Stratégie de Mobilisation de
ressources pour le Trésor
Public de Côte d'Ivoire sur
l'euromarché:
REMERCIEMENTS
«Si j 'ai pu voir plus loin que les autres, c
'est parce que je me suis appuyé sur des épaules de géants
». Albert Einstein - Discours lors de la
cérémonie de remise du Prix Nobel de physique le 10
décembre 1922 à Berlin
Sans prétendre avoir vu plus loin que mes autres amis
auditeurs du DESS Ingénierie Financière, je voudrais cependant
exprimer au début de ce mémoire, ma reconnaissance
particulière à ces personnes qui ont été pour moi
de véritables géants:
Tout d'abord Monsieur N'Dri KONAN Léon, Ph.D,
Directeur du DESS Ingénierie Financière, qui par ses
conseils et ses enseignements a insufflé le souffle de la Finance pure
au sein de l'UFRSEG et contribué ainsi au recentrage du profil de
carrière de nombreux étudiants dont je suis fier de faire
partie.
Ensuite, à ces professionnels qui m'ont encadré
pour ce travail de longue haleine:
A vous Monsieur Pascal DJEREKE, Directeur
Général de BNI Finances et à votre équipe
au sein de laquelle, je voudrais adresser de façon toute
particulière mes remerciements à Monsieur Mory SOUMAHORO,
responsable de l'Ingénierie Financière, mon maître de
stage.
A vous Monsieur GOUYOMGBIA-KONGBA-ZEZE Constant, Mon
Directeur de Mémoire, à qui je dois cette mouture finale
du mémoire et certainement tout le mérite qu'on pourrait lui
reconnaître.
A ces autres professionnels qui m'ont aussi soutenu par les
informations qu'ils ont pu me fournir:
- Monsieur Gbéssané BOUAZO Nestor,
Sous-Directeur de la Gestion de la Dette au Trésor Public de Côte
d'Ivoire,
- Monsieur Adolphe YAO YAO, Sous-Directeur de la
Mobilisation de l'Epargne au Trésor Public de Côte
d'Ivoire,
- Monsieur BAMBA N'Galadjo, Directeur du Comité
National de Politique Economique (CNPE) au Ministère de l 'Economie et
des Finances,
- Monsieur BEUGRE, Directeur du Crédit à la
Banque Centrale des Etats de l 'Afrique de l'Ouest
Enfin, je voudrais penser à ma famille, à mon
Père et ma Mère qui m'ont soutenu dans mes études
jusqu'à ce que je puisse aujourd'hui produire ces travaux. Merci
à toutes ces personnes qui dans le silence m'ont aidé,
aimé et soutenu, et dont voudrais taire volontairement les noms, en
formulant toutefois à leur endroit, les voeux les meilleurs pour
eux-mêmes et pour leur famille respective.
SOMMAIRE NOTE DE
SYNTHESE .P.5
INTRODUCTION P.8
TITRE I: ETUDES PREALABLES A L'EMISSION D'EURO-OBLIGATION
P.11
I- GENERALITES SUR LE TRESOR PUBLIC ET LE GROUPE BNI
P.11
II- DIAGNOSTIC ET CADRE GENERAL D'ANALYSE DES PAYS EN
DEVELOPPEMENT TEL QUE MENE PAR LE FMI ET LES INVESTISSEURS INSTITUTIONNELS
P.17
III- DESCRIPTION GLOBALE DU RISQUE-PAYS P.27
IV- DIAGNOSTIC ET EVALUATION DES POTENTIALITES DE LA
COTE D'IVOIRE P.32
V- ELABORATION DU PROFIL GENERAL D'EFFICACITE PAYS
...P.39
CONCLUSION PARTIELLE P.45
TITRE II: MISE EN OEUVRE DE L'OPERATION D'EMISSION
.....P.48
I- HISTORIQUE DES EMISSIONS D'OBLIGATIONS
INTERNATIONALES P.49
II- IDENTIFICATION DES ACTEURS ET DES CONTRAINTES
P.50
III- IDENTIFICATION DES INSTRUMENTS FINANCIERS ET
POSSIBILITES DE MONTAGE P.70
IV- MODE OPERATOIRE DE L'EMISSION INTERNATIONALE
P.82
V- EXPOSE DES CONDITIONS INDICATIVES D'EMISSION
(TERM-SHEET) P.97
VI- L'OPTIMISATION DE L'EMISSION INTERNATIONALE
.P.102
CONCLUSION PARTIELLE .P.105
CONCLUSION GENERALE .P.107
LES ANNEXES P.109 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
Glossaire des sigles:
AIBD: Association of International Bond Dealers
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest BNI :
Banque Nationale d'Investissement
BRI : Bureau des Règlements Internationaux
CAA : Caisse Autonome d'Amortissement
CAC : Clause d'Action Collective
CIMA : Conférence Interafricaine des Marchés
d'Assurance
CREPMF : Conseil Régional de l'Epargne Publique et des
Marchés Financiers DGTCP : Direction Générale du
Trésor et de la Comptabilité Publique EPN : Etablissements
Publics Nationaux
FCP : Fonds Commun de Placements
FMI : Fonds Monétaire International
ICMA : International Capital Market Association
IPMA: International Primary Market Association ISMA:
International Securities Market Association NDDS : Normes Spéciales de
Diffusion de Données
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques ONU : Organisation des Nations Unies
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petites et Moyennes Entreprises
PMI : Petites et Moyennes Industries
PPTE : Pays Pauvres Très Endettés
PRS : Political Risk Service
SGDD : Système Général de Diffusion de
Données SGI : Société de Gestion et
d'Intermédiation
SICAV : Société d'Investissement à Capital
Variable SVT : Spécialiste en Valeur du Trésor
Titres FNI:
Titres RCI: Titres de la République de Côte d'Ivoire
TPCI : Trésor Public de Côte d'Ivoire
TPGE : Tableau du Profil Général
d'Efficacité
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
NOTE DE SYNTHESE
Le Trésor Public de Côte d'Ivoire est une
institution publique qui joue le rôle de Banquier de l'Etat. A ce titre,
il organise le marché monétaire en collaboration avec la Banque
Centrale et intervient régulièrement sur le marché
financier pour collecter l'épargne courte, moyenne et longue via des
instruments de marché (les bons et les obligations). Il est en outre
coresponsable de la politique budgétaire de l'Etat et participe en
conséquence à la mise en place du budget annuel de l'Etat. Il
prospecte dans cette optique, sur son marché domestique et sur les
marchés extérieurs, les possibilités de mobilisation de
ressources dans le cadre de l'équilibre budgétaire, en termes de
dépenses et de recettes de l'Etat de Côte d'Ivoire.
L'un des objectifs permanents de l'Etat, dans sa quête
des ressources pour combler ses budgets annuels est de réduire la dette
onéreuse comme source de financement. Cela nécessite que soit
définie une stratégie claire et efficace
qui assure le respect de cette préoccupation. Il y va de
sa souveraineté dans la mesure où l'endettement, qu'il soit
contracté auprès des résidents ou des nonrésidents,
oblige l'Etat dans une certaine proportion, à respecter rigoureusement
ses engagements financiers vis-à-vis de ses créanciers.
La stratégie désigne l'agencement,
l'articulation des ressources en vue d'atteindre des objectifs.
La démarche qui répond à une telle
définition selon GOUYOMGBIA-KONGBA-ZEZE (200 1)1 est
appelée cheminement stratégique. Ainsi, la
définition d'une stratégie de mobilisation implique aussi la
définition du cheminement stratégique assorti, qui ne peut se
faire sans l'identification des contraintes.
Notre stratégie ici, à l'échelle du
Trésor Public, doit nous permettre de collecter des ressources
financières sur le marché international des capitaux
1 GOUYOMGBIA-KONGBA-ZEZE (C), Le Manager: un métier
à découvrir, Cestia, 2001
via l'émission d'euro-obligations. L'objectif principal
dans le cas d'espèce est implicite, dans la mesure où il s'agit
pour l'Etat de Côte d'Ivoire, de se tourner progressivement vers des
ressources moins onéreuses et moins contraignantes. La ressource
euro-obligataire semble compatible avec un tel obj ectif.
L'objet de l'étude est en conséquence
d'établir le cheminement, le mode opératoire de la mobilisation
de ressources financières par emprunt euroobligataire. Ce cheminement ne
se fera pas sans embûches étant donné que la Côte
d'Ivoire est un pays en voie de développement, qui à ce titre,
pourrait souffrir d'a priori et de préjugés capables de se
révéler comme de véritables freins dans l'atteinte des
objectifs. L'étude s'est donc attachée à identifier dans
une première partie, les probables contraintes à travers un
diagnostic. Celui-ci a porté sur l'étude du risque-pays que nous
avons scindé en risque économique et en risque politique. Nous
avons ensuite appliqué la démarche générale du
diagnostic, au cas de la Côte d'Ivoire, auquel nous avons ajouté
une proposition de démarche pour évaluer la capacité
négociation des dirigeants. Cette proposition se fonde sur le souci de
prendre en considération le potentiel de « force de vente » de
l'Etat.
La première étape du cheminement selon
GOUYOMGBIA-KONGBA-ZEZE (2001) consiste à élaborer un
tableau dit de profil général d'efficacité,
qui recense et synthétise sous forme opérationnelle
les différentes options stratégiques découlant de
l'analyse. Ainsi dans le cas de notre étude, le tableau du profil
général d'efficacité donne de façon
globale sous forme de note alphabétique, une opinion certainement
motivée, sur l'opportunité d'émission d'euro-obligations.
Il part d'ailleurs plus loin en indiquant dans le même
temps plusieurs options d'émission pour le Trésor Public de
Côte d'Ivoire.
Ce tableau, véritable outil opérationnel aide au
conseil financier, conformément aux attentes du Groupe BNI.
Dans la seconde partie de l'étude, nous exposons
l'action que suggère une bonne notation de notre tableau du profil
général d'efficacité, même si la notation actuelle
ne milite pas en la faveur de l'objectif de l'Etat. En conséquence, nous
avons indiqué des pistes de montage ainsi que le processus
d'émission des euro-obligations. L'étude prend fin sur une
proposition de mécanismes de réduction de la dette
onéreuse grâce à la mise en oeuvre d'une opération
de swap.
Il faut reconnaître toutefois que l'étude dans
son ensemble peut souffrir par endroit, de légèretés et de
manque de rigueur scientifique en raison de l'inexistence de bases locales de
données fiables sur ce type d'opération et sur lesquelles l'on
aurait pu éventuellement s'appuyer pour la rédaction du
présent mémoire. Il s'agissait alors pour l'essentiel, nous le
pensons pour ce mémoire, de déterminer un cadre
général, une base de réflexion pour des travaux futurs qui
certainement contribueront à améliorer le contenu de la
présente étude.
INTRODUCTION
L'élaboration du budget de l'Etat de Côte
d'Ivoire, est un exercice qui s'étale généralement sur la
période de septembre à décembre d'une année, et
peut prendre fin au plus tard au mois de février de l'année
suivante.
Partant du cadre macro-économique prévisionnel
pour l'année concernée, une enveloppe de ressources propres de
l'état est arrêtée qui, confrontée aux besoins en
dépenses (de fonctionnement et d'équipement) dégage un gap
budgétaire ou déficit budgétaire. Ce gap, majoré du
volume annuel de la dette à refinancer représenterait l'ensemble
de ses besoins.
Le budget1 2004 faisait état d'un gap
à financer de 394,4 milliards de FCFA. Généralement, pour
financer ces besoins, deux possibilités s'offrent à
l'état2 : augmenter le taux de pression fiscale tout en
sachant que cela risquerait de déprimer l'investissement ou emprunter
auprès de ses résidents ou ceux de l'extérieur.
Pour un pays en voie de développement comme la
côte d'Ivoire, décourager l'investissement, source de croissance
économique et donc gage d'un développement durable, par une
augmentation de la fiscalité, s'avérerait être un mode de
financement peu recommandable. En conséquence, la brèche la mieux
exploitable demeure les emprunts intérieurs et extérieurs pour
assurer le financement de son déficit budgétaire.
A ce niveau, le Trésor Public de Côte d'Ivoire
participe à l'arbitrage entre l'endettement intérieur et/ou
l'endettement extérieur.
1 Ministère de l'Economie et des Finances
2 Gregory N. Mankiw, Macroéconomie, traduction de la
3ème édition américaine par Jean Houard,
P.502
En effet, selon les décrets n° 97-582 du 8 octobre
1997, n° 2001-2 10 du 04 mai 2001 et n° 2004-97 du 29 janvier 2004,
le Trésor Public de Côte d'Ivoire est chargé de participer
à la collecte de l'épargne et assure la gestion administrative et
financière de la dette publique.
Toutefois, la faiblesse de l'épargne intérieure
qui se situe à environ 18% du PIB, oblige l'Etat de Côte d'Ivoire
à s'orienter régulièrement vers la mobilisation de
ressources extérieures afin de financer ses gaps budgétaires et
promouvoir ainsi son développement qui nécessiterait des
ressources à hauteur du quart au moins (25%) du PIB1.
Or, cette mobilisation de ressources extérieures
s'effectue jusqu'ici par le biais de flux publics de capitaux,
matérialisés par les prêts bilatéraux et
multilatéraux. Pourtant, la restructuration de la dette souveraine de
certains pays en voie de développement, notamment le Brésil et le
Mexique par le Plan Brady en 1989, a montré désormais à
cette catégorie de pays, une autre source de mobilisation de ressources
extérieures.
En effet, le Plan Brady qui consistait à restructurer
la dette contractée auprès du club de Paris et à la
renégociation de la dette commerciale ainsi que des
arriérés via l'émission de nouveaux titres de
créances (les obligations Brady) garantis par le Trésor Public
américain, a permis aux pays bénéficiaires de retrouver
à nouveau un niveau soutenable de la dette publique. La
conséquence immédiate, c'est que les pays en voie de
développement se sont détournés pour la plupart des
traditionnels prêts bancaires pour émettre de plus en plus de
titres de dette sur le marché international des capitaux
(euro-obligations).
1 L'événementiel, Fraternité Matin, La
Côte d'Ivoire peut-elle rebondir? Interview de Claude Rougeot, Expert
International, P. 257, février 2004
Avec des coûts relativement très bas, servis pour
de longues échéances (10 - 20 - 30 ans) et des risques de
volatilité de la charge d'intérêts qu'on peut obérer
grâce à l'activation de mécanismes financiers,
l'émission d'euro-obligations constituent une ressource
intéressante et moins contraignante1 pour les pays en voie de
développement.
Ainsi, en 2004 la république de Tunisie a
emprunté2 pour 10 ans par émission d'euro-obligations,
un montant de 450 millions d'euros soit 295 milliards 180 millions de FCFA pour
financer son déficit budgétaire, à un coût de
4,825%. Dans le même temps, l'Etat de Côte d'Ivoire empruntait sur
le marché intérieur pour ses besoins de financement en 2003, une
enveloppe de 40 milliards par emprunt obligataire à un coût de 6%
pour seulement 3 ans.
L 'on se demande à juste titre s 'il est possible
aussi à la Côte d 'Ivo ire de recourir à l 'endettement
euro-obligataire pour fin ancer ses gaps ? Existe-t-il en effet une
stratégie particulière de mobilisation de ce type de ressources
pour les pays en voie de développement? En quoi consisterait-elle ? Dans
le cadre éventuel d'une telle opération, quels peuvent en
être les contraintes et le mode opératoire ? Comment pourrait s
'opérer en outre, la minimisation du coût de l 'émission
sous une contrainte de risque, quant l 'on connaît la
vulnérabilité des pays en voie de développement à
ces facteurs ?
1 Dans la mesure où c'est l'Etat en question qui en fixe
les règles désormais, aucun plan d'ajustement n'est
imposé
2 Magazine bihebdomadaire, l'Economiste Magrébin, n°
365 du 15 décembre 2005
PREMIERE PARTIE : ETUDES PREALABLES A
L'EMISSION INTERNATIONALE
Pour situer clairement les responsabilités dans cette
opération de mobilisation de ressources sur l'euromarché, il
convient de présenter de prime à bord, les différents
acteurs susceptibles d'intervenir dans une telle opération.
I- GENERALITES SUR LE TRESOR PUBLIC ET LE GROUPE BNI
Dans cette entreprise d'émission d'obligations sur le
marché international des capitaux, la Côte d'Ivoire sera
représentée par son "banquier" le Trésor Public de
Côte d'Ivoire, assisté dans l'opération par le Groupe BNI,
conseil financier de l'Etat. Il est dès lors nécessaire de
présenter ces deux structures.
1 .1 Le Trésor Public de Cote d'Ivoire
La direction générale du Trésor et de la
Comptabilité publique, est une administration financière publique
régie par les décrets n° 97-582 du 08 octobre 1997, n°
2001-210 du 04 mai 2001 et n° 2004-97 du 29 janvier 2004 portant
organisation du Ministère d'Etat, Ministère de l'Economie et des
Finances.
1.1.1 Les missions du Trésor Public
La direction générale du Trésor et de la
Comptabilité publique (D.G.T.C.P) à une mission bidimensionnelle
:
La première dimension est celle qui relève du
domaine du Trésor. A ce titre elle est chargée de :
1- L'élaboration et de l'application de la
réglementation des organismes s'occupant du crédit, des
assurances et des marchés financiers en liaison avec la B.C.E.A.O, la
commission Bancaire de l'Union Monétaire Ouest Africaine, la
Conférence Interafricaine des Marchés d'Assurance (C.I.M.A) et le
Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers
(C.R.E.P.M.F) ;
2- L'élaboration et de l'application de la
réglementation des institutions mutualistes ou coopératives
d'épargnes et de crédit ;
3- La définition de la politique et de la gestion
administrative et, de la trésorerie de l'Etat ;
4- La politique monétaire et bancaire en liaison avec la
B.C.E.A.O ;
5- La gestion administrative et financière de la dette
publique ;
6- La surveillance des entreprises sous tutelle
7- Des relations financières avec l'extérieur
La seconde dimension relève de la comptabilité
pub lique. Ici, ses tâches se déclinent de la façon
suivante :
1- Elaborer et appliquer la réglementation de la
comptabilité publique ;
2- Tenir la comptabilité de l'Etat, des
collectivités locales et des Etablissements Publics Nationaux (E.P.N)
;
3- Participer au recouvrement des recettes de l'Etat, des
collectivités locales et des EPN ;
4- Assurer la gestion comptable de la dette publique ;
5- Gestion des fonds publics ;
6- Participer à la collecte de l'épargne ;
1.1.2 Organisation du Trésor Public
L'administration du Trésor Public est placée
sous l'autorité du Directeur Général du Trésor et
de la Comptabilité Publique, qui lui-même relève de
l'autorité directe du Ministère d'Etat, Ministère de
l'Economie et des Finances. A titre indicatif, il convient de préciser
qu'elle comprend :
- 4 services rattachés à la direction
générale ;
- 8 directions centrales ;
- 7 postes comptables généraux ;
- 27 trésoreries générales ;
- 58 paieries de district, de région et de
département ;
- 66 agences comptables d'E.P.N ;
- 16 trésoreries principales ;
- 198 trésoreries ;
- 41 paieries à l'étranger ;
1.1.3 Historique des émissions obligataires
Les emprunts obligataires émis par le Trésor
Public remontent à un passé récent. Les titres
anciennement émis par le Trésor Public de Côte d'Ivoire
sont les titres FNI en 1982 (durée : 12 ans, taux d'intérêt
7%) et les titres RCI émis en 1965 (durée : 40 ans, taux
d'intérêt 2,5%).
C'est seulement en 2002 après la restructuration de
l'ex-CAA que le Trésor Public a émis un emprunt obligataire (TPCI
7% 2002-2005) sur 3 ans d'un montant de FCFA 30 000 000 000 ; l'emprunt a
été émis à 7% d'intérêt, remboursable
"in fine", avec une maturité de trois ans. Pour une souscription
attendue de FCFA 30 milliards, l'Etat a finalement recueilli FCFA 63 978 330
000. Les ressources fiscales de l'Etat ayant une probabilité de
réalisation des plus certaines ont été identifiées.
Ainsi, l'Etat s'est engagé à affecter de façon
irrévocable, une partie des Obligations Cautionnées
collectées par les services de la
Direction Générale des Douanes à
l'alimentation du compte de sécurité. L'emprunt a
bénéficié en outre d'une garantie totale de l'Etat de
Côte d'Ivoire. Ce succès sans précédent s'est
déroulé dans le cadre sécurisé autour d'un compte
séquestre domicilié dans les livres de la BCEAO
approvisionné à partir du compte de domiciliation des Obligations
Cautionnées ouvert dans les livres de la BNI (ex-CAA). Le compte
séquestre est uniquement destiné, à tenir les engagements
de l'Etat au titre de l'emprunt.
L'emprunt TPCI 6,5% 2003-2006 et l'emprunt TPCI 6,5%
2005-2008 ont été structurés selon les mêmes
caractéristiques, adossés sur les Obligations Cautionnées.
Il faut cependant indiquer que pour le premier emprunt, FCFA 40 403 320 000 ont
été collectés au lieu de FCFA 30 milliards demandés
et pour le second, FCFA 86 000 000 000 ont été reçus
là où l'Etat a exprimé un besoin de seulement FCFA 40
milliards. Ceci se poursuit en 2006 avec une collecte de FCFA 84,2 milliards au
lieu des FCFA 80 milliards exprimés par l'Etat pour l'emprunt TPCI 6,5%
2006-2009.
Il ressort clairement que le Trésor Public de
Côte d'Ivoire ne s'est pas encore tourné vers le marché
international des capitaux pour mobiliser par emprunt obligataire, des
ressources pour le financement du déficit budgétaire de
l'Etat.
Toutefois, pour toutes les transactions citées
précédemment, c'est le Groupe BNI, conseil financier de l'Etat de
Côte d'Ivoire qui a procédé à la structuration des
titres de dette.
1.2 Présentation du Groupe BNI, Conseil Financier de
l'Etat de Cote d'Ivoire
La volonté des autorités ivoiriennes d'asseoir
le développement de la Côte d'Ivoire sur une institution solide et
crédible, a conduit à un véritable toilettage de l'ex
Caisse Autonome d'Amortissement (C.A.A) créée en 1959 par
décret n° 59-209 du 21 Octobre 1959. Cette vaste opération
débutée en 1997, sur proposition de la Banque Mondiale et du
Fonds Monétaire International (FMI), consistait dans un premier temps,
dans le cadre de la revue du système financier ivoirien, à
recommander à l'Etat de procéder à la centralisation de
ses ressources et la gestion de la dette publique au Trésor Public.
Ensuite en 1998, de nouvelles orientations furent
données à la C.A.A qui devint en octobre de la même
année, une banque, après avoir obtenu un agrément
d'établissement bancaire de la Commission Bancaire de l'U.M.O.A et de la
B.C.E.A.O. Ce statut est conforté par celui de société
d'Etat, portant son capital de FCFA 5 milliards à 10 milliards. Un audit
opérationnel effectué en juillet 2001, permet à l'Etat de
renforcer la mission de la banque et de redéfinir ses métiers qui
sont désormais :
- Banque d'investissement
- Banque de refinancement
- Banque conseil
Dans le but d'une mise en oeuvre effective de ces
métiers et pour permettre à la banque d'assurer pleinement le
rôle qui lui est dévolu, les autorités de tutelle ont
procédé au changement de ses instances dirigeantes, le 31 octobre
2001 et décidé du transfert des fonds sociaux au Trésor
Public.
C'est ainsi qu'en février 2004, les nouveaux
dirigeants de la banque, après deux années de restructuration et
d'assainissement de l'institution ont procédé au changement de sa
dénomination en l'appelant Banque Nationale d'Investissement (B.N.I).
Aussi, alors qu'elle vient à peine de définir
dans ses axes stratégiques, sa potentielle intervention sur le
marché des capitaux, qu'elle est mandatée par la Direction
générale du Trésor et de la Comptabilité Publique
à l'effet de conduire un emprunt obligataire.
