence de nouveaux
groupes, l'altération des rôles et des responsabilités
individuelles.
Ce type de changement pourrait provoquer la remise en cause
des territoires et de la légitimité de certains groupes. En
conséquence, la paralysie du système, la défense des
intérêts de chacun, la recherche de compromis,
l'ambiguïté des règles et des procédures fera partie
du quotidien de la nouvelle organisation.
Section 2: Les conséquences humaines des F
&A
Quelques études réalisées montrent que ce
type d'opérations implique systématiquement des changements dans
la vie des membres des entreprises concernées, entraînant ainsi
des états de stress chez les individus à tous les niveaux de
l'organisation, un sentiment d'insécurité et un sentiment de
dévalorisation.
II.1- Les conséquences humaines pendant la phase de
préparation
La phase de préparation est tout à fait
paradoxale : le secret des négociations doit être
respecté et, cependant, les employés ont besoin d'être
largement informés pour réduire le stress. C'est souvent par
l'intermédiaire de la presse que les employés vont apprendre ce
qui se passe dans leur entreprise. Ceci ne fait qu'accentuer les rumeurs et par
conséquent les sentiments d'incertitude et
d'insécurité.
En effet, l'impact négatif du manque d'information et
de communication a des effets non seulement sur la motivation professionnelle
mais également sur le sentiment de loyauté des individus envers
les dirigeants. L'impression d'être trahis par la direction
accélère le cycle de méfiance et d'hostilité
vis-à-vis de l'entreprise.
Dès qu'une fusion est annoncée ou même
suspectée les individus concernés vont s'intéresser
uniquement aux changements majeurs qui vont affecter leur environnement et leur
situation personnelle, en envisageant les aspects les plus négatifs de
l'opération. Etant donné le manque d'information, des rumeurs
vont rapidement circuler souvent avec un effet d'amplification
considérable. Les salariés des deux entreprises, sur un mode
individuel ou collectif vont projeter leurs attentes et leur
anxiété générées par le passage d'un
état relativement stable à un autre instable. Cette crainte de
changement est d'autant plus grande que les acteurs n'ont pas participé
au processus de restructuration.
L'appréciation de la situation
« stressante », les capacités de
résistances... ne sont pas les mêmes pour les différents
individus. Une même situation « stressante » pour les
uns sera « stimulante » pour les autres. Face à une
situation de fusion, est à son potentiel de stress les réactions
seront donc différentes. Certains seront dès le début,
dynamisés, d'autres seront abattus et dépressifs. Mais, à
la longue, la charge exigée par la situation à de forte chance de
stresser tout le monde.
La capacité d'absorption d'un stress varie donc d'abord
en fonction de l'intensité et de la durée de ce stress. Un stress
moyen et court entraîne une réaction d'adaptation efficace. Un
stress fort et prolongé entraîne une dégradation de
l'efficacité des conduites adaptatives conduisant même à
l'effondrement de toute capacité d'adaptation. La capacité
d'absorption d'un stress varie ensuite en fonction de son intensité et
de ses caractéristiques de personnalité comme l'estime de soi.
(A. Mucchielli, 1993)
Schein (1990) affirme que l'état de stress
provoqué par les opérations de F&A est souvent sous
estimé par les responsables de ces dernières. Il identifie 3
niveaux de stress :
ü Le stress au niveau individuel est marqué par
une vulnérabilité des individus telle que certains d'entre eux
auront l'impression d'avoir été violés. La peur de perdre
son emploi, son statut, voir son identité entraîne une sorte de
psychose qui plonge chaque individu dans un pessimisme accru quant à
l'issue finale de l'opération.
ü Le stress au niveau du groupe est surtout dû au
fait que les membres des deux entreprises ne se connaissent pas, ce qui
amène à des relations ambiguës évoluant sur des
périodes très longues. Pour ce groupe dont l'entreprise est
absorbée, c'est le sentiment de perdre sa culture, son système de
valeur et ses repères, voire son identité, qui provoque le
stress. En effet, l'identité étant une source majeur de
stabilité, la sentir menacée risque de déclancher chez les
membres de l'entreprise acquise des réactions violentes, pouvant parfois
aller jusqu'au sabotage de l'opération. Ce sentiment de menace
identitaire se nourrit souvent par la confusion entre les scénarii
attendus et les scenarii reçus chez chaque individu et groupe.
ü Le stress au niveau managériale, uniquement les
hauts responsables. Pour les initiateurs de l'opération le stress est
causé par la peur de l'échec, renforcé par la peur de
faire face aux réactions humaines évoquées
précédemment, et de gérer les événements
dans un contexte incertain et imprévisible. Chez les dirigeants de
l'entreprise acquise, c'est surtout la peur de perdre sa place qui est à
l'origine du stress.
Avant même que l'accord définitif ne soit
signé, on observe habituellement, surtout au niveau de l'entreprise qui
va être absorbée ou acquise un taux d'absentéisme qui
augmente, une baisse de la production et d'engagement des employés
envers l'organisation et ses clients. Néanmoins, cette phase n'est pas
vécue de la même façon par tous les employés.
Certains la considèrent comme une menace à leur futur et leur
bien être. D'autres la voient comme une opportunité à
saisir pour améliorer une situation existante considérée
intolérable.
II.2- Les conséquences humaines pendant la phase
d'intégration
Les nombreux observateurs des F&A sont quasi
d'accord que cette phase requiert un fort degré de coopération
entre les deux partenaires. Cependant, les nombreuses réactions
défensives de part et d'autre conduisent souvent à des relations
tendues et, parfois, à de l'hostilité ouverte.
La domination de l'acquéreur peut se manifester dans
l'attitude condescendante de ces représentants, dans ses communications
à sens unique et avant tout, dans l'imposition de ses valeurs, ses
politiques et ses systèmes. Souvent, l'acquéreur est dans une
position dominante lui permettant d'imposer ses idées à
l'entreprise acquise. Consciemment et volontairement, les membres de chaque
organisation s'identifient à leurs organisations respectives. En
développant un sentiment de menace identitaire, les membres de
l'entreprise acquise accentuent ainsi le clivage entre les deux partenaires.
Rares sont les fusions qui ne sont pas suivies de
licenciements. La perte d'emploi est vécue comme un rejet de la part de
l'entreprise. Ce ne sont pas les réductions d'effectifs seulement qui
créent l'inquiétude, mais c'est surtout la manière avec
laquelle elles ont été faites. En effet, le licenciement
arbitraire provoque chez les survivants, un sentiment de culpabilité
quand le sujet en question a apporté de plus forte contribution et se
trouve quand même licencié, et un sentiment
d'insécurité car ils peuvent être aussi les prochaines
victimes.
« Ces sentiments conduisent à une
série de conduites d'adaptation et les survivants auront tendances
à être :
- conservateurs et rigides.
- Hésitants à s'engager dans un nouveau
projet et à terminer celui sur lequel ils travaillent.
- Moins productifs.
- Moins motivés au travail et moins
créatifs.
- Avides d'informations pour se protéger
contrairement l'arbitraire et l'échec.
Ainsi, malgré le fait que les entreprises comptent
beaucoup sur « les survivants », pour assurer la
rentabilité de l'entreprise, ceux-ci sont laissés à
eux-mêmes pour traverser les fortes émotions qui les
déstabilisent. »15(*)
Ceci a des conséquences néfastes sur le climat
social à l'intérieur de l'entreprise qui se
détériore de plus en plus et sur sa « matière
grise », du fait qu'elle perd ses compétences clés. Les
« survivants » et les « victimes »
d'une intégration subissent des évènements
extrêmement stressant, ils doivent faire face à la perte de
collègues et d'amis et avoir la capacité de démarrer une
nouvelle vie tout en étant dépossédé de sa
sécurité.
En conséquence, la séparation avec les membres
de son organisation considérée comme une famille engendre un fort
sentiment de séparation et de perte. L'intégration effective
entre les deux organisations réussit à déchirer tous les
systèmes de valeur.
Section 3: Les conséquences culturelles des F
&A
Selon Morin (1984), la culture d'entreprise s'agit
« d'un système qui fait communiquer une expérience
existentielle personnelle et un savoir collectif constitué. Le savoir
est enregistré et codé, assimilable seulement par les
détenteurs du code et lié a des configurations permettant
d'organiser, de structurer les relations existentielles, pratiques et
imaginaires »
Etant donné que chaque entreprise a sa culture qui la
distingue des autres et assure l'identification à ses membres, la fusion
de deux ou plusieurs organisations entraîne souvent un choc culturel.
Ainsi la confrontation des cultures peut constituer un
véritable obstacle à la réussite d'une fusion,
entraînant ainsi des visions peu claires, une certaine confusion dans les
repères organisationnels et, une résistance au changement des
membres de l'entreprise acquise.
L'engagement de ces derniers et la performance attendue de
l'opération a peu de chance d'être atteints. Par
conséquent, les degrés de complémentarité et de
compatibilité entre les deux cultures détermineront les
degrés de coopération entre les individus.
Les conflits qui surgissent régulièrement lors
de ces contacts interculturels dans une fusion sont le résultat de
l'agencement des relations entre les structures anciennes et l'organisation du
nouveau né.
III.1- Le choc culturel
Les différences culturelles entre les parties sont
à l'origine du choc culturel. Elles peuvent produire des malentendus,
conflits, résistances et réactions émotionnelles
négatives. Elles sont accentuées dans les fusions internationales
qui obligent les cultures à se rencontrer afin de réussir
l'intégration interne et l'adaptation des organisations à leur
environnement (Barmeyer et Mayrhofer, 2002). A la suite d'une fusion,
« les syndromes les plus communément évoqués
sont les suivants :
· Nous versus eux : attitude consistant à
se focaliser sur les différences plutôt que sur les similitudes,
différences accentuées voire radicalisées, personnel de
l'autre entreprise caricaturé, perception d'incompréhension
mutuelle.
· Supérieur versus inférieur :
évaluation comparatives systématiques des modes de
fonctionnement, fort sentiment de supériorité par rapport
à l'autre.
· Attaque versus défense : intrigue et
attaque pour faire évoluer l'autre, intrigues et défenses pour
résister au changement, vision de l'autre comme intriguant.
· Gagnant versus perdant : enregistrement des
scores des deux groupes, précipitation pour consolider les gains et
imposer le changement pour les uns, perte d'identité par rapport
à la nouvelle entité pour les autres »16(*)
III.1.1- Les Principales manifestation du choc
culturel
Le choc culturel se manifeste généralement par
les sentiments suivants :
- un sentiment de surprise, voir de dégoût,
après la constatation de quelques traits de la nouvelle culture
- un sentiment d'avoir perdu son environnement et ses
références culturelles
- un sentiment d'être rejeté ou mal
accepté par les membres de la nouvelle culture
- un sentiment d'infériorité causé par
l'incapacité de fonctionner dans la nouvelle culture qui entraîne
une difficulté à atteindre les objectifs professionnels
fixés
- un sentiment d'incapacité à contrôler
l'environnement
- un sentiment de doute lorsque les ancienne valeurs sont
remises en question
En effet, lors d'un rapprochement de deux ou plusieurs
organisations, les employés ont tendance à identifier ce qui les
distingue des autres. C'est une tendance naturelle pour les individus
d'exacerber les différences, au lieu de se focaliser sur les
similarités entre les entreprises (Marks et Mirvis, 1997).
La pression menée par l'acheteur sera d'autant plus mal
perçue que les cultures des deux entités sont très
diversifiées, et considérées comme telles par les membres
de la société acquise. De ce fait, le choc culturel peut
entraîner des sentiments d'hostilité et de malaise qui
affaiblissent l'engagement et l'implication des employés en
générale, et donc minimisent les chances de succès de
l'opération.
L'intensité du choc culturel dépend fortement du
degré d'intérêt que représente l'opération
pour les deux entreprise pour cela la stratégie semble être
déterminante de la façon dont les deux cultures vont entrer en
contacte. Cependant, la perception des différences culturelles est
fonction de la stratégie menée par les initiateurs de la
fusion.
III.2- L'acculturation dans les fusions
L'acculturation est généralement définie
comme les changements provoqués dans deux systèmes culturels
résultant de la diffusion des éléments culturels dans les
deux directions.
Quand un groupe sociétal est forcé d'interagir
avec un autre, ses membres n'ont pas l'option de refuser le contacte et ne pas
s'acculturer. En organisation, ce n'est pas le cas.
Les membres de firme absorbée peuvent ne pas accepter
la culture de l'absorbeur. En revanche, ce dernier a tendance à dominer
et imposer sa culture et ses pratiques organisationnelles sans tenir compte des
différences culturelles entre les deux organisations.
Dés lors, le personnel de la société
absorbée supportera la majorité des changements résultants
de la fusion. Cet état de déstabilisation sera accentué
par la position de dominé dans la quelle il va se trouver.
