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Analyse des déterminants de l’auto-emploi des jeunes de 15 à  29 ans au Bénin.


par Nonvikan Karl-Augustt Alahassa
Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique (ENSAE) - Ingénieur Statisticien Economiste (ISE) 2016
  

Disponible en mode multipage

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République du Sénégal

Centre Régional du PNUD à Dakar

 
 

Un Peuple - Un But - Une Foi

ANNéE SCOLAIRE : 2015-2016

Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Le POLE est une initiative conjointe du PNUD et de

Economique (ENSAE) la France

Mémoire professionnel de fin de cycle pour l'obtention du diplôme ISE

THEME

ANALYSE DES DéTERMINANTS DE L'AUTO-EMPLOI DES JEUNES DE 15 À 29 ANS AU BéNIN

Rédigé par:

Nonvikan Karl-Augustt ALAHASSA
Elève Ingénieur Statisticien Economiste (ISE)

Maître de stage :

Mme Mireille LINJOuOM,
Conseillère régionale au Pôle
Planification et Evaluation des
Politiques Publiques

L'ENSAE ET LE POLE N'ENTENDENT DONNER AUCUNE
APPROBATION, NI IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES
DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE
CONSIDEREES COMME PROPRE A LEUR AUTEUR.

Décharge

iii

Comme tout le monde, je n'ai à mon service que trois moyens d'évaluer l'existence humaine : l'étude de soi, la plus difficile et la plus dangereuse, mais aussi la plus féconde des méthodes; l'observation des hommes, qui s'arrangent le plus souvent pour nous cacher leurs secrets ou pour nous faire croire qu'ils en ont; les livres, avec les erreurs particulières de perspective qui naissent entre leurs lignes. Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar

iv

Remerciements

En amont de ce mémoire, nous tenons à adresser nos remerciements les plus sincères auxpersonnes qui nous ont apporté leur aide, et qui ont contribué à l'éla-boration de ce mémoire. Nous remercions, à cet effet M. Bocar Touré, directeur de l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique, ainsi que son per-sonnelpour la rigueur qu'ils ont eu l'occasion de nous inculquer. Nous exprimons notre gratitude au corps professoral de l'ENSAE de Dakar, plus précisément aux intervenants en ISE pour le soutien pédagogique qu'ils nous ont accordé, ainsi que la compétence et la patience dont ils ont fait preuve. Par la même, nous témoignons de la reconnaissance à Madame Mireille Linjouom, notre encadreur, pour tout son accompagnement tout le long de la rédaction de ce mémoire. Pour le sens du partage et de l'entraide dont ils ont fait preuve, nous remercions tous les étudiants de l'ENSAE qui nous ont apporté aide et collaboration dans l'en-semble de nos différents travaux. Nous ne saurions terminer sans adresser une mention spéciale à la coordinatrice du Pôle Laurence Jacquet, et à Charles H. Bonkoungou, spécialiste du développement de capacités au Centre Régional du PNUD, pour leur disponibilité et leurs conseils.

Avant-propos

Depuis octobre 2008, l'Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Eco-nomique (ENSAE) a pris le relai du Département de la Statistique et de la Démographie (DSD) de l'Ecole Supérieur d'Economie Appliquée (ESEA, ex-ENEA), .pour la formation de cadres statisticiens. L'ENSAE est une école sous régionale et a pour vocation de former des statisticiens et économistes de haut niveau, ayant de solides bases en statistique, en économie et en informatique, devant aider au perfectionnement des systèmes statistiques nationaux des pays africains. En plus de la filière des Ingénieurs des Travaux Statistiques (ITS) qu'assurait le DSD (ex, ENEA), l'ENSAE de dakar a ouvert les filières des Techniciens Supérieurs de la Statistique (TSS) et des Ingénieurs Statisticiens Economistes (ISE). Ingénieurs de conception, les Ingénieurs Statisticiens Economistes suivent une formation relativement théorique qui leur donne du recul sur les techniques et les aide tout au long de leur carrière à s'adapter à l'évolution des méthodes statistiques et économétriques. L'objectif de la formation est de leur permettre d'ac-quérir des compétences techniques directement utilisables dans le traitement et l'analyse des données statistiques, l'élaboration de la comptabilité nationale, la modélisation et la prévision économique. Dans le cadre de leur insertion facile dans le milieu professionnel, il convient de concilier les connaissances théoriques aux travaux pratiques pour permettre aux étudiants de pouvoir faire face aux réalités du marché de l'emploi et d'utiliser efficacement les outils statistiques, économiques et économétriques. C'est ainsi que nous avons eu le privilège d'effec-tuer un stage de quatre mois au Pôle « Stratégie de Développement et Finances Publiques» du Centre Régional du PNUD. Le thème du mémoire rédigé dans le cadre du stage s'intitule « Analyse des déterminants de l'auto-emploi des jeunes de 15 à 29 ans au Bénin».

Sommaire

Remerciements iv

Avant-propos v

Sommaire vii

Sigles et abbréviations viii

Liste des tableaux ix

Liste des graphiques x

Résumé xi

1

2

Faits stylisés et problématique de l'auto-emploi au Bénin

1.1 Importance économique de l'auto-emploi

1.2 Pourquoi parler d'auto-emploi au Bénin?

1.3 Problématique, objectifs et hypothèses de recherche

Revue de littérature sur l'auto-emploi et ses déterminants

8

8

9

14

16

 

2.1

Qu'est-ce que l'auto-emploi?

16

 

2.2

La place du capital humain à travers l'influence de l'éducation

18

 

2.3

La formation professionnelle et l'intention entrepreneuriale

19

 

2.4

L'auto-emploi : une réponse aux disparités du genre

20

 

2.5

L'environnement familial et la contrainte de liquidité

21

 

2.6

Personnes handicapées

22

 

2.7

Autres facteurs démographiques

23

3

Méthodologie adoptée

24

 

3.1

Méthodologie retenue

24

 

3.2

Les variables retenues pour le modèle économétrique

24

 

3.3

Les données

25

vii

4 Caractérisation socio-économique des jeunes travailleurs indépendants du

Bénin 27
4.1 Une vue d'ensemble à l'aide d'une analyse des correspondances multiples . . . . 27

4.2 Financement des activités et indépendance économique 29

4.3 Les produits de leurs activités 31

4.4 Le chiffre d'affaire mensuel 32

4.5 ...Tous vers l'informel: Pourquoi ? 33

5 Spécification du modèle économétrique 36

5.1 L'auto-emploi comme une double décision 36

5.2 Sélection de l'échantillon pour l'étude économétrique 37

5.3 Modèle Tobit généralisé: la méthode de Wynand et van Praag 39

5.4 Robustesse du Modèle 40

6 Résultats du modèle économétrique et discussion 44

6.1 Mise en oeuvre du modèle économétrique 44

6.2 Discussion 45

A Importance de la formation professionnelle et technique 51

Annexes 51

B International Classification by Status in Employment (ICSE) : ICSE-1993 54

C Self-employment and Treatment Of Particular Cases 57

D Résultats de la classification 60

E Représentation des graphes 62

F Spécification et vraisemblance du modèle 67

G Copula distributions 70

H Les fonctions d'influences du Modèle estimé en deux étapes 72

I Tableaux générés pour l'analyse économétrique 74

Bibliographie 81

viii

Sigles et abréviations

ACM Analyse des Correspondances Multiples

ANSD Agence Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique

BAD Banque Africaine de Développement

CEMAC Communauté Économique et Monétaire des Etats de l'Afrique Centrale

DSRP Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté

EDSB Enquête Démographique Santé du Bénin

EFTP Enseignement de la Formation Technique et Professionnelle

EMICoV Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages

ENSAE Ecole Nationale de la Statistique et de l'Analyse Economique

ETP Education Technique et Professionnelle

ETVA Enquête sur la Transition vers la Vie Active

FMI Fonds Monétaire International

FODEFCA Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l'Apprentissage

GUFE Guichet Unique de Formalisation des Entreprise

ICSE International Classification by Status in Employment

IMF Institution de Mirco-Finance

INSAE Institut National de la Statistique et de l'Analyse Economique

ISE Ingénieur Statisticien Economiste

ITS Ingénieur des Travaux Statistiques

NVTI National Vocational Training Institute

OCDE Organisation de Coopération et de Développement Économiques

OE Outcome Equation

OHADA Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

OIM Organisation Internationale pour les Migrations

OIT Organisation Internationale du Travail

PEA Perspectives Economiques en Afrique

PIB Produit Intérieur Brut

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

RGPH Recensement Général de la Population et de l'Habitat

TE Treatment Equation

TSS Technicien Supérieur de la Statistique

TVET Technical Vocational Education and Training

UEMOA Union économique et monétaire ouest-africaine

UNDP United Nations Development Programme

UNESCO United Nations Educational, Scientific and Cultural Organization

UNFPA United Nations Population Fund

VTI Vocational Training Institute

ZAP Zero Augmented Poisson

ZD Zone de Dénombrement

ZIP Zero Inflated Poisson

ix

Liste des tableaux

1.1

Population active par catégorie socio-professionnelle, milieu de résidence et sexe

10

2.1

Les formes hybrides du salariat et du travail indépendant

17

4.1

Source de financement principale lançant l'activité

30

4.2

Attitude face aux dépenses nécessaires aux fonds de roulement (pour maintenir

 
 

leur activité)

30

4.3

Utilisation (personnelle/pour foyer) des produits de l'entreprise/activité écono-

 
 

mique

32

4.4

Croisement des activités du jeune travailleur avec celles de sa mère

34

4.5

Croisement des activités du jeune travailleur avec celles de son père

34

6.1

Variables mesurant la santé

45

E.1

Variables retenues pour la modélisation bayésienne

63

G.1

Definition of copulae with corresponding ranges of association parameter èi . . .

