d
Sommaire
Titres................................................................................Pages
Introduction
générale.........................................................
.....................8
Chapitre I : Problématique, objectifs et
hypothèses.................................... 13
Chapitre II : Démarche
méthodologique...................................................
16
Chapitre III : Résultats, Analyses et
Discussions....................................... 25
Conclusion
générale.................................................................................58
Limites de
l'étude.....................................................................................60
Perspectives pour la
thèse.........................................................................61
Références
bibliographiques......................................................................62
Liste des sigles
ASF: Association des Services Financiers
CARDER: Centre d'Action Régional pour
le Développement Rural
CENATEL: Centre National de
Télédétection et de Surveillance du Couvert
Végétal
CeRPA: Centre Régional pour la
Promotion Agricole
CIFRED: Centre Inter facultaire de Formation
et de Recherche en Environnement pour le Développement
Durable.
DEA: Diplôme d'Etudes Approfondies
DFRN: Direction des Forêts et des
Ressources Naturelles
DGAT: Département de Géographie
et Aménagement du Territoire
DPP: Direction de la Programmation et de la
Prospective
DPSE : Direction de la Programmation, du
Suivi et de l'Evaluation
FAO: Fonds des Nations Unies pour
l'Alimentation et l'Agriculture
FLASH: Faculté des Lettres, Arts et
Sciences Humaines
FIDA: Fonds International du
Développement Agricole
FSA: Faculté des Sciences
Agronomiques
GV: Groupement Villageois
IEC: Information, Education, Communication
IGN: Institut Géographique National
INSAE: Institut National de la Statistique et
de l'Analyse Economique
MAEP: Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche
MDR : Ministère du
Développement Rural
MISD : Ministère de
l'Intérieur, de la Sécurité et de la
Décentralisation
MPRE: Ministère du Plan et de la
Restructuration Economique
NKP: Azote - Phosphate - Potassium
PAE: Plan d'Action Environnemental
PAGER: Projet d'Activités
Génératrices de Revenus
PDC: Plan de Développement Communal
PGRN: Projet de Gestion des Ressources
Naturelles
PIB: Produit Intérieur Brut
PROMIC: Projet de Micro finances et de
Commercialisation
RGPH: Recensement Général de la
Population et de l'Habitation
SIG: Système d'Information
Géographique
SONAPRA: Société Nationale pour
la Promotion Agricole
UAC: Université d'Abomey-Calavi
UCP: Union Communale des Producteurs
UNB: Université Nationale du Bénin
USPP: Union Sous-Préfectorale des
Producteurs
DEDICACES
A toi ma chère épouse Awaou SEH-BOI,
merci pour ton soutien et tes multiples sacrifices.
A mes enfants Latifatou, Soualiath,
Abdoul Bahassitou et Soukéinatou, que cette oeuvre vous soit un
exemple à suivre et à dépasser.
A tous les acteurs de l'agriculture, que le
courage et la persévérance soient votre credo.
REMERCIEMENTS
A toutes les personnes qui m'ont aidé et assisté
dans l'accomplissement de ce travail, j'exprime toute ma profonde
gratitude.
Mes remerciements vont particulièrement:
Ø A mon superviseur Dr. N'BESSA
Benoît qui n'a ménagé aucun effort pour accepter
être mon Directeur de travail malgré ses multiples occupations.
J'en suis très reconnaissant. Que Dieu vous le rende au centuple.
Ø Au Dr. BIO BIGOU Bani Léon, mon
maître de mémoire de maîtrise pour vos multiples conseils,
recevez ici mes sincères remerciements.
Ø Au Pr. BOKO Michel, Directeur Adjoint
de l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire Espace, Culture et
Développement. Merci pour votre désir de me voir mener à
bout ce travail.
Ø Aux membres de jury, merci pour vos
apports et suggestions pour parfaire ce travail scientifique.
Ø Aux parents et amis pour leurs soutiens
et encouragements.
Ø A M. DJEGUI Denis, Ingénieur
agronome à l'Institut International d'Agriculture Tropicale
(IITA-Bénin), pour m'avoir aidé dans la mise en forme de ce
document, recevez ici mes sincères gratitudes.
Ø A tous mes camarades de la
6ème promotion pour le climat de
fraternité et les moments forts passés ensemble en
particulier Emilia Azalou
Tingbé, Anges
Yadouléton, Adam Coulibaly, Firmin
Adjahossou et Hyacinthe Allagbé.
RESUME
Dans la plupart des pays d'Afrique de l'Ouest, les
activités agricoles sont menées, le plus souvent, sans souci de
préserver les ressources naturelles voire la santé des
populations. Les agriculteurs de la République du Bénin en
général et ceux de la commune de Ségbana en particulier,
une des régions productrices du coton, se retrouvent pleinement dans ce
cas de figure.
Les recherches effectuées ont montré que le
souci de rentabilité amène les agriculteurs disposant de vastes
superficies de terres agricoles à étendre sans cesse leurs champs
au détriment du couvert forestier, à utiliser des intrants
agricoles (engrais, pesticides) sans le respect des normes exigées. Ces
comportements ne sont pas sans conséquences néfastes sur les
ressources naturelles et la santé humaine, donc sur l'environnement.
Outre la diminution progressive et inquiétante du couvert
végétal, les populations évoquent des problèmes de
santé liés à la pollution par les pesticides et les
engrais chimiques.
Les risques environnementaux et sanitaires visibles dans le
secteur d'étude ont suscité des réflexions afin de voir
comment contribuer à la sauvegarde du couvert végétal et
faire des suggestions pour la préservation de la santé des
populations. En effet des populations agricoles malades s'appauvrissent
davantage et ont du mal à jouer leur rôle nourricier des
populations. De même, si rien n'est fait, la dégradation du
couvert végétal conduit à terme à la privation de
la terre agricole de sa fonction nourricière. Le pire est donc à
craindre. C'est ce qui a inspiré ce travail de recherche qui porte sur
le thème « Activités agricoles et dégradation
des ressources naturelles : Impact sur la santé des
populations ».
Mots clés : Activités
agricoles, Ressources naturelles, Impact santé des
populations, Commune de
Ségbana.
ABSTRACT
In most of West African countries, agricultural activities are
usually carried out without caring about natural resources preservation and
human health. Benin farmers in general and those of the Ségbana District
in particular (Ségbana being one of the biggest cotton producers in the
country) can be quoted as examples, among others. Research conducted so far
have shown that in the concern to assure cost-effectiveness, farmers with large
cultivable areas are obliged to increasingly widen their fields regardless of
the vegetation by using agricultural inputs (fertilizers, pesticides) with no
respect to the required procedures in the field. Such practices are detrimental
to natural resources and very harmful to human health and, consequently, to the
environment as a whole. Apart from the increasing and alarming fall of the
vegetation, the community is exposed to health hazards caused by pollution due
to the use of pesticides and chemical fertilizers. Environmental and health
risks are obvious in the sector and raise big concern and discussions about how
to fight for the protection of the vegetation and thereby succeed in making
suggestions for the preservation of human health. In fact, rural communities,
once in the condition of disease, become poorer and more vulnerable and are
therefore almost unable to play their role as the «feeder of the
community». Also, in the absence of practical actions, the degradation of
the vegetation will eventually deprive land of meeting its commitment and
challenge as «food provider». The present research study therefore
came into being through this inspiration and deserves its title as
«Agricultural activities and management of natural resources: impact on
population health».
Key words: Agricultural activities,
natural resources, Impact on population
health, District of Ségbana
INTRODUCTION GENERALE
Dans la plupart des pays d'Afrique, l'agriculture est la plus
importante entreprise et le poumon du développement économique.
Au Bénin, le secteur rural qui concerne 70 % de la population active
contribue pour 39 % à la constitution du PIB et participe à
hauteur de 15% aux recettes de l'Etat (CIFRED, 2001édition provisoire).
Les activités agricoles entraînent des transformations profondes
de l'environnement physique et humain. En effet, le producteur agricole dans la
recherche du mieux-être et de la satisfaction de ses besoins agit sur la
nature dans le souci de créer des conditions plus favorables à
son existence. De ce fait, la superficie des terres arables augmente
constamment au détriment du couvert végétal. Deux
cultures, à savoir le coton et l'igname sont l'une des causes
principales de l'occupation massive des terres par les paysans dans le nord et
le centre du Bénin.
Selon Nda (1998), cité par CIFRED (2001), le poids de
la superficie du coton sur la moyenne des superficies totales emblavées
annuellement entre 1987 et 1996 dans le département de l'Alibori est de
34 %. L'introduction de la culture attelée dans le Borgou et l'Alibori
depuis 1971 a beaucoup facilité la culture du coton. La pression sur les
savanes boisées, forêts claires et galeries forestières se
trouve accentuée par la culture d'igname qui vient en tête de
rotation sur les terres nouvellement défrichées dans les zones
où elle est cultivée.
La dégradation des ressources naturelles est un fait
réel et inquiétant dans les départements de l'Alibori et
du Borgou. En outre, la gestion des terres agricoles laisse à
désirer; elle est l'une des raisons qui sous-tendent certains
problèmes de santé humaine. A l'origine des problèmes de
santé des populations se trouvent la pollution par les pesticides, les
engrais et des problèmes liés au manque d'hygiène
corporelle et alimentaire.
Face aux risques environnementaux et sanitaires
déjà visibles dans le secteur d'étude, il est
nécessaire de procéder à des ajustements majeurs dans la
politique agricole et environnementale. C'est ce qui a motivé le choix
de la Commune de Ségbana pour ce travail de recherche.
BREVE PRESENTATION DU SECTEUR D'ETUDE
La Commune de Ségbana est située au nord-est du
Bénin, dans le département de l'Alibori entre 10°33' et
11°24' de latitude nord et 3°07' et 3°50' de longitude
est ; Elle est limitée au nord par la commune de Malanville, au sud
par la commune de Kalalé, à l'ouest par les communes de Kandi et
de Gogounou, à l'est par le Nigéria (Figure 1). Elle couvre une
superficie de 4.700 km², soit 17,9 % du département de l'Alibori et
4,17% de la superficie du Bénin.
La commune de Ségbana est marquée par une
topographie presque plane (plateau) rompue dans sa monotonie par des collines
d'environ 400m d'altitudes au sommet plat au niveau de certaines plaines et des
buttes surmontant des plateaux d'altitude moyenne de 250m (CARDER
Ségbana, 2001).
Selon une étude faite par le Centre d'Agro
pédologie, le secteur d'étude a un grand ensemble de sols (les
sols ferrugineux) qui se répartissent en quatre groupes : les sols
hydromorphes, les sols à concrétions, les sols indurés et
les sols sans concrétions.
Parmi ces groupes de sols, seuls deux sont aptes à
l'agriculture. Il s'agit des sols à concrétion qui conviennent
plus à la production de l'arachide, et des sols sans concrétions
et sans éléments caillouteux, propices aux cultures
pérennes arborées et très bons pour l'igname, le manioc,
le sorgho, le coton et l'arachide.
La commune de Ségbana a un climat tropical de type
soudanien caractérisé par deux saisons : une saison
pluvieuse qui dure d'avril à octobre et une saison sèche qui
s'étend de novembre à mars. La pluviométrie, dont la
moyenne totale annuelle est de 981,78mm (annexe 1), est favorable à la
production agricole (CARDER Ségbana, 2004). Sur le plan hydrographique,
ce secteur d'étude a un réseau dense de cours d'eau qui
appartiennent au bassin du Niger. La sota (250 km) qui est le principal cours
d'eau forme la limite ouest du secteur d'étude ; elle prend sa
source dans le village Lou (commune de Kalalé).
