INTRODUCTION
L'enjeu de l'arme nucléaire se joue désormais en
Asie à cause des développements des programmes nucléaires
développés par des pays tels que l'Inde, le Pakistan et la
Corée du Nord d'une part, et le risque de plus en plus fort d'emploi de
cette arme au regard des tensions parfois vives dans la région, d'autre
part. Cela remet à la surface la question de la fiabilité du
système international basé sur le droit,
précisément la pertinence du Traité de
Non-prolifération Nucléaire (signé en 1968 et
entré en vigueur le 5 mars 1970) et des objectifs de la Charte des
Nations Unies qui consistent à maintenir la paix et la
sécurité internationales et à cette fin : prendre des
mesures collectives efficaces en vue de prévenir et d'écarter les
menaces à la paix et de réprimer tout acte d'agression ou autre
rupture de la paix, et réaliser, par des moyens pacifiques,
conformément aux principes de la justice et du droit international,
l'ajustement ou le règlement de différends ou de situations, de
caractère international, susceptibles de mener à une rupture de
la paix.
Aujourd'hui la quasi-totalité des Etats ont
ratifié le TNP à l'exception de l'Inde, le Pakistan et
l'Israël. La Corée du Nord au départ signataire, s'est
retirée en 1993.1(*)
En effet, cette dernière est présentée aujourd'hui comme
une menace à ses voisins de la région et à l'ensemble de
la communauté internationale, à cause « des
déclarations belliqueuses de ses dirigeants, de la violation des accords
et de la course à l'armement et à la
nucléarisation».2(*) En effet, les dirigeants nord-coréenne ont
toujours agité la menace d'un « désastre nucléaire
» dans la péninsule coréenne si celle-ci devait
connaître une nouvelle guerre.
1. Etat de la question
Pierre Vandier rappelle que l'Asie est une région sous
tension géopolitique constante depuis 1945 et met en évidence une
subordination très nette du droit international aux
intérêts des puissances. 3(*) Il pose ainsi les questions pertinentes suivantes : la
prolifération nucléaire dans la région de l'Asie
consacre-t-elle l'inefficacité d'une lutte fondée sur un
traité international ou au contraire, n'est-elle pas une invitation
à renforcer les dispositifs plus efficaces ? Pour lui, le bilan du TNP
est très contrasté. Les Etats qui avaient la ferme
résolution d'acquérir des armes nucléaires ont pu le
faire, en dépit de l'unanimité politique qui entoure ce
Traité. C'est le cas de la Corée du Nord. C'est ce que confirme
également Claude Cartigny qui rappelle, pour sa part, qu'à
l'instar de l'Iran, la Corée du Nord constitue une importante pomme de
discorde, jusqu'à se faire qualifier d'« Etats voyous »
inscrits par l'Administration Bush parmi les pays de « l'axe du Mal
». 4(*)
Léon Koungou s'interroge « pourquoi certains Etats
cas de la Corée du Nord sont portés à violer les
engagements de non-prolifération et des mécanismes de lutte
contre la prolifération ? ». 5(*) En effet, la Corée du Nord avance que la raison
principale à se doter d'armes nucléaires comme est liée
à des problèmes de sécurité régionale et
à la crainte d'une menace américaine tendant à imposer,
d'une manière ou d'une autre, un changement de régime politique.
La Corée du Nord a développé son programme
nucléaire illégalement, alors qu'elle était officiellement
membre du TNP en tant qu'Etat non nucléaire avant d'annoncer son
retrait, créant ainsi une situation inédite et juridiquement
complexe. Le développement du programme nucléaire
nord-coréen inquiète notamment parce qu'il est de nature à
encourager la prolifération dans la région.6(*)
La seule acquisition de capacités pour se doter d'armes
nucléaires affecte la sécurité de la région. Ainsi,
la capacité de la Corée du Nord de fabriquer des armes
nucléaires, par exemple, encouragera la Corée du Sud et le Japon
à se doter d'une telle capacité, et la Chine à renforcer
sa propre force nucléaire. Ce que rappelle Hideya Kurata : « la
Corée du Nord constitue une menace et pose un défi à ses
voisins et à l'ensemble de la région car elle prétend
pouvoir recourir à l'arme nucléaire. La Corée du Nord est
effectivement capable, comme elle le dit, de plonger Séoul dans une
«mer de feu». D'où ce sentiment, partagé par de
nombreux experts, que ce pays est plus dangereux que l'Irak. La Corée du
Nord vient de s'extraire brusquement du Traité de
non-prolifération signé par 188 pays. C'est une décision
grave. Elle illustre le caractère imprévisible de ses dirigeants,
qui ont un objectif en tête : poursuivre leur programme nucléaire
tout en essayant d'obtenir des Etats-Unis la signature d'un accord de
non-agression, seule condition à l'abandon de leur ambition atomique.
» 7(*)
La menace nord-coréenne comme sujet de notre
étude se fonde sur le défi que pose l'armement nucléaire
pour le système international de sécurité collective et
l'équilibre des puissances dans la région. Nous interrogerons les
théories des relations internationales et le droit international,
notamment le TNP, pour comprendre les motivations des dirigeants
nord-coréens à se doter de l'arme nucléaire. D'où
notre sujet est ainsi formulé « la Corée du Nord et la
menace nucléaire contre les Etats-Unis et leurs alliés de la
région de l'Asie Est, la Corée du Sud et le Japon ».
Quel est l'intérêt d'un tel sujet ? C'est l'objet
du point suivant.
2.
Intérêt du sujet
L'enjeu nucléaire était longtemps défini
comme l'enjeu de la sécurité entre les puissances, surtout
pendant la guerre froide. Le nouveau paysage nucléaire présente
en effet des caractéristiques originales qui permettent aujourd'hui
d'affirmer que la fin de la guerre froide a bien marqué la fin d'une
ère nucléaire, pas la fin de l'ère nucléaire.
8(*) Avec la fin de la
guerre froide, nous nous rendons compte que la région asiatique,
présente aujourd'hui un autre terrain du développement
nucléaire menaçant par là les relations internationales ;
précisément la volonté des certains Etats à violer
ou à se soustraire des accords conclus en vue de limiter la
prolifération des armes nucléaires et consolider ainsi la paix
internationale.
Sur le plan scientifique, l'intérêt d'un tel
sujet est, pour nous, de confronter le cas nord-coréen aux
théories apprises, précisément la théorie
géopolitique dans un paradigme réaliste. En effet, la
théorie réaliste stipule que les relations internationales sont
strictement les rapports politico-diplomatiques et stratégiques
qu'entretiennent entre eux les Etats souverains dans un cadre bilatéral
ou multilatéral. Ces rapports sont nécessairement
caractérisés par la rivalité ou la compétition,
d'une part, parce que chaque Etat vise naturellement et constamment à
défendre et à accroître sa puissance politique et
militaire; d'autre part, parce que la puissance est inégalement
répartie au sein de la société internationale; enfin parce
qu'il est impensable que les Etats acceptent de se soumettre à une
autorité centrale qui les obligeraient à coopérer entre
eux. C'est uniquement pour cette dernière raison que la
société internationale est anarchique, et non pas parce qu'elle
est entièrement dépourvue d'ordre et livrée totalement
à la violence. Les Etat souverains adhèrent librement et
volontairement à des ententes et à des règles qui
maintiennent la dynamique des conflits interétatiques dans un cadre
pacifique. Toutefois, l'instauration d'une paix perpétuelle est
inimaginable en raison de la souveraineté, des ambitions, des
inégalités et de la méfiance mutuelle des Etats qui les
placent dans un dilemme de sécurité. 9(*)
3.
Problématique
La problématique est une approche ou perspective
théorique que l'on décide d'adopter pour traiter les
problèmes posés par la question de départ. 10(*)
Notre étude va se focaliser sur la question principale
suivante :
- Pourquoi l'acquisition de l'armement nucléaire de la
Corée du Nord est-elle perçue comme une menace contre les
Etats-Unis et leurs alliés de la région : la Corée du Sud
et le Japon?
Cette question principale nous conduit à nous poser des
questions secondaires suivantes :
- Quel danger grave pèse sur la sécurité
nationale de la Corée du Nord selon son gouvernement? Quelle
stratégie de dissuasion et de défense met-elle en place pour
faire face à ce danger grave?
- Les USA, la Corée du sud et le Japon devraient-ils
craindre une attaque nucléaire de la Corée du Nord?
4.
Hypothèse
La mise en oeuvre d'une série des questions
débouche nécessairement sur des hypothèses. Celles-ci
naissent à partir des questions posées au niveau de la
problématique. L'hypothèse est généralement
considérée comme « la transposition directe d'une
proposition théorique dans le monde empirique. Une hypothèse
établit une relation qui peut être vérifiée
empiriquement entre une cause et un effet supposé. Une hypothèse
est donc un énoncé formel des relations attendues entre au moins
une variable indépendante et une variable dépendante ».
11(*)
Après la guerre froide, la Corée du Nord a
accéléré la modernisation de son appareil de
défense et l'acquisition d'armements de telle sorte qu'elle est devenue
la plus grande menace à la paix et la sécurité dans la
région, à cause notamment de la détention de l'arme
nucléaire et le risque de plus en plus grand d'employer cette arme par
ce pays au regard des tensions parfois vives dans la région, notamment
le conflit avec la Corée du Sud soutenue par les Etats-Unis. En effet,
les dirigeants nord-coréens ont toujours agité la menace d'un
« désastre nucléaire » dans la
péninsule coréenne si celle-ci devait connaître une
nouvelle guerre.
Les Etats-Unis ont toujours considéré la
Corée du Nord comme faisant partie « d'États voyous »
12(*) , qui posent une
menace à la stabilité régionale de nombreuses parties du
monde et estiment qu'ils ont une responsabilité spéciale afin de
développer une stratégie visant à les neutraliser ou
à les contenir. Selon les Américains, il n'existe en ce moment
rien qui puisse empêcher un pays qui a appris à enrichir l'uranium
de se retirer du TNP et de se diriger à marche forcée vers la
construction d'un armement nucléaire, comme l'a fait la Corée du
Nord.13(*)
La Corée du Nord tient à se doter de l'arme
nucléaire pour deux raisons majeures : la sécurité
régionale ou/et la crainte d'une menace américaine tendant
à imposer, d'une manière ou d'une autre, un changement de
régime politique.
Les ambitions nucléaires nord-coréennes
remontent à la fin des années 1950 lorsqu'elle a signé
avec l'URSS un accord sur la création d'un Institut de recherche
nucléaire conjoint à Yongbyon. 14(*) En effet, aujourd'hui, elle posséderait une,
voire plusieurs bombes nucléaires. Mais il est sûr qu'elle
possède trois types de missiles : les Scud, les Nodong et les Taepo
Dong. Avec les Scud, elle peut toucher la Corée du Sud. Avec le Nodong,
elle peut atteindre toute ville japonaise et menacer les bases
américaines établies au Japon. Avec les Taepo Dong, elle peut
menacer l'ensemble du territoire japonais, jusqu'à Hawaii et la
côte ouest des Etats-Unis. Avec la prochaine génération de
Taepo Dong, la Corée du Nord pourra frapper l'ensemble du continent
américain. Le plus surprenant est que, malgré la faillite de son
économie, elle conserve cette capacité de fabriquer des missiles
et de développer des armes de destruction massive. 15(*)
Après la Guerre de Corée, la Corée du Sud
a toujours été sous la menace de la Corée du Nord qui
revendique sa souveraineté sur l'ensemble de la péninsule.
Techniquement les deux pays n'ont jamais signé un traité de paix.
C'est ainsi que la Corée du Sud a également eu les ambitions
nucléaires pour se protéger, avant de rejoindre le TNP en 1975 ;
et elle n'a mis fin à son programme nucléaire que sous la
pression américaine. Alliée des USA, la Corée du Sud
bénéficie à ce titre des garanties de protection
américaine.
Quant au Japon, la politique officielle de « trois non
» déclare « qu'il ne produira pas, ne possédera pas
d'arme nucléaire, et n'autorisera pas son introduction sur le territoire
japonais ». Dépourvu d'une force de défense propre le Japon
a toujours bénéficié de la protection américaine.
Ce qui suscite les soupçons et les inquiétudes de la Corée
du Nord.
5.
Méthodes
La recherche scientifique exige le recours aux méthodes
et techniques pour collecter, traiter et analyser les données. Dans son
cours de Méthodes de recherche en sciences sociales, le professeur
Kazadi Kimbu définit la méthode comme « l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les
démontre et vérifie. La méthode est également une
opération intellectuelle de traitement des données relatives
à une réalité bien précise, laquelle pourrait
être véritablement scientifique et efficace, doit, tout au long de
ce traitement, tenir constamment compte de la double essence et du fait sociale
et de l'objectif poursuivi. »16(*)
Pour mener à bien notre analyse, nous avons
utilisé deux méthodes : la méthode
géopolitique et la méthode stratégique.
Pour François Thual, la méthode
géopolitique consiste à poser les bonnes questions face à
un évènement (tension, crise, conflit, guerre,
négociations) : Qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Le but
de la méthode géopolitique est d'apprendre à
échapper à l'événementiel fourni en continu et en
surabondance par les médias pour accéder à
l'explicatif.17(*)
Dans la méthode géopolitique, il faut pouvoir
identifier les acteurs, analyser leurs motivations, décrire leurs
intentions, repérer les alliances en gestation ou, au contraire, les
alliances en voie de déconstruction, que ce soit au niveau local,
régional, continental ou international.18(*)
Lorsqu'on est face à un élément
international, la première démarche est de l'analyser en tant que
phénomène, c'est-à-dire de l'appréhender comme
porteur d'un concept d'intentionnalité. Par intention, on entend un
réseau hiérarchisé d'attitudes obéissant à
une logique de réalisation des ambitions ou d'atténuations des
menaces existantes. Schématiquement, toute posture géopolitique
se ramène soit à une volonté de réaliser des
ambitions, soit à une volonté de contrer une menace. Il faut donc
classer les actions diplomatiques et les actions militaires, en les
répartissant dans cette alternative d'ambitions et de menaces. 19(*)
Les actions diplomatiques : tout pays, afin d'assurer le
succès de ses objectifs, met en place un dispositif diplomatique, un
dispositif de gestion de ses relations extérieures, c'est-à-dire
un réseau hiérarchisé, en général public et
officiel, d'alliances et d'influences. Il existe trois types d'alliance :
alliances au service d'une ambition, alliances pour contrer une menace,
alliances de stabilisation d'une région. Les deux grandes
possibilités offertes aux différents types d'alliances sont
l'encerclement et le contre-encerclement, sur la base d'un raisonnement qui
veut que « l'ami de mes amis n'est pas forcément mon ami, mais
l'ennemi de mon ennemi est, lui, forcément mon ami. »20(*)
Les dispositifs militaires : Ceci désigne tous les
moyens terrestres, aériens ou maritimes voire spatiaux dont dispose un
Etat, en temps de paix ou en temps de guerre, pour assurer la
réalisation de ses objectifs géopolitiques ou de se
prémunir d'une menace. La guerre n'est pas le but de la
géopolitique. Elle est un temps fort des relations internationales
marqué par la cessation des moyens diplomatiques, souvent simplement en
partie puisque dans toutes les guerres il y a continuation des
négociations sous forme secrète. Que ce soit en temps de guerre
ou de paix, la structuration des moyens militaires est un des indices les plus
parlants des ambitions géopolitiques d'un Etat. Ce qu'il faut, c'est
étudier l'ordre de bataille, c'est-à-dire l'état des
forces et leur positionnement : où sont les forces ? vers qui sont-elles
sont dirigées ? Il s'agit d'analyser la répartition
géographique des forces. Ensuite, il faut se demander si c'est un
dispositif offensif ou défensif, s'il s'agit d'un dispositif
destiné à contenir une poussée ou une invasion, si c'est
un dispositif qui a pour but de porter la guerre sur le territoire de son
ennemi. Localiser les forces, identifier les intentions, détecter la
hiérarchisation des priorités entre les différents fronts
potentiels sont la base de l'analyse géostratégique des ambitions
géopolitiques des Etats. La géostratégie est un secteur de
la géopolitique qui a pour vocation l'examen des forces et leur
installation : Quelles sont les armes produites ? Quelles sont les armes
exportées ? Vis-à-vis de quels pays ? Suivant quelles motivations
? Idem en ce qui concerne le nucléaire, en termes de
prolifération, qui donne quoi ? A qui ? Pourquoi ? Comment ?
Les motivations idéologiques : Par motivation
idéologique, on entend les motivations liées aux
représentations que les groupes sociaux se font d'eux-mêmes.
Principalement, le communisme et la lutte contre le communisme ont
été, avec le nationalisme, les deux très grands courants
caractéristiques de ce siècle. Les efforts d'expansion du
communisme et la volonté d'endiguement de cette expansion territoriale
se retrouvent dans pratiquement tous les conflits géopolitiques de ces
50 dernières années. Cet affrontement de deux modèles et
de ces deux expansionnismes a eu des conséquences géopolitiques
majeures.
Pour compléter les explications obtenues grâce
à la méthode géopolitique, nous avons également
utilisé la méthode stratégique en référence
à la théorie de l'acteur stratégique
élaborée par Michel Crozier et Erhard Friedberg au cours des
années 1970. Il s'agit d'une théorie centrale en sociologie des
organisations, développée au sein de l'analyse
stratégique. Elle part du constat suivant : étant donné
qu'on ne peut considérer que le jeu des acteurs soit
déterminé par la cohérence du système dans lequel
ils s'insèrent, ou par les contraintes environnementales, on doit
chercher en priorité à comprendre comment se construisent les
actions collectives à partir de comportements et d'intérêts
individuels parfois contradictoires. Au lieu de relier la structure
organisationnelle à un ensemble de facteurs externes, cette
théorie essaie donc de l'appréhender comme une élaboration
humaine, un système d'action concret. Elle rejoint donc les
démarches qui analysent les causes en partant de l'individu pour aboutir
à la structure l'individualisme méthodologique et non de la
structure à l'individu structuralisme.21(*)
En relation internationale, la méthode
stratégique a pour objet les enjeux de la sécurité et les
choix des acteurs pour assurer leur sécurité ou marge de
manoeuvre.Cette méthode postule l'existence d'individus rationnels qui
élaborent des stratégies afin d'atteindre leurs objectifs, dans
un contexte général de contraintes.22(*) Cette approche postule,
également, que les individus essaient d'anticiper les décisions
que prendront les autres acteurs. Elle ne met pas l'accent sur les choix
individuels à proprement parler, mais plutôt sur
l'agrégation de choix collectifs. Elle sert à mettre en
lumière des stratégies qui prennent place dans des
macro-processus. Le cas de la Corée du Nord pose un problème
à la Communauté internationale et précisément aux
Etats-Unis, la Corée du sud et le Japon dans leur quête
rationnelle de sécurité. Cette méthode permet d'expliquer
les interactions de ces pays en quête de sécurité maximum,
et de montrer aussi que, dans cette quête, ces pays s'appuieront sur des
organisations internationales et le droit qui sont tout à fait
respectueux de la liberté et du caractère individuel de leurs
décisions respectives et, donc, du caractère anarchique du
système international. 23(*)
6.
Techniques
Selon Mulumbati Ngasha, les techniques ont pour but
d'enregistrer ou de collecter diverses informations sur des individus, des
groupes d'individus, des institutions, l'environnement dans lequel les
individus et les groupes d'individus vivent ou évoluent, les opinions
des individus ou des groupes d'individus, leurs attitudes, leurs comportements
et leurs cognitions 24(*)
Une technique de recherche est un procédé
opératoire rigoureux, bien définie, transmissible, susceptible
d'être appliqué à nouveau dans les mêmes conditions
adapté au genre de problème et de phénomène en
étude. 25(*)
Pour la récolte de données de la présente
étude, nous nous sommes servis de l'observation indirecte. L'observation
indirecte porte sur les faits qui portent ou ont des traces que l'on veut
étudier et qui permettent de recueillir des informations sur ces
derniers faits. Il s'agit, en pareil cas, essentiellement de la technique
documentaire.26(*)
L'observation documentaire consiste à étudier et analyser les
documents pour arriver à déterminer les faits dont ces documents
portent des traces. Nous avons eu recours aux données contenus tant dans
les ouvrages, articles scientifiques pertinents trouvés dans les
bibliothèques et sur les sites Internet de revues scientifiques.
7.
Délimitation spatio-temporelle
La présente étude porte sur la période
allant de 1993, date à laquelle la Corée du Nord s'est
retiré du TNP, à nos jours où la problématique du
nucléaire en Corée du Nord reste encore d'actualité.
8. Plan
du travail
Hormis cette introduction, notre travail compte trois
chapitres. Le premier chapitre est intitulé cadre théorique. Ce
chapitre comprend cinq sections. Le deuxième chapitre est
intitulé stratégie de défense et capacité
nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Ce chapitre est
subdivisé en quatre sections. Le troisième chapitre est
intitulé la Corée du Nord comme menace contre les Etats-Unis , la
Corée du Sud et le Japon. Ce chapitre est subdivisé en trois
sections.