71

I.1

Modèle de sélection I avec dépendance gaussienne

74

I.2

Modèle de sélection II avec dépendance gaussienne

75

I.3

Modèle de sélection III avec dépendance gaussienne

76

I.4

Modèle de sélection IV avec dépendance gaussienne

77

I.5

Modèle de sélection V avec dépendance gaussienne

78

I.6

Modèle de sélection VI

79

I.7

Modèle de sélection VII avec dépendance gaussienne

80

x

Liste des graphiques

4.1 Motivation à l'auto-emploi 29

4.2 Activités/Métiers exercés par les jeunes travailleurs indépendants 32

4.3 Histogramme du chiffre d'affaire du dernier mois (précédant la période de l'enquête) 33

5.1 L'inverse du ratio de Mills 40

D.1 Dendogramme de la classification 60

D.2 Histogramme partiel des valeurs propres 60

D.3 Position des trois classes retenues après classification sur le graphe des individus

(graphe sur les deux (2) premiers axes factorielles) 61

E.1 Graphe bayésien I 64

E.2 Graphe bayésien II 65

E.3 Graphe bayésien III 66

xi

Résumé

Les déterminants de l'auto-emploi sont étudiés à l'aide des données de l'enquête de la transition vers la vie active réalisée par l'Organisation Internationale du Travail (OIT) en 2012 en collaboration avec le gouvernement béninois. Bien que la préférence pour l'auto-emploi est manifeste chez les jeunes du Bénin à 60%, elle cache de nombreux fléaux sociaux. D'après une analyse factorielle multiple sur les travailleurs indépendants, il ressort que l'auto-emploi est beaucoup plus une alternative de second rang, pour faire face au chômage, ou au sous-emploi. C'est une économie de subsistance, informelle à 99%, et compte essentiellement les jeunes dotés de peu d'éducation formelle, avec une influence significative de la structure du ménage à travers la situation financière et l'état civil en l'occurrence. Une modélisation bayésienne appuyée de tableaux de contingence confirme l'impact de la structure familiale : nous avons identifié un transfert notoire de capital culturel pour les activités liées à l'agriculture et au commerce par exemple. De plus, la mauvaise performance de l'économie nationale et le manque d'encadrement adéquat de la formation professionnelle ont défavorisé le choix de l'auto-emploi pour les jeunes dont la tranche d'âge est comprise entre 15 et 29 ans. C'est ce que révèle un modèle de sélection Tobit généralisé basé sur la méthode de Wynand et Praag, qui montre également que l'éducation revêt une double importance significative : d'une part à travers le niveau d'instruction des parents et de l'individu, et à travers l'effet retrograde de la formation professionnelle des parents, bien que l'impact parental n'est confirmé par la robustesse de Zhelonkin testée. Pour orienter l'auto-emploi du Bénin vers une économie prospère, il faudra créer un environnement plus favorable à son développement, à travers notamment une structuration du secteur informel, en tenant compte de chacun des groupes identifiés.

xii

Abstract

Determinants of self-employment are studied using data from the transition to working life survey conducted by the International Labour Office (ILO) in 2012 in collaboration with Beninese Government . Although the preference for self-employment is evident among young people, up to 60%, it hides many social struggles. From a multiple factor analysis of the self-employed, we find that self-employment is more a subordinated alternative to cope with unemployment, or underemployment. It is a subsistence economy, informal at 99 %, and essentially account young people with little formal education, with a significant influence of household structure across financial situation, and marital status herein. A Bayesian modeling supported by contingency tables confirms the impact of family structure : we have identified a notorious transfer of cultural capital for activities related to agriculture and trade for example. Moreover, the poor performance of the national economy and lack of adequate supervision of vocational training undervalued, have discouraged the choice of self-employment for young people whose age range is between 15 and 29 years. This is what reveals a generalized Tobit selection model based on Wynand and Praag method, which also shows that education has a dual significance : firstly through the educational level of parents and the individual, and through the retrograde effect of vocational training for parents, albeit parent influence are not confirmed with tested Zhelonkin robustess. To guide self-employment to a prosperous economy, it is necessary to create a more favorable environment for its development, particularly through an organization of the informal sector, taking into account each of the identified groups.

1

La structure d'accueil : Le Pôle « Stratégies de Développement et Finances Publiques »

Le Pôle « Stratégies de Développement et Finances Publiques » est un projet conjoint initié en 2007 entre le Gouvernement de la République française et le PNUD. Pool d'expertise technique spécialisé à vocation sous régionale, composé de conseillers résidents, le Pôle, basé à Dakar, est rattaché au Centre Régional du Bureau Afrique du PNUD. Son périmètre s'est progressivement étendu avec le développement des appuis aux processus de réformes des finances publiques engagés par les Commissions économiques régionales (UEMOA/CEMAC), puis avec de nouveaux domaines d'expertise comprenant le contrôle externe des finances publiques et la fiscalité. Enfin, l'intégration du genre dans les politiques publiques ainsi que la mise en place d'une stratégie de formation en ligne ont constitué des volets transversaux du projet. Les modalités d'intervention reposent sur 3 leviers : assistance technique, formation et travaux de capitalisation. Les bénéficiaires du Pôle sont les ministères des finances, mais également les autres départements ministériels, les acteurs du contrôle externe (Parlement, Cour des comptes et société civile), et les centres de formation (universités, écoles régionales et nationales, etc.). La programmation des activités du Pôle est basée sur six résultats stratégiques à savoir :

1. Le renforcement des capacités de planification et de cadrage macroéconomique des politiques publiques : les produits attendus sont le renforcement des processus d'élaboration des stratégies nationales de développement et une qualité améliorée des documents.

2. Une transition assurée du budget de moyens au budget de programmes : les produits attendus sont la préparation et l'évaluation régulière au niveau national et régional des stratégies, et des plans d'actions de réforme des finances publiques adéquats.

3. La mise en place de dispositifs de suivi, évaluation et contrôle externe : les produits attendus sont des stratégies nationales de développement et des politiques sectorielles fondées sur des systèmes de suivi-évaluation efficaces et inclusifs.

4. Le renforcement de la gouvernance des politiques fiscales : les produits attendus sont la mise en place d'outils de planification et de gestion de la performance sur lesquels s'appuieront les administrations fiscales, le renforcement (au niveau national et régional) de la gouvernance fiscale, et enfin, le développement des capacités des collectivités locales en matière de diagnostic et de mobilisation des potentiels fiscaux.

2

La structure d'accueil : Le Pôle « Stratégies de Développement et Finances Publiques »

1. Des capacités améliorées de mobilisation des recettes fiscales locales : les produits attendus sont la maîtrise des assiettes fiscales des collectivités locales visées au Sénégal et la commune de Bissau, ainsi que l'amélioration du civisme fiscal.

2. Le renforcement des outils pour la formation et la gestion des connaissances : les produits attendus sont la mise en place d'une plateforme e-formation qui répond aux besoins en formation générés par la mise en oeuvre des réformes de la gestion des finances publiques, et un enrichissement du contenu de la plateforme par les thèmes relatifs à la réforme et aux autres domaines d'intervention du Pôle.