La sota a trois (03) affluents : Tassinè, Bouly et
Iranè (MIGDISSOV et al, 1984). Le réseau hydrographique de cette
commune est très favorable au développement de la pêche et
des cultures maraîchères (CARDER Ségbana, 2004).
La commune de Ségbana a une végétation
dominée par des formations variant des forêts claires aux savanes
(CENATEL, 1997).
Elle compte cinq (05) arrondissements dont quatre en milieu
rural (Liboussou, Lougou, Libantè et Sokotindji) et un en milieu urbain
(Ségbana). Les principaux groupes sociolinguistiques qui occupent cette
commune sont les Boo (75%), les peulh (17%), les Dendi (1,7%) les Yoruba et
apparentés (1,6%) et les Haoussa, Zarma, Baatombu et Fon (4,7%) (Atlas
monographique des communes du Bénin, 2001). La population du secteur
d'étude est estimée à 52.639 habitants en 2002 et sa
densité est de 11,77 habitants / km².
La commune compte vingt-huit (28) localités au nombre
desquelles quatre (04) ont été choisies pour mener cette
étude. Il s'agit de Ségbana, Morou, Libantè et
Koutè. Avec un taux d'accroissement naturel annuel de 5,01 % sa
population atteindra 126.899 habitants en l'an 2020 si cette tendance se
maintenait. La répartition de cette population par sexe fait
apparaître une légère dominance des hommes (26.345
habitants) contre 26.294 habitants pour les femmes (INSAE-RGPH- 2002). La
population de cette commune s'occupe essentiellement des activités
rurales. Le nombre d'actifs agricoles est de 18670 en 2002 dont 9967 hommes et
8703 femmes (CARDER - Ségbana, 2004).
La quasi-totalité des habitants de cette commune vit de
l'agriculture. Les principales cultures sont le coton, l'igname, le maïs,
le sorgho et l'arachide.
Leurs activités économiques portent aussi bien
sur les produits tirés de l'agriculture que sur les produits
manufacturés. Outre l'animation des marchés à
l'intérieur de la commune, des échanges importants se font avec
les commerçants de la commune de Kandi et ceux des villages frontaliers
du Nigéria. Les échanges commerciaux avec le Nigéria se
développent de plus en plus avec l'inorganisation de la filière
des vivriers, le grand retard dans le paiement des frais de coton et le besoin
pressant des populations d'avoir de revenus.
En matière d'infrastructure sanitaire, la commune de
Ségbana a un centre de santé communal dirigé par un
médecin-chef, assisté des infirmiers et des aides soignants. Elle
dispose de deux (02) dispensaires isolés, de quatre centres de
santé d'arrondissement et de six unités villageoises de
santé (Plan de Développement Communal de Ségbana, 2004).
Dans le cas des maladies graves, les malades sont évacués
à l'hôpital de Kandi.
Le travail de recherche, dans ce secteur d'étude, est
organisé autour de trois (03) chapitres :
1. Problématique, objectifs et hypothèses
2. Méthodologie, revue de la littérature et
outils de travail
3. Résultats, analyses et discussions.
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES
I - PROBLEMATIQUE
Au Bénin, la satisfaction des besoins vitaux passe
d'abord par l'agriculture, le pays étant essentiellement agricole.
Dans la commune de Ségbana, la disponibilité
des terres agricoles ne constitue pas une contrainte majeure. La terre n'est
pas un facteur limitant pour l'agriculture puisque de vastes superficies
restent encore inexploitées. Selon le CARDER Ségbana, sur 2090
km² de terres cultivables seuls 489,12 km² ou 48.912ha, soit 23,40 %
sont exploitées. Ce qui suppose un potentiel agricole susceptible de
subvenir aux besoins vitaux des populations. L'exploitation de ce potentiel se
fait sans égard à la durabilité des ressources naturelles.
Les pratiques actuelles caractérisées par l'agriculture
extensive, l'agriculture itinérante sur brûlis, l'utilisation des
intrants agricoles (engrais et insecticide) pour le coton, la principale
culture de rente, continuent de soumettre l'environnement à une pression
anthropique importante. Les agriculteurs s'adonnent à ces pratiques
sans se soucier de l'impact qu'elles ont sur leur santé voire sur leur
bien-être, et des problèmes auxquels ils seront exposés si
les ressources naturelles manquaient.
Selon BOKO (octobre 2003) les causes de la dégradation
de l'environnement sont aussi les causes de dégradation de la
santé humaine.
En effet, les producteurs de coton, pendant l'épandage
des intrants agricoles qui polluent l'environnement, absorbent en même
temps les pesticides.
Des cas d'intoxication, de suicide ou d'homicide ont
été évoqués souvent à la radio BIO GUERRA de
Ségbana par les agents du Centre d'Action Régional pour le
Développement Rural (CARDER) actuel CeRPA. En général, les
traitements des champs de coton se font sans protection. Les producteurs de
coton n'utilisent pas l'accoutrement adéquat de protection et ne
respectent pas la position à adopter lors de la pulvérisation des
insecticides.
L'épandage d'engrais se fait à la main libre,
sans gants. Des enfants qui constituent une couche vulnérable, sont
associés aux manipulations de ces intrants. Les insecticides
destinés au coton sont utilisés dans les champs des cultures
vivrières et même pour conserver les produits vivriers. En raison
de la mauvaise utilisation de ces intrants agricoles, les populations sont
exposées aux dangers des pesticides de coton.
A cette situation sanitaire précaire des producteurs
s'ajoutent des problèmes liés à la consommation d'eau de
mares de qualité douteuse lors des travaux champêtres. Une fois,
la réserve d'eau potable transportée de la maison
épuisée, il ne reste aux paysans qu'à se diriger vers un
point d'eau d'un mètre de profondeur environ ou vers un cours d'eau pour
s'en approvisionner à nouveau.
A la pause, lors du repas, les agriculteurs ne se lavent
souvent pas les mains au savon avant de manger. A priori, ces comportements
peuvent être banalisés. Mais au vu des conséquences qu'ils
pourraient engendrer, il s'avère nécessaire d'en faire une
préoccupation, tout comme l'est la sauvegarde de l'environnement.
L'inquiétude sur l'état de santé et le
bien-être des populations agricoles de la commune de Ségbana ne
cesse de croître. Il y a lieu de s'interroger sur ce que sera la
situation sanitaire de ces populations à court, à moyen et
à long termes. Outre les comportements, quels sont les autres
éléments qui constituent des menaces pour l'état de
santé et le bien-être des producteurs agricoles ?
La baisse des revenus des agriculteurs n'engendre-t-elle pas
des problèmes de santé ?
Quel est le lien qui existe entre la pauvreté et la
santé des populations ?
C'est pour réfléchir sur cet ensemble de
situations que ce thème a été choisi.
II - OBJECTIFS
A - OBJECTIF GENERAL
L'objectif général de ce travail est
d'étudier l'ampleur des activités agricoles, la façon dont
les ressources naturelles sont dégradées et l' impact de ces
activités sur la santé des populations.
B - OBJECTIFS
SPECIFIQUES
Le travail vise à:
1. analyser les liens qui existent entre les activités
agricoles et la dégradation des ressources naturelles;
2. apprécier le niveau de connaissance des producteurs
en matière d'utilisation des insecticides coton, en matière
d'hygiène alimentaire et corporelle ;
3. apprécier le rôle des acteurs
agricoles ;
4. analyser les possibilités de création des
activités génératrices de revenus.
Pour atteindre ces objectifs, nous avons émis un
certain nombre d'hypothèses.
III - HYPOTHESES
1. l'extension anarchique des superficies agricoles
accélère la dégradation des ressources naturelles;
2. la recherche du bien-être matériel conduit
à la dégradation des ressources naturelles et à
l'appauvrissement des populations;
3. les pratiques d'utilisation des pesticides par les
producteurs ne respectent pas les normes recommandées;
4. le non-respect des règles d'hygiène
alimentaire et corporelle compromet la santé des producteurs;
5. la restructuration du secteur agricole intervenue en
1992-1993 n'a pas été favorable aux paysans.
CHAPITRE II : DEMARCHE
METHODOLOGIQUE
Ce travail de recherche s'intéresse aux
différents acteurs de l'agriculture en matière de gestion des
ressources naturelles et de l'impact des activités agricoles sur la
santé des populations. Il ne s'appesantit pas sur les différentes
maladies qu'engendrent les pratiques agricoles, mais sur les comportements qui
conduisent à la fragilité de l'état de santé des
populations.
La méthodologie de recherche conçue dans ce
sens comporte trois (03)
Phases:
1. la revue de la littérature;
2. la collecte des données sur la production agricole
et l'impact des activités agricoles sur la santé des
populations;
3. le traitement des données.
I - REVUE DE LA LITTERATURE
La recherche documentaire à travers la revue de la
littérature a permis d'apprécier la réflexion de certains
auteurs sur l'agriculture. La plupart des auteurs sont unanimes à
reconnaître le lien entre les activités agricoles et la
dégradation de l'environnement d'une part, et entre les hommes et
l'environnement dans lequel ils évoluent d'autre part. Ils font
transparaître leurs préoccupations dans la recherche d'un
équilibre avantageux pour la santé et le bien-être des
populations et non pas uniquement pour la protection de l'environnement.
BIAOU (2000) a montré que les pratiques actuelles
caractérisées par l'agriculture itinérante sur
brûlis, l'utilisation des pesticides sur le coton et le
niébé, continuent de soumettre l'environnement à une
pression importante, entraînant une destruction des
écosystèmes. L'auteur, citant TON, P. et VODOUHE, S. (1995) a
expliqué que les agriculteurs béninois utilisent exclusivement
les engrais chimiques, que 90% des pesticides importés sont
utilisés sur le coton, avant de conclure, au vu de la production
cotonnière qui croît à un rythme très rapide (20 %
contre 3 à 7 % pour les productions vivrières), que la culture du
coton constitue une menace pour le sol, la santé humaine et la
biodiversité.
En matière des risques de la culture du coton pour la
santé humaine, DARAN (2004) s'inspire des travaux d'AHLBORG et al (1991)
pour qui il existe trois (03) sortes d'exposition : l'exposition
professionnelle aux pesticides au niveau des travailleurs agricoles,
l'exposition volontaire qui conduit au suicide par ingurgitation du produit et
l'exposition accidentelle qui consiste à la consommation d'un aliment
contaminé (un aliment issu d'un produit agricole traité par
exemple par un pesticide). Ces expositions aux pesticides ont des effets
négatifs sur la santé humaine en général. Le
même auteur cite LAFIA (1996) qui stipule qu'un traitement phytosanitaire
conduit à la contamination du milieu environnant par les nuages à
travers l'air ambiant, la végétation, les cours d'eau et les
nappes souterraines.
Pour DARAN (2004), cette pollution compromet l'état de
santé des individus qui manipulent les pesticides et même ceux qui
ne les manipulent pas.
Par rapport à l'état de santé des
agriculteurs, ADANHOUME (2000) estime que la période pendant laquelle
leurs maladies sont plus virulentes coïncide avec les travaux
champêtres (fumage des champs de cotonniers, période de sarclage
des champs). Selon le même auteur, c'est dans cette période des
activités agricoles que les agriculteurs souffrent le plus des maladies
cutanées, pulmonaires, des diarrhées et du vomissement.
