INSTITUT SOUS-REGIONAL DE STATISTIQUE ET D'ECONOMIE
APPLIQUEE
(ISSEA)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun1.png)
ORGANISATION INTERNATIONALE
B.P. : 294 YAOUNDE
(REPUBLIQUE DU CAMEROUN)
Tél. (237) 222 01 34 Fax : (237) 222 95
21
Juin 2006
COMMUNAUTE ECONOMIQUE ET MONETAIRE DE L'AFRIQUE
CENTRALE
(CEMAC)
Impact de l'arrimage du Franc CFA à l'Euro sur
la balance commerciale : le cas du Cameroun
Mémoire de fin de formation en vue de l'obtention du
diplôme de :
Ingénieur d'Application de la
Statistique
Option : Economie
Rédigé et présenté
par :
Francis Yannick ZAMBO ZAMBO
Elève Ingénieur d'Application de la Statistique
4ème Année,
Soutenu publiquement le 13 juin 2006 devant le Jury
composé de :
Docteur Dieudonné BONDOMA Président du
Jury
M. Barnabé NANA Assesseur
M. Marcel OPOUMBA Directeur de Mémoire
DEDICACE
A mon père, Francis Zambo
Zambo.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun2.png)
REMERCIEMENTS
Nos remerciements s'adressent :
v A Monsieur Marcel OPOUMBA, Directeur de ce
mémoire, pour l'entière disponibilité, le suivi permanent
et toute la confiance qu'il nous a témoigné lors des travaux de
recherche.
v Au Docteur Dieudonné KINKIELELE, Directeur
des Etudes de l'ISSEA qui, au cours de nos années de formation, n'a
ménagé aucun effort pour nous inculquer les valeurs de rigueur,
de travail et de discipline. C'est aussi l'occasion pour nous de lui adresser
nos sincères remerciements pour l'oreille attentive et le soutien qu'il
nous a très souvent prêtés pendant toute notre
scolarité à l'ISSEA.
v A l'ensemble de tous nos camarades et amis, pour la
parfaite collaboration dont ils ont fait montre afin que notre passage à
l'ISSEA se fasse dans un esprit de solidarité et de compréhension
mutuelle. Nos remerciements s'adressent particulièrement à :
Augusto ROKU GAETJENS, Loudine BESSONG à BEYECK, Max Arnold OUAKA et
Blaise EHOWE NGUEM.
v A Madame Nathalie NGUEMBA, professeur de
Français, pour la relecture.
v A notre mère, Gisèle ZAMBO, pour le
soutien moral dont nous avons toujours bénéficié de sa
part.
v A Cécile ZAMBO, notre confidente, pour
l'assistance qu'elle nous a toujours accordée.
v A notre grande soeur, Marylin et à son
époux, Bernard BEKOLO pour l'indéfectible assistance qu'ils ont
toujours su nous apporter.
v A tous les membres de notre famille, en particulier
notre grand frère, Firmin ZAMBO, nos petites soeurs Carelle ZAMBO et
Danielle BETSY, et notre neveu Franck ZAMBO pour l'aide apportée au
moment de la rédaction de ce mémoire.
v Et à tous ceux qui nous ont apporté
directement ou indirectement leur aide pendant nos années de formation.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun3.png)
TABLE DES MATIERES
DEDICACE I
REMERCIEMENTS II
TABLE DES MATIERES III
ABREVIATIONS VI
AVANT PROPOS VII
RESUME VIII
INTRODUCTION GENERALE 1
Ire PARTIE: CONNAISSANCES GENERALES SUR LA
ZONE FRANC
ET FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ETUDE. 5
CHAPITRE I : LES PAYS AFRICAINS DE LA ZONE FRANC ET
L'ANCRAGE
DU FRANC CFA A L'EURO 6
I- LES DIFFÉRENTS
ACCORDS DE COOPÉRATION AU SEIN DE LA
ZONE FRANC 7
I.1 Naissance et parité du Franc CFA
7
I.2 Institutions de la zone Franc africaine : le
cas de la CEMAC 8
I.3 Mécanismes de fonctionnement de la zone
Franc africaine 9
I.3.1 Les comptes d'opération
10
I.3.2 Convertibilité externe des monnaies
10
I.3.3 La politique monétaire
11
II. LA ZONE FRANC AFRICAINE ET L'ENTRÉE EN VIGUEUR
DE L'EURO 12
II.1 Contexte de l'entrée en vigueur de l'Euro
12
II.2 Reconnaissance juridique de la zone franc
14
II.3 Zone franc et mutations structurelles
liées à l'arrimage : 15
II.4 Rattachement technique du Franc CFA à
l'Euro 16
III. LE CAMEROUN DANS LA ZONE FRANC 17
III.1 Quelques généralités sur
le Cameroun 17
III.2 Place du Cameroun dans la zone Franc
18
CHAPITRE II : PRESENTATION DES THEORIES ET
MODELES ECONOMIQUES 20
I - LA THÉORIE DU MULTIPLICATEUR DU COMMERCE
EXTÉRIEUR 20
I.1 Relations du modèle :
21
I.2 Le multiplicateur du commerce extérieur
22
II- LA THÉORIE DES ÉLASTICITÉS
23
II.1 Hypothèses et modèle des
élasticités critiques 24
II.1.1 Hypothèses du modèle:
24
II.1.2 Le théorème des
élasticités critiques 24
II.1.3 Les limites du théorème des
élasticités critiques 28
III. LA THÉORIE DE
L'ABSORPTION 29
III.1 Modèle de la théorie de
l'absorption 29
III.2 L'absorption : synthèse des
théories du multiplicateur du
commerce extérieur et des
élasticités 31
IV. Le modèle de
Mundell-Fleming : les déterminants des exportations et des
importations. 32
IIe PARTIE: CONSEQUENCES DE L'ARRIMAGE
EURO-FRANC CFA 35
CHAPITRE III : LE COMMERCE EXTERIEUR DU CAMEROUN ET
LES
DETERMINANTS DU SOLDE COMMERCIAL. 36
I. LES CARACTERISTIQUES DES EXPORTATIONS DU CAMEROUN
36
I.1 Les principaux produits exportés
36
I.2 Les cours internationaux des produits
exportés 38
I.3 L'orientation géographique des
exportations 38
II- LES IMPORTATIONS ET LES TERMES DE
L'ÉCHANGE 39
II.1 Les produits importés 39
II.2 Les termes de l'échange
41
III- CONCEPTION DU MODÈLE
ÉCONOMÉTRIQUE 42
III.1 Le modèle économique de base
42
III.2 Les ajustements apportés au
modèle de base : ajout de la variable
« prix effectifs » et
« prix effectifs des importations » 42
III.3 Déduction de la balance commerciale
44
III.4 Quelques précisions 45
IV - DISPOSITIONS PRATIQUES ET OBTENTION DES
RÉSULTATS
DU MODÈLE 45
IV.1 Dispositions pratiques 45
IV.2 Obtention des résultats du modèle
économétrique 46
IV.2.1 Le modèle des exportations
47
IV.2.1.1 Les premiers résultats du
modèle des exportations __________________________ 47
IV.2.1.2 Le modèle des exportations
retenu _______________________________________ 48
IV.2.2.3 L'équation du modèle
des exportations ___________________________________ 49
IV.2.2 Les importations 50
IV.2.2.1 Les premiers résultats du
modèle des importations __________________________ 50
IV.2.2.2 Le module des importations retenu
_______________________________________ 51
IV.2.2.3 L'équation du modèle
des importations ___________________________________ 51
IV.2.3 Le modèle économétrique
de la balance commerciale du Cameroun 52
IV.2.3.2 Interprétation des
résultats du modèle et poids du TCER dans la
variabilité
du solde commercial
_________________________________________________________ 52
CHAPITRE IV : LA BALANCE COMMERCIALE ET L'ANCRAGE
DU FRANC CFA A L'EURO 54
I. COMPÉTITIVITÉ
DU CAMEROUN ET ARRIMAGE DU
FRANC CFA À L'EURO 54
I.1 Compétitivité et évolution
du TCER 54
I.1.1 Analyse de l'évolution du TCER
55
I.1.2 Ancrage du Franc CFA à l'Euro et
appréciation du TCER 56
I.2 Le TCER et les élasticités
critiques à l'exportation 59
I.3 Arrimage du FCFA à l'Euro et Parts de
marché 60
II. ARRIMAGE DU FRANC CFA ET
DEMANDE À L'IMPORTATION 64
II.1 Arrimage et importations en valeur
65
II.2 Mise en évidence des conséquences
de l'arrimage du Franc CFA
sur les prix à l'importation : le cas du
Nigeria 66
II.3 Arrimage du Franc CFA et demande d'importations
en quantité 68
II.4 Arrimage du Franc CFA à l'Euro et solde
commercial 72
II.4.1 Evolution de la balance commerciale du
Cameroun 73
II.4.2 Conditions de Marshall-Lerner
73
II.4.2.1 Les élasticités
critiques de la demande d'importation _________________________
74
II.4.2.2Vérification des conditions de
Marshall-Lerner 74
CONCLUSION 78
LEXIQUE i
ANNEXES v
TABLES DES TABLEAUX, GRAPHIQUES ET FIGURES
vii
BIBLIOGRAPHIE ix
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun4.png)
ABREVIATIONS
Ø BCE : Banque Centrale
Européenne ;
Ø BEAC : Banque des Etats de
l'Afrique Centrale ;
Ø BCEAO : Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest ;
Ø Cf. : confère ;
Ø CEMAC : Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale ;
Ø FMI :
Fonds Monétaire International ;
Ø G.E : Guinée
Equatoriale.
Ø PAZF : Pays Africains Membres
de la Zone Franc ;
Ø PPA : Parité de Pouvoir
d'Achat ;
Ø RDM : Reste du monde
Ø Resp. : Respectivement
Ø TCEN : Taux de Change Effectif
Nominal ;
Ø TCER : Taux de Change Effectif
Réel ;
Ø TCN : Taux de Change
nominal ;
Ø UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africaine ;
Ø UMOA : Union Monétaire
Ouest Africaine ;
Ø USD : United States Dollar.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun5.png)
AVANT PROPOS
La fin de formation à l'Institut Sous-régional
de Statistique et d'Economie Appliquée est sanctionnée, pour le
cycle Ingénieur, par le diplôme d'Ingénieur d'Application
de la Statistique. Dans le but de juger de l'efficience de ladite formation,
les dispositions académiques astreignent chaque
élève-sortant à présenter les résultats d'un
thème de recherche de son choix, condition sine qua none
à la délivrance du diplôme sanctionnant la fin des quatre
années d'étude de ce cycle. Cette présentation a pour but
de tester la capacité des étudiants sortants à mettre en
application les connaissances dispensées au sein de l'école,
d'autant plus que ces derniers vont définitivement faire partie du monde
professionnel.
Afin de satisfaire à cette exigence, nous avons choisi
d'orienter notre thème de mémoire sur l'un des
évènements les plus marquants de l'avenir de la Zone Franc au
cours de la dernière décennie, à savoir l'arrimage du
Franc CFA à l'Euro. Plus spécifiquement, le thème qui aura
retenu notre attention et sur lequel nous allons nous appesantir porte sur
l'«Impact de l'arrimage du Franc CFA à l'Euro sur la
balance commerciale : le cas du Cameroun ». C'est
un sujet qui a été au centre de plusieurs débats
controversés et relatifs aux retombées économiques
auxquelles il fallait s'attendre suite à cette nouvelle mutation.
Le présent mémoire est une approche des
conséquences sur le solde commercial pour les années ayant
immédiatement suivi cet évènement. Notre espoir est que
vous puissiez y trouver des réponses aux éventuelles questions
que vous vous posez relativement à ce thème.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun6.png)
RESUME
Depuis sa naissance à la première moitié
du vingtième siècle, la zone Franc a souvent été
confrontée à certains chocs comme les indépendances
politiques ou encore la dévaluation du Franc CFA. Mais, sa survivance
est surtout due à la faculté d'adaptation dont elle a fait
montre. Elle a toujours initié des réformes en adéquation
avec les nouvelles exigences du monde. Cependant, la plupart de ces
réformes ont toujours été au centre de plusieurs
controverses fondées sur les conséquences probables qu'elles
entraîneraient.
Le récent arrimage du Franc CFA à l'Euro, en
tant qu'évènement majeur de la zone depuis une décennie,
n'a pas constitué une exception. Bien avant sa mise en application, les
débats étaient déjà ouverts quant aux
éventuels impacts qu'il entraînerait sur les économies de
la zone dont le Cameroun. La question se posait, entre autre, en ce qui
concerne la balance commerciale de ce pays car certaines théories
économiques traitent de la dépendance du solde commercial
vis-à-vis de la monnaie.
Il s'agit de la théorie des élasticités
critiques de Johan qui conditionne les variations du solde commercial
relativement à celles du taux de change à la vérification
des conditions de Marshall-Lerner. La théorie de Mundell-Fleming, quant
à elle, donne des indications sur les déterminants des
exportations et des importations d'un pays. Ce sont ces deux théories,
combinées aux statistiques du commerce extérieur du Cameroun, qui
ont servi de cadre de référence sur les conséquences que
l'arrimage du Franc CFA à l'Euro au cours des années
ultérieures à cet évènement.
Plus précisément, le modèle de
Mundell-Fleming a permis d'élaborer un modèle
économétrique qui a surtout donné une idée sur les
agrégats économiques qui conditionnent l'évolution du
solde commercial ainsi que sur l'intensité d'influence que chacun de ces
derniers exerce sur lui. Il est apparu que c'est le TCER qui le conditionne le
plus mais en corrélation négative.
La théorie des élasticités critiques a
servi de tirer les conclusions sur les conséquences que l'ancrage a eues
sur les exportations et les importations dans un premier temps. La grandeur qui
a été choisie comme liant l'arrimage à ces deux
dernières est le TCER. En effet, sa valeur combine en même temps
les prix relatifs des biens échangeables et le TCEN dont les variations
traduisent celles du Franc CFA relativement aux autres devises. C'est pour cela
que ce sont les effets du TCEN sur les exportations et les importations qui ont
été choisis pour traduire les impacts de l'arrimage sur ces deux
composantes du solde commercial. Plus loin, il a été
démontré, à l'aide des caractéristiques
statistiques de liaison, qu'il existe un lien fort entre le TCER et le TCEN
pour les années avant et après arrimage. Cela a amené, par
extension, à considérer le TCER comme un indicateur des effets de
l'ancrage sur les exportations et les importations au même titre que le
TCEN.
Pour combiner les effets du TCER sur les ventes et les achats
internationaux et avoir ainsi ceux sur la balance commerciale, ce sont les
conditions de Marshall-Lerner qui ont été étudiées
pour chaque année. Des explications étaient aussi fournies
conformément à la conjoncture à laquelle le Cameroun
faisait face pendant une année spécifique.
Les résultats des analyses ont
révélé que pour les exportations, de 1999 à 2002,
l'ancrage du Franc CFA à l'Euro a eu un impact sur les années
2000 et 2002 avec une influence plus prononcée en 2000. Au cours de
cette dernière année, tout tend à faire comprendre que la
chute du TCER a entraîné des gains de compétitivité
sur les marchés internationaux. En 2002, c'est le
phénomène inverse qui s'est observé mais avec l'influence
d'autres facteurs externes à l'arrimage comme la baisse de la production
de certains produits de vente.
Pour les importations, l'arrimage a eu un impact certain sur
les évolutions des prix en CFA des biens importés. Ces prix
étaient à la baisse pour les monnaies qui étaient moins
fortes que l'Euro. Pour celles dont la valeur était au dessus de celle
de l'Euro, les hausses des prix des produits observées dans ces pays
étaient plus élevées en CFA tandis que leurs baisses
étaient ressenties de façon moindre. L'arrimage a aussi
conditionné le volume des importations pour les années 1999 et
2002.
Enfin, pour la balance commerciale, les analyses montrent que
malgré les importations, l'arrimage n'a eu un effet significatif que
pour l'année 2000 au cours de laquelle les conditions de Marshall-Lerner
ont été vérifiées. L'avènement de l'Euro a
permis une appréciation du solde commercial en cette année. Quant
à 1999, 2001 et 2002, s'il y a eu un impact de l'arrimage sur le solde
commercial, il était certainement plus limité qu'en 2000.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun7.png)
INTRODUCTION GENERALE
Contexte de l'étude
A l'instar de la plupart des zones monétaires, la zone
Franc a fait son apparition au cours de la période coloniale. Mais sa
particularité tient du fait qu'elle est l'une des rares zones ayant
survécu, depuis lors, aux mutations qui ont affecté ses
environnements politique et économique. Cependant, il est
indéniable que si les soubresauts qui ont ponctué son
évolution dans le temps n'ont pas entraîné sa dissolution,
ils l'ont fortement ébranlé d'au moins deux
manières :
Ø D'un point de vue politique, les indépendances
ont entraîné un désir d'émancipation
politico-économique chez les pays membres dont certains se sont
affranchis de la « tutelle » de la métropole (la
France), diminuant ainsi les effectifs de l'édifice.
Ø Dans le domaine économique, la zone Franc a
fait preuve d'une grande capacité d'adaptation en ce sens que pour sa
pérennisation, elle a presque toujours intégré en son sein
les exigences qui ont caractérisé le monde à un moment ou
à un autre. « Elle est un édifice évolutif
né d'une construction empirique. Elle a connu de nombreux avatars (au
sens de métamorphose)1(*) ». A ce sujet trois exemples peuvent
l'illustrer :
· Pour éviter l'éclatement de la zone au
lendemain des indépendances, l'organisation unilatérale, qui
avait été mise en place par la France, a été
substituée par un régime contractuel dont la discipline visait,
entre autres, la défense des intérêts économiques
communs entre la métropole et ses désormais partenaires.
· L'évolution de l'économie mondiale vers
la globalisation s'est caractérisée par la constitution de grands
pôles économiques ayant abouti à des regroupements
sous-régionaux d'intégration (UDEAC et UMOA qui ont
été transformées en CEMAC et UEMOA par la suite).
· L'exigence de compétitivité à
l'exportation, due aux mutations du commerce international et de surcroît
renforcée au courant des années 90 par la montée des
économies asiatiques, est l'une des causes de la dévaluation de
50% du Franc CFA par rapport au Franc français en 1994.
Ces réformes majeures, entreprises afin d'adapter la
zone Franc aux nouvelles donnes de l'économie mondiale ont toujours
été au centre de nombreuses polémiques. En effet, dans le
groupe formé de décideurs et d'économistes, les
interrogations se sont toujours portées sur le bien fondé du
maintien de la zone, sur la pertinence des mesures ainsi prises pour la rendre
plus moderne et sur son devenir quant aux différents défis qui
semblaient se profiler à l'horizon.
Plus récemment, lesdites interrogations ont
été ravivées à l'occasion du dernier choc en date,
celui-ci ayant directement interpellé toute la zone sur les instruments
qui constituent le socle même de son organisation structurel. Il
s'agissait de l'avènement de l'Euro comme monnaie unique pour les pays
membres l'ayant adopté dès le 1er Janvier 1999 avec
une phase transitoire de trois ans. Alors, les questions ayant
été posées par toutes les parties prenantes de la zone et
même hors zone ont été de plusieurs ordres :
fallait-il assurer la continuité de la zone en arrimant le Franc CFA
à l'Euro (le statu quo) ? Ou alors fallait-il
restructurer la zone et rompre les accords de coopération avec la
France ? Ou encore fallait-il tout simplement faire éclater la zone
pour restaurer à chaque Etat sa souveraineté monétaire
(l'éclatement) ?
