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Savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbe (département de Podor).


par Aliou WANE
Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) - DEA (Diplome d'étude approfondie) en Géographie 2009
  

Disponible en mode multipage

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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE

Mémoire de D.E.A THEME

SAVOIRS LOCAUX ET NOUVELLES

INITIATIVES POUR LA GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES

DANS LA COMMUNAUTE RURALE

DE MADINA NDIATHBE

(Département de Podor)

Présenté par : ALIOU WANE Sous la direction de AMADOU ABDOUL SOW Maître de Conférences

Année académique 2009 / 2010

1

SOMMAIRE

ACRONYMES

..3

AVANT PROPOS

.5

INTRODUCTION GENERALE

7

I- Problématique

....9

II- Méthodologie

12

 

PREMIERE PARTIE : LE CADRE GEOGRAPHIQUE

 

Chapitre I : Etat des ressources naturelles

..15

I - Les ressources en eau

..15

II - Les ressources pédologiques

.19

III - Les ressources végétales

..22

Chapitre II : L'environnement socio-économique

..25

I - Le milieu humain

25

II - Les activités socio-économiques

..27

Conclusion partielle

33

DEUXIEME PARTIE : DIAGNOSTIC DES TYPES DE SAVOIRS MIS EN
VALEUR DANS LA COMMUNAUTE RURALE DE MADINA NDIATHBE.

Chapitre I : Les savoirs locaux : inventaire et caractérisation

..35

I - Les pratiques agricoles traditionnelles

35

II - Les pratiques pastorales et les connaissances liées à l'exploitation forestière

..40

III - Les techniques de pêche traditionnelle

43

Chapitre II : Les nouvelles initiatives d'exploitation des ressources naturelles

..46

I - Les pratiques agricoles modernes et les actions de gestion des terres

.46

II - Les pratiques modernes liées à l'élevage et à la restauration du milieu naturel

51

III - Le développement de la pisciculture

55

2

Conclusion partielle ...58

TROISIEME PARTIE : ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE SAVOIRS
LOCAUX ET NOUVELLES INITIATIVES DANS LA GESTION DES RESSOURCES

NATURELLES

Chapitre I : Les acteurs de la conservation des ressources naturelles dans la

communauté rurale de Madina Ndiathbé 60

I - Les structures administratives 60

II - Les organisations communautaires de base 62

III - Les structures de développement 65

Chapitre II : L'interférence des savoirs mis en valeur dans la CR de Madina

Ndiathbé

..69

I - La limite des savoirs mis en synergie dans la gestion des ressources naturelles

69

II - La complémentarité des savoirs dans la gestion des ressources naturelles

...71

Conclusion partielle

76

CONCLUSION GENERALE

...77

BIBLIOGRAPHIE

79

TRADUCTION DES TERMES LOCAUX

83

LISTE DES CARTES

..85

LISTE DES PHOTOS

..85

LISTE DES GRAPHIQUES

85

LISTE DES TABLEAUX

85

LISTE DES ENCADRES

86

TABLE DES MATIERES

..92

ACRONYMES

3

ANA : Agence Nationale de l'Aquaculture

ANCAR : Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural

ANDS : Agence Nationale de la Démographie et de la Statistique

ASC : Association Sportive et Culturelle

ASPRODEB : Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base

AVD : Association Villageoise de Développement

CADL : Centre d'Appui au Développement Local

CNCAS : Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CERP : Centre d'Expansion Rurale et Polyvalent

CLCOP : Cadre Local de Concertation des Organisations Paysannes

CPV : Chef de Poste Vétérinaire

CR : Communauté Rurale

CRDI : Centre de Recherche pour le Développement International

CSE : Centre de Suivi Ecologique

DIRFEL : Direction des Femmes en Elevage

FED : Fonds Européen pour le Développement

FNPJ : Fonds National pour la Promotion de la Jeunesse

FUGIAM : Fédération des Unions de GIE de l'Ile à Morphil

GIE : Groupement d'Intérêt Economique

GMP : Groupe Motopompe

GPF : Groupement de Promotion Féminine

GRN : Gestion des Ressource Naturelles

ISRA : Institut des Sciences de la Recherche Agricole

IRD : Institut de Recherche pour le Développement

MARP : Méthode Active de la Recherche Participative

MEPN : Ministère de l'Environnement et de la Protection de la Nature

NEPAD : Nouveau Partenaire pour le Développement de l'Afrique

OCB : Organisation Communautaire de Base

OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement

OMVS : Organisation pour la Mise en Valeur du Fleuve Sénégal

ONG : Organisation Non Gouvernementale

OP : Organisation Paysanne

4

Oxfam / GB : Oxfam Grande Bretagne

PAPFIM : Projet d'Appui aux Femmes de l'Ile à Morphil

PCR : Président de la Communauté Rurale

PAPEL : Projet d'Appui à l'Elevage

PIV : Périmètre Irrigué Villageois

PLD : Plan Local de Développement

PNIR : Programme National d'Infrastructure Rurale

POAS : Plan d'Occupation et d'Affection des Sols

PROGRENA : Programme de Gestion des Ressources Naturelles

PSOAP : Programme de Services Agricoles et Organisations de Production

RGPH : Recensement Général de la Population et de l'Habitat

RIAD : Réseau d'Initiative et d'Appui au Développement

RN : Ressources Naturelles

SAED : Société d'Aménagement des Eaux du Delta

SIG : Système d'Information Géographique

SODEFITEX : Société de Développement des Fibres Textiles

SODEVA : Société de Développement Arachidière

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

UFAM : Union des Femmes de l'ile A Morphil

ZAPA : Zone Agro - pastorale à Priorité Agricole

ZAPE : Zone Agro - pastorale à Priorité Elevage

5

Avant propos

La conscience, au plan international, du rôle et de la valeur des ressources naturelles et l'inquiétude que suscite leur disparition rapide, nécessite une reconnaissance de leur importance.

La biodiversité agricole est la base de la sécurité alimentaire mondiale. Elle contribue à protéger les moyens d'existence des populations et leurs milieux naturels en renforçant les agro-écosystèmes fonctionnels. Les agriculteurs, éleveurs et pécheurs sont les principaux défenseurs de ces précieuses ressources biologiques.

Dans l'étude des ressources naturelles, la prise en compte des savoirs traditionnels peut conduire à des connaissances, des informations utiles pour la compréhension des risques de dégradations environnementales et l'élaboration de programmes de développement durable.

La Communauté rurale de Madina Ndiathbé, située à l'orée du Sahel a subi les phénomènes de la sécheresse et de la désertification qui ont profondément marqué la vie, les croyances et les systèmes d'organisations des populations.

Faut - il dès lors rejeter le patrimoine culturel de cette société Halpular et leur réapprendre à lutter contre ces fléaux qu'elle connait bien ? Ou faudrait- il mettre en avant les approches novatrices parce que les particularités des savoirs locaux ne conviennent peut- être pas ?

Cette recherche permet d'illustrer les actions visant à associer et compléter deux systèmes (traditionnel et moderne) dont le but final est d'aider les communautés agricoles locales à renforcer leurs systèmes de sécurisation, d'exploitation et de conservation des ressources naturelles.

D'emblée, nous tenons à remercier tous les membres de notre famille particulièrement mes parents Lamine Wane et Aminata Sall pour leur soutien et leurs encouragements.

Nous adressons nos sincères remerciements à tous les enseignants du département de géographie, principalement à Monsieur Amadou Abdoul Sow pour avoir dirigé ce travail. Ses suggestions et critiques ont été déterminantes.

Nous tenons à exprimer notre profonde gratitude aux nombreuses personnes et institutions qui ont contribué à l'aboutissement de ce travail. Nos remerciements s'adressent en particulier :

·

6

Au PCR de la communauté rurale de Madina Ndiathbé Monsieur Kisma Dramé

· A l'agent de la SAED chef de zone Madina Monsieur Birame Niang

· Au chef de CADL de l'arrondissement de Cas-Cas Monsieur Déhibou Kane

· Au chef de poste vétérinaire Aéré lao Monsieur Séne

· Au chef de la brigade forestière Aéré lao Monsieur Mourtada Thiam,

· Au dirigeant du CLCOP Monsieur Alpha Sy

· A monsieur Aliou Seydi de l'ISRA de Saint Louis

· A notre cher tuteur à Madina Monsieur Mama Gayel Ndiath

· A l'ensemble des populations de la communauté rurale de Madina Ndiathbé

· A tous les membres de l'amicale des élèves et étudiants de Thioubalel lao (AEET)

· A l'ensemble du personnel de la bibliothèque du Centre Communautaire Gallé ;

Nous remercions également nos camarades de promotion pour leurs suggestions et soutiens. Nous voulons nommer : Mamadou Sow, Boubou Thiam, Thierno Kane, Alioune Badara Diagne, Ababacar Fall, Mamadou Aliou Bâ, Ibrahima Dramé, Ibrahima Mbaye, Idrissa Seck, Abou Thiam et Yacine Séne Ba.

Aux amis et compagnons : Thierno Diakario Baldé, Ndongo Niang, Massyla Ndiaye, Aliou Diop et Abdoul Aziz Ndiath.

7

INTRODUCTION GENERALE

En 2010, la journée mondiale de l'environnement consacrant l'année internationale de la biodiversité, est axée sur le thème : « Des millions d'espèces - une planète - Un avenir commun » pour souligner l'intérêt au profit de l'homme, de la richesse des espèces et des écosystèmes de la terre. Des milliers de manifestations, dans beaucoup de pays, mettent l'accent sur les ressources fragiles menacées par la forte croissance démographique et les changements naturels.

Cette tendance marque une sorte de révolution dans les approches du développement et particulièrement dans le domaine de la gestion des ressources naturelles. Une importance particulière est accordée à trois notions centrales : « le développement durable », « la biodiversité » et le « partage des avantages ».

En effet, cette évolution marquée par l'adoption de la Convention sur la Diversité Biologique (Rio, 1992) met au devant de la scène internationale, la question relative à un ensemble de connaissances et de pratiques longtemps négligées voire ignorées : les « savoirs naturalistes locaux ».

Aujourd'hui, on se rend compte que les paysans ont un « savoir propre » de leur environnement (variétés et techniques culturales, techniques d'élevage, espèces végétales etc.) qui s'est construit au cours des siècles d'observation et d'expérimentation.

Les savoirs et les techniques de gestion des ressources naturelles sont multiples et varient d'une catégorie socioprofessionnelle à une autre.

Cependant, il ne s'agit guère d'une opposition de connaissances et/ou pratiques entre les systèmes de production traditionnels et modernes, mais leur combinaison en vue d'une complémentarité.

Ainsi un des défis majeurs est de permettre aux communautés locales de créer des synergies entre savoirs endogènes et exogènes pour choisir leur propre voie vers un développement durable dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé, partie intégrante du Sahel. Ce terroir est découpé en trois zones géographiques (Carte1) selon le rapport du PLD de 2009 :

- La zone Walo qui regroupe les villages de l'ile à Morphil avec comme centre, la localité de Cas-Cas. Elle est caractérisée par sa vocation agricole suivant le critère hydro-pédologique des sols.

8

Carte 1 : Situation géographique et zonage de la communauté rurale de Madina Ndiathbé

- La zone Centre (Djéjégol) qui regroupe les villages situés entre le Doué et la route nationale 2, dominée par la localité de Madina Ndiathbé qui polarise les flux commerciaux.

- La zone Diéri, à vocation pastorale, qui regroupe tous les villages situés au Sud de la route nationale et gravitant autour de Bano (village centre).

9

La communauté rurale de Madina Ndiathbé est située dans l'hémisphère nord entre les 16°49 et 16°26 latitudes nord et les 14°35 et 14°02 longitudes ouest. Elle se trouve dans l'arrondissement de Cas-Cas, département de Podor, région administrative de Saint Louis avec les limites suivantes :

- Le fleuve Sénégal, au Nord,

- Les communautés rurales de Méry et de Boké Dialoubé, à l'Est, - La communauté rurale de Doumga lao, au Sud et à l'Ouest.

La communauté rurale de Madina Ndiathbé a une vocation essentiellement agricole en raison de ses importantes potentialités hydriques et foncières. Les populations dépendent de la valorisation des ressources naturelles (eau, sol et végétation) qui assure la couverture de l'essentiel de leurs besoins.

I. PROBLEMATIQUE

Au Sénégal, les politiques de gestion des ressources naturelles, initiées depuis la période coloniale, privilégient le plus souvent la mise en place d'aires protégées (parcs, forêts classées...) sans tenir compte des exigences des populations riveraines (exemple des aires marines protégées, les forêts classées, le déplacement des populations dans le parc national de Niokolo koba...). Ce qui occasionne des conflits pour l'accès aux ressources, le braconnage, la coupe abusive de bois...

Les projets de développement rural intégrés, mis en place par l'Etat et exécutés en collaboration avec les services déconcentrés, étaient organisés autour d'une filière (la filière du coton avec la SODEFITEX, la filière arachidière avec la SODEVA, la filière rizicole avec la SAED...) où les agriculteurs n'appliquaient que des consignes techniques sous le contrôle des agents de l'Etat.

L'impact de ces différentes politiques s'est traduit par des déséquilibres écologiques (monoculture arachidière, par exemple), le développement de nouvelles formes de dépendance économique et sociale (aide extérieure, dette publique et privée) et une faiblesse des systèmes de gestion, d'exploitation et de conservation des ressources locales.

C'est pourquoi dans le domaine du développement rural en général et la gestion environnementale en particulier, de nombreuses voix se sont levées pour demander une

10

participation effective des populations locales à l'identification, à la planification et à l'exécution des projets.

Ainsi, dans la perspective d'une gestion durable des ressources naturelles, il serait intéressant de prendre en considération les savoirs locaux.

La Banque Mondiale indique dans le rapport sur le développement du monde 1998 - 1999 sous le thème : « Le savoir au service du développement », que « c'est le savoir et non le capital qui est la clé d'un développement social et économique durable ». Autrement dit, les savoirs locaux constituent le fondement des sociétés traditionnelles pour la gestion des terres et des eaux. Ces connaissances se sont développées, pratiquées et transmises de génération en génération. On peut en citer : la culture de décrue chez les Halpular de la vallée du fleuve Sénégal, la médecine par les plantes et la méthode de lutte contre les tiques de bétail appliquée par les Foulani, l'agriculture en montagne des Bamiléké...

Pour favoriser cette dynamique, la Convention sur la Diversité Biologique adoptée en 1992, invitait la communauté internationale à travers l'Agenda 21 à inventorier les savoirs locaux.

Notre thème de recherche : « savoirs locaux et nouvelles initiatives pour la gestion des ressources naturelles dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé » trouve son intérêt dans ce contexte global de promotion des initiatives locales. La communauté rurale de Madina Ndiathbé est un cadre favorable pour mener cette étude, elle recoupe trois sous-ensembles interdépendants (Walo, Djéjégol et Diéri). Des connaissances y ont été accumulées et constituent un élément fondamental de la culture et de la technologie de cette société Halpular. Cependant, les années de crise, ont été à l'origine de nouvelles initiatives qui se recoupent à ces pratiques ancestrales.

Ainsi pour mieux cerner les contours cette problématique, les orientations suivantes sont élaborées.

1.1 Analyse conceptuelle

En vue de faciliter la compréhension des termes utilisés dans cette étude, nous entendons les définir pour éviter toute confusion, voire des interprétations différentes.

Les « savoirs locaux » sont au centre d'une vive controverse théorique. Dénommés, savoirs traditionnels (Pintou, 2003), savoirs locaux et populaires (UICN, 1998), ils sont définis comme

11

« l'ensemble des savoirs, savoir-faire, pratiques et représentations qui sont perpétués et développés par des personnes ayant une longue histoire d'interaction avec leur environnement naturel ».

Ils constituent la base de la prise de décision au niveau local en matière d'agriculture, de santé, de préparation de la nourriture, d'éducation, de gestion des ressources naturelles et pour toute une série d'autres activités menées au sein de la communauté rurale. C'est un outil d'aménagement du territoire, de conservation selon les situations des complexes formes de races animales, de variétés cultivées, d'éléments de ces écosystèmes modelés par les activités humaines.

Les savoirs locaux sont caractérisés à la fois par leur ancrage local, leur dynamisme, leur ouverture et leur capacité à opérer des emprunts et à s'innover. Ce sont des savoirs qui intègrent harmonieusement pratiques locales et connaissances technico-scientifiques.

Le savoir qu'il soit scientifique, endogènes ou local est produit par un système social qui est en interaction avec d'autres systèmes sociaux qui s'influencent mutuellement.

Le concept nouvelle initiative fait référence aux connaissances technico-scientifiques prônées par les administrations. Il s'agit de savoirs administratifs construits sur la base de systèmes internationaux générés par les universités et institutions. Autrement dit, des savoirs fondés sur des procédures et règlements formels comme les plans de gestion des ressources naturelles, les connaissances scientifiques sur lesquelles s'appuient les politiques de développement.

La gestion des ressources naturelles fait référence aux façons dont les ressources sont utilisées par une communauté ou un Etat pour des objectifs de productions forestières, agricoles, halieutiques ou pastorales. Elle s'apparente aux notions d'aménagement du territoire ou d'organisation de l'espace, tout en ayant une portée plus vaste. Elle inclut toutes les formes d'interventions dans l'environnement ayant pour finalité l'utilisation optimale, dans la perspective d'un développement durable, qui permettra de satisfaire les besoins actuels tout en préservant ceux des générations futures.

Les ressources naturelles ont une grande importance dans le développement des sociétés et leur mise en valeur constitue un véritable enjeu.

1.2 Objectifs

Nous l'avons scindé en un objectif général et des objectifs spécifiques.

12

1.2.1 Objectif général

Il s'agit de comprendre et d'analyser la manière dont sont conçues et appliquées toutes les formes de savoirs liés aux actions de conservation ou d'exploitation des ressources naturelles et la gestion durable des écosystèmes.

1.2.2 Objectifs spécifiques

1 - Identifier et caractériser les savoirs locaux et les nouvelles initiatives développées par les populations locales dans la gestion des ressources naturelles et la mobilisation de ces savoirs dans le cadre des politiques de conservation.

2 - Montrer comment et dans quelles limites, les savoirs locaux et une démarche expérimentale ont pu être mis en synergie pour la contribution au développement local.

1.3 Hypothèses

1 - Les populations locales sont plus favorables à la gestion qui trouve son intérêt sur leur savoir et savoir-faire plutôt que celle fondée sur l'instauration d'une réglementation formelle et rigide.

2 - Les savoirs locaux interfèrent en permanence dans le cadre de l'application des politiques de conservation de la biodiversité et se posent comme alternative aux savoirs technico-administratifs.

II. METHODOLOGIE

Pour réaliser ce travail nous avons adopté une démarche en trois phases : l'état de la question, les enquêtes et le traitement des données.

2.1 Etat de la question

C'est une phase au cours de laquelle nous avons fréquenté différents centres de recherches (IRD, CRDI, ANSD et CSE). Elle nous a permis de comprendre les différents aspects des savoirs locaux en rapport avec les ressources naturelles dans le monde en général et au Sénégal en particulier, ainsi que les problèmes auxquels elles sont confrontées. Nos principales sources d'informations proviennent d'ouvrages spécialisés, des textes et rapports, d'articles de journaux, également des sites web des organismes spécialisés sur la question de l'environnement.