L'emprunt TPCI 7% 2002 - 2005 est donc lancé avec un
objectif minimum de FCFA 30 milliards. Contre toute attente FCFA 63 milliards
sont mobilisés malgré un climat sociopolitique
délétère. Pour amplifier et rationaliser son
activité de conseil, la B.N.I a créé sa propre
Société de Gestion et d'Intermédiation (S.G.I) BNI
FINANCES courant 2003 après avoir obtenu l'agrément du
C.R.E.P.M.F le 23 décembre 2003. Celle-ci devient opérationnelle
dès janvier 2004 avec pour principales missions de soutenir et de
développer les nouveaux métiers de la banque que sont
l'investissement et le conseil, en veillant prioritairement à :
- Aider à une mobilisation optimale des ressources du
Trésor public sur le marché des capitaux de l'UEMOA, tout en se
positionnant comme Spécialistes des Valeurs du Trésor (S.V.T)
;
- Conseiller les structures para-étatiques dans le cadre
de leur restructuration/financement ;
- Proposer des formules de financement adaptées aux
PME/PMI, puis aux structures décentralisées dans le cadre des
politiques nationales de décentralisation, par le biais des instruments
de marché ;
- Assister la maison mère (la BNI) dans le cadre de
son développement de haut de bilan, au moyen de conseil
stratégique et financier et l'usage des instruments de marché des
capitaux.
En tant que conseil financier de l'Etat de Côte
d'Ivoire, la mission du Groupe BNI dans une opération de levée de
fonds sur le marché international des capitaux, devrait être de
mener les études financières préalables afin de
dégager le profil général de risque que présente le
pays au moment de l'opération. C'est sur la base de ces études
préliminaires que l'opération pourra être mise en oeuvre
soit par le Groupe BNI lui-même, soit par une autre banque que l'Etat de
Côte d'Ivoire pourrait choisir toujours sous le regard vigilant de son
conseil financier. Ce, dans le souci permanent de préserver les
intérêts de l'Etat, qui intervient ici sur un marché qui
échappe non seulement à son influence mais aussi à celle
des autres états.
Pour ressortir donc ce profil général de
risque, un diagnostic ciblé s'impose. Celui-ci serait ciblé par
rapport aux finalités de l'analysesdiagnostic qui seraient menées
au niveau international, pour des opérations similaires.
II- DIAGNOSTIC ET CADRE GENERAL D'ANALYSE DES PAYS
EN DEVELOPPEMENT, TEL QUE MENE PAR LE FMI ET LES INVESTISSEURS
INSTITUTIONNELS
Les qualités qui caractérisent les
émetteurs de bonne signature sur l'euromarché, sont la bonne
santé économique et le rayonnement politique.
Il est donc clair que notre diagnostic s'évertuera
à rechercher les signes généraux de risques
économiques et de risques politiques inhérents aux pays en voie
de développement, qui bloquent leur accès à cette
formidable plate forme financière.
2.1 L'analyse Macro-économique et le risque
économique
En raison des graves crises financières ; du Mexique
(1994 - 1995), de la Thaïlande (1997 - 1998) et du Brésil (1998 -
2002) et de leurs conséquences sur le système financier
international (cf. encadré 1), l'élaboration d'un schéma
de diagnostic pour les opérations de crédits internationaux des
souverains est devenu pour le FMI, une préoccupation maj eure.
Encadré 1 :
La crise financière et économique d'un pays en
défaut peut se transmettre aux autres pays par différents canaux
:
Par le biais des échanges commerciaux. C'est le cas
notamment lorsque les régions sont intégrées
commercialement comme en Asie ou en Amérique Latine ;
Par les taux d'intérêt du fait d'un climat de
défiance vis-à-vis de l'ensemble des zones émergentes,
indépendamment des risques "pays". Dans ce cas, les pays les plus
dépendants des marchés financiers internationaux risquent
d'entrer à leur tour, en crise. Pour les banques ou institutions
financières qui détiennent une part importante de leurs actifs
sur ces pays, la détérioration de la qualité de leurs
créances qui suit le défaut peut provoquer une crise
systémique du système financier international
Source : Revue de l'OFCE 86
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En effet, durant les années 90, les pays emprunteurs
se sont détournés des traditionnels prêts bancaires pour
émettre davantage de titres obligataires.
Cette attitude se justifiait par l'amélioration
à l'époque, des perspectives de croissance, suite à la
réussite des politiques de stabilisation et de la libéralisation
des marchés financiers. En outre, en mars 1989, le nouveau
secrétaire au Trésor américain, Nicholas Brady,
présentait un plan (le Plan Brady) de restructuration de la dette dont
les grandes lignes étaient les suivantes : mise en place de
réformes structurelles, restructuration de la dette contractée
auprès du Club de Paris, et renégociation de la dette
commerciale et des arriérés d 'intérêt via l
'émission de nouveaux titres de créances (les obligations
«Brady»). L'idée du Plan «Brady» était
de titriser1 les créances bancaires, en octroyant aux pays
emprunteurs une réduction de la valeur nette présente de leurs
dettes. Les nouveaux actifs, dits obligations «Brady»,
libellés en dollars, étaient garantis du montant principal ou
d'une partie des intérêts par des obligations du Trésor
américain de même maturité. Le Plan «Brady» a
ainsi permis une réduction de la charge de la dette des pays
émergents. Il a également montré que des pays
endettés pouvaient avoir accès au marché international des
capitaux.
Cependant, la volatilité des devises auxquelles
étaient arrimées les émissions (le dollar en l'occurrence)
et les fluctuations mal anticipées des taux d'intérêt, ont
engendré à nouveau pour les pays débiteurs, un
accroissement considérable de la dette externe. L'incapacité
manifeste de ces derniers à assurer convenablement le service de la
dette qui s'en est suivi et la répétition des crises de dettes
souveraines (Mexique, 2000; Brésil, 1998, 2001, 2002; Roumanie et
1 La titrisation est une opération d'ingénierie
financière qui consiste pour les institutions financières
à céder leurs créances sur un Etat, en les transformant en
valeurs mobilières négociables, cessibles sur le marché
Russie, 1998; l'Equateur et le Pakistan, 1999; l'Ukraine,
2000; l'Argentine, 2001 et le Nigeria, 2002), donne une explication de la
récente désaffection des investisseurs pour les titres
obligataires des pays en développement, classé de fait dans la
catégorie des actifs à haut risque (High Yields Bond). Les
mécanismes de restructuration de dettes souveraines mis en oeuvre par le
FMI sont rendus eux aussi difficiles par la sophistication croissante des
montages des obligations, mettant en opposition à un émetteur,
une multitude d'investisseurs. Cette situation a jeté un froid sur le
système financier international qui souffre selon le Bureau des
Règlements Internationaux1, d'une réelle crise de
confiance entre les différents acteurs (émetteurs,
"régulateurs", investisseurs et agences de notation).
En effet, tous les papiers (titres obligataires) émis
l'étaient pratiquement tous avec une notation acceptable, pourtant cela
n'a pas empêché la survenance des crises de dettes. C'est
d'ailleurs la raison pour laquelle, tous les schémas de diagnostic
tentent dorénavant de mettre à nu ex ante, la capacité des
émetteurs à«soutenir» leurs engagements financiers (la
dette).
Bertrand COUILLAUT et Adeline BACHELLERIE (2005)2
affirment à ce sujet que «la "soutenabilité" de la dette
suppose à la fois que l'Etat soit considéré comme
solvable, c'est-à-dire que les créanciers aient un
jugement positif sur sa capacité à rembourser sa dette sur le
long terme, et liquide, c'est-à-dire qu'il soit en
mesure de refinancer la dette venant à échéance
». En d'autres termes, la "soutenabilité" d'une dette est
avérée lorsqu'il pèse la présomption selon laquelle
l'emprunteur ne serait pas en mesure de continuer à assumer son
1 BRI, 2002: Activité bancaire et financière
internationale, Rapport trimestriel BRI, mars
2 A. BACHELLERIE et B. COUILLAUT, «Soutenabilité de
la dette Publique et Crises des pays émergents : présentation des
concepts et des instruments de diagnostic », Revue de la stabilité
financière, n°6, Juin 2005, p. 75.
service, sauf en cas de forte correction du solde de ses
revenus et dépenses.
Il est dès lors essentiel pour la communauté
financière internationale "pourvoyeuse" de fonds, de disposer
d'instruments permettant d'établir un diagnostic fiable afin de se
prononcer de façon sereine sur le caractère soutenable ou non
d'une dette et de souscrire ensuite à ces titres de dette.
A ce stade, il s'agit d'apprécier le risque
d'insolvabilité et le risque d''illiquidité" de la dette.
En la matière, le FMI (2002) met en exergue trois
approches reposant pour la plupart, sur des indicateurs
macroéconomiques.
La première approche met la dette en relation avec des
variables explicatives de sa potentielle "soutenabilité".
Ainsi, est-il définit pour l'analyse de la
solvabilité d'un Etat, un sentier d'équilibre de la dette reliant
le taux d'intérêt et le taux de croissance de l'économie
à long terme, avec les excédents primaires futurs
actualisés. Il s'agit de déterminer pour les pays
émetteurs, une contrainte budgétaire in
tertemporelle.
Sous forme quantitative, A. BACHELLERIE et B. COUILLAUT
établissent que si :
bt* est le montant de la dette en devises au temps t, en
pourcentage du PIB
St, l'excédent primaire en t (solde budgétaire
excluant les intérêts sur la dette) en pourcentage du PIB
rt*, le taux d'intérêt nominal sur la dette en
devises
gt, le taux de croissance nominal
t, la variation du change nominal prise au
certain,
taux d'intérêt qui représente la
charge financière pesant sur la dette. De celles-ci, il est possible de
déterminer
la con trainte budgétaire intertemporelle,
qui permet de vérifier si l'endettement du pays est excessif en
comparant, le stock de dette à une date donnée, aux
excédents primaires futurs actualisés à partir
d'hypothèses sur les grandeurs de long terme.
La deuxième approche est basée elle, sur une
analyse tendancielle de la dette. Aussi, le FMI postule-t-il dans ce cas-ci,
que la capacité d'un Etat à stabiliser le niveau de la dette sur
le PIB à court et moyen terme peut être utilisée pour
apprécier la soutenabilité de celle-ci.
En effet, lorsque la dette publique d'un pays augmente sur
plusieurs années, la stabilisation du niveau de la dette peut constituer
selon le FMI, une réponse satisfaisante pour prévenir une crise
de dette souveraine. Il est dès lors possible, de calculer
l'excédent primaire nécessaire à la stabilisation du ratio
dette/PIB. Ainsi, en reconsidérant les variables utilisées pour
l'élaboration de la formule de la contrainte budgétaire
intertemporelle (formule (1)), ils démontrent que la stabilisation
à long terme du ratio de dette sur le PIB impose un niveau
d'excédent primaire théorique en terme de PIB, S tel que :
donc a fortiori des déficits budgétaires). La
stabilisation de la dette à long terme peut donc être remplie sans
que le pays ne soit solvable (contrairement à la première
approche). Le FMI considère à ce titre que, peu de pays en
développement dégagent un niveau suffisant d'excédents
primaires qui leur permette de stabiliser, voire réduire le ratio
dette publique/PIB.
La troisième et dernière approche, celle dite
"the Balance sheet approach" ou encore l'approche "bilantielle", est un cadre
d'analyse qui permet d'identifier dans les bilans agrégés par
secteurs de l'économie, les vulnérabilités liées
à l'existence de déséquilibres qui ne pourraient
être observées dans un bilan consolidé au niveau du pays.
Aussi, permet-elle de mettre en évidence quatre types de
déséquilibres potentiels dans les bilans : en terme de devises
(currency mismatch) ; d'échéances (maturity mismatch) ; de
structure du capital1 et de solvabilité.
Cette troisième approche aide à mieux cerner
les risques d'illiquidités en raison des possibles
"désajustements" en devise et en maturité. Elle pourrait
permettre d'ailleurs, de compléter les deux premières approches
qui analysent la "soutenabilité" de la dette de façon ponctuelle
(première approche) et de façon dynamique (deuxième
approche).
Il convient de préciser qu'un émetteur peut
tout naturellement se passer des études ci-dessus avant de lancer son
émission obligataire. Cependant, le fait qu'elles constituent pour les
investisseurs et la communauté financière internationale, les
démarches de diagnostic les plus crédibles actuellement (en
raison des institutions qui les
1 Le risque de structure de capital renvoie au mode de
financement de l'économie selon les types d'instruments utilisés
et aux effets de leviers correspondants.
proposent), elles ne peuvent et ne devraient être
ignorées dans l'analyse paramétrique de l'outil de mobilisation.
Ceci, dans la mesure où l'asymétrie d'information qui pourrait en
résulter, ne militerait pas en faveur de l'emprunteur.
Ainsi, le choix ou le mix de ces approches devrait être
pris en compte implicitement, dans la structuration des véhicules
financiers, de sorte à pouvoir proposer aux investisseurs "du sur
mesure". C'est pourquoi les variables macroéconomiques
identifiées par les différentes formules, devraient faire l'objet
d'une attention particulière et être considérées
comme des variables structurantes1. A ce titre, il est clair que
leur amélioration passerait par des réformes économiques
profondes.
Tout de même, en dépit du progrès
réalisé dans les méthodes d'élaboration d'un
diagnostic, il faut souligner qu'il sera toujours difficile de trancher sur
l'acceptabilité du niveau de la dette (dans la mesure où
étant le pays le plus endetté, les USA ont malgré tout, la
meilleure signature) par les marchés financiers. Ainsi, les
gouvernements, n'ont d'autres choix dans ce cadre que de bâtir
progressivement une forte crédibilité sur la base de l'effort
entrepris en termes budgétaires et de réformes structurelles.
2.2 L'analyse du risque politique
Le risque politique traduit l'éventualité qu'un
émetteur n'arrive pas/plus à faire face à ses engagements
financiers, en raison de troubles ou tensions politiques qu'il pourrait subir.
En effet, quand ces derniers surviennent, il s'instaure un climat
délétère qui détourne les priorités
économiques au profit d'objectifs travestis par la situation de
crise.
1 Les variables structurantes sortent du domaine du conjoncturel
pour faire partie des variables sur lesquels on peut définir
désormais des politiques et moyens d'action et leur allouer des
ressources pour les réformes dont elles feront l'objet.
Il n'est donc pas fortuit de mener une telle analyse (sur le
risque politique) qui conduit à modérer les résultats du
diagnostic macroéconomique et financier. Le risque politique est la
composante la plus délicate du risque pays qui se reflèterait
généralement dans la marge actuarielle (spread) exigée par
les investisseurs.
Au plan international, certaines agences comme la P.R.S.
(Political Risk Service) Group, l'"Institutionnal Investor", la Compagnie
Française pour le Commerce Extérieur (COFACE) et le BERI
(Business Environnement Risk Index) se livrent à des notations du risque
politique soit à la demande des émetteurs soit pour le compte de
tiers investisseurs.
Mais l'indicateur qui est de loin le plus suivi pour les pays
en voie de développement est le PRI (Political Risk Index) de l'agence
PRS Group comme le fait remarqué Patrice Fontaine (1997)1. En
effet, le PRI mesure le risque politique en se fondant sur huit critères
notés de 0 (bien) à 7 (mauvais). Ce sont :
- la dépendance vis-à-vis d'une grande
puissance,
- l'influence négative des forces politiques
régionales,
- la division du pouvoir politique et le pouvoir des
différentes factions,
- la division par la langue, l'ethnie et/ou la religion,
- les mesures répressives prises par un gouvernement en
vue de son maintien au pouvoir,
- l'attitude face à l'étranger; nationalisme ou
tendance au compromis,
- la situation sociale (population, densité, niveau de
vie),
- l'organisation et la force des éléments
favorables à un gouvernement d'extrême gauche - d'extrême
droite.
1 P. Fontaine, Gestion Financière Internationale,
Précis de DALLOZ, P. 447, 1997
Avec cet indice, une note globale de 0 à 20 indique
que le risque politique est pratiquement inexistant tandis qu'une note
supérieure à 35 est le signe d'un risque important.
Toutefois, il serait difficile de présenter dans le
cas d'espèce, les différentes mesures du risque politique. Elles
ne sont pas toujours distinguables des mesures du risque-pays et pour
certaines, l'information n'est pas facilement disponible. C'est le cas de
l'indice PRI qui nécessite1 le déboursement en ligne
d'une somme de $52 (environ FCFA 30000) pour avoir accès au niveau de l'
indice sur un pays précis.
Par contre, la notation COFACE est disponible sur simple
consultation du site. Cette notation distingue quatre classes de pays :
- classe A : risque politique pratiquement inexistant
- classe B : risque politique faible
- classe C : risque politique avéré
- classe D : risque politique élevé
Pour compléter ces différentes notations, il
est aussi possible d'adopter une approche consistant à demander à
certains spécialistes, de répondre à une grille d'analyse
comprenant des variables liées au cadre politique et des variables
liées au contexte économique.
1 Visite du site :
http://www.prsgroup.com, en juin
2006
III- DESCRIPTION GLOBALE DU RISQUE-PAYS
Le risque pays se décompose dans les deux risques que
nous avons abordés jusque là.
Dans leur étude sur la "soutenabilité" de la
dette des Etats, Bertrand Couillaut et Adeline Bachellerie ont souligné
que parmi les multiples causes de la vulnérabilité des Pays en
voie de développement (fragilité des institutions,
volatilité des recettes budgétaires, ouverture commerciale,
historique de défaut, etc,...), trois facteurs explicatifs du
risque-pays devraien t particulièremen t reten ir no tre attention
:
LE "PECHE ORIGINEL" ET LES CONSEQUENCES DE L
'EXPOSITION A UX MO UVEMENTS DES TA UX DE CHANGE A l'instar de
Eichengreen (B), Hausmann (R) et Panizza (U) (2003),
B. COUILLAUT et A. BACHELLERIE soutiennent qu'une des
fragilités des pays émergents, tient à leur
incapacité à émettre dans leur propre monnaie sur les
marchés internationaux, ce qui les conduit à accumuler des dettes
en devises.
Une telle situation accroîtrait la fragilité
d'un pays, car les dépréciations de change peseraient sur le
service de sa dette extérieure. Pour Claude Boro et Frank Packer (2004),
le "péché originel" résulte de l'intolérance de la
dette, influence des antécédents de mauvaise gestion sur la
capacité d'endettement. C'est pourquoi on peut penser selon eux, que des
antécédents d'inflation et de défaut dissuadent les
investisseurs étrangers de souscrire des titres de dette publique, en
particulier à long terme, libellés en monnaie locale.
L 'IMPERFECTION DE L 'INFORMA TION SUR LES
ECONOMIES EMER GENTES
L'inefficience informationnelle qui caractérise les Pays
en voie Développement est essentiellement selon le FMI liée
à trois facteurs :
- l'indisponibilité des données ; de
manière générale, les
informations sur la dette externe sont plus nombreuses et
détaillées que celles sur la dette publique elle même. En
outre, la décomposition de la dette publique entre court et long terme
ou par devises est rarement disponible pour pouvoir mener des analyses
conséquentes ;
- Problème d'homogénéité des
données ; les comparaisons entre les différents pays sont
souvent complexes en raison de différence dans les définitions
retenues. Force est donc de constater qu'à la différence des pays
industrialisés, pour lesquels une information de qualité est
disponible très rapidement avec de multiples possibilités de
recoupement, les Pays en voie de Développement souffrent de
l'imperfection de l'information existante.
Or, un système où l'information est rare et
coûteuse favorise le développement de comportements
mimétiques propices au
déclenchement de crises auto-réalisatrises. Car,
l'asymétrie
d'information aidant, les investisseurs sont conduits
à imiter d'autres investisseurs jugés mieux informés, de
sorte qu'une information même erronée a priori mais
invérifiable, tend à se
réaliser sous l'action des tentatives d'ajustements
et d'anticipations des investisseurs ;
- la couverture des données ; les
données disponibles n'incluent rarement que les emprunts garantis par
l'Etat, les dettes des collectivités locales ou celles des entreprises
publiques.
On peut cependant noter que les efforts engagés sous
l'impulsion du G81 et du FMI, en termes d'amélioration de la
transparence ; de la qualité des statistiques et de diffusion des
données, ont permis de réaliser des avancées
significatives contribuant à améliorer l'appréciation
globale des risques. Ainsi, est-il dorénavant possible pour les Pays en
voie de Développement d'adhérer auprès du FMI, au
Système Général de Diffusion des
Données2 (SGDD) créé en 1997.
Le SGDD est un processus structuré par lequel les pays
membres du FMI s'engagent volontairement à améliorer à
terme la qualité des données produites et diffusées par
leur système statistique aux fins de l'analyse macroéconomique.
Le FMI soutient ces efforts en apportant son assistance technique dans les
domaines qui lui sont familiers ainsi qu'en catalysant la fourniture
d'assistance par d'autres sources.
Le SGDD tient compte du fait que les pays participants
diffèrent par leur niveau de développement statistique et par
leur capacité à améliorer à terme leurs
systèmes. Par conséquent le système, privilégiant
le développement à long terme des systèmes statistiques,
n'a pas un caractère prescriptif, et autorise une certaine souplesse
dans le rythme de sa mise en oeuvre dans chaque pays et d'un pays à
l'autre. Le SGDD a ouvert la voie à l'introduction de la Norme
Spéciale de Diffusion des Données (NSDD), conçu pour les
pays qui souhaitent avoir accès aux marchés internationaux des
capitaux.
Le SGDD encourage des pratiques statistiques saines, aussi
bien en matière d'établissement que de diffusion de statistiques
économiques, financières et socio-démographiques. Il
identifie des ensembles de
1 Le Groupe des Huit (G8) est une coalition de huit pays les
plus riches du monde : les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, le
Royaume-Uni, la France, l'Italie, le Canada, et la Russie. Ensemble, les pays
du G8 représentent 66,5% de l'économie mondiale.
2 Special Data Dissemination Standard (SDDS), mis en place
après le sommet du G7 à Lyon en 1996
données particulièrement pertinents pour l'
analyse économique et le suivi de l'évolution sociale et
démographique et il présente des objectifs et des recommandations
concernant leur élaboration, leur production et leur diffusion. Un soin
particulier est accordé aux besoins des utilisateurs, au moyen de
directives portant sur l'accès du public aux données, leur
qualité et leur intégrité. Les recommandations et
objectifs du SGDD dans ces domaines s'accordent pleinement avec les Principes
fondamentaux des statistiques officielles de l'ONU.
Les différents secteurs couverts sont :
le secteur extérieur
le secteur financier
le secteur réel
le secteur fiscal
les données socio-démographiques
Jusqu'en 2004 seulement 83 pays ont adhéré
à ce Système de Diffusion des Données, la Côte
d'Ivoire n'y a pas encore adhéré.
L 'INS TABILITE DES FLUX DE CAPITA UX PRI
VES
La dépendance aux flux de capitaux privés,
semble caractériser les pays en développement, au point où
l'éventualité d'un arrêt soudain (sudden stop) de ces
financements externes et de ces répercussions graves sur les
économies, ne peuvent êtres ignorés par les
investisseurs.
En effet, le service des arriérés de dette pour
la plupart des Pays en voie de Développement est assuré
grâce à la quasi-totalité des excédents primaires
dégagés de façon extraordinaire. Cette situation les
dispose de facto à être dépendant des flux de capitaux
privés pour financer leur développement. Une économie dans
un tel état, résisterait difficilement aux chocs externes. Ceci
met d'ailleurs en doute sa
capacité à survivre durablement à une
fluctuation de ces flux. A ce sujet, le FMI affirme d'ailleurs que rares sont
les pays émergents qui arrivent à répondre convenablement
aux fluctuations des flux de capitaux privés en mettant en oeuvre de
conséquentes politiques économiques.
Ces trois facteurs retenus par B. COUILLAUT et A.
BACHELLERIE, contribuent à donner une explication pertinente aux sources
du risque économique et aux raisons peut être moins explicites du
risque politique, dont une évaluation globale, conduit à
apprécier le risque-pays d'un émetteur de titres souverains.
De ce qui précède, il convient dès
à présent de mener de analyses-diagnostic relatives à
l'Etat de Côte d'Ivoire, et de proposer autant que faire se peut des
pistes de réflexion sur des éléments qui
mériteraient une étude spéciale, détaillée
et plus approfondie et que malheureusement la problématique de notre
étude ne nous permet pas d ' effectuer.
IV- DIAGNOSTIC ET EVALUATION DES POTENTIALITES
DE LA COTE D'IVOIRE
Le diagnostic de la situation de la Côte d'Ivoire sera
menée sur trois plans : au plan politique, au plan économique et
un troisième plan que nous proposons d'ajouter afin de pouvoir se faire
une idée un peu plus nuancée mais assurément plus
précise sur le niveau du risque-pays. Cette évaluation des
potentialités de la Côte d'Ivoire reposera sur des indicateurs que
certaines agences de ratings analysent plus minutieusement au cours de leur
processus de notation des Etats.
Cependant, dans notre situation, le diagnostic que nous
proposons, précède de loin l'opération d'émission
à proprement dit et a pour finalité principale de permettre au
conseil financier de l'Etat de Côte d'Ivoire, le Groupe BNI,
d'évaluer l'opportunité de l'émission internationale afin
de pouvoir le consigner dans la loi de finances.
C'est pourquoi nous prendrons le soin de synthétiser
tous les résultats obtenus du diagnostic dans un tableau qui servira
d'outil opérationnel capable de renseigner tout de suite les
décideurs sur l'opportunité d ' émission avant même
d ' entamer l' opération.
4.1 Diagnostic sur le plan politique
En nous référant aux critères de
l'indice PRI tel qu'indiqués plus haut, il est possible pour un analyste
non averti de se faire une idée assez intuitive du niveau de l'indice
entre l'année 2000 et l'année 2004. D'ailleurs l'indice PRI pour
la Côte d'Ivoire aurait indiqué déjà au cours de
l'année 1999 (avant le coup d'Etat militaire de décembre), un
niveau de 40 (risque politique élevé). L'indice aurait
fluctué dans l'intervalle de 35 à 45 depuis 2000.
Cependant, de façon plus pragmatique, la COFACE a
assigné pour les années 2005 et 2006, la classe D de risque
politique à la Côte d'Ivoire. Assurément, ce niveau de
risque a induit la réalisation de dépenses imprévues pour
les années 2002, 2003 et 2004. Ainsi, de la période allant du 18
septembre 2002 au mois d'avril 2004, l'Etat de Côte d'Ivoire a
déboursé FCFA 176,1 milliards pour la couverture des charges
afférentes aux primes, à l'alimentation, à la
santé, au fonctionnement et à l'équipement des forces de
défense et de sécurité. Ces ressources englouties dans ces
dépenses imprévues auraient dû servir à honorer des
engagements prioritaires, notamment, l'apurement des arriérés
intérieurs et extérieurs. Ces derniers qui avaient un niveau de
143,3 milliards en 2002 au début de la guerre ont atteint le niveau de
614,1 milliards en 2003 et 538,5 milliards en 2004.
4.2 Diagnostic sur le plan économique
Comme nous l'avons souligné plus haut, la
finalité du diagnostic économique est de pouvoir donner une
appréciation de la "soutenabilité" de la dette d'un état.
Cette "soutenabilité" prend en compte la solvabilité de
l'émetteur et la liquidité de la dette.
Selon le FMI (2003), un pays peut être
considéré dans une position de "soutenabilité" de sa dette
extérieure "s'il est capable d'assurer le service de sa dette,
actuel et futur, en totalité, sans recourir à des
procédures de réduction ou de rééchelonnement de sa
dette, sans accumuler des arriérés et sans compromettre sa
croissance de man ière excessive". Dans le cas de la Côte
d'Ivoire, nous allons utiliser la seconde approche du FMI telle que
décrite plus haut. Il s'agit de l'analyse tendancielle du ratio
dette publique/PIB.
Ce ratio de l'encours de la dette au PIB est le principal
indicateur pour les pays en voie de développement. Pour la Cote
d'Ivoire, l'évolution
est pratiquement semblable à celle de l'encours de la
dette publique1. Il a atteint son pic en 1994, suite à la
dévaluation soit 214% du PIB. Le ratio a connu une diminution de 1995
à 1997 grâce à la relance économique
constatée après la dévaluation. Résultat, un taux
de croissance du PIB de 7% en 1997. Il était de 178% en 1996 et de 168%
en 1997 et 101% en 2000. L'encours de la dette extérieure a aussi connu
une forte expansion au cours des décennies 80 et 90 avec la conjoncture
économique qui a poussé la Côte d'Ivoire à emprunter
et à s'endetter lourdement. En 2000, le stock se situait à 6326
milliards et le service à 678 milliards, cela représente 50% des
recettes fiscales. Le ratio de l'encours de la dette par rapport au PIB est de
101% en 2000. Au regard des critères qui caractérisent les
contraintes de solvabilité et de liquidité en matière de
dette extérieure, la situation actuelle de la Côte d'Ivoire est
encore insoutenable2.
Face à cette situation, le Gouvernement a
présenté à ses partenaires multilatéraux et
bilatéraux, un dossier pour l'initiative PPTE pour laquelle la
Côte d'Ivoire est déjà éligible depuis 1998.
L'initiative Pays Pauvres Très Endettés (PPTE
ou Heavily Indebted Poor Countries, HIPC) est un mécanisme d'aide, mise
en oeuvre par les pays du G83 qui vise à permettre aux pays
confrontés à des difficultés de remboursement de leur
dette extérieure de retrouver une situation soutenable, au sens du FMI.
Ce mécanisme n'interviendrait qu'après épuisement des
procédures traditionnelles d'allègement de dette (notamment
l'annulation de la dette publique commerciale4 qui ne peut
1 Ministère de la planification du développement,
Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté -
Intérimaire, Janvier 2002
2 Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté en Côte d'Ivoire - Intérimaire, P. 17, Janvier
2002
3 Rapport du sommet du G7 en Cologne en 1999 (
www.G7.org)
4 La dette commerciale de l'Etat exclut l'aide publique au
développement; c'est-à-dire qu'elle ne concerne que les
créances portées par les organismes publics de garantie aux
exportateurs et les prêts gouvernementaux non concessionnels.
aller au-delà de 67% dans le cadre du Club de
Paris1) et ne pourrait être utilisé qu'une seule fois.
En outre, il implique une action conjuguée de tous les
créanciers.
Toutefois, la crise qui la secoue actuellement, même si
elle a rendu sa position délicate, a quand même
démontré la solidité de l'économie ivoirienne et sa
capacité à résister aux chocs. En effet, le ratio de dette
publique/PIB est passé de 8 7,6% en 2002 à 78,7% en 2004. En
outre, la Côte d'Ivoire posséderait actuellement une
réserve en devises équivalente à six mois de recettes
d'exportation au lieu de deux mois recommandés. Cette information
présage le fort potentiel de liquidité d'une dette
contractée en devises, ceteris paribus.
4.3 Diagnostic sur le plan des capacités de
négociation Sur le marché international des
capitaux, on peut se retrouver en présence de deux pays possédant
le même rating. Pourtant, on ne peut pas assurer avec certitude que le
niveau de réussite de l'émission pour ces deux pays sera le
même. Or, les ratings sont censés refléter le niveau du
risque politique et économique des pays sujets à la notation.
Ainsi, nous proposons en plus de l'évaluation du risque politique et du
risque économique, que soit également évalué la
capacité de négociation des dirigeants. Celle-ci s'apparente
à la «diplomatie souterraine» en politique ou à la
notion de « force de vente» en Marketing et constitue en
définitive un avantage compétitif lorsque des pays
présentent des niveaux de risques similaires. Cette capacité de
négociation des dirigeants, traduit toute l'aptitude de ces derniers
à influer à leur avantage sur le niveau du risque-pays. On
comprend en conséquence que cette notion implique à juste titre
celle de réseau relationnel des dirigeants.
1 Nom donné à l'ensemble des créanciers
internationaux publics bilatéraux
Un titre a en effet besoin d'un bon réseau pour bien
se faire vendre. C'est ce qui pourrait expliquer d'ailleurs le choix d'un chef
de file par rapport à un autre !
Afin de pouvoir apprécier rapidement cette
capacité de négociation des dirigeants, les indicateurs suivants
sont proposés :
- Le niveau d'instruction et d'expertise des dirigeants
(politiques et économiques) en matière de bonne gouvernance:
des dirigeants sur lesquels il pèse des doutes sur la
manière de conduire l'appareil de l'Etat envoient de mauvais signaux au
marché financier. La négociation avec les investisseurs
potentiels devient moins aisée en dépit d'un bon rating, car pour
ces derniers, une bonne situation peut devenir mauvaise d'un moment à
l'autre.
- La nature de l 'influence géopolitique et/ou
économique dans la zone d'émission ou dans la monnaie
d'émission : un pays qui possède une puissance
géopolitique dans une zone d'émission consolide ses chances de
réussir son émission. En effet, il sera alors possible pour lui
de pénétrer les « cercles les plus fermés » et
les «milieux les plus autorisés » pour avoir accès
à des informations privilégiés pouvant permettre à
l'émetteur d'atteindre ses objectifs.
- La capacité des dirigeants à identifier
les freins à l'émission : dans un cheminement
stratégique, la capacité des dirigeants à identifier les
freins, démontre clairement la domination de ceuxci, de leur
environnement. Ainsi, lorsque toutes les subtilités de cet environnement
ont été cernées, il est plus facile d'envisager des
actions pour contrer les déplacements gênants des acteurs
hostiles. Ces acteurs peuvent être de nature économique,
culturelle, politique,...
- Le rapport de la nature des freins aux moyens d'actions
envisageables disponibles : il s'agit d'apprécier les
mécanismes qu'il est possible de mettre en place pour juguler chacun des
freins identifiés. Si le montage de l'émission prévoit de
répondre de façon particulière à ces freins, il est
clair que la négociation des dirigeants aura réussi, si le
maximum de personnes souscrit au contrat d'émission.
- La variation des dépenses de communications dans
le coût global de l'émission : le niveau prévu des
dépenses de communication traduit la capacité des dirigeants
à vouloir convaincre les investisseurs sur l'opportunité de la
transaction. Dans ces dépenses sont recensés les voyages de
prospective, les séances de road shows, le coût de confection et
de diffusion des plaquettes d'émission, les affiches,...
- Autres facteurs possibles non identifiés :
cet indicateur représente la marge d'erreur de la prévision. Il
offre les possibilités d'affiner ultérieurement l'analyse de la
capacité de négociation des dirigeants.
Pour chacun de ces indicateurs, quatre mentions sont
proposées :
- Faible, si l'indicateur se trouve à un niveau de 0
à 33%
- Moyenne, si l'indicateur se trouve à un niveau de
33% à 66%
- Forte, si l'indicateur se trouve à un niveau de 66
à 100%
Si nous appliquons cette grille d'analyse au cas de la
Côte d'Ivoire dans le cadre d'une émission internationale en euro,
nous pouvons estimés les résultats suivants :
|
Faible
|
Moyenne
|
Forte
|
Le niveau d'instruction et d'expertise des dirigeants
(politiques et économiques) en matière de bonne gouvernance
|
|
OUI
|
|
La nature de l'influence géopolitique et/ou
économique dans la zone d'émission ou dans la monnaie
d'émission
|
|
|
OUI
|
La capacité des dirigeants à identifier les
freins à l'émission
|
OUI
|
|
|
Le rapport de la nature des freins aux moyens d'actions
envisageables disponibles
|
OUI
|
|
|
La variation des dépenses de communications dans le
coût global de l 'émission
|
|
|
OUI
|
Autres facteurs non identifiés
|
OUI
|
|
|
|
Lorsque pour chaque indicateur nous précisons la
mention et l'intervalle, la somme des intervalles milieux pour ces six
indicateurs, donne un total milieu de 265%, soit une mention moyenne de 44,16%
(voir annexe 1). On peut donc dans le cas de la Côte d'Ivoire,
présumer une capacité de négociation moyenne pour une
émission internationale en euro.
Au terme du diagnostic ci-dessus, nous proposons pour une
question d'efficacité, de synthétiser sous forme de notation
interne, les différents résultats obtenus. A cet effet, un
tableau du profil général d'efficacité sera
élaboré.
V- ELABORATION DU PROFIL GENERAL D'EFFICACITE
PAYS
5.1 Tableau du profil général
d'efficacité
L'élaboration d'un profil général
d'efficacité répond à un souci de prise de décision
stratégique. Cela est rendu possible grâce à la
synthétisation dans un tableau, appelé tableau du profil
général d'efficacité, de tous les cas de figure
révélés par les analyses précédentes. Il
s'agit en fait de déduire à partir du tableau, le profil que
présente un pays. Déterminer s'il est efficace ou pas. Il ressort
clairement de notre étude, qu'un pays sera dit efficace si en même
temps que le risque économique et politique est inexistant, la
capacité de négociation des dirigeants est très grande.
C'est d'ailleurs à partir de ce profil général
d'efficacité qu'il sera possible de proposer les options
financières stratégiques.
Risque économique
|
Score
|
Risque politique
|
Capacité de négociation des dirigeants
|
Solvabilité
|
Liquidité
|
|
Moyen
|
Fort
|
Fort
|
Moyen
|
Faible
|
1
|
1
|
A
|
A
|
B
|
C
|
A
|
B
|
C
|
1
|
0
|
B
|
|
1
|
|
0
|
C
|
|
Tableau 3 : Profil général
d'efficacité pays
COMMENT EST-IL POSSIBLE D'UTILISER LE TABLEAU ?
Le Groupe BNI pourrait se livrer à ses propres calculs et
à sa propre évaluation du risque économique, pourvu que
celle-ci soit pertinente et
qu'elle débouche sur les concepts essentiels de
solvabilité de l'emprunteur et de liquidité de la dette.
Pour conforter ses analyses, il peut les recouper avec les
analyses d'autres institutions ou services spécialisés
(Ministère de l'économie et des Finances, rapport du FMI sur la
dette des PPTE,...). Ainsi, lorsque finit cette première étape,
il lui suffit de se positionner dans le tableau du profil général
d'efficacité et de choisir la note correspondante. A ce niveau, il n' y
a par hypothèse que deux réponses possibles, pouvant
découler de l'analyse de chaque concept : oui ou non.
Nous raisonnons en fonction de la loi du tout ou rien : on
attribue ainsi, le chiffre 1 à la réponse "oui" et le 0 à
la réponse "non".
Ainsi, lorsque les analyses sur la solvabilité et la
liquidité donnent de bons résultats, les notes 1 et 1 peuvent
être alors marquées dans le tableau. L'appréciation
définitive du risque économique, permet donc de donner des scores
à chaque éventualité. Le score A est attribuée pour
la bonne performance.
Si au contraire, l'une des composantes du risque
économique fait défaut, nous lui assignons le score B. En effet,
un pays peut être solvable sans que sa dette soit liquide, dans la mesure
où l'état solvable peut tout à fait ne pas être
capable de refinancer sa dette venant à échéance en raison
par exemple de chocs politiques qui pourraient détourner cette
liquidité au profit d'autres fins. Il en va de même pour un
état dont la liquidité de la dette est avérée.
Celui-ci peut se retrouver insolvable dans l'hypothèse d'une variation
défavorable de la dette due par exemple à la variation des taux
d'intérêt des emprunts contractés à taux
variables.
Finalement, le score C sanctionne l'absence ou la mauvaise
performance.
Ensuite, le risque politique peut être établi en
interne grâce à la mise en place d'un indice comme nous l'avons
exposé plus haut. Si ce n'est pas le cas, les données relatives
à ce risque pourraient être reçues par le biais des
analyses de panels d'experts, de la notation COFACE ou de l'indice PRI, des
informations provenant des revues spécialisées et, sur demande,
par des agences de notation (un shadow rating1). Cependant, pour ces
dernières solutions, il convient pour le Groupe BNI de compléter
les analyses externes par un briefing interne.
En effet, les agences et revues internationales ne
recueillent pas toutes les données pour leurs analyses sur le terrain.
Elles s'inspirent aussi de données de panels qui peuvent parfois
être subjectives et biaisées. C'est d'ailleurs ce qui explique le
fait qu'elles ne donnent pas toujours les mêmes notes pour un même
risque politique! En conséquence, il convient de réajuster les
analyses externes fournies, par des données internes.
Une fois l'analyse du risque politique disponible, on peut se
positionner dans le tableau du profil général
d'efficacité, pour déterminer le score correspondant.
Finalement, la capacité de négociation des
dirigeants est certainement la composante la plus délicate, mais de
loin, la plus importante. C'est cette capacité de négociation qui
permet de transformer comme nous l'avons souligné plus haut, les
faiblesses détectées au niveau politique et économique, en
force au profit de la stratégie financière. Une échelle
interne de cette capacité, avec des critères et des composantes
pertinents tels qu'indiqués plus haut, pourrait être
utilisée.
1 Lorsque le rating est juste demandé pour une
appréciation sur situation et qu'elle n'est pas destinée à
être diffusée auprès du public.
Après l'analyse-ci achevée, on se
réfère pour une dernière fois au tableau du profil
général d'efficacité pour déterminer le score
correspondant.
Au terme de notre étude, nous disposons donc de trois
scores. Toutefois, les scénarii de profil de risque sont multiples.
Il convient de les énumérer dans le tableau
ci-après:
AAA AAB AAC
|
ABA ABB ABC
|
ACA ACB ACC
|
BAA BAB BAC
|
BBA BBB BBC
|
BCA BCB BCC
|
CAA CAB CAC
|
CBA CBB CBC
|
CCA CCB CCC
|
|
Tableau 4 : Classement des scores
Il est possible de procéder à un reclassement
en fonction de chaque profil général de risque
présenté précédemment. Le classement que nous
proposons considère le risque politique comme le risque majeur. Ensuite
viennent le risque économique et la capacité de
négociation des dirigeants. Ainsi dans ce tableau de reclassement, les
profils similaires seront regroupés par compartiment afin de
déterminer les options stratégiques (financières) les plus
adéquates à conseiller1 à l'émetteur
:
1 Conformément au rôle de la BNI en tant que
Conseil financier de l'Etat de Côte d'Ivoire
AAA
|
ABB
|
AAB
|
BCA
|
BCB
|
ACC
|
CCC
|
|
ABA
|
BBA
|
ACB
|
CAA
|
CAB
|
|
|
ACA
|
BAB
|
BAC
|
CBA
|
CBB
|
|
|
AAC
|
ABC
|
BCB
|
CCA
|
CCB
|
|
|
BAA
|
BBB
|
BBC
|
|
CAC
|
|
|
|
|
|
|
CBC
|
|
|
1er Compartiment 2ème Compartiment
3ème Compartiment
Tableau 5 : Tableau des options stratégiques
4.1 Les options financières suggérées
Trois grandes options financières peuvent
découler de la classification établie précédemment,
ce, en fonction du compartiment où l'on se positionne.
Le premier compartiment, celui des 3A (AAA) traduit la
possibilité pour le Trésor Public de Côte d'Ivoire de
mobiliser aisément de l'épargne sur le marché financier
international. Le coût du véhicule financier sera minoré et
la crédibilité renforcée par la liquidité de la
dette, devrait lui permettre de présenter moins de garanties pour
l'émission et de se refinancer régulièrement sur
l'euromarché. Il n'est pas exclu dans cette situation d'émettre
sur le marché sous régional, bien au contraire ! Une intervention
du Trésor Public sur l'euromarché devrait améliorer sa
signature vis-à-vis des investisseurs sousrégionaux, au point de
servir les taux les plus bas, sur les titres de dette souverains locaux.
Le positionnement dans la seconde moitié du premier
compartiment traduit toujours l'opportunité de mobiliser des ressources
sur l'euromarché, mais cette fois-ci, sous réserve de quelques
réaménagements. Ces derniers feront appel à la
capacité de négociation
des dirigeants, afin de combler les faiblesses politiques
et/ou économiques, par la renégociation des
arriérés de dettes (l'exemple du plan Brady) et par la mise en
oeuvre d'accords politiques.
Si cette situation est essentiellement le fait de
problèmes de liquidité de la dette, il est alors possible de
recourir à certaines techniques pour améliorer son rating. Nous
les présentons dans la seconde partie de notre étude.
Un positionnement dans le deuxième compartiment,
compromet fortement le recours à l'euromarché pour une
mobilisation de ressources. Une telle situation, traduit le fait qu'en plus
d'un risque politique considérable, qu'il reste encore d'énormes
réformes structurelles à opérer. Un entêtement
obligera le Trésor Public, à supporter une forte charge
financière pour le compte de l'Etat de Côte d'Ivoire, due à
la rentabilité exigée par les investisseurs sur les titres
obligataires, en raison des incertitudes économiques et politiques qui
planent sur l'émetteur. Si dans une telle situation, la capacité
de négociation des dirigeants est faible, le problème est sans
issue et nous conduira inexorablement au dernier compartiment.
Le troisième compartiment ne nous permet pas
d'envisager une mobilisation de ressources sur l'euromarché. Il ne reste
plus que le marché financier sous régional.
CONCLUSION PARTIELLE:
Le cadre général du diagnostic des
émetteurs souverains, proposé par le FMI a permis de conduire
aussi, un diagnostic similaire avec les mêmes finalités, pour
l'Etat de Côte d'Ivoire. Il est désormais clair que pour recourir
à l'option d'un endettement extérieur par émission
d'obligations internationales, le profil de risque devrait présenter un
risque pays (risque politique et risque économique) minimal voire
inexistant.
Ainsi, concernant la Côte d'Ivoire, notre tableau du
profil général d'efficacité nous conduit au terme de notre
diagnostic à exposer ce qui suit:
- le risque politique est élevé en raison de la
crise militaropolitique qui la secoue depuis le 19 septembre 2002 et
aggravé par l'échec jusque là, de la quasi-totalité
des accords politiques. Sur la base de la notation COFACE (niveau D de risque
politique), nous assignons le score de « C » dans notre tableau du
profil général d'efficacité;
- le fait d'être classé PPTE par la Banque
Mondiale et éligible à l'initiative de la réduction de la
dette, démontre sans gymnastique quantitative que la Côte d'Ivoire
n'est pas dans un état de «soutenabilité» de sa dette.
Le Ministère de l'Economie et des Finances a reconnu cette situation
dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté
édité en Janvier 2002 à l'endroit des prêteurs
multilatéraux et bilatéraux : le score correspondant est donc de
« C»;
- la relative stabilité que connaît le pays,
à laquelle s'ajoute le retour des bailleurs de fonds en dépit du
climat délétère et le satisfecit affiché par
rapport à la maîtrise des fondamentaux de
l'économie, démontre une capacité
réelle des autorités ivoiriennes à infléchir
partiellement sur le niveau du risque pays. En outre, notre analyse
substantielle fait ressortir une capacité de négociation moyenne
des dirigeants (si l'émission se fait en euro): le score correspondant
est donc de « B ».
Nous nous retrouvons en conséquence, avec
un rating interne de «CCB » et selon le tableau 5 (tableau du profil
général d'efficacité pays, page 39), il ne serait pas
indiqué pour l'Etat de Côte d'Ivoire via le Trésor Public,
de recourir en ce moment à l'euromarché pour une levée de
fonds par emprunt obligataire. Nous nous situons dans le 3ème
compartiment du tableau, ce qui pourrait expliquer l'affection de l'Etat
pour le marché financier sous régional.
Toutefois, si dès à présent les
autorités entreprennent les réformes nécessaires pour
atteindre le point d'achèvement de l'initiative PPTE, tout en
adhérant aux Normes Spéciales de Diffusion de Données
(NDDS) élaborées par le FMI, le rating du risque
économique pourrait s'améliorer. L'Etat de Côte d'Ivoire
pourrait ainsi passer du score actuel de « C» à celui de
«B » voire «A ». Ce, dans la mesure où selon
l'initiative PPTE, atteindre le point d'achèvement serait synonyme de
« soutenabilité » de la dette. Cela pourrait durer environ 3
à 4 ans selon les termes de Cologne.
En outre, la fin de la crise armée viendrait parfaire
le rating du risque politique, qui se traduirait par une évolution
notable du score actuel de « C » qui lui aussi peut passer à
«B » puis à «A ».