Problématique
Notre mémoire ne va plus s'appesantir sur ces
dernières interrogations car au vu de la situation actuelle, c'est
l'option du statu quo qui a été choisie par les
décideurs. Cet ouvrage va plutôt s'atteler à
présenter certaines conséquences de la décision d'ancrer
le Franc CFA à la monnaie unique européenne. C'est un travail
ex post qui est fait après un moyen terme car il repose sur
des données économiques collectées pendant les
années ayant immédiatement suivi l'arrimage du CFA à
l'Euro.
C'est aussi une étude restrictive tant dans le fond que
dans l'espace. Dans le fond parce qu'elle n'analysera pas toute la
pléthore d'aspects économiques susceptibles d'être
influencés par l'arrimage, mais se limitera essentiellement à son
impact sur la balance commerciale. Quant à l'espace, des quinze pays que
compte la zone Franc africaine, c'est sur le Cameroun que va se porter notre
essai.
L'on esquissera donc une sorte de bilan de l'impact de cet
arrimage sur le solde commercial depuis six ans. En effet, le Cameroun a comme
partenaires commerciaux les pays de l'Union Européenne (plus de 60% des
exportations pour près de 42% des importations en 2000) ayant ou non
l'Euro comme monnaie commune et les pays hors zone (Etats -Unis, Chine, Taiwan,
Nigeria, Japon).
Objectifs de l'étude
Prenant appui sur le Cameroun, il sera question pour nous de
:
- Vérifier si l'arrimage du Franc CFA a eu un impact
sur les exportations. Ce sera l'occasion de voir si l'Euro fort a
entraîné une appréciation du taux de change effectif
réel (TCER) via le taux de change effectif nominal (TCEN). Dans ce cas,
nous verrons si cette appréciation a entraîné une baisse de
la compétitivité du Cameroun ou pas.
- Analyser les retombées économiques de
l'arrimage sur les importations. L'impact des fluctuations de l'Euro sur le
niveau des prix (libellés en Franc CFA) des produits importés
sera abordé. En effet, l'appréciation de la monnaie
européenne par rapport aux autres devises devrait entraîner la
chute en Franc CFA des prix des produits d'importation. A l'inverse, une
dépréciation est susceptible de se solder par leur hausse qui
rendrait les importations plus coûteuses. L'aspect
« quantité » des importations sera aussi
étudié car l'augmentation du TCER peut accroître leur
volume suite à la baisse des prix libellés en Franc CFA ;
- Juger, enfin, des effets de l'arrimage sur la balance
commerciale proprement dite en combinant les résultats obtenus sur les
importations, les exportations et les résultats théoriques
auxquels on devrait s'attendre sur la balance commerciale suite aux
fluctuations du taux de change à la hausse ou à la baisse.
Plan de l'étude
Tous ces aspects de la question trouveront des clarifications
à travers les analyses ultérieures qui seront divisées en
deux grandes parties. Dans la première (cadre théorique) , nous
présenterons les modèles et théories en rapport avec les
différentes approches de la balance commerciale. La seconde partie
mettra en évidence les résultats obtenus depuis l'ancrage du CFA
à l'Euro en observant et en analysant l'impact, sur la balance
commerciale, des variables prises en compte dans les modèles
théoriques.
Une telle analyse nécessite que l'on définisse
les concepts qui seront les plus utilisés tout au long de notre
étude et dont la maîtrise est d'une importance
avérée. Cette préoccupation trouve une solution dans le
lexique proposé dans ce travail.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun8.png)
Ire PARTIE
CONNAISSANCES GENERALES SUR
LA ZONE FRANC ET FONDEMENTS THEORIQUES DE L'ETUDE.
Le but de cette partie est d'une part de cerner
l'évolution de l'économie du Cameroun pour mieux comprendre
l'avènement de l'arrimage du Franc CFA à l'Euro. D'autre part,
nous clarifierons les fondements théoriques pris pour
références dans nos analyses pratiques.
En d'autres termes, il sera question de donner une idée
générale sur la zone Franc à travers son historique, ses
mécanismes de fonctionnement et le contexte de l'entrée en
vigueur de l'Euro. Ensuite, nous présenterons quelques théories
économiques visant à expliquer les variations de la balance
commerciale.
CHAPITRE I : LES PAYS
AFRICAINS DE LA ZONE FRANC ET L'ANCRAGE DU FRANC CFA A L'EURO
La zone Franc est véritablement
institutionnalisée en Septembre 1939, date à laquelle la France
adopte le contrôle de change qu'elle généralisera quelques
mois plus tard aux territoires d'outre-mer (décrets d'Août et
Septembre 1939 pour le territoire métropolitain et décret de
Février 1940 concernant l'extension du contrôle de change à
l'outre-mer).
En Afrique sub-saharienne, la zone Franc est constituée
de deux espaces d'intégration sous régionales et des Comores. Les
deux espaces sont : la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC) et l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine (UEMOA). La zone Franc africaine est un ensemble géographique
de quinze pays ayant le Franc CFA comme monnaie commune, exception faite des
Comores qui utilisent le Franc comorien.
La carte suivante est une représentation de la zone
Franc africaine sous sa forme actuelle :
Graphique 1. Zone franc africaine
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun9.png)
Source :www.icicemac.com
Du point de vue monétaire, le fonctionnement de chacune
de ces trois zones économiques s'appuie sur des institutions
spécifiquement organisées. Parmi celles-ci, figurent en bonne
place les instituts d'émission dont la Banque des Etats de l'Afrique
Centrale (BEAC) pour la CEMAC, la Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest (BCEAO) et la Banque Centrale des Comores. Ces instituts
d'émission sont liés par le mécanisme des comptes
d'opération à la France qui assure la garantie internationale du
Franc CFA.
Ce chapitre présente les différents accords qui
régissent la coopération au sein de la zone ; il donne un
aperçu de l'entrée en vigueur de l'Euro et de la place du
Cameroun au sein de la zone.
I- LES DIFFÉRENTS
ACCORDS DE COOPÉRATION AU SEIN DE LA ZONE FRANC
I.1 Naissance
et parité du Franc CFA
Le cheminement historique de la zone Franc a été
marqué par la naissance de deux types d'unités
monétaires : le Franc CFA avec pour signification le Franc des
Colonies Françaises d'Afrique et le Franc CFP ou Franc des Colonies
Françaises du Pacifique.
C'est plus précisément le 26 Décembre
1945 que le Franc CFA naît. En même temps, la France signe les
accords de Bretton woods relatifs au système de l'étalon-or et
procède de ce fait à la première déclaration de
parité de sa monnaie au Fonds Monétaire International. Cette
déclaration de parité dévalue le Franc de deux
façons différentes : la dévaluation est plus
prononcée en métropole car pendant la guerre, la hausse des prix
avait été plus importante en France métropolitaine que
dans le reste des colonies.
Ainsi, en Décembre 1945, le Franc français se
définit par rapport au Dollar selon la parité :
1 $ =119,50 FF.
La parité entre le Franc CFA et le Franc
français a été marquée par quatre dates :
- le 26 Décembre 1945, pour des raisons
déjà évoquées relatives à une poussée
inflationniste plus prononcée en métropole plus que dans les
colonies :
1 Franc CFA = 1,70 Franc français ;
- le 17 Octobre 1948, le Franc français est à
nouveau dévalué et l'on note :
1 Franc CFA = 2,00 Francs français ;
Cette dévaluation s'accompagne d'une distinction entre
le CFA d'Afrique Centrale qui devient le Franc de la Coopération
financière en Afrique Centrale et le CFA d'Afrique de l'Ouest qui
devient le Franc de la Communauté Financière d'Afrique de
l'Ouest ;
- en 1958, un nouveau Franc français est
instauré. C'était l'introduction du Franc lourd qui
donné:
1 Franc CFA = 0,02 Franc français ;
- le 12 Janvier 1994, officiellement pour aider les pays
membres de la zone Franc Afrique à résoudre les problèmes
économiques liés à leurs balances de paiement en
accroissant leur compétitivité internationale tout en essayant de
diminuer la valeur des importations, le Franc CFA est dévalué de
50% vis-à-vis du Franc français et la nouvelle parité est
fixée à :
1 Franc CFA = 0,01 Franc français.
Notre étude portera sur le Cameroun qui est membre de
la CEMAC.A ce titre, il a aussi été influencé par les
mutations sus-évoquées. Il est donc nécessaire
d'étudier le fonctionnement institutionnel du bloc d'appartenance du
Cameroun (CEMAC) au sein de la zone Franc.
I.2 Institutions de la
zone Franc africaine : le cas de la CEMAC
Dans la CEMAC, les institutions monétaires sont telles
que la participation des Chefs d'Etat dans l'adoption des politiques
monétaires se fait indirectement par les ministres des finances de
chaque Etat. La France y est aussi représentée dans certaines
instances de prise de décision.
Le fonctionnement institutionnel de la CEMAC (en terme
monétaire) peut être schématisé ainsi qu'il
suit :
Graphique 2. Institutions de la zone CEMAC
UNION MONETAIRE DE L'AFRIQUE CENTRALE (UMAC)
BANQUE DES ETATS DE L'AFRIQUE CENTRALE
Conseil d'administration
(13 administrateurs dont 3 Français, 4 Camerounais, 2
Gabonais, 1 Centrafricain, 1 Congolais, 1 Guinéen, et 1 Tchadien).
Gouverneur (nommé à l'unanimité du conseil
d'administration sur proposition gabonaise).
Vice gouverneur (nommé à l'unanimité du
conseil d'administration sur proposition congolaise
Secrétaire général (nommé à
l'unanimité sur proposition tchadienne).
6 Directions nationales.
6 comités monétaires nationaux (les
administrateurs + 3 personnalités nommées par le
gouvernement).
8 directions centrales, administration générale,
crédit, études et documentation, analyse monétaire,
inspection, opérations et relations financières
extérieures, comptabilité et contrôle des banques.
Collège des censeurs
(3 censeurs dont 1 Camerounais, 1 Gabonais et 1 Français
chargés de contrôler les comptes de la BEAC, la
régularité ses opérations et l'exécution du
budget)
Comité monétaire mixte
(Ministres des finances des 6 pays africains et de la
France)
Comité monétaire
(Ministres des Finances des 6 pays africains)
Agences
Gouvernement de la BEAC
I.3 Mécanismes
de fonctionnement de la zone Franc africaine
Ces mécanismes concernent les comptes
d'opération, la convertibilité externe des monnaies et la
politique monétaire.
I.3.1 Les comptes
d'opération
Chacun des instituts d'émission possède un
compte courant auprès du trésor public français : ce
sont les comptes d'opérations qui ont certaines règles de
fonctionnement :
- Chaque Banque centrale verse au crédit de son compte
au moins 65% des avoirs extérieurs officiels des pays membres. En
contrepartie, la France assure la garantie internationale du Franc CFA en lui
accordant une convertibilité libre et sans limite. Le trésor
français fournit ainsi, à parité fixe, les Euros
nécessaires aux paiements internationaux.
- Des mesures ont été prises pour mettre les
comptes d'opération à l'abri des déficits. En effet, ils
peuvent en théorie devenir débiteurs si les montants sont
illimités par exemple. Pour en arriver là, les Banques centrales
doivent d'abord utiliser toutes les autres ressources issues des avoirs
extérieurs tels le rapatriement des devises détenues par les
différentes banques nationales. Des clauses statutaires ont même
été prises à cet effet tant par la BEAC que par la
BCEAO.
- Quand bien même les comptes d'opération
seraient déficitaires - comme ce fut le cas pour l'UEMOA de 1980
jusqu'au milieu des années 90 et pour la CEMAC de 1987 jusqu'au milieu
des années 90 également - la garantie de convertibilité
de la France se mettrait alors en marche. Ce dernier aspect permet de mettre
les économies de la zone Franc à l'abri des ruptures
d'approvisionnement en devises qui sont susceptibles de bloquer les
importations des biens et services par suite d'un manque de devises
étrangères comme cela s'est fait observer dans certains pays hors
zone.
I.3.2 Convertibilité
externe des monnaies
De façon pratique, les monnaies de la zone sont
convertibles en devises étrangères par l'intermédiaire du
marché de change de Paris. Les opérations de change y relatives
reposent sur la parité fixe entre le Franc CFA et l'Euro. Ainsi, tout
détenteur de franc CFA peut avoir la quantité de devises
étrangères équivalente sans que les problèmes
liés à son taux de convertibilité, à sa garantie
internationale ou encore à son acceptation en tant que monnaie se
posent. Cependant, il a été observé que la
convertibilité entre les Francs CFA de la CEMAC et ceux de la BCEAO a
quand même été remise en cause ces dernières
années par des décisions spécifiques des deux banques
centrales que sont la BEAC et la BCEAO de ne plus racheter leurs billets se
retrouvant en dehors de leurs zones d'émission respectives.
I.3.3 La politique
monétaire
La politique monétaire est sous- tendue par quatre
principes qui sont :
- La discipline monétaire commune : elle constitue
un ensemble de règles dont l'objectif est de mettre les Etats membres
à l'abri de l'inflation. C'est ainsi que le recours au financement des
déficits budgétaires par la planche à billet est soumis
à des règles limitant les montants maximaux des
décaissements pour l'ensemble des Etats.
- La solidarité monétaire : elle se
manifeste, pour chaque zone, à travers l'utilisation d'une monnaie
commune qui suppose l'application des mêmes règles relatives
à sa circulation et à son émission dans chacun des Etats
membres. Ladite solidarité provient aussi de l'harmonisation des
réglementations en matière de distribution des crédits
(même taux d'escompte de la Banque Centrale), de l'application des
mêmes règles issues des mêmes organes centraux de prise de
décision (comité monétaire pour la BEAC par exemple), de
la mise en commun des avoirs extérieurs et du libre transfert des
ressources qui devrait s'effectuer entre les pays de la zone.
- Le caractère individuel des Etats : Il se
matérialise par le fait que chaque Etat membre est doté d'une
personnalité monétaire internationale dans la mesure où il
adhère individuellement au FMI. De plus, les différentes Banques
centrales enregistrent de manière distincte les opérations
concernant chaque Etat de leur zone d'émission. Enfin, des
comités monétaires nationaux ont été mis en place
dans le souci de mettre les politiques initiées par chacune des Banques
centrales et les réalités économiques de chaque Etat
membre en parfaite adéquation.
- Le rôle de la France dans le mécanisme
monétaire : la France, en tant que garante des monnaies des pays
membres, participe à la définition des règles de gestion
monétaire. Elle s'assure aussi que les règles qui ont
été édictées par tous sont respectées et que
la création monétaire dans les deux zones ne comporte pas de
danger. Pour ce faire, la France dispose d'un droit de veto pour certaines
décisions relatives à la modification des statuts des Banques
centrales et à la non application des mesures pourtant contenues dans
les statuts et devant prendre effet en certaines circonstances.
Les institutions de la zone Franc ainsi que ses
mécanismes de fonctionnement ont le mérite de s'adapter à
la plupart des chocs qui ébranlent l'ensemble des pays membres
(changements de parité entre les monnaies, entrées ou sorties de
membres). Les textes organisationnels ont jusqu'ici constitué un cadre
de référence donnant les lignes de conduite à suivre face
à des situations nouvelles ou récurrentes. Mais, la zone Franc
avait-elle aussi bien préparée le rattachement de sa monnaie
à l'Euro?
II. La zone Franc africaine et
l'entrée en vigueur de l'Euro
II.1 Contexte de
l'entrée en vigueur de l'Euro
L'entrée en vigueur de l'Euro s'est
caractérisée par des inquiétudes et des débats sur
l'avenir du Franc CFA. En effet, l'introduction de la nouvelle monnaie unique
européenne était synonyme de disparition à court terme du
Franc français sur lequel repose le fondement des relations entre la
France et ses autres partenaires de la zone Franc d'une part ; et les taux
de change entre le Franc CFA et les autres devises extérieures d'autre
part.
Les débats qui ont précédé
l'arrimage du CFA à l'Euro étaient controversés, opposant
les économistes favorables et ceux hostiles à cet ancrage.
En effet, tous les deux camps s'employaient à démontrer la
pertinence de leurs idées. Les propositions allaient du maintien de la
zone à son éclatement sensé redonner la
souveraineté monétaire aux pays membres. D'autres parties
prenantes étaient pour une modification des mécanismes de
fonctionnement de celle-ci.
Le maintien de la zone ou statu quo
Beaucoup d'arguments favorables au statu quo ont
été développés :
- un bilan de la zone qui a révélé
qu'elle se portait bien car les comptes d'opération s'étaient
fortement améliorés, la fuite des capitaux s'était
atténuée et la plupart des banques avaient renoué avec la
liquidité2(*) ;
- avec l'élimination des coûts de transaction
entre les monnaies, l'économie des devises pour les transactions
régionales, la coordination des politiques économiques,
l'existence d'une discipline monétaire limitant l'inflation et la
crédibilité vis-à-vis de l'extérieur, les zones
monétaires refaisaient surface (zone Euro par exemple)3(*) ;
- une ouverture accrue des marchés européens
consécutive à un gain de stabilité dans la gestion des
transactions commerciales internationales en raison de la limitation du risque
de change ;
- un pouvoir d'achat international rehaussé et soutenu
par un Euro fort. Celui-ci permettrait de rendre les importations dans les pays
hors zone Euro moins coûteuses surtout si celles-ci sont financées
par les devises provenant des ventes d'exportation dans la zone Euro.
L'éclatement de la zone
Un autre argumentaire était cependant
défavorable au statu quo et préconisait plutôt
l'éclatement de la zone pour plusieurs raisons dont certaines
étaient :
- Le développement de l'esprit de facilité, peu
compatible avec celui qu'exige un véritable développement4(*) ;
- Les avantages potentiels de la zone se sont souvent
transformés en inconvénients : par exemple, la fixité
de change avait conduit à une perte de compétitivité
significative depuis 1986. Aussi, la liberté des transferts a
favorisé la fuite des capitaux qui s'est accentuée par
anticipation de la dévaluation5(*) ;
- Le statu quo ne réglera pas à terme
les problèmes ayant conduit à la dévaluation
comme l'appréciation du CFA vis-à-vis des autres monnaies
non européennes notamment le Dollar ; la déconnexion de la
monnaie des conditions réelles de l'économie6(*) ;
- La domination et l'extraversion des économies
membres, du fait que la France exerce un haut degré de contrôle
sur ces économies7(*).
A coté des débats qui ont surtout
été animés par les économistes, un sentiment
d'inquiétude régnait plutôt chez les décideurs
politiques dont la quasi-totalité avaient déjà
divulgué leur position officielle. Cela a permis non seulement de
constater leur passivité face à la situation, mais aussi de
constater qu'ils étaient favorables au statu quo. Dès
lors, leur préoccupation résidait surtout sur la position de la
France et de ses partenaires européens quant à leur engagement ou
non de pérenniser la zone Franc et la monnaie CFA. Très
tôt, leurs inquiétudes ont été dissipées car
depuis 1992, la France ne cessait de répéter qu'il y a une
compatibilité entre les mécanismes de fonctionnement de la zone
Franc et l'organisation monétaire de l'Union européenne.