En effet, toute opération de ce type est
généralement marquée par des conflits culturels pour des
raisons et des intérêts divers. D'une part, un
déséquilibre se fait sentir dans l'exercice du pouvoir entre les
groupes et d'autre part, une telle opération entraîne souvent des
relations à sens unique entre l'acquéreur et l'acquis. Cependant,
dans le cas des choix imposés par l'acquéreur, les
salariés de l'entreprise acquise manifeste souvent une résistance
aux différentes transformations de leur modèle culturel.
L'ouverture sur la culture dominante est synonyme de diffusion et de
disparition, la résistance et le repli sur soi sont leurs seules chances
de maintenir leurs propres identités. Par ailleurs, c'est la culture qui
établit le lien entre ces différentes raisons, car elle constitue
le fondement de l'identité d'un groupe voir de sa
personnalité.
III.2.1- Modes d'acculturation
Quatre modes ont été identifiés. Il
s'agit de l'intégration, l'assimilation, la séparation et la
déculturation. Ces modes déterminent les différentes
façons utilisées par une entreprise pour s'adapter avec une autre
et résoudre les conflits. Le mode d'acculturation choisi dépend
du type et des raisons de la fusion d'une part et des caractéristiques
de l'absorbé et de l'absorbeur d'autre part.
1. Intégration :
L'intégration est choisie quand les membres de la firme
absorbée veulent préserver leur identité et culture. Ils
préfèrent rester autonomes et indépendants. Ils vont
essayer de maintenir leurs croyances, élément culturel et
pratiques organisationnelles. En d'autre termes, tout ce qui les
différencie de l'autre firme. Mais au même temps, ils sont bien
disposés à être intégrés dans la structure de
l'absorbeur, s'il accepte de permettre une telle indépendance.
Ainsi, malgré le fait que ce mode d'acculturation
entraîne une interaction et adaptation entre les deux cultures et
nécessite des contributions de la part des deux groupes, il ne conduit
pas à la perte de l'identité culturelle de chaque organisation.
Par conséquent, l'intégration provoque un certain degré de
changement des cultures et pratiques de partenaires sans conflits car aucune
partie n'essaye de dominer l'autre.
2. L'assimilation :
Contrairement à l'intégration, l'assimilation
est toujours un processus unilatéral, par le quel, un groupe adopte
volontairement la culture et l'indenté de l'autre. C'est le cas surtout
d'une entreprise non performante dans la quelle les employés et les
managers perçoivent le dysfonctionnement de leur culture et de leurs
pratiques. Ces dernières vont être bondonnées avec la mise
en oeuvre de celles de l'absorbeur. En conséquence, à la suite de
la fusion il va y avoir une assimilation structurelle, culturelle et
comportementale. De plus la firme absorbée cesse d'exister comme une
entité culturelle.
3. Séparation :
On parle de séparation, quand les membres de
l'entreprise absorbée veulent garder leur culture et systèmes
organisationnels. Ils refusent d'être assimilés quelque soit le
niveau et la façon d'assimilation. Ces membres résistent à
toutes tentatives d'adaptation et de conciliation. Ils essayent de rester
totalement séparés et indépendants du groupe dominant.
S'ils sont permis de le faire, ils vont fonctionner comme une unité
séparée et indépendante. Dés lors, l'échange
culturel entre les deux groupes va être faible.
4. Déculturation :
La déculturation entraîne la perte du contact
culturel et psychologique d'une personne avec les membres de son groupe et ceux
de l'autre organisation. Il en résulte le rejet de la dite personne par
les deux groupes. Ce mode d'acculturation se présente quand les
employés de l'entreprise absorbée ne respectent pas et
n'accordent pas de valeurs à leurs cultures, pratiques et
systèmes organisationnels. De plus, ils ne veulent pas être
assimilés par l'absorbeur.
Degré d'attachement à la
culture d'origine
Faible Fort
Fort
Attrait de
la culture de
l'acquéreur
Faible
Fig. 1 : Modes d'acculturation
Assimilation Intégration
Déculturation Séparation
Source : Gérard Layole, « Les fusions
acquisition et leurs conséquences RH », (2000), ARFORGHE.
P110
III.3- La culture d'entreprise entre organisations de
même nation
A priori la stabilité d'une fusion entre deux
entreprises appartenant à la même nation ne devrait pas soulever
de problème, puisque le socle culturel sociétal est commun. En
fait, elle peut provoquer un problème lié à
l'incompatibilité des deux cultures d'entreprises proprement dites.
Dans deux entreprises tunisiennes A et B, les hommes
possèdent un socle commun composé de valeurs sociétales
tunisiennes. Par contre, le personnel de l'entreprise A avait acquis des
valeurs en son sein qui diffèrent des valeurs qu'avait acquises le
personnel de l'entreprise B. On aura alors la représentation
suivante :
Culture de l'entreprise A
Culture de l'entreprise B
Fig.2 : Culture d'entreprise entre organisations de même nation
Valeurs culturelles proprement dites de
l'entreprise B
Valeurs culturelles de la société tunisienne
Valeurs culturelles proprement dites de l'entreprise A
Valeurs culturelles de la société tunisienne
Lorsque les entreprises A et B fusionnent, l'écart
culturel proviendra essentiellement des différences culturelles
proprement dites car les valeurs sociétales tunisiennes constituent un
socle commun aux deux entreprises. (Ben fadhel, 2004)
Conclusion
Divers obstacles sont susceptibles d'inciter les dirigeants
à ne pas accorder l'importance qu'ils devraient aux facteurs
organisationnels et humains, les responsables adoptent souvent une approche
fondamentalement rationnelle et technique qui laisse peu de place à
l'ambiguïté inhérente aux facteurs humains.
En effet, rares sont les responsables qui envisagent
l'opération dans sa globalité, et encore plus rares sont ceux qui
auront à se préoccuper de la période post acquisition.
Souvent, ces responsables interviennent en tant qu'experts de l'une ou de
l'autre des facettes de l'opération (marché, technologie,
logistique, législation...) et ne sont pas impliqués à
long terme.
Il est à noter que : « La
majorité des analystes des fusions considèrent que les
problèmes organisationnels, comme les problèmes individuels, ne
reçoivent pas toute l'attention qu'ils méritent avant la
signature de l'accord, malgré les effets déterminants de ces
facteurs sur l'aboutissement de l'opération ».17(*)
En effet lorsque deux entités décident
de fusionner, elles mettent face à face quelque part deux cultures
d'entreprises différentes et qui sont très probablement
divergentes voire même antagonistes. L'écart culturel se profilera
alors à l'horizon et il s'érigera en véritable menace pour
ces options stratégiques. Il est alors nécessaire de gérer
ce choc culturel pour en faire une véritable alliance culturelle.
Pour conclure il s'avère important de signaler le
rôle prépondérant que peut jouer la fonction ressources
humaines lors d'une opération de fusion, dans la mesure ou d'une part
elle anticipe les problèmes humains qui surviendront
inévitablement qu'ils soient d'ordre collectif ou individuel, et
d'autre part elle consacre effort et énergie à résoudre
ces problèmes le plus rapidement avant qu'ils ne deviennent source de
blocage et de rejet.
Mais pour que ces alliances et ces fusions atteignent les
objectifs escomptés, elles doivent s'inscrire dans la durabilité
afin de garantir la réunion des conditions de leur stabilité qui
passe impérativement par l'adhésion du personnel
Chapitre 3 : Facteurs clé de
réussite des opérations de F&A
Introduction
De nombreuses enquêtes convergent pour démontrer
que le taux d'échec des fusions et acquisitions est extrêmement
élevé, l'une des principales causes d'échec visé
est la sous estimation de la dimension humaine.(Braymer et Mayerhofer, 2002)
En effet, les managers ne pensent pas souvent en termes
d'organisation et d'homme ce qui entraîne des dysfonctionnements humains
importants et coûteux comme on vient de le voir pouvant mettre en cause
toute tentative de rapprochement.
La réussite d'une fusion est fondée sur
l'existence d'une vision qui se traduit par un projet de développement
commun, une structure organisationnelle efficace et une culture d'organisation
adaptée à la gestion des ressources humaines. Il paraît
dès lors important que les parties prenantes comprennent les avantages
associés au regroupement et s'efforcent d'atteindre ensemble les
objectifs fixés.
Au niveau de la gestion sociale et humaine, il convient
d'anticiper et de définir les changements nécessaires à la
réussite de l'opération. La création de la nouvelle
entreprise nécessite la constitution d'équipes mixtes et le
maintien d'un certain équilibre dans la composition des groupes de
travail, la répartition des responsabilités et les affectations
des salariés. Compte tenu des intérêts des
différents acteurs, la communication joue un rôle important : elle
doit être progressive, suivre et faciliter l'avancement du projet. Par
ailleurs, il convient d'amorcer les changements culturels, car chacune des
parties cherche généralement à valoriser ses
méthodes, ses outils de travail et son style de management. La
création d'une nouvelle culture d'entreprise qui intègre les
points positifs de chaque culture organisationnelle permet d'éviter des
conflits. Dans cette optique, l'association d'entreprises de nationalité
différente constitue une source supplémentaire de
difficultés. Aux différences de cultures internes viennent ainsi
s'ajouter les différences culturelles entre pays (Egg 2000).
L'intégration organisationnelle, qui est étroitement liée
à la culture nationale et à la culture organisationnelle des
entités associées, constitue un important facteur clé de
succès des fusions. La mise en place d'une nouvelle structure
organisationnelle efficace est en effet susceptible d'améliorer la
performance des opérations réalisées (Desreumaux 1998).
Section 1 : Communication et implication du
personnel
La meilleure façon d'éviter les problèmes
organisationnels et humains est de chercher à les prévenir en les
anticipant. Il est approprié par les dirigeants qui s'engagent dans une
telle opération de prendre en compte d'une manière
systématique des critères qui touchent à la fois les
aspects organisationnels et humains. (Gosselin, 1987).
Dans cette période de grande anxiété qui
suit l'annonce d'un changement profond, les salariés s'interrogent sur
la pérennité de leur emploi et leur facultés d'adaptation
à défaut de pouvoir répondre immédiatement, un
dialogue peut s'instaurer, notamment par des rencontres informelles et
conviviales. En effet, « mettre en place un véhicule de
communication émotionnel, affectif, peut aider à gérer le
stress individuel et collectif »18(*).
I.1- Implication du personnel
Le succès ou l'échec des fusions acquisitions
dépend, en effet, et pour une part significative des capacités
réelles des personnes « survivantes » à
s'impliquer dans un projet commun. (Guy Finné, 2000).
Les directions de ressources humaines ont une part centrale
dans cette responsabilité cruciale de prendre en considération
qui sont les personnes concernées, quelles sont leurs différences
par rapport aux personnes antérieurement gérées dans
d'autres circonstances et quelles sont les attentes réciproques des
acquéreurs et des acquis ou plus généralement des
dirigeants et des dirigés.
Il existe dans toute organisation un équilibre
implicite qui s'est constitué au fil du temps par des ajustements
réciproques. « Tout changement correspond à donner
un coup de pied dans une fourmilière patiemment élaborée
par la mise en place de brindilles apparemment entassées en vrac qui
ménage en réalité des espaces de ventilation, de
respiration pour toute la colonie.
Rompre un tel équilibre laborieusement construit ne
peut se faire nu pied si on ne veut pas se faire piquer par les fourmis qui
défendent instinctivement leur bâti. »19(*)
Toute organisation devra rebâtir une nouvelle
façon de gérer les relations de chacun à son travail en
respectant simplement le point d'origine de cette relation individuelle
spécifique. La base de cette implication repose sur la capacité
d'adaptation de chacun et donc le succès dépend de la
reconnaissance des différences individuelles à s'adapter à
cette nouvelle donne à laquelle chacun doit s'adapter. La prise en
conscience de cet état émergent est une opportunité et
donc un avantage à mettre au compte du changement.
I.2- Instaurer un dialogue continu
La communication influence significativement le niveau de
stress ressenti par les employés. Elle permet d'éviter le
prolongement d'une période d'incertitude voire l'inquiétude. Elle
joue un rôle crucial dans le succès de la fusion. Elle permet de
réduire les incertitudes crées par la nouvelle situation,
convaincre les employés du caractère inévitable du
rapprochement et faciliter la mise en oeuvre du changement. Dans ce cadre, mes
managers doivent être vigilants aux informations à communiquer et
aux moyens à utiliser.
La communication doit porter sur la situation de
départ, l'état de la concurrence, les contraintes du
marché, les licenciements, la localisation des sièges et des
équipes, les différences entre les partenaires... Elle doit
être claire, cohérente et compréhensible et sans
contradictions. Egalement il est indispensable que les informations soient
à temps, répétées dans plusieurs médias et
considérées crédibles par les employés. Ces
derniers ne reçoivent pas nécessairement les mêmes
informations étant donné que la communication dépend du
niveau organisationnel, des besoins spécifiques de chaque groupe et des
inquiétudes des salariés (Schweiser et Weber, 1989).