Dans un tel contexte, l'Etat de Côte d'Ivoire se
retrouverait au moins dans la deuxième partie du 1er
compartiment de notre tableau des options stratégiques. Cela
impliquerait à ce moment là, que la mobilisation de ressources
sur l'euromarché serait aisée avec comme
vecteur d ' endettement, l' émission d
'euro-obligations. Aussi, dans l'hypothèse d'une telle
opportunité, comment pourrait s'effectuer la mise en oeuvre de
l'opération d'euro-émission? Quelles seraient les
caractéristiques du vecteur d'endettement utilisé à cette
fin? N'existet-il pas de moyens pour réduire le coût de
l'endettement, sachant que l'objectif comme cela a été
souligné dans l'introduction, est de réduire la dette
onéreuse? En définitive, à quoi l'Etat de Côte
d'Ivoire devrait s'attendre au cours d'une telle opération?
Ces questions nous conduisent à analyser maintenant
dans la seconde partie de l'étude, le mode opératoire de
l'émission d'euro-obligations qui prend en compte ces
préoccupations-ci.
DEUXIEME PARTIE : MISE EN OEUVRE DE
L'OPERATION D'EMISSION
L'émission d'un titre de dette, pourrait se fondre
dans un processus marketing dans la mesure où nous pouvons distinguer
clairement un vendeur (l'émetteur) et des acheteurs (les investisseurs),
le bien, objet de la transaction étant les euro-obligations. A cet
effet, Kotler et Dubois (2005) préconisent que dans toute
opération de vente, il convient de déterminer les «six O
», que l'on appelle désormais les «six O » de Kotler. Ce
sont :
- les Occupants (qui fait partie du marché ?)
- les Objets (qu'achète le marché ? = des
obligations)
- les Occasions (quand vend-t-on ?)
- l'Organisation (qui intervient dans la vente ?)
- les Objectifs (pourquoi vend-t-on ?)
- les Opérations (Quel est le processus de vente ?)
Aussi allons tenter autant que faire se peut, de
répondre dans les pages qui suivent de façon particulière
à chacune de ces interrogations. Mais avant, il convient d'aborder pour
une meilleure compréhension, l'historique du marché des
émissions obligataires internationales.
I- L'HISTORIQUE DES EMISSIONS D'OBLIGATIONS
INTERNATIONALES
Les euro-obligations constituent le plus ancien compartiment
du marché financier international. Depuis longtemps, des
non-résidents empruntent des sommes importantes sur certains
marchés nationaux en se conformant à la réglementation du
pays où se réalise l'émission. On peut donc
considérer une émission étrangère comme une
émission réalisée par un non-résident sur un
marché domestique. Après la Seconde Guerre Mondiale, la place de
New York regroupait la plupart des émissions étrangères,
enregistrant notamment sur la période 1955- 1962 pour 4,2 milliards de
dollars de transactions contre seulement 2,9 milliards de dollars pour les
autres places financières. Cependant, l'instauration de la taxe de
péréquation en 1963 a augmenté le coût des
émissions obligataires effectuées par des étrangers, et a
eu pour conséquence la réduction du nombre d'émissions
étrangères sur la place financière américaine. Ce
phénomène a eu pour conséquence la création d'un
marché euro-obligataire qui n'est soumis lui à aucune obligation
étatique. Ainsi, on a coutume de considérer l'émission
menée par Autostrade le 1 er juillet 1963 comme une première dans
le genre. Cette société concessionnaire des autoroutes à
péage italiennes avait émis 15 millions de dollars sur 15 ans.
Malgré la suppression de la taxe de péréquation au
début des années 70, les marchés euro-obligataires ont
continué à connaître un développement soutenu.
II- IDENTIFICATION DES ACTEURS ET DES CONTRAINTES
EXTERNES (Qui fait partie du marché ?)
2.1 Les acteurs et les intervenants dans
l'opération
d'euro-émission
On peut distinguer des acteurs et intervenants sur le
marché primaire et sur le marché secondaire du marché des
euro-obligations.
2.1.1 le marché primaire
Sur le marché primaire des euro-obligations, on
distingue généralement cinq intervenants principaux :
l'émetteur, le syndicat bancaire, les investisseurs institutionnels, les
«autorités de régulation », les agences de notation et
les organismes de compensation supra nationaux.
L'émetteur est celui qui exprime la demande
de capitaux, matérialisée par une émission de titre de
dette souverain communément appelé, obligation souveraine
(sovereign bond). Il contracte ainsi, une dette étrangère, un
passif étranger. Avant tout, il est à noter que les emprunteurs
des pays de l'OCDE émettent la quasi-totalité (environ 95% entre
1983 et 1993) des obligations internationales. Le résidu étant le
fait d'institutions financières internationales et d'emprunteurs
originaires des pays en développement (voir annexe 2).
Si l'on s'attarde sur la nature même des emprunteurs,
on remarque qu'en 1997 ce sont les banques et les entreprises privées
qui dominent le marché avec près d'un tiers chacune, laissant
loin derrière les Trésors Publics, les entreprises publiques et
autres organisations internationales.
Il convient toutefois de recentrer certains concepts à
travers la définition des termes techniques :
Le titre est dit "souverain" selon Gianviti (2002), lorsqu'il
est émis ou garanti par un Etat ou une banque centrale.
Pour la dette étrangère, Roubini (2001)
conçoit deux définitions ; une, économique et l'autre,
légale.
Selon la définition économique, «la
dette étrangère est la dette détenue par des
non-résidents, que la dette soit libellée en monnaie locale ou
étrangère, qu'elle soit issue sur le territoire domestique ou
à l'étranger. Inversement, la dette intérieure est la
dette détenue par les résidents, que la dette soit
libellée en monnaie locale ou étrangère, qu'elle soit
issue sur le territoire domestique ou à l'étranger».
Selon la définition légale «la dette
étrangère est la dette émise sous une loi
étrangère, libellée en monnaie locale ou
étrangère et détenue soit par un résident ou un
étranger. Inversement, la dette intérieure est la dette
émise sous la loi domestique, libellée en monnaie locale ou
étrangère et détenue soit par un résident ou un
étranger».
C'est pourquoi, il convient selon le Bureau des
Règlements Internationaux (2002) de distinguer trois types de titres de
dette souverains :
- les titres libellés dans une monnaie différente
de celle du marché d'émission (euro-obligation ou
euro-émission)
- les titres libellés dans la monnaie du marché et
émis par des nonrésidents (obligations
étrangères)
- les titres particuliers libellés dans la monnaie du
marché et émis par des résidents, mais à
l'intention des non-résidents (obligations à mi-chemin des
précédents)
Le syndicat ban caire est constitué de
banques qui ont pour mission de constituer une syndication capable
d'accompagner le titre de dette durant tout le «processus marketing»
; de la conception du produit, au service après vente (le service
financier).
A chaque étape de d'élaboration du "produit",
chaque banque perçoit des commissions en fonction du rôle qu'elle
joue. Aussi, au sein de ce syndicat sera choisi le chef de file de
l'euro-émission (chargé généralement de centraliser
des demandes, assurer le secrétariat de l'émission et/ou le
service financier). A son tour, il fera appel à d'autres
établissements bancaires ou financiers pour constituer le syndicat de
direction (chargé de définir les conditions définitives de
l'émission), le syndicat de garantie (la prise ferme de l'ensemble des
obligations émises) et le syndicat de placement (chargé de placer
les titres auprès des investisseurs finaux). En conséquence, les
commissions qui s'établissent à chaque niveau de syndication sont
généralement:
- la commission attribuée au syndicat de direction
pouvant varier entre 0,25 % et 0,50 % du montant du crédit, dont la
moitié reviendrait au chef de file. Si l'émission est importante,
le chef de file devrait se contenter d'un praecipuum (montant flat)
représentant 20 à 30 % de la commission,
- la commission de garantie pouvant varier entre 0,25 % et 0,75
% du montant garanti
- la commission de placement pouvant se situer entre 0,75 % et
1,25 % des montants placés
- la commission d'agent pouvant représenter 0,25 % des
coupons annuels et 0,125 % du nominal lors du remboursement.
Les investisseurs institutionnels offrent les capitaux;
on trouve les intervenants suivants:
promouvoir la standardisation des nouvelles procédures
d'émission par l'uniformisation, d'effectuer des recommandations et
d'encourager la coopération entre les participants sur le marché.
A cet effet, l'ICMA propose un modèle de rédaction des contrats
de souscription. Le chef de file peut être membre de l'ICMA ou simplement
suivre en pratique les recommandations de cette association. Les modèles
proposés se présentent sous la forme d'un contrat-type auquel
sont annexées une série de définitions ainsi que des
clauses additionnelles concernant les accords entre co-chefs de file ou les
représentations et garanties.
Les agences de notation, constituent un moyen
d'évaluation du risque de défaut de l'émetteur.
L'euromarché en distingue trois principales : Moody's Ratings, Fitch
Ratings et Standard & Poors. La notation, de par les différentes
utilisations qu'en font les investisseurs, revêt à plusieurs
titres un intérêt pour les émetteurs. Pour beaucoup
d'investisseurs, elle est un élément déterminant pour
fixer la valeur du titre de dette et constitue souvent, une
référence pour définir les principes en matière de
placement. Un bon rating peut conférer trois avantages principaux
à l'émetteur:
a. Un plus large accès aux
capitaux : Les opinions de crédit des agences de rating
étant largement diffusées et utilisées par les
investisseurs institutionnels qui en ont une bonne compréhension, elles
peuvent rendre la dette d'un émetteur accessible à un plus large
éventail d'acheteurs potentiels. Aujourd'hui, sur les marchés
internationaux, une notation constituerait en effet un "passeport" pour le
crédit, puisqu'elle peut offrir l'accès à des capitaux
étrangers, notamment sur des marchés où un émetteur
ne jouit pas d'une forte notoriété ou par exemple sur des
marchés ayant une langue, une culture et des principes différents
de ceux de l'émetteur ;
b. Une flexibilité financière : Cet
accès élargi au marché, implique le plus souvent, une
diminution des coûts de financement, notamment pour les émetteurs
bénéficiant d'une notation élevée. La
crédibilité dont bénéficient les notations, peut
également permettre aux émetteurs notés, d'entrer plus
fréquemment, et à moindre coût, sur les marchés de
capitaux et d'émettre des volumes plus importants à
échéance plus longue.
c. La stabilité du marché :
Après l'émission, la dette est notée chaque année
pendant toute la durée de vie du titre. Ainsi, les notations et les
documents d'analyse qui sous-tendent les opinions des agences de rating,
contribuent également à entretenir la confiance des
investisseurs, notamment en période de tension sur les marchés.
Aussi, un article de presse peut-il avoir un impact négatif sur le prix
des obligations en circulation d'un pays, même s'il n'a pas de
réelles répercussions sur la qualité du crédit
à long terme de ces obligations. Le caractère rassurant de la
notation et les analyses complémentaires de la situation des agences,
peuvent contribuer à apaiser les craintes des investisseurs.
De ce qui précède, il ressort que la notation de
la dette revêt un caractère stratégique, pouvant
infléchir considérablement sur le coût de financement. Il
convient dès lors, d'y consacrer toute une section afin de pouvoir en
cerner les mécanismes.
Les organismes supra nationaux de compensation ; En 1968
et en 1970, ont été créés respectivement,
Euroclear: Euro-Clearance system limited et Cedel: Central De Livraison de
valeurs mobilières. Euroclear a été créé sur
l'initiative de la Morgan Guaranty Trust of New York et en 1972, le
système a été cédé à une
société indépendante de la Morgan. Depuis cette date, elle
possède en raison de ses nouveaux
propriétaires, un statut de société
coopérative de droit belge, dont le siège social se situe
à Bruxelles.
Cedel, quant à elle est une société
anonyme de droit luxembourgeois, dont le siège social est situé
à Luxembourg. Toutefois, la fusion avec la Deutsche Börse Clearing
récemment, a donné naissance à la ClearStream.
La mission de ces deux organismes dits de clearing
international, était essentiellement à l'époque de leur
création, de faciliter le dénouement des transactions en
euro-obligation. Cette mission s'étend aujourd'hui à tous les
instruments financiers.
En matière de marché primaire, il existe des
dépositaires1 communs qui s'intercalent entre
l'émetteur, le chef de file et les organismes de compensation.
Les fonctions de ces dépositaires communs sont les
suivantes:
- Ils reçoivent les fonds relatifs à leurs
positions, à la date de clôture des souscriptions, de ClearStream
et Euroclear;
- Ils assurent le paiement de l'émetteur;
- Ils procèdent à la réception et au
dépôt des certificats globaux2 pour le compte des deux
centrales;
- Ils enregistrent les transferts d'intérêts des
certificats globaux entre ClearStream et Euroclear.
Mais avant de bénéficier de ces services, il
est nécessaire de faire admettre la valeur aux opérations de
ClearStream ou Euroclear. La banque chef de file adresse en conséquence
à ces derniers, une demande accompagnée des
caractéristiques arrêtées dans le contrat
d'émission: nom de l'émetteur, devise d'émission, taux
d'intérêt,...). A la suite de
1 A l'instar du Dépositaire Central / Banque de
règlement de l'UEMOA
2 Les certificats globaux sont émis temporairement pour
être échangés ensuite en titres définitifs ou en
certificats globaux permanents
quoi, s'engagerait un dialogue entre la banque et ces
organismes, pour des échanges d'informations relatives aux
procédures d'émission.
2.1.2 Le marché secondaire
Ce marché sert en quelque sorte de « soupape de
sécurité » au marché primaire. Les banques qui font
partie des syndicats de garantie y trouvent en effet le moyen d'écouler
les titres qui n'ont pas trouvé preneur sur le marché primaire.
Bien que le marché secondaire soit un marché de gré
à gré (over the counter) complètement
délocalisé, certains titres sont quand même cotés
sur quelques places financières mais seulement à des fins de
publicité.
Les opérateurs; presque toutes les
transactions sont réalisées soit par les teneurs de marché
(market makers) soit par les courtiers (dealers).
Le rôle des teneurs de marché consiste à
se poser en contrepartie des opérations à l'achat et à la
vente. Ils s'engagent pour des montants d'au moins 500 000 dollars US en
général, de façon continue et aux cours qu'ils ont
annoncés au préalable. Leur rémunération correspond
à la différence entre le cours d'achat et le cours de vente
autrement dit le spread. Ces teneurs de marchés ou reporting dealers
sont le plus souvent des grandes banques internationales.
Les courtiers assurent pour leur part un rôle
d'intermédiaire entre les teneurs de marché et les investisseurs,
moyennant le paiement de commissions et de frais de courtage.
Les organ ismes supra nationaux de compensation;
à la clôture des souscriptions ClearStream et Euroclear
règlent le montant total de leurs souscriptions auprès du
dépositaire commun, pour le compte final de l'émetteur. En
échange de ce paiement, le dépositaire commun reçoit le
certificat global gardé en dépôt par ses soins, pour compte
des deux
organismes. Ensuite, intervient la distribution des
souscriptions. Les deux centrales procèdent simultanément
à la distribution des souscriptions, selon deux possibilités
(dépendant du chef de file et des souscripteurs) : franco paiement ou
contre paiement.
Les instructions sont appariées: la date de
dénouement (le lendemain du jour de clôture des souscriptions) et
la contre-valeur (prix de souscription) devront donc être
vérifiées.
Enfin, les certificats globaux devront être
échangés contre des certificats définitifs. Ainsi, lors du
lancement d'une émission, les titres sont représentés par
un certificat global temporaire. A une date convenue, date d'échange, il
sera transformé en certificat global permanent ou en titres
définitifs, selon le contrat d'émission.
2.2 Les contraintes du marché
L'absence d'une réglementation spécifique aux
opérations se déroulant sur le marché international des
capitaux n'exempte pas les émetteurs de tenir compte de certaines
contraintes dans leur stratégie de levée de fonds sur
l'euromarché.
La vague de déréglementation comme nous l'avons
souligné tantôt, a favorisé l'émergence d'agences de
notation qui se donnent pour activité principale d'assigner une note ou
rating à chaque titre de dette émis sur les marchés. Ces
notes sont alors censées traduire le risque contrepartie en donnant une
idée assez précise du risque que prendrait un investisseur qui
souhaite souscrire à ces titres de dette souverains.
2.2.1 Notation et processus de notation de
l'émission A- La notation
La déréglementation des marchés
financiers internationaux, appuyée par le contexte d'instabilité
des années 90 (crises de dettes souveraines), a suscité chez les
agents économiques, le souci de se préoccuper du risque-pays des
émetteurs. Il s'est donc dégagé une forte demande
d'informations concernant l'évaluation des profils-pays et des effets
des différentes manifestations du risque. C'est en réponse
à cette pression exercée par les agents économiques, que
le rating a été envisagé. Les agences qui en sont
chargées, ont pour rôle d'analyser le risque de défaut des
émetteurs sur l'euromarché. Les études qu'elles
mènent, aboutissent à des notes synthétiques, sous forme
alphabétique ou alphanumérique, pour faciliter une comparaison
universelle des titres de dette.
Une fois obtenue, les notes sont
réévaluées durant toute la vie de l'emprunt et traduisent
au fil du temps, le risque-pays des émetteurs. Les critères
utilisés par les agences peuvent être quantitatifs ou qualitatifs.
Les données nourrissant chaque critère, sont collectées
soit au plan national auprès de la Banque Centrale, du Ministère
de l'Economie et des Finances,... soit au plan international auprès de
la Banque Mondiale, du FMI, de l'OCDE,....
Le choix de chaque indicateur comme l'a souligné
Yasmine Guessoum (2004), résulte de l'interaction entre précision
des analyses quantitatives et complexité des faits réels.
Il convient dans la mesure où, la notation constitue
un instrument stratégique pour l'émetteur, d'étudier les
familles de critères proposés par les trois principales agences
de rating. Nous les avons sélectionnées en raison de leur
notoriété, du fait qu'elles utilisent des notations de
même type (alphabétique et alphanumérique),
et du fait qu'elles ciblent généralement le même type
d'agents.
Il s'agit des agences que nous avons citées plus haut
: Fitch Ratings, Moody's et Standard & Poor's.
Les critères de rating Fitch ; il s'agit d'une liste
des sujets abordés lors des entretiens de notation, effectués par
les experts de Fitch avec les autorités compétentes des pays
sujets au rating. Ce processus étant par nature prospectif, les besoins
d'information s'étendraient généralement sur au moins cinq
années révolues et deux années prévisionnelles, la
première étant l'année de la mise en place de
l'étude.
Fitch intervient dans 75 pays et couvre tous les principaux
secteurs économiques. Elle se charge de noter près de 70 Etats et
plus de 100 collectivités locales. Les thèmes utilisés
à cet effet, se présentent sous forme de 14 groupes au sein
desquels 103 critères sont réunis, faisant de Fitch, l'agence de
rating disposant de l'éventail de critères le plus large et le
plus détaillé.
Les critères de Rating Moody's ; le champ
d'étude de Moody's couvre un échantillon de 100 pays, par le
biais d'un système d'évaluation du risque basé sur des
variables d'ordre politique et économique. Celles-ci sont au nombre de
50, réparties sur 5 grandes familles de critères.
Les critères de rating Standard & Poor's (S &
P) ; le champ d'étude de S & P, couvre un échantillon du
risque de 77 pays et se base sur un système d'évaluation du
risque souverain composé de 47 critères répartis sur 9
thèmes couvrant les plans politique et économique.
Pour plus de détails concernant la composition de ces
familles de critères, il est nécessaire de se
référer à l'annexe 2.
La répartition des notes attribuées aux titres
de long terme par les agences de rating, tel que le montre le tableau 9, se
fait globalement sur deux grandes catégories :
- Moody's stratifie davantage son échelle, en
associant aux catégories allant de Aa à Caa, les indices 1, 2 et
3 afin de déterminer, la position exacte de chaque émetteur au
sein de la catégorie à laquelle il appartient (1 : tête de
catégorie, 2 : milieu de catégorie et 3 : fin de
catégorie),
- S & P en fait autant avec l'adjonction des signes + et
- aux catégories allant de AA à CCC, afin de déterminer
avec plus de précision, la position relative d'un émetteur dans
l'échelle des notes (+ : tête de catégorie, aucun : milieu
de catégorie et - : fin de catégorie),
- Fitch applique aussi les nuances + et - aux
catégories allant de AA à CCC (+ : tête de
catégorie, aucun : milieu de catégorie et - : fin de
catégorie).
Par ailleurs, en tenant compte de ces nouvelles
échelles, il est possible de regrouper les notes en sous
catégories suivant la qualité du titre sujet au rating, en
préservant toutefois, la limite entre les catégories
d'investissement de sécurité et spéculatif.
Moody's
|
S & P
|
Fitch
|
Interprétation
|
Investment grade
|
Catégorie investissement
|
Niveau
d 'investissement
de sécurité
|
1ère Catégorie
|
Aaa
|
AAA
|
AAA
|
Qualité maximale
(probabilité de risque minimal)
|
Aa1
|
AA+
|
AA+
|
Qualité élevée (probabilité de
risque très faible)
|
Aa2
|
AA
|
AA
|
|
AA-
|
AA-
|
|
A+
|
A+
|
Qualité favorable (probabilité de risque
faible)
|
A2
|
A
|
A
|
|
A-
|
A-
|
|
BBB+
|
BBB+
|
Qualité correcte (probabilité de risque
normalement
faible)
|
Baa2
|
BBB
|
BBB
|
|
BBB-
|
BBB-
|
|
Catégorie spéculative
|
Niveau
d 'investissement
de sécurité
|
2ème Catégorie
|
Ba1
|
BB+
|
BB+
|
Faible protection contre les éléments
spéculatifs (probabilité d'évolution du risque)
|
Ba2
|
BB
|
BB
|
|
BB-
|
BB-
|
|
B+
|
B+
|
Faible probabilité de respect des engagements (Risque
significatif avec marge de sécurité)
|
B2
|
B
|
B
|
|
B-
|
B-
|
|
CCC+
|
CCC+
|
Eventualité d'un défaut proche (risque
considérable)
|
Caa2
|
CCC
|
CCC
|
|
CCC-
|
CCC-
|
|
CC
|
CC
|
Eventualité d'un défaut imminent (risque
élevé)
|
C
|
C
|
C
|
|
D
|
DDD
|
En défaut (risque excessif)
|
|
|
DD
|
|
|
D
|
|
Tableau 10 : Interprétation des échelles
employées par les agences Moody's, S&P et Fitch
Source: Fitch Ratings, Méthodologie de
Notation des Risques Souverains, Fitch Sovereign Ratings, Fitch Inc., New York,
2002, p.15.
Moody's, Moody's Rating Methodology Handbook, Sovereign,
Moody's Investor Service Inc., New York, April 2002, p.102.
http://www.standardandpoors.com/Europe/francais/Fr_resource_center/criteres.html.
Il ne faudrait pas perdre de vue que tout rating
représente une image ponctuelle de la situation politique et
économico-financière d'un pays. C'est pourquoi, afin de lui
donner un caractère dynamique, les agences de notation effectuent une
mise sous surveillance permettant de signaler les tendances éventuelles
que pourrait subir le rating ultérieurement. Pour ce faire, chaque
agence détermine une "matrice de transition" qui donne la
probabilité de voir une dette bénéficiant au départ
d'une notation donnée, être notée différemment au
bout de 1 an, 2 ans...
A titre d'exemple, voici ci-dessous présentée, la
"matrice de transition" de S&P :
Rating initial
|
AAA
|
AA
|
A
|
BBB
|
BB
|
B
|
CCC
|
D
|
RA
|
AAA
|
90,34
|
5,62
|
0,39
|
0,08
|
0,03
|
0
|
0
|
0
|
3,54
|
AA
|
0,64
|
88,78
|
6,72
|
0,47
|
0,06
|
0,09
|
0,02
|
0,01
|
3,21
|
A
|
0,07
|
2,16
|
87,94
|
4,97
|
0,47
|
0,19
|
0,01
|
0,04
|
4,16
|
BBB
|
0,03
|
0,24
|
4,56
|
84,26
|
4,19
|
0,76
|
0,15
|
0,22
|
5,59
|
BB
|
0,03
|
0,06
|
0,40
|
6,09
|
76,09
|
6,82
|
0,96
|
0,98
|
8,58
|
B
|
0
|
0,09
|
0,29
|
0,41
|
5,11
|
74,62
|
3,43
|
5,30
|
10,76
|
CCC
|
0,13
|
0
|
0,26
|
0,77
|
1,66
|
8,93
|
53,19
|
21,94
|
13,14
|
|
Tableau 11 : Matrice des transitions de S&P au
bout d'un an (en %)
RA : Rating Abandonné,
Source:
http://www.standardandpoors.com/
(Credit Week, June 2001)
Ce tableau se lit de la manière suivante :
l'émission bénéficiant d'une notation initiale AAA a une
probabilité de 90,34 % de la conserver. Il y a une probabilité
à 5,62 % de passer de AAA à AA, de 0,39 % de passer de AAA
à A....
Grâce à la "matrice de transition", les agences
de notation, déterminent ensuite les taux de défaut
cumulés qui leur permettent d'associer systématiquement à
chaque note, un qualificatif suivant : positive
(indiquant la possibilité d'une hausse), negative
(pour une baisse), evolutive (pour un changement dont la
direction n'est pas déterminée) et stable (pour un
maintient de la note au niveau actuel).
Année Risque
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
10
|
15
|
AAA
|
0,00
|
0,00
|
0,03
|
0,06
|
0,10
|
0,51
|
0,51
|
AA
|
0,01
|
0,04
|
0,09
|
0,16
|
0,25
|
0,79
|
1,07
|
A
|
0,04
|
0,11
|
0,19
|
0,32
|
0,49
|
1,41
|
1,83
|
BBB
|
0,22
|
0,50
|
0,79
|
1,30
|
1,80
|
3,68
|
4,48
|
BB
|
0,96
|
2,97
|
5,35
|
7,44
|
9,22
|
15,00
|
16,36
|
B
|
5,30
|
11,28
|
15,88
|
19,10
|
21,44
|
27,88
|
29,96
|
CCC
|
21,94
|
29,25
|
34,37
|
38,24
|
42,13
|
46,53
|
48,29
|
Invesment grade (BBB et au- dessus)
|
0,08
|
0,19
|
0,31
|
0,51
|
0,72
|
1,71
|
2,14
|
Speculative grade
|
4,14
|
8,34
|
11,93
|
14,67
|
16,84
|
22,85
|
24,58
|
|
Tableau 12 : Matrice des taux de défaut
cumulés de S&P (en %)
Source:
http://www.standardandpoors.com/
(Credit Week, 31 Janvier 2001)
Ce tableau se lit de la manière suivante : le pays qui
émet pour 15 ans, des titres de dette ayant la note AAA à
l'année 0, à une probabilité d'être
défaillant: nulle, les deux années qui suivent l'émission;
de 0,03, la troisième année,...de 0,51 % la 15ème
année.
En somme, les agents économiques disposent de grilles
de lecture détaillée leur permettant de se faire une idée
assez précise du niveau de risque encouru lors de l'investissement dans
les titres d'un pays sujet au rating. Connaître les critères et
leur contenu, permet à l'émetteur d'être plus regardant sur
ces derniers. En clair, il apparaît nécessaire d'opérer les
réformes indiquées au niveau des indicateurs clés dans le
souci de permettre l'obtention d'un bon rating, coût de financement
oblige !
B- Processus de notation de l'émission
Les agences de notation, notent généralement
sur la demande de l'émetteur, ce qui leur permet d'accéder plus
facilement à l'information privilégiée (Plan de
développement à moyen, long terme; rencontre avec les
autorités de la Banque Centrale, du Ministère de
l'économie,...). L'attribution d'une note sans la collaboration de
l'émetteur est assez rare et tributaire de la qualité de
l'information disponible. En outre, si l'émetteur n'a pas besoin de
cette notation immédiatement, elle peut rester confidentielle, on parle
alors d'un shadow rating.
Comité de notation
Décision Réunion avec l'agence l'émetteur
décide ou non de
d'obtenir le rating présentation, rendre la notation
publique Questions-réponses
Processus d'émission
j
40 jours 90 jours
Préparation par l'émetteur Analyse par l'agence
(Document de support,...)
Figure 3: Processus d'obtention d'un rating
Après l'obtention du rating, il appartient au syndicat
bancaire d'enclencher le processus d'émission en analysant
minutieusement les conditions fiscales et réglementaires qui sont
offertes sur différentes places financières (le market rate). La
réussite de l'opération serait en partie fonction de cette
prospection parce que même si le marché international des capitaux
est déréglementé, les investisseurs eux, restent encore
soumis à leur réglementation locale. La charge
reviendrait donc au chef de file de détecter les
possibles volants, les leviers juridiques et fiscaux qui pourraient être
utilisés au profit de l'émetteur pour une mobilisation optimale
tout en sécurisant les fonds.
2.2.2 Analyse et choix stratégique des places
financières internationales
Dans une opération d'euro-émission, le choix d'une
place financière pourrait s'avérer judicieux pour deux raisons
principales : pour des considérations réglementaires et pour des
considérations fiscales. Pour assurer la liquidité des titres
ainsi que pour des raisons publicitaires, le chef de file de l'émission
sera amené à faire coter le «papier ». A cet effet,
chaque place financière définit un minimum de formalités
juridiques à remplir, pour pouvoir faire accéder le titre, au
marché secondaire.
Les places financières de Londres et de Luxembourg,
ont bâti leur réputation sur la flexibilité de leur
environnement fiscal, réglementaire et financier, ce qui leur permet de
concentrer sur elles, une partie importante de l'activité
financière mondiale. En conséquence, l'inscription à la
cote d'un titre Etat sur ces places financières, assurerait une
publicité automatique à l'émission et permettrait
d'accroître la liquidité du titre.
En outre, bien que l'euromarché soit un marché
considéré comme déréglementé, certaines
législations trouvent néanmoins à s'appliquer. Lors d'une
émission internationale, le syndicat de direction devra tenir compte des
réglementations locales qui peuvent restreindre, voire interdire
l'accès au marché euro-obligataire. En effet, dans certaines
juridictions comme les Etats-Unis, le Canada et le Japon, la publicité
de
l'émission est sujette à de strictes limites
alors que d'autres comme le Royaume-Uni, une approche plus libérale est
adoptée1.
En conséquence, les réglementations nationales
des juridictions où les titres seront offerts devraient faire l'objet
d'une analyse préalable de la part du syndicat bancaire. Cette analyse
pourrait s'avérer nécessaire pour deux raisons : d'une part, ces
réglementations varient d'un pays à l'autre, d'autre part,
certains pays ont adopté des législations extrêmement
protectrices qui restreignent les possibilités de proposer les titres
dans le public.
Il apparaît tout de même nécessaire comme le
suggère l'ICMA, de prendre en compte la loi nationale ou celle du pays
de dénomination de la monnaie. Ce, dans la quête de synergies
réglementaires et fiscales. Ensuite il faudrait noter que le contrat de
souscription devrait inclure des clauses visant la soumission aux
législations sur les valeurs mobilières des Etats
concernés. Toutefois, il est important de souligner selon l'ICMA, deux
pratiques du marché des émissions internationales : lorsque
l'émission se fait en dollars américains ou lorsque
l'émission donne lieu à une distribution mondiale des titres,
c'est la législation américaine qui s'applique.
Conformément donc à cette législation très
protectrice en la matière, des clauses de restrictions de vente seraient
insérées de façon quasi-systématique dans les
contrats de souscription pour empêcher que les euro-obligations soient
offertes au public et puissent, de cette manière, échapper aux
législations locales visant à protéger les investisseurs
non avertis. Dans la même optique, la législation britannique
devrait s'appliquer lorsque le chef de file a sa résidence au
Royaume-Uni, ou lorsque l'offre des titres s'effectue sur une grande
échelle.
1 Université de Montréal, Québec, Article
de la Revue juridique THEMIS, la pratique contractuelle des émissions
sur les marchés euro-obligataires ;
http://www.themis.umontréal.ca
Dans la structuration de l'émission, l'imposition des
revenus des capitaux mobiliers, jouerait aussi comme un facteur incitatif pour
les investisseurs à la recherche de plus-value. Choisir donc une place
financière qui réponde à un tel besoin des investisseurs,
en terme de revenu sur les valeurs mobilières, revêt un
caractère stratégique.
Au plan international, les revenus des capitaux mobiliers
peuvent être imposés de la manière suivante :
- l'impôt dû, dépend du pays où le
revenu est engendré, c'est-à-dire du pays de l'émetteur
distribuant le revenu (impôt à la
source)
- l'impôt dû, dépend du pays de
l'investisseur et est calculé dans l'assiette globale des revenus
(impôt de résidence)
Les euro-obligations sont pour la plupart
exonérés de retenues à la source, comme l'a fait remarquer
Cathérine Karyotris (1994). Si le syndicat prévoit de faire jouer
l'incitation fiscale, il va donc falloir choisir parmi les banques
concernées par la transaction, celles qui possèdent des
succursales ou des filiales dans des paradis fiscaux ou dans des pays qui sont
liés par des accords fiscaux spéciaux (par exemple1
entre la Côte d'Ivoire et la France, la suisse, la Norvège, la
Grande Bretagne, le Canada, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique)
Le franchissement de cette étape de prospection
devrait permettre au syndicat bancaire d'aborder de façon sereine
l'indentification des instruments financiers à la portée de
l'émetteur ou le cas échéant, les possibilités et
le cadre de montage d'instruments de mobilisation de ressources sur
l'euromarché.
1 K. Emmanuel, fiscalité pratique des particuliers et des
entreprises, 6ème Edition, 2003, P. 80
III- IDENTIFICATION DES INSTRUMENTS FINANCIERS ET
POSSIBILITES DE MONTAGE
Les instruments financiers utilisés par les pays (ou
les structures publiques) pour se refinancer à long terme sur
l'euromarché sont nombreux. De caractéristiques et de
structurations différentes, ceux-ci proviennent de même, de
diverses origines. On distingue à titre d'exemple ; des Parallel bonds
émis par la République d'Autriche en janvier 1997, des Dual
currency bonds émis par l'Export Developpement Corporation en 1985, des
Petrobonos et Tesobonos mexicains en 1994 et 1995. Mais chacun d'eux est
structuré en fonction des particularités des économies et
des objectifs à atteindre.
L'appétit «insatiable » des investisseurs
pour la détention de nouveaux produits financiers, a frappé les
obligations classiques (les straight bonds) d'obsolescence. Ces derniers ne
sont plus attrayants parce qu'ils ne répondent plus aux goûts et
aux besoins du moment des investisseurs (placement, couverture, arbitrage).
Ainsi, les techniques de montages se sont-elles aussi compliquées, pour
répondre de façon adéquate à la demande de nouveaux
produits. C'est pourquoi il nous apparaît utile d'indiquer dans la
présente étude, un cadre potentiel d'analyse du montage des
titres souverains, particulièrement pour l'Etat de Côte d '
Ivoire.
Celui-ci sera d'ailleurs accompagné de propositions des
techniques de structuration et de sélection des instruments
financiers.
3.1 Cadre d'analyse du montage des titres souverains
Le montage de l'opération d'émission
d'euro-obligation devrait trouver sa source dans l'analyse minutieuse de la
balance de paiement. La balance de paiement pour un pays, est un état
comptable qui retrace pour une période donnée, le solde des
opérations avec le reste du monde, en ce qui concerne les
échanges de biens et services. On déduit ainsi, la balance des
opérations courantes, à partir de la confrontation des soldes
précédents. Si cette dernière est déficitaire, le
pays est importateur net de capitaux, dans le cas contraire, il en est
exportateur net.
Aussi, le rétablissement de l'équilibre
comptable, nécessiterait que le pays qui se trouve dans une situation
déficitaire s'endette en devises et, prête sa monnaie, s'il se
trouve en situation d'excédents.
Les renseignements que nous pouvons extirper de cette balance
de paiement pour le montage des caractéristiques initiales de nos
euroobligations sont le choix de la devise d'émission,
l'appréciation du risque de change et l'identification des flux sur
lesquels il est possible d'adosser1 le service de la dette.
3.1.1 Le choix de l'eurodevise
Pour des pays faibles financièrement comme les pays en
voie de développement, l'endettement devrait se faire dans une devise
forte2, et cela pour deux raisons principales: d'une part,
l'endettement en devises fortes permet d'attirer des investisseurs
internationaux qui peuvent alors prêter dans leur monnaie domestique et
donc s'affranchir de la gestion du risque de change. D'autre part, les
crédits aux pays en développement étant
caractérisés généralement par un risque de
marché
1 A l'instar du mécanisme de compte séquestre
ouvert spécialement dans les livres de l'agent financier pour garantir
le service de la dette.
2 Les principales devises fortes sont le dollar ($); l'euro ( ),
la livre sterling (£), le yen et le Franc suisse.
très élevé, les éléments
touchant à la liquidité, sont particulièrement stimulants
pour les investisseurs. Or, la liquidité ne serait garantie que par la
"profondeur" de l'offre de capitaux voire la disponibilité de capitaux,
qui ne demeure considérable que pour les devises fortes.
A ce niveau, il est possible d'apprécier cette offre de
capitaux, par l'étendue de la zone d'émission de la monnaie
ciblée (nombre de pays couverts, populations concernées,...) et
le volume des transactions opérées dans celle-ci (voir annexe
3).
Toutefois, indépendamment des contraintes liées
à l'offre de capitaux, deux facteurs sont aussi déterminants du
point de vue de l'émetteur, dans le choix de la devise d'endettement: ce
sont les taux d'intérêt internationaux (courants),
l'évolution du taux de change et la courbe de taux des obligations
d'Etat.
Le niveau des taux d'intérêt internationaux
courants, donc le coût présent de l'endettement, jouerait pour sa
part, un rôle important dans le choix de la devise d'endettement. En
effet, un taux d'intérêt trop élevé
accroîtrait la charge de dette et pourrait aliéner l'Etat
emprunteur. L'estimation du coût de l'emprunt se fait en
référence à deux types de taux : un taux du type
monétaire pour la monnaie d'émission et un taux du type
obligataire pour la dette elle-même. Pour cette raison, le choix de
l'eurodevise va reposer sur la structure par terme des taux
d'intérêt et à la courbe des taux des obligations
d'Etat.
3.1.1.1 La structure par terme des taux
d'intérêt
La structure par terme des taux d'intérêt
décrit le lien entre rendement et échéance. Elle donne une
indication des taux du type monétaire. On appelle alors la courbe de
taux ou de rendement, la représentation graphique de la relation reliant
les taux d'intérêt des titres à leur terme.
La construction d'une telle courbe est effectuée
à partir d'un échantillon de titres. Pour que la relation soit
correctement décrite, il est nécessaire que les titres retenus
relèvent d'une même classe de risque, à défaut de
quoi les rendements observés reflèteraient
l'échéance mais aussi le risque de crédit. Pour
éviter cette difficulté, certaines agences1 ont
recours à des titres présentant une qualité de signature
homogène.
La courbe de taux est un outil qui permet d'orienter le chef
de file dans le choix de l'eurodevise, grâce à l'observation du
comportement des taux longs par rapport aux taux courts. La pente de la courbe
dépend fondamentalement des anticipations des opérateurs sur
l'évolution des taux à court terme; c'est ce que traduit la
figure 4.
Ainsi:
Si les opérateurs anticipent une croissance des taux
d'intérêt à court terme, durant les prochaines
périodes, le taux long courant est supérieur au taux court
courant. Inversement, un écart (spread) positif entre taux long et taux
court courant signale des anticipations haussières des opérateurs
sur les taux courts,
Si les opérateurs anticipent la stabilité des
taux courts, la courbe de rendement est plate, le spread est nul,
Une courbe de rendement inversée est le résultat
d'une anticipation à la baisse des taux.
1 ICAP Pic, Bloomberg, Reuters, Datastream
Figure 4 : la courbe des taux d'intérêt dans
le monde (février 2005)
Source: ICAP Pic
Les courbes de taux d'intérêt ci-dessus sont
pratiquement de forme "normales" (taux long terme supérieurs aux taux
court terme), ce qui signifie que les marchés s'attendent à une
progression des taux à court terme par rapport à leurs niveaux
actuels une fois que la croissance économique aura retrouvé son
dynamisme. On ne manquera pas de remarquer la faiblesse des taux
d'intérêt japonais : l'Etat japonais s'endette à 30 ans
à 2,3%. Ceci veut dire que si l'Etat de Côte d'Ivoire prend la
décision d'emprunter à cette période, il lui est plus
favorable d'emprunter en yen pour 30 ans que de s'endetter dans une autre
devise, ceteris paribus. En effet, au moment de l'édition de cette
courbe, force est de constater que les yens coûtent moins cher que les
autres devises sur toutes les échéances. Toutefois, en
considérant les
prix relatifs (taux de change) du FCFA et du yen, on pourrait
être amené à reconsidérer cette assertion.
L'écart révélé en confrontant les
taux d'intérêt de deux monnaies, représente la base
d'intérêt (Différentiel d'intérêt).
Lorsque que cette dernière est nulle, on parle alors de
parité terme/comptant (la courbe des taux présente une forme
plate); en outre si nous prenons en exemple l'euro comme la monnaie de
référence et que cette base est négative, on peut dire
alors qu'il y a un déport de la devise (le dollar par exemple). Dans le
cas contraire, si cette base est positive la devise est en report (le taux de
report est également appelé taux swap1). Une monnaie
en déport signifie qu'au moment de l'emprunt, qu'elle est mieux
rémunérée (elle coûte chère) sur le
marché international. Elle est donc appelée à se
déprécier à terme, tandis que lorsqu'elle est en report,
elle est moins bien rémunérée au moment de
l'évaluation et donc appelée à s'apprécier.
La mise en place du financement international va consister en
outre, à étudier les conditions offertes par diverses places
financières en différentes devises, puis à comparer le
coût (en terme de taux de change) de ces différentes solutions une
fois rapportées à la même devise. Le taux de change, est le
prix relatif entre deux monnaies. Dans notre situation, il s'agit de la monnaie
domestique (FCFA) et de la devise d'émission. Il faudrait toutefois
garder à l'esprit que dans le cas de la Côte d'Ivoire, le FCFA n'a
réellement2 de prix relatif que par rapport à l'euro.
A cet effet, le taux de change du FCFA contre les autres devises, ne pourrait
s'établir que par rapport à l'euro, avec lequel il y a une
parité fixe (1 = 655,9573). L'estimation du taux de change
à terme (cours à terme), s'effectue généralement
via le calcul des points à
1 Etant le pourcentage à ajouter au prix comptant pour
obtenir le taux à terme
2 A. Nicolas, le FCFA et l'euro contre l'Afrique, Editions
Solidarité Mondiale A.S, 2000, P.41 3 Au moment où cette
étude est menée
terme ou le calcul direct des cours à terme, lorsque
les points sont donnés par une agence (Financial Times par exemple). Les
points représentent des fractions d'une unité monétaire
donnée et l'unité de point représente la
1000ème partie de l'unité monétaire
donnée. Grâce à celle-ci, on détermine les taux de
report/déport1 entre deux monnaies pour choisir le placement
adéquat dans une devise. Il est alors possible comme dans le cas des
«dual currency bonds2» cités plus haut,
d'opérer par le biais des taux de report/déport, des arbitrages
de temps entre devises. En d'autres termes, il est possible d'émettre
dans une devise favorable (en report) et de procéder au remboursement,
dans une devise appelée à se déprécier (en
déport). La couverture dans le cas d'espèce peut se faire soit en
plaçant la monnaie en déport jusqu'à
échéance ou en swappant3 carrément la devise
d'emprunt contre celle de rembours ement.
L'écart entre le différentiel de change
(Base de change) et le différentiel d'intérêt
(Base d'intérêt), représente le "taux
intrinsèque" (Base intrinsèque) que l'émetteur devra
supporter, en plus du taux d'emprunt de la dette si la base joue en la
défaveur de la monnaie d'émission à utiliser. En
conséquence, le coût final pour lui, est composé du taux de
revient effectiø de l'emprunt en devise et du coût de couverture
de la base intrinsèque. Ce taux intrinsèque est un "coupon
supplémentaire" à payer pour couvrir le différentiel
intrinsèque défavorable. Dans le cas de la Côte d'Ivoire,
si elle emprunte en euro, la base intrinsèque est seulement égale
à la base d'intérêt, la base de change étant nulle
en raison de la fixité du régime
1 Différence entre le taux à terme et le taux
comptant qui représente la base de change (différentiel de
change)
(Base<0 = déport et Base> 0 = report)
2 Emis par euro export en .....
3 En échangeant avec d'autres opérateurs
4Le taux de l'emprunt majoré du taux actuariel
de tous les frais d'émission (appelé encore taux de sortie)
de change. La couverture lorsque la base intrinsèque
joue en la défaveur de l'emprunteur, pourrait s'opérer de deux
manières: soit en identifiant les flux à séquestrer
pour sécuriser le coût total ou soit en utilisant les contrats
financiers pour couvrir sa position.
3.1.1.2 la courbe de taux des obligations
d'Etat
Le second élément à prendre en
considération pour le choix de la devise d'émission, c'est la
courbe de taux des obligations d'Etat de la monnaie d'émission. Elle
donne une indication des taux du type obligataire. Cette courbe de taux qui
relie le coût des obligations aux échéances, devra jouer le
rôle de taux plancher que les investisseurs exigeront au moins de
l'émetteur pour prétendre émettre dans la monnaie
d'émission pour un même niveau de risque. A ce taux de
référence ou taux sans risque, une marge reflétant son
niveau de risque sera alors ajoutée pour constituer le coût final
de la dette. Ainsi, pour une émission en dollar, l'on se
référera à la courbe des T-bonds américains.
Pour les émissions en yen, ce sera les Japanese Government Bond
et les Gilts Britanniques, pour les émissions en livre
sterling. Comme illustration, nous avons ci-contre la courbe de taux des
obligations de l'Etat Français1 appelées OAT
françaises (Obligations A Terme françaises).
1
http://www.aft.gouv.fr
On remarque que l'Etat Français selon cette courbe de
taux, peut émettre une dette à 48 ans à un coût de
moins de 4%. Cette véritable «manne» pour les finances
publiques françaises s'explique par le niveau excellent du rating Fitch
en 2005 (AAA). Pour exploiter cette aubaine, la France a émis en janvier
2006, une dette (par émission d'OAT) à 50 ans à un
coût de 4%. Les OAT françaises constitueraient le benchmark des
titres de dette de la zone euro.
Lorsque ces taux de référence sont
établis, on évalue l'écart entre ces taux et un indice
global calculé par la Banque JP Morgan pour les titres des pays en voie
de développement1 : il s'agit de l'indice EMBI Global
(Emerging Bond Index, voir annexe 4). Les titres qui constituent cet indice
respectent quatre critères principaux :
- totaliser un montant d'émission de plus de 500 millions
de dollars ;
- notation au moins de BBB+ ou Baa1
- maturité de plus de un an
- coté sur les marchés plus de 75% du temps et,
l'information sur son cours doit être diffusée par une agence
internationale (Euroclear par exemple).
Pour pouvoir s'identifier à un pays de l'indice EMBI
Global, l'Etat de Côte d'Ivoire devrait pouvoir émettre des titres
qui respectent les critères précédents. A ce moment
là seulement, il sera possible de se faire une idée du spread
exigé par les investisseurs sur les titres de dette de l'Etat de
Côte d'Ivoire, en se référant à l'écart de
l'indice EMBI Global par rapport au benchmark obligataire choisi.
On peut constater, qu'il s'agisse des taux du type
monétaire ou du type obligataire, des spreads se dégagent et
peuvent mettre en jeu l'intégrité
1 Ce sont: le Mexique, le Brésil, le Venezuela, la
Turquie, les Philippines, la Colombie, la Malaisie, la Pologne, le Panama,
l'Argentine, le Qatar, la Bulgarie, le Pérou, l'Afrique du Sud,
l'Equateur, le Maroc, le Nigeria, l'Ukraine et l'Egypte
de l'emprunt. Ces spreads pourraient coûter cher
à l'émetteur si aucun mécanisme de couverture n'est
envisagé sur la base de l'identification des flux devant servir à
la sécurisation de l'emprunt.