La littérature est loin d'être exhaustive. Mais, elle nous permet de voir que de nombreux aspects liés au milieu physique et aux soucis de développement économique de la moyenne

13

vallée ont été différemment abordés. Cependant, il faut regretter le fait que des études spécifiques qui examinent la dimension environnementale et endogène n'aient pas été suffisamment abordées.

2.2 Les enquêtes sur le terrain

La communauté rurale de Madina Ndiathbé compte 17 villages officiels (5 villages dans la

zone ile à Morphil, 6 villages dans la zone Djéjégol et 6 villages dans la zone Diéri) et prés de

56 hameaux rattachés, soit 73 localités avec une population de 25 821 habitants. Pour

recueillir les données sur l'ensemble de la zone, nous avons choisi de travailler (tableau 1) sur

la moitié des villages officiels (9 villages) répartis en fonction de :

- la représentativité de chaque zone écogéographique,

- la présence d'une activité ou d'une ressource naturelle spécifique,

- la taille de la population.

- La centralité du village

Tableau 1 : Répartition des villages cibles pour l'administration des outils MARP

Zone écogéographique

Villages

Populations (habitants)

Zone ile à Morphil

Cas-cas

3 324

Barangol

549

Siouré

884

Zone Djéjégol

Aram

1 162

Madina Ndiathbé

3 503

Soubalo Madina

1 119

Zone Diéri

Bano

418

Aéré Gawdi

122

Dounguel dadé

328

Source : rapport provisoire du PLD de Madina Ndiathbé 2009

Ainsi, nous avons prévu des guides d'entretiens spécifiques pour chaque catégorie d'acteurs.

2.3 Le traitement des données

Les données recueillies sur le terrain ont été traitées à l'aide du tableur EXCEL, alors que pour la rédaction du document, c'est principalement le traitement de texte WORD qui a été utilisé.

Première partie

LE CADRE GEOGRAPHIQUE

14

Le cadre physique offre une entité géographique avec une relation des ressources naturelles (eau, sol et végétation). L'hydrologie liée à la variation saisonnière des températures, de l'humidité relative brève à la pluviométrie de cet espace, conditionne la topographie, la pédologie ainsi que les formations végétales correspondantes.

L'exploitation de ces ressources par les populations de la communauté rurale qui ont une civilisation agraire très structurée et attachée à leurs traditions, autorise une double culture, associée à l'élevage et à la pêche.

Ainsi dans cette première partie, on étudie les composants du milieu. Le chapitre I : « le diagnostic des ressources naturelles » va permettre d'apprécier dans le chapitre II « l'environnement socio-économique. ».

15

CHAPITRE I : ETAT DES RESSOURCES NATURELLES

La CR de Madina Ndiathbé est un milieu qui présente trois caractères différents. La zone Walo, la zone Djéjégol et la zone Diéri où la connaissance des ressources en eau, des types de sols ou de végétation fait partie intégrante des systèmes locaux que les paysans utilisent.

En effet, les habitants se sont adaptés au climat de type sahélien de cette zone marquée par une déficience des eaux pluviales, mais compensée par la crue et les eaux souterraines. La végétation se compose d'espèces ligneuses, épineuses et rabougries. Elle forme ça et là une savane claire, une steppe arbustive et arborée dépendante des sols lourds hydromorphes (hollaldé) du Walo aux sols bruns rouges du Diéri en passant par les sols de fondé.

Les ressources naturelles que les habitants utilisent pour leurs besoins vitaux et leurs bien être, sont mises en valeur au plan économique et culturel, ce qui demande l'examen préalable de l'état des ressources naturelles.

I. LES RESSOURCES EN EAU

La communauté rurale de Madina Ndiathbé se trouve dans un milieu semi-désertique où la question de l'eau occupe une place de choix dans la préoccupation des populations. L'eau y présente une dimension économique, sociale et culturelle. En ce sens, le potentiel hydrique est formé par : l'apport pluvial, les eaux de surface et les eaux souterraines.

1.1 Les eaux pluviales

Les ressources hydriques sont fortement dépendantes du climat qui joue un grand rôle dans la vie des hommes et sur l'évolution du milieu physique.

A l'image de la moyenne vallée enserrée dans le domaine climatique sahélien, la communauté rurale de Madina Ndiathbé se singularise par l'alternance de deux saisons très marquées : une saison sèche qui dure 9 à 10 mois et une courte saison pluvieuse concentrée sur 2 à 3 mois (juillet à septembre). Les écarts de températures sont importants, avec des isothermes moyennes comprises entre 29 degrés et 30 degrés atteignant parfois même 40 degrés (surtout dans le Diéri), ce qui fait de la communauté rurale une des zones les plus chaudes du pays alors que les minimas de 7 degrés à 9 degrés sont courants en Décembre durant la saison froide.

Les précipitations (faibles, irrégulières et mal réparties) sont liées à l'influence de l'anticyclone de Saint Hellène responsable des pluies de mousson ainsi que les lignes de

16

graines en provenance de l'Est. Les données pluviométriques de la station de Aéré lao (Tableau 2) explique cette tendance.

Tableau 2 : Pluviométrie moyenne annuelle de la station de Aéré lao de 2000 à 2009

Années

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

2007

2008

2009

MOYENNE

Cumul (en mm)

368

200

105

369

273

543

231

182

204

170

265

Nombre de jours de pluie

25

18

18

26

23

27

20

18

22

19

22

Source : CADL de Aéré lao

La hauteur d'eau précipitée est irrégulière et le nombre de jours de pluies varie entre 18 jours au minimum et 27 jours au maximum. La pluviométrie moyenne annuelle (265 mm) est un peu au-dessus de la moyenne départementale (262 mm). Dans cette zone comprise entre les isohyètes 300 et 500 mm, certaines années enregistrent des précipitations inférieures à 300

mm.

En fonction des variations climatiques, les agriculteurs distinguent cinq périodes fondées sur le régime de la pluviométrie et la progression des températures qui conditionnent le calendrier agricole :

- Le « Dabundé » va de Décembre à Mars. Il se caractérise par sa relative fraicheur. Les mares s'assèchent, le ciel est clair et l'alizé domine. Les arbres perdent leurs feuilles : le mil et le sorgho sont cultivés dans le Walo.

- Le « Ceedu » s'installe en Mars sous l'influence de l'harmattan ou de l'alizé continental. C'est la période la plus chaude (40° C) du Fouta caractérisée par des vents de sable érosifs.

- Le « Déminaré » : c'est le « printemps du Fouta ». Il commence en Mai et précède la saison des pluies. C'est la période de défrichement des champs, alors que les arbres bourgeonnent.

- Le « Ndungu » débute à partir du mois de Juillet et s'arrête en Octobre. C'est la saison pluvieuse et la CR devient le théâtre d'intenses travaux agricoles. Durant cette période toutes les cuvettes se remplissent et la crue se réalise vers la fin de cette période.

17

- Le « Kawlé » précède la saison sèche et marque la fin de « Ndungu ». C'est la période des récoltes et les mares temporaires sont occupées par les troupeaux. Cette période est marquée par la fréquence des maladies.

En gros, la quantité d'eau précipitée est variable et l'effet de l'harmattan (vent chaud et sec soufflant d'Est en Ouest) entraine une forte diminution des eaux de surface.

1.2 Les eaux de surface

Les principales eaux stagnantes sont les deux cours d'eau permanents qui traversent le département de Podor et subdivisent la communauté rurale en deux parties :

- Le fleuve Sénégal qui longe le territoire de la communauté rurale sur 54 km, - Le Doué qui le traverse sur 58 km.

Ces deux cours d'eau expliquent la principale concentration des populations au niveau de la partie ile à Morphil. Depuis l'érection des barrages de Diama en 1986 et Manantali en 1988 la potentialité des eaux du fleuve Sénégal a augmenté. En effet, le débit interannuel est passé de 432m3/s avant l'installation des barrages à 732m3/s soit un volume de 23 milliards de m3. (Selon l'OMVS)1

En outre, l'eau de la crue dépendante de la quantité d'eau reçue, alimente les populations environ 4 à 5 mois et permet l'inondation du lit majeur au bénéfice des cultures de décrue et de l'équilibre écologique de la vallée.

Nous pouvons y joindre les eaux douces de surfaces constituées par les mares et marigots temporaires (tableau 3) se remplissant en hivernage. Souvent les marigots sont très importants surtout ceux constitués par les affluents de Doué, ils ont un lit profond, conservant l'eau pendant 10 mois. Ils facilitent la crue. Dés lors, le marigot de Barangol qui a un affluent (le Danéwol) joue un rôle de réservoir en alimentant les cuvettes en cas de déficit d'eau.

On note également une hiérarchisation des marigots suivant leurs cours, mais qu'aussi le nom du marigot peut changer suivant les villages qu'ils traversent (les habitants peuvent lui donner un autre nom) exemple le Cokolol qui devient ensuite Barangol puis Bunmoodi. Ces marigots jouent un rôle économique notable (pèche, agriculture et élevage).

1 OMVS, juin 2005 « Nouvelles du Bassin », Bulletin d'information du projet de gestion des ressources en eau et de l'environnement. Numéro 1, 28 pages.

18

Au-delà, ils représentent un relais entre les différentes zones et permettent une gestion locale du ruissellement pluvial et une défense contre l'érosion des terres agricoles.

Tableau 3 : Mares et marigots dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé

Villages de rattachement

Noms de la mare ou du marigot

Cas-Cas

Der, Mangou, Tioumangol, Dawel mawdo, Barangol

Barangol

Barangol, Mawdou, Jongadé, Tialombi, Bari-talbé, Mouttoul, Fidio wélli, Daddévol

Siouré

Thioffol, Bitouki, Guadiélol

Aram

Wendou Gokhiyel

Soubalo Madina

Tiatgol Lobouguel, Tiatgol

Mbortou, Siléye Oumou

Madina Ndiathbé

Mangol, Tokosel, Alkayrou, Sappéne, Horowel

Aéré Gawdi

Gamangol, Wendou Naynay

Bano

Windou Bano mawdou, Loumbol

Goppandou, Loumbol Samba
Hayré

Dounguel Dadé

Demba Olol, Bélli Karadji, Selliboy

Source : enquête de terrain 2010

Les eaux de pluies ou de surface s'infiltrent dans le sol et constituent des stocks en eau souterraine.

1.3 Les eaux souterraines

Les eaux souterraines constituent une provision d'eau potable très soutenue pour les populations de la communauté rurale. Elles constituent la principale source d'eau pour les

19

populations du Diéri en raison de la faiblesse des pluies et de la rareté des mares. En effet, les eaux souterraines sont abondantes dans l'ensemble et constituées de différents aquifères. Distingue - t'on en fonction de la structure géologique et de la proximité des cours d'eau :

- La nappe superficielle

Cette nappe de sable du Quaternaire a une profondeur faible, elle se trouve dans les alluvions du fleuve Sénégal. Elle sert dans les usages des villageois mais subi une sérieuse dégradation du fait de la sécheresse, les réserves se tarissent, provoquant une intrusion saline parfois.

- La nappe profonde

Elle occupe les sables du Maestrichtien (crétacé supérieur) identifie par sondage dans les bassins sédimentaire Sénégalais entre Ourosssogui et Thilogne. La plupart des forages du Diéri sont localisés dans cette nappe dont la profondeur varie entre 40 m (Bano) à 80 m (Dounguel Dadé).

Le potentiel des eaux souterraines est important et leur situation favorable permet leur capture. Selon, Diagana (1994)2 le plan d'eau du fleuve, dont le niveau de base se relève avec l'avènement des barrages, fluctue plus longtemps au-dessus du niveau de la nappe, ce qui a pour conséquence une meilleure recharge de la nappe.

En somme, les ressources hydriques de la communauté rurale sont formées par trois éléments : les eaux de la pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines. L'eau et sa dynamique conditionne l'état de l'environnement, en particulier des types de sols.

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES

Les ressources édaphiques occupent une place centrale dans les activités agricoles. Elles sont fortement liées à la géomorphologie de la vallée. En effet, le passé géologique nous révèle que cette zone s'est principalement constituée à l'ère Quaternaire (Sow, 1984)3. Le relief qui en découle dans la communauté rurale est relativement plat et trois grandes variétés de sols peuvent être distinguées en fonction de la zone agro-écologique, de la position par rapport au fleuve et de la crue. En fonction de la carte des sols (carte 2), on peut caractériser :

2 Amadou Diagana, 1994 « Etudes hydrogéologiques dans la vallée du fleuve Sénégal de Bakel à Podor : relation eaux de surface et eaux souterraines », Thèse 3éme cycle IST, 181 pages.

3 Amadou Abdoul Sow, 1984 « Pluie et écoulement fluvial dans le bassin du fleuve Sénégal », Thèse Doctorat de 3éme cycle en Géographie, 442 pages

Carte 2 : Les types de sols de la CR de Madina Ndiathbé

20

- Les sols à plus de 70% argileux de type Hollaldé qui se localisent dans les cuvettes de décantation ou la zone Walo (regroupant l'ensemble des terres inondables situées entre

21

le fleuve Sénégal et le Doué). Distingue - t'on deux variétés de sols : les sols lourds hydromorphes (hollaldé ranéré, hollaldé balléré) et les vertisols qui tapissent le fond des cuvettes.

- La zone de transition ou Djéjégol, les sols Fondé sablo-argileux dominent (fondé ranéré et fondé balléré) et se définissent par des sols à tâches et concrétions avec des limons. Le limon devient légèrement argileux en fonction de la partie atteinte par la crue et prend une teinte foncée.

- Les sols épousent une différenciation particulière dans la zone Diéri où ils sont sablo-argileux à 70%. Ce sont des sols bruns rouges constituant les parties hautes insubmersibles de la vallée se caractérisant par leur fragilité et leur forte teneur en sable.

En somme, les populations locales distinguent plusieurs variétés de sols (tableau 4) ce qui témoignent d'une diversité des ressources pédologiques et offrent beaucoup de possibilités, aux activités agricoles, à l'artisanat et dans le domaine de l'habitat (terre cuite, pisé, adobe...)

Tableau 4 : Classification traditionnelle des sols

Localisation

Dénomination en Pular

caractéristiques

Zone Walo

Sol hollaldé

Argilo-sableux

Sol walléré

Alluvionnaire

Sol jakré

Sablo-limoneux

Sol waka

Sablo-argileux

Sol falo

Sablo-limoneux

Zone Djéjégol

Sol fondé

Argilo-sableux

Zone Diéri

Sol thiénal

Sableux

Source : enquête de terrain, 2010

Par ailleurs, le caractère des sols et leur régime hydrique sont des indicateurs des composantes végétales et s'avèrent particulièrement discriminant en termes quantitatif et qualificatif.

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III. LES RESSOURCES VEGETALES

Les types de végétation varient selon des facteurs climatiques (pluviométrie, températures) et certains facteurs physiques (types de sol, relief) qui jouent un rôle prépondérant dans la répartition des paysages.

La CR de Madina se trouve dans le domaine phytogéographique sahélien caractérisé par une savane et une steppe arbustive et arborée dominée par les épineux. Ainsi, les ressources végétales se distinguent dans trois biotopes diversifiés (carte 3) :

- sur les dunes sableuses du « Diéri », les familles les mieux représentées de la steppe arborée sont les mimosacées parmi lesquelles s'imposent : Acacia raddiana (Thillouky), Acacia seyal (boulbi), Acacia Sénégal (patouki), Acacia albida (thiassky) et Acacia nilotica (Gawdé). D'autres espèces subsistent comme les capparidacées dominés par : Calotropis procera (bamwami), Maerua crassifolia (déguéwi) et Boscia senegalensis (guidjilé). Nous notons des espèces moins représentées comme : Fovia biolor (kélly), Mitragina inermis (koyli), Euphorbia convolouloides (éry).

Le tapis herbacé est caractérisé par les graminées : Aristida mutabilis (selbéré), Schoenefeldia gracilis, Brachiaria ramosa (paguiri),

- sur la zone de transition « Djéjégol », nous relevons une forêt mixte très variée avec des arbres tels que : Celtis integrifolia, Balatines aegyptica (mourtodé), Tamarindus indica (diamoulé), Faidherbia albida, des arbustes comme : Guiera senegalensis (guéloki), Maytenus senegalensis et quelques herbacées dont le vetiver (vetivera nigritana),

- dans la vallée humide (Walo) la végétation herbacée est très clairsemée au niveau des « fondé », alors que dans les « falo », la strate herbacée est très fournie et dominée par : Tribubus terrestris (toupéré) et Ingofera oblongifolia (balboré) qui apparaissent souvent en formation exclusive de la disposition arbustive du Walo. Les cuvettes de décantations sont colonisées par une steppe arbustive où s'associent : Acacia nilotica et Brachiara ramosa (paguiri). Les strates arborées plus représentatives sont : Ziziphus mauritania (diabé) - Piliostigma reticulata - Acacia nilotica - Tamarindus indica.

La communauté rurale ne possède pas de forêt classée mais tous les villages enquêtés disposent d'une forêt naturelle fortement dégradée parfois largement dénudée surtout dans la zone Walo où l'espace cultural s'étend. Toutefois, deux réserves individuelles sont localisées

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à Barangol (réserve de Seydou Yobou Ba) et à Saré-souki (réserve de Seydou Sy) dont les agents des eaux et forêts ont encouragé l'initiative. Ces falos sont interdits de la coupe.

Carte 3 : Occupation du sol par la végétation dans la CR de Madina Ndiathbé

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Par ailleurs, trois espèces sont introduites par les populations grâce aux activités de reboisement : Prosopis - Azdirachta indica et Eucalyptus. De même que des plantes hydrophiles sont observées telles que : « kélélé mayo - jaljalbé - siouré et dubi rubi ».

La végétation de la communauté rurale présente une physionomie fortement imprimée par l'homme à travers ses activités agricoles, pastorales ou par d'autres intérêts socio-économiques (bois de chauffe, pharmacopée). Les ligneux sont à usage multiples et ils existent un capital de savoirs non négligeable leur conférant une valeur ajoutée dans l'économie du terroir.

*

* *

Au terme de cette partie, le capital naturel de la communauté rurale de Madina Ndiathbé offre une diversité des ressources naturelles : les ressources en eau (eau pluvial, de surface et souterraine) influencent directement les ressources végétales ainsi que les activités agricoles liées à des sols de nature différentes (hollaldé, fondé, sols brun du Diéri).

La question des ressources naturelles induit directement celle des savoirs mis en valeur pour l'exploitation qu'en fait l'homme et donc de son rapport avec le développement économique du terroir. Ces ressources peuvent générer une croissance durable et réduire la pauvreté d'où la nécessité d'étudier l'environnement socio-économique du terroir.

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CHAPITRE II : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE

Historiquement le village de Madina Ndiathbé est intégré dans la province de lao (issu de la révolution Toroddo en 1790 qui divisa le Fouta en six provinces4) et c'est à partir de 1980, qu'il acquiert le titre de communauté rurale.

Les populations de cette contrée dispersée dans l'espace, ont tissé des liens étroits avec le milieu dont ils tirent profit par l'exploitation des ressources naturelles. Et depuis le XII siècle, elle se calque sur les grandes divisions du paysage : élevage extensif et culture pluviale dans le Diéri, culture de décrue et pêche dans le Walo.

L'exploitation des ressources naturelles par les systèmes de production mis en valeur occupe une place centrale dans le fonctionnement du terroir.