En outre, il est inutile de retarder les annonces aux
salariés qu'elles leurs plaisent ou non. Ces retards peuvent
résulter de la crainte des managers de fait que la notification
anticipée de la fusion peut conduire à la réduction de la
productivité. Mais, plusieurs études ont montré l'absence
du changement significatif touchant la productivité et
l'absentéisme suite à l'annonce anticipée de la fusion au
personnel. Donc, chaque fois qu'une information est élaborée par
la direction, elle est rapidement transmise aux employés. Même si
une réponse ne peut pas être fournie, il est
préférable de le dire aux salariés de façon
honnête et franche que la décision n'a pas été
prise.
Section 2 : La gestion du choc culturel
Pour gérer efficacement le choc culturel, chaque
organisation doit procéder à l'évaluation culturelle du
partenaire et la formation de ses managers à l'intervention en milieu
interculturel.
II.1- L'évaluation culturelle du partenaire
Lors d'une fusion, les aspects financiers et
stratégiques de la compatibilité des partenaires sont largement
pris en considération au détriment des aspects culturels. En
effet, il existe plusieurs modèles pour évaluer les synergies
stratégiques avec le partenaire potentiel. Toutes fois, les
critères utilisés pour évaluer le fit culturel entre les
organisations sont vagues ou non élaborés. Donc leur importance
est souvent négligée malgré le fait que le degré du
fit culturel existant entre les organisations combinées soit directement
corrélé au succès de la combinaison. Par
conséquent, l'évaluation de la culture est défaite d'une
manière intuitive plutôt que systématique (Cartwright et
Cooper, 1993).
Si les partenaires manquent d'attention pour les facteurs
organisationnels, c'est sans doute parce qu'ils disposent de plus de
données pour faire l'évaluation financière. Les dirigeants
sont plus à l'aise avec des données chiffrées qu'avec les
éléments immatériels comme la culture. Ils estiment
probablement qu'ils ont déjà pris la mesure des
différences culturelles entre les organisations, notamment si celles-ci
exercent dans le même secteur d'activité.
Ainsi il serait très dangereux de ne considérer
la fusion que sous un angle financier, en ignorant l'aspect culturel.
« La sous estimation du facteur culturel peut paraître
surprenante dans la mesure où une fusion est surtout un rapprochement
des hommes marqués par la culture de leur pays d'origine et ayant leur
propre conception du management ».20(*)
II.2- Les étapes d'évaluation culturelle du
partenaire
Il est indispensable que l'entreprise initiatrice
procède très tôt à une évaluation culturelle
du partenaire puis à une analyse plus approfondie une fois que
l'opération est conclue.
Au cours de la phase qui précède la fusion,
l'entreprise doit procéder, en premier lieu, à une auto
évaluation permettant d'identifier ses principes, croyances et valeurs.
En deuxième lieu, elle doit nommer une équipe charger de l'audit
culturel du partenaire potentiel. L'objectif de cette équipe est
d'apporter des réponses à des questions essentielles sur le
fonctionnement, le processus de prise de décision, la structure du
pouvoir... afin d'évaluer la distance culturelle entre les deux
entreprises. Toutefois, cet audit est difficile à réaliser avant
la signature de l'accord à cause des contraintes de
confidentialité et la quantité limitée d'informations
disponibles. Dés lors, l'estimation ne peut être qu'approximative
à ce stade.
Si l'évaluation des cultures faite par l'équipe
chargée de l'audit culturel indique qu'il y a de grandes
différences entre les deux partenaires potentiels, il faut envisager
d'autres options. La première option consiste à abandonner le
projet si les deux organisations concluent que les conflits culturels
empêcheront l'intégration et détruiront tous les avantages
de la fusion. Lorsque le projet parait encore intéressant, Les
partenaires peuvent éviter les fusions en optant pour les acquisitions
ou les alliances. Enfin, si les deux organisations veulent poursuivre le projet
de fusion, elles doivent faire une évaluation des coûts des
conflits culturels qui vont survenir. Dans le cas où les
bénéfices paraissent encore plus élevés que les
coûts, elles peuvent s'engager dans la fusion (Jaeger, 1987).
Dans ce dernier cas, l'audit simplifié mené
durant la première phase sera enrichi à travers l'observation,
les questionnaires, les entretiens et les animations de groupe. Donc,
l'évaluation culturelle sera exhaustive et plus approfondie après
l'annonce de la fusion. Par ailleurs, les cadres supérieurs des deux
entreprises se rencontrent pour identifier les valeurs partagées et les
valeurs sur lesquelles il y a des conflits, confronter les suppositions que
chaque groupe a de l'autre et commencer le processus de la construction des
relations sociales (Marks, 1991).
Le style de management, les conditions de travail, l'ouverture
au changement, les politiques d'évaluations et de
rémunération des salariés sont autant de paramètres
à prendre en compte lors de la comparaison des cultures. Cette
comparaison permet d'identifier et d'anticiper les risques humains majeurs
et d'éviter des erreurs qui se révéleront plus tard
extrêmement coûteuses voire irréparables. Les points de
convergence entre les cultures constitueront des points d'appui pour le
déroulement de la fusion que le management pourra mettre en avant pour
assurer et mobiliser... Inversement, les points de divergences permettront
d'identifier les sources d'incompréhension, de résistance et de
conflit qu'il est essentiel de prendre en compte et de traiter en amont.
(Meston. F, 1989).
On conclut que les entreprises qui attendent la conclusion de
l'opération pour s'intéresser aux aspects culturels
réduisent fortement leur chance de succès. L'audit culturel doit
être initié dès la phase d'identification et de
sélection d'une part et poursuit pendant le processus
d'intégration d'autre part.
II.3- La formation des managers à l'intervention en
milieu multiculturel
La fonction ressources humaines avec l'assistance des
consultants externes doit jouer un rôle facilitateur pour aider les
managers à focaliser leur attention sur le stress des employés,
le choc culturel et les problèmes au niveau de management. En effet,
plusieurs managers ont besoin d'être sensibilisés via des
formations pour se rendre compte de l'impact de la fusion sur les comportements
et les attitudes des employés. Ainsi, ils deviennent conscients qu'il
n'est pas simple de changer la perception, les valeurs et les croyances des
gens. Dès lors, ils comprennent les inquiétudes du personnel et
anticipent les problèmes qui peuvent se manifester.
La formation compte parmi les pratiques des ressources
humaines qui permet aux managers d'acquérir un ensemble de
capacités à savoir : «
- Etre conscient de l'impact de la culture sur les
processus de management impliquant des personnes d'origine
différente.
- Comprendre les caractéristiques de
l'organisations les plus influencées par la culture.
- Etre capable de développer une stratégie
organisationnelle multiculturelle grâce à un travail
d'équipe.
- Créer une organisation transculturelle reposant
sur des valeurs partagées par les différentes cultures de
l'entreprise.
- Etre capable de travailler avec des membres d'autres
cultures.
- Etre capable d'avoir les aptitudes nécessaires
dans différents types de situation de management : prise de
décision, communication, résolution des conflits, construction
d'équipes...
- Etre flexible face aux changements internes de
l'organisation et aux changements externes de son
environnement ».21(*)
Certes, les fusions exigent un effort significatif de la part
des cadres et des managers. Ces derniers sont amenés à travailler
ensemble et à constituer des groupes de travail mixtes.
« La constitution d'équipes mixtes est désormais
une formule largement utilisée. Elle s'avère d'autant plus
efficace que des spécialistes extérieurs neutres peuvent assurer
l'efficacité des travaux et l'objectivité des
décisions ».22(*) Cette technique permet de favoriser
l'interaction entre les managers et de réduire la crainte du changement
puisque ce sont eux qui le conduisent.
Section 3 : Rôle clé de la fonction
ressources humaines
La fonction RH a un rôle essentiel de conduite du
changement dans le cadre des processus d'intégration
post-fusion/acquisition. Les changements qui interviennent dans un tel contexte
visent à apporter à la nouvelle entité une
amélioration en termes de rendement, d'efficacité, de dynamisme
et de créativité. Ils concernent donc directement les hommes qui
composent la nouvelle organisation. D'une part, la fusion va engager des
modifications au niveau des structures organisationnelles, et entraîner
par exemple des réaménagements de locaux ou l'apparition de
nouvelles normes de fonctionnement ou de production. D'autre part, les
rôles de chacun vont être redéfinis, les postes
redistribués et les réseaux de communication internes et externes
seront modifiés, de même que les zones d'influences et les jeux de
pouvoir. C'est essentiellement à ce niveau que vont se positionner les
interventions de la fonction RH.
III.1- Harmonisation des politiques de GRH
Avant de mettre en place un plan d'action visant à
harmoniser les politiques de GRH, les responsables de la fonction seront, dans
de nombreux cas de fusions, confrontés à un défi majeur.
En effet, leur rôle consiste à la fois à limiter et
compenser l'étendue des rationalisations d'effectifs qui accompagnent
généralement ce type d'opérations, et dans le même
temps, ils devront veiller à maintenir un niveau de motivation et de
formation suffisant pour le personnel de la nouvelle entité. Dans les
deux cas, une connaissance précise des changements qui vont être
effectués est nécessaire afin de pouvoir estimer les besoins en
compétences et en effectifs, ainsi que les impacts sur les ressources
actuelles.
L'harmonisation des politiques RH présente
généralement rapidement des difficultés à plusieurs
niveaux : les rémunérations, la gestion des carrières,
l'appréciation des performances, la formation, sont les principaux
points sur lesquels il faudra agir en priorité. Ces difficultés
vont souvent être accrues par le nécessaire rapprochement des
pratiques quotidiennes (horaires de travail, systèmes de contrôle
des horaires, etc.).
L'objectif des responsables RH dans un tel contexte est donc
de mettre en place une politique qui ne désavantage pas les membres des
entités réunies, sans toutefois cumuler les avantages de l'une et
de l'autre, solution qui s'avérerait rapidement ingérable, et
surtout très coûteuse.
III.2- Management des conflits
L'intégration de deux organisations peut
déboucher sur des conflits entre les partenaires dont les sources sont
multiples : différence dans les styles de management, choc des cultures
organisationnelles, systèmes de fonctionnement opposés. C'est
généralement toujours la remise en cause d'intérêts
personnels qui va provoquer de tels conflits.
« Deux types d'interventions vont permettre de
mieux gérer ces situations de conflits :
· accorder un plus grand degré d'autonomie aux
sociétés réunies dans le cadre d'une fusion, à
l'acquis dans le cadre d'une acquisition, ce qui revient à
réduire l'impact de l'intégration ; cette solution n'est pas
toujours souhaitable, notamment lorsque des synergies opérationnelles
sont recherchées par le biais de l'opération ;
· faciliter l'assimilation en développant un
sentiment de tolérance entre les individus qui composent la nouvelle
entité, notamment à l'aide d'actions de communication
appropriées, et en augmentant les contacts entre les membres des deux
sociétés. C'est le rôle des directeurs des ressources
humaines et des directeurs de la communication. »23(*)
Cette dernière solution peut être mise en oeuvre
grâce à des approches qui vont faciliter l'apprentissage
interculturel et la gestion des conflits. Ces approches sont basées sur
l'échange d'informations, la résolution des conflits intergroupes
et le travail en équipes, techniques favorisant le rapprochement des
unités ou des individus.
La réduction d'effectifs est parfois inévitable
lors de la réunion des ressources humaines des deux partenaires. Les
dirigeants doivent alors décider des moyens à mettre en oeuvre
pour parvenir à ces licenciements sans créer de sentiments de
révolte parmi les employés. Lorsque les fusions et les
acquisitions sont accompagnées de vagues de licenciements, seules des
négociations entre les différents partenaires sociaux vont
permettre de mettre fin aux conflits. Cependant, c'est une solution qui
s'avère souvent longue, coûteuse.
Peu de recherches se sont intéressées
spécifiquement aux pratiques de réduction d'effectifs
spécifiques à un contexte de fusion ou d'acquisition, et il
semble qu'il y ait une grande diversité de pratiques, selon le niveau
hiérarchique au sein duquel on souhaite réduire les effectifs.
Dans la majorité des cas, la première étape est de
précipiter les départs en retraite et de proposer des
indemnités de licenciement intéressantes. Dans une seconde
étape, il peut être décidé d'aider certains
employés à se recycler grâce à des stages de
formation, voire de les aider à créer leur propre entreprise. Ces
actions ont un impact fort sur les employés qui sont amenés
à partir, mais également sur ceux qui restent, et qui voient les
moyens mis en oeuvre pour inciter leurs collègues à quitter
l'entreprise. Ceci leur permet, par ailleurs, d'avoir un éclairage
nouveau sur l'organisation à laquelle ils appartiennent
désormais, et ainsi de mieux savoir à quoi s'attendre dans le
futur.
Enfin, l'intégration implique également le
transfert de certains employés, notamment lorsque les deux
entités sont géographiquement éloignées. Il est
évident que, dans ce cas, les responsables devront s'employer à
motiver les individus sujets au transfert par des moyens essentiellement
basés sur des avantages financiers et en nature. Ce problème est
particulièrement difficile à résoudre dans un contexte
franco-français, car on observe une mobilité relativement faible
d'une région à une autre, et ce, quelle que soit la
catégorie d'employés concernés (ouvriers, cadres, ...).