II.2 Reconnaissance
juridique de la zone franc
Le centre d'intérêt ici est la
problématique de la légitimité (vis à vis des
accords de l'Union européenne) des relations que la France continue
d'entretenir avec la zone franc africaine. Ce sont implicitement les questions
de la reconnaissance du CFA et de son statut dans les mécanismes de
fonctionnement de la zone Euro qui sont abordées.
Après avoir manifesté sa volonté
d'assurer la pérennité de la zone Franc, la France, qui
appartenait à une nouvelle zone monétaire (zone Euro) devait
s'assurer que le rôle de garantie et de surveillance du respect des
accords qu'elle comptait continuer à jouer était en
conformité avec la réglementation qu'elle avait établie
avec ses partenaires européens. Pour ce faire, l'article 109 du
traité de Maastricht a servi de cadre de référence.
Dans un premier temps, les autorités françaises,
rassurant les PAZF affirmaient que : « Rien ne change. La
relation entre la France et les pays de la zone Franc ne change pas et continue
à être gérée par la France comme avant. La
parité sera chiffrée en Euro mais les mécanismes demeurent
les mêmes qu'avant8(*) ». En effet, la France avait
fondé son argumentaire juridique sur le 5e paragraphe de
l'article 109 qui précise que «les Etats membres peuvent
négocier et conclure des accords internationaux ou accords de
coopération budgétaire ». La France voulait donc faire
percevoir les conventions avec les PAZF comme des accords relevant du domaine
budgétaire et non monétaire. Cela traduisait que l'ancrage du CFA
à l'Euro allait se dérouler sans grande implication des
institutions de l'Union Européenne.
Par la suite, à la demande de la Commission
européenne et d'autres partenaires européens, la France a
soumis à l'appréciation de ces derniers les accords de
coopération de la zone franc, conformément au 3e
paragraphe de l'article 109 qui stipule : « ..., au
cas où les accords sur des questions se rapportant au régime
monétaire ou de change doivent faire l'objet de négociations
entre la Communauté et un ou plusieurs Etats ou organisations
internationales, le conseil, statuant à la majorité
qualifiée sur recommandation de la commission et après
consultation de la BCE, décide des arrangements relatifs aux
négociations et à la conclusion de ces accords. Ces arrangements
doivent assurer que la communauté exprime une position
unique.... ». Ainsi, le 6 Juillet 1998, le Conseil des ministres
de l'Union Européenne a abouti à un accord relatif à la
zone Franc. Cet accord prévoyait que les mécanismes de
fonctionnement de la zone restaient inchangés. Mais force est de
constater qu'il y a certaines conventions qui ont été
modifiées.
II.3 Zone franc et
mutations structurelles liées à
l'arrimage :
Les transformations engendrées par l'ancrage sont
inhérentes à l'introduction de l'Union Européenne comme
nouvelle partie prenante. Les rôles ont été
redistribués entre les PAZF de la CEMAC et de l'UEMOA, la France et
l'Union Européenne ainsi qu'il suit :
Ø A travers le Conseil des ministres, la Commission et
la BCE, l'Union Européenne a « compétence totale ou
pouvoirs les plus étendus sur la gestion des accords et en particulier
tout changement sur la portée et la nature de ceux-ci. Les
décisions sont prises par le Conseil sur recommandation de la Commission
après avis de la BCE 9(*)».
Ø De par le ministère de l'économie et
des finances et sa Banque centrale, la France a
« responsabilité de mise en oeuvre des accords, avec
obligation d'information régulière aux organes de l'U.E. Pouvoirs
de négocier et de décider des modifications n'ayant aucune
incidence sur la portée et la nature des accords avec obligation
d'information préalable10(*) ».
Ø Les Comores, la CEMAC et l'UEMOA :
« chacune des Unions (CEMAC et UEMOA) et les Comores disposent
des pouvoirs les plus étendus notamment pour toute renégociation
des accords qui soient le plus compatibles avec leurs options de
développement économique et social11(*) ».
Par conséquent, la substitution du Franc
français par l'Euro dans les accords cambiaires, la pérennisation
de la zone avec information permanente de l'UE, la compétence reconnue
de cette dernière dans la modification des accords de fonctionnement
constituent, de façon globale, les principaux changements qui ont
affecté la zone franc africaine suite à l'avènement
l'Euro.
II.4 Rattachement
technique du Franc CFA à l'Euro
Il s'agit de présenter la façon dont le taux de
change du Franc CFA par rapport à l'Euro a été fixé
lors du processus d'arrimage.
La détermination s'est faite par l'intermédiaire
du Franc français. L'Euro ayant cours légal dès le
1er Janvier 1999 dans les pays membres de la zone, le taux de change
nominal du Franc français (par rapport à la nouvelle monnaie
unique) qui a été retenu est celui donnée par les
marchés de change le 31 Décembre 1998. Il était
de 1 Euro = 6,55597 Franc français. C'est de cette
parité qu'a été déduite mécaniquement celle
du Franc CFA relativement à l'Euro.
En effet, connaissant la parité fixe entre le CFA et
le Franc français, la parité Euro/ Franc CFA a été
obtenue arithmétiquement comme suit :
1 Euro = 6,55957 Francs français
et
1 Euro = 6,55957 * 100 Francs CFA
1 Franc français = 100 Franc CFA
= 655,957 Francs CFA.
Le Cameroun étant le pays sur lequel va se porter notre
étude, il est important d'en donner une idée
générale afin de mieux cerner sa place dans la zone Franc et
d'analyser ensuite l'impact que l'ancrage du Franc CFA a eu sur son
économie.
III. Le Cameroun dans la zone
Franc
III.1 Quelques
généralités sur le Cameroun
Le Cameroun est un pays situé en Afrique centrale avec
475 442 km2 de superficie. En 2004, le rapport annuel des pays
de la zone franc estimait sa population, formée de 150 ethnies environ,
à un peu plus de 16 millions d'habitants. Cette population est presque
équitablement répartie entre les villes et les campagnes, car la
part de la population urbaine est de 50,6%. Les principales villes sont
Yaoundé la capitale politique, Douala la capitale économique,
Bafoussam, Garoua, Maroua.
D'un point de vue économique, en 2005, le PIB aux
coûts des facteurs était de 8239,2 milliards de francs CFA avec
la répartition suivante : 50,1% pour le secteur tertiaire, 29,7%
pour le secteur secondaire et 20,2% pour le secteur primaire. Ce dernier occupe
encore près de la moitié de la population active. La même
année, le PIB par tête était de 984 USD soit environ 527
425 Francs CFA.
Pour ce qui est des indicateurs sociaux, le rapport mondial
sur le développement humain 2005 faisait état de 45,8 ans
d'espérance de vie à la naissance, 9,5% de taux de
mortalité infantile et près de 70% de taux
d'alphabétisation des adultes. La population en deçà du
seuil de pauvreté, c'est-à-dire vivant avec moins d'un dollar par
jour, était de 17,1% et 55 USD soit environ 29 480 Francs CFA
représentaient le niveau de l'aide publique au développement. Sur
les 177 pays classés, il occupait le 148e rang pour
l'indicateur de développement humain.
Enfin, le Cameroun a conclu des accords internationaux
relevant des domaines économique, politique et culturel. C'est ainsi
qu'il est membre de l'Organisation Intergouvernementale de la Francophonie, du
Commonwealth, de la Communauté Economique des Etats de l'Afrique
Centrale (CEEAC), de la CEMAC et de la BEAC.
III.2 Place du
Cameroun dans la zone Franc
Le Cameroun est un pays de la zone Franc dont le bloc
d'appartenance est la Communauté Economique et Monétaire
d'Afrique Centrale (CEMAC). Le pays y joue un rôle démographique,
économique et institutionnel de premier plan.
Graphique 3 : Poids
démographique du Cameroun dans la CEMAC
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun11.png)
En 2005, la population du Cameroun représentait 49% de
toute la population de la zone.
Source : www.izf.net
Graphique 4 : Poids économique du Cameroun dans
la CEMAC
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun12.png)
E En 2005, le pays détenait à lui seul 40% de tout
le PIB de toute la sous région, suivi en cela par le Gabon, la
Guinée Equatoriale, le Tchad, le Congo et la Centrafrique.
.
Source : www.izf.net
Graphique 5 : Place du Cameroun dans la
répartition de la masse monétaire dans la CEMAC
oute la sous-région.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun13.png)
Du point de vue monétaire, l'importance du Cameroun
dans la CEMAC n'est pas tout aussi négligeable. Le pays
représentait 39% de toute la masse monétaire en circulation dans
la sous-région.
Source : www.izf.net
Dans le cadre institutionnel, le Cameroun abrite le
siège de la Banque Centrale des Etats de l'Afrique Centrale (BEAC),
celui de la Commission Bancaire de l'Afrique Centrale (COBAC) et d'autres
institutions spécialisées comme l'Institut Sous-régional
de Statistique et d'Economie Appliquée, l'Organisation pour la
Coordination de la lutte contre les Endémies en Afrique Centrale
(OCEAC), etc.
Après ces présentations générales
de la zone Franc et du contexte de l'arrimage, appesantissons nous sur les
théories qui abordent explicitement ou tacitement les
conséquences auxquelles on devrait s'attendre.
CHAPITRE II :
PRESENTATION DES THEORIES ET MODELES ECONOMIQUES
Ce chapitre a une double importance. Il présente les
théories et modèles économiques en rapport avec les
échanges commerciaux d'un pays. Ces théories nous permettront
également de nous rendre compte non seulement de l'intensité
d'influence que chacune des variables des modèles pourrait exercer sur
le commerce extérieur, mais aussi des effets que l'arrimage d'une
monnaie sur une autre entraînerait sur ces mêmes variables.
Aussi, la plupart des raisonnements et résultats
expérimentaux des chapitres ultérieurs seront la mise en pratique
des concepts ici présentés. On les appliquera tels que
conçus par leurs auteurs ou alors après reformulation pour les
rendre plus adaptés au cas spécifique qui est le notre.
Cinq approches théoriques sur le solde commercial
auront retenu notre attention. Il s'agit notamment de :
- l'approche revenu du commerce extérieur à
travers la théorie du multiplicateur du commerce
extérieur ;
- l'approche prix au travers du taux de change,
c'est-à-dire la théorie des élasticités de Johan
Robinson ;
- la théorie de l'absorption qui est une
synthèse des approches prix et revenu ;
- le modèle de Mundell-Fleming ;
Les modèles économiques
présentés par la suite émanent du livre
« Economie internationale » de Mucchielli (pp 116 à
136) dont les références sont en bibliographie.
I - La théorie du
multiplicateur du commerce extérieur
C'est la théorie keynésienne du commerce
extérieur ou approche revenu. Elle a fait son apparition pendant la
période 1938-1941. Cette période a coïncidé avec la
prise en compte nouvelle du commerce extérieur et donc des
conséquences qu'il allait entraîner sur le multiplicateur jusque
là habituel (1/s). « En effet, si les importations
sont fonction du revenu national, il s'en suit que la propension marginale
à importer doit apparaître dans le multiplicateur, qui devient, de
ce fait, différent de celui d'une économie
fermée » (Mucchielli, 1990).
Avant de présenter le multiplicateur proprement dit,
examinons d'abord les relations du modèle de base ayant conduit à
sa détermination.
I.1 Relations du
modèle :
Les variables et relations du modèle sont les
suivantes :
Ø La consommation : C = cY +
C0 avec c = propension marginale à
consommer et
0<c<1 ; C0 = consommation
incompressible.
Ø L'investissement : I = I est une variable
exogène ;
Ø Les importations : M = mY +
M0 avec m = propension marginale à
importer avec 0<m<1 et M0 =
importation autonome ;
Ø Les exportations : X = X qui sont une
variable exogène ;
Ø La balance commerciale : B = X -
M ;
Ø Le revenu national Y ;
Ø L'épargne : S = Y - C ;
Ø La relation de l'équilibre global (ressources
et emplois) du modèle s'écrit :
Y + M = C + I + X (1)
Ou Y - C - I = X - M (2)
D'où S - I = X - M = B. (3)
L'équation (3) montre qu'en économie ouverte, le
solde commercial s'assimile à l'écart entre l'épargne
domestique et l'investissement. Par conséquent, selon cette
théorie, si l'on est dans un pays donné, pour que la balance
commerciale soit excédentaire, il faut et il suffit que l'épargne
soit plus élevée que l'investissement. Si ce n'est pas le cas, le
solde commercial sera déficitaire.
I.2 Le multiplicateur
du commerce extérieur
Supposons que l'investissement (qui est autonome ici)
s'accroisse. Cet accroissement, au vu de l'équation (2), va induire,
toute chose étant égale par ailleurs, une augmentation du
revenu plus ou moins proportionnel à l'accroissement
?I de l'investissement. C'est cette proportion qui équivaut au
multiplicateur en économie ouverte.
Cela se traduit dans les équations par :
(2) Y - C - I = X - M.
En remplaçant chaque variable qui peut l'être par
sa valeur, la relation (2) devient :
Y - (cY + C0) - I = X - (mY +
M0)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun14.png)
Y(1- c + m) = X + I + C0 -
M0.
On en déduit :
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun15.png)
Or, (1- c) = s = propension marginale à
épargner.
D'où ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun16.png)
Pour trouver la variation du revenu induite par la variation
de l'investissement, différencions ainsi qu'il suit :
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun17.png)
Le multiplicateur en économie ouverte est donc :
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun18.png)
La variation de la balance commerciale qu'implique la
variation du revenu est :
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun19.png)
Comme X et M0 sont autonomes, alors .
Ainsi,
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun21.png)
Donc :
. Or ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun23.png) ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun24.png)
On conclut qu'en économie ouverte, une augmentation du
revenu consécutive à un accroissement de l'investissement
entraîne une détérioration de la balance commerciale d'une
proportion de
de la variation de cet investissement.
Il serait insuffisant que, dans des analyses relatives aux
variations du solde commercial, nous omettions le facteur prix à travers
le taux de change. C'est l'intérêt de la théorie des
élasticités dont le développement est
subséquent.
II- La théorie des
élasticités
Avant la théorie des élasticités,
c'était seulement l'évolution des variables non
financières (biens et services) qui comptait pour expliquer les
variations du solde commercial. Par la suite, il a été
nécessaire d'introduire la variable prix dont l'une des manifestations
s'opérait à travers le taux de change. C'est alors
qu'est apparue la théorie des élasticités qui a
été développée par Johan Robinson (1937).
Cette approche tente de trouver les conditions pour lesquelles
une modification du taux de change peut affecter la balance des paiements et
par ricochet la balance commerciale.
Avant de traiter de ces conditions, présentons d'abord
le modèle de base préalable.
II.1 Hypothèses
et modèle des élasticités critiques
II.1.1 Hypothèses du
modèle:
Le modèle des élasticités comporte quatre
hypothèses fondamentales :
- Seules, les élasticités de la demande des
produits par rapport au prix sont prises en compte.
- La balance commerciale est supposée être en
équilibre avant que l'on ne procède à un ajustement
quelconque du taux de change ;
- L'on ne tient pas en considération les effets
monétaires de la variation du taux de change.
- Les élasticités des offres d'exportation,
d'importation, des biens étrangers concurrençant les produits
nationaux, des biens nationaux concurrençant les produits
étrangers, sont par hypothèse infinies. Cela signifie que si l'on
prend par exemple les prix des importations des biens étrangers
concurrencés par les produits nationaux, ces derniers ne changent pas en
dépit d'une baisse de la demande du pays de
référence ; de même, les prix à l'exportation
des biens nationaux restent identiques malgré une augmentation de la
demande étrangère.
II.1.2 Le
théorème des élasticités critiques
Dans la théorie des élasticités, la
balance commerciale est représentée par :
B = X - e M
Où X = exportations en monnaie nationale ;
M = importations en monnaie étrangère ;
e = taux de change c'est-à-dire nombre d'unités
de monnaie nationale que vaut une unité de monnaie
étrangère ;
e M = importations converties en monnaie nationale.
En différenciant la balance commerciale par le taux de
change, l'on obtient :
(4)
Comme une hypothèse de départ stipule que la
balance commerciale est en équilibre avant l'ajustement du taux de
change, on peut écrire
. Alors l'équation (4) devient :
(5)
De cette équation, l'on déduit les
élasticités de la demande par rapport au prix qui sont de deux
ordres :
Ø L'élasticité de la demande
d'exportations, notée (Ex) est telle que :
Ex = ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun29.png)
On constate que Ex est positive si la
dépréciation de la monnaie domestique (c'est-à-dire
de>0) vis-à-vis des devises étrangères
implique une amélioration des exportations (c'est-à-dire
dX>0).
En effet, s'il y a dépréciation ou
dévaluation de la monnaie nationale, alors > 0 et comme Ex = . , alors Ex>0 si et seulement si >0.
Ø L'élasticité prix de la demande
d'importations notée Em est donnée par :
Em = ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun34.png)
Em est positive si la dépréciation
de la monnaie entraîne une baisse des importations c'est-à-dire
si dM<0.
En effet, par analogie au cas précédent, s'il y
a dépréciation ou dévaluation de la monnaie nationale,
alors > 0 et donc comme Em = - .
alors Em > 0 si et seulement si - > 0 et donc < 0.
En revenant à la balance commerciale (B), celle-ci
selon l'une des hypothèses du modèle, est
équilibrée avant un ajustement de la monnaie nationale. En
remplaçant les élasticités par leur notation dans
l'équation (5), l'on obtient la relation :
0 si
, c'est-à-dire Ex + Em >1 .
Cas où l'équilibre initial n'est pas
réalisé
Si l'équilibre initial n'est pas réalisé,
alors on reprend l'équation (4) obtenue avant l'hypothèse
d'équilibre :
(4) ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun42.png)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun43.png)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun44.png)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun46.png)
(6)
D'où si l'équilibre n'est pas initialement
réalisé, alors
si , c'est-à-dire .
Enoncé du résultat
général
Pour que les variations du taux de change aient des
conséquences sur la balance commerciale si cette dernière
était initialement en équilibre, il faut que la somme des
élasticités critiques à l'exportation et à
l'importation soit supérieure à 1 : c'est le
théorème des élasticités critiques ou condition de
Marshall-Lerner.
Si la balance commerciale n'est pas en équilibre avant
l'ajustement du taux de change, alors la balance commerciale s'améliore
suite à une dévaluation ou une dépréciation du taux
de change si la somme des élasticités prix à l'exportation
et à l'importation est supérieure à 1 avec une
élasticité à l'exportation pondérée par le
rapport des exportations sur les importations en monnaie nationale ( ).
Ces conclusions peuvent se généraliser dans tous
les cas où il y a modification du taux de change, c'est-à-dire
qu'il y ait dépréciation (resp. dévaluation) ou
appréciation (resp. réévaluation) d'une devise.
Ainsi, dans le cas d'une appréciation ou d'une
réévaluation d'une monnaie, la balance commerciale ne sera
sensiblement modifiée que si les conditions de Marshall-Lerner sont
respectées, tant pour un équilibre initial supposé que
pour un déséquilibre initial constaté. Si ces conditions
sont vérifiées, une appréciation de la monnaie nationale
est susceptible d'affecter le solde commercial ainsi qu'il suit :
Ø Une appréciation du taux de change de la
monnaie nationale impliquera une hausse du prix en devise
étrangère des exportations, ce qui est susceptible de
décourager ces dernières et d'avoir un impact négatif sur
le solde commercial.
Ø Par contre, l'appréciation du taux de change
de la monnaie nationale rendra les devises étrangères moins
chères et par ricochet les prix des biens importés. Cela peut
encourager les importations et détériorer ainsi le solde
commercial.