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE
Pour la meilleure exploitation de notre sujet, le
développement d'un cadre théorie est nécessaire. C'est
l'objet de ce premier chapitre qui est subdivisé en cinq sections. La
première section est consacrée à la définition du
concept clé de notre sujet. Il s'agit du concept de la menace. Pour bien
cerner la notion de la menace, nous allons la compléter avec la notion
de l'ennemi et de l'agression. La section 2 fait la synthèse des
doctrines de la dissuasion nucléaire. La section 3 traite du
régime de la non-prolifération nucléaire, avec une
référence majeure au Traité de non-prolifération
nucléaire, au système de garantie par l'Agence Internationale de
l'Energie Atomique ainsi qu'au mécanisme de contrôle des
exportations par le club de Londres. La section 4 analyse la
licéité de la menace ou de l'emploi d'armes nucléaires
dans les conflits armés sous l'éclairage de l'Avis consultatif de
la Cour internationale de justice du 8 Juillet 1996. Enfin la section 5
présente les théories géopolitiques de Mackinder heartland
et de Spykman rimland leur contextualisation à la péninsule
coréenne.
Section I. La notion de la
menace
1.1.
Définition
Le concept « menace » est évoqué dans
la Charte quand elle évoque les menaces à la paix et à la
sécurité. En effet, l'article 2 paragraphe 4 de la Charte des
Nations Unies dispose : « Les membres de l'Organisation s'abstiennent,
dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou
à l'emploi de la force, soit contre l'intégrité
territoriale ou l'indépendance politique de tout Etat, soit de toute
autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies.
»27(*)
Une menace est donc une parole ou un comportement par lesquels
on indique à quelqu'un qu'on a l'intention de lui nuire, de lui faire du
mal, de le contraindre à agir contre son gré. C'est
également un signe, une convergence d'indices qui laisse prévoir
quelque chose de dangereux, de nuisible qui risque de subvenir.
La menace étant d'ordre intentionnel, l'agression en
est la matérialisation28(*) . « L'agression est la forme la plus grave et la
plus dangereuse de l'emploi illicite de la force, qui renferme, étant
donné l'existence de tous les types d'armes de destruction massive, la
menace possible d'un conflit mondial avec toutes ses conséquences
catastrophiques ». 29(*)
Chaque Etat, fait face à une diversité des
menaces, celles-ci peuvent être des menaces non militaires ou militaires.
Les menaces non militaires peuvent provenir de l'environnement national ou
international. On peut citer par exemple la faim comme cause directe de la mort
; on peut citer également les catastrophes naturelles ou le
réchauffement climatique, comme cause indirecte de la mort. Il ne s'agit
pas d'examiner la mort individuelle, mais de mettre l'accent sur la mort
organisationnelle. Les menaces militaires sont le fait de la détention
de l'arme par l'ennemi. Contrer ces menaces militaires relève de la
politique de défense alors que contrer celles non militaires est une
entreprise qui relève de la sécurité. 30(*)
Dans le cadre de cette étude, nous nous
intéresserons uniquement aux menaces militaires.
La menace militaire se traduit concrètement par la
détention, la production, le commerce d'armes. 31(*)
1.2.
La perception des menaces
Les menaces ne sont pas perçues de la même
manière par tous les Etats. Les circonstances liées au temps et
au lieu influencent la manière dont les acteurs stratégiques
perçoivent les menaces. Cette perception est évolutive. 32(*) Nous allons examiner la
perception des menaces des points de vue de l'Europe, des Etats-Unis, de la
Russie et de l'Afrique.
1. Le point de vue de
l'Europe.
Jusqu'à la fin des années 1990, l'Europe
occidentale percevait les menaces qui pesaient sur elle en termes de «
menaces militaires », cette perception était précise, stable
et commune, à l'ensemble des pays occidentaux. Après 1990,
l'Europe occidentale perçoit les menaces plus en termes de « risque
» qu'en termes « militaires ». Deux facteurs expliquent le
changement intervenu dans la conception Européenne de menace :
l'effondrement du communisme et la fin de la guerre interétatique en
Europe.33(*)
Avec l'effondrement du communisme, la menace militaire telle
qu'elle existe disparait. Cette nouvelle situation a pour première
conséquence de faire éclater le concept de menaces militaires.
Comme on n'arrive pas à identifier des menaces militaires
précises, on élargit se concept des menaces à d'autres
domaines et on utilise un nouveau concept, celui de « risques
».34(*)
Le risque apparait comme un danger éventuel plus ou
moins visible combinant plusieurs facteurs : politique, économique,
démographique, ethnique et religieux. Le risque, à la
différence de la menace, ne comporte pas un degré aussi grave au
fondement cité car il ne porte pas atteinte au fondement de la
sécurité européenne comme pouvait le faire la menace
soviétique pendant la guerre froide.
Les guerres interétatiques, plus
particulièrement entre grandes puissances tendent à s'effacer.
L'observation des guerres durant les cinq derniers siècles a ainsi
conduit certains acteurs à défendre la thèse de
l'obsolescence de la guerre interétatique pour ce qui concerne la
période contemporaine. Il convient à ce sujet de présenter
plus généralement les grandes tendances relatives à l'Etat
de la guerre depuis la mise en place du système
interétatique.35(*)
La perception des risques n'annule pas totalement
l'évidence de toutes les menaces militaires puisque l'Europe occidentale
croit en quelques menaces militaires qui proviendraient de l'Orient.
Une tentative de reconstitution d'une menace venant de
l'Orient s'est dessinée. Mais elle a des difficultés à
prendre consistance. Fort heureusement, la guerre du Golfe est arrivée
à point pour lui donner une réalité. Il faut constater que
cette menace venant d'une zone allant du Maroc au Golfe persique est plus
sensible dans les pays d'Europe du Sud Italie, France, Espagne que pour les
pays du Nord et dans les forces politiques, dans les partis politiques
conservateurs que dans les partis de gauche.
Finalement, on s'aperçoit que la dimension militaire de
cette « menace » reste encore floue. Les dangers d'une
prolifération balistique, nucléaire et chimique, prennent une
certaine consistance. Il est aussi difficile de nier qu'il s'est
constitué, souvent avec l'aide des européens, des potentiels
militaires conventionnels importants dans la région.
On s'aperçoit que la conjonction de cette menace
militaire potentielle avec d'autres facteurs politiques, économiques,
démographiques, religieux peut devenir dangereuse à terme. A la
démographie est associé la crise ou la récession et
à la religion, l'intégrisme.36(*)
2. Le point de vue des
Etats-Unis
Les Américains redoutent deux menaces : la menace
terroriste et la menace de prolifération nucléaire. Aux USA, on
observe un retour de la géopolitique appelée « la guerre
contre le terrorisme » annoncée par Georges W Bush, après le
11 septembre 2001. Dans la rhétorique américaine, il n'y avait
plus de conflit entre les grandes puissances ; désormais, les Etats-Unis
sont en guerre contre le terrorisme.
Quant à la prolifération nucléaire, il
faut dire qu'il y a prolifération des armements vers les Etats hostiles
aux intérêts américains. En effet, un nombre
inquiétant des pays du tiers-monde sont en train d'acquérir des
arsenaux militaires sophistiqués incluant des missiles à longue
portée, des armes biologiques et chimiques. Le danger est d'autant plus
vrai que tous les pays du sud considèrent que les Américains et
les Européens, eux-mêmes possesseurs d'armes nucléaires, et
qui veulent en priver les autres, n'ont ni le pouvoir ni la
légitimité dans le monde pour dire la loi.
Les Etats-Unis sont sur la défensive à cause de
la multipolarité qui inclut maintenant la Chine et l'Inde. 37(*)
3. Le point de vue
russe.
La sécurité de la Russie est surtout
menacée par des conflits locaux et notamment par ceux qui se
déroulent à proximité des ses frontières
Tchétchénie ; viennent ensuite la prolifération
nucléaire, une rupture dans l'équilibre stratégique,
l'ingérence dans les affaires intérieures, le terrorisme et
l'élargissement des blocs militaires.38(*)
1.3.
La menace nucléaire
Selon Joseph Cirincione 39(*) , les habitants de la planète ont à
faire face à quatre catégories de menaces nucléaires. La
première concerne la possibilité qu'un groupe terroriste mette la
main sur une arme nucléaire et qu'il la fasse exploser dans une grande
ville. La deuxième a trait au danger de l'utilisation accidentelle, non
autorisée ou délibérée de l'une des 23.000 armes
nucléaires réparties entre neuf pays à l'heure actuelle.
La troisième tient à l'apparition de nouveaux noms sur la liste
des pays dotés de l'arme nucléaire : la Corée du Nord
aujourd'hui, l'Iran demain peut-être et d'autres par la suite. La
quatrième et dernière menace est l'effondrement possible du
réseau de traités et de mesures de contrôle qui a su
ralentir, sinon prévenir totalement, la prolifération des armes
nucléaires.
Au cours des années 1990, une série des
décisions judicieuses a permis d'atténuer les menaces suivantes
:
· Les États-Unis et la Russie,
détenteurs à eux deux de 96 % des armes nucléaires au
monde, ont négocié des traités qui ont eu pour effet de
réduire considérablement leurs arsenaux.
· De nombreux États ont renoncé aux
armes et programmes d'armement nucléaires, dont l'Ukraine, la
Biélorussie, le Kazakhstan, l'Irak et l'Afrique du Sud.
· Les États-Unis, la Russie et d'autres pays
ont mis en route des programmes visant à sécuriser et à
réduire leurs stocks de matériaux nécessaires à la
fabrication d'armes nucléaires, ce qui décroît d'autant le
risque d'acquisition ou de fabrication d'une bombe par des terroristes.
· Des dizaines de pays ont adhéré au
Traité de non-prolifération et oeuvré de concert au
renforcement et à l'élargissement de leurs mesures de restriction
applicables à la quasi-totalité des pays.
Des problèmes de taille méritent cependant
d'être signalés :
· On a assisté à la
prolifération de groupes terroristes calqués sur Al-Qaïda
alors que dans le même temps les programmes destinés à
sécuriser les matières fissiles n'ont pas suivi le rythme,
d'où un risque accru de terrorisme nucléaire.
· Les États-Unis ont cessé de
négocier des réductions avec la Russie, et les deux pays ont
rédigé des avant-projets de règles relatives à
l'emploi d'armes nucléaires contre des cibles classiques, dont des
repaires fortifiés souterrains.
· La Corée du Nord et l'Iran ont
accéléré leurs programmes nucléaires.
· Le régime de non-prolifération s'est
affaibli, à tel point que beaucoup redoutent son effondrement et la mise
en route de programmes d'armes nucléaires dans de nombreux
États.
La notion de la menace ainsi éclaircie nous renvoie
à la notion de l'ennemi. C'est le contenu du point suivant.
1.4.
La notion de l'ennemi.
La notion d'ennemi se conçoit par rapport à
l'éventualité d'une guerre et l'opposition des
intérêts, encore que pareille opposition ne puisse être
résolue par voie judiciaire ou par voie arbitrale. L'ennemi n'est ni le
concurrent, ni le rival, ni l'adversaire car il tire sa signification de sa
relation permanente à l'éventualité réelle, mais
non inéluctable, de l'affrontement mortel. L'ennemi c'est «
l'autre, l'étranger, l'antagoniste » sur le plan des
intérêts ou des valeurs, sans que le conflit puisse être
réglé juridiquement ou par arbitrage d'un tiers. Dans les
relations internationales, l'ennemi est public, pas privé. En cela, il
n'implique aucune haine personnelle, car l'ennemi est un ennemi d'une
communauté, que cette communauté soit une confession, une classe,
un peuple, un Etat.40(*)
Dans les relations internationales, l'ennemi peut être
réel, potentiel ou imaginaire, mais l'ennemi doit nécessairement
exister tant son rôle est important dans la vie d'une nation.
Pendant la guerre froide, l'Europe occidentale et les
Etats-Unis d'Amérique n'avaient qu'un seul ennemi, précis et
stable : l'Union des Républiques Socialistes et Soviétiques.
Après la guerre froide, les pays de l'Europe occidentale
considèrent la Russie et les pays de la Communauté des Etats
indépendant comme des ennemis résiduels. Certains pays du sud,
détenteurs de l'arme nucléaire sont également
perçus comme « ennemis ».
Pour les Etats-Unis d'Amérique, l'ennemi est parfois
idéologique. : les communistes pendant la guerre froide, actuellement
l'intégriste islamiste. Tous les ennemis des Etats-Unis sont
définis par les mêmes caractéristiques : ils s'opposent
directement ou indirectement aux intérêts américains. Pour
la guerre en Irak menée par les États-Unis en mars 2003, par
exemple, l'administration Bush a présenté le régime de
Saddam Hussein et ses armes de destruction massive comme une menace directe
à la sécurité des États-Unis dans le but de
convaincre la population américaine de la nécessité de
frappes militaires. 41(*)
L'ennemi est également associé à un Etat.
Mais la définition géographique de l'ennemi est
éphémère, sa durée correspond au temps
nécessaire pour établir l'influence américaine dans le
pays. Après la guerre froide, les ennemis des Etats-Unis se sont
diversifiés : La Chine qui est perçue comme un danger sur le plan
économique, et de l'emploi avant d'être un danger militaire ; les
Etats de l'axe du mal ou les Etats voyous en tant que porteurs de la menace
terroriste.
La Russie identifie aussi ses ennemis potentiels sur les
frontières méridionales et orientales. L'Afghanistan,
malgré les échanges commerciaux est sur le plan
géopolitique, si non un ennemi tout au moins le principal concurrent
régional. L'Iran est cet autre ennemi potentiel, susceptible de s'allier
à l'Afghanistan et au Pakistan. Mais aussi la Chine qui, lorsqu'elle
aura modernisé son armée et développé son potentiel
nucléaire, pourrait avoir des revendications territoriales dans la
région du Baïkal ou dans les provinces maritimes. Enfin, le devenir
indirectement en armant massivement les républiques de la
Communauté des Etats indépendants ou de la baltique en
concentrant ses troupes aux frontières de la Russie.
1.5.
La notion de l'agression
L'article 2 paragraphe 4 de la charte des Nations Unies
dispose : « Les membres de l'Organisation s'abstiennent, dans leurs
relations internationales, de recourir à la menace ou à l'emploi
de la force, soit contre l'intégrité territoriale ou
l'indépendance politique de tout l'Etat, soit de toute autre
manière incompatible avec les buts des Nations Unies. » La
prohibition de l'emploi de la force armée est une règle
fondamentale dans les relations internationales contemporaines. Cette
règle constitue l'un des principes essentiels de la Charte des Nations
Unies et s'impose aux Etats membres aussi bien qu'à l'Organisation
mondiale elle-même. 42(*)
La violation de la prohibition du recours à la force
par un Etat peut constituer une agression armée, mais pas toujours :
d'une part, parce que tout emploi de la force ne reçoit pas la
qualification d'agression armée; d'autre part, parce qu'il existe des
situations où le recours à la force armée est
autorisé par le droit international et plus précisément
par la Charte des Nations Unies. Ce n'est pas un hasard si le chapitre VII de
cette dernière s'intitule : « Action en cas de menace contre la
paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression ». Et pour faire face
à de tels actes, la Charte donne pouvoir au Conseil de
sécurité de constater « l'existence d'une menace contre la
paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression » et de faire des
recommandations ou de décider quelles mesures seront prises
conformément aux dispositions des articles 41 et 42 pour maintenir ou
rétablir la paix et la sécurité internationales art. 39 .
Ce sont : la légitime défense et le recours à la force
armée par le Conseil de Sécurité. 43(*)
En tant que violation grave d'une norme impérative du
droit international, l'agression armée entraîne des
conséquences juridiques sérieuses dans l'ordre juridique
international. La première de ces conséquences découle de
la criminalisation de l'agression qui, en faisant de celle-ci une atteinte
grave à l'ordre public international, impose à tous les Etats de
prêter leur concours pour y mettre fin. Les réactions
internationales à l'agression armée ne sauraient donc être
l'affaire du seul Etat victime ; elles doivent être celles de chaque Etat
pris individuellement, ou de plusieurs Etats agissant comme groupe d'Etats ou
comme une organisation internationale. 44(*)
Section II. La dissuasion
nucléaire
La dissuasion nucléaire est une doctrine
stratégique adoptée pendant la guerre froide quand les deux
superpuissances, les Etats-Unis et l'URSS, sont entrées dans ce que
l'on appelle « équilibre de la terreur ». 45(*)
2.1.
Définition de la dissuasion nucléaire
De manière générale « dissuader
» signifie détourner quelqu'un de son projet. La dissuasion est un
mode de la stratégie militaire qui vise à détourner un
adversaire d'une intention agressive par la représentation des
représailles qu'il pourrait subir en retour. 46(*)
La notion de dissuasion nucléaire consiste en la peur,
dans les deux camps, de l'utilisation par l'autre de l'arme nucléaire.
Si c'était le cas, l'agressé répliquerait avec les
mêmes armes et, en raison de la puissance et des effets des armes
nucléaires, chacun pourrait être totalement détruit ce
qu'on appelle « Mutually Assured Destruction » ou « Destruction
mutuelle assurée » ou au moins subir des dégâts
très importants, si bien que les avantages d'être l'agresseur sont
quasi nuls. La stabilité de cette configuration, où deux
adversaires se dissuadent ainsi mutuellement, dépend avant tout de la
capacité de l'agressé à frapper nucléairement
l'autre après avoir subi une première frappe atomique. C'est la
« capacité de seconde frappe ». 47(*)
Bruno Tertrais 48(*) écrit que la dissuasion nucléaire joue
un rôle essentiel en maintenant tout agresseur dans le doute quant
à la façon dont les Alliés riposteraient en cas
d'agression militaire.
Pour Emmanuel Glasser, la dissuasion nucléaire est en
effet l'équilibre de la terreur. C'est-à-dire que « l'arme
nucléaire a été pendant la guerre froide un facteur de
stabilisation ». 49(*) Dans le même sens, Lucien Poirier écrit
que l'arme nucléaire est le « moyen de la non-guerre pour les
autres, qui marquent ainsi la différence entre la paix naturelle
imputable à la modération des politiques et la paix forcée
due à la rétention de la violence par la peur de ses excès
». 50(*)
Dans Paix et Guerre entre les nations, Raymond Aron montrait
que face à la détention conjointe de l'arme nucléaire par
les Etats-Unis et l'Union soviétique, « la guerre est impossible,
mais la paix est tout aussi improbable ». 51(*)
Selon Henry Kissinger, la dissuasion désigne « la
tentative faite pour empêcher d'adopter une certaine ligne d'action en
lui opposant des risques qui lui paraissent sans commune mesure avec aucun des
gains escomptés ». Ainsi présentée, la dissuasion
n'est donc pas spécifiquement nucléaire puisque la
possibilité de parvenir à une situation de dissuasion est
présente dans toute situation d'équilibre militaire. On la
retrouve notamment dans la formule romaine « si vis pacem para bellum
» si tu veux la paix prépare la guerre. 52(*)
En bref, la dissuasion nucléaire est la capacité
à décourager toute attaque nucléaire en soulignant la
volonté d'y riposter par une arme de même type. Comme aucun Etat
ne peut accepter les pertes matérielles, morales et politiques
consécutives à la riposte nucléaire, son utilisation
devient intolérable : c'est la théorie du Mutually Assured
Destruction MAD , qui constitue le coeur même de la dissuasion
nucléaire en postulant que la puissance de destruction que
confère l'arme nucléaire rend de facto son utilisation impossible
vu les ripostes tout aussi destructrices qu'elle entrainerait. On retrouve donc
bien là une situation de gel stratégique dans laquelle la paix
passe par des moyens militaires nucléaires.
2.2.
Typologie des doctrines de dissuasion
Dans le bloc américain, les doctrines les plus
représentatives en matière de stratégie nucléaire
sont la doctrine des représailles massives et la doctrine de la riposte
graduée. Dans le bloc soviétique, nous avons la doctrine
Sokolovski.
1. La doctrine des
représailles massives
La doctrine des représailles massives a
été défendue pendant la Guerre froide par les Etats-Unis,
notamment par le secrétaire d'Etat Dulles.53(*) Son principe est qu'en cas
d'attaque de l'URSS contre les Etats-Unis ou leurs alliées, les
Etats-Unis riposteraient de toutes leurs forces. La seule invasion de Berlin
Ouest aurait ainsi pu provoquer une attaque nucléaire contre l'URSS.
L'arme nucléaire a alors clairement deux fonctions : dissuasive et
destructive. En effet, la réflexion théorique et politique s'est
très vite concentrée sur ce qui a été l'enjeu
majeur de la guerre froide : la protection par les Etats-Unis de leurs
alliés face à un adversaire soviétique
géographiquement proche et militairement plus puissant qu'eux.
Dès 1953, date de la formalisation de la première doctrine
stratégique américaine, la préoccupation dominante fut
celle de la garantie que les Etats-Unis pouvaient apporter à leurs
alliés. Le coeur de l'analyse américaine était que seule
la supériorité de la puissance nucléaire des Etats-Unis
était susceptible de dissuader l'Union soviétique de faire usage
de sa suprématie conventionnelle contre l'Europe occidentale. 54(*)
2. La doctrine de la
riposte graduée.