I. LE MILIEU HUMAIN

Les populations de la moyenne vallée du Sénégal accordent une importance particulière à l'histoire qui a façonné leur mode de vie, leur organisation sociale ainsi que leurs systèmes de production. Le profil historique de cette CR permet d'apprécier la situation démographique et la répartition de la population.

1.1 Le profil historique

La CR de Madina présente une société hiérarchisée et trois principales ethnies se distinguent : les Haalpulaar (Peuls et Toucouleurs), les Soninkés et les Maures, implantées inégalement dans l'espace des trois zones traditionnelles (Walo, Djéjégol et Diéri).

La zone du Walo a connu les premières mutations économiques et culturelles profondes à cause de la navigation sur le Fleuve Sénégal. Elle est habitée par les Toucouleurs sur la frontière entre la Mauritanie et le Sénégal, le long de la rive du Fleuve. Le village de Cas-Cas fut le siège administratif et un pôle économique et culturel de toute la zone.

Le même système de peuplement se retrouve dans la zone intermédiaire où d'importants villages ont vu le jour (Madina, Golléré) et bénéficié de leur avantage géographique pour

émerger. D'origine, la zone est occupée par les Toucouleurs, suivis peu à peu par les

Soninkés venus de l'Est et du Nord pour s'installer dans les villages de Madina et Golléré. La Zone du Diéri est le domaine des Peuls et des Maures venus du Sud (Ferlo, région Louga), ils

4 L'Almamiyat fut instauré après la révolution Torodo (1778 - 1881) sous l'égide de Thierno Sileymane Baal et le Fouta fut divisé en six provinces (feccéré Fouta) qui sont : Lao, Ebiyabé, Yirlabé, Damga, Ngenaar, et Bosséa gouvernées chacunes par un Almamy. D'après les travaux de Bocoum (2000)

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sont éleveurs et nomades. Cette partie se caractérise par l'existence des hameaux avec des habitats épars et en paille.

1.2 La situation démographique

La population de la communauté rurale de Madina Ndiathbé connait une évolution particulièrement marquée par sa croissance. Au recensement de 1988, elle était de 11 678 habitants selon ANSD, chiffre qui a doublé en 2005 avec 25 655 habitants. Les projections en 2007 le plafonnent à 30 113 habitants, ce qui laisse penser au doublement de la population à la prochaine décennie (tableau 5). En outre, la tranche d'âge 0 à 5 ans est également assez importante, ce qui semble témoigner d'un fort taux de natalité.

Tableau 5 : Evolution de la population de la CR de Madina

Année

1988

2002

2004

2005

Projection en 2007

Population en milliers

11 678

17 045

24 618

25 655

30 113

Source : ANDS, 2009

Cette population est constituée en totalité de Halpular musulman même si une infime partie parle le Soninké particulièrement dans le village de Madina Ndiathbé plus peuplée de la communauté rurale (3 503 habitants).

Le sex-ratio révèle une nette différence entre les hommes (14 401 personnes) et les femmes (15 712 personnes) selon les estimations en 2007 (Tableau 6) alors que les jeunes constituent la frange la plus importante de la population avec plus de 50% des habitants de la CR.

Tableau 6 : Situation démographique de la CR en 2007

Entités

Superficie (km2)

Population en 2007

Population CL / par région

Densité

Hommes

Femmes

Totale

CR de Madina

810

14 401

15 712

30 113

4%

37

Arrondissement de Cas-Cas

3 089

44 563

46 993

88 585

11%

120

Source : service régionale de la statistique

27

1.3 La répartition de la population

Les points d'eau ont toujours été des lieux de convergence des populations. C'est ce qui explique une disparité de l'occupation de l'espace dans la CR de Madina où la population totale 25 352 (RGPH, 2002) est répartis dans 100 établissements humains parmi lesquels : 17 sont des villages officiels et 56 sont des hameaux rattachés. Sur une superficie de 810 km2, la taille moyenne des villages est de 325 habitants ce qui donne une densité de 37 habitants/km2, mais une forte disparité se cache derrière ce chiffre.

La plupart des hameaux déclarés se situent dans le Diéri et ont une population inférieur à 100 habitants et se détermine par une habitation très aérés, rendue possible par l'absence quasi-totale de pression sur l'espace.

Par contre, les villages de la zone Djéjégol et Walo ont une population qui dépasse 1000 habitants (Madina, Cas-Cas, Aram...) ce qui concentre plus de 50% des habitants de la CR sur moins de 30% du territoire. La taille moyenne des localités y est plus de deux fois supérieures à celle du Diéri. L'habitation y est plus concentrée du fait de la pression foncière exercée par les activités agricoles en particulier la convoitise des terres de décrue.

II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES

Les activités discernant la CR de Madina sont essentiellement dépendantes de la disponibilité des ressources naturelles que sont : les sols, la biomasse et l'eau. Ce qui explique que trois activités préoccupent les populations à savoir l'agriculture, l'élevage et la pêche.

2- 1 L'agriculture

Elle est la principale activité d'occupation de l'espace dans la CR et on assiste à deux systèmes traditionnels de culture : celui de décrue (Walo) et celui sous pluie (Diéri). Avec la sécheresse persistante de ces dernières décennies, on observe un recul des cultures traditionnelles et l'apparition d'un système « moderne » basée sur la culture irriguée. Ainsi, l'agriculture est pratiquée sous trois formes principales.

- L'agriculture irriguée

Elle a été introduite dans la CR en 1980 notamment dans les villages de Dounguel et Siouré avec respectivement 25 et 15 ha irrigués. Actuellement, la superficie totale aménagée est de l'ordre de 384 ha (SIG SAED) et conserve une réelle importance dans l'occupation des actifs. Elle concerne l'essentiel des villages de l'ile à Morphil et du Djéjégol et mobilise une grande

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partie de la population active agricole. Elle porte sur les cultures commerciales comme le riz, le mais, la tomate, l'oignon...

Toutefois, seule une superficie d'environ 144 ha est encore exploitée soit 37% du total aménagé. Dans la majorité des cas ces PIV5, au coût de production peu élevé et organisé sous forme de GIE (depuis 1984), font face à des problèmes tels que : des pannes de GMP (Dounguel 2 et 3, Cas-Cas B, Guiro 4, Thila GIE des femmes) ou un déficit d'intrant.

Même si, l'irrigation occupe une bonne place dans les activités de production, l'agriculture traditionnelle n'en est pas moins délaissée et reste moins négligeable.

- L'agriculture de décrue

Elle est étroitement liée à la crue et revêt deux formes : le Walo et les Pallé (culture de berge). La superficie annuellement mise en valeur tourne autour de 800 ha. C'est une agriculture typiquement vivrière qui permet une diversification des ressources et constitue un alternatif à l'irrigation qui a réduit les surfaces cultivables suite à la valorisation des barrages.

Cependant, elle est confrontée à de nombreuses contraintes écologiques émanant de l'irrégularité des crues, des écarts de températures (entre décembre et Mars) et des plantes aquatiques envahissantes comme le typhia. La culture du Diéri y joue un second rôle.

- L'agriculture pluviale

Considérée comme une activité secondaire, l'agriculture pluviale occupe une part moindre de la population active. Elle se pratique en hivernage de juillet en Octobre et principalement dans le Diéri. La superficie annuellement exploitée dans la CR tourne autour de 350 ha et d'après le Recensement National de l'Agriculture en 2000, elle concerne encore la presque totalité des ménages ruraux agricoles recensés.

Ces performances dépendent en grande partie de la pluviométrie irrégulière et mal répartie dans le temps. Elle est en conséquence destinée à des cultures de subsistance telles que : le mil, le niébé, l'arachide de bouche et la pastèque.

En somme, les cultures de décrue et les cultures sous pluie qui étaient les principales activités agricoles avant l'artificialisation du fleuve Sénégal, se substituent de plus en plus à la culture

5 PIV : Périmètre Irrigué Villageois

29

irriguée avec l'introduction des aménagements hydroagricoles. L'élevage deuxième activité traditionnelle de ce système est associé à l'agriculture.

2.2 L'élevage

Jadis, s'intégrant harmonieusement à l'agriculture de décrue dans le Walo, l'élevage continu a occupé une part importante dans la CR. D'après, le dernier Recensement National de l'Agriculture, il intéressait 2 449 ménages ruraux sur les 2 637 estimés, soit une proportion de 93%. Cette activité révèle deux types d'élevage : l'élevage transhumant extensif ou l'élevage pastoral et l'élevage domestique parfois intensif.

- L'élevage de transhumance

Ce type d'élevage concerne le groupe statuaire Peul (les Yalalbés à Barangol, les Siranabé...) et porte sur les espèces telles que les bovins. Circonscrit dans la zone Diéri, les zones traditionnelles réservées au nomadisme pastoral se réduisent compromettant ainsi son développement. Ceci est consécutif à l'extension des aménagements hydroagricoles et à la baisse de la pluviométrie.

Ainsi, le mouvement Walo-Diéri (transhumance) suivant la progression de la pluie est de plus en plus lointain. Le Djéjégol est d'abord le point de chute, si les conditions ne sont pas les meilleurs, le berger prolonge jusqu'au Diéri des profondeurs : Ranérou, Ourossogui, Vélingara...

Ce mouvement pendulaire permet de répondre aux deux exigences de l'élevage : l'eau et le pâturage. Ces contraintes font que les éleveurs ont de plus en plus tendance à se sédentariser et à s'intégrer dans l'agriculture ce qui conduit au développement de l'élevage domestique.

- L'élevage domestique

Cette forme d'élevage se développe dans tous les « Gallé » et concernent : les ovins, les caprins, la volaille mais surtout les vaches. Tous les membres de la famille s'occupent de l'entretien de cet élevage, parfois les jeunes bergers font paitre ces animaux toute la journée, il sert de caisse d'épargne et à faire face aux fêtes et cérémonies sociales.

Cet élevage extensif concerne également les animaux de trait (équins et asins) utilisés dans l'agriculture irriguée pour le transport. Par contre, au niveau de l'agriculture pluviale, ces animaux sont associés aux travaux champêtres de préparation du sol, de semis et de récolte.

30

En somme, les points permanents de concentration pastorale sont : les ouvertures sur le fleuve Sénégal et le Doué, les mares d'hivernage, les forages (11 dans la CR) et les parcs de vaccination. Hormis quelques portions du terroir exploité par l'agriculture sous- pluie, tout l'espace du Diéri constitue une vaste zone de pâturage naturel.

Autrefois, les éleveurs Peuls pratiquaient la vaine pâture (niaygual) juste après la récolte des cultures de décrue. Ultérieurement les (Soubalbés) pécheurs leurs suivaient dans la plaine d'inondation où une bonne prise se réalisaient car les poissons se nourrissant des restes végétaux et le déchet des animaux inondés par la crue.

2.3 La pêche

Pratiquée sur le Doué et le fleuve Sénégal, la pêche constitue la troisième activité de la zone Selon, la répartition des ménages ruraux engagés dans la pêche (tableau 7), elle occupe encore 570 ménages ruraux, soit une proportion de 20% répartie comme suit.

Tableau 7 : Les ménages engagés dans l'activité de la pêche dans la CR de Madina

Villages

Nombre de ménages

Aram et hameaux

161

Barangol et hameaux

21

Cas-Cas et hameaux

21

Dogui-Dombi et hameaux

81

Dounguel et hameaux

16

Kénéne (harifounda) et hameaux

51

Madina Ndiathbé et hameaux

2

Siouri et hameaux

50

Saré-Souki et hameaux

37

Takoyel et hameaux

79

Soubalo Madina et hameaux

51

Total CR

570

Source : recensement national de l'agriculture, 2000

31

Autrefois, d'important tonnage de poissons étaient débarqués et la vallée du fleuve était une zone importante pour la reproduction des poissons d'eau douce (tilapias, silures). Toutefois, cette situation s'est délabrée à cause des sécheresses successives, des aménagements hydroagricoles, de la régularisation des crues, de même que la réduction les zones naturelles inondables où les alvins se développaient naguère. Ce système traditionnel est appuyé par l'exploitation forestière.

2.4 Exploitation forestière

L'exploitation forestière se réalise dans les forêts préservées et ou naturelles autorisées par l'agent des Eaux et Forêts de l'arrondissement de Cas-Cas. Il existe également des bois villageois assez répandu dont les principaux acteurs sont : les GPF et les GIE. Le potentiel ligneux présente ainsi un intérêt particulier pour les riverains du terroir. Il joue un rôle important, notamment dans :

- La consommation domestique : à travers la cueillette et le ramassage du produit de certaines espèces ligneuses en vue de l'alimentation. Plusieurs espèces sont domestiquées : Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Adansania digitata, Zizyphus mauriania.

- Le bois de chauffe ou de construction : les mimosacées sont particulièrement utilisées dans le terroir pour leur charbon ou leur bois : Acacia raddiana, Acacia seyal, Acacia senegal, Acacia nilotica. De même, l'exploitation du gommier par les femmes est très répandue dans le milieu.

- Par leur racine, écorces et feuilles, les arbres sont sollicités par la pharmacopée traditionnelle.

2.5 Le commerce

Cette activité du secteur tertiaire occupe une bonne place dans l'économie rurale de la CR. Elle doit son importance à deux facteurs principaux : la route nationale (N2) qui coupe Madina Ndiathbé en deux parties et se caractérise par l'accessibilité et la disponibilité des produits agricoles, forestiers, pastoraux, halieutiques dans le terroir

Ainsi, une grande mobilité des personnes et des biens se développe au sein de ce terroir suivant une double orientation : d'une part, les villages du Djéjégol (Madina, Aram, Soubalo Madina...) situé sur le goudron (nationale 2) exercent leurs activités commerciales sur les axes routiers en relation avec les villages du Diéri.

32

D'autre part, ceux de l'ile à Morphil très enclavés, ont une orientation commerciale vers la Mauritanie. Une dynamique transfrontalière se réalise entre certains villages de l'ile à Morphil très enclavée à l'instar de Cas-Cas, Siouré, Dounguel, Siouré avec ceux de l'autre rive : Wothie - Bababé.

Cependant, le « dougguéré » de Madina chef lieu de CR est un véritable lieu d'échanges et d'interrelations spatiales (Diéri, Walo et Mauritanie). Plusieurs produits (vestimentaires, agricoles, halieutiques, pastorales...) permettent de lier différentes catégories de la population (Peuls, Halpular, Wolofs et Maures). Depuis l'arrêt de la commercialisation du riz par la SAED, ce marché hebdomadaire connait une ampleur.

*

* *

Le contexte historique dans lequel s'est formée la population de la CR permet de comprendre la formation de l'organisation sociale et sa répartition dans l'espace. La dynamique démographique révèle une croissance rapide dont l'émigration exerce une ponction notable au niveau des actifs. Ainsi, les habitants de ce terroir ont tissé des liens avec ce milieu, dont ils tirent profit par des activités primaires : agriculture, élevage, pêche et exploitation forestière qui constituent l'économie de cette communauté rurale.

Cependant, l'environnement socio-économique révèle un déséquilibre entre un secteur traditionnel en léthargie (agriculture traditionnelle, élevage, pêche et exploitation forestière) et un secteur moderne (irrigation) orienté vers les aménagements hydroagricoles et le commerce.

33

Conclusion partielle

Au terme de cette première partie, la CR de Madina Ndiathbé est marquée par une disponibilité et une diversité des ressources naturelles. Au premier plan, les ressources hydriques sont formées par trois éléments : les eaux de la pluie, les eaux de surface et les eaux souterraines abondantes dans l'ensemble.

La distribution des ressources végétales est en grande partie liée à ces potentialités hydriques dont la répartition temporelle se distingue par une irrégularité et une baisse significative au cours des dernières années. Elles sont composées essentiellement d'épineux, d'arbustes et de vastes espaces dénudés.

Ce milieu est aussi peu contrasté de par sa géomorphologie et ses ressources pédologies dont la variété des dénominations témoigne une diversité des sols.

Sous cette orbite, la proximité de l'eau et les différentes ressources ont conditionné l'implantation humaine qui depuis le Moyen-âge, a été l'objet d'une cristallisation de l'habitat et la production de territoire qui aujourd'hui est marquée par une population très jeune en croissance rapide.

Cette population tire partie de tout ce qui dans la nature, peut l'aider à atteindre son but car : « chaque milieu possède des richesses potentielles, dont la mise en oeuvre dépend du type de société, de son degré de développement et de ses possibilités d'intervention » (Vidal de la Blache, 1922).

L'analyse des systèmes de production illustre que l'agriculture traditionnelle (décrue et pluviale) est resté longtemps en dehors du système de production monétaire dominant. L'élevage et la pêche s'intégraient harmonieusement à cette mise en valeur. Mais les aménagements hydroagricoles se sont greffés à cette dynamique dont ils ont fini de devenir le monopole.

Par ailleurs, cette population possède des savoirs ancestraux dans l'exploitation des ressources naturelles et leurs capacités ataviques à gérer au mieux les défis écologiques qui avaient été dans leurs trajets historiques propres. Ce qui nécessité de faire un diagnostic des différents types de savoirs mis en valeur dans la CR de Madina Ndiathbé.

Deuxième partie

DIAGNOSTIC DES TYPES DE

SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS

LA COMMUNAUTE RURALE DE

MADINA NDIATHBE

34

Ayant une bonne lecture de leur espace, les populations de la communauté rurale de Madina Ndiathbé portent un grand intérêt sur leur système de connaissances locales dans le développement de la production agricole, de l'élevage, de l'exploitation forestières et de la pêche. La complexité des règles d'utilisation des terres de culture, la multiplicité des utilisateurs et l'adaptation du mode d'accès selon les types d'usagers nécessitent de faire un inventaire et une caractérisation des savoirs locaux mis en valeur (chapitre I).

Mais, cette société n'est pas statique, de nouvelles initiatives d'exploitation des ressources naturelles (chapitre II) méritent une réflexion particulière.

35

CHAPITRE I : LES SAVOIRS LOCAUX : INVENTAIRE ET CARACTERISATION

Se nourrir est un besoin essentiel pour l'homme, sans doute c'est ce qui ont poussées les populations de la CR pour avoir libérer leur génie créateur de multiples façons et tendre vers leur autosuffisance alimentaire. Des pratiques de systèmes culturaux diversifiés ont été adaptées aux conditions climatiques pour la protection des plantes, la conservation et la transformation des produits agricoles.

Comme pour les plantes, les savoirs locaux permettent de faire face aux problèmes de santé des animaux. De même que, le recueil des savoir-faire traditionnels de pêche constitue un point de départ aux efforts de conservation.

I. LES PRATIQUES AGRICOLES TRADITIONNELLES

Les savoirs constituent la base de la culture des populations de la CR. On admet de plus en plus le rôle des savoirs locaux dans l'impulsion du développement.

1.1 La technologie populaire de l'agriculture de décrue

Les cultures de décrue sont pratiquées sur une partie de la CR traversée par le fleuve Sénégal et le Doué pendant la période des basses eaux. C'est un procédé qui tient compte de la connaissance des lois naturelles qui régissent les rapports : sol, eau, plante, climat. Le travail se divise en deux phases correspondant à des opérations, des outils, des gestuelles.

1.1.1 Préparation des semences et rituel

Le choix des semences est fait au moment de la récolte. On sélectionne les meilleures panicules bien remplies de grains, bien formés et murs que l'on avait préservé des attaques de divers prédateurs. Le décorticage pour cette raison ne se fait que quelques heures avant le semis par une femme mûre pour la plupart du temps (généralement la mère de famille).

