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La Corée du nord et la menace nucléaire contre les états-Unis et leurs alliés de la région de l’Asie est, la Corée du sud et le Japon.


par Charmante Mubali Lubula
Université de Lubumbashi - Licence en Relations internationales 2014
  

Disponible en mode multipage

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INTRODUCTION

L'enjeu de l'arme nucléaire se joue désormais en Asie à cause des développements des programmes nucléaires développés par des pays tels que l'Inde, le Pakistan et la Corée du Nord d'une part, et le risque de plus en plus fort d'emploi de cette arme au regard des tensions parfois vives dans la région, d'autre part. Cela remet à la surface la question de la fiabilité du système international basé sur le droit, précisément la pertinence du Traité de Non-prolifération Nucléaire (signé en 1968 et entré en vigueur le 5 mars 1970) et des objectifs de la Charte des Nations Unies qui consistent à maintenir la paix et la sécurité internationales et à cette fin : prendre des mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques, conformément aux principes de la justice et du droit international, l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de caractère international, susceptibles de mener à une rupture de la paix.

Aujourd'hui la quasi-totalité des Etats ont ratifié le TNP à l'exception de l'Inde, le Pakistan et l'Israël. La Corée du Nord au départ signataire, s'est retirée en 1993.1(*) En effet, cette dernière est présentée aujourd'hui comme une menace à ses voisins de la région et à l'ensemble de la communauté internationale, à cause « des déclarations belliqueuses de ses dirigeants, de la violation des accords et de la course à l'armement et à la nucléarisation».2(*) En effet, les dirigeants nord-coréenne ont toujours agité la menace d'un « désastre nucléaire » dans la péninsule coréenne si celle-ci devait connaître une nouvelle guerre.

1. Etat de la question

Pierre Vandier rappelle que l'Asie est une région sous tension géopolitique constante depuis 1945 et met en évidence une subordination très nette du droit international aux intérêts des puissances. 3(*) Il pose ainsi les questions pertinentes suivantes : la prolifération nucléaire dans la région de l'Asie consacre-t-elle l'inefficacité d'une lutte fondée sur un traité international ou au contraire, n'est-elle pas une invitation à renforcer les dispositifs plus efficaces ? Pour lui, le bilan du TNP est très contrasté. Les Etats qui avaient la ferme résolution d'acquérir des armes nucléaires ont pu le faire, en dépit de l'unanimité politique qui entoure ce Traité. C'est le cas de la Corée du Nord. C'est ce que confirme également Claude Cartigny qui rappelle, pour sa part, qu'à l'instar de l'Iran, la Corée du Nord constitue une importante pomme de discorde, jusqu'à se faire qualifier d'« Etats voyous » inscrits par l'Administration Bush parmi les pays de « l'axe du Mal ». 4(*)

Léon Koungou s'interroge « pourquoi certains Etats cas de la Corée du Nord sont portés à violer les engagements de non-prolifération et des mécanismes de lutte contre la prolifération ? ». 5(*) En effet, la Corée du Nord avance que la raison principale à se doter d'armes nucléaires comme est liée à des problèmes de sécurité régionale et à la crainte d'une menace américaine tendant à imposer, d'une manière ou d'une autre, un changement de régime politique. La Corée du Nord a développé son programme nucléaire illégalement, alors qu'elle était officiellement membre du TNP en tant qu'Etat non nucléaire avant d'annoncer son retrait, créant ainsi une situation inédite et juridiquement complexe. Le développement du programme nucléaire nord-coréen inquiète notamment parce qu'il est de nature à encourager la prolifération dans la région.6(*)

La seule acquisition de capacités pour se doter d'armes nucléaires affecte la sécurité de la région. Ainsi, la capacité de la Corée du Nord de fabriquer des armes nucléaires, par exemple, encouragera la Corée du Sud et le Japon à se doter d'une telle capacité, et la Chine à renforcer sa propre force nucléaire. Ce que rappelle Hideya Kurata : « la Corée du Nord constitue une menace et pose un défi à ses voisins et à l'ensemble de la région car elle prétend pouvoir recourir à l'arme nucléaire. La Corée du Nord est effectivement capable, comme elle le dit, de plonger Séoul dans une «mer de feu». D'où ce sentiment, partagé par de nombreux experts, que ce pays est plus dangereux que l'Irak. La Corée du Nord vient de s'extraire brusquement du Traité de non-prolifération signé par 188 pays. C'est une décision grave. Elle illustre le caractère imprévisible de ses dirigeants, qui ont un objectif en tête : poursuivre leur programme nucléaire tout en essayant d'obtenir des Etats-Unis la signature d'un accord de non-agression, seule condition à l'abandon de leur ambition atomique. » 7(*)

La menace nord-coréenne comme sujet de notre étude se fonde sur le défi que pose l'armement nucléaire pour le système international de sécurité collective et l'équilibre des puissances dans la région. Nous interrogerons les théories des relations internationales et le droit international, notamment le TNP, pour comprendre les motivations des dirigeants nord-coréens à se doter de l'arme nucléaire. D'où notre sujet est ainsi formulé « la Corée du Nord et la menace nucléaire contre les Etats-Unis et leurs alliés de la région de l'Asie Est, la Corée du Sud et le Japon ».

Quel est l'intérêt d'un tel sujet ? C'est l'objet du point suivant.

2. Intérêt du sujet

L'enjeu nucléaire était longtemps défini comme l'enjeu de la sécurité entre les puissances, surtout pendant la guerre froide. Le nouveau paysage nucléaire présente en effet des caractéristiques originales qui permettent aujourd'hui d'affirmer que la fin de la guerre froide a bien marqué la fin d'une ère nucléaire, pas la fin de l'ère nucléaire. 8(*) Avec la fin de la guerre froide, nous nous rendons compte que la région asiatique, présente aujourd'hui un autre terrain du développement nucléaire menaçant par là les relations internationales ; précisément la volonté des certains Etats à violer ou à se soustraire des accords conclus en vue de limiter la prolifération des armes nucléaires et consolider ainsi la paix internationale.

Sur le plan scientifique, l'intérêt d'un tel sujet est, pour nous, de confronter le cas nord-coréen aux théories apprises, précisément la théorie géopolitique dans un paradigme réaliste. En effet, la théorie réaliste stipule que les relations internationales sont strictement les rapports politico-diplomatiques et stratégiques qu'entretiennent entre eux les Etats souverains dans un cadre bilatéral ou multilatéral. Ces rapports sont nécessairement caractérisés par la rivalité ou la compétition, d'une part, parce que chaque Etat vise naturellement et constamment à défendre et à accroître sa puissance politique et militaire; d'autre part, parce que la puissance est inégalement répartie au sein de la société internationale; enfin parce qu'il est impensable que les Etats acceptent de se soumettre à une autorité centrale qui les obligeraient à coopérer entre eux. C'est uniquement pour cette dernière raison que la société internationale est anarchique, et non pas parce qu'elle est entièrement dépourvue d'ordre et livrée totalement à la violence. Les Etat souverains adhèrent librement et volontairement à des ententes et à des règles qui maintiennent la dynamique des conflits interétatiques dans un cadre pacifique. Toutefois, l'instauration d'une paix perpétuelle est inimaginable en raison de la souveraineté, des ambitions, des inégalités et de la méfiance mutuelle des Etats qui les placent dans un dilemme de sécurité. 9(*)

3. Problématique

La problématique est une approche ou perspective théorique que l'on décide d'adopter pour traiter les problèmes posés par la question de départ. 10(*)

Notre étude va se focaliser sur la question principale suivante :

- Pourquoi l'acquisition de l'armement nucléaire de la Corée du Nord est-elle perçue comme une menace contre les Etats-Unis et leurs alliés de la région : la Corée du Sud et le Japon?

Cette question principale nous conduit à nous poser des questions secondaires suivantes :

- Quel danger grave pèse sur la sécurité nationale de la Corée du Nord selon son gouvernement? Quelle stratégie de dissuasion et de défense met-elle en place pour faire face à ce danger grave?

- Les USA, la Corée du sud et le Japon devraient-ils craindre une attaque nucléaire de la Corée du Nord?

4. Hypothèse

La mise en oeuvre d'une série des questions débouche nécessairement sur des hypothèses. Celles-ci naissent à partir des questions posées au niveau de la problématique. L'hypothèse est généralement considérée comme « la transposition directe d'une proposition théorique dans le monde empirique. Une hypothèse établit une relation qui peut être vérifiée empiriquement entre une cause et un effet supposé. Une hypothèse est donc un énoncé formel des relations attendues entre au moins une variable indépendante et une variable dépendante ». 11(*)

Après la guerre froide, la Corée du Nord a accéléré la modernisation de son appareil de défense et l'acquisition d'armements de telle sorte qu'elle est devenue la plus grande menace à la paix et la sécurité dans la région, à cause notamment de la détention de l'arme nucléaire et le risque de plus en plus grand d'employer cette arme par ce pays au regard des tensions parfois vives dans la région, notamment le conflit avec la Corée du Sud soutenue par les Etats-Unis. En effet, les dirigeants nord-coréens ont toujours agité la menace d'un « désastre nucléaire » dans la péninsule coréenne si celle-ci devait connaître une nouvelle guerre.

Les Etats-Unis ont toujours considéré la Corée du Nord comme faisant partie « d'États voyous » 12(*) , qui posent une menace à la stabilité régionale de nombreuses parties du monde et estiment qu'ils ont une responsabilité spéciale afin de développer une stratégie visant à les neutraliser ou à les contenir. Selon les Américains, il n'existe en ce moment rien qui puisse empêcher un pays qui a appris à enrichir l'uranium de se retirer du TNP et de se diriger à marche forcée vers la construction d'un armement nucléaire, comme l'a fait la Corée du Nord.13(*)

La Corée du Nord tient à se doter de l'arme nucléaire pour deux raisons majeures : la sécurité régionale ou/et la crainte d'une menace américaine tendant à imposer, d'une manière ou d'une autre, un changement de régime politique.

Les ambitions nucléaires nord-coréennes remontent à la fin des années 1950 lorsqu'elle a signé avec l'URSS un accord sur la création d'un Institut de recherche nucléaire conjoint à Yongbyon. 14(*) En effet, aujourd'hui, elle posséderait une, voire plusieurs bombes nucléaires. Mais il est sûr qu'elle possède trois types de missiles : les Scud, les Nodong et les Taepo Dong. Avec les Scud, elle peut toucher la Corée du Sud. Avec le Nodong, elle peut atteindre toute ville japonaise et menacer les bases américaines établies au Japon. Avec les Taepo Dong, elle peut menacer l'ensemble du territoire japonais, jusqu'à Hawaii et la côte ouest des Etats-Unis. Avec la prochaine génération de Taepo Dong, la Corée du Nord pourra frapper l'ensemble du continent américain. Le plus surprenant est que, malgré la faillite de son économie, elle conserve cette capacité de fabriquer des missiles et de développer des armes de destruction massive. 15(*)

Après la Guerre de Corée, la Corée du Sud a toujours été sous la menace de la Corée du Nord qui revendique sa souveraineté sur l'ensemble de la péninsule. Techniquement les deux pays n'ont jamais signé un traité de paix. C'est ainsi que la Corée du Sud a également eu les ambitions nucléaires pour se protéger, avant de rejoindre le TNP en 1975 ; et elle n'a mis fin à son programme nucléaire que sous la pression américaine. Alliée des USA, la Corée du Sud bénéficie à ce titre des garanties de protection américaine.

Quant au Japon, la politique officielle de « trois non » déclare « qu'il ne produira pas, ne possédera pas d'arme nucléaire, et n'autorisera pas son introduction sur le territoire japonais ». Dépourvu d'une force de défense propre le Japon a toujours bénéficié de la protection américaine. Ce qui suscite les soupçons et les inquiétudes de la Corée du Nord.

5. Méthodes

La recherche scientifique exige le recours aux méthodes et techniques pour collecter, traiter et analyser les données. Dans son cours de Méthodes de recherche en sciences sociales, le professeur Kazadi Kimbu définit la méthode comme « l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et vérifie. La méthode est également une opération intellectuelle de traitement des données relatives à une réalité bien précise, laquelle pourrait être véritablement scientifique et efficace, doit, tout au long de ce traitement, tenir constamment compte de la double essence et du fait sociale et de l'objectif poursuivi. »16(*)

Pour mener à bien notre analyse, nous avons utilisé deux méthodes : la méthode géopolitique et la méthode stratégique.

Pour François Thual, la méthode géopolitique consiste à poser les bonnes questions face à un évènement (tension, crise, conflit, guerre, négociations) : Qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Le but de la méthode géopolitique est d'apprendre à échapper à l'événementiel fourni en continu et en surabondance par les médias pour accéder à l'explicatif.17(*)

Dans la méthode géopolitique, il faut pouvoir identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional, continental ou international.18(*)

Lorsqu'on est face à un élément international, la première démarche est de l'analyser en tant que phénomène, c'est-à-dire de l'appréhender comme porteur d'un concept d'intentionnalité. Par intention, on entend un réseau hiérarchisé d'attitudes obéissant à une logique de réalisation des ambitions ou d'atténuations des menaces existantes. Schématiquement, toute posture géopolitique se ramène soit à une volonté de réaliser des ambitions, soit à une volonté de contrer une menace. Il faut donc classer les actions diplomatiques et les actions militaires, en les répartissant dans cette alternative d'ambitions et de menaces. 19(*)

Les actions diplomatiques : tout pays, afin d'assurer le succès de ses objectifs, met en place un dispositif diplomatique, un dispositif de gestion de ses relations extérieures, c'est-à-dire un réseau hiérarchisé, en général public et officiel, d'alliances et d'influences. Il existe trois types d'alliance : alliances au service d'une ambition, alliances pour contrer une menace, alliances de stabilisation d'une région. Les deux grandes possibilités offertes aux différents types d'alliances sont l'encerclement et le contre-encerclement, sur la base d'un raisonnement qui veut que « l'ami de mes amis n'est pas forcément mon ami, mais l'ennemi de mon ennemi est, lui, forcément mon ami. »20(*)

Les dispositifs militaires : Ceci désigne tous les moyens terrestres, aériens ou maritimes voire spatiaux dont dispose un Etat, en temps de paix ou en temps de guerre, pour assurer la réalisation de ses objectifs géopolitiques ou de se prémunir d'une menace. La guerre n'est pas le but de la géopolitique. Elle est un temps fort des relations internationales marqué par la cessation des moyens diplomatiques, souvent simplement en partie puisque dans toutes les guerres il y a continuation des négociations sous forme secrète. Que ce soit en temps de guerre ou de paix, la structuration des moyens militaires est un des indices les plus parlants des ambitions géopolitiques d'un Etat. Ce qu'il faut, c'est étudier l'ordre de bataille, c'est-à-dire l'état des forces et leur positionnement : où sont les forces ? vers qui sont-elles sont dirigées ? Il s'agit d'analyser la répartition géographique des forces. Ensuite, il faut se demander si c'est un dispositif offensif ou défensif, s'il s'agit d'un dispositif destiné à contenir une poussée ou une invasion, si c'est un dispositif qui a pour but de porter la guerre sur le territoire de son ennemi. Localiser les forces, identifier les intentions, détecter la hiérarchisation des priorités entre les différents fronts potentiels sont la base de l'analyse géostratégique des ambitions géopolitiques des Etats. La géostratégie est un secteur de la géopolitique qui a pour vocation l'examen des forces et leur installation : Quelles sont les armes produites ? Quelles sont les armes exportées ? Vis-à-vis de quels pays ? Suivant quelles motivations ? Idem en ce qui concerne le nucléaire, en termes de prolifération, qui donne quoi ? A qui ? Pourquoi ? Comment ?

Les motivations idéologiques : Par motivation idéologique, on entend les motivations liées aux représentations que les groupes sociaux se font d'eux-mêmes. Principalement, le communisme et la lutte contre le communisme ont été, avec le nationalisme, les deux très grands courants caractéristiques de ce siècle. Les efforts d'expansion du communisme et la volonté d'endiguement de cette expansion territoriale se retrouvent dans pratiquement tous les conflits géopolitiques de ces 50 dernières années. Cet affrontement de deux modèles et de ces deux expansionnismes a eu des conséquences géopolitiques majeures.

Pour compléter les explications obtenues grâce à la méthode géopolitique, nous avons également utilisé la méthode stratégique en référence à la théorie de l'acteur stratégique élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg au cours des années 1970. Il s'agit d'une théorie centrale en sociologie des organisations, développée au sein de l'analyse stratégique. Elle part du constat suivant : étant donné qu'on ne peut considérer que le jeu des acteurs soit déterminé par la cohérence du système dans lequel ils s'insèrent, ou par les contraintes environnementales, on doit chercher en priorité à comprendre comment se construisent les actions collectives à partir de comportements et d'intérêts individuels parfois contradictoires. Au lieu de relier la structure organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette théorie essaie donc de l'appréhender comme une élaboration humaine, un système d'action concret. Elle rejoint donc les démarches qui analysent les causes en partant de l'individu pour aboutir à la structure l'individualisme méthodologique et non de la structure à l'individu structuralisme.21(*)

En relation internationale, la méthode stratégique a pour objet les enjeux de la sécurité et les choix des acteurs pour assurer leur sécurité ou marge de manoeuvre.Cette méthode postule l'existence d'individus rationnels qui élaborent des stratégies afin d'atteindre leurs objectifs, dans un contexte général de contraintes.22(*) Cette approche postule, également, que les individus essaient d'anticiper les décisions que prendront les autres acteurs. Elle ne met pas l'accent sur les choix individuels à proprement parler, mais plutôt sur l'agrégation de choix collectifs. Elle sert à mettre en lumière des stratégies qui prennent place dans des macro-processus. Le cas de la Corée du Nord pose un problème à la Communauté internationale et précisément aux Etats-Unis, la Corée du sud et le Japon dans leur quête rationnelle de sécurité. Cette méthode permet d'expliquer les interactions de ces pays en quête de sécurité maximum, et de montrer aussi que, dans cette quête, ces pays s'appuieront sur des organisations internationales et le droit qui sont tout à fait respectueux de la liberté et du caractère individuel de leurs décisions respectives et, donc, du caractère anarchique du système international. 23(*)

6. Techniques

Selon Mulumbati Ngasha, les techniques ont pour but d'enregistrer ou de collecter diverses informations sur des individus, des groupes d'individus, des institutions, l'environnement dans lequel les individus et les groupes d'individus vivent ou évoluent, les opinions des individus ou des groupes d'individus, leurs attitudes, leurs comportements et leurs cognitions 24(*)

Une technique de recherche est un procédé opératoire rigoureux, bien définie, transmissible, susceptible d'être appliqué à nouveau dans les mêmes conditions adapté au genre de problème et de phénomène en étude. 25(*)

Pour la récolte de données de la présente étude, nous nous sommes servis de l'observation indirecte. L'observation indirecte porte sur les faits qui portent ou ont des traces que l'on veut étudier et qui permettent de recueillir des informations sur ces derniers faits. Il s'agit, en pareil cas, essentiellement de la technique documentaire.26(*) L'observation documentaire consiste à étudier et analyser les documents pour arriver à déterminer les faits dont ces documents portent des traces. Nous avons eu recours aux données contenus tant dans les ouvrages, articles scientifiques pertinents trouvés dans les bibliothèques et sur les sites Internet de revues scientifiques.

7. Délimitation spatio-temporelle

La présente étude porte sur la période allant de 1993, date à laquelle la Corée du Nord s'est retiré du TNP, à nos jours où la problématique du nucléaire en Corée du Nord reste encore d'actualité.

8. Plan du travail

Hormis cette introduction, notre travail compte trois chapitres. Le premier chapitre est intitulé cadre théorique. Ce chapitre comprend cinq sections. Le deuxième chapitre est intitulé stratégie de défense et capacité nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Ce chapitre est subdivisé en quatre sections. Le troisième chapitre est intitulé la Corée du Nord comme menace contre les Etats-Unis , la Corée du Sud et le Japon. Ce chapitre est subdivisé en trois sections.