Il est évident que des raisons matérielles et
personnelles (construction ou achat de la résidence principale, conjoint
qui travaille, scolarité des enfants, etc.) sont à la source de
ce frein à la mobilité.
Quel que soit le contexte, les responsables des ressources
humaines vont devoir faire face à une certaine démobilisation du
personnel qu'il va falloir gérer, de même qu'il faudra limiter au
maximum les conflits qui pourraient émerger à différents
niveaux. La négociation avec les instances représentatives du
personnel est donc inévitable, même si elle ne permet pas de
mettre un terme à tous les problèmes.
La littérature fait émerger une grande
variété d'actions RH visant à faciliter le processus
d'intégration post-fusion/acquisition. Cependant, leur efficacité
reste à prouver, et dans de nombreux cas, elle est équivoque.
Aucune intervention ne semble avoir d'applicabilité universelle car
chaque opération est unique. Cependant, les effets de ces
opérations sur les individus sont semblables, il est donc imaginable que
certaines grandes lignes d'une organisation RH spécifique à un
contexte de fusion ou d'acquisition puissent être mises en
évidence.
Conclusion
Certains facteurs clés de succès doivent se
présentés pour atteindre les objectifs stratégiques et le
degrés d'intégration visé par les dirigeants.
Ainsi la politique de GRH peut être utilisé comme
un véritable agent de changement et de réussite si elle est
soutenue.
Ø D'une part, par une politique de
communication visant à impliquer le personnel, réduire le stress
(individuel et collectif), crée des valeurs communes et instaurer un
climat de confiance au sein de la nouvelle entité.
Ø D'autre part, par la mise en place d'une
structure permettant de gérer la diversité (la formation des
managers susceptibles d'agir dans un milieu multiculturel et en situation de
crise) et de tenir de façon visible l'équilibre entre les deux
entités fusionnées. Ceci peut être observer à
travers la répartition équitable des postes de directions entre
les responsables des deux entités ainsi que la formation
d'équipes de travails mixtes.
CONCLUSION
D'après notre étude théorique des
phénomènes des fusions acquisitions,on a pu constater qu'
au-delà des enjeux économiques qui motivent ces
opérations, les impacts sur la gestion des ressources humaines
constituent une problématique souvent insuffisamment prise en compte. Il
s'est avéré alors, que les responsables adoptent souvent une
approche fondamentalement rationnelle et technique qui laisse peu de place
à l'ambiguïté inhérente aux facteurs humains.
En effet, on a remarqué que la fusion des ensembles
économiques conduit inévitablement à une nécessaire
cohabitation des organisations, il s'avère alors que
l'intégration culturelle, organisationnelle, humaines est
nécessaire pour assurer la réussite de la fusion, il s'agit en
fait d'assurer la coopération entre des entités qui peuvent
être initialement très différenciées. Selon
Egg : « Une fusion ne doit pas être un combat mais un
projet de développement commun »
Dans ce contexte, il nous a paru que la direction ressources
humaines se voit attribuer un rôle de taille dans la gestion de
l'intégration, de part son statut dans l'entreprise et sa vision du
rôle des ressources humaines dans la création de valeur, dans le
but d'amortir le choc du changement et de régénérer les
sources de motivation. Selon Egg : « (...) la gestion des
ressources humaines en périodes de fusion ne nous semble pas être
une affaire d'outils mais de philosophie et de principes
d'action ».
Ainsi on pourra formuler nos hypothèses de la
manière suivante :
· On a remarqué que la préparation
réfléchie de la fusion et des modalités de mise en oeuvre
du processus d'intégration influe sur sa réussite. D'où
notre première hypothèse :
H1 : Les mesures de rapprochement prises avant la
fusion facilitent l'intégration.
· On remarque aussi que la mise en oeuvre de la fusion
est délicate à réaliser, car elle s'opère dans un
climat tendu où les salariés de la cible s'inquiètent de
leur sort individuel et collectif. D'où notre deuxième
hypothèse :
H2 : Les employés manifestent
généralement une résistance et un mécontentement
suite aux changements organisationnels.
· Nous constatons que la phase d'intégration
requiert un fort degré de coopération entre les deux partenaires.
Cependant, les nombreuses réactions défensives de part et d'autre
conduisent souvent à des relations tendues et, parfois, à de
l'hostilité ouverte. D'où on a déduit notre
troisième hypothèse :
H3 : La fonction ressources humaines de part son
rôle d'amorcer les changements culturels, communiquer de façon
fiable et tenir l'équilibre entre les parties permet une meilleure
gestion de l'intégration.
· Il nous semble évident que l'harmonisation des
politiques des ressources humaines est indispensable pour une gestion efficace
de la nouvelle entité .D'où on a pu formulé notre
quatrième hypothèse :
H4 : Les différences de politiques
ressources humaines entre les fusionnés sont à l'origine
des difficultés rencontrées.
Section 1 : Méthodologie de la recherche
Dans cette partie de notre mémoire, nous allons
présenter notre démarche méthodologique. Nous exposons
dans ce qui suit notre stratégie de recherche en justifiant notre choix
pour la méthode qualitative et l'entretien semi-directifs
« formels » et « informels » comme
modes de collecte de données.
Ø Stratégie de la recherche et
justification de la démarche
Le chercheur ne doit pas avoir de préférence
à priori pour un outil bien précis. L'utilisation des entretiens,
des questionnaires ou de l'expérimentation doit être
adaptée à la problématique, aux objectifs et à
l'orientation théorique de la recherche. Dans notre cas nous avons
opté pour une méthode qualitative s'appuyant sur des entretiens
semi-directifs. Ce choix n'est pas fortuit dans la mesure où notre
problématique nous impose d'étudier les conséquences de la
fusion vécue par les employés, chose qui est difficile à
quantifier.
En effet, le choix d'une méthode qualitative a
été fait pour plusieurs raisons. Tout d'abord, l'étude des
conséquences ressources humaines des opérations de fusions
nécessite un contact direct avec les acteurs impliqués afin de
mieux saisir les mécanismes sous-jacents. Ensuite la sensibilité
du sujet traité nous fait douter de l'efficacité d'une approche
plus quantitative basée sur des questionnaires. En effet, comme l'ont
très bien mis en évidence Hafsi et Demers (1989)
« adopter une démarche méthodologique standard,
basée sur des questionnaires standards et une intention de traitement
statistique des données, pourrait signifier pour le praticien que ce qui
intéresse le chercheur est non pas une véritable
compréhension de ce qui se passe mais un jeu académique
futile. »
Enfin, la méthode de recherche qualitative basée
sur l'étude de cas est recommandée lorsque l'on se centre sur des
événements contemporains dans leur contexte en temps réel,
où les limites entre le phénomène étudié et
le contexte, ne sont pas évidentes (Yin 1989).
Yin (1989) définit l'étude de cas
« comme une méthode empirique qui étudie un
phénomène contemporain dans son contexte réel ; quand
les limites entre le phénomène et le contexte ne sont pas
clairement évidentes ; et dans lequel des sources
d'évidences multiples sont utilisées ».
La méthode adoptée dans cette étude,
conduit à une vue dynamique de la réalité sociale, en
explorant la manière dont la problématique est définie par
ceux qui l'éprouvent. En effet, elle s'attache à son objet et
l'observe sur un temps plus ou moins long pour suivre les évolutions
naturelles ou les changements provoqués (Wacheux, 1996).
Ø Méthode de recueil et
d'interprétation des données
· L'entretien semi-directif
« Le comportement de l'individu est
influencé par des facteurs dont il n'a pas conscience et/ou qu'il ne
veut pas mentionner directement du fait des mécanismes de
défense. Pour atteindre cet univers et l'explorer, il faut donc avoir
recours à des méthodes de facilitation qui permettent de
libérer l'individu, de débloquer ou encore de rendre inutile les
mécanismes de défenses individuels »24(*). Parmi les
méthodes utilisées, nous avons opté pour l'entretien
semi-directif. Ce dernier s'avère l'instrument le plus adapté
à notre étude permettant à l'acteur de s'exprimer
librement sur des questionnements précis, sous le contrôle du
chercheur et dont l'implication est partagée (Wacheux, 1996). Ce type
d'entretien s'effectue à l'aide d'un guide fixant un ensemble de
thèmes à aborder et à approfondir.
· La préparation et la conduite des
entretiens
Notre travail s'est déroulé en deux phases. Dans
un premier temps, nous avons adressé un guide d'entretien à la
population de notre échantillon. Ce guide avait pour objectif d'explorer
le terrain d'investigation et de découvrir à quel point il
contient les validations empiriques de nos hypothèses. Dans un
deuxième temps, nous avons procédé à une analyse du
contenu des entretiens.
Il est a noter que la première phase s'est
avérer peu convaincante vue le nombre restreints des cadres qui ont
voulu nous répondre, alors le plus grand nombre des entretiens qu'on a
effectué était de l'ordre de l'informel en d'autres termes ils se
sont déroulés hors du cadre de l'entreprise (buvette, parking,
domicile...)
Le guide d'entretien est un ensemble de thèmes
qui ont été mis à jours par le chercheur, validés
par un pré test ou par un expert, et sur lesquels il apparaît
nécessaire de faire s'exprimer la personne
interviewée (Igalens J et Roussel P, 1998). C'est un
élément indispensable pour la réalisation des entretiens
semi-directifs nécessitant une préparation rigoureuse afin de
fournir des données pertinentes. Notre guide d'entretien sera
présenté dans l'annexe de notre travail de recherche, il comprend
vingt et une (21) questions réparties sur trois thèmes.
· L'échantillonnage
Vue que la population globale ou l'effectif de l'entreprise
sujet de notre étude de cas n'était pas assez large (32
personnes), la population qui a acceptée notre demande d'être
interrogée est constituée de 2 cadres (formellement) qui
travaillent dans la nouvelle Sudinvest.
Or notre échantillon de base était de 10
personnes mais 8 de ces cadres n'avaient pas accepté d'être
interrogé dans l'entreprise (par crainte des problèmes et qu'ils
donnent des informations contradictoires avec leurs responsables)
Le critère de sélection étant
l'appartenance à l'une des entreprises qui ont fusionnée. Cette
distinction se justifie par le respect de la règle de base de
l'échantillonnage à savoir l'échantillonnage à
classes égales (Ervard et al, 1993). Ainsi, notre cible se
répartit comme suit : un cadre de l'ex-Fininvest et un cadre de
l'ex-Sudinvest.
· La conduite des entretiens
La durée des entretiens était en moyenne une
heure pour les entretiens « formels » et de 15 à 20
minutes pour les entretiens « informels ». Les
premières minutes ont été consacrées à nous
présenter et expliquer notre sujet de recherche. Ensuite, nous avons
laissé libre cours à l'interlocuteur pour répondre aux
questions que nous posons tout en suivant le guide d'entretien. Des actions
d'ajustement ont été entreprises à travers la
reformulation des questions non comprises par l'interviewé ou
l'élimination de certaines interrogations aux quelles il a
répondu spontanément. Tout au long de nos entretiens, nous avons
essayé d'instaurer un climat de confiance afin de faciliter les
échanges et mettre à l'aise notre interlocuteur. A cet effet,
nous avons d'une part garanti l'anonymat et la confidentialité et nous
avons d'autre part montré au participant que nous avons besoin de lui et
que nous somme intéressés par ce qu'il a été en
train de dire.
· L'analyse de contenu
L'analyse des données consiste à réduire
les informations pour les catégoriser et les mettre en relation avant
d'aboutir à une description, une explication ou une configuration.
(Wacheux, 1996). Cette analyse convient aux études quantitatives.
Cependant, dans notre cas, la méthode la plus appropriée assurant
l'interprétation des entretiens est l'analyse de contenu.
Pour mener à bien notre étude, nous avons
opté pour l'analyse thématique. Par conséquent, nous avons
regroupé nos questions en trois thèmes à savoir le
contexte général de la fusion, les conséquences de la
fusion et la gestion de ces derniers. Cette répartition en thèmes
a permis le passage d'une information dispersée à une information
organisée, ce qui évitera à nos analyses
ultérieures d'apparaître comme un travail insurmontable (Wacheux,
1996). En outre, il convient de signaler que nous avons remarqué une
certaine redondance dans les propos des interviewés.
Section 2 : Contexte général de la
fusion
L'accès au terrain est souvent difficile
particulièrement en Tunisie parce que les entreprises ne veulent pas
donner des informations sous prétexte de confidentialité. Ainsi,
le choix du terrain semble être une simple question d'opportunité,
le chercheur accepte de le recevoir et qui lui permet d'obtenir des
données pertinentes. Dans notre cas et afin de vérifier nos
hypothèses, nous avons opté pour l'étude de la fusion
absorption de la Fininvest par la Sudinvest, surtout que cette fusion
absorption représente un exemple réussi en matière de
fusion en se référant aux indicateurs financiers et
économiques.