Après le décorticage, les grains sont vannés et séparés des glumes et glumelles et ensuite lavés dans de l'urine de vache6 recueillies le matin. Après, les grains de semences sont étalés sur une natte, où ils sont séchés quelques heures.

Au terme de ces préparatifs, le chef de famille, qui en est le maitre d'oeuvre, se dirige vers les champs suivi de son équipe. Aussitôt arrivé, il fait le tour du champ (pour la

6 La croyance populaire veut que l'urine de vache protège les grains de semences contre les attaques d'insectes tels que la cigale noir « somré » et le criquet solitaire « tenkéré ». Il a été constaté aussi, que les grains ainsi traités, donnent des plantes vigoureuses qui se développent plus vite, comme s'ils avaient été semés dans le sol de « wiinndé » (sol ayant subi un parcage).

36

reconnaissance et saluer les esprits) et revient à son point de départ où il prépare sept poquets qu'il ensemence et enterre pour marquer le début des travaux.

Le semis en culture de décrue est une course contre la montre, à cause de la rapidité avec laquelle le sol se dessèche et la rapidité du retrait des eaux.

Ainsi, dans la société Halpular superstition et technologie sont indissociable, l'organisation du travail est également très caractéristique.

1.1.2 L'organisation du travail

Les travaux de semis comprennent quatre phases (tableau 8) qui se succèdent et se complètent, pour aboutir au semis.

Tableau 8 : La division du travail dans la culture du Walo

Utilisateurs

Outils

Descriptions

Fonctions

Genre

Diabbowo

Njidangu

Grande houe de 1,5 m environ
terminé par un bout tranchant
pesant 2 à 3 kg

Réalisation d'une
fente ou poquet

Homme
mur

Luhowo

Luugal

Sorte de pilon en bois long de
1,5 m et pesant prés de 2 kg.
L'extrémité effilée constitue la
partie travaillante

Réalisation de
gobelet (trou plus
ou moins profond)

Homme ou femme

Gawowo

Awdi

On remplit les semences
(sorgho) dans une petite
calebasse

semences

Homme ou femme

Békowo

Mbékudi

Terre arable léger

Recouvrir les trous

Enfants

Source : enquête de terrain 2010

Les différentes phases se réalisent à la chaine et par un acteur distinct. - L'ouverture du poquet ou « jaabugol »

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Cette action consiste à ouvrir dans le sol un trou en forme de prisme, réalisé avec un outil appelé « Njidangu ». Cette première opération est généralement pratiquée par le chef de famille ou l'homme le plus expérimenté pour un bon réglage de la distance des plantes, aspects importants pour la germination et du développement ultérieur des plantes.

- La trouaison ou « luugol »

Elle consiste à réaliser sur la surface latérale des « éno » (un trou conique) qui recevra les semences. Il est fait à la main grâce au « luugal ». Moins le sol est argileux, plus l'outil est mince, effilé et léger. Après l'ouverture des « éno » le « faandu » est exécuté chronologiquement.

- Le semis ou « awgol »

Cette troisième opération dérive de « awdi » (semences) et suit immédiatement la précédente, le « luugol ». Elle consiste à mettre en terre trois à quatre grains de sorgho. L'opérateur tient en main une petite calebasse remplit de semences qu'il jette dans le « faandu ». Tout poquet ouvert doit être ensemencé et enterré rapidement afin de limiter l'évaporation et le desséchement rapide du sol.

- L'enfouissement des semences ou « békugol »

C'est la dernière opération qui consiste à recouvrir d'une terre sableuse « Mbékudi » les graines de semences placés dans le trou du poquet. Cette terre est prélevée dans une zone boisée généralement surélevée « Toggéré », finement moulue et remplie dans une calebasse.

Ces différentes pratiques constituent un répulsif contre les insectes, la réduction de l'évaporation de l'eau du sol et la création d'un milieu ambiant favorable à une bonne germination. Selon Watt (1986)7 : « c'est la seule technologie de semis actuellement valable pour le sorgho de décrue qui pourrait avec quelques améliorations permettre de tripler les rendements ». Ainsi, le travail du Walo nécessite une certaine connaissance du milieu.

Marzouk et al (2000)8 faisant un inventaire des outils traditionnels africains affirment que : « c'est avec les éléments hérités du passé que les hommes recommencent chaque jour à

7 Alioune Watt, 1986 « Le semis du sorgho de décrue au fuuta », ENDA, 60 pages

8 Yasmine Marzouk, Christian Seignobos, François Sigaud, 2000 « Outils aratoires en Afrique : innovations normes et traces », IRD, Edition Karthala, 397 pages.

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construire leur présent ». Il faut donc reconsidérer chaque instrument, de son origine, de son effet sur les cultures, du mode de travail qu'il implique et des techniques qui leur est associé. Le développement est plus facile dans les sociétés sûres d'elles - mêmes, de leur identité, de leur cohérence. Ce qui implique la connaissance des traditions.

1.2 Les actions traditionnelles d'économie de l'eau

Elles sont développées en vue de s'adapter aux changements du milieu. Face à la raréfaction des précipitations et de la réduction des activités agricoles dans le système traditionnel, les paysans effectuent des activités de gestion de l'eau dans les cultures.

1.2.1 Les « mballa » dans le Diéri

Actuellement, c'est la seule forme de culture dans le Diéri (agriculture sous-pluie). C'est une technique comparable au « Zai » pratiqué dans le Yatenga (Nord de Burkina Faso) entre 1982 et 1994, à la suite des années de sécheresse dans le Sahel.

En effet, l'exploitant crée ou cherche une dépression où l'eau stagne qu'il encercle avec une clôture naturelle pour recueillir les eaux pluviales. (Photos 1 et 2)

Photo 1 : préparation d'un « mballa » Photo 2 : « mballa qui se remplit d'eau progressivement

Les avantages sont principalement : la capture des eaux de ruissellement, la concentration de la fertilité et l'augmentation de la production.

1.2.2 Les autres pratiques

La technique de captage des eaux d'infiltration est réalisée par une gamme très large de pratiques :

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- Le labour : selon les agronomes, il est une technique d'économie de l'eau par excellence. Il permet de briser la croûte du sol, ce qui améliore l'infiltration et diminue le ruissellement autorisant en même temps un enracinement profond des plantes. Cela garantit une meilleure croissance végétale et donc une couverture amélioré du sol.

- Le billonnage : c'est un travail du sol en buttes. Il est réalisé à la main par les paysans. L'eau se concentre dans les sillons, s'y infiltre au profit des plantes. Pour optimiser la rétention d'eau dans la parcelle, on réalise des billons.

1.3 Les actions de fertilisation des terres

Pour maintenir une agriculture continue les populations développent des stratégies fondées sur des pratiques locales de gestion de la fertilité. On peut catégoriser :

- La fertilisation par la fumure organique

Il s'agit de l'usage des déchets des animaux minutieusement remué avec la terre au moment du défrichage. Dans les systèmes de cultures traditionnelles (Walo et Diéri) le « niaygual » (action de laisser le bétail pâturer dans les champs après la récolte) est régulièrement pratiquée pour augmenter la production. Du fait que, la quasi-totalité des populations entretiennent un élevage domestique, ce système est largement pratiqué pour pallier à l'épuisement des sols.

- Le paillage ou le maintien des résidus de récolte sur les champs

Cette technique de préservation de sols consiste à abandonner les tiges de sorgho ou de mil sur pieds, les feuilles de patates sur place de façon à simuler l'activité des termites. Ce qui protège le sol de la forte insolation en saison sèche, des effets néfastes du ruissellement ou de l'action destructrice de l'érosion éolienne. Ces débris de végétaux laissés à la surface des champs constituent un apport important en humus.

- L'association des arbres aux cultures

Les paysans aménagent souvent des arbres connus : Acacia albida, Zizyphus mauritiana ou Verticillat borreria dans les champs de Diéri, de Walo ou de Pallé. Ces arbres freinent la vitesse du vent, fournissent l'ombrage et leur litière protège le sol contre l'érosion. Dans les deux réserves (Saré-Souki et Barangol qui sont en même temps des Falo), nous observons une forte intégration de l'arbre aux cultures. (Photo 3)

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Photo 3 : intégration des arbres à la culture dans la réserve de Seydou Yobou Ba (Barangol)

En gros, ces différentes techniques ont permis aux paysans d'exploiter les ressources agricoles du terroir de manière durable et de répondre aux exigences de production pour assurer leur survie.

II. LES PRATIQUES PASTORALES ET LES CONNAISSANCES LIEES A L'EXPLOITATION FORESTIERE

La connaissance des pratiques traditionnelles d'élevage et d'exploitation des ressources végétales constituent un facteur d'impulsion du développement.

2.1 Les pratiques pastorales

Depuis des temps anciens, l'élevage a toujours occupé une place très importante dans la vie des habitants de la CR. C'est une des caractéristiques qui fondent les pratiques quotidiennes des populations du Diéri (les Peuls). L'élevage reste encore de type extensif mais on relève dans la Walo quelques pratiques semi-intensives, du fait de l'étroitesse des zones pâturables et de l'abandon de sous-produits agricoles.

2.1.1 Les techniques locales d'amélioration génétique et santé animale

Que ce soit pour la sélection ou le croisement génétique, les éleveurs ont développé localement au fil du temps, des méthodes et techniques très performantes pour augmenter la production génétique et la santé du bétail.

- Les techniques locales d'amélioration génétique

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Le plus souvent c'est la castration et le croisement génétiques orienté. Dans le premier cas c'est une technique utilisée en reproduction pour mettre « hors circuit » les mâles indésirables. Deux variantes techniques sont développées par les éleveurs. La castration sanglante se fait par une section testiculaire après ouverture des pores cutanés. Cette chirurgie se fait à l'aide d'une lame de couteau très tranchante ou d'un rasoir traditionnel. La castration non sanglante procède par un écrasement directe du cordon testiculaire celui-ci est tenu entre deux bâtons sur lesquels une forte pression est appliquée.

En ce qui concerne les croisements orientés, les éleveurs procèdent par accouplement en monte naturel de leur femelle par le géniteur améliorateur. Ce géniteur est soit acheté et placé parmi les femelles au sein du troupeau, soit emprunté à une tierce personne.

- La santé animale

Il s'agit de l'ensemble des connaissances, croyances techniques et méthodes ainsi que l'art et la science du traitement des maladies animales. Les éleveurs utilisent pour la plupart la pharmacopée traditionnelle pour les soins de leurs animaux. Plusieurs jus de plantes sont utilisés pour la désinfection ou le pansement des plaies ouvertes. De même, les urines de vaches, la salive...sont utilisés pour le soin. Une chirurgie est appliquée sur les animaux : la castration, l'écornage des bovins, la coupe de sabots excédentaire.

2.1.2 Les systèmes d'élevage

En fonction du gradient climatique et de l'abondance des ressources naturelles, nous avons trois pratiques. D'abord, la transhumance est un déplacement des animaux (une partie pour la plupart) qui suit la progression de la pluie et constitue une solution aux contraintes de fourrage. Ces mouvements sont cycliques avec un circuit bien établi, selon un calendrier rigoureux dans l'année (encadré 1).

Encadré 1 :

On maitrise parfaitement les voies. Je sais exactement dans combien de temps on accédera à un point d'eau et le temps que peuvent tenir les animaux. La stratégie de transhumance est : d'une part, on fait boire le maximum possible le matin avant de prendre le départ. D'autre part, on marche jusqu' à la nuit tombante pour faire désaltérer le lendemain matin.

Entretien avec un transhumant (Amadou Abou Dia) à Dounguel Dadé

C'est une migration spécifique aux éleveurs qui se déplacent pour la recherche de pâturages.

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Ensuite, le sédentarisme est un type d'élevage où le troupeau se déplace soit très peu dans les limites du terroir villageois, soit pas du tout. Cet élevage est très répandu dans la presque totalité des « Gallé ». Mais cela nécessite d'injecter des quantités plus ou moins importantes d'intrant alimentaire pour couvrir les besoins des animaux.

Enfin, l'attache au piquet est un mode d'élevage de faible effectif pratiqué principalement en hivernage pour éviter les dégâts sur les champs. Les animaux (bovins et ovins) sont attachés à un piquet ou au pied d'un arbre, au moyen d'une corde de longueur variable. On le déplace plusieurs fois dans la journée afin qu'il accède au maximum d'herbe de pâturage.

2.2 Les connaissances liées à l'exploitation forestière

Les populations de la CR se distinguent par des systèmes agroforestiéres originaux loin d'être les reliques d'une lointaine préhistoire. Elles les ont développés par le biais d'un savoir-faire en exploitant les forêts.

2.2.1 Utilisation domestique de la végétation

L'exploitation forestière se fait dans les zones naturelles autorisées par l'agent des Eaux et Forêts moyennant une redevance. Les espèces agroforestiéres les plus utilisées sont des ligneux sur lesquels existent un capital de savoirs non négligeable leur conférant une valeur ajoutée dans l'exploitation. Les plus domestiquées sont : Tamarindus indica, Balanites aegyptiaca, Adansonia digitata, Zizyphus mauritania...

La cueillette est une activité procurant des ressources biologiques à contribution significative pour leur alimentation. Elle est liée à la phénologie des espèces (feuillaison, floraison et fructification). Dans la construction se sont les mimosacées (Acacia raddiana, Acacia seyal, Acacia senegal, Acacia nilotica) qui sont particulièrement utilisées dans le terroir pour leur charbon ou leur bois.

L'exploitation du gommier est pratiquée par certaines femmes : une section anatomique est réalisée sur les rameaux qui produisent un matériau gommeux (gomme arabique) plus ou moins épais qui durcit progressivement au contact de l'air. D'après Dione et al9 (1990) la production débute en novembre après l'arrêt des pluies et consécutivement à une chute brutale de l'humidité relative.

9 Dione Mamadou et Jacques Vassal, 1998 « Gommose et rythme de production gommiére chez Acacia seyal », Article 12 pages

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2.2.2 La médecine par les plantes

Cette activité est l'apanage des tradipraticiens ou guérisseurs qui cumulent les fonctions à la fois de médecins posant les diagnostics et de pharmaciens prescrivant les remèdes. En réalité les populations ont une connaissance des plantes pouvant guérir certaines maladies. Les mimosacées sont utilisés en général comme vermifuge et remède efficace contre la dysenterie (l'écorce en décoction surtout) alors que Tamarindus indica est une espèce très prisée en raison de ses fonctions multiples10.

En somme, les possibilités d'approvisionnement en produit ligneux à partir du peuplement naturel s'épuisent en raison de l'extension des terres agricoles et de la surcharge pastorale.

III. LES TECHNIQUES DE PECHE TRADITIONNELLE

La CR de Madina, avec les eaux du fleuve Sénégal et le Doué, ses marigots (Danéwol et Barangol) a toujours été favorable au développement de la pêche.

3.1 Les anciennes techniques de pêche

Actuellement, la pêche continue à se développé timidement et plusieurs techniques de pêche et pratiques de gestion sont à l'origine d'une complicité entre le « Thiouballo » et les eaux.

Ces instruments et techniques traditionnels (tableau 9), fondés sur la connaissance de la biodiversité aquatique et du cycle écologique de reproduction des poissons, sont toujours d'actualité et permettent aux pécheurs de survivre et de capturer beaucoup d'espèces de poissons. Dans les villages Soubalbés (Souballo Madina, Arame, Siouré), la pêche occupe une bonne place dans l'activité des ménages. Elle est une occupation exclusivement masculine. Les femmes sont chargées de la commercialisation et de la transformation (poisson séchés) des ressources halieutiques.

Depuis, l'érection des deux barrages (Diama et Manantali) la production est devenue très faible à causes des déséquilibres écologiques du constat des riverains.

10 Les fleurs sont mangées fraiches, ou comme condiment des sauces. Les feuilles ont une saveur agréable et sont utilisées contre la constipation, elles ont des propriétés vermifuges. Les écorces contiennent du tannin efficace contre la diarrhée. Le fruit est consommé en confiture. Les gousses et les graines écrasées sont employées comme condiment. La racine serait aphrodisiaque. Le bois très dur et dense est bon pour le charronnage, la construction ; il peut servir également comme armature d'embarcation ou comme manches d'outils.

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Tableau 9 : Instruments et techniques de pêche dans la CR de Madina Ndiathbé

Appareils de pêche

Caractéristiques
techniques

Nombre de
pécheurs

Techniques de pêche

Impacts écologiques

Gubbol

Grand filet de mailles étroites et larges

10 à 20
personnes

Pratiqué sur le fleuve Sénégal et le Doué, le filet est retiré après 4 heures de mise en eau.

Pratique qui ravage les poissons mais interdit dans les lieux de reproduction

Thiambal

Filets à mailles variables selon le type de poissons recherché

Une
personne

Filet fixé transversalement au cours d'eau, pendant 1 à 4 semaines, chaque jour le pécheur passe vérifier si le piège a pris, relève le poisson et nettoie le filet.

Ne prends pas tous les poissons. Mais peut détruire l'habitat des poissons.

Félé-félé

Même

caractéristique que le Thiambal

1 à 2
personnes

Ce filet suit le courant d'eau que le pécheur ne perd pas des yeux en pirogue et s'arrête aux croisements où le courant change de direction.

Est utilisé seulement pendant la période des hautes eaux (crue) dans les fleuves et marigots.

Mbaala
(épervier)

Les mailles sont variables

1 à 2
personnes

Une seule personne située sur la rive peut lancer l'épervier

Est utilisé surtout pendant la crue.

Mbakkal

Filet très long

2 personnes

Les deux personnes tiennent les extrémités de chaque coté et survolent les eaux.

Est pratiqué pendant la crue dans les marigots de faible profondeur

Dolingué

Filet avec plusieurs hameçons 5 à 6 genres variables

1 personne

L'engin est mis dans l'eau pendant plusieurs heures avant d'être relevé.

Utilisé en toute période

Kotio-kotio

Très petit filet

1 personne

Procédé qui consiste à émettre des cris pour attirer les poissons, ou allumer une lumière.

Utilisé pendant la crue mais peut déstabiliser le milieu

Source : Enquête de terrain, 2010

C'est pourquoi la pêche pendant l'hivernage dans les cuvettes de décrue et les marigots est devenue le moment le plus productif. (Encadré 2)

En outre, les eaux de crues remplies de nutriments sont plus poissonneuses grâce au courant Est-Ouest, les poissons effectuent des migrations latérales du lit mineur vers la plaine

45

d'inondation pour y trouver des lieux propices à la ponte (pendant le Déminaré les populations ont connaissances de ces vents qui attirent les populations).

Encadré 2 :

Nous avons une bonne connaissance de notre milieu hérités de nos ancêtres depuis des temps immémoriaux. Chaque outil a ses raisons et ses spécifités. Chaque milieu (Tiatgol, Mare, Marigots et fleuve) est favorable à une espèce. Exemple les « Anondé » ne circulent qu'en hiver. Et on utilise des « dolingué »dont la maille varie entre 0 et 16 (plus le nombre est petit plus la maille est grande) en fonction de nos besoins. Avant d'aller à la pêche on fait des incantations et on ne revient jamais les mains vides.