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE

Pour la meilleure exploitation de notre sujet, le développement d'un cadre théorie est nécessaire. C'est l'objet de ce premier chapitre qui est subdivisé en cinq sections. La première section est consacrée à la définition du concept clé de notre sujet. Il s'agit du concept de la menace. Pour bien cerner la notion de la menace, nous allons la compléter avec la notion de l'ennemi et de l'agression. La section 2 fait la synthèse des doctrines de la dissuasion nucléaire. La section 3 traite du régime de la non-prolifération nucléaire, avec une référence majeure au Traité de non-prolifération nucléaire, au système de garantie par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ainsi qu'au mécanisme de contrôle des exportations par le club de Londres. La section 4 analyse la licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires dans les conflits armés sous l'éclairage de l'Avis consultatif de la Cour internationale de justice du 8 Juillet 1996. Enfin la section 5 présente les théories géopolitiques de Mackinder heartland et de Spykman rimland leur contextualisation à la péninsule coréenne.

Section I. La notion de la menace

1.1. Définition

Le concept « menace » est évoqué dans la Charte quand elle évoque les menaces à la paix et à la sécurité. En effet, l'article 2 paragraphe 4 de la Charte des Nations Unies dispose : « Les membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. »27(*)

Une menace est donc une parole ou un comportement par lesquels on indique à quelqu'un qu'on a l'intention de lui nuire, de lui faire du mal, de le contraindre à agir contre son gré. C'est également un signe, une convergence d'indices qui laisse prévoir quelque chose de dangereux, de nuisible qui risque de subvenir.

La menace étant d'ordre intentionnel, l'agression en est la matérialisation28(*) . « L'agression est la forme la plus grave et la plus dangereuse de l'emploi illicite de la force, qui renferme, étant donné l'existence de tous les types d'armes de destruction massive, la menace possible d'un conflit mondial avec toutes ses conséquences catastrophiques ». 29(*)

Chaque Etat, fait face à une diversité des menaces, celles-ci peuvent être des menaces non militaires ou militaires. Les menaces non militaires peuvent provenir de l'environnement national ou international. On peut citer par exemple la faim comme cause directe de la mort ; on peut citer également les catastrophes naturelles ou le réchauffement climatique, comme cause indirecte de la mort. Il ne s'agit pas d'examiner la mort individuelle, mais de mettre l'accent sur la mort organisationnelle. Les menaces militaires sont le fait de la détention de l'arme par l'ennemi. Contrer ces menaces militaires relève de la politique de défense alors que contrer celles non militaires est une entreprise qui relève de la sécurité. 30(*)

Dans le cadre de cette étude, nous nous intéresserons uniquement aux menaces militaires.

La menace militaire se traduit concrètement par la détention, la production, le commerce d'armes. 31(*)

1.2. La perception des menaces

Les menaces ne sont pas perçues de la même manière par tous les Etats. Les circonstances liées au temps et au lieu influencent la manière dont les acteurs stratégiques perçoivent les menaces. Cette perception est évolutive. 32(*) Nous allons examiner la perception des menaces des points de vue de l'Europe, des Etats-Unis, de la Russie et de l'Afrique.

1. Le point de vue de l'Europe.

Jusqu'à la fin des années 1990, l'Europe occidentale percevait les menaces qui pesaient sur elle en termes de « menaces militaires », cette perception était précise, stable et commune, à l'ensemble des pays occidentaux. Après 1990, l'Europe occidentale perçoit les menaces plus en termes de « risque » qu'en termes « militaires ». Deux facteurs expliquent le changement intervenu dans la conception Européenne de menace : l'effondrement du communisme et la fin de la guerre interétatique en Europe.33(*)

Avec l'effondrement du communisme, la menace militaire telle qu'elle existe disparait. Cette nouvelle situation a pour première conséquence de faire éclater le concept de menaces militaires. Comme on n'arrive pas à identifier des menaces militaires précises, on élargit se concept des menaces à d'autres domaines et on utilise un nouveau concept, celui de « risques ».34(*)

Le risque apparait comme un danger éventuel plus ou moins visible combinant plusieurs facteurs : politique, économique, démographique, ethnique et religieux. Le risque, à la différence de la menace, ne comporte pas un degré aussi grave au fondement cité car il ne porte pas atteinte au fondement de la sécurité européenne comme pouvait le faire la menace soviétique pendant la guerre froide.

Les guerres interétatiques, plus particulièrement entre grandes puissances tendent à s'effacer. L'observation des guerres durant les cinq derniers siècles a ainsi conduit certains acteurs à défendre la thèse de l'obsolescence de la guerre interétatique pour ce qui concerne la période contemporaine. Il convient à ce sujet de présenter plus généralement les grandes tendances relatives à l'Etat de la guerre depuis la mise en place du système interétatique.35(*)

La perception des risques n'annule pas totalement l'évidence de toutes les menaces militaires puisque l'Europe occidentale croit en quelques menaces militaires qui proviendraient de l'Orient.

Une tentative de reconstitution d'une menace venant de l'Orient s'est dessinée. Mais elle a des difficultés à prendre consistance. Fort heureusement, la guerre du Golfe est arrivée à point pour lui donner une réalité. Il faut constater que cette menace venant d'une zone allant du Maroc au Golfe persique est plus sensible dans les pays d'Europe du Sud Italie, France, Espagne que pour les pays du Nord et dans les forces politiques, dans les partis politiques conservateurs que dans les partis de gauche.

Finalement, on s'aperçoit que la dimension militaire de cette « menace » reste encore floue. Les dangers d'une prolifération balistique, nucléaire et chimique, prennent une certaine consistance. Il est aussi difficile de nier qu'il s'est constitué, souvent avec l'aide des européens, des potentiels militaires conventionnels importants dans la région.

On s'aperçoit que la conjonction de cette menace militaire potentielle avec d'autres facteurs politiques, économiques, démographiques, religieux peut devenir dangereuse à terme. A la démographie est associé la crise ou la récession et à la religion, l'intégrisme.36(*)

2. Le point de vue des Etats-Unis

Les Américains redoutent deux menaces : la menace terroriste et la menace de prolifération nucléaire. Aux USA, on observe un retour de la géopolitique appelée « la guerre contre le terrorisme » annoncée par Georges W Bush, après le 11 septembre 2001. Dans la rhétorique américaine, il n'y avait plus de conflit entre les grandes puissances ; désormais, les Etats-Unis sont en guerre contre le terrorisme.

Quant à la prolifération nucléaire, il faut dire qu'il y a prolifération des armements vers les Etats hostiles aux intérêts américains. En effet, un nombre inquiétant des pays du tiers-monde sont en train d'acquérir des arsenaux militaires sophistiqués incluant des missiles à longue portée, des armes biologiques et chimiques. Le danger est d'autant plus vrai que tous les pays du sud considèrent que les Américains et les Européens, eux-mêmes possesseurs d'armes nucléaires, et qui veulent en priver les autres, n'ont ni le pouvoir ni la légitimité dans le monde pour dire la loi.

Les Etats-Unis sont sur la défensive à cause de la multipolarité qui inclut maintenant la Chine et l'Inde. 37(*)

3. Le point de vue russe.

La sécurité de la Russie est surtout menacée par des conflits locaux et notamment par ceux qui se déroulent à proximité des ses frontières Tchétchénie ; viennent ensuite la prolifération nucléaire, une rupture dans l'équilibre stratégique, l'ingérence dans les affaires intérieures, le terrorisme et l'élargissement des blocs militaires.38(*)

1.3. La menace nucléaire

Selon Joseph Cirincione 39(*) , les habitants de la planète ont à faire face à quatre catégories de menaces nucléaires. La première concerne la possibilité qu'un groupe terroriste mette la main sur une arme nucléaire et qu'il la fasse exploser dans une grande ville. La deuxième a trait au danger de l'utilisation accidentelle, non autorisée ou délibérée de l'une des 23.000 armes nucléaires réparties entre neuf pays à l'heure actuelle. La troisième tient à l'apparition de nouveaux noms sur la liste des pays dotés de l'arme nucléaire : la Corée du Nord aujourd'hui, l'Iran demain peut-être et d'autres par la suite. La quatrième et dernière menace est l'effondrement possible du réseau de traités et de mesures de contrôle qui a su ralentir, sinon prévenir totalement, la prolifération des armes nucléaires.

Au cours des années 1990, une série des décisions judicieuses a permis d'atténuer les menaces suivantes :


· Les États-Unis et la Russie, détenteurs à eux deux de 96 % des armes nucléaires au monde, ont négocié des traités qui ont eu pour effet de réduire considérablement leurs arsenaux.


· De nombreux États ont renoncé aux armes et programmes d'armement nucléaires, dont l'Ukraine, la Biélorussie, le Kazakhstan, l'Irak et l'Afrique du Sud.


· Les États-Unis, la Russie et d'autres pays ont mis en route des programmes visant à sécuriser et à réduire leurs stocks de matériaux nécessaires à la fabrication d'armes nucléaires, ce qui décroît d'autant le risque d'acquisition ou de fabrication d'une bombe par des terroristes.


· Des dizaines de pays ont adhéré au Traité de non-prolifération et oeuvré de concert au renforcement et à l'élargissement de leurs mesures de restriction applicables à la quasi-totalité des pays.

Des problèmes de taille méritent cependant d'être signalés :


· On a assisté à la prolifération de groupes terroristes calqués sur Al-Qaïda alors que dans le même temps les programmes destinés à sécuriser les matières fissiles n'ont pas suivi le rythme, d'où un risque accru de terrorisme nucléaire.


· Les États-Unis ont cessé de négocier des réductions avec la Russie, et les deux pays ont rédigé des avant-projets de règles relatives à l'emploi d'armes nucléaires contre des cibles classiques, dont des repaires fortifiés souterrains.


· La Corée du Nord et l'Iran ont accéléré leurs programmes nucléaires.


· Le régime de non-prolifération s'est affaibli, à tel point que beaucoup redoutent son effondrement et la mise en route de programmes d'armes nucléaires dans de nombreux États.

La notion de la menace ainsi éclaircie nous renvoie à la notion de l'ennemi. C'est le contenu du point suivant.

1.4. La notion de l'ennemi.

La notion d'ennemi se conçoit par rapport à l'éventualité d'une guerre et l'opposition des intérêts, encore que pareille opposition ne puisse être résolue par voie judiciaire ou par voie arbitrale. L'ennemi n'est ni le concurrent, ni le rival, ni l'adversaire car il tire sa signification de sa relation permanente à l'éventualité réelle, mais non inéluctable, de l'affrontement mortel. L'ennemi c'est « l'autre, l'étranger, l'antagoniste » sur le plan des intérêts ou des valeurs, sans que le conflit puisse être réglé juridiquement ou par arbitrage d'un tiers. Dans les relations internationales, l'ennemi est public, pas privé. En cela, il n'implique aucune haine personnelle, car l'ennemi est un ennemi d'une communauté, que cette communauté soit une confession, une classe, un peuple, un Etat.40(*)

Dans les relations internationales, l'ennemi peut être réel, potentiel ou imaginaire, mais l'ennemi doit nécessairement exister tant son rôle est important dans la vie d'une nation.

Pendant la guerre froide, l'Europe occidentale et les Etats-Unis d'Amérique n'avaient qu'un seul ennemi, précis et stable : l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques. Après la guerre froide, les pays de l'Europe occidentale considèrent la Russie et les pays de la Communauté des Etats indépendant comme des ennemis résiduels. Certains pays du sud, détenteurs de l'arme nucléaire sont également perçus comme « ennemis ».

Pour les Etats-Unis d'Amérique, l'ennemi est parfois idéologique. : les communistes pendant la guerre froide, actuellement l'intégriste islamiste. Tous les ennemis des Etats-Unis sont définis par les mêmes caractéristiques : ils s'opposent directement ou indirectement aux intérêts américains. Pour la guerre en Irak menée par les États-Unis en mars 2003, par exemple, l'administration Bush a présenté le régime de Saddam Hussein et ses armes de destruction massive comme une menace directe à la sécurité des États-Unis dans le but de convaincre la population américaine de la nécessité de frappes militaires. 41(*)

L'ennemi est également associé à un Etat. Mais la définition géographique de l'ennemi est éphémère, sa durée correspond au temps nécessaire pour établir l'influence américaine dans le pays. Après la guerre froide, les ennemis des Etats-Unis se sont diversifiés : La Chine qui est perçue comme un danger sur le plan économique, et de l'emploi avant d'être un danger militaire ; les Etats de l'axe du mal ou les Etats voyous en tant que porteurs de la menace terroriste.

La Russie identifie aussi ses ennemis potentiels sur les frontières méridionales et orientales. L'Afghanistan, malgré les échanges commerciaux est sur le plan géopolitique, si non un ennemi tout au moins le principal concurrent régional. L'Iran est cet autre ennemi potentiel, susceptible de s'allier à l'Afghanistan et au Pakistan. Mais aussi la Chine qui, lorsqu'elle aura modernisé son armée et développé son potentiel nucléaire, pourrait avoir des revendications territoriales dans la région du Baïkal ou dans les provinces maritimes. Enfin, le devenir indirectement en armant massivement les républiques de la Communauté des Etats indépendants ou de la baltique en concentrant ses troupes aux frontières de la Russie.

1.5. La notion de l'agression

L'article 2 paragraphe 4 de la charte des Nations Unies dispose : « Les membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique de tout l'Etat, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies. » La prohibition de l'emploi de la force armée est une règle fondamentale dans les relations internationales contemporaines. Cette règle constitue l'un des principes essentiels de la Charte des Nations Unies et s'impose aux Etats membres aussi bien qu'à l'Organisation mondiale elle-même. 42(*)

La violation de la prohibition du recours à la force par un Etat peut constituer une agression armée, mais pas toujours : d'une part, parce que tout emploi de la force ne reçoit pas la qualification d'agression armée; d'autre part, parce qu'il existe des situations où le recours à la force armée est autorisé par le droit international et plus précisément par la Charte des Nations Unies. Ce n'est pas un hasard si le chapitre VII de cette dernière s'intitule : « Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression ». Et pour faire face à de tels actes, la Charte donne pouvoir au Conseil de sécurité de constater « l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression » et de faire des recommandations ou de décider quelles mesures seront prises conformément aux dispositions des articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales art. 39 . Ce sont : la légitime défense et le recours à la force armée par le Conseil de Sécurité. 43(*)

En tant que violation grave d'une norme impérative du droit international, l'agression armée entraîne des conséquences juridiques sérieuses dans l'ordre juridique international. La première de ces conséquences découle de la criminalisation de l'agression qui, en faisant de celle-ci une atteinte grave à l'ordre public international, impose à tous les Etats de prêter leur concours pour y mettre fin. Les réactions internationales à l'agression armée ne sauraient donc être l'affaire du seul Etat victime ; elles doivent être celles de chaque Etat pris individuellement, ou de plusieurs Etats agissant comme groupe d'Etats ou comme une organisation internationale. 44(*)

Section II. La dissuasion nucléaire

La dissuasion nucléaire est une doctrine stratégique adoptée pendant la guerre froide quand les deux superpuissances, les Etats-Unis et l'URSS, sont entrées dans ce que l'on appelle « équilibre de la terreur ». 45(*)

2.1. Définition de la dissuasion nucléaire

De manière générale « dissuader » signifie détourner quelqu'un de son projet. La dissuasion est un mode de la stratégie militaire qui vise à détourner un adversaire d'une intention agressive par la représentation des représailles qu'il pourrait subir en retour. 46(*)

La notion de dissuasion nucléaire consiste en la peur, dans les deux camps, de l'utilisation par l'autre de l'arme nucléaire. Si c'était le cas, l'agressé répliquerait avec les mêmes armes et, en raison de la puissance et des effets des armes nucléaires, chacun pourrait être totalement détruit ce qu'on appelle « Mutually Assured Destruction » ou « Destruction mutuelle assurée » ou au moins subir des dégâts très importants, si bien que les avantages d'être l'agresseur sont quasi nuls. La stabilité de cette configuration, où deux adversaires se dissuadent ainsi mutuellement, dépend avant tout de la capacité de l'agressé à frapper nucléairement l'autre après avoir subi une première frappe atomique. C'est la « capacité de seconde frappe ». 47(*)

Bruno Tertrais 48(*) écrit que la dissuasion nucléaire joue un rôle essentiel en maintenant tout agresseur dans le doute quant à la façon dont les Alliés riposteraient en cas d'agression militaire.

Pour Emmanuel Glasser, la dissuasion nucléaire est en effet l'équilibre de la terreur. C'est-à-dire que « l'arme nucléaire a été pendant la guerre froide un facteur de stabilisation ». 49(*) Dans le même sens, Lucien Poirier écrit que l'arme nucléaire est le « moyen de la non-guerre pour les autres, qui marquent ainsi la différence entre la paix naturelle imputable à la modération des politiques et la paix forcée due à la rétention de la violence par la peur de ses excès ». 50(*)

Dans Paix et Guerre entre les nations, Raymond Aron montrait que face à la détention conjointe de l'arme nucléaire par les Etats-Unis et l'Union soviétique, « la guerre est impossible, mais la paix est tout aussi improbable ». 51(*)

Selon Henry Kissinger, la dissuasion désigne « la tentative faite pour empêcher d'adopter une certaine ligne d'action en lui opposant des risques qui lui paraissent sans commune mesure avec aucun des gains escomptés ». Ainsi présentée, la dissuasion n'est donc pas spécifiquement nucléaire puisque la possibilité de parvenir à une situation de dissuasion est présente dans toute situation d'équilibre militaire. On la retrouve notamment dans la formule romaine « si vis pacem para bellum » si tu veux la paix prépare la guerre. 52(*)

En bref, la dissuasion nucléaire est la capacité à décourager toute attaque nucléaire en soulignant la volonté d'y riposter par une arme de même type. Comme aucun Etat ne peut accepter les pertes matérielles, morales et politiques consécutives à la riposte nucléaire, son utilisation devient intolérable : c'est la théorie du Mutually Assured Destruction MAD , qui constitue le coeur même de la dissuasion nucléaire en postulant que la puissance de destruction que confère l'arme nucléaire rend de facto son utilisation impossible vu les ripostes tout aussi destructrices qu'elle entrainerait. On retrouve donc bien là une situation de gel stratégique dans laquelle la paix passe par des moyens militaires nucléaires.

2.2. Typologie des doctrines de dissuasion

Dans le bloc américain, les doctrines les plus représentatives en matière de stratégie nucléaire sont la doctrine des représailles massives et la doctrine de la riposte graduée. Dans le bloc soviétique, nous avons la doctrine Sokolovski.

1. La doctrine des représailles massives

La doctrine des représailles massives a été défendue pendant la Guerre froide par les Etats-Unis, notamment par le secrétaire d'Etat Dulles.53(*) Son principe est qu'en cas d'attaque de l'URSS contre les Etats-Unis ou leurs alliées, les Etats-Unis riposteraient de toutes leurs forces. La seule invasion de Berlin Ouest aurait ainsi pu provoquer une attaque nucléaire contre l'URSS. L'arme nucléaire a alors clairement deux fonctions : dissuasive et destructive. En effet, la réflexion théorique et politique s'est très vite concentrée sur ce qui a été l'enjeu majeur de la guerre froide : la protection par les Etats-Unis de leurs alliés face à un adversaire soviétique géographiquement proche et militairement plus puissant qu'eux. Dès 1953, date de la formalisation de la première doctrine stratégique américaine, la préoccupation dominante fut celle de la garantie que les Etats-Unis pouvaient apporter à leurs alliés. Le coeur de l'analyse américaine était que seule la supériorité de la puissance nucléaire des Etats-Unis était susceptible de dissuader l'Union soviétique de faire usage de sa suprématie conventionnelle contre l'Europe occidentale. 54(*)

2. La doctrine de la riposte graduée.

En 1962, McNamara 55(*) développe la doctrine de la riposte graduée dans le cadre de la stratégie de défense des États-Unis. Cette doctrine signifie que la riposte doit être proportionnée à l'attaque, car les États-Unis n'ayant plus le monopole de l'arme nucléaire, ils ne peuvent intimider l'URSS par cette seule menace. En effet, l'URSS est capable de menacer les Etats-Unis jusqu'à ses frontières. En octobre 1962, un avion-espion américain prend des photos au large de Cuba. Il découvre qu'une base de missiles soviétiques est en construction à quelques miles des côtes américaines. Les missiles sont tout droit dirigés vers les Etats-Unis. On parle alors de la crise de Cuba. Aussi appelée "crise des missiles", elle a duré du 16 au 28 octobre 1962. Sans le sang froid des dirigeants des deux Grands, le monde aurait pu basculer dans une Troisième guerre mondiale. Pourtant, dès les années 1950, les dirigeants soviétiques et américains étaient conscients qu'un conflit nucléaire déboucherait nécessairement sur une destruction mutuelle assurée.