En
1962, McNamara 55(*) développe la doctrine
de la riposte graduée dans le cadre de la stratégie de
défense des
États-Unis. Cette
doctrine signifie que la riposte doit être proportionnée à
l'attaque, car les États-Unis n'ayant plus le monopole de l'arme
nucléaire, ils ne peuvent intimider l'URSS par cette seule menace. En
effet, l'URSS est capable de menacer les Etats-Unis jusqu'à ses
frontières. En octobre 1962, un avion-espion américain prend des
photos au large de
Cuba.
Il découvre qu'une base de missiles soviétiques est en
construction
à quelques miles des côtes américaines. Les missiles sont
tout
droit
dirigés vers les Etats-Unis. On parle alors de la crise de Cuba. Aussi
appelée "crise des missiles", elle a duré du 16 au 28 octobre
1962. Sans le sang froid des dirigeants des deux Grands, le monde aurait pu
basculer dans une Troisième guerre mondiale. Pourtant, dès les
années 1950, les dirigeants soviétiques et américains
étaient conscients qu'un conflit nucléaire déboucherait
nécessairement sur une destruction mutuelle assurée.
Pendant plus d'une semaine, le risque d'un conflit ouvert a
cependant été réel. L'issue de cette crise a
dépendu de la personnalité des différents protagonistes
soviétiques, cubains et américains. Parmi eux, le
Secrétaire d'Etat à la défense de John F. Kennedy, Robert
MacNamara, a joué un rôle central. En refusant de mettre en oeuvre
le principe des "représailles massives" élaboré par le
Secrétaire d'Etat John Foster Dulles pendant le mandat du
président D. Eisenhower, MacNamara a évité le pire. Pour
lui, le recours à l'arme nucléaire ne devait s'imposer qu'en
dernier recours.
Par conséquent, la riposte graduée signifie
qu'il faut disposer de moyens pour mener des représailles douloureuses
pour l'ennemi contre n'importe quelle attaque. Elle conditionne la nature des
armes qui seront employées pour riposter ainsi que les cibles
visées aux armes utilisées par l'agresseur et ses propres cibles
- sans qu'il y ait nécessairement équivalence entre les armes -,
et implique un recours progressif et adapté aux
armes
nucléaires.
Les Alliés européens des Etats-Unis ont
commencé à douter de l'engagement nucléaire
américain en Europe, en vinrent à penser, à la faveur des
évolutions techniques des années 50, qu'il fallait inscrire le
recours aux armes nucléaires dans un processus d'escalade progressive,
graduée, permettant de marquer sa détermination sans monter
immédiatement aux extrêmes. Cette approche, que l'on pourrait
qualifier d'opérationnelle, de la dissuasion fut traduite dans les faits
par l'abandon au sein de l'OTAN de la doctrine des représailles massives
au profit de celle dite de la riposte graduée en 1967. 56(*)
Par cette théorie, les Etats-Unis sont parvenus
à la conclusion que dans la mesure du possible, la stratégie
militaire de base devant être employée dans le cas d'une
éventuelle guerre nucléaire globale, devrait être
conçue sur le modèle des options militaires plus conventionnelle
considérées dans le passé. Ce qui veut dire que le
principal objectif militaire en cas de guerre nucléaire résultant
d'une attaque de grande envergure contre l'Alliance devrait être la
destruction des forces armées de l'ennemi, et non de sa population
civile. Les Etats-Unis ont ainsi abandonné la doctrine du MAD et
adoptée la stratégie contre forces. 57(*) C'est-à-dire, une
stratégie fondée sur les nouvelles technologies, notamment «
la révolution de la précision, qui permettra de réelles
frappes contre force en minimisant les dommages collatéraux, et la
révolution électronique qui permettra le guidage terminal des
armes, la maitrise absolue en temps réel de l'ensemble des
opérations sur le champ de bataille, donc la possibilité de
contrôler l'escalade ». 58(*) .
3. La doctrine Sokolovski59(*)
Prônée en 1960 par
Khroutchev et Malinovsky, respectivement premier secrétaire du
comité central du Parti Communiste de l'Union Soviétique et
ministre de la défense de l'URSS, la doctrine Sokolovski se
résume ainsi : « s'il y a conflit avec l'Occident, il ne peut
être que nucléaire. Pour éviter une éventuelle
frappe initiale de l'ennemi, la frappe préventive de la part des
Soviétiques est envisagée afin de prendre le contrôle de la
nucléarisation du conflit, qui conduirait, étant donné les
dommages survenus, à une victoire de l'URSS. Il faut profiter de l'effet
surprise pour frapper massivement l'adversaire, aussi bien sur des cibles
situées à l'arrière que sur les forces armées
ennemies du théâtre d'opérations. Ensuite, les frappes
nucléaires massives seront combinées aux frappes conventionnelles
pour vaincre l'adversaire et pouvoir atteindre le but politique
recherché. Le potentiel de destruction nucléaire, qui doit
être utilisé au début de l'engagement « c'est
alors que ses effets sont les plus importants n'exclut donc pas la
possibilité d'un conflit prolongé auquel l'Union
soviétique doit aussi se préparer. » 60(*)
4. La doctrine de
dissuasion « du faible au fort »
Théorisée notamment par le Général
Gallois, la
doctrine de dissuasion du faible au fort repose sur l'idée que le fait
de pouvoir infliger à un adversaire même beaucoup plus puissant
des dommages largement supérieurs à l'avantage qu'il retirerait
d'une invasion ou d'une atteinte aux intérêts vitaux est à
même de le dissuader. Il s'agit donc d'infliger à l'ennemi des
destructions épouvantables « visant les grandes
agglomérations d'une nation adverse, où se concentre la plus
grande part de la puissance démographique et économique »
61(*) . On applique ici la
stratégie anti-cité. L'enjeu de cette théorie était
« d'infliger à l'URSS une réduction notable,
c'est-à-dire au moins 50%, de sa fonction économique »
62(*) De Gaulle traduit en
termes très concrets cette théorie en disant « Dans dix ans,
nous aurons de quoi tuer 80 millions de Russes. Eh bien je crois qu'on
n'attaque pas volontiers des gens qui ont de quoi tuer 80 millions de Russes,
même si on a soi-même de quoi tuer 800 millions de Français,
à supposer qu'il y eût 800 millions de Français ».
Cette théorie française de dissuasion « du
faible au fort » peut présenter aujourd'hui un intérêt
pour des Etats proliférants désireux de protéger leur
propre territoire national, comme à l'époque pour la France, qui
a dû se procurer de l'arme nucléaire pour protéger ses
intérêts vitaux afin prévenir les menaces de l'URSS.
Section III. La
non-prolifération nucléaire
Dans cette section nous allons étudier le régime
de la non-prolifération nucléaire qui comprend le Traité
de non-prolifération, le système de garantie par l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique ainsi que le Mécanisme de
contrôle des exportations par le club de Londres.
3.1.
Le Traité de Non-prolifération
Nous définirons le Traité de
Non-prolifération nucléaire (TNP en sigle), nous expliquerons
son origine, son évolution, et enfin donneront ses points forts et ses
points faibles.
1. Définition du
Traité de non-prolifération nucléaire
Le Traité de non-prolifération nucléaire
est un traité international conclu le 1er juillet 1968, qui a
comme finalité de « réduire le risque de la propagation de
l'arme nucléaire à travers le monde »
63(*) , comme
stipulée par les articles premier et deux du texte original en
français cité ci-dessous :
« Article 1er : Tout État doté
d'armes nucléaires qui est Partie au Traité s'engage à ne
transférer à qui que ce soit, ni directement ni indirectement,
des armes nucléaires ou autres dispositifs nucléaires explosifs,
ou le contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs ; et
à n'aider, n'encourager ni inciter d'aucune façon un État
non doté d'armes nucléaires, quel qu'il soit, à fabriquer
ou acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires
ou autres dispositifs nucléaires explosifs, ou le contrôle de
telles armes ou de tels dispositifs explosifs.
Article II : Tout État non doté d'armes
nucléaires qui est Partie au Traité s'engage à n'accepter
de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d'armes
nucléaires ou autres dispositifs nucléaires ou du contrôle
de telles armes ou de tels dispositifs explosifs; à ne fabriquer ni
acquérir de quelque autre manière des armes nucléaires ou
autres dispositifs nucléaires explosifs; et à ne rechercher ni
recevoir une aide quelconque pour la fabrication d'armes nucléaires ou
d'autres dispositifs nucléaires explosifs.
Les motivations de ce traité sont bien
expliquées dans le préambule du texte original en français
que nous citons ci-dessous :
« Considérant les dévastations qu'une
guerre nucléaire ferait subir à l'humanité entière
et la nécessité qui en résulte de ne ménager aucun
effort pour écarter le risque d'une telle guerre et de prendre des
mesures en vue de sauvegarder la sécurité des peuples,
Persuadés que la prolifération des armes
nucléaires augmenterait considérablement le risque de guerre
nucléaire,
En conformité avec les résolutions de
l'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies
demandant la conclusion d'un accord sur la prévention d'une plus grande
dissémination des armes nucléaires,
S'engageant à coopérer en vue de faciliter
l'application des garanties de l'Agence internationale de l'énergie
atomique aux activités nucléaires pacifiques,
Exprimant leur appui aux efforts de recherche, de mise au
point et autres visant à favoriser l'application, dans le cadre du
système de garanties de l'Agence internationale de l'énergie
atomique, du principe d'une garantie efficace du flux de matières brutes
et de produits fissiles spéciaux grâce à l'emploi
d'instruments et autres moyens techniques en certains points
stratégiques,
Affirmant le principe selon lequel les avantages des
applications pacifiques de la technologie nucléaire, y compris tous
sous-produits technologiques que les Etats dotés d'armes
nucléaires pourraient obtenir par la mise au point de dispositifs
nucléaires explosifs, devraient être accessibles, à des
fins pacifiques, à toutes les Parties au Traité, qu'il s'agisse
d'Etats dotés ou non dotés d'armes nucléaires,
Convaincus que application de ce principe, toutes les Parties
au Traité ont le droit de participer à un échange aussi
large que possible de renseignements scientifiques en vue du
développement plus poussé des utilisations de l'énergie
atomique à des fins pacifiques, et de contribuer à ce
développement à titre individuel ou en coopération avec
d'autres Etats,
Déclarant leur intention de parvenir au plus tôt
à la cessation de la course aux armements nucléaires et de
prendre des mesures efficaces dans la voie du désarmement
nucléaire. »
Il est important ici de préciser certains concepts :
Etats nucléaires et Etats non nucléaires, et Prolifération
et Non-prolifération.
L'expression Etats nucléaires se rapporte aux Etats
dotés d'armes nucléaires avant la signature du TNP,
c'est-à-dire les Etats-Unis, l'U.R.S.S., la Grande Bretagne, la France,
la Chine et l'expression Etats non nucléaires, à tous les autres
Etats Parties au TNP.
Le terme prolifération dans son acception grammaticale,
couvre la multiplication des armes nucléaires, c'est-à-dire
l'augmentation du nombre des armes nucléaires indifféremment du
nombre des pays qui les possèdent. On a tenté de distinguer entre
prolifération verticale accroissement quantitatif et qualitatif des
armes possédées par les Etats nucléaires et
prolifération horizontale augmentation du nombre des pays
possédant des armes nucléaires. Non-prolifération
signifie renonciation aux armes nucléaires par les Etats non
nucléaires et engagement des Etats nucléaires de ne pas
transférer des armes nucléaires aux Etats qui n'en
possèdent pas. 64(*)
Qu'en est-il de l'origine et de l'évolution du TNP ?
C'est l'objet du paragraphe suivant.
2. Origine du TNP
Le Traité de non-prolifération nucléaire
a été signé le 1er juillet 1968 et est entré en
vigueur le 5 mars 1970, après avoir été ratifié,
comme le prévoit l'article 9, par les gouvernements signataires.
Avant d'en arriver à la signature en 1968, plusieurs
étapes ont été franchies. C'est la date du 21 septembre
1961 qui marque les premiers pas des négociations, car à cette
époque, les Etats-Unis et 1'U.R.S.S. annoncent à 1'O.N.U. qu'ils
se sont mis d'accord sur une déclaration commune concernant les
principes sur lesquels devront se fonder les négociations sur le
désarmement. Le 13 décembre de la même année les
deux pays décident de constituer un comité des 18 Etats sur le
désarmement.
En décembre 1961, par sa résolution 1665 XVI,
appelée aussi résolution irlandaise, l'Assemblée
générale de l'O.N.U. souligne l'importance et
l'intérêt de la non-prolifération. Elle revient sur le
problème dans ses résolutions 1908 XVIII et 2149 XXI. Il convient
d'insister particulièrement sur la résolution 2028 XX qui
proclame que le futur traité devra :
a) Etre exempt d'échappatoires qui pourraient permettre
à des puissances nucléaires ou non nucléaires de faire
proliférer, directement ou indirectement des armes nucléaires
sous quelque forme que ce soit;
b) Etablir un équilibre acceptable de
responsabilités et d'obligations mutuelles entre puissances
nucléaires et puissances non nucléaires;
c) Constituer un pas vers la réalisation du
désarmement général et complet et, plus
particulièrement, du désarmement nucléaire;
d) Contenir des dispositions acceptables et applicables pour
assurer son efficacité;
e) ne pas porter atteinte au droit d'un groupe quelconque
d'Etats à conclure des traités régionaux de façon
à assurer l'absence totale d'armes nucléaires sur leurs
territoires respectifs.
Notons aussi la résolution 2153 B XXI de
l'Assemblée générale décidant la convocation en
juillet 1968 d'une conférence des Etats non dotés d'armes
nucléaires. Le but de cette conférence était d'amener les
pays non nucléaires à définir une attitude commune et
à engager ainsi un dialogue fructueux avec les puissances
nucléaires.
3. Evolution du TNP
Ouvert à la signature en 1968, le TNP est entré
en vigueur en 1970, pour une durée de 25 ans, le Traité a
été prorogé en 1995 pour une durée
indéterminée, associant ainsi dans une dynamique commune les
Etats détenteurs et les Etats non détenteurs d'armes
nucléaires. On peut dire qu'aujourd'hui le Traité a atteint
« une quasi-universalité puisque seuls l'Inde, le Pakistan et
Israël n'en sont pas encore signataires et la Corée du Nord au
départ signataire, s'est retirée en 1993 » 65(*) . Selon Bruno Tertrais, «
si sa légitimité est souvent mis en cause, sa
renégociation, de l'avis de tous, serait impossible » 66(*) .
Bruno Tertrais ajoute que : « si le TNP constitue
toujours le coeur du régime de non-prolifération, il a
été complété par de nombreux instruments. La lutte
contre la prolifération suppose aujourd'hui de prendre en compte la
demande de sécurité d'Etats faisant face à des menaces
militaires, mais elle se heurte à la volonté de statut des pays
émergents qui voient dans le nucléaire un raccourci vers la
puissance » 67(*) .
C'est le cas de l'Inde, du Pakistan et d'Israël qui n'ont jamais
signé le Traité.
S'agissant de l'Inde, dont les premiers développements
dans l'énergie nucléaire remontent aux années 1950, avec
le concours du Canada et des Etats-Unis, le facteur déterminant de son
intérêt pour l'option nucléaire militaire paraît
essentiellement lié à ses relations avec la Chine. Un conflit a
opposé les deux pays, peu de temps avant que la Chine accède
à l'arme nucléaire. Les différends frontaliers ne sont pas
réglés. Enfin, la Chine est de longue date une alliée du
Pakistan. Mais il faut également rappeler que l'Inde a toujours
émis de fortes objections de principe au TNP, y voyant un instrument
pénalisant pour ses aspirations au statut de grande puissance.
Le Pakistan s'est pour sa part lancé dans un programme
nucléaire militaire dans les années 1970 en vue d'acquérir
une capacité dissuasive contre de l'Inde. Il a certainement
bénéficié du concours de la Chine, mais s'est
également appuyé sur le savoir-faire acquis par ses propres
experts, notamment le docteur Abdul Ader Khan, formé au sein de
l'industrie nucléaire européenne. Le Pakistan a testé
plusieurs engins nucléaires, lors d'expérimentations
souterraines, les 28 et 30 mai 1998, quelques jours après les essais
nucléaires indiens. Il a réalisé des armes
nucléaires à fission à l'uranium enrichi, mais est
également engagé dans la filière plutonium, avec la
réalisation de deux nouveaux réacteurs à eau lourde,
s'ajoutant au premier déjà en service, sur le site de Khushab.
A la différence de l'Inde et du Pakistan, Israël
maintient sur ses capacités nucléaires une politique
d'ambigüité qui est à la base même de sa
stratégie de dissuasion. Ses dirigeants ont constamment
réaffirmé leur position traditionnelle selon laquelle Israël
ne serait pas le premier Etat à introduire l'arme nucléaire au
Moyen-Orient. De même, Israël soutient l'idée d'une zone
exempte d'armes de destruction massive au Moyen-Orient. La défense de
l'existence de l'Etat d'Israël, non reconnu par la plupart des autres pays
de la région, constitue bien entendu la justification de cette
politique. Israël considère que sa situation géographique et
l'étroitesse de son territoire ne lui donnent pas une « profondeur
stratégique » offrant des garanties suffisantes pour faire face en
toutes circonstances à une attaque conventionnelle. 68(*)
Mise à part ces difficultés d'application
universelle du TNP, son grand avantage est qu'il a réussi à
artificiellement geler la situation nucléaire mondiale. 69(*)
Dans son article VII, le TNP autorise « un groupe
quelconque d'États de conclure des traités régionaux de
façon à assurer l'absence totale d'armes nucléaires sur
leurs territoires respectifs. ». C'est ainsi que certaines régions,
des Etats ont signé des accords. « Les zones exemptés
d'armes nucléaires couvrent désormais une grande partie de la
planète : l'Amérique latine et les Caraïbes traité de
Tlatelolco, 1967 le pacifique sud Rarotonga, 1985 , l'Asie du Sud-est
Bangkok,1995 , l'Afrique Pelindaba, 1996 et l'Asie centrale Semipalatinsk,2006
à ce traités s'ajoutent des arrangements particuliers, pour
l'Allemagne 1990 la Mongolie 1992 l'Antarctique 1959 l'Espace 1967 et les fonds
marins 1971 . Les différents accords renforcent par ailleurs la
non-prolifération. Depuis 1991 le Coopérative Threat Reduction
aide les pays de l'ex URSS à démanteler leurs armes et à
sécuriser leurs arsenaux. Les essais nucléaires sont interdits
depuis 1996. Le Global Threat Reduction Initiative 2004 vise à remplacer
l'UHE des réacteurs de recherche par le UFE les exportations sont
soumises aux règles du groupe des fournisseurs nucléaires 1992,
45 Etats l'initiative de sécurité contre la prolifération
2003 surveille les transferts de technologies et des matières. Enfin,
les puissances nucléaires se sont engagées à ne pas
employer la bombe contre les Etats non-nucléaires, et à leur
porter assistance en cas d'agression. Du coté de l'ONU, le conseil de
sécurité qualifie la prolifération de « menace pour
la paix et la sécurité internationales » déclaration
de 1992, résolution de 1887 de 2009, et la résolution 1540 de
2002 criminalise les activités illégales de transferts
nucléaires. 70(*)
4. Atouts et faiblesses du
TNP
· Atouts :
L'atout majeur du TNP est qu'il a réussi à
« artificiellement geler la situation nucléaire mondiale en 1968
afin de tenter d'arrêter la prolifération». 71(*) Qu'aurait pu être le
monde d'aujourd'hui, si le TNP n'avait pas été conclu ? Le monde
aurait pu être totalement nucléarisé.
La sortie est aussi possible : « Chaque Partie, dans
l'exercice de sa souveraineté nationale, aura le droit de se retirer du
Traité si elle décide que des événements
extraordinaires, en rapport avec l'objet du présent Traité, ont
compromis les intérêts suprêmes de son pays ».
72(*)
· Faiblesses :
Le traité de non-prolifération est peu
contraignant, il est inclusif, mais instaure tout de même une
différence de statut parmi les membres. Il crée deux
catégories d'États, « Tout État doté d'armes
nucléaires qui est partie au Traité » et « Tout
État non doté d'armes nucléaires qui est partie au
Traité ». 73(*)
3.2.
L'Agence internationale de l'énergie atomique
L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA en
sigle) est une
organisation
internationale placée sous l'égide de l'
ONU.
Elle rend un rapport annuel à l'
assemblée
générale de l'ONU et à chaque fois que demandé
par le
Conseil
de sécurité. Fondée en
1957 et basée à
Vienne, elle
cherche à
promouvoir les
usages pacifiques de l'
énergie
nucléaire et à limiter le développement de ses
applications militaires.
1. Origine et
évolution de l'AIEA
Le
8
décembre
1953,
le président
américain Eisenhower,
propose dans le
discours
Atoms for Peace,
prononcé devant l'
Assemblée
générale des Nations unies ONU , la création d'une
agence internationale chargée de contrôler l'utilisation des
matières nucléaires.