«La surévaluation de la monnaie est en effet
une subvention à la consommation de produits importés et un
impôt sur la production nationale ».12(*)
II.1.3 Les limites du
théorème des élasticités critiques
Quelques limites découlent des hypothèses de
départ.
Ø Les élasticités des différentes
offres peuvent ne pas être infinies. Dans le contexte d'une
dévaluation ou d'une dépréciation, c'est en particulier
très souvent le cas où l'augmentation de la demande
étrangère des produits domestiques se traduit par un
accroissement des prix nationaux. Cette hausse des prix peut, à son tour
compenser la baisse du taux de change pour laisser les prix en devises
étrangères inchangés.
Ø De même, les conditions de Marshall-Lerner sont
tributaires du fait que la balance commerciale est supposée en
équilibre initialement c'est-à-dire avant tout ajustement du taux
de change. Cela est rarement le cas dans la quasi-totalité des pays du
monde.
Ø Le modèle se fonde exclusivement sur les
élasticités de la demande des produits par rapport aux prix. Il
omet ainsi le facteur qualité dont dépend aussi la demande de
produits. En effet, la demande est également fonction du label, du
respect des normes de qualité, de l'accès aux circuits
internationaux et donc du marketing international, de la réputation,
etc.
Ø La courbe en J : il est à noter que
lorsque les conditions de Marshall-Lerner sont vérifiées, le
retour à l'équilibre de la balance commerciale n'est pas toujours
immédiat. Il existe un décalage entre le moment où une
dévaluation est effectuée et celui où la balance
commerciale s'améliore. En effet, une dévaluation est
bénéfique pour la prime d'exportation positive
(renchérissement de la monnaie nationale en monnaie
étrangère) qu'elle engendre, les gains des parts de
marchés attendus et pour les importations qu'elle est supposée
amoindrir. Or, certains de ces effets, à cause de certaines
rigidités, peuvent mettre un certain temps avant de se modifier dans le
sens attendu.
Cela peut par exemple s'expliquer par le fait que les gains de
parts de marchés peuvent ne pas être immédiats à
cause des habitudes d'achat chez les importateurs qui ont leurs fournisseurs
traditionnels, des problèmes de normes chez les pays dévaluateurs
qui, n'ayant pas toujours des produits de qualité prisée peuvent
engager des réformes y relatives pouvant prendre un certain temps.
Parallèlement, les importations en valeur peuvent connaître une
augmentation immédiate due à la baisse de la valeur de la monnaie
nationale.
Par conséquent, dans un premier temps, une
dévaluation peut se caractériser par une relative constance ou
une baisse des exportations, celle-ci étant combinée par un
accroissement des importations en valeur. La mise en commun de ces deux
phénomènes aboutit à une dégradation de la balance
commerciale au lendemain d'une dévaluation. Si les conditions de
Marshall-Lerner sont vérifiées, cette dégradation est
remplacée par une amélioration après que les
mécanismes liés au solde commercial aient eu le temps de
s'ajuster au changement de parité. La balance commerciale décrit
ainsi une courbe qui décroît dans un premier temps avant de
s'accroître : d'où le nom de la courbe en J.
Ayant déjà traité des
approches « revenu » et prix du solde commercial de
façon distincte, il serait intéressant de faire une
synthèse des deux approches à travers la théorie de
l'absorption.
III. LA THÉORIE DE
L'ABSORPTION
Comme dit précédemment, la théorie de
l'absorption est une synthèse des approches
« revenu » et « prix » de la balance
commerciale. En effet, avant qu'Alexander13(*) ne la développe en 1958, les deux approches
étaient appliquées de façon distincte pour le même
objectif d'ajustement du solde commercial.
III.1 Modèle de
la théorie de l'absorption
Dans la théorie d'absorption, les variables
sont :
Ø X : exportations;
Ø M : importations;
Ø Y : revenu national ou production totale de
biens ;
Ø B : balance commerciale et B = X -
M ;
Ø A : absorption domestique.
Dans une économie où le marché des biens
est en équilibre, la production des biens non exportés est
égale à l'utilisation des biens non importés.
Cela se traduit par :
B = (exportations + production des biens non
exportés) - (importations + utilisation des biens non
importés).
Or, (exportations + production des biens non
exportés) = Y = production totale de biens ou revenu
national ;
(Importations + utilisation des biens non importés)
= quantité totale des produits utilisés dans l'économie =
Consommation + Investissement + dépenses gouvernementales = A.
Ainsi, la balance commerciale peut se réécrire
sous la forme :
B = Y - A.
Le constat est que selon cette théorie, la balance
commerciale peut s'améliorer si le revenu national s'accroît plus
rapidement que l'absorption ou si l'absorption diminue plus vite que le
revenu.
Du point de vue du prix, une dépréciation de la
monnaie nationale entraînerait une demande plus prononcée des
produits locaux (les biens importés coûtant plus chers qu'avant la
dépréciation) au détriment des produits importés.
Cela peut ne pas réduire les dépenses d'absorption qui ne
subissent alors qu'une modification d'allocation liée à l'origine
domestique ou étrangère des produits achetés.
Par contre l'absorption peut baisser de par une conjoncture
interne ayant affecté les prix comme l'inflation par exemple. En effet,
s'il y a inflation, le pouvoir d'achat des consommateurs va être
érodé pour baisser leur capacité d'absorption.
III.2
L'absorption : synthèse des théories du multiplicateur du
commerce extérieur et des élasticités
Dans cette approche, les équations du modèle
sont données conformément à la remarque selon laquelle le
revenu est la somme des exportations et des biens non exportés.
Y = E(Y) + B (Y, e) avec E(y) étant l'absorption.
et
B = X(e) - e.M (e, Y)
Selon Mucchielli, les répercutions d'une variation du
taux de change sur le revenu ou sur le solde commercial sont
déterminées par les formules :
.
Sous l'hypothèse d'équilibre initial, ![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun53.png)
D'où
(7)
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun55.png)
Pour la balance commerciale, l'on obtient :
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun56.png)
(8)
Les équations (7) et (8) amènent à
conclure que :
Ø Si le théorème des
élasticités critiques est vérifié, la
différenciation montre qu'une dépréciation de la monnaie
domestique se traduit par une amélioration du solde commercial, car les
termes du produit qui constituent sa variation sont tous non
négatifs ;
Ø Dans le cas d'une dépréciation, en
ajoutant l'effet revenu sur l'effet prix,, l'amélioration du solde
commercial s'atténue par rapport à l'amélioration
constatée quand les prix seuls étaient pris en compte. Cela
s'explique par la démonstration suivante :
s < 1
<
.
En incluant l'effet revenu, la dévaluation s'accompagne
d'une demande accrue des produits domestiques au détriment des produits
étrangers. Ce nouvel intérêt accordé aux biens
domestiques va augmenter le revenu national, ce qui est susceptible
d'accroître à nouveau les importations. Ce nouvel accroissement
des importations va donc atténuer l'amélioration initiale de la
balance commerciale par l'intermédiaire du multiplicateur (s. ).
A ce stade de la présentation, aucun des
modèles économiques ne s'attarde de façon
spécifique sur les déterminants des exportations et des
importations qui sont pourtant les deux éléments constitutifs de
la balance commerciale. Le modèle de Mundell-Fleming qui suit va
s'attarder sur ce sujet.
IV. Le modèle de
Mundell-Fleming : les déterminants des exportations et des
importations.
C'est un modèle qui a été conçu en
1962 par Mundell avec pour objectif de faire des analyses sur la façon
dont l'équilibre extérieur et celui sur le marché du
travail peuvent tous deux être atteints en utilisant des politiques
économique et monétaire adéquates. Dans ce cas de figure,
l'équilibre externe cesse de ne considérer que la balance
commerciale, mais il combine cette dernière avec la balance des
capitaux.
Pour les besoins de notre étude, du modèle de
Mundell-Fleming, nous n'utiliserons que la partie consacrée au solde
commercial, notamment en ce qui concerne les déterminants des
exportations et des importations.
Ø Les déterminants des exportations (X) d'un
pays sont :
- Le niveau d'activité du reste du monde (RDM) qui peut
être illustré par le produit intérieur brut du RDM
noté Y' ;
- Le taux de change effectif réel car les acheteurs
étrangers doivent comparer les prix des biens et services achetés
à l'étranger aux prix domestiques des mêmes biens et
services. Donc, les exportations dépendent aussi du rapport des prix
internes et externes et par conséquent du taux de change effectif
réel noté TCER. Aussi, plus les prix internes augmentent, plus la
demande en produits domestiques de l'étranger peut diminuer. Sous un
autre aspect, si le TCEN augmente, le TCER peut aussi croître et ralentir
la demande étrangère, car il faut débourser plus
d'unités monétaires étrangères pour une
unité de monnaie nationale.
En conclusion, les exportations sont une fonction
décroissante du TCER.
Ainsi, on peut écrire : X = X ( Y',
TCER) avec TCER = e.P/ P'. P et P'
représentent
respectivement le niveau des prix domestiques et
des prix étrangers ; e est le taux de
change au certain c'est-à-dire le nombre
d'unités monétaires étrangères pour une
unité de monnaie nationale.
Ø Les déterminants des importations (M) d'un
pays sont :
- Le niveau d'activité domestique
représenté par le PIB domestique et noté Y. En effet, plus
le niveau d'activité domestique est élevé, plus
l'économie a besoin d'importer pour faire face à l'accroissement
de la demande interne. Le niveau d'activité interne est par
conséquent corrélé positivement aux importations.
- Le TCER : en effet, plus les prix à
l'extérieur augmentent relativement aux prix intérieurs, plus le
TCER diminue et la demande d'importation aussi. Les importations sont donc une
fonction croissante du TCER.
On peut donc écrire : M = M(Y, TCER).
Ø La balance commerciale est donnée par :
B = ( e.P).X - P M.
Avec dB/de >0 dans le cas d'une
dépréciation (e diminue et est au certain) ou alors dB/de
<0 pour une appréciation (e augmente). Ces deux
dernières relations impliquent que les conditions de Marshall-Lerner
soient vérifiées.
Les connaissances générales sur la zone Franc
étant données ainsi que les différentes approches
théoriques relatives à notre étude, il serait
intéressant d'appliquer ces connaissances au cas du Cameroun à
travers le cadre pratique de ce travail.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun63.png)
IIe PARTIE
CONSEQUENCES DE L'ARRIMAGE
EURO-FRANC CFA
Il s'agira d'opérer des choix parmi les théories
économiques présentées précédemment afin de
les appliquer au cas du Cameroun. L'utilisation d'une théorie
plutôt que d'une autre est fonction du contexte de l'économie
camerounaise et des objectifs poursuivis. Cette partie a pour finalité
de dégager l'impact de l'arrimage du CFA à l'Euro sur la balance
commerciale du Cameroun moyennant la première partie.
Pour y parvenir, les caractéristiques du commerce
extérieur du pays d'étude seront présentées avant
de s'appesantir sur les conséquences de l'arrimage proprement dites.
CHAPITRE III : LE
COMMERCE EXTERIEUR DU CAMEROUN ET LES DETERMINANTS DU SOLDE COMMERCIAL.
Le troisième chapitre a pour but de donner une
idée générale sur le commerce extérieur du Cameroun
par la présentation des paramètres qui le constituent. Il sera
notamment question de présenter les principaux produits commerciaux,
l'évolution de leurs cours sur les marchés internationaux et
l'orientation géographique des échanges.
A travers la conception d'un modèle
économétrique, nous déterminerons de façon
explicite les facteurs explicatifs du solde commercial, ainsi que le
degré d'influence que la variabilité de chacun de ces facteurs
exerce sur ce dernier (le solde commercial).
Il ne s'agit donc pas encore de faire une étude
comparative entre les périodes anté et post-arrimage
.Cette partie sera abordée plus tard.
Mais, notons déjà que tous les tableaux et
graphiques présents par la suite sont réalisés par
l'auteur avec les données issues de l'Institut National de la
Statistique principalement.
I. Les CARACTERISTIQUES DES
exportations DU CAMEROUN
I.1 Les principaux
produits exportés
Le Cameroun étant un pays dont la structure des
exportations est caractérisée par une prédominance des
produits primaires, ceux-ci représentent depuis plusieurs années
un peu plus de 80% des recettes d'exportations. Le graphique qui suit est une
représentation de l'évolution de la structure des exportations
entre produits primaires et produits manufacturés.
Graphique 6 : Structure des exportations
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun64.png)
Depuis plus d'une décennie, les exportations du
Cameroun n'ont quasiment pas changé de structure ; la valeur des
exportations des produits du secteur secondaire a rarement
dépassé les 15% de la valeur globale. Subséquemment, la
balance commerciale est fortement tributaire des chocs externes.
Source : INS
Une étude approfondie permet de dégager les
principaux produits de vente du cameroun.
Tableau 1 : Principaux produits d'exportation
Année
|
2004
|
Libellés
|
Q (en tonne)
|
V (en million de FCFA)
|
Bananes fraîches
|
279 475
|
37 388
|
Café arabica
|
5 064
|
5 839
|
Café robusta
|
45 624
|
32 344
|
Cacao brut en fèves
|
158 037
|
113 248
|
Pâte de cacao
|
15 216
|
17 752
|
Ciment
|
15 006
|
1 007
|
Huiles brutes de pétrole
|
4 915 003
|
537 373
|
Caoutchouc brut
|
39 457
|
20 677
|
Bois brut (grumes)
|
148 066
|
13 770
|
Bois sciés
|
684 804
|
176 165
|
Coton brut
|
93 821
|
73 146
|
Aluminium brut
|
63 090
|
45 348
|
Total des principaux produits
d'exportation
|
6 462 663
|
1 074 057
|
Total général des
exportations
|
7 077 630
|
1 264 257
|
Source : INS
Ainsi, hormis le ciment et le bois scié qui sont des
produits du secteur secondaire, les autres principaux produits (en valeur) sont
essentiellement des produits primaires avec en tête les huiles brutes de
pétrole.
I.2 Les cours
internationaux des produits exportés
Graphique 7: Evolution des cours internationaux des
principaux produits exportés.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun65.png)
Les cours des matières premières sont
très instables. De 1985 à 1993, la tendance d'évolution
était à la baisse. Cela serait le fait l'utilisation par les pays
importateurs des produits de substitution fabriqués en laboratoire, d'un
excédent d'offre par rapport à la demande, etc. En 1994, les
cours des principaux produits de base se sont caractérisés par
une montée qui a coïncidé avec la dévaluation du
Franc CFA.
Source : INS
Graphique 8: Evolution des cours mondiaux du
pétrole.
L
L Les cours mondiaux du
pétrole sont aussi instables, mais moins dispersés que ceux des
produits ci-dessus. Ils évoluent en dents de scie.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun66.png)
A contrario des autres produits, l'évolution
des prix internationaux du pétrole a plutôt connu une baisse en
1994.
Source :
INS
I.3 L'orientation géographique des
exportations
Le Cameroun a pour principaux pays-clients l'Espagne,
l'Italie, la France, les pays bas, la Belgique, les USA, la Chine, Taiwan, le
Gabon, la Guinée équatoriale, et l'Afrique du Sud. Ces pays
représentaient à eux seuls dans l'ensemble plus de 81% des
exportations du Cameroun en 2003, près de 79% en 2004 et un peu plus de
76% en 2005.
Graphique 9 : Répartition en % des
exportations du Cameroun entre ses principaux clients
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun67.png)
Source : INS
II- Les importations et les termes de
l'échange
II.1 Les produits
importés
Les importations du Cameroun sont assez variées et
permettent la satisfaction d'un grand nombre de besoins domestiques. La demande
vers l'extérieur est principalement constituée des biens
d'équipement industriel (machines, appareils mécaniques et
électriques, etc.) et agricoles (tracteurs), des demi-produits, de la
consommation intermédiaire des entreprises, et de la consommation des
ménages.
Graphique 10: Evolution des importations par noyaux
d'utilisation.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun68.png)
Au cours des dernières années, on a noté
une supériorité en valeur des importations pour la consommation
des entreprises. Cela est la preuve de l'importance grandissante des
importations industrielles par rapport aux importations pour la consommation
des ménages, malgré que ces dernières demeurent tout aussi
élevées.
Source : INS
II.2 Les termes de
l'échange
Graphique 11: Evolution des termes de
l'échange
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun69.png)
L'évolution des termes de l'échange (base 1993)
du Cameroun a une tendance baissière depuis 1994. Ces termes sont
même défavorables depuis 1995. Comme ils sont calculés en
divisant l'indice des prix des biens exportés par l'indice des prix des
biens importés, le fait qu'ils soient défavorables traduit que
les prix des biens exportés augmentent globalement moins vite que les
prix des biens importés. Il faut donc dépenser, par rapport
à l'année de base (1993), plus de
Source : INS
ressources financières issues des exportations pour
acquérir le même panier de biens importés.
Après avoir présenté les faits
stylisés des échanges commerciaux du Cameroun, il est aussi utile
de traiter de l'intensité d'influence qu'exercerait chaque facteur
explicatif du solde commercial sur ce dernier. A cet effet, il sera question
pour la suite, de constituer un modèle économétrique qui
permettra de déterminer les indicateurs d'élasticité du
facteur expliqué (solde commercial) par rapport aux variables
explicatives ou exogènes. Chaque indicateur sera lié à un
facteur exogène et établira le pourcentage de variation du solde
commercial suite à une variation de 1% de la variable explicative
représentée.
Le taux de change étant l'un des facteurs dont
dépend la balance commerciale14(*), on pourra ainsi faire une première estimation
des répercutions attendues de l'arrimage du CFA à l'Euro dans le
cas spécifique du Cameroun. Le modèle pourra aussi être
utilisé à des fins de prévisions de la valeur du solde
commercial compte tenu des variables exogènes et plus
particulièrement du taux de change.
III- Conception du
modèle économétrique
III.1 Le
modèle économique de base
Le modèle économétrique qui sera
conçu n'est pas ex nihilo. Il trouve ses fondements dans le
modèle de Mundell-Fleming notamment en ce qui concerne les facteurs
explicatifs des exportations d'une part et des importations d'autre part.
C'est donc les mêmes variables exogènes15(*) qui seront pris en compte,
avec cependant, le souci de mieux adapter le modèle de Mundell-Fleming
aux réalités de bon nombre de pays en voie de
développement comme le Cameroun.
III.2 Les ajustements
apportés au modèle de base : ajout de la
variable « prix effectifs » et « prix
effectifs des importations »
Les ajustements concernent tant les importations que les
exportations. C'est en effet l'ajout de variables qui n'apparaissent pas dans
le modèle économique de base et qui pourraient donner des
explications supplémentaires quant aux variations du solde commercial du
Cameroun.
Ajustements liés aux exportations :
ajout de la variable « prix effectifs » et d'une
constante.
Les prix effectifs
Le travail est effectué avec les exportations en valeur
qui sont données par les statistiques du commerce extérieur.
Jusque-là, le PIB du RDM et le TCER sont les seules variables
explicatives à prendre en compte selon le modèle de base.
L'évolution du PIB du RDM traduit l'évolution de
la conjoncture mondiale. Plus cette dernière est favorable, plus les
partenaires commerciaux ont besoin de plus de produits input pour
augmenter le niveau de production afin de faire face à un
éventuel accroissement de la demande mondiale consécutive
à la hausse des revenus. La conjoncture mondiale conditionne donc,
stricto census, le volume de biens demandés par
l'extérieur.