A propos de la contamination des sols et indirectement des
eaux par les engrais chimiques, il suggère de recourir aux engrais
organiques ou aux engrais verts pour éliminer ou réduire l'effet
néfaste de ces engrais chimiques.
Pour le FIDA (2001), il est plus indiqué aux
agriculteurs pauvres en ressources, en particulier, d'adopter des pratiques
telles que la lutte biologique contre les ravageurs, les méthodes de
gestion de la fertilité du sol à l'aide de ressources disponibles
à la ferme et les techniques agricoles nécessitant peu d'intrants
provenant de l'extérieur.
BRISSET (1994) a perçu qu'entre pauvreté,
précarité de la santé et environnement le lien est de plus
en plus étroit. La pauvreté ne donne pas la possibilité
à ceux qui en souffrent de cesser de détériorer leur
environnement. Au contraire, le respect de l'environnement est le dernier de
leurs soucis.
ADAMBIOKOU (2001) rapporte les propos de GENY et al (1992)
qui soulignent l'insuffisance de la prise de conscience pour une meilleure
gestion des ressources de l'environnement. Le même auteur cite WIN et
HELMUT (1997) qui indiquent qu'une approche décentralisée
constitue un meilleur moyen pour réunir les conditions d'une gestion
durable des ressources naturelles.
Abondant dans le même sens, dans un bulletin
d'information, ZAHARIA et APOLLIN (1997) affirment que la gestion des
ressources naturelles doit résulter avant tout d'une concertation entre
les différents acteurs et usagers d'un même territoire.
Les auteurs du PAE (2001) suggèrent que les
populations soient accompagnées vers une prise de conscience
individuelle et collective des impacts négatifs de l'activité
humaine sur l'environnement.
Pour y parvenir ces auteurs accordent un intérêt
particulier au changement des comportements, notamment par une
élévation du niveau de vie de tous les béninois, et
souhaitant une amélioration du cadre de vie.
Ces informations ont pu être obtenues grâce aux
consultations de documents dans les bibliothèques et institutions comme
l'indique le tableau I suivant.
Les différents auteurs ont abordé l'impact des
activités agricoles sur les ressources naturelles et sur la santé
des populations, les conséquences de la pauvreté sur la gestion
des ressources naturelles et la nécessité d'un changement de
comportement vis-à-vis de l'environnement.
Mais les facteurs qui participent à la
précarité de la santé et du bien-être des
agriculteurs voire des populations n'ont pas été abordés
à fond. La dégradation des ressources naturelles et de
l'état de santé de la population par la culture du coton est une
réalité. Il reste à montrer que cette culture de rente
contribue de plus en plus à l'appauvrissement des agriculteurs et que la
pauvreté a des impacts négatifs sur la santé des
populations.
La pauvreté constitue entre autres un handicap
sérieux à la satisfaction des besoins liés à la
survie et à la santé. Elle conduit aussi les agriculteurs
à s'endetter sans cesse et à utiliser de façon excessive
la force physique au cours des activités agricoles, aux fins d'exploiter
d'importantes superficies agricoles. Leur but principal est d'obtenir à
termes de revenus. Tous ces facteurs seront pris en compte dans cette
étude.
Tableau I: Collecte des
données dans les différents Centres de documentation.
Bibliothèques ou centres de
documentation
|
Ouvrages consultés
|
Données exploitées
|
Bibliothèque de l'UAC
|
Documents généraux (livres, thèses)
|
Informations générales sur l'environnement et les
ressources naturelles
|
Centre de documentation de la FLASH-UAC
|
Thèses, mémoires
|
Informations sur les activités agricoles et les ressources
naturelles
|
Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique
(Cotonou)
|
Données démographiques sur le secteur
d'étude
|
Statistiques démographiques
|
Direction des Forêts et des Ressources Naturelles
|
Rapport projet, Etudes spécifiques sur les ressources
naturelles
|
Informations sur l'évolution de la dégradation des
ressources naturelles
|
Centre de documentation du Ministère de l'Agriculture, de
l'Elevage et de la Pêche
|
Rapport annuel d'activités, Données sur la
production agricole du secteur d'études
|
Statistiques agricoles, informations sur la production
agricole.
|
Centre de documentation du Ministère de l'Environnement,
de l'Habitat et de l'Urbanisme
|
Rapports lois sur l'environnement
|
Informations générales sur l'environnement et
études en cours au Bénin.
|
Agence Béninoise pour l'Environnement
|
Documents techniques et articles
|
Informations sur la planification
|
Centre Culturel Français
|
Livres et revues
|
Informations générales sur la dégradation de
l'environnement
|
CARDER Ségbana et Direction Générale du
CARDER Borgou
|
Rapports sur les activités agricoles du secteur
d'étude
|
Informations sur la pluviométrie, l'agriculture et la
gestion des ressources naturelles
|
Les ouvrages consultés ont permis de circonscrire le
thème et de disposer de base théorique pour l'analyse et la
discussion des résultats.
II- TECHNIQUES ET OUTILS DE COLLECTE DES
DONNEES
La phase pratique de ce travail de recherche s'est
déroulée sur le terrain. Les techniques utilisées se
résument en trois (03) opérations :
- l'observation ;
- l'entretien ;
- le questionnaire.
· L'observation directe a permis de
constater le mode de manipulation des intrants agricoles (pesticides, engrais)
par les populations, de voir le mode de préparation ou d'exploitation
des champs et leurs impacts sur l'environnement et la santé des
agriculteurs voire des populations. Ce sont des données qualitatives qui
ont été collectées. Pour illustrer les constats et
observations, des photos de quelques champs de coton, d'agriculteurs en
activité, des emballages vides de pesticides ensachés ont
été prises.
· L'entretien fait à partir d'un
guide d'entretien individuel a permis d'échanger avec des personnes
ressources que sont les agents du CARDER, du Centre de santé et des
responsables des Groupements villageois. L'entretien a porté sur les
différents comportements liés à la dégradation des
ressources naturelles, à la détérioration de l'état
de santé et du bien-être des agriculteurs voire des populations.
L'entretien a été quelques fois enregistré sur accord des
interlocuteurs. Cette opération a servi aussi à la collecte des
données qualitatives.
· Le questionnaire a
permis de collecter des données quantitatives et qualitatives afin de
mesurer les variables importantes en rapport avec les activités
agricoles, l'impact de ces activités sur les ressources naturelles, les
modes d'entretien des cultures et leur impact sur l'état sanitaire des
habitants.
Le travail a été fait en rapport avec le cycle
agricole :
- période de préparation des sols pour les
cultures : du 05 avril au 02 mai 2004, soit 30 jours ;
- période de traitement phytosanitaire des champs de
coton : du 02 au 30 septembre 2004, soit 29 jours ;
- période de récolte : du 14 au 30 octobre
2004, soit 17 jours.
Les enquêtes de terrain ont duré globalement deux
(02) mois, deux (02) semaines, soit 75 jours. L'étude menée est
à la fois qualitative et quantitative comme l'indique le tableau II
suivant.
Tableau II : Techniques
et outils de collecte des informations sur le terrain
TECHNIQUES
|
OUTILS
|
TYPES DE DONNEES
|
Observation
|
Grille d'observation
|
Qualitative
|
Entretien
|
Guide d'entretien
|
Qualitative
|
Questionnaire
|
Questionnaire
|
Quantitative/ Qualitative
|
Source : Résultats
d'enquête (année 2004)
La grille d'observation, les guides d'entretien et le
questionnaire sont en annexes 5,6 et7
ECHANTILLONNAGE
Sur les vingt huit (28) localités que compte la
commune de Ségbana, quatre (04) ont été retenues pour les
enquêtes de terrain.
Il s'agit de Ségbana, Morou, Libantè et
Koutè. Le choix de ces localités est d'abord raisonné,
tenant compte des critères suivants :
- le mode d'exploitation agricole ;
- l'importance des cultures du coton et de l'igname.
Ensuite, le choix est aléatoire, car les quatre (04)
localités enquêtées ont été choisies
à partir d'un tirage au sort parmi dix (10) qui remplissent ces
critères.
Les enquêtes de terrain ont touché un
échantillon de cent quatre vingt seize (196) actifs agricoles
âgés de quinze (15) ans et plus répartis sur les quatre
(04) villages. Quarante-neuf (49) actifs agricoles dont trente-neuf (39) hommes
et dix (10) femmes par village sont concernés par ce travail.
En tenant compte de la spécificité de la zone
d'étude, les hommes jouent un rôle très important dans les
activités agricoles, raison pour laquelle le choix a porté sur
près de 4/5 des hommes et 1/5 des femmes par localité. Par
rapport à l'échantillon retenu, les personnes rencontrées
dans les champs ou les maisons ont été soumises à un
entretien individuel.
En outre, un choix raisonné a porté sur deux
(02) agents du CARDER, deux (02) de santé et deux (02) agents
d'organisation paysanne, tous se trouvant dans le secteur d'étude.
Au total, l'enquête de terrain a concerné un
échantillon de deux cent deux (202) interlocuteurs.
III - TRAITEMENT DES DONNEES
Les données collectées au cours des
enquêtes ont été dépouillées et
traitées. Les informations recueillies ont d'abord fait l'objet d'un
traitement manuel.
Pour ce qui concerne le traitement des données de
l'entretien, les enregistrements ont été écoutés
afin de compléter les notes prises.
Les opinions émises ont été ensuite
classées par thématique et par idée dominante. Le
croisement des idées s'est fait en fonction des objectifs de
recherche.
Le traitement d'autres données
transférées sur Excel a permis de réaliser des tableaux et
des graphiques.
Les cartes ont été réalisées au
Centre National de télédétection (CENATEL) sur fond de
cartes topographiques de l'IGN (1992) pour la carte de localisation de la zone
d'étude. Les images satellites de la mission KENTING (1975) et SPOT X
65/329 (1996) ont permis la réalisation des cartes d'occupation du sol.
Les cartes réalisées ont été
numérisées à l'aide du Système d'Information
Géographique (S.I.G.).
Après le traitement des informations recueillies, les
résultats obtenus sont consignés dans le troisième
chapitre.
CHAPITRE III : RESULTATS, ANALYSES ET
DISCUSSIONS
Les analyses des résultats ont porté sur les
comportements des producteurs à travers les activités agricoles
et sur le rôle des structures d'encadrement.
I - EXTENSION DES ACTIVITES AGRICOLES, PRINCIPAL
FACTEUR DE LA DEGRADATION DU COUVERT VEGETAL
L'augmentation sans cesse croissante des
besoins vitaux des paysans les a
amenés à la recherche de nouvelles terres
pour l'habitation et la production agricole. Dans le souci d'accroître
leurs productions, les paysans ne perçoivent qu'une possibilité
majeure : l'extension de leurs champs. Cette extension se fait au
détriment du couvert végétal. Citons à titre
d'exemple les agriculteurs de Morou, à proximité de la
forêt classée des trois rivières, ceux de Ségbana,
de Libantè et de Koutè.
A- Dynamique de l'occupation du sol liée au
développement de
la culture attelée
La dégradation du couvert végétal
représente le premier indicateur de la dégradation des ressources
naturelles. De ce fait, l'accent a été d'abord mis sur la
description de l'état de la végétation. Cette description
s'appuie surtout sur des cartes d'occupation du sol de 1975 et 1996 (Figures 2
et 3).