3

Présentation générale du Bénin

Le Bénin est un pays d'Afrique de l'Ouest sur le golfe de Guinée, entre le Togo à l'ouest et à l'est du Nigeria, de la taille du Tennessee a. Il est délimité par le Burkina Faso et le Niger au nord. Le terrain se compose d'une étroite bande côtière qui monte à un plateau boisé marécageux, puis à de hauts plateaux du nord. Un climat chaud et humide tapit l'ensemble du pays. Daniel NDOYE et El Hadji Mamadou FALL ont récemment publié des statistiques sur le pays portant sur les Perspectives économiques en Afrique (PEA) en 2015 b. La croissance économique pour le Bénin en 2014 a été estimée à 5.5 %, contre 5.6 % en 2013. Elle a été tirée par la production et les services, qui pèsent ensemble plus de 85% du PIB agricole. L'industrie du bâtiment et des travaux publics (BTP) en 2014 a été tirée par les investissements dans les transports et le tourisme. L'inflation a été négative en 2014 en raison notamment de l'augmentation de la production alimentaire de la campagne 2013/14, et de la baisse des prix du pétrole depuis Juin 2014. L'impact de la croissance sur la réduction de la pauvreté et de l'inégalité reste insuffisante, face à une forte croissance démographique. La croissance économique ne suffit pas. Les politiques visant à réduire les inégalités et promouvoir l'inclusion sont désormais plus que nécessaires.

La proportion de pauvres vivant en dessous du seuil de pauvreté national a légèrement reculé, de 37.55% en 2006 à 36.2% en 2011, mais calculé sur la base de la norme internationale de 1.25 dollar par jour, le taux de pauvreté se maintient à 50.9%. En revanche, la pauvreté fondée sur le patrimoine affiche un déclin prolongé. La pauvreté touche davantage les ménages ruraux, et bien que ceux dirigés par une femme soient généralement moins pauvres, ils risquent davantage de tomber dans la pauvreté (Boulel Touré et David Cal MacWilliam, 2014).

En outre, le Bénin a enregistré en 2015 trois (03) réformes sur les indicateurs de création d'entreprise, d'octroi de permis de construire, et de commerce transfrontalier. En effet, le pays a facilité la création d'entreprise, en réduisant les coûts de formalisation au niveau du Guichet Unique de Formalisation des Entreprises (GUFE). Il a aussi réduit la durée d'octroi du permis de construire, en créant un guichet unique à la mairie de Cotonou et en réduisant le nombre de paraphes sur les permis de construire. Enfin, le Bénin a facilité le commerce transfrontalier, en développant davantage le système électronique de son guichet unique avec pour conséquence la réduction du temps nécessaire aussi bien pour les opérations d'importations que d'exportations.

a. Tennessee est un État américain situé dans le sud-est des Etats-Unis. Tennessee est le 36ème pus grand et le 17ème plus peuplé des 50 Etats américains.

b. AfricanEconomicOutlook.org, un site qui propose des données et des analyses complètes et comparables pour les 54 économies africaines.

4

Présentation générale du Bénin

Les efforts du pays sont reconnus dans le rapport « Doing Business 2016 » puisqu'il est classé pour la deuxième fois consécutive parmi les 10 meilleurs réformateurs dans le monde a. Outre ces aspects, le Bénin reste un pays relativement démocratique et stable politiquement, comparé à l'ensemble des pays de l'Afrique de l'Ouest.

a. Doing Business 2016 : Mesure de la Qualité et Efficacité du Cadre Réglementaire, publié le 27 Octobre 2015 , présente un total de 69 réformes mises en place dans 35 économies de l'Afrique Sub-saharienne. Parmi ces réformes, 29 ont été mises en place par 14 des 17 membres de l'OHADA.

5

Introduction

Le progrès de l'esprit se réalise par la solution donnée à des problèmes nouveaux, différents de

ceux dont les prédécesseurs s'occupèrent.

Benedetto Croce, Contribution à ma propre critique.

Les dirigeants du monde ont adopté récemment l'Agenda 2030 pour le développement durable au Sommet du développement durable des Nations Unies le 25 Septembre 2015. Promouvoir la croissance économique soutenue, le plein emploi productif et un travail décent pour tous est le huitième objectif qui compose l'Agenda 2030 pour le développement durable. D'énormes progrès ont été réalisés sur les objectifs du millénaire pour le développement (OMD), montrant la valeur d'un programme fédérateur étayé par des objectifs et des cibles. Malgré ce succès, les populations souffrent encore de la pauvreté dans le monde. Selon un modèle logistique multino-mial, le principal facteur expliquant la pauvreté n'est pas le manque d'emploi, mais la nature de l'emploi. Le sous-emploi est le principal déterminant de la pauvreté. Cette constatation signifie que tout programme de travail devrait viser la qualité des emplois : des emplois décents et des emplois durables (Félicien, 2013).

Les différents indicateurs de l'emploi des jeunes montrent que les taux de chômage et d'inactivité faibles ne sont pas nécessairement des signes de meilleurs résultats sur le marché du travail des jeunes, car ils masquent des taux élevés d'emploi vulnérable, le travail informel et la pauvreté au travail. L'Asie du Sud et l'Afrique subsaharienne1 en particulier sont confrontées au plus grand défi de la jeunesse en termes de taille et de la part de la population des jeunes. Ce sont également les régions où les parts de l'emploi vulnérable (auto-emploi vulnérable et de travail non rémunéré) sont les plus élevés, en particulier dans les pays à faible revenu. L'emploi vulnérable et la pauvreté au travail sont les plus élevés chez les jeunes avec peu ou pas d'éducation formelle et dans les zones rurales (Janneke Pieters, 2013). Les objectifs de développement durable visent à encourager une croissance économique soutenue pour atteindre des niveaux plus élevés de productivité et d'innovation technologique. Promouvoir des politiques

1. Dans 15 pays de l'Afrique subsaharienne, la moitié de la population a moins de 18 ans. Au Niger, en Ouganda et au Tchad, la moitié de la population a moins de 16 ans (UNFPA,2014). Les perspectives de développement de l'Afrique seront fondées sur les politiques mises en place pour tirer parti du dynamisme de sa jeunesse, de ses ressources naturelles abondantes et de son précieux capital humain. Si le continent investit dans l'éducation et la formation en vue de libérer le potentiel de sa jeunesse, il pourrait devenir l'une des économies les plus dynamiques et les plus productives (BAD, 2011).

6

qui encouragent l'auto-emploi et la création d'emploi est la clé pour cela, comme le sont des mesures efficaces pour éradiquer le travail forcé, et la traite des êtres humains. Quelle est la place de l'auto-emploi dans l'atteinte de ces objectifs pré-cités?

L'auto-emploi prend de l'ampleur sur le marché du travail, et une grande proportion de la population active serait apparemment désireuse d'être leurs propres patrons. La population active dans l'Union Européenne par exemple compte de nombreux travailleurs indépendants, qui détiennent un potentiel de création d'emploi considérable. Dans les pays en développement, il y a eu une augmentation significative d'auto-emploi, en particulier parmi les femmes rurales, et chez les travailleurs urbains. L'auto-emploi informel est le principal type d'emploi pour de nombreux pays en Afrique subsaharienne. Les taux élevés d'emploi indépendant informel sont le résultat de l'importance de l'emploi agricole dans ces pays. Le secteur informel est aussi la principale option pour de nombreux jeunes qui entrent sur le marché du travail, y compris les jeunes qui sortent du système éducatif formel. Le travail indépendant est un type d'entrepreneuriat, une sorte de petite entreprise, quelque chose qui est encouragée par diverses politiques gouvernementales et parfois pensée avoir des impacts particulièrement désirables, surtout sur la croissance économique. Il représente une force importante pour l'innovation et la croissance économique. Mais est-ce vraiment le cas au Bénin?

La main-d'oeuvre béninoise est dominée par l'auto-emploi (60 à 80 %) quel que soit le milieu de résidence. Le travail indépendant est alors prédominant (Félicien, 2013). La population active au Bénin est essentiellement jeune, avec 60 % des travailleurs d'âge compris entre 15 et 34 ans, essentiellement rurale (62 % des travailleurs vivant dans les zones rurales et sont peu éduqués 2). Les enjeux du millénaire étant multiples, les politiques en faveur de la création d'emploi décent ne saurait être efficaces sans toutefois répondre à la problématique de l'auto-emploi, en vue d'améliorer sa qualité compte tenu de son importance économique. En effet, l'on ne saurait faire la promotion de l'auto-emploi3 sans diagnostiquer à la base le profil des acteurs qui le caractérise. Autrement dit, l'on ne pourrait recadrer durablement les politiques institutionnelles vers l'auto-emploi, sans toutefois évaluer l'environnement démographique et socioéconomique dans lequel évolue le travail indépendant. La formation professionnelle et technique par exemple souffre d'un manque de valorisation, et reste très peu convoitée. On ne pourrait probablement pas encore compter sur elle pour orienter les jeunes vers l'auto-emploi. Pourtant l'auto-emploi se présente comme l'alternative incontournable pour la masse de jeunes sortant des universités, surtout pour ceux provenant des facultés de sciences, laissés à eux-mêmes.