Quant au TCER, il est certes un indicateur de
compétitivité prix, mais il permet surtout aux partenaires
commerciaux d'effectuer des arbitrages sur les régions du monde dans
lesquels ils peuvent acheter des produits à des coûts
inférieurs à ceux pratiqués chez eux ou tout simplement
chez les pays qui présentent les coûts les plus avantageux. Le
TCER conditionne ainsi le choix du pays comme partenaire à l'importation
du RDM moyennant le niveau des prix relatifs combiné au taux de change
nominal.
Vu sous cet aspect, le TCER ainsi que le PIB du RDM traduisent
in fine le degré de sollicitation des produits d'un pays et
donc leur demande en volume. Or, la valeur au sens de son calcul
arithmétique n'est pas que fonction du volume mais elle dépend
aussi des prix pratiqués par le pays domestique. C'est la raison pour
laquelle, comme variable explicative supplémentaire des importations, il
sera pris en compte les prix effectifs des produits exportés. Ces prix
seront notés P.
La constante
Par observation de ses pays de vente, le Cameroun a depuis
plus de 20 ans les mêmes pays clients. Il s'agit de la France, des
Pays-bas, de l'Espagne, de l'Italie et dans une certaine mesure les Etats-Unis,
la Belgique et le Gabon. Ces pays sont donc les clients traditionnels du
Cameroun à travers les habitudes, les préférences,
certains accords préférentiels comme ceux de la banane
camerounaise conclus avec l'Union Européenne ; des accords de
quotas, etc. Cela fait que ces pays importent toujours les produits du Cameroun
quelle que soit l'évolution du TCER ou de leur PIB surtout que ce
dernier n'est pas forcément corrélé aux importations
faites à partir d'un pays donné comme le Cameroun 16(*). Il existerait donc une partie
des exportations indépendantes des variables explicatives citées
plus haut. Ce fait sera traduit dans notre modèle par l'introduction
d'une constante C.
L'équation des exportations
Soit P les prix effectifs et C la constante. Alors, en
première analyse17(*), l'équation des exportations donne :
X = X(Y', TCER, P) = x1 * Y' + x2
* TCER + x3 * P + C
Où x3 est l'indicateur
d'élasticité des exportations par rapport aux prix. Si les prix
abordés de cette manière sont significatifs selon les
résultats du modèle, l'on devrait s'attendre à ce que
x3>0 car l'appréciation des prix
à l'exportation est susceptible de rehausser la valeur de ces
dernières.
Ajustements liés aux importations :
ajout de la variable « prix effectifs des
importations »
Pour les mêmes raisons que celles des exportations et
avec le même principe de calcul, il sera introduit une nouvelle variable
explicative des importations appelée prix effectifs des importations
notés Pm.
En première analyse, l'équation des importations
donne :
M = M(Y, TCER) = m1*Y + m2
*TCER + m3*Pm
Les
indicateurs d'élasticité m1 et
m2 devraient être de signe positif pour des raisons
déjà évoquées dans le modèle de Mundell
Fleming. Quant à m3, on s'attend à ce que son
signe soit positif ; en effet, plus les produits d'importation sont
onéreux, plus la valeur (et non en quantité) de ces importations
sont susceptibles de s'accroître.
III.3 Déduction
de la balance commerciale
La balance commerciale devrait donner :
X - M = x1*Y' + x2 * TCER + x3 *
P + C - m1 * Y - m2 * TCER-
m3*Pm.
D'où :
X - M = (x2 - m2) TCER +
( x1*Y' - m1*Y) + x3*P -
m3*Pm +
C.
III.4 Quelques
précisions
Il est à noter que le modèle
économétrique pourra être révélateur du fait
que certaines variables, pourtant citées dans le modèle de
Mundell-Fleming ajusté, ne soient pas significatives dans le cas du
Cameroun. Si tel est le cas, lesdites variables seront supprimées de
l'équation du modèle pour ne considérer que les variables
explicatives significatives. Ces éventuelles suppressions se feront
donc après obtention des résultats du modèle tels que
donnés par le logiciel Eviews.
IV - Dispositions pratiques et
obtention des résultats du modèle
IV.1 Dispositions
pratiques
Elles concernent les variables effectivement choisies pour
représenter celles du modèle de base ajusté. En effet,
certaines variables peuvent, soit avoir plusieurs interprétations selon
les cas, soit alors être collectées de façon
irrégulière ou même être quasi inexistantes. Il sera
question d'opérer des choix pour trouver leurs représentants.
Les variables d'exportations
Ø Le niveau d'activité du reste du
monde : il sera pris comme le PIB global des 10 premiers partenaires
commerciaux du Cameroun année par année. En effet, ces derniers
constituent à quelques exceptions près plus de 80% de la valeur
des exportations depuis 1984 (cf. annexe, tableau 1).
Ø Les prix effectifs annuels : ce sera la
somme des prix effectifs annuels des principaux produits d'exportation18(*) du Cameroun, chaque prix
étant affecté du poids que sa valeur annuelle représente
par rapport à la valeur globale des exportations (cf. annexe, tableau
2). Il est à noter que les prix élémentaires de chaque
produit sont calculés en faisant le rapport de la valeur annuelle des
exportations de chaque produit et des quantités exportées.
Ø Les TCER : c'est ceux donnés par
l' « International Financial Statistics Yearbook » du
FMI (cf. annexe tableau 3).
Les variables d'importations
Ø Le niveau d'activité domestique :
c'est le PIB du Cameroun année par année (cf.
annexe, tableau).
Ø Le TCER : il est sus mentionné
car c'est le même que celui pris pour les exportations.
Ø Les prix effectifs des importations :
ce sera la somme des prix étrangers annuels des principaux produits
d'importations du Cameroun, chaque prix étant affecté du poids
que sa valeur annuelle représente par rapport à la valeur globale
des importations. Comme pour les exportations, les prix
élémentaires de chaque produit sont calculés en faisant le
rapport de la valeur annuelle des importations de chaque produit et des
quantités importées.
IV.2 Obtention des
résultats du modèle économétrique
Les résultats du modèle
économétrique seront présentés tant pour les
exportations que pour les importations. Ces derniers sont donnés par
Eviews dans lequel seront introduites les valeurs des variables explicatives
contenues dans la plupart des tableaux en annexe.
NB : Pour réduire la volatilité
entre les valeurs des différentes variables et les écarts
d'échelles entre celles-ci19(*), les valeurs des variables qui seront prises en
compte seront sous leurs formes logarithmiques.
IV.2.1 Le modèle des
exportations
IV.2.1.1 Les premiers résultats du modèle
des exportations
Ce sont les résultats issus du modèle qui prend
en considération toutes les variables indiquées dans le
modèle de base ajusté. Notons déjà que pour la
rubrique « variable » :
- C est la constante d'exportation ;
- PIBRDM est le PIB des principaux partenaires commerciaux du
Cameroun ;
- P représente les cours pondérés et
effectifs de l'ensemble des produits de vente du Cameroun pour chaque
année.
- TCER est le taux de change effectif réel par an.
Le tableau ci-après illustre lesdits résultats
tels que donnés par le logiciel Eviews.
Tableau 2 : Les premiers résultats du
modèle des exportations.
Variables
|
Coefficients
|
Prob.
|
C
|
30. 4038
|
0.0000
|
LOG(PIBRDM)
|
0.0065
|
0.8988
|
LOG(P)
|
0.2516
|
0.0477
|
LOG(TCER)
|
-1.119
|
0.0035
|
R2
|
0.7873
|
Durbin-Watson stat
|
0.5181
|
Source : d'après nos
calculs
Appréciation du
modèle
- Le R2 : c'est le coefficient de
détermination. Il permet de voir si l'association entre les variables
explicatives et la variable expliquée est bonne. Aussi un R2
faible (moins de 0,2 selon l'INSEE) laisse penser que certaines variables
explicatives n'ont pas été prises en compte par le modèle.
En définitive, plus R2 est proche de 1, plus l'association
est parfaite entre les variables exogènes et endogène et plus les
variables explicatives choisies tendent à suffire pour rendre compte de
l'évolution de la variable expliquée.
Dans le modèle, R2 = 0.7873 qui
est relativement proche de 1. L'association et l'information
apportée par les variables explicatives sont donc bonnes.
- Le Durbin-Watson Stat : c'est la statistique de
Durbin Watson. Elle rend compte de l'auto-corellation des erreurs. En effet,
pour un modèle donné, la statistique de Durbin Watson a deux
valeurs lues sur une table : une borne supérieure et une borne
inférieure. Ces dernières tiennent compte du nombre
d'observations (les années) et du nombre de variables explicatives. Si
la statistique obtenue est plus élevée que la borne
supérieure, alors les erreurs ne sont pas autocorellées. Or,
jusqu'au niveau où le nombre de variables explicatives est
inférieur ou égal à 4, la borne supérieure est
inférieure à 2. A ce niveau donc, les erreurs ne sont pas
autocorellées si la statistique est supérieure ou égale
à 2. Si la statistique est moins élevée que la borne
inférieure, alors les résultats du modèle auraient
quelques biais.
Dans le modèle, Durbin-Watson Stat = 0.5181.
La borne supérieure est égale à 1,68>0.5181.
Les erreurs sont autocorellées.
- Prob : c'est la significativité des
variables explicatives. Il s'agit de voir si une variable prise comme
exogène est effectivement lié à la variable
expliquée. Pour le cas présent, le seuil de
significativité est fixée à 5% dans le logiciel
c'est-à-dire une variable est significative si Prob<0,05.
On se rend compte que toutes les variables sont
significatives à l'exception du niveau
d'activité du RDM désigné par PIBRDM. La
constante est aussi significative.
- Les coefficients : ce sont les
coefficients qui sont affectés à chaque variable explicative dans
l'équation du modèle.
IV.2.1.2. Le modèle des exportations retenu
Les changements par rapport au premier
modèle
Le principal changement est la suppression de la variable
PIBRDM. Cette dernière n'est pas significative pour des raisons
déjà évoquées.
Les résultats du modèle
économétrique final
Tableau 3: Les données du modèle final
des exportations.
Variables
|
Coefficients
|
Prob.
|
C
|
3029
|
0.0000
|
LOG(P)
|
0.2546
|
0.0325
|
LOG(TCER)
|
-1.1357
|
0.0016
|
R2
|
0.8171
|
Durbin-Watson stat
|
2.0742
|
Source : d'après
nos calculs
- R2 est de 81,71%. Ainsi, l'association
entre les variables explicatives et expliquées est satisfaisante. Elle
s'est améliorée par rapport au résultat
précédent qui tenait en compte le PIB des pays partenaires.
- Durbin Watson stat = 2,0742>2 et il n'existe que
deux variables exogènes. D'où les erreurs ne sont pas
autocorellées.
- Prob : Pour toutes les variables,
Prob<0,05. Le TCER et les cours moyens pondérés sont tous
deux significatifs.
- Le signe des coefficients :
· Le TCER : le signe du coefficient du TCER est
négatif. Ce qui correspond aux attentes sus mentionnées20(*) qui présentent les
exportations comme une fonction décroissante du TCER.
· Les prix annuels aux exportations (P) :
P a aussi un signe positif comme attendu.
IV.2.1.3. L'équation du modèle des
exportations
Avec les coefficients, l'équation du modèle
est :
X = 0,2546* L0G(P) -1,1357 * LOG(TCER) + 30,6917
IV.2.2 Les
importations
IV.2.2.1 Les premiers résultats du modèle
des importations
Ils sont donnés par le logiciel et
récapitulés ainsi qu'il suit :
Tableau 4: Les résultats du modèle des
importations.
Variables
|
Coefficients
|
Prob.
|
LOG(PIB)
|
0.132662
|
0.0000
|
LOG(TCER)
|
1.17E+09
|
0.0172
|
LOG(Pm)
|
-0,0338
|
0,8604
|
R2
|
0.7240
|
Durbin-Watson stat
|
0.8686
|
Source :
d'après nos calculs
Appréciation du modèle des
importations
- R2 : il est de plus de
72%. L'association entre la variable explicative et la variable
expliquée est satisfaisante. De plus, le TCER et le PIB domestique
contribuent à hauteur de plus de 72% à l'explication des
importations.
- Prob. : le seuil étant de 5%,
Prob est inférieur à 0,05 pour toutes les variables
exogènes à l'exception des prix des importations
(Pm). Ces derniers seront donc supprimés du
modèle définif des importations.
- Le Durbin Watson stat = 0,8686. Dans ce
cas, la borne supérieure est de 1,68. Les erreurs sont
autocorellées.
- Les coefficients des variables explicatives ont des
signes conformes aux attentes (Cf. Modèle de Mundell Fleming pages 31
à 32). Les signes sont tous positifs pour traduire que les importations
sont une fonction croissante du TCER et du PIB interne.
IV.2.2.2 Le modèle des importations retenu
Les changements par rapport au premier
modèle des importations
Le principal changement est la suppression de la variable
Pm. Cette dernière n'est pas significative.
Les résultats du modèle des
importations final
Tableau 5: Résultats du modèle des
importations final.
Variables
|
Coefficients
|
Prob.
|
LOG(PIB)
|
0.8764
|
0.0000
|
LOG(TCER)
|
0.3736
|
0.0094
|
R2
|
0.7234
|
Durbin-Watson stat
|
0.8550
|
Source :
d'après nos calculs
- R2 : il est toujours de plus de 72%
traduisant la bonne association entre la variable explicative et la variable
expliquée est satisfaisante et fait que le TCER et le PIB domestique
contribuent à hauteur de plus de 72% à l'explication des
importations.
- Prob. : toutes les variables prises en compte
ont un Prob. inférieur au seuil de 5% . Elles sont toutes
significatives.
- Le Durbin Watson stat = 0,8550. Dans ce
cas, la borne supérieure est de 1,53. La statistique de Durbin
Watson biaise quelque peu les résultats.
- Les signes des coefficients des variables explicatives
restent ceux attendus théoriquement.(Cf. Modèle de Mundell
Fleming pages 31 à 32).
IV.2.2.3 L'équation du modèle des
importations
Moyennant les coefficients, l'équation des importations
est donnée par :
M = 0.8764 *LOG( PIB) + 0.3747 * LOG(TCER)
IV.2.3 Le modèle
économétrique de la balance commerciale du Cameroun
IV.2.3.1 Ecriture du modèle
En notant B la balance commerciale, on a :
B = X - M
= (-1,1357-0.3747) *LOG(TCER) + 0,2546 *LOG( P) -0.8764 *
LOG(PIB) +30,6917
B = (-1.5104).LOG (TCER) + 0,2546 *LOG(P) - 0.8764 * LOG(PIB) +
30,6917
IV.2.3.2 Interprétation des résultats du
modèle et poids du TCER dans la variabilité du solde
commercial :
Ø Le TCER : la balance commerciale est en
corrélation négative avec le TCER. Elle en est une fonction
décroissante. Ainsi, toute chose étant égale par ailleurs,
lorsque le TCER augmente de 10%, la balance
commerciale varie environ de -15,10%. S'il se
déprécie du même pourcentage, le solde commercial est
susceptible de s'améliorer de 15,10%.
Ø Les cours effectifs des produits camerounais
sur les marchés internationaux : la balance commerciale est une
fonction croissante de (P). Selon l'équation du modèle,
lorsque les prix varient de 10%, la balance
commerciale varie de 2,54% dans le même
sens.
Ø Le PIB domestique : il est en
corrélation négative avec la balance commerciale. Lorsqu'il
augmente de 10%, il faudrait s'attendre à ce
que la balance commerciale diminue d'environ
8,76%.
Le signe est négatif ici car le PIB domestique stimule
les importations. En effet, l'augmentation du PIB traduit l'accroissement du
revenu national qui peut à son tour accroître la demande interne.
Cette dernière, pour être satisfaite, nécessite que les
entreprises locales, très dépendantes techniquement et
technologiquement de l'extérieur importent des inputs et/ou des
équipements supplémentaires. Il faudrait aussi mentionner la non
existence des substituts à l'importation (les produits manufacturiers
comme certains produits pharmaceutiques, les appareils électriques et
mécaniques, etc.) qui fait que les agents économiques soient
contraints d'adresser leur demande à l'extérieur.
« L'effet imitation qui affecte la consommation des détenteurs
de hauts revenus »21(*) doit aussi être pris en compte. Ceux-ci, avec
les facilités qu'apporte la libre convertibilité du Franc CFA,
ont souvent une consommation tournée vers les produits extérieurs
(réputés de meilleure qualité) au détriment des
produits locaux.
Ø La constante : elle est positive et
vaut 30,69 dans l'équation logarithmique.
En conclusion, pour le Cameroun, de toutes les variables
explicatives, c'est la variabilité du TCER qui conditionne le plus la
variabilité de la balance commerciale. Mais cela reste une conclusion
générale de longue période qui ne tient pas en compte les
spécificités de chaque année. Il reste donc à
savoir comment les variations du TCER ont affecté la balance commerciale
suite à l'avènement de l'arrimage du CFA à l'Euro.
CHAPITRE IV : LA
BALANCE COMMERCIALE ET L'ANCRAGE DU FRANC CFA A L'EURO
Ce chapitre permet de passer en revue tous les aspects de la
question concernant les conséquences de l'arrimage sur le solde
commercial.
Plus précisément, la méthode
d'étude sera le plus souvent comparative en ce sens qu'elle permettra
de déceler les différences observées entre les
périodes antérieure et ultérieure à l'arrimage.
Pour chaque changement ainsi observé, nous essayerons de voir dans
quelle mesure ces derniers peuvent être liés à
l'avènement de l'arrimage du franc CFA à l'Euro. Un autre aspect
de nos analyses consistera à ne pas comparer uniquement les deux
périodes mais aussi à expliquer les évolutions des
variables prises en compte dans les années après arrimage sans
toutefois se référer aux années antérieures.
Toutes les informations et données relatives aux
différents taux de change nominaux seront issues de la Banque de France
ou du World Statistics Indicator de la Banque mondiale (parution de
2003).
Aussi, tous les schémas et graphiques sont
réalisés par l'auteur sur la base des données issues des
deux sources précédentes, des Annuaires Statistiques du Cameroun
éditions 2000 et 2004.
I.
COMPÉTITIVITÉ DU CAMEROUN ET ARRIMAGE DU FRANC CFA À
L'EURO
La compétitivité est analysée en terme
d'évolution du TCER et de gain ou de perte des parts de
marchés.
I.1
Compétitivité et évolution du TCER
Comme déjà mentionné, le TCER est un
indicateur de compétitivité ; il permet aux pays partenaires
d'effectuer des comparaisons entre les coûts pratiqués dans un
pays A et ceux appliqués dans des pays tiers qui
commercialisent la (ou les) même (s) denrée (s) que A.
On comprend que dans le cadre général, plus il s'accroît,
plus les exportations peuvent diminuer et plus le pays perd en
compétitivité. Cela a aussi été
démontré pour le Cameroun.22(*)
Il est donc intéressant de nous rendre compte de
l'évolution du TCER entre les périodes antérieure et
ultérieure à l'arrimage.
I.1.1 Analyse de
l'évolution du TCER
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun71.png)
Graphique 12: Variations annuelles du TCER (base
100=1995)
Le graphique ci-contre est une illustration de la variation annuelle du TCER
avant et après l'ancrage du Franc CFA à l'Euro. Il illustre le
fait que le Cameroun connaissait déjà une perte de
compétitivité avant l'ancrage du Franc CFA à l'Euro car
sur les quatre années précédant 1999, il n'y a que 1997
qui a connu un regain de compétitivité traduit par une
appréciation du TCER. Pour les quatre années antérieures
à l'arrimage, la croissance du TCER s'est faite avec un taux de
croissance de 3,8% en moyenne annuelle.
