L'accueil d'autrui comme abandon de la liberté totalisante et appel à la responsabilité( Télécharger le fichier original )par Richard Matuka Université St Pierre Canisius - DEUG 2002 |
L'accueil d'autrui comme abandon de la liberté totalisante et appel à la responsabilitéUne lecture de Totalité et infini d'Emmanuel LEVINAS 2004-2005Par Richard MATUKA 0. IntroductionPenser au désastre des innombrables vies détruites au cours de ces deux derniers siècles, au nom des causes barbares et impitoyable; incline souvent à céder au le nihilisme. Il y a en effet un jeu de force en lutte les unes contre les autres : la quête démesurée du pouvoir, de la domination et leur corollaire, la servitude et la soumission volontaire, tels seraient les maîtres mots supposés expliquer les comportements humains au coeur de l'histoire. Cependant, la lucidité revendiquée par les sciences humaines, ne permet plus d'accepter les chimères et les fictions métaphysiques et idéalistes des philosophes, qui malgré leur verdict ne se lassent d'ouvrir les actes de ce procès sans appel fait à l'homme. L'homme est entièrement déterminé, affirment certains biologistes, peu attentif aux conséquences morales et politiques de leurs assertions.1(*) Bien avant la tendance actuelle prônée par certains philosophes contemporains « du retour à la morale », sensé suppléer au dépérissement des idéologies politiques et égoïstes, d'autres philosophes entre autres levinas ont réfléchi sur l'engagement responsable de l'homme. Levinas n'a pas cédé au déterminisme des sciences humaines, cette nouvelle figure tragique si souvent évoquée afin de dédouaner l'homme de la responsabilité de ses actes ou de l' apathie de ses paroles et de ses silences.2(*) Cela ne signifie pas qu'il ait ignoré ce déterminisme. Levinas en effet, a réfléchi à ce qui dans le psychisme échappe à son emprise. Cela ne signifie pas non plus que Levinas ait succombé aux illusions métaphysiques pour fuir l'emprise d'une réalité historique cruelle et rebelle. Mais cela veut dire que, en dépit du sentiment d'impuissance, Levinas a su plaider la cause de la liberté responsable qui met fin à la totalité. Thèse à défendre
Pour mieux examiner la liberté totalisante de la pensée contemporaine, nous partirons de la notion du « désir ».qui introduit à une relation sans commune mesure avec la thématisation, cette relation, dont le caractère insolite nécessite porte le qualificatif de « métaphysique », et où le sujet n'a pas le monopole du sens comme c'est le cas dans la philosophie occidentale. En effet, cette philosophie est dominée par les catégories de l'être et de la totalité , c'est-à-dire de la guerre, recherchant toujours à réduire le multiple à l'un sans aucune altérité. Levinas refuse cette pensée qui réduit l'Autre au même en faisant du sujet le donateur ultime du sens. Il propose l'expérience subjective de l'infini telle qu'on peut la percevoir dans le face-à-face avec autrui. La proximité de l'un à l'autre est pensée en dehors des catégories ontologiques où à divers titre intervient également la notion d'altérité. Dans la relation métaphysique, la distance entre les deux pôles (termes) demeure infranchissable, parce qu'elle est garantie par le désir. C'est pourquoi le prochain peut me concerner en dehors de tout a priori ou peut être avant tout a priori. Le bénéfice d'une telle relation, c'est la rupture de la totalité englobant de l'ontologie, la sortie de l'il y a heideggerien, l'accueil de l'autre qui implique l'abandon de la totalité. Mais pour que cela se réalise, il faut se déposséder, faire un acte de déposition. Cette déposition de la souveraineté par le moi, c'est la relation sociale avec autrui, la relation désintéressée. Cette remise en question de la liberté se concrétise dans la notion de responsabilité où l'autre en appelle dans Même dans le plus profond de lui-même, dans sa bonté originaire. Cette bonté est première par rapport à la liberté et qui manifeste son indignité. C'est cette bonté qui fera que le Même sorte de la violence de son impétuosité qui s'exerce sans tenir compte de l'altérité. Dans cette bonté se joue toute la relation métaphysique, qui consiste essentiellement en une responsabilité désintéressée. * 1 Stéphane HABIB, la responsabilité chez Sartre et Levinas, Paris, l'Harmattan, 1998, p. 5. * 2 Ibid., p.5. |
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