Extrait de l'entretien avec Amadou Hamed Pam, chef de village de Souballo Madina

3.2 Les pratiques de gestion

Les Soubalbés sont les maitres des eaux car ayant une maitrise suprême et magicienne de l'élément liquide. Non seulement les eaux recèlent un peuplement naturel qui est offensif, tel le crocodile (nooro), le lamantin (luwoogu) et l'hippopotame (ngabu) mais l'eau est habitée par des génies redoutables (jom mayo, seytané diyam).

Ainsi, le Thiouballo a pour but de préserver les populations riveraines de ses bêtes ou esprits. Il maitrise les moments, périodes et jours favorables pour faire la pêche ; les offrandes à faire pour ne pas réveiller les esprits (interdiction de jeter des ordures dans le fleuve ou certaines espèces de poissons).

*

* *

De nombreuses techniques ont été mises en oeuvre dans la CR de Madina Ndiathbé par les exploitants. Et ces pratiques ont permis à la population de survivre dans ce milieu parfois hostile et de confirmer la pertinence de leurs savoirs. Ces procédés ont un impact positif sur l'évolution des terres de cultures, sur la pêche et sur la végétation.

Toutefois, ces techniques ont montré un certain nombre de contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il s'agit de la lourdeur du travail au regard des outils utilisés.

En réaction à ces différentes difficultés, des mesures complémentaires ont été entreprises ; par les différents acteurs de développement : les nouvelles initiatives d'exploitation et de gestion des ressources naturelles.

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CHAPITRE II : LES NOUVELLES INITIATIVES D'EXPLOITATION DES RESSOURCES NATURELLES

La CR de Madina Ndiathbé est un champ où s'appliquent des connaissances locales qui ont permis à la population d'exploiter les ressources naturelles d'une manière durable, permettant des systèmes de production des agriculteurs, pécheurs et pasteurs de s'articuler entre eux et de former la mise en valeur du terroir.

Cependant, les années de sécheresses imposèrent de nouvelles stratégies orientées vers les aménagements hydroagricoles. Et du même coup, des pratiques modernes sont initiées dans le secteur de l'élevage pour stabiliser la filière tel que la pisciculture pour apporter une alternative aux pécheurs et les activités de reboisement pour reverdir le milieu. Ces connaissances scientifiques méritent d'être caractériser.

I. LES PRATIQUES AGRICOLES MODERNES ET LES ACTIONS DE GESTION DES TERRES

Elles sont pour la plupart l'oeuvre de groupement paysan organisé autour d'un GTE, des ONG et autres partenaires ou structures d'encadrement dans le cadre du développement rural.

1.1 Les pratiques agricoles modernes

Elles tournent autour de l'irrigation dont la sécheresse des années 1970, qui a dévasté les cultures pluviales, fortement rétrécie les surfaces cultivables en décrue, éliminé le cheptel et les ressources halieutiques, a été le prétexte majeur. « Les cultures irriguées sont ainsi pour les paysans de la zone la seule activité possible » (Adams, 2000)11.

Ainsi, depuis 1980 les aménagements hydroagricoles se sont insérés dans le système traditionnel dont ils ont fini de devenir le monopôle.

- les périmètres irrigués villageois (PIV)

Ce sont des aménagements sommaires réalisé par la SAED pour aider les populations à recouvrir leur autosuffisance alimentaire et sécuriser la production vivrière. Cette culture irriguée à petite échelle s'est effectuée sur la base de connaissances scientifiques avérées. On utilise la technique d'exhaure grâce à un groupe motopompe (GMP) installé sur le plan d'eau à proximité de la berge. Le périmètre aménagé est situé sur le bourrelet de berge. Ensuite, un

11 Adams Adrian, 2000 : « Quel avenir pour la vallée » IIED 108 pages

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réseau hydraulique est réalisé à la main mais le plus souvent par tracteur après dessouchage et terrassement, puis on fait le coulage en béton ou en ciment des petits ouvrages. Le schéma de base d'un périmètre (PIV) illustre cette technique.

Figure : Schéma de base d'un périmètre irrigué (PIV)

Ainsi, c'est la SAED qui a initié à cette population ces différents procédés scientifiques : préparation du sol, planage manuel ou tracteur, semis, repiquage, utilisation de l'engrais, suivi et contrôle, fauchaison, battage et acheminement des récoltes.

- Le maraichage

Il est pratiqué par les groupements de promotion féminine (GPF) .Tous les villages enquêtés ont leur jardin des femmes dont les parcelles qui tournent autour de 5 ares, sont attribuées uniquement aux femmes mariées. De nos jours, les cultures maraichères sont étroitement liées à la culture principale du riz. Elles partagent les mêmes réseaux d'irrigation, elles le suivent dans le calendrier cultural. Elles bénéficient surtout les mêmes engrais et les mêmes pesticides et impliquent en générale les mêmes organisations paysans.

- Le jardinage

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De petits jardins destinés à couvrir les besoins en produits frais de la CR sont initiés. La plupart des périmètres irrigués privés se sont développées dans ces conditions. Actuellement, beaucoup de famille s'organisent pour travailler leur terre sous cette nouvelle forme. Les agriculteurs cherchent à diversifier leur production et de plus en plus à spécialiser leurs parcelles. A l'exemple du GIE privé « Mbamtaré hakkundé majé » qui a travaillé pendant quelques années avec la SODEFITEX à Dounguel

1. 2 Action de gestion des terres

La terre représente un patrimoine culturel pour la société Halpular. Plusieurs pratiques modernes sont réalisées pour la réduction des risques alimentaires, de la vulnérabilité des populations mais surtout la sécurisation des aménagements hydroagricoles.

1.2.1 Action pour augmenter le rendement des récoltes

Il s'agit des mesures appliquées dans la fertilisation des sols principalement dans les aménagements hydroagricoles soumis régulièrement à la culture. On peut citer :

- La fumure minérale

L'irrigation est actuellement la principale préoccupation des agriculteurs de la zone Walo où deux à trois campagnes sont constamment pratiquées dans les PIV ou dans les jardins des femmes. Dans ce cas, l'épuisement des sols est toujours solutionné par la fumure minérale (engrais blanc et urée). Cette fertilisation chimique permet l'usage continu des périmètres irrigués.

- Les cultures intercalaires ou cultures mixtes

La culture intercalaire désigne deux ou plusieurs plantes cultivées en même temps dans le même champ. Elle est l'apanage des GPF travaillant sur le maraichage, cultivant en même temps : tomate, oseille, piment, gombo, aubergines pour la campagne « Dabundé », légumes et arachides pour la campagne « Doungou ». La culture mixte permet différentes combinaisons : une rangée de piment suivi de celle d'un gombo et de la tomate. Ainsi, ces différentes combinaisons diminuent les risques de perte des récoltes : si la production d'une variété est affectée, les agriculteurs peuvent compter sur les autres pour assurer un palliatif.

- La pratique de culture à cycle végétatif adapté aux aléas climatiques

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Dans les aménagements hydroagricoles les agriculteurs adoptent des variétés de cultures adaptées au climat. Ainsi, pour la riziculture : une variété de riz de cycle court en saison chaude comme le Sahel 108 est cultivée alors qu'en hivernage, une variété de cycle moyen (Jaya ou IRI 529) se pratique.

1.2.2 La gestion dans l'occupation des sols

Il s'agit de l'élaboration d'un plan d'occupation et d'affectation des sols (POAS) dans la CR comme instrument d'une sécurisation foncière. Ce plan réalisé grâce à la concertation des différents acteurs intervenant dans le terroir permet la réglementation et l'intégration des systèmes agricoles et pastoraux. Il définit deux types de zones de vocation des terres

Ainsi, le territoire de la CR est reparti en dix zones12 de gestion en fonction de ces deux types de priorités. Distingue - t'on (carte 4) :

? La zone agro-pastorale à priorité agricole (ZAPA)

Dans ce type d'espace (île à Morphil et Djéjégol), les règles dominantes sont relatives à la préservation des cultures. Pendant les campagnes agricoles, le déplacement du bétail est interdit en dehors des pistes de bétail. Tout cas de divagation sera puni sur la base d'une estimation des dégâts qui seront remboursés et d'une amende de 20.000 FCFA pour manquements au POAS. L'élevage n'est toléré que sur l'espace non cultivé.

? La zone agro-pastorale à priorité élevage (ZAPE)

Le parcours du bétail est autorisé toute l'année dans cette zone, seule l'agriculture pluviale est tolérée et mieux la protection des parcelles cultivées contre le bétail est du ressort de l'agriculteur.

En gros, le POAS reconnait officiellement des points d'eau pastoraux sur le fleuve Sénégal, sur le Doué, sur le marigot de Barangol et les mares d'hivernage de la CR. En outre les pistes de bétail (la piste qui part de Olol Diawbé et va à Toufndé Gokhiyel en passant par Aram) constituent un droit reconnu et garanti par le conseil rural.

12 Zone de Guiro - Siouré, zone de Thilla - Saré souki, zone de Cas-Cas - Demba Wassa, Zone de Dounguel - Barangol, zone de Aram, zone de Madina, zone de Tackoyel, zone de Dounguel Dadé, zone de Bano et zone de Aérédji.

Carte 4 : La vocation des terres dans le CR de Madina Ndiathbé

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Des commissions de suivi du POAS sont crées dans les différentes zones de gestion composées de : chefs de village, conseillers résidents et pour chaque village : un représentant des agriculteurs, un représentant des éleveurs et un représentant des pécheurs. Elles gèrent l'arbitrage des conflits entre usagers du sol.

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II. LES PRATIQUES MODERNES LIEES A L'ELEVAGE ET A LA RESTAURATION DU MILIEU

Elevage et végétation sont intimement liés dans la CR de Madina, dans la mesure où les forêts constituent les zones de pâturages naturelles. Les pratiques modernes tentent de développer l'élevage ainsi que la restauration du milieu.

2.1 L'utilisation des connaissances modernes pour la gestion de l'élevage L'élevage de type intensif fondé sur des pratiques modernes se développe timidement dans la CR. Il est faciliter par les infrastructures de gestion comme :

- Les forages dans le Diéri et les parcs de vaccination

On a cinq forages dans la zone Diéri à vocation d'élevage dont l'objectif est d'assurer un élevage de type intensif par la sédentarisation des éleveurs (photo 4 et 5)

Photo 4 : Forage de Bano et infrastructures annexes Photo 5 : Concentration des populations autour

d'un puits à Bano

Ce forage à Bano remplacé par le puits depuis sa panne, polarise 21 villages dans le Diéri et limite le déplacement des animaux. Il oblige les éleveurs à faire des activités parallèles.

Par ailleurs, les deux parcs de vaccination de la CR dont un dans le Diéri à Bano (photo 6) et l'autre dans le Walo à Cas-Cas (photo 7) sont des zones de polarisation de l'élevage.

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Photo 6 : parc de vaccination de Bano Photo 7 : parc de vaccination de Cas-Cas

Des connaissances scientifiques sont utilisées pour soigner les animaux au niveau des parcs. En effet, chaque année, le chef de poste vétérinaire (CPV) organise des séances de vaccination au niveau de ces parcs. Le bétail est généralement vacciné contre la dermatose modulaire et le bouthilisme pour les bovins, la pasteurelose et la diarrhée ovine pour les petits ruminants. Les équins et la volaille sont rarement immunisés.

Toutefois, selon le CPV, les éleveurs ne se manifestent que quand leurs animaux sont sévèrement touchés par les maladies.

- L'insémination artificielle

On l'appelle également le mélange de races en vue d'augmenter la production laitière et la viande. C'est une technique qui se développe lentement dans la CR en raison de la réticence des éleveurs. En effet, l'opération débute par le recensement des participants au programme que le CPV effectue pour opérer une sélection des vaches aptes. Elle se déroule en deux phases : une période de pause virale où l'injection de dormeur est appliquée et une seconde où l'insémination proprement dite est réalisée.

Ainsi, des semences issues de races étrangères (le Montbéliard, le Guzéra, le Holstein et la Normande) sont ensemencées sur la variété locale. Le diagnostic (qui s'effectue après 3 mois) a révélé des résultats positifs.

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2.3 Les actions de restauration du milieu

Conscient de l'intérêt que représentent les ressources végétales dans la gestion du milieu au niveau de la CR, les populations riveraines font des pratiques modernes qui sont une illustration de l'appropriation des démarches de la foresterie rurale.

2.3.1 Le reboisement

Il est pratiqué dans le CR en réaction contre la dégradation des sols et surtout des ressources végétales. Nous avons deux pépinières (Mboumba et Aéré lao) qui fournissent aux populations l'essentiel des essences plantées dont trois formes se singularisent :

- Les haies vives : elles sont reboisées par les GPF et les GIE de riziculture. Cette pratique permet un quadrillage de l'espace cultivé et délimité les chemins de circulation du bétail (la divagation) tout en brisant la vitesse du vent. Ainsi, deux essences (Prosopis juliflora, Eucalyptus camaldulensis) sont utilisées et représentent une source importante de bois communautaire et de protection des cultures.

- Le reboisement des rues et des axes routiers : c'est une nouvelle pratique initié par le RIAD qui travaille avec les associations de développement villageois. Une ligne qui suit l'axe routier, de Cas-Cas à Souballo Mboumba a été reboisée. Le bilan a été réalisé cette année avec des résultats satisfaisants.

- Le reboisement individuel : le GPF de Cas-Cas13 pratique se système sous forme d'un parrainage d'arbres très efficace car assurant l'entretien et le suivi. Le reboisement des arbres fruitiers dans les maisons est très courant. Par ailleurs, les vergers individuels offrent une meilleur illustration de ce type de reboisement d'autant plus que le code forestier revisité en 1993 fait des populations des propriétaires de plantations.

2.3.2 Action de préservations des forêts

La protection des forêts contre l'emprise humaine s'est traduite par l'élaboration d'instruments juridiques de la part de l'agent forestier qui gère le domaine protégé et classée de l'arrondissement. En effet, le domaine protégé existe dans tous les villages et englobe les formations forestières naturelles non comprises dans les terres aménagées à des fins agricoles. Le chef de brigade forestier veille rigoureusement à sa protection : tournée quotidienne en moto, répression par amende, délivrance d'un permis de coupe... Depuis février 2010, l'agent

13 Groupement de Promotion Féminine Thierno Samba Amadou Baal est la plus dynamique de l'île à Morphil avec plus de 258 femmes réparties dans plusieurs volets : maraîchage, élevage, pêche, commerce et teinture. Depuis, 2008 il a commencé le reboisement individuel avec un système de parrainage d'arbres.

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forestier a initié une nouvelle orientation de préservation des forêts naturelles par l'autogestion (encadré 3).

Encadré 3

Dans chaque village, j'ai crée un comité de gestion des ressources naturelles composé par un président, un secrétaire général, un trésorier et un commissaire des comptes. L'objectif est de faire comprendre à la population de la nécessité de l'autogestion de leur patrimoine et que personne ne le fera à leur place d'autant plus que la GRN est un domaine de compétences transférée. Je joue ainsi un rôle d'appui - conseiller.

Propos recueilli de l'entretien avec le chef de poste des services Eaux et foret Aéré lao, Mourtada Thiam

Cette nouvelle initiative peut constituer une solution à la dégradation avancée des forêts naturelles.

Sous cette orbite, les pare-feux de protection réalisée dans la zone Diéri constitue une solution aux problèmes de feux de brousse récurrents dans ces vastes terres de la savane (Photo 8)

Photo 8 : Pare-feu de protection non débroussaillé à Bano

En effet, dés le mois de Novembre l'Etat entretenait ces pare-feux de protection dans la zone Diéri en vue de régler le problème des feux de brousses précoces. Depuis quelques années,

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ces pare-feux sont rangés dans les oubliettes et l'Etat favorise cette dynamique en installant des camions citernes dans chaque zone pour parer à toute situation de catastrophe au lieu de les prévenir.

III. LE DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE

L'élevage de poisson dans des sites aquacoles est la nouvelle vision du développement de la pêche dans la CR. Face à la diminution croissante des captures, elle s'impose comme une alternative à la dégradation des ressources halieutiques.

3.1 Contexte de la réalisation du projet Aram

Introduite en 2008, cette activité est initiée par la station piscicole de Richard- Toll sous le financement de l'agence nationale de l'aquaculture (ANA) pour appuyer la Fédération lao. En effet, la pêche continentale a beaucoup régressé durant les années de sécheresse, entrainant la migration des pécheurs, leurs conversions en agriculteur ou la disparition des organisations traditionnelles de pêche.

Ainsi, le village d'Aram, constitué en majorité de Soubalbés (pécheurs) a été très affecté par la décadence de cette activité. Ce projet est vivement accueilli par les populations dont les dix cages flottantes de 10m3 chacun (carré de 2.5 m de côté sur une profondeur de 1.65 m) sont aménagés sur le Doué (photo 9 et 10) avec une densité de 1000 alevins par cage.

Photo 9 : projet de pisciculture d'Aram Photo 10 : Epandage de la farine de poisson

Une seule espèce est élevée dans les cages « Oreochromys niloticus » ou tilapia (thiddéré ranéré) originaire de fleuve Sénégal et très adapté aux conditions du milieu (température de l'eau et le climat, turbidité de l'eau et tous les changements eurybiotiques).

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Après un cycle normal de reproduction de 6 mois, la taille marchande est de 250 g. La gestion du projet est confiée au technicien de pêche recruté par l'ANA qui est appuyé par un comité de gestion (président, secrétaire général et un trésorier). Il se charge de l'empoissonnement et de l'alimentation des alevins avec de la farine de poisson quatre fois par jour.

Le projet connait une réelle appropriation des populations de la zone à travers la commercialisation de toute la production (tableau 10). Les résultats sont satisfaisants et beaucoup de villages sont demandeurs.

Tableau 10 : L'évolution de la production du projet piscicole d'Aram

Année

2008

2009

Nombre de cages récoltés

5

314

Récolté (kg

668

300

Entrée (fr)

532.000 f

300.000 f

Source : technicien piscicole du projet d'Aram

3.2 L'impact dans la CR

Le projet de pisciculture d'Aram s'est réalisé sur la base des connaissances scientifiques : conception des cages, suivi évaluation, adaptation au milieu... Selon, les gestionnaires il y'a une amélioration entre 2008 et 2010 car la population ayant compris l'objectif du projet et a été initiée dans la gestion (alimentation des alevins, entretien et récolte). Ainsi, les impacts de ce projet sont positifs : il a permis à la population du village et celle environnante d'avoir accès aux poissons et de participer à la sécurité alimentaire. Le problème de rareté des poissons est quasi résolu et les populations parviennent à trouver du poisson à moindre coût (1000 FCFA / kg). Le projet a permis également une régénération du milieu et des espèces en voie de disparition.

14 Les autres cages n'ont pas pu être exploitées à cause des problèmes techniques.

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*

* *

Les savoirs scientifiques offrent une gamme variée de pratiques que les populations ont expérimentées et adoptées pour un meilleur équilibre de leur métier. Du développement de la pisciculture à l'insémination artificielle, des pratiques agricoles modernes au plan d'affectation et d'occupation du sol, les habitants de la CR ont initié avec l'appui des structures déconcentrées et décentralisées une gestion rationnelle et efficace des ressources naturelles.

Ces actions constituent dés lors, des réponses pouvant combler et compléter les systèmes de savoirs locaux dans l'optique de favoriser des impacts positifs dans l'environnement.