En
1955, une conférence
internationale est organisée sur le thème des usages pacifiques
de l'énergie atomique sous l'égide de l'ONU; elle donnera lieu
à la publication de six volumes sur les utilisations pacifiques de
l'énergie atomique, dont le 6e et dernier tome publié en 1958 est
consacré aux usages de l'énergie atomique dans l'agriculture et
l'alimentation.
Le statut de l'AIEA est approuvé le
23
octobre
1956 par 81 pays, il lui donne
la responsabilité du contrôle de la bonne application de la
sécurité et de la protection des personnes ainsi que du transfert
des technologies nucléaires. L'agence entre officiellement en fonction
le
29
juillet
1957.
De
1957 à
1962, alors que l'ONU promeut
via l'AIEA les usages pacifiques du nucléaire, via notamment une seconde
conférence sur ces usages pacifiques en 1958, les tensions entre les
deux
superpuissances, les
États-Unis et l'
URSS,
rendent l'application du statut de l'AIEA impossible. Il faut attendre la
crise des
missiles cubains pour que les deux superpuissances commencent à
vouloir contrôler leurs armements nucléaires.
En
1961, l'AIEA ouvre un
laboratoire d'analyse à
Seibersdorf, en
Autriche.
En
1968, avec la ratification du
Traité
de non-prolifération des armes nucléaires TNP, l'AIEA devient
le responsable de la surveillance de la bonne application du traité. Ce
traité empêche les États signataires d'augmenter leur
nombre d'armes nucléaires et pour ceux qui n'en ont pas de chercher
à en avoir.
Suite aux
chocs
pétroliers dans les
années 1970, et
grâce au lobbying de l'AIEA, plusieurs pays envisagent d'utiliser
massivement l'énergie nucléaire pour leurs besoins
énergétique, l'AIEA voit donc accroître le nombre de ses
contrôles.
L'
accident
nucléaire de Three Mile Island, en
1979, et principalement celui
de
Tchernobyl,
en
1986, arrêtent de
nombreux pays dans leur volonté d'utiliser l'énergie
nucléaire. Suite à ces catastrophes, l'AIEA augmente ses efforts
dans le domaine de la sûreté nucléaire sans remettre en
question ses objectifs.
Suite à la découverte, en
1991, du programme
nucléaire clandestin
irakien, différents
gouvernements décident d'augmenter les moyens et le rôle de l'AIEA
dans le contrôle de l'armement nucléaire.
2. Fonctions et
objectifs
Les statuts de l'AIEA fixent les objectifs et fonctions de
l'Agence, son rôle est d'assurer un usage sûr et pacifique des
technologies et des sciences liées au nucléaire.
L'AIEA exerce cette mission avec les fonctions suivantes :
1) Inspections des installations existantes pour s'assurer de
leur usage pacifique ;
2) Informations et publications de standards pour la
stabilité et la sûreté des installations nucléaires
;
3) Liens pour la recherche d'applications et utilisations
pacifiques des activités nucléaires.
L'AIEA s'oppose à l'utilisation militaire de
l'énergie nucléaire et soutient l'utilisation civile des
centrales nucléaires. Son objectif est le développement de
l'énergie nucléaire pour la production
d'électricité dans tous les pays membres actuellement 139
pays.
3. Critique de l'AIEA
L'AEIA déclare favoriser le développement du
nucléaire civil. Or, l'autorisation de l'utilisation civile des
matières nucléaires peut faciliter dans certains pays à
produire de matières pour des fins militaires. Rien ne garantit qu'un
programme nucléaire civil ne cache pas un programme nucléaire
militaire.
De plus, les inspections menées par l'agence
rencontrent souvent de nombreux obstacles, ce qui lui interdit de
vérifier parfaitement les activités de certains Etats. Dans
nombre de ses campagnes d'investigations, l'AIEA est revenue sans
réelles certitudes sur les programmes en cours et le fait qu'elle
condamne un projet, comme
elle
le fit fin 2009 des travaux de l'Iran, ne l'interrompt pas
nécessairement. Par ailleurs l'agence ne peut vérifier de pays
non signataires du
TNP.
C'est le cas des pays tels que l'
Inde,
Israël et le
Pakistan se sont ainsi
invités parmi les puissances nucléaires. L'AIEA n'arrive pas non
plus à effectuer ses vérifications dans les pays qui
développe des programmes clandestinement et qui lui font volontairement
obstacle.
Les
antinucléaires
accusent l'AIEA de minimiser les risques liés à l'utilisation de
l'énergie nucléaire. Ainsi, dans l'un de ses rapports sur la
catastrophe de
Tchernobyl,
50
victimes ont été dénombrées puis des
communiqués firent état d'au plus 4 000 puis 9 000 victimes
à long terme, tous controversés.
3.3.
Le régime de contrôle d'exportation de matière
nucléaire
Depuis la négociation sur le traité de
non-prolifération en 1968, les pays fournisseurs ont soutenu
l'idée selon laquelle ils avaient pour responsabilité de faire en
sorte que la coopération internationale ne contribue pas à la
prolifération des armes nucléaires. Progressivement, cette prise
de position s'est élargie à l'ensemble des transferts de
technologies pouvant favoriser la production d'armes de destruction massive et
celle de leurs vecteurs. Dans un souci d'efficacité, au reste quelque
fois illusoire, les pays fournisseurs ont mis en place les instruments
multilatéraux permettant de coordonner leur action. 74(*)
En effet, nombres de technologies ont une utilisation duale,
c'est-à-dire militaire et civile, ce qui peut entraîner une
volonté d'en limiter la dissémination. Depuis l'essai
nucléaire indien de 1974, on assiste à la mise en place par les
Etats fournisseurs de haute technologie d'un ensemble de processus collectif de
maîtrise des exportations. Ces mécanismes d'actions collectives,
connus sous l'appellation de régimes multilatéraux de
contrôle, visent à contribuer à la non-prolifération
des armes de destruction massive et de leurs vecteurs. A ce jour, on peut en
identifier cinq : le Comité Zangger, le Groupe des fournisseurs
nucléaires ex-Club de Londres , le Groupe australien, le Missile
Technology Control Regime ou Régime de Contrôle de la Technologie
du Missile et l'Arrangement de Wassenaar. 75(*)
Peu après l'entrée en vigueur du TNP en 1970,
des consultations multilatérales sur le contrôle des exportations
nucléaires ont conduit à la mise en place de deux
mécanismes distincts : le Comité Zangger du nom de son premier
président en 1971, et l'organe qui est désormais connu sous le
nom de Groupe des fournisseurs nucléaires ex-Club de Londres en 1975.
Le comité Zangger est, au sein de l'Agence
Internationale de l'Energie Atomique AIEA , l'instance dans laquelle les
principaux fournisseurs se réunissent pour s'entendre sur la
manière d'appliquer le paragraphe 2 de l'article III du TNP.
Le Groupe des fournisseurs nucléaires d'abord connu
sous le nom de Club de Londres a été créé à
la suite de l'explosion indienne de 1974. Cet événement
démontrait que la technologie nucléaire transférée
à des fins pacifiques pouvait être détournée vers
d'autres objectifs. Les principaux pays exportateurs de technologies
nucléaires Canada, Etats-Unis, France, Japon, Allemagne
fédérale, Royaume-Uni, URSS ont alors estimé qu'il fallait
adapter les conditions d'approvisionnement de produits nucléaires de
façon à mieux s'assurer que la coopération en ce domaine
puisse être poursuivie sans contribuer à la prolifération.
76(*)
Section IV. Droit international et
licéité de la menace ou emploi d'armes nucléaires
La question soulevée sous cette section est celle-ci :
est-il permis en droit international de recourir à la menace ou à
l'emploi d'armes nucléaires en toute circonstance ?
Cette question était soulevée aux Nations unies
après une intense campagne d'opinion menée par des ONG
réunies dans le World Court Project qui avaient rassemblé dans
les années 1990-1995, 3,6 millions de signatures dans le monde entier
sous forme de « Déclarations publiques de conscience ».
Déjà en 1987, des juristes spécialistes de la question
avaient estimé que l'usage des armes nucléaires était
illégal. Dans la foulée, en mai 1993, l'Organisation mondiale de
la santé interpellait aussi la Cour internationale de Justice CIJ en lui
demandant si, du point de vue de la santé et de l'environnement, l'usage
des armes nucléaires n'était pas en contradiction avec le droit
international humanitaire.
En effet, dans son Avis du 8 juillet 1996, la Cour a
estimé que « la menace ou l'emploi d'armes nucléaires serait
généralement contraire aux règles du droit international
applicable dans les conflits armés ». Mais elle n'a pas su
«conclure de façon définitive que la menace ou l'emploi
d'armes nucléaires serait licite ou illicite dans une circonstance
extrême de légitime défense dans laquelle la survie
même d'un Etat serait en cause ».77(*) D'une part, l'Avis de la Cour confirme que l'emploi
d'armes nucléaires est contraire aux règles du droit
international et d'autre part elle admet qu'un Etat en légitime
défense pourrait recourir à l'arme nucléaire pour
protéger ses intérêts vitaux. En dépit de cette
faiblesse ou contradiction, l'Avis consultatif de la CIJ du 8 juillet 1996 est
considérée comme « une victoire pour la règle de
droit dans les relations internationales »78(*) Même si les avis de la CIJ n'ont pas force
contraignante, ils jouissent cependant d'une grande autorité. 79(*) Sa réponse juridique
est donnée à l'une des questions politiques et juridiques les
plus brûlantes de notre époque, à savoir : l'emploi d'armes
nucléaires est-il licite ? Et cette réponse, pour l'essentiel,
est non. Il est intéressant de noter que la CIJ commence son
argumentation en mentionnant le fait que ni le droit international
conventionnel ni le droit international coutumier ne contiennent de
règle qui autorise l'emploi d'armes nucléaires.
La CIJ s'inspire du droit de la personne humaine à la
vie, conformément à l'article 6, alinéa 1, du Pacte
international des Nations Unies relatif aux droits civils et politiques, la
Cour a évoqué « que les droits de l'homme s'appliquent
également en temps de guerre, et qu'en outre, en vertu de l'article 4 du
Pacte, il ne peut, en aucun cas, être dérogé au droit
à la vie Le Comité des droits de l'homme chargé
d'étudier l'application du Pacte international relatif aux droits civils
et politiques avait déjà qualifié la fabrication, la mise
à l'essai et la possession d'armes nucléaires comme l'une des
plus grandes menaces pour le droit à la vie. Il avait demandé de
les interdire, tout comme leur emploi, et de les considérer comme un
crime contre l'humanité ». 80(*)
Il y a donc une relation entre la problématique des
armes nucléaires - dans le sens de leur proscription
générale, mais aussi de l'interdiction concrète de les
employer - et le droit de la personne humaine à la vie. « L'emploi
d'armes nucléaires porte atteinte à la fois au droit à la
vie et au droit international humanitaire. Comme dans d'autres contextes, le
droit international humanitaire et les droits de l'homme se recoupent. ».
81(*)
Ensuite il y a cette relation entre l'emploi d'armes
nucléaires et la protection de l'environnement. La CIJ explique que si
le droit international existant relatif à la protection de
l'environnement ne contient pas d'interdiction spécifique d'employer des
armes nucléaires, « d'importantes considérations d'ordre
écologique » doivent être prises en compte dans la mise en
oeuvre du droit international humanitaire. En effet, les dommages
étendus, durables et graves causés à l'environnement par
l'emploi d'armes nucléaires représentent un argument de poids en
faveur de l'illicéité de cet emploi. Selon l'Avis de la CIJ
« ces armes ont le pouvoir de détruire toute civilisation, ainsi
que l'écosystème tout entier de la planète ».
Même en cas de légitime défense, la CIJ
fait remarquer que même si l'article 51 de la Charte des Nations Unies
relatif au droit de légitime défense, individuelle ou collective,
ne mentionne pas d'armes particulières elle émet des doutes quant
à l'emploi d'armes nucléaires, compte tenu de la « nature
même de ces armes » déjà mentionnée ci-dessus
et du risque qui en découle.
Section V. Théories
géopolitiques de « heartland » et de
« rimland »
La notion de heartland était théorisée
par le géographe britannique Helford Mackinder et celle de rimland par
le politologue américain Nicholas John Spykman.
Mackinder est considéré comme le fondateur de la
géopolitique classique, et à l'origine d'une théorie celle
du « pivot du monde ». Pour lui, celui qui contrôle la masse
continentale autour du pivot géographique du monde, domine le monde.
Ceci dans un contexte terre-mer. Il part du principe selon lequel il n'existe
sur la planète, outre la surface immergée 71% de la surface du
globe qu'il baptise «océan mondial» qu'une principale masse
terrestre unie Asie-Europe-Afrique qu'il nomme ile mondiale ; cette masse a un
centre, un coeur appelé le « heartland », ceci est
entouré d'obstacles naturels appelés croissant intérieur,
tels que le relief d'Himalaya. 82(*)
Le pivot géographique du monde ou heartland
désigne la partie intérieure et nord de l'Eurasie allant de la
Baltique à la Sibérie et de l'Arctique à l'Asie centrale.
83(*) Il est le coeur des
puissances terrestres, profitant de ces étendues désertiques pour
circuler. Pour Mackinder « celui qui tient le heartland commande
l'île mondiale ; celui qui tient cette île commande au reste du
monde » 84(*)
Nicolas John Spykman, géopolitologue britannique,
développe quant à lui la théorie du rimland. Contrairement
à Mackinder, le pivot géographique ne correspond pas au
heartland, mais aux coastlands terres littorales, anneaux de terre. Pour lui,
rimland désigne les zones côtières de l'Eurasie. Il
comprend : l'Europe côtière, les déserts d'Arabie et du
Moyen-Orient et l'Asie des moussons. Le rimland est la région où
s'entrechoquent les conflits entre puissances terrestres et puissances
maritimes. Sa situation côtière est à la fois un avantage
pour les communications et une faiblesse majeure face aux invasions. 85(*)
Spykman reformule la théorie de Mackinder en affirmant
que « qui tient le rimland, tien l'Eurasie, qui domine l'Eurasie
contrôle le destin du monde ». Pour lui tout se joue donc à
la périphérie l'Europe occidental, le bassin
méditerranéen, le Moyen orient et l'Asie ; un espace gigantesque
qui se trouve entre le coeur et les mers riveraines réunies par
Mackinder sous l'appellation de l'Océan mondial où se trouvent
les principales zones de passage et aussi d'échanges économiques
mondiales. Si l'on contrôle ces zones tampons on peut alors soit contenir
les velléités des puissances du heartland et créer un
équilibre de force dans le monde, soit enfermer le heartland et dominer
le monde. 86(*)
Ces théories nous permettent d'expliquer
l'intérêt stratégique de la péninsule
coréenne. Selon Alexis Baconnet, péninsule coréenne
appartient au rimland 87(*) . Elle est un de ses territoires ouverts aux
invasions et également convoitée en tant que lieu de passage du
continent à l'océan et de l'océan au continent. La
péninsule Coréenne constitue un pont entre deux mondes. Elle
permet l'accès à l'Asie pacifique et au Japon, puissance maritime
régionale, mais aussi l'accès de ce dernier au continent
asiatique. Elle représente également un verrou à
l'expansion russe dans le pacifique. La Russie ayant toujours été
préoccupée par le contrôle de cet espace en raison de la
possibilité d'y installer des ports en eaux libres. La Corée est
donc un espace tampon, car « elle occupe une position triangulaire entre
Chine-Russie-Japon. De son contrôle dépend
l'hégémonie sur le nord-est asiatique ». 88(*)
CHAPITRE 2 : STRATEGIE DE DEFENSE
ET CAPACITE NUCLEAIRE ET BALISTIQUE DE LA COREE DU NORD
Sous ce titre nous développerons 3 sections. La
première section présente la Corée du Nord, sur le plan
géographique, administratif, politique et économique. La
deuxième section, montre la capacité balistique et
nucléaire de la Corée du Nord. Et la troisième section
parle de la stratégie de défense de la Corée.
Section I. Présentation de
la Corée du Nord
1.1.
Organisation administrative, politique et économique
La Corée du Nord est appelée officiellement
République populaire démocratique de Corée. C'est un pays
d'Asie orientale, situé au Nord de la péninsule de Corée,
bordé au Nord par la Chine, au Nord-Est par la Russie, à l'Est
par la mer du Japon, au Sud par la Corée du Sud et à l'ouest par
la mer Jaune. La superficie du pays est de 120 538 km². 89(*)
La capitale et ville principale de la Corée du Nord est
Pyongyang. Principale métropole industrielle du pays, Pyongyang compte
1,5 million d'habitants 1990. Les autres grandes villes principales sont
Tchongjin 265 000 habitants, centre industriel et port au nord-est du pays ;
Wonsan 215 000 habitants, port de la mer du Japon au sud du pays, et Kaesung
140 000 habitants, à proximité de la frontière
sud-coréenne.
Le climat est de type
tempéré
continental,
caractérisé par une amplitude annuelle de 35 °C à
Pyongyang la température moyenne au mois de janvier est de - 8 °C
et celle du mois de juillet est de 27°C et des étés chauds
et humides. Les précipitations annuelles atteignent 916 mm à
Pyongyang et 1 400 mm à Wonsan, sur la côte est. En 1967, 1995,
2006 et 2007 le pays a été soumis à de très fortes
inondations
qui ont entraîné de lourdes pertes humaines et matérielles.
Le climat est caractérisé par un hiver long, froid et un
été humide. Les deux tiers des
précipitations
annuelles interviennent durant l'été, de juin à septembre.
À l'automne, les
typhons ne sont pas rares.
Sur le plan administratif, la Corée du Nord comprend
neuf provinces: Hamgyong-Nord, Hamgyong-Sud, Yanggang, Chagang, Pyongyang-Nord,
Pyongyang-Sud, Kangwon, Hwanghae-Nord, Hwanghae-Sud et trois villes au statut
particulier : Pyongyang, Kaesung et Nampho.90(*)
Sur le plan politique, la Corée du Nord est un Etat
communiste centralisé. Le Parti du Travail de Corée parti unique
et l'armée constituent les deux piliers du régime.
Selon l'article premier de la
Constitution de 1972 de
la
Corée du Nord,
révisée en avril 1992 et en septembre 1998, "la République
Populaire Démocratique de Corée est un État socialiste
souverain qui représente les intérêts de tout le peuple
coréen". L'article 3 précise que "la République Populaire
Démocratique de Corée prend pour guide de ses activités
les idées du
Juche, conception du monde
axée sur l'homme et idéologie révolutionnaire en faveur de
l'émancipation des masses populaires". Le Juche ou « autonomie
», vise à rendre le pays «maître de son destin» par
la promotion de l'indépendance nationale. L'idéologie du Juche
s'est traduite par une fermeture quasi-totale du pays aux influences
extérieures. Elle a été complétée, en 1995,
par le mot d'ordre de « priorité à l'armée » ou
Songun. L'
Assemblée
populaire suprême, dont les 687 députés sont
élus pour cinq ans, exerce le
pouvoir
législatif. Le Présidium de l'Assemblée populaire
suprême exerce le pouvoir législatif quand l'Assemblée ne
siège pas. Le président du Présidium de l'Assemblée
populaire suprême représente l'
État; il reçoit
les
lettres de
créance et les lettres de rappel des ambassadeurs
étrangers.91(*)
Le pouvoir exécutif est exercé par le cabinet
des ministres, responsable devant l'Assemblée populaire suprême.
Le
Premier ministre
représente le
gouvernement.
Le
Comité
de la défense nationale dirige les affaires militaires, mais il a
aussi la haute main, depuis 1998, sur les affaires économiques et
politiques. Le poste de président de ce Comité est défini
par la constitution de 1998 comme le poste administratif le plus
élevé du pays, soit l'équivalent de
chef de
l'État. Le Comité a été présidé
de 1993 à 2011 par
Kim Jong-Il. À la
mort de ce dernier, son fils
Kim Jong-Un a pris sa
succession.
Les pouvoirs locaux sont exercés par les
assemblées populaires locales et, quand elles ne siègent pas, par
les comités populaires locaux. Les représentants des
assemblées populaires locales sont élus pour quatre ans à
chacun des trois niveaux administratifs : les provinces, les villes et les
arrondissements.
Sur le plan économique, l'
économie de la
Corée du Nord
s'est basée sur un choix de développement autocentré, de
type « socialiste soviétique », recherchant l'autosuffisance.
Les échanges avec l'extérieur de biens ou de personnes ont
longtemps été strictement limités, en application du
principe national de
Juche, que l'on peut traduire
ici par le terme d'« autosuffisance ».
Lors de la partition de la péninsule coréenne,
la plupart des ressources minières et des sites industriels
étaient localisés au Nord. En revanche, le Sud disposait de
meilleures terres agricoles que le Nord montagneux.
Le taux de croissance annuelle de l'industrie s'est
élevé à 25 % dans les dix années qui suivirent la
guerre de Corée, puis à 14 % de 1965 à 1978. La
Corée du Nord a ainsi connu dans les années 1950 un grand bond en
avant, se modernisant et s'industrialisant rapidement, aidée par les
pays dits communistes, principalement l'
URSS,
la
Chine,
la
République
Démocratique d'Allemagne et la
Bulgarie. Dès les
années 1960, son
industrie lourde atteignait le quatrième rang en Asie en 1970,
derrière le Japon, la Chine et l'Inde. Ce bond en avant avait permis de
moderniser l'agriculture, et de suivre la Corée du Sud sur les chemins
du développement jusqu'au milieu des années 1970.