Dans le cadre du mouvement de restructuration du
système financier, pour répondre aux défis de la
mondialisation et de la compétitivité et pour dépasser les
faiblesses de chaque entreprise, le conseil d'administration de la Sudinvest,
réuni le 18 novembre 1998, et l'assemblée générale
extraordinaire du 2 décembre 1998, on approuvé le projet de
fusion de la Sudinvest avec la Fininvest et arrêté les
modalités pratiques en vue de son aboutissement.
Il s'agit de créer un intermédiaire en bourse
capable de dépasser les faiblesses des deux anciennes entreprises en
créant des synergies réelles. La Sudinvest a comme atout une
assise financière solide avec un capital de 1000000 DT ainsi qu'elle
est une filiale d'un grand groupe « groupe banque du sud »
mais elle manque de compétences clés . Alors que la Fininvest
tout en disposant de compétences clés vu sa longue
expérience dans le domaine ne trouve pas les atouts de la
première entreprise pour exploiter efficacement ses ressources.
L'entreprise qui naîtra de cette fusion se positionnera
en tant qu'influente dans le secteur, dotées d'une force
compétitive plus puissante grâce à une meilleure efficience
et une plus grande synergie des moyens et des compétences.
II.1- Présentation des deux parties prenantes dans
la fusion :
Avant de présenter les deux entreprises, il parait
indispensable de répondre à quelques questions pour mieux
comprendre le travail des intermédiaires en bourse.
· Qu'est ce que un intermédiaire en
bourse ?
Les intermédiaires en bourse sont des agents
chargés, à l'exclusion de toute autre personne, de la
négociation et de l'enregistrement des valeurs mobilières
à la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis, des droits s'y
rapportant et des produits financiers. Ils peuvent accomplir en outre, des
opérations qui sont en relation avec ces missions.
· A quoi servent-ils ?
Les intermédiaires en bourse peuvent, compte tenu des
conditions fixées par décret, se livrer: au conseil financier, au
démarchage financier, à la gestion individuelle de portefeuilles,
au placement de valeurs mobilières et de produits financiers...
Les intermédiaires en bourse sont responsables à
l'égard de leurs clients de la livraison et du paiement de ce qu'ils
vendent et achètent sur le marché, ils sont aussi
agréés par le Conseil du Marché Financier après
avis de l'association des Intermédiaires en Bourse.
· Qui est concerné ?
Ø Le public des épargnants
Ø Les sociétés cotées
Ø Les sociétés qui visent l'introduction
en Bourse
II.1.1- Présentation de l'ex-Finivest
Vu que la fusion avait eu lieu en 1998 qui est une date un peu
lointaine, on n'a pas pu trouver beaucoup d'informations concernant cette
société. Les informations qu'on a pu réunir sont d'une
part ce qui a paru dans le JORT lors de l'annonce de la fusion et d'autre
part, ce qu'on a pu réunir de l'entretien effectué au prés
des ex-cadres de la société.
Fininvest, est une société intermédiaire
en bourse dont l'objet était de s'intéresser à toute
opération d'achat, de souscription, de vente ou d'échange de
titres de toutes natures. Son siége sociale se situait au 9 Rue Mohamed
Ali Annabi. Le capital de cette société anonyme s'élevait
à 100.000 dinars. Cette société privée
intégrait avant l'opération de rapprochement 7 cadres.
II.1.2- Présentation de l'ex-Sudinvest
Sudinvest a été crée le 14 Novembre 1995,
c'est une société intermédiaire en bourse dont
l'activité se limiter à l'intermédiation en bourse et la
gestion de portefeuilles. Son siége social se situait au 116, avenue de
la liberté. Le capital de cette société
s'élève à 1.000.000 dinars avant l'opération
d'absorption. Cette société filiale du groupe « Banque
de sud » intégrait avant l'opération de rapprochement
28 cadres.
II.1.3- Présentation de la nouvelle Sudinvest
L'exercice 1998 a été marqué par la
concrétisation du projet de fusion-absorption de la Finivest par la
Sudinvest dont le traiter a été signé et approuvé
par l'assemblé générale extraordinaire réunie en
deux séances le 10 et le 18 novembre 1998. De ce fait, la Sudinvest se
voit augmenter le capital social de la somme de 100.000 dinars par la
création de 1000 actions d'une valeurs de 100 dinars nominal chacune,
entièrement libérées, le capital social étant
porté de 1.000.000 dinars à 1.100.000 dinars.
Le 25 novembre 1998 l'assemblée générale
extraordinaire de la société Sudinvest décide d'augmenter
le capital de 3.900.000 dinars pour le porté de 1.100.000 dinars
à 5.000.000 dinars.
La nouvelle entité ainsi crée garde le nom de
l'entreprise absorbante à savoir Sudinvest, intègre
l'activité de la gestion d'OPCVM, la gestion des comptes
d'épargne en actions, ingénierie et montage financier ; et
voit son capital augmenter pour atteindre 5.000.000 dinars et change de
siége social qui se situe actuellement à la Résidence Omar
- Bloc A - Cité Ennassim, Montplaisir, et intègre dans son
effectif plus ses propres cadres les cadres de la Fininvest, au total 20
personnes qui sont sous la direction de Monsieur Hassine Trad qui était
un ex-Fininvest.
II.2-Motivations et conséquences
Les interviewés des deux entreprises trouvent que la
fusion est une union entre deux ou plusieurs entreprises ayant le même
type d'activité ou qui sont complémentaires. Ils peuvent aussi
faire la distinction entre fusion-absorption et la fusion par création
de société nouvelle. Selon eux, la fusion par absorption
s'inscrit dans le but d'avoir un seul capital, un seul statut et un personnel
unifié afin de créer une nouvelle entité plus performante
que chaque société toute seule.
II.2.1-Motivations de la fusion
Face aux mutations du système financier tunisien et la
libéralisation de l'économie, les intermédiaires en bourse
se voient confrontés à une panoplie de problèmes (leur
petite taille faisant appel urgent à une taille critique à
travers la concentration, vulnérabilité à la
mondialisation...) qui constituent des entraves au développement de
notre système financier.
Suite aux coûts économiques excessifs qui
pourraient résulter d'une fusion par création d'une nouvelle
société d'une part, et au coût social résultante de
la dissolution de la Fininvest, d'autre part. la Sudinvest a
décidée que le fait d'absorber la Fininvest serais le moyen le
plus approprié pour en tirer les avantages.
Les cadres interviewés sont unanimes sur le fait que la
fusion absorption de la Fininvest n'a pas été choisie par
celle-ci mais elle a été plutôt imposée par la
société absorbante Sudinvest en réponse à
un choix financier et stratégique. Ils pensent que ce rapprochement vise
la complémentarité des deux entreprises et la création en
conséquence d'une entreprise performante aussitôt sur le plan
financier que celui humain.
II.2.2- Conséquences de la fusion
Conformément aux dispositions du traité de
fusion, la création de la nouvelle Sudinvest n'a été
accompagnée ni de licenciements ni de changement des droits des
salariés de la société absorbée qui ont
continué à bénéficier de leurs salaires et leurs
avantages sociaux. Cependant, il y a eu un mouvement des salariés de la
Fininvest de leurs siége social vers un nouveau mais aussi un changement
de leurs missions dans la nouvelle entreprise.
Les cadres de l'entreprise absorbante considère que la
fusion est un choix pertinent tant sur le plan financier que celui humain, vu
que d'une part la Fininvest se trouvait dans une situation délicate et
ne pouvait pas à elle seule s'en sortir et d'autre part que ses
employés étaient menacés par le spectre du licenciement.
Ceci n'est pas de même pour les cadres ex-Fininvest interrogés qui
pensent que la dimension humaine de l'opération n'était pas assez
prise en compte ce qui a aboutit à des tensions et des conflits au sein
de la nouvelle entité.
Section 3 : Problèmes liés à la
fusion Sudinvest Fininvest
Le rapprochement des deux entreprises constitue l'un des
points les plus délicats de la fusion car le processus
d'intégration est déterminant de l'issue de celle-ci. Cette phase
est définie comme étant un processus graduel au cours duquel les
individus des deux organisations apprennent à travailler ensemble et
coopèrent afin de transférer leurs ressources
stratégiques. Pour ce faire un climat social favorable est
indispensable pour la réussite de cette phase. Or ceci n'est pas
évident, plusieurs problèmes surgissent à
différents niveaux de l'organisation. Dans notre cas de fusion
absorption de la Sudinvest Fininvest on a pu observé des blocages au
niveau de la communication et de la structure, mais aussi des problèmes
comportementaux et culturels.
En effet les transformations introduites dans la nouvelle
Sudinvest suite à l'opération de la fusion absorption avaient
engendré des répercussions multiples sur le personnel surtout
ceux de l'entreprise absorbée. La conception d'un nouveau modèle
d'aménagement interne (aménagement de la structure, des postes
clés...) et externe (l'aménagement d'un nouveau siège
social sous un look uniforme au profit de la création d'une marque
Sudinvest), a renforcé le sentiment d'appartenance chez le personnel de
cette dernière au détriment de ceux de l'entreprise
absorbée qui voient disparaître la raison sociale de leur
organisation. « Quelqu'un qui change d'entreprise sent qu'il
vient d'être recruté de nouveau. Il doit s'adapter à ce
contexte et nouer de nouvelles relations. » (Ex Fininvest)
III.1- Problèmes de communication
Le manque d'information entraîne la circulation de
rumeurs « Avant l'annonce de la fusion une rumeur courait
affirmant la perte de nos avantages sociaux (ancienneté,
primes...) » affirme un ex-cadre de la Fininvest. Ce genre de
rumeurs a entravé gravement le processus d'intégration en
déstabilisant le personnel. L'annonce du rapprochement a provoqué
une transformation des systèmes de communication
caractérisés par un mauvais fonctionnement des systèmes
formels au profit de systèmes plus informels. L'un des
interviewés affirme que : « informer le personnel est
le dernier des soucis de la direction. »
Cet état de fait a deux conséquences
directes : un ralentissement de la circulation de l'information
entraînant un frein des décisions quotidiennes, et une
difficulté pour les dirigeants à identifier les centres de
décision importants dans l'entreprise. Lorsque la communication est
incohérente ou perçue comme telle par certain acteur de la
fusion, elle a généré un sentiment d'incertitude chez les
acteurs et a entraîné le rejet de toute information émanant
de la direction conduisant à un blocage des décisions tant que la
situation n'est pas contrôlée.
Faute de médiatisation de l'opération, vu que la
taille des deux sociétés n'était pas assez grande, le
personnel de la Fininvest ne disposait pas d'informations pertinentes
concernant leur statut dans la nouvelle entité et ceci a engendré
de mauvaises répercussions sur leurs rendements. Les cadres de
l'ex-Fininvest interrogés au tour d'un café, nous ont
affirmé qu'ils ont été informés de la fusion avant,
moins d'un mois de la concrétisation de celle-ci, « nous
étions obligés de classer nos dossiers, d'emballer nos affaires
et être prêt à se déplacer dans un nouveau local avec
de nouveaux collègues en dix jours seulement »
L'impact négatif du manque d'information et de
communication a des effets non seulement sur la motivation personnelle mais
également sur le sentiment de loyauté des individus envers leurs
dirigeants. Les employés de la Fininvest n'avaient pas confiance dans la
nouvelle direction pour eux ils étaient de simples conquérants.
En résumé, nous pouvons dire que :
· Il est indispensable d'informer les employés
pendant la phase de préparation afin de les préparer
psychologiquement, chose qui a fait défaut dans ce rapprochement.
· L'absence d'information d'un côté, et les
informations biaisées d'un autre côté ont renforcé
le sentiment de frustration et de crainte. Dés lors, cette situation a
retardé l'intégration des employés qui ne voient pas
jusqu'à maintenant pourquoi ils n'ont pas été
informés officiellement et à temps.
Certes, une information officielle aurait permis d'avoir une
idée claire sur les changements que le personnel aurait à vivre
et surtout lui aurait donné la possibilité de se préparer
et de s'adapter à la nouvelle situation. Le responsable actuel des
ressources humaines à la Sudinvest interrogé au sein de
l'entreprise nous a affirmé que la communication a été
faite convenablement lors de cette fusion à travers une réunion
au sein de l'entreprise absorbée assuré par le PDG de celle-ci
ainsi que le DGA de la Sudinvest. Or les interviewés de l'ex-Fininvest
nous ont affirmé que cette réunion a eu lieu peu de temps avant
la réalisation de la fusion et était surtout pour les
informé de la date à laquelle ils vont changer de local, non pour
prendre leurs avis et/ou discuter des modalités de
l'opération.
Validation de l'hypothèse 1 : Les
mesures de rapprochement prisent avant la fusion facilitent
l'intégration.
Dans notre cas, le fait que la phase de préparation
était purement financière a entravé la mise en oeuvre
d'une stratégie d'intégration claire. En l'absence de mesures de
rapprochement prédéfinies, tel que l'élaboration de plans
de réponse aux dysfonctionnements, la préparation des membres de
la Fininvest à la fusion et l'élaboration d'un système de
communication spécifique à cette situation, le processus
d'intégration était difficile à mettre en oeuvre.
En effet, la carence d'une stratégie
d'intégration a causé plusieurs problèmes au niveau du
rapprochement, comme le rejet des nouvelles méthodes de travail, la
démotivation, les conflits avec les supérieurs etc.
III.2- Problèmes de structure
Les problèmes de structure rencontrés lors de la
fusion absorption de la Sudinvest Fininvest ne sont pas de la taille de ceux
rencontrés dans les fusions des grandes entreprises qui restent
souvent insurmontables même après des années de la
fusion.
Les problèmes organisationnels liés à la
structure observés lors de la fusion sont surtout d'ordre d'affectation
des anciens Fininvest à la nouvelle entité, mais aussi de
l'adoption de la méthode de travail de cette dernière par les
nouveaux venus. Une interviewée de l'ex-Fininvest affirme
« notre effectif était dissout et notre poids
n'était plus signifiant ».
Nous avons compris dans les propos des interviewés de
l'ex-Fininvest qu'on leurs a imposés les méthodes de travail de
la Sudinvest toutefois, ils ne semblent pas convaincus de cette solution. Pour
eux cela a aggravé le sentiment d'être dominés et de ne pas
avoir une emprise sur leurs sorts, mais aussi ils voyaient que leurs
méthodes de travail étaient plus
efficaces. « Bien que le système de la Sudinvest soit
le moins performant il a été retenu, vu qu'elle était
l'entreprise absorbante et elle pouvait alors imposée ses
méthodes » (ex-Fininvest)
Parallèlement, la période de transition, qui
devrait favoriser le passage de deux structures distinctes à une seule,
a bouleversé profondément les relations de pouvoir
établies depuis des années. Ceci a provoqué une perte de
repères importante pour les employés de l'ex-Fininvest.
« On ne peut éviter l'apparition de doublons au niveau des
structures des entreprises fusionnantes. » (Ex- Sudinvest)
La répartition des rôles et des postes a
été faite en fonction du rapport de force entre les deux
entreprises et non pas en fonction des compétences des employés.
Les critères de choix retenus entre les deux candidats potentiels
n'étaient pas ceux utilisés de manière habituelle, comme
si les mécanismes mis en oeuvre au moment de l'intégration
échappaient aux lois et aux règles du management. Les
employés qui occupaient des postes de décision et de pouvoir dans
l'entreprise absorbée ont étaient affecté à des
postes de niveau inférieur alors que les employés de la
Sudinvest se sont accaparés des centres de pouvoir dans la nouvelle
entreprise. A titre d'exemple on peut citer le cas de l'ex-PDG de la Fininvest
qui était intégrait au sein de la nouvelle entreprise en tant que
conseiller auprès de la direction générale.
Dans ce contexte, les employés de la Fininvest
risquaient de perdre leurs leviers d'action, leurs autonomies, leurs pouvoir
par conséquent ils n'avaient aucun intérêt à
intégrer la nouvelle structure au contraire ils ont
développés des mécanismes de défense leurs
permettant de résister à un changement potentiel.
« On a réagi très mal à cette fusion dans le
sens où le futur était flou et incertain » (Ex
Fininvest).
III.3- Problèmes de comportement
L'annonce de la fusion Fininvest Sudinvest, qui peut
être considérée comme un élément
déclencheur de l'intégration, a provoqué des changements
soudain dans le moral comme dans le comportement des cadres. Certes, les
interviewés affirment que les problèmes sont provoqués
par leur faible tolérance aux changements. Celle-ci a était
identifiée dans les formes de résistances tacites et
implicites.
III.3.1- Les résistances aux
changements
La résistance aux changements
est l'un des problèmes les plus sérieux que peut rencontrer toute
entreprise qui lance un projet de fusion. C'est un phénomène
inévitable à tout effort de changement. Les interviewés de
l'ex-Fininvest affirment qu'ils ont manifestés un mécontentement
et une résistance surtout au début de la
fusion ; « comme tout changement, il y a eu une
résistance surtout quand il s'agit d'un changement
radical. »
Cette résistance était le résultat d'un
système de communication défectueux qui a entraîné
l'augmentation du sentiment d'incertitude, d'anxiété,
d'insécurité ce qui a par conséquent entravé le
processus de rapprochement en déstabilisant le personnel.
Ces résistances aux changements des salariés de
l'entreprise absorbée se sont concrétisées en attitude
négative envers l'intégration de la nouvelle Sudinvest, elles ont
pris différentes formes :
Ø Les conflits au travail
Les conflits au travail sont en rapport avec le climat social,
l'attitude qui prédominait parmi les cadres de l'ex-Fininvest
était portée sur l'attentisme et l'anxiété, ce qui
a induit à une dégradation de la relation avec les nouveaux
supérieurs hiérarchiques. « On a
accepté avec un sentiment de crainte vu la façon
précipité avec laquelle s'est dérouler la
fusion. » (Ex Fininvest)
Selon les interviewés les conflits à
l'intérieur des services devenaient plus fréquents et intenses,
puisque en premier lieu ; il y a eu un phénomène de rejet
car le personnel de la Sudinvest avait peur que les cadres de la Fininvest
prennent leur place et détiennent les postes de directions, en
deuxième lieu ; les méthodes de travail était
différentes de celles dont ils avaient l'habitude.
Ø L'absentéisme
L'absentéisme représente souvent une mesure
fiable de l'insatisfaction du personnel, quand cette insatisfaction croit, il
croit aussi. Ce problème a était observé à la phase
post-fusion de la Sudinvest. « Je voulais fuir la pression
même pour une journée je pouvais plus supporter la
situation. »(Ex-Fininvest)
Ce problème est surtout lié à l'inconfort
à l'égard de la nouvelle situation, à l'état de
transition et d'instabilité vécu par les employés de la
Fininvest.
Ø Le refus de la formation
Dans cette période, la Sudinvest devait rassembler
toutes ses ressources pour pouvoir faire face aux nouvelles exigences. Le
personnel absorbé devait faire preuve de collaboration et accepté
les changements « imposés ». Cela n'a pas
était remarqué lors de ce rapprochement. Les employés de
l'ex-Fininvest ont refusés implicitement et rarement explicitement la
formation aux nouvelles méthodes de travail (ceux de la Sudinvest).
Ce refus de la formation de la part des membres de la
Fininvest s'est traduit par le fait de venir en retard à la formation,
de ne pas prendre des notes ou de simplement démontrer le
désintérêt. Nous avons pu comprendre dans les propos des
ex-Fininvest qu'ils se sentaient meilleurs que ceux de la Sudinvest de part
leur niveau de compétence. «On assuré des missions
beaucoup plus complexes et délicates que celle des cadres Sudinvest, on
avait un service d'ingénierie financière qui n'existait pas
à la Sudinvest, on procéder à une analyse
financière approfondie du marché et des entreprises alors que le
métier de la Sudinvest se limiter à la
spéculation. » (Ex Fininvest)
Ø La rétention de
l'information
En période de rapprochement, la rétention de
l'information est un grand obstacle que doit franchir toute entreprise
fusionnante. Dans le cas de la fusion Sudinvest Fininvest ce sont les membres
de l'entreprise absorbée qui ont adopté ce comportement envers
leurs nouveaux collègues et supérieurs hiérarchique.
« On étaient obligé de courir derrière
l'information.» (Ex Sudinvest). Ceci a fortement paralysé le
processus de la diffusion de la fusion en faisant enregistrer à la
Sudinvest un ralentissement dans l'accomplissement de différentes
tâches et une intensification des conflits latents.
Ce phénomène est la conséquence d'un
manque de confiance dans le nouveau contexte encore inconnu d'une part et
d'autre part les informations qu'un individu détient, lui permettent
d'accroître son pouvoir sur les autres et définir une nouvelle
zone d'influence dans la nouvelle entité.
Pendant l'intégration Fininvest Sudinvest, les
dirigeants n'ont pas pris en compte les résistances au changement, or la
clé de tout processus d'intégration passe par les hommes.
Validation de l'hypothèse 2 : Les
employés manifestent généralement une résistance et
un mécontentement suite aux changements
organisationnels.
Ainsi ce qu'on a pu constaté, en ce qui concerne cette
hypothèse, c'est que les changements entrepris par l'entreprise
absorbante ont engendré des résistances de la part des
employés de la Fininvest.
En effet les changements qui ont été
apporté par les dirigeants, notamment ceux qui concerne la
répartition des postes et des responsabilités, la
définition des rapports avec les supérieurs hiérarchiques,
avaient été confrontés à des résistances. Le
personnel absorbé d'une part il avait peur de l'inconnue vu la
défaillance du système de communication, et d'autres parts il
s'est senti marginalisé et dominé par celui de l'entreprise
absorbante.
Les résistances aux changements se sont faite sentir
surtout au début de l'intégration et elles ont pris
différentes formes, rétention de l'information, conflits au
travail, etc.
III.3.2- Les problèmes psychologiques
Les sentiments de frustration, d'anxiété et de
désorientation ressentis et exprimés par les membres des deux
entreprises concernées par l'opération ont conduit à des
difficultés psychologiques.
Aussi la confrontation de deux systèmes et styles de
management différents a également posé des
problèmes, notamment au début du processus d'intégration
de la fusion lorsque la loyauté et la confiance envers les nouveaux
dirigeants n'étaient pas encore acquise, il est alors apparu chez les
salariés de la Fininvest des sentiments de méfiance et
d'hostilité qui ont diminuer leur degré d'engagement envers leur
nouvelle entreprise et qui ont presque conduit à la
généralisation d'un sentiment de pessimisme à
l'intérieur de celle-ci. « Je ne trouvais pas un terrain
d'entente avec mes nouveaux collègues, l'ambiance était
très tendue surtout au début, on s'ait sentis tous mal alaise
dans cette nouveau situation. » (Ex Fininvest)
En tout état de cause, plus la période de stress
occasionnée par l'opération dure dans le temps, plus le climat
risque de se dégrader, entraînant chez les salariés un
manque de confiance et de motivation qui peut altérer la bonne marche de
l'entreprise et provoque la faillite du processus d'intégration.
III.4- Problèmes culturels
La prise en compte des problèmes culturels qui ont
surgit à toutes les phases du processus de fusion est essentielle car
ceux-ci se trouvent souvent être à l'origine des
difficultés que nous venons d'évoquer.
III.4.1- La crise d'identité
Le personnel de la Fininvest a vécu le changement comme
une rupture de l'identité de leur organisation. Cette rupture s'explique
par la disparition de leur entreprise aussi bien du registre de commerce que du
secteur des intermédiaires en bourse. Après la dissolution de
leur entreprise, ils sont en quête d'une nouvelle identité. La
réponse à la question « qui sommes
nous ? » suscite des réponses multiples, contradictoires
et hésitantes. Pour répondre à cette question, il faut
qu'ils acceptent de renoncer à leur perception antérieure de
l'identité de leur entreprise absorbée et qu'ils en construisent
une autre.
Cet état n'est pas sans conséquence sur
l'organisation et son fonctionnement quotidien. Il s'est manifesté par
un climat organisationnel tourmenté. Le rejet de l'autre, individu ou
groupe est frappant. Des événements, des décisions, des
faits sont interprétées de manière peu claire. La
direction est unanimement désignée comme responsable de toutes
les difficultés vécues par le personnel.
S'il existe vraisemblablement des situations de crises
d'identité organisationnelle ouvertes, le cas de cette entreprise a
seulement permis d'observer une crise latente, c'est-à-dire ne bloquant
pas la structure et l'activité de l'entreprise, mais produisant et
accentuant certains problèmes organisationnels gênant plus ou
moins son fonctionnement.
III.4.2- Le choc culturel
La diversité culturelle entraîne
inévitablement des tensions et des conflits sous-jacents qui ne devait
pas être ignorés par les responsables de la fusion. En effet, la
confrontation des deux cultures l'une de l'entreprise absorbante l'autre de
celle absorbée a conduit à la perte du sens de continuité
et d'identité chez les salariés de la Fininvest qui ont vu leurs
entreprise disparaître et avec elles leurs groupe d'appartenance.
D'une part, les ex-Fininvest ont cherché à
garder leur identité d'origine en refusant l'intégration de la
nouvelle entité et en s'isolant en un groupe à part, d'autre part
la Sudinvest, partant du principe acquéreur/acquis, a imposée
brutalement sa culture espérant qu'elle l'emportera naturellement au
bout d'un certain temps.
Les conflits qui ont surgit lors du contact interculturel dans
la fusion Sudinvest Fininvest sont le résultat de l'agencement des
relations entre les structures anciennes et l'organisation du nouveau
né. De plus et même opérant dans le même secteur les
deux entreprises concernées avaient chacune ses propres
spécificités. Un cadre ex-Fininvest
affirme : « étant donné que, les
tâches et l'organisation du travail étaient différents, la
vision du travail l'était aussi. »
Donc de la spécificité de chaque entreprises
naît une grande différence culturelle adossée à une
autre différence qui est celle de la structure, elles forment ensemble
un frein au changement et un facteur augmentant la distance culturelle.
Dans le contexte d'intégration post fusion de la
Sudinvest Fininvest, les problèmes culturels se sont
caractérisaient par une incompréhension et/ou un désaccord
sur les objectifs poursuivis par les dirigeants de la nouvelle
entité.
Ce rapprochement était donc entrepris entre deux
entreprises dont les cultures représentent différents points de
convergence, vue qu'une multitude de points pouvant jouer le rôle de lien
entre ces deux cultures et peuvent constituer l'articulation du processus
d'acculturation.
En effet le personnel des deux entreprises fusionnées
s'identifie au même pays d'origine d'où le problème de
confrontation de deux cultures internationales ne s'est pas posé, mais
aussi ils s'identifient au même secteur tout en ayant des appartenances
d'origines différentes. En plus la Sudinvest représentait une
opportunité aux employés de la Fininvest vu qu'elle était
plus importante que leur entreprise d`origine dans le secteur et donc
présentait plus d'avantages.
III.4.3- Le processus d`acculturation
Comme nous l'avons déjà défini dans la
partie théorique l'acculturation est l'ensemble des
phénomènes qui résultent d'un contact continue et direct
entre deux groupes d'individus de cultures différentes avec des
changements subséquents dans les types de cultures originaux de l'un ou
des deux groupes.
D'une part, la résistance et le replie sur soi sont la
seule chance pour le personnel de la Fininvest pour maintenir leur propre
identité dont il n'est pas question de la changer, puisque l'ouverture
sur la culture dominante est synonyme de diffusion et de disparition. D'autre
part, les nouveaux venus avaient de l'attrait à la culture de la
nouvelle entreprise vu sa place prestigieuse au sein du secteur et de part les
avantages qu'elle offrait.
En analysant le processus d'acculturation selon la matrice de
Cartwright et Cooper qui nous permet de mieux comprendre les difficultés
de l'intégration on peut conclure que :
Ø La culture de la Sudinvest a été
imposée aux employés de l'ex-Fininvest, ceci est fréquent
dans les opérations de fusions absorption.
Fort
Degré de l'attractivité de la culture de
l'acquéreur
Faible
|
Degré d'attachement à la culture
d'origine
Faible
Fort
|
Assimilation
Adoption volontaire de la culture et l'identité de
l'autre
|
Intégration
Interaction et adaptation entre les 2
cultures
- Pas de perte d'identité culturelle
- Aucune partie n'essaye de dominer l'autre.
C'est le cas de la fusion Sudinvest
Fininvest.
|
Déculturation
Perte de contact culturel avec les membres de son groupe
et ceux de l'autre organisation
|
Séparation
Refus d'être assimilé et résistance
à toute tentative d'adaptation
|
Ø Les employés de la Fininvest avaient de
l'attrait pour la culture de la Sudinvest.
Dans notre cas le processus d'acculturation est celui de
l'intégration, l'intégration est observée quand les
membres de la firme absorbée veulent préserver leur
identité et culture. Ils préfèrent rester autonomes et
indépendants alors ils vont essayer de maintenir leurs croyances,
élément culturel et pratiques organisationnelles. En d'autre
termes, tout ce qui les différencie de l'autre firme.
Mais au même temps, ils sont bien disposés
à être intégrés dans la structure de l'absorbeur,
s'il accepte de permettre une telle indépendance.
Ainsi, bien que ce mode d'acculturation entraîne une
interaction et adaptation entre les deux cultures et nécessite des
contributions de la part des deux groupes, il ne conduit pas à la perte
de l'identité culturelle de chaque organisation. Par conséquent,
l'intégration provoque un certain degré de changement des
cultures et pratiques de partenaires sans conflits car aucune partie n'essaye
de dominer l'autre.
Sauf que dans notre cas la Sudinvest voulait à tout
pris imposer sa culture d`où cette intégration ne s'était
pas passé sans conflits et tensions mais seulement au début de la
fusion. Aussi les dirigeants n'avaient pas cherché à
déraciner la culture des ex-Fininvest en les convaincant de sa
défaillance afin d'accentuer leur attrait à la culture de la
nouvelle entité.
L'analyse présentée dans cette contribution fait
apparaître un lien très fort entre les quatre catégories de
problèmes rencontrés lors de l'intégration post-fusion.
Les problèmes culturels, qui sont sous-jacents dés le
démarrage du processus de fusion et qui se développent au cours
de la phase d'intégration, sont à l'origine, d'une part, des
difficultés de communication que nous avons évoqués et,
d'autre part, des problèmes de comportement suite aux bouleversements
des repères qu'ils provoquent. Les problèmes de communication
apparaissent comme étant au coeur du processus dans la mesure où
la communication permet d'informer les différentes parties prenantes
(salariés, clients, actionnaires) des décisions qui sont prises
et des changements à venir ou encours.
Cette représentation des différentes
conséquences humaines et organisationnelles observées suite
à une fusion montre bien que la situation peut rapidement se transformer
en un cercle vicieux si aucune mesure corrective n'est prise pour s'en
sortir.
Section 4 : Gestion des problèmes et
recommandations
Dans cette section, nous allons nous intéresser
à la manière avec la quelle le personnel a été
traité pendant la phase de transition. En d'autres termes, ce qui a
été fait pour le préparer aux changements et favoriser la
coopération entre des groupes appartenants au deux organisations.
L'objectif de cette section est d'évaluer dans quelles
mesures des logiques de réponse rattachées à la gestion de
l'intégration peuvent permettre de mieux gérer la fusion, afin de
proposer une série d'actions qui vont permettre de surmonter les
troubles engendrés par son annonce.
IV.1- Maîtriser la gestion des ressources humaines
pendant la mise en oeuvre de la fusion :
Après une phase de préparation secrète
qui implique un nombre d'acteurs limité, l'annonce de la fusion marque
le début d'une période perturbée, c'est un instant
où tout bascule de façon accélérée et
irréversible, notamment lorsque le processus d'intégration vise
à rapprocher rapidement les deux structures.
Nous devons noter que le projet de fusion de la Sudinvest
Fininvest était de haut niveau. La fusion était une
décision négociée par les deux directeurs des deux
entreprises. Cette décision était unilatérale ayant pour
objectif de consolider la place de la société absorbante sur le
marché.
Tout processus de changement en général et de
fusion en particulier suppose une préparation et une implication de
plusieurs acteurs.
Les parties qui ont étaient impliqué dés
le début de l'opération de fusion, étaient les deux
directeurs des deux entreprises. Donc, la majorité du personnel n'a pas
eu l'occasion de participer à cette opération, une
minorité a été impliquée pendant la phase de
préparation. Le fait d'être informé comme tout le monde de
cette décision a entraîné une méfiance et blocage
chez les employés de la Fininvest.
Généralement, la maîtrise de la gestion
des ressources humaines tout au long du processus de la fusion repose d'une
part sur l'anticipation des problèmes et d'autre part sur les actions
entreprises en phase de préparation.
L'anticipation des problèmes liées à la
gestion des ressources humaines ne peut avoir lieu qu'en adoptant une
démarche participative dans la concrétisation du projet et/ou la
consultation du moins des quelques cadres quant aux problèmes de
ressources humaines. Au Sein de cette démarche une implication du
personnel dans le projet est fortement recommandée pour qu'il n'y aurait
pas des sentiments de conquérant ni de dominant.
Ceci n'a pas été observé lors de la
fusion Fininvest Sudinvest, ce qui confirme la négligence du facteur
humain dans cette opération. Dans le cas de cette fusion, il semble que
rien n'a été fait pour faciliter l'adaptation et assurer la
coopération entre les employés appartenant aux deux organisations
fusionnantes. Il n'y avait ni préparation psychologiques ni politique ni
communication spécifique. La phase de préparation était
purement financière.
Certes on ne peut pas impliquer tout le personnel dans le
projet de la fusion mais au moins une implication en amont des responsables
ressources humaines des deux entreprises était possible.
Malheureusement, ce n'était pas le cas de la fusion Sudinvest Fininvest,
les responsables des ressources humaines ont étaient impliqués
à la fin du processus de fusion au lieu d'être
intégré dés le début. Leur implication
tardée dans le processus de fusion traduit la négligence des
facteurs humains, en plus elle était seulement concentrée sur les
problèmes d'ordre administratif, réduction des plans sociaux, les
détachements à faire,...et s'est concentrée moins sur la
démotivation des employés qui ont été
absorbés dans la structure de la nouvelle entité et qui ont
vécus des changements intenses.
Or pour pouvoir y remédier à tout ces
problèmes observé lors de cette fusion, il fallait prendre des
mesures pour canaliser et tempérer les craintes, seule une communication
interne transparente, dans laquelle aucune information concernant le
fonctionnement ou le dysfonctionnement de l'organisation ne doit être
cachée, permettra de remédier à cette
incompréhension ou ce désaccord. L'entreprise ne devait pas se
limiter à beaucoup communiquer mais il faut il encore qu'elle
établisse un vrai dialogue continu, vertical et horizontal.
Pour ce faire elle se trouve obligé d'investir du
temps pour écouter les préoccupations des employés,
expliquer la nouvelle situation, les besoins du changement et le projet de
fusion sur toutes ses facettes, tout en restant ferme sur les exigences qu'il
comporte. Surtout que les employés de l'ex-Fininvest étaient
habitués à un style de management participatif au sein de leur
entreprise d'origine vu sa taille, et qu'en plus ils se sont sentis
marginaliser au sein de la nouvelle entité de part l'allongement de la
ligne hiérarchique et de l'aménagement de l'espace de travail qui
leur a été consacrer (un seul bureau pour les 7 cadres).
L'objectif doit donc être, pour les dirigeants, de
restaurer rapidement un climat de confiance propice au changement et permettant
de réelles améliorations dans la vie des salariés.
Mais aussi d'autres actions pouvaient être
envisagé par les responsables de la fusion Fininvest Sudinvest dans le
cadre d'une meilleure intégration post-fusion, sans conflits ni
tensions :
- Organiser des programmes de formation qui peuvent être
mis en place, en vue d'améliorer l'appropriation par les salariés
de la stratégie et de la culture de l'organisation. La formation est, en
effet un vecteur fort de l'intégration dans la mesure où elle va
permettre aux individus de mieux se connaître. L'organisation de
séminaires de formation en petits groupes de travail mixtes,
c'est-à-dire composés de personnes issues des deux entreprises
fusionnées, va, en outre, permettre de faciliter la connaissance
réciproque des modes de fonctionnement.
Puisque les deux entreprises Sudinvest Fininvest pratiquaient
le même métier, il n'y avait pas eu un grand besoin de formation.
- Envisager des actions de promotion car la promotion et
l'évolution du personnel ont également une importance
considérable. En effet, elles constituent un moyen efficace pour lutter
contre les résistances aux changements, car le personnel demande souvent
d'obtenir des bénéfices en échange de leur
adhésion, de leur participation et de leur créativité.
Pour bénéficier de la promotion, l'individu a
intérêt à chercher à imiter le groupe qu'il veut
rejoindre en savant qu'il existe des critères pour l'évaluation
et il peut raisonnablement songer que la ressemblance est pertinente.
Dans la fusion Fininvest Sudinvest il n'existait pas une
communication spécifique accès sur la promotion au sein de la
nouvelle entité, chose qui a bloquer l'adhésion. C'est à
la DRH de valoriser le fait que la nouvelle structure offre des perspectives de
carrières plus riches et plus intéressantes. Elle devra donc
accompagner les personnes dans ce développement de carrière
possible en les informants des nouvelles possibilités qui s'offrent et
en ayant une attitude constructive et orientée vers le
progrès.
La volonté de tenir l'équilibre entre les deux
entreprises fusionnées doit être visible à travers des
actes et des décisions. Donner de l'importance aux cadres de
l'entreprise absorbée dans le nouvel organigramme et résoudre les
problèmes de différences des rémunérations permet
d'instaurer le sentiment d'équilibre.
- Au niveau de l'organigramme de la nouvelle entité,il
n'y avait pas d'équilibre dans la répartition des postes dans
les différentes fonctions, dans la répartition des
responsabilités et dans le choix des hommes qui devait être
basé sur des critères associant compétences et
expériences et non sur des critères subjectifs. Ceci a
entraîné la démotivation des nouveaux venus et
atténuer leur esprit d'initiative.
- Au niveau des activités sociales, la Sudinvest, dans
sa nouvelle dimension, a adopté une politique d'harmonisation des
systèmes de gestion des deux entreprises fusionnées, permettant
de préserver les intérêts de l'ensemble du personnel,
même si les conventions collectives ont apporté de la
standardisation et de la régularité dans le déroulement
des carrières et des salaires. Ceci a été de grand
intérêt aux nouveaux employés, car ceci a d'une part
atténuer leur sentiments d'insécurité et d'autre part
renforcer leur confiance en la nouvelle direction.