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Conclusion partielle

Le diagnostic des types de savoir mis en valeur dans la CR de Madina offre une gamme variée de connaissances et d'action alliant les savoirs locaux aux savoirs scientifiques développés par les institutions. L'inventaire de différentes formes de connaissances locales a montré la pertinence du système de cultures de décrue fondée sur les pratiques diversifiées, habituées aux conditions climatiques locales ainsi que la protection des plantes et l'utilisation de la pharmacopée.

De plus, les populations locales ont du façonné de manière consciente les différentes espèces et races selon leur buts et les types d'usages qu'elles visent. Les stratégies locales ont inclus notamment toutes sortes de mécanismes zootechniques, sociaux et économiques ayant permis aux communautés de réaliser au fil du temps, des équilibres socio-environnementaux plus ou moins stables.

Toutefois, ces savoirs ne sont pas une panacée encore moins une solution miracle à tous les problèmes de gestion des ressources naturelles. Ils ont dans un certain cas montrer leur limite face aux aléas climatiques et à la pression humaine constante.

La réduction progressive des cultures de décrue et activités annexes, l'extension des aménagements hydroagricoles expliquent le recentrage des activités et économies familiales fondées sur des connaissances scientifiques initiées par les institutions de développement.

Ainsi, de nouvelles stratégies d'exploitation et de gestion des ressources naturelles ont nécessité un appui institutionnel supplémentaire, notamment l'accès aux crédits, aux marchés d'intrants et à l'information.

Ce recentrage des activités modernes fondées sur de nouvelles opportunités n'a pas pour autant éclipser la technologie populaire des agro-pasteurs Halpular, aspect important de leur identité culturelle, ce qui nécessite d'étudier l'interface de ces deux formes de connaissances dans la CR de Madina.

Troisième partie

ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE

SAVOIRS LOCAUX ET NOUVELLES

INITIATIVES DANS LA GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES

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Dans cette dernière partie, il sera question d'analyser les formes d'organisation et de gestion des ressources naturelles dans la CR. La dynamique organisationnelle est perçue comme l'une des conditions de succès des programmes d'aménagement et de gestion durable des ressources. Ainsi, dans le chapitre I, on développera les acteurs qui utilisent les types de savoirs nécessaires à la conservation des ressources naturelles pour déboucher sur l'étude des interférences entre les différents savoirs mis en valeur.(chapitre II)

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CHAPITRE I : LES ACTEURS DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES NATURELLES DANS LA CR DE MADINA NDIATHBE

L'application des mesures de gestion implique différents acteurs pour une planification de l'environnement dans la perspective d'un développement durable. L'accent sera mis sur les types d'acteurs (acteurs gouvernementaux et acteurs non gouvernementaux) qui développent des savoirs administratifs fondés sur des lois et règlements ainsi que les conventions locales et les codes locaux, en vue d'un consensus entre les populations locales et les institutions. Le transfert de compétences en matière de gestion de ressources naturelles permet de responsabiliser les populations dont les actions, dans la genèse et la mise en oeuvre d'activité de préservation sont d'une dimension incontournable.

I. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES

Elles sont nombreuses et comprennent des services tels que : le sous-préfet (arrondissement), la CR et le CADL, très impliquées dans la conservation et la GRN.

1.1 L'arrondissement de Cas-Cas

Pilier de l'administration locale, il est dirigé par le sous-préfet qui coordonne toutes les décisions, motive les populations aux actions de développement et supervise toutes les activités de gestion des ressources naturelles. Au niveau de la sous-préfecture, il approuve la délibération du conseil rural et l'aide sur le volet administratif. Dans la CR de Madina, il est le plus souvent remplacé par le CADL qui appui techniquement les populations

1.1.1 Le CADL

Le centre d'appui au développement local (CADL) est un service public déconcentré qui intervient dans la CR de Madina. Il s'agit d'une transformation du CERP (Centre d'exploitation Rural et Polyvalent) en 2005 par le décret 2005 - 575. Dans le cadre des ressources naturelles le CADL est surtout impliqué dans :

- Le suivi des campagnes hivernales et l'élaboration de rapport hebdomadaire pour le suivi du monde rural,

- La participation aux campagnes de reboisement, à la création et à la redynamisation des comités de vigilance, de lutte contre les feux de brousse (séance de sensibilisation, de nettoyage des pare-feux entre les villages),

- L'alignement des villages et délimitation des parcelles de cultures,

- L'encadrement des OCB

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- Le constat de divagation sur les cultures (dans ce cas faire une demande après constat des dégâts, mesurer les pertes par exemple un dégât de 100 m2 nécessite une plainte) - La sensibilisation des éleveurs pour la conservation des fourrages,

- Le suivi des campagnes de décrue etc.

Cependant, du fait que la GRN est un domaine de compétences transférées, le CADL s'appui sur le code des collectivités locales comme principal outil de gestion et est appuyé par une équipe pluridisciplinaire composée de : l'agent de l'agriculture (la SAED), un chef de poste vétérinaire et un chef de poste des services Eaux et forêts.

1.1.2 La Communauté rurale

La CR de Madina est une collectivité locale, personne morale de droit public, dotée d'une autonomie financière. Elle est constituée par 73 localités gérées par un conseil rural.

L'avènement de la Loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant Code des Collectivités Locales a permis de franchir un pas important dans le processus de décentralisation. Cette loi a été complétée par la Loi 96-07 du 22 mars 1996 portant, entre autres, le transfert de neuf (9) compétences au profit des collectivités locales : éducation et formation professionnelle ; santé, population et action sociale ; environnement et gestion des ressources naturelles ; gestion du domaine national ; jeunesse, sports et loisirs ; culture ; planification ; aménagement du territoire et habitat.

La Région de Saint-Louis compte 19 Communes et 18 Communautés rurales parmi les quelles la Communauté rurale de Madina Ndiathbé dispose neuf (9) commissions pour son fonctionnement : la commission santé et action sociale, la commission domaniale, la commission culture, la commission jeunesse, sport et loisirs, la commission des finances, la commission éducation, la commission développement et environnement, la commission relations extérieures et la commission féminine. Chaque commission est composée d'un président, d'un rapporteur et trois membres simples.

Par ailleurs, l'ARD15 accompagne la collectivité locale dans l'élaboration et la mise en oeuvre du PLD (plan local de développement).

15 ARD : Agence Régionale de Développement

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- Le cadre local de concertation des organisations paysannes (CLCOP)

C'est un cadre professionnel ouvert à toutes les organisations paysannes de la CR de Madina (il regroupe 102 organisations paysannes). Il n'est composé que par des représentants d'organisations paysannes dont l'activité principale est agricole.

Selon la décentralisation, c'est le conseil rural qui est l'organe en charge du développement économique et social de la CR. Ainsi, le conseil rural accrédite et s'approprie du CLCOP (crée par l'Etat pour aider les OP) comme bras technique dans les actions de sensibilisations des populations, les opérations de recensement, de recouvrements de différentes taxes rurales. Un protocole d'accord est signé entre le CLCOP et le conseil rural de Madina.

Le CLCOP est lié à deux organismes dont d'une part, l'association sénégalaise pour la promotion du développement à la base (ASPRODEB) qui l'appui sur le volet financier. Et d'autre part, le programme de services agricoles et organisations de production (PSAOP) qui à mis en place le CLCOP comme interface entre CR, OP et partenaires au développement.

II. LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE

Depuis sa création, l'option de la collectivité locale est de renforcer de plus en plus la participation des populations à la gestion des affaires locales. On a assisté à l'émergence d'organisations de la société civile (ONG, Associations villageoises, Groupements, Organisations de producteurs...) qui se positionnent et revendiquent désormais leurs statuts d'acteurs du développement local.

Au niveau des villages, les populations se sont organisées autour des organisations communautaires de base qui jouent un rôle important dans les activités quotidiennes des membres pour un développement social harmonieux.

2.1 La Promotion féminine

La population féminine constitue plus de 50% de celle de la CR. Il existe dans la CR environ 20 GPF (04 dans le Walo, 06 dans le Djéjégol et 10 dans le Diéri non encore reconnus) selon le PLD en 2009. Les GPF sont encadrés par les conseillères en promotion féminines de la SAED et ont déjà capitalisé une expérience dans le domaine de la promotion de la femme.

Les activités traditionnelles occupées par les femmes sont : l'agriculture, le maraîchage, l'élevage, la cueillette et le petit commerce. Mais, les équipements collectifs (moulins à mil, décortiqueuses..) détenus par elles sont insuffisants et mal répartis dans la CR.

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2.2 Les groupements d'intérêts économiques (GIE)

Ces GTE centrés autour des PTV ont pour objectifs principaux et directs la production. Actuellement, prés de 36 groupements d'intérêts économiques se dénombrent dans la zone d'étude avec une réalité organisationnelle (bureau composé de président, trésorier, secrétaire général et les membres). Il s'agit de groupements pluri-acteurs ayant, pour la plupart, adopté le statut juridique de GTE pour accéder au crédit, ils servent de relais entre les exploitants et la SAED ou les ONG. En principe, tout habitant des villages marié est naturellement membre.

Ces groupements en partenariat avec le CADL assurent toutes les activités de gestion en agriculture.

2.3 Les organismes fédératifs inter villageois

Ces organisations sont l'aboutissement d'un effet de coordination, pour répondre aux défis multiples que pose le désengagement de l'Etat et la privatisation aux paysans. Ainsi, l'action de quatre groupements volontaristes se distingue au niveau de l'arrondissement :

- FUGIAM (Fédération des unions de GIE de l'île à Morphil).

Crée en 1993, son siège est à Walaldé, elle vise la défense des intérêts des GTE agricoles ;

Cette structure est née d'un constat d'une floraison de GIE et de la nécessité de les unir en une association. Elle regroupe tous les GIE de l'île à Morphil et intervient uniquement dans l'agriculture irriguée, par des dons de GMP et de semences. Grâce aux partenaires, elle a récemment octroyé un GMP au GTE Dounguel 2.

- La fédération du lao

La FDL (Fédération du Lao) créée en 1983 regroupe 23 villages, ses activités sont financés par OXFAM/GB et son siège se trouve à Arame. Elle fonctionne de façon autonome (elle n'a pas de budget) grâce à un programme qu'elle négocie avec des partenaires au développement (FNPJ, OXFAM, Agence national de l'aquaculture). Elle intervient dans l'entreprenariat féminin, la micro finance, la création de magasin de stockage, la fourniture de GMP et d'intrants. Son résultat le plus satisfaisant est la gestion des ressources halieutiques à Aram à travers le projet de pisciculture.

- PAPFIM : (programme d'appui aux femmes de l'île à Morphil)

C'est un programme qui existe depuis 2003 et regroupe la quasi-totalité des GPF (on dénombre quelque 95 GPF membres). L'intervention se déroule dans quatre domaines : agriculture, élevage, teinture et activité de promotion féminine, à travers des plans d'actions.

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Actuellement, nous sommes dans le quatrième plan d'action qui consiste au renforcement des capacités des GPF. Basé à Cas-Cas, il a réussi à initier l'embouche bovine et la réalisation de petit financement. On peut y ajouter l'UFAM (Union des femmes de l'Ile A Morphil) qui pratique la teinture et l'agriculture.

- Le « Féddé aynabé »

C'est un regroupement très actif qui défend les intérêts des éleveurs. Actuellement, il regroupe 65 membres et l'adhésion se fait par l'achat d'une carte éleveur. Cette structure à des partenaires comme le PAPEL et le service vétérinaire. Mais, les actions se limitent à l'emmagasinement d'aliments de bétail ou à l'achat de fourrage (15 tonnes de fourrages ont été récemment distribués entre les éleveurs), à la vaccination et l'insémination artificielle récemment effectuée avec des résultats mitigés.

En gros, ces organismes fédératifs sont dynamiques et tentent de gérer efficacement les contraintes de la zone. Ils sont fortement liés à des structures d'encadrement étatiques et de crédit comme : SAED, FED, CNCAS...

2.4 Les associations villageoises de développement (AVD)

Le phénomène d'émergence de mouvements associatifs qui décident de prendre en charge eux-mêmes certains aspects du développement de leur terroir, prennent depuis quelques années une ampleur non négligeable dans la communauté rurale.

Selon nos enquêtes, tous les villages du terroir disposent de ces genres d'organisations qui tentent de couvrir toutes les activités rurales, mais pour la plupart du temps, elles poursuivent des objectifs surtout sociaux. Ces associations sont un instrument de développement. Certaines ont cherché le statut juridique de GIE pour accéder au crédit (cas de l'association pour le développement de Cas-Cas).

Structures très dynamiques dans la gestion des ressources naturelles, elles sont connectées à des réseaux d'ONG (ressortissant en extérieur ou des particuliers comme des politiciens) et des projets, à l'instar du projet de la gestion des ressources naturelles (PROGRENA) qui a débuté depuis 1998 avec le reboisement communautaire. Ce sont les forces vives des villages qui interviennent dans les activités de sensibilisation, de la création de digue de protection ou d'infrastructures (écoles, routes, puits ou forages).

Par ailleurs, nous intégrons dans cette mouvance, les associations sportives et culturelles (ASC) axées essentiellement sur le théâtre et le sport au début, mais actuellement qui évoluent

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et se transforment en Association Villageoise de Développement (AVD). Ce changement est lié au désengagement de l'Etat, les villageois devant prendre en charge leurs écoles, leurs dispensaires, leurs puits, leurs forages ou leur agriculture. Les ASC réorientent donc leurs activités dans le domaine social et économique.

2.5 Les associations traditionnelles

La vie associative est très ancienne au Fouta et particulièrement dans le CR de Madina. C'est une structure dont la gestion passe d'une classe d'âge à une autre. Lieux d'apprentissage et de formation, ces associations regroupent des jeunes filles ou garçons de même âge et leurs domaines d'intervention sont particulièrement l'entraide et la solidarité.

Ces associations traditionnelles revêtent de multiples formes : classe d'âge, de caste, de lignage, de quartier.

Ces structures développent des initiatives variées dans les différents domaines du développement sur la base de la mobilisation de leurs membres : activités agricoles, maraîchères, artisanales, commerciales, etc.

Malheureusement, dans la plupart de ces villages, ces structures travaillent sans coordination ni concertation. Elles ont un faible niveau d'organisation et leurs capacités techniques et professionnelles sont limitées.

III. LES STRUCTURES DE DEVELOPPEMEMENT

Ce sont des organismes d'appui déconcentrés ou décentralisés qui viennent travailler avec les populations. Les principaux intervenants sont :

3.1 Le service de l'agriculture

Il intervient dans l'agriculture pour l'amélioration de la production soit par un apport scientifique, soit dans la production.

3.1.1 La SAED

L'agriculture dans la communauté rurale est développée par la SAED16 qui occupe bien l'espace du terroir par sa subdivision en deux zones : la zone Madina (dans le secteur Doué) et la zone Cas-Cas (dans le secteur ile à Morphil) avec le personnel suivant :

16 SAED : Société d'Aménagement des Eaux du Delta, intervient depuis 1965 dans la vallée du fleuve Sénégal. Elle intervient dans le volet agricole : en délégation, subdivisé en secteur puis en zone.

- Chef de zone

- Conseil agricole

- Animatrice rurale.

Société promotrice des aménagements hydroagricoles dans notre zone d'étude, la SAED avait une mainmise sur l'activité agricole de 1965 à 1989 où les populations étaient chargées d'appliquer que des consignes. En effet, la mission de la SAED se rendait sur le terrain pour vérifier l'application stricte des règles de production dans la mesure où elle finançait tout le programme (de la pépinière à la commercialisation).

Mais avec des résultats mitigés, la crise institutionnelle et l'application des politiques d'ajustement structurel, la SAED a changé d'orientation. Actuellement, elle ne joue qu'un rôle d'appui - conseil, notamment :

- Indiquer des fournisseurs agréés par l'Etat pour la vente d'engrais subventionné

- Appuyer dans la réhabilitation des PIV et la répartition des groupes motopompe (dont les GIE ne contribuent qu'à la hauteur de 10 %).

- Donner des renseignements sur les semences et fixer le calendrier agricole.

La SAED se focalise sur les connaissances scientifiques issues des écoles d'agronomie (choix des variétés, techniques d'exhaure...), mais depuis quelques années, elle intervient dans les cultures traditionnelles de décrue pour une amélioration de la production. En outre, c'est elle qui a élaboré le Plan d'Occupation et d'Affectation des Sols (POAS) de la Communauté Rurale

3.1.2 L'ANCAR

L'Agence Nationale du Conseil Agricole et Rural intervient dans la CR depuis 2000 en vue de consolider la décentralisation et d'assurer une professionnalisation du conseil agricole et rural.

Elle répond au besoin des producteurs à travers des arrangements contractuels.

Grace au partenariat ANCAR/ OP (organisations paysannes), on a la mise en place d'un système semencier communautaire, dans la CR de Madina, à travers le GIE Thierno Samba Amadou Bal (Cas-Cas) qui produit des semences certifiées. Ce qui va dans le sens de reconstruire à moitié le capital semencier maïs de la CR.

Par ailleurs, l'Institut des Sciences et de la Recherche Agricole (ISRA) s'interpose indirectement dans la CR de Madina par le biais de la SAED dont il livre les résultats pour la

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vulgarisation dans le domaine de la riziculture. En ce sens, l'institut fait des améliorations génétiques des variétés de riz local telle que : sahel 108, sahel 134, sahel 201, sahel 202 pour leur permettre de résister aux sols salés ou à la fraicheur. Il entretient avec les populations un rapport de : recherche - développement.

3.2 Le service de l'élevage

C'est un service déconcentré de l'Etat qui appuie la CR. Le chef de poste vétérinaire (CPV) collabore avec l'inspection de l'élevage de Podor et son intervention saisonnière, se limite aux campagnes de vaccination. Toutefois, l'agent travaille avec le DIRFEL (Direction Régionale des Femmes en Elevage) qui est une cellule dans la CR, appuyée par la même structure au niveau départementale.

3.3 Le service des Eaux et Forêts

L'intervention de la brigade forestière (basée à Cas-Cas) est très remarquable au niveau de l'ile à Morphil, alors que dans la zone Diéri et Djéjégol c'est le chef de poste des Eaux et Forets de Aéré lao qui assure la couverture par des patrouilles quotidiennes en moto. L'objectif est de parer à l'exploitation clandestine ou à la divagation.

Pour assurer les besoins en plante des populations, une pépinière de 2 ha est aménagé à Aéré lao (photo 11) dont les espèces caractéristiques sont : flamboyant, l'Azadirachta indica (nim) et le méliférant.

Photo 11 : La pépinière de Aéré lao

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Cette équipe pluridisciplinaire accompagne les populations dans toutes les actions de développement et sont des partenaires de la CR.

Les contraintes aux initiatives locales sont très caractéristiques dans la CR comme la faible volonté de coordination ou tout au moins de concertation entre les acteurs internes d'un même village qui constitue un handicap important pour le développement de ces localités. De même que les organismes d'appui développent actuellement de faibles synergies entre eux ; ce qui a des incidences négatives sur le niveau d'impact de leurs interventions.

*

* *

La CR de Madina Ndiathbé est un champ où s'appliquent plusieurs forces qui tentent d'assurer l'essor économique de la localité quoique leurs interventions, objectifs et réalisations soient différents.

