UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP FACULTE DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de D.E.A THEME
SAVOIRS LOCAUX ET NOUVELLES
INITIATIVES POUR LA GESTION
DES RESSOURCES NATURELLES
DANS LA COMMUNAUTE RURALE
DE MADINA NDIATHBE
(Département de Podor)
Présenté par : ALIOU WANE Sous la direction
de AMADOU ABDOUL SOW Maître de Conférences
Année académique 2009 / 2010
1
SOMMAIRE
ACRONYMES
|
..3
|
AVANT PROPOS
|
.5
|
INTRODUCTION GENERALE
|
7
|
I- Problématique
|
....9
|
II- Méthodologie
|
12
|
|
PREMIERE PARTIE : LE CADRE GEOGRAPHIQUE
|
|
Chapitre I : Etat des ressources naturelles
|
..15
|
I - Les ressources en eau
|
..15
|
II - Les ressources pédologiques
|
.19
|
III - Les ressources végétales
|
..22
|
Chapitre II : L'environnement socio-économique
|
..25
|
I - Le milieu humain
|
25
|
II - Les activités socio-économiques
|
..27
|
Conclusion partielle
|
33
|
DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DES TYPES DE SAVOIRS MIS
EN VALEUR DANS LA COMMUNAUTE RURALE DE MADINA NDIATHBE.
Chapitre I : Les savoirs locaux : inventaire et
caractérisation
|
..35
|
I - Les pratiques agricoles traditionnelles
|
35
|
II - Les pratiques pastorales et les connaissances liées
à l'exploitation forestière
|
..40
|
III - Les techniques de pêche traditionnelle
|
43
|
Chapitre II : Les nouvelles initiatives d'exploitation
des ressources naturelles
|
..46
|
I - Les pratiques agricoles modernes et les actions de gestion
des terres
|
.46
|
II - Les pratiques modernes liées à
l'élevage et à la restauration du milieu naturel
|
51
|
III - Le développement de la pisciculture
|
55
|
2
Conclusion partielle ...58
TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE
SAVOIRS LOCAUX ET NOUVELLES INITIATIVES DANS LA GESTION DES
RESSOURCES
NATURELLES
Chapitre I : Les acteurs de la conservation des
ressources naturelles dans la
communauté rurale de Madina Ndiathbé
60
I - Les structures administratives 60
II - Les organisations communautaires de base 62
III - Les structures de développement 65
Chapitre II : L'interférence des savoirs mis en
valeur dans la CR de Madina
Ndiathbé
|
..69
|
I - La limite des savoirs mis en synergie dans la gestion des
ressources naturelles
|
69
|
II - La complémentarité des savoirs dans la gestion
des ressources naturelles
|
...71
|
Conclusion partielle
|
76
|
CONCLUSION GENERALE
|
...77
|
BIBLIOGRAPHIE
|
79
|
TRADUCTION DES TERMES LOCAUX
|
83
|
LISTE DES CARTES
|
..85
|
LISTE DES PHOTOS
|
..85
|
LISTE DES GRAPHIQUES
|
85
|
LISTE DES TABLEAUX
|
85
|
LISTE DES ENCADRES
|
86
|
TABLE DES MATIERES
|
..92
|
ACRONYMES
3
ANA : Agence Nationale de l'Aquaculture
ANCAR : Agence Nationale du Conseil Agricole
et Rural
ANDS : Agence Nationale de la
Démographie et de la Statistique
ASC : Association Sportive et Culturelle
ASPRODEB : Association
Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la
Base
AVD : Association Villageoise de
Développement
CADL : Centre d'Appui au Développement
Local
CNCAS : Caisse Nationale de Crédit
Agricole du Sénégal
CERP : Centre d'Expansion Rurale et
Polyvalent
CLCOP : Cadre Local de Concertation des
Organisations Paysannes
CPV : Chef de Poste
Vétérinaire
CR : Communauté Rurale
CRDI : Centre de Recherche pour le
Développement International
CSE : Centre de Suivi Ecologique
DIRFEL : Direction des Femmes en Elevage
FED : Fonds Européen pour le
Développement
FNPJ : Fonds National pour la Promotion de la
Jeunesse
FUGIAM : Fédération des Unions
de GIE de l'Ile à Morphil
GIE : Groupement d'Intérêt
Economique
GMP : Groupe Motopompe
GPF : Groupement de Promotion
Féminine
GRN : Gestion des Ressource Naturelles
ISRA : Institut des Sciences de la Recherche
Agricole
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MARP : Méthode Active de la Recherche
Participative
MEPN : Ministère de l'Environnement et
de la Protection de la Nature
NEPAD : Nouveau Partenaire pour le
Développement de l'Afrique
OCB : Organisation Communautaire de Base
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du
Fleuve Sénégal
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation Paysanne
4
Oxfam / GB : Oxfam Grande Bretagne
PAPFIM : Projet d'Appui aux Femmes de l'Ile
à Morphil
PCR : Président de la
Communauté Rurale
PAPEL : Projet d'Appui à l'Elevage
PIV : Périmètre Irrigué
Villageois
PLD : Plan Local de Développement
PNIR : Programme National d'Infrastructure
Rurale
POAS : Plan d'Occupation et d'Affection des
Sols
PROGRENA : Programme de Gestion des
Ressources Naturelles
PSOAP : Programme de Services Agricoles et
Organisations de Production
RGPH : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat
RIAD : Réseau d'Initiative et d'Appui
au Développement
RN : Ressources Naturelles
SAED : Société
d'Aménagement des Eaux du Delta
SIG : Système d'Information
Géographique
SODEFITEX : Société de
Développement des Fibres Textiles
SODEVA : Société de
Développement Arachidière
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
UFAM : Union des Femmes de l'ile A Morphil
ZAPA : Zone Agro - pastorale à
Priorité Agricole
ZAPE : Zone Agro - pastorale à
Priorité Elevage
5
Avant propos
La conscience, au plan international, du rôle et de la
valeur des ressources naturelles et l'inquiétude que suscite leur
disparition rapide, nécessite une reconnaissance de leur importance.
La biodiversité agricole est la base de la
sécurité alimentaire mondiale. Elle contribue à
protéger les moyens d'existence des populations et leurs milieux
naturels en renforçant les agro-écosystèmes fonctionnels.
Les agriculteurs, éleveurs et pécheurs sont les principaux
défenseurs de ces précieuses ressources biologiques.
Dans l'étude des ressources naturelles, la prise en
compte des savoirs traditionnels peut conduire à des connaissances, des
informations utiles pour la compréhension des risques de
dégradations environnementales et l'élaboration de programmes de
développement durable.
La Communauté rurale de Madina Ndiathbé,
située à l'orée du Sahel a subi les
phénomènes de la sécheresse et de la
désertification qui ont profondément marqué la vie, les
croyances et les systèmes d'organisations des populations.
Faut - il dès lors rejeter le patrimoine culturel de
cette société Halpular et leur réapprendre à lutter
contre ces fléaux qu'elle connait bien ? Ou faudrait- il mettre en avant
les approches novatrices parce que les particularités des savoirs locaux
ne conviennent peut- être pas ?
Cette recherche permet d'illustrer les actions visant à
associer et compléter deux systèmes (traditionnel et moderne)
dont le but final est d'aider les communautés agricoles locales à
renforcer leurs systèmes de sécurisation, d'exploitation et de
conservation des ressources naturelles.
D'emblée, nous tenons à remercier tous les
membres de notre famille particulièrement mes parents Lamine Wane et
Aminata Sall pour leur soutien et leurs encouragements.
Nous adressons nos sincères remerciements à tous
les enseignants du département de géographie, principalement
à Monsieur Amadou Abdoul Sow pour avoir dirigé ce travail. Ses
suggestions et critiques ont été déterminantes.
Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude aux
nombreuses personnes et institutions qui ont contribué à
l'aboutissement de ce travail. Nos remerciements s'adressent en particulier
:
·
6
Au PCR de la communauté rurale de Madina Ndiathbé
Monsieur Kisma Dramé
· A l'agent de la SAED chef de zone Madina Monsieur Birame
Niang
· Au chef de CADL de l'arrondissement de Cas-Cas Monsieur
Déhibou Kane
· Au chef de poste vétérinaire
Aéré lao Monsieur Séne
· Au chef de la brigade forestière
Aéré lao Monsieur Mourtada Thiam,
· Au dirigeant du CLCOP Monsieur Alpha Sy
· A monsieur Aliou Seydi de l'ISRA de Saint Louis
· A notre cher tuteur à Madina Monsieur Mama Gayel
Ndiath
· A l'ensemble des populations de la communauté
rurale de Madina Ndiathbé
· A tous les membres de l'amicale des élèves
et étudiants de Thioubalel lao (AEET)
· A l'ensemble du personnel de la bibliothèque du
Centre Communautaire Gallé ;
Nous remercions également nos camarades de promotion
pour leurs suggestions et soutiens. Nous voulons nommer : Mamadou Sow, Boubou
Thiam, Thierno Kane, Alioune Badara Diagne, Ababacar Fall, Mamadou Aliou
Bâ, Ibrahima Dramé, Ibrahima Mbaye, Idrissa Seck, Abou Thiam et
Yacine Séne Ba.
Aux amis et compagnons : Thierno Diakario Baldé, Ndongo
Niang, Massyla Ndiaye, Aliou Diop et Abdoul Aziz Ndiath.
7
INTRODUCTION GENERALE
En 2010, la journée mondiale de l'environnement
consacrant l'année internationale de la biodiversité, est
axée sur le thème : « Des millions d'espèces - une
planète - Un avenir commun » pour souligner l'intérêt
au profit de l'homme, de la richesse des espèces et des
écosystèmes de la terre. Des milliers de manifestations, dans
beaucoup de pays, mettent l'accent sur les ressources fragiles menacées
par la forte croissance démographique et les changements naturels.
Cette tendance marque une sorte de révolution dans les
approches du développement et particulièrement dans le domaine de
la gestion des ressources naturelles. Une importance particulière est
accordée à trois notions centrales : « le
développement durable », « la biodiversité » et le
« partage des avantages ».
En effet, cette évolution marquée par l'adoption
de la Convention sur la Diversité Biologique (Rio, 1992) met au devant
de la scène internationale, la question relative à un ensemble de
connaissances et de pratiques longtemps négligées voire
ignorées : les « savoirs naturalistes locaux ».
Aujourd'hui, on se rend compte que les paysans ont un «
savoir propre » de leur environnement (variétés et
techniques culturales, techniques d'élevage, espèces
végétales etc.) qui s'est construit au cours des siècles
d'observation et d'expérimentation.
Les savoirs et les techniques de gestion des ressources
naturelles sont multiples et varient d'une catégorie
socioprofessionnelle à une autre.
Cependant, il ne s'agit guère d'une opposition de
connaissances et/ou pratiques entre les systèmes de production
traditionnels et modernes, mais leur combinaison en vue d'une
complémentarité.
Ainsi un des défis majeurs est de permettre aux
communautés locales de créer des synergies entre savoirs
endogènes et exogènes pour choisir leur propre voie vers un
développement durable dans la communauté rurale de Madina
Ndiathbé, partie intégrante du Sahel. Ce terroir est
découpé en trois zones géographiques (Carte1) selon le
rapport du PLD de 2009 :
- La zone Walo qui regroupe les villages de l'ile à
Morphil avec comme centre, la localité de Cas-Cas. Elle est
caractérisée par sa vocation agricole suivant le critère
hydro-pédologique des sols.
8
Carte 1 : Situation géographique et zonage
de la communauté rurale de Madina Ndiathbé
- La zone Centre (Djéjégol) qui regroupe les
villages situés entre le Doué et la route nationale 2,
dominée par la localité de Madina Ndiathbé qui polarise
les flux commerciaux.
- La zone Diéri, à vocation pastorale, qui
regroupe tous les villages situés au Sud de la route nationale et
gravitant autour de Bano (village centre).
9
La communauté rurale de Madina Ndiathbé est
située dans l'hémisphère nord entre les 16°49 et
16°26 latitudes nord et les 14°35 et 14°02 longitudes ouest.
Elle se trouve dans l'arrondissement de Cas-Cas, département de Podor,
région administrative de Saint Louis avec les limites suivantes :
- Le fleuve Sénégal, au Nord,
- Les communautés rurales de Méry et de Boké
Dialoubé, à l'Est, - La communauté rurale de Doumga lao,
au Sud et à l'Ouest.
La communauté rurale de Madina Ndiathbé a une
vocation essentiellement agricole en raison de ses importantes
potentialités hydriques et foncières. Les populations
dépendent de la valorisation des ressources naturelles (eau, sol et
végétation) qui assure la couverture de l'essentiel de leurs
besoins.
I. PROBLEMATIQUE
Au Sénégal, les politiques de gestion des
ressources naturelles, initiées depuis la période coloniale,
privilégient le plus souvent la mise en place d'aires
protégées (parcs, forêts classées...) sans tenir
compte des exigences des populations riveraines (exemple des aires marines
protégées, les forêts classées, le
déplacement des populations dans le parc national de Niokolo koba...).
Ce qui occasionne des conflits pour l'accès aux ressources, le
braconnage, la coupe abusive de bois...
Les projets de développement rural
intégrés, mis en place par l'Etat et exécutés en
collaboration avec les services déconcentrés, étaient
organisés autour d'une filière (la filière du coton avec
la SODEFITEX, la filière arachidière avec la SODEVA, la
filière rizicole avec la SAED...) où les agriculteurs
n'appliquaient que des consignes techniques sous le contrôle des agents
de l'Etat.
L'impact de ces différentes politiques s'est traduit
par des déséquilibres écologiques (monoculture
arachidière, par exemple), le développement de nouvelles formes
de dépendance économique et sociale (aide extérieure,
dette publique et privée) et une faiblesse des systèmes de
gestion, d'exploitation et de conservation des ressources locales.
C'est pourquoi dans le domaine du développement rural
en général et la gestion environnementale en particulier, de
nombreuses voix se sont levées pour demander une
10
participation effective des populations locales à
l'identification, à la planification et à l'exécution des
projets.
Ainsi, dans la perspective d'une gestion durable des
ressources naturelles, il serait intéressant de prendre en
considération les savoirs locaux.
La Banque Mondiale indique dans le rapport sur le
développement du monde 1998 - 1999 sous le thème : « Le
savoir au service du développement », que « c'est le savoir et
non le capital qui est la clé d'un développement social et
économique durable ». Autrement dit, les savoirs locaux constituent
le fondement des sociétés traditionnelles pour la gestion des
terres et des eaux. Ces connaissances se sont développées,
pratiquées et transmises de génération en
génération. On peut en citer : la culture de décrue chez
les Halpular de la vallée du fleuve Sénégal, la
médecine par les plantes et la méthode de lutte contre les tiques
de bétail appliquée par les Foulani, l'agriculture en montagne
des Bamiléké...
Pour favoriser cette dynamique, la Convention sur la
Diversité Biologique adoptée en 1992, invitait la
communauté internationale à travers l'Agenda 21 à
inventorier les savoirs locaux.
Notre thème de recherche : « savoirs
locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans
la communauté rurale de Madina Ndiathbé » trouve
son intérêt dans ce contexte global de promotion des initiatives
locales. La communauté rurale de Madina Ndiathbé est un cadre
favorable pour mener cette étude, elle recoupe trois sous-ensembles
interdépendants (Walo, Djéjégol et Diéri). Des
connaissances y ont été accumulées et constituent un
élément fondamental de la culture et de la technologie de cette
société Halpular. Cependant, les années de crise, ont
été à l'origine de nouvelles initiatives qui se recoupent
à ces pratiques ancestrales.
Ainsi pour mieux cerner les contours cette
problématique, les orientations suivantes sont
élaborées.
1.1 Analyse conceptuelle
En vue de faciliter la compréhension des termes
utilisés dans cette étude, nous entendons les définir pour
éviter toute confusion, voire des interprétations
différentes.
Les « savoirs locaux » sont au
centre d'une vive controverse théorique. Dénommés, savoirs
traditionnels (Pintou, 2003), savoirs locaux et populaires (UICN, 1998), ils
sont définis comme
11
« l'ensemble des savoirs, savoir-faire, pratiques et
représentations qui sont perpétués et
développés par des personnes ayant une longue histoire
d'interaction avec leur environnement naturel ».
Ils constituent la base de la prise de décision au
niveau local en matière d'agriculture, de santé, de
préparation de la nourriture, d'éducation, de gestion des
ressources naturelles et pour toute une série d'autres activités
menées au sein de la communauté rurale. C'est un outil
d'aménagement du territoire, de conservation selon les situations des
complexes formes de races animales, de variétés cultivées,
d'éléments de ces écosystèmes modelés par
les activités humaines.
Les savoirs locaux sont caractérisés à la
fois par leur ancrage local, leur dynamisme, leur ouverture et leur
capacité à opérer des emprunts et à s'innover. Ce
sont des savoirs qui intègrent harmonieusement pratiques locales et
connaissances technico-scientifiques.
Le savoir qu'il soit scientifique, endogènes ou local
est produit par un système social qui est en interaction avec d'autres
systèmes sociaux qui s'influencent mutuellement.
Le concept nouvelle initiative fait
référence aux connaissances technico-scientifiques
prônées par les administrations. Il s'agit de savoirs
administratifs construits sur la base de systèmes internationaux
générés par les universités et institutions.
Autrement dit, des savoirs fondés sur des procédures et
règlements formels comme les plans de gestion des ressources naturelles,
les connaissances scientifiques sur lesquelles s'appuient les politiques de
développement.
La gestion des ressources naturelles fait
référence aux façons dont les ressources sont
utilisées par une communauté ou un Etat pour des objectifs de
productions forestières, agricoles, halieutiques ou pastorales. Elle
s'apparente aux notions d'aménagement du territoire ou d'organisation de
l'espace, tout en ayant une portée plus vaste. Elle inclut toutes les
formes d'interventions dans l'environnement ayant pour finalité
l'utilisation optimale, dans la perspective d'un développement durable,
qui permettra de satisfaire les besoins actuels tout en préservant ceux
des générations futures.
Les ressources naturelles ont une grande importance dans le
développement des sociétés et leur mise en valeur
constitue un véritable enjeu.
1.2 Objectifs
Nous l'avons scindé en un objectif général
et des objectifs spécifiques.
12
1.2.1 Objectif général
Il s'agit de comprendre et d'analyser la manière dont
sont conçues et appliquées toutes les formes de savoirs
liés aux actions de conservation ou d'exploitation des ressources
naturelles et la gestion durable des écosystèmes.
1.2.2 Objectifs spécifiques
1 - Identifier et caractériser les savoirs locaux et
les nouvelles initiatives développées par les populations locales
dans la gestion des ressources naturelles et la mobilisation de ces savoirs
dans le cadre des politiques de conservation.
2 - Montrer comment et dans quelles limites, les savoirs
locaux et une démarche expérimentale ont pu être mis en
synergie pour la contribution au développement local.
1.3 Hypothèses
1 - Les populations locales sont plus favorables à la
gestion qui trouve son intérêt sur leur savoir et savoir-faire
plutôt que celle fondée sur l'instauration d'une
réglementation formelle et rigide.
2 - Les savoirs locaux interfèrent en permanence dans
le cadre de l'application des politiques de conservation de la
biodiversité et se posent comme alternative aux savoirs
technico-administratifs.
II. METHODOLOGIE
Pour réaliser ce travail nous avons adopté une
démarche en trois phases : l'état de la question, les
enquêtes et le traitement des données.
2.1 Etat de la question
C'est une phase au cours de laquelle nous avons
fréquenté différents centres de recherches (IRD, CRDI,
ANSD et CSE). Elle nous a permis de comprendre les différents aspects
des savoirs locaux en rapport avec les ressources naturelles dans le monde en
général et au Sénégal en particulier, ainsi que les
problèmes auxquels elles sont confrontées. Nos principales
sources d'informations proviennent d'ouvrages spécialisés, des
textes et rapports, d'articles de journaux, également des sites web des
organismes spécialisés sur la question de l'environnement.
La littérature est loin d'être exhaustive. Mais,
elle nous permet de voir que de nombreux aspects liés au milieu physique
et aux soucis de développement économique de la moyenne
13
vallée ont été différemment
abordés. Cependant, il faut regretter le fait que des études
spécifiques qui examinent la dimension environnementale et
endogène n'aient pas été suffisamment abordées.
2.2 Les enquêtes sur le terrain
La communauté rurale de Madina Ndiathbé compte 17
villages officiels (5 villages dans la
zone ile à Morphil, 6 villages dans la zone
Djéjégol et 6 villages dans la zone Diéri) et prés
de
56 hameaux rattachés, soit 73 localités avec une
population de 25 821 habitants. Pour
recueillir les données sur l'ensemble de la zone, nous
avons choisi de travailler (tableau 1) sur
la moitié des villages officiels (9 villages)
répartis en fonction de :
- la représentativité de chaque zone
écogéographique,
- la présence d'une activité ou d'une ressource
naturelle spécifique,
- la taille de la population.