Les figures 2 et 3 présentent les évolutions de
l'occupation du sol en 1975 et en 1996. L'examen comparé des supports
des espèces végétales fait apparaître que :
- les superficies des galeries forestières ont
régressé de 12.703 ha en 1975 à 10.652 ha en 1996. Elles
ont connu une diminution de 2051 ha soit 16,15% entre les deux
périodes ;
- les superficies des forêts claires et savanes
boisées ont diminué de 88.942 ha en 1975 à 55.266 ha en
1996. Elles ont régressé de 33.676 ha soit 37,8%.
- les superficies des savanes arborées et arbustives
sont passées de 237.980 ha en 1975 à 214.432 ha en 1996. Elles
ont connu une diminution de 23.548 ha soit 09,89%.
- les superficies des savanes arborée et arbustive
saxicoles sont restées intactes, 13.120 ha en 1975 et en 1996.
- les superficies des savanes à emprise agricole ont
progressé de 59.120 ha en 1975 à 92.022 ha en 1996. Elles ont
accru de 32.902 ha soit 55,60 %.
- les superficies de la mosaïque de cultures et
jachères estimées à 34.840 ha en 1975 sont passées
à 60933 ha en 1996. Elles ont augmenté de 26.093 ha soit
74,89%.
- les 545 ha en 1975 occupés par l'agglomération
ont progressé à 825 ha en 1996. Elles ont connu une augmentation
de 280 ha soit 51,37%.
Les figures 2 et 3 illustrent bien les évolutions des
superficies des différentes unités d'occupation du sol de 1975
à 1996 dans la commune de Ségbana. Les données de 1997
à 2004 ne sont pas encore disponibles au CENATEL.
D'une façon générale, en 1975 la
superficie des savanes arborée et arbustive arrive en tête avec
53,21% de la superficie totale de la commune de Ségbana.
Les forêts claires et savanes boisées viennent
ensuite avec 19,89% et les savanes à emprise agricole avec 13,22%.
En 1996, les savanes arborée et arbustive occupent
toujours la première place avec une superficie réduite,
estimée à 47,95%. Tandis que les savanes à emprise
agricole viennent en deuxième position avec une superficie
élevée estimée à 20,58 % de la superficie totale.
Les mosaïques de cultures et jachères qui occupaient la
quatrième position avec 7,79 % de la superficie totale en 1975 se
retrouvent en troisième position avec 13, 62 % de la superficie
totale.
L'observation des figures 2 et 3 révèle qu'entre
1975 et 1996 les superficies des galeries forestières, des forêts
claires et savanes boisées, des savanes arborée et arbustive ont
régressé pendant que celles des savanes à emprise
agricole, de la mosaïque de culture et jachères et de
l'agglomération ont progressé.
Entre 1975 et 1996, les galeries forestières et les
forêts claires et savanes boisées ont été
dégradées respectivement de 16,15% et de 37,80%. Les superficies
des savanes arborée et arbustive ont régressé de 09,89%
dans la même période. Par contre celles des savanes à
emprise agricole et la mosaïque de cultures et jachères ont
progressé respectivement de 55,60% et de 74,89%. Cette dynamique
observée entre 1975 et 1996 s'explique surtout par l'accroissement des
superficies emblavées. Bien que les données de l'évolution
des superficies des différentes unités d'occupation du sol de
2004 ne soient pas encore disponibles, cette tendance se poursuit
jusqu'à ce jour.
A chaque nouveau défrichement, la forêt est
progressivement remplacée par des savanes dans lesquelles sont
épargnées quelques essences ( Photo 1) ayant un
intérêt économique ou sanitaire pour les paysans comme le
karité (Vitellaria paradoxa) et le néré (Parkia
biglobosa).
D'après les recherches dans la commune de
Ségbana, ces deux (02) arbres sont utiles aux populations dans beaucoup
de domaines :
- la gousse de néré, évidée et
macérée dans l'eau, est utilisée pour
imperméabiliser les murs de clôture et les sols damés des
cases dans les villages, la graine de néré sert à la
fabrication d'un condiment très répandu (kpoo en boo). Il s'agit
d'une sorte de moutarde qui possède des vertus nutritives;
- la graine de karité, transformée donne le
beurre de karité, utile dans la préparation des repas, le beurre
de karité sert de pommade, il a aussi des vertus nutritives, garde
l'épiderme lisse, sert de pommade dans le traitement de l'entorse et de
la fracture de l'os.
Photo 1 : Champ en
jachère à Ségbana dans lequel des karités
épargnés sont visibles
Source : (KISSIRA
Aboubakar septembre 2004)
Dans le secteur d'étude, cent quatre-vingt-seize (196)
producteurs interrogés ont affirmé avoir épargné
entre 10 et 15 karité et néré confondus sur une centaine
d'arbres abattus par hectare dans leurs champs. Les investigations sur le
terrain ont confirmé ces déclarations.
De façon générale, l'arbre joue un
rôle dans la pharmacopée, la production du miel, la protection de
l'environnement, la stabilité des terres érodées et la
fertilité des sols par la production de l'humus (KISSIRA, 2002).
L'augmentation des besoins en terres cultivables
entraîne la conquête de nouvelles terres sous forêts. C'est
le cas de la forêt classée des trois rivières qui subit du
côté de MOROU, la pression des agriculteurs de cette
localité en quête de terres fertiles pour les activités
agricoles.
Dans l'ensemble, compte tenu de la disponibilité des
terres cultivables, la jachère est pratiquée par la
quasi-totalité des paysans pour une période minimum de cinq (05)
ans (CARDER - Ségbana, 2004). L'extension de la jachère de 1975
à 1996 confirme la disponibilité des terres et le besoin
croissant des populations de l'occupation de nouveau sol. L'importance de ce
besoin s'explique aussi par l'accroissement de la population et surtout par
l'introduction et le développement rapide de la culture attelée
(Photos 2 et 3).
En vingt et un (21) ans, la commune de Ségbana a subi
une dégradation des ressources naturelles dont les causes sont d'abord
liées à l'évolution des activités agricoles.
La déforestation n'a pas pour seul effet
l'appauvrissement de la flore, elle affecte le milieu dans son ensemble. Selon
N'DABALISHYE I., (1995), il s'en suit des phénomènes
suivants :
- l'extension de l'emprise des feux de brousse ;
- la destruction du stock de l'humus ;
- la plus grande sensibilité à
l'érosion ;
- le plus grand ruissellement des eaux pluviales.
Photo 2 : Culture attelée
faite par une paire de boeufs guidés par un enfant tenant la
charrue et assisté de deux autres sur
un terrain déboisé à Morou.
Source : (KISSIRA Aboubakar juin
2004)
Photo 3 : Sarclage d'un champ de
coton à Libantè par une traction animale
guidée par un paysan et deux enfants
Source : (KISSIRA Aboubakar, août 2004)
B - Evolution des activités
agricoles
L'agriculture est la principale activité de la
population de la commune de Ségbana. L'igname, le maïs, le sorgho,
l'arachide et le coton sont les cultures les plus importantes qui
amènent ces populations à étendre de plus en plus leurs
superficies agricoles.
Des données statistiques, étalées sur une
quinzaine d'années (1987 - 2003) permettent de faire les constats
suivants :
- de 1987 à 2003, les superficies de la culture du
coton ont augmenté cinq (05) fois plus passant d'une moyenne de 3500 ha
à plus de 18000 ha (Figure 4) ;
Figure 4: Evolution des superficies
emblavées pour la culture du coton dans la commune de Ségbana de
1987à 2003
- au cours de la même période les superficies des
champs d'igname ont doublé. Elles ont presque triplé en 13 ans
passant de 1200 ha à 3500 ha avant de connaître une baisse
à 2700 ha (Figure 5).
Selon le responsable du CARDER cette diminution des
superficies des champs d'ignames est compensée par l'augmentation des
superficies de coton
Figure 5: Evolution des superficies en igname
dans la commune de Ségbana de 1987 à 2003
-les superficies des cultures du maïs ont suivi la
même tendance. Elles ont triplé passant de 3000 ha environ
à près de 9000 ha
- en quinze (15) ans, les superficies de la culture du sorgho
ont légèrement varié. Elles ont évolué de
4300 ha environ à près de 7000 ha (Figure 6);
Figure 6 : Evolution des superficies en
céréales (maïs et sorgho) dans la commune de Ségbana
de
1987 à 2003
- les champs d'arachide ont d'abord triplé, passant de
600 ha à 1860 ha en 1999 avant d'atteindre 9500 ha, augmentant ainsi 5
fois plus depuis la chute des cours du coton au niveau mondial (figure 7).
Figure 7 : Evolution des superficies en
arachide dans la commune de Ségbana (1987-2003)
Ces différentes évolutions confirment les
pratiques agricoles liées à l'extension continue des superficies
agricoles sur près de 15 à 20Km des habitations.
De fortes pressions sont exercées sur les terres au
point que plus d'une cinquantaine de fermes agricoles ont été
créées par des habitants de la commune de Ségbana. La
pratique de la culture attelée a favorisé l'extension des
superficies agricoles par les producteurs. En 2001, la commune de
Ségbana disposait de 2458 boeufs de trait contre 2318 en 2000. En un an
les boeufs de trait ont connu un taux d'accroissement de 6% (CARDER
Ségbana, 2004). Ce qui montre l'importance de l'évolution du
matériel d'attelage dans le secteur d'étude et l'ampleur des
activités agricoles sur l'environnement. La culture attelée est
avantageuse pour les paysans. Elle permet de faire rapidement les travaux
champêtres, d'emblaver de grandes superficies et facilite une extension
rapide de l'agriculture.
Ces pratiques, ajoutées à celles des exploitants
forestiers qui viennent le plus souvent des régions frontalières
du Nigéria, contribuent à la dégradation du couvert
forestier
D'une manière générale pour les paysans
l'agriculture ne peut qu'être extensive. L'augmentation de la production
est étroitement liée à celle des superficies plus
qu'à l'utilisation des intrants. Mais ils reconnaissent qu'ils accordent
la même importance à l'extension des superficies et à
l'utilisation des intrants pour la culture du coton, la seule culture dont la
production et la commercialisation sont mieux organisées. L'importance
de l'utilisation des intrants agricoles s'explique par le fait que la culture
du coton est « bénéfique » pour les paysans,
parce que génératrice de revenus, aussi parce que le cotonnier
est l'une des cultures les plus attaquées par les parasites. Pour mieux
rentabiliser le coton une lutte contre ces ravageurs est menée. Cette
protection repose essentiellement sur la lutte chimique dans la commune de
Ségbana. Mais l'usage des pesticides sans le respect des règles
techniques par les producteurs conduit à des conséquences
néfastes sur l'environnement et la santé humaine.
II -IMPACTS DE L'UTILISATION DES INTRANTS AGRICOLES
SUR LES POPULATIONS
Dans la commune de Ségbana, le constat
général est que les paysans ne respectent pas les modes
d'utilisation des intrants agricoles (engrais et pesticides). Plusieurs raisons
expliquent ce comportement.
A - Difficultés d'utilisation des intrants agricoles
par les agriculteurs
L'activité agricole prédominante, dans la
commune, est la culture du coton, une culture qui impose aux paysans
l'utilisation des engrais chimiques et pesticides.
Toutes les dispositions sont prises par les distributeurs
pour approvisionner les paysans en intrants.
De 1998 à 2003, près de 16.423 tonnes d'engrais
et près de 3.775.546 litres de pesticides ont été
utilisés dans la commune de Ségbana comme l'indique le tableau
III : suivant.