Source : Banque de France.
Pendant les quatre années qui ont suivi l'arrimage,
à l'exception notable de l'année 2000 où le TCER a
baissé de plus de 11%, le Cameroun continue de perdre en
compétitivité de façon régulière. C'est
cette dernière qui maintient la croissance moyenne de la période
à un taux de - 0,64% faisant penser qu'il y a eu un regain de
compétitivité globale sur les quatre années ayant suivi
l'arrimage par rapport aux quatre années l'ayant
précédé.
Le TCER étant une variable qui ne dépend pas
seulement du taux de change, quelle est donc la proportion de la hausse du TCER
à attribuer au TCEN et donc à l'arrimage du Franc CFA à
l'Euro ?
I.1.2 Ancrage du Franc CFA
à l'Euro et appréciation du TCER
L'indicateur qui lie le TCER à la monnaie est le TCEN.
C'est surtout ce dernier qui traduit les variations de la monnaie sur le TCER.
Ainsi, avant de lier la hausse du TCER au phénomène d'arrimage du
Franc CFA à l'Euro, il faudrait avoir l'évolution du TCEN du
Franc CFA par rapport à une devise étrangère autre que
l'Euro.
Graphique 13 : Evolution du taux de change au certain
du Franc CFA par rapport au USD.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun72.png)
Le taux de change du Franc CFA par rapport au Dollar
américain avait tendance à croître avant l'année de
l'arrimage (1999). Cette hausse commence à ralentir entre 2000 et 2001.
A partir de cette dernière année, le taux de change à
l'incertain entre le
Source :
d'après nos calculs
Dollar et le Franc CFA commence à baisser, faisant
ainsi apprécier le Franc CFA par rapport au Dollar. Cette
appréciation est induite par celle de l'Euro par rapport au Dollar.
Le TCER combinant en même temps le taux de change
nominal et les prix relatifs, il serait bon de savoir si l'appréciation
du taux de change nominal du Franc CFA par rapport au Dollar a
entraîné celle du TCER. En d'autre terme, vérifions si
l'appréciation observée du TCER du Franc CFA pendant les
années ultérieures à l'ancrage est lié à
l'avènement de l'Euro.
P
Pour cela observons les évolutions comparatives du TCEN
et du TCER en variations annuelles.
Graphique 14 : Evolutions comparées du TCER et
du TCEN
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun73.png)
En première analyse, il ressort que le TCER du Cameroun
est globalement en corrélation positive avec le taux de change nominal
de 1995 à 2002.
Source : World Statistics Indicators, 2003
Pour rendre cette étude plus approfondie,
établissons les degrés de liaison entre le TCER et le TCEN pour
les périodes avant et après arrimage. Les deux indicateurs qui
seront utilisés sont des indicateurs statistiques de liaison. Il
s'agit :
- du coefficient de corrélation pour juger du
degré de liaison entre le TCER et le TCEN ;
- et du coefficient de détermination qui
rendra compte de la part de la variabilité du TCER à imputer au
TCEN.
A cet effet, considérons le tableau suivant qui donne
les variations annuelles du taux de change au certain du Dollar par rapport au
Franc CFA et celles du TCER :
Tableau 6 : Evolutions comparées des
variations annuelles du TCER et du TCN
Années
|
Variations du TCER
|
Variations du TCEN
|
1995
|
0,134
|
0,101
|
1996
|
0,015
|
-0,025
|
1997
|
-0,047
|
-0,141
|
1998
|
0,051
|
-0,011
|
1999
|
0,043
|
-0,044
|
2000
|
-0,116
|
-0,156
|
2001
|
0,031
|
-0,030
|
2002
|
0,016
|
0,049
|
Source :
d'après nos calculs
Dans le tableau précédent, la période
avant arrimage présente deux années pendant lesquelles le TCER et
le TCN évoluent en sens contraires. Il s'agit de 1996 et 1998. Il en est
de même pour l'après arrimage où les deux taux
évoluent inversement en 1999 et 2002.
Pour tirer les conclusions relatives aux liaisons entre les
deux taux au cours des deux périodes, une étude plus approfondie
mérite d'être faite.
Le tableau suivant, élaborée sur la base du
précédent permet de déduire les résultats
ci-après :
Tableau 7: Caractéristiques de liaison du TCER
et du TCN
Périodes
|
Coefficients de corrélation
|
Coefficients de détermination
|
Avant l'arrimage
|
0,973
|
0,986
|
Après l'arrimage
|
0,635
|
0,797
|
Source : d'après nos calculs
Commentaires
Ø Avant l'arrimage, les caractéristiques de
liaison sont plus significatives qu'après. Ainsi, avant 1999, il existe
une liaison plus forte entre le TCER et le TCEN car le coefficient de
corrélation est de plus de 97%.
Aussi, les variations du TCN expliquent celles du TCER
à près de 99% car le coefficient de détermination est de
98,6%.
Ø Après l'arrimage, la liaison entre le TCN et
le TCER, bien que restant élevée, s'atténue. Elle chute de
97,3% à 63,5%.
Enfin, les variations du TCN expliquent encore de façon
importante celles du TCER. C'est ainsi que nous pouvons affirmer que
l'appréciation régulière que connaît le TCER du
Cameroun après l'arrimage du Franc CFA à l'Euro est
expliquée à près de 80% par les variations du TCN qui sont
une conséquence de l'ancrage du Franc CFA à l'Euro.
La perte globale de compétitivité
observée depuis 1999 est à mettre en grande partie au compte de
l'appréciation du TCN du FCFA via celui de l'Euro par rapport au Dollar.
Nous pouvons par extension conclure que l'ancrage du Franc CFA à l'Euro
aurait renforcé la perte de compétitivité que le Cameroun
connaissait déjà avant l'ancrage.
Cependant, la compétitivité s'observe ex
post à travers la perte, le maintien ou le gain des parts de
marché. Pour que le TCER ait une influence sur l'évolution des
parts de marché, il faut que certaines conditions soient
respectées notamment celles des élasticités de Johan
Robinson. Faisons donc une autre étude approfondie qui nous permettra
non seulement de savoir si l'appréciation du TCER après l'ancrage
a eu un impact substantiel sur les parts de marché mais aussi si ces
dernières ont cru, stagné ou diminué.
I.2 Le TCER et les
élasticités critiques à l'exportation
Il sera calculé les élasticités des
demandes d'exportation par rapport aux prix dans le cas du Cameroun. Cela se
fera afin de voir le degré de sensibilité des variations de la
demande d'exportation par rapport au TCER.
Selon le théorème de Johan Robinson,
l'élasticité critique de la demande d'exportation, notée
Ex est calculée ainsi qu'il suit :
Ex = 23(*) avec e =
taux de change à l'incertain de la monnaie nationale ;
de = variation de e pour la période
donnée ;
X = exportations en monnaie nationale ;
dX = variation de X pour la période
d'étude.
Les calculs seront effectués pour les années
après arrimage uniquement.
Tableau 8: Elasticités critiques à
l'exportation
Années
|
e/de
|
dX/X
|
Ex
|
1999
|
23,913100
|
-0,000340
|
-0,008129
|
2000
|
7,395071
|
0,244835
|
1,810571
|
2001
|
34,803457
|
-0,018020
|
-0,627162
|
2002
|
-19,333768
|
-0,023176
|
0,448073
|
2003
|
-4,935384
|
0,049563
|
-0,244613
|
Source : d'après
nos calculs
C'est l'année 2000 qui s'est le plus
caractérisée par une élasticité relativement forte
de la demande d'exportation aux prix. Pour les autres années, la demande
d'exportation se révèle être peu élastique aux
prix.
I.3 Arrimage du FCFA
à l'Euro et Parts de marché
L'examen portera sur l'évolution des parts de
marchés internationaux avant et après l'ancrage du Franc CFA
à l'Euro.
L'analyse des variations des parts de marché peut poser
certaines difficultés d'ordre pratique. L'une d'elle étant
d'effectuer les différentes observations soit en quantité de
produits vendus, soit en fonction de la valeur des ventes. L'étude
s'effectuera en volume car une étude en valeur peut masquer le recul ou
une stagnation de la demande réelle dans les périodes
d'inflation. De plus avec les valeurs, les analyses seront aussi
biaisées par les cours mondiaux souvent très instables24(*). Aussi, c'est l'accroissement
des quantités demandées qui témoigne véritablement
de l'appréciation des produits locaux que ce soit en terme de prix ou en
terme de qualité
Graphique 15: Variations annuelles des
exportations en volume.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun75.png)
Avant
l'ancrage de 1999, les produits camerounais gagnaient des parts de
marchés sans cesse croissantes. Cela s'est traduit par une croissance en
moyenne annuelle de 9,78% de 1994 en 1998. De 1999 à 2003, trois
années se sont caractérisées par une baisse des
exportations en volume dont 1999, 2001 et 2002. Cela a fait chuté la
croissance des parts de marché à 0,44% en moyenne annuelle.
Source : d'après nos calculs
Les années post arrimage se sont donc
caractérisées, pour la plupart, par une chute des ventes en
volume traduisant ainsi des pertes des parts de marchés internationaux.
Bien que ces pertes se soient produites après l'arrimage, il serait
superficiel de les expliquer, de prime abord, par l'appréciation du TCER
qui a globalement caractérisé les années qui ont suivi. Un
examen année par année s'impose pour attribuer ou non la baisse
de compétitivité au taux de change et donc à l'ancrage.
Mais avant cette étude annuelle, notons que les
données chiffrées ainsi que les informations qui seront
utilisées pour permettre de comprendre les causes ayant abouti à
la baisse des exportations en volume pour une année spécifique
sont issues, sauf indication contraire, des « Annuaires Statistiques
du Cameroun », éditions 2000 et 2004.
- L'année 1999 : la
baisse des exportations en volume a surtout été marquée
par celle de trois des principaux produits à savoir le caoutchouc brut,
les bois et ouvrages en bois et l'huile de palme brute et raffinée. Les
deux premiers ont fortement contribué à tirer les exportations en
volume vers le bas avec une chute de près de 365000 tonnes entre 1998 et
1999. Par ailleurs, ils ont connu une baisse de la production nationale entre
1998 et 1999. Quant à l'huile de palme ses exportations en volume ont
baissé alors que la production nationale a évolué.
Mais, la plus grande part de la baisse étant
expliquée par la chute des exportations du caoutchouc et des bois et
ouvrages en bois, nous pouvons conclure a priori que la baisse des parts de
marché en 1999 a globalement résulté d'une baisse de la
production de certains produits. L'incidence de la perte de
compétitivité que devait induire l'appréciation du TCER a
eu une influence plus amoindrie car en 1999, la demande d'exportation
était très peu élastique aux variations du taux de
change25(*).
- L'année 2001 : la
baisse globale des exportations a principalement résulté de celle
de l'huile brute de pétrole, du bois brut et du café
respectivement de près de 400 000 tonnes, 200 000 tonnes et
18000 tonnes. Les deux premiers produits ont connu une chute de la production
en 2000 du fait du tarissement progressif des puits de pétrole
camerounais et de la volonté de l'Etat de promouvoir la transformation
locale du bois. La production du café a aussi chuté au cours de
la même période.
Au vu du poids de ces trois produits dans la baisse des
exportations en volume, la perte des parts de marché peut être
attribuée à la chute de la production interne en 2001 et non
à l'appréciation du TCER induite par l'ancrage du Franc CFA
à l'Euro. Cela est d'autant plus plausible car en 2001,
l'élasticité de la demande d'exportation au taux de change
à l'incertain est négative. Elle est par conséquent
positive au taux de change au certain (le taux de change au certain est
l'inverse du taux de change à l'incertain. Les deux évoluent
donc en sens contraire) à base duquel est élaboré le TCER
utilisé ici. Cela traduit donc que les exportations et le TCER
évoluent dans le même sens. Or durant cette période, le
TCER a augmenté et si l'ancrage avait eu un impact considérable
sur la demande d'exportation, cette dernière aurait diminué au
lieu d'augmenter.
- L'année
2002 : les parts de marché ont chuté
principalement suite à la baisse des exportations de l'aluminium
(près de 20000 tonnes), de la banane fraîche (près de 20000
tonnes) et des bois et ouvrages en bois (de près de plus de 100000
m3). Tous ces produits, à l'exception de la banane
fraîche, se sont caractérisés par un ralentissement de la
production nationale au cours de la même période. Ce
ralentissement s'explique par les mêmes raisons que celles
évoquées en 2001 pour les bois et ouvrages en bois. Quant
à l'aluminium, sa baisse est due aux perturbations que la crise
d'approvisionnement en énergie électrique que le Cameroun a connu
à partir de 2002.
Le bois scié et l'aluminium étant les deux
principaux produits qui ont tiré les exportations en volume vers le bas,
nous pouvons conclure une fois de plus c'est la baisse de la production
nationale du Cameroun pour certains produits qui a été à
l'origine des pertes des parts de marché. La raison n'était pas
en grande partie liée à l'avènement de l'Euro via
l'ancrage du CFA car, l'élasticité de la demande d'exportation
par rapport au taux de change n'est que de l'ordre de 0,44.
Cependant, deux années se sont
caractérisées par des gains de parts de marché. Il s'agit
de 2000 et 2003.
- L'année 2000 : la
chute des exportations en volume a été enregistrée pour
l'huile brute de pétrole, les bois et ouvrages en bois et le cacao en
fève de près de 600 000 tonnes, 100 000 tonnes et
30 000 tonnes respectivement.
Mais, ces chutes n'ont pas suffi à faire baisser de
façon globale les parts de marché du Cameroun. En effet, il y a
eu une montée substantielle des exportations en volume des carburants et
lubrifiants de près de 530000 tonnes, des huiles de palme brutes et
raffinées de près de 6000 tonnes, etc. Aussi, la
compétitivité par le TCER devrait être prise en compte car
en 2000, l'élasticité de la demande d'exportation par rapport au
taux de change est positive et assez forte. Ainsi, elle est négative au
taux de change au certain et dans notre cas, puisque ce dernier a
baissé, il fallait s'attendre à un accroissement de la demande
d'exportation. Ainsi, avec la baisse du TCER de 11,6%, 2000 est une
année où le regain de compétitivité peut aussi
être lié au TCN et donc à l'ancrage du Franc CFA à
l'Euro.
- L'année 2003 : les
exportations en volume se sont accrues de près de 5% à la faveur
de la hausse des exportations en volume de près de 750 000 tonnes
pour les bananes fraîches,, plus de 200 000 tonnes pour les
carburants et lubrifiants et autour de 11 000 tonnes pour l'aluminium
brut.
Le TCER, pourtant à la hausse, n'a pas eu d'impact
significatif sur la compétitivité d'autant plus que
l'élasticité indique que pendant cette année, le TCER au
certain et la demande d'exportation ont évolué dans le même
sens. Cela aurait été le contraire si l'arrimage avait
conditionné l'évolution de la demande d'exportation.
Mais, l'évolution des exportations ne conditionnant pas
à elle seule celle de la balance commerciale, il est tout aussi
important de nous attarder sur une étude des importations liée au
phénomène d'arrimage.
II. ARRIMAGE DU FRANC CFA ET
DEMANDE À L'IMPORTATION
Le phénomène d'arrimage peut avoir au moins deux
conséquences principales sur les importations :
- Pour les valeurs : il peut les rendre plus ou moins
coûteuses. En effet, si la monnaie véhiculaire s'apprécie,
cela est susceptible de baisser la valeur des importations car il y aura un
renchérissement de la monnaie nationale en monnaie
étrangère. En revanche, une dépréciation de la
monnaie nationale par rapport à celle des pays fournisseurs peut
entraîner une hausse en devise nationale des produits d'importation.
- Pour les volumes : ils peuvent augmenter ou diminuer
car si la monnaie véhiculaire se déprécie, les prix des
importations peuvent augmenter au point de faire baisser les quantités
demandées. Mais, si elle s'apprécie, les prix des produits en
monnaie nationale peuvent chuter et faire augmenter la demande surtout si
celle-ci est élastique au prix.
II.1 Arrimage et
importations en valeur
Graphique 16: Evolutions de la variation des
importations en quantité et en valeur
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun76.png)
L
L Le graphique montre que la quantité et la valeur des
importations n'évoluent pas dans le même sens. Cela ne peut
s'expliquer que par les fluctuations de prix qui dépendent de
l'évolution des taux de change et des prix réels pratiqués
dans les pays fournisseurs.
Source : d'après nos calculs
On peut avoir un élément de réponse sur
ce qui a été à l'origine de la variation des prix en
considérant l'évolution du TCER relativement aux importations en
valeur telle que montrée par le graphique 17. Ce dernier,
combiné au précédent nous fait aboutir aux conclusions
annuelles suivantes :
Graphique 17: Evolutions comparées des
variations du TCER et des importations.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun77.png)
- En 1999, le TCER et les
importations ont évolué en sens contraires. Ainsi, la chute des
importations en valeur relativement aux quantités peut s'expliquer par
une appréciation du TCER ne serait ce que partiellement. En effet, la
hausse du taux de change par rapport aux devises des pays fournisseurs
entraîne un renchérissement de la monnaie nationale en monnaie
Source : d'après nos calculs
étrangère. Ce renchérissement aurait
provoqué la baisse des prix en Franc CFA des produits
importés.
- En 2000, les importations en
volume et en valeur ont toutes deux crues mais avec un taux plus
élevé pour les importations en valeur. Ainsi donc, la baisse du
TCER n'a pas suffit à faire baisser les importations malgré la
hausse des prix en CFA qu'elle a induite chez les pays vis-à-vis
desquels l'Euro s'est déprécié.
- En 2001, les quantités et
les valeurs ont subi une augmentation qui, comme en 2000, était plus
accentuée pour les valeurs que pour les quantités. Au cours de
cette année, la hausse du TCER devait entraîner une baisse du
prix des exportations en Franc CFA. Mais la hausse des quantités de
près de 25% n'a pu être absorbé par la baisse des prix qu'a
provoqué l'appréciation du TCER.
- En 2002, les importations en
quantité et en valeur ont toutes deux chutées. Le TCER qui s'est
apprécié a certainement contribué à baisser les
prix en Franc CFA des importations. C'est cela, combiné à la
chute des volumes, qui accentué la chute des importations en valeur.
Pour mieux appréhender les conséquences de ces
variations du TCER sur les importations, étudions deux cas pratiques
qui seront la mise en évidence du phénomène prix sus
évoqué des fluctuations du Franc CFA induites par celles de
l'Euro.
II.2 Mise en
évidence des conséquences de l'arrimage du Franc CFA sur les prix
à l'importation : le cas du Nigeria
Graphique 18: Evolution du taux de change de l'Euro
par rapport au Dollar
L La valeur de l'Euro a toujours été proche de celle du
Dollar, la différence n'ayant
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun78.png)
jamais dépassé 20 centimes quand la valeur de
l'Euro était en deçà de celle du Dollar entre 2000 et
2002. Cela fait de l'Euro une monnaie forte qui devrait entraîner avec
elle le Franc CFA.