La diversité des organisations dans la CR est certainement une manifestation des stratégies des différents acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se positionner sur le champ de la gestion. Certains organismes (ISRA, SAED et ANCAR) prônent une nouvelle approche qui repose sur la connaissance des producteurs autrement dit la reconnaissance des savoirs et savoir-faire des producteurs indispensable au processus de développement agricole et rural. Les savoirs dans la gestion des ressources naturelles méritent d'être recouper sous forme d'interface.

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CHAPITRE II : L'INTERFERENCE DES SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS LA CR

DE MADINA NDIATHBE

La dimension institutionnelle et politique des ressources naturelles soulève des questions d'interactions et de confrontations entre différents acteurs, entre les savoirs (technico-scientifique et traditionnels) et entre des méthodes. La reconnaissance des savoirs paysans est aujourd'hui un fait partagé, mais leur nature et leur utilité sont des questions qui semblent bousculer bien des normes et montrer leur insuffisance. De même, les savoirs techniques développés par les institutions engendrent parfois des désarticulations ou un refus de la part des populations qui n'acceptent jamais d'être un moyen au service des institutions pour appliquer mécaniquement leur système de gestion des ressources naturelles.

La révision des méthodes et du rôle des acteurs implique ainsi une complémentarité entre le savoir scientifique et le savoir moderne.

I. LA LIMITE DES SAVOIRS MIS EN SYNERGIE DANS LA GESTION DES

RESSOURCES NATURELLES

Si les savoirs locaux ne conviennent pas à toutes les situations et ont montré leur limites, les connaissances modernes ont par de là modifié profondément les relations entre l'homme et la nature.

1.1 Les limites du savoir local

Les savoirs locaux ont permis aux populations de la CR de vivre en harmonie avec la nature pendant longtemps et de subvenir à leurs besoins vitaux. Seulement, la crise écologique des années 1970 à montrer que les savoirs locaux sont loin d'être une solution miracle à tous les problèmes de gestion de la biodiversité.

1.1.1 Le recul des systèmes de gestions traditionnelles

L'insuffisance des pluies, la diminution des rendements des cultures de décrue et pluviales ont entrainé une baisse des activités agricoles. Le facteur de production limitant fut l'eau dont dépend considérablement la culture du Walo et des Pallé. Alors que, l'agriculture pluviale est enrayée du système de production.

Les formes traditionnelles de lutte contre l'appauvrissement des sols connaissent également des limites. (Encadré 4)

Encadré 4

Mon père pratiquait la jachère dans nos champs de Diéri. Il cultivait dans le premier champ du mil, dans le second de l'arachide. L'année suivante il faisait l'inverse. D'autre cas, il exploitait un champ durant deux à quatre ans puis le laissait en jachère pour mettre en valeur le second. Dans le Walo on laissait pâturer le bétail après la récolte et le sol revivait. Depuis la mort de mon père, on a morcelé ces différents champs et beaucoup de pratiques ne sont plus en vigueur.

Extrait de l'entretien avec un agriculteur (Mamadou Gayel Ndiath) à Madina Ndiathbé

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Ces pratiques diminuent de plus en plus à cause, d'une part de la croissance démographique qui engendre le morcellement des champs entre plusieurs membres de la famille ou l'accaparement des terres fertiles par les familles les plus puissantes. D'autre part, l'irrigation offre une alternative à tous les chefs de ménages.

1.1.2 La réduction des autres pratiques traditionnelles de gestion Beaucoup d'actions de gestion traditionnelle n'ont pu s'insérer de manière durable au contexte de changement global.

- L'incohérence de la médecine traditionnelle

Les savoirs locaux souffrent d'un manque de précision quand un dosage ou une mesure est nécessaire. Les paysans ou les éleveurs ne peuvent pas quantifier exactement les dosages des plantes utilisées en médecine traditionnelle. De plus, les savoirs locaux peuvent s'effondrer suite à une crise environnementale ou à une intervention extérieure.

- La limite dans le système de gestion de la pêche

Malgré la diversité des systèmes de pêche sur les différents cours d'eau, la raréfaction des ressources halieutiques constituent un facteur bloquant des savoirs locaux qui n'ont pas prévu certaines situations extrêmes (la raréfaction des poissons ou la sécheresse des cours d'eau)

En gros, les savoirs locaux ne peuvent jouer aujourd'hui le même rôle, ni avoir la même portée qu'autrefois. Entre temps le contexte a beaucoup évolué.

1.2 Les limites des connaissances scientifiques

Les connaissances modernes sont gérées par les institutions qui n'intègrent que peu ou pas les fondements culturels sur lesquels reposent les systèmes de gestion jadis détenus par ces populations. C'est ce qui est à l'origine de la plupart des faiblesses de ces formes de gestion.

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1.2.1 Le manque de suivi des pare-feux de protection

L'Etat, sous le contrôle du service des Eaux et Forêts avait instauré la réalisation de pare-feux de protection en vue de prévenir les feux de brousse dans la zone Diéri (pare-feux à Bano et à Aéré Gawdi). Ainsi, la direction régionale des Eaux et Forêts assuraient l'entretien annuel des infrastructures au bénéfice des populations sans leur participation.

Et depuis que ce service étatique n'arrive plus à faire l'entretien d'autant plus qu'il n'avait pas initié les populations à la pratique, la zone Bano est de plus en plus exposée aux feux de brousse. Ce déficit de partenariat fait aujourd'hui que les populations locales préfèrent lutter contre ce fléau que d'essayer d'entretenir ces pare-feux dont elles ne maitrisent pas.

1.2.2 Le POAS non respecté

La réalisation depuis 2007 du plan d'occupation et d'affectation des sols sous l'égide de la SAED en vue de la sécurisation foncière n'est pas toujours appliquée. En effet, tous les représentants de producteurs (agriculteurs, éleveurs et pécheurs) étaient associés à l'élaboration de ce recueil mais qui s'est heurté au manque d'intérêt des populations ayant déjà des formes de législation (fourrière des animaux, concession ou coopération) plus conformes au contexte du milieu.

On peut y ajouter dans les PIV l'utilisation des engins lourds (tracteurs) conçus pour les sols de l'Europe qui tassent le sol et le rendent compact. Ce phénomène a deux conséquences graves : d'une part, les engrais ne peuvent plus être assimilés correctement, d'autre part l'eau reste en surface et il en découle un engorgement des sols.

Comme les savoirs locaux n'ont pas pu s'adapter au bouleversement du milieu et à la modernité. Les savoirs scientifiques environnementaux n'ont pas entièrement transformé les pratiques et les discours de la population locale par rapport à l'environnement. Il convient dés lors de mêler traditions et modernités dans la gestion des ressources naturelles pour défendre le mode de vie, l'identité, les valeurs et les visions du monde de cette communauté autochtone.

II. LA COMPLEMENTARITE DES SAVOIRS DANS LA GESTION DES

RESSOURCES NATURELLES

La révision des méthodes et du rôle des acteurs impliquent l'analyse de la manière dont les savoirs scientifiques sont plutôt réinterprétés et appropriés localement par les habitants. Ce qui favorise la complémentarité entre le savoir scientifique et le savoir moderne.

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2.1 De la logique traditionnelle à la logique moderne de l'agriculture

Dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé, les systèmes de cultures traditionnelles (agriculture pluviale, agriculture de décrue) se sont parfaitement insérés dans l'irrigation sans apporter un profond bouleversement dans la pratique des paysans.

L'agriculture irriguée encadrée a constitué une phase de transition pédagogique en ayant le mérite d'initier les populations aux techniques de l'irrigation qui différent radicalement des systèmes de production traditionnelle. Les grands aménagements ont octroyé des PIV aux populations avec de faible taux d'échecs et une intensité culturale de 1.6 selon la SAED. Contrairement aux formes de culture traditionnelle, les performances sont plus importantes sur les PIV en raison de la plus grande responsabilisation des populations concernées.

Elles font l'irrigation pour une sécurisation alimentaire. Une à deux campagnes est fréquemment réalisée pour s'assurer d'une autonomie en riz. Le reste de son temps le paysan s'adonne à d'autres activités telles que la culture du petit mil (le sounna) et la culture du sorgho dans le Walo ainsi que des patates douces dans les Pallé (cultures de berge).

Les populations allient ainsi deux logiques : une logique de production axée sur l'irrigation et une logique de subsistance basée sur l'incertitude de la première. De ce fait, une complémentarité entre savoir traditionnel et moderne a permis à la population de survivre en équilibre avec la nature.

2.2 La modernité de l'agriculture de décrue

Autrefois, la culture de décrue du sorgho était effectuée selon une technicité populaire aiguée des paysans qui maitrisaient parfaitement les conditions du milieu. Mais, dans le souci de parfaire cette ancienne forme de culture, les agriculteurs ont intégré des outils modernes dans la pratique agricole, tel que le fer à charrue (photo 12) qui remplace de plus en plus le Njidangu.

Cet outil est plus souple à manier et peut même faire l'objet d'une traction animale. Dans le Walo, il permet d'augmenter la vitesse de travail et de rendement des cultures de décrue.

73

Photo 12 : intégration du fer à charrue aux outils traditionnels de culture

2.3 L'intégration des savoirs modernes aux connaissances traditionnelles

Les paysans travaillent en étroite collaboration avec les institutions de recherche (SAED, ISRA et ANCAR), ce qui a favorisé l'alliance de deux logiques différentes.

- L'intervention de la SAED dans la culture de décrue

Pour l'amélioration de la productivité, la SAED conseille et appuie les populations dans la culture du sorgho de décrue, de même que la nécessité de faire des façons culturales. Elle initie les populations à l'utilisation de l'engrais sur le Walo qui subissait le poids de la tradition. Cela permet d'augmenter le rendement et de dépasser 800 kg / ha dans certaines zones.

- L'ANCAR appui les populations pour des semences certifiées

L'ANCAR développe de nouvelles approches reposant sur la reconnaissance des producteurs comme les principaux acteurs de leurs systèmes de production, de l'aménagement de leurs terroirs et de la gestion de leurs ressources naturelles. Cette approche est bâtie sur la légitimation des savoirs et savoir-faire des productions indispensable au processus de développement agricole et rural.

Les partenaires extérieurs prennent en compte ces pratiques et aident les producteurs à les améliorer, plutôt que de leur dicter des comportements techniques et socio-économiques.

74

Dans ce conteste, le GIE Thierno Amadou Samba Baal de Cas-Cas travaille en partenariat avec l'ANCAR et produit des semences certifiées sur la base des variétés locales (photo 13).

Photo 13 : Semences de maïs certifiées : variété locale produite par le GIE Thierno Samba Amadou Baal (Cas-Cas)

En effet, le CLCOP est l'acteur principal de cette synergie entre structures étatiques et organisations paysannes par la formation des membres de GIE ou de GPF.

- Les autres formes de complémentarité

D'une part, on peut noter l'action du chef de poste des services eaux et forêts qui a enclin les populations à la préservation des ressources végétales grâce à leur responsabilisation. Les comités de gestion villageois s'appuient sur les liens sociaux pour assurer la sauvegarde pérenne. A ce titre, à Dounguel Dadé on défend ardument d'abattre les arbres sur un rayon de 3 km aux alentours du village. Mieux, on a deux réserves individuelles (Seydou Yobou ba à Barangol et celui de Seydou Sy à Saré-Souki) qui sont des initiatives privées que les agents des Eaux et Forêts ont encouragées. Il s'agit de « Falo » présentant une végétation un peu dense que les propriétaires ont défendu de la coupe.

D'autre part, les éleveurs se modernisent de plus en plus en intégrant des données scientifiques qu'elles soient la médecine moderne présentant plus d'efficacité que certaines pratiques locales (la vaccination) ou le téléphone portable lors de la transhumance pour éviter de longue distance dans la recherche de pâturage.

75

Enfin, les Organisations Paysannes modernes et les organisations traditionnelles sont parfaitement intégrer dans le conseil rural de sorte qu'elles constituent les relais de la CR dans les villages.

*

* *

Une indication du dynamisme inhérent aux savoirs locaux est la facilité avec laquelle les populations autochtones adaptent astucieusement à leur besoin les différentes formes de savoirs. En mêlant modernité et tradition, les communautés autochtones défendent leurs modes de vie, leurs identités, leurs valeurs et leurs visions du monde.

Ainsi, un des défis majeurs pour la communauté rurale est de permettre aux communautés locales de créer une synergie entre savoirs endogènes et exogènes pour choisir leurs propres voies vers un développement durable.

76

Conclusion partielle

La CR de Madina est un pôle de développement où s'imbriquent plusieurs échelons (du local au global). Par conséquent, dans le cadre de la pérennité du développement local, une solide interrelation entre les différents acteurs, à la faveur d'une concertation et d'un échange d'expériences, se crée pour favoriser une gestion des ressources naturelles.

La diversité des organisations dans la CR est certainement une manifestation des stratégies des différents acteurs pour assurer efficacement le relais de l'Etat, mais aussi se positionner sur le champ de la gestion soit en usant des connaissances traditionnelles, soit des nouvelles initiatives.

Néanmoins, les savoirs locaux ne peuvent jouer présentement la même fonction, ni avoir la même porté qu'autrefois, entre temps le contexte a beaucoup changé.

Sur le plan politique, c'est l'émergence et la prépondérance de l'Etat et de ses services déconcentrés qui assurent le pouvoir et l'autorité au niveau local. La gestion des ressources naturelles n'est plus à la charge des chefs coutumiers mais à l'autorité publique.

Sur le plan économique, c'est la domination de l'économie de marché qui instaure une libéralisation dans tous les secteurs et une compétition dans tous les domaines. Ceci a eu pour conséquence une accentuation de la pression sur les ressources naturelles et une menace sur la biodiversité.

Sur le plan social, une forte pression démographique sur les ressources a caractérisé cette situation avec une pauvreté de plus en plus croissante des masses paysannes et des restrictions mieux importantes pour l'accès aux ressources.

Les savoirs modernes ne peuvent pas non plus résoudre tous les problèmes de gestion encore moins favoriser une bonne assimilation de la part des autochtones.

L'intégration des ces deux formes de gestion est la meilleur des voies possible pour réduire les risques d'inefficacité de tout projet de développement.

Actuellement, les savoirs locaux ne peuvent constituer que des instruments d'innovation sociale. Autrement dit, ils doivent être des techniques, des pratiques et des comportements auxquels il faut s'inspirer pour bâtir des modèles de cogestion de la biodiversité propice à chaque contexte et à chaque ressource.

77

CONCLUSION GENERALE

L'eau et la terre sont les deux ressources et facteurs de production capital pour le développement de la CR de Madina. Toutes les activités du terroir dépendent de ces éléments qui assurent la survie des paysans.

Dans ce cas, la proximité de l'eau et les différentes ressources du milieu ont conditionné l'implantation humaine très dense dans la zone Djéjégol et île à Morphil puis éparse et clairsemé dans la zone Diéri.

Les systèmes de production suivent cette même logique : irrigation, agriculture de décrue et pêche dans les deux premiers espaces, agriculture pluviale et élevage extensif dans le dernier. En outre, ces milieux ne sont pas cloisonnées, les populations sont interdépendantes et vivent en étroite collaboration.

L'exploitation des ressources naturelles s'est effectuée sur la base des connaissances locales mais également modernes.

Différentes techniques traditionnelles ont été mises en oeuvre dans la CR par les exploitants. Et ces pratiques ont permis à la population de survivre dans des situations un peu particulières (technologies populaires de l'agriculture de décrue, actions traditionnelles d'économie de l'eau, techniques traditionnelles d'amélioration génétique en élevage ou formes de pêche coutumières) et de confirmer la pertinence de leurs savoirs. Ces procédés ont un impact positif sur l'évolution des terres de culture, sur la pêche et sur la végétation.

Toutefois, elles ont montré un certains nombre de contraintes qui limitent leur utilisation à grande échelle. Il s'agit de la lourdeur du travail au regard des outils utilisés.

C'est ainsi que des savoirs modernes peuvent alléger cette force du travail comme les aménagements hydroagricoles dans l'agriculture, dans le secteur de l'élevage l'action des services vétérinaires (vaccination et insémination artificielle) pour stabiliser la filière, la pisciculture pour apporter une alternative aux pécheurs et les activités de reboisement pour reverdir le milieu.

Cette réorientation des activités modernes fondée sur de nouvelles opportunités n'a pas pour autant voiler la technologie populaire des agro-pasteurs du terroir, aspect important de leur identité culturelle, ce qui a nécessité d'étudier le rapport d'interface de ces deux formes de connaissances.

78

Les différents acteurs de la CR interviennent diversement. Au début, l'accent mis par le Sénégal sur la biodiversité en procédant à la mise sur pied d'aires protégées résulte d'une politique qui privilégie la conservation des espèces et des écosystèmes et tend à écarter les populations autochtones à la gestion de la biodiversité. Cette option non seulement n'a pas empêché la progression de la diminution de la biodiversité mais elle est à l'origine de multiples tensions entre populations locales et agents de l'administration chargés de la gestion de ces sites.

L'implication des populations locales et le principe de la cogestion de la biodiversité apparaissent donc comme les nouveaux paradigmes dans le champ de la conservation.

Pour favoriser la prise en compte des savoirs locaux à travers les systèmes actuels de gestion, l'Etat doit prendre des mesures allant dans le sens de définir une politique qui vise la reconnaissance et recommande l'intégration de ces savoirs aux données modernes. L'Etat doit encourager et soutenir des programmes de recherches à travers les Universités et Instituts de recherche en vue d'identifier et de codifier les savoirs locaux pour éviter leur disparition définitive.

Ainsi, dans les domaines aussi variés que l'agriculture, la pêche, l'élevage, la gestion de l'environnement, la santé ... des recherches pointues sur les savoirs locaux doivent être menées afin de préserver notre patrimoine cognitif et impulser de nouvelles technologies afin d'assurer un développement économique et social durable.

Des mécanismes de partage des avantages liés à l'utilisation de ces savoirs doivent être également définis et discutés avec les populations locales.

Pour que les communautés locales participent à la production du savoir dans la conservation de la biodiversité. Les opérateurs sur le terrain travaillant pour le compte des institutions doivent faire preuve de beaucoup d'humilité et rester ouvert dans la conception et la mise en oeuvre des politiques de conservation de la biodiversité. Ils doivent se comporter à l'égard des communautés locales comme des acteurs en quête de savoir et pas comme des acteurs qui le détiennent déjà. La posture de la quête est uniquement celle qui peut favoriser l'échange et le partage entre savoirs locaux et savoirs technico-administratifs.

Au demeurant, il est donc important de comprendre que les savoirs locaux ne sont qu'un outil parmi tant d'autres pour réussir l'entreprise de cogestion de la biodiversité.