Tableau III : Utilisation
des engrais et pesticides dans la commune de Ségbana
Unité :
· engrais en tonne
· pesticides en litre
Année
Intrants
|
1998-1999
|
1999-2000
|
2000-2001
|
2001-2002
|
2002-2003
|
TOTAL
|
Engrais
|
2994,75
|
3041,75
|
3371,75
|
2882,35
|
4132,95
|
16423,55
|
Pesticides
|
90.570
|
95.409
|
97.728
|
74.494
|
93.839
|
3.775.546
|
Source : Rapport d'activité du
CARDER Borgou - Alibori, 2003.
La disponibilité des intrants agricoles ne constitue
donc pas un problème. Mais il faut reconnaître que les techniques
ou les consignes d'utilisation de ces intrants restent à
maîtriser.
Les agents d'encadrement exigent des producteurs de coton
l'observance d'un certain comportement lors du traitement des champs dont le
port d'un vêtement de protection adéquat pour le traitement
phytosanitaire, le port de gant pour l'épandage d'engrais. Mais ces
consignes ne sont pas respectées (Photo 4).
Près de 194 soit 99% sur 196 paysans interrogés
déclarent que le vêtement du traitement phytosanitaire
composé d'un ensemble pantalon et chemise à manches longues
(5000F), des lunettes (500F), des gants (750F), d'un cache-nez (500F) et des
bottes (3500F), coûte cher et n'est pas à leur portée. Le
prix officiel de cet accoutrement communiqué par le CARDER Borgou lors
de l'étude est de 10.250FCFA. Mais la réalité est que sur
le terrain ce prix varie entre 15.000F et 18.000F pour des raisons internes
à la commune. Outre la cherté de l'accoutrement de traitement
phytosanitaire des champs de coton, les autres problèmes soulevés
par les producteurs de coton sont la chaleur dégagée par cet
accoutrement et le poids contraignant des bottes, des difficultés qui ne
favorisent pas le traitement aisé et rapide des champs de coton. La
quasi-totalité des paysans choisissent simplement de faire le traitement
des champs sans protection adéquate (photo 5).
Photo 4 : Epandage d'engrais dans
un champ de coton à Koutè par un paysan sans
protection des mains et suivi
de son enfant
Source :(KISSIRA
Aboubakar septembre 2004)
Photo 5 : Traitement phytosanitaire
d'un champ de coton par un paysan de Ségbana
sans mesure de protection (vêtements, cache-nez, gants,
lunettes ...)
Source : (KISSIRA Aboubakar,
septembre 2004)
Les paysans n'ont pas encore perçu l'utilité de
la protection lors du traitement phytosanitaire. Seuls quelques responsables de
l'Union Communale des Producteurs se sont approvisionnés en
vêtement. Mais le constat est qu'ils utilisent souvent dans leurs champs
de coton des ouvriers agricoles qui refusent de se protéger contre les
risques d'exposition aux pesticides. Le vêtement de protection est
contraignant disent-ils. Il se pose à ce niveau la non adaptation du
vêtement de protection au climat chaud du milieu des paysans. Pour leur
bien-être lors du traitement phytosanitaire la plupart des paysans ont
émis le voeu de voir confectionner des vêtements de protection
moins contraignants et moins chers.
Un autre comportement observé lors du traitement
phytosanitaire des champs de coton est l'implication des enfants dans cette
activité réservée aux adultes. Avant quinze (15) ans,
l'âge d'être un actif agricole, les enfants sont associés au
traitement. Le lavage du matériel de traitement à la fin de
l'opération leur revient quelques fois. Ce qui les expose ainsi, comme
leurs parents, aux dangers liés aux insecticides.
D'autres pratiques font courir aux paysans des risques
liés à la manipulation des pesticides et aux engrais.
B - Utilisation des intrants agricoles à d'autres
fins
1- Utilisation des intrants coton dans les champs
de vivriers
Les intrants (engrais et insecticides) du coton sont
utilisés aux cultures vivrières (maïs, niébé).
Ces pratiques ont été toujours interdites par les agents
d'encadrement, mais les comportements des paysans prouvent que les consignes ne
sont pas suivies. La préoccupation des paysans est d'apporter à
ces cultures des engrais nécessaires à leur bon rendement et de
les séparer des parasites. Mais il reste que ce détournement des
engrais et pesticides destinés à la culture cotonnière
pour les cultures vivrières a des conséquences néfastes
sur la santé humaine. En outre, les semences destinées aux
cultures vivrières sont traitées par les insecticides de coton
dans le souci de les protéger contre les insectes ou les oiseaux lors
des semis. De même les semences des produits vivriers
récoltés sont traitées aux pesticides de coton par
certains paysans.
Ces mêmes grains de vivriers sont ensuite lavés,
moulus et consommés en famille ou mis sur le marché sous forme de
denrées alimentaires ou commercialisés à l'état
brut. Ces grains une fois vendus, les paysans ne sont plus les seuls à
être exposés aux pesticides, tous ceux qui s'en procurent sur le
marché s'exposent aux dangers liés à la mauvaise
manipulation des insecticides. Pourtant les intrants destinés aux
vivriers existent bien et sont vendus au CARDER Ségbana. Des produits de
stockage des vivriers sont aussi disponibles.
2- Pratiques liées à la pollution
des eaux par les pesticides
Des quantités importantes d'insecticides de coton sont
aussi déversées dans les cours d'eau aux fins de capturer
beaucoup de poissons sans grande difficulté et en un laps de temps. Ces
objectifs sont souvent atteints. Cependant la consommation des poissons
capturés dans ces eaux polluées expose les consommateurs à
des risques d'intoxication. Peu de paysans autochtones de la Commune de
Ségbana s'adonnent à cette activité dangereuse.
Un doigt accusateur est surtout pointé vers les
pêcheurs nigérians qui s'approvisionnent, le plus souvent en
insecticides de coton de façon illicite, dans le secteur
d'étude.
Une autre pratique liée à la pollution des cours
d'eau est le lavage des appareils de traitement phytosanitaire dans ces eaux.
Les paysans interrogés affirment le faire de façon
inconsciente.
Leur comportement au cours de ce lavage est lié
à la disponibilité de l'eau en quantité importante en ces
lieux. Pourtant, c'est dans ces mêmes cours d'eau qu'ils cherchent l'eau
de boisson quand leur réserve d'eau transportée de la maison vers
les champs est épuisée. Là, également les paysans
voire les populations courent des risques d'intoxication. Mais ils ne
perçoivent pas bien ces dangers, car pour eux, l'eau qui coule ne peut
constituer une source d'intoxication en raison de faibles quantités
d'insecticides qui y ont été déversées au cours du
lavage des appareils de traitement phytosanitaire. Toutefois, ils reconnaissent
que les agents du CARDER au cours de certaines émissions à la
radio de la localité prodiguent des conseils sur les comportements
à avoir et les dangers liés à ces pratiques. Des
données n'existent pas sur le degré de toxicité de ces
eaux. Cependant ces mauvaises pratiques méritent une attention
particulière.
Les agents du CARDER et ceux de la santé
interrogés ont révélé que la consommation de ces
eaux polluées, même plusieurs jours après provoque des
maladies telles que la dysenterie, la diarrhée, le vertige et le
vomissement.
3- Stockage des intrants agricoles dans les
chambres et recyclage des emballages vides de pesticides
Le recyclage des emballages vides de pesticides, comportement
proscrit par les fournisseurs, constitue un autre problème. Ces
emballages sont utilisés dans la conservation de l'eau de boisson, du
lait de vache, de l'huile d'arachide, de l'essence et du pétrole
lampant.
Les emballages vides de pesticides constituent des produits
de commercialisation à l'intérieur comme à
l'extérieur de la commune de Ségbana. Ils sont beaucoup
recherchés par les Nigérians (Photo 6).
Photo 6 : Recyclage des
emballages vides de pesticides par un Nigérian (flacon en main), debout
devant des sacs remplis de flacons de pesticides vides. Il est assisté
d'un paysan de Ségbana, Source : (KISSIRA
Aboubakar, septembre 2004)
Des emballages contenant les insecticides se retrouvent aussi
dans les maisons, parfois dans les mêmes chambres que les
propriétaires de ces produits, souvent à la portée des
enfants. Pourtant les agents représentant les distributeurs des
insecticides ont toujours exigé leur stockage dans des magasins
privés après leur enlèvement des magasins des groupements
villageois. Les paysans interrogés refusent de s'obtempérer au
risque de voir leurs produits dérobés.
Entre le vol et la sauvegarde de leur vie ou de celle de leur
progéniture, le choix est clair. Les paysans choisissent de conserver
dans les chambres leurs insecticides, des chambres dans lesquelles sont
stockés aussi souvent des vivriers.
Le drame est qu'il arrive que les emballages d'insecticide,
mal bouchés versent leur contenu sur des vivriers ou qu'ils soient
confondus aux emballages vides d'insecticides recyclés contenant du lait
de vache.
Il arrive aussi que des nourrissons absorbent ce liquide
dangereux. Les risques d'intoxication à partir des aliments non
protégés, en contact par mégarde avec les insecticides
existent, tout comme les risques de s'en servir pour se suicider puisque le
produit toxique est à portée de main.
Les dangers liés à l'utilisation des pesticides
et engrais à d'autres fins ou les risques liés à leur
mauvaise utilisation sont grands et doivent inquiéter.
C -Dangers liés à la mauvaise utilisation des
intrants agricoles
Pendant l'épandage d'engrais, des messages de
sensibilisation au respect des techniques d'utilisation de ces intrants se
multiplient. Mais il semble que ces messages tombent dans les oreilles de
sourds, les conseils prodigués n'étant pas pris en compte par les
paysans. Mais ils reconnaissent ressentir des malaises surtout pendant
l'épandage d'engrais ou le traitement phytosanitaire des champs de
coton. Il s'agit du manque d'appétit, du vomissement, des maladies de la
peau, des maux de tête, des maladies pulmonaires et des maux d'yeux.
1 - Etat défectueux de
santé
Pendant l'épandage d'engrais, 190 soit 97% sur 196
paysans interrogés déclarent ne pas avoir d'appétit parce
que, étouffés par l'odeur des engrais. Ils affirment aussi
trouver salés les repas, qu'ils consomment à la main, en raison
de l'usage antérieur de cette main sans protection lors de
l'épandage d'engrais.
Le manque d'appétit (le gaa en boo), le vomissement
(pisi en boo), la détérioration de la peau des mains (o baa woloa
en boo) sont les malaises qu'ils ont dans ces cas.
Quant au traitement phytosanitaire, les malaises
enregistrés sont encore plus importants. Le rhume (siona en boo), les
maux de tête (mioma en boo), les irritations cutanées (me papaa en
boo) et les maux d'yeux (we gya en boo),
les pneumonies (fua gya en boo) sont les problèmes de
santé enregistrés après le traitement phytosanitaire.
Les paysans interviewés déclarent ressentir ces
malaises pendant quarante-huit (48) heures au moins après le traitement
phytosanitaire.
Tableau IV : Malaises liés à
l'épandage d'engrais et au traitement phytosanitaire des champs de
coton
Malaises
|
Enquêtés
|
Pourcentage (%)
|
Toux, Rhume
|
107
|
54,59
|
Malaises cutanés
|
33
|
16,84
|
Vertige
|
50
|
25,51
|
Pas de malaise
|
06
|
3,06
|
Total
|
196
|
100
|
Source : Résultats
d'enquête, septembre 2004
Ceux qui n'ont pas de malaise attribuent cet état
à la résistance de leur organisme aux effets des intrants
agricoles oubliant l'effet tardif des dangers liés aux intrants. Mais
les informations orales obtenues auprès du personnel de santé et
du responsable d'agriculture confirment la multiplication des malaises en
période de culture de coton.