À partir de 1970, cependant, la situation s'inverse et,
comme dans les autres économies « socialistes », la croissance
économique s'est fortement ralentie avant de devenir nettement
négative après 1990. Dès 1991, la production agricole est
devenue insuffisante tandis que l'aide des pays frères se tarissait. En
juin 1995, le gouvernement nord-coréen a même fait appel au
Programme
alimentaire mondial pour résoudre une sévère
pénurie alimentaire.
Redevenue positive en 1999, la croissance économique
annuelle est comprise entre 1 % et 4 % depuis 2000. Depuis 2002, le
gouvernement de Corée du Nord encourage les marchés.
L'autosuffisance économique est le modèle
à suivre, mais l'isole du monde extérieur. Or, la Corée du
nord, en dehors des ressources minérales, dispose de peu d'atouts. Son
relief montagneux et son climat continental aux hivers particulièrement
rudes limitent ses possibilités en matière agricole. C'est
seulement au sud-ouest, dans les plaines fertiles de Chaeryong et de Pyongyang,
que la Corée du Nord peut développer des rizières. Elle
détient en revanche des richesses telles que du zinc, du minerai de fer,
du charbon, du plomb, de l'étain, et elle est aujourd'hui le 9
producteur mondial d'argent. Suivant l'exemple moscovite, Pyongyang
développe à outrance son secteur industriel et minier, au
détriment des autres secteurs économiques, engendrant à la
longue de sérieux problèmes écologiques liés
à la pollution générée par l'industriel lourde et
à l'utilisation d'engrais chimiques et creusant son retard
économique et technologique. 92(*)
Le fait de ne pas s'insérer dans l'économie
mondial et de ne dépendre essentiellement que de ses échanges
avec les autres pays communistes a des conséquences dramatiques au fil
des années : la pénurie de capitaux étrangères ne
lui permet pas de se développer suffisamment, et lorsque l'URSS
disparaît en 1991, la situation s'aggrave. Ce sont les pénuries
alimentaires qui frappent le plus durement la population. 93(*)
1.2.
Historique de la Corée du Nord
1. Origine de la
Corée.
La péninsule coréenne aurait été
habitée dès le paléolithique et aurait accueilli une
immigration venue de Mandchourie et de la Chine du Nord entre le VIIe et le VIe
siècle avant notre ère. Selon la légende coréenne,
le plus ancien État fut le Choson le «Matin calme», qui
couvrait le nord-ouest de la Corée et le sud de la Mandchourie; il fut
conquis par la Chine en 108-107 avant notre ère. Les royaumes de Paekche
dans le sud-ouest de la péninsule, fondée en 18 avant J.C., et
de Silla dans le sud-est, fondée en 57 avant notre ère,
émergèrent aux IIIe et IVe siècles, alors que l'influence
chinoise s'était affaiblie. Sur la côte sud, un troisième
État, appelé Kaya, rivalisait avec les autres, mais ce fut le
Koguryo qui, au Ve siècle, devint le plus puissant. Le Koguryo
réussit à contrôler la plus grande partie de la
péninsule coréenne et de la Mandchourie.
Au cours du IXe siècle, la monarchie et les
institutions gouvernementales du Silla déclinèrent, alors que les
dirigeants régionaux devenaient plus puissants. De 890 à 935, les
trois anciens royaumes émergèrent à nouveau dans la
péninsule. Cette fois, l'État du Nord, appelé Koryo,
parvint à refaire l'unité dans la péninsule en 918.
2. L'occupation japonaise
jusqu'à la deuxième guerre mondiale
En 1592, le royaume fut envahi pour la première fois
par les Japonais, qui voulaient utiliser le pays comme base de transit pour
conquérir la Chine. Cette tentative ne dura pas longtemps.
L'occupation japonaise reprit avec le «traité de
protection» de 1905, imposé au pays après la guerre
russo-japonaise, par lequel le Japon prenait le contrôle des Affaires
étrangères de Choson, puis de la police et de l'armée, de
la monnaie et du système bancaire, des communications ainsi que de tous
les secteurs vitaux. L'assassinat de la reine coréenne pro-russe mit fin
à la dynastie Choson en 1910 et, le 29 août de la même
année, la Corée fut annexée par le Japon, malgré
l'hostilité des Coréens. Cette occupation allait durer
trente-cinq ans, soit jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Figure 1. La Corée du Nord
Source : http://masmoulin.blog.lemonde.fr
3. La partition de la
péninsule Corée
La frontière inter-coréenne est une construction
imposée en 1945 par les États-Unis et l'Union soviétique,
pour une occupation conjointe de la péninsule94(*) , après la
défaite japonaise. En effet, c'est à la conférence de
Yalta, peu de temps avant la fin de la guerre dans le Pacifique, que les
États-Unis et l'URSS s'entendirent pour diviser la Corée au
niveau du 38e parallèle pour veiller à la reddition et
au désarmement des troupes japonaises.
Les Américains voyant d'un mauvais oeil l'entrée
de l'URSS dans le conflit contre le Japon, craignaient une mainmise
soviétique sur l'ensemble de la péninsule coréenne et
toute l'Asie orientale. Ils craignaient surtout d'être cantonnés
sur les îles d'Iwo Jima et d'Okinawa où les japonais parviennent
à opposer une solide résistance. En effet, les Soviétiques
ayant une assise continentale à leur offensive, ils traverseraient la
Mandchourie et la Corée avant d'entrer au Japon par le nord. La crainte
américaine était que les Soviétiques parviennent à
asseoir leur pouvoir sur la moitié du Japon, réitérant la
partition effectuée en Allemagne. Les Soviétiques ne semblant pas
voir l'intérêt américain ou ne pouvant pas
accélérer la manoeuvre de leur engagement militaire, les
Etats-Unis parviennent à intervenir à leur avantage. 95(*)
En effet, le 6 août 1945 les Etats-Unis recourent au feu
nucléaire contre le Japon Hiroshima. Ils y voient la possibilité
de terminer la guerre de manière anticipée économisant
argent, matériel et hommes, mais surtout de devancer l'URSS dans son
implantation en Asie. Cependant le Japon continue le combat. Les
Soviétiques n'attendent pas plus que nécessaire, ils
déclarent la guerre au Japon le 8 août 1945 et envahissent la
Mandchourie. Face à l'avancée soviétique et au maintient
Japonais, les Etats-Unis lancent une seconde bombe atomique sur le Japon le 9
août 1945 Nagasaki. Le Japon capitule le 14 août et passe sous
contrôle américain. 96(*)
C'est alors que Washington proposa que les Soviétiques
occupent le pays depuis le nord jusqu'au 38ème
parallèle et que les États-Unis occupent le reste. Ainsi les deux
super-puissances avaient décidé de se partager la
péninsule coréenne afin d'assurer leur influence dans cette
région devenue hautement stratégique pour leurs
intérêts.
Par la suite, les deux grandes puissances utilisèrent
leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS
supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son
soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une
guérilla antijaponaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un
mouvement de gauche très développé, opposé à
plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un
mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu
rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par
éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman, un
nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu
en exil aux États-Unis. 97(*)
Tous les Coréens furent favorables à la
réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les
conférences américano-soviétiques pour l'unification 1946
et 1947 suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les
deux grandes puissances commencèrent à organiser des
gouvernements distincts. Des élections organisées par les
États-Unis le 10 mai 1948 observées par les Nations unies
aboutirent à la victoire du parti de Li Sungman qui fut élu
président et à la création de la République de
Corée, proclamée le 15 août 1948. En réaction, le
Nord fit de même et, le 25 août 1948, créa la
République populaire démocratique de Corée
proclamée le 18 septembre 1948. Kim il Sung devint premier ministre du
nouveau gouvernement. Dès lors, l'armée soviétique et
l'armée américaine se retirèrent temporairement des deux
moitiés de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à
face les deux États.
4. La guerre de
Corée
La Corée du Nord ne reconnut la Corée du Sud que
comme une «province perdue» qu'elle tenta de réunifier par la
force.
Le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir
été provoquées, franchirent le 38ème
parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la
guerre de Corée, qui devait durer trois ans. Plus de 1,4 million de
Coréens perdirent la vie au cours du conflit, contraignant les
États-Unis à réagir. Ceux-ci sollicitent l'intervention
des
Nations unies dans le cadre de la
résolution Acheson. En effet, selon la Charte de l'ONU, le maintien de
la paix repose exclusivement sur le Conseil de Sécurité comme en
témoigne l'article 42 qui stipule que le Conseil peut entreprendre toute
action qu'il juge nécessaire au maintien ou au rétablissement de
la paix. Or, du fait du contexte particulier de la Guerre Froide, le Conseil de
sécurité s'est trouvé confronté au problème
du veto de ses membres permanents et son action en matière de maintien
de la paix s'est trouvée paralysée. Pour pallier ce
problème, la résolution 377 du 3 novembre 1950 de
l'Assemblée Générale « Union pour le maintien de la
paix » dite résolution Dean Acheson a mis en avant le rôle
moteur de l'Assemblée Générale en cas de paralysie du
Conseil de Sécurité. La saisine de l'Assemblée se fait
soit par l'assemblée elle-même par un vote à la
majorité de ses membres, soit à la demande du Conseil de
Sécurité par un vote affirmatif de neuf quelconques de ses
membres. La résolution opère un transfert à
l'Assemblée d'une responsabilité dans le maintien de la
paix98(*). Cette
résolution a permis à l'Assemblée générale
de contourner le veto de l'URSS au Conseil de sécurité. Car une
crise opposait l'ONU à l'URSS qui, à l'époque, protestait
contre l'attribution du siège permanent chinois à la
République de Chine (Taiwan), et non à la République
populaire de Chine (RPC). L'Assemblée générale saisie par
les Etats Unies décida d'envoyer d'une force de maintien de la paix lors
de la Guerre de Corée.
L'intervention militaire menée par le
général Douglas MacArthur et le double débarquement de
septembre 1950 à Pusan et Inch'on permettent de repousser l'armée
nord-coréenne au-delà du 38ème
parallèle. Mais la contre-offensive américaine, menée sous
l'égide de l'
ONU, se heurte à l'opposition militaire
de la Chine en atteignant le Yalu, fleuve matérialisant la
frontière entre la Corée du Nord et le régime de
Pékin. La contre-attaque chinoise entraîne le repli de
l'armée de coalition au-dessous du 38e parallèle.
La guerre de Corée peut donc être militairement
décrite comme une guerre de mouvement ayant balayé, à
plusieurs reprises, l'ensemble du territoire en 1950-1951, suivie d'une phase
qui s'apparente à une guerre de position plus ou moins stabilisée
le long de l'actuelle frontière, redessinée au gré des
percées de l'un ou l'autre des belligérants. Elle a
été une guerre civile avant de s'internationaliser. Non seulement
le rôle des acteurs coréens eux-mêmes y est important mais
l'intervention chinoise illustre la complexité des logiques de la guerre
froide dans la région. 99(*)
Le 27 juillet 1953 les hostilités sont
arrêtées par la signature d'un armistice entre la Chine, la
Corée du Nord et les forces de l'ONU sous le commandement des
Etats-Unis.
Celui-ci met fin officiellement à la
guerre de
Corée, bien que la
Corée du Sud
n'ait jamais signé cet armistice et que les deux parties sont ainsi
toujours techniquement en guerre, aucun
traité de paix
n'ayant été par ailleurs ratifié.
Section II. La capacité
balistique et nucléaire de la Corée du Nord
2.1.
La capacité balistique
La Corée du Nord a depuis fort longtemps
privilégié son secteur militaro-industriel, elle produit et
exporte des missiles et, lorsque l'occident commence à
s'inquiéter, elle dispose d'une armée d'un million d'hommes et
d'un budget militaire de l'ordre de 25% de son PIB. 100(*)
En effet, la Corée du Nord « possède trois
types de missiles : les Scud, les Nodong et les Taepo Dong. Avec les premiers,
elle peut toucher la Corée du Sud. Avec le Nodong, elle peut atteindre
toute ville japonaise et menacer les bases américaines établies
au Japon. Avec les Taepo Dong, elle peut menacer l'ensemble du territoire
japonais, jusqu'à Hawaii et la côte ouest des Etats-Unis. Avec la
prochaine génération de Taepo Dong, la Corée du Nord
pourra frapper l'ensemble du continent américain. Le plus surprenant est
que, malgré la faillite de son économie, elle conserve cette
capacité de fabriquer des missiles et de développer des armes de
destruction massive ». 101(*) .
La Corée du Nord possède au moins 1.000 missiles
de types très variés, dont certains ont une portée de plus
de 3.000 km, selon le ministère de la Défense sud-coréen.
Elle a également procédé à des tirs d'essai de
trois missiles longue portée Taepo Dong.
La Corée du Nord a un large arsenal d'armes chimiques
dont le volume est estimé entre 2.500 et 5.000 tonnes. Son utilisation
contre le Sud pourrait faire de nombreuses victimes.
Le Nord dispose également d'un programme de
développement d'armes bactériologiques, mais les analystes
ignorent à quel stade il en est. Pyongyang aurait à sa
disposition de l'anthrax, du gaz moutarde, du sarin, du phosgène et des
agents provoquant le botulisme.
L'Armée populaire de Corée du Nord est forte
d'environ 1,2 million de soldats, pour une population totale de quelque 24,5
millions de personnes.
L'artillerie nord-coréenne comprend environ 3.500 chars
d'assaut, 560 chars légers, 2.500 véhicules de transport de
troupes, 3.500 pièces d'artillerie remorquées, 4.400 canons
automoteurs, 2.500 lance-roquettes multiples, 7.500 mortiers, un nombre
indéterminé de missiles antichars, 1.700 lance-roquettes et
11.000 canons anti-aériens, selon des estimations du gouvernement
américain et d'analystes.
La Corée du Nord aurait 92 sous-marins. Elle a
également trois frégates, six corvettes, 43 navires
lance-missile, 103 torpilleurs, plus de 492 patrouilleurs, 10 navires
amphibies, deux batteries de défense côtière, 130
aéroglisseurs, 23 dragueurs de mines, huit navires de poche et quatre
navires de recherches.
Pyongyang aurait 80 bombardiers, 541 avions de chasse, 316
avions de transport, 588 hélicoptères de transport, 24
hélicoptères d'attaque, au moins un drone et un nombre
conséquent de missiles air-air et sol-air. 102(*)
2.2.
La capacité nucléaire
On peut effectivement se poser une question de savoir si la
Corée du Nord détient véritablement l'arme
nucléaire ? Aujourd'hui, la réponse est oui. La Corée du
Nord proclame en posséder. C'est en tout cas pour Pyongyang un argument
de poids pour tenir tête à la première puissance mondiale,
par le chantage désormais classique qu'est la dissuasion
nucléaire. 103(*)
La première installation de recherche nucléaire
en Corée du Nord remonte à 1965 avec la fourniture par l'Union
soviétique d'un réacteur de recherche qui est installé
à Yongbyon. La fourniture de la matière fissile est
assurée par la Corée du Nord elle-même qui dispose de
gisements d'uranium.
Au milieu des années 1970, un second réacteur
est construit, la Corée du Nord n'acceptera en 1977 que l'inspection du
premier réacteur par les inspecteurs de l'Agence internationale de
l'énergie atomique. Ce n'est qu'en 1980 que le programme clandestin
d'obtention de l'arme nucléaire commence vraiment.
En 1985, la Corée du Nord signe le Traité de
non-prolifération nucléaire et la même année les
services de renseignement américains découvrent la construction
d'un troisième réacteur.
En 1990 grâce à des photos satellites, les
États-Unis font état d'une nouvelle installation. Sous la
pression diplomatique, la Corée du Nord accepte de signer un accord avec
l'AIEA permettant l'inspection des installations nucléaires. 6
inspections de l'AIEA sont donc autorisées entre mai 1992 et janvier
1993. Cependant, la CIA et le Pentagone accusent toujours en janvier 1993 la
Corée du Nord d'engager un programme clandestin. Or, la preuve de cette
clandestinité fut en réalité l'extraction traditionnelle
et légale de barres de plutonium de leurs installations
nucléaires. Suite à cela, deux installations ne peuvent
être inspectées par l'AIEA. Ce fait déclenche une tentative
de retrait du TNP par la Corée du Nord.
La Corée du Nord a procédé à un
essai nucléaire de faible puissance le lundi 9 octobre 2006 sur le site
de Hwadaeri, près de Kilju, à 100 km de la frontière
chinoise. Cet essai a été dénoncé par toute la
communauté internationale, y compris par la Chine, principal soutien de
la Corée du Nord. La résolution 1718 du Conseil de
sécurité des Nations unies imposa des sanctions. La sanction
prévoit un embargo sur les armes et matériels connexes, les
matériels liés à la technologie nucléaire ou
à celle des missiles, ainsi que sur les produits de luxe. Elles
gèle les actifs détenus à l'étranger par les
institutions ou personnes associées aux programmes d'armes de
destruction massive et de missiles et elle interdit les voyages internationaux
des personnes associées à ces mêmes programmes. Elle
appelle tous les Etats membres, en conformité avec leur
législation, à agir dans la coopération pour assurer le
respect de ces embargos, y compris en procédant à l'inspection de
toute cargaison à destination ou en provenance de Corée du
Nord.
Selon les services de renseignement sud-coréens, la
Corée du Nord disposerait de 40 kilogrammes de plutonium ce qui lui
permettrait de réaliser sept bombes atomiques.
Un second essaie, plus puissant et sans ambigüité
sur sa nature, eut lieu le 25 mai 2009, ainsi qu'un troisième le 12
février 2013. La communauté internationale est
particulièrement inquiète, d'autant plus que la Corée du
Nord développe un programme de missiles balistiques pouvant servir de
vecteur à l'arme nucléaire, et que cette poursuite en avant de la
part du dirigeant nord-coréen Kim Jong-il et de son successeur Kim
Jong-un, malgré les menaces de sanctions de la communauté
internationale ou les différentes tentatives d'apaisement
sud-coréennes, ne semble pas suivre la raison. D'autres analystes voient
dans cette fuite en avant une façon pour la Corée du Nord
d'extorquer des garanties de sécurité, ainsi qu'une aide
économique et matérielle. 104(*)
Figure n°2
Source : AFP, 2009
|
Section III. La Corée du
Nord est-elle un Etat proliférant ?
Les armes nucléaires en Corée du Nord sont un
sujet diplomatique particulièrement tendu avec la Communauté
internationale. La Corée du Nord était partie prenante du TNP
jusqu'au 10 janvier 2003 où elle se retire après avoir
été accusée de mener un programme clandestin depuis au
moins 1989. Après plusieurs cycles de négociations comprenant la
Corée du Sud, le Japon, les États-Unis, la Russie et la Chine, la
Corée du Nord a plus ou moins montré des signes d'apaisement dans
sa volonté d'acquérir l'arme nucléaire.
Pyongyang signe l'accord de sauvegarde avec l'AIEA en janvier
1992. Mais, à la suite d'une série de désaccords, elle
annonce, en juin 1994, ne plus vouloir coopérer avec l'AIEA. Un accord
est cependant trouvé entre Pyongyang et Washington : l'accord-cadre ou
Accord de Genève du 31 octobre 1994 repose sur le gel des
activités nucléaires de Pyongyang et le retrait des barres de
combustible usagé du réacteur de Yongbyon, en échange de
la mise en place de la Korean peninsula Energy Development Organization ,
chargée de fournir à la Corée du Nord l'énergie
nécessaire à ses besoins.
Le cadre agrée rappelle les responsabilités de
la Corée du Nord et son obligation de se conformer aux dispositions du
TNP, dont l'acceptation de vérifications par l'AIEA.
En octobre 2002, à la suite de la visite d'une
délégation américaine en Corée du Nord, le
régime de Pyongyang est accusé de mener un programme clandestin
d'enrichissement d'uranium, en violation de l'accord-cadre de 1994. La
Corée du Nord affirme, en retour, son droit à posséder des
armes nucléaires, expulse les inspecteurs de l'AIEA décembre 2002
et annonce son retrait du TNP 10 janvier 2003.
En février 2003, Pyongyang annonce le
redémarrage des installations nucléaires gelées en 1994,
en l'absence de tout contrôle de l'AIEA.
Un processus de règlement diplomatique de la question
nucléaire nord-coréenne est lancé en 2003, avec la
médiation de la Chine et la participation, outre de la Corée du
Sud et de la Corée du Nord, des Etats-Unis, de la Russie et du Japon
« Pourparlers à Six ». Il aboutit à une
Déclaration conjointe des six 19 septembre 2005.
