CHAPITRE II :
PRESENTATION DES THEORIES ET MODELES ECONOMIQUES
Ce chapitre a une double importance. Il présente les
théories et modèles économiques en rapport avec les
échanges commerciaux d'un pays. Ces théories nous permettront
également de nous rendre compte non seulement de l'intensité
d'influence que chacune des variables des modèles pourrait exercer sur
le commerce extérieur, mais aussi des effets que l'arrimage d'une
monnaie sur une autre entraînerait sur ces mêmes variables.
Aussi, la plupart des raisonnements et résultats
expérimentaux des chapitres ultérieurs seront la mise en pratique
des concepts ici présentés. On les appliquera tels que
conçus par leurs auteurs ou alors après reformulation pour les
rendre plus adaptés au cas spécifique qui est le notre.
Cinq approches théoriques sur le solde commercial
auront retenu notre attention. Il s'agit notamment de :
- l'approche revenu du commerce extérieur à
travers la théorie du multiplicateur du commerce
extérieur ;
- l'approche prix au travers du taux de change,
c'est-à-dire la théorie des élasticités de Johan
Robinson ;
- la théorie de l'absorption qui est une
synthèse des approches prix et revenu ;
- le modèle de Mundell-Fleming ;
Les modèles économiques
présentés par la suite émanent du livre
« Economie internationale » de Mucchielli (pp 116 à
136) dont les références sont en bibliographie.
I - La théorie du
multiplicateur du commerce extérieur
C'est la théorie keynésienne du commerce
extérieur ou approche revenu. Elle a fait son apparition pendant la
période 1938-1941. Cette période a coïncidé avec la
prise en compte nouvelle du commerce extérieur et donc des
conséquences qu'il allait entraîner sur le multiplicateur jusque
là habituel (1/s). « En effet, si les importations
sont fonction du revenu national, il s'en suit que la propension marginale
à importer doit apparaître dans le multiplicateur, qui devient, de
ce fait, différent de celui d'une économie
fermée » (Mucchielli, 1990).
Avant de présenter le multiplicateur proprement dit,
examinons d'abord les relations du modèle de base ayant conduit à
sa détermination.
I.1 Relations du
modèle :
Les variables et relations du modèle sont les
suivantes :
Ø La consommation : C = cY +
C0 avec c = propension marginale à
consommer et
0<c<1 ; C0 = consommation
incompressible.
Ø L'investissement : I = I est une variable
exogène ;
Ø Les importations : M = mY +
M0 avec m = propension marginale à
importer avec 0<m<1 et M0 =
importation autonome ;
Ø Les exportations : X = X qui sont une
variable exogène ;
Ø La balance commerciale : B = X -
M ;
Ø Le revenu national Y ;
Ø L'épargne : S = Y - C ;
Ø La relation de l'équilibre global (ressources
et emplois) du modèle s'écrit :
Y + M = C + I + X (1)
Ou Y - C - I = X - M (2)
D'où S - I = X - M = B. (3)
L'équation (3) montre qu'en économie ouverte, le
solde commercial s'assimile à l'écart entre l'épargne
domestique et l'investissement. Par conséquent, selon cette
théorie, si l'on est dans un pays donné, pour que la balance
commerciale soit excédentaire, il faut et il suffit que l'épargne
soit plus élevée que l'investissement. Si ce n'est pas le cas, le
solde commercial sera déficitaire.
I.2 Le multiplicateur
du commerce extérieur
Supposons que l'investissement (qui est autonome ici)
s'accroisse. Cet accroissement, au vu de l'équation (2), va induire,
toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation du
revenu plus ou moins proportionnel à l'accroissement
?I de l'investissement. C'est cette proportion qui équivaut au
multiplicateur en économie ouverte.
Cela se traduit dans les équations par :
(2) Y - C - I = X - M.
En remplaçant chaque variable qui peut l'être par
sa valeur, la relation (2) devient :
Y - (cY + C0) - I = X - (mY +
M0)
Y(1- c + m) = X + I + C0 -
M0.
On en déduit :
Or, (1- c) = s = propension marginale à
épargner.
D'où
Pour trouver la variation du revenu induite par la variation
de l'investissement, différencions ainsi qu'il suit :
Le multiplicateur en économie ouverte est donc :
La variation de la balance commerciale qu'implique la
variation du revenu est :
Comme X et M0 sont autonomes, alors .
Ainsi,
Donc :
. Or
On conclut qu'en économie ouverte, une augmentation du
revenu consécutive à un accroissement de l'investissement
entraîne une détérioration de la balance commerciale d'une
proportion de
de la variation de cet investissement.
Il serait insuffisant que, dans des analyses relatives aux
variations du solde commercial, nous omettions le facteur prix à travers
le taux de change. C'est l'intérêt de la théorie des
élasticités dont le développement est
subséquent.
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