2.1.2 La sécurisation de l'emprunt
(mécanismes de couverture)
L'identification des flux pourrait se faire en se
référant à la structure du commerce extérieur.
Cette structure prend généralement en compte : les biens, sujets
au commerce ; la structure géographique des exportations (la composition
en devises des recettes d'exportation) ; la forme, le circuit, le volume et le
rythme des flux de transaction. Il est en outre possible de renforcer cette
couverture en flux, par les réserves de change constituées par la
Banque Centrale. Il s'agit en fait de dévier des flux particuliers vers
un agent chargé du service de la dette (l'agent financier avec lequel le
contrat de fiducie est signé) de sorte à renforcer la
sécurité de l'opération.
Les contrats financiers sont dits aussi contrats à
terme et permettent aux différentes parties aux contrats de
répartir les risques les uns sur les autres, de sorte que le risque
initial pour chacun soit mitigé. Dans le cas d'une émission
internationale, il s'agira de trouver les conditions dans lesquelles le
coût de l'emprunt plus le coût de couverture reviennent moins chers
par rapport à un emprunt domestique du même genre (emprunts
obligataires). Lorsque cette opportunité se présente, on parle
alors de l'existence d'une « fenêtre d'émission ». C'est
à ce niveau que d'un point de vue financier, il devrait s'opérer
l'arbitrage entre une dette interne et une dette externe. En d'autres termes,
il ne serait pas intéressant pour un Etat de contracter un passif
externe par émission d'obligations internationales, si une telle
fenêtre n'est pas ouverte.
Il s'agira donc pour le chef de file de rechercher des
"fenêtres d'émission" qui peuvent exister sur les places
financières, en raison de l'imperfection1 du marché
international des capitaux. Des simulations seront en conséquence
effectuées pour cibler les conditions d'émission les plus
intéressantes pour l'émetteur:
- Emprunter en USD puis swaper en EURO et convertir en
FCFA
- Emprunter en JPY puis swaper en EURO et convertir en
FCFA
- Emprunter en GPB puis swaper en EURO et convertir en FCFA Il
s'agira donc de comparer par exemple, laquelle des modalités cidessus
revient la moins chère en terme de point de base, qu'un emprunt
domestique. De la sorte, la base de change est couverte en cas de variation
défavorable du taux de change de la devise d'emprunt. Pour tenir compte
de toutes ces contraintes dans la structuration des obligations, il existe
diverses formes d'obligations qui ont déjà été
utilisées antérieurement par certains états et organismes,
et dont il convient d'en exposer ici, quelques unes.
3.2 Les différentes formes d'obligations
(Qu'achète le marché et quand vend-t-on ?)
L'état de l'économie mondiale influence
fortement l'appétit des investisseurs, pour tel ou tel instruments
financiers. Ainsi, peut-on distinguer deux grandes catégories
d'obligations émises sur le marché international des capitaux:
les obligations à taux fixe, qui suscitent
une certaine appétence pour les investisseurs dans les moments de
turbulence de l'économie mondiale où la volatilité des
taux, compromet
1 En raison de la réglementation spécifique
à chaque état et d'autres facteurs, des écarts peuvent se
présenter entre les places financières que les arbitrages
permettent de corriger. La détermination de la fenêtre
d'émission constitue qu'un exemple de ces arbitrages.
fortement les gains espérés sur les emprunts de
long terme. La courbe des taux, présente alors dans cette situation une
pente négative. Les investisseurs anticipent donc une baisse des taux
à long terme ;
les obligations à taux variables, prennent le
dessus lorsque l'économie mondiale se trouve en "bonne santé",
donnant l'occasion aux investisseurs d'entrevoir des perspectives de croissance
qui leur serait profitable. Le prix de remboursement de ces emprunts est
fixé dès l'émission et leur taux de rendement est
fluctuant, et non croissant. L'emprunteur prend le risque de voir la charge de
dette s'accroître au-delà de ce qu'il aurait souhaité. Pour
cette raison, ce type d'obligations est réservé à des
émetteurs de bonne qualité.
IV- MODE OPERATOIRE DE L'EMISSION INTERNATIONALE
(Qui intervient dans la vente et quel est le processus suivi
?)
Une euro-émission se déroule selon trois phases
: la préparation de l'émission, la constitution des syndicats de
garantie et de placement, et enfin le lancement de l'émission.
4.1 Conduite de l'opération d'euro émission
4.1.1 La pratique dite traditionnelle (voir
chronogramme en annexe 5)
Phase I: La préparation de
l'émission
L'émission de titres de dette souverains devra
être autorisée par l'Assemblée nationale, à travers
son insertion dans la loi de Finances de l'année concernée.
Après l'adoption de ce mode de financement du déficit
budgétaire par les députés, un mandat sera confié
à une banque d'investissement qui possède une expérience
avérée dans les opérations sur l'euromarché, par le
Trésor Public pour le montage financier. Cette banque est
désignée chef de file de l'opération et devrait
déterminer à ce stade, les caractéristiques initiales de
l'émission (support de l'émission, recherche d'une fenêtre
d'émission, choix de la devise,...), qui pourraient s'appuyer sur le
profil de risque que présente l'émetteur au moment de
l'opération. Il ne s'agit rien d'autre que de mettre en exergue le
profil d'efficacité dégagé par le pays, au moment de
l'opération.
Le rôle du chef de file sera en outre de conseiller
l'Etat de Côte d'Ivoire pour l'obtention d'une note de rating et de
chercher à minimiser le coût
de l'emprunt en identifiant sur les principales places
financières une "fenêtre d'émission".
A l'issue donc de cette première étape, seront
établies les caractéristiques minimales de l' émission.
Comme cela se produit souvent en pareil cas, le volume
prévisible de l'émission excèdera les capacités de
la banque choisie pour être chef de file, qui ne peut prendre à sa
seule charge un tel risque. Dès lors, elle se met en tête de
constituer un « syndicat de direction » ou "Managing syndicate",
constitué de plusieurs banques (5 à 20 banques en fonction du
montant de l'émission), afin de répondre aux attentes de
l'emprunteur et de répartir le risque. Ceux-ci seront
rémunérés par une commission de direction comme
nous l'avons indiqué plus haut.
Le rôle assigné aux membres de ce syndicat de
direction est de préparer l'émission mais également de
mettre en place les syndicats de garantie et de placement, et enfin aider
l'emprunteur à déterminer les caractéristiques finales de
l'emprunt. L'organisation de ce syndicat de direction serait relativement
simple : sont désignés plusieurs chefs de file ou «
arrangeurs », parmi lesquels on trouvera un chef de file ou arrangeur
principal qui s'avère être la banque à qui l'emprunteur a
donné mandat de mener l'opération. Les autres banques membres du
syndicat deviennent « co-chefs de file » ou « co-arrangeurs
». Tous ces membres ratifient un protocole qui
détermine la nature de leurs rapports par la suite (managing agreement).
Le protocole précise la répartition des commissions
entre les banques impliquées, et autorise le chef de file principal
à intervenir pour le compte du syndicat de direction, notamment pour
tout ce qui a trait à la garantie de placement et aux diverses
formalités.
D'autres caractéristiques, restent encore à
trancher. Il en est ainsi du prix de lancement et du montant du coupon.
Concernant le prix de lancement, celui-ci peut être
égal à la valeur faciale, on dit alors qu'il est émis
« au pair », ou il peut être
inférieur à cette valeur faciale (99 ou 99,5% de la valeur
nominale), on dit cette fois qu'il est « en dessous du pair
».
Pour ce qui est du coupon, il faut décider s'il est
fixe ou variable, et dans ce second cas fixer, un taux de
référence. Ces conditions financières sont très
fortement tributaires de la qualité de l'emprunteur. Cette
phase de préparation de l'émission prend fin avec la
rédaction par les chefs de file d'une lettre
d'intention.
Par cette lettre d'intention, l'ensemble des banques membres
du syndicat s'engagent à garantir le placement de l'emprunt (40 %
environ). Seulement, il convient de nuancer la valeur de cet engagement, d'une
part parce que les conditions financières peuvent encore évoluer,
et d'autre part parce que les banques peuvent encore décider d'annuler
cet engagement, au cas où surviendraient des évènements
contraires1.
Dès lors il ne reste plus à l'émetteur,
qu'à signer cette lettre d'intention avant de la renvoyer au chef de
file du syndicat. Il peut toutefois la refuser et cela entraînera
l'annulation de l'euro-émission.
Dans le cas de l'acceptation des termes, le syndicat de
direction a alors la charge de lancer et de réussir
l'émission.
1 En l'absence de clause de sauvegarde ou de résiliation
anticipée
Phase II: La constitution des syndicats de
garantie et de placement
Avec la seconde étape, tout s'accélère :
le syndicat de direction n'y consacre1 pas plus de deux (2)
semaines. Au départ, l'emprunteur joue encore un rôle en listant
avec le syndicat de direction, les banques qu'il espère voir prendre
part aux syndicats de garantie et de placement.
Les membres du syndicat de garantie sont choisis en fonction
de leur surface financière. On les appelle les sous participants
(Underwriting syndicate) en raison de leur moindre implication dans
l'opération d'euro-émission et elles se portent garantes de la
bonne fin de l'opération. Il s'agit de grandes banques internationales
ou d'intermédiaires financiers (qui s'engage à garantir 60 % du
placement). Souvent une partie ou tous les membres du syndicat de direction
peuvent s'y joindre (ils s'engagent à garantir
généralement 40 % du placement comme cela a été
souligné précédemment)
Ces derniers reçoivent un « fax
d'invitation », riche d'informations utiles (renseignements
sur l'emprunteur, montant de la commission de garan tie,...) pour les
aider à se décider avant une date limite également
précisée par le fax.
On leur envoie ensuite un projet de contrat de garantie ainsi
qu'un prospectus. Ce dernier est provisoire, pour la simple raison que les
conditions financières n'ont pas encore été
tranchées. Pourtant, ce prospectus n'en est pas moins un document
crucial pour les établissements invités. Il regorge de toutes les
informations sur l'emprunt, sur l'émetteur et sur les entités qui
garantissent cet emprunt.
La quote-part garantie de chacune, varie pour chacune des
banques participantes en fonction de leur surface financière et des
relations
1 Bito C. et Fontaine P., Marché financiers
internationaux, Paris, PUF, 2000
entretenues avec le chef de file. Tant que les conditions
financières ne sont pas définitivement fixées, cette
quote-part est susceptible d'être modifiée par le syndicat de
direction.
Dès la signature du contrat, la banque devient
automatiquement membre du syndicat de garantie. Cette signature vaut
engagement pour placer une certaine quantité de titres, moyennant une
commission de garan tie. Toutefois, cet engagement ne revêt un
caractère obligatoire pour l'établissement qu'à partir du
moment où sont fixées définitivement les conditions
financières, et qu'il les a acceptées. Si les titres ne sont pas
placés en totalité, la garantie joue, de sorte que les invendus
soient répartis entre les membres du syndicat plus ou moins
proportionnellement au montant de la quote-part garantie par chacun d'entre
eux.
On comprend mieux alors que les banques invitées
à participer au syndicat de placement soient sélectionnées
sur la base de leur capacité à placer les titres chez leurs
clients dans leur propre portefeuille. Les membres constituant ce syndicat sont
aussi choisis selon des critères de répartition
géographique. On peut ainsi compter environ 20 à 40 banques dans
le syndicat de garantie pour une émission de taille moyenne ($ 100
millions) et 100 à 200 banques pour les plus grosses émissions
(jumbo émission1).
De la même façon que pour les banques
invitées au syndicat de garantie, les banques « conviées
» au syndicat de placement (Selling syndicate) reçoivent un fax;
qui expose les informations sur l'emprunt et l'emprunteur, qui leur demande le
montant auquel elles souhaitent placer et leur précise une date limite
pour renvoyer une réponse. Elles recevront aussi par la suite un projet
de contrat de placement et un
1 Au moins 1 milliards de dollars ou d'euros, avec des coupons
de 1 millions de dollars ou d'euros
prospectus. Pareillement, la signature du contrat provisoire
vaut engagement et fait d'elles des membres du syndicat de placement. Cet
engagement ne sera véritablement contraignant pour les banques qu'avec
la fixation définitive des conditions financières qu'elles auront
ensuite acceptées.
Participer à un syndicat de placement revient pour une
banque à promettre de régler le prix des obligations qui lui
reviennent, diminué de la commission de placement. Si elle ne
parvient pas à placer ces titres, ou à les conserver dans son
portefeuille, alors on fera jouer l'engagement du syndicat de garantie.
Le pré-placement
Cette phase est concomitante à la phase
précédente. Elle commence en effet avec l'envoi du fax
d'invitation aux divers établissements financiers et autres
investisseurs. Elle s'étale sur une période d'environ deux
semaines, qui débute par l' «announcement day »,
pendant laquelle les banques invitées , essaient de connaître le
sentiment des investisseurs institutionnels sur les conditions
proposées, ils « sondent » en quelque sorte le marché,
et en informent en retour le syndicat de direction. Ce retour d'informations
peut amener l'arrangeur principal à modifier les conditions
financières de l'emprunt. Le pré-placement sous-entend aussi le
développement du « marché gris » (grey market),
qui fait se rencontrer les banques et investisseurs institutionnels pour
négocier de gré à gré des titres non encore
émis, dont on ne connaît pas encore l'ensemble des
caractéristiques. Ce concept de « marché gris » est un
très bon indicateur des conditions officielles auxquelles seront
placés les titres. A ce stade, les titres n'ont pas encore d'existence
juridique. Si la réponse est négative, le chef de file peut
décider, soit
d'annuler l'opération, soit de la suspendre, soit d'en
modifier les conditions financières. Si la réponse est positive,
le chef de file, après avoir apprécié la demande totale
pour l'émission, détermine avec l'emprunteur, les conditions
finales en ajustant éventuellement selon les conditions du
marché, le montant, le taux de coupon ou le prix d'émission;
c'est la date de fixation du prix (pricing day).
La fixation des conditions
finales
Le syndicat de direction a en main toutes les informations
nécessaires pour fixer de façon définitive cette fois les
conditions de l'emprunt. Le compte-rendu des réactions du marché
gris et l'observation de la situation du marché euro-obligataire
secondaire lui ont permis d'affiner le choix du montant de l'émission
ainsi que celui du taux servi.
Il envoie alors ces conditions définitives aux banques
et investisseurs qui avaient accepté les conditions provisoires.
Celles-ci devraient donner leur réponse dans les vingt-quatre heures.
Cette fois, si ceux-ci ratifient les contrats de garantie et/ou de placement,
ces contrats deviennent définitifs, et comme l'on avait dit
précédemment leur engagement acquiert une force obligatoire.
Une fois que le syndicat de direction a acquis la certitude
que l'emprunt sera placé, il signe avec l'émetteur un contrat de
garantie ou « contrat de prise ferme » dont
la conséquence est double. D'une part, il assure à
l'émetteur de recevoir le produit de l'emprunt diminué des
commissions. Mais en contrepartie, il oblige ce dernier à émettre
les titres et à rembourser les frais de l'émission.
Mais le syndicat de garantie joue alors pleinement son
rôle en reprenant à sa charge une partie des risques
assumés par cette prise ferme, dans des proportions
décidées par avance.
De la même façon, les membres du syndicat de
direction assument directement une partie de ces risques. Comme nous l'avons
souligné plus haut, au sein du syndicat de direction, le chef de file
garantit une somme supérieure à celle de chacun des autres chefs
de file qui garantissent eux-mêmes une somme supérieure à
celle de chacun des co-chefs de file. Il s'avère donc nécessaire
que ceux-ci disposent d'un réseau international impressionnant.
Phase III: Le placement de l'émission (Phase
publique)
Dès lors, peut commencer les jours suivants l'accord
définitif entre les membres du syndicat et l'émetteur,
l'écoulement des titres (le placement public) acquis par les membres du
syndicat de placement auprès de leurs clients. Le chef de file prend le
soin de répartir alors les titres auprès de ces derniers, aux
lendemains dudit accord. Cette phase d'allocation des titres est
communément appelée "l'offering day".
Le syndicat de direction aura pour mission durant dette
phase, de surveiller étroitement le marché secondaire pour
s'assurer que le spread auquel l'émission a été
"pricée" soit maintenu. Ce, afin d'éviter des ventes massives de
titres (par exemple parts de placeurs qui n'arriveraient pas à
écouler leurs titres) qui entraîneraient une grave chute des
cours. Si le placement se révèle vraiment ardu, le syndicat de
direction peut faire jouer comme prévu les engagements du syndicat de
garantie.
Le chef de file s'assure à ce niveau, du mouvement
correct des souscriptions et du respect de la procédure de "reporting"
conformément aux clauses du contrat. Il assure en outre la
liquidité du "papier" en demandant l'admission de la valeur en bourse,
entre la période allant de "l'offering day " à la clôture
des souscriptions (closing
day) et ce, parallèlement aux autres
démarches pouvant s'effectuer dans l'intervalle.
Au terme de cette phase publique, les mouvements sont
dénoués: les investisseurs reçoivent les titres
demandés et l'emprunteur dispose du montant de l'émission,
diminué des frais et commissions. L'émetteur appréciera
alors les efforts effectués par le chef de file, pour minimiser le taux
effectif de l'emprunt (taux de sortie), sur l'enveloppe glob ale des capitaux
d'emprunts.
La publication du tombstone
Le tombstone est un instrument de publicité
publié à l'intention du public dans la presse financière,
après la ratification du contrat de l'emprunt. Les banques tiennent
à y figurer en bonne place. En toute logique, leur position sur ce
document dépend de la quote-part que chacune garantit. On retrouve donc
dans l'ordre: l'arrangeur principal, les autres arrangeurs et les
co-arrangeurs, puis les membres du syndicat de garantie, distinguées par
un special bracket, et enfin les autres membres du syndicat de
garantie ayant obtenu un major bracket, puis un minor
bracket.
Concomitamment à cette phase, pourrait s'effectuer la
promotion itinérante de l'opération, via des réunions avec
des investisseurs, des entretiens de tête-à-tête, et des
présentations diffusées par internet ou par Bloomberg (electronic
roadshow). Le chef de file profite donc au cours de cette promotion, pour
annoncer la date de clôture de l'émission (Closing
day).
La protection des obligataires
La vague des crises de dettes souveraines des années
90 a suscité plusieurs propositions sur les mécanismes de
restructuration de la dette, censés protéger la masse
obligataire. La communauté financière internationale est à
pied d'oeuvre pour tenter de mettre en place des mécanismes de faillite
internationale. Or, peut-on raisonnablement déterminer une
véritable valeur liquidative de l'Etat souverain dans le cas d'une
faillite? Ou de quels moyens disposerait un créancier pour
procéder au rapatriement du PIB global de l'Etat débiteur ?
En effet, à la différence des entreprises, les
actifs de l'Etat sont insaisissables. Ils ne peuvent donc pas servir de
garanties inconditionnelles dans une opération de crédit
d'envergure comme dans le cas d'espèce.
L'approche la plus célèbre en matière de
protection de l'investisseur, est celle dite décentralisée ou
contractuelle proposée par John Taylor, secrétaire au
Trésor américain, qui consiste en l'introduction de nouvelles
clauses dans les contrats de dette.
Celui-ci explique que "ces clauses devraient décrire
aussi précisément que possible ce qui se passera lorsqu'un pays
décidera une restructuration de sa dette. De cette façon, les
contrats devraient créer un processus séquentiel (de
restructuration) le plus ordonné et prévisible". Il s'agit en
fait des Clauses d'Action Collective (CAC).
Encadré 2: les Clauses d'action
collective
En septembre 2002, le Groupe de travail du G 101
sur les clauses d'action collective (CAC), présidé par R. Quarles
(représentant du Trésor, Etats-Unis) a émis des
recommandations aux ministres et gouverneurs de banque centrale portant sur la
définition de ces clauses. Ces recommandations visent trois
objectifs2:
Favoriser le dialogue, la coordination et la communication entre
les parties, à un stade précoce, grâce:
- à un représentant des créanciers
obligataires faisant office d'interlocuteur avec le débiteur souverain
tout au long de la durée de vie de l'emprunt obligataire;
- à un mécanisme d'élection du
représentant spécial des créanciers: celui-ci devrait
avoir mandat pour engager sans retard des discussions avec le débiteur
souverain sur une restructuration;
- à un partage de l'information.
Fournir aux parties des moyens effectifs de conclure de nouveaux
accords sans qu'une minorité de créanciers puisse faire
obstruction:
- une majorité qualifiée
(généralement de 75%) de créanciers devrait être
habilitée à modifier les modalités de paiement. La base de
calcul de cette majorité pourrait varier en fonction de la
législation applicable et des pratiques du marché;
- les droits de vote relatifs aux titres obligataires
détenus directement ou indirectement par l'émetteur souverain et
les organismes relevant du secteur ne devraient pas être pris en
compte;
- une majorité qualifiée
(généralement 75%) de créanciers devrait être
habilitée à accepter l'échange d'obligations contre de
nouveaux instruments.
Assurer que des actions en justice intentées par des
créanciers à titre individuel ne viennent pas perturber la
conclusion d'un accord:
- un pourcentage minimum de 25% des créanciers devrait
être requis pour accélérer les remboursements et une autre
majorité (avec un maximum de deux tiers des votes) devrait être
autorisée à lever la clause d'accélération;
- la capacité d'intenter une action en justice devrait
être limitée au représentant des créanciers et toute
action individuelle devrait être explicitement prohibée;
- les montants recouvrés par tout créancier
devraient être répartis au prorata
1. Le Groupe des Dix se compose de onze pays industriels
(Allemagne, Belgique, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon, Pays-Bas,
Royaume-Uni, Suède et Suisse) qui se consultent et coopèrent sur
les questions monétaires et financières
2. Rapport du Groupe a été publié en
mars 2003 (
www.G10.org)
|
A la suite des recommandations du G 10 (cf. encadré 2),
le Mexique a émis1, en février 2003, des obligations
assorties de CAC sans courir une prime de risque importante. C'est pourquoi les
ministres des finances et les Gouverneurs de Banque Centrale du G8 ont
réaffirmé2 dans leur déclaration au sortir de
leur réunion du 12 avril 2003 à Washington, leur engagement en
faveur d'une adoption généralisée et dans les meilleurs
délais, des CAC.
On peut tout de même retenir les trois clauses essentielles
que comportent les CAC:
1 Comme mentionné dans la suite du rapport du Groupe de
travail du G 10
2
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(Déclaration et mise en oeuvre du plan d'action des ministres des
finances et des gouverneurs de banque centrale du G 7
par anticipation1 la totalité ou une partie
de l'emprunt au prix d'émission, augmenté d'une prime.
Le service financier est assuré par une ou plusieurs
banques qui ont signé avec l'émetteur une convention
de service financier, il s'agit en général du chef
de file principal ou de l'un des chefs de file. Ainsi, les flux
identifiés pour sécuriser le service convenable de la dette,
seront déviés vers ces derniers.
Cette procédure d'émission a fait l'objet de
plusieurs améliorations au fil des années en raison de son
inadaptation aux pratiques contemporaines du marché obligataire.
Tout d'abord, la distinction entre groupe de direction,
syndicat de garantie et groupe de placement est apparue artificielle, car les
mêmes institutions financières peuvent assumer ces
différents rôles. Ensuite, les commissions des
intermédiaires, plus élevées que sur les marchés
domestiques, ont engendré deux sortes de réactions. D'une part,
les investisseurs institutionnels se sont rendus compte que le coût
très élevé des services intermédiaires
n'était pas justifié. D'autre part, certains membres du groupe de
placement n'ont pas hésité à vendre les titres auxquels
ils avaient souscrit en excès à un prix nettement
inférieur au prix coté officiellement. Ainsi, les mêmes
titres pouvaient être vendus à différents prix. En outre,
entre le jour de "l'annoncement" et le jour de la fixation des conditions
finales du prix des titres, la valeur d'une euro-obligation a le temps de
varier. Du fait de cette variation, les membres du syndicat de garantie et du
groupe de placement sont dans l'expectative quant au prix auquel ils devront
souscrire à ces obligations. C'est d'ailleurs ce qui explique la
création du marché gris, dans lequel les transactions entre les
membres du
1 S'il existe dans le contrat une clause de remboursement
anticipé
syndicat et les investisseurs s'effectuent avant "l'annoncement"
de la fixation du prix final.
4.1.2 La pratique des émissions
pré-placées ("Bought deal")
La technique d'émissions pré-placées a
acquis beaucoup de succès et a remplacé la procédure
d'émission dite traditionnelle et décrite cidessus. Cette
pratique-ci est caractérisée par sa rapidité
d'exécution (qui est requise pour faire face à la
volatilité des titres entre le moment de "l'annoncement" de
l'émission et la fixation des conditions finales du prix).
L'émetteur fait une proposition à plusieurs grands syndicats de
placement pour prendre en charge son émission. La proposition porte sur
l'ensemble de l'émission et le prix n'est pas négociable. Les
syndicats contactés ne disposeraient que de quelques heures pour
répondre. Les rôles du syndicat de garantie (non-chef de file) et
du groupe de placement sont assumés par les mêmes institutions. Le
groupe de direction acquiert l'ensemble de l'émission, il agit alors en
tant que preneur ferme. Il n'existe pas dans ce mode opératoire-ci, de
délai entre le jour de "l'annoncement" de l'émission et celui de
la fixation du prix car ces deux jours sont confondus. Aujourd'hui, cette
pratique serait devenue la procédure couramment utilisée sur le
marché euro-obligataire (voir chronogramme d'émission en annexe
5).
Toutefois, le problème majeur soulevé dans ces
deux modes opératoires est de pouvoir formaliser et réglementer
les relations qu'entretiendront les membres de syndicat entre eux, et entre le
syndicat bancaire et les souscripteurs finaux.
4.2 Problèmes juridiques soulevés par le
contrat de souscription Le contrat de souscription, dans le cadre d'une
émission internationale d'obligations, est caractérisé par
une structure complexe. En effet, d'envergure internationale, il implique la
participation d'acteurs de nationalités différentes
domiciliés dans diverses juridictions. Les contrats de souscriptions
pourraient varier d'une émission à l'autre, en fonction des
parties prenantes à la transaction. En général, ce sont
les membres du syndicat de direction, et surtout leur nationalité, qui
influencerait la rédaction des contrats. Il est donc clair que certains
problèmes spécifiques devraient se poser lors de
l'émission internationale, en l'occurrence le choix de la loi applicable
à la rédaction des contrats, la nature des obligations de
preneurs fermes, les cas dans lesquels, le syndicat de direction serait
libéré de ses obligations, les garanties fournies par
l'émetteur, l'identification et la contribution des membres du syndicat
de direction ainsi que la responsabilité potentielle des preneurs
fermes, relative au coût de la stabilisation du cours du titre de
dette.
L'ICMA recommanderait la loi anglaise de réputation
assez souple, pour la rédaction des contrats de souscription. A
défaut de celle-ci, la loi du territoire de l'émetteur pourrait
s'appliquer. Elle recommande en outre pour ce qui concerne les preneurs fermes,
que le syndicat de garantie assume une responsabilité conjointe et
solidaire. Cela signifie qu'en cas d'échec de l'émission,
l'émetteur peut se retourner contre n'importe quel membre du syndicat et
lui demander de souscrire la totalité des titres. L'allocation de
responsabilité faisant l'objet d'un accord entre les preneurs fermes et
les co-chefs de file (« agreements among managers1 »).
1 IPMA, standard terms for subscription agreements,
février 1993, art 11
De ce qui précède, il apparaît important
pour une question de visibilité, d'exposer on ne peut plus
succinctement, les conditions indicatives de l' émission d'obligations
internationales.
V- EXPOSE DES CONDITIONS INDICATIVES D'EMISSION
(Term-Sheet)
CARACTERISTIQUES DE L'OPERATION
|
GENERALITES
|
Désignation
|
Emprunt Euro-TPCI ou une autre dénomination
|
Emetteur
|
Etat de Côte d'Ivoire représenté par la
Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité
Publique
|
Devise d'émission
|
Devise d'emprunt
|
L'emprunt devrait être contracté dans une des
devises fortes, au moment où elles sont dépréciées
(en report par rapport à une autre devise) ou s'il existe un
régime de change particulier avec la monnaie domestique1
|
Devise de remboursement
|
Si l'emprunt a été contracté dans une
devise dépréciée, cela peut certainement signifier que
celle-ci est appelée à
s'apprécier à terme. Le remboursement peut
s'effectuer à ce moment là, dans une devise
dépréciée (qui était en déport au moment de
l'emprunt). Si par contre la parité garantit le taux de change, il n'y a
aucun souci à se faire.
|
Régime fiscal
|
Les euro-obligations sont exonérées de retenues
à la source
|
Place de cotation
|
Pour assurer la publicité de l'émission et
permettre aux membres du syndicat de banque qui n'ont pas pu placer tous les
titres à leur charge de le faire ultérieurement, les emprunts
seront cotés au premier marché (émissions internationales)
d'une Bourse (London Stock Exchange, Bourse de Luxembourg, Euronext,...)
|
Rating de la dette à long terme
|
Standard & Poors, Ficht Rating,
Moodys,...
|
Forme des obligations
|
Titres dématérialisés qui font l'objet d'une
inscription en compte dans les livres d'un
|
|
organisme de compensation supra national (Euroclear,
Cedel,...)
|
MECANISMES DE SECURISATION
|
MIS EN PLACE
|
Garantie de l'emprunt
|
l'emprunt est garanti par l'Etat de Côte d'Ivoire. Il est
toutefois possible de garantir séparément les flux (le capital et
les intérêts). Ainsi, il est par
exemple possible de faire garantir les flux
d'intérêt par la BOAD, BAD,...
|
Profil général
d'efficacité
|
(notation interne)
|
Risque économique
|
- S'il s'agit d'un problème de solvabilité, il est
possible; de rechercher à garantir le principal et/ou les
intérêts par des institutions internationales (FMI, Banque
Mondiale,...) pour motif de financement de la réduction de la
pauvreté et/ou d'indexer les flux d'intérêt sur des
grandeurs macroéconomiques
significatives pour l'investisseur (inflation, Production du
cacao, du pétrole,...) - S'il s'agit d'un problème de
liquidité de la dette, il est possible; de détourner
spécialement des flux pour le service de la dette (mécanisme du
compte séquestre par exemple) ou de faire intervenir les réserves
de change logés à BCEAO pour renforcer la liquidité de la
dette.
|
Risque politique
|
La mitigation du risque politique est très difficile. Il
est plus intéressant pour l'émetteur d'attendre patiemment le
retour à la normalité.
|
Capacité de négociation des dirigeants
|
La capacité de négociation ne peut que contribuer
à faire apprécier davantage le diagnostic du risque-pays.
|
QUELQUES OPTIONS
|
CONTRACTUELLES
|
La clause de sauvegarde ou de résiliation
anticipée (« termination clause »)
|
Le contrat de souscription peut, dans certains cas, faire l'objet
d'une résiliation avant la clôture de l'émission. La
résiliation anticipée est prévue
contractuellement par le biais de la clause de sauvegarde ou de la clause de
résiliation anticipée. Celles-ci permettent au chef
de file de se libérer de ses obligations au cas où des
événements rendraient la souscription de l'émission
impossible. Il s'agit de la détérioration de la situation
économique et/ou financière de
|
|
l 'émetteur, des changements économiques ou
politiques, ou une importante détérioration des conditions du
marché euro-obligataire.
|
La clause de garantie et de
représentation
|
Par cette clause, l'émetteur effectue des
représentations et procure des garanties quant à sa
capacité légale de procéder à l'émission,
à la validité des titres
obligataires.
|
Les clauses d'indemnisation et de
contribution
|
Le but de cette clause est de protéger le groupe de
direction contre les déclarations fausses ou trompeuses figurant dans le
prospectus, ou le non respect des déclarations ou garanties fournies par
l 'émetteur.
|
Les clauses financières
|
L'émission d'euro-obligations est une opération de
crédit ; il est donc normal que le groupe de direction veuille s'assurer
de la solvabilité de l'émetteur. A cet effet, diverses clauses
financières seront insérées dans le contrat.
|
Clause de remboursement anticipé
|
C'est une disposition par laquelle l'emprunteur (ou le
prêteur) se réserve le droit d'effectuer (de demander) le
remboursement de l'emprunt par anticipation. Si ce type de clause existe,
l'option offerte à l'emprunteur sera appelé call,
l'option réservée à l'investisseur, put.
|
Clause de rachat
|
L'émetteur se réserve le droit de racheter
à tout moment les obligations après leur émission afin de
pouvoir profiter de la baisse des cours.
|
Clause de la comparabilité de
traitement
|
Depuis quelques années, les accords Club de Paris, en
accord avec le FMI,
comportent une clause de «comparabilité de
traitement» (ou «fair burden sharing»), qui vise à
assurer un traitement équilibré entre tous les créanciers
d'un pays débiteur et à faire participer les créanciers
privés à la restructuration de la dett e souveraine. Selon cette
clause, le pays débiteur
s 'engage à rechercher auprès des
créanciers non multilatéraux, et
notamment auprès des créanciers publics non membres
du Club de Paris et des créanciers privés (essentiellement
banques, porteurs de titres obligataires et
|
|
fournisseurs), un rééchelonnement dans des termes
comparables à ceux négociés dans l'accord Club de Paris.
L'historique concernant cette clause est encore relativement court, mais il
pourrait également concerner des créances sur lesquelles le pays
est à jour.
|
Les Clauses d'action Collectives (CAC)
|
Clause qui permet d'anticiper une restructuration potentielle
aisée de la dette en devises (voir plus haut)
|
CARACTERISTIQUES DU
|
CAPITAL EMPRUNTE
|
Valeur nominale ou valeur faciale
|
C'est la valeur qui sert de calcul des intérêts
à verser (les coupons). Elles sont généralement de 5000$,
1000 , 1000£, 1 million de yen,...
|
Prix d'émission ou prix de vente:
Le montage du titre peut prévoir à ce niveau,
une incitation pour l'investisseur, sur le capital effectivement
déboursé. Comme nous le verrons par la suite, ce montage peut
avoir une incidence sur la charge de la dette.
|
C'est le prix que le souscripteur paie pour obtenir une
"coupure". le prix d'émission peut être supérieur à
la valeur nominale (émission "au-dessus du pair"), inférieur
(émission "au-dessous du pair") ou égale à la valeur
nominale (émission "au pair"). Ce prix est le plus souvent
exprimé en %.
|
Le mode d'amortissement:
Le montage devrait pouvoir synchroniser les flux
identifiés pour le remboursement avec le mode d'amortissement choisi.
Ainsi, en fonction du mode choisi, le
remboursement du principal et le
versement des intérêts peuvent être
adossés sur des flux différents en terme de volume, de rythme et
de forme des flux
|
On appelle amortissement d'un emprunt, son remboursement. On
distingue:
- Le remboursement in fine: le capital est remboursé
à l'échéance,
- Le remboursement par annuités constantes: la somme du
capital remboursé annuellement et des intérêts par
l'émetteur est constante. La part du capital amorti augmente alors que
celle des intérêts sur le capital restant à amortir
baisse.
- le remboursement en séries égales: comme le
capital remboursé est le même tous les ans et que les
intérêts sont calculés sur le capital restant à
amortir qui baissent régulièrement, le montant des
annuités diminue à mesure qu'on se rapproche de
l'échéance.
|
Durée de l'emprunt
|
La durée de l'emprunt est la période qui
sépare son émission de son
remboursement. Elle s'aligne généralement sur
l'échéance la plus favorable révélée par la
fenêtre d'émission.
|
|
|
|
LES REVENUS
|
Date de jouissance
|
|
La date de jouissance est la date à partir de
laquelle les intérêts commencent à courir.
|
|
|
Elle peut coïncider ou ne pas coïncider avec
la date de règlement qui est le jour où le
prêteur verse les fonds prêtés. Lorsqu'il y a un
décalage de ces deux dates, une rémunération implicite est
perçue par l'investisseur si la première précède la
seconde. Le contraire ne serait accepté que si cette
rémunération est incorporée dans le taux
d'intérêt.
|
Taux d'intérêt
|
|
Le taux du coupon ou taux facial est déterminé
par le syndicat de banque. Ce sont les intérêts (coupons) que
percevront les investisseurs pour les fonds prêtés. Ils peuvent
être fixes ou variables
|
Les primes
|
|
- La rémunération des prêteurs peut aussi
prendre la forme d'une différence entre le prix d'émission et la
valeur nominale de l'emprunt. On parle alors de prime d'émission
et le taux de rendement brut à l'émission est
déterminé. Si ce taux demeure élevé, l'emprunt est
attrayant pour l'investisseur.
|
|
|
- Lorsque le montant remboursé ne correspond pas au
montant nominal, on parle deprime de remboursement.
|
Périodicité
|
|
La périodicité correspond à la
fréquence de versement des intérêts: annuelle (sur le
marché européen), semestrielle (sur les marchés anglais et
américains), trimestrielle, mensuelle, voire plus courte.
|
|
|
Certains emprunts ont une périodicité beaucoup plus
longue, puisque les intérêts ne sont versés qu'au moment du
remboursement de l'emprunt après avoir été
capitalisés (les obligations zero-coupon).
|
NB: Il est important de manipuler prudemment
l'incitation par les prix (primes) et l'incitation par les taux (le taux
d'intérêt), au risque d'alourdir la charge de la dette (le taux de
revient effectif pour l'émetteur ou encore le coût actuariel net
de l'emprunt obligataire). Il est plus
intéressant pour le Chef de file de se
référer au Term-sheet standard proposé par l'ICMA et d'y
ajouter des informations et des clauses spécifiques.
Le chef de file a finalement pour mission, même si cela
n'est pas spécifié dans un contrat formel, d'optimiser la
transaction de sorte qu'au total, l'émission revienne moins
coûteux et plus profitable pour l'émetteur, qu'une dette
intérieure. Il devrait donc centrer cet objectif sur la
détermination de la fenêtre d'émission et une minimisation
du taux de revient effectif de l'emprunt.
VI- L'OPTIMISATION DE L'EMISSION INTERNATIONALE
L'optimisation n'étant pas le point focal de la
présente étude, il s'agira ici d'indiquer de façon
succincte le cadre dans lequel pourrait s'effectuer un tel dessein.
L'optimisation elle-même pouvant faire l'objet d'une étude
spéciale et plus enrichie.
L'arbitrage entre l'endettement interne et l'endettement
externe par émission obligataire, d'un point de vue financier, pourrait
se résumer en la détermination d'une « fenêtre
d'émission » afin de diminuer le coût de l'emprunt.
La «fenêtre d'émission » est
caractérisée par le fait que le coût d'un emprunt sur un
autre marché que le sien plus le coût d'un swap de devise et/ou
d'intérêt (coût de couverture de la base intrinsèque)
sera sensiblement inférieur à celui d'un emprunt sur son
marché domestique.
En effet, le marché des euro-obligations, regroupe les
obligations émises sur un marché autre que le marché
domestique. L'avènement de ce marché a créé de
multiples opportunités pour les emprunteurs. Il possède ses
propres intervenants et semble coexister de façon
autarcique vis-à-vis des autres marchés. En
conséquence, cette déconnexion entre le marché
euro-obligataire et les marchés domestiques, notamment le marché
des swaps, permet aux investisseurs d'émettre sur le marché des
euro-obligations lorsque les conditions d'émission sont favorables, puis
de swapper cette émission en monnaie domestique par le biais d'un swap
de devises. E. BAUDE et R. HAUTIERE (2002)1 ont souligné
l'existence de telles irrégularités sur le marché
international des capitaux. Dans le cas de la Côte d'Ivoire, cette
opération devrait se faire par l'intermédiaire du marché
des swaps européen, plus précisément celui
français. Un tel mécanisme pourrait procurer un financement
équivalent, sinon plus attractif qu'une émission obligataire
domestique. Comme nous l'avons souligné précédemment,
c'est cette opportunité offerte aux émetteurs que l'on appelle
« fenêtre d'émission ».
Si une telle « fenêtre d'émission »
apparaît, la banque peut proposer alors un financement clé-en-main
comprenant l'émission ainsi que sa couverture. Il revient donc à
la banque arrangeuse de l'opération et/ou chef de file de
l'émission, d'effectuer une prospection sur les marchés afin de
découvrir l'existence d'une telle opportunité. Dans cette
quête, la banque va collecter certaines informations qui vont rentrer en
ligne de compte pour la détermination de la « fenêtre
d'émission ».
Le taux servant de référentiel aux
euro-obligations n'est pas directement lié aux taux du marché
interbancaire de la devise d'émission. Ainsi, le taux d'émission
du financement n'est influencé que par la loi de l'offre et de la
demande entre le pays émetteur et les investisseurs. Dans ce cas, il est
clair que l'opération d'émission et l'opération de
couverture (swap) ne vont pas être basées sur les mêmes taux
de référence. Cette différence de
référentiel correspondrait au spread objet de l'optimisation.
En conséquence, pour la démonstration de cet
spread (écart) trois types de données seront collectés sur
les marchés :
- l'estimation du Coût de l'émission
: pour chacune des devises, l'on se servira du taux sans risque
de la devise potentielle d'émission. Ainsi, nous aurons l 'OAT Fran
çaise pour l'euro, le Treasury Bond pour les USA, le
Japanese Governement Bond pour le Japon et enfin les Gilts
britanniques pour le Trésor Anglais. A ces taux sans risque, l'on
pourra ajouter une estimation de la prime de risque selon l'indice EMBI
Global.
- La structure de taux des swaps de devise:
pour calculer le montant de l'opération de swap de devise,
il est nécessaire de connaître la structure de taux de chacune des
monnaies offertes sur une même place (Londres, Paris, New York,...)
- Les basis swap: la marge des
basis swap est générée par les valeurs de marché
qui permettent de prendre en compte les différences de liquidités
entre les différentes devises. Chaque cotation donne les points de marge
de toutes les monnaies en Libor (London Interbank Offered Rate) contre la
devise du swap.
Il est indiqué en annexe 4 les données
concernant les conditions du marché international des capitaux en Mars
2006.
Ce sont toutes ces valeurs qui entrent non seulement en ligne
de compte pour la détermination de la « fenêtre
d'émission », mais surtout pour le calcul du coût du
financement et de sa couverture. Bien entendu, d'un point de vue pratique
d'autres coûts seraient à prendre en considération, tels
que les commissions du syndicat, les marges bancaires sur les cotations de
swap, les taxes locales, les autres frais d'émission.
CONCLUSION PARTIELLE:
La mise en oeuvre de l'opération d'émission
d'euro-obligations nécessite que le Trésor Public de Côte
d'Ivoire confie le mandat de montage et de structuration de l'émission,
à une ou à des banques. Celles-ci auront deux missions
principales : mission d'arrangement et/ou mission de conduite de
l'opération à proprement dit (le chef de filat).
La mission de conduite de l'opération est une
tâche fort rémunératrice mais courte, dense et complexe.
Elle exige une connaissance parfaite des euromarchés et une
habilité particulière dans le montage et le placement des titres,
dans la mesure où l'opération se négocie sur un
marché off-shore, déréglementé mais qui
possède tout de même ses propres règles à ne pas
ignorer. En conséquence, elle demande un syndicat bancaire très
"sérieux", dirigé par un chef de file imposant (en terme de
réseau de placement) et expérimenté (en terme
d'opérations effectuées sur l'euromarché). La mission
d'arrangement est une tâche tout aussi complexe. Elle exige une
connaissance parfaite du "terrain" de sorte à prendre en compte toutes
les contraintes de l'émetteur dans la structuration des
euro-obligations. C'est à ce niveau précisément que le
Groupe BNI peut intervenir pour le moment. Cette intervention concernera
l'étude du profil général d'efficacité (cf.
1ère Partie) à partir duquel il sera possible de
ressortir les caractéristiques initiales de l'emprunt. Celle-ci
(l'intervention) peut prendre aussi en compte l'édition du cadre
général des clauses (financières et juridiques) qui
engageront l'Etat de Côte d'Ivoire et, celles qui régiront
l'action des membres du syndicat, relèveront de la responsabilité
du chef de file. On peut citer entre autres les clauses sur lesquelles le
Groupe BNI peut cibler son intervention, les clauses de garanties, les clauses
de protection des obligataires (les CAC par exemple).
Toutefois, il faut souligner que, quelque soit la mission
assumée, l'objectif d'optimisation de l'émission demeure
prépondérant et primordial car il contribue à
améliorer l'image des banques responsables de l'arrangement et de la
conduite de l'émission, auprès de l'émetteur. Cette
optimisation s'appuie sur des outils à la pointe de la technologie.
CONCLUSION GENERALE
Il ressort au terme de tout ce qui précède,
qu'une mobilisation de ressources du Trésor Public sur
l'euromarché sera fort difficile à mettre en oeuvre en
l'état actuel des choses et risque de ne même pas pouvoir
répondre convenablement aux attentes de l'Etat de Côte d'Ivoire en
terme de financement du déficit budgétaire. Cependant il faut
reconnaître que les euro-obligations constituent des vecteurs
d'endettement très intéressants si on veut les comparer aux
emprunts obligataires domestiques, mais sont moins accessibles. La
déréglementation du marché euro-obligataire permet
d'emprunter à un coût très faible, les capitaux sont
abondants et le décloisonnement des marchés financiers offre des
possibilités toutes aussi intéressantes de couverture de la
dette. Le hic dans le cas du Trésor Public, c'est que les investisseurs
dans une telle opération d'envergure qui les oppose à un pays en
voie de développement, dont le risque de contrepartie paraît a
priori très élevé, adoptent une attitude prudente.
L'appréciation du risque-pays qui se décompose en risque
politique et en risque économique se révèle être
l'élément essentiel sur lequel porte le diagnostic (les
études préalables à l'émission) des
souverains dans une opération d' émission d'euro-obligations.
Toutefois, pour appréhender l'ampleur du risque réel encouru, les
investisseurs bâtissent une logique de confiance en plus de
l'appréciation du risque-pays, qu'ils fondent sur la base de la
crédibilité et de la capacité des dirigeants à
influer favorablement sur la nature et l'ampleur du risque en question. Tous
ces éléments nous ont permis d'élaborer un tableau du
profil général d'efficacité à partir duquel le
Groupe BNI pourra conseiller les options financières adéquates
à l'Etat de Côte d'Ivoire. Il s'agit d'un véritable tableau
de bord qui indique le moment propice à
une mobilisation de ressources sur l'euromarché.
Celui-ci nous permet d'ailleurs de corroborer, au terme de notre étude
l'inopportunité d'une telle opération actuellement pour le
Trésor Public (voir conclusion partielle, page 43 - 45). Il est donc
clair dans cette situation que la stratégie de mobilisation de
ressources sur l'euromarché, objet du mémoire, devra
s'insérer dans un cheminement stratégique global. Il s'agit alors
à partir des éléments collectés et des informations
disponibles, de tracer une trajectoire précise qui permette au
Trésor Public de réaliser cette opération au bout d'un
certain temps. Cette trajectoire se décline en deux grandes
étapes :
1- Amélioration du profil de risque
Actions
|
Durée
|
Résultats
|
Responsable
|
Entreprendre les
|
3 ans selon les
|
Soutenabilité de
|
Ministère de
|
réformes
|
termes de
|
la dette
|
l'Economie et des
|
nécessaires pour obtenir une
réduction de la dette dans le cadre de l'initiative
PPTE
|
Cologne
|
|
finances
|
Mise en place des
|
Simultanément
|
Fiabilité des
|
Ministère de
|
Normes Spéciales
|
|
informations
|
l'Economie et des
|
de Diffusion de Données
|
|
économiques et financières
|
Finances
|
(NDDS)
|
|
|
|
Mise en place d'un
|
Autorisation du
|
L'opportunité
|
Trésor Public de
|
programme d'émission à long terme qui inclue le
recours aux euroémissions.
|
ministère de tutelle
|
d'une émission d'euroobligations
|
Côte d'Ivoire
|
Analyse prospective
|
Mandat
|
Disponibilité du
|
Le Groupe BNI
|
des flux sur lesquels adosser l'emprunt et des
caractéristiques initiales
|
d'arrangement
|
cadre général de l'émission
|
|
2- Recherche d'une banque assez imposante et
expérimentée pour diriger l'émission. Cela
dépend le plus souvent de la monnaie d'émission. On peut avoir
par exemple la Deutsche Bank, le Crédit Suisse, UBS ou la BNP Paribas
pour les émissions en Euro, en Franc Suisse (CHF),... et Merrill Lynch,
Citigroup, JP Morgan, HSBC, Goldman Sachs ou Salomon Brothers pour les
émissions en Livre sterling et en dollar.
Annexes
Annexe 1 : calcul de l'indice de la
capacité de négociation
Indicateur 1: intervalle 33 - 66, intervalle milieu = (33+66)/2 =
49,5 Indicateur 2 : intervalle 66 - 100, intervalle milieu = (66+100)/2 = 83
Indicateur 3 : intervalle 0 - 33, intervalle milieu = (0+33)/2 = 16,5
Indicateur 4: intervalle 0 - 33, intervalle milieu = (0+33)/2 = 16,5 Indicateur
5 : intervalle 66 - 100, intervalle milieu = (66+100)/2 = 83 Indicateur 6:
intervalle 0 - 33, intervalle milieu = (0+33)/2 = 16,5
Somme intervalle milieu: 49,5+83+16,5+16,5+83+16,5 = 265
Résultat: indice de capacité de négociation :
265/6 = 44,16
- Indications sur les grandes minorités ethniques,
religieuses et linguistiques.
- Population pouvant accéder à l'éducation
secondaire et universitaire, résultats du système
éducatif.
- Niveau de vie (PIB par tête), dépenses de
consommation par habitant. - Distribution des revenus, des richesses et de la
propriété foncière.
- Niveau des infrastructures de transport et des
télécommunications et principaux projets.
- Taux de mortalité infantile, espérance de vie et
de développement des services de santé.
- Ampleur des ressources naturelles, notamment des
réserves minérales et d'hydrocarbures prouvées.
4. Analyse du marché de l 'emploi.
- Taille, développement historique et projections de la
population active totale. - Répartition de l'emploi (par genre, par
durée, par secteur).
- Répartition du chômage (par genre, par âge,
par région).
- Croissance des salaires, écarts du niveau des salaires
(entre secteurs public et privé, entre employeurs et
employés).
- Description des principaux critères de
détermination des salaires.
- Historique des accords salariaux, politiques des revenus
influant sur la croissance des salaires.
- Influence des syndicats dans les entreprises et nombre de
journées de travail perdues pour cause de grève.
5. Structure de la production et du commerce
- PIB nominal et réel, PNB.
- Composition du PIB par secteur.
- Taux de variation de la productivité.
- Consommation d'hydrocarbures (% PIB).
- Part des importations et des exportations (% PIB).
- Répartition des exportations et importations (par type,
par région géographique)
6. Dynamisme du secteur privé.
- Taux de création et de
démantèlement d'entreprises.
- Pourcentage des secteurs soumis à l'économie de
marché et le secteur privé, taux de professions
libérales.
- Formation brute de capital fixe dans le secteur des entreprises
(% PIB).
- Taux de rendement des capitaux, stock de capital dans le
secteur des entreprises. - Encadrement juridique et réglementaire de la
libre concurrence.
- Dépenses en R&D des entreprises, innovation et
dépôts de brevets.
- Taille du secteur public soumis à l'économie de
marché, projets de privatisation.
7. Equilibre de l'offre et de la demande.
- Offre et demande globales (% PIB).
- Répartition des exportations et importations de biens
et de services. - Solde extérieur de biens et services (% PIB).
- Epargne intérieure brute (% PIB)
- Dépenses de consommation, dépenses publiques,
formation brute de capital fixe. - Répartition de l'épargne
intérieure brute entre les secteurs des ménages et entreprises (%
PIB).
- Répartition de l'investissement intérieur brut
entre les secteurs public et privé (% PIB).
8. Balance des paiements.
- Niveau de croissance des exportations et importations
de biens et de services, répartition entre monnaies convertibles et non
convertibles.
- Balance commerciale.
- Balance des services.
- Transferts publics et privés.
- Termes de l'échange
- Balance des opérations courantes.
- Flux de capitaux à long terme et à court
terme.
- Atouts comparatifs dans le domaine commercial.
- Elasticité des revenus et des prix.
- Opérations de prêt et autres investissements
à l'étranger.
- Indications de sous-facturation des exportations ou de
sur-facturation des importations.
- Variation des réserves.
9. Analyse des freins à la croissance à moyen
terme.
- Taux de chômage non accélérateur de
l'inflation (NAIRU), taux maximum de croissance non inflationniste de
l'emploi.
- évolution de la croissance du PIB (de pic cyclique en
pic cyclique et de creux cyclique en creux cyclique).
- Indicateur du potentiel de production ou des capacités
disponibles provenant d'enquêtes indépendantes.
- Ampleurs de l'écart de production (output gap),
différence entre PIB et PIB potentiel.
- Croissance du PIB justifiée par l 'évolution de
la productivité.
10. Politique macroéconomique.
- Politique monétaire, stabilité des prix,
degré d'indépendance de la banque centrale. - Evolution des
indicateurs d'inflation.
- Politique de taux de change et arbitrage des conflits entre
objectif de taux de change et maintien de la stabilité des prix.
- Taux d'intérêt dans les parties courtes et longues
de la courbe des taux.
- Croissance de la masse monétaire (expansion domestique
du crédit, vitesse de circulation intérieure).
- Politique budgétaire.
- Niveau de stabilité relative des revenus,
répartition par type de fiscalité. - Impôts sociaux,
charges sociales, incidence sur les couches sociales.
- Evolution de la dépense publique, remboursement
d'intérêts, caractère cyclique des dépenses.
- Sources de financement et répartition des besoins des
administrations publiques, monétaires et non monétaires,
intérieures et étrangères.
11. Commerce et politique en matière d'investissement
étranger.
- Principales mesures de contrôle des
importations (quotas, droits de douanes, barrières non tarifaires).
- Droits de douane moyens appliqués aux biens
manufacturés pondérés par catégorie, degré
global de protection effective.
- Régime d'importations agricoles.
- Subventions à l'exportation.
- Politique de libéralisation des échanges.
- Politique en matière d'investissement étranger,
contrôles sur le rapatriement des
intérêts, bénéfices, dividendes et
produits de désinvestissement.
- Ecart dans le régime fiscal ou juridique
appliqué aux investisseurs étrangers. - Stock d'investissement
étranger (par type, par pays d'origine, par secteur).
12. Banque et Finance.
- Prêts bancaires (par type d'institution, par
destination sectorielle).
- Besoins de financement récents et prévisionnels
des sociétés privées et publiques. - Politiques de
crédit, opérations d'open-market, réserves minimum,
contrôles de crédit, réglementation sur les taux
d'intérêt, facilités de réescompte.
- Principales caractéristiques du système bancaire
et de sa réglementation prudentielle.
- Evaluation des marchés de capitaux domestiques
(liquidités, capitalisation du marché boursier et encours
obligataires).
13. Actifs en devises.
- Réserves de change de la banque centrale. - Ratio
réserves / importations.
- Avoirs de change du système bancaire. - Actifs en
devises du secteur public. - Avoirs du secteur privé non bancaire.
14. Dettes extérieures.
- Stratégie d'endettement des autorités,
restrictions légales applicables aux emprunts publics, aux swaps de taux
et autres obligations hors-bilan.
- Politique de gestion de l'endettement du secteur public hors
emprunts souverains par l'Etat.
- Répartition de la dett e extérieure (par
emprunteur, par créancier).
- Passif extérieur net.
- Calendrier d'amortissement et composition de la dette brute par
monnaie. - Composition de la dette.
- Intérêts nets et paiements d'investissements
nets.
II. Les critères de Moody's.
1. Dynamisme Politique et Interaction Sociale.
- Flexibilité du pouvoir.
- Structure légale.
- Structure politique.
- Répartition du revenu.
- Diversité des religions, ethnies, idéologies et
langues. - Influence des courants politiques.
- Politique de protection sociale.
- Mouvements de protestation et de résistance
armée. - Violation des principes de maintien de l'ordre. - Bureaucratie
administrative.
- Influence de la politique sur la gestion économique.
- Relations politiques et diplomatiques internationales. -
Réactions antérieures aux tensions politiques. -
Adéquation du régime politique.
2. Structure et performance Economiques.
- Produit intérieur brut nominal.
- Population, son taux de croissance et sa composition suivant
les âges.
- Taux de change
- PIB par tête (base parité de pouvoir d'achat).
- PIB nominal (monnaie locale). - Taux de variation du PIB
réel.
- Taux d'inflation (indice des prix à la consommation).
- Taux de chômage.
- Niveau d'investissement (% PIB).
- Epargne domestique brute (% PIB).
- Exportations nominales de biens et services.
- Importations nominales de biens et de services.
- Exportations réelles de biens et services.
- Importations réelles de biens et de service.
- Exportations nettes de biens et services (% PIB). - Taux
d'ouverture de l'économie.
3. Indicateurs Fiscaux.
- Revenu du gouvernement (% PIB).
- Dépenses publiques (% PIB).
- Balance des finances publiques (% PIB).
- Balance primaire (% PIB).
- Dette du gouvernement / Revenu du gouvernement.
4. Paiements externes et dettes.
- Taux de change réel.
- Coût du facteur travail.
- Solde courant en devises étrangères.
- Solde courant (% PIB).
- Dette en devises étrangères.
- Position internationale nette d'investissement (% PIB).
- Réserves officielles de change.
5. Indicateurs monétaires, de
vulnérabilité et de liquidité.
- Taux d'intérêt à court terme.
- Croissance du crédit domestique. - Crédit
domestique (% PIB).
- M2 / Réserves officielles de change.
- Service de la dett e (intérêts et proportion de
remboursement du principal).
- Dette externe à court terme et à long terme /
Réserves officielles de change
(indicateur externe de vulnérabilité). - Ration de
liquidité.
III. Les critères de S&P. 1. Risque
politique.
- Degré de stabilité des institutions
politiques.
- Degré de flexibilité du pouvoir.
- Processus de succession.
- Participation démocratique
- Forme de gouvernement et adaptabilité des
institutions.
- Caractéristiques majeures des partis politiques
économiques.
- Risque géopolitique.
2. Relations internationales.
- Intégration dans les échanges économiques
et financiers internationaux. - Intensité des relations avec les pays
voisins.
- Sécurité intérieure et
extérieure.
- Degré de consensus sur les objectifs de la politique
économique.
3. Environnement social.
- Niveau de vie.
- Répartition du revenu.
- Situation du marché du travail.
- Caractéristiques culturelles et démographiques.
- Niveau d'alphabétisation.
- Niveau d'urbanisation.
- Discrimination régionale, raciale, religieuse...
4. Structure économique et perspectives de croissance.
- Niveau du PIB.
- Niveau des exportations.
- Type de politique économique (économie de
marché ou non). - Accès aux ressources et diversification.
- Niveau et composition de l'épargne et de
l'investissement. - Taux de croissance économique.
5. Flexibilité du système Fiscal.
- Solde budgétaire.
- Revenu et dépenses de l'Etat.
- Marge de manoeuvre de la politique fiscale.
- Pression des dépenses publiques.
- Transparence et élaboration dans les temps des
budgets.
6. Flexibilité de la balance des paiements.
- Impact des politiques monétaire et fiscal sur le compte
extérieur. - Structure de la balance courante.
- Composition des flux de capitaux.
7. Dette externe et liquidité.
- Niveau et composition de la dette externe.
- Impacts des politiques fiscales et monétaires sur la
dette externe. - Poids du secteur bancaire dans les engagements publics. -
Echéances et charges du service de la dette.
- Historique du service de la dette et autres actifs publics.
8. Charges de l'endettement.
- Actifs financiers publics.
- Niveau de la dette publique et des charges de remboursement. -
Structure et composition des charges en devises.
- Engagement en termes de retraites.
9. Stabilité des prix
- Taux d'inflation.
- Taux d'intérêt et croissance des
crédits.
- Politique de change.
- Compatibilité du régime de change et des
objectifs de la politique monétaire. - Degré d'autonomie de la
banque centrale.
Annexe 3:
I- LES PAYS EMPRUNTEURS SUR LE MARCHE DES
OBLIGATIONS
INTERNATIONALES
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
T1 1996
|
EMPRUNTEURS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
OCDE
|
67,0
|
97,0
|
147,1
|
212,3
|
166,5
|
213,2
|
239,6
|
208,4
|
282,9
|
299,8
|
417,4
|
372,6
|
407,0
|
200,6
|
Institutions Internationales de développement
|
6,6
|
7,7
|
10,9
|
9,1
|
10,3
|
7,9
|
10,7
|
15,0
|
14,4
|
19,9
|
20,4
|
12,1
|
17,7
|
19,3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
AUTRES PAYS
|
2,6
|
3,6
|
7,2
|
4,3
|
3,1
|
4,3
|
2,5
|
6,1
|
10,9
|
12,4
|
42,0
|
40,5
|
42,6
|
6,8
|
dont
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Pays de l'OPEP
|
0,4
|
0,5
|
0,8
|
0,5
|
0,2
|
1,6
|
0,5
|
0,6
|
0,9
|
2,5
|
7
|
15,7
|
/
|
/
|
Autres PVD
|
2,2
|
3,0
|
6,4
|
3,8
|
2,9
|
2,7
|
2,0
|
5,5
|
10,0
|
9,9
|
35,0
|
24,8
|
/
|
/
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
AUTRES
|
0,9
|
1,2
|
2,6
|
1,4
|
0,9
|
1,7
|
2,9
|
0,4
|
0,5
|
1,6
|
1,2
|
3,4
|
/
|
/
|
TOTAL
|
77,1
|
109,5
|
167,8
|
227,1
|
180,8
|
227,1
|
255,7
|
229,9
|
308,7
|
333,7
|
481,0
|
428,6
|
467,3
|
226,7
|
Source: OCDE, Juin 1996
II- EURO-EMISSIONS PAR MONNAIE
|
1983
|
1984
|
1985
|
1986
|
1987
|
1988
|
1989
|
1990
|
1991
|
1992
|
1993
|
1994
|
1995
|
T1 1996
|
Dollars US
|
39,2
|
65,3
|
96,8
|
118,1
|
58,1
|
74,5
|
117,5
|
70,0
|
81,6
|
103,2
|
147,7
|
149,4
|
144,4
|
75,4
|
Deutsche Mark
|
4,0
|
4,3
|
9,6
|
17,1
|
15,0
|
23,7
|
16,4
|
18,3
|
20,5
|
33,8
|
54,7
|
31,6
|
72,7
|
44,4
|
ECU
|
2,2
|
2,9
|
6,9
|
7,1
|
7,4
|
11,2
|
12,6
|
17,9
|
32,7
|
21,3
|
7,1
|
7,6
|
7,1
|
1,6
|
Yen
|
0,2
|
1,2
|
6,6
|
18,5
|
22,6
|
15,9
|
15,6
|
22,8
|
36,0
|
33,7
|
44,4
|
67,3
|
64,5
|
13,4
|
Livre sterling
|
2,1
|
4,0
|
6,1
|
10,6
|
15,0
|
23,6
|
18,5
|
20,9
|
25,8
|
23,3
|
42,7
|
30,4
|
21,6
|
14,7
|
Dollar Australien
|
0,2
|
0,3
|
3,1
|
3,4
|
8,8
|
8,4
|
6,7
|
5,2
|
4,4
|
4,9
|
3,5
|
7,6
|
10,0
|
3,2
|
Dollar Canadien
|
1,1
|
2,1
|
2,9
|
5,1
|
6,0
|
13,1
|
12,5
|
6,4
|
23,7
|
15,6
|
29,3
|
13,3
|
2,7
|
3,9
|
Franc Français
|
/
|
/
|
1,1
|
3,5
|
1,8
|
2,3
|
4,5
|
9,4
|
17,0
|
24,3
|
39,9
|
27,4
|
12,7
|
14,2
|
Couronne danoise
|
/
|
/
|
0,5
|
1,2
|
1,4
|
1,0
|
0,4
|
0,2
|
0,3
|
0,4
|
1,1
|
0,7
|
2,8
|
0,7
|
Florin
|
0,8
|
0,7
|
0,6
|
1,0
|
1,1
|
2,1
|
2,3
|
0,8
|
3,3
|
6,5
|
11,1
|
11,9
|
14,7
|
8,1
|
Dollar
néozélandais
|
/
|
/
|
1,1
|
0,4
|
1,5
|
0,8
|
0,7
|
0,5
|
0,3
|
0,1
|
0,1
|
/
|
/
|
/
|
Lire italienne
|
/
|
/
|
0,1
|
0,3
|
0,7
|
1,5
|
3,5
|
5,4
|
9,0
|
7,7
|
11,5
|
17,0
|
11,7
|
6,6
|
Couronne suédoise
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1,4
|
0,3
|
1,3
|
0,9
|
0,5
|
1,7
|
0,3
|
0,3
|
Mark finnois
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
1,2
|
0,8
|
0,1
|
0,1
|
0,4
|
0
|
0,2
|
Autres monnaies
|
0,3
|
0,6
|
1,2
|
1,4
|
1,1
|
0,7
|
0,4
|
0,8
|
1,4
|
0,3
|
0,9
|
2,1
|
6,1
|
2,7
|
TOTAL
|
50,1
|
81,4
|
136,6
|
187,7
|
140,5
|
178,8
|
212,8
|
180,1
|
258,1
|
276,1
|
394,6
|
368,4
|
371,3
|
189,4
|
Annexe 4 : les données des différents
marchés
- Marché monétaire
- Marché obligataire
- L'écart de rémunération du
marché émergents
- Courbe des taux
Source OCDE, n° 90, Avril 2006
- Ecarts de rémunération des
marchés émergents
Note: Données quotidiennes jusqu'au 17
mars 2006. Ecarts de rendement interne des titres garantis (rendements
panachés) composant l'indice EMBI Global de JP Morgan par rapport aux
rendements des obligations de référence des Etats-Unis. L'indice
EMBI Global couvre les obligations Brady, les euro-obligations, les obligations
négociées et les titres d'emprunt des marchés locaux
libellés en dollars émis par des entités souveraines et
quasi souveraines.
On notera que d'après les informations de JP Morgan, la
forte chute du 10 au 13 juin 2005 de l'indice pour l'Amérique latine et
donc, de l'indice total des marchés émergents est dû
à un rééquilibrage au cours du mois de juin
provoqué par la conversion de la dette argentine. Par suite de
rééquilibrage, la dette argentine en situation de défaut
de paiement (avec des écarts de rémunération de 5000
points de base et plus) a été en partie remplacée par des
emprunts productifs assortis d'écarts de rémunération bien
inférieurs.
Source: Thomson Financial Datastream
Annexe 5 : Chronogrammes d'émission
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1989, p.168.
OCDE, «La gestion de la dette publique, Objectifs et
Techniques », volume 1, 1982, p.63
PHILIP KOTLER & Bernard DUBOIS (2005), Marketing
fondamental, 6ème Edition, P.568
PHILIPPE D'ARVISENET, «Finance Internationale
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(1998)
ROUBINI N., (2001): "Why should the foreign creditors of
Argentina take a greater hit/haircut than the domestic ones: On the economic
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ROUBINI N., décembre (2001), "Debt sustainability:
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STANDARD & POORS, «Local and Regional
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TRESOR PUBLIC DE COTE D'IVOIRE, Direction de la Dette
Publique, «Rapport de l'atelier national sur la stratégie de
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UNIVERSITE DE MONTREAL, Québec, Article de la revue
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http://www.ircgonline.com
http://www.moodys.com
http://www.prsgroup.com
http://www.standardandpoors.com
TABLE DES MATIERES
NOTE DE
SYNTHESE .P.5
INTRODUCTION P.8
TITRE I: ETUDES PREALABLES A L'EMISSION D'EURO-OBLIGATION
P.11
I- GENERALITES SUR LE TRESOR PUBLIC ET LE GROUPE BNI
P.11
1.1 Trésor Public de Côte divoire
.P.11
1.1.1 Les missions du Trésor
Public........................................................
|
P.11
|
1.1.2 Organisation du Trésor
Public........................................................
|
P.13
|
1.1.3 Historique des émissions
obligataires................................................
|
P.13
|
|
1.2 Présentation du Groupe BNI
P.14
II- DIAGNOSTIC ET CADRE GENERAL D'ANALYSE DES PAYS EN
DEVELOPPEMENT TEL QUE MENE PAR LE FMI ET LES INVESTISSEURS
INSTITUTIONNELS
|
P.17
|
2.1 L'analyse macro-économique
|
P.18
|
2.2 L'analyse du risque politique
|
.P. 25
|
III- DESCRIPTION GLOBALE DU RISQUE PAYS
|
.P.27
|
IV- DIAGNOSTIC ET EVALUATION DES POTENTIALITES DE LA
COTE
|
|
|
D'IVOIRE
|
...P.32
|
4.1 Diagnostic sur le plan politique
|
.P.32
|
4.2 Diagnostic sur le plan économique
|
P. 33
|
4.3 Diagnostic sur le plan des capacités
de négociation
|
P.35
|
V- ELABORATION DU PROFIL GENERAL D'EFFICACITE PAYS
|
P.39
|
5.1 Tableau du profil général
d'efficacité
|
P.39
|
5.2 Les options financières
suggérées
|
P. 43
|
CONCLUSION PARTIELLE P.45
TITRE II: MISE EN OEUVRE DE L'OPERATION D'EMISSION .
.....P.48
I- HISTORIQUE DES EMISSIONS D'OBLIGATIONS
INTERNATIONALES .P.49
II- IDENTIFICATION DES ACTEURS ET DES CONTRAINTES
P.50
2.1 Les acteurs et les intervenants dans
l'opération d'euro-émission .P.50
2.1.1 le marché
primaire..................................................................P.50
2.1.2 le marché
secondaire...............................................................P.57
2.2 Les contraintes du marché
..P.58
2.2.1 Notation et processus de notation de
l'émission........................ P.59
A- La notation P.59
B- Processus de notation de l'émission
..P.66
2.2.2 Analyse et choix stratégique des places
financières internationales... P. 67
III- IDENTIFICATION DES INSTRUMENTS FINANCIERS ET
POSSIBILITES DE MONTAGE P.70
3.1 Cadre d'analyse du montage des titres
souverains P.71
3.1.1 Le choix de l'eurodevise .P.71
3.1.1.1 La structure par terme des taux
d'intérêt .P.72
3.1.1.2 La courbe de taux des obligations d 'Etat
.P.77
3.1.2 La sécurisation de l'emprunt
(mécanismes de couverture) ..P.79
3.2 Les différentes formes d'obligations
.P.80
IV- MODE OPERATOIRE DE L'EMISSION INTERNATIONALE
.P.82
4.1 Conduite de l'opération
d'euro-émission .P.82
4.1.1 La pratique dite
traditionnelle......................................................
P.82 4.1.2 La pratique des émissions pré-placées
(Bought deal)............................P.95
4.2 Problèmes juridiques soulevés
par le contrat de souscription P.96
V- EXPOSE DES CONDITIONS INDICATIVES D'EMISSION
(TERM-SHEET).....P.97 5.1 Caractéristiques de
l'opération
5.2 Mécanisme de sécurisation mis
en place
5.3 Quelques options contractuelles
5.4 Caractéristiques du capital
emprunté
5.5 Les revenus
VI- L'OPTIMISATION DE L'EMISSION INTERNATIONALE
.P.102
CONCLUSION PARTIELLE P.105
CONCLUSION GENERALE P.107
|