La Corée du Nord s'engage à renoncer à
ses armes nucléaires et à ses programmes nucléaires
existants, et à rejoindre le Traité de non-prolifération
nucléaire TNP, ainsi que le régime de garanties de l'AIEA. Ce
texte comprend des assurances de sécurité américaines et
des perspectives de coopération dans les domaines économique et
énergétique. Le processus retombe ensuite dans l'impasse, la
Corée du Nord ayant annoncé qu'elle conditionnait la reprise des
discussions à l'abandon des sanctions financières
américaines prises à l'encontre de sociétés
nord-coréennes peu après la signature de cette déclaration
conjointe.
Le 9 octobre 2006, la Corée du Nord procède
à un premier essai nucléaire, condamné par la
résolution 1718 du Conseil de sécurité, qui exige que la
Corée du Nord démantèle ses programmes balistiques et
d'armes de destruction massive. Cette résolution instaure un
régime de sanctions. La Corée du Nord accepte alors à
nouveau de dialoguer. Les Pourparlers à Six reprennent en
décembre 2006, avant de déboucher sur un accord le 13
février 2007.
L'accord du 3 octobre 2007 précise les modalités
d'application de l'accord du 13 février et exige la remise par les
autorités nord-coréennes de la liste précise et
complète de leurs installations et programmes nucléaires avant le
31 décembre 2007, en échange d'une aide énergétique
accrue et d'une normalisation progressive avec les Etats-Unis. A partir de
l'année 2008, le processus bute sur les modalités de
vérification de la neutralisation des installations et programmes
nucléaires nord-coréens.
Le 25 mai 2009, la Corée du Nord conduit un
deuxième essai nucléaire, condamné par la
résolution 1874 du Conseil de sécurité des Nations unies.
Fin mars 2010, l'agence officielle de presse nord-coréenne, l'agence
KCNA, indique que la Corée du Nord va construire un réacteur
nucléaire à eau légère, « dans un avenir
proche ». Fin novembre 2010, le professeur américain Siegfried S.
Hecker, de retour de Corée du Nord, rapporte qu'un nouveau complexe
d'enrichissement d'uranium de grande envergure environ 2000 centrifugeuses lui
a été dévoilé.
Depuis l'accession au pouvoir de Kim Jong-un en
décembre 2011, la Corée du Nord multiplie les actes de
provocation. Malgré l'annonce d'un moratoire sur ses activités
nucléaires et balistiques en février 2012, Pyongyang a
procédé, en violation de ses obligations internationales,
à Deux tirs de fusée longue-portée, le dernier datant du
12 décembre 2012. Ces tirs attestent de la maîtrise par la
Corée du Nord de capacités balistiques avancées, et
accroissent le risque que font peser les réseaux de prolifération
liens avec l'Iran sur la paix et la sécurité internationales ; un
essai nucléaire le 12 février 2013, le troisième
après ceux de 2006 et 2009, d'une capacité estimée entre 6
et 8 kilotonnes. Cet essai a été présenté par les
autorités nord-coréennes comme une réaction à
l'adoption le 22 janvier 2013 de la résolution 2087 qui répond au
tir de décembre 2012 en renforçant le régime de sanctions.
Il a été condamné par la résolution 2094,
adoptée par le Conseil de sécurité des Nations unies
à l'unanimité le 7 mars.
Section IV. La stratégie de
défense de la Corée du Nord
Il y a deux stratégies suivies par La Corée du
Nord.
D'abord l'armement massif conventionnel et le
développement du nucléaire. La Corée du Nord justifie le
fait de détenir l'
arme nucléaire
comme une arme de dissuasion contre des États-Unis ; en contrepartie de
l'abandon de tout programme nucléaire militaire, elle demande le retrait
des troupes américaines de Corée du Sud et des garanties de
sécurité contre une éventuelle agression
américaine. La Corée du Nord demande également le retrait
des armes tactiques que détiendraient les États-Unis en
Corée du Sud.
Ensuite, par la propagande anti américaine. En effet,
cette dernière est présentée aujourd'hui comme une menace
à ses voisins de la région et à l'ensemble de la
communauté internationale, par des « déclarations
belliqueuses de ses dirigeants, la violation des accords et la course à
l'armement et à la nucléarisation ».105(*) En effet, les dirigeants
nord-coréens ont toujours agité la menace d'un "désastre
nucléaire" dans la péninsule coréenne si celle-ci devait
connaître une nouvelle guerre et prévenir les Etats-Unis qu'ils
n'en sortiraient pas sains et saufs en cas de conflit. Il s'agit d'une
assurance vie pour un régime paranoïaque, passé maitre dans
l'art de monnayer sa renonciation au nucléaire en échange de
concessions économiques et politiques. 106(*)
CHAPITRE 3 : LA COREE DU NORD ET
LA MENACE NUCLEAIRE CONTRE LES ETATS-UNIS, LA COREE DU SUD ET LE JAPON.
Ce troisième chapitre analyse la menace
nord-coréenne contre les Etats-Unis et ses alliées de la
région de l'Asie Est : il s'agit de la Corée du Sud, et le
Japon.
Section I. La menace
nord-coréenne contre les Etats-Unis
1.1.
Présentation des Etats-Unis d'Amérique
Les Etats-Unis d'Amérique sont un Etat de
l'Amérique du nord. C'est une
république
fédérale
composée de cinquante
États
fédérés auxquels s'ajoutent le
district
de Columbia, comprenant la capitale Washington; et plusieurs
territoires
non incorporés. Quarante-huit sont adjacents et forment le
Mainland Celui-ci est
encadré par l'
océan
Atlantique à l'est et l'
océan
Pacifique à l'ouest, et se trouve bordé au nord par le
Canada et au sud par le
Mexique. Les deux
États non limitrophes sont l'
Alaska, situé à
l'ouest du Canada, et
Hawaï, un État
insulaire situé au milieu de l'océan Pacifique-nord. De plus, le
pays comprend
quatorze
territoires insulaires disséminés dans la
mer des
Caraïbes et le Pacifique. Les États-Unis sont le
quatrième pays le plus vaste 9 631 417 km2 derrière la
Russie, le
Canada et la
Chine
30. Avec 7 % des terres
émergées de la planète, la taille du territoire
américain est comparable à celle du
continent européen.
La capitale fédérale,
Washington,
est située dans le
District
de Columbia, un district fédéral hors des cinquante
États. La langue nationale est l'
anglais et la
monnaie le
dollar
américain. Le
drapeau se
compose de treize bandes rouges et blanches ainsi que cinquante étoiles
représentant les cinquante États fédérés de
l'union. L'
hymne national
s'intitule
The
Star-Spangled Banner La bannière étoilée.
Avant d'être exploré et conquis par les
Européens, le
territoire américain a d'abord été occupé par les
peuples
amérindiens depuis la
Préhistoire. Le
14 mai 1607, la
colonie
anglaise de
Virginie est
fondée, par la suite, douze autres colonies seront fondées le
long de la côte Atlantique. Une série de conflits entre les
colonies et la
Grande-Bretagne
mèneront à la
guerre
d'indépendance en
1775. Les
treize colonies se
fédérèrent le
4 juillet
1776 et formèrent les
États-Unis d'Amérique, le premier État
décolonisé du monde, reconnu par la
Grande-Bretagne
en
1783. L'histoire contemporaine
des États-Unis a été marquée par la
rivalité
entre New-York et Philadelphie, puis par la
conquête de
l'ouest et la
Guerre de
Sécession.
Au début du XXe siècle, le pays est devenu une
puissance industrielle qui a les moyens d'intervenir à
l'extérieur de ses frontières. Il a participé à la
Première
Guerre mondiale et subit la
Grande
Dépression dans les années 1930. Vainqueurs de la
Seconde Guerre
mondiale aux côtés des
Alliés,
les États-Unis ont été confrontés à l'
URSS
pendant la
Guerre froide.
En 2013, les États-Unis comptent environ 317 millions
d'habitants et constituent le
troisième
pays le plus peuplé du monde après la
Chine
et l'
Inde.
La superficie du pays est de 9,6 millions de kilomètres
carrés, ce qui en fait le
quatrième
pays le plus vaste du monde après la
Russie, le
Canada et la
Chine. La population
américaine est marquée par une grande diversité ethnique
et culturelle en raison d'une immigration ancienne et diversifiée.
L'
économie
nationale de type
capitaliste est la plus
importante au monde avec le
PIB le plus
élevé en 2012. Les secteurs qui reflètent la puissance
américaine sont l'agriculture, les industries de pointe et les
services.
Les États-Unis sont membres de l'
Organisation
du traité de l'Atlantique Nord, de la
Coopération
économique pour l'Asie-Pacifique, de l'
Accord
de libre-échange nord-américain, de l'
Organisation
des États américains, de l'
Organisation
de coopération et de développement économiques, du
G8.
Les
États-Unis sont le
premier pays à avoir développé des
armes
nucléaires et le seul à les avoir utilisées en temps
de guerre lors des
bombardements
atomiques de Hiroshima et Nagasaki. Pendant la
Guerre froide, ils ont
conduit plus de 1 000
essais
nucléaires et ont développé beaucoup de
vecteurs
nucléaires à longue portée, tels des MBIC. En 2008,
ils maintiennent un arsenal d'environ 5 500 armes de ce type
1
sous le contrôle du
United
States Strategic Command, ainsi que les infrastructures pour leur
développement et leur fabrication, bien que plusieurs des installations
datant de la Guerre froide ont été mises hors service et causent
des problèmes de nature
environnementale.107(*)
Les États-Unis exercent une influence économique
et politique sur le monde entier. Ils sont un membre permanent du
Conseil
de sécurité des Nations unies et la ville de
New York accueille le
siège des
Nations unies. Quasiment tous les pays ont une ambassade à
Washington, D.C. et plusieurs
consuls
à travers le pays. De même, presque tous les pays accueillent une
mission diplomatique américaine. En revanche,
Cuba, l'
Iran, la
Corée du Nord,
le
Bhoutan, le
Soudan du Nord, et la
République
de Chine Taïwan n'ont pas de relations diplomatiques formelles avec
les États-Unis.
Les États-Unis bénéficient d'une relation
spéciale avec le
Royaume-Uni et des liens
étroits avec l'
Australie, la
Nouvelle-Zélande
dans le cadre de l'
ANZUS , la
Corée du Sud, le
Japon,
Israël, et les membres
de l'
OTAN.
Ils travaillent également en étroite collaboration avec leurs
voisins par l'intermédiaire de l'
organisation
des États américains et d'
accords de
libre-échange, telles que la coopération trilatérale
accord
de libre-échange nord-américain avec le
Canada et le
Mexique. En 2005, les
États-Unis ont dépensé 27 milliards de dollars en
aide
publique au développement, la plupart à travers le monde.
Toutefois, comme part du
revenu national
brut, la contribution américaine représente 0,22 % et au
vingtième rang de vingt-deux pays donateurs. Les sources non
gouvernementales telles que des fondations privées, des
sociétés, et de l'éducation et les institutions
religieuses donnent pour un total de 96 milliards de dollars. Le total
combiné est de 123 milliards de dollars, soit le plus important dans le
monde et le septième en pourcentage du RNB
.
Figure 2. Etats-Unis
1.2.
La menace nord coréenne contre les Etats-Unis
Pour la Corée du Nord, les Etats-Unis d'Amérique
sont la principale source de danger et occupe depuis sa fondation en 1948 une
place centrale dans sa pensée stratégique. En effet, les forces
armées américaines sont présentes en permanence en
Corée du Sud depuis le début de la Guerre de Corée en 1950
et leur proximité rend leur impact sur Pyongyang d'autant plus
important. Les calculs politiques du leadership politique nord-coréen se
font ainsi en grande partie à travers le prisme de sa perception de la
menace externe, principalement représentée par les
États-Unis.
Il est donc impossible d'analyser la politique
étrangère de Pyongyang sans examiner sa façon de percevoir
les États-Unis et le rôle qu'elle voudrait jouer face à
eux. La présence américaine en Asie et sur la péninsule
est pour Pyongyang un facteur indépassable; sans l'inimitié
historique entre les deux pays, nul ne doute que la Corée du Nord aurait
emprunté une voie différente.
Outre la guerre de Corée, une panoplie d'incidents, de
confrontations et de crises opposant les deux pays ont influencé le
cours des affaires péninsulaires. Quant au programme d'armements
nucléaires de Pyongyang, si les motivations initiales derrière
celui-ci peuvent sembler nébuleuses, les États-Unis ont
assurément eu un poids important dans la décision de se doter de
l'arme nucléaire.
L'arrivée au pouvoir de George W. Bush en 2001 changea
la donne des relations Washington -Pyongyang. Les néoconservateurs en
poste dans le cabinet de Bush, de même que la majorité des
Républicains au Congrès, ne croyaient pas que le gouvernement
américain pouvait faire confiance à la Corée du Nord et
considéraient comme futile toute négociation avec elle. Ainsi,
durant sa première campagne électorale présidentielle,
Bush avait dénoncé l'Accord-cadre signé par Washington et
Pyongyang en 1994 et qui promettait une aide énergétique à
la Corée du Nord en échange de la cessation de ses
activités nucléaires. Prônant la ligne dure à
l'égard de Pyongyang, les Républicains considéraient que
la conclusion d'un accord avec le régime de Kim Jong-ll constituait une
stratégie d'apaisement. 108(*)
L'arrivée de l'administration Bush à Washington
signala l'apparition d'une « nouvel1e trinité» dans la
politique étrangère américaine, composée d'une dose
de fondamentalisme néoconservateur, d'une vision du monde
manichéenne, et d'un hypernationalisme aveuglant. En effet, cette «
trinité» dans la politique étrangère de Bush se
manifesta dans une volonté d'adopter une ligne dure et intransigeante
envers les « États voyous », notamment l'Irak et la
Corée du Nord.
Le 29 janvier 2002, presque quatre mois après les
attentats du 11 septembre, le président Bush prononça son
discours annuel sur l'état de l'union où il déclara au
sujet de l'Irak, de l'Iran et de la Corée du Nord, que « des
États comme ceux-ci et leurs al1iés terroristes constituent un
axe du mal, qui s'arment afin de menacer la paix mondiale. En cherchant
à obtenir des armes de destruction massive, ces régimes posent
une lourde menace et un danger grandissant».
La simple énonciation de ces paroles lourdes de sens et
à forte charge idéologique eut des conséquences
importantes. D'abord, l'inclusion de la Corée du Nord dans cet axe du
mal constituait une stigmatisation douloureuse pour Pyongyang. De plus,
l'utilisation du terme «mal» impliquait en soi l'obligation morale
pour Washington d'agir pour le contrer. En effet, comment rester impassible
face au « mal », avec toute l'immoralité et la
dangerosité qui lui sont inhérentes? Enfin, l'adoption de la
notion de l'axe du mal en référence à la Corée du
Nord signifiait que les États-Unis avaient adopté une politique
de refoulement à l'égard de Pyongyang, fermant ainsi la porte
à la conciliation.109(*) Washington était résolue à ne
plus négocier et dorénavant chercherait plutôt à
empêcher Pyongyang par tous les moyens -jusqu'aux frappes militaires si
nécessaire - de développer son arsenal nucléaire et de
menacer la paix. Illustrant cette politique nettement plus agressive,
l'administration Bush révéla dans son Nuclear Posture Review de
2001 que la Corée du Nord constituait une cible potentielle pour une
attaque nucléaire. Ainsi, Washington était elle-même en
train de sécuriser la menace nord-coréenne, la dépeignant
comme un danger si grand que des frappes préventives pourraient
être nécessaires.
Sans surprise, Pyongyang fit rapidement savoir son indignation
et sa réaction officielle au discours du président
américain fut sans appel. L'Agence de presse centrale de Corée
déclara que le discours révélait: « l'intention
imprudente des États-Unis de s'emparer de la Corée du Nord par la
force des armes après l'avoir désignée comme
deuxième cible de la 'guerre anti-terrorisme'. Son débordement
n'est pas loin d'une déclaration de guerre contre la Corée du
Nord, et pourrait encore une fois amener la situation militaire sur la
péninsule coréenne au bord du conflit »
Ainsi la Corée du Sud considérait que ce
discours marquait l'ambition agressive de renverser le régime, la
faisant craindre en permanence une attaque nucléaire préventive.
Même quand la Corée du Sud se retire du TNP, elle
argue « l'hypocrisie» de l'AIEA, qui selon Pyongyang se
prétend impartiale mais demeure en fait un « serviteur et
porte-parole pour les États-Unis».
1.3.
La stratégie de défense des Etats-Unis d'Amérique en Asie
Est
La politique de défense des Etats-Unis
d'Amérique s'exprime en termes de capacités de frappe, de
liberté de manoeuvre et de dissuasion des États potentiellement
hostiles.
Depuis la fin de la Guerre froide, la notion de dissuasion
nucléaire semble en perpétuelle évolution. La
supériorité conventionnelle des forces soviétiques et la
croissance des arsenaux nucléaires des deux superpuissances ont
longtemps offert un cadre légitimant l'expression de la dissuasion -
alors essentiellement conçue comme nucléaire - et justifiant la
mise en oeuvre d'arsenaux volumineux et diversifiés. La disparition de
la menace soviétique a permis une réduction massive du volume de
ces derniers, réduction qui ne s'est pourtant accompagnée que
d'une réévaluation partielle des concepts de dissuasion, de
dissuasion nucléaire et de dissuasion élargie. Le conflit irakien
comme les crises de proliférations nord-coréenne et iranienne,
qui concrétisent l'émergence à court terme de petites
puissances nucléaires, ont été l'occasion pour les
États-Unis comme pour la France et le Royaume-Uni d'introduire ce type
d'acteurs dans les paramètres de la dissuasion nucléaire et
d'optimiser celle-ci en fonction des risques particuliers qu'ils
représentent rationalité, asymétrie des enjeux, etc.
110(*)
Les Etats-Unis ont toujours considéré la
Corée du Nord comme imprévisible et dangereux. Le
Président Obama déclare en effet : « Nous partageons la
profonde inquiétude que les missiles nucléaires et balistiques de
la Corée du Nord et ses provocations à répétition
posent des menaces graves à la paix et à la stabilité de
la péninsule coréenne et de l'Asie du Nord-Est. »
À partir de 1958 dans le contexte de la guerre froide
et des relations inter-Corées marqués par de multiples incidents
et accrochages meurtriers, les États-Unis installent des armes
dotées de têtes nucléaires en Corée du Sud et visant
la Corée du Nord dont des missiles de croisière Matador, le stock
ayant eu un maximum de 950 ogives.
En 1994 l'administration de Bill Clinton déclare que si
la Corée du Nord fabrique des armes nucléaires, elle n'exclut pas
une intervention militaire. Interviewé le 3 avril 1994 par NBC-TV, le
secrétaire d'État à la défense William Perry dit
qu'« Il est concevable que les actions - américaines - puissent
aller jusqu'à provoquer les Nord-Coréens dans le
déclenchement d'une guerre et c'est un risque que nous acceptons de
prendre ». Son prédécesseur Les Aspin avance que : «
Notre objectif est centré sur la nécessité
d'étendre notre pouvoir dans des régions vitales pour nos
intérêts et de vaincre des puissances régionales
potentiellement hostiles telle que la Corée du Nord et l'Irak ». En
mai 1994, le sénateur républicain John McCain quant à lui,
influent dans les affaires étrangères, préconise un
bombardement de la centrale de Yongban en admettant que « cela pourrait
libérer des radiations nucléaires ».
Section II. La menace
nord-coréenne contre la Corée du Sud
2.1. Présentation de la Corée de la Sud. 111(*)
La Corée du Sud,
officiellement appelée république de Corée, est un pays
d'Asie Extrême-Orient occupant la partie méridionale de la
péninsule coréenne. La Corée du Sud proclamée
indépendante le 15 août 1948. Elle est limitée au Nord par
la Corée du Nord, à l'Est par la mer du Japon, au Sud et au
Sud-est par le détroit de Corée, qui sépare le pays du
Japon, et à l'Ouest par la mer Jaune. De nombreuses îles, au sud
et à l'ouest, lui sont rattachées, dont Chejudo ou île
Cheju 1845 km², au sud-ouest. La superficie totale de la Corée du
Sud est de 99 268 km², soit douze fois plus petit que la République
démocratique du Congo. Elle est 0,8 fois plus petite comparée
à la superficie de la Corée du Nord qui est, pour sa part, de 120
538 km². Séoul, la capitale de la Corée du Sud, est la ville
la plus importante du pays.
Soulignons que la Corée du Sud abrite près de 40
000 militaires américains, qui constituent un État dans
l'État, avec leur propre administration et leurs propres médias,
en anglais. La plus grande partie de l'histoire de la Corée du Sud est
la même que celle de la Corée du Nord jusqu'à la partition
des deux Corées en 1948.
Figure 3. La Corée du Sud
Source : http://masmoulin.blog.lemonde.fr
|
2. 2.
La division de la péninsule et la guerre de Corée comme acte
fondateur de l'identité politique et stratégique de la
Corée du Sud
Comme nous l'avions écrit dans le chapitre
précédent, la frontière inter-coréenne est une
construction imposée en 1945 par les États-Unis et l'Union
soviétique, pour diviser la péninsule coréenne au niveau
du 38e parallèle pour veiller à la reddition et au
désarmement des troupes japonaises.112(*) Ainsi les deux super puissances avaient
décidé de se partager la péninsule coréenne afin
d'assurer leur influence dans cette région devenue hautement
stratégique pour leurs intérêts.