Pendant plus d'une semaine, le risque d'un conflit ouvert a cependant été réel. L'issue de cette crise a dépendu de la personnalité des différents protagonistes soviétiques, cubains et américains. Parmi eux, le Secrétaire d'Etat à la défense de John F. Kennedy, Robert MacNamara, a joué un rôle central. En refusant de mettre en oeuvre le principe des "représailles massives" élaboré par le Secrétaire d'Etat John Foster Dulles pendant le mandat du président D. Eisenhower, MacNamara a évité le pire. Pour lui, le recours à l'arme nucléaire ne devait s'imposer qu'en dernier recours.

Par conséquent, la riposte graduée signifie qu'il faut disposer de moyens pour mener des représailles douloureuses pour l'ennemi contre n'importe quelle attaque. Elle conditionne la nature des armes qui seront employées pour riposter ainsi que les cibles visées aux armes utilisées par l'agresseur et ses propres cibles - sans qu'il y ait nécessairement équivalence entre les armes -, et implique un recours progressif et adapté aux armes nucléaires.

Les Alliés européens des Etats-Unis ont commencé à douter de l'engagement nucléaire américain en Europe, en vinrent à penser, à la faveur des évolutions techniques des années 50, qu'il fallait inscrire le recours aux armes nucléaires dans un processus d'escalade progressive, graduée, permettant de marquer sa détermination sans monter immédiatement aux extrêmes. Cette approche, que l'on pourrait qualifier d'opérationnelle, de la dissuasion fut traduite dans les faits par l'abandon au sein de l'OTAN de la doctrine des représailles massives au profit de celle dite de la riposte graduée en 1967. 56(*)

Par cette théorie, les Etats-Unis sont parvenus à la conclusion que dans la mesure du possible, la stratégie militaire de base devant être employée dans le cas d'une éventuelle guerre nucléaire globale, devrait être conçue sur le modèle des options militaires plus conventionnelle considérées dans le passé. Ce qui veut dire que le principal objectif militaire en cas de guerre nucléaire résultant d'une attaque de grande envergure contre l'Alliance devrait être la destruction des forces armées de l'ennemi, et non de sa population civile. Les Etats-Unis ont ainsi abandonné la doctrine du MAD et adoptée la stratégie contre forces. 57(*) C'est-à-dire, une stratégie fondée sur les nouvelles technologies, notamment « la révolution de la précision, qui permettra de réelles frappes contre force en minimisant les dommages collatéraux, et la révolution électronique qui permettra le guidage terminal des armes, la maitrise absolue en temps réel de l'ensemble des opérations sur le champ de bataille, donc la possibilité de contrôler l'escalade ». 58(*) .

3. La doctrine Sokolovski59(*)

Prônée en 1960 par Khroutchev et Malinovsky, respectivement premier secrétaire du comité central du Parti Communiste de l'Union Soviétique et ministre de la défense de l'URSS, la doctrine Sokolovski se résume ainsi : « s'il y a conflit avec l'Occident, il ne peut être que nucléaire. Pour éviter une éventuelle frappe initiale de l'ennemi, la frappe préventive de la part des Soviétiques est envisagée afin de prendre le contrôle de la nucléarisation du conflit, qui conduirait, étant donné les dommages survenus, à une victoire de l'URSS. Il faut profiter de l'effet surprise pour frapper massivement l'adversaire, aussi bien sur des cibles situées à l'arrière que sur les forces armées ennemies du théâtre d'opérations. Ensuite, les frappes nucléaires massives seront combinées aux frappes conventionnelles pour vaincre l'adversaire et pouvoir atteindre le but politique recherché. Le potentiel de destruction nucléaire, qui doit être utilisé au début de l'engagement « c'est alors que ses effets sont les plus importants n'exclut donc pas la possibilité d'un conflit prolongé auquel l'Union soviétique doit aussi se préparer. » 60(*)

4. La doctrine de dissuasion « du faible au fort »

Théorisée notamment par le Général Gallois, la doctrine de dissuasion du faible au fort repose sur l'idée que le fait de pouvoir infliger à un adversaire même beaucoup plus puissant des dommages largement supérieurs à l'avantage qu'il retirerait d'une invasion ou d'une atteinte aux intérêts vitaux est à même de le dissuader. Il s'agit donc d'infliger à l'ennemi des destructions épouvantables « visant les grandes agglomérations d'une nation adverse, où se concentre la plus grande part de la puissance démographique et économique » 61(*) . On applique ici la stratégie anti-cité. L'enjeu de cette théorie était « d'infliger à l'URSS une réduction notable, c'est-à-dire au moins 50%, de sa fonction économique » 62(*) De Gaulle traduit en termes très concrets cette théorie en disant « Dans dix ans, nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes, même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français, à supposer qu'il y eût 800 millions de Français ».

Cette théorie française de dissuasion « du faible au fort » peut présenter aujourd'hui un intérêt pour des Etats proliférants désireux de protéger leur propre territoire national, comme à l'époque pour la France, qui a dû se procurer de l'arme nucléaire pour protéger ses intérêts vitaux afin prévenir les menaces de l'URSS.

Section III. La non-prolifération nucléaire

Dans cette section nous allons étudier le régime de la non-prolifération nucléaire qui comprend le Traité de non-prolifération, le système de garantie par l'Agence Internationale de l'Energie Atomique ainsi que le Mécanisme de contrôle des exportations par le club de Londres.

3.1. Le Traité de Non-prolifération

Nous définirons le Traité de Non-prolifération nucléaire (TNP en sigle), nous expliquerons son origine, son évolution, et enfin donneront ses points forts et ses points faibles.

1. Définition du Traité de non-prolifération nucléaire

Le Traité de non-prolifération nucléaire est un traité international conclu le 1er juillet 1968, qui a comme finalité de « réduire le risque de la propagation de l'arme nucléaire à travers le monde » 63(*) , comme stipulée par les articles premier et deux du texte original en français cité ci-dessous :

« Article 1er : Tout État doté d'armes nucléaires qui est Partie au Traité s'engage à ne transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement, des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ; et à n'aider, n'encourager ni inciter d'aucune façon un État non doté d'armes nucléaires, quel qu'il soit, à fabriquer ou acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs.

Article II : Tout État non doté d'armes nucléaires qui est Partie au Traité s'engage à n'accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d'armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs; à ne fabriquer ni acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs; et à ne rechercher ni recevoir une aide quelconque pour la fabrication d'armes nucléaires ou d'autres dispositifs nucléaires explosifs.

Les motivations de ce traité sont bien expliquées dans le préambule du texte original en français que nous citons ci-dessous :

« Considérant les dévastations qu'une guerre nucléaire ferait subir à l'humanité entière et la nécessité qui en résulte de ne ménager aucun effort pour écarter le risque d'une telle guerre et de prendre des mesures en vue de sauvegarder la sécurité des peuples,

Persuadés que la prolifération des armes nucléaires augmenterait considérablement le risque de guerre nucléaire,

En conformité avec les résolutions de l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies demandant la conclusion d'un accord sur la prévention d'une plus grande dissémination des armes nucléaires,

S'engageant à coopérer en vue de faciliter l'application des garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique aux activités nucléaires pacifiques,

Exprimant leur appui aux efforts de recherche, de mise au point et autres visant à favoriser l'application, dans le cadre du système de garanties de l'Agence internationale de l'énergie atomique, du principe d'une garantie efficace du flux de matières brutes et de produits fissiles spéciaux grâce à l'emploi d'instruments et autres moyens techniques en certains points stratégiques,

Affirmant le principe selon lequel les avantages des applications pacifiques de la technologie nucléaire, y compris tous sous-produits technologiques que les Etats dotés d'armes nucléaires pourraient obtenir par la mise au point de dispositifs nucléaires explosifs, devraient être accessibles, à des fins pacifiques, à toutes les Parties au Traité, qu'il s'agisse d'Etats dotés ou non dotés d'armes nucléaires,

Convaincus que application de ce principe, toutes les Parties au Traité ont le droit de participer à un échange aussi large que possible de renseignements scientifiques en vue du développement plus poussé des utilisations de l'énergie atomique à des fins pacifiques, et de contribuer à ce développement à titre individuel ou en coopération avec d'autres Etats,

Déclarant leur intention de parvenir au plus tôt à la cessation de la course aux armements nucléaires et de prendre des mesures efficaces dans la voie du désarmement nucléaire. »

Il est important ici de préciser certains concepts : Etats nucléaires et Etats non nucléaires, et Prolifération et Non-prolifération.

L'expression Etats nucléaires se rapporte aux Etats dotés d'armes nucléaires avant la signature du TNP, c'est-à-dire les Etats-Unis, l'U.R.S.S., la Grande Bretagne, la France, la Chine et l'expression Etats non nucléaires, à tous les autres Etats Parties au TNP.

Le terme prolifération dans son acception grammaticale, couvre la multiplication des armes nucléaires, c'est-à-dire l'augmentation du nombre des armes nucléaires indifféremment du nombre des pays qui les possèdent. On a tenté de distinguer entre prolifération verticale accroissement quantitatif et qualitatif des armes possédées par les Etats nucléaires et prolifération horizontale augmentation du nombre des pays possédant des armes nucléaires. Non-prolifération signifie renonciation aux armes nucléaires par les Etats non nucléaires et engagement des Etats nucléaires de ne pas transférer des armes nucléaires aux Etats qui n'en possèdent pas. 64(*)

Qu'en est-il de l'origine et de l'évolution du TNP ? C'est l'objet du paragraphe suivant.

2. Origine du TNP

Le Traité de non-prolifération nucléaire a été signé le 1er juillet 1968 et est entré en vigueur le 5 mars 1970, après avoir été ratifié, comme le prévoit l'article 9, par les gouvernements signataires.

Avant d'en arriver à la signature en 1968, plusieurs étapes ont été franchies. C'est la date du 21 septembre 1961 qui marque les premiers pas des négociations, car à cette époque, les Etats-Unis et 1'U.R.S.S. annoncent à 1'O.N.U. qu'ils se sont mis d'accord sur une déclaration commune concernant les principes sur lesquels devront se fonder les négociations sur le désarmement. Le 13 décembre de la même année les deux pays décident de constituer un comité des 18 Etats sur le désarmement.

En décembre 1961, par sa résolution 1665 XVI, appelée aussi résolution irlandaise, l'Assemblée générale de l'O.N.U. souligne l'importance et l'intérêt de la non-prolifération. Elle revient sur le problème dans ses résolutions 1908 XVIII et 2149 XXI. Il convient d'insister particulièrement sur la résolution 2028 XX qui proclame que le futur traité devra :

a) Etre exempt d'échappatoires qui pourraient permettre à des puissances nucléaires ou non nucléaires de faire proliférer, directement ou indirectement des armes nucléaires sous quelque forme que ce soit;

b) Etablir un équilibre acceptable de responsabilités et d'obligations mutuelles entre puissances nucléaires et puissances non nucléaires;

c) Constituer un pas vers la réalisation du désarmement général et complet et, plus particulièrement, du désarmement nucléaire;

d) Contenir des dispositions acceptables et applicables pour assurer son efficacité;

e) ne pas porter atteinte au droit d'un groupe quelconque d'Etats à conclure des traités régionaux de façon à assurer l'absence totale d'armes nucléaires sur leurs territoires respectifs.

Notons aussi la résolution 2153 B XXI de l'Assemblée générale décidant la convocation en juillet 1968 d'une conférence des Etats non dotés d'armes nucléaires. Le but de cette conférence était d'amener les pays non nucléaires à définir une attitude commune et à engager ainsi un dialogue fructueux avec les puissances nucléaires.

3. Evolution du TNP

Ouvert à la signature en 1968, le TNP est entré en vigueur en 1970, pour une durée de 25 ans, le Traité a été prorogé en 1995 pour une durée indéterminée, associant ainsi dans une dynamique commune les Etats détenteurs et les Etats non détenteurs d'armes nucléaires. On peut dire qu'aujourd'hui le Traité a atteint « une quasi-universalité puisque seuls l'Inde, le Pakistan et Israël n'en sont pas encore signataires et la Corée du Nord au départ signataire, s'est retirée en 1993 » 65(*) . Selon Bruno Tertrais, « si sa légitimité est souvent mis en cause, sa renégociation, de l'avis de tous, serait impossible » 66(*) .

Bruno Tertrais ajoute que : « si le TNP constitue toujours le coeur du régime de non-prolifération, il a été complété par de nombreux instruments. La lutte contre la prolifération suppose aujourd'hui de prendre en compte la demande de sécurité d'Etats faisant face à des menaces militaires, mais elle se heurte à la volonté de statut des pays émergents qui voient dans le nucléaire un raccourci vers la puissance » 67(*) . C'est le cas de l'Inde, du Pakistan et d'Israël qui n'ont jamais signé le Traité.

S'agissant de l'Inde, dont les premiers développements dans l'énergie nucléaire remontent aux années 1950, avec le concours du Canada et des Etats-Unis, le facteur déterminant de son intérêt pour l'option nucléaire militaire paraît essentiellement lié à ses relations avec la Chine. Un conflit a opposé les deux pays, peu de temps avant que la Chine accède à l'arme nucléaire. Les différends frontaliers ne sont pas réglés. Enfin, la Chine est de longue date une alliée du Pakistan. Mais il faut également rappeler que l'Inde a toujours émis de fortes objections de principe au TNP, y voyant un instrument pénalisant pour ses aspirations au statut de grande puissance.

Le Pakistan s'est pour sa part lancé dans un programme nucléaire militaire dans les années 1970 en vue d'acquérir une capacité dissuasive contre de l'Inde. Il a certainement bénéficié du concours de la Chine, mais s'est également appuyé sur le savoir-faire acquis par ses propres experts, notamment le docteur Abdul Ader Khan, formé au sein de l'industrie nucléaire européenne. Le Pakistan a testé plusieurs engins nucléaires, lors d'expérimentations souterraines, les 28 et 30 mai 1998, quelques jours après les essais nucléaires indiens. Il a réalisé des armes nucléaires à fission à l'uranium enrichi, mais est également engagé dans la filière plutonium, avec la réalisation de deux nouveaux réacteurs à eau lourde, s'ajoutant au premier déjà en service, sur le site de Khushab.

A la différence de l'Inde et du Pakistan, Israël maintient sur ses capacités nucléaires une politique d'ambigüité qui est à la base même de sa stratégie de dissuasion. Ses dirigeants ont constamment réaffirmé leur position traditionnelle selon laquelle Israël ne serait pas le premier Etat à introduire l'arme nucléaire au Moyen-Orient. De même, Israël soutient l'idée d'une zone exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient. La défense de l'existence de l'Etat d'Israël, non reconnu par la plupart des autres pays de la région, constitue bien entendu la justification de cette politique. Israël considère que sa situation géographique et l'étroitesse de son territoire ne lui donnent pas une « profondeur stratégique » offrant des garanties suffisantes pour faire face en toutes circonstances à une attaque conventionnelle. 68(*)

Mise à part ces difficultés d'application universelle du TNP, son grand avantage est qu'il a réussi à artificiellement geler la situation nucléaire mondiale. 69(*)

Dans son article VII, le TNP autorise « un groupe quelconque d'États de conclure des traités régionaux de façon à assurer l'absence totale d'armes nucléaires sur leurs territoires respectifs. ». C'est ainsi que certaines régions, des Etats ont signé des accords. « Les zones exemptés d'armes nucléaires couvrent désormais une grande partie de la planète : l'Amérique latine et les Caraïbes traité de Tlatelolco, 1967 le pacifique sud Rarotonga, 1985 , l'Asie du Sud-est Bangkok,1995 , l'Afrique Pelindaba, 1996 et l'Asie centrale Semipalatinsk,2006 à ce traités s'ajoutent des arrangements particuliers, pour l'Allemagne 1990 la Mongolie 1992 l'Antarctique 1959 l'Espace 1967 et les fonds marins 1971 . Les différents accords renforcent par ailleurs la non-prolifération. Depuis 1991 le Coopérative Threat Reduction aide les pays de l'ex URSS à démanteler leurs armes et à sécuriser leurs arsenaux. Les essais nucléaires sont interdits depuis 1996. Le Global Threat Reduction Initiative 2004 vise à remplacer l'UHE des réacteurs de recherche par le UFE les exportations sont soumises aux règles du groupe des fournisseurs nucléaires 1992, 45 Etats l'initiative de sécurité contre la prolifération 2003 surveille les transferts de technologies et des matières. Enfin, les puissances nucléaires se sont engagées à ne pas employer la bombe contre les Etats non-nucléaires, et à leur porter assistance en cas d'agression. Du coté de l'ONU, le conseil de sécurité qualifie la prolifération de « menace pour la paix et la sécurité internationales » déclaration de 1992, résolution de 1887 de 2009, et la résolution 1540 de 2002 criminalise les activités illégales de transferts nucléaires. 70(*)

4. Atouts et faiblesses du TNP

· Atouts :

L'atout majeur du TNP est qu'il a réussi à « artificiellement geler la situation nucléaire mondiale en 1968 afin de tenter d'arrêter la prolifération». 71(*) Qu'aurait pu être le monde d'aujourd'hui, si le TNP n'avait pas été conclu ? Le monde aurait pu être totalement nucléarisé.

La sortie est aussi possible : « Chaque Partie, dans l'exercice de sa souveraineté nationale, aura le droit de se retirer du Traité si elle décide que des événements extraordinaires, en rapport avec l'objet du présent Traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays ». 72(*)

· Faiblesses :

Le traité de non-prolifération est peu contraignant, il est inclusif, mais instaure tout de même une différence de statut parmi les membres. Il crée deux catégories d'États, « Tout État doté d'armes nucléaires qui est partie au Traité » et « Tout État non doté d'armes nucléaires qui est partie au Traité ». 73(*)

3.2. L'Agence internationale de l'énergie atomique

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA en sigle) est une organisation internationale placée sous l'égide de l' ONU. Elle rend un rapport annuel à l' assemblée générale de l'ONU et à chaque fois que demandé par le Conseil de sécurité. Fondée en 1957 et basée à Vienne, elle cherche à promouvoir les usages pacifiques de l' énergie nucléaire et à limiter le développement de ses applications militaires.

1. Origine et évolution de l'AIEA

Le 8 décembre 1953, le président américain Eisenhower, propose dans le discours Atoms for Peace, prononcé devant l' Assemblée générale des Nations unies ONU , la création d'une agence internationale chargée de contrôler l'utilisation des matières nucléaires.

En 1955, une conférence internationale est organisée sur le thème des usages pacifiques de l'énergie atomique sous l'égide de l'ONU; elle donnera lieu à la publication de six volumes sur les utilisations pacifiques de l'énergie atomique, dont le 6e et dernier tome publié en 1958 est consacré aux usages de l'énergie atomique dans l'agriculture et l'alimentation.

Le statut de l'AIEA est approuvé le 23 octobre 1956 par 81 pays, il lui donne la responsabilité du contrôle de la bonne application de la sécurité et de la protection des personnes ainsi que du transfert des technologies nucléaires. L'agence entre officiellement en fonction le 29 juillet 1957.

De 1957 à 1962, alors que l'ONU promeut via l'AIEA les usages pacifiques du nucléaire, via notamment une seconde conférence sur ces usages pacifiques en 1958, les tensions entre les deux superpuissances, les États-Unis et l' URSS, rendent l'application du statut de l'AIEA impossible. Il faut attendre la crise des missiles cubains pour que les deux superpuissances commencent à vouloir contrôler leurs armements nucléaires.

En 1961, l'AIEA ouvre un laboratoire d'analyse à Seibersdorf, en Autriche.