2. Il s'agit ici d'une éducation formelle : L'éducation formelle dite scolaire qui se différencie de l'éducation non formelle en ce sens qu'elle est donnée dans des institutions d'enseignement (écoles), par des enseignants permanents, dans le cadre de programmes d'études déterminés (Ali Hamadache, 1993). Ce type d'éducation est caractérisé par l'unicité et une certaine rigidité, avec des structures préalables horizontales et verticales (classes d'âge homogènes et cycles hiérarchisés), avec des conditions d'admission définies pour tous. Cet enseignement se veut universel et séquentiel normalisé et institutionnalisé avec une certaine permanence (du moins pour ceux qui ne sont pas exclus du système).

3. Dans le cadre de ce document, l'auto-emploi regroupe l'entrepreneuriat et l'auto-entrepreneuriat de soi-même.

7

L'analyse des déterminants de l'auto-emploi chez les jeunes de 15 à 29 ans a pour objectif de mettre en lumière un état des lieux sur l'influence de certains facteurs démographiques et socioéconomiques sur l'auto-emploi. Il s'agit en l'occurence de l'éducation, du sexe, l'environnement familial, de la situation financière des ménages ainsi que leur structure, du milieu de résidence, de l'état civil, etc. L'analyse servira donc de piste de réflexions pour les décideurs, et un guide dans la mise en oeuvre des politiques, et particulièrement dans l'élaboration des documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP). Ce travail permettra donc de re-cadrer les actions des institutions concernées, notamment celles du Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l'Apprentissage (FODEFCA4), dans les réformes contributives à la formation professionnelle et technique, ainsi que l'insertion professionnelle des jeunes sortant des écoles et universités pour une expérience sur le marché du travail plus épanouie.

Le plan de travail s'articule comme suit : le chapitre suivant est consacré aux fait stylisés. Ce chapitre servira principalement de chapeau à la problématique de l'auto-emploi au Bénin, et à nos hypothèses de recherche. La méthodologie sera présentée, et pour la suite les deux chapitres suivants dédiés respectivement à la revue de littérature sur l'auto-emploi, et à la caractérisation de la population des jeunes travailleurs indépendants au Bénin, nous permettrons de faire un tour d'horizon sur les études déjà réalisées dans ce cadre, afin de dégager les variables à retenir pour l'étude économétrique, lors de l'exploitation de la base de données. Nous finirons par une synthèse des résultats économétriques et une discussion nécessaire, en prélude aux recommandations.

4. Le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l'Apprentissage (FODEFCA) est un établissement public à caractère social, doté d'une personnalité juridique et d'une autonomie financière. Le FODEFCA est une interface entre la demande et l'offre de formation. Mis en place par l'Etat Béninois dans le cadre de la mise en oeuvre de la politique nationale de formation professionnelle, il est l'outil stratégique du Gouvernement pour promouvoir la formation continue et en améliorer la pertinence et la qualité. Sa mission : développement des ressources humaines en finançant des activités de formation au profit des travailleurs modernes et le secteur privé informel (artisanat, agriculture), et les jeunes entrant sur le marché du travail. En tant que tel, il est responsable en particulier pour la réception et la gestion des ressources pour le financement et la promotion de la formation professionnelle continue et de l'apprentissage, de soutenir les entreprises dans la définition de leurs besoins de formation et des plans de formation et de développement des programmes.

Chapitre

1

8

Faits stylisés et problématique de l'auto-emploi au Bénin

N'acceptez ni les vérités d'évidence, ni les illusions dangereuses.

Maurice ALLAIS

1.1) Importance économique de l'auto-emploi

L'auto-emploi prend de l'ampleur sur le marché du travail et une grande proportion de la population active serait apparemment désireuse d'être leurs propres patrons. Le travail indépendant représente une opportunité pour l'individu de définir son propre calendrier, de travailler quand il veut, et peut être même vu comme un moyen de devenir riche. Les jeunes peuvent choisir d'être indépendants sur le marché du travail pour de nombreuses raisons différentes. A ce jour, nous disposons de quelques statistiques nous permettant d'apprécier l'importance économique de l'auto-emploi, dont voici quelques principales :

1. Ron Davies (2013) dans une étude adressée aux membres du parlement de l'Union Européenne fait cas de comment les travailleurs indépendants représentent plus de 15% de la population active dans l'Union Européenne. Bien que la majorité travaille uniquement sur leur propre compte, un tiers des travailleurs indépendants sont des créateurs d'emploi. En 2009, 15,3 millions de personnes étaient des travailleurs autonomes 1, y compris à la fois ceux qui ont incorporé2 leurs entreprises et ceux qui ne l'avaient pas fait. Le taux d'auto-emploi, qui est la proportion de l'emploi total constituée de travailleurs indépendants, a été de 10.9 pour cent (Steven, 2010), et en 2012, environ un travailleur sur trois indépendants était de sexe féminin (BLS, 2014).

2. Il y a eu une augmentation significative de l'auto-emploi, en particulier parmi les femmes rurales (principalement comme travailleuses familiales3 non rémunérées), mais aussi chez

1. Le travailleur autonome/indépendant est une personne qui travaille pour elle-même, et non pour le compte d'une autre personne. Il effectue donc un travail pour lequel son client s'engage à lui payer le prix convenu. Il détient donc une grande autonomie dans le choix de ses clients et dans la manière de réaliser le travail demandé par le client.

2. L'incorporation est la formation d'une nouvelle société (une société étant une entité juridique qui est effectivement reconnue comme une personne en vertu de la loi). La société peut être une entreprise, une organisation à but non lucratif, club de sport, ou un gouvernement d'une nouvelle ville ou village.

3. Dictionnaire Larousse : personne dépendant des caisses d'allocations familiales et qui assure à domicile une aide aux mères de famille momentanément en difficultés familiales, financières.

9

les travailleurs urbains, les hommes et les femmes. Environ la moitié de la main-d'oeuvre en Inde est maintenant constituée de travailleurs autonomes, et au sein de la main-d'oeuvre informelle, les travailleurs indépendants jouissent de plus de jours de travail par an en moyenne, que les journaliers occasionnels ou les travailleurs à domicile industriels ou travailleurs à domicile simplement (Chen et Doane, 2008, p.13) . L'auto-emploi informel est le principal type d'emploi pour de nombreux pays en Afrique subsaharienne. Les taux élevés d'emploi indépendant informel sont le résultat de l'importance de l'emploi agricole dans ces pays. Le secteur informel est aussi la principale option pour de nombreux jeunes qui entrent sur le marché du travail, y compris les jeunes qui sortent du système éducatif formel. L'auto-emploi informel dans l'agriculture représente environ 40 à 50% pour cent de tous les emplois au Ghana, au Kenya et au Mali, et plus de 77 % à Madagascar (Heintz et Valodia, 2008, p.9-10). En outre, en Afrique subsaharienne, la plupart des nouveaux emplois non agricoles ont été générés par les ménages à partir des entreprises familiales (Fox et Sohnesen, 2012).

Le travail indépendant est un type d'entrepreneuriat, une sorte de petite entreprise, quelque chose qui est encouragée par diverses politiques gouvernementales et parfois pensée avoir des impacts particulièrement désirables, surtout sur la croissance économique. Fait intéressant, Wolff (1998, pp. 146-147) a trouvé, en utilisant des données sur la finance des consommateurs aux Etats-Unis, que les travailleurs indépendants étaient sensiblement sur-représentés dans les rangs des riches en 1983, et qu'ils ont les meilleurs pourcentages dans la répartition de la population entre 1983 et 1995. Stephan et al. (2012) ont montré que l'auto-emploi a des impacts économiques positifs tangibles non seulement sur le salaire de l'emploi, mais aussi sur la croissance du revenu par habitant et la réduction de la pauvreté. En résumé, l'auto-emploi représente une force importante pour l'innovation et la croissance économique. Mais est-ce vraiment le cas au Bénin?

1.2) Pourquoi parler d'auto-emploi au Bénin?

1.2.1) Un bref aperçu du marché du travail

En 2014, le Bénin est déclaré pays à faible revenu avec neuf (9) millions de personnes et un revenu annuel par habitant d'environ 598,16 dollars US. La main-d'oeuvre est dominée par l'auto-emploi (60 à 80 %) quel que soit le milieu de résidence. Le travail indépendant est alors prédominant. C'est d'ailleurs pourquoi Félicien (2013) pense que les programmes de soutien aux jeunes travailleurs indépendants à faible productivité auraient plus d'impact que ceux qui soutiennent le petit secteur de l'emploi salarié. L'emploi salarié est plus représenté dans la zone urbaine (Félicien, 2013). La population active au Bénin est essentiellement jeune, avec 60% des travailleurs âgés entre 15 et 34 ans (UNDP, 2015), essentiellement rurale (62% des travailleurs vivant dans les zones rurales), et peu sont éduqués (environ 78 % des travailleurs du Bénin

10

ont le niveau d'éducation primaire ou en-dessous). Les travailleurs ayant reçu un enseignement supérieur représentent seulement 2.2% de la population active 4.

Tableau 1.1 - Population active par catégorie socio-professionnelle, milieu de résidence et sexe

 

Rural

Urbain

Homme (%)

Femme (%)

Homme (%)

Femme (%)

Salariés

5,1

1,3

24,3

8,7

Employeurs

0,8

0,1

3,6

1,1

Auto-employés

80,1

70,8

60,5

73,3

Apprentis/travailleurs familiaux

14,0

27,7

11,6

16,9

Source : EMICoV 2009/2010

La situation du marché du travail pour les jeunes béninois est donc d'autant plus précaire que celle de la population générale. Le sous-emploi est particulièrement une problématique pour ce groupe d'âge, qui est plus susceptible de gagner moins que le salaire minimum que les personnes âgées (Ulandssekretariatet, 2014).

Le marché du travail au Bénin

Le marché du travail reste sous-développé. L'économie informelle couvre environ 94% de la population active, et contribue à environ 35% du PIB [...]. Le salaire minimum garanti au Bénin est à 40.000 CFA par mois (80$ US) en 2014. Une partie importante de la force de travail et des travailleurs étrangers ne sont pas couverts par l'échelle de ce salaire minimum. Sur des estimations, la croissance du salaire minimum réel a stagné depuis 2000, et les normes n'ont pas été effectivement appliquées. Le Bénin n'a pas introduit de réformes dans les six dernières années pour accroître la flexibilité du marché du travail [...]. Sur la période 2008-2012, plus de 10000 Béninois quittent le pays de plus que ceux qui y entrent. Ceci est dû à la croissance démographique, la pauvreté, l'augmentation du coût de la vie, et la diminution des ressources naturelles [...]. Le secteur formel est peu représenté au Bénin, il emploie seulement 6% de la population active. [...]. Les travailleurs informels ont moins accès aux ressources productives, en particulier au capital, ce qui est un obstacle à la réduction de la pauvreté, en particulier chez les femmes. Les banques conventionnelles sont réticentes aux prêts du secteur informel en raison de risques élevés.

Ulandssekretariatet, Profil du marché du travail au Bénin, Edition 2014 , LO/FTF Council, Danish Trade Union Council for International Development Cooperation.

Les jeunes travailleurs continuent de faire face à des perspectives décevantes quand ils

4. Ces données sont obtenues à partir de l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICoV) 2009/2010.

11

viennent à l'emploi, car ils sont souvent engagés dans des activités précaires ou vulnérables qui fournissent un faible revenu et peu de sécurité. Les jeunes vulnérables manquent souvent de compétences suffisantes pour entrer sur le marché du travail et trouver des emplois de qualité. Les travailleurs peu qualifiés souffrent face à l'économie à forte intensité d'aujourd'hui, et les opportunités leurs sont par conséquent réduites, en raison de l'absence de formation professionnelle et d'expérience.

1.2.2) La formation professionnelle et technique

Depuis 1990, le Bénin a opté pour le libéralisme économique. Le pays a ensuite inscrit à l'égard de ses priorités, le développement du capital humain comme une garantie de la croissance économique. Les stratégies adoptées à cet effet par le gouvernement comprennent l'adoption en 1998 de la politique nationale de la formation professionnelle continue et la création en février 1999, du Fonds de développement de la formation professionnelle continue et de l'apprentis-sage (FODEFCA). A ce jour, le Bénin a éliminé les frais de scolarité au cours primaire et a entamé l'exécution des recommandations de son Forum pour l'Education en 2007 (FMI, 2007). Les flux croissants d'étudiants sortant des universités suscitent donc des inquiétudes quant à la pertinence de cette politique en vertu de la spécificité actuelle du marché du travail (expansion très rapide de l'enseignement primaire et de l'enseignement secondaire général, faible développement quantitatif de la formation et de l'enseignement technique et professionnel5). La formation technique et professionnelle a pour mission de créer un lien entre le système éducatif et le marché du travail, et la promotion d'un développement agricole et industriel durable. Plus de dix (10) ans après la création du FODEFCA, quel est aujourd'hui l'état de la formation professionnelle et technique au Bénin?

Des regrets ont été exprimés sur la formation professionnelle et technique dans la publication intitulée : "UNESCO EFA Global Monitoring Report Education for All by 2015 : Will we make it ?". Le rapport constate qu'au Bénin, il y a seulement 20 000 étudiants inscrits dans les établissements de formation professionnelle et technique, par rapport à 240 000 apprentis et globalement, sur plus de 512 millions d'élèves inscrits dans les écoles secondaires à travers le monde en 2005, seulement un sur dix a été inscrit dans les programmes des établissements de formation professionnelle et technique au niveau secondaire (OCDE, 2007). La formation professionnelle et technique reste donc très peu convoitée.

D'après l'enquête sur la transition vers la vie active en 2012, la jeunesse rencontre effectivement un manque d'expérience professionnelle sur le marché du travail. Il y a vraiment une faible participation à la formation professionnelle et technique pour les jeunes au Bénin : niveau de participation 2,1%. Les étudiants et les écoliers sont plus orientés vers les formations

5. L'UNESCO et l'Organisation internationale du Travail (OIT) dans un document Technical Vocational Education and Training for the Twenty First Century (2002) définissent l'éducation professionnelle et technique comme "les aspects du processus éducatif qui, outre l'enseignement général, incluent l'étude des technologies et des sciences connexes, l'acquisition de compétences pratiques, des aptitudes, la compréhension et la connaissance relatives des professions des divers secteurs de la vie économique et sociale."

12

nécessitant moins d'investissements techniques. Le fait social est que de nombreux parents ont une mauvaise perception sociétale du programme de l'enseignement technique et professionnel. Les cas du Ghana, du Nigeria, du Mali et de la Swaziland ont été étudiés et le résultat a confirmé que ces sociétés ont à tort fait croire que l'enseignement technique et professionnel (ETP) est destiné aux personnes qui sont incapables de poursuivre le programme de la formation académique6 (André Kirchberger, 2008). Le phénomène est proche de celui mis en évidence par Yangben et Seniwoliba en octobre 2014 pour le Ghana. Leur étude a examiné les défis du Centre de pilote de la formation à l'Institut National de Formation Professionnelle (NVTI) au Kokomlemle, une banlieue d'Accra. Ils ont fait valoir que : "Pendant de nombreuses années, l'enseignement technique et professionnel en Afrique a été considéré comme un cheminement de carrière pour le moins académiquement doté". Cette perception a été alimentée par les exigences académiques faibles requis pour l'admission dans les programmes d'enseignement technique et professionnel, ainsi que les perspectives limitées pour la formation technique et professionnelle . Pire que tout, l'impression est parfois créée par les gouvernements que l'objectif principal de la formation professionnelle est de garder les retardés du système secondaire de base et ceux de la rue, plutôt que de projeter ce type de formation comme une stratégie efficace pour former des travailleurs qualifiés pour le marché de l'emploi (Yangben, P. N et Seniwoliba A, 2014). En Afrique, l'éducation met seulement l'accent sur la capacité nationale à appliquer la science à des problèmes sociaux et économiques.

La formation professionnelle et technique n'est donc pas assez valorisée au Bénin. On ne pourrait certainement pas encore compter sur elle pour orienter les jeunes vers l'auto-emploi 7. Pourtant l'auto-emploi se présente comme l'alternative fatale pour la masse de jeunes sortant des universités, surtout pour ceux provenant des facultés de sciences, laissés à eux-mêmes.

1.2.3) L'auto-emploi : l'alternative fatale

Un diplôme reste un investissement extrêmement rentable. Mais, des questions demeurent sur l'insertion des diplômés dans le marché du travail. Nous n'avons pas pu trouver un travail pertinent au sujet de l'employabilité des diplômés en sciences dans les universités béninoises, et des diplômés en technologie des écoles polytechniques .

6. Le cas du Bénin doit être rigoureusement étudié. "Nous devons investir dans le développement de l'EFTP et de l'information sur le marché du travail des systèmes, ainsi que dans le renforcement des capacités des individus et des institutions pour être en mesure de concevoir des instruments et de collecter et analyser les données" ( UNESCO, 2012).

7. Voir Annexe A sur l'importance de la formation professionnelle et technique pour l'auto-emploi.

13

Compétences nécessaires à l'employabilité des jeunes diplômés

En ce qui concerne la demande d'emploi, il est noté que plusieurs milliers de demandes d'emploi sont enregistrées auprès de l'Agence Nationale pour la Promotion de l'Emploi (ANPE). Parmi ces candidats, on compte les diplômés de l'université. Au cours des dernières années, le nombre de demandeurs d'emploi avec un diplôme de l'enseignement supérieur dépasse nettement celui des bacheliers. Deux tiers ont un diplôme universitaire avec une disponibilité à travailler à une position inférieure. L'âge des demandeurs d'emploi est de 25 ans en moyenne. En outre, près d'un demandeur d'emploi est vacant depuis au moins un an. Le Bureau d'études statistiques trouve spectaculaire que les diplômés postulent à des emplois qui nécessitent peu de qualifications. Le Bénin est donc indéniablement confronté à la question du chômage et de l'emploi des jeunes en sous-emploi. La main-d'oeuvre potentielle est estimée au Bénin en 2006 à 4 856 548 individus, soit 64% de la population totale du pays, dont 51% de femmes et 49 % d'hommes. Les jeunes de 15 à 35 ans représentent environ 60.3% de la population (d'après le RGPH3). Selon les projections faites par l'Institut National de la Statistique et de l'Analyse Économique (INSAE), le nombre de jeunes au Bénin passera de 1 290 333 personnes en 2004 à plus de 2 571 174 personnes en 2025, soit une augmentation de 72 500 personnes par an. Le taux de chômage en 2007 selon les statistiques de l'INSAE est de 0.74 % et le sous-emploi est évalué à plus de 75%. Les jeunes sont les plus touchés par ce phénomène de sous-emploi avec de très faibles perspectives de travail décent, ou d'emploi permanent.

Bernard Mumpasi Lututala, Capacity for access to employment Sub-Saharan Africa, Août 2012, rapport préparé pour le projet de l'enseignement secondaire innovant pour l'amélioration des compétences (ISESE), dirigé par le Results for Development Institute (R4D) avec le soutien de la Fondation Rockefeller.

Quoi qu'il en soit, Adeyemo et al. (Juin 2010) ont soumis un travail sur le problème : A survey of factors determining the employability of science and technology graduates of polytechnics and universities in the Nigerian Labor Market. De leur résumé, de nombreux diplômés universitaires se plaignent des niveaux élevés de chômage parce que les perspectives d'emploi se sont détériorées au fil du temps. Le pourcentage de chômage des diplômés a pris des proportions alarmantes en particulier pour les diplômés en sciences et en technologie. Est-ce que l'éducation qu'ils reçoivent est en harmonie avec les exigences de compétences d'aujourd'hui, dans le marché du travail ou les programmes utilisés dans les établissements d'enseignement supérieur sont-ils trop obsolètes? Leur analyse des résultats d'enquête a montré un décalage entre les sorties de l'université et les exigences du marché du travail. La proportion des diplômés en sciences au chômage est encore plus importante.

14

La précédente analyse AEO 8(2015) a établi un certain nombre de faits concernant l'emploi des jeunes et leur éducation :

1. Un niveau d'éducation élevé est lié à un chômage élevé chez les jeunes, et un faible taux de chômage chez les adultes;

2. Dans la population des individus à niveau d'éducation élevé, le taux de chômage varie selon le type de degré d'éducation;

3. Le découragement et la décision de ne plus travailler sont plus probables chez les jeunes dotés de peu d'éducation formelle.

L'auto-emploi serait donc une alternative à encourager, notamment pour faire face au sous-emploi et au chômage accru des jeunes, diplômés ou non.

1.3) Problématique, objectifs et hypothèses de recherche Problématique

Les enjeux du millénaire étant multiples, les politiques en faveur de la création d'emploi décent ne saurait être efficaces sans toutefois répondre à la problématique de l'auto-emploi, en vue d'améliorer sa qualité compte tenu de son importance économique. En effet, la situation du marché du travail pour les jeunes du Bénin est précaire et le sous-emploi est également dominant. Ceci engendre des inquiétudes quant à la qualité du travail indépendant au Bénin: peut-on dire qu'il représente une économie prospère? D'autre part, le public et le privé semblent ne plus être capables d'accueillir les jeunes sortant des universités, et des écoles. L'auto-emploi est donc une alternative inévitable et présente pour les jeunes l'opportunité d'une insertion professionnelle plus facile. Cependant, l'on ne saurait faire la promotion de l'auto-emploi sans diagnostiquer à la base le profil des acteurs qui le caractérise. Autrement dit, l'on ne pourrait recadrer durablement les politiques institutionnelles vers l'auto-emploi, sans toutefois évaluer l'environnement démographique et socioéconomique dans lequel évolue le travail indépendant. La formation professionnelle et technique par exemple souffre d'un manque de valorisation, et reste très peu convoitée. Pourrait-elle orienter les jeunes vers l'auto-emploi sans aucune réforme préalable?

Pour mettre en oeuvre des politiques favorables à l'auto-emploi, afin de garantir un emploi décent pour tous, il faudrait identifier à la base les actions nécessaires compte tenu de la situation actuelle. Les questions suivantes surgissent donc : l'environnement institutionnel, y compris le système éducatif, est-il prêt à faire cet élan vers l'auto-emploi? Pour répondre à cette problématique, une étude du travail indépendant est requise : qui sont ces jeunes présents sur le marché de l'auto-emploi? quels sont leur profil et les types d'activité qu'ils exercent? Leur niveau d'instruction a-t-il joué un rôle significatif dans le choix du type d'occupation? En dehors

8. African Economic Outlook

15

de leur motivation, quel est l'influence des facteurs démographiques et socioéconomiques? Un diagnostic fiable permettra de mettre en lumière l'état des lieux sur le thème. C'est dans ce cadre que s'inscrit cette étude sur les déterminants de l'auto-emploi chez les jeunes de 15 à 29 ans au Bénin. L'analyse servira de piste de réflexions pour les décideurs, et un guide dans la mise en oeuvre des politiques, et particulièrement dans l'élaboration des documents de stratégies de réduction de la pauvreté (DSRP).

Objectifs et hypothèses de recherche

Ce travail permettra donc de re-orienter les actions des institutions concernées, notamment le Fonds de Développement de la Formation Professionnelle Continue et de l'Apprentissage (FODEFCA), dans les réformes contributives à la formation professionnelle et technique, ainsi que l'insertion professionnelle des jeunes sortant des écoles et universités pour une expérience sur le marché du travail plus épanouie. Pour cela, nous étudierons l'auto-emploi à travers :

· une caractérisation socioéconomique de la population des jeunes travailleurs indépendants (formels ou informels);

· l'influence du niveau d'instruction (de l'individu ou de ses parents);

· l'influence de la formation professionnelle et technique (de l'individu ou de ses parents);

· et l'influence d'autres facteurs démographiques et socioéconomiques. Les hypothèses de recherche que nous émettons sont :

H1 : Une éducation formelle a une influence positive sur l'auto-emploi;

H2 : La formation professionnelle et technique a une influence positive sur l'auto-emploi.

16

Chapitre

 

2

 

Revue de littérature sur l'auto-emploi et ses
déterminants

Felix qui potuit rerum cognoscere causas! ( Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes

des choses)

Virgile, poète latin.

2.1) Q

u'est-ce que l'auto-emploi?

Les frontières entre l'emploi salarié et l'emploi indépendant sont de plus en plus floues dans certains domaines au cours de ces dernières années, surtout dans un contexte où le marché du travail évolue et la diffusion des pratiques telles que la sous-traitance s'amplifie. Ce processus a conduit à un intérêt croissant pour les dits économiquement travailleurs indépendants.

Le travail indépendant est un aspect important de l'expérience des travailleurs sur le marché du travail. Pour le Bureau International du Travail (1993), les emplois de type auto-emploi sont les emplois dont la rémunération est directement dépendante des bénéfices (ou le potentiel de bénéfices) découlant des biens et services produits (la consommation propre étant considérée comme faisant partie des bénéfices). Les titulaires prennent les décisions de gestion affectant l'entreprise ou délèguent de telles décisions, tout en conservant la responsabilité pour le bien de l'entreprise 1.

Les objectifs de compétitivité ayant changé, ils se traduisent aujourd'hui par de nouvelles formes de mobilisation du travail qui ne sont précisément ni du travail salarié, ni du travail indépendant, mais des combinaisons complexes de l'un et de l'autre. La précédente définition englobe un grand nombre de situations possibles, et ne présente que quelques caractéristiques générales. Yves Duppy et Françoise Larré (1998) de l'université des sciences sociales de Toulouse ont proposé une grille plus pertinente des situations de travail, vue leur hétérogénéité croissante. On retrouve les formes hybrides (FH) à partir de deux dimensions majeures : l'organisation de la contribution du travailleur au produit d'une part, et la répartition des risques d'autre part. Les différentes situations de travail sont donc caractérisées par leur position par rapport à deux questions centrales : "qui décide , organise et contrôle la prestation? (ou quel est le degré

1. Dans ce contexte, «entreprise» inclut les entreprises personnelles.

17

d'autonomie du prestataire ?)", "qui prend en charge les risques de l'activité travail? (risque d'entreprise, risque économique, risque clientèle...)", ainsi que ce qui gouverne le système de rémunération. Chaque dimension (la dimension organisation est notée ici X, et celle du risque Y )peut donc prendre trois valeurs : une valeur individuelle (i), une valeur collective (c), et un mixte individuel et collectif (i+c).

Tableau 2.1 - Les formes hybrides du salariat et du travail indépendant

 
 
 
 
 

Risque

 

Organisation

Individuel (Yi)

Mixte (Yi+e)

Collectif (Ye)

Individuel (Xi)

Travail indépendant

Fil

Fil

Mixte (Xi+e)

Fil

Forme hybride (Fil)

Fil

Collectif (Xe)

Fil

Fil

Travail salarié

Source: Classification de Yves Duppy et Françoise Larré (1988)

On peut donc comprendre plus facilement2 les différents types de travailleurs indépendants qui se distinguent selon le type d'unité de production qu'ils représentent ou pour laquelle ils travaillent. Les exemples qui répondent à cette classification sont en l'occurrence le cas des travailleurs familiaux (Xi+c, Yi), et les membres de coopératives de producteurs (Xi+c, Yi+c).

On sait que les employeurs engagent sur une base continue une ou plusieurs personnes pour travailler comme «employés». Cependant, les travailleurs pour compte propre ont la même autorité sur l'unité économique que les «employeurs», mais n'ont pas nécessairement d'«employés» sur une base continue. Outre ces généralités, on note que les membres de coopératives de producteurs participent sur un même pied d'égalité avec les autres membres dans la détermination de l'organisation de la production, etc. Par contre, les travailleurs familiaux ne peuvent cependant pas être considérés comme des partenaires dans le fonctionnement de l'unité de production en raison du fait que leur degré d'engagement pour le fonctionnement de l'unité, en termes de temps ou d'autres facteurs de travail, n'est pas nécessairement comparable à celui de l'individu à la tête de l'entreprise (voir Annexes B & C). Mais, les définitions opérationnelles utilisées dans les enquêtes nationales sur la population active peuvent toutefois varier légèrement d'un pays à un autre. Pour l'OCDE (2011), les travailleurs familiaux non rémunérés sont des travailleurs indépendants, qui sont particulièrement importants dans l'agriculture et le commerce de détail. C'est pour cela que dans ce document, plus d'attention sera certes portée aux jeunes travailleurs indépendants qui ont leur propre emploi, et un chiffre d'affaires donné périodiquement. Toutefois, tous les aspects hybrides mentionnés ci-haut ne seront pas ignorés. Les raisons à l'origine du choix de l'auto-emploi pourraient inclure, par exemple, la nécessité de l'expression de soi, d'indépendance, de statut, ou l'obtention d'un avantage pécuniaire, etc. Nous présentons dans

2. En effet, l'organisation de la prestation peut être décidée par la personne qui réalise la prestation (Xi), ou peut être imposée par l'organisation au sein de laquelle travaille cette personne (Xe). Il en est de même pour le risque associé à la prestation : si le travailleur supporte le risque de la prestation, il devra chercher ses clients par lui-même, et recevra directement le prix de sa prestation (Yi). Dans le cas contraire, il sera rémunéré selon un taux uniforme (rémunération forfaitaire) par l'organisation au sein de laquelle il effectue son activité, et qui lui procure son travail (Ye).

18

19

les paragraphes suivants les principaux déterminants qui reviennent le plus dans la littérature. 2.2) La place du capital humain à travers l'influence de l'éducation

Plusieurs travaux empiriques ont ainsi essayé de mesurer l'influence du capital humain sur l'auto-emploi. La théorie du capital humain a connu son véritable envol grâce à l'ouvrage « Human Capital, A Theoretical and Empirical Analysis » de l'économiste américain Gary Stanley Becker paru en 19643. D'après la théorie, il est nécessaire d'investir dans la formation, pour augmenter la productivité des travailleurs sur le marché de l'emploi. Becker a souligné des situations concrètes où l'on retrouve l'effet significatif de l'éducation dont voici quelques exemples : le taux de chômage est inversement proportionnel au niveau de compétences; l'investissement dans le capital humain contribue à la croissance de la productivité; etc 4. Pour la suite, nous étudierons l'importance significative du capital humain à travers l'éducation.

2.2.1) La garantie d'une réussite professionnelle pour le travailleur autonome le plus diplômé

L'éducation sert de variable proxy pour le capital humain. Son effet attendu sur la probabilité d'être travailleur autonome est incertain en raison de différentes théories. D'une part, il est prévu que l'augmentation du capital humain augmenterait les chances qu'un individu puisse surmonter les obstacles inhérents à démarrer une entreprise. Les professionnels sont également censés être plus capables d'ouvrir leur propre entreprise. Les travaux de Dolton et Makepeace (2001) revêtent une importance particulière dans ce cadre du fait qu'ils ont estimé un modèle économétrique pour expliquer pour un échantillon de diplômés d'universités (des Royaumes Unis) le choix de s'auto-employer ou non. Il ressort de leur analyse que les antécédents sociaux et académiques sont des déterminants très significatifs de la décision de s'auto-employer dans le futur. Ils soutiennent que les diplômés d'universités sont les mieux placés pour s'auto-employer surtout qu'ils pourront toujours se faire embaucher si l'entreprise échouait. C'est dans le même sens que Donald F. Kuratko (2003) a prouvé que l'éducation universitaire est un déterminant significatif de la sélection de l'individu à l'entrée dans l'entrepreneuriat. Un niveau d'éducation élevé serait donc l'assurance d'une réussite professionnelle pour les travailleurs indépendants.

2.2.2) L'éducation : corrélation positive avec l'auto-emploi à travers le sous-emploi

Certains jeunes n'attendent pas la fin de leur cursus scolaire ou universitaire, et acceptent des emplois jugés inférieurs à leur niveau de qualification. D'autres n'hésitent pas à préférer un

3. Ce qui lui a valu le prix Nobel d'économie en 1992. L'ouvrage est approfondi dans sa 3ème édition en 1994.

4. Il n'est de richesse que d'hommes...La pensée humaniste a aussi trouvé aujourd'hui un allié de poids : le marché financier! Car, si deux tiers de la valeur des entreprises cotées est immatérielle, deux tiers de la valeur des entreprises viennent du capital humain.

emploi indépendant vues les difficultés que présente le sous-emploi. Rissman (2003) postule que le travail indépendant est aussi une alternative à de faibles revenus sur le marché de l'emploi, ce qui indique qu'un niveau d'instruction élevé est en relation avec l'auto-emploi, à travers un manque de possibilités d'emploi.

2.2.3) L'éducation : corrélation positive avec l'auto-emploi à travers le chômage

Nordman et Doumer (2012) trouvent des résultats opposés à ceux de Boutin (2010) sur le lien entre niveau d'éducation et accès à l'emploi. A partir des données de l'enquête 1-23 réalisée entre 2001 et 2003 dans sept capitales de la zone UEMOA (exceptée Bissau), les auteurs trouvent à l'aide d'une modélisation logit qu'à Lomé, Cotonou et Abidjan, il existe une corrélation positive entre le chômage et le niveau d'éducation : les chances de chômer augmentent avec le niveau d'éducation. Cette situation se produit lorsque les individus, à la fin de leur cursus, se retrouvent sans emploi. Par contre, les individus sans niveau d'éducation, n'ayant plus d'autres alternatives, se dirigent très tôt vers le marché du travail, et ont donc une plus faible probabilité d'être au chômage. Une situation de chômage peut ainsi mener les individus à l'auto-emploi.