Par la suite, les deux grandes puissances utilisèrent
leur présence militaire pour imposer des gouvernements amis. L'URSS
supprima les nationalistes modérés dans le Nord et apporta son
soutien à Kim il Sung, un communiste qui avait mené une
guérilla antijaponaise en Mandchourie. Dans le Sud, il existait un
mouvement de gauche très développé, opposé à
plusieurs mouvements nationalistes de droite. Incapables de trouver un
mouvement modéré favorable aux Américains, qui aurait pu
rapprocher les deux extrêmes, les États-Unis finirent par
éliminer la gauche et apporter leur soutien à Li Sungman, un
nationaliste qui s'était opposé aux Japonais et avait vécu
en exil aux États-Unis. 113(*)
Tous les Coréens furent favorables à la
réunification, mais, dans le contexte de la guerre froide, les
conférences américano-soviétiques pour l'unification
suscitèrent une méfiance réciproque. En 1947, les deux
grandes puissances commencèrent à organiser des gouvernements
distincts. Des élections organisées par les États-Unis le
10 mai 1948 observées par les Nations unies aboutirent à la
victoire du parti de Li Sungman - qui fut élu président et
à la création de la république de Corée,
proclamée le 15 août 1948. En réaction, le Nord fit de
même et, le 25 août 1948, créa la République
populaire démocratique de Corée proclamée le 18 septembre
1948. Dès lors, l'armée soviétique et l'armée
américaine se retirèrent temporairement des deux moitiés
de pays qu'elles occupaient et laissèrent face à face les deux
États.
La guerre de Corée est militairement décrite
comme une guerre de mouvement ayant balayé, à plusieurs reprises,
l'ensemble du territoire en 1950-1951, suivie d'une phase qui s'apparente
à une guerre de position plus ou moins stabilisée le long de
l'actuelle frontière, redessinée au gré des percées
de l'un ou l'autre des belligérants. Elle a été une guerre
civile avant de s'internationaliser. Non seulement le rôle des acteurs
coréens eux-mêmes y est important mais l'intervention chinoise
illustre la complexité des logiques de la guerre froide dans la
région. 114(*)
2.3.
La menace nord-coréenne contre la Corée du Sud
La Corée du Nord ne reconnut la Corée du Sud que
comme une «province perdue» qu'elle tenta de réunifier par la
force. En effet, le 25 juin 1950, les forces nord-coréennes, sans avoir
été provoquées, franchirent le 38ème
parallèle et attaquèrent le Sud, ce qui déclencha la
guerre de Corée, qui devait durer trois ans. 115(*)
Dès la guerre de Corée qui opposa principalement
la Corée du Nord à la Corée du Sud, les relations entre
ces derniers sont marquées par des menaces mutuelles de sorte que
l'utilisation de l'arme nucléaire de l'un contre l'autre est un danger
permanent dans la région. Techniquement les deux pays sont toujours en
guerre car l'Armistice signé par la Corée du Nord, la Chine et
l'ONU ne concerne pas la Corée du Sud.
La Corée du Nord et du Sud, n'ayant jamais signé
de traité de paix, sont aujourd'hui encore en état de guerre et
des forces des États-Unis restent stationnées en Corée du
Sud en tant qu'élément de sécurité de la
république de Corée et servant également la politique
étrangère des États-Unis.
La Corée du Nord constitue une menace et pose un
défi à ses voisins et à l'ensemble de la région car
elle prétend pouvoir recourir à l'arme nucléaire. La
Corée du Nord est effectivement capable, comme elle le dit, de plonger
Séoul dans une «mer de feu». D'où ce sentiment,
partagé par de nombreux experts, que ce pays est plus dangereux que
l'Irak. 116(*)
2.4. La stratégie de défense de la Corée
du Sud
1. L'arsenal militaire de
la Corée du Sud
La Corée du Sud est dotée d'un outil militaire
conforme à ses trois priorités: se garder contre de la
Corée du Nord, pouvoir projeter sa puissance dans toute la
région, et disposer de forces d'intervention d'urgence. 117(*)
L'
armée
sud-coréenne est actuellement l'une des plus puissantes de
l'Extrême-Orient, avec les
armées
chinoise,
japonaise et
nord-coréenne.
Ses effectifs sont de 672 000 hommes actifs et de 4 500 000 hommes en
réserve, après avoir été d'un très modeste
effectif à sa création.
Le
budget de la
défense pour
2010 est de 30 800 milliards de
wons 24 milliards de dollars US,
soit 2,8 % du
Produit
intérieur brut. Selon l'Institut de recherches international pour la
paix de Stockholm, les dépenses militaires de la Corée du Sud ont
atteint 21,9 milliards de
dollars US en 2006, la
classant au onzième rang mondial. En 2003, la Corée du Sud avait
consacré 14,5 milliards de dollars à son budget de
défense, soit environ 15 % du budget global de l'État.
L'
industrie de
l'armement de ce pays s'est développée et diversifiée
depuis les années 1970 et pourvoit à une large part des besoins
nationaux.
Depuis le milieu des années 1990, la
Corée du Sud
vise à se doter d'une capacité antibalistique suite à la
menace des
missiles
balistiques nord-coréens : la Korea's Air and Missile Defense KAMD
visant à remplacé les
MIM-14
Nike-Hercules118(*)
.
Le système est constitué, en 2012, de radars
dont deux
EL/M-2080
Green Pine israéliens acheté en 2009 pour 280 millions de
dollars, de huit batteries d'un total de 48 lanceurs de
Patriot PAC 2,
achetés à l'
Allemagne avec 192
missiles en 2008 pour un coût avec la remise à niveau de plus d'un
milliard de dollars opéré par 2 bataillons de la
force
aérienne de la République de Corée
déployé à
Séoul et
Incheon et de 3 destroyers
Aegis de la
classe
Sejong le Grand entré en service à partir de 2008, 6
prévus au total.119(*)
Contrairement au Japon, la Corée du Sud ne s'est pas
associée officiellement aux États-Unis pour sa défense
antimissile balistique, en raison de la faible distance séparant les
deux Corées qui impose des choix technologiques différents que
ceux utilisés au Japon. D'après le général Adorno
Auguste, Séoul évite ainsi de froisser son puissant voisin
chinois qui voit d'un mauvais oeil le bouclier américain se
développer tout autour d'elle. 120(*)
Mais de facto, le degré de coordination
nécessaire pour permettre un fonctionnement efficace de l'ensemble des
systèmes de défense aérienne installé en et autour
de la Corée du Sud équivaudra finalement à intégrer
les deux chaînes de commandement. La
8e armée
des États-Unis par exemple, contrôle depuis 2004 la 35e
brigade d'artillerie de défense aérienne 35th Air Defense
Artillery Brigade qui disposerait de 9 batteries de tir opérées
par 2 bataillons distincts comportant un total de 45 lanceurs PAC-2 4 missiles
par lanceur et de 27 PAC-3 16 missiles par lanceur . Ils sont
déployés au
camp
Carroll à l'ouest du pays et sur la
base aérienne
d'Osan au sud de Séoul.
Les moyens combinés des deux forces devraient permettre
en théorie d'engager une demi-douzaine de salves de SCUD-B et SCUD-C, ce
qui permettrait d'accroître la protection des agglomérations et
bases militaires de façon significative pendant 2-3 jours en supposant
deux salves par jour . Utilisées seules, les capacités
sud-coréennes permettraient au mieux de protéger les zones
concernées contre une première salve.
Actuellement, la marine met en ligne plusieurs destroyers
construits sur place dans des chantiers navals aux capacités les plus
importantes de la planète. Ces navires sont équipés du
système antimissile Aegis, conçu aux Etats-Unis, le nec plus
ultra de la technologie. Un bâtiment d'assaut amphibie, le Dokdo Ham,
premier d'une série de quatre, est en cours d'essais. Ce type de navire
met en oeuvre des hélicoptères, voire des appareils à
décollage vertical; il emporte de petits bateaux de débarquement,
montés sur coussins d'air, pour mettre à terre un petit bataillon
de fusiliers marins. Séoul a récemment acquis le F15 K, une
variante du F15 Strike Eagle de l'US Air Force, un des meilleurs chasseurs
bombardiers de son temps. Ainsi dotée, son armée de l'air,
surdimensionnée s'il s'agit d'affronter une aviation nord-
coréenne hors d'âge, peut décourager une irruption des
chasseurs japonais ou frapper les côtes chinoises de la mer Jaune. Enfin,
s'agissant d'armements terrestres, le Black Panther, un des meilleurs chars
disponibles sur le marché, fabriqué en Corée,
équipe son armée. Des élèves officiers, souvent
d'un excellent niveau, sont formés en France à l'Ecole
spéciale militaire de Saint-Cyr.
Faute de pouvoir modifier une géographie
défavorable, la Corée du Sud entend tenir sa place dans le
concert des nations.
2. Traité de
défense avec les Etats-Unis
Pendant la Guerre froide, la Corée du Sud est
militairement et économiquement soutenue par les États-Unis.
Mais, après la proclamation de République de la Corée au
sud le 15 août 1948, les troupes américaines commencent à
quitter la péninsule coréenne et, en janvier 1950, le
secrétaire d'État américain, Dean Acheson, n'inclut pas la
Corée du Sud dans la zone asiatique protégée par les
États-Unis. Pourtant, le nouveau gouvernement sud-coréen du
président Syngman Rhee a besoin de la présence militaire
américaine pour le défendre des provocations
nord-coréennes et de ses opposants politiques.
L'Alliance USA-République de Corée,
forgée durant la guerre de Corée et fondée sur la base du
Traité de défense mutuelle entre les Etats-Unis et la
République de Corée de 1953, est devenue une alliance
stratégique globale avec une coopération profonde allant
au-delà de la sécurité pour atteindre les domaines de la
politique, de l'économie, de la culture et des échanges humains.
La liberté, l'amitié et la prospérité
partagée dont nous bénéficions aujourd'hui sont
basées sur nos valeurs partagées de la liberté, de la
démocratie et de l'économie de marché.
En construisant la stabilité sur la péninsule
coréenne tout au long de ces 60 dernières années, nous
continuons de renforcer et d'adapter notre Alliance pour qu'elle constitue un
pilier de la paix et de la stabilité en Asie-Pacifique et réponde
aux défis du XXIe siècle en matière de
sécurité. Les Etats-Unis restent totalement engagés
à défendre la République de Corée, avec leur
dissuasion étendue et leurs capacités militaires, à la
fois conventionnelles et nucléaires.
Dans le cadre de l'accord de défense, il ya eu
plusieurs manoeuvres entre les Etats-Unis et la Corée du sud dans le
but de mettre en place des scenarios en cas d'attaque nucléaire par la
Corée du Nord.
Section III. La menace
nord-coréenne contre le Japon
3.1. Présentation du Japon 121(*)
Le Japon « pays du
Soleil levant» est un pays d'Asie orientale situé au sud-est de la
Chine. Formé d'un archipel entre la mer du Japon revendiquée
comme étant la «mer de l'Est» par les Coréens et
l'océan Pacifique, le pays comprend quatre îles principales: du
nord-est au sud-ouest: Hokkaido, Honshu, Shikoku et Kyushu
voir la carte
et d'une multitude d'îlots baignés par la mer d'Okhotsk au nord.
Au sud, entre l'île de Kyushu et l'île de Taiwan, est situé
l'archipel des Ryükyü, constitué d'une soixantaine de petites
îles, parmi lesquelles se trouve Okinawa qui, lors de la reddition du
Japon le 15 août 1945, est restée sous contrôle
américain jusqu'en 1972, avant d'être rendue au Japon. La
superficie totale du Japon est de 377 765 km². Les îles japonaises
s'étendent sur une longueur d'environ 2500 km, soit entre l'île
russe de Sakhaline au nord et Taïwan au sud.
Tokyo, située sur l'île d'Honshu, est la capitale
du pays. Au point de vue administratif, le Japon compte huit régions et
47 départements. Chacun de ces départements est administré
par un gouverneur élu et une assemblée locale. Chacune de ces
municipalités possède un conseil composée de
représentants élus au suffrage universel. Les
municipalités du Japon bénéficient de pouvoirs
relativement importants en contrôlant le domaine de l'éducation
publique et en levant leurs propres impôts.
Le Japon est surtout la troisième puissance
économique mondiale. Ruiné à l'issue de la Seconde Guerre
mondiale, le Japon a connu une croissance exceptionnellement rapide ensuite.
Le développement économique s'explique
essentiellement par des conditions historiques, l'ouverture du Japon à
l'Occident avec l'ère Meiji 1868 . L'urbanisation croissante a abouti
à la formation de quelques mégalopoles dont les centres sont
Tokyo, Osaka, Yokohama et Nagoya.
Le régime politique japonais actuel s'inscrit dans un
système de
monarchie
constitutionnelle avec un
parlement
bicaméral la
diète . Ce
régime politique a été mis en place en
1946 en accord avec les forces
d'occupation américaines. Le pouvoir exécutif appartient au
cabinet, responsable devant la diète, composé du
premier ministre et
de ministres d'état, tous devant être des civils. Le
premier
ministre doit être un membre de la diète, qui le choisit. Le
premier ministre a le pouvoir de nommer et démettre les ministres, dont
une majorité doit être des membres du parlement.
Figure 4. Le Japon
Source : http://www.asahidojo.org
|
La
Constitution de
1947 énonce des principes fondamentaux reconnaissant la
souveraineté du peuple, limitant l'
empereur au
rôle symbole et proclame le pacifisme institutionnel. Selon l'article 9
de la Constitution mise au point par les forces d'occupation et
promulguée en 1946, « le peuple japonais renonce à jamais
à la guerre » et « il ne sera jamais maintenu de forces
terrestres, navales et aériennes ».
3.2.
La menace nord-coréenne contre le Japon.
Vers la fin du XIXe siècle, la Corée
était un petit royaume d'environ 13 millions d'habitants, situé
entre trois grands empires : la Chine, le Japon et la Russie. Cette situation
géographique devait avoir des conséquences tragiques pour le
peuple coréen qui s'est vu entraîné dans les
rivalités et les intrigues des trois puissances environnantes Sur le
continent asiatique, la Corée a une longue frontière commune avec
la Mandchourie, qui était une « dépendance extérieure
» de l'empire chinois. La frontière sino-coréenne suit le
cours du Yalou, à l'Ouest, celui du Toumen, à l'Est. Depuis 1860,
la Corée a aussi une frontière avec la Sibérie russe,
actuellement soviétique. Cette frontière est très courte.
Elle mesure à peine 17 km et se situe à l'embouchure du Toumen.
Enfin, le détroit de Corée sépare ce pays du Japon. Pour
l'Empire nippon, la péninsule coréenne a toujours
présenté une importance de premier ordre, car cette
péninsule constitue la partie du continent asiatique la plus proche de
l'archipel japonais. L'installation d'une grande puissance dans la
péninsule constituerait une menace pour la sécurité
militaire de l'Empire du Soleil Levant. Par ailleurs, la Corée fut la
route classique des entreprises militaires nippones sur le continent asiatique.
122(*)
Le fait que depuis la fin du XIVe siècle, les
côtes de Corée étaient ravagées par les pirates
japonais, les différentes occupations de la péninsule, les
conflits avec la Chine ou la Russie créait un climat d'irritation dans
la péninsule. En effet, la puissante armée japonaise occupa le
pays, jusqu'à la frontière chinoise jusqu'en 1919. La
Corée du Nord a toujours considéré la présence des
bases américaines sur le territoire japonais comme une vraie menace. La
Corée du Nord, comme tous les autres pays communistes de la
région, n'a pas signé le traité de paix de San Francisco
du 8 septembre 1951. Considérant que ce traité avait un but
essentiellement stratégique. Il tendait à intégrer le
Japon dans le « périmètre défensif »
américain.
3.3.
Le système de défense du Japon
La
Constitution
japonaise proclame le pacifisme institutionnel. Selon l'article 9 « le
peuple japonais renonce à jamais à la guerre » et « il
ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes
». En effet, le budget militaire du Japon est limité à 1 %
du PNB, pas d'arme nucléaire, pas d'exportation d'armements ni
d'utilisation militaire de l'espace. Mais ces limitations, qui ne
procèdent que de déclarations gouvernementales, peuvent
être facilement levées en droit. Par ailleurs, pour que les Forces
d'Autodéfense demeurent « défensives », en accord avec
la Constitution, elles sont privées de capacité de projection
porte-avions, bombardiers lourds, missiles balistiques, rendant le Japon
dépendant des États-Unis pour la défense de ses
communications et la dissuasion nucléaire.
En plus, la rancune toujours vivace en Asie, surtout en Chine
et en Corée, entrave toute prétention du Japon au leadership
régional. Par ailleurs, les insuffisances du
traité
de San Francisco 8 septembre 1951 entre le Japon, les États-Unis et
49 pays se font sentir : la
Corée
et la Chine en étant absentes et l'URSS ayant refusé de le
signer, Tokyo ne fera la paix avec Séoul et Pékin respectivement
qu'en 1965 et en 1978, tandis qu'en 1998, Moscou et Tokyo n'avaient toujours
pas conclu d'accord officiel. De plus, le traité de San Francisco a
laissé sans solution trois contentieux territoriaux qui nourrissent
toujours des tensions : l'un avec la Russie
îles
Kouriles ; un autre avec la Corée; le troisième avec la Chine
sous administration japonaise mais revendiquées par la Chine ainsi que
par Taïwan.
La montée des tensions en Asie crise nucléaire
en Corée du Nord, en 1994, manoeuvres militaires chinoises dans le
détroit de Taïwan, en 1995-1996 le pousse à resserrer son
alliance militaire avec les États-Unis, en élargissant le champ
d'action du traité de sécurité à toutes les crises
qui pourraient survenir dans un «environnement régional »,
dont les limites ne sont pas précisées.
Arrivée au pouvoir en septembre 2009, la coalition de
Hatoyama Yukio entend placer le pays dans un rapport de partenariat et non plus
de dépendance contre des États-Unis. Mais l'échec de la
tentative de déplacement de la base américaine de Futenma dans
l'archipel d'Okinawa contre l'avis de la population, irrite Washington et
entraîne la chute du cabinet Hatoyama juin 2010.
En dépit de la visite de
Koizumi
Junichiro à Pyongyang en septembre 2002, qui constitue une
étape importante vers la normalisation entre le Japon et la Corée
du Nord, celle-ci reste tributaire d'une série de contentieux le sort
des 11 Japonais qui auraient été enlevés par des agents
nord-coréens au cours des années 1970-1980, le montant des
réparations de guerre pour l'occupation de la péninsule
coréenne de 1910 et 1945 mais surtout de la poursuite du programme
nucléaire nord-coréen.
Alors que la Chine est devenue son premier partenaire
commercial devant les États-Unis, ses revendications territoriales et
maritimes ne cessent d'inquiéter le Japon. En 2004, Tokyo s'associe
à Washington pour soutenir Taïwan face aux menaces de Pékin,
préoccupation potentielle en matière de sécurité
alors que la tension monte d'un cran en mer de Chine orientale dont la
délimitation des zones économiques exclusives respectives - avec
pour enjeu la prospection et l'exploitation des gisements d'hydrocarbures -
sont disputées par les deux États. La candidature du Japon
à un siège permanent au Conseil de sécurité des
Nations unies envenime par ailleurs ces relations. Toutefois, amorcé en
2006 par
Abe
Shinzo, le réchauffement des relations sino-japonaises se poursuit
en 2007, année marquée par la visite historique du Premier
ministre chinois Wen Jiabao et, sous le gouvernement d'
Aso
Taro, avec l'organisation à Fukuaka du premier sommet
trilatéral Chine-Japon-Corée du Sud décembre 2008. Cette
rencontre pose ainsi les bases d'une coopération renforcée via
des réunions annuelles en vue de la création d'une zone de libre
échange dont la première concrétisation est la signature
d'un accord sur l'investissement en mai 2012.
Mais la persistance du contentieux concernant la
souveraineté sur les îles Senkaku/Diaoyu ravive une fois de plus
les tensions entre Pékin et Tokyo dès septembre : la
décision du gouvernement nippon de racheter trois îlots de
l'archipel à leurs propriétaires suscite d'importantes
manifestations antijaponaises en Chine. Au-delà de la fièvre
nationaliste qui se réveille alors dans les deux pays, cette crise
soulève de nouveau la question, toujours pendante, de l'exploitation
commune des ressources de cet espace maritime. La victoire en décembre
du PLD et le succès du parti de la Restauration japonaise
entraînent une réaction prompte de Pékin qui met en garde
contre une nouvelle surenchère nationaliste.
