I.6 Organisation
urbaine :
Organiser un espace désigne un faisceau d'actions
visant à transformer le cadre naturel des activités pour en
optimiser l'efficacité en fonction de stratégies
déterminées autour d'objectifs précis (militaires,
politiques, nourriciers, Administratifs...)
On doit impérativement déboucher sur une
typologie des espaces en fonction des objectifs recherchés.
Pour MERENNE (1981), l'organisation de l'espace est une
structure que les hommes ont donnée spontanément ou
volontairement, individuellement ou collectivement, aux répartitions
spatiales des éléments divers de leurs activités.
Ainsi par exemple, comme le Constate GEORGE (1970),
l'exploitant agricole organise l'espace lorsqu'il répartit ses
assolements, l'homme d'affaires organise l'espace lorsqu'il implante les
succursales de sa firme (niveau micro géographique).
Au niveau macro géographique, la création d'un
réseau d'irrigation, l'ouverture d'une micro et des moyens de
communication qui la desservent, l'établissement d'une ville dans une
zone pionnière sont des actes d'organisation de l'espace.
L'expression ne peut donc pas être prise pour un
synonyme de « géographique volontaire », car
l'organisation de l'espace est bien plutôt la conséquence non
voulue d'une infinité d'interventions partielles.
Lorsque la société agit volontairement sur son
espace, elle réorganise, elle restructure celui-ci : On
réservera à cette action le terme d'aménagement de
l'espace (Du territoire), afin de ne pas confondre le subi et le voulu, le
passif à l'actif.
Dans l'organisation de l'espace, certains
éléments jouent un rôle particulier, qui est un rôle
structurant, ils donnent à l'espace habité sa cohésion et
ses moyens de fonctionnement en mettant les hommes et les
sociétés en contact les uns avec les autres : Ce sont les
voies de communication et les villes.
Les villes et routes sont les grandes initiatrices
d'unité, elles créent la solidarité des contrées.
Autrement dit, elles organisent l'espace.
I.7. L'aire de centralité
et la périphérie urbaine
I.7.1 L'aire de
centralité
A/ Le centre
Le centre est généralement le point tel que tous
les points d'une figure. Soient symétriques deux à deux par
rapport à lui. C'est le coeur, le milieu d'un espace quelconque. Il peut
aussi être considéré comme le point de convergence ou de
rayonnement.
Dans ce sens l'aire de centralité traduit le
lieud'attraction, de rassemblement (Centre Urbain). Il détient par le
fait même le pouvoir et moyens de l'appliquer c'est-à-dire la
puissance.
Labasse (1966) l'entend comme la transposition tangible du
« Principe de modalité » sur lequel est basée
l'armature d'un pays.
Que l'on discute de l'accessibilité de la ville, de
son pouvoir d'attraction, de l'exercice de ses fonctions les plus
raffinées, il faut toujours en venir à lui. Lerenforcementde
cette aire se fait aux dépens de la périphérie (moyennes
et petites villes et leurs régions).
Traditionnellement, le centre réunit des
éléments disparates que les aménageursanglo-saxons aiment
à grouper dans la trilogie administration, affaires, activités
socioculturelles. Les sociologues attribuent en premier lieu au centre des
vertus « symboliques, ludiques et affectives ».
La noblesse est en effet l'apanage du centre et son fondement
y est moins d'ordre monumental, bien qu'il ne soit pas à
négliger. En plus, le centre a aussi une vocation rassembleuse qui
s'exerce à travers l'hôtel, et le cabinet de documentation
international, les salles de réunion, les secrétariats
multilinguistiques, les divers points d'aboutissement des réseaux de
transport (Sièges, locaux des compagnies aériennes, etc.)
En fait, l'aire de centralité est l'espace ou la
région motrice.Faisons remarquer que ce n'est pas une notion
géométrique. Car cet espace peut être
décentré, mais jouer le rôle de pôle de
développement.
Le concept centre évoque aussi, selon LABASSE (1966),
le coeur et la noblesse de la cité, qui possède un noyau
paré des attribues essentielles de la vie civilisée (à
savoir : Cathédrale, théâtre, salle de concert et de
réunion, galerie d'art, bibliothèque), il estime que les
critères de la centralité sous son aspect authentique semblent
tenir en définitive du qualitatif pur. « Le centre est en
effet le champ d'exercice et d'accomplissement des responsabilités et
des satisfactions d'un ordre élève, prestige, information et
interconnexion en sont les attributs apparemment
irrécusables ».
En fait la logique dans cette organisation de l'espace exige
qu'au fur et mesure que l'on se hausse dans la hiérarchie des villes,
certains services, soient, éliminés, au profit de plus nobles. En
d'autres termes, l'espace périphérique hébergera
progressivement les services qui impliquent des manipulations encombrantes
d'abord, puis éventuellement le tour des équipements unitaires
à caractèresemi-présidentiel, comme les industries, qui
iront plus loin du centre.
C'est ainsi que pour BAILLY et BEGUIN (1982), la
périphérie est à entendre dans l'analyse dialectique des
concepts antagonistes centre périphérie.
La périphérie est alors considérée
comme lieu d'investissement pour profiter du travail peu
rémunéré et accroître la plus-value
différentielle. L'espace périphérie prend le sens en
termes de rapports économiques sociaux. La théorie des rapports
centre-périphérie est ici destinée à montrer
comment le renforcement du centre se fait aux dépens de la
périphérie et comment progressent les inégalités
par appropriation des ressources et de la force de travail de la
périphérie par le centre qui détient le capital et le
savoir-faire.
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