En 1968, avec la ratification du Traité de non-prolifération des armes nucléaires TNP, l'AIEA devient le responsable de la surveillance de la bonne application du traité. Ce traité empêche les États signataires d'augmenter leur nombre d'armes nucléaires et pour ceux qui n'en ont pas de chercher à en avoir.

Suite aux chocs pétroliers dans les années 1970, et grâce au lobbying de l'AIEA, plusieurs pays envisagent d'utiliser massivement l'énergie nucléaire pour leurs besoins énergétique, l'AIEA voit donc accroître le nombre de ses contrôles.

L' accident nucléaire de Three Mile Island, en 1979, et principalement celui de Tchernobyl, en 1986, arrêtent de nombreux pays dans leur volonté d'utiliser l'énergie nucléaire. Suite à ces catastrophes, l'AIEA augmente ses efforts dans le domaine de la sûreté nucléaire sans remettre en question ses objectifs.

Suite à la découverte, en 1991, du programme nucléaire clandestin irakien, différents gouvernements décident d'augmenter les moyens et le rôle de l'AIEA dans le contrôle de l'armement nucléaire.

2. Fonctions et objectifs

Les statuts de l'AIEA fixent les objectifs et fonctions de l'Agence, son rôle est d'assurer un usage sûr et pacifique des technologies et des sciences liées au nucléaire.

L'AIEA exerce cette mission avec les fonctions suivantes :

1) Inspections des installations existantes pour s'assurer de leur usage pacifique ;

2) Informations et publications de standards pour la stabilité et la sûreté des installations nucléaires ;

3) Liens pour la recherche d'applications et utilisations pacifiques des activités nucléaires.

L'AIEA s'oppose à l'utilisation militaire de l'énergie nucléaire et soutient l'utilisation civile des centrales nucléaires. Son objectif est le développement de l'énergie nucléaire pour la production d'électricité dans tous les pays membres actuellement 139 pays.

3. Critique de l'AIEA

L'AEIA déclare favoriser le développement du nucléaire civil. Or, l'autorisation de l'utilisation civile des matières nucléaires peut faciliter dans certains pays à produire de matières pour des fins militaires. Rien ne garantit qu'un programme nucléaire civil ne cache pas un programme nucléaire militaire.

De plus, les inspections menées par l'agence rencontrent souvent de nombreux obstacles, ce qui lui interdit de vérifier parfaitement les activités de certains Etats. Dans nombre de ses campagnes d'investigations, l'AIEA est revenue sans réelles certitudes sur les programmes en cours et le fait qu'elle condamne un projet, comme elle le fit fin 2009 des travaux de l'Iran, ne l'interrompt pas nécessairement. Par ailleurs l'agence ne peut vérifier de pays non signataires du TNP. C'est le cas des pays tels que l' Inde, Israël et le Pakistan se sont ainsi invités parmi les puissances nucléaires. L'AIEA n'arrive pas non plus à effectuer ses vérifications dans les pays qui développe des programmes clandestinement et qui lui font volontairement obstacle.

Les antinucléaires accusent l'AIEA de minimiser les risques liés à l'utilisation de l'énergie nucléaire. Ainsi, dans l'un de ses rapports sur la catastrophe de Tchernobyl, 50 victimes ont été dénombrées puis des communiqués firent état d'au plus 4 000 puis 9 000 victimes à long terme, tous controversés.

3.3. Le régime de contrôle d'exportation de matière nucléaire

Depuis la négociation sur le traité de non-prolifération en 1968, les pays fournisseurs ont soutenu l'idée selon laquelle ils avaient pour responsabilité de faire en sorte que la coopération internationale ne contribue pas à la prolifération des armes nucléaires. Progressivement, cette prise de position s'est élargie à l'ensemble des transferts de technologies pouvant favoriser la production d'armes de destruction massive et celle de leurs vecteurs. Dans un souci d'efficacité, au reste quelque fois illusoire, les pays fournisseurs ont mis en place les instruments multilatéraux permettant de coordonner leur action. 74(*)

En effet, nombres de technologies ont une utilisation duale, c'est-à-dire militaire et civile, ce qui peut entraîner une volonté d'en limiter la dissémination. Depuis l'essai nucléaire indien de 1974, on assiste à la mise en place par les Etats fournisseurs de haute technologie d'un ensemble de processus collectif de maîtrise des exportations. Ces mécanismes d'actions collectives, connus sous l'appellation de régimes multilatéraux de contrôle, visent à contribuer à la non-prolifération des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. A ce jour, on peut en identifier cinq : le Comité Zangger, le Groupe des fournisseurs nucléaires ex-Club de Londres , le Groupe australien, le Missile Technology Control Regime ou Régime de Contrôle de la Technologie du Missile et l'Arrangement de Wassenaar. 75(*)

Peu après l'entrée en vigueur du TNP en 1970, des consultations multilatérales sur le contrôle des exportations nucléaires ont conduit à la mise en place de deux mécanismes distincts : le Comité Zangger du nom de son premier président en 1971, et l'organe qui est désormais connu sous le nom de Groupe des fournisseurs nucléaires ex-Club de Londres en 1975.

Le comité Zangger est, au sein de l'Agence Internationale de l'Energie Atomique AIEA , l'instance dans laquelle les principaux fournisseurs se réunissent pour s'entendre sur la manière d'appliquer le paragraphe 2 de l'article III du TNP.

Le Groupe des fournisseurs nucléaires d'abord connu sous le nom de Club de Londres a été créé à la suite de l'explosion indienne de 1974. Cet événement démontrait que la technologie nucléaire transférée à des fins pacifiques pouvait être détournée vers d'autres objectifs. Les principaux pays exportateurs de technologies nucléaires Canada, Etats-Unis, France, Japon, Allemagne fédérale, Royaume-Uni, URSS ont alors estimé qu'il fallait adapter les conditions d'approvisionnement de produits nucléaires de façon à mieux s'assurer que la coopération en ce domaine puisse être poursuivie sans contribuer à la prolifération. 76(*)

Section IV. Droit international et licéité de la menace ou emploi d'armes nucléaires

La question soulevée sous cette section est celle-ci : est-il permis en droit international de recourir à la menace ou à l'emploi d'armes nucléaires en toute circonstance ?

Cette question était soulevée aux Nations unies après une intense campagne d'opinion menée par des ONG réunies dans le World Court Project qui avaient rassemblé dans les années 1990-1995, 3,6 millions de signatures dans le monde entier sous forme de « Déclarations publiques de conscience ». Déjà en 1987, des juristes spécialistes de la question avaient estimé que l'usage des armes nucléaires était illégal. Dans la foulée, en mai 1993, l'Organisation mondiale de la santé interpellait aussi la Cour internationale de Justice CIJ en lui demandant si, du point de vue de la santé et de l'environnement, l'usage des armes nucléaires n'était pas en contradiction avec le droit international humanitaire.

En effet, dans son Avis du 8 juillet 1996, la Cour a estimé que « la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait généralement contraire aux règles du droit international applicable dans les conflits armés ». Mais elle n'a pas su «conclure de façon définitive que la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance extrême de légitime défense dans laquelle la survie même d'un Etat serait en cause ».77(*) D'une part, l'Avis de la Cour confirme que l'emploi d'armes nucléaires est contraire aux règles du droit international et d'autre part elle admet qu'un Etat en légitime défense pourrait recourir à l'arme nucléaire pour protéger ses intérêts vitaux. En dépit de cette faiblesse ou contradiction, l'Avis consultatif de la CIJ du 8 juillet 1996 est considérée comme « une victoire pour la règle de droit dans les relations internationales »78(*) Même si les avis de la CIJ n'ont pas force contraignante, ils jouissent cependant d'une grande autorité. 79(*) Sa réponse juridique est donnée à l'une des questions politiques et juridiques les plus brûlantes de notre époque, à savoir : l'emploi d'armes nucléaires est-il licite ? Et cette réponse, pour l'essentiel, est non. Il est intéressant de noter que la CIJ commence son argumentation en mentionnant le fait que ni le droit international conventionnel ni le droit international coutumier ne contiennent de règle qui autorise l'emploi d'armes nucléaires.

La CIJ s'inspire du droit de la personne humaine à la vie, conformément à l'article 6, alinéa 1, du Pacte international des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques, la Cour a évoqué « que les droits de l'homme s'appliquent également en temps de guerre, et qu'en outre, en vertu de l'article 4 du Pacte, il ne peut, en aucun cas, être dérogé au droit à la vie Le Comité des droits de l'homme chargé d'étudier l'application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques avait déjà qualifié la fabrication, la mise à l'essai et la possession d'armes nucléaires comme l'une des plus grandes menaces pour le droit à la vie. Il avait demandé de les interdire, tout comme leur emploi, et de les considérer comme un crime contre l'humanité ». 80(*)

Il y a donc une relation entre la problématique des armes nucléaires - dans le sens de leur proscription générale, mais aussi de l'interdiction concrète de les employer - et le droit de la personne humaine à la vie. « L'emploi d'armes nucléaires porte atteinte à la fois au droit à la vie et au droit international humanitaire. Comme dans d'autres contextes, le droit international humanitaire et les droits de l'homme se recoupent. ». 81(*)

Ensuite il y a cette relation entre l'emploi d'armes nucléaires et la protection de l'environnement. La CIJ explique que si le droit international existant relatif à la protection de l'environnement ne contient pas d'interdiction spécifique d'employer des armes nucléaires, « d'importantes considérations d'ordre écologique » doivent être prises en compte dans la mise en oeuvre du droit international humanitaire. En effet, les dommages étendus, durables et graves causés à l'environnement par l'emploi d'armes nucléaires représentent un argument de poids en faveur de l'illicéité de cet emploi. Selon l'Avis de la CIJ « ces armes ont le pouvoir de détruire toute civilisation, ainsi que l'écosystème tout entier de la planète ».

Même en cas de légitime défense, la CIJ fait remarquer que même si l'article 51 de la Charte des Nations Unies relatif au droit de légitime défense, individuelle ou collective, ne mentionne pas d'armes particulières elle émet des doutes quant à l'emploi d'armes nucléaires, compte tenu de la « nature même de ces armes » déjà mentionnée ci-dessus et du risque qui en découle.

Section V. Théories géopolitiques de « heartland » et de « rimland »

La notion de heartland était théorisée par le géographe britannique Helford Mackinder et celle de rimland par le politologue américain Nicholas John Spykman.

Mackinder est considéré comme le fondateur de la géopolitique classique, et à l'origine d'une théorie celle du « pivot du monde ». Pour lui, celui qui contrôle la masse continentale autour du pivot géographique du monde, domine le monde. Ceci dans un contexte terre-mer. Il part du principe selon lequel il n'existe sur la planète, outre la surface immergée 71% de la surface du globe qu'il baptise «océan mondial» qu'une principale masse terrestre unie Asie-Europe-Afrique qu'il nomme ile mondiale ; cette masse a un centre, un coeur appelé le « heartland », ceci est entouré d'obstacles naturels appelés croissant intérieur, tels que le relief d'Himalaya. 82(*)

Le pivot géographique du monde ou heartland désigne la partie intérieure et nord de l'Eurasie allant de la Baltique à la Sibérie et de l'Arctique à l'Asie centrale. 83(*) Il est le coeur des puissances terrestres, profitant de ces étendues désertiques pour circuler. Pour Mackinder « celui qui tient le heartland commande l'île mondiale ; celui qui tient cette île commande au reste du monde » 84(*)

Nicolas John Spykman, géopolitologue britannique, développe quant à lui la théorie du rimland. Contrairement à Mackinder, le pivot géographique ne correspond pas au heartland, mais aux coastlands terres littorales, anneaux de terre. Pour lui, rimland désigne les zones côtières de l'Eurasie. Il comprend : l'Europe côtière, les déserts d'Arabie et du Moyen-Orient et l'Asie des moussons. Le rimland est la région où s'entrechoquent les conflits entre puissances terrestres et puissances maritimes. Sa situation côtière est à la fois un avantage pour les communications et une faiblesse majeure face aux invasions. 85(*)

Spykman reformule la théorie de Mackinder en affirmant que « qui tient le rimland, tien l'Eurasie, qui domine l'Eurasie contrôle le destin du monde ». Pour lui tout se joue donc à la périphérie l'Europe occidental, le bassin méditerranéen, le Moyen orient et l'Asie ; un espace gigantesque qui se trouve entre le coeur et les mers riveraines réunies par Mackinder sous l'appellation de l'Océan mondial où se trouvent les principales zones de passage et aussi d'échanges économiques mondiales. Si l'on contrôle ces zones tampons on peut alors soit contenir les velléités des puissances du heartland et créer un équilibre de force dans le monde, soit enfermer le heartland et dominer le monde. 86(*)

Ces théories nous permettent d'expliquer l'intérêt stratégique de la péninsule coréenne. Selon Alexis Baconnet, péninsule coréenne appartient au rimland 87(*) . Elle est un de ses territoires ouverts aux invasions et également convoitée en tant que lieu de passage du continent à l'océan et de l'océan au continent. La péninsule Coréenne constitue un pont entre deux mondes. Elle permet l'accès à l'Asie pacifique et au Japon, puissance maritime régionale, mais aussi l'accès de ce dernier au continent asiatique. Elle représente également un verrou à l'expansion russe dans le pacifique. La Russie ayant toujours été préoccupée par le contrôle de cet espace en raison de la possibilité d'y installer des ports en eaux libres. La Corée est donc un espace tampon, car « elle occupe une position triangulaire entre Chine-Russie-Japon. De son contrôle dépend l'hégémonie sur le nord-est asiatique ». 88(*)

CHAPITRE 2 : STRATEGIE DE DEFENSE ET CAPACITE NUCLEAIRE ET BALISTIQUE DE LA COREE DU NORD

Sous ce titre nous développerons 3 sections. La première section présente la Corée du Nord, sur le plan géographique, administratif, politique et économique. La deuxième section, montre la capacité balistique et nucléaire de la Corée du Nord. Et la troisième section parle de la stratégie de défense de la Corée.

Section I. Présentation de la Corée du Nord

1.1. Organisation administrative, politique et économique

La Corée du Nord est appelée officiellement République populaire démocratique de Corée. C'est un pays d'Asie orientale, situé au Nord de la péninsule de Corée, bordé au Nord par la Chine, au Nord-Est par la Russie, à l'Est par la mer du Japon, au Sud par la Corée du Sud et à l'ouest par la mer Jaune. La superficie du pays est de 120 538 km². 89(*)

La capitale et ville principale de la Corée du Nord est Pyongyang. Principale métropole industrielle du pays, Pyongyang compte 1,5 million d'habitants 1990. Les autres grandes villes principales sont Tchongjin 265 000 habitants, centre industriel et port au nord-est du pays ; Wonsan 215 000 habitants, port de la mer du Japon au sud du pays, et Kaesung 140 000 habitants, à proximité de la frontière sud-coréenne.

Le climat est de type tempéré continental, caractérisé par une amplitude annuelle de 35 °C à Pyongyang la température moyenne au mois de janvier est de - 8 °C et celle du mois de juillet est de 27°C et des étés chauds et humides. Les précipitations annuelles atteignent 916 mm à Pyongyang et 1 400 mm à Wonsan, sur la côte est. En 1967, 1995, 2006 et 2007 le pays a été soumis à de très fortes inondations qui ont entraîné de lourdes pertes humaines et matérielles. Le climat est caractérisé par un hiver long, froid et un été humide. Les deux tiers des précipitations annuelles interviennent durant l'été, de juin à septembre. À l'automne, les typhons ne sont pas rares.

Sur le plan administratif, la Corée du Nord comprend neuf provinces: Hamgyong-Nord, Hamgyong-Sud, Yanggang, Chagang, Pyongyang-Nord, Pyongyang-Sud, Kangwon, Hwanghae-Nord, Hwanghae-Sud et trois villes au statut particulier : Pyongyang, Kaesung et Nampho.90(*)

Sur le plan politique, la Corée du Nord est un Etat communiste centralisé. Le Parti du Travail de Corée parti unique et l'armée constituent les deux piliers du régime.

Selon l'article premier de la Constitution de 1972 de la Corée du Nord, révisée en avril 1992 et en septembre 1998, "la République Populaire Démocratique de Corée est un État socialiste souverain qui représente les intérêts de tout le peuple coréen". L'article 3 précise que "la République Populaire Démocratique de Corée prend pour guide de ses activités les idées du Juche, conception du monde axée sur l'homme et idéologie révolutionnaire en faveur de l'émancipation des masses populaires". Le Juche ou « autonomie », vise à rendre le pays «maître de son destin» par la promotion de l'indépendance nationale. L'idéologie du Juche s'est traduite par une fermeture quasi-totale du pays aux influences extérieures. Elle a été complétée, en 1995, par le mot d'ordre de « priorité à l'armée » ou Songun. L' Assemblée populaire suprême, dont les 687 députés sont élus pour cinq ans, exerce le pouvoir législatif. Le Présidium de l'Assemblée populaire suprême exerce le pouvoir législatif quand l'Assemblée ne siège pas. Le président du Présidium de l'Assemblée populaire suprême représente l' État; il reçoit les lettres de créance et les lettres de rappel des ambassadeurs étrangers.91(*)

Le pouvoir exécutif est exercé par le cabinet des ministres, responsable devant l'Assemblée populaire suprême. Le Premier ministre représente le gouvernement.

Le Comité de la défense nationale dirige les affaires militaires, mais il a aussi la haute main, depuis 1998, sur les affaires économiques et politiques. Le poste de président de ce Comité est défini par la constitution de 1998 comme le poste administratif le plus élevé du pays, soit l'équivalent de chef de l'État. Le Comité a été présidé de 1993 à 2011 par Kim Jong-Il. À la mort de ce dernier, son fils Kim Jong-Un a pris sa succession.

Les pouvoirs locaux sont exercés par les assemblées populaires locales et, quand elles ne siègent pas, par les comités populaires locaux. Les représentants des assemblées populaires locales sont élus pour quatre ans à chacun des trois niveaux administratifs : les provinces, les villes et les arrondissements.

Sur le plan économique, l' économie de la Corée du Nord s'est basée sur un choix de développement autocentré, de type « socialiste soviétique », recherchant l'autosuffisance. Les échanges avec l'extérieur de biens ou de personnes ont longtemps été strictement limités, en application du principe national de Juche, que l'on peut traduire ici par le terme d'« autosuffisance ».

Lors de la partition de la péninsule coréenne, la plupart des ressources minières et des sites industriels étaient localisés au Nord. En revanche, le Sud disposait de meilleures terres agricoles que le Nord montagneux.

Le taux de croissance annuelle de l'industrie s'est élevé à 25 % dans les dix années qui suivirent la guerre de Corée, puis à 14 % de 1965 à 1978. La Corée du Nord a ainsi connu dans les années 1950 un grand bond en avant, se modernisant et s'industrialisant rapidement, aidée par les pays dits communistes, principalement l' URSS, la Chine, la République Démocratique d'Allemagne et la Bulgarie. Dès les années 1960, son industrie lourde atteignait le quatrième rang en Asie en 1970, derrière le Japon, la Chine et l'Inde. Ce bond en avant avait permis de moderniser l'agriculture, et de suivre la Corée du Sud sur les chemins du développement jusqu'au milieu des années 1970.

À partir de 1970, cependant, la situation s'inverse et, comme dans les autres économies « socialistes », la croissance économique s'est fortement ralentie avant de devenir nettement négative après 1990. Dès 1991, la production agricole est devenue insuffisante tandis que l'aide des pays frères se tarissait. En juin 1995, le gouvernement nord-coréen a même fait appel au Programme alimentaire mondial pour résoudre une sévère pénurie alimentaire.

Redevenue positive en 1999, la croissance économique annuelle est comprise entre 1 % et 4 % depuis 2000. Depuis 2002, le gouvernement de Corée du Nord encourage les marchés.