Quarante femmes interrogées ont évoqué
d'autres problèmes de santé liés à la culture du
coton. Elles déclarent souffrir de la pneumonie, du rhume, des
picotements d'yeux lors de la récolte du coton. Ces malaises cycliques
que connaissent les femmes qui récoltent le coton (Photo7) sont
confirmés par les hommes qui s'adonnent à cette
activité.
Photo 7 : Femmes récoltant
le coton assistées d'un enfant
Source :(KISSIRA Aboubakar,
novembre 2004)
Au vu de l'importance de l'implication des hommes dans la
culture du coton, ils sont plus exposés aux dangers liés aux
pesticides que les femmes. Les malaises ressentis dans ces cas dépendent
de l'effet tardif des pesticides sur les capsules ouverts de coton. De ce fait,
la tendance des paysans à solliciter les services des ouvriers agricoles
originaires de l'Atacora, du Burkina-Faso ou du Nigéria est de plus en
plus grande.
D'une manière générale, les
manifestations des malaises dans les différents cas sont la preuve de
l'exposition des paysans aux intrants agricoles (engrais et pesticides), une
situation qui conduit inéluctablement à la
détérioration de l'état de santé et donc à
la mort.
2 - Intoxication
L'utilisation des pesticides dans le stockage des produits
vivriers conduit à la contamination. Le lavage de ces produits avec
d'importantes quantités d'eau pour les purifier ne change souvent rien
à cette contamination. Les victimes de ce comportement sont les
consommateurs. A Ségbana, dix (10) paysans sur quarante neuf (49)
enquêtés ont déclaré qu'en 2001, six (06) cas
d'intoxication alimentaire ont été signalés au quartier
lemamfrani de Ségbana à la suite de la consommation d'une
pâte préparée à base des produits vivriers
contaminés achetés sur le marché. La première
victime de cette intoxication alimentaire est tombée près d'un
barrage d'eau. Les populations ont attribué d'office ce qui lui est
arrivé aux mauvais esprits qui habiteraient cette retenue d'eau. Il a
fallu que les cinq (05) autres victimes présentent de sérieux
malaises, pour qu'on découvre que les victimes sont celles qui ont
consommé le repas de dame X.
Mais avant, dans les années 80, un drame a eu lieu
dans un champ de Ségbana. Un flacon d'insecticide entamé,
déposé sur un arbre sous lequel se trouve une calebasse non
couverte pleine de niébé, s'est renversé. Quelques jours
après, les paysans propriétaires de ces vivriers arrivés
au champ, ont fait le constat. Mais ils n'ont pas jugé nécessaire
de se débarrasser du niébé. Ils l'ont lavé,
préparé et consommé. Sur trois (03) personnes ayant
mangé le repas préparé à base de ce produit au
champ, une est morte, les deux autres personnes ont été
sauvées de justesse par d'autres paysans qui les ont conduites dans le
centre de santé de Ségbana. Les rescapés ont
confirmé les faits.
En 2002, un nourrisson est décédé
après avoir avalé de l'insecticide conservé dans la
chambre confondu au lait maternel. L'enfant n'a pu être vite
transporté au centre de santé, ses parents ayant d'abord
tenté de lui faire vomir le produit toxique en lui faisant avaler de
l'huile rouge. Des tentatives de récupération de ce genre de
victimes sont courantes en cas d'intoxication alimentaire.
Les cas les plus graves d'intoxication sont les suicides. La
pratique n'est pas courante dans la commune de Ségbana, mais elle existe
quand même. Selon le Responsable du Développement Rural de
Ségbana, cinq (05) cas de suicides volontaires ont été
enregistrés en 2000 et deux (02) cas en 2001. Les raisons de ces
suicides sont le refus de supporter l'humiliation, l'impuissance sexuelle, la
trahison et le mariage forcé.
Dans les deux (02) cas d'intoxication (involontaire ou
volontaire) les victimes transpirent beaucoup, coulent la bave, sont
traumatisées et entrent dans le coma.
Les médecins invitent à ce sujet sans cesse les
parents des victimes à les conduire immédiatement dans un centre
médical afin de tenter de les récupérer par les
spécialistes chargés de le faire.
A l'état de santé précaire des
agriculteurs voire des populations dû aux mauvaises utilisations des
engrais et insecticides s'ajoutent des problèmes liés à la
pauvreté continue des agriculteurs qui assistent impuissants à
l'amenuisement progressifs de leurs revenus. La baisse du pouvoir d'achat des
producteurs n'a-t-elle pas d'impact sur l'accès des agriculteurs aux
soins de santé ?
III - BAISSE DES REVENUS DES AGRICULTEURS
Deux éléments sont à l'origine de la
baisse des revenus des producteurs : les difficultés que
connaissent depuis une dizaine d'années la filière coton et
l'inorganisation de la filière des vivriers.
A - La culture du coton : de la fierté à
la désolation des producteurs
Introduite dans la commune de Ségbana en 1962, la
culture du coton a toujours été celle qui garantit
l'écoulement de la totalité de la production et assure un revenu
monétaire acceptable au producteur.
1-Culture du coton, rentable pour les
agriculteurs avant les années 90
Seule filière agricole relativement bien
organisée, la filière coton connaît un grand engouement de
la part des producteurs agricoles.
Avant les années 90, les recettes du coton permettaient
aux paysans de bénéficier des fruits de leur travail agricole.
Avec ces recettes beaucoup de paysans reconnaissent avoir mis
des toits en tôle sur leurs chambres, échappant du coup aux
multiples incendies de maisons. D'autres paysans ont déclaré
qu'avec ces recettes ils préparent facilement la dot et le mariage
de leur future épouse.
Pour l'ensemble des paysans, avant les années 90 les
recettes individuelles dépassaient rarement cent mille (100.000) FCFA
par hectare de coton.
Le prix de kilogramme de coton variait entre 100 et 140 FCFA.
Mais ces recettes leur permettaient de satisfaire aussi leurs besoins en soins
de santé. Selon le responsable d'agriculture, vers les années 70,
le kilogramme de l'engrais coûtait 90 F et le litre d'insecticide 2500
F.
En général, la charge financière d'un
hectare de coton du semis à la récolte pour un paysan
était comprise entre 20.000 et 30.000FCFA. Un paysan qui a vendu son
coton-graine à 100.000 FCFA avait donc la possibilité de disposer
de 70.000 FCFA pour ses besoins.
A priori, cette somme paraît insignifiante, mais elle
est importante pour le producteur de coton dans son milieu avant les
années 90 où les produits manufacturés qui
intéressaient les producteurs coûtaient relativement moins chers.
Les paysans interrogés déclarent s'en réjouir autrefois.
Mais à partir de 1985 la filière coton a commencé par
avoir de problèmes, ce qui a conduit à sa
réorganisation.
2- Réhabilitation de la filière
coton
La conjoncture économique internationale parfois peu
favorable (fluctuation du taux de change du dollar, accroissement du niveau
mondial de la production), l'insuffisance des infrastructures d'égrenage
et de stockage qui entraîne la mouille de coton, la méthode de
gestion peu efficace de la filière coton ayant conduit à un
déficit de près de 7 milliards de francs CFA de 1985 à
1988 au niveau national ont conduit à la réhabilitation de cette
filière qui est devenue objet de négociations entre le
Gouvernement béninois qui la gérait et les bailleurs de fonds.
Plus le niveau de la production de coton graine augmentait plus le
déficit financier enregistré par la filière était
importante (MDR, 1995). La filière coton étant au bord de la
faillite, le Gouvernement a décidé de la réhabiliter en
apportant des modifications profondes à ses structures et aux
règles de son fonctionnement. Sur le plan institutionnel, les
rôles des différents acteurs intervenant dans la filière
coton ont été recentrés. Ainsi, à la fin des
années 80, le CARDER qui centralisait tout au niveau du secteur rural a
commencé par jouer seulement le rôle de service public de
développement agricole. Les activités industrielles et
commerciales revenaient à la Société Nationale pour la
Promotion Agricole (SONAPRA). Mais au cours de la campagne 1993-1994 le Projet
de Restructuration des Services Agricoles a été mis en oeuvre, la
SONAPRA a été désengagée de la fonction
d'approvisionnement en intrants agricoles au profit des opérateurs
économiques privés nationaux.
Les mesures de restructuration des services agricoles ont
responsabilisé les acteurs à la base afin de leur permettre de
prendre en main leur destinée. Le transfert de compétences aux
producteurs et aux opérateurs économiques privés n'est pas
mauvais en soi. Mais la gestion de ce transfert laisse à désirer.
3- Conséquences du transfert de
compétences
Les opérateurs économiques privés
livrent des intrants agricoles à l'Union Sous-Préfectorale des
producteurs, actuelle Union Communale des Producteurs qui les distribuent
ensuite aux Groupements Villageois des producteurs. Sur la base des besoins
exprimés, chaque producteur obtient à crédit son lot
d'intrants agricoles.
Le crédit est remboursable après la vente du
coton-graine. En cas de mévente, le paysan ne peut négocier le
report du remboursement.
Le distributeur d'intrants agricoles doit
nécessairement rentrer dans ses fonds. De ce fait, il a
été instauré une caution solidaire. Le crédit du
paysan se trouvant dans le cas de la mévente est prélevé
sans pitié sur les recettes de coton d'un autre membre de sa famille,
sans l'avis de ce membre. Cette situation oblige certains paysans à
rentrer bredouilles, mécontents, voyant leurs efforts de toute une
campagne cotonnière non récompensés. Sur 196 paysans
interrogés, 51 soit 26% ont connu cette situation.
Le problème est préoccupant au point que, le
Conseil communal de Ségbana a proposé en 2004 aux distributeurs
d'intrants agricoles la suspension pure et simple de cette caution
solidaire.
Les contraintes liées au remboursement des
crédits agricoles et le besoin urgent de l'argent amènent des
paysans à sortir frauduleusement leur coton-graine vers le
Nigéria où les acheteurs attendent impatiemment leur produit qui
est d'ailleurs acheté au comptant.
Mais les paysans qui se conforment aux textes en vigueur en
vendant leur coton-graine aux structures privées chargées de
l'acheter à l'intérieur de la commune attendent plusieurs mois
et parfois au-delà d'une campagne agricole avant de rentrer dans leurs
fonds de commercialisation du coton-graine.
100% des paysans interrogés se sont plaints du retard
accusé dans le remboursement de leurs sommes de coton-graine. Les
plaintes sont encore plus vives au niveau des paysans qui attendent en vain
leurs payes pour des soins de santé, pour la scolarité des
enfants ou pour d'autres besoins sociaux et économiques. Les
activités agricoles vues sous cet angle, au lieu de contribuer à
la satisfaction des besoins, créent encore plus de problèmes aux
producteurs, les éloignant du coup de leur bien-être social et
économique et affectant leur santé mentale, morale. Tout se passe
comme si outre l'Etat, les opérateurs économiques étaient
les seuls bénéficiaires de la culture du coton. En plus du
système de caution solidaire, les producteurs sont contraints d'acheter
des intrants agricoles qu'ils trouvent chers, des intrants dont les prix ne
cessent d'augmenter presque toutes les campagnes agricoles. Selon le
Responsable d'Agriculture après la dévaluation du franc CFA les
prix des intrants agricoles ont doublé, le kilogramme de l'engrais
coûte 200 F et le litre d'insecticide 4.500 F.