Validation de l'hypothèse 3 : La
fonction ressources humaines de part son rôle d'amorcer les changements
culturels, communiquer de façon fiable et tenir l'équilibre entre
les parties permet une meilleure gestion de
l'intégration.
Donc, en ce qui concerne la troisième hypothèse,
le rôle de la fonction ressources humaines est indispensable pour une
meilleure intégration sauf que dans le cas étudié ce
rôle a été marginalisé. La fonction ressources
humaines n'a pas eu la chance d'apporter son aide dans la mise en place de
cette fusion. Les responsables de la fusion ont non seulement retardés
son implication dans le processus de la fusion mais ils ont aussi
limités son domaine d'actions aux aspects administratifs tel que
l'harmonisation des systèmes de gestion de ressources, des
détachements à faire, etc.
IV.2 - La gestion des ressources humaines après la
fusion :
Tout d'abord, il faut noter que la fusion de la Sudinvest
Fininvest n'a pas suscité un grand effort de gestion spécifique
aux fusions, de part la taille de l'entreprise absorbée (7 cadres) d'une
part, et de part la non gravité des problèmes rencontrés
pendant l'intégration de l'autre. Le fait d'intégrer 7 personnes
au sein d'une entreprise qui comptée une trentaine n'est pas aussi
difficile que le fait d'intégrer des centaines comme c'est le cas des
grandes fusions internationales. D'où, les problèmes qu'on a
évoqués dans la section précédente n'étaient
que de courte duré et étaient disparus avec le temps
malgré le fait qu'aucun effort réel d'intégration n'a
était entrepris par les responsables de la fusion. « Au
début on croyaient que ces problèmes persisteraient, mais une
année était suffisante pour qu'ils disparaissent » (Ex
Sudinvest).
Après des années, l'équilibre s'est
établit tout seul entre les deux entités le critère de
compétences a pris le dessus sur le critère de rapport de force
acquéreur /acquis. Cet équilibre s'est renforcé avec le
recrutement de nouveaux cadres et le détachement de certains à la
banque du sud.
Mais on tient à préciser que les
problèmes liés à l'identité persistent encore
même après presque huit ans de la fusion, les employés font
toujours la distinction Fininvest Sudinvest et se considèrent toujours
meilleurs par rapport à leurs compétences. Mais ce
problème est latent et n'apparaît que lors d'incidents.
Il est évident qu'en fonction du contexte de la fusion
les responsables de la fusion peuvent parvenir à résoudre
certains problèmes mieux que d'autres. Dans ce cas de fusion les
différences de politiques de ressources humaines ont été
bénéfiques à l'intégration.
Validation de l'hypothèse 4 : Les
différences de politiques ressources humaines entre les fusionnés
sont à l'origine des difficultés rencontrer.
La Sudinvest représentait une opportunité aux
employés de la Fininvest vu qu'elle était plus importante que
leur entreprise d`origine dans le secteur et donc présentait plus
d'avantages, les nouveaux venus avaient de l'attrait à la nouvelle
entreprise vu sa place prestigieuse au sein du secteur et de part les avantages
qu'elle offrait. Etant filiale d'une banque la rémunération et
les avantages sociaux y étaient plus intéressants.
De ce fait les différences entre les deux politiques
ressources humaines n'ont pas étaient à l'origine des
difficultés rencontrer, au contraire les employés de l'entreprise
absorbée étaient favorable à l'ajustement entrepris par la
Sudinvest à cet égard et ceci a atténué leur
sentiment d'inconfort vis-à-vis la fusion.
Conclusion
La phase post-fusion doit faire l'objet d'une attention
particulière car la concentration sur les problèmes techniques de
l'opération (juridiques, financiers..) risque de faire perdre de vue les
autres composantes sensibles durant la phase d'intégration
(problèmes ressources humaine).
D'après notre analyse de ce cas de fusion absorption de
deux entreprises tunisiennes dans le secteur d'intermédiaire on a pu
déduire que la concentration sur les aspects financiers de cette
opération donné aux responsables un sentiment de contrôle
de la situation du fait de ses marques tangibles alors que la dimension humaine
faisait l'objet d'une attention moindre du fait de sa complexité.
On a pu aussi déduire que la négligence du
facteur humain, tout au long du processus de fusion, a engendrée
plusieurs problèmes d'ordre culturel, identitaire, structurel,
comportemental et psychologique qui avaient des répercussions
négatives sur le bon fonctionnement de la nouvelle entité et le
rendement des employés surtout au début de la phase
d'intégration. On a pu constater que la manifestation des
résistances et des mécontentements de la part des employés
était de manière latente ce qui a atténué la
gravité de ces problèmes.
Dans la fusion absorption Sudinvest Fininvest la
négligence du facteur humain s'est caractérisée par
l'inexistence de phase de préparation, de stratégie de
communication claire et de politiques ressources humaines spécifiques au
contexte de fusion. Ceci a rendu le changement difficile et a retarder
l'adhésion et l'intégration du personnel.
A l'issue de cet étude de cas, on a remarqué
qu'il est indispensable que la direction ressources humaines soit impliquer
dés le début du processus pour anticiper et remédier
à tout problème inhérent à la phase
d'intégration, son rôle est primordial dans la réussite du
rapprochement. On a s'est rendu compte que le rôle de la direction
ressources humaines a été marginalisé lors de cette fusion
d'où les difficultés rencontrés avec le personnel lors de
l'intégration.
CONCLUSION GENERALE
D'après notre analyse des revues de la
littératures abordé dans la partie théorique de ce travail
de recherche on a pu constater que la multiplication rapide des
opérations de fusions, a laquelle nous assistons, est inévitable.
Elle constitue l'une des réponses les plus appropriées aux
mutations en cours. Néanmoins, beaucoup de rapprochements se soldes par
un échec. Une grande partie des déceptions est due à la
négligence du facteur humain. Cette dimension, pourtant cruciale, n'est
pas souvent prise en compte dans le processus de décision de la fusion,
ce qui est à l'origine des traumatismes et des difficultés
rencontrées par le personnel.
En effet, beaucoup de problèmes se posent surtout
lorsque le rapprochement des structures devient effectif, ces problèmes
peuvent être d'ordre organisationnels tel que les problèmes
liés a la communication, les conflits de pouvoir et les problèmes
structurels ; ou encore d'ordre humains tel que le stress et les
problèmes psychologiques ; enfin ils peuvent être aussi
d'ordre culturels.
De ce fait on a pu constater que, dans ce contexte, la
fonction ressources humaines joue un rôle prépondérant lors
d'une fusion, dans la mesure où elle supporte la mise en place du
processus d'intégration qui vise au rapprochement des deux structures
d'entreprise. En effet, l'intégration est une phase déterminante
dans une opération de fusion, puisque il s'est avéré que
fusionner deux entreprises ne consiste pas à additionner des chiffres
d'affaire et des parts de marché, mais également à
mélanger des hommes, des méthodes de travail et des cultures.
Pour vérifier nos résultats théoriques et
pour mieux cerner le phénomène, nous avons procédé
à une étude empirique du cas de fusion absorption Sudinvest
Fininvest deux intermédiaires en bourse. Dans ce cas de fusion aucune
mesure de rapprochement n'a été prise, chose qui a entravé
le processus d'intégration. La majorité des changements
résultants de cette fusion a été supportée par le
personnel de l'entreprise absorbée. Ce dernier est
déstabilisé par le changement du local, du supérieur
hiérarchique ainsi que des conditions de travail. Cependant, la mise en
commun de deux entreprises ne doit pas être menée au hasard.
Les problèmes qui ont surgit lors de ce rapprochement
étaient surtout des problèmes liés à la
défaillance du système de communication, à la mise en
commun de deux structures (problèmes de doublons et de conflits de
pouvoir), aux comportements inhérents aux sentiments de stress,
d'anxiété, d'insécurité et d'inconfort, et à
la confrontation de deux cultures différentes et deux systèmes de
managements différents.
Il est à noter que ces problèmes
n'étaient pas d'une assez grande ampleur vu la petite taille de
l'entreprise, ils se sont fait sentir que les premiers mois qui ont suivi la
fusion. Ces problèmes n'ont pas bloqué la structure ni
l'activité de l'entreprise mais ils ont généré
certains incidents gênants plus ou moins son fonctionnement. De ce fait
on peut dire que le cas de fusion traiter était en quelques sorte un cas
réussi vu que la nouvelle entité ainsi crée se trouve
« performante » sur le marché boursier et que
même en absence d'une stratégie d'intégration
approprié à ce contexte l'équilibre s'est établit
au sein de la nouvelle Sudinvest.
Par ailleurs, notre démarche empirique est de nature
exploratoire, notre objectif n'étant pas de généraliser
les conclusions dégagées mais plutôt de mettre l'accent sur
l'apport des hommes de la DRH dans la gestion de situations complexes tels que
la fusion. Outre ces limites de recherches il convient de dire qu'au cours de
nos investigations on s'est heurté au refus de coopération de
certains des cadres de l'entreprise sujets du cas et ceci par crainte qu'on
leur crée des problèmes.
Vu l'absence de données statistiques sur le
phénomène des fusions d'entreprises en Tunisie et le nombre
restreint de ce type d'opération notre recherche était purement
exploratoire. Une étude plus étendue se basant sur un
échantillon significatif pourrait mieux éclaircir les
problèmes que vivent les entreprises fusionnantes.
* 1 Raoudha Bejaoui, Les
motivation aux regroupements d'entreprises : le cas de la Tunisie,
ARFORGHE 5émeuniversité d'été.
* 2 Braymer C et Mayrhofer U,
(2002), « Le changement organisationnel dans les fusions
internationales : le cas EADS », 3éme
colloque : la métamorphose des organisations, 23-25 octobre,
université Nancy 2, p4.
* 3 Karine Samuel, (2002),
« le rôle de la fonction RH dans les fusions
d'entreprises ».CERAG. P.2.
* 4 Mucchieli J.L. et Kohler P.
(2000), « Déterminants et conséquences des
fusions-acquisitions », Revue française de gestion,
n°131, P.6.
* 5 Détrie J.P. et al.
(1997), Strategor : politique générale de l'entreprise.
Paris : Dunod, 3éme édition, P.185.
* 6 Code des
sociétés commercial,
http://www.jurisitetunisie.com/tunisie/codes/cs/cs1185.htm
* 7 Mucchieli J.L. et Kohler P.
(2000), « Déterminants et conséquences des
fusions-acquisitions », Revue française de gestion,
n°131, P.19.
* 8 Détrie J.P. et al.
(1997), Strategor : politique générale de l'entreprise.
Paris : Dunod, 3éme édition, P.186.
* 9 Mucchieli J.L. et Kohler P.
(2000), « Déterminants et conséquences des
fusions-acquisitions », Revue française de gestion,
n°131, P.13.
* 10 Birlman Jean (1998). Les
meilleures pratiques du management, éditions d'organisations, pages
145-171
* 11 Frief M.
« Croissance externe et appartenance sectorielle », Analyse
Financière N°22
* 12 Karine Samuel, (2002),
« le rôle de la fonction RH dans les fusions
d'entreprises ».CERAG. P.4.
* 13 Georges Egg, (2000),
« Les principes plus importants que les outils ». Revue
française de gestion. P.110.
* 14 Nathalie Lorrain et El
Hachimi Ben Ali, « l'impact des fusions acquisitions sur les
RH : approche culturelle ». (2000). ARFORGHE .P.26
* 15 Zieneb Ben Ammar Mamlouk,
« le syndrome du survivant, nouveau défi du GRH »,
(2000). ARFORGHE. P.43
* 16 Meston F. (1999),
« Réussir les fusions-acquisitions : la culture, talon
d'Achille », l'expansion management review, Juin, p. 60
* 17Nathalie Lorrain et El
Hachimi Ben Ali, « l'impact des fusions acquisitions sur les
RH : approche culturelle ». (2000). ARFORGHE .P.27
* 18 Nathalie Lorrain et El
Hachimi Ben Ali, « l'impact des fusions acquisitions sur les
RH : approche culturelle ». (2000). ARFORGHE .P.31
* 19 Guy Finné,
« le rôle des direction de ressources humaines dans la
réussite », (2000). ARFORGHE P 87
* 20 Braymer C et Mayrhofer U,
(2002), « Le changement organisationnel dans les fusions
internationales : le cas EADS », 3éme
colloque : la métamorphose des organisations, 23-25 octobre,
université Nancy 2,
* 21 Hirsh G et al. (1993),
« Formation au management interculturel », Personnel,
N°345, octobre, p.85-88.
* 22 Georges Egg, (2000),
« Les principes plus importants que les outils ». Revue
française de gestion. P.112.
* 23 Karine Samuel, (2002),
« le rôle de la fonction RH dans les fusions
d'entreprises ».CERAG. P.7.
* 24 Evrard Y et all, (1993),
Market : Etudes et recherches en marketing, Paris : Nathan, p.
99-100.
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