Source : Banque de France
La conséquence doit être la baisse des prix des
importations faites hors zone. En effet, la force de l'Euro aboutirait au
renchérissement de la valeur du Franc CFA lors de sa conversion en
d'autres devises des pays partenaires hors zone. Si les importations sont
relativement rigides en volume, l'on devrait aboutir à leur baisse en
valeur qui contribuerait à l'appréciation du solde commercial.
La mise en évidence de ce phénomène
devrait se faire pour les principaux fournisseurs du Cameroun hors zone Euro
qui sont les Etats-Unis, le Nigeria, la Chine, Taiwan et le Japon. Mais, pour
des raisons relatives à la disponibilité des données,
seuls le cas du Nigeria sera abordé.
Notre étude se fera sur les produits que le Cameroun a
demandés avant et après l'arrimage. Il s'agit des
hydrocarbures.
Graphique 19 : Evolutions comparées des
variations des prix des produits d'importations du Cameroun en provenance du
Nigeria
Pour voir si le fort taux de change de l'Euro a
contribué à baisser les prix à l'importation du Cameroun
par rapport au Nigeria, observons le graphique suivant qui donne une
évolution comparée du taux de croissance des prix des
hydrocarbures en Naïra et en FCFA :
.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun79.png)
Si les taux de change bilatéraux entre les monnaies
étaient fixes, il n'y aurait pas de différence au niveau du taux
de croissance de prix. En effet, la variation de prix la plus prononcée
indique la dépréciation de la monnaie de
référence.
Ainsi, avant 1999, on note une baisse des prix pour les deux
années antérieures. Cette baisse s'accompagne, au vu du
graphique, par une dépréciation du Franc CFA par rapport au
Naïra.
Source : INS
En 1999 c'est-à-dire à la faveur de l'arrimage
du Franc CFA à l'Euro, la hausse des prix des hydrocarbures
exportés en direction du Cameroun par le Nigeria a été de
près de 80%. Cette importante hausse en Naïra n'a été
que de 15,25% en Franc CFA. En effet, l'introduction de l'Euro dont la valeur
en 1999 été plus élevée que celle du Dollar
américain a entraîné l'appréciation du Franc CFA par
rapport au Naïra26(*).
L'ancrage du Franc CFA à l'Euro a donc permis
d'atténuer, de façon substantielle, la hausse des prix des
importations en provenance du Nigeria en 1999 de plus de 60%27(*).
En 2000, l'Euro s'est déprécié
relativement au Naïra. Cela a renforcé la croissance des prix des
importations en Franc CFA (55%) relativement à la croissance
observé en Naïra (53%).
En 2001 et 2002, l'Euro s'est apprécié
relativement au Naïra et a induit une chute plus prononcée des prix
en Franc CFA des importations en 2001 et une hausse plus atténuée
de ces mêmes prix en 2002.
II.3 Arrimage du Franc
CFA et demande d'importations en quantité
Afin de vérifier si l'arrimage a eu un impact sur les
importations en volume, commençons par observer l'évolution des
variations des importations en quantité et celles du TCER.
Graphique 20 : Evolutions comparées des
variations des importations en volume et du TCER.
1998
1999
2000
2001
2002
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun80.png)
Source : d'après nos
calculs.
Le graphique 18 témoigne de la difficulté de
trouver un sens de variation des importations relativement au TCER car les deux
quantités varient tantôt dans le même sens, tantôt en
sens contraires.
Pour évaluer les conséquences du TCER sur les
importations en quantité, nous utiliserons les élasticités
critiques des importations. Celles-ci rendront compte du degré de
sensibilité des importations en quantités par rapport au taux de
change année par année. Nous allons calculer celles avec les
quantités qui rendent directement compte de la sensibilité des
importations en volume relativement aux taux de change. Le tableau suivant en
est une récapitulation année par année :
Tableau 9 : Elasticités de la demande
d'importation en quantité par rapport aux prix
Années
|
TCER/dTCER
|
dM/M
|
Em
|
1998
|
20,0469
|
0,0377
|
0,7568
|
1999
|
24,7498
|
0,0597
|
1,4768
|
2000
|
-8,2337
|
0,1448
|
-1,1923
|
2001
|
31,4248
|
-0,0765
|
-2,4056
|
2002
|
62,8756
|
0,0845
|
5,3099
|
Source : d'après nos
calculs.
Faisons une étude année par
année :
- L'année 1999 : le
graphique 18 montre que les importations en volume et le TCER évoluent
dans le même sens. Ils ont cru.
L'une des remarques à faire est qu'entre 1998 et 1999,
la valeur des importations a diminué alors que les quantités ont
augmenté. Les quantités importés n'ont augmenté que
pour trois types de produits : les demi-produits, les produits
énergétiques et lubrifiants, et les produits bruts d'origine
animale ou végétale. Une analyse plus détaillée des
importations du Cameroun permet de se rendre compte que ces trois
denrées commerciales ont vu leur prix au kilogramme baissé de
près de 30 FCFA pour les produits bruts d'origine animale, 21 FCFA pour
les demi-produits et 50 FCFA pour les énergies et lubrifiants.
Cette baisse des prix au Franc CFA a certainement
facilité l'augmentation des importations en quantité. Or, c'est
la hausse du TCER du Cameroun qui a contribué à la baisse des
prix des biens importés libellés en Franc CFA. On peut donc
affirmer que l'arrimage qui induit des variations du TCER a encouragé
l'accroissement des importations en volume.
La véracité de ces observations est
renforcée de façon globale par le tableau 10 qui montre que
l'élasticité de la demande d'importation en quantité par
rapport au TCER était de plus de 1,47. Elle traduit ainsi une
sensibilité relativement forte de la variation de la demande
d'importation en volume relativement à la variation du TCER. Ces
variations s'effectuent surtout de par l'arrimage du CFA à l'Euro.
- L'année 2000 : en
2000, les importations en volume ont augmenté relativement à
l'année 1999 alors que le TCER a baissé. On s'attendait
normalement à ce que les importations baissent, les prix en Franc CFA
ayant connu une hausse par rapport à ceux libellés en devises des
pays fournisseurs. Une étude approfondie des importations fait remarquer
que sur les dix types de produits qu'importe le Cameroun, six ont vu leurs
importations en volume augmentées tandis que quatre ont connu une
baisse. Les prix ne sont pas toujours en corrélation négative
avec les quantités car pour le type de produits matériel de
transport par exemple, on note une augmentation des quantités
malgré la hausse des prix qui sont passés de 1593 FCFA pour 1999
à plus de 2045FCFA. Cela est dû à la forte
dépendance du secteur transport vis-à-vis de l'extérieur
qui fournit la plupart des matériaux de cette branche. Aussi, ce
contexte pousse à analyser la sensibilité des quantités
par rapport aux prix de façon globale par le calcul de
l'élasticité de la demande d'importation en quantité
relativement aux prix. En 2000, l'élasticité était de
-1,1923. Cela impliquait que le TCER et les importations avaient une
tendance assez prononcée à évoluer inversement. Cet
état de choses est contraire aux attentes théoriques. L'arrimage
aurait donc eu un impact limité sur les importations en quantité
en 2000.
- L'année 2001 : au
cours de cette année, les quantités ont baissé alors que
le TCER a connu une augmentation. Sur les dix types de produits
importés, les quantités se sont accrues pour sept produits alors
qu'elles n'ont baissées que pour trois. Ces trois derniers sont les
produits d'alimentation dont les prix sont passés de 251 à 258
FCFA, les produits énergétiques de 254 à 284 FCFA et les
demi-produits de 144 FCFA à 180 FCFA. Cette hausse des prix, qui est
susceptible de diminuer la demande d'importation, n'a pas été
compensée par la hausse du TCER. Les produits qui ont été
marqués par une augmentation des importations ont connu des fortunes
diverses quant aux variations de leurs prix. Ainsi les prix de certains ont
baissé en adéquation avec la hausse du TCER. IL s'agit notamment
du matériel de transport, des équipements agricoles, des
équipements industriels et des produits de consommation des
ménages. Enfin, les importations en quantité se sont accrues pour
certains produits malgré la hausse des prix. C'est le cas des produits
bruts d'origine animale ou végétale qui sont indispensables pour
certains secteurs comme l'agriculture (achat des engrais par exemple). On
s'attend donc à ce que leur demande soit très peu
élastique aux variations de prix.
De façon globale donc, l'arrimage du Franc CFA a eu un
impact plus limité sur les importations en volume car malgré la
hausse du TCER, la demande en quantité vers les pays fournisseurs a
baissé. Cela est aussi vérifié par
l'élasticité dont la valeur « -2,4 » montre
que la divergence d'évolution des importations en quantité et du
TCER était relativement forte alors que s'il y aurait eu un effet
« arrimage », la corrélation serait positive.
- L'année 2002 : C'est
l'année pour laquelle l'élasticité (5,31) indique la plus
forte sensibilité entre des variations des importations en volume
relativement aux variations du TCER. Malgré la baisse des importations
de certains produits comme ceux d'alimentation, d'énergie, les produits
bruts d'origine minérale et les demi-produits, les importations se sont
globalement accrues corrélativement au TCER. Les attentes
théoriques ont donc été satisfaites. On peut donc
conclure, a priori, que l'arrimage du Franc CFA à l'Euro aurait
eu un impact significatif sur les importations en volume en 2002.
On peut donc conclure que l'arrimage a eu un impact
mitigé sur les importations. En effet, à certaines années,
les analyses tirées de certaines observations et corroborées par
les attentes théoriques laissent penser qu'elle a eu une incidence
certaine sur la demande d'importation. C'est le cas des années 1999 et
2002. Elle a eu un impact plus limité en 2001 et en 2000.
Mais après les études faites sur les
exportations et les importations, quelles ont été les
conséquences de l'arrimage sur la balance commerciale prise
globalement ?
II.4 Arrimage du Franc CFA
à l'Euro et solde commercial
La balance commerciale n'est pas une variable réelle en
tant que telle car elle n'est que la résultante des évolutions
des exportations et des importations au cours d'une année donnée.
Les analyses y relatives qui seront faites par la suite prendront souvent pour
référence ces deux composantes.
Aussi, rappelons déjà que les impacts des
variations des exportations et des importations sur la balance commerciale
peuvent être combinés avec le théorème des
élasticités critiques de Johan Robinson28(*). Pour vérifier que
l'arrimage du Franc CFA à l'Euro a eu un impact sur le solde commercial,
nous prendrons encore pour instrument le TCER auquel seront associés les
conditions de Marshall-Lerner. C'est après avoir jugé si ces
conditions ont été satisfaites que nous évaluerons
l'influence de l'arrimage du Franc CFA sur le solde commercial pendant une
année donnée.
Mais avant, attardons nous d'abord sur l'évolution du
solde commercial du Cameroun.
II.4.1 Evolution de la balance
commerciale du Cameroun
Graphique 21 : Evolution de la balance commerciale du
Cameroun
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun81.png)
.
Source : INS
Ce graphique témoigne du fait que l'évolution de
la balance commerciale du Cameroun était globalement plus satisfaisante
avant l'arrimage du Franc CFA à l'Euro. En effet, toutes les quatre
années avant l'arrimage, avaient une balance commerciale
excédentaire. Le cumul de Cet excédent au cours de ces quatre
années s'élevait à 898,127 milliards de FCFA pour un
solde de 224,531 milliards en moyenne annuelle.
Symétriquement, pendant les quatre premières années qui
ont suivi l'arrimage, deux ont eu un solde commercial négatif. Le cumul
des valeurs du solde était de 283,017 milliards de FCFA soit une chute
de 615,110 milliards. Une chute a aussi été enregistrée
pour la balance commerciale en moyenne annuelle car celle post arrimage
était de 70,754 milliards et donc bien en deçà des 224,531
milliards des quatre années précédentes.
Mais, avant d'attribuer cette dépréciation
globale du solde commercial à l'arrimage, faisons une étude plus
approfondie qui déterminera si cela n'est pas plutôt le fait
d'autres réalités économiques.
II.4.2 Conditions de
Marshall-Lerner
Les élasticités de la demande d'exportation
ayant déjà été calculées, pour
déduire l'indicateur de Marshall-Lerner, nous ne calculerons au
préalable les élasticités de la demande d'importation en
valeur.
II.4.2.1 Les élasticités critiques de la
demande d'importation
Selon le même théorème,
l'élasticité critique de la demande d'importation est
donnée par :
Em =
où M = importations en devise étrangère qui sera le
dollar ici ;
dM = variation des importations ;
Les calculs sont effectués de 1999 à
2003 :
Tableau 10: Elasticités critiques aux
importations.
Années
|
e/de
|
dM/M
|
Em
|
1999
|
23,9131
|
0,0040
|
-0,0950
|
2000
|
7,3951
|
0,1087
|
-0,8039
|
2001
|
34,8035
|
0,2002
|
-6,9688
|
2002
|
-19,3338
|
0,0077
|
0,1485
|
2003
|
-4,9354
|
0,1351
|
0,6667
|
Source : d'après nos
calculs
Pour les importations, c'est 2001 qui a eu la plus forte
élasticité en valeur absolue relativement aux importations
tandis que 1999 a eu l'indicateur d'élasticité le moins
élevé.
II.4.2.2Vérification
des conditions de Marshall-Lerner
Notons déjà que pour toutes les années
prises en compte, la balance commerciale du Cameroun n'est pas
équilibre. Par suite, la valeur de l'indicateur de Marshall-Lerner qui
sera calculée pour chaque année est donnée par la grandeur
L =
qui est utilisée si l'hypothèse d'équilibre de la balance
commerciale n'est pas réalisée29(*) comme nous pouvons l'observer sur le graphique 20. Le
tableau récapitulatif des valeurs de L donne :
Tableau 11 : Indicateurs du
théorème des élasticités critiques.
Années
|
X/eM
|
Ex
|
Em
|
(X/eM).Ex
|
L
|
1999
|
1,21263
|
-0,00813
|
-0,09504
|
-0,00986
|
-0,1049
|
2000
|
1,24026
|
1,81057
|
-0,80392
|
2,24557
|
1,4417
|
2001
|
0,94482
|
-0,62716
|
-6,96876
|
-0,59256
|
-7,5613
|
2002
|
0,96749
|
0,44807
|
0,14848
|
0,43350
|
0,5820
|
2003
|
1,05324
|
-0,24461
|
0,66667
|
-0,25764
|
0,4090
|
Source : d'après nos calculs
Commentaire
Pour que les variations du taux de change aient effectivement
une incidence sur la balance commerciale, il faut au préalable avoir
l'inégalité L>1. Selon notre étude, la
condition de Marshall-Lerner n'a été vérifiée qu'en
l'an 2000 car L = 1,44165 >1. Cette année s'est
caractérisée par une baisse du TCER qui devait se traduire dans
les faits par un regain de compétitivité qui ne peut s'observer
qu'ex post par des gains ou des conservations de parts de
marchés.
De prime abord, la balance commerciale devrait
s'améliorer suite à une dépréciation de la monnaie
tandis qu'on attendrait l'effet contraire si la monnaie s'apprécie.
Comparons donc d'abord les évolutions de la variation
du TCER et de la balance commerciale.
Le graphique qui suit donne l'évolution des variations
du solde commercial et du TCER.
Graphique 22: Evolutions comparées des variations du
solde commercial et du TCER
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun84.png)
Il ressort de ce graphique que l'évolution du solde
commercial relativement au TCER ne s'effectue pas dans un sens
déterminé. Ainsi, pour la période suivant l'arrimage, on a
deux années pendant lesquelles les deux variables évoluent dans
le même sens et celles où elles évoluent en sens contraire.
Par conséquent, les attentes théoriques sont
vérifiées pour 2000 et 2001
Source : d'après nos calculs
uniquement. Essayons d'apporter une explication à ce
phénomène tout en jugeant si le TCER a réellement eu un
impact sur la balance commerciale pour les années où le
cheminement théorique est vérifié.
- L'année 1999 : cette
année se caractérise par une appréciation de la balance
commerciale ainsi que celle du TCER. Notons déjà que les deux
études similaires faites sur les exportations et les importations
révélaient déjà qu'au courant de cette
année, les élasticités de la balance commerciale
étaient très faibles. Elles traduisaient de ce fait la faible
sensibilité de la variation des exportations et des importations aux
variations du TCER.
De plus, les résultats obtenus sont quelque peu
à l'opposé des attentes théoriques qui devaient se
réaliser si le TCER aurait eu un impact sur le solde commercial. En
effet, une hausse du TCER devrait entraîner une
dépréciation de la balance commerciale avec le
découragement des exportations désormais plus coûteuses en
devises étrangères et la stimulation des importations suite
à la baisse des prix en CFA des denrées commerciales
importées.
Terminons notre analyse avec l'indicateur de la théorie
des élasticités critiques. Les conditions de Marshall-Lerner
n'étaient pas vérifiées car L = -0,10490 < 1. Par
conséquent, la variation du TCER ne pouvait pas avoir un impact
significatif sur le solde commercial. C'est donc la raison pour laquelle la
décroissance du solde commercial attendue suite à
l'appréciation du TCER n'a pas eu lieu.
- L'année 2000 : En
2000, la balance commerciale s'est appréciée tandis que la chute
du TCER était constatée. Les cheminements théoriques ont
donc été vérifiés.
De surcroît, les études antérieures
sur les exportations traduisaient, pour cette année, une forte
sensibilité des variations de cette variable par rapport au TCER.
En plus, 2000 est la seule année où les
conditions de Marshall-Lerner sont vérifiées. On peut donc
conclure que l'arrimage aurait eu un impact certain sur la balance commerciale
en 2000.
- L'année 2001 : Au
cours de cette année également, les cheminements
théoriques se sont vérifiés car l'appréciation du
TCER a coïncidé avec une dépréciation du solde
commercial. Cet état de choses serait difficile à attribuer
à l'arrimage car les conditions de Marshall-Lerner étaient loin
d'être vérifiées, L étant tel que :
L= -7,5613 qui est l'indicateur le plus faible sur l'ensemble
de la période.
- L'année 2002 : elle ne
traduit pas les attentes théoriques car les variations du TCER et du
solde commercial évoluent dans le même sens.
Cela est en partie dû à
la relative faiblesse des élasticités de la demande d'exportation
pendant l'année considérée. Ainsi, les variations des
exportations se sont révélées être peu sensibles aux
fluctuations du TCER.
En plus, L=0,40903 <1. Ce qui fait que les conditions de
Marshall-Lerner n'étaient pas vérifiées. On peut donc
conclure que pour cette année, si l'arrimage du Franc CFA à
l'Euro a eu un impact sur le solde commercial, cet impact était
forcément très limité.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun85.png)
CONCLUSION
Au terme de notre étude, il ressort des
différentes analyses qui ont été faites sur les
exportations, les importations et la balance commerciale proprement dite que
l'arrimage du Franc CFA à l'Euro a eu, depuis lors, un impact
mitigé sur chacune de ces variables. En effet, les
éléments d'analyses30(*) qui nous ont permis de tirer certaines conclusions
ainsi que les théories économiques ayant servi de cadre de
référence ont démontré que l'arrimage avait eu un
bilan contrasté et relatif aux spécificités de chaque
année. Ainsi,
Ø Pour les exportations, la période
ultérieure à l'arrimage a été marquée par
une baisse globale de la compétitivité du Cameroun que la
période directement antérieure n'avait pas connu. Bien
qu'à l'exception notable de l'an 2000, les autres années aient
été caractérisé par une appréciation du
TCER, il est difficile d'attribuer cet état de choses à
l'avènement de l'arrimage seul, car des indicateurs techniques
témoignaient d'une influence limitée du TCER et donc de
l'arrimage sur l'évolution des parts de marché. Aussi, il a
été difficile d'isoler l'effet arrimage car ce dernier a
coïncidé avec d'autres facteurs qui expliquent tout aussi bien la
chute des parts de marchés internationaux à l'instar de la baisse
de la production domestique pour certains principaux produits.