L'autosuffisance économique est le modèle à suivre, mais l'isole du monde extérieur. Or, la Corée du nord, en dehors des ressources minérales, dispose de peu d'atouts. Son relief montagneux et son climat continental aux hivers particulièrement rudes limitent ses possibilités en matière agricole. C'est seulement au sud-ouest, dans les plaines fertiles de Chaeryong et de Pyongyang, que la Corée du Nord peut développer des rizières. Elle détient en revanche des richesses telles que du zinc, du minerai de fer, du charbon, du plomb, de l'étain, et elle est aujourd'hui le 9 producteur mondial d'argent. Suivant l'exemple moscovite, Pyongyang développe à outrance son secteur industriel et minier, au détriment des autres secteurs économiques, engendrant à la longue de sérieux problèmes écologiques liés à la pollution générée par l'industriel lourde et à l'utilisation d'engrais chimiques et creusant son retard économique et technologique. 92(*)

Le fait de ne pas s'insérer dans l'économie mondial et de ne dépendre essentiellement que de ses échanges avec les autres pays communistes a des conséquences dramatiques au fil des années : la pénurie de capitaux étrangères ne lui permet pas de se développer suffisamment, et lorsque l'URSS disparaît en 1991, la situation s'aggrave. Ce sont les pénuries alimentaires qui frappent le plus durement la population. 93(*)

1.2. Historique de la Corée du Nord

1. Origine de la Corée.

La péninsule coréenne aurait été habitée dès le paléolithique et aurait accueilli une immigration venue de Mandchourie et de la Chine du Nord entre le VIIe et le VIe siècle avant notre ère. Selon la légende coréenne, le plus ancien État fut le Choson le «Matin calme», qui couvrait le nord-ouest de la Corée et le sud de la Mandchourie; il fut conquis par la Chine en 108-107 avant notre ère. Les royaumes de Paekche dans le sud-ouest de la péninsule, fondée en 18 avant J.C., et de Silla dans le sud-est, fondée en 57 avant notre ère, émergèrent aux IIIe et IVe siècles, alors que l'influence chinoise s'était affaiblie. Sur la côte sud, un troisième État, appelé Kaya, rivalisait avec les autres, mais ce fut le Koguryo qui, au Ve siècle, devint le plus puissant. Le Koguryo réussit à contrôler la plus grande partie de la péninsule coréenne et de la Mandchourie.

Au cours du IXe siècle, la monarchie et les institutions gouvernementales du Silla déclinèrent, alors que les dirigeants régionaux devenaient plus puissants. De 890 à 935, les trois anciens royaumes émergèrent à nouveau dans la péninsule. Cette fois, l'État du Nord, appelé Koryo, parvint à refaire l'unité dans la péninsule en 918.

2. L'occupation japonaise jusqu'à la deuxième guerre mondiale

En 1592, le royaume fut envahi pour la première fois par les Japonais, qui voulaient utiliser le pays comme base de transit pour conquérir la Chine. Cette tentative ne dura pas longtemps.

L'occupation japonaise reprit avec le «traité de protection» de 1905, imposé au pays après la guerre russo-japonaise, par lequel le Japon prenait le contrôle des Affaires étrangères de Choson, puis de la police et de l'armée, de la monnaie et du système bancaire, des communications ainsi que de tous les secteurs vitaux. L'assassinat de la reine coréenne pro-russe mit fin à la dynastie Choson en 1910 et, le 29 août de la même année, la Corée fut annexée par le Japon, malgré l'hostilité des Coréens. Cette occupation allait durer trente-cinq ans, soit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Figure 1. La Corée du Nord

 

Source : http://masmoulin.blog.lemonde.fr

3. La partition de la péninsule Corée

La frontière inter-coréenne est une construction imposée en 1945 par les États-Unis et l'Union soviétique, pour une occupation conjointe de la péninsule94(*) , après la défaite japonaise. En effet, c'est à la conférence de Yalta, peu de temps avant la fin de la guerre dans le Pacifique, que les États-Unis et l'URSS s'entendirent pour diviser la Corée au niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au désarmement des troupes japonaises.

Les Américains voyant d'un mauvais oeil l'entrée de l'URSS dans le conflit contre le Japon, craignaient une mainmise soviétique sur l'ensemble de la péninsule coréenne et toute l'Asie orientale. Ils craignaient surtout d'être cantonnés sur les îles d'Iwo Jima et d'Okinawa où les japonais parviennent à opposer une solide résistance. En effet, les Soviétiques ayant une assise continentale à leur offensive, ils traverseraient la Mandchourie et la Corée avant d'entrer au Japon par le nord. La crainte américaine était que les Soviétiques parviennent à asseoir leur pouvoir sur la moitié du Japon, réitérant la partition effectuée en Allemagne. Les Soviétiques ne semblant pas voir l'intérêt américain ou ne pouvant pas accélérer la manoeuvre de leur engagement militaire, les Etats-Unis parviennent à intervenir à leur avantage. 95(*)

En effet, le 6 août 1945 les Etats-Unis recourent au feu nucléaire contre le Japon Hiroshima. Ils y voient la possibilité de terminer la guerre de manière anticipée économisant argent, matériel et hommes, mais surtout de devancer l'URSS dans son implantation en Asie. Cependant le Japon continue le combat. Les Soviétiques n'attendent pas plus que nécessaire, ils déclarent la guerre au Japon le 8 août 1945 et envahissent la Mandchourie. Face à l'avancée soviétique et au maintient Japonais, les Etats-Unis lancent une seconde bombe atomique sur le Japon le 9 août 1945 Nagasaki. Le Japon capitule le 14 août et passe sous contrôle américain. 96(*)

C'est alors que Washington proposa que les Soviétiques occupent le pays depuis le nord jusqu'au 38ème parallèle et que les États-Unis occupent le reste. Ainsi les deux super-puissances avaient décidé de se partager la péninsule coréenne afin d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement stratégique pour leurs intérêts.

Par la suite, les deux grandes puissances utilisèrent leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une guérilla antijaponaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un mouvement de gauche très développé, opposé à plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman, un nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu en exil aux États-Unis. 97(*)

Tous les Coréens furent favorables à la réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les conférences américano-soviétiques pour l'unification 1946 et 1947 suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements distincts. Des élections organisées par les États-Unis le 10 mai 1948 observées par les Nations unies aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman qui fut élu président et à la création de la République de Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la République populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre 1948. Kim il Sung devint premier ministre du nouveau gouvernement. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux États.

4. La guerre de Corée

La Corée du Nord ne reconnut la Corée du Sud que comme une «province perdue» qu'elle tenta de réunifier par la force.

Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38ème parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de Coréens perdirent la vie au cours du conflit, contraignant les États-Unis à réagir. Ceux-ci sollicitent l'intervention des Nations unies dans le cadre de la résolution Acheson. En effet, selon la Charte de l'ONU, le maintien de la paix repose exclusivement sur le Conseil de Sécurité comme en témoigne l'article 42 qui stipule que le Conseil peut entreprendre toute action qu'il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de la paix. Or, du fait du contexte particulier de la Guerre Froide, le Conseil de sécurité s'est trouvé confronté au problème du veto de ses membres permanents et son action en matière de maintien de la paix s'est trouvée paralysée. Pour pallier ce problème, la résolution 377 du 3 novembre 1950 de l'Assemblée Générale « Union pour le maintien de la paix » dite résolution Dean Acheson a mis en avant le rôle moteur de l'Assemblée Générale en cas de paralysie du Conseil de Sécurité. La saisine de l'Assemblée se fait soit par l'assemblée elle-même par un vote à la majorité de ses membres, soit à la demande du Conseil de Sécurité par un vote affirmatif de neuf quelconques de ses membres. La résolution opère un transfert à l'Assemblée d'une responsabilité dans le maintien de la paix98(*). Cette résolution a permis à l'Assemblée générale de contourner le veto de l'URSS au Conseil de sécurité. Car une crise opposait l'ONU à l'URSS qui, à l'époque, protestait contre l'attribution du siège permanent chinois à la République de Chine (Taiwan), et non à la République populaire de Chine (RPC). L'Assemblée générale saisie par les Etats Unies décida d'envoyer d'une force de maintien de la paix lors de la Guerre de Corée.

L'intervention militaire menée par le général Douglas MacArthur et le double débarquement de septembre 1950 à Pusan et Inch'on permettent de repousser l'armée nord-coréenne au-delà du 38ème parallèle. Mais la contre-offensive américaine, menée sous l'égide de l' ONU, se heurte à l'opposition militaire de la Chine en atteignant le Yalu, fleuve matérialisant la frontière entre la Corée du Nord et le régime de Pékin. La contre-attaque chinoise entraîne le repli de l'armée de coalition au-dessous du 38e parallèle.

La guerre de Corée peut donc être militairement décrite comme une guerre de mouvement ayant balayé, à plusieurs reprises, l'ensemble du territoire en 1950-1951, suivie d'une phase qui s'apparente à une guerre de position plus ou moins stabilisée le long de l'actuelle frontière, redessinée au gré des percées de l'un ou l'autre des belligérants. Elle a été une guerre civile avant de s'internationaliser. Non seulement le rôle des acteurs coréens eux-mêmes y est important mais l'intervention chinoise illustre la complexité des logiques de la guerre froide dans la région. 99(*)

Le 27 juillet 1953 les hostilités sont arrêtées par la signature d'un armistice entre la Chine, la Corée du Nord et les forces de l'ONU sous le commandement des Etats-Unis.

Celui-ci met fin officiellement à la guerre de Corée, bien que la Corée du Sud n'ait jamais signé cet armistice et que les deux parties sont ainsi toujours techniquement en guerre, aucun traité de paix n'ayant été par ailleurs ratifié.

Section II. La capacité balistique et nucléaire de la Corée du Nord

2.1. La capacité balistique

La Corée du Nord a depuis fort longtemps privilégié son secteur militaro-industriel, elle produit et exporte des missiles et, lorsque l'occident commence à s'inquiéter, elle dispose d'une armée d'un million d'hommes et d'un budget militaire de l'ordre de 25% de son PIB. 100(*)

En effet, la Corée du Nord « possède trois types de missiles : les Scud, les Nodong et les Taepo Dong. Avec les premiers, elle peut toucher la Corée du Sud. Avec le Nodong, elle peut atteindre toute ville japonaise et menacer les bases américaines établies au Japon. Avec les Taepo Dong, elle peut menacer l'ensemble du territoire japonais, jusqu'à Hawaii et la côte ouest des Etats-Unis. Avec la prochaine génération de Taepo Dong, la Corée du Nord pourra frapper l'ensemble du continent américain. Le plus surprenant est que, malgré la faillite de son économie, elle conserve cette capacité de fabriquer des missiles et de développer des armes de destruction massive ». 101(*) .

La Corée du Nord possède au moins 1.000 missiles de types très variés, dont certains ont une portée de plus de 3.000 km, selon le ministère de la Défense sud-coréen. Elle a également procédé à des tirs d'essai de trois missiles longue portée Taepo Dong.

La Corée du Nord a un large arsenal d'armes chimiques dont le volume est estimé entre 2.500 et 5.000 tonnes. Son utilisation contre le Sud pourrait faire de nombreuses victimes.

Le Nord dispose également d'un programme de développement d'armes bactériologiques, mais les analystes ignorent à quel stade il en est. Pyongyang aurait à sa disposition de l'anthrax, du gaz moutarde, du sarin, du phosgène et des agents provoquant le botulisme.

L'Armée populaire de Corée du Nord est forte d'environ 1,2 million de soldats, pour une population totale de quelque 24,5 millions de personnes.

L'artillerie nord-coréenne comprend environ 3.500 chars d'assaut, 560 chars légers, 2.500 véhicules de transport de troupes, 3.500 pièces d'artillerie remorquées, 4.400 canons automoteurs, 2.500 lance-roquettes multiples, 7.500 mortiers, un nombre indéterminé de missiles antichars, 1.700 lance-roquettes et 11.000 canons anti-aériens, selon des estimations du gouvernement américain et d'analystes.

La Corée du Nord aurait 92 sous-marins. Elle a également trois frégates, six corvettes, 43 navires lance-missile, 103 torpilleurs, plus de 492 patrouilleurs, 10 navires amphibies, deux batteries de défense côtière, 130 aéroglisseurs, 23 dragueurs de mines, huit navires de poche et quatre navires de recherches.

Pyongyang aurait 80 bombardiers, 541 avions de chasse, 316 avions de transport, 588 hélicoptères de transport, 24 hélicoptères d'attaque, au moins un drone et un nombre conséquent de missiles air-air et sol-air. 102(*)

2.2. La capacité nucléaire

On peut effectivement se poser une question de savoir si la Corée du Nord détient véritablement l'arme nucléaire ? Aujourd'hui, la réponse est oui. La Corée du Nord proclame en posséder. C'est en tout cas pour Pyongyang un argument de poids pour tenir tête à la première puissance mondiale, par le chantage désormais classique qu'est la dissuasion nucléaire. 103(*)

La première installation de recherche nucléaire en Corée du Nord remonte à 1965 avec la fourniture par l'Union soviétique d'un réacteur de recherche qui est installé à Yongbyon. La fourniture de la matière fissile est assurée par la Corée du Nord elle-même qui dispose de gisements d'uranium.

Au milieu des années 1970, un second réacteur est construit, la Corée du Nord n'acceptera en 1977 que l'inspection du premier réacteur par les inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique. Ce n'est qu'en 1980 que le programme clandestin d'obtention de l'arme nucléaire commence vraiment.

En 1985, la Corée du Nord signe le Traité de non-prolifération nucléaire et la même année les services de renseignement américains découvrent la construction d'un troisième réacteur.

En 1990 grâce à des photos satellites, les États-Unis font état d'une nouvelle installation. Sous la pression diplomatique, la Corée du Nord accepte de signer un accord avec l'AIEA permettant l'inspection des installations nucléaires. 6 inspections de l'AIEA sont donc autorisées entre mai 1992 et janvier 1993. Cependant, la CIA et le Pentagone accusent toujours en janvier 1993 la Corée du Nord d'engager un programme clandestin. Or, la preuve de cette clandestinité fut en réalité l'extraction traditionnelle et légale de barres de plutonium de leurs installations nucléaires. Suite à cela, deux installations ne peuvent être inspectées par l'AIEA. Ce fait déclenche une tentative de retrait du TNP par la Corée du Nord.

La Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire de faible puissance le lundi 9 octobre 2006 sur le site de Hwadaeri, près de Kilju, à 100 km de la frontière chinoise. Cet essai a été dénoncé par toute la communauté internationale, y compris par la Chine, principal soutien de la Corée du Nord. La résolution 1718 du Conseil de sécurité des Nations unies imposa des sanctions. La sanction prévoit un embargo sur les armes et matériels connexes, les matériels liés à la technologie nucléaire ou à celle des missiles, ainsi que sur les produits de luxe. Elles gèle les actifs détenus à l'étranger par les institutions ou personnes associées aux programmes d'armes de destruction massive et de missiles et elle interdit les voyages internationaux des personnes associées à ces mêmes programmes. Elle appelle tous les Etats membres, en conformité avec leur législation, à agir dans la coopération pour assurer le respect de ces embargos, y compris en procédant à l'inspection de toute cargaison à destination ou en provenance de Corée du Nord.

Selon les services de renseignement sud-coréens, la Corée du Nord disposerait de 40 kilogrammes de plutonium ce qui lui permettrait de réaliser sept bombes atomiques.

Un second essaie, plus puissant et sans ambigüité sur sa nature, eut lieu le 25 mai 2009, ainsi qu'un troisième le 12 février 2013. La communauté internationale est particulièrement inquiète, d'autant plus que la Corée du Nord développe un programme de missiles balistiques pouvant servir de vecteur à l'arme nucléaire, et que cette poursuite en avant de la part du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et de son successeur Kim Jong-un, malgré les menaces de sanctions de la communauté internationale ou les différentes tentatives d'apaisement sud-coréennes, ne semble pas suivre la raison. D'autres analystes voient dans cette fuite en avant une façon pour la Corée du Nord d'extorquer des garanties de sécurité, ainsi qu'une aide économique et matérielle. 104(*)

Figure n°2

Source : AFP, 2009

Section III. La Corée du Nord est-elle un Etat proliférant ?

Les armes nucléaires en Corée du Nord sont un sujet diplomatique particulièrement tendu avec la Communauté internationale. La Corée du Nord était partie prenante du TNP jusqu'au 10 janvier 2003 où elle se retire après avoir été accusée de mener un programme clandestin depuis au moins 1989. Après plusieurs cycles de négociations comprenant la Corée du Sud, le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine, la Corée du Nord a plus ou moins montré des signes d'apaisement dans sa volonté d'acquérir l'arme nucléaire.

Pyongyang signe l'accord de sauvegarde avec l'AIEA en janvier 1992. Mais, à la suite d'une série de désaccords, elle annonce, en juin 1994, ne plus vouloir coopérer avec l'AIEA. Un accord est cependant trouvé entre Pyongyang et Washington : l'accord-cadre ou Accord de Genève du 31 octobre 1994 repose sur le gel des activités nucléaires de Pyongyang et le retrait des barres de combustible usagé du réacteur de Yongbyon, en échange de la mise en place de la Korean peninsula Energy Development Organization , chargée de fournir à la Corée du Nord l'énergie nécessaire à ses besoins.

Le cadre agrée rappelle les responsabilités de la Corée du Nord et son obligation de se conformer aux dispositions du TNP, dont l'acceptation de vérifications par l'AIEA.

En octobre 2002, à la suite de la visite d'une délégation américaine en Corée du Nord, le régime de Pyongyang est accusé de mener un programme clandestin d'enrichissement d'uranium, en violation de l'accord-cadre de 1994. La Corée du Nord affirme, en retour, son droit à posséder des armes nucléaires, expulse les inspecteurs de l'AIEA décembre 2002 et annonce son retrait du TNP 10 janvier 2003.

En février 2003, Pyongyang annonce le redémarrage des installations nucléaires gelées en 1994, en l'absence de tout contrôle de l'AIEA.

Un processus de règlement diplomatique de la question nucléaire nord-coréenne est lancé en 2003, avec la médiation de la Chine et la participation, outre de la Corée du Sud et de la Corée du Nord, des Etats-Unis, de la Russie et du Japon « Pourparlers à Six ». Il aboutit à une Déclaration conjointe des six 19 septembre 2005.

La Corée du Nord s'engage à renoncer à ses armes nucléaires et à ses programmes nucléaires existants, et à rejoindre le Traité de non-prolifération nucléaire TNP, ainsi que le régime de garanties de l'AIEA. Ce texte comprend des assurances de sécurité américaines et des perspectives de coopération dans les domaines économique et énergétique. Le processus retombe ensuite dans l'impasse, la Corée du Nord ayant annoncé qu'elle conditionnait la reprise des discussions à l'abandon des sanctions financières américaines prises à l'encontre de sociétés nord-coréennes peu après la signature de cette déclaration conjointe.

Le 9 octobre 2006, la Corée du Nord procède à un premier essai nucléaire, condamné par la résolution 1718 du Conseil de sécurité, qui exige que la Corée du Nord démantèle ses programmes balistiques et d'armes de destruction massive. Cette résolution instaure un régime de sanctions. La Corée du Nord accepte alors à nouveau de dialoguer. Les Pourparlers à Six reprennent en décembre 2006, avant de déboucher sur un accord le 13 février 2007.

L'accord du 3 octobre 2007 précise les modalités d'application de l'accord du 13 février et exige la remise par les autorités nord-coréennes de la liste précise et complète de leurs installations et programmes nucléaires avant le 31 décembre 2007, en échange d'une aide énergétique accrue et d'une normalisation progressive avec les Etats-Unis. A partir de l'année 2008, le processus bute sur les modalités de vérification de la neutralisation des installations et programmes nucléaires nord-coréens.

Le 25 mai 2009, la Corée du Nord conduit un deuxième essai nucléaire, condamné par la résolution 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies. Fin mars 2010, l'agence officielle de presse nord-coréenne, l'agence KCNA, indique que la Corée du Nord va construire un réacteur nucléaire à eau légère, « dans un avenir proche ». Fin novembre 2010, le professeur américain Siegfried S. Hecker, de retour de Corée du Nord, rapporte qu'un nouveau complexe d'enrichissement d'uranium de grande envergure environ 2000 centrifugeuses lui a été dévoilé.