- La centralité du village
Tableau 1 : Répartition des villages cibles
pour l'administration des outils MARP
Zone écogéographique
|
Villages
|
Populations (habitants)
|
Zone ile à Morphil
|
Cas-cas
|
3 324
|
Barangol
|
549
|
Siouré
|
884
|
Zone Djéjégol
|
Aram
|
1 162
|
Madina Ndiathbé
|
3 503
|
Soubalo Madina
|
1 119
|
Zone Diéri
|
Bano
|
418
|
Aéré Gawdi
|
122
|
Dounguel dadé
|
328
|
Source : rapport provisoire du PLD de Madina
Ndiathbé 2009
Ainsi, nous avons prévu des guides d'entretiens
spécifiques pour chaque catégorie d'acteurs.
2.3 Le traitement des données
Les données recueillies sur le terrain ont
été traitées à l'aide du tableur EXCEL, alors que
pour la rédaction du document, c'est principalement le traitement de
texte WORD qui a été utilisé.
Première partie
LE CADRE GEOGRAPHIQUE
14
Le cadre physique offre une entité géographique
avec une relation des ressources naturelles (eau, sol et
végétation). L'hydrologie liée à la variation
saisonnière des températures, de l'humidité relative
brève à la pluviométrie de cet espace, conditionne la
topographie, la pédologie ainsi que les formations
végétales correspondantes.
L'exploitation de ces ressources par les populations de la
communauté rurale qui ont une civilisation agraire très
structurée et attachée à leurs traditions, autorise une
double culture, associée à l'élevage et à la
pêche.
Ainsi dans cette première partie, on étudie les
composants du milieu. Le chapitre I : « le diagnostic des ressources
naturelles » va permettre d'apprécier dans le chapitre II «
l'environnement socio-économique. ».
15
CHAPITRE I : ETAT DES RESSOURCES NATURELLES
La CR de Madina Ndiathbé est un milieu qui
présente trois caractères différents. La zone Walo, la
zone Djéjégol et la zone Diéri où la connaissance
des ressources en eau, des types de sols ou de végétation fait
partie intégrante des systèmes locaux que les paysans
utilisent.
En effet, les habitants se sont adaptés au climat de
type sahélien de cette zone marquée par une déficience des
eaux pluviales, mais compensée par la crue et les eaux souterraines. La
végétation se compose d'espèces ligneuses,
épineuses et rabougries. Elle forme ça et là une savane
claire, une steppe arbustive et arborée dépendante des sols
lourds hydromorphes (hollaldé) du Walo aux sols bruns rouges du
Diéri en passant par les sols de fondé.
Les ressources naturelles que les habitants utilisent pour
leurs besoins vitaux et leurs bien être, sont mises en valeur au plan
économique et culturel, ce qui demande l'examen préalable de
l'état des ressources naturelles.
I. LES RESSOURCES EN EAU
La communauté rurale de Madina Ndiathbé se
trouve dans un milieu semi-désertique où la question de l'eau
occupe une place de choix dans la préoccupation des populations. L'eau y
présente une dimension économique, sociale et culturelle. En ce
sens, le potentiel hydrique est formé par : l'apport pluvial, les eaux
de surface et les eaux souterraines.
1.1 Les eaux pluviales
Les ressources hydriques sont fortement dépendantes du
climat qui joue un grand rôle dans la vie des hommes et sur
l'évolution du milieu physique.
A l'image de la moyenne vallée enserrée dans le
domaine climatique sahélien, la communauté rurale de Madina
Ndiathbé se singularise par l'alternance de deux saisons très
marquées : une saison sèche qui dure 9 à 10 mois et une
courte saison pluvieuse concentrée sur 2 à 3 mois (juillet
à septembre). Les écarts de températures sont importants,
avec des isothermes moyennes comprises entre 29 degrés et 30
degrés atteignant parfois même 40 degrés (surtout dans le
Diéri), ce qui fait de la communauté rurale une des zones les
plus chaudes du pays alors que les minimas de 7 degrés à 9
degrés sont courants en Décembre durant la saison froide.
Les précipitations (faibles, irrégulières
et mal réparties) sont liées à l'influence de
l'anticyclone de Saint Hellène responsable des pluies de mousson ainsi
que les lignes de
16
graines en provenance de l'Est. Les données
pluviométriques de la station de Aéré lao (Tableau 2)
explique cette tendance.
Tableau 2 : Pluviométrie moyenne annuelle
de la station de Aéré lao de 2000 à 2009
Années
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
MOYENNE
|
Cumul (en mm)
|
368
|
200
|
105
|
369
|
273
|
543
|
231
|
182
|
204
|
170
|
265
|
Nombre de jours de pluie
|
25
|
18
|
18
|
26
|
23
|
27
|
20
|
18
|
22
|
19
|
22
|
Source : CADL de Aéré lao
La hauteur d'eau précipitée est
irrégulière et le nombre de jours de pluies varie entre 18 jours
au minimum et 27 jours au maximum. La pluviométrie moyenne annuelle (265
mm) est un peu au-dessus de la moyenne départementale (262 mm). Dans
cette zone comprise entre les isohyètes 300 et 500 mm, certaines
années enregistrent des précipitations inférieures
à 300
mm.
En fonction des variations climatiques, les agriculteurs
distinguent cinq périodes fondées sur le régime de la
pluviométrie et la progression des températures qui conditionnent
le calendrier agricole :
- Le « Dabundé » va de Décembre
à Mars. Il se caractérise par sa relative fraicheur. Les mares
s'assèchent, le ciel est clair et l'alizé domine. Les arbres
perdent leurs feuilles : le mil et le sorgho sont cultivés dans le
Walo.
- Le « Ceedu » s'installe en Mars sous l'influence
de l'harmattan ou de l'alizé continental. C'est la période la
plus chaude (40° C) du Fouta caractérisée par des vents de
sable érosifs.
- Le « Déminaré » : c'est le «
printemps du Fouta ». Il commence en Mai et précède la
saison des pluies. C'est la période de défrichement des champs,
alors que les arbres bourgeonnent.
- Le « Ndungu » débute à partir du
mois de Juillet et s'arrête en Octobre. C'est la saison pluvieuse et la
CR devient le théâtre d'intenses travaux agricoles. Durant cette
période toutes les cuvettes se remplissent et la crue se réalise
vers la fin de cette période.
17
- Le « Kawlé » précède la
saison sèche et marque la fin de « Ndungu ». C'est la
période des récoltes et les mares temporaires sont
occupées par les troupeaux. Cette période est marquée par
la fréquence des maladies.
En gros, la quantité d'eau précipitée est
variable et l'effet de l'harmattan (vent chaud et sec soufflant d'Est en Ouest)
entraine une forte diminution des eaux de surface.
1.2 Les eaux de surface
Les principales eaux stagnantes sont les deux cours d'eau
permanents qui traversent le département de Podor et subdivisent la
communauté rurale en deux parties :
- Le fleuve Sénégal qui longe le territoire de la
communauté rurale sur 54 km, - Le Doué qui le traverse sur 58
km.
Ces deux cours d'eau expliquent la principale concentration
des populations au niveau de la partie ile à Morphil. Depuis
l'érection des barrages de Diama en 1986 et Manantali en 1988 la
potentialité des eaux du fleuve Sénégal a augmenté.
En effet, le débit interannuel est passé de 432m3/s
avant l'installation des barrages à 732m3/s soit un volume de
23 milliards de m3. (Selon l'OMVS)1
En outre, l'eau de la crue dépendante de la
quantité d'eau reçue, alimente les populations environ 4 à
5 mois et permet l'inondation du lit majeur au bénéfice des
cultures de décrue et de l'équilibre écologique de la
vallée.
Nous pouvons y joindre les eaux douces de surfaces
constituées par les mares et marigots temporaires (tableau 3) se
remplissant en hivernage. Souvent les marigots sont très importants
surtout ceux constitués par les affluents de Doué, ils ont un lit
profond, conservant l'eau pendant 10 mois. Ils facilitent la crue. Dés
lors, le marigot de Barangol qui a un affluent (le Danéwol) joue un
rôle de réservoir en alimentant les cuvettes en cas de
déficit d'eau.
On note également une hiérarchisation des
marigots suivant leurs cours, mais qu'aussi le nom du marigot peut changer
suivant les villages qu'ils traversent (les habitants peuvent lui donner un
autre nom) exemple le Cokolol qui devient ensuite Barangol puis Bunmoodi. Ces
marigots jouent un rôle économique notable (pèche,
agriculture et élevage).
1 OMVS, juin 2005 « Nouvelles du Bassin »,
Bulletin d'information du projet de gestion des ressources en eau et de
l'environnement. Numéro 1, 28 pages.
18
Au-delà, ils représentent un relais entre les
différentes zones et permettent une gestion locale du ruissellement
pluvial et une défense contre l'érosion des terres agricoles.
Tableau 3 : Mares et marigots
dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé
Villages de rattachement
|
Noms de la mare ou du marigot
|
Cas-Cas
|
Der, Mangou, Tioumangol, Dawel mawdo, Barangol
|
Barangol
|
Barangol, Mawdou, Jongadé, Tialombi, Bari-talbé,
Mouttoul, Fidio wélli, Daddévol
|
Siouré
|
Thioffol, Bitouki, Guadiélol
|
Aram
|
Wendou Gokhiyel
|
Soubalo Madina
|
Tiatgol Lobouguel, Tiatgol
Mbortou, Siléye Oumou
|
Madina Ndiathbé
|
Mangol, Tokosel, Alkayrou, Sappéne, Horowel
|
Aéré Gawdi
|
Gamangol, Wendou Naynay
|
Bano
|
Windou Bano mawdou, Loumbol
Goppandou, Loumbol Samba Hayré
|
Dounguel Dadé
|
Demba Olol, Bélli Karadji, Selliboy
|
Source : enquête de terrain 2010
Les eaux de pluies ou de surface s'infiltrent dans le sol et
constituent des stocks en eau souterraine.
1.3 Les eaux souterraines
Les eaux souterraines constituent une provision d'eau potable
très soutenue pour les populations de la communauté rurale. Elles
constituent la principale source d'eau pour les
19
populations du Diéri en raison de la faiblesse des
pluies et de la rareté des mares. En effet, les eaux souterraines sont
abondantes dans l'ensemble et constituées de différents
aquifères. Distingue - t'on en fonction de la structure
géologique et de la proximité des cours d'eau :
- La nappe superficielle
Cette nappe de sable du Quaternaire a une profondeur faible,
elle se trouve dans les alluvions du fleuve Sénégal. Elle sert
dans les usages des villageois mais subi une sérieuse dégradation
du fait de la sécheresse, les réserves se tarissent, provoquant
une intrusion saline parfois.
- La nappe profonde
Elle occupe les sables du Maestrichtien (crétacé
supérieur) identifie par sondage dans les bassins sédimentaire
Sénégalais entre Ourosssogui et Thilogne. La plupart des forages
du Diéri sont localisés dans cette nappe dont la profondeur varie
entre 40 m (Bano) à 80 m (Dounguel Dadé).
Le potentiel des eaux souterraines est important et leur
situation favorable permet leur capture. Selon, Diagana (1994)2 le
plan d'eau du fleuve, dont le niveau de base se relève avec
l'avènement des barrages, fluctue plus longtemps au-dessus du niveau de
la nappe, ce qui a pour conséquence une meilleure recharge de la
nappe.
En somme, les ressources hydriques de la communauté
rurale sont formées par trois éléments : les eaux de la
pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines. L'eau et sa dynamique
conditionne l'état de l'environnement, en particulier des types de
sols.
II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES
Les ressources édaphiques occupent une place centrale
dans les activités agricoles. Elles sont fortement liées à
la géomorphologie de la vallée. En effet, le passé
géologique nous révèle que cette zone s'est principalement
constituée à l'ère Quaternaire (Sow, 1984)3. Le
relief qui en découle dans la communauté rurale est relativement
plat et trois grandes variétés de sols peuvent être
distinguées en fonction de la zone agro-écologique, de la
position par rapport au fleuve et de la crue. En fonction de la carte des sols
(carte 2), on peut caractériser :
2 Amadou Diagana, 1994 « Etudes
hydrogéologiques dans la vallée du fleuve Sénégal
de Bakel à Podor : relation eaux de surface et eaux souterraines »,
Thèse 3éme cycle IST, 181 pages.
3 Amadou Abdoul Sow, 1984 « Pluie et
écoulement fluvial dans le bassin du fleuve Sénégal
», Thèse Doctorat de 3éme cycle en Géographie, 442
pages
Carte 2 : Les types de sols de la CR de Madina
Ndiathbé
20
- Les sols à plus de 70% argileux de type Hollaldé
qui se localisent dans les cuvettes de décantation ou la zone Walo
(regroupant l'ensemble des terres inondables situées entre
21
le fleuve Sénégal et le Doué). Distingue
- t'on deux variétés de sols : les sols lourds hydromorphes
(hollaldé ranéré, hollaldé balléré)
et les vertisols qui tapissent le fond des cuvettes.
- La zone de transition ou Djéjégol, les sols
Fondé sablo-argileux dominent (fondé ranéré et
fondé balléré) et se définissent par des sols
à tâches et concrétions avec des limons. Le limon devient
légèrement argileux en fonction de la partie atteinte par la crue
et prend une teinte foncée.
- Les sols épousent une différenciation
particulière dans la zone Diéri où ils sont sablo-argileux
à 70%. Ce sont des sols bruns rouges constituant les parties hautes
insubmersibles de la vallée se caractérisant par leur
fragilité et leur forte teneur en sable.
En somme, les populations locales distinguent plusieurs
variétés de sols (tableau 4) ce qui témoignent d'une
diversité des ressources pédologiques et offrent beaucoup de
possibilités, aux activités agricoles, à l'artisanat et
dans le domaine de l'habitat (terre cuite, pisé, adobe...)
Tableau 4 : Classification traditionnelle des
sols
Localisation
|
Dénomination en Pular
|
caractéristiques
|
Zone Walo
|
Sol hollaldé
|
Argilo-sableux
|
Sol walléré
|
Alluvionnaire
|
Sol jakré
|
Sablo-limoneux
|
Sol waka
|
Sablo-argileux
|
Sol falo
|
Sablo-limoneux
|
Zone Djéjégol
|
Sol fondé
|
Argilo-sableux
|
Zone Diéri
|
Sol thiénal
|
Sableux
|
Source : enquête de terrain, 2010
Par ailleurs, le caractère des sols et leur
régime hydrique sont des indicateurs des composantes
végétales et s'avèrent particulièrement
discriminant en termes quantitatif et qualificatif.
22
III. LES RESSOURCES VEGETALES
Les types de végétation varient selon des
facteurs climatiques (pluviométrie, températures) et certains
facteurs physiques (types de sol, relief) qui jouent un rôle
prépondérant dans la répartition des paysages.
La CR de Madina se trouve dans le domaine
phytogéographique sahélien caractérisé par une
savane et une steppe arbustive et arborée dominée par les
épineux. Ainsi, les ressources végétales se distinguent
dans trois biotopes diversifiés (carte 3) :
- sur les dunes sableuses du « Diéri », les
familles les mieux représentées de la steppe arborée sont
les mimosacées parmi lesquelles s'imposent : Acacia raddiana
(Thillouky), Acacia seyal (boulbi), Acacia
Sénégal (patouki), Acacia albida (thiassky) et
Acacia nilotica (Gawdé). D'autres espèces subsistent
comme les capparidacées dominés par : Calotropis procera
(bamwami), Maerua crassifolia (déguéwi) et
Boscia senegalensis (guidjilé). Nous notons des espèces
moins représentées comme : Fovia biolor (kélly),
Mitragina inermis (koyli), Euphorbia convolouloides
(éry).
Le tapis herbacé est caractérisé par les
graminées : Aristida mutabilis (selbéré),
Schoenefeldia gracilis, Brachiaria ramosa (paguiri),
- sur la zone de transition « Djéjégol
», nous relevons une forêt mixte très variée avec des
arbres tels que : Celtis integrifolia, Balatines aegyptica
(mourtodé), Tamarindus indica (diamoulé),
Faidherbia albida, des arbustes comme : Guiera senegalensis
(guéloki), Maytenus senegalensis et quelques
herbacées dont le vetiver (vetivera nigritana),
- dans la vallée humide (Walo) la
végétation herbacée est très clairsemée au
niveau des « fondé », alors que dans les « falo »,
la strate herbacée est très fournie et dominée par :
Tribubus terrestris (toupéré) et Ingofera
oblongifolia (balboré) qui apparaissent souvent en formation
exclusive de la disposition arbustive du Walo. Les cuvettes de
décantations sont colonisées par une steppe arbustive où
s'associent : Acacia nilotica et Brachiara ramosa (paguiri).
Les strates arborées plus représentatives sont : Ziziphus
mauritania (diabé) - Piliostigma reticulata - Acacia nilotica -
Tamarindus indica.
La communauté rurale ne possède pas de
forêt classée mais tous les villages enquêtés
disposent d'une forêt naturelle fortement dégradée parfois
largement dénudée surtout dans la zone Walo où l'espace
cultural s'étend. Toutefois, deux réserves individuelles sont
localisées
23
à Barangol (réserve de Seydou Yobou Ba) et
à Saré-souki (réserve de Seydou Sy) dont les agents des
eaux et forêts ont encouragé l'initiative. Ces falos sont
interdits de la coupe.
Carte 3 : Occupation du sol par la
végétation dans la CR de Madina Ndiathbé
24
Par ailleurs, trois espèces sont introduites par les
populations grâce aux activités de reboisement : Prosopis -
Azdirachta indica et Eucalyptus. De même que des plantes
hydrophiles sont observées telles que : «
kélélé mayo - jaljalbé - siouré et dubi rubi
».
La végétation de la communauté rurale
présente une physionomie fortement imprimée par l'homme à
travers ses activités agricoles, pastorales ou par d'autres
intérêts socio-économiques (bois de chauffe,
pharmacopée). Les ligneux sont à usage multiples et ils existent
un capital de savoirs non négligeable leur conférant une valeur
ajoutée dans l'économie du terroir.
*
* *
Au terme de cette partie, le capital naturel de la
communauté rurale de Madina Ndiathbé offre une diversité
des ressources naturelles : les ressources en eau (eau pluvial, de surface et
souterraine) influencent directement les ressources végétales
ainsi que les activités agricoles liées à des sols de
nature différentes (hollaldé, fondé, sols brun du
Diéri).
La question des ressources naturelles induit directement celle
des savoirs mis en valeur pour l'exploitation qu'en fait l'homme et donc de son
rapport avec le développement économique du terroir. Ces
ressources peuvent générer une croissance durable et
réduire la pauvreté d'où la nécessité
d'étudier l'environnement socio-économique du terroir.
25
CHAPITRE II : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE
Historiquement le village de Madina Ndiathbé est
intégré dans la province de lao (issu de la révolution
Toroddo en 1790 qui divisa le Fouta en six provinces4) et c'est
à partir de 1980, qu'il acquiert le titre de communauté
rurale.
Les populations de cette contrée dispersée dans
l'espace, ont tissé des liens étroits avec le milieu dont ils
tirent profit par l'exploitation des ressources naturelles. Et depuis le XII
siècle, elle se calque sur les grandes divisions du paysage :
élevage extensif et culture pluviale dans le Diéri, culture de
décrue et pêche dans le Walo.
L'exploitation des ressources naturelles par les
systèmes de production mis en valeur occupe une place centrale dans le
fonctionnement du terroir.
I. LE MILIEU HUMAIN
Les populations de la moyenne vallée du
Sénégal accordent une importance particulière à
l'histoire qui a façonné leur mode de vie, leur organisation
sociale ainsi que leurs systèmes de production. Le profil historique de
cette CR permet d'apprécier la situation démographique et la
répartition de la population.
1.1 Le profil historique
La CR de Madina présente une société
hiérarchisée et trois principales ethnies se distinguent : les
Haalpulaar (Peuls et Toucouleurs), les Soninkés et les Maures,
implantées inégalement dans l'espace des trois zones
traditionnelles (Walo, Djéjégol et Diéri).
La zone du Walo a connu les premières mutations
économiques et culturelles profondes à cause de la navigation sur
le Fleuve Sénégal. Elle est habitée par les Toucouleurs
sur la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, le
long de la rive du Fleuve. Le village de Cas-Cas fut le siège
administratif et un pôle économique et culturel de toute la
zone.
Le même système de peuplement se retrouve dans la
zone intermédiaire où d'importants villages ont vu le jour
(Madina, Golléré) et bénéficié de leur
avantage géographique pour
émerger. D'origine, la zone est occupée par les
Toucouleurs, suivis peu à peu par les
Soninkés venus de l'Est et du Nord pour s'installer
dans les villages de Madina et Golléré. La Zone du Diéri
est le domaine des Peuls et des Maures venus du Sud (Ferlo, région
Louga), ils
4 L'Almamiyat fut instauré après la
révolution Torodo (1778 - 1881) sous l'égide de Thierno Sileymane
Baal et le Fouta fut divisé en six provinces (feccéré
Fouta) qui sont : Lao, Ebiyabé, Yirlabé, Damga, Ngenaar, et
Bosséa gouvernées chacunes par un Almamy. D'après les
travaux de Bocoum (2000)
26
sont éleveurs et nomades. Cette partie se
caractérise par l'existence des hameaux avec des habitats épars
et en paille.