79

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83

TRADUCTION DES TERMES LOCAUX

Aboji : dépression où l'eau stagne

Békowo : personne qui remplit les trous avec le sol sableux

Ceedu : saison sèche chaude (Mars à Mai)

Chainon : dune de sable Ogolien

Dabundé : saison froide (novembre - février)

Diabbowo : personne qui crée des trous sur le sol du Walo

Diacré : dépression inondée

Diéri : zone de la vallée jamais inondée par la crue

Djéjégol : zone faisant transition entre le Walo et Diéri

Dougguéré : marché hebdomadaire

Doungou : saison des pluies, hivernage (Juillet à Octobre)

Eno : trou en forme de cône

Falo : berge du fleuve (en pluriel Pallé)

Faandu : trou plus ou moins large

Féccéré Fouta : division du Fouta en province

Féddé : classe d'âge, par extension, partisan

Féddé aynabé : fédération des éleveurs

Fêla : sorgho blanc

Fondé : bourrelet de berge rarement inondé (fondé balléré : sols argileux noirâtre, fondé

ranéré : sols argileux blanchâtres)

Foulbé Diéri : peul transhumant

Foulbé Saré : peul sédentaire

Foyré : ménage

Gallé : enclos familial, par extension famille regroupant plusieurs foyré

Gawowo : personne qui séme les grains

Halpular : les toucouleurs de la vallée

Hollaldé : vertisols inondé par les crues (hollaldé ranéré : vertisols blanchâtres, hollaldé

balléré : vertisols noirâtre)

Houddou : petit barrage pour stagner l'eau

Ilam : crue annuelle

Jaya : variété de riz

Jom foyré : chef de ménage

Jom mayo : esprit habitant au fond des eaux

84

Kawlé : période de transition entre la saison des pluies et la saison sèche (Octobre-Décembre)

Luhowo : réalisateur de poquets

Luwoogu : le lamantin

Mballa : dépression où l'eau stagne

Ngabu : hippopotame

Niaygual : vaine pâture

Njidangu : grande houe à lames tranchantes

Sammé : sorgho, gros mil

Seytané diyam : esprit maléfique des eaux

Soubalbés : caste pécheur

Sounna : petit mil

Thiénal : sol sableux

Tiatgol : marigots de petite dimension

Toggéré : petite élévation au niveau de la vallée

Torrodo : homme libre propriétaire terrien

Walo : lit majeur du fleuve, terres inondables cultivées en saison sèche

85

LISTE DES CARTES

Carte 1 : Situation géographique et zonage de la communauté rurale de Madina Ndiathbé.....8

Carte 2 : Les types de sols de la communauté rurale de Madina Ndiathbé .20

Carte 3 : Occupation du sol par la végétation dans la CR de Madina Ndiathbé .....23

Carte 4 : La vocation des terres dans le CR de Madina Ndiathbé 50

LISTE DES PHOTOS

Photo 1 : Préparation d'un « mballa » ..38

Photo 2 : « Mballa » qui se remplit d'eau progressivement 38

Photo 3 : Intégration des arbres à la culture dans la réserve de Seydou Yobou Ba (Barangol)

 

..40

Photo 4 : Forage de Bano et infrastructures annexes

51

Photo 5 : Concentration des populations autour d'un puits à Bano

51

Photo 6 : Parc de vaccination de Bano

.52

Photo 7 : Parc de vaccination de Cas-Cas

52

Photo 8 : Pare-feu de protection non débroussaillé à Bano

.54

Photo 9 : Projet de pisciculture à Aram

55

Photo 10 : Epandage de la farine de poisson

55

Photo 11 : La pépinière de Aéré lao

.67

Photo 12 : Intégration du fer à charrue aux outils traditionnels de culture

.....73

Photo13 : Production de semences de maïs axés sur la variété locale par le GIE Thierno

Samba Amadou Baal (Cas-Cas) .74

LISTE DES FIGURES

Figure : schéma de base d'un périmètre irrigué (PIV) .47

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1 : Répartition des villages pour l'administration des outils MARP .13

Tableau 2 : Pluviométrie moyenne annuelle de la station de Aéré lao de 2000 à 2009 ...16

Tableau 3 : Mares et marigots dans la communauté rurale de Madina Ndiathbé 18

Tableau 4 : Classification traditionnelle des sols .21

Tableau 5 : Evolution de la population de la communauté rurale de Madina Ndiathbé ..26

86

Tableau 6 : Situation démographique de la communauté rurale en 2007 26

Tableau 7 : Les ménages engagés dans l'activité de la pêche dans la CR de Madina .30

Tableau 8 : La division du travail dans la culture du Walo .36

Tableau 9 : Instruments et techniques de pêche dans la communauté rurale de Madina 44

Tableau 10 : L'évolution de la production du projet piscicole d'Aram 56

LISTE DES ENCADRES

Encadré 1 : Extrait d'un entretien avec un transhumant à Dounguel Dadé .41

Encadré 2 : Extrait d'un entretien avec le chef de village de Souballo Madina ..45

Encadré 3 : Extrait d'un entretien avec le chef de poste des services eaux et forets de Aéré lao

.54

Encadré 4 : Extrait d'un entretien avec un agriculteur à Madina Ndiathbé .70

ANNEXES

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GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES CHEFS DE VILLAGES

Village Communauté Rurale

Arrondissement .Département Région

I / OCCUPATION DE L'ESPACE ET RESSOURCES HUMAINES
1- Profil historique

1- En quelle année est fondé le village ?

2- Quelle est l'ethnie fondatrice et ses origines ?

3- Quelle est l'origine du nom du village ?

4- Quel est le site originel ?

5- Existe -il des lieux sacrés dans ce village ? Si oui pourquoi ?

6- Quelle activité s'est développée en premier lieu dans ce village ?

7- Quelles étaient les ressources exploitées à l'époque ?

8- Quels sont les événements les plus marquants en rapport avec les ressources naturelles ? 2- Occupation de l'espace

1- Quelle est la superficie du village ?

2- Combien d'habitants compte le village ?

3- Quel est le nombre de quartiers et de ménage du village ?

4- Quels sont les équipements du village ?

5- Quelle est la composition ethnique du village ?

6- Quels sont les types de groupements dans le village ?

II / LES RESSOURCES NATURELLES

1- Les ressources hydriques

1- Quelles sont les ressources en eau de la zone ?

2- Quelle est l'importance de ces points d'eau ?

3- Quelle est la durée et la période de rétention de l'eau ?

4- Quel est l'état de la nappe ?

5- Est-ce que l'eau est disponible en quantité et en qualité dans le village ?

6- Quels sont les différentes formes d'usages de l'eau ?

7- Quelles sont les contraintes liées à l'eau ?

2- Les ressources pédologiques

1- Quels sont les types de sols (noms locaux) ?

2- Quelle est la qualité des sols ? Répond- elle à l'attente des agriculteurs ?

3-

88

Y' a t-il une dégradation des sols ? Causes ?

4- Quelles sont les solutions aux problèmes de la dégradation ? 3- Les ressources végétales

1- Y 'a-t' il des forêts classées ou autres ?

2- Quels sont les principaux peuplements forestiers ?

3- Avez-vous constaté une diminution du couvert végétal ? Si oui quels sont les espèces qui ont disparu ?

4- Quels sont les causes de ces disparitions ?

5- Y' a t-il de nouvelles espèces ou des espèces protégées ?

IV / GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
1- Les systèmes de production

1-1 Agriculture

1- Quel type d'agriculture pratiquez - vous (sous-pluie / irrigation / maraichage) ? Pourquoi ?

2- Quels sont les types de cultures pratiquées (cultures vivrières / commerciales) ?

3- Quels sont les matériels utilisés dans les champs ? Quels sont les raisons ?

4- Combien de fois cultivez - vous par an ? (calendrier)

5- La terre est - elle productive ? Quels sont les rendements ?

6- Comment jugez-vous cette production au cours de ces dernières décennies ?

7- Utilisez- vous des intrants ? Si oui, c'est lié à quel type de savoir ?

1-2 Elevage

1- Quel type d'élevage pratique t- on dans la zone ?

2- Quels sont les types d'animaux élevés ? Leurs races ?

3- Quel type de fourrages apprécie le bétail ?

4- Y' a t-il des zones de parcours pour le bétail ?

5- Existe - t'il encore des mouvements du cheptel ?

6- Quels sont les problèmes ou les maladies qui menacent le bétail ? 7-Quels types de savoirs sont utilisés pour lutter contre ces maladies ?

8- Y' a t-il des problèmes entre agriculteurs et éleveurs ?

9- Est-ce que l'élevage bénéficie d'un encadrement ?

10- Quel est l'avenir de l'élevage dans la zone ?

1-3 La pêche

1- Comment est la pêche dans la zone ?

2- Quels sont les outils et les méthodes utilisés pour la pratiquer ?

3- Quels sont les espèces capturées ?

89

4-Quels sont les problèmes de la pêche ?

1-4 Exploitation forestière et commerce 1-Quels sont les usages traditionnels et modernes de la végétation ? 2-Quels sont les circuits de commercialisation des ressources naturelles ? 3-Quels sont les relations commerciales inter-villageoises ?

2- Les activités de gestion des ressources naturelles

1- Quels sont les types de ressources naturelles en gestion dans le village ?

2- Quelles sont les structures qui gèrent les ressources naturelles ?

3- Comment sont- elles gérées ? Y a t-il une coordination dans la gestion ?

4- Tout le village est-il concerné ?

5-Quels sont les types de savoirs et les formes de gestion mis en valeur ?

6- Quelles sont les structures ou personnes les plus dynamiques dans la gestion des ressources naturelles ?

7- Quels sont vos partenaires dans la GRN ? Dans quels domaines interviennent - ils ?

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES INSTITUTIONS

1- Depuis combien de temps vous intervenez dans la communauté rurale ?

2- Quels sont vos axes d'intervention ?

3- Travaillez- vous avec les populations ? Si oui, de quelle façon ?

4- Avez- vous identifié chez les populations un savoir spécifique différent de celui que vous utiliser ?

5- Comment il se présente ? A quelle occasion les populations l'utilisent ?

6- Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrer avec les populations ?

7- Votre institution a-t-elle contribué à la promotion des savoirs locaux ? Si oui comment ? Si non pourquoi ?

8- Quels sont vos méthodes de pratiques ou de gestion ?

9- Comment les savoirs locaux sont mobilisés dans ce domaine pour gérer l'agro-biodiversité ?

10- Quels sont les techniques de conservation proposées par vous ou par les populations locales ?

11- Qu'est - ce que l'approche participative a apporté de nouveau dans la gestion des ressources naturelles ?

90

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES AGRICULTEURS

1- Quelles sont les ressources pédologiques dont vous disposez ?

2- Comment est la tenure foncière ?

3- Quel type d'agriculture pratiquez-vous ?

4- Quelles sont les formes de connaissances mises en valeur dans l'exploitation?

5- Quelles sont les spéculations dans le Walo? Y'a-t-il de nouvelles variétés introduites ?

6- Comment s'organise le travail dans le Walo ? Quelles sont les exigences en eau ?

7- Pratiquez-vous toujours la culture du Diéri ? Si oui quelles sont les spéculations ?

8- Quels sont les outils, méthodes et techniques culturales ? Ont-ils subi des évolutions ?

9- Y'a-t-il des déficits de production ? Si oui quelles sont les stratégies de gestion ?

10- Comment fonctionne l'irrigation dans le village ?

11- Quels sont les moyens et les techniques d'exploitation ?

12- La production permet - elle de couvrir l'ensemble des besoins alimentaires ?

13- Existe- il des structures d'encadrement qui interviennent dans l'agriculture ? Si oui,

quels sont leurs moyens et méthodes d'interventions ?

14- Quelle est la pertinence des savoirs locaux et/ou modernes dans l'agriculture ?

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES ÉLEVEURS

1- Quelles sont les types d'animaux élevés dans la zone ?

2- Quelles sont les races et comment vous parvenez à les distinguées ?

3- Quels sont les moyens d'alimentation du bétail, les espèces les plus appétées ?

4- Quels sont les espèces les plus adaptées à la raréfaction des ressources en eau ou des conditions du milieu ?

5- Quel est le rôle du bétail dans la culture Peulh ?

6- Comment se valorise les produits issus de l'élevage ? Quelles sont leurs utilisations dans les cérémonies religieuses ou culturelles ?

7- Quelles sont les techniques de lutte contre certaines maladies du bétail ?

8- Quelles sont les stratégies d'amélioration génétique appliquée par les éleveurs ?

9-

91

Ces méthodes traditionnelles de gestion ont- elles subi une évolution ? Si oui de quelle manière ?

10- Existe -il des structures d'encadrements ?

11- Y'a t-il une sédentarisation des éleveurs ?

12- Que représentent les parcs de vaccination pour les éleveurs ?

13- Quels sont vos rapports avec les agents vétérinaires ?

14- Y'a-t-il des conflits entre agriculteurs et éleveurs dans la zone ? Si oui quelles sont les

méthodes de règlements des conflits ?

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PÉCHEURS

1- Comment se pratique la pêche dans le village ?

2- Quelles sont les méthodes de pratiques (outils, méthodes de travail) ? Leur utilité ?

3- Quelles sont les espèces capturées ?

4- Existe - il des pratiques de sauvegarde des espèces pour une régénération ? Si oui

comment elle se présente ?

5- Quels sont les relations qui existent entre agricultures et pécheurs ?

6- Les aménagements hydroagricoles ont- elles eu un impact sur cette activité ?

7- Quelle est l'évolution de cette activité ?

GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES ASSOCIATIONS

1- Comment se nomme l'association ? En quelle année elle a été créée ? Par qui ?

2- Dans quel domaine elle intervient ? Quels sont ses objectifs ?

3- Quels types de savoirs sont mis en valeur dans l'association ?

4- Y'a-t-il des pratiques de gestion des ressources naturelles mises en valeur ?

5- Quelles sont les réalisations ? Les contraintes et les perspectives ?

6- Quels sont vos partenaires, dans quels domaines interviennent-ils ?

TABLE DES MATIERES

92

SOMMAIRE 1

ACRONYMES 3

Avant propos 5

INTRODUCTION GENERALE 7

I.PROBLEMATIQUE 9

1.1 Analyse conceptuelle 10

1.2 Objectifs 11

1.2.1 Objectif général 12

1.2.2 Objectifs spécifiques 12

1.3 Hypothèses 12

II. METHODOLOGIE 12

2.1Etat de la question 12

2.2Les enquêtes sur le terrain 13

2.3Le traitement des données 13

Première partie : LE CADRE GEOGRAPHIQUE 14

CHAPITRE I : ETAT DES RESSOURCES NATURELLES 15

I. LES RESSOURCES EN EAU 15

1.1 Les eaux pluviales 15

1.2 Les eaux de surface 17

1.3 Les eaux souterraines 18

II. LES RESSOURCES PEDOLOGIQUES 19

III. LES RESSOURCES VEGETALES 22

93

CHAPITRE II : L'ENVIRONNEMENT SOCIO-ECONOMIQUE 25

I. LE MILIEU HUMAIN 25

1.1 Le profil historique 25

1.2 La situation démographique 26

1.3 La répartition de la population 27

II. LES ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES 27

2.1 L'agriculture 27

2.2 L'élevage 29

2.3 La pêche 30

2.4 Exploitation forestière 31

2.5 Le commerce 31

Conclusion partielle 33

Deuxième partie : DIAGNOSTIC DES DIFFERENTS TYPES DE SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS LA COMMUNAUTE

RURALE DE MADINA NDIATHBE 34

CHAPITRE I : LES SAVOIRS LOCAUX : INVENTAIRE ET CARACTERISATION . 35

I. LES PRATIQUES AGRICOLES TRADITIONNELLES 35

1.1 La technologie populaire de l'agriculture de décrue 35

1.1.1 Préparation des semences et rituel 35

1.1.2 L'organisation du travail 36

1.2 Les actions traditionnelles d'économie de l'eau 38

1.2.1 Les « mballa » dans le Diéri 38

1.2.2 Les autres pratiques 38

1.3 Les actions de fertilisation des terres 39

II.

94

LES PRATIQUES PASTORALES ET LES CONNAISSANCES LIEES A

L'EXPLOITATION FORESTIERE 40

2.1 Les pratiques pastorales 40

2.1.1 Les techniques locales d'amélioration génétiques et santé animal 40

2.1.2 Les systèmes d'élevage 41

2.2 Connaissances liées à l'exploitation forestière 42

2.2.1 Utilisation domestique 42

2.2.2 La médecine par les plantes 43

III. LES TECHNIQUES DE PECHE TRADITIONNELLE 43

3.1 Les anciennes techniques de pêche 43

3.2 Les pratiques de gestion 45

CHAPITRE II : LES NOUVELLES INITIATIVES D'EXPLOITATION DES

RESSOURCES NATURELLES 46

I. LES PRATIQUES AGRICOLES MODERNES ET LES ACTIONS DE GESTION DES

TERRES 46

1.1 Les pratiques agricoles modernes 46

1. 2 Action de gestion des terres 48

1.2.1 Action pour augmenter le rendement des récoltes 48

1.2.2 La gestion dans l'occupation des sols 49

II. LES PRATIQUES MODERNES LIEES A L'ELEVAGE ET A LA RESTAURATION

DU MILIEU NATUREL 51

2.1 L'utilisation des connaissances modernes pour la gestion de l'élevage 51

2.3 Les actions de restauration du milieu 53

2.3.1 Le reboisement 53

2.3.2 Action de préservations des forêts 53

III. LE DEVELOPPEMENT DE LA PISCICULTURE 55

3.1 Contexte de la réalisation du projet Aram 55

3.2 L'impact dans la CR 56

95

96

Conclusion partielle 58

Troisième partie : ANALYSE DES RAPPORTS ENTRE SAVOIRS

LOCAUX ET NOUVELLES INITIATIVES DANS LA GESTION

DES RESSOURCES NATURELLES 59

CHAPITRE I : LES ACTEURS DE LA CONSERVATION DES RESSOURCES 60

I. LES STRUCTURES ADMINISTRATIVES 60

1.1 L'arrondissement de Cas-Cas 60

1.1.1 Le CADL 60

1.1.2 La Communauté rurale 61

II. LES ORGANISATIONS COMMUNAUTAIRES DE BASE 62

2.1 La Promotion féminine 62

2.2 Les groupements d'intérêts économiques (GIE) 63

2.3 Les organismes fédératifs inter villageois 63

2.4 Les associations villageoises de développement (AVD) 64

2.5 Les associations traditionnelles 65

III. LES STRUCTURES DE DEVELOPPEMEMENT 65

3.1 Le service de l'agriculture 65

3.1.1 La SAED 65

3.1.2 L'ANCAR 66

3.2 Le service de l'élevage 67

3.3 Le service des Eaux et Forets 67

CHAPITRE II : L'INTERFERENCE DES SAVOIRS MIS EN VALEUR DANS LA CR

DE MADINA NDIATHBE 69

I. LA LIMITE DES SAVOIRS MIS EN SYNERGIE DANS LA GESTION DES

RESSOURCES NATURELLES 69

1.1 Les limites du savoir local 69

1.1.1 Le recul des systèmes de gestion traditionnelle 69

1.1.2 La réduction des autres pratiques traditionnelle de gestion 70

1.2 Les limites des connaissances scientifiques 70

1.2.1 Le manque de suivi des pare-feux de protection 71

1.2.2 Le POAS non respecté 71

II. LA COMPLEMENTARITE DES SAVOIRS DANS LA GESTION DES

RESSOURCES NATURELLES 71

2.1 De la logique traditionnelle à la logique moderne de l'agriculture 72

2.2 Le modernisme de l'agriculture de décrue 72

2.3 L'intégration des savoirs modernes aux connaissances traditionnelles 73

Conclusion partielle 76

CONCLUSION GENERALE 77

BIBLIOGRAPHIE 79

TRADUCTION DES TERMES LOCAUX 83

LISTE DES CARTES 85

LISTE DES PHOTOS 85

LISTE DES FIGURES 85

LISTE DES TABLEAUX 85

LISTE DES ENCADRES 86

TABLE DES MATIERES 92






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand