CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE :
Plus même que l'exercice quotidien de la
médecine,l'hygiène ,pendant très longtemps,occupa au
même titre que la littérature,non seulement le temps mais aussi la
pensée de Céline. C'est pour lui tout autre qu'un second
métier. Par son caractère technique mais surtout par le type de
relation qu'elle entretient avec les hommes, cette réflexion est de
nature à polariser l'esprit. Quoi qu'il en soit,les
préoccupations de Céline avec le monde de la santé
publique sont d'actualité,et si certaines solutions peuvent nous
paraître aujourd'hui de nature trop autoritaire,d'autres,en revanche,ont
été adoptées depuis 1945 par le gouvernement
français : aménagement des centres
ville,sécurité sociale,médecine du travail...Ainsi se
construit donc le discours médico-social célinien moderne
,volontiers scientifique quand il faut faire prendre au sérieux ,il
traduit avant tout une volonté de prendre en charge les hommes au plus
près,si possible au niveau de leur vie quotidienne. Les pamphlets nous
ont offert l'autre versant de son hygiénisme, un hygiénisme
racial, indéniable qui n'est plus une simple prise en charge, mais bien
une épuration, une stérilisation de type pasteurienne d'une
partie entière de la population. Un hygiénisme
« à tiroirs » donc, qu'il est au final difficile de
comprendre de par la différence de ton entre ces deux formes
d'écrits mais qui ont tous deux pour origine une certaine thèse
de médecine où se mêlent déjà
préoccupations d'hygiène et vision du monde
désenchantée, plus proche de la paranoïa que de la simple
résignation. Semmelweis,prochaine étape de notre
étude,si elle concerne un haut personnage de l'histoire de la
médecine en général et de l'hygiénisme en
particulier n'est pas,de notre point de vue,un écrit proprement de
médecine sociale. Elle est avant tout une image du médecin, ce
saint laïc, définitivement au service des autres, image que
Céline n'a cessé de donner de sa profession, comme nous allons le
voir maintenant, et ce, notamment, à travers son oeuvre romanesque. Car
Céline a bien compris que c'est l'expérience pratique du
médecin qui aide en priorité à la compréhension des
malades, de leurs habitudes et de leur condition.
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