1.2 La situation démographique
La population de la communauté rurale de Madina
Ndiathbé connait une évolution particulièrement
marquée par sa croissance. Au recensement de 1988, elle était de
11 678 habitants selon ANSD, chiffre qui a doublé en 2005 avec 25 655
habitants. Les projections en 2007 le plafonnent à 30 113 habitants, ce
qui laisse penser au doublement de la population à la prochaine
décennie (tableau 5). En outre, la tranche d'âge 0 à 5 ans
est également assez importante, ce qui semble témoigner d'un fort
taux de natalité.
Tableau 5 : Evolution de la population de la CR
de Madina
Année
|
1988
|
2002
|
2004
|
2005
|
Projection en 2007
|
Population en milliers
|
11 678
|
17 045
|
24 618
|
25 655
|
30 113
|
Source : ANDS, 2009
Cette population est constituée en totalité de
Halpular musulman même si une infime partie parle le Soninké
particulièrement dans le village de Madina Ndiathbé plus
peuplée de la communauté rurale (3 503 habitants).
Le sex-ratio révèle une nette différence
entre les hommes (14 401 personnes) et les femmes (15 712 personnes) selon les
estimations en 2007 (Tableau 6) alors que les jeunes constituent la frange la
plus importante de la population avec plus de 50% des habitants de la CR.
Tableau 6 : Situation démographique de la
CR en 2007
Entités
|
Superficie (km2)
|
Population en 2007
|
Population CL / par région
|
Densité
|
Hommes
|
Femmes
|
Totale
|
CR de Madina
|
810
|
14 401
|
15 712
|
30 113
|
4%
|
37
|
Arrondissement de Cas-Cas
|
3 089
|
44 563
|
46 993
|
88 585
|
11%
|
120
|
Source : service régionale de la
statistique
27
1.3 La répartition de la population
Les points d'eau ont toujours été des lieux de
convergence des populations. C'est ce qui explique une disparité de
l'occupation de l'espace dans la CR de Madina où la population totale 25
352 (RGPH, 2002) est répartis dans 100 établissements humains
parmi lesquels : 17 sont des villages officiels et 56 sont des hameaux
rattachés. Sur une superficie de 810 km2, la taille moyenne
des villages est de 325 habitants ce qui donne une densité de 37
habitants/km2, mais une forte disparité se cache
derrière ce chiffre.
La plupart des hameaux déclarés se situent dans
le Diéri et ont une population inférieur à 100 habitants
et se détermine par une habitation très aérés,
rendue possible par l'absence quasi-totale de pression sur l'espace.
Par contre, les villages de la zone Djéjégol et
Walo ont une population qui dépasse 1000 habitants (Madina, Cas-Cas,
Aram...) ce qui concentre plus de 50% des habitants de la CR sur moins de 30%
du territoire. La taille moyenne des localités y est plus de deux fois
supérieures à celle du Diéri. L'habitation y est plus
concentrée du fait de la pression foncière exercée par les
activités agricoles en particulier la convoitise des terres de
décrue.
II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES
Les activités discernant la CR de Madina sont
essentiellement dépendantes de la disponibilité des ressources
naturelles que sont : les sols, la biomasse et l'eau. Ce qui explique que trois
activités préoccupent les populations à savoir
l'agriculture, l'élevage et la pêche.
2- 1 L'agriculture
Elle est la principale activité d'occupation de
l'espace dans la CR et on assiste à deux systèmes traditionnels
de culture : celui de décrue (Walo) et celui sous pluie (Diéri).
Avec la sécheresse persistante de ces dernières décennies,
on observe un recul des cultures traditionnelles et l'apparition d'un
système « moderne » basée sur la culture
irriguée. Ainsi, l'agriculture est pratiquée sous trois formes
principales.
- L'agriculture irriguée
Elle a été introduite dans la CR en 1980
notamment dans les villages de Dounguel et Siouré avec respectivement 25
et 15 ha irrigués. Actuellement, la superficie totale
aménagée est de l'ordre de 384 ha (SIG SAED) et conserve une
réelle importance dans l'occupation des actifs. Elle concerne
l'essentiel des villages de l'ile à Morphil et du Djéjégol
et mobilise une grande
28
partie de la population active agricole. Elle porte sur les
cultures commerciales comme le riz, le mais, la tomate, l'oignon...
Toutefois, seule une superficie d'environ 144 ha est encore
exploitée soit 37% du total aménagé. Dans la
majorité des cas ces PIV5, au coût de production peu
élevé et organisé sous forme de GIE (depuis 1984), font
face à des problèmes tels que : des pannes de GMP (Dounguel 2 et
3, Cas-Cas B, Guiro 4, Thila GIE des femmes) ou un déficit d'intrant.
Même si, l'irrigation occupe une bonne place dans les
activités de production, l'agriculture traditionnelle n'en est pas moins
délaissée et reste moins négligeable.
- L'agriculture de décrue
Elle est étroitement liée à la crue et
revêt deux formes : le Walo et les Pallé (culture de berge). La
superficie annuellement mise en valeur tourne autour de 800 ha. C'est une
agriculture typiquement vivrière qui permet une diversification des
ressources et constitue un alternatif à l'irrigation qui a réduit
les surfaces cultivables suite à la valorisation des barrages.
Cependant, elle est confrontée à de nombreuses
contraintes écologiques émanant de l'irrégularité
des crues, des écarts de températures (entre décembre et
Mars) et des plantes aquatiques envahissantes comme le typhia. La culture du
Diéri y joue un second rôle.
- L'agriculture pluviale
Considérée comme une activité secondaire,
l'agriculture pluviale occupe une part moindre de la population active. Elle se
pratique en hivernage de juillet en Octobre et principalement dans le
Diéri. La superficie annuellement exploitée dans la CR tourne
autour de 350 ha et d'après le Recensement National de l'Agriculture en
2000, elle concerne encore la presque totalité des ménages ruraux
agricoles recensés.
Ces performances dépendent en grande partie de la
pluviométrie irrégulière et mal répartie dans le
temps. Elle est en conséquence destinée à des cultures de
subsistance telles que : le mil, le niébé, l'arachide de bouche
et la pastèque.
En somme, les cultures de décrue et les cultures sous
pluie qui étaient les principales activités agricoles avant
l'artificialisation du fleuve Sénégal, se substituent de plus en
plus à la culture
5 PIV : Périmètre Irrigué
Villageois
29
irriguée avec l'introduction des aménagements
hydroagricoles. L'élevage deuxième activité traditionnelle
de ce système est associé à l'agriculture.
2.2 L'élevage
Jadis, s'intégrant harmonieusement à
l'agriculture de décrue dans le Walo, l'élevage continu a
occupé une part importante dans la CR. D'après, le dernier
Recensement National de l'Agriculture, il intéressait 2 449
ménages ruraux sur les 2 637 estimés, soit une proportion de 93%.
Cette activité révèle deux types d'élevage :
l'élevage transhumant extensif ou l'élevage pastoral et
l'élevage domestique parfois intensif.
- L'élevage de transhumance
Ce type d'élevage concerne le groupe statuaire Peul
(les Yalalbés à Barangol, les Siranabé...) et porte sur
les espèces telles que les bovins. Circonscrit dans la zone
Diéri, les zones traditionnelles réservées au nomadisme
pastoral se réduisent compromettant ainsi son développement. Ceci
est consécutif à l'extension des aménagements
hydroagricoles et à la baisse de la pluviométrie.
Ainsi, le mouvement Walo-Diéri (transhumance) suivant
la progression de la pluie est de plus en plus lointain. Le
Djéjégol est d'abord le point de chute, si les conditions ne sont
pas les meilleurs, le berger prolonge jusqu'au Diéri des profondeurs :
Ranérou, Ourossogui, Vélingara...
Ce mouvement pendulaire permet de répondre aux deux
exigences de l'élevage : l'eau et le pâturage. Ces contraintes
font que les éleveurs ont de plus en plus tendance à se
sédentariser et à s'intégrer dans l'agriculture ce qui
conduit au développement de l'élevage domestique.
- L'élevage domestique
Cette forme d'élevage se développe dans tous les
« Gallé » et concernent : les ovins, les caprins, la volaille
mais surtout les vaches. Tous les membres de la famille s'occupent de
l'entretien de cet élevage, parfois les jeunes bergers font paitre ces
animaux toute la journée, il sert de caisse d'épargne et à
faire face aux fêtes et cérémonies sociales.
Cet élevage extensif concerne également les
animaux de trait (équins et asins) utilisés dans l'agriculture
irriguée pour le transport. Par contre, au niveau de l'agriculture
pluviale, ces animaux sont associés aux travaux champêtres de
préparation du sol, de semis et de récolte.
30
En somme, les points permanents de concentration pastorale
sont : les ouvertures sur le fleuve Sénégal et le Doué,
les mares d'hivernage, les forages (11 dans la CR) et les parcs de vaccination.
Hormis quelques portions du terroir exploité par l'agriculture sous-
pluie, tout l'espace du Diéri constitue une vaste zone de pâturage
naturel.
Autrefois, les éleveurs Peuls pratiquaient la vaine
pâture (niaygual) juste après la récolte des cultures de
décrue. Ultérieurement les (Soubalbés) pécheurs
leurs suivaient dans la plaine d'inondation où une bonne prise se
réalisaient car les poissons se nourrissant des restes
végétaux et le déchet des animaux inondés par la
crue.
2.3 La pêche
Pratiquée sur le Doué et le fleuve
Sénégal, la pêche constitue la troisième
activité de la zone Selon, la répartition des ménages
ruraux engagés dans la pêche (tableau 7), elle occupe encore 570
ménages ruraux, soit une proportion de 20% répartie comme
suit.
Tableau 7 : Les ménages engagés dans
l'activité de la pêche dans la CR de Madina
Villages
|
Nombre de ménages
|
Aram et hameaux
|
161
|
Barangol et hameaux
|
21
|
Cas-Cas et hameaux
|
21
|
Dogui-Dombi et hameaux
|
81
|
Dounguel et hameaux
|
16
|
Kénéne (harifounda) et hameaux
|
51
|
Madina Ndiathbé et hameaux
|
2
|
Siouri et hameaux
|
50
|
Saré-Souki et hameaux
|
37
|
Takoyel et hameaux
|
79
|
Soubalo Madina et hameaux
|
51
|
Total CR
|
570
|
Source : recensement national de l'agriculture,
2000
31
Autrefois, d'important tonnage de poissons étaient
débarqués et la vallée du fleuve était une zone
importante pour la reproduction des poissons d'eau douce (tilapias, silures).
Toutefois, cette situation s'est délabrée à cause des
sécheresses successives, des aménagements hydroagricoles, de la
régularisation des crues, de même que la réduction les
zones naturelles inondables où les alvins se développaient
naguère. Ce système traditionnel est appuyé par
l'exploitation forestière.
2.4 Exploitation forestière
L'exploitation forestière se réalise dans les
forêts préservées et ou naturelles autorisées par
l'agent des Eaux et Forêts de l'arrondissement de Cas-Cas. Il existe
également des bois villageois assez répandu dont les principaux
acteurs sont : les GPF et les GIE. Le potentiel ligneux présente ainsi
un intérêt particulier pour les riverains du terroir. Il joue un
rôle important, notamment dans :
- La consommation domestique : à travers la cueillette
et le ramassage du produit de certaines espèces ligneuses en vue de
l'alimentation. Plusieurs espèces sont domestiquées :
Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Adansania digitata, Zizyphus
mauriania.
- Le bois de chauffe ou de construction : les
mimosacées sont particulièrement utilisées dans le terroir
pour leur charbon ou leur bois : Acacia raddiana, Acacia seyal, Acacia
senegal, Acacia nilotica. De même, l'exploitation du gommier par les
femmes est très répandue dans le milieu.
- Par leur racine, écorces et feuilles, les arbres sont
sollicités par la pharmacopée traditionnelle.
2.5 Le commerce
Cette activité du secteur tertiaire occupe une bonne
place dans l'économie rurale de la CR. Elle doit son importance à
deux facteurs principaux : la route nationale (N2) qui coupe Madina
Ndiathbé en deux parties et se caractérise par
l'accessibilité et la disponibilité des produits agricoles,
forestiers, pastoraux, halieutiques dans le terroir
Ainsi, une grande mobilité des personnes et des biens
se développe au sein de ce terroir suivant une double orientation :
d'une part, les villages du Djéjégol (Madina, Aram, Soubalo
Madina...) situé sur le goudron (nationale 2) exercent leurs
activités commerciales sur les axes routiers en relation avec les
villages du Diéri.
32
D'autre part, ceux de l'ile à Morphil très
enclavés, ont une orientation commerciale vers la Mauritanie. Une
dynamique transfrontalière se réalise entre certains villages de
l'ile à Morphil très enclavée à l'instar de
Cas-Cas, Siouré, Dounguel, Siouré avec ceux de l'autre rive :
Wothie - Bababé.
Cependant, le « dougguéré » de Madina
chef lieu de CR est un véritable lieu d'échanges et
d'interrelations spatiales (Diéri, Walo et Mauritanie). Plusieurs
produits (vestimentaires, agricoles, halieutiques, pastorales...) permettent de
lier différentes catégories de la population (Peuls, Halpular,
Wolofs et Maures). Depuis l'arrêt de la commercialisation du riz par la
SAED, ce marché hebdomadaire connait une ampleur.
*
* *
Le contexte historique dans lequel s'est formée la
population de la CR permet de comprendre la formation de l'organisation sociale
et sa répartition dans l'espace. La dynamique démographique
révèle une croissance rapide dont l'émigration exerce une
ponction notable au niveau des actifs. Ainsi, les habitants de ce terroir ont
tissé des liens avec ce milieu, dont ils tirent profit par des
activités primaires : agriculture, élevage, pêche et
exploitation forestière qui constituent l'économie de cette
communauté rurale.
Cependant, l'environnement socio-économique
révèle un déséquilibre entre un secteur
traditionnel en léthargie (agriculture traditionnelle, élevage,
pêche et exploitation forestière) et un secteur moderne
(irrigation) orienté vers les aménagements hydroagricoles et le
commerce.
33
Conclusion partielle
Au terme de cette première partie, la CR de Madina
Ndiathbé est marquée par une disponibilité et une
diversité des ressources naturelles. Au premier plan, les ressources
hydriques sont formées par trois éléments : les eaux de la
pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines abondantes dans
l'ensemble.
La distribution des ressources végétales est en
grande partie liée à ces potentialités hydriques dont la
répartition temporelle se distingue par une irrégularité
et une baisse significative au cours des dernières années. Elles
sont composées essentiellement d'épineux, d'arbustes et de vastes
espaces dénudés.
Ce milieu est aussi peu contrasté de par sa
géomorphologie et ses ressources pédologies dont la
variété des dénominations témoigne une
diversité des sols.
Sous cette orbite, la proximité de l'eau et les
différentes ressources ont conditionné l'implantation humaine qui
depuis le Moyen-âge, a été l'objet d'une cristallisation de
l'habitat et la production de territoire qui aujourd'hui est marquée par
une population très jeune en croissance rapide.
Cette population tire partie de tout ce qui dans la nature,
peut l'aider à atteindre son but car : « chaque milieu
possède des richesses potentielles, dont la mise en oeuvre dépend
du type de société, de son degré de développement
et de ses possibilités d'intervention » (Vidal de la Blache,
1922).
L'analyse des systèmes de production illustre que
l'agriculture traditionnelle (décrue et pluviale) est resté
longtemps en dehors du système de production monétaire dominant.
L'élevage et la pêche s'intégraient harmonieusement
à cette mise en valeur. Mais les aménagements hydroagricoles se
sont greffés à cette dynamique dont ils ont fini de devenir le
monopole.
Par ailleurs, cette population possède des savoirs
ancestraux dans l'exploitation des ressources naturelles et leurs
capacités ataviques à gérer au mieux les défis
écologiques qui avaient été dans leurs trajets historiques
propres. Ce qui nécessité de faire un diagnostic des
différents types de savoirs mis en valeur dans la CR de Madina
Ndiathbé.
Deuxième partie
DIAGNOSTIC DES TYPES DE
SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS
LA COMMUNAUTE RURALE DE
MADINA NDIATHBE
34
Ayant une bonne lecture de leur espace, les populations de la
communauté rurale de Madina Ndiathbé portent un grand
intérêt sur leur système de connaissances locales dans le
développement de la production agricole, de l'élevage, de
l'exploitation forestières et de la pêche. La complexité
des règles d'utilisation des terres de culture, la multiplicité
des utilisateurs et l'adaptation du mode d'accès selon les types
d'usagers nécessitent de faire un inventaire et une
caractérisation des savoirs locaux mis en valeur (chapitre I).
Mais, cette société n'est pas statique, de
nouvelles initiatives d'exploitation des ressources naturelles (chapitre II)
méritent une réflexion particulière.
35
CHAPITRE I : LES SAVOIRS LOCAUX : INVENTAIRE ET
CARACTERISATION
Se nourrir est un besoin essentiel pour l'homme, sans doute
c'est ce qui ont poussées les populations de la CR pour avoir
libérer leur génie créateur de multiples façons et
tendre vers leur autosuffisance alimentaire. Des pratiques de systèmes
culturaux diversifiés ont été adaptées aux
conditions climatiques pour la protection des plantes, la conservation et la
transformation des produits agricoles.
Comme pour les plantes, les savoirs locaux permettent de faire
face aux problèmes de santé des animaux. De même que, le
recueil des savoir-faire traditionnels de pêche constitue un point de
départ aux efforts de conservation.
I. LES PRATIQUES AGRICOLES TRADITIONNELLES
Les savoirs constituent la base de la culture des populations
de la CR. On admet de plus en plus le rôle des savoirs locaux dans
l'impulsion du développement.
1.1 La technologie populaire de l'agriculture de
décrue
Les cultures de décrue sont pratiquées sur une
partie de la CR traversée par le fleuve Sénégal et le
Doué pendant la période des basses eaux. C'est un
procédé qui tient compte de la connaissance des lois naturelles
qui régissent les rapports : sol, eau, plante, climat. Le travail se
divise en deux phases correspondant à des opérations, des outils,
des gestuelles.
1.1.1 Préparation des semences et rituel
Le choix des semences est fait au moment de la récolte.
On sélectionne les meilleures panicules bien remplies de grains, bien
formés et murs que l'on avait préservé des attaques de
divers prédateurs. Le décorticage pour cette raison ne se fait
que quelques heures avant le semis par une femme mûre pour la plupart du
temps (généralement la mère de famille).
Après le décorticage, les grains sont
vannés et séparés des glumes et glumelles et ensuite
lavés dans de l'urine de vache6 recueillies le matin.
Après, les grains de semences sont étalés sur une natte,
où ils sont séchés quelques heures.
Au terme de ces préparatifs, le chef de famille, qui en
est le maitre d'oeuvre, se dirige vers les champs suivi de son équipe.
Aussitôt arrivé, il fait le tour du champ (pour la
6 La croyance populaire veut que l'urine de vache
protège les grains de semences contre les attaques d'insectes tels que
la cigale noir « somré » et le criquet solitaire «
tenkéré ». Il a été constaté aussi, que
les grains ainsi traités, donnent des plantes vigoureuses qui se
développent plus vite, comme s'ils avaient été
semés dans le sol de « wiinndé » (sol ayant subi un
parcage).
36
reconnaissance et saluer les esprits) et revient à son
point de départ où il prépare sept poquets qu'il ensemence
et enterre pour marquer le début des travaux.
Le semis en culture de décrue est une course contre la
montre, à cause de la rapidité avec laquelle le sol se
dessèche et la rapidité du retrait des eaux.
Ainsi, dans la société Halpular superstition et
technologie sont indissociable, l'organisation du travail est également
très caractéristique.
1.1.2 L'organisation du travail
Les travaux de semis comprennent quatre phases (tableau 8) qui se
succèdent et se complètent, pour aboutir au semis.
Tableau 8 : La division du travail dans la culture
du Walo
Utilisateurs
|
Outils
|
Descriptions
|
Fonctions
|
Genre
|
Diabbowo
|
Njidangu
|
Grande houe de 1,5 m environ terminé par un bout
tranchant pesant 2 à 3 kg
|
Réalisation d'une fente ou poquet
|
Homme mur
|
Luhowo
|
Luugal
|
Sorte de pilon en bois long de 1,5 m et pesant prés
de 2 kg. L'extrémité effilée constitue la partie
travaillante
|
Réalisation de gobelet (trou plus ou moins
profond)
|
Homme ou femme
|
Gawowo
|
Awdi
|
On remplit les semences (sorgho) dans une
petite calebasse
|
semences
|
Homme ou femme
|
Békowo
|
Mbékudi
|
Terre arable léger
|
Recouvrir les trous
|
Enfants
|
Source : enquête de terrain 2010
Les différentes phases se réalisent à la
chaine et par un acteur distinct. - L'ouverture du poquet ou « jaabugol
»
37
Cette action consiste à ouvrir dans le sol un trou en
forme de prisme, réalisé avec un outil appelé «
Njidangu ». Cette première opération est
généralement pratiquée par le chef de famille ou l'homme
le plus expérimenté pour un bon réglage de la distance des
plantes, aspects importants pour la germination et du développement
ultérieur des plantes.