Ces prix ne sont pas stables. Ils augmentent quand les
opérateurs économiques sentent le besoin de le faire.
Heureusement, le Ministère de l'Agriculture, de l'Elevage et de la
Pêche veille au respect des normes puisque les prix des intrants
agricoles lui sont soumis pour homologation et adoption en Conseil des
Ministres et publication. Cependant, des paysans affirment engloutir plus du
tiers de leurs recettes de coton dans le remboursement des frais d'intrants
agricoles (engrais et insecticides).
4- Appauvrissement des producteurs de
coton
Pour fertiliser un hectare de champ de coton, le producteur
utilise trois (03) sacs d'engrais NPK et un (01) sac d'Urée de cinquante
(50) kilogrammes chacun soit au total quatre (04) sacs d'engrais. Les
dépenses en engrais s'élèvent à (200 F x 50 x 4) ou
40.000 F CFA.
Pour le traitement phytosanitaire dans les normes
recommandées, le paysan utilise en tout huit (08) litres d'insecticides
décomposés comme suit : quatre (04) litres d'endosulfan par
hectare pour deux (02) traitements et quatre (04) litres de Binaire Acaricide
pour les quatre (04) derniers traitements. Le paysan dépense au total
pour les traitements phytosanitaires d'un hectare de coton (4.500 F x 8) ou
36.000 F.
Dans le souci d'obtenir de bonnes productions, les paysans
augmentent parfois les doses des intrants par hectare (Tableau V).
Tableau V : Mode
d'utilisation des intrants par les producteurs de coton dans la commune de
Ségbana
Nature
|
Dose recommandée/ ha
|
Coût
|
Pratiques des producteurs/ ha
|
Coût
|
NPK
|
150 kg
|
30.000 F
|
200 kg
|
40.000 F
|
UREE
|
50 kg
|
10.000 F
|
100 kg
|
20.000 F
|
INSECTICIDE
|
8 litres
|
36.000 F
|
5 litres
|
22.500 F
|
TOTAL
|
-
|
76.000 F
|
-
|
82.500 F
|
Sources :
Résultats d'enquête de terrain et rapport MAEP,
2004.
Les données de ce tableau montrent que le producteur
de coton qui respecte les doses d'intrants agricoles recommandées
dépense soixante seize mille (76.000) Francs CFA à l'hectare
pendant que celui qui fait un autre choix investit quatre-vingt deux mille cinq
cent (82.500) Francs CFA.
Les producteurs de coton effectuent aussi d'autres
dépenses pour le labour comme l'indique le tableau VI.
Tableau VI : Coût
de labour dans la commune de Ségbana
Labour
|
Manuel
|
Attelage
|
Tracteur
|
Coût / ha
|
26.000 F
|
20.000 F
|
24.000 F
|
Source : Résultats
d'enquêtes de terrain, 2004.
Les résultats de ce tableau témoignent de
l'utilisation de la main-d'oeuvre agricole payante dans les champs de coton
lors des labours.
Aussi, le sarclage d'un hectare de champ de coton coûte
30.000 F CFA, tout comme la récolte par des ouvriers agricoles.
Alors, un paysan de coton qui respecte les doses
recommandées d'utilisation d'intrants agricoles, qui assure
lui-même ou par un membre de sa famille la fertilisation et les
traitements phytosanitaires de son champ d'un hectare et qui utilise la
main-d'oeuvre agricole payante pour assurer les autres activités
(sarclage, récolte) dépense environ
(76.000F+20.000F+30.000F+30.000 F) soit 186.000FCFA.
Tous les paysans interrogés déclarent un
rendement de coton compris entre 800 kg/ha et une (01) tonne au plus. Si le
kilogramme du coton est acheté à 200 FCFA, le paysan qui obtient
un rendement d'une tonne par hectare vend son produit à 200.000FCFA et
celui qui a 800 kg /ha à 160.000FCFA.
Après la défalcation des dépenses
effectuées le paysan qui a un rendement de coton en dessous d'une tonne
par hectare se retrouve avec une dette (186.000 F - 160.000 F) soit 26.000
FCFA, quand ses dépenses s'élèvent à 186.000
FCFA.
Le second qui obtient une tonne à l'hectare a un
bénéfice de (200.000F-186.000 F) soit 14.000F.
Les paysans interrogés ont déclaré que
tous ceux qui ont comptabilisé leurs dépenses, comparé les
dépenses aux recettes sont tentés d'abandonner la culture du
coton parce que non rentable. Pour contourner ces dépenses, les
producteurs de coton assurent eux-mêmes la plupart des activités
(labours, semis, sarclage) et réservent souvent les traitements
phytosanitaires aux enfants et la récolte à leurs épouses.
Dans ce cas, pour un hectare de coton, le paysan s'en tient aux dépenses
liées aux intrants agricoles qui s'élèvent dans les normes
à 76.000FCFA (confère tableau V). Ce qui lui permet
d'espérer au plus une somme de (200.000F-76.000F) soit 124.000F. Ce
revenu annuel est relativement faible pour les paysans se trouvant dans ce cas,
même s'il leur permet de subvenir quelque peu à leurs besoins.
Le revenu est encore plus faible ou n'existe même pas
quand le producteur prend plus d'intrants qu'il le faut, dans le souci de les
revendre moins chers aux fonctionnaires producteurs qui ne sont pas membres des
groupements villageois des producteurs ou aux Nigérians des
localités frontalières.
Cette vente des surplus d'intrants se fait dans la
clandestinité pour subvenir à certains besoins en raison du
manque de fonds, sans tenir compte des difficultés qui pourraient
naître lors du remboursement. De ce fait, les crédits des paysans
concernés sont défalqués sur le revenu d'un ou des membres
de leur famille, même s'il arrive que ce membre de la famille soit une
femme qui s'est échinée pour faire son champ de coton. Au cas
où il n'est pas possible de défalquer ce crédit ailleurs,
les biens (moto, moulin à maïs...) des paysans concernés
sont confisqués par les responsables des GV.
De l'analyse de ces différents résultats, il
ressort en général que la culture du coton ruine plus qu'elle ne
participe au bien-être du producteur.
B - Conséquences de la baisse continue des revenus
sur le
bien-être des agriculteurs
Les dépenses exorbitantes engagées dans
l'entretien d'un champ de coton, comparées aux revenus souvent
insignifiants ou inexistants parfois des producteurs de coton, sont les
premiers indicateurs de l'appauvrissement des producteurs au profit des
opérateurs économiques privés. Que la campagne
cotonnière soit bonne ou non, les opérateurs économiques
privés nationaux récupèrent les frais d'intrants
agricoles.
Les producteurs de coton sont nombreux à
dénoncer le refus du report de leur dette ou l'exigence de la caution
solidaire, la cherté des intrants agricoles, et le retard accusé
par les structures chargées de la commercialisation du coton-graine dans
le paiement des frais de coton aux producteurs.
Cette réaction des producteurs s'explique par le fait
qu'ils s'endettent sans cesse au point qu'il leur est difficile de sortir de
cette situation dégradante. L'endettement croissant des producteurs
pourrait conduire à terme à leur appauvrissement en ressources
financières. Il pourrait donc constituer des menaces pour la
satisfaction des besoins de santé.
Au vu de l'ampleur des conséquences néfastes
liées aux activités agricoles et à la mauvaise gestion des
ressources naturelles, la politique agricole du Bénin mérite
d'être revue.
C- Contribution à l'amélioration des
conditions de vie et de travail des
producteurs
L'amélioration des conditions de travail et de vie des
paysans dans le contexte actuel des activités agricoles passe notamment
par la sensibilisation et la formation pour un changement de comportement.
1 - Information et formation
Les activités agricoles telles qu'elles sont
menées dans la commune de Ségbana contribuent à la
dégradation des ressources naturelles. Elles entraînent la
disparition progressive du couvert forestier et l'appauvrissement des sols
(PDC, 2004).
En outre, les observations portant sur le traitement
phytosanitaire, l'épandage d'engrais, l'usage des intrants agricoles
à d'autres fins et surtout l'impact négatif de ces intrants sur
la santé humaine, amènent à accentuer les séances
d'informations sur les risques liés à ces mauvais comportements
au cours des activités agricoles. Le changement des comportements
vis-à-vis des ressources naturelles, de la santé humaine peut se
faire dans le cadre d'une éducation environnementale. Il revient
d'expliquer aux paysans que la santé ne peut être
considérée de manière isolée. Elle est
étroitement liée à la qualité de l'environnement
dans lequel ils évoluent. Pour vivre en bonne santé, les humains
ont besoin d'un environnement sain. (BOKO, octobre 2003).
Toutes ces idées doivent servir de thèmes de
sensibilisation. A travers l'Information, l'Education et la Communication
(IEC), il est possible de susciter chez les auditoires désignés
des changements de comportement ou d'attitude, ou à la consolider en
utilisant une combinaison d'approches, de techniques et de méthodes.
Avec l'IEC on vise à aboutir à un changement de comportement. Des
supports audiovisuels aideront notamment à atteindre ces objectifs.
Des agents d'agriculture, de santé, d'Organisation Non
Gouvernementale et des Sociétés privées intervenant dans
le secteur agricole doivent se concerter pour définir des programmes
cohérents de formation des paysans. Tout doit être aussi mis en
oeuvre pour amener les organisations paysannes à travailler avec les
institutions étatiques. Avec le transfert des compétences, les
agents de vulgarisation sont considérés comme
« dépassés », ne pouvant plus rien apprendre
aux producteurs agricoles. Ce qui amène certains auteurs à
affirmer que le désengagement de l'Etat des fonctions de production et
de commercialisation du coton-graine est précipité et mal
préparé (MDR, mai 2000).
Les comportements négatifs des paysans dans le milieu
agricole sont aussi liés à leur fort taux d'analphabétisme
et à un faible niveau de professionnalisme. Cette situation sous-tend la
mauvaise gestion des organisations paysannes. Les membres des organisations
paysannes ne maîtrisent pas encore les règles et principes
fondamentaux du mouvement coopératif (MDR, 2000). Dans cette situation
que doit-on attendre de la majorité des paysans qui doivent
maîtriser des techniques d'utilisation des intrants agricoles, et
à qui il est demandé de sauvegarder les ressources
naturelles ? Nul doute que le faible niveau d'instruction des paysans en
est pour quelque chose. Au faible taux de scolarisation (56 %) dans la commune
de Ségbana s'ajoute celui de l'analphabétisme (Tableau VII).
Tableau VII : Situation
de l'alphabétisation dans la commune de Ségbana (2002 -
2003)
SEXE
|
Alphabétisation
|
Post alphabétisation
|
Inscrits
|
Abandon
|
Testés
|
Inscrits
|
Abandon
|
Testés
|
Hommes
|
138
|
7
|
131
|
178
|
-
|
178
|
Femmes
|
54
|
1
|
53
|
44
|
-
|
44
|
TOTAL
|
192
|
8
|
184
|
222
|
-
|
222
|
Source : Service de l'
alphabétisation Ségbana, 2004
Ce tableau montre que le taux d'alphabétisation demeure
très faible de façon générale dans la commune. Le
cas des femmes est encore plus préoccupant.