Depuis l'accession au pouvoir de Kim Jong-un en décembre 2011, la Corée du Nord multiplie les actes de provocation. Malgré l'annonce d'un moratoire sur ses activités nucléaires et balistiques en février 2012, Pyongyang a procédé, en violation de ses obligations internationales, à Deux tirs de fusée longue-portée, le dernier datant du 12 décembre 2012. Ces tirs attestent de la maîtrise par la Corée du Nord de capacités balistiques avancées, et accroissent le risque que font peser les réseaux de prolifération liens avec l'Iran sur la paix et la sécurité internationales ; un essai nucléaire le 12 février 2013, le troisième après ceux de 2006 et 2009, d'une capacité estimée entre 6 et 8 kilotonnes. Cet essai a été présenté par les autorités nord-coréennes comme une réaction à l'adoption le 22 janvier 2013 de la résolution 2087 qui répond au tir de décembre 2012 en renforçant le régime de sanctions. Il a été condamné par la résolution 2094, adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies à l'unanimité le 7 mars.

Section IV. La stratégie de défense de la Corée du Nord

Il y a deux stratégies suivies par La Corée du Nord.

D'abord l'armement massif conventionnel et le développement du nucléaire. La Corée du Nord justifie le fait de détenir l' arme nucléaire comme une arme de dissuasion contre des États-Unis ; en contrepartie de l'abandon de tout programme nucléaire militaire, elle demande le retrait des troupes américaines de Corée du Sud et des garanties de sécurité contre une éventuelle agression américaine. La Corée du Nord demande également le retrait des armes tactiques que détiendraient les États-Unis en Corée du Sud.

Ensuite, par la propagande anti américaine. En effet, cette dernière est présentée aujourd'hui comme une menace à ses voisins de la région et à l'ensemble de la communauté internationale, par des « déclarations belliqueuses de ses dirigeants, la violation des accords et la course à l'armement et à la nucléarisation ».105(*) En effet, les dirigeants nord-coréens ont toujours agité la menace d'un "désastre nucléaire" dans la péninsule coréenne si celle-ci devait connaître une nouvelle guerre et prévenir les Etats-Unis qu'ils n'en sortiraient pas sains et saufs en cas de conflit. Il s'agit d'une assurance vie pour un régime paranoïaque, passé maitre dans l'art de monnayer sa renonciation au nucléaire en échange de concessions économiques et politiques. 106(*)

CHAPITRE 3 : LA COREE DU NORD ET LA MENACE NUCLEAIRE CONTRE LES ETATS-UNIS, LA COREE DU SUD ET LE JAPON.

Ce troisième chapitre analyse la menace nord-coréenne contre les Etats-Unis et ses alliées de la région de l'Asie Est : il s'agit de la Corée du Sud, et le Japon.

Section I. La menace nord-coréenne contre les Etats-Unis

1.1. Présentation des Etats-Unis d'Amérique

Les Etats-Unis d'Amérique sont un Etat de l'Amérique du nord. C'est une république fédérale composée de cinquante États fédérés auxquels s'ajoutent le district de Columbia, comprenant la capitale Washington; et plusieurs territoires non incorporés. Quarante-huit sont adjacents et forment le Mainland Celui-ci est encadré par l' océan Atlantique à l'est et l' océan Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le Canada et au sud par le Mexique. Les deux États non limitrophes sont l' Alaska, situé à l'ouest du Canada, et Hawaï, un État insulaire situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le pays comprend quatorze territoires insulaires disséminés dans la mer des Caraïbes et le Pacifique. Les États-Unis sont le quatrième pays le plus vaste 9 631 417 km2 derrière la Russie, le Canada et la Chine 30. Avec 7 % des terres émergées de la planète, la taille du territoire américain est comparable à celle du continent européen.

La capitale fédérale, Washington, est située dans le District de Columbia, un district fédéral hors des cinquante États. La langue nationale est l' anglais et la monnaie le dollar américain. Le drapeau se compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles représentant les cinquante États fédérés de l'union. L' hymne national s'intitule The Star-Spangled Banner La bannière étoilée.

Avant d'être exploré et conquis par les Européens, le territoire américain a d'abord été occupé par les peuples amérindiens depuis la Préhistoire. Le 14 mai 1607, la colonie anglaise de Virginie est fondée, par la suite, douze autres colonies seront fondées le long de la côte Atlantique. Une série de conflits entre les colonies et la Grande-Bretagne mèneront à la guerre d'indépendance en 1775. Les treize colonies se fédérèrent le 4 juillet 1776 et formèrent les États-Unis d'Amérique, le premier État décolonisé du monde, reconnu par la Grande-Bretagne en 1783. L'histoire contemporaine des États-Unis a été marquée par la rivalité entre New-York et Philadelphie, puis par la conquête de l'ouest et la Guerre de Sécession.

Au début du XXe siècle, le pays est devenu une puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à l'extérieur de ses frontières. Il a participé à la Première Guerre mondiale et subit la Grande Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale aux côtés des Alliés, les États-Unis ont été confrontés à l' URSS pendant la Guerre froide.

En 2013, les États-Unis comptent environ 317 millions d'habitants et constituent le troisième pays le plus peuplé du monde après la Chine et l' Inde.

La superficie du pays est de 9,6 millions de kilomètres carrés, ce qui en fait le quatrième pays le plus vaste du monde après la Russie, le Canada et la Chine. La population américaine est marquée par une grande diversité ethnique et culturelle en raison d'une immigration ancienne et diversifiée.

L' économie nationale de type capitaliste est la plus importante au monde avec le PIB le plus élevé en 2012. Les secteurs qui reflètent la puissance américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les services.

Les États-Unis sont membres de l' Organisation du traité de l'Atlantique Nord, de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, de l' Accord de libre-échange nord-américain, de l' Organisation des États américains, de l' Organisation de coopération et de développement économiques, du G8.

Les États-Unis sont le premier pays à avoir développé des armes nucléaires et le seul à les avoir utilisées en temps de guerre lors des bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Pendant la Guerre froide, ils ont conduit plus de 1 000 essais nucléaires et ont développé beaucoup de vecteurs nucléaires à longue portée, tels des MBIC. En 2008, ils maintiennent un arsenal d'environ 5 500 armes de ce type 1 sous le contrôle du United States Strategic Command, ainsi que les infrastructures pour leur développement et leur fabrication, bien que plusieurs des installations datant de la Guerre froide ont été mises hors service et causent des problèmes de nature environnementale.107(*)

Les États-Unis exercent une influence économique et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et la ville de New York accueille le siège des Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à Washington, D.C. et plusieurs consuls à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une mission diplomatique américaine. En revanche, Cuba, l' Iran, la Corée du Nord, le Bhoutan, le Soudan du Nord, et la République de Chine Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec les États-Unis.

Les États-Unis bénéficient d'une relation spéciale avec le Royaume-Uni et des liens étroits avec l' Australie, la Nouvelle-Zélande dans le cadre de l' ANZUS , la Corée du Sud, le Japon, Israël, et les membres de l' OTAN. Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs voisins par l'intermédiaire de l' organisation des États américains et d' accords de libre-échange, telles que la coopération trilatérale accord de libre-échange nord-américain avec le Canada et le Mexique. En 2005, les États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en aide publique au développement, la plupart à travers le monde. Toutefois, comme part du revenu national brut, la contribution américaine représente 0,22 % et au vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non gouvernementales telles que des fondations privées, des sociétés, et de l'éducation et les institutions religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le monde et le septième en pourcentage du RNB .

Figure 2. Etats-Unis

1.2. La menace nord coréenne contre les Etats-Unis

Pour la Corée du Nord, les Etats-Unis d'Amérique sont la principale source de danger et occupe depuis sa fondation en 1948 une place centrale dans sa pensée stratégique. En effet, les forces armées américaines sont présentes en permanence en Corée du Sud depuis le début de la Guerre de Corée en 1950 et leur proximité rend leur impact sur Pyongyang d'autant plus important. Les calculs politiques du leadership politique nord-coréen se font ainsi en grande partie à travers le prisme de sa perception de la menace externe, principalement représentée par les États-Unis.

Il est donc impossible d'analyser la politique étrangère de Pyongyang sans examiner sa façon de percevoir les États-Unis et le rôle qu'elle voudrait jouer face à eux. La présence américaine en Asie et sur la péninsule est pour Pyongyang un facteur indépassable; sans l'inimitié historique entre les deux pays, nul ne doute que la Corée du Nord aurait emprunté une voie différente.

Outre la guerre de Corée, une panoplie d'incidents, de confrontations et de crises opposant les deux pays ont influencé le cours des affaires péninsulaires. Quant au programme d'armements nucléaires de Pyongyang, si les motivations initiales derrière celui-ci peuvent sembler nébuleuses, les États-Unis ont assurément eu un poids important dans la décision de se doter de l'arme nucléaire.

L'arrivée au pouvoir de George W. Bush en 2001 changea la donne des relations Washington -Pyongyang. Les néoconservateurs en poste dans le cabinet de Bush, de même que la majorité des Républicains au Congrès, ne croyaient pas que le gouvernement américain pouvait faire confiance à la Corée du Nord et considéraient comme futile toute négociation avec elle. Ainsi, durant sa première campagne électorale présidentielle, Bush avait dénoncé l'Accord-cadre signé par Washington et Pyongyang en 1994 et qui promettait une aide énergétique à la Corée du Nord en échange de la cessation de ses activités nucléaires. Prônant la ligne dure à l'égard de Pyongyang, les Républicains considéraient que la conclusion d'un accord avec le régime de Kim Jong-ll constituait une stratégie d'apaisement. 108(*)

L'arrivée de l'administration Bush à Washington signala l'apparition d'une « nouvel1e trinité» dans la politique étrangère américaine, composée d'une dose de fondamentalisme néoconservateur, d'une vision du monde manichéenne, et d'un hypernationalisme aveuglant. En effet, cette « trinité» dans la politique étrangère de Bush se manifesta dans une volonté d'adopter une ligne dure et intransigeante envers les « États voyous », notamment l'Irak et la Corée du Nord.

Le 29 janvier 2002, presque quatre mois après les attentats du 11 septembre, le président Bush prononça son discours annuel sur l'état de l'union où il déclara au sujet de l'Irak, de l'Iran et de la Corée du Nord, que « des États comme ceux-ci et leurs al1iés terroristes constituent un axe du mal, qui s'arment afin de menacer la paix mondiale. En cherchant à obtenir des armes de destruction massive, ces régimes posent une lourde menace et un danger grandissant».

La simple énonciation de ces paroles lourdes de sens et à forte charge idéologique eut des conséquences importantes. D'abord, l'inclusion de la Corée du Nord dans cet axe du mal constituait une stigmatisation douloureuse pour Pyongyang. De plus, l'utilisation du terme «mal» impliquait en soi l'obligation morale pour Washington d'agir pour le contrer. En effet, comment rester impassible face au « mal », avec toute l'immoralité et la dangerosité qui lui sont inhérentes? Enfin, l'adoption de la notion de l'axe du mal en référence à la Corée du Nord signifiait que les États-Unis avaient adopté une politique de refoulement à l'égard de Pyongyang, fermant ainsi la porte à la conciliation.109(*) Washington était résolue à ne plus négocier et dorénavant chercherait plutôt à empêcher Pyongyang par tous les moyens -jusqu'aux frappes militaires si nécessaire - de développer son arsenal nucléaire et de menacer la paix. Illustrant cette politique nettement plus agressive, l'administration Bush révéla dans son Nuclear Posture Review de 2001 que la Corée du Nord constituait une cible potentielle pour une attaque nucléaire. Ainsi, Washington était elle-même en train de sécuriser la menace nord-coréenne, la dépeignant comme un danger si grand que des frappes préventives pourraient être nécessaires.

Sans surprise, Pyongyang fit rapidement savoir son indignation et sa réaction officielle au discours du président américain fut sans appel. L'Agence de presse centrale de Corée déclara que le discours révélait: « l'intention imprudente des États-Unis de s'emparer de la Corée du Nord par la force des armes après l'avoir désignée comme deuxième cible de la 'guerre anti-terrorisme'. Son débordement n'est pas loin d'une déclaration de guerre contre la Corée du Nord, et pourrait encore une fois amener la situation militaire sur la péninsule coréenne au bord du conflit »

Ainsi la Corée du Sud considérait que ce discours marquait l'ambition agressive de renverser le régime, la faisant craindre en permanence une attaque nucléaire préventive.

Même quand la Corée du Sud se retire du TNP, elle argue « l'hypocrisie» de l'AIEA, qui selon Pyongyang se prétend impartiale mais demeure en fait un « serviteur et porte-parole pour les États-Unis».

1.3. La stratégie de défense des Etats-Unis d'Amérique en Asie Est

La politique de défense des Etats-Unis d'Amérique s'exprime en termes de capacités de frappe, de liberté de manoeuvre et de dissuasion des États potentiellement hostiles.

Depuis la fin de la Guerre froide, la notion de dissuasion nucléaire semble en perpétuelle évolution. La supériorité conventionnelle des forces soviétiques et la croissance des arsenaux nucléaires des deux superpuissances ont longtemps offert un cadre légitimant l'expression de la dissuasion - alors essentiellement conçue comme nucléaire - et justifiant la mise en oeuvre d'arsenaux volumineux et diversifiés. La disparition de la menace soviétique a permis une réduction massive du volume de ces derniers, réduction qui ne s'est pourtant accompagnée que d'une réévaluation partielle des concepts de dissuasion, de dissuasion nucléaire et de dissuasion élargie. Le conflit irakien comme les crises de proliférations nord-coréenne et iranienne, qui concrétisent l'émergence à court terme de petites puissances nucléaires, ont été l'occasion pour les États-Unis comme pour la France et le Royaume-Uni d'introduire ce type d'acteurs dans les paramètres de la dissuasion nucléaire et d'optimiser celle-ci en fonction des risques particuliers qu'ils représentent rationalité, asymétrie des enjeux, etc. 110(*)

Les Etats-Unis ont toujours considéré la Corée du Nord comme imprévisible et dangereux. Le Président Obama déclare en effet : « Nous partageons la profonde inquiétude que les missiles nucléaires et balistiques de la Corée du Nord et ses provocations à répétition posent des menaces graves à la paix et à la stabilité de la péninsule coréenne et de l'Asie du Nord-Est. »

À partir de 1958 dans le contexte de la guerre froide et des relations inter-Corées marqués par de multiples incidents et accrochages meurtriers, les États-Unis installent des armes dotées de têtes nucléaires en Corée du Sud et visant la Corée du Nord dont des missiles de croisière Matador, le stock ayant eu un maximum de 950 ogives.

En 1994 l'administration de Bill Clinton déclare que si la Corée du Nord fabrique des armes nucléaires, elle n'exclut pas une intervention militaire. Interviewé le 3 avril 1994 par NBC-TV, le secrétaire d'État à la défense William Perry dit qu'« Il est concevable que les actions - américaines - puissent aller jusqu'à provoquer les Nord-Coréens dans le déclenchement d'une guerre et c'est un risque que nous acceptons de prendre ». Son prédécesseur Les Aspin avance que : « Notre objectif est centré sur la nécessité d'étendre notre pouvoir dans des régions vitales pour nos intérêts et de vaincre des puissances régionales potentiellement hostiles telle que la Corée du Nord et l'Irak ». En mai 1994, le sénateur républicain John McCain quant à lui, influent dans les affaires étrangères, préconise un bombardement de la centrale de Yongban en admettant que « cela pourrait libérer des radiations nucléaires ».

Section II. La menace nord-coréenne contre la Corée du Sud

2.1. Présentation de la Corée de la Sud. 111(*)

La Corée du Sud, officiellement appelée république de Corée, est un pays d'Asie Extrême-Orient occupant la partie méridionale de la péninsule coréenne. La Corée du Sud proclamée indépendante le 15 août 1948. Elle est limitée au Nord par la Corée du Nord, à l'Est par la mer du Japon, au Sud et au Sud-est par le détroit de Corée, qui sépare le pays du Japon, et à l'Ouest par la mer Jaune. De nombreuses îles, au sud et à l'ouest, lui sont rattachées, dont Chejudo ou île Cheju 1845 km², au sud-ouest. La superficie totale de la Corée du Sud est de 99 268 km², soit douze fois plus petit que la République démocratique du Congo. Elle est 0,8 fois plus petite comparée à la superficie de la Corée du Nord qui est, pour sa part, de 120 538 km². Séoul, la capitale de la Corée du Sud, est la ville la plus importante du pays.

Soulignons que la Corée du Sud abrite près de 40 000 militaires américains, qui constituent un État dans l'État, avec leur propre administration et leurs propres médias, en anglais. La plus grande partie de l'histoire de la Corée du Sud est la même que celle de la Corée du Nord jusqu'à la partition des deux Corées en 1948.

Figure 3. La Corée du Sud

Source : http://masmoulin.blog.lemonde.fr

2. 2. La division de la péninsule et la guerre de Corée comme acte fondateur de l'identité politique et stratégique de la Corée du Sud

Comme nous l'avions écrit dans le chapitre précédent, la frontière inter-coréenne est une construction imposée en 1945 par les États-Unis et l'Union soviétique, pour diviser la péninsule coréenne au niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au désarmement des troupes japonaises.112(*) Ainsi les deux super puissances avaient décidé de se partager la péninsule coréenne afin d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement stratégique pour leurs intérêts.

Par la suite, les deux grandes puissances utilisèrent leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une guérilla antijaponaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un mouvement de gauche très développé, opposé à plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman, un nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu en exil aux États-Unis. 113(*)

Tous les Coréens furent favorables à la réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les conférences américano-soviétiques pour l'unification suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements distincts. Des élections organisées par les États-Unis le 10 mai 1948 observées par les Nations unies aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman - qui fut élu président et à la création de la république de Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la République populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre 1948. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux États.

La guerre de Corée est militairement décrite comme une guerre de mouvement ayant balayé, à plusieurs reprises, l'ensemble du territoire en 1950-1951, suivie d'une phase qui s'apparente à une guerre de position plus ou moins stabilisée le long de l'actuelle frontière, redessinée au gré des percées de l'un ou l'autre des belligérants. Elle a été une guerre civile avant de s'internationaliser. Non seulement le rôle des acteurs coréens eux-mêmes y est important mais l'intervention chinoise illustre la complexité des logiques de la guerre froide dans la région. 114(*)

2.3. La menace nord-coréenne contre la Corée du Sud

La Corée du Nord ne reconnut la Corée du Sud que comme une «province perdue» qu'elle tenta de réunifier par la force. En effet, le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir été provoquées, franchirent le 38ème parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la guerre de Corée, qui devait durer trois ans. 115(*)

Dès la guerre de Corée qui opposa principalement la Corée du Nord à la Corée du Sud, les relations entre ces derniers sont marquées par des menaces mutuelles de sorte que l'utilisation de l'arme nucléaire de l'un contre l'autre est un danger permanent dans la région. Techniquement les deux pays sont toujours en guerre car l'Armistice signé par la Corée du Nord, la Chine et l'ONU ne concerne pas la Corée du Sud.

La Corée du Nord et du Sud, n'ayant jamais signé de traité de paix, sont aujourd'hui encore en état de guerre et des forces des États-Unis restent stationnées en Corée du Sud en tant qu'élément de sécurité de la république de Corée et servant également la politique étrangère des États-Unis.

La Corée du Nord constitue une menace et pose un défi à ses voisins et à l'ensemble de la région car elle prétend pouvoir recourir à l'arme nucléaire. La Corée du Nord est effectivement capable, comme elle le dit, de plonger Séoul dans une «mer de feu». D'où ce sentiment, partagé par de nombreux experts, que ce pays est plus dangereux que l'Irak. 116(*)

2.4. La stratégie de défense de la Corée du Sud

1. L'arsenal militaire de la Corée du Sud

La Corée du Sud est dotée d'un outil militaire conforme à ses trois priorités: se garder contre de la Corée du Nord, pouvoir projeter sa puissance dans toute la région, et disposer de forces d'intervention d'urgence. 117(*)

L' armée sud-coréenne est actuellement l'une des plus puissantes de l'Extrême-Orient, avec les armées chinoise, japonaise et nord-coréenne. Ses effectifs sont de 672 000 hommes actifs et de 4 500 000 hommes en réserve, après avoir été d'un très modeste effectif à sa création.

Le budget de la défense pour 2010 est de 30 800 milliards de wons 24 milliards de dollars US, soit 2,8 % du Produit intérieur brut. Selon l'Institut de recherches international pour la paix de Stockholm, les dépenses militaires de la Corée du Sud ont atteint 21,9 milliards de dollars US en 2006, la classant au onzième rang mondial. En 2003, la Corée du Sud avait consacré 14,5 milliards de dollars à son budget de défense, soit environ 15 % du budget global de l'État.

L' industrie de l'armement de ce pays s'est développée et diversifiée depuis les années 1970 et pourvoit à une large part des besoins nationaux.

Depuis le milieu des années 1990, la Corée du Sud vise à se doter d'une capacité antibalistique suite à la menace des missiles balistiques nord-coréens : la Korea's Air and Missile Defense KAMD visant à remplacé les MIM-14 Nike-Hercules118(*) .

Le système est constitué, en 2012, de radars dont deux EL/M-2080 Green Pine israéliens acheté en 2009 pour 280 millions de dollars, de huit batteries d'un total de 48 lanceurs de Patriot PAC 2, achetés à l' Allemagne avec 192 missiles en 2008 pour un coût avec la remise à niveau de plus d'un milliard de dollars opéré par 2 bataillons de la force aérienne de la République de Corée déployé à Séoul et Incheon et de 3 destroyers Aegis de la classe Sejong le Grand entré en service à partir de 2008, 6 prévus au total.119(*)

Contrairement au Japon, la Corée du Sud ne s'est pas associée officiellement aux États-Unis pour sa défense antimissile balistique, en raison de la faible distance séparant les deux Corées qui impose des choix technologiques différents que ceux utilisés au Japon. D'après le général Adorno Auguste, Séoul évite ainsi de froisser son puissant voisin chinois qui voit d'un mauvais oeil le bouclier américain se développer tout autour d'elle. 120(*)

Mais de facto, le degré de coordination nécessaire pour permettre un fonctionnement efficace de l'ensemble des systèmes de défense aérienne installé en et autour de la Corée du Sud équivaudra finalement à intégrer les deux chaînes de commandement. La 8e armée des États-Unis par exemple, contrôle depuis 2004 la 35e brigade d'artillerie de défense aérienne 35th Air Defense Artillery Brigade qui disposerait de 9 batteries de tir opérées par 2 bataillons distincts comportant un total de 45 lanceurs PAC-2 4 missiles par lanceur et de 27 PAC-3 16 missiles par lanceur . Ils sont déployés au camp Carroll à l'ouest du pays et sur la base aérienne d'Osan au sud de Séoul.

Les moyens combinés des deux forces devraient permettre en théorie d'engager une demi-douzaine de salves de SCUD-B et SCUD-C, ce qui permettrait d'accroître la protection des agglomérations et bases militaires de façon significative pendant 2-3 jours en supposant deux salves par jour . Utilisées seules, les capacités sud-coréennes permettraient au mieux de protéger les zones concernées contre une première salve.

Actuellement, la marine met en ligne plusieurs destroyers construits sur place dans des chantiers navals aux capacités les plus importantes de la planète. Ces navires sont équipés du système antimissile Aegis, conçu aux Etats-Unis, le nec plus ultra de la technologie. Un bâtiment d'assaut amphibie, le Dokdo Ham, premier d'une série de quatre, est en cours d'essais. Ce type de navire met en oeuvre des hélicoptères, voire des appareils à décollage vertical; il emporte de petits bateaux de débarquement, montés sur coussins d'air, pour mettre à terre un petit bataillon de fusiliers marins. Séoul a récemment acquis le F15 K, une variante du F15 Strike Eagle de l'US Air Force, un des meilleurs chasseurs bombardiers de son temps. Ainsi dotée, son armée de l'air, surdimensionnée s'il s'agit d'affronter une aviation nord- coréenne hors d'âge, peut décourager une irruption des chasseurs japonais ou frapper les côtes chinoises de la mer Jaune. Enfin, s'agissant d'armements terrestres, le Black Panther, un des meilleurs chars disponibles sur le marché, fabriqué en Corée, équipe son armée. Des élèves officiers, souvent d'un excellent niveau, sont formés en France à l'Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr.

Faute de pouvoir modifier une géographie défavorable, la Corée du Sud entend tenir sa place dans le concert des nations.

2. Traité de défense avec les Etats-Unis

Pendant la Guerre froide, la Corée du Sud est militairement et économiquement soutenue par les États-Unis. Mais, après la proclamation de République de la Corée au sud le 15 août 1948, les troupes américaines commencent à quitter la péninsule coréenne et, en janvier 1950, le secrétaire d'État américain, Dean Acheson, n'inclut pas la Corée du Sud dans la zone asiatique protégée par les États-Unis. Pourtant, le nouveau gouvernement sud-coréen du président Syngman Rhee a besoin de la présence militaire américaine pour le défendre des provocations nord-coréennes et de ses opposants politiques.

L'Alliance USA-République de Corée, forgée durant la guerre de Corée et fondée sur la base du Traité de défense mutuelle entre les Etats-Unis et la République de Corée de 1953, est devenue une alliance stratégique globale avec une coopération profonde allant au-delà de la sécurité pour atteindre les domaines de la politique, de l'économie, de la culture et des échanges humains. La liberté, l'amitié et la prospérité partagée dont nous bénéficions aujourd'hui sont basées sur nos valeurs partagées de la liberté, de la démocratie et de l'économie de marché.

En construisant la stabilité sur la péninsule coréenne tout au long de ces 60 dernières années, nous continuons de renforcer et d'adapter notre Alliance pour qu'elle constitue un pilier de la paix et de la stabilité en Asie-Pacifique et réponde aux défis du XXIe siècle en matière de sécurité. Les Etats-Unis restent totalement engagés à défendre la République de Corée, avec leur dissuasion étendue et leurs capacités militaires, à la fois conventionnelles et nucléaires.

Dans le cadre de l'accord de défense, il ya eu plusieurs manoeuvres entre les Etats-Unis et la Corée du sud dans le but de mettre en place des scenarios en cas d'attaque nucléaire par la Corée du Nord.

Section III. La menace nord-coréenne contre le Japon

3.1. Présentation du Japon 121(*)

Le Japon « pays du Soleil levant» est un pays d'Asie orientale situé au sud-est de la Chine. Formé d'un archipel entre la mer du Japon revendiquée comme étant la «mer de l'Est» par les Coréens et l'océan Pacifique, le pays comprend quatre îles principales: du nord-est au sud-ouest: Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu voir la carte et d'une multitude d'îlots baignés par la mer d'Okhotsk au nord. Au sud, entre l'île de Kyushu et l'île de Taiwan, est situé l'archipel des Ryükyü, constitué d'une soixantaine de petites îles, parmi lesquelles se trouve Okinawa qui, lors de la reddition du Japon le 15 août 1945, est restée sous contrôle américain jusqu'en 1972, avant d'être rendue au Japon. La superficie totale du Japon est de 377 765 km². Les îles japonaises s'étendent sur une longueur d'environ 2500 km, soit entre l'île russe de Sakhaline au nord et Taïwan au sud.

Tokyo, située sur l'île d'Honshu, est la capitale du pays. Au point de vue administratif, le Japon compte huit régions et 47 départements. Chacun de ces départements est administré par un gouverneur élu et une assemblée locale. Chacune de ces municipalités possède un conseil composée de représentants élus au suffrage universel. Les municipalités du Japon bénéficient de pouvoirs relativement importants en contrôlant le domaine de l'éducation publique et en levant leurs propres impôts.

Le Japon est surtout la troisième puissance économique mondiale. Ruiné à l'issue de la Seconde Guerre mondiale, le Japon a connu une croissance exceptionnellement rapide ensuite.

Le développement économique s'explique essentiellement par des conditions historiques, l'ouverture du Japon à l'Occident avec l'ère Meiji 1868 . L'urbanisation croissante a abouti à la formation de quelques mégalopoles dont les centres sont Tokyo, Osaka, Yokohama et Nagoya.

Le régime politique japonais actuel s'inscrit dans un système de monarchie constitutionnelle avec un parlement bicaméral la diète . Ce régime politique a été mis en place en 1946 en accord avec les forces d'occupation américaines. Le pouvoir exécutif appartient au cabinet, responsable devant la diète, composé du premier ministre et de ministres d'état, tous devant être des civils. Le premier ministre doit être un membre de la diète, qui le choisit. Le premier ministre a le pouvoir de nommer et démettre les ministres, dont une majorité doit être des membres du parlement.

Figure 4. Le Japon

Source : http://www.asahidojo.org

La Constitution de 1947 énonce des principes fondamentaux reconnaissant la souveraineté du peuple, limitant l' empereur au rôle symbole et proclame le pacifisme institutionnel. Selon l'article 9 de la Constitution mise au point par les forces d'occupation et promulguée en 1946, « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre » et « il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes ».

3.2. La menace nord-coréenne contre le Japon.

Vers la fin du XIXe siècle, la Corée était un petit royaume d'environ 13 millions d'habitants, situé entre trois grands empires : la Chine, le Japon et la Russie. Cette situation géographique devait avoir des conséquences tragiques pour le peuple coréen qui s'est vu entraîné dans les rivalités et les intrigues des trois puissances environnantes Sur le continent asiatique, la Corée a une longue frontière commune avec la Mandchourie, qui était une « dépendance extérieure » de l'empire chinois. La frontière sino-coréenne suit le cours du Yalou, à l'Ouest, celui du Toumen, à l'Est. Depuis 1860, la Corée a aussi une frontière avec la Sibérie russe, actuellement soviétique. Cette frontière est très courte. Elle mesure à peine 17 km et se situe à l'embouchure du Toumen. Enfin, le détroit de Corée sépare ce pays du Japon. Pour l'Empire nippon, la péninsule coréenne a toujours présenté une importance de premier ordre, car cette péninsule constitue la partie du continent asiatique la plus proche de l'archipel japonais. L'installation d'une grande puissance dans la péninsule constituerait une menace pour la sécurité militaire de l'Empire du Soleil Levant. Par ailleurs, la Corée fut la route classique des entreprises militaires nippones sur le continent asiatique. 122(*)

Le fait que depuis la fin du XIVe siècle, les côtes de Corée étaient ravagées par les pirates japonais, les différentes occupations de la péninsule, les conflits avec la Chine ou la Russie créait un climat d'irritation dans la péninsule. En effet, la puissante armée japonaise occupa le pays, jusqu'à la frontière chinoise jusqu'en 1919. La Corée du Nord a toujours considéré la présence des bases américaines sur le territoire japonais comme une vraie menace. La Corée du Nord, comme tous les autres pays communistes de la région, n'a pas signé le traité de paix de San Francisco du 8 septembre 1951. Considérant que ce traité avait un but essentiellement stratégique. Il tendait à intégrer le Japon dans le « périmètre défensif » américain.

3.3. Le système de défense du Japon

La Constitution japonaise proclame le pacifisme institutionnel. Selon l'article 9 « le peuple japonais renonce à jamais à la guerre » et « il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes ». En effet, le budget militaire du Japon est limité à 1 % du PNB, pas d'arme nucléaire, pas d'exportation d'armements ni d'utilisation militaire de l'espace. Mais ces limitations, qui ne procèdent que de déclarations gouvernementales, peuvent être facilement levées en droit. Par ailleurs, pour que les Forces d'Autodéfense demeurent « défensives », en accord avec la Constitution, elles sont privées de capacité de projection porte-avions, bombardiers lourds, missiles balistiques, rendant le Japon dépendant des États-Unis pour la défense de ses communications et la dissuasion nucléaire.

En plus, la rancune toujours vivace en Asie, surtout en Chine et en Corée, entrave toute prétention du Japon au leadership régional. Par ailleurs, les insuffisances du traité de San Francisco 8 septembre 1951 entre le Japon, les États-Unis et 49 pays se font sentir : la Corée et la Chine en étant absentes et l'URSS ayant refusé de le signer, Tokyo ne fera la paix avec Séoul et Pékin respectivement qu'en 1965 et en 1978, tandis qu'en 1998, Moscou et Tokyo n'avaient toujours pas conclu d'accord officiel. De plus, le traité de San Francisco a laissé sans solution trois contentieux territoriaux qui nourrissent toujours des tensions : l'un avec la Russie îles Kouriles ; un autre avec la Corée; le troisième avec la Chine sous administration japonaise mais revendiquées par la Chine ainsi que par Taïwan.

La montée des tensions en Asie crise nucléaire en Corée du Nord, en 1994, manoeuvres militaires chinoises dans le détroit de Taïwan, en 1995-1996 le pousse à resserrer son alliance militaire avec les États-Unis, en élargissant le champ d'action du traité de sécurité à toutes les crises qui pourraient survenir dans un «environnement régional », dont les limites ne sont pas précisées.

Arrivée au pouvoir en septembre 2009, la coalition de Hatoyama Yukio entend placer le pays dans un rapport de partenariat et non plus de dépendance contre des États-Unis. Mais l'échec de la tentative de déplacement de la base américaine de Futenma dans l'archipel d'Okinawa contre l'avis de la population, irrite Washington et entraîne la chute du cabinet Hatoyama juin 2010.

En dépit de la visite de Koizumi Junichiro à Pyongyang en septembre 2002, qui constitue une étape importante vers la normalisation entre le Japon et la Corée du Nord, celle-ci reste tributaire d'une série de contentieux le sort des 11 Japonais qui auraient été enlevés par des agents nord-coréens au cours des années 1970-1980, le montant des réparations de guerre pour l'occupation de la péninsule coréenne de 1910 et 1945 mais surtout de la poursuite du programme nucléaire nord-coréen.

Alors que la Chine est devenue son premier partenaire commercial devant les États-Unis, ses revendications territoriales et maritimes ne cessent d'inquiéter le Japon. En 2004, Tokyo s'associe à Washington pour soutenir Taïwan face aux menaces de Pékin, préoccupation potentielle en matière de sécurité alors que la tension monte d'un cran en mer de Chine orientale dont la délimitation des zones économiques exclusives respectives - avec pour enjeu la prospection et l'exploitation des gisements d'hydrocarbures - sont disputées par les deux États. La candidature du Japon à un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies envenime par ailleurs ces relations. Toutefois, amorcé en 2006 par Abe Shinzo, le réchauffement des relations sino-japonaises se poursuit en 2007, année marquée par la visite historique du Premier ministre chinois Wen Jiabao et, sous le gouvernement d' Aso Taro, avec l'organisation à Fukuaka du premier sommet trilatéral Chine-Japon-Corée du Sud décembre 2008. Cette rencontre pose ainsi les bases d'une coopération renforcée via des réunions annuelles en vue de la création d'une zone de libre échange dont la première concrétisation est la signature d'un accord sur l'investissement en mai 2012.

Mais la persistance du contentieux concernant la souveraineté sur les îles Senkaku/Diaoyu ravive une fois de plus les tensions entre Pékin et Tokyo dès septembre : la décision du gouvernement nippon de racheter trois îlots de l'archipel à leurs propriétaires suscite d'importantes manifestations antijaponaises en Chine. Au-delà de la fièvre nationaliste qui se réveille alors dans les deux pays, cette crise soulève de nouveau la question, toujours pendante, de l'exploitation commune des ressources de cet espace maritime. La victoire en décembre du PLD et le succès du parti de la Restauration japonaise entraînent une réaction prompte de Pékin qui met en garde contre une nouvelle surenchère nationaliste.

3.4. Les Etats-Unis d'Amérique et la sécurité du Japon

Après la défaite du Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis ont occupé le territoire. Pendant cette occupation 1945-1952 les anciens dirigeants sont chasées ou pendus et des réformes sont lancées : nouvelle constitution, réforme agraire, établissement des libertés politiques et syndicales, nouveau code civil. Un régime démocratique est mis en place, mais pour faciliter l'occupation, Washington décide de garder l'empereur, tout en le dépouillant du pouvoir. Cependant, le développement de la guerre froide en Asie et la progression des forces communistes qui prennent le pouvoir en Chine 1er octobre 1949, constitue une menace pour le Japon. La sécurité du Japon est alors assurée par les États-Unis qui y gardent des bases militaires. 123(*)

Dans ce contexte d'occupation, le Premier ministre japonais Yoshida Shigeru, propose aux autorités américaines d'accueillir de façon permanente leurs bases militaires sur le territoire japonais. Il négocie cette faveur contre 3 garanties :

1) Recouvrer la souveraineté nationale le plus rapidement possible dans les bonnes conditions

2) S'assurer un accès au marché américains, pour pouvoir vendre des biens, et avoir la possibilité de se concentrer sur le développement économique du pays sans devoir payer le cout d'entretien d'une armée et d'une défense indépendantes ;

3) Profiter des garanties de sécurité contre le communisme dont l'influence grandit alors en Asie. 124(*)

Un traité est signé le 8 septembre 1951, entrant en vigueur en 1952. Ainsi les Etats-Unis bénéficient d'une présence militaire à moindre frais dans une Asie orientale déchirée par la Guerre froide. Ils se chargent aussi de « garantir la défense du Japon et de maintenir la sécurité dans l'Extrême Orient » 125(*) .

Pour le Japon, dont la Constitution de 1947 interdit d'entretenir des forces armées et de recourir à la guerre, les bases représentent une sorte d'assurance sur la sécurité du territoire. Pour les américains, ces bases sont au coeur de l'accord de sécurité qui les lie au Japon et s'intègrent à la stratégie militaire du pays ; qui s'appuie sur un réseau international des bases qualifié par certains analystes « d'empire ». 126(*)

En 2000, les États-Unis avaient 21 000 hommes et 130 avions de combat basés dans l'archipel, sans compter les forces embarquées sur la VIIe flotte, qui utilise les ports japonais. À la même date, les FAD comptaient 262 000 hommes, 1 050 chars, 680 véhicules blindés, 446 hélicoptères, 378 avions et 142 bâtiments de combat, constituant ainsi les forces conventionnelles les plus puissantes et les plus modernes d'Asie. Le budget militaire du Japon est le deuxième du monde depuis la fin de la guerre froide.

CONCLUSION

Nous voici à la fin de notre travail qui a eu comme sujet « la Corée du Nord et les menaces nucléaires contre les Etats-Unis et leurs Alliés de la région la Corée du Sud et le Japon ». Ce travail est subdivisé en 3 chapitres. Le premier chapitre traite du cadre théorique. Le deuxième chapitre traite de la stratégie de défense et capacité nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Et le troisième chapitre traite de la Corée du Nord et des menaces contre les Etats-Unis et leurs Alliés de la région de l'Asie Est, nous avons cité la Corée du Sud et le Japon.

Nous sommes partis de la question principale suivante : pourquoi l'acquisition de l'armement nucléaire de la Corée du Nord est-elle perçue comme une menace contre les Etats-Unis et leurs alliés de la région de l'Asie Est (la Corée du Sud et le Japon)? Cette question principale nous a conduits à nous poser des questions secondaires suivantes : Quel danger grave pèse sur la sécurité nationale de la Corée du Nord selon son gouvernement? Quelle stratégie de dissuasion et de défense met-elle en place pour faire face à ce danger grave? Les USA, la Corée du sud et le Japon devraient-ils craindre une attaque nucléaire de la Corée du Nord?

Nous avons répondu à ces questions avec les hypothèses ci-après : Après la guerre froide, la Corée du Nord a accéléré la modernisation de son appareil de défense et l'acquisition d'armements de telle sorte qu'elle est devenue la plus grande menace à la paix et à la sécurité dans la région, à cause notamment de la détention illégale de l'arme nucléaire et le risque de plus en plus grand d'employer cette arme au regard des tensions parfois vives dans la région. Notamment le conflit avec la Corée du Sud qui est soutenue par les Etats-Unis. En effet, les dirigeants nord-coréens ont toujours agité la menace d'un « désastre nucléaire » dans la péninsule coréenne si celle-ci devait connaître une nouvelle guerre.

De leur part, les Etats-Unis ont toujours considéré la Corée du Nord comme faisant partie « d'États voyous », qui posent une menace à la stabilité régionale de nombreuses parties du monde et estiment qu'ils ont une responsabilité spéciale afin de développer une stratégie visant à les neutraliser ou à les contenir.