- La trouaison ou « luugol »
Elle consiste à réaliser sur la surface
latérale des « éno » (un trou conique) qui recevra les
semences. Il est fait à la main grâce au « luugal ».
Moins le sol est argileux, plus l'outil est mince, effilé et
léger. Après l'ouverture des « éno » le «
faandu » est exécuté chronologiquement.
- Le semis ou « awgol »
Cette troisième opération dérive de
« awdi » (semences) et suit immédiatement la
précédente, le « luugol ». Elle consiste à
mettre en terre trois à quatre grains de sorgho. L'opérateur
tient en main une petite calebasse remplit de semences qu'il jette dans le
« faandu ». Tout poquet ouvert doit être ensemencé et
enterré rapidement afin de limiter l'évaporation et le
desséchement rapide du sol.
- L'enfouissement des semences ou « békugol »
C'est la dernière opération qui consiste
à recouvrir d'une terre sableuse « Mbékudi » les
graines de semences placés dans le trou du poquet. Cette terre est
prélevée dans une zone boisée généralement
surélevée « Toggéré », finement moulue et
remplie dans une calebasse.
Ces différentes pratiques constituent un
répulsif contre les insectes, la réduction de
l'évaporation de l'eau du sol et la création d'un milieu ambiant
favorable à une bonne germination. Selon Watt (1986)7 :
« c'est la seule technologie de semis actuellement valable pour le sorgho
de décrue qui pourrait avec quelques améliorations permettre de
tripler les rendements ». Ainsi, le travail du Walo nécessite une
certaine connaissance du milieu.
Marzouk et al (2000)8 faisant un inventaire des
outils traditionnels africains affirment que : « c'est avec les
éléments hérités du passé que les hommes
recommencent chaque jour à
7 Alioune Watt, 1986 « Le semis du sorgho de
décrue au fuuta », ENDA, 60 pages
8 Yasmine Marzouk, Christian Seignobos,
François Sigaud, 2000 « Outils aratoires en Afrique : innovations
normes et traces », IRD, Edition Karthala, 397 pages.
38
construire leur présent ». Il faut donc
reconsidérer chaque instrument, de son origine, de son effet sur les
cultures, du mode de travail qu'il implique et des techniques qui leur est
associé. Le développement est plus facile dans les
sociétés sûres d'elles - mêmes, de leur
identité, de leur cohérence. Ce qui implique la connaissance des
traditions.
1.2 Les actions traditionnelles d'économie de l'eau
Elles sont développées en vue de s'adapter aux
changements du milieu. Face à la raréfaction des
précipitations et de la réduction des activités agricoles
dans le système traditionnel, les paysans effectuent des
activités de gestion de l'eau dans les cultures.
1.2.1 Les « mballa » dans le Diéri
Actuellement, c'est la seule forme de culture dans le
Diéri (agriculture sous-pluie). C'est une technique comparable au «
Zai » pratiqué dans le Yatenga (Nord de Burkina Faso) entre 1982 et
1994, à la suite des années de sécheresse dans le
Sahel.
En effet, l'exploitant crée ou cherche une
dépression où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture
naturelle pour recueillir les eaux pluviales. (Photos 1 et 2)
Photo 1 : préparation d'un « mballa
» Photo 2 : « mballa qui se remplit d'eau
progressivement
Les avantages sont principalement : la capture des eaux de
ruissellement, la concentration de la fertilité et l'augmentation de la
production.
1.2.2 Les autres pratiques
La technique de captage des eaux d'infiltration est
réalisée par une gamme très large de pratiques :
39
- Le labour : selon les agronomes, il est une technique
d'économie de l'eau par excellence. Il permet de briser la croûte
du sol, ce qui améliore l'infiltration et diminue le ruissellement
autorisant en même temps un enracinement profond des plantes. Cela
garantit une meilleure croissance végétale et donc une couverture
amélioré du sol.
- Le billonnage : c'est un travail du sol en buttes. Il est
réalisé à la main par les paysans. L'eau se concentre dans
les sillons, s'y infiltre au profit des plantes. Pour optimiser la
rétention d'eau dans la parcelle, on réalise des billons.
1.3 Les actions de fertilisation des terres
Pour maintenir une agriculture continue les populations
développent des stratégies fondées sur des pratiques
locales de gestion de la fertilité. On peut catégoriser :
- La fertilisation par la fumure organique
Il s'agit de l'usage des déchets des animaux
minutieusement remué avec la terre au moment du défrichage. Dans
les systèmes de cultures traditionnelles (Walo et Diéri) le
« niaygual » (action de laisser le bétail pâturer dans
les champs après la récolte) est régulièrement
pratiquée pour augmenter la production. Du fait que, la
quasi-totalité des populations entretiennent un élevage
domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier
à l'épuisement des sols.
- Le paillage ou le maintien des résidus de récolte
sur les champs
Cette technique de préservation de sols consiste
à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de
patates sur place de façon à simuler l'activité des
termites. Ce qui protège le sol de la forte insolation en saison
sèche, des effets néfastes du ruissellement ou de l'action
destructrice de l'érosion éolienne. Ces débris de
végétaux laissés à la surface des champs
constituent un apport important en humus.
- L'association des arbres aux cultures
Les paysans aménagent souvent des arbres connus :
Acacia albida, Zizyphus mauritiana ou Verticillat borreria
dans les champs de Diéri, de Walo ou de Pallé. Ces arbres
freinent la vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière
protège le sol contre l'érosion. Dans les deux réserves
(Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des Falo), nous
observons une forte intégration de l'arbre aux cultures. (Photo 3)
40
Photo 3 : intégration des arbres à
la culture dans la réserve de Seydou Yobou Ba (Barangol)
En gros, ces différentes techniques ont permis aux
paysans d'exploiter les ressources agricoles du terroir de manière
durable et de répondre aux exigences de production pour assurer leur
survie.
II. LES PRATIQUES PASTORALES ET LES CONNAISSANCES LIEES
A L'EXPLOITATION FORESTIERE
La connaissance des pratiques traditionnelles d'élevage
et d'exploitation des ressources végétales constituent un facteur
d'impulsion du développement.
2.1 Les pratiques pastorales
Depuis des temps anciens, l'élevage a toujours
occupé une place très importante dans la vie des habitants de la
CR. C'est une des caractéristiques qui fondent les pratiques
quotidiennes des populations du Diéri (les Peuls). L'élevage
reste encore de type extensif mais on relève dans la Walo quelques
pratiques semi-intensives, du fait de l'étroitesse des zones
pâturables et de l'abandon de sous-produits agricoles.
2.1.1 Les techniques locales d'amélioration
génétique et santé animale
Que ce soit pour la sélection ou le croisement
génétique, les éleveurs ont développé
localement au fil du temps, des méthodes et techniques très
performantes pour augmenter la production génétique et la
santé du bétail.
- Les techniques locales d'amélioration
génétique
41
Le plus souvent c'est la castration et le croisement
génétiques orienté. Dans le premier cas c'est une
technique utilisée en reproduction pour mettre « hors circuit
» les mâles indésirables. Deux variantes techniques sont
développées par les éleveurs. La castration sanglante se
fait par une section testiculaire après ouverture des pores
cutanés. Cette chirurgie se fait à l'aide d'une lame de couteau
très tranchante ou d'un rasoir traditionnel. La castration non sanglante
procède par un écrasement directe du cordon testiculaire celui-ci
est tenu entre deux bâtons sur lesquels une forte pression est
appliquée.
En ce qui concerne les croisements orientés, les
éleveurs procèdent par accouplement en monte naturel de leur
femelle par le géniteur améliorateur. Ce géniteur est soit
acheté et placé parmi les femelles au sein du troupeau, soit
emprunté à une tierce personne.
- La santé animale
Il s'agit de l'ensemble des connaissances, croyances
techniques et méthodes ainsi que l'art et la science du traitement des
maladies animales. Les éleveurs utilisent pour la plupart la
pharmacopée traditionnelle pour les soins de leurs animaux. Plusieurs
jus de plantes sont utilisés pour la désinfection ou le pansement
des plaies ouvertes. De même, les urines de vaches, la salive...sont
utilisés pour le soin. Une chirurgie est appliquée sur les
animaux : la castration, l'écornage des bovins, la coupe de sabots
excédentaire.
2.1.2 Les systèmes d'élevage
En fonction du gradient climatique et de l'abondance des
ressources naturelles, nous avons trois pratiques. D'abord, la transhumance est
un déplacement des animaux (une partie pour la plupart) qui suit la
progression de la pluie et constitue une solution aux contraintes de fourrage.
Ces mouvements sont cycliques avec un circuit bien établi, selon un
calendrier rigoureux dans l'année (encadré 1).
Encadré 1 :
On maitrise parfaitement les voies. Je sais exactement dans
combien de temps on accédera à un point d'eau et le temps que
peuvent tenir les animaux. La stratégie de transhumance est : d'une
part, on fait boire le maximum possible le matin avant de prendre le
départ. D'autre part, on marche jusqu' à la nuit tombante pour
faire désaltérer le lendemain matin.
Entretien avec un transhumant (Amadou Abou Dia) à
Dounguel Dadé
C'est une migration spécifique aux éleveurs qui se
déplacent pour la recherche de pâturages.
42
Ensuite, le sédentarisme est un type d'élevage
où le troupeau se déplace soit très peu dans les limites
du terroir villageois, soit pas du tout. Cet élevage est très
répandu dans la presque totalité des « Gallé ».
Mais cela nécessite d'injecter des quantités plus ou moins
importantes d'intrant alimentaire pour couvrir les besoins des animaux.
Enfin, l'attache au piquet est un mode d'élevage de
faible effectif pratiqué principalement en hivernage pour éviter
les dégâts sur les champs. Les animaux (bovins et ovins) sont
attachés à un piquet ou au pied d'un arbre, au moyen d'une corde
de longueur variable. On le déplace plusieurs fois dans la
journée afin qu'il accède au maximum d'herbe de
pâturage.
2.2 Les connaissances liées à l'exploitation
forestière
Les populations de la CR se distinguent par des
systèmes agroforestiéres originaux loin d'être les reliques
d'une lointaine préhistoire. Elles les ont développés par
le biais d'un savoir-faire en exploitant les forêts.
2.2.1 Utilisation domestique de la
végétation
L'exploitation forestière se fait dans les zones
naturelles autorisées par l'agent des Eaux et Forêts moyennant une
redevance. Les espèces agroforestiéres les plus utilisées
sont des ligneux sur lesquels existent un capital de savoirs non
négligeable leur conférant une valeur ajoutée dans
l'exploitation. Les plus domestiquées sont : Tamarindus indica,
Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata, Zizyphus mauritania...
La cueillette est une activité procurant des ressources
biologiques à contribution significative pour leur alimentation. Elle
est liée à la phénologie des espèces (feuillaison,
floraison et fructification). Dans la construction se sont les
mimosacées (Acacia raddiana, Acacia seyal, Acacia senegal, Acacia
nilotica) qui sont particulièrement utilisées dans le
terroir pour leur charbon ou leur bois.
L'exploitation du gommier est pratiquée par certaines
femmes : une section anatomique est réalisée sur les rameaux qui
produisent un matériau gommeux (gomme arabique) plus ou moins
épais qui durcit progressivement au contact de l'air. D'après
Dione et al9 (1990) la production débute en novembre
après l'arrêt des pluies et consécutivement à une
chute brutale de l'humidité relative.
9 Dione Mamadou et Jacques Vassal, 1998 « Gommose
et rythme de production gommiére chez Acacia seyal »,
Article 12 pages
43
2.2.2 La médecine par les plantes
Cette activité est l'apanage des tradipraticiens ou
guérisseurs qui cumulent les fonctions à la fois de
médecins posant les diagnostics et de pharmaciens prescrivant les
remèdes. En réalité les populations ont une connaissance
des plantes pouvant guérir certaines maladies. Les mimosacées
sont utilisés en général comme vermifuge et remède
efficace contre la dysenterie (l'écorce en décoction surtout)
alors que Tamarindus indica est une espèce très
prisée en raison de ses fonctions multiples10.
En somme, les possibilités d'approvisionnement en
produit ligneux à partir du peuplement naturel s'épuisent en
raison de l'extension des terres agricoles et de la surcharge pastorale.
III. LES TECHNIQUES DE PECHE TRADITIONNELLE
La CR de Madina, avec les eaux du fleuve Sénégal
et le Doué, ses marigots (Danéwol et Barangol) a toujours
été favorable au développement de la pêche.
3.1 Les anciennes techniques de pêche
Actuellement, la pêche continue à se
développé timidement et plusieurs techniques de pêche et
pratiques de gestion sont à l'origine d'une complicité entre le
« Thiouballo » et les eaux.
Ces instruments et techniques traditionnels (tableau 9),
fondés sur la connaissance de la biodiversité aquatique et du
cycle écologique de reproduction des poissons, sont toujours
d'actualité et permettent aux pécheurs de survivre et de capturer
beaucoup d'espèces de poissons. Dans les villages Soubalbés
(Souballo Madina, Arame, Siouré), la pêche occupe une bonne place
dans l'activité des ménages. Elle est une occupation
exclusivement masculine. Les femmes sont chargées de la
commercialisation et de la transformation (poisson séchés) des
ressources halieutiques.
Depuis, l'érection des deux barrages (Diama et
Manantali) la production est devenue très faible à causes des
déséquilibres écologiques du constat des riverains.
10 Les fleurs sont mangées
fraiches, ou comme condiment des sauces. Les feuilles ont une saveur
agréable et sont utilisées contre la constipation, elles ont des
propriétés vermifuges. Les écorces contiennent du tannin
efficace contre la diarrhée. Le fruit est consommé en confiture.
Les gousses et les graines écrasées sont employées comme
condiment. La racine serait aphrodisiaque. Le bois très dur et dense est
bon pour le charronnage, la construction ; il peut servir également
comme armature d'embarcation ou comme manches d'outils.
44
Tableau 9 : Instruments et techniques de
pêche dans la CR de Madina Ndiathbé
Appareils de pêche
|
Caractéristiques techniques
|
Nombre de pécheurs
|
Techniques de pêche
|
Impacts écologiques
|
Gubbol
|
Grand filet de mailles étroites et larges
|
10 à 20 personnes
|
Pratiqué sur le fleuve Sénégal et le
Doué, le filet est retiré après 4 heures de mise en
eau.
|
Pratique qui ravage les poissons mais interdit dans les lieux de
reproduction
|
Thiambal
|
Filets à mailles variables selon le type de poissons
recherché
|
Une personne
|
Filet fixé transversalement au cours d'eau, pendant 1
à 4 semaines, chaque jour le pécheur passe vérifier si le
piège a pris, relève le poisson et nettoie le filet.
|
Ne prends pas tous les poissons. Mais peut détruire
l'habitat des poissons.
|
Félé-félé
|
Même
caractéristique que le Thiambal
|
1 à 2 personnes
|
Ce filet suit le courant d'eau que le pécheur ne perd pas
des yeux en pirogue et s'arrête aux croisements où le courant
change de direction.
|
Est utilisé seulement pendant la période des hautes
eaux (crue) dans les fleuves et marigots.
|
Mbaala (épervier)
|
Les mailles sont variables
|
1 à 2 personnes
|
Une seule personne située sur la rive peut lancer
l'épervier
|
Est utilisé surtout pendant la crue.
|
Mbakkal
|
Filet très long
|
2 personnes
|
Les deux personnes tiennent les extrémités de
chaque coté et survolent les eaux.
|
Est pratiqué pendant la crue dans les marigots de faible
profondeur
|
Dolingué
|
Filet avec plusieurs hameçons 5 à 6 genres
variables
|
1 personne
|
L'engin est mis dans l'eau pendant plusieurs heures avant
d'être relevé.
|
Utilisé en toute période
|
Kotio-kotio
|
Très petit filet
|
1 personne
|
Procédé qui consiste à émettre des
cris pour attirer les poissons, ou allumer une lumière.
|
Utilisé pendant la crue mais peut déstabiliser le
milieu
|
Source : Enquête de terrain, 2010
C'est pourquoi la pêche pendant l'hivernage dans les
cuvettes de décrue et les marigots est devenue le moment le plus
productif. (Encadré 2)
En outre, les eaux de crues remplies de nutriments sont plus
poissonneuses grâce au courant Est-Ouest, les poissons effectuent des
migrations latérales du lit mineur vers la plaine
45
d'inondation pour y trouver des lieux propices à la
ponte (pendant le Déminaré les populations ont connaissances de
ces vents qui attirent les populations).
Encadré 2 :
Nous avons une bonne connaissance de notre milieu
hérités de nos ancêtres depuis des temps
immémoriaux. Chaque outil a ses raisons et ses spécifités.
Chaque milieu (Tiatgol, Mare, Marigots et fleuve) est favorable à une
espèce. Exemple les « Anondé » ne circulent qu'en
hiver. Et on utilise des « dolingué »dont la maille varie
entre 0 et 16 (plus le nombre est petit plus la maille est grande) en fonction
de nos besoins. Avant d'aller à la pêche on fait des incantations
et on ne revient jamais les mains vides.
Extrait de l'entretien avec Amadou Hamed Pam, chef de village
de Souballo Madina
3.2 Les pratiques de gestion
Les Soubalbés sont les maitres des eaux car ayant une
maitrise suprême et magicienne de l'élément liquide. Non
seulement les eaux recèlent un peuplement naturel qui est offensif, tel
le crocodile (nooro), le lamantin (luwoogu) et l'hippopotame (ngabu) mais l'eau
est habitée par des génies redoutables (jom mayo, seytané
diyam).
Ainsi, le Thiouballo a pour but de préserver les
populations riveraines de ses bêtes ou esprits. Il maitrise les moments,
périodes et jours favorables pour faire la pêche ; les offrandes
à faire pour ne pas réveiller les esprits (interdiction de jeter
des ordures dans le fleuve ou certaines espèces de poissons).
*
* *
De nombreuses techniques ont été mises en oeuvre
dans la CR de Madina Ndiathbé par les exploitants. Et ces pratiques ont
permis à la population de survivre dans ce milieu parfois hostile et de
confirmer la pertinence de leurs savoirs. Ces procédés ont un
impact positif sur l'évolution des terres de cultures, sur la
pêche et sur la végétation.
Toutefois, ces techniques ont montré un certain nombre
de contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il
s'agit de la lourdeur du travail au regard des outils utilisés.
En réaction à ces différentes
difficultés, des mesures complémentaires ont été
entreprises ; par les différents acteurs de développement : les
nouvelles initiatives d'exploitation et de gestion des ressources
naturelles.
46
CHAPITRE II : LES NOUVELLES INITIATIVES D'EXPLOITATION
DES RESSOURCES NATURELLES
La CR de Madina Ndiathbé est un champ où
s'appliquent des connaissances locales qui ont permis à la population
d'exploiter les ressources naturelles d'une manière durable, permettant
des systèmes de production des agriculteurs, pécheurs et pasteurs
de s'articuler entre eux et de former la mise en valeur du terroir.
Cependant, les années de sécheresses
imposèrent de nouvelles stratégies orientées vers les
aménagements hydroagricoles. Et du même coup, des pratiques
modernes sont initiées dans le secteur de l'élevage pour
stabiliser la filière tel que la pisciculture pour apporter une
alternative aux pécheurs et les activités de reboisement pour
reverdir le milieu. Ces connaissances scientifiques méritent
d'être caractériser.
I. LES PRATIQUES AGRICOLES MODERNES ET LES ACTIONS DE
GESTION DES TERRES
Elles sont pour la plupart l'oeuvre de groupement paysan
organisé autour d'un GTE, des ONG et autres partenaires ou structures
d'encadrement dans le cadre du développement rural.
1.1 Les pratiques agricoles modernes
Elles tournent autour de l'irrigation dont la
sécheresse des années 1970, qui a dévasté les
cultures pluviales, fortement rétrécie les surfaces cultivables
en décrue, éliminé le cheptel et les ressources
halieutiques, a été le prétexte majeur. « Les
cultures irriguées sont ainsi pour les paysans de la zone la seule
activité possible » (Adams, 2000)11.
Ainsi, depuis 1980 les aménagements hydroagricoles se
sont insérés dans le système traditionnel dont ils ont
fini de devenir le monopôle.
- les périmètres irrigués villageois
(PIV)
Ce sont des aménagements sommaires
réalisé par la SAED pour aider les populations à recouvrir
leur autosuffisance alimentaire et sécuriser la production
vivrière. Cette culture irriguée à petite échelle
s'est effectuée sur la base de connaissances scientifiques
avérées. On utilise la technique d'exhaure grâce à
un groupe motopompe (GMP) installé sur le plan d'eau à
proximité de la berge. Le périmètre aménagé
est situé sur le bourrelet de berge. Ensuite, un
11 Adams Adrian, 2000 : « Quel avenir pour la
vallée » IIED 108 pages
47
réseau hydraulique est réalisé à
la main mais le plus souvent par tracteur après dessouchage et
terrassement, puis on fait le coulage en béton ou en ciment des petits
ouvrages. Le schéma de base d'un périmètre (PIV) illustre
cette technique.
Figure : Schéma de base d'un
périmètre irrigué (PIV)
Ainsi, c'est la SAED qui a initié à cette
population ces différents procédés scientifiques :
préparation du sol, planage manuel ou tracteur, semis, repiquage,
utilisation de l'engrais, suivi et contrôle, fauchaison, battage et
acheminement des récoltes.
- Le maraichage
Il est pratiqué par les groupements de promotion
féminine (GPF) .Tous les villages enquêtés ont leur jardin
des femmes dont les parcelles qui tournent autour de 5 ares, sont
attribuées uniquement aux femmes mariées. De nos jours, les
cultures maraichères sont étroitement liées à la
culture principale du riz. Elles partagent les mêmes réseaux
d'irrigation, elles le suivent dans le calendrier cultural. Elles
bénéficient surtout les mêmes engrais et les mêmes
pesticides et impliquent en générale les mêmes
organisations paysans.
- Le jardinage
48
De petits jardins destinés à couvrir les besoins
en produits frais de la CR sont initiés. La plupart des
périmètres irrigués privés se sont
développées dans ces conditions. Actuellement, beaucoup de
famille s'organisent pour travailler leur terre sous cette nouvelle forme. Les
agriculteurs cherchent à diversifier leur production et de plus en plus
à spécialiser leurs parcelles. A l'exemple du GIE privé
« Mbamtaré hakkundé majé » qui a
travaillé pendant quelques années avec la SODEFITEX à
Dounguel
1. 2 Action de gestion des terres
La terre représente un patrimoine culturel pour la
société Halpular. Plusieurs pratiques modernes sont
réalisées pour la réduction des risques alimentaires, de
la vulnérabilité des populations mais surtout la
sécurisation des aménagements hydroagricoles.
1.2.1 Action pour augmenter le rendement des
récoltes
Il s'agit des mesures appliquées dans la fertilisation
des sols principalement dans les aménagements hydroagricoles soumis
régulièrement à la culture. On peut citer :
- La fumure minérale
L'irrigation est actuellement la principale
préoccupation des agriculteurs de la zone Walo où deux à
trois campagnes sont constamment pratiquées dans les PIV ou dans les
jardins des femmes. Dans ce cas, l'épuisement des sols est toujours
solutionné par la fumure minérale (engrais blanc et urée).
Cette fertilisation chimique permet l'usage continu des
périmètres irrigués.
- Les cultures intercalaires ou cultures mixtes
La culture intercalaire désigne deux ou plusieurs
plantes cultivées en même temps dans le même champ. Elle est
l'apanage des GPF travaillant sur le maraichage, cultivant en même temps
: tomate, oseille, piment, gombo, aubergines pour la campagne «
Dabundé », légumes et arachides pour la campagne «
Doungou ». La culture mixte permet différentes combinaisons : une
rangée de piment suivi de celle d'un gombo et de la tomate. Ainsi, ces
différentes combinaisons diminuent les risques de perte des
récoltes : si la production d'une variété est
affectée, les agriculteurs peuvent compter sur les autres pour assurer
un palliatif.
- La pratique de culture à cycle végétatif
adapté aux aléas climatiques
49
Dans les aménagements hydroagricoles les agriculteurs
adoptent des variétés de cultures adaptées au climat.
Ainsi, pour la riziculture : une variété de riz de cycle court en
saison chaude comme le Sahel 108 est cultivée alors qu'en hivernage, une
variété de cycle moyen (Jaya ou IRI 529) se pratique.
1.2.2 La gestion dans l'occupation des sols
Il s'agit de l'élaboration d'un plan d'occupation et
d'affectation des sols (POAS) dans la CR comme instrument d'une
sécurisation foncière. Ce plan réalisé grâce
à la concertation des différents acteurs intervenant dans le
terroir permet la réglementation et l'intégration des
systèmes agricoles et pastoraux. Il définit deux types de zones
de vocation des terres
Ainsi, le territoire de la CR est reparti en dix zones12
de gestion en fonction de ces deux types de priorités. Distingue -
t'on (carte 4) :
? La zone agro-pastorale à
priorité agricole (ZAPA)
Dans ce type d'espace (île à Morphil et
Djéjégol), les règles dominantes sont relatives à
la préservation des cultures. Pendant les campagnes agricoles, le
déplacement du bétail est interdit en dehors des pistes de
bétail. Tout cas de divagation sera puni sur la base d'une estimation
des dégâts qui seront remboursés et d'une amende de 20.000
FCFA pour manquements au POAS. L'élevage n'est toléré que
sur l'espace non cultivé.
? La zone agro-pastorale à
priorité élevage (ZAPE)
Le parcours du bétail est autorisé toute
l'année dans cette zone, seule l'agriculture pluviale est
tolérée et mieux la protection des parcelles cultivées
contre le bétail est du ressort de l'agriculteur.
En gros, le POAS reconnait officiellement des points d'eau
pastoraux sur le fleuve Sénégal, sur le Doué, sur le
marigot de Barangol et les mares d'hivernage de la CR. En outre les pistes de
bétail (la piste qui part de Olol Diawbé et va à
Toufndé Gokhiyel en passant par Aram) constituent un droit reconnu et
garanti par le conseil rural.
12 Zone de Guiro - Siouré, zone de Thilla -
Saré souki, zone de Cas-Cas - Demba Wassa, Zone de Dounguel - Barangol,
zone de Aram, zone de Madina, zone de Tackoyel, zone de Dounguel Dadé,
zone de Bano et zone de Aérédji.
Carte 4 : La vocation des terres dans le CR de
Madina Ndiathbé
50
Des commissions de suivi du POAS sont crées dans les
différentes zones de gestion composées de : chefs de village,
conseillers résidents et pour chaque village : un représentant
des agriculteurs, un représentant des éleveurs et un
représentant des pécheurs. Elles gèrent l'arbitrage des
conflits entre usagers du sol.
51
II. LES PRATIQUES MODERNES LIEES A L'ELEVAGE ET A LA
RESTAURATION DU MILIEU
Elevage et végétation sont intimement
liés dans la CR de Madina, dans la mesure où les forêts
constituent les zones de pâturages naturelles. Les pratiques modernes
tentent de développer l'élevage ainsi que la restauration du
milieu.
2.1 L'utilisation des connaissances modernes pour la
gestion de l'élevage L'élevage de type intensif
fondé sur des pratiques modernes se développe timidement dans la
CR. Il est faciliter par les infrastructures de gestion comme :
- Les forages dans le Diéri et les parcs de vaccination
On a cinq forages dans la zone Diéri à vocation
d'élevage dont l'objectif est d'assurer un élevage de type
intensif par la sédentarisation des éleveurs (photo 4 et 5)
Photo 4 : Forage de Bano et infrastructures
annexes Photo 5 : Concentration des populations autour
d'un puits à Bano
Ce forage à Bano remplacé par le puits depuis sa
panne, polarise 21 villages dans le Diéri et limite le
déplacement des animaux. Il oblige les éleveurs à faire
des activités parallèles.
Par ailleurs, les deux parcs de vaccination de la CR dont un dans
le Diéri à Bano (photo 6) et l'autre dans le Walo à
Cas-Cas (photo 7) sont des zones de polarisation de l'élevage.
52
Photo 6 : parc de vaccination de Bano Photo
7 : parc de vaccination de Cas-Cas
Des connaissances scientifiques sont utilisées pour
soigner les animaux au niveau des parcs. En effet, chaque année, le chef
de poste vétérinaire (CPV) organise des séances de
vaccination au niveau de ces parcs. Le bétail est
généralement vacciné contre la dermatose modulaire et le
bouthilisme pour les bovins, la pasteurelose et la diarrhée ovine pour
les petits ruminants. Les équins et la volaille sont rarement
immunisés.
Toutefois, selon le CPV, les éleveurs ne se manifestent
que quand leurs animaux sont sévèrement touchés par les
maladies.
- L'insémination artificielle
On l'appelle également le mélange de races en
vue d'augmenter la production laitière et la viande. C'est une technique
qui se développe lentement dans la CR en raison de la réticence
des éleveurs. En effet, l'opération débute par le
recensement des participants au programme que le CPV effectue pour
opérer une sélection des vaches aptes. Elle se déroule en
deux phases : une période de pause virale où l'injection de
dormeur est appliquée et une seconde où l'insémination
proprement dite est réalisée.
Ainsi, des semences issues de races étrangères
(le Montbéliard, le Guzéra, le Holstein et la Normande) sont
ensemencées sur la variété locale. Le diagnostic (qui
s'effectue après 3 mois) a révélé des
résultats positifs.
53
2.3 Les actions de restauration du milieu
Conscient de l'intérêt que représentent
les ressources végétales dans la gestion du milieu au niveau de
la CR, les populations riveraines font des pratiques modernes qui sont une
illustration de l'appropriation des démarches de la foresterie
rurale.
2.3.1 Le reboisement
Il est pratiqué dans le CR en réaction contre la
dégradation des sols et surtout des ressources végétales.
Nous avons deux pépinières (Mboumba et Aéré lao)
qui fournissent aux populations l'essentiel des essences plantées dont
trois formes se singularisent :
- Les haies vives : elles sont reboisées par les GPF et
les GIE de riziculture. Cette pratique permet un quadrillage de l'espace
cultivé et délimité les chemins de circulation du
bétail (la divagation) tout en brisant la vitesse du vent. Ainsi, deux
essences (Prosopis juliflora, Eucalyptus camaldulensis) sont
utilisées et représentent une source importante de bois
communautaire et de protection des cultures.
- Le reboisement des rues et des axes routiers : c'est une
nouvelle pratique initié par le RIAD qui travaille avec les associations
de développement villageois. Une ligne qui suit l'axe routier, de
Cas-Cas à Souballo Mboumba a été reboisée. Le bilan
a été réalisé cette année avec des
résultats satisfaisants.
- Le reboisement individuel : le GPF de Cas-Cas13
pratique se système sous forme d'un parrainage d'arbres très
efficace car assurant l'entretien et le suivi. Le reboisement des arbres
fruitiers dans les maisons est très courant. Par ailleurs, les vergers
individuels offrent une meilleur illustration de ce type de reboisement
d'autant plus que le code forestier revisité en 1993 fait des
populations des propriétaires de plantations.
2.3.2 Action de préservations des forêts
La protection des forêts contre l'emprise humaine s'est
traduite par l'élaboration d'instruments juridiques de la part de
l'agent forestier qui gère le domaine protégé et
classée de l'arrondissement. En effet, le domaine protégé
existe dans tous les villages et englobe les formations forestières
naturelles non comprises dans les terres aménagées à des
fins agricoles. Le chef de brigade forestier veille rigoureusement à sa
protection : tournée quotidienne en moto, répression par amende,
délivrance d'un permis de coupe... Depuis février 2010,
l'agent
13 Groupement de Promotion Féminine Thierno
Samba Amadou Baal est la plus dynamique de l'île à Morphil avec
plus de 258 femmes réparties dans plusieurs volets : maraîchage,
élevage, pêche, commerce et teinture. Depuis, 2008 il a
commencé le reboisement individuel avec un système de parrainage
d'arbres.
54
forestier a initié une nouvelle orientation de
préservation des forêts naturelles par l'autogestion
(encadré 3).
Encadré 3
Dans chaque village, j'ai crée un comité de
gestion des ressources naturelles composé par un président, un
secrétaire général, un trésorier et un commissaire
des comptes. L'objectif est de faire comprendre à la population de la
nécessité de l'autogestion de leur patrimoine et que personne ne
le fera à leur place d'autant plus que la GRN est un domaine de
compétences transférée. Je joue ainsi un rôle
d'appui - conseiller.
Propos recueilli de l'entretien avec le chef de poste des
services Eaux et foret Aéré lao, Mourtada Thiam
Cette nouvelle initiative peut constituer une solution
à la dégradation avancée des forêts naturelles.
Sous cette orbite, les pare-feux de protection
réalisée dans la zone Diéri constitue une solution aux
problèmes de feux de brousse récurrents dans ces vastes terres de
la savane (Photo 8)
Photo 8 : Pare-feu de protection non
débroussaillé à Bano
En effet, dés le mois de Novembre l'Etat entretenait
ces pare-feux de protection dans la zone Diéri en vue de régler
le problème des feux de brousses précoces. Depuis quelques
années,
55
ces pare-feux sont rangés dans les oubliettes et l'Etat
favorise cette dynamique en installant des camions citernes dans chaque zone
pour parer à toute situation de catastrophe au lieu de les
prévenir.
III. LE DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE
L'élevage de poisson dans des sites aquacoles est la
nouvelle vision du développement de la pêche dans la CR. Face
à la diminution croissante des captures, elle s'impose comme une
alternative à la dégradation des ressources halieutiques.
3.1 Contexte de la réalisation du projet Aram
Introduite en 2008, cette activité est initiée
par la station piscicole de Richard- Toll sous le financement de l'agence
nationale de l'aquaculture (ANA) pour appuyer la Fédération lao.
En effet, la pêche continentale a beaucoup régressé durant
les années de sécheresse, entrainant la migration des
pécheurs, leurs conversions en agriculteur ou la disparition des
organisations traditionnelles de pêche.
Ainsi, le village d'Aram, constitué en majorité
de Soubalbés (pécheurs) a été très
affecté par la décadence de cette activité. Ce projet est
vivement accueilli par les populations dont les dix cages flottantes de
10m3 chacun (carré de 2.5 m de côté sur une
profondeur de 1.65 m) sont aménagés sur le Doué (photo 9
et 10) avec une densité de 1000 alevins par cage.
Photo 9 : projet de pisciculture d'Aram Photo
10 : Epandage de la farine de poisson
Une seule espèce est élevée dans les
cages « Oreochromys niloticus » ou tilapia
(thiddéré ranéré) originaire de fleuve
Sénégal et très adapté aux conditions du milieu
(température de l'eau et le climat, turbidité de l'eau et tous
les changements eurybiotiques).
56
Après un cycle normal de reproduction de 6 mois, la
taille marchande est de 250 g. La gestion du projet est confiée au
technicien de pêche recruté par l'ANA qui est appuyé par un
comité de gestion (président, secrétaire
général et un trésorier). Il se charge de
l'empoissonnement et de l'alimentation des alevins avec de la farine de poisson
quatre fois par jour.
Le projet connait une réelle appropriation des
populations de la zone à travers la commercialisation de toute la
production (tableau 10). Les résultats sont satisfaisants et beaucoup de
villages sont demandeurs.
Tableau 10 : L'évolution de la production
du projet piscicole d'Aram
Année
|
2008
|
2009
|
Nombre de cages récoltés
|
5
|
314
|
Récolté (kg
|
668
|
300
|
Entrée (fr)
|
532.000 f
|
300.000 f
|
Source : technicien piscicole du projet d'Aram
3.2 L'impact dans la CR
Le projet de pisciculture d'Aram s'est réalisé
sur la base des connaissances scientifiques : conception des cages, suivi
évaluation, adaptation au milieu... Selon, les gestionnaires il y'a une
amélioration entre 2008 et 2010 car la population ayant compris
l'objectif du projet et a été initiée dans la gestion
(alimentation des alevins, entretien et récolte). Ainsi, les impacts de
ce projet sont positifs : il a permis à la population du village et
celle environnante d'avoir accès aux poissons et de participer à
la sécurité alimentaire. Le problème de rareté des
poissons est quasi résolu et les populations parviennent à
trouver du poisson à moindre coût (1000 FCFA / kg). Le projet a
permis également une régénération du milieu et des
espèces en voie de disparition.
14 Les autres cages n'ont pas pu être
exploitées à cause des problèmes techniques.
57
*
* *
Les savoirs scientifiques offrent une gamme variée de
pratiques que les populations ont expérimentées et
adoptées pour un meilleur équilibre de leur métier. Du
développement de la pisciculture à l'insémination
artificielle, des pratiques agricoles modernes au plan d'affectation et
d'occupation du sol, les habitants de la CR ont initié avec l'appui des
structures déconcentrées et décentralisées une
gestion rationnelle et efficace des ressources naturelles.
Ces actions constituent dés lors, des réponses
pouvant combler et compléter les systèmes de savoirs locaux dans
l'optique de favoriser des impacts positifs dans l'environnement.
58
Conclusion partielle
Le diagnostic des types de savoir mis en valeur dans la CR de
Madina offre une gamme variée de connaissances et d'action alliant les
savoirs locaux aux savoirs scientifiques développés par les
institutions. L'inventaire de différentes formes de connaissances
locales a montré la pertinence du système de cultures de
décrue fondée sur les pratiques diversifiées,
habituées aux conditions climatiques locales ainsi que la protection des
plantes et l'utilisation de la pharmacopée.
De plus, les populations locales ont du façonné
de manière consciente les différentes espèces et races
selon leur buts et les types d'usages qu'elles visent. Les stratégies
locales ont inclus notamment toutes sortes de mécanismes zootechniques,
sociaux et économiques ayant permis aux communautés de
réaliser au fil du temps, des équilibres socio-environnementaux
plus ou moins stables.
Toutefois, ces savoirs ne sont pas une panacée encore
moins une solution miracle à tous les problèmes de gestion des
ressources naturelles. Ils ont dans un certain cas montrer leur limite face aux
aléas climatiques et à la pression humaine constante.
La réduction progressive des cultures de décrue
et activités annexes, l'extension des aménagements hydroagricoles
expliquent le recentrage des activités et économies familiales
fondées sur des connaissances scientifiques initiées par les
institutions de développement.
Ainsi, de nouvelles stratégies d'exploitation et de
gestion des ressources naturelles ont nécessité un appui
institutionnel supplémentaire, notamment l'accès aux
crédits, aux marchés d'intrants et à l'information.
Ce recentrage des activités modernes fondées sur
de nouvelles opportunités n'a pas pour autant éclipser la
technologie populaire des agro-pasteurs Halpular, aspect important de leur
identité culturelle, ce qui nécessite d'étudier
l'interface de ces deux formes de connaissances dans la CR de Madina.
Troisième partie
ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE
SAVOIRS LOCAUX ET NOUVELLES
INITIATIVES DANS LA GESTION
DES RESSOURCES NATURELLES
59
Dans cette dernière partie, il sera question d'analyser
les formes d'organisation et de gestion des ressources naturelles dans la CR.
La dynamique organisationnelle est perçue comme l'une des conditions de
succès des programmes d'aménagement et de gestion durable des
ressources. Ainsi, dans le chapitre I, on développera les acteurs qui
utilisent les types de savoirs nécessaires à la conservation des
ressources naturelles pour déboucher sur l'étude des
interférences entre les différents savoirs mis en
valeur.(chapitre II)
60
CHAPITRE I : LES ACTEURS DE LA CONSERVATION DES
RESSOURCES NATURELLES DANS LA CR DE MADINA NDIATHBE
L'application des mesures de gestion implique
différents acteurs pour une planification de l'environnement dans la
perspective d'un développement durable. L'accent sera mis sur les types
d'acteurs (acteurs gouvernementaux et acteurs non gouvernementaux) qui
développent des savoirs administratifs fondés sur des lois et
règlements ainsi que les conventions locales et les codes locaux, en vue
d'un consensus entre les populations locales et les institutions. Le transfert
de compétences en matière de gestion de ressources naturelles
permet de responsabiliser les populations dont les actions, dans la
genèse et la mise en oeuvre d'activité de préservation
sont d'une dimension incontournable.
I. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES
Elles sont nombreuses et comprennent des services tels que :
le sous-préfet (arrondissement), la CR et le CADL, très
impliquées dans la conservation et la GRN.
1.1 L'arrondissement de Cas-Cas
Pilier de l'administration locale, il est dirigé par le
sous-préfet qui coordonne toutes les décisions, motive les
populations aux actions de développement et supervise toutes les
activités de gestion des ressources naturelles. Au niveau de la
sous-préfecture, il approuve la délibération du conseil
rural et l'aide sur le volet administratif. Dans la CR de Madina, il est le
plus souvent remplacé par le CADL qui appui techniquement les
populations
1.1.1 Le CADL
Le centre d'appui au développement local (CADL) est un
service public déconcentré qui intervient dans la CR de Madina.
Il s'agit d'une transformation du CERP (Centre d'exploitation Rural et
Polyvalent) en 2005 par le décret 2005 - 575. Dans le cadre des
ressources naturelles le CADL est surtout impliqué dans :
- Le suivi des campagnes hivernales et l'élaboration de
rapport hebdomadaire pour le suivi du monde rural,
- La participation aux campagnes de reboisement, à la
création et à la redynamisation des comités de vigilance,
de lutte contre les feux de brousse (séance de sensibilisation, de
nettoyage des pare-feux entre les villages),
- L'alignement des villages et délimitation des parcelles
de cultures,
- L'encadrement des OCB
61
- Le constat de divagation sur les cultures (dans ce cas faire
une demande après constat des dégâts, mesurer les pertes
par exemple un dégât de 100 m2 nécessite une
plainte) - La sensibilisation des éleveurs pour la conservation des
fourrages,
- Le suivi des campagnes de décrue etc.
Cependant, du fait que la GRN est un domaine de
compétences transférées, le CADL s'appui sur le code des
collectivités locales comme principal outil de gestion et est
appuyé par une équipe pluridisciplinaire composée de :
l'agent de l'agriculture (la SAED), un chef de poste vétérinaire
et un chef de poste des services Eaux et forêts.
1.1.2 La Communauté rurale
La CR de Madina est une collectivité locale, personne
morale de droit public, dotée d'une autonomie financière. Elle
est constituée par 73 localités gérées par un
conseil rural.
L'avènement de la Loi n° 96-06 du 22 mars 1996
portant Code des Collectivités Locales a permis de franchir un pas
important dans le processus de décentralisation. Cette loi a
été complétée par la Loi 96-07 du 22 mars 1996
portant, entre autres, le transfert de neuf (9) compétences au profit
des collectivités locales : éducation et formation
professionnelle ; santé, population et action sociale ; environnement et
gestion des ressources naturelles ; gestion du domaine national ; jeunesse,
sports et loisirs ; culture ; planification ; aménagement du territoire
et habitat.
La Région de Saint-Louis compte 19 Communes et 18
Communautés rurales parmi les quelles la Communauté rurale de
Madina Ndiathbé dispose neuf (9) commissions pour son fonctionnement :
la commission santé et action sociale, la commission domaniale, la
commission culture, la commission jeunesse, sport et loisirs, la commission des
finances, la commission éducation, la commission développement et
environnement, la commission relations extérieures et la commission
féminine. Chaque commission est composée d'un président,
d'un rapporteur et trois membres simples.
Par ailleurs, l'ARD15 accompagne la
collectivité locale dans l'élaboration et la mise en oeuvre du
PLD (plan local de développement).
15 ARD : Agence Régionale de
Développement
62
- Le cadre local de concertation des organisations
paysannes (CLCOP)
C'est un cadre professionnel ouvert à toutes les
organisations paysannes de la CR de Madina (il regroupe 102 organisations
paysannes). Il n'est composé que par des représentants
d'organisations paysannes dont l'activité principale est agricole.
Selon la décentralisation, c'est le conseil rural qui
est l'organe en charge du développement économique et social de
la CR. Ainsi, le conseil rural accrédite et s'approprie du CLCOP
(crée par l'Etat pour aider les OP) comme bras technique dans les
actions de sensibilisations des populations, les opérations de
recensement, de recouvrements de différentes taxes rurales. Un protocole
d'accord est signé entre le CLCOP et le conseil rural de Madina.
Le CLCOP est lié à deux organismes dont d'une
part, l'association sénégalaise pour la promotion du
développement à la base (ASPRODEB) qui l'appui sur le volet
financier. Et d'autre part, le programme de services agricoles et organisations
de production (PSAOP) qui à mis en place le CLCOP comme interface entre
CR, OP et partenaires au développement.
II. LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE
Depuis sa création, l'option de la collectivité
locale est de renforcer de plus en plus la participation des populations
à la gestion des affaires locales. On a assisté à
l'émergence d'organisations de la société civile (ONG,
Associations villageoises, Groupements, Organisations de producteurs...) qui se
positionnent et revendiquent désormais leurs statuts d'acteurs du
développement local.
Au niveau des villages, les populations se sont
organisées autour des organisations communautaires de base qui jouent un
rôle important dans les activités quotidiennes des membres pour un
développement social harmonieux.
2.1 La Promotion féminine
La population féminine constitue plus de 50% de celle
de la CR. Il existe dans la CR environ 20 GPF (04 dans le Walo, 06 dans le
Djéjégol et 10 dans le Diéri non encore reconnus) selon le
PLD en 2009. Les GPF sont encadrés par les conseillères en
promotion féminines de la SAED et ont déjà
capitalisé une expérience dans le domaine de la promotion de la
femme.
Les activités traditionnelles occupées par les
femmes sont : l'agriculture, le maraîchage, l'élevage, la
cueillette et le petit commerce. Mais, les équipements collectifs
(moulins à mil, décortiqueuses..) détenus par elles sont
insuffisants et mal répartis dans la CR.
63
2.2 Les groupements d'intérêts
économiques (GIE)
Ces GTE centrés autour des PTV ont pour objectifs
principaux et directs la production. Actuellement, prés de 36
groupements d'intérêts économiques se dénombrent
dans la zone d'étude avec une réalité organisationnelle
(bureau composé de président, trésorier, secrétaire
général et les membres). Il s'agit de groupements pluri-acteurs
ayant, pour la plupart, adopté le statut juridique de GTE pour
accéder au crédit, ils servent de relais entre les exploitants et
la SAED ou les ONG. En principe, tout habitant des villages marié est
naturellement membre.
Ces groupements en partenariat avec le CADL assurent toutes
les activités de gestion en agriculture.
2.3 Les organismes fédératifs inter
villageois
Ces organisations sont l'aboutissement d'un effet de
coordination, pour répondre aux défis multiples que pose le
désengagement de l'Etat et la privatisation aux paysans. Ainsi, l'action
de quatre groupements volontaristes se distingue au niveau de l'arrondissement
:
- FUGIAM (Fédération des unions de
GIE de l'île à Morphil).
Crée en 1993, son siège est à
Walaldé, elle vise la défense des intérêts des GTE
agricoles ;
Cette structure est née d'un constat d'une floraison de
GIE et de la nécessité de les unir en une association. Elle
regroupe tous les GIE de l'île à Morphil et intervient uniquement
dans l'agriculture irriguée, par des dons de GMP et de semences.
Grâce aux partenaires, elle a récemment octroyé un GMP au
GTE Dounguel 2.
- La fédération du lao
La FDL (Fédération du Lao) créée
en 1983 regroupe 23 villages, ses activités sont financés par
OXFAM/GB et son siège se trouve à Arame. Elle fonctionne de
façon autonome (elle n'a pas de budget) grâce à un
programme qu'elle négocie avec des partenaires au développement
(FNPJ, OXFAM, Agence national de l'aquaculture). Elle intervient dans
l'entreprenariat féminin, la micro finance, la création de
magasin de stockage, la fourniture de GMP et d'intrants. Son résultat le
plus satisfaisant est la gestion des ressources halieutiques à Aram
à travers le projet de pisciculture.
- PAPFIM : (programme d'appui aux femmes de
l'île à Morphil)
C'est un programme qui existe depuis 2003 et regroupe la
quasi-totalité des GPF (on dénombre quelque 95 GPF membres).
L'intervention se déroule dans quatre domaines : agriculture,
élevage, teinture et activité de promotion féminine,
à travers des plans d'actions.
64
Actuellement, nous sommes dans le quatrième plan
d'action qui consiste au renforcement des capacités des GPF. Basé
à Cas-Cas, il a réussi à initier l'embouche bovine et la
réalisation de petit financement. On peut y ajouter l'UFAM (Union des
femmes de l'Ile A Morphil) qui pratique la teinture et l'agriculture.
- Le « Féddé aynabé
»
C'est un regroupement très actif qui défend les
intérêts des éleveurs. Actuellement, il regroupe 65 membres
et l'adhésion se fait par l'achat d'une carte éleveur. Cette
structure à des partenaires comme le PAPEL et le service
vétérinaire. Mais, les actions se limitent à
l'emmagasinement d'aliments de bétail ou à l'achat de fourrage
(15 tonnes de fourrages ont été récemment
distribués entre les éleveurs), à la vaccination et
l'insémination artificielle récemment effectuée avec des
résultats mitigés.
En gros, ces organismes fédératifs sont
dynamiques et tentent de gérer efficacement les contraintes de la zone.
Ils sont fortement liés à des structures d'encadrement
étatiques et de crédit comme : SAED, FED, CNCAS...
2.4 Les associations villageoises de développement
(AVD)
Le phénomène d'émergence de mouvements
associatifs qui décident de prendre en charge eux-mêmes certains
aspects du développement de leur terroir, prennent depuis quelques
années une ampleur non négligeable dans la communauté
rurale.
Selon nos enquêtes, tous les villages du terroir
disposent de ces genres d'organisations qui tentent de couvrir toutes les
activités rurales, mais pour la plupart du temps, elles poursuivent des
objectifs surtout sociaux. Ces associations sont un instrument de
développement. Certaines ont cherché le statut juridique de GIE
pour accéder au crédit (cas de l'association pour le
développement de Cas-Cas).
Structures très dynamiques dans la gestion des
ressources naturelles, elles sont connectées à des réseaux
d'ONG (ressortissant en extérieur ou des particuliers comme des
politiciens) et des projets, à l'instar du projet de la gestion des
ressources naturelles (PROGRENA) qui a débuté depuis 1998 avec le
reboisement communautaire. Ce sont les forces vives des villages qui
interviennent dans les activités de sensibilisation, de la
création de digue de protection ou d'infrastructures (écoles,
routes, puits ou forages).
Par ailleurs, nous intégrons dans cette mouvance, les
associations sportives et culturelles (ASC) axées essentiellement sur le
théâtre et le sport au début, mais actuellement qui
évoluent
65
66
et se transforment en Association Villageoise de
Développement (AVD). Ce changement est lié au
désengagement de l'Etat, les villageois devant prendre en charge leurs
écoles, leurs dispensaires, leurs puits, leurs forages ou leur
agriculture. Les ASC réorientent donc leurs activités dans le
domaine social et économique.
2.5 Les associations traditionnelles
La vie associative est très ancienne au Fouta et
particulièrement dans le CR de Madina. C'est une structure dont la
gestion passe d'une classe d'âge à une autre. Lieux
d'apprentissage et de formation, ces associations regroupent des jeunes filles
ou garçons de même âge et leurs domaines d'intervention sont
particulièrement l'entraide et la solidarité.
Ces associations traditionnelles revêtent de multiples
formes : classe d'âge, de caste, de lignage, de quartier.
Ces structures développent des initiatives
variées dans les différents domaines du développement sur
la base de la mobilisation de leurs membres : activités agricoles,
maraîchères, artisanales, commerciales, etc.
Malheureusement, dans la plupart de ces villages, ces
structures travaillent sans coordination ni concertation. Elles ont un faible
niveau d'organisation et leurs capacités techniques et professionnelles
sont limitées.
III. LES STRUCTURES DE DEVELOPPEMEMENT
Ce sont des organismes d'appui déconcentrés ou
décentralisés qui viennent travailler avec les populations. Les
principaux intervenants sont :
3.1 Le service de l'agriculture
Il intervient dans l'agriculture pour l'amélioration de
la production soit par un apport scientifique, soit dans la production.
3.1.1 La SAED
L'agriculture dans la communauté rurale est
développée par la SAED16 qui occupe bien l'espace du
terroir par sa subdivision en deux zones : la zone Madina (dans le secteur
Doué) et la zone Cas-Cas (dans le secteur ile à Morphil) avec le
personnel suivant :
16 SAED : Société d'Aménagement
des Eaux du Delta, intervient depuis 1965 dans la vallée du fleuve
Sénégal. Elle intervient dans le volet agricole : en
délégation, subdivisé en secteur puis en zone.
- Chef de zone
- Conseil agricole
- Animatrice rurale.
Société promotrice des aménagements
hydroagricoles dans notre zone d'étude, la SAED avait une mainmise sur
l'activité agricole de 1965 à 1989 où les populations
étaient chargées d'appliquer que des consignes. En effet, la
mission de la SAED se rendait sur le terrain pour vérifier l'application
stricte des règles de production dans la mesure où elle
finançait tout le programme (de la pépinière à la
commercialisation).
Mais avec des résultats mitigés, la crise
institutionnelle et l'application des politiques d'ajustement structurel, la
SAED a changé d'orientation. Actuellement, elle ne joue qu'un rôle
d'appui - conseil, notamment :
- Indiquer des fournisseurs agréés par l'Etat pour
la vente d'engrais subventionné
- Appuyer dans la réhabilitation des PIV et la
répartition des groupes motopompe (dont les GIE ne contribuent
qu'à la hauteur de 10 %).
- Donner des renseignements sur les semences et fixer le
calendrier agricole.
La SAED se focalise sur les connaissances scientifiques issues
des écoles d'agronomie (choix des variétés, techniques
d'exhaure...), mais depuis quelques années, elle intervient dans les
cultures traditionnelles de décrue pour une amélioration de la
production. En outre, c'est elle qui a élaboré le Plan
d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) de la Communauté Rurale
3.1.2 L'ANCAR
L'Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural intervient
dans la CR depuis 2000 en vue de consolider la décentralisation et
d'assurer une professionnalisation du conseil agricole et rural.
Elle répond au besoin des producteurs à travers des
arrangements contractuels.
Grace au partenariat ANCAR/ OP (organisations paysannes), on a
la mise en place d'un système semencier communautaire, dans la CR de
Madina, à travers le GIE Thierno Samba Amadou Bal (Cas-Cas) qui produit
des semences certifiées. Ce qui va dans le sens de reconstruire à
moitié le capital semencier maïs de la CR.
Par ailleurs, l'Institut des Sciences et de la Recherche
Agricole (ISRA) s'interpose indirectement dans la CR de Madina par le biais de
la SAED dont il livre les résultats pour la
67
vulgarisation dans le domaine de la riziculture. En ce sens,
l'institut fait des améliorations génétiques des
variétés de riz local telle que : sahel 108, sahel 134, sahel
201, sahel 202 pour leur permettre de résister aux sols salés ou
à la fraicheur. Il entretient avec les populations un rapport de :
recherche - développement.
3.2 Le service de l'élevage
C'est un service déconcentré de l'Etat qui
appuie la CR. Le chef de poste vétérinaire (CPV) collabore avec
l'inspection de l'élevage de Podor et son intervention
saisonnière, se limite aux campagnes de vaccination. Toutefois, l'agent
travaille avec le DIRFEL (Direction Régionale des Femmes en Elevage) qui
est une cellule dans la CR, appuyée par la même structure au
niveau départementale.
3.3 Le service des Eaux et Forêts
L'intervention de la brigade forestière (basée
à Cas-Cas) est très remarquable au niveau de l'ile à
Morphil, alors que dans la zone Diéri et Djéjégol c'est le
chef de poste des Eaux et Forets de Aéré lao qui assure la
couverture par des patrouilles quotidiennes en moto. L'objectif est de parer
à l'exploitation clandestine ou à la divagation.
Pour assurer les besoins en plante des populations, une
pépinière de 2 ha est aménagé à
Aéré lao (photo 11) dont les espèces
caractéristiques sont : flamboyant, l'Azadirachta indica (nim)
et le méliférant.
Photo 11 : La pépinière de
Aéré lao
68
Cette équipe pluridisciplinaire accompagne les
populations dans toutes les actions de développement et sont des
partenaires de la CR.
Les contraintes aux initiatives locales sont très
caractéristiques dans la CR comme la faible volonté de
coordination ou tout au moins de concertation entre les acteurs internes d'un
même village qui constitue un handicap important pour le
développement de ces localités. De même que les organismes
d'appui développent actuellement de faibles synergies entre eux ; ce qui
a des incidences négatives sur le niveau d'impact de leurs
interventions.
*
* *
La CR de Madina Ndiathbé est un champ où
s'appliquent plusieurs forces qui tentent d'assurer l'essor économique
de la localité quoique leurs interventions, objectifs et
réalisations soient différents.
La diversité des organisations dans la CR est
certainement une manifestation des stratégies des différents
acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se
positionner sur le champ de la gestion. Certains organismes (ISRA, SAED et
ANCAR) prônent une nouvelle approche qui repose sur la connaissance des
producteurs autrement dit la reconnaissance des savoirs et savoir-faire des
producteurs indispensable au processus de développement agricole et
rural. Les savoirs dans la gestion des ressources naturelles méritent
d'être recouper sous forme d'interface.
69
CHAPITRE II : L'INTERFERENCE DES SAVOIRS MIS EN VALEUR
DANS LA CR
DE MADINA NDIATHBE
La dimension institutionnelle et politique des ressources
naturelles soulève des questions d'interactions et de confrontations
entre différents acteurs, entre les savoirs (technico-scientifique et
traditionnels) et entre des méthodes. La reconnaissance des savoirs
paysans est aujourd'hui un fait partagé, mais leur nature et leur
utilité sont des questions qui semblent bousculer bien des normes et
montrer leur insuffisance. De même, les savoirs techniques
développés par les institutions engendrent parfois des
désarticulations ou un refus de la part des populations qui n'acceptent
jamais d'être un moyen au service des institutions pour appliquer
mécaniquement leur système de gestion des ressources
naturelles.
La révision des méthodes et du rôle des
acteurs implique ainsi une complémentarité entre le savoir
scientifique et le savoir moderne.
I. LA LIMITE DES SAVOIRS MIS EN SYNERGIE DANS LA
GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES
Si les savoirs locaux ne conviennent pas à toutes les
situations et ont montré leur limites, les connaissances modernes ont
par de là modifié profondément les relations entre l'homme
et la nature.
1.1 Les limites du savoir local
Les savoirs locaux ont permis aux populations de la CR de
vivre en harmonie avec la nature pendant longtemps et de subvenir à
leurs besoins vitaux. Seulement, la crise écologique des années
1970 à montrer que les savoirs locaux sont loin d'être une
solution miracle à tous les problèmes de gestion de la
biodiversité.
1.1.1 Le recul des systèmes de gestions
traditionnelles
L'insuffisance des pluies, la diminution des rendements des
cultures de décrue et pluviales ont entrainé une baisse des
activités agricoles. Le facteur de production limitant fut l'eau dont
dépend considérablement la culture du Walo et des Pallé.
Alors que, l'agriculture pluviale est enrayée du système de
production.
Les formes traditionnelles de lutte contre l'appauvrissement
des sols connaissent également des limites. (Encadré 4)
Encadré 4
Mon père pratiquait la jachère dans nos champs
de Diéri. Il cultivait dans le premier champ du mil, dans le second de
l'arachide. L'année suivante il faisait l'inverse. D'autre cas, il
exploitait un champ durant deux à quatre ans puis le laissait en
jachère pour mettre en valeur le second. Dans le Walo on laissait
pâturer le bétail après la récolte et le sol
revivait. Depuis la mort de mon père, on a morcelé ces
différents champs et beaucoup de pratiques ne sont plus en vigueur.
Extrait de l'entretien avec un agriculteur (Mamadou Gayel
Ndiath) à Madina Ndiathbé
70
Ces pratiques diminuent de plus en plus à cause, d'une
part de la croissance démographique qui engendre le morcellement des
champs entre plusieurs membres de la famille ou l'accaparement des terres
fertiles par les familles les plus puissantes. D'autre part, l'irrigation offre
une alternative à tous les chefs de ménages.
1.1.2 La réduction des autres pratiques
traditionnelles de gestion Beaucoup d'actions de gestion
traditionnelle n'ont pu s'insérer de manière durable au contexte
de changement global.
- L'incohérence de la médecine traditionnelle
Les savoirs locaux souffrent d'un manque de précision
quand un dosage ou une mesure est nécessaire. Les paysans ou les
éleveurs ne peuvent pas quantifier exactement les dosages des plantes
utilisées en médecine traditionnelle. De plus, les savoirs locaux
peuvent s'effondrer suite à une crise environnementale ou à une
intervention extérieure.
- La limite dans le système de gestion de la
pêche
Malgré la diversité des systèmes de
pêche sur les différents cours d'eau, la raréfaction des
ressources halieutiques constituent un facteur bloquant des savoirs locaux qui
n'ont pas prévu certaines situations extrêmes (la
raréfaction des poissons ou la sécheresse des cours d'eau)
En gros, les savoirs locaux ne peuvent jouer aujourd'hui le
même rôle, ni avoir la même portée qu'autrefois. Entre
temps le contexte a beaucoup évolué.
1.2 Les limites des connaissances scientifiques
Les connaissances modernes sont gérées par les
institutions qui n'intègrent que peu ou pas les fondements culturels sur
lesquels reposent les systèmes de gestion jadis détenus par ces
populations. C'est ce qui est à l'origine de la plupart des faiblesses
de ces formes de gestion.
71
1.2.1 Le manque de suivi des pare-feux de protection
L'Etat, sous le contrôle du service des Eaux et
Forêts avait instauré la réalisation de pare-feux de
protection en vue de prévenir les feux de brousse dans la zone
Diéri (pare-feux à Bano et à Aéré Gawdi).
Ainsi, la direction régionale des Eaux et Forêts assuraient
l'entretien annuel des infrastructures au bénéfice des
populations sans leur participation.
Et depuis que ce service étatique n'arrive plus
à faire l'entretien d'autant plus qu'il n'avait pas initié les
populations à la pratique, la zone Bano est de plus en plus
exposée aux feux de brousse. Ce déficit de partenariat fait
aujourd'hui que les populations locales préfèrent lutter contre
ce fléau que d'essayer d'entretenir ces pare-feux dont elles ne
maitrisent pas.
1.2.2 Le POAS non respecté
La réalisation depuis 2007 du plan d'occupation et
d'affectation des sols sous l'égide de la SAED en vue de la
sécurisation foncière n'est pas toujours appliquée. En
effet, tous les représentants de producteurs (agriculteurs,
éleveurs et pécheurs) étaient associés à
l'élaboration de ce recueil mais qui s'est heurté au manque
d'intérêt des populations ayant déjà des formes de
législation (fourrière des animaux, concession ou
coopération) plus conformes au contexte du milieu.
On peut y ajouter dans les PIV l'utilisation des engins lourds
(tracteurs) conçus pour les sols de l'Europe qui tassent le sol et le
rendent compact. Ce phénomène a deux conséquences graves :
d'une part, les engrais ne peuvent plus être assimilés
correctement, d'autre part l'eau reste en surface et il en découle un
engorgement des sols.
Comme les savoirs locaux n'ont pas pu s'adapter au
bouleversement du milieu et à la modernité. Les savoirs
scientifiques environnementaux n'ont pas entièrement transformé
les pratiques et les discours de la population locale par rapport à
l'environnement. Il convient dés lors de mêler traditions et
modernités dans la gestion des ressources naturelles pour
défendre le mode de vie, l'identité, les valeurs et les visions
du monde de cette communauté autochtone.
II. LA COMPLEMENTARITE DES
SAVOIRS DANS LA GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES
La révision des méthodes et du rôle des
acteurs impliquent l'analyse de la manière dont les savoirs
scientifiques sont plutôt réinterprétés et
appropriés localement par les habitants. Ce qui favorise la
complémentarité entre le savoir scientifique et le savoir
moderne.
72
2.1 De la logique traditionnelle à la logique
moderne de l'agriculture
Dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé,
les systèmes de cultures traditionnelles (agriculture pluviale,
agriculture de décrue) se sont parfaitement insérés dans
l'irrigation sans apporter un profond bouleversement dans la pratique des
paysans.
L'agriculture irriguée encadrée a
constitué une phase de transition pédagogique en ayant le
mérite d'initier les populations aux techniques de l'irrigation qui
différent radicalement des systèmes de production traditionnelle.
Les grands aménagements ont octroyé des PIV aux populations avec
de faible taux d'échecs et une intensité culturale de 1.6 selon
la SAED. Contrairement aux formes de culture traditionnelle, les performances
sont plus importantes sur les PIV en raison de la plus grande
responsabilisation des populations concernées.
Elles font l'irrigation pour une sécurisation
alimentaire. Une à deux campagnes est fréquemment
réalisée pour s'assurer d'une autonomie en riz. Le reste de son
temps le paysan s'adonne à d'autres activités telles que la
culture du petit mil (le sounna) et la culture du sorgho dans le Walo ainsi que
des patates douces dans les Pallé (cultures de berge).
Les populations allient ainsi deux logiques : une logique de
production axée sur l'irrigation et une logique de subsistance
basée sur l'incertitude de la première. De ce fait, une
complémentarité entre savoir traditionnel et moderne a permis
à la population de survivre en équilibre avec la nature.
2.2 La modernité de l'agriculture de décrue
Autrefois, la culture de décrue du sorgho était
effectuée selon une technicité populaire aiguée des
paysans qui maitrisaient parfaitement les conditions du milieu. Mais, dans le
souci de parfaire cette ancienne forme de culture, les agriculteurs ont
intégré des outils modernes dans la pratique agricole, tel que le
fer à charrue (photo 12) qui remplace de plus en plus le Njidangu.
Cet outil est plus souple à manier et peut même
faire l'objet d'une traction animale. Dans le Walo, il permet d'augmenter la
vitesse de travail et de rendement des cultures de décrue.
73
Photo 12 : intégration du fer à
charrue aux outils traditionnels de culture
2.3 L'intégration des savoirs modernes aux
connaissances traditionnelles
Les paysans travaillent en étroite collaboration avec
les institutions de recherche (SAED, ISRA et ANCAR), ce qui a favorisé
l'alliance de deux logiques différentes.
- L'intervention de la SAED dans la culture de
décrue
Pour l'amélioration de la productivité, la SAED
conseille et appuie les populations dans la culture du sorgho de décrue,
de même que la nécessité de faire des façons
culturales. Elle initie les populations à l'utilisation de l'engrais sur
le Walo qui subissait le poids de la tradition. Cela permet d'augmenter le
rendement et de dépasser 800 kg / ha dans certaines zones.
- L'ANCAR appui les populations pour des semences
certifiées
L'ANCAR développe de nouvelles approches reposant sur
la reconnaissance des producteurs comme les principaux acteurs de leurs
systèmes de production, de l'aménagement de leurs terroirs et de
la gestion de leurs ressources naturelles. Cette approche est bâtie sur
la légitimation des savoirs et savoir-faire des productions
indispensable au processus de développement agricole et rural.
Les partenaires extérieurs prennent en compte ces
pratiques et aident les producteurs à les améliorer, plutôt
que de leur dicter des comportements techniques et socio-économiques.
74
Dans ce conteste, le GIE Thierno Amadou Samba Baal de Cas-Cas
travaille en partenariat avec l'ANCAR et produit des semences certifiées
sur la base des variétés locales (photo 13).
Photo 13 : Semences de maïs certifiées
: variété locale produite par le GIE Thierno Samba Amadou Baal
(Cas-Cas)
En effet, le CLCOP est l'acteur principal de cette synergie entre
structures étatiques et organisations paysannes par la formation des
membres de GIE ou de GPF.
- Les autres formes de complémentarité
D'une part, on peut noter l'action du chef de poste des
services eaux et forêts qui a enclin les populations à la
préservation des ressources végétales grâce à
leur responsabilisation. Les comités de gestion villageois s'appuient
sur les liens sociaux pour assurer la sauvegarde pérenne. A ce titre,
à Dounguel Dadé on défend ardument d'abattre les arbres
sur un rayon de 3 km aux alentours du village. Mieux, on a deux réserves
individuelles (Seydou Yobou ba à Barangol et celui de Seydou Sy à
Saré-Souki) qui sont des initiatives privées que les agents des
Eaux et Forêts ont encouragées. Il s'agit de « Falo »
présentant une végétation un peu dense que les
propriétaires ont défendu de la coupe.
D'autre part, les éleveurs se modernisent de plus en
plus en intégrant des données scientifiques qu'elles soient la
médecine moderne présentant plus d'efficacité que
certaines pratiques locales (la vaccination) ou le téléphone
portable lors de la transhumance pour éviter de longue distance dans la
recherche de pâturage.
75
Enfin, les Organisations Paysannes modernes et les
organisations traditionnelles sont parfaitement intégrer dans le conseil
rural de sorte qu'elles constituent les relais de la CR dans les villages.
*
* *
Une indication du dynamisme inhérent aux savoirs locaux
est la facilité avec laquelle les populations autochtones adaptent
astucieusement à leur besoin les différentes formes de savoirs.
En mêlant modernité et tradition, les communautés
autochtones défendent leurs modes de vie, leurs identités, leurs
valeurs et leurs visions du monde.
Ainsi, un des défis majeurs pour la communauté
rurale est de permettre aux communautés locales de créer une
synergie entre savoirs endogènes et exogènes pour choisir leurs
propres voies vers un développement durable.
76
Conclusion partielle
La CR de Madina est un pôle de développement
où s'imbriquent plusieurs échelons (du local au global). Par
conséquent, dans le cadre de la pérennité du
développement local, une solide interrelation entre les
différents acteurs, à la faveur d'une concertation et d'un
échange d'expériences, se crée pour favoriser une gestion
des ressources naturelles.
La diversité des organisations dans la CR est
certainement une manifestation des stratégies des différents
acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se
positionner sur le champ de la gestion soit en usant des connaissances
traditionnelles, soit des nouvelles initiatives.
Néanmoins, les savoirs locaux ne peuvent jouer
présentement la même fonction, ni avoir la même porté
qu'autrefois, entre temps le contexte a beaucoup changé.
Sur le plan politique, c'est l'émergence et la
prépondérance de l'Etat et de ses services
déconcentrés qui assurent le pouvoir et l'autorité au
niveau local. La gestion des ressources naturelles n'est plus à la
charge des chefs coutumiers mais à l'autorité publique.
Sur le plan économique, c'est la domination de
l'économie de marché qui instaure une libéralisation dans
tous les secteurs et une compétition dans tous les domaines. Ceci a eu
pour conséquence une accentuation de la pression sur les ressources
naturelles et une menace sur la biodiversité.
Sur le plan social, une forte pression démographique
sur les ressources a caractérisé cette situation avec une
pauvreté de plus en plus croissante des masses paysannes et des
restrictions mieux importantes pour l'accès aux ressources.
Les savoirs modernes ne peuvent pas non plus résoudre
tous les problèmes de gestion encore moins favoriser une bonne
assimilation de la part des autochtones.
L'intégration des ces deux formes de gestion est la
meilleur des voies possible pour réduire les risques
d'inefficacité de tout projet de développement.
Actuellement, les savoirs locaux ne peuvent constituer que des
instruments d'innovation sociale. Autrement dit, ils doivent être des
techniques, des pratiques et des comportements auxquels il faut s'inspirer pour
bâtir des modèles de cogestion de la biodiversité propice
à chaque contexte et à chaque ressource.
77
CONCLUSION GENERALE
L'eau et la terre sont les deux ressources et facteurs de
production capital pour le développement de la CR de Madina. Toutes les
activités du terroir dépendent de ces éléments qui
assurent la survie des paysans.
Dans ce cas, la proximité de l'eau et les
différentes ressources du milieu ont conditionné l'implantation
humaine très dense dans la zone Djéjégol et île
à Morphil puis éparse et clairsemé dans la zone
Diéri.
Les systèmes de production suivent cette même
logique : irrigation, agriculture de décrue et pêche dans les deux
premiers espaces, agriculture pluviale et élevage extensif dans le
dernier. En outre, ces milieux ne sont pas cloisonnées, les populations
sont interdépendantes et vivent en étroite collaboration.
L'exploitation des ressources naturelles s'est
effectuée sur la base des connaissances locales mais également
modernes.
Différentes techniques traditionnelles ont
été mises en oeuvre dans la CR par les exploitants. Et ces
pratiques ont permis à la population de survivre dans des situations un
peu particulières (technologies populaires de l'agriculture de
décrue, actions traditionnelles d'économie de l'eau, techniques
traditionnelles d'amélioration génétique en élevage
ou formes de pêche coutumières) et de confirmer la pertinence de
leurs savoirs. Ces procédés ont un impact positif sur
l'évolution des terres de culture, sur la pêche et sur la
végétation.
Toutefois, elles ont montré un certains nombre de
contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il
s'agit de la lourdeur du travail au regard des outils utilisés.
C'est ainsi que des savoirs modernes peuvent alléger
cette force du travail comme les aménagements hydroagricoles dans
l'agriculture, dans le secteur de l'élevage l'action des services
vétérinaires (vaccination et insémination artificielle)
pour stabiliser la filière, la pisciculture pour apporter une
alternative aux pécheurs et les activités de reboisement pour
reverdir le milieu.
Cette réorientation des activités modernes
fondée sur de nouvelles opportunités n'a pas pour autant voiler
la technologie populaire des agro-pasteurs du terroir, aspect important de leur
identité culturelle, ce qui a nécessité d'étudier
le rapport d'interface de ces deux formes de connaissances.
78
Les différents acteurs de la CR interviennent
diversement. Au début, l'accent mis par le Sénégal sur la
biodiversité en procédant à la mise sur pied d'aires
protégées résulte d'une politique qui privilégie la
conservation des espèces et des écosystèmes et tend
à écarter les populations autochtones à la gestion de la
biodiversité. Cette option non seulement n'a pas empêché la
progression de la diminution de la biodiversité mais elle est à
l'origine de multiples tensions entre populations locales et agents de
l'administration chargés de la gestion de ces sites.
L'implication des populations locales et le principe de la
cogestion de la biodiversité apparaissent donc comme les nouveaux
paradigmes dans le champ de la conservation.
Pour favoriser la prise en compte des savoirs locaux à
travers les systèmes actuels de gestion, l'Etat doit prendre des mesures
allant dans le sens de définir une politique qui vise la reconnaissance
et recommande l'intégration de ces savoirs aux données modernes.
L'Etat doit encourager et soutenir des programmes de recherches à
travers les Universités et Instituts de recherche en vue d'identifier et
de codifier les savoirs locaux pour éviter leur disparition
définitive.
Ainsi, dans les domaines aussi variés que
l'agriculture, la pêche, l'élevage, la gestion de l'environnement,
la santé ... des recherches pointues sur les savoirs locaux doivent
être menées afin de préserver notre patrimoine cognitif et
impulser de nouvelles technologies afin d'assurer un développement
économique et social durable.
Des mécanismes de partage des avantages liés
à l'utilisation de ces savoirs doivent être également
définis et discutés avec les populations locales.
Pour que les communautés locales participent à
la production du savoir dans la conservation de la biodiversité. Les
opérateurs sur le terrain travaillant pour le compte des institutions
doivent faire preuve de beaucoup d'humilité et rester ouvert dans la
conception et la mise en oeuvre des politiques de conservation de la
biodiversité. Ils doivent se comporter à l'égard des
communautés locales comme des acteurs en quête de savoir et pas
comme des acteurs qui le détiennent déjà. La posture de la
quête est uniquement celle qui peut favoriser l'échange et le
partage entre savoirs locaux et savoirs technico-administratifs.
Au demeurant, il est donc important de comprendre que les
savoirs locaux ne sont qu'un outil parmi tant d'autres pour réussir
l'entreprise de cogestion de la biodiversité.
79
BIBLIOGRAPHIE
Adams Adrian, 2000 « Quel avenir pour la
vallée » IIED 108 pages.
Amadou Diagana, 1994 « Etudes
hydrogéologiques dans la vallée du fleuve Sénégal
de Bakel à Podor : relation eaux de surface et eaux souterraines »,
Thèse 3éme IST, 181 pages.
ANSD, 2008 « Situation économique et
sociale de la région de Saint Louis année 2007» 120p
Baal Adama, 2006 « Décentralisation et gouvernance
local : quelle pertinence pour le développement local ? Le lao : un
terroir de développement » Mémoire de DEA, UCAD, 72 p
Banque Mondiale, 1998 « Les savoirs
locaux au service du développement : un cadre d'action », rapport,
région Afrique.
Berhaut Jean, 1979 « Flore
illustrée du Sénégal », Ministère de
développement rural, Direction des Eaux et Forêts, Tome I à
V.
Bocoum Hamady, 2000, « L'Age du fer au
Sénégal », coopération française IFAN 150
pages.
Borreima, 1994 « Contribution à
l'atelier et sur l'impact des savoirs locaux et des stratégies
traditionnelles de gestion des ressources sur la prévention ou la
réduction du processus de dégradation des terres et de
désertification en Afrique », Burkina Faso, CILSS article de 16
pages.
Bovin ( P ), Dia ( I ), Léricollais ( A ) ,
Toussaint ( J.C ), Santoir ( Ch. ) , Seck ( S.M ), 1995 « Nianga
: laboratoire de l'agriculture irriguée dans la moyenne vallée du
fleuve Sénégal » Edition ORSTOM, Paris.
Centre d'Analyse des politiques Economiques et
Sociales (C.A.P.E.S), 2004 « Etat des lieux des savoirs locaux au
Burkina Faso », 112 pages.
Chuzel, 2001 « Mobiliser les savoirs
locaux dans une démarche de technologie expérimentale : l'amidon
aigre de manioc en Colombie » CIRAD, article.
CIP - UPWARD, 2005 « Conservation et
utilisation durable de la biodiversité agricole », Guide de
Référence CRDI, Philippines, Volume I, II et III 672 pages.
Claval Paul, 2007 « Eau terre et Vie :
communication participative pour le développement et gestion des
ressources naturelles » PUL Harmattan IORC-CROI 384 pages
Code de l'environnement, 2001 «
Ministère de la Jeunesse de l'environnement et de l'hygiène
publique » 70 pages.
80
CSE, 2005 « Rapport sur l'état de
l'environnement au Sénégal » 231 pages
Dème Alioune, 1991 « Evolution
climatique et processus de mise en place du peuplement dans l'île
à Morphil », Mémoire de maîtrise Histoire, 86
pages.
Dia Ibrahima, 1988 « Socio-logiques et
écologie dans la problématique des aménagements
hydro-agricoles dans la moyenne vallée du fleuve Sénégal
», ISE, thèse doctorat 3éme cycle, ISE, 281 pages.
Diagana Amadou, 1994 « Etudes
hydrogéologiques dans la vallée du fleuve Sénégal
de Bakel à Podor : relation eaux de surface et eaux souterraines »,
Thèse 3éme cycle IST, 181 pages.
Diagne Albert, 1995 « Les changements
d'état d'un paysage de la Moyenne Vallée du fleuve
Sénégal (Podor) 1989 - 1990 », Thèse de doctorat
3éme cycle, Géographie 298 pages. Diédhiou
Mamadou, 2006 « Savoirs locaux, conservation de la
biodiversité et gestion durable des aires protégées :
l'exemple de la réserve de biosphère du delta du Saloum »,
Mémoire de DEA, ISE 97 pages.
Dione Mamadou et Jacques Vassal, 1998 «
Gommose et rythme de production gommiére chez Acacia seyal
», Article 12 pages.
Drissa Diallo, 1998 « Savoirs locaux et
bases de données pour la gestion des écosystèmes et le
développement durable en zone Soudano-Sahélienne », article,
Mali
Dumoulin, 1999 « Les savoirs locaux dans le
filet des ONGE transnationale : leur rôle au Mexique »,
Université Paris 3, rapport 19 pages
ENEA, 2006 « Guide Méthodologie pour
l'élaboration d'un mémoire de fin d'études » 38 p.
Engelhard Philipe et Taoufik ben Abdallah, 1986 « Les
enjeux de l'Après barrage : vallée du Sénégal
» Enda, 636p, Paris
Gorjestani Nicolas, 2000 « Les savoirs
locaux au service du développement : promesses et défis »,
article Banque Mondiale,
Hugues Dupriez, 1985 « Paysans d'Afrique
noire » édition Harmattan, Paris, 256 pages.
Ilboudou Dominique, 2003 « Contribution
à l'étude des pratiques traditionnelles et des savoirs locaux :
des éleveurs transhumants dans la gestion des ressources pastorales au
Sahel. Cas du Burkina Faso, du Mali et du Sénégal »,
Thèse EISMV, 112 pages.
81
Institut du Développement Durable et des
Relations Internationales (IDDRI), 2002 « Naissance et dynamique
de la question de la conservation des savoirs et savoir-faire des
communautés autochtones et locales », article 13 pages.
IUCN, 1998 « Forum mondial sur la
diversité biologique » douzième rapport,
Dakar-Sénégal.
Koné Mamadou, 2006 «
Connaissances locales sur la flore et savoirs locaux techniques de
transformation des produits de cueillette issue de la réserve du parc W
» Mémoire de DEA , Université Abdou Moumouni de Niamey, 120
pages
Ministère de l'environnement, 1995
« Monographie nationale sur la diversité biologique
», 94 pages.
Ndiaye (D) et al, 2005 « Gouvernance
locale et gestion décentralisée des ressources naturelles »,
rapport, 8 pages
OMVS, juin 2005 « Nouvelles du Bassin
», Bulletin d'information du projet de gestion des ressources en eau et de
l'environnement. Numéro 1, 28 pages.
Pélissier Paul, 1966 « Les
paysans du Sénégal », Thèse de Doctorat d'Etat es
Lettres 939 p
Pintou (F), 2003 « Savoirs traditionnels
et territoires de la biodiversité en Amazonie Brésilienne »,
RISS n° 178.
Programme National de Développement Local
(PNDL), 2009 « Plan de développement local de la
communauté rurale de Madina Ndiathbé », rapport provisoire,
IDA Etat du Sénégal, 109 pages.
Sarr André, 2008 « Pratiques
traditionnelles, exploitation et préservation des ressources naturelles
dans les sites insulaires de la petite côte (de Jaol-Fadiouth à
Sangomar) » Mémoire de DEA, UCAD, 80 pages.
Senagrosol-consult, 1998 « Etudes des
connaissances, attitudes et pratiques agricoles et gestion ressources
naturelles : enquête 1998 », rapport 77 pages, rapport final avril
1998.
Sow Amadou Abdoul, 1984 « Pluie et
écoulement fluvial dans le bassin du fleuve Sénégal
», Thèse Doctorat de 3éme cycle en Géographie, 442
pages.
Tyler Stephen (R), 2006 « La cogestion
des ressources naturelles : réduire la pauvreté par
l'apprentissage local », CRDI 104 pages
82
UNESCO, 2006 « Peuple San : le
développement durable avant la lettre » 3 pages, article
Vidal de la Blache (P), 1922 « Principes de
géographie humaine », Paris, colin.