Le faible niveau d'alphabétisation constitue une des
causes de la mauvaise utilisation des intrants agricoles.
Il est plus facile de susciter le changement de comportement
chez des paysans qui savent lire et écrire, qui sont
alphabétisés. Il leur est plus facile de lire eux-mêmes les
consignes inscrites sur les emballages des pesticides, de respecter les
indications aux fins de ne pas s'exposer aux pesticides ou de diminuer
volontairement les doses recommandées d'utilisation des insecticides.
L'alphabétisation est aussi utile pour les conduites
à tenir notamment pour éviter l'extension exagérée
des superficies agricoles, les brûlis des champs et la destruction du
couvert végétal.
Face à l'ampleur de la destruction du couvert
forestier par les producteurs et aux difficultés liées à
la chute des cours du coton au niveau mondial, à l'endettement continu
des producteurs, aux problèmes de santé physique et morale,
l'organisation de la filière des vivriers doit être
envisagée, surtout que la filière coton qui connaît
l'engouement des paysans ne répond plus aux attentes de la
majorité.
2 - Organisation de la filière des vivriers
et création des activités génératrices de
revenus
Dans la commune de Ségbana, la filière des
vivriers existe. Cependant elle n'est pas organisée. Les
opérateurs économiques privés intervenant dans la
filière coton n'y voient pas encore l'utilité de le faire. L'Etat
non plus n'en fait concrètement une préoccupation. Des
déclarations d'intention d'organiser cette filière ne manquent
pas.
Mais les faits prouvent sur le terrain que l'acte n'est pas
joint à la parole. Les conséquences sont énormes. Les
producteurs de vivriers ont des difficultés pour écouler leurs
produits agricoles ; le marché de vivriers n'étant pas bien
organisé comme celui du coton. Chaque paysan choisit de vendre son
produit où il veut et quand il le désire, n'empêche les
désagréments qu'il pourrait enregistrer. Avec la sortie massive
des vivriers vers le Nigéria, le conseil communal de Ségbana tire
la sonnette d'alarme et envisage l'organisation locale de la filière des
vivriers (PDC, 2004).
En effet, le mutisme face à cette sortie des vivriers
crée une pénurie qui oblige les paysans à débourser
plus qu'ils ont l'habitude de le faire pour acheter les vivriers en cas de
besoin.
Ce qui est déplorable est qu'en cas de pénurie
de vivriers, les produits qui leur ont été achetés et
conservés par des petits commerçants de la commune de Kandi leur
reviennent deux ou trois fois plus chers. Les paysans déplorent cette
situation qu'ils connaissent dans la période de soudure. Cependant ils
ont du mal à se corriger parce qu'aveuglés par la quête de
l'argent après la récolte et le stockage de leur produit. La
lutte permanente menée par les paysans est d'assurer leur
bien-être social et économique. Alors l'organisation de la
filière des vivriers doit inclure dans son programme l'octroi de
crédits aux agriculteurs afin de les amener à développer
les activités génératrices de revenus. Avec l'octroi des
crédits, les paysans pourront participer activement à la
transformation des produits vivriers plus facile à écouler.
Les producteurs méritent une initiation à la
création des Associations des Services Financiers (ASF) pour les
encourager à s'organiser pour l'épargne, les prêts et le
remboursement, à l'image de certains producteurs initiés par le
PAGER dans la partie méridionale et par le PROMIC dans la partie
septentrionale du Bénin.
Le bien-être des paysans voire des populations doit
préoccuper tous les autres acteurs du monde rural et surtout les
décideurs politiques. « L'environnement d'un pays ne peut
être préservé lorsque les populations ont difficilement
accès au minimum pour leur bien-être social ... entre
pauvreté, précarité de la santé et environnement le
lien est de plus en plus étroit ... La pauvreté ne donne pas la
possibilité à ceux qui en souffrent d'éviter de
détériorer leur environnement (BIAOU, 2000) ». Aussi,
tous les paysans interrogés ont évoqué la
complexité des travaux agricoles, la force physique excessive qu'ils
déploient au cours de ces travaux quand les moyens financiers leur font
défaut pour solliciter des ouvriers agricoles ou pour demander le
concours de la culture attelée.
Sur 196 paysans interrogés (156 hommes et 40 femmes),
92 hommes soit 56% ont déclaré ne pas être en mesure de
satisfaire les besoins sexuels de leurs épouses quelques fois parce
qu'épuisés par le grand effort physique fourni au champ. Les
femmes interrogées ont annoncé leur disponibilité à
leur époux, à tout moment sauf au cas où elles ont des
problèmes de santé. Le non accomplissement
répété de ce devoir conjugal par les hommes
concernés pourrait conduire à l'infidélité de leurs
épouses. Il s'avère donc nécessaire de participer
réellement à la réduction de la complexité des
travaux agricoles par l'octroi de crédit à faible taux
d'intérêt aux paysans afin de leur permettre de se faire aider par
des ouvriers agricoles à des moments donnés.
De ce fait, il faut joindre l'acte à la parole
à tous les niveaux pour faire de la participation à la bonne
santé et au bien-être des populations une
réalité.
CONCLUSION GENERALE
Dans la commune de Ségbana, les activités
agricoles occupent une place importante dans la satisfaction des besoins
alimentaire et économique. Pour avoir de quoi se nourrir avec, et de
revenu, la plupart des populations de cette commune ont une possibilité
majeure : mener les activités agricoles. Mais le constat est que
les paysans accordent plus d'intérêt à la culture du coton
qu'à celle des vivriers. Ce choix a de lourdes conséquences sur
la santé des agriculteurs voire des populations en raison des dangers
liés à la manipulation des intrants coton, qui se
révèlent toxiques. Les autres acteurs de la filière
(Agents d'agriculture et Opérateurs économiques privés)
n'ignorent pas l'impact négatif de ces intrants sur la santé.
Pour corriger cette situation, ils font recours à des thèmes de
sensibilisation développés par le canal de la radio communautaire
appelée BIO GUERRA de Ségbana. Mais il apparaît que ce seul
canal ne suffit pas, et que des canaux complémentaires de communication
méritent d'être trouvés pour freiner les
dégâts occasionnés par les pratiques des producteurs de
coton sur la santé et le bien-être des populations en
général. Il conviendra de joindre l'acte à la parole, de
faire des descentes sur le terrain pour expliquer aux agriculteurs les aspects
négatifs de leurs pratiques agricoles.
Cette étude partage l'avis de BIAOU (2000) pour dire
que le coton conventionnel est dénoncé car dévastateur,
comporte de nombreux risques environnementaux et se révèle donc
non durable. Un autre choix s'impose donc, celui de la mise en place d'un
système de production durable de coton... Les pertes en vies humaines
dues à l'utilisation abusive des engrais chimiques appellent la
recherche de solutions alternatives dont le développement de la
filière coton biologique. Certes, le marché du coton biologique
est étroit, mais il a le mérite d'exister et peut
croître.
Les paysans perçoivent les dangers liés
à leurs expositions aux pesticides. Mais il reste qu'ils ne mesurent pas
les conséquences de leurs comportements. Tout ce qui les
préoccupe, c'est de tout faire pour garantir leur revenu à
partir de la culture du coton conventionnel, la seule filière
organisée.
Il y a beaucoup d'insuffisances quant à l'organisation
de cette filière qui ne garantit plus les revenus des paysans pour
plusieurs raisons, dont la recherche effrénée de profit par les
distributeurs d'intrants et les acheteurs du coton-graine. Par le
système de crédit solidaire, tout se passe comme si pour ces
opérateurs économiques privés c'était l'argent qui
compte, peu importe pour la santé et le bien-être social et
économique du producteur de coton.
Dès lors, la restructuration des services agricoles
n'a pas été favorable aux paysans. Elle a une part de
responsabilité dans la situation difficile qu'ils connaissent.
Avec le transfert des compétences, pleins pouvoirs ont
été donnés aux paysans et aux opérateurs
économiques pour la gestion des activités agricoles en
général et cotonnières en particulier. Les
conséquences de cette politique agricole sont énormes : la
santé des producteurs se dégrade de plus en plus, pendant que les
recettes du coton baissent fortement, les dettes s'accroissent et divisent les
familles et les Groupements Villageois de Producteurs.
Avec la recherche « aveugle » du
bien-être matériel, la dégradation des ressources
naturelles est accélérée. Les dommages créés
par les agriculteurs à ces ressources se multiplient. Le couvert
forestier recule à un rythme rapide. Ce qui constitue une lourde perte
pour la commune car la protection et l'amélioration de l'environnement
assurent le bien-être des populations et le développement
économique.
Face à cette mauvaise gestion de l'espace rural et
à la persistance des pratiques culturales inadaptées, les actions
à mener doivent se situer dans le cadre d'une stratégie dont le
défi majeur à relever est la mise en place du
développement durable. Les populations actuelles doivent satisfaire
leurs besoins tout en permettant aux générations futures de
satisfaire les leurs.
L'exploitation des milieux naturels apporte des
bénéfices à court terme. Cependant une attention
particulière mérite d'être accordée aux coûts
de cette exploitation à long terme pour les ressources naturelles et la
santé des populations.
Limites de l'étude
Les enquêtes de terrain n'ont pu aborder certaines
réalités :
· les conséquences de l'exposition des
agriculteurs au soleil au cours des travaux champêtres ;
· les maladies transmissibles par les animaux à
l'homme en raison du développement de l'élevage des boeufs de la
culture attelée ;
· les appréciations des responsables des
sociétés distributrices d'intrants agricoles, des responsables
chargés du contrôle et de la commercialisation du coton-graine
notamment sur les dispositions prises pour éviter les mauvaises
manipulations des pesticides.
Ces préoccupations méritent d'être prises
en compte dans les études futures.
Perspectives pour la thèse
Les résultats préliminaires au cours de
l'étude pour l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies
serviront de pistes pour la poursuite des travaux de recherche pour la
thèse. Au cours des travaux futurs tout sera mis en oeuvre pour aborder
les points qui constituent les limites de l'étude antérieure.
Pour la thèse, les travaux de recherches vont entre autres :
· s'étendre à l'impact des
activités agricoles et de la dégradation des ressources
naturelles sur la santé animale, notamment sur les conséquences
de la culture attelée et les effets des pesticides sur la santé
des animaux ;
· approfondir les conséquences de la
disparition du couvert végétal sur la santé
animale ;
· s'intéresser aux possibilités de
l'utilisation des intrants non toxiques dans l'agriculture
béninoise ;
· viser la création d'une synergie entre
l'amélioration des pratiques agricoles et de la santé, tout en
assurant la viabilité des écosystèmes agricoles ;
· rechercher l'adhésion des décideurs
communaux et nationaux à la sécurité sociale,
à l'assurance des agriculteurs pour les protéger surtout contre
les risques de maladies ;
· rechercher le niveau de collaboration entre les
ministères de l'agriculture, de la santé et de l'environnement
pour le bien-être des populations ;
· déterminer les possibilités de
recours des agriculteurs en cas de duperie (réception de mauvaises
qualités de semence, d'engrais et de pesticide) des paysans par les
opérateurs économiques ;
· s'intéresser au développement des
capacités de conservation et de transformation des produits
agricoles ;
· suggérer le renforcement des
capacités des acteurs (recherche scientifique, formation / information
agricoles, infrastructures ...) ;
· insister sur le financement durable de
l'agriculture (fonds de développement agricole, systèmes
financiers décentralisés).
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