Eu égard à toutes ces considérations, les
instruments techniques d'analyse qui ont été les nôtres,
combinés à certaines considérations d'ordre pratique,
semblent tous convergés vers le fait qu'entre 1999 et 2002, c'est en
2000 que l'arrimage du FCFA à l'Euro a eu un impact certain sur les
gains de parts de marchés ayant été observés. Pour
les trois autres années, les mêmes instruments d'analyse portent
à croître que l'influence de l'arrimage sur la
compétitivité a été très limitée.
Ø Pour les importations, les variations du TCER
induites par les fluctuations de l'Euro ont eu au courant de chaque
année une influence considérable sur les prix à
l'importation libellés en Franc CFA. Cela a été mis en
exergue pour le cas des Etats-Unis et surtout du Nigéria dont la monnaie
s'est fortement dépréciée relativement au Franc CFA du
fait de l'arrimage. L'on a ainsi assisté à une hausse des prix du
principal produit d'importation du Cameroun d'une valeur de près de 80%
en Naira contre seulement 15,25% en FCFA. L'effet prix du TCN et donc de
l'arrimage a trouvé sa pleine expression ici. Cet état de choses
n'a pas été qu'avantageux car à cause d'une
dépréciation continue du Franc CFA face au Dollar
américain jusqu'en 2001, les augmentations des prix en dollar des biens
importés depuis les Etats-Unis ont toujours été revues
à la hausse en Franc CFA tandis que les baisses ont toujours
été amoindries.
L'arrimage a également eu un impact sur les
importations en quantité. En effet, pour les années 1999 et 2002,
l'on a noté une concordance des évolutions du TCER et des
quantités importées suite à la baisse des prix en FCFA des
produits importés ; cette dernière faisant suite à
l'appréciation du TCER. De plus, les élasticités de la
demande en volume par rapport au TCER étaient relativement
élevées au cours de ces années. Deux années,
cependant se sont caractérisées par des observations inverses de
celles attendues. Il s'agit de 2000 et 2001 où les
élasticités indiquaient une variation en sens contraires des TCER
et des importations en quantité à cause d'une demande
d'importation inélastique au TCER. Celle-ci était due à la
forte dépendance de certains secteurs comme l'agriculture quant aux
importations des produits (achat d'engrais ou de produits buts d'origine
animale) qui leurs sont indispensables.
Ø Pour le solde commercial, les résultats ont
démontré que de 1999 à 2002, le théorème de
Marshall-Lerner n'a été vérifié que pour une seule
année qui est l'an 2000. Aussi, les évolutions tant des
exportations que des importations montraient une sensibilité forte entre
les variations des exportations et des importations et celles du TCER. Pendant
cette année donc, l'on peut affirmer que l'arrimage du CFA à
l'Euro, à travers la baisse du TCER, a entraîné une
appréciation de la balance commerciale. Quant aux autres années,
si l'arrimage a eu une incidence sur le solde commercial, celle-ci était
plus limitée qu'en 2000.
Mais, notre étude a révélé une
hausse permanente du TCER au gré surtout de l'appréciation de
l'Euro vis-à-vis des devises étrangères. Alors, cela n'a-
t-il pas pour conséquence l'éloignement continu du Franc CFA de
sa valeur d'équilibre31(*) ? Si cela est vérifié,
n'aboutirons nous pas à terme à une autre dévaluation du
Franc CFA ?
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun86.png)
LEXIQUE
Ø Balance des paiements: document
présentant dans un cadre comptable toutes les opérations
effectuées pendant une période (trimestre, année) entre
les résidents d'une économie nationale et les non
résidents.
Ø Balance commerciale :
récapitulation des importations (FAB) et exportations (FAB) de
marchandises faisant apparaître le solde commercial c'est-à-dire
la différence entre les exportations et les importations. La balance
commerciale est excédentaire lorsque son solde est positif.
Ø Pays d'achat : pays de
résidence du vendeur de la marchandise.
Ø Pays de vente : pays de
résidence de l'acheteur de la marchandise.
Ø Compétitivité à
l'exportation d'un pays : aptitude d'un pays à faire face
à la concurrence internationale en conservant ses parts de
marchés internationaux ou en conquérant de nouvelles parts. Elle
se mesure ex post par l'observation de l'évolution des parts de
marché.
Ø Elasticité :
sensibilité d'une variable X à une variable Y, mesurée par
le rapport de la variation relative de X à celle de Y (approximation
acceptable pour une faible variation de Y, la définition relative de
l'élasticité faisant référence à des
dérivées).
Ø Price takers : dans le contexte
d'un marché de concurrence pure et parfaite, ce sont les agents
économiques qui sont preneurs de prix c'est-à-dire que les prix
s'imposent à eux. Autrement dit, le producteur peut vendre autant qu'il
le souhaite au prix du marché sans que celui-ci ne baisse et le
consommateur acheter autant qu'il le désire sans que le prix
n'augmente.
Pour le commerce extérieur et relativement à un
produit donné, les price takers représentent les pays
exportateurs ou importateurs dont les prix de vente et d'achat internationaux
s'imposent à eux en ce sens qu'ils ne peuvent pas influencer leur
évolution soit en raison de l'atomicité des marchés, soit
alors en raison de la faiblesse de leur niveau d'offre ou de demande sur
lesdits marchés.
Ø Zone monétaire :
ensemble de pays généralement regroupés autour d'un pays
central et dont les monnaies sont convertibles entre elles à taux fixes
et les réserves de change mises en commun.
Ø Parité des pouvoirs
d'achat : c'est un concept qui a deux applications :
- il a été utilisé par Gustav Cassel en
1918 comme théorie de détermination du taux de change moyennant
la loi du prix unique. Cette loi stipule qu'en l'absence des coûts de
transaction, les prix des biens et services sont identiques entre pays au taux
de change près c'est-à-dire :
P' = E * P avec P' = prix d'un panier de biens
échangeables dans le pays A ;
P = prix du même panier de
biens dans le pays B ;
E = taux de change au certain de la monnaie du
pays B par rapport à celle du pays A.
Cette version de la théorie de la parité des
pouvoirs (PPA) d'achat est appelée PPA absolue. Elle a montré
certaines limites notamment dues aux coûts de transaction parfois
considérables qui accompagnent souvent les échanges et à
l'existence des biens et services non échangeables qui ne sont pas pris
en compte.
- Ensuite, elle permet de faire les comparaisons inter
nationales sur les niveaux de vie entre différents Etats en
évitant les problèmes posés par les taux de change et par
le fait que la structure des prix relatifs n'est pas la même partout.
Ø Taux de change d'une monnaie :
prix auxquels s'échange une monnaie nationale relativement aux autres
sur les marchés de change.
Parmi les taux de change, on distingue entre autres le taux de
change effectif nominal (TCEN), le taux de change effectif réel (TCER)
et le taux de change d'équilibre.
- Le TCEN : c'est la
moyenne des indices du taux de change de la monnaie d'un pays, cette moyenne
étant exprimée dans les monnaies des différents pays avec
lesquels il est économiquement en relation et étant
pondérée par le poids respectif des pays partenaires dans ces
échanges. Ainsi :
Avec Tin = nombre d'unités de devises du pays par
unité de monnaie nationale à l'époque n, et Ti0, le
même prix à l'année de base. Wi = poids relatif du pays
étranger i dans les échanges du pays considéré en
moyenne sur la période.
Avec Tin = nombre d'unités de devises du pays i par
unité de monnaie nationale à l'époque n, et Ti0, le
même prix à l'année de base. Wi = poids relatif du pays
étranger i dans les échanges du pays considéré en
moyenne sur la période.
TCEN = .
- Le TCER : c'est un indicateur
de compétitivité obtenu en corrigeant le TCEN par le rapport
entre l'indice des prix intérieurs et la moyenne des indices des prix
externes. D'où :
Avec Pc = indice des prix à la consommation dans le
pays. Pce = moyenne des indices de prix à la consommations dans les pays
étrangers.
Avec Pc = indice des prix à la consommation dans le
pays. Pce = moyenne des indices de prix à la consommations dans les pays
étrangers.
Avec Pc = indice des prix à la consommation dans le
pays. Pce = moyenne des indices de prix à la consommations dans les pays
étrangers.
TCER = TCEN *
- Le taux de change d'équilibre entre deux
monnaies : c'est le taux de change auquel le prix d'un ensemble de biens
exprimés dans ces deux monnaies s'équilibre. Selon l'organisation
de coopération et de développement économique (OCDE), le
taux de change d'équilibre est donné par la notion de
parité de pouvoir d'achat (PPA).
Ø Monnaie forte : monnaie qui a
un taux de change au certain élevé relativement à celui
des autres monnaies.
Ø Monnaie
sous-évaluée : monnaie dont la valeur nominale sur
les marchés de change est en deçà de sa parité
économique par rapport à une autre monnaie. Comme l'a
affirmé Nicolas Hartog à propos de la
sous-évaluation : « Elle entraîne une augmentation
du prix des importations qui peut avoir un effet inflationniste pour
l'économie. Elle baisse aussi artificiellement le prix des biens
exportés, ce qui stimule leur compétitivité, pour autant
que l'inflation interne reste maîtrisée ».
Ø Monnaie
surévaluée : monnaie dont la valeur nominale sur
les marchés de change est au dessus de sa parité
économique par rapport à une autre monnaie. A l'inverse de la
sous-évaluation, elle peut entraîner une baisse des prix à
l'importation et une hausse des prix des biens exportés qui peut faire
perdre en compétitivité prix à l'exportation.
Ø Arrimage d'une monnaie sur une
autre : une monnaie est arrimée sur une autre lorsqu'elle
est en régime de change fixe avec cette dernière qui lui apporte
de par des accords de convertibilité la garantie internationale
nécessaire aux opérations de change avec les autres monnaies.
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun89.png)
ANNEXES
Tableau 1 :
Les 10 premiers partenaires commerciaux du Cameroun à
l'exportation en 2002
Les 10 premiers clients
|
PIB en FCFA
|
Espagne
|
4,53476E+14
|
Italie
|
3,08335E+14
|
France
|
1,056E+15
|
Pays-bas
|
8,73761E+14
|
Etats-Unis
|
7,20972E+15
|
Chine
|
8,7911E+14
|
Tchad
|
1,39008E+12
|
Belgique
|
1,63039E+14
|
Inde
|
3,54252E+14
|
Allemagne
|
1,3777E+15
|
Source : Institut National de la Statistique.
Tableau 2 : moyennes pondérées
des cours effectifs des produits camerounais en FCFA
Années
|
Moyennes pondérées des cours effectifs des
produits camerounais en FCFA par kg
|
1994
|
3594,88
|
1995
|
3509,86
|
1996
|
3740,79
|
1997
|
4733,76
|
1998
|
2570,48
|
1999
|
3198,14
|
2000
|
8585,44
|
2001
|
9131,85
|
2002
|
8255,82
|
2003
|
8885,46
|
Source : d'après nos calculs
Tableau 3 : TCER annuels base 100=1995
Années
|
TCER
|
1993
|
135,1
|
1994
|
86,6
|
1995
|
100
|
1996
|
101,5
|
1997
|
96,9
|
1998
|
102,1
|
1999
|
106,7
|
2000
|
95,6
|
2001
|
98,7
|
2002
|
100,3
|
Source : International Financial Statistics
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun90.png)
TABLES DES TABLEAUX,
GRAPHIQUES
ET FIGURES
N° Tableaux et titres
|
Pages
|
Tableau 1 : Principaux produits d'exportation
|
37
|
Tableau 2 : Les premiers résultats du
modèle des exportations
|
47
|
Tableau 3 : Les données du modèle
final des exportations
|
49
|
Tableau 4 : Les résultats du modèle
des importations.
|
50
|
Tableau 5 : Les résultats du modèle des
importations final.
|
51
|
Tableau 6 : Evolutions comparées des
variations annuelles du TCER et du TCN
|
58
|
Tableau 7 : Caractéristiques de liaison du
TCER et du TCN
|
58
|
Tableau 8 : Elasticités critiques à
l'exportation
|
60
|
Tableau 9 : Elasticités de la demande
d'importation en quantité par rapport aux prix
|
69
|
Tableau 10 : Elasticités critiques aux
importations
|
74
|
Tableau 11 : Indicateurs du théorème
des élasticités critiques
|
75
|
N° et titres de graphiques
|
Pages
|
Graphique 1. Zone franc africaine
|
6
|
Graphique 2. Institutions de la zone CEMAC
|
9
|
Graphique 3 : Poids économique du Cameroun dans
la CEMAC
|
18
|
Graphique 4 : Structure des exportations
|
18
|
Graphique 5 : Place du Cameroun dans la
répartition de la masse monétaire dans la CEMAC
|
19
|
Graphique 6 : Structure des exportations
|
37
|
Graphique 7 : Evolution des cours internationaux
des différents produits exportés.
|
38
|
Graphique 8 : Evolution des cours mondiaux du
pétrole
|
38
|
Graphique 9 : Répartition en % des
exportations du Cameroun entre ses différents clients
|
39
|
Graphique 10 : Evolution des importations par noyau
d'utilisation
|
40
|
Graphique 11 : Evolutions des termes de l'échange
|
41
|
Graphique 12 : Variations annuelles du TCER (base
100=1995)
|
55
|
Graphique 13 : Evolutions du taux de change au
certain du franc Cfa par rapport au USD
|
56
|
Graphique 14 : Evolutions comparées du TCER
et du TCEN
|
57
|
Graphique 15 : Variations annuelles des
exportations en volume
|
61
|
Graphique 16 : Evolutions de la variation des
exportations en quantité et en valeur
|
65
|
Graphique 17 : Evolutions comparées, variation du
TCER et des importations
|
65
|
Graphique 18 : Evolution du taux de change de l'Euro par
rapport au Dollars
|
66
|
Graphique 19 : Evolutions comparées des
variations des prix des produits
d'importations du Cameroun en
provenance du Nigeria
|
67
|
Graphique 20 : Evolutions comparées des
variations des importations en volume et du TCER
|
68
|
Graphique 21 : Evolution de la balance commerciale du
Cameroun
|
73
|
Graphique 22: Evolutions comparées des variations du
solde commercial et du TCER
|
77
|
![](impact-arrimage-franc-cfa-euro-balance-commerciale-cameroun91.png)
BIBLIOGRAPHIE
- BABISSKANA Thomas et ABISSANA Onana (2003), Les
débats économiques du Cameroun et d'Afrique, Edition
L'harmattan, Paris
- - BEITONE Alain et BASSONNI Marc (1999),
Problèmes monétaires internationaux, Edition Armand Colin,
Paris.
- DELAGE Alain et MASSIERA Alain (1994), Le Franc
CFA : Bilan et perspectives, Edition L'harmattan, Paris
- GENEREUX Jacques (1996), Economie politique,
Edition Hachette, Paris.
- HAMMOUDA Hakim B.et KASSE Moustapha (2001), L'avenir de
la Zone Franc, Edition Karthala et Codesria, Paris.
- HUGON Philipe (1999), La zone Franc à l'heure de
l'Euro, Edition Karthala, Paris.
- Fonds Monétaire International (1999),
International Financial Statistics, Washington.
- Institut National de la Statistique du Cameroun (2000),
Annuaire Statistique 2000, Yaoundé.
- Institut National de la Statistique du Cameroun (2004),
Annuaire Statistique 2004, Yaoundé.
- MUCCHIELLI Jean-Louis (1990), Economie
internationale, Edition Dalloz, Paris.
- Ministère de l'Economie et des Finances (2004),
Loi des finances 2005, Yaoundé, Décembre 2004.
- PLIHON Dominique (1998), Les taux de change,
3ème éd., Edition La découverte, Paris.
- www.icicemac.com.
- www.izf.net.
* 1 Philippe HUGON,
La zone franc à l'heure de l'Euro, page 7
* 2 Philippe HUGON,
La zone franc à l'heure de l'Euro, P.242
* 3 Philippe HUGON, La
zone franc à l'heure de l'Euro, P.242
* 4 Albert ONDO
OSSA dans L'avenir de la zone franc, 2001, P. 289
* 5 Philippe HUGON, La
zone franc à l'heure de l'Euro, 1999, P.242
* 6 Philippe HUGON, La
zone franc à l'heure de l'Euro, 1999, P.243
* 7 Albert ONDO OSSA dans
L'avenir de la zone franc, 2001, P. 289
* 8 Dominique
Strauss-kahn, ministre français de l'Economie et des Finances lors de la
réunion des ministres de l'Economie et des Finances des PAZF en 1998
à Paris
* 9 Babissakana,
Les débats économiques du Cameroun et d'Afrique, 2003, page
53.
* 10 Babissakana,
Les débats économiques du Cameroun et d'Afrique, 2003, page
53
* 11 Babissakana,
Les débats économiques du Cameroun et d'Afrique, 2003, page
53.
* 12 Nicolas
Hartog, « L'Euro fort plutôt que l'Euro
surévalué », extrait de l'information agricole, Mars
2001
* 13
« Economie Internationale », page 132.
* 14 Voir Chapitre
II, le modèle de Mundell-Fleming, pp 31 à 32.
* 15 Voir Le
modèle de Mundell Fleming, pp31 à 32.
* 16 En effet, le PIB
d'un pays peut augmenter ou baisser et induire plutôt la hausse ou la
baisse des importations en provenance d'un autre fournisseur qui n'est pas
forcément le Cameroun.
* 17 Voir
l'explication de « en première analyse » au titre
III.4 du Chapitre III.
* 18 Voir les
principaux produits d'exportation au tableau 1, page 37.
* 19 Par exemple,
le TCER est de l'ordre des centaines tandis que les importations, les
exportations sont de l'ordre des milliardièmes.
* 20 Voir
modèle de Mundell-Fleming, page 31.
* 21 Alain Delage
ou Alain Massiera dans « Le franc CFA, Bilan et
Perspectives », p.114.
* 22 Voir dans
« L'équation du modèle des exportations »,
page 47.
* 23
Confère Chapitre II, page 24.
* 24 Voir
Graphique 5, page 36.
* 25 Voir le
tableau 7, page 56
* 26
D'après des calculs qui ont pour base le CD-ROM de la Banque mondiale,
parution 2003, entre 1998 et 1999, on est passé de 1Naira=29,96 FCFA
à 1 Naïra = 6,67 FCFA.
* 27 La hausse a
été de 79% en Naïra et de 15,25% en CFA. La marge
absorbée par l'arrimage est donc de : 79%-15,25%=63,75%.
* 28 Voir Chapitre
II, pp 23 à 26.
* 29
Confère Chapitre II, page 25.
* 30 Ces
éléments étaient les exportations en volume pour les
études de la compétitivité, les élasticités
critiques des exportations et des importations pour se rendre compte du
degré de sensibilité de ces deux dernières quant aux
variations du TCER, et l'indicateur L de Marshall-Lerner qui permettait de se
prononcer sur l'effectivité de l'influence du TCER sur le solde
commercial, etc.
* 31 Cette valeur
d'équilibre n'est pas fixée arbitrairement mais elle
résulte des fondamentaux de la détermination du taux de change
que sont le solde commercial, le taux d'intérêt et
l'inflation.
|