3.4. Les Etats-Unis
d'Amérique et la sécurité du Japon
Après la défaite du Japon à la fin de la
Deuxième Guerre mondiale, les Etats-Unis ont occupé le
territoire. Pendant cette occupation 1945-1952 les anciens dirigeants sont
chasées ou pendus et des réformes sont lancées : nouvelle
constitution, réforme agraire, établissement des libertés
politiques et syndicales, nouveau code civil. Un régime
démocratique est mis en place, mais pour faciliter l'occupation,
Washington décide de garder l'empereur, tout en le dépouillant du
pouvoir. Cependant, le développement de la guerre froide en Asie et la
progression des forces communistes qui prennent le pouvoir en Chine 1er octobre
1949, constitue une menace pour le Japon. La sécurité du Japon
est alors assurée par les États-Unis qui y gardent des bases
militaires. 123(*)
Dans ce contexte d'occupation, le Premier ministre japonais
Yoshida Shigeru, propose aux autorités américaines d'accueillir
de façon permanente leurs bases militaires sur le territoire japonais.
Il négocie cette faveur contre 3 garanties :
1) Recouvrer la souveraineté nationale le plus rapidement
possible dans les bonnes conditions
2) S'assurer un accès au marché américains,
pour pouvoir vendre des biens, et avoir la possibilité de se concentrer
sur le développement économique du pays sans devoir payer le cout
d'entretien d'une armée et d'une défense indépendantes
;
3) Profiter des garanties de sécurité contre le
communisme dont l'influence grandit alors en Asie. 124(*)
Un traité est signé le 8 septembre 1951, entrant
en vigueur en 1952. Ainsi les Etats-Unis bénéficient d'une
présence militaire à moindre frais dans une Asie orientale
déchirée par la Guerre froide. Ils se chargent aussi de «
garantir la défense du Japon et de maintenir la sécurité
dans l'Extrême Orient » 125(*) .
Pour le Japon, dont la Constitution de 1947 interdit
d'entretenir des forces armées et de recourir à la guerre, les
bases représentent une sorte d'assurance sur la sécurité
du territoire. Pour les américains, ces bases sont au coeur de l'accord
de sécurité qui les lie au Japon et s'intègrent à
la stratégie militaire du pays ; qui s'appuie sur un réseau
international des bases qualifié par certains analystes « d'empire
». 126(*)
En 2000, les États-Unis avaient 21 000 hommes et 130
avions de combat basés dans l'archipel, sans compter les forces
embarquées sur la VIIe flotte, qui utilise les ports japonais. À
la même date, les FAD comptaient 262 000 hommes, 1 050 chars, 680
véhicules blindés, 446 hélicoptères, 378 avions et
142 bâtiments de combat, constituant ainsi les forces conventionnelles
les plus puissantes et les plus modernes d'Asie. Le budget militaire du Japon
est le deuxième du monde depuis la fin de la
guerre
froide.
CONCLUSION
Nous voici à la fin de notre travail qui a eu comme
sujet « la Corée du Nord et les menaces nucléaires contre
les Etats-Unis et leurs Alliés de la région la Corée du
Sud et le Japon ». Ce travail est subdivisé en 3 chapitres. Le
premier chapitre traite du cadre théorique. Le deuxième chapitre
traite de la stratégie de défense et capacité
nucléaire et balistique de la Corée du Nord. Et le
troisième chapitre traite de la Corée du Nord et des menaces
contre les Etats-Unis et leurs Alliés de la région de l'Asie Est,
nous avons cité la Corée du Sud et le Japon.
Nous sommes partis de la question principale suivante :
pourquoi l'acquisition de l'armement nucléaire de la Corée du
Nord est-elle perçue comme une menace contre les Etats-Unis et leurs
alliés de la région de l'Asie Est (la Corée du Sud et le
Japon)? Cette question principale nous a conduits à nous poser des
questions secondaires suivantes : Quel danger grave pèse sur la
sécurité nationale de la Corée du Nord selon son
gouvernement? Quelle stratégie de dissuasion et de défense
met-elle en place pour faire face à ce danger grave? Les USA, la
Corée du sud et le Japon devraient-ils craindre une attaque
nucléaire de la Corée du Nord?
Nous avons répondu à ces questions avec les
hypothèses ci-après : Après la guerre froide, la
Corée du Nord a accéléré la modernisation de son
appareil de défense et l'acquisition d'armements de telle sorte qu'elle
est devenue la plus grande menace à la paix et à la
sécurité dans la région, à cause notamment de la
détention illégale de l'arme nucléaire et le risque de
plus en plus grand d'employer cette arme au regard des tensions parfois vives
dans la région. Notamment le conflit avec la Corée du Sud qui est
soutenue par les Etats-Unis. En effet, les dirigeants nord-coréens ont
toujours agité la menace d'un « désastre
nucléaire » dans la péninsule coréenne si
celle-ci devait connaître une nouvelle guerre.
De leur part, les Etats-Unis ont toujours
considéré la Corée du Nord comme faisant partie «
d'États voyous », qui posent une menace à la
stabilité régionale de nombreuses parties du monde et estiment
qu'ils ont une responsabilité spéciale afin de développer
une stratégie visant à les neutraliser ou à les
contenir.
A ce jour, la Corée du Nord est dotée de l'arme
nucléaire. Elle avance deux raisons majeures : la sécurité
régionale et la crainte d'une menace américaine tendant à
imposer, d'une manière ou d'une autre, un changement de régime
politique.
La Corée du Sud a toujours été sous la
menace de la Corée du Nord qui revendique sa souveraineté sur
l'ensemble de la péninsule. Techniquement les deux pays n'ont jamais
signé un traité de paix. C'est ainsi que la Corée du Sud a
également eu les ambitions nucléaires pour se protéger,
avant de rejoindre le TNP en 1975 ; et elle n'a mis fin à son programme
nucléaire que sous la pression américaine. Alliée des USA,
la Corée du Sud bénéficie à ce titre des garanties
de protection américaine.
Quant au Japon, la politique officielle de « trois non
» déclare « qu'il ne produira pas, ne possédera pas
d'arme nucléaire, et n'autorisera pas son introduction sur le territoire
japonais ». Dépourvu d'une force de défense propre le Japon
a toujours bénéficié de la protection américaine.
Ce qui suscite les soupçons et les inquiétudes de la Corée
du Nord.
Pour mener à bien cette étude, nous avons eu
recours à la méthode géopolitique et la méthode
stratégique. La méthode géopolitique méthode
consiste à poser les bonnes questions face à un
évènement (tension, crise, conflit, guerre, négociations)
: Qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Dans la méthode
géopolitique, il faut pouvoir identifier les acteurs, analyser leurs
motivations, décrire leurs intentions, repérer les alliances en
gestation ou, au contraire, les alliances en voie de déconstruction, que
ce soit au niveau local, régional, continental ou international.
En relation internationale, la méthode
stratégique a pour objet les enjeux de la sécurité et les
choix des acteurs pour assurer leur sécurité ou marge de
manoeuvre. Cette méthode postule l'existence d'individus rationnels qui
élaborent des stratégies afin d'atteindre leurs objectifs, dans
un contexte général de contraintes.
Quelle perspective pose le résultat de cette
étude ? Si nous partons selon la logique de notre travail et en
nous appuyant sur les auteurs pertinents que nous avons cités, la
Corée du Nord n'a pas raison de se doter d'une arme nucléaire.
Car étant un Etat parti au TNP la Corée du Nord s'était
engagé ne pas produire ou chercher à posséder l'arme
nucléaire. Le chantage des dirigeants nord-coréens n'est pas de
nature à favoriser la paix et la sécurité internationale
comme le stipule la Charte des Nations Unies et les instruments internationaux
qui interdisent aux Etats de procéder par des menaces et des agressions
contre d'autres Etats. Leur décision à développer
illégalement les programmes nucléaires est de nature à
encourager la prolifération nucléaire. Si la communauté
internationale reste passive à tel cas, il est possible que d'autres
états s'engagent dans la même voie que la Corée du Nord. La
Corée du Nord doit cesser de menacer ses voisins et ne pas
développer son programme nucléaire militaire.
A la fin de ce travail, nous ne pouvons pas prétendre
avoir épuisé tout le sujet. Les chercheurs avisés y
trouveront toujours des choses à redire. Nous souhaiterions que cela
ouvre des pistes à d'autres recherches notamment dans le sens de la
réunification des deux Corées comme solution au cycle de conflit
dans la région.
BIBLIOGRAPHIE
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1) Avis de la Cour Suprême de Justice sur la
licéité de la menace et de l'emploi de l'arme nucléaire
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8) Tertrais, B., Le marché noir de la bombe,
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http://www.senat.fr/
TABLE
DES MATIERES
Dédicace..................................................................................................I
Avant-propos..........................................................................................II
Liste des
abréviations................................................................................III
INTRODUCTION
1
CHAPITRE 1 : CADRE THEORIQUE
12
Section I. La notion de la menace
12
1.1. Définition
12
1.2. La perception des menaces
13
1.3. La menace nucléaire
16
1.4. La notion de l'ennemi.
18
1.5. La notion de l'agression
19
Section II. La dissuasion nucléaire
20
2.1. Définition de la dissuasion
nucléaire
21
2.2. Typologie des doctrines de dissuasion
22
Section III. La non-prolifération
nucléaire
26
3.1. Le Traité de Non-prolifération
27
3.2. L'Agence internationale de l'énergie
atomique
33
3.3. Le régime de contrôle d'exportation
de matière nucléaire
36
Section IV. Droit international et
licéité de la menace ou emploi d'armes nucléaires
37
Section V. Théories géopolitiques de
« heartland » et de « rimland »
40
CHAPITRE 2 : STRATEGIE DE DEFENSE ET CAPACITE
NUCLEAIRE ET BALISTIQUE DE LA COREE DU NORD
42
Section I. Présentation de la Corée du
Nord
42
1.1. Organisation administrative, politique et
économique
42
1.2. Historique de la Corée du Nord
45
Section II. La capacité balistique et
nucléaire de la Corée du Nord
51
2.1. La capacité balistique
51
2.2. La capacité nucléaire
52
Section III. La Corée du Nord est-elle un Etat
proliférant ?
54
Section IV. La stratégie de défense de
la Corée du Nord
57
CHAPITRE 3 : LA COREE DU NORD ET LA MENACE NUCLEAIRE
CONTRE LES ETATS-UNIS, LA COREE DU SUD ET LE JAPON.
58
Section I. La menace nord-coréenne contre les
Etats-Unis
58
1.1. Présentation des Etats-Unis
d'Amérique
58
1.2. La menace nord coréenne contre les
Etats-Unis
61
1.3. La stratégie de défense des
Etats-Unis d'Amérique en Asie Est
64
Section II. La menace nord-coréenne contre la
Corée du Sud
65
2.1. Présentation de la Corée de la Sud.
65
2. 2. La division de la péninsule et la guerre
de Corée comme acte fondateur de l'identité politique et
stratégique de la Corée du Sud
66
2.3. La menace nord-coréenne contre la
Corée du Sud
67
2.4. La stratégie de défense de la
Corée du Sud
68
Section III. La menace nord-coréenne contre le
Japon
72
3.1. Présentation du Japon
72
3.2. La menace nord-coréenne contre le Japon.
74
3.3. Le système de défense du Japon
75
3.4. Les Etats-Unis d'Amérique et la
sécurité du Japon
77
CONCLUSION
79
BIBLIOGRAPHIE
82
TABLE DES MATIERES
86
* 1 Brad, R., et Dingli, S.,
« L'équation du nucléaire asiatique », in Cahiers
de Chaillot, Institut d'études de sécurité de l'UEO,
n°48, Paris, Juillet 2001, p 158
* 3 Vandier, P., La
prolifération nucléaire en Asie menace-t-elle l'avenir du TNP
?, Mémoire de DEA, Collège Interarmées de
Défense, Institut de Recherche International et Stratégique,
2005. [en ligne] http/
www.diploweb.com, page
consultée le 23 décembre 2013.
* 4 Cartigny, C., « Danger
sur la non-prolifération nucléaire », in Recherches
Internationales, Paris, 2005, p 2.
* 5 Koungou, L., Les
perspectives du régime de non-prolifération
nucléaire, Mémoire de DEA, l'Université de Sorbonne
Paris I, p 28
* 6 Tertrais, B., Atlas
mondial du nucléaire, Editions Autrement, Paris 2011, p 36.
* 7 Temman, M., « Les
dirigeants coréens sont-ils imprévisibles ? » in
Libération du 7 février 2003.[en ligne]
http://www.liberation.fr/monde/2003/02/07/les-dirigeants-coreens-sont-imprevisibles_430216,
page consultée le 23 décembre 2013.
* 8 Barckard, B., et Grand, C.
« Pour un débat grand débat européen », in
Cahiers de Chaillot, Institut d'études de
sécurité de l'UEO, n°48, Paris, Juillet 2001, p 186
* 9 Herz, J. « Idealist
Internationalism and Security Dilemna », World Politics, 5, no.2
janvier l950, 157-80.
* 10 Quivir & Van
Compenhoudt, L, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris,
éd. Dunod, 1988, p.86.
* 11 Contandriopoulos, A.P.,
Savoir préparer une recherche. La définir, la structurer, la
financer, Presse de l'université de Montréal, 1990, p.
30.
* 12 Cartigny, C, « Danger
sur la non-prolifération nucléaire » in Recherches
Internationales, 2005, p. 3
* 13 Idem
* 14 Brad, R., & Dingli,
S., art cit
* 15 Temman, M., art
cit.
* 16 Kazadi Kimbu, Cours
de Méthodes de recherche en sciences sociales, 2ème graduat
Relations Internationales, Université de Lubumbashi, 2010-2011
(inédit)
* 17 Dévérin, Y.,
FrançoisThual, Méthodes de la géopolitique,pp 1-7
[en ligne]
http://www.dachary.org/obses/geopo.html,
consulté le 8 février 2014.
* 18 Dévérin,
Y.,art cit.
* 19 Idem
* 20 Idem
* 21 Crozier, M., &
Friedberg, E., L'acteur et le système, Editions du Seuil, 1977,
1981 [en ligne] http/rb. ec-lille. fr/ l/
Cours_de_sociologie_des_organisations.
* 22 Gazibo, M., et Jenson,
J., La politique comparée : fondements, enjeux et approches
théoriques,Les presses de l'Université de Montréal,
Montréal, 2004, p 307
* 23 Djallil Lounnas, La
sécurité collective dans l'unipolarité :la crise
nucléaire iranienne, Thèse de Doctorat, Université de
Montreal, 2010, p 58
* 24 Mulumbati Ngasha, op cit.
, p 20
* 25 Mulumbati Ngasha, op cit.
, p 20
* 26 Idem, p 21
* 27 Kamto, M.,
L'agression en droit international, Editions A. Pedone, Paris, 2012, p
18
* 28 Kamto, M., op.
cit. p 16
* 29 Rambaud, M., « La
définition de l'agression par l'ONU », pp. 841cité par
Kamto, M., op. cit. p17
* 30 Mulamba Ngeleka,
Cours de Géostratégie, Première licence relations
internationales, Université de Lubumbashi, 2012-2013 (Inédit). p
27
* 31 Idem, p 27
* 32 Idem p 28
* 33 Mulamba Ngeleka, op. cit.
p 32
* 34 Idem, p 33
* 35 Idem, p 34
* 36 Mulamba Ngeleka, op.
cit., p 35
* 37 Mulamba, op. cit., p
36
* 38 Idem, p 36
* 39 Cirincione, J.,« La
transformation de la politique nucléaire des États-Unis » in
Revue électronique du département d'État - Un monde
libéré de l'arme nucléaire, mars 2010, [en ligne]
http://iipdigital.usembassy.gov/iipdigital-fr/index.html,
consulté le 20 janvier 2014
* 40 Professeur Mulamba, op
cit. p 37
* 41 Chartrand, B., La
construction de la menace et la sécuritisation de la Corée du
Nord : effets sur la politique étrangère, Mémoire de
maitrise en science politique, Université de Montréal,
Montréal, 2012, p 46
* 42 Kamto, M., op cit, p
20
* 43 Kamto, M., op. cit. p
12
* 44 Idem p. 13
* 45 Chautard S,
L'indispensable de la géopolitique, Ed Studyrama, France, 2004,
p 284.
* 46 Berquier, M.,
« La France et la dissuasion nucléaire », Document
inédit, p 4
* 47 Mulamba Ngeleka,
Geostratégie, op cit.
* 48 Tertrais, B.,La
dissuasion nucléaire françaiseaprès la guerre froide :
Continuité, Ruptures, Interrogations, Théorie et doctrine de la
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http://www.afri-ct.org/IMG/pdf/tertrais2000.pdf
* 49 Glasser, E., in «
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http://memscpobdx.pagesperso-orange.fr/
* 50 Poirier, L.,Des
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* 51 Aron, R., Paix et
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* 52 Anonyme, « dissuasion
nucléaire et prolifération fonctionnement et enjeux contemporains
» [en ligne]
http://memscpobdx.pagesperso-orange.fr/
consulté le 28 décembre 2013
* 53 Dulles, John Foster,
né le
25
février
1888 et
décédé le
24
mai
1959 était un
diplomate
américain,
qui fut le 51e
Secrétaire
d'État ministre des Affaires étrangères des
États-Unis , du
21
janvier
1953 au
22
avril
1959, sous le
président
républicain
Dwight D.
Eisenhower.
* 54 Touraine, « Le
facteur nucléaire après la guerre froide » in Politique
étrangère N°2, 1992, pp. 395-405.
* 55 McNamara, Robert S.,
né le
9
juin
1916 à
San Francisco
en
Californie et mort
le
6
juillet
2009 à
Washington
District de Columbia
1, est un
homme
d'affaires et un
homme
politique
américain,
secrétaire
à la Défense de 1961 à 1968 sous les
présidences
Kennedyet
Johnson.
* 56 Touraine, art. cit.
* 57 Chautard, S.,
op.cit, p 286.
* 58 Ibid. p 286.
* 59 Du nom du maréchal
soviétique Vassili Sokolovski, chef d'état-major de
l'armée et de la marine soviétique de 1952 à 1956, auteur
du manuel de référence de l'armée soviétique
intitulé « Stratégie militaire ».
* 60 Chautard, S ;
op.cit, p 287.
* 61 Tertrais, B., «
Dissuasion nucléaire française après la guerre froide :
continuité, rupture, interrogations » in Théories et
doctrine de la sécurité, Paris, page 764
* 62 Tertrais, B., art.cit
page 765
* 63 Lopez, A., L'avenir du régime de
non-prolifération : La position iranienne dans la crise, Master en
Relations Internationales et Politiques de Sécurité,
Université Toulouse 1, 2008, p 19
* 64 Fischer, G., « La
non-prolifération des armes nucléaires ». in Annuaire
français de droit international, volume 13, 1967. pp. 47-98.
* 65 . Brad R., & Dingli,
S., art cit, p 158
* 66 Tertrais, B., Atlas
mondial du nucléaire. p 46
* 67 Ibid. .
* 68
Chevènement,
J.P., Rapport d'information n° 332 2009-2010, fait au nom de la commission
des affaires étrangères, Senat Français
déposé le 24 février 2010 [en ligne]
http://www.senat.fr/notice-rapport/2009/r09-332-notice.html
* 69 Tertrais, B., op cit. p
46
* 70 Tertrais, B., op
cit. p 46
* 71 Ibid.
* 72 Lopez, A., op.
cit. p 27
* 73 Ibid.
* 74 Prenat, R., « Les
régimes multilatéraux de maîtrise des exportations de
technologies sensibles à utilisation militaire ». In: Annuaire
français de droit international, volume 44, 1998. pp. 298.
* 75 Idem, p 299
* 76 Idem, p 299
* 77 Durand, D., op cit. p
230
* 78 Ibid.
* 79 Manfred, M., « Avis
consultatif de la Cour internationale de Justice sur la licéité
de l'emploi d'armes nucléaires - Quelques réflexions sur ses
points forts et ses points faibles », in Revue internationale de la
Croix-Rouge, 823, 1997, p 12
* 80 Manfred, M., art cit, p
2
* 81 Idem, p 2
* 82 Chautard, S., op cit, p
23
* 83 Baconnet, A.,
« La Guerre de Corée 1950-1953, un conflit chaud dans la
guerre froide »., in Revue Géostratégiques
n° 17 - La Chine, septembre 2007, p176
* 84 Chautard, S., op.cit. p
24
* 85 Chautard, S.,
op.cit. p 24
* 86 Ibid.
* 87 Baconnet, A., op. cit. p
177
* 88 Ibid.
* 89 La Corée du nord
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* 90
http://fr.wikipedia.org/wiki/Corée_du_Nord
* 91 Ibid.
* 92 Chautard S, op cit., p
284.
* 93 Idem
* 94 Guichard, J.,
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guerre froide », inCERISCOPE Frontières, 2011, [en
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* 95 Baconnet, A., op. cit. p
178
* 96 Idem, p 179
* 97 Encyclopédie
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* 98 Anonyme,
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.
* 99 Guichard, J., art cit.
* 100 Chautard S, op cit. p
284.
* 101 Temman, M., art cit.
* 102 Wikipédia
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* 103 Chautard, S., op cit, p
284.
* 104 Armes nucléaires
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* 123 Pajon, C.,
« Comprendre la problématique des bases américains
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2010, p 6
* 124 Shaller, M.,
cité par Céline Pajon, art cit. p 7
* 125 Traité mutuel de
sécurité États-Unis-Japon signé en septembre
1951
* 126 Johnson, C., 2004,
cité par Pajon, C. art cit, p 8
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