Wane Aliou, 2009 « Exploitation et gestion
des ressources naturelles dans l'ile à Morphil : étude de cas
l'arrondissement de Cas-Cas » Mémoire de Maitrise Géographie
UCAD, 122 pages
Watt Alioune, 1986 « Le semis du sorgho de
décrue » ENDA 60 pages
Yasmine Marzouk, Christian Seignobos, François
Sigaud, 2000 « Outils aratoires en Afrique : innovations normes
et traces », IRD, Edition Karthala, 397 pages.
Yasmine Marzouk, Christian Seignobos, François
Sigaud, 2000 « Outils aratoires en Afrique : innovations normes
et traces », IRD, Edition Karthala, 397 pages.
Yves Lacoste, 2003 « De la
géographie aux paysages : dictionnaire de géographie »
www.agripade.ml
www.ansd.org
www.au-senegal.com
www.conservation.org
www.crdi.org
www.gouv.sn
83
TRADUCTION DES TERMES LOCAUX
Aboji : dépression où l'eau
stagne
Békowo : personne qui remplit les trous
avec le sol sableux
Ceedu : saison sèche chaude (Mars
à Mai)
Chainon : dune de sable Ogolien
Dabundé : saison froide (novembre -
février)
Diabbowo : personne qui crée des trous
sur le sol du Walo
Diacré : dépression
inondée
Diéri : zone de la vallée jamais
inondée par la crue
Djéjégol : zone faisant transition
entre le Walo et Diéri
Dougguéré : marché
hebdomadaire
Doungou : saison des pluies, hivernage (Juillet
à Octobre)
Eno : trou en forme de cône
Falo : berge du fleuve (en pluriel
Pallé)
Faandu : trou plus ou moins large
Féccéré Fouta : division du
Fouta en province
Féddé : classe d'âge, par
extension, partisan
Féddé aynabé :
fédération des éleveurs
Fêla : sorgho blanc
Fondé : bourrelet de berge rarement
inondé (fondé balléré : sols argileux
noirâtre, fondé
ranéré : sols argileux blanchâtres)
Foulbé Diéri : peul transhumant
Foulbé Saré : peul
sédentaire
Foyré : ménage
Gallé : enclos familial, par extension
famille regroupant plusieurs foyré
Gawowo : personne qui séme les grains
Halpular : les toucouleurs de la
vallée
Hollaldé : vertisols inondé par
les crues (hollaldé ranéré : vertisols blanchâtres,
hollaldé
balléré : vertisols noirâtre)
Houddou : petit barrage pour stagner l'eau
Ilam : crue annuelle
Jaya : variété de riz
Jom foyré : chef de ménage
Jom mayo : esprit habitant au fond des eaux
84
Kawlé : période de transition
entre la saison des pluies et la saison sèche
(Octobre-Décembre)
Luhowo : réalisateur de poquets
Luwoogu : le lamantin
Mballa : dépression où l'eau
stagne
Ngabu : hippopotame
Niaygual : vaine pâture
Njidangu : grande houe à lames
tranchantes
Sammé : sorgho, gros mil
Seytané diyam : esprit
maléfique des eaux
Soubalbés : caste pécheur
Sounna : petit mil
Thiénal : sol sableux
Tiatgol : marigots de petite dimension
Toggéré : petite
élévation au niveau de la vallée
Torrodo : homme libre propriétaire
terrien
Walo : lit majeur du fleuve, terres
inondables cultivées en saison sèche
85
LISTE DES CARTES
Carte 1 : Situation géographique et zonage de la
communauté rurale de Madina Ndiathbé.....8
Carte 2 : Les types de sols de la communauté rurale de
Madina Ndiathbé .20
Carte 3 : Occupation du sol par la végétation
dans la CR de Madina Ndiathbé .....23
Carte 4 : La vocation des terres dans le CR de Madina
Ndiathbé 50
LISTE DES PHOTOS
Photo 1 : Préparation d'un « mballa » ..38
Photo 2 : « Mballa » qui se remplit d'eau
progressivement 38
Photo 3 : Intégration des arbres à la culture
dans la réserve de Seydou Yobou Ba (Barangol)
|
..40
|
Photo 4 : Forage de Bano et infrastructures annexes
|
51
|
Photo 5 : Concentration des populations autour d'un puits
à Bano
|
51
|
Photo 6 : Parc de vaccination de Bano
|
.52
|
Photo 7 : Parc de vaccination de Cas-Cas
|
52
|
Photo 8 : Pare-feu de protection non débroussaillé
à Bano
|
.54
|
Photo 9 : Projet de pisciculture à Aram
|
55
|
Photo 10 : Epandage de la farine de poisson
|
55
|
Photo 11 : La pépinière de Aéré lao
|
.67
|
Photo 12 : Intégration du fer à charrue aux outils
traditionnels de culture
|
.....73
|
Photo13 : Production de semences de maïs axés sur
la variété locale par le GIE Thierno
Samba Amadou Baal (Cas-Cas) .74
LISTE DES FIGURES
Figure : schéma de base d'un périmètre
irrigué (PIV) .47
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des villages pour
l'administration des outils MARP .13
Tableau 2 : Pluviométrie moyenne annuelle de la station
de Aéré lao de 2000 à 2009 ...16
Tableau 3 : Mares et marigots dans la communauté rurale
de Madina Ndiathbé 18
Tableau 4 : Classification traditionnelle des sols .21
Tableau 5 : Evolution de la population de la communauté
rurale de Madina Ndiathbé ..26
86
Tableau 6 : Situation démographique de la
communauté rurale en 2007 26
Tableau 7 : Les ménages engagés dans
l'activité de la pêche dans la CR de Madina .30
Tableau 8 : La division du travail dans la culture du Walo
.36
Tableau 9 : Instruments et techniques de pêche dans la
communauté rurale de Madina 44
Tableau 10 : L'évolution de la production du projet
piscicole d'Aram 56
LISTE DES ENCADRES
Encadré 1 : Extrait d'un entretien avec un transhumant
à Dounguel Dadé .41
Encadré 2 : Extrait d'un entretien avec le chef de
village de Souballo Madina ..45
Encadré 3 : Extrait d'un entretien avec le chef de
poste des services eaux et forets de Aéré lao
.54
Encadré 4 : Extrait d'un entretien avec un agriculteur
à Madina Ndiathbé .70
ANNEXES
87
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES CHEFS DE VILLAGES
Village Communauté Rurale
Arrondissement .Département Région
I / OCCUPATION DE L'ESPACE ET RESSOURCES HUMAINES
1- Profil historique
1- En quelle année est fondé le village ?
2- Quelle est l'ethnie fondatrice et ses origines ?
3- Quelle est l'origine du nom du village ?
4- Quel est le site originel ?
5- Existe -il des lieux sacrés dans ce village ? Si oui
pourquoi ?
6- Quelle activité s'est développée en
premier lieu dans ce village ?
7- Quelles étaient les ressources exploitées
à l'époque ?
8- Quels sont les événements les plus marquants en
rapport avec les ressources naturelles ? 2- Occupation de l'espace
1- Quelle est la superficie du village ?
2- Combien d'habitants compte le village ?
3- Quel est le nombre de quartiers et de ménage du
village ?
4- Quels sont les équipements du village ?
5- Quelle est la composition ethnique du village ?
6- Quels sont les types de groupements dans le village ?
II / LES RESSOURCES NATURELLES
1- Les ressources hydriques
1- Quelles sont les ressources en eau de la zone ?
2- Quelle est l'importance de ces points d'eau ?
3- Quelle est la durée et la période de
rétention de l'eau ?
4- Quel est l'état de la nappe ?
5- Est-ce que l'eau est disponible en quantité et en
qualité dans le village ?
6- Quels sont les différentes formes d'usages de l'eau
?
7- Quelles sont les contraintes liées à l'eau ?
2- Les ressources pédologiques
1- Quels sont les types de sols (noms locaux) ?
2- Quelle est la qualité des sols ? Répond- elle
à l'attente des agriculteurs ?
3-
88
Y' a t-il une dégradation des sols ? Causes ?
4- Quelles sont les solutions aux problèmes de la
dégradation ? 3- Les ressources végétales
1- Y 'a-t' il des forêts classées ou autres ?
2- Quels sont les principaux peuplements forestiers ?
3- Avez-vous constaté une diminution du couvert
végétal ? Si oui quels sont les espèces qui ont disparu
?
4- Quels sont les causes de ces disparitions ?
5- Y' a t-il de nouvelles espèces ou des espèces
protégées ?
IV / GESTION DES RESSOURCES NATURELLES 1-
Les systèmes de production
1-1 Agriculture
1- Quel type d'agriculture pratiquez - vous (sous-pluie /
irrigation / maraichage) ? Pourquoi ?
2- Quels sont les types de cultures pratiquées (cultures
vivrières / commerciales) ?
3- Quels sont les matériels utilisés dans les
champs ? Quels sont les raisons ?
4- Combien de fois cultivez - vous par an ? (calendrier)
5- La terre est - elle productive ? Quels sont les rendements
?
6- Comment jugez-vous cette production au cours de ces
dernières décennies ?
7- Utilisez- vous des intrants ? Si oui, c'est lié
à quel type de savoir ?
1-2 Elevage
1- Quel type d'élevage pratique t- on dans la zone ?
2- Quels sont les types d'animaux élevés ? Leurs
races ?
3- Quel type de fourrages apprécie le bétail ?
4- Y' a t-il des zones de parcours pour le bétail ?
5- Existe - t'il encore des mouvements du cheptel ?
6- Quels sont les problèmes ou les maladies qui menacent
le bétail ? 7-Quels types de savoirs sont utilisés pour lutter
contre ces maladies ?
8- Y' a t-il des problèmes entre agriculteurs et
éleveurs ?
9- Est-ce que l'élevage bénéficie d'un
encadrement ?
10- Quel est l'avenir de l'élevage dans la zone ?
1-3 La pêche
1- Comment est la pêche dans la zone ?
2- Quels sont les outils et les méthodes utilisés
pour la pratiquer ?
3- Quels sont les espèces capturées ?
89
4-Quels sont les problèmes de la pêche ?
1-4 Exploitation forestière et commerce
1-Quels sont les usages traditionnels et modernes de la
végétation ? 2-Quels sont les circuits de commercialisation des
ressources naturelles ? 3-Quels sont les relations commerciales
inter-villageoises ?
2- Les activités de gestion des ressources
naturelles
1- Quels sont les types de ressources naturelles en gestion dans
le village ?
2- Quelles sont les structures qui gèrent les ressources
naturelles ?
3- Comment sont- elles gérées ? Y a t-il une
coordination dans la gestion ?
4- Tout le village est-il concerné ?
5-Quels sont les types de savoirs et les formes de gestion mis en
valeur ?
6- Quelles sont les structures ou personnes les plus dynamiques
dans la gestion des ressources naturelles ?
7- Quels sont vos partenaires dans la GRN ? Dans quels domaines
interviennent - ils ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES INSTITUTIONS
1- Depuis combien de temps vous intervenez dans la
communauté rurale ?
2- Quels sont vos axes d'intervention ?
3- Travaillez- vous avec les populations ? Si oui, de quelle
façon ?
4- Avez- vous identifié chez les populations un savoir
spécifique différent de celui que vous utiliser ?
5- Comment il se présente ? A quelle occasion les
populations l'utilisent ?
6- Quelles sont les principales difficultés que vous
rencontrer avec les populations ?
7- Votre institution a-t-elle contribué à la
promotion des savoirs locaux ? Si oui comment ? Si non pourquoi ?
8- Quels sont vos méthodes de pratiques ou de gestion
?
9- Comment les savoirs locaux sont mobilisés dans ce
domaine pour gérer l'agro-biodiversité ?
10- Quels sont les techniques de conservation
proposées par vous ou par les populations locales ?
11- Qu'est - ce que l'approche participative a apporté de
nouveau dans la gestion des ressources naturelles ?
90
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES AGRICULTEURS
1- Quelles sont les ressources pédologiques dont vous
disposez ?
2- Comment est la tenure foncière ?
3- Quel type d'agriculture pratiquez-vous ?
4- Quelles sont les formes de connaissances mises en valeur dans
l'exploitation?
5- Quelles sont les spéculations dans le Walo? Y'a-t-il
de nouvelles variétés introduites ?
6- Comment s'organise le travail dans le Walo ? Quelles sont les
exigences en eau ?
7- Pratiquez-vous toujours la culture du Diéri ? Si oui
quelles sont les spéculations ?
8- Quels sont les outils, méthodes et techniques
culturales ? Ont-ils subi des évolutions ?
9- Y'a-t-il des déficits de production ? Si oui quelles
sont les stratégies de gestion ?
10- Comment fonctionne l'irrigation dans le village ?
11- Quels sont les moyens et les techniques d'exploitation ?
12- La production permet - elle de couvrir l'ensemble des
besoins alimentaires ?
13- Existe- il des structures d'encadrement qui interviennent
dans l'agriculture ? Si oui,
quels sont leurs moyens et méthodes d'interventions ?
14- Quelle est la pertinence des savoirs locaux et/ou modernes
dans l'agriculture ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES ÉLEVEURS
1- Quelles sont les types d'animaux élevés dans la
zone ?
2- Quelles sont les races et comment vous parvenez à les
distinguées ?
3- Quels sont les moyens d'alimentation du bétail, les
espèces les plus appétées ?
4- Quels sont les espèces les plus adaptées
à la raréfaction des ressources en eau ou des conditions du
milieu ?
5- Quel est le rôle du bétail dans la culture Peulh
?
6- Comment se valorise les produits issus de l'élevage ?
Quelles sont leurs utilisations dans les cérémonies religieuses
ou culturelles ?
7- Quelles sont les techniques de lutte contre certaines
maladies du bétail ?
8- Quelles sont les stratégies d'amélioration
génétique appliquée par les éleveurs ?
9-
91
Ces méthodes traditionnelles de gestion ont- elles subi
une évolution ? Si oui de quelle manière ?
10- Existe -il des structures d'encadrements ?
11- Y'a t-il une sédentarisation des éleveurs ?
12- Que représentent les parcs de vaccination pour les
éleveurs ?
13- Quels sont vos rapports avec les agents
vétérinaires ?
14- Y'a-t-il des conflits entre agriculteurs et éleveurs
dans la zone ? Si oui quelles sont les
méthodes de règlements des conflits ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PÉCHEURS
1- Comment se pratique la pêche dans le village ?
2- Quelles sont les méthodes de pratiques (outils,
méthodes de travail) ? Leur utilité ?
3- Quelles sont les espèces capturées ?
4- Existe - il des pratiques de sauvegarde des espèces
pour une régénération ? Si oui
comment elle se présente ?
5- Quels sont les relations qui existent entre agricultures et
pécheurs ?
6- Les aménagements hydroagricoles ont- elles eu un
impact sur cette activité ?
7- Quelle est l'évolution de cette activité ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES ASSOCIATIONS
1- Comment se nomme l'association ? En quelle année elle
a été créée ? Par qui ?
2- Dans quel domaine elle intervient ? Quels sont ses objectifs
?
3- Quels types de savoirs sont mis en valeur dans l'association
?
4- Y'a-t-il des pratiques de gestion des ressources naturelles
mises en valeur ?
5- Quelles sont les réalisations ? Les contraintes et les
perspectives ?
6- Quels sont vos partenaires, dans quels domaines
interviennent-ils ?
TABLE DES MATIERES
92
SOMMAIRE 1
ACRONYMES 3
Avant propos 5
INTRODUCTION GENERALE 7
I.PROBLEMATIQUE 9
1.1 Analyse conceptuelle 10
1.2 Objectifs 11
1.2.1 Objectif général 12
1.2.2 Objectifs spécifiques 12
1.3 Hypothèses 12
II. METHODOLOGIE 12
2.1Etat de la question 12
2.2Les enquêtes sur le terrain 13
2.3Le traitement des données 13
Première partie : LE CADRE GEOGRAPHIQUE 14
CHAPITRE I : ETAT DES RESSOURCES NATURELLES 15
I. LES RESSOURCES EN EAU 15
1.1 Les eaux pluviales 15
1.2 Les eaux de surface 17
1.3 Les eaux souterraines 18
II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 19
III. LES RESSOURCES VEGETALES 22
93
CHAPITRE II : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE 25
I. LE MILIEU HUMAIN 25
1.1 Le profil historique 25
1.2 La situation démographique 26
1.3 La répartition de la population 27
II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES 27
2.1 L'agriculture 27
2.2 L'élevage 29
2.3 La pêche 30
2.4 Exploitation forestière 31
2.5 Le commerce 31
Conclusion partielle 33
Deuxième partie : DIAGNOSTIC DES DIFFERENTS TYPES DE
SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS LA COMMUNAUTE
RURALE DE MADINA NDIATHBE 34
CHAPITRE I : LES SAVOIRS LOCAUX : INVENTAIRE ET CARACTERISATION .
35
I. LES PRATIQUES AGRICOLES TRADITIONNELLES 35
1.1 La technologie populaire de l'agriculture de décrue
35
1.1.1 Préparation des semences et rituel 35
1.1.2 L'organisation du travail 36
1.2 Les actions traditionnelles d'économie de l'eau 38
1.2.1 Les « mballa » dans le Diéri 38
1.2.2 Les autres pratiques 38
1.3 Les actions de fertilisation des terres 39
II.
94
LES PRATIQUES PASTORALES ET LES CONNAISSANCES LIEES A
L'EXPLOITATION FORESTIERE 40
2.1 Les pratiques pastorales 40
2.1.1 Les techniques locales d'amélioration
génétiques et santé animal 40
2.1.2 Les systèmes d'élevage 41
2.2 Connaissances liées à l'exploitation
forestière 42
2.2.1 Utilisation domestique 42
2.2.2 La médecine par les plantes 43
III. LES TECHNIQUES DE PECHE TRADITIONNELLE 43
3.1 Les anciennes techniques de pêche 43
3.2 Les pratiques de gestion 45
CHAPITRE II : LES NOUVELLES INITIATIVES D'EXPLOITATION DES
RESSOURCES NATURELLES 46
I. LES PRATIQUES AGRICOLES MODERNES ET LES ACTIONS DE GESTION
DES
TERRES 46
1.1 Les pratiques agricoles modernes 46
1. 2 Action de gestion des terres 48
1.2.1 Action pour augmenter le rendement des récoltes
48
1.2.2 La gestion dans l'occupation des sols 49
II. LES PRATIQUES MODERNES LIEES A L'ELEVAGE ET A LA
RESTAURATION
DU MILIEU NATUREL 51
2.1 L'utilisation des connaissances modernes pour la gestion
de l'élevage 51
2.3 Les actions de restauration du milieu 53
2.3.1 Le reboisement 53
2.3.2 Action de préservations des forêts 53
III. LE DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE 55
3.1 Contexte de la réalisation du projet Aram 55
3.2 L'impact dans la CR 56
95
96
Conclusion partielle 58
Troisième partie : ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE
SAVOIRS
LOCAUX ET NOUVELLES INITIATIVES DANS LA GESTION
DES RESSOURCES NATURELLES 59
CHAPITRE I : LES ACTEURS DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES
60
I. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES 60
1.1 L'arrondissement de Cas-Cas 60
1.1.1 Le CADL 60
1.1.2 La Communauté rurale 61
II. LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE 62
2.1 La Promotion féminine 62
2.2 Les groupements d'intérêts
économiques (GIE) 63
2.3 Les organismes fédératifs inter villageois
63
2.4 Les associations villageoises de développement
(AVD) 64
2.5 Les associations traditionnelles 65
III. LES STRUCTURES DE DEVELOPPEMEMENT 65
3.1 Le service de l'agriculture 65
3.1.1 La SAED 65
3.1.2 L'ANCAR 66
3.2 Le service de l'élevage 67
3.3 Le service des Eaux et Forets 67
CHAPITRE II : L'INTERFERENCE DES SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS LA
CR
DE MADINA NDIATHBE 69
I. LA LIMITE DES SAVOIRS MIS EN SYNERGIE DANS LA GESTION
DES
RESSOURCES NATURELLES 69
1.1 Les limites du savoir local 69
1.1.1 Le recul des systèmes de gestion traditionnelle
69
1.1.2 La réduction des autres pratiques traditionnelle
de gestion 70
1.2 Les limites des connaissances scientifiques 70
1.2.1 Le manque de suivi des pare-feux de protection 71
1.2.2 Le POAS non respecté 71
II. LA COMPLEMENTARITE DES SAVOIRS DANS LA
GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES 71
2.1 De la logique traditionnelle à la logique moderne
de l'agriculture 72
2.2 Le modernisme de l'agriculture de décrue 72
2.3 L'intégration des savoirs modernes aux
connaissances traditionnelles 73
Conclusion partielle 76
CONCLUSION GENERALE 77
BIBLIOGRAPHIE 79
TRADUCTION DES TERMES LOCAUX 83
LISTE DES CARTES 85
LISTE DES PHOTOS 85
LISTE DES FIGURES 85
LISTE DES TABLEAUX 85
LISTE DES ENCADRES 86
TABLE DES MATIERES 92
|