A ce jour, la Corée du Nord est dotée de l'arme nucléaire. Elle avance deux raisons majeures : la sécurité régionale et la crainte d'une menace américaine tendant à imposer, d'une manière ou d'une autre, un changement de régime politique.

La Corée du Sud a toujours été sous la menace de la Corée du Nord qui revendique sa souveraineté sur l'ensemble de la péninsule. Techniquement les deux pays n'ont jamais signé un traité de paix. C'est ainsi que la Corée du Sud a également eu les ambitions nucléaires pour se protéger, avant de rejoindre le TNP en 1975 ; et elle n'a mis fin à son programme nucléaire que sous la pression américaine. Alliée des USA, la Corée du Sud bénéficie à ce titre des garanties de protection américaine.

Quant au Japon, la politique officielle de « trois non » déclare « qu'il ne produira pas, ne possédera pas d'arme nucléaire, et n'autorisera pas son introduction sur le territoire japonais ». Dépourvu d'une force de défense propre le Japon a toujours bénéficié de la protection américaine. Ce qui suscite les soupçons et les inquiétudes de la Corée du Nord.

Pour mener à bien cette étude, nous avons eu recours à la méthode géopolitique et la méthode stratégique. La méthode géopolitique méthode consiste à poser les bonnes questions face à un évènement (tension, crise, conflit, guerre, négociations) : Qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Dans la méthode géopolitique, il faut pouvoir identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local, régional, continental ou international.

En relation internationale, la méthode stratégique a pour objet les enjeux de la sécurité et les choix des acteurs pour assurer leur sécurité ou marge de manoeuvre. Cette méthode postule l'existence d'individus rationnels qui élaborent des stratégies afin d'atteindre leurs objectifs, dans un contexte général de contraintes.

Quelle perspective pose le résultat de cette étude ? Si nous partons selon la logique de notre travail et en nous appuyant sur les auteurs pertinents que nous avons cités, la Corée du Nord n'a pas raison de se doter d'une arme nucléaire. Car étant un Etat parti au TNP la Corée du Nord s'était engagé ne pas produire ou chercher à posséder l'arme nucléaire. Le chantage des dirigeants nord-coréens n'est pas de nature à favoriser la paix et la sécurité internationale comme le stipule la Charte des Nations Unies et les instruments internationaux qui interdisent aux Etats de procéder par des menaces et des agressions contre d'autres Etats. Leur décision à développer illégalement les programmes nucléaires est de nature à encourager la prolifération nucléaire. Si la communauté internationale reste passive à tel cas, il est possible que d'autres états s'engagent dans la même voie que la Corée du Nord. La Corée du Nord doit cesser de menacer ses voisins et ne pas développer son programme nucléaire militaire.

A la fin de ce travail, nous ne pouvons pas prétendre avoir épuisé tout le sujet. Les chercheurs avisés y trouveront toujours des choses à redire. Nous souhaiterions que cela ouvre des pistes à d'autres recherches notamment dans le sens de la réunification des deux Corées comme solution au cycle de conflit dans la région.

BIBLIOGRAPHIE

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19) Olivier Compagnon, « Corée Guerre de Corée 1950-1953 », Encyclopædia Universalis [en ligne], http://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-de-coree/

20) Pierre Rigoulot, Corée du Nord, État voyou, Paris: Buchet Chaster, 2007 , 132.

21) Valérie Niquet, Bruno Gruselle, « Défense antimissile au Japon, en Corée du Sud et en Inde » [en ligne], sur Fondation pour la recherche stratégique,? 2011

22) Chevènement, J.P.Rapport d'information n° 332 2009-2010, fait au nom de la commission des affaires étrangères du Senat Français,, déposé le 24 février 2010, http://www.senat.fr/

TABLE DES MATIERES

Dédicace..................................................................................................I

Avant-propos..........................................................................................II

Liste des abréviations................................................................................III

INTRODUCTION 1

CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE 12

Section I. La notion de la menace 12

1.1. Définition 12

1.2. La perception des menaces 13

1.3. La menace nucléaire 16

1.4. La notion de l'ennemi. 18

1.5. La notion de l'agression 19

Section II. La dissuasion nucléaire 20

2.1. Définition de la dissuasion nucléaire 21

2.2. Typologie des doctrines de dissuasion 22

Section III. La non-prolifération nucléaire 26

3.1. Le Traité de Non-prolifération 27

3.2. L'Agence internationale de l'énergie atomique 33

3.3. Le régime de contrôle d'exportation de matière nucléaire 36

Section IV. Droit international et licéité de la menace ou emploi d'armes nucléaires 37

Section V. Théories géopolitiques de « heartland » et de « rimland » 40

CHAPITRE 2 : STRATEGIE DE DEFENSE ET CAPACITE NUCLEAIRE ET BALISTIQUE DE LA COREE DU NORD 42

Section I. Présentation de la Corée du Nord 42

1.1. Organisation administrative, politique et économique 42

1.2. Historique de la Corée du Nord 45

Section II. La capacité balistique et nucléaire de la Corée du Nord 51

2.1. La capacité balistique 51

2.2. La capacité nucléaire 52

Section III. La Corée du Nord est-elle un Etat proliférant ? 54

Section IV. La stratégie de défense de la Corée du Nord 57

CHAPITRE 3 : LA COREE DU NORD ET LA MENACE NUCLEAIRE CONTRE LES ETATS-UNIS, LA COREE DU SUD ET LE JAPON. 58

Section I. La menace nord-coréenne contre les Etats-Unis 58

1.1. Présentation des Etats-Unis d'Amérique 58

1.2. La menace nord coréenne contre les Etats-Unis 61

1.3. La stratégie de défense des Etats-Unis d'Amérique en Asie Est 64

Section II. La menace nord-coréenne contre la Corée du Sud 65

2.1. Présentation de la Corée de la Sud. 65

2. 2. La division de la péninsule et la guerre de Corée comme acte fondateur de l'identité politique et stratégique de la Corée du Sud 66

2.3. La menace nord-coréenne contre la Corée du Sud 67

2.4. La stratégie de défense de la Corée du Sud 68

Section III. La menace nord-coréenne contre le Japon 72

3.1. Présentation du Japon 72

3.2. La menace nord-coréenne contre le Japon. 74

3.3. Le système de défense du Japon 75

3.4. Les Etats-Unis d'Amérique et la sécurité du Japon 77

CONCLUSION 79

BIBLIOGRAPHIE 82

TABLE DES MATIERES 86

* 1 Brad, R., et Dingli, S., « L'équation du nucléaire asiatique », in Cahiers de Chaillot, Institut d'études de sécurité de l'UEO, n°48, Paris, Juillet 2001, p 158

* 2 Temman, M., « Les dirigeants coréens sont-ils imprévisibles ? » in Libération du 7 février 2003.[en ligne] http://www.liberation.fr/monde/2003/02/07/les-dirigeants-coreens-sont-imprevisibles_430216, consulté le 23 décembre 2013.

* 3 Vandier, P., La prolifération nucléaire en Asie menace-t-elle l'avenir du TNP ?, Mémoire de DEA, Collège Interarmées de Défense, Institut de Recherche International et Stratégique, 2005. [en ligne] http/ www.diploweb.com, page consultée le 23 décembre 2013.

* 4 Cartigny, C., « Danger sur la non-prolifération nucléaire », in Recherches Internationales, Paris, 2005, p 2.

* 5 Koungou, L., Les perspectives du régime de non-prolifération nucléaire, Mémoire de DEA, l'Université de Sorbonne Paris I, p 28

* 6 Tertrais, B., Atlas mondial du nucléaire, Editions Autrement, Paris 2011, p 36.

* 7 Temman, M., « Les dirigeants coréens sont-ils imprévisibles ? » in Libération du 7 février 2003.[en ligne] http://www.liberation.fr/monde/2003/02/07/les-dirigeants-coreens-sont-imprevisibles_430216, page consultée le 23 décembre 2013.

* 8 Barckard, B., et Grand, C. « Pour un débat grand débat européen », in Cahiers de Chaillot, Institut d'études de sécurité de l'UEO, n°48, Paris, Juillet 2001, p 186

* 9 Herz, J. « Idealist Internationalism and Security Dilemna », World Politics, 5, no.2 janvier l950, 157-80.

* 10 Quivir & Van Compenhoudt, L, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, éd. Dunod, 1988, p.86.

* 11 Contandriopoulos, A.P., Savoir préparer une recherche. La définir, la structurer, la financer, Presse de l'université de Montréal, 1990, p. 30.

* 12 Cartigny, C, « Danger sur la non-prolifération nucléaire » in Recherches Internationales, 2005, p. 3

* 13 Idem

* 14 Brad, R., & Dingli, S., art cit

* 15 Temman, M., art cit.

* 16 Kazadi Kimbu, Cours de Méthodes de recherche en sciences sociales, 2ème graduat Relations Internationales, Université de Lubumbashi, 2010-2011 (inédit)

* 17 Dévérin, Y., FrançoisThual, Méthodes de la géopolitique,pp 1-7 [en ligne] http://www.dachary.org/obses/geopo.html, consulté le 8 février 2014.

* 18 Dévérin, Y.,art cit.

* 19 Idem

* 20 Idem

* 21 Crozier, M., & Friedberg, E., L'acteur et le système, Editions du Seuil, 1977, 1981 [en ligne] http/rb. ec-lille. fr/ l/ Cours_de_sociologie_des_organisations.

* 22 Gazibo, M., et Jenson, J., La politique comparée : fondements, enjeux et approches théoriques,Les presses de l'Université de Montréal, Montréal, 2004, p 307

* 23 Djallil Lounnas, La sécurité collective dans l'unipolarité :la crise nucléaire iranienne, Thèse de Doctorat, Université de Montreal, 2010, p 58

* 24 Mulumbati Ngasha, op cit. , p 20

* 25 Mulumbati Ngasha, op cit. , p 20

* 26 Idem, p 21

* 27 Kamto, M., L'agression en droit international, Editions A. Pedone, Paris, 2012, p 18

* 28 Kamto, M., op. cit. p 16

* 29 Rambaud, M., « La définition de l'agression par l'ONU », pp. 841cité par Kamto, M., op. cit. p17

* 30 Mulamba Ngeleka, Cours de Géostratégie, Première licence relations internationales, Université de Lubumbashi, 2012-2013 (Inédit). p 27

* 31 Idem, p 27

* 32 Idem p 28

* 33 Mulamba Ngeleka, op. cit. p 32

* 34 Idem, p 33

* 35 Idem, p 34

* 36 Mulamba Ngeleka, op. cit., p 35

* 37 Mulamba, op. cit., p 36

* 38 Idem, p 36

* 39 Cirincione, J.,« La transformation de la politique nucléaire des États-Unis » in Revue électronique du département d'État - Un monde libéré de l'arme nucléaire, mars 2010, [en ligne] http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html, consulté le 20 janvier 2014

* 40 Professeur Mulamba, op cit. p 37

* 41 Chartrand, B., La construction de la menace et la sécuritisation de la Corée du Nord : effets sur la politique étrangère, Mémoire de maitrise en science politique, Université de Montréal, Montréal, 2012, p 46

* 42 Kamto, M., op cit, p 20

* 43 Kamto, M., op. cit. p 12

* 44 Idem p. 13

* 45 Chautard S, L'indispensable de la géopolitique, Ed Studyrama, France, 2004, p 284.

* 46 Berquier, M., « La France et la dissuasion nucléaire », Document inédit, p 4

* 47 Mulamba Ngeleka, Geostratégie, op cit.

* 48 Tertrais, B.,La dissuasion nucléaire françaiseaprès la guerre froide : Continuité, Ruptures, Interrogations, Théorie et doctrine de la sécurité. p 762 [en ligne] http://www.afri-ct.org/IMG/pdf/tertrais2000.pdf

* 49 Glasser, E., in « dissuasion nucléaire et prolifération fonctionnement et enjeux contemporains »http http://memscpobdx.pagesperso-orange.fr/

* 50 Poirier, L.,Des Stratégies Nucléaires, Ed. Hachette Essais, Paris, 1977, cité par Fiorina, J., « La prolifération nucléaire aujourd'hui, un enjeu éminemmentgéopolitique» in Comprendre les enjeux stratégiques, Revue ESC Grenoble du 5 décembre 2013.

* 51 Aron, R., Paix et guerre entre les nations, in: Tiers-Monde. 1963, tome 4 n°16.

* 52 Anonyme, « dissuasion nucléaire et prolifération fonctionnement et enjeux contemporains » [en ligne] http://memscpobdx.pagesperso-orange.fr/ consulté le 28 décembre 2013

* 53 Dulles, John Foster, né le 25 février 1888 et décédé le 24 mai 1959 était un diplomate américain, qui fut le 51e Secrétaire d'État ministre des Affaires étrangères des États-Unis , du 21 janvier 1953 au 22 avril 1959, sous le président républicain Dwight D. Eisenhower.

* 54 Touraine, « Le facteur nucléaire après la guerre froide » in Politique étrangère N°2, 1992, pp. 395-405.

* 55 McNamara, Robert S., né le 9 juin 1916 à San Francisco en Californie et mort le 6 juillet 2009 à Washington District de Columbia 1, est un homme d'affaires et un homme politique américain, secrétaire à la Défense de 1961 à 1968 sous les présidences Kennedyet Johnson.

* 56 Touraine, art. cit.

* 57 Chautard, S., op.cit, p 286.

* 58 Ibid. p 286.

* 59 Du nom du maréchal soviétique Vassili Sokolovski, chef d'état-major de l'armée et de la marine soviétique de 1952 à 1956, auteur du manuel de référence de l'armée soviétique intitulé « Stratégie militaire ».

* 60 Chautard, S ; op.cit, p 287.

* 61 Tertrais, B., « Dissuasion nucléaire française après la guerre froide : continuité, rupture, interrogations » in Théories et doctrine de la sécurité, Paris, page 764

* 62 Tertrais, B., art.cit page 765

* 63 Lopez, A., L'avenir du régime de non-prolifération : La position iranienne dans la crise, Master en Relations Internationales et Politiques de Sécurité, Université Toulouse 1, 2008, p 19

* 64 Fischer, G., « La non-prolifération des armes nucléaires ». in Annuaire français de droit international, volume 13, 1967. pp. 47-98.

* 65 . Brad R., & Dingli, S., art cit, p 158

* 66 Tertrais, B., Atlas mondial du nucléaire. p 46

* 67 Ibid. .

* 68 Chevènement, J.P., Rapport d'information n° 332 2009-2010, fait au nom de la commission des affaires étrangères, Senat Français déposé le 24 février 2010 [en ligne] http://www.senat.fr/notice-rapport/2009/r09-332-notice.html

* 69 Tertrais, B., op cit. p 46

* 70 Tertrais, B., op cit. p 46

* 71 Ibid.

* 72 Lopez, A., op. cit. p 27

* 73 Ibid.

* 74 Prenat, R., « Les régimes multilatéraux de maîtrise des exportations de technologies sensibles à utilisation militaire ». In: Annuaire français de droit international, volume 44, 1998. pp. 298.

* 75 Idem, p 299

* 76 Idem, p 299

* 77 Durand, D., op cit. p 230

* 78 Ibid.

* 79 Manfred, M., « Avis consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité de l'emploi d'armes nucléaires - Quelques réflexions sur ses points forts et ses points faibles », in Revue internationale de la Croix-Rouge, 823, 1997, p 12

* 80 Manfred, M., art cit, p 2

* 81 Idem, p 2

* 82 Chautard, S., op cit, p 23

* 83 Baconnet, A., « La Guerre de Corée 1950-1953, un conflit chaud dans la guerre froide »., in Revue Géostratégiques n° 17 - La Chine, septembre 2007, p176

* 84 Chautard, S., op.cit. p 24

* 85 Chautard, S., op.cit. p 24

* 86 Ibid.

* 87 Baconnet, A., op. cit. p 177

* 88 Ibid.

* 89 La Corée du nord [en ligne] http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/coree-nord.htm, consulté le 24 décembre 2013

* 90 http://fr.wikipedia.org/wiki/Corée_du_Nord

* 91 Ibid.

* 92 Chautard S, op cit., p 284.

* 93 Idem

* 94 Guichard, J., « La frontière inter-coréenne, par-delà la guerre froide », inCERISCOPE Frontières, 2011, [en ligne] http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/la-frontiere-inter-coreenne-par-dela-la-guerre-froide, consulté le 01/02/2014,

* 95 Baconnet, A., op. cit. p 178

* 96 Idem, p 179

* 97 Encyclopédie Microsoft Encarta 2007, art. «Corée».

* 98 Anonyme, « Une alternative à la guerre : la résolution 377 » [en ligne] http://uniting.free.fr/res_377.htm, consulté le 06 mars 2014

.

* 99 Guichard, J., art cit.

* 100 Chautard S, op cit. p 284.

* 101 Temman, M., art cit.

* 102 Wikipédia //La_Corée_du_Nord,

* 103 Chautard, S., op cit, p 284.

* 104 Armes nucléaires en Corée du Nord [en ligne] http://fr.wikipedia.org/w/index.php?oldid=92491730

* 105 . Temman, M., art cit.,

* 106 Tertrais, B., op cit. p 64

* 107 http://fr.wikipedia.org/wiki/Arsenal_nucléaire_des_Etats-Unis [en ligne] consulté le 07 mars 2014.

* 108 Chartrand, B., La construction de la menace et la sécuritisation en Corée du Nord: effets sur la politique étrangère, Mémoire de Maitrise en Sciences Politiques, Université de Monreal, 2012

* 109 Rigoulot, P., Corée du Nord, État Voyou, Paris: Buchet Chaster, 2007 , p 132.

* 110 Delory, S., « Dissuasion et défense antimissile, l'évolution de la perspective américaine », in Recherches et Documents, n°2, 2013, Paris

* 111 Anonyme, « La Corée du Sud » [en ligne] http://www.axl.cefan.ulaval.ca/asie/coree-sud.htm, consulté le 12/01/2014

* 112 Guichard, J., « La frontière inter-coréenne, par-delà la guerre froide », in CERISCOPE Frontières, 2011, [en ligne], consulté le 01/02/2014, URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/content/part3/la-frontiere-inter-coreenne-par-dela-la-guerre-froide

* 113 Encyclopédie Microsoft Encarta 2007, art. «Corée».

* 114 Justine Guichard, art cit.

* 115 Compagnon, O., « Corée Guerre de Corée 1950-1953 », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 17 février 2014. URL : http://www.universalis.fr/encyclopedie/guerre-de-coree/

* 116 Michel Temman, art cit.

* 117 Jean Louis Dufour, « La Corée du Sud, du Protectorat à l'autonomie », [en ligne] url : http://www.leconomiste.com/article/coree-du-sud-du-protectorat-l-autonomiebrpar-le-colonel-jean-louis-dufour#sthash.agUuRalE.dpuf consulté le 16/02/2014

* 118 Niquet, V., & Bruno Gruselle, B, « Défense antimissile au Japon, en Corée du Sud et en Inde » [en ligne], http://www.frstrategie.org/barreFRS/publications/rd/2011/RD_201101.pdf

* 119 Idem

* 120 Pflimlin, E., & Rozec, Y., « Menace balistique nord-coréenne et parades antimissiles au Japon et en Corée du Sud » [ archive], surwww.affaires-strategiques.info,?12 décembre 2012

* 121 http://www.larousse.fr/encyclopedie/divers/Japon_vie_politique_depuis_1945/187299 [en ligne] consulté le 08 fev 2014.

* 122 Focsaneanu Lazar, « Les relations nippo-coréennes et les traités de Tokyo du 22 juin 1965 ». in Politique étrangère N°4-5 - 1965 -30e année pp. 369-409.

* 123 Pajon, C., « Comprendre la problématique des bases américains à Okinawa », in Asie Vision n°29, IFRI, Paris, 2010, p 6

* 124 Shaller, M., cité par Céline Pajon, art cit. p 7

* 125 Traité mutuel de sécurité États-Unis-Japon signé en septembre 1951

* 126 Johnson, C., 2004, cité par Pajon, C. art cit, p 8






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