2.3) La formation professionnelle et l'intention entrepreneuriale

Lorsqu'ils ont suivi une formation, les entrepreneurs sont à même de gérer leur personnel, de maintenir le capital physique et de commercialiser leurs produits (Bruhn et al., 2010). Selon les données du Global Entrepreneurship Monitor relatives à 38 pays à revenu faible, moyen ou élevé, les programmes de formation peuvent avoir des effets positifs dans un environnement propice qui favorise la mise en application des connaissances, des compétences et des perceptions acquises au cours de la formation. Or, dans les pays à revenu faible et moyen, un tel environnement n'existe généralement pas, ce qui réduit l'impact du programme (Coduras Martínez et al., 2010). C'est pourquoi en Afrique, la formation professionnelle n'est pas forcément avantageuse du point de vue de l'insertion sur le marché du travail. Le Docteur Henry N. Tatangang (2011) disait récemment ceci : On est très vite surpris lorsqu'on étudie le cas du Cameroun, que les diplômés des institutions de formation professionnelle ne trouvent toujours pas d'emplois à la fin de leurs études. Les ingénieurs en sciences de l'alimentation diplômés de l'Université de Ngaoundéré sont au chômage. La même chose est vraie des ingénieurs en agronomie de l'Université de Dschang. Les diplômés en finances, monnaie et banque sortis de l'Université de Yaoundé II sont au chômage. La même chose est vraie des enseignants formés à l'Université de Buea alors même que l'Etat est en déficit de plusieurs milliers d'enseignants. On peut aussi citer les ingénieurs de travaux publics et de ceux de l'Ecole normale supérieure polytechnique de Yaoundé. Pourquoi donc?

Pourtant, la formation professionnelle est un bon stimulus à la formation de l'intention en-

20

trepreneuriale. Pour mieux comprendre les raisons positives pour lesquelles les individus peuvent choisir de devenir des travailleurs indépendants afin de créer une nouvelle entreprise, une autre gamme de motivations sous-jacentes pourrait être envisagée. Une abondante littérature a abordé le processus de la formation d'intention entrepreneuriale (Krueger et al., 2000). Dans le résumé de leur article intitulé Competing Models of Entrepreneurial Intentions, Norris F. Krueger,

Michael D. Reilly et Alan L. Carsrud ont montré que de façon empirique, les caractéristiques de l'individu (par exemple, les caractéristiques démographiques ou des traits de personnalité), sont des facteurs explicatifs pauvres. La prédiction des activités entrepreneuriales en modélisant seulement ces facteurs a généralement de faibles et décevants pouvoirs explicatifs, et une validité prédictive encore plus petite. De leur point de vue, les modèles d'intentions nous offrent des outils meilleurs pour augmenter notre capacité de comprendre et de prédire l'activité entrepreneuriale. Ils ont fait valoir que les modèles basés sur les intentions5 fournissent un aperçu pratique à tout comportement planifié. Les intentions pourraient être vraiment importantes dans les processus de prise de décision, en effet. Edgar Izquierdo et Marc Buelens (2011) ont montré à partir des données recueillies auprès de 236 étudiants qui ont été exposés à un cours d'entrepreneuriat que leur attitude et leur auto-efficacité sont positivement liées à l'intention de création d'entreprise.

Cela suppose que dans un contexte où la formation professionnelle est bien orientée vers l'auto-emploi, les individus issus de la formation devraient être à même d'initier leurs propres entreprises.

2.4) L'auto-emploi : une réponse aux disparités du genre

Même s'il est possible de surmonter les difficultés auxquelles fait face la jeunesse urbaine pauvre, en raison des discriminations dans l'éducation et sur le marché de l'emploi, certains groupes, comme les jeunes femmes et les personnes handicapées, ont moins de possibilités que les autres. Des normes sociales (telles que le mariage précoce) et des pratiques institutionnelles discriminatoires entravent la mobilité des jeunes femmes, les excluent de l'éducation et de la formation, et les empêchent d'avoir un travail rémunéré, alors qu'elles ploient sous un lourd fardeau de tâches non rémunérées et domestiques. Dans 25 des 39 pays couverts par une étude récente de l'Organisation Internationale du Travail (UNESCO, 2012), les femmes sont plus nombreuses que les hommes à travailler dans le secteur informel. Christopher Dawson, Andrew Henley, Paul Latreille (2009) ont entrepris une analyse des motivations citées par les travailleurs indépendants dans le Royaume-Uni comme raisons du choix de l'auto-emploi. Ils montrent qu'il existe en effet des différences significatives entre les hommes et les femmes, les

5. Leur étude compare deux modèles fondés sur l'intention en termes de leur capacité à prédire les intentions entrepreneuriales : la théorie de Ajzen du comportement planifié (TPB) et le modèle de Shapero de l'avénement entrepreneurial (SEE) . Ajzen (1991) fait valoir que les intentions dépendent en général des perceptions de soi, les normes sociales, et la faisabilité. Shapero (1982) dit aussi que les intentions entrepreneuriales dépendent de la perception de soi, la faisabilité, et la propension à agir.

21

femmes étant plus concernées par le mode de vie que le gain financier. On pourrait donc distinguer entre elles, celles qui vont vers l'auto-emploi pour l'indépendance économique, de celles qui faute d'éducation formelle, sont obligées de faire recours à des activités de subsistance. Leur éventail d'activités est limité : beaucoup sont reléguées aux emplois à domicile, et elles sont sur-représentées dans les activités les plus précaires, comme le ramassage des déchets ou la vente ambulante. L'indépendance économique et le gain financier n'est toutefois pas un facteur négligeable. Magnus Lofstrom (2009) a fourni aux Etats-Unis une analyse complète de la rentabilité économique de l'auto-emploi parmi les travailleurs peu qualifiés, et il a trouvé que, bien que le recours à l'auto-emploi est relativement élevé chez les hommes, le travail indépendant est une option nettement plus attirante financièrement pour la plupart des femmes. Toutes les femmes ne subissent pas le poids des préjugés culturels au point d'être éloignées du marché du travail; quelques-unes arrivent à saisir l'opportunité d'une vie plus émancipée, en faisant de l'auto-emploi un choix professionnel.

2.5) L'environnement familial et la contrainte de liquidité

Michael Hout et Harvey S. Rosen (2000) ont étudié les facteurs de transmissions inter-générationnels de l'auto-emploi. L'importance de la structure familiale est nettement identifiée, avec une influence significative de l'occupation du père. Puisque leur étude était faite aux Etats-Unis, ils avaient identifié que les blancs avec un père dans l'auto-emploi, et un revenu assez élevé, avaient de forte chance de maintenir le même type d'occupation. Greg Hundley (2006) a confirmé les résultats obtenus quelques années plus tard. Ce genre de phénomène est également notoire en Afrique, où le background familial est très déterminant. C'est notamment le cas des exploitations agricoles, même si ces dernières connaissent aujourd'hui de profondes transformations du fait de l'évolution du contexte agricole, mais aussi des mutations du travail, et des relations travail-famille-exploitations pour les exploitants comme pour leur famille (Madelrieux et al., 2010). L'exploitation paysanne6 reste tout de même concernée par les modes de transmissions des ressources entre les générations; les technologies ou le savoir-faire caractérisant l'exploitation agricole. C'est une caractéristique principale des peuples Adja au Bénin (Daane et al., 1997). Les fils, enfants uniques et aînés sont ceux qui bénéficient le plus fréquemment d'investissements particuliers de la part de leurs parents, tant financiers qu'en capital humain informel. Cependant, si ceux qui reprennent le statut des parents, et en particulier l'affaire familiale, bénéficient de transferts économiques plus importants, ils peuvent également se sentir prisonniers de leur rôle de repreneurs (Sibylle Gollac, 2008), surtout lorsque les parents ont faiblement investi dans leur réussite scolaire (le cas des femmes notamment). Par ailleurs, l'impact

6. Au-delà du fait que l'agriculture est un secteur économique important en ce qu'il est notamment garant de la sécurité alimentaire d'un pays, l'entreprise agricole se caractérise par son caractère plutôt familial et l'importance des capitaux investis pour devenir un opérateur économique à parité des entreprises commerciales et industrielles. Ce double constat fait dire parfois à certains qu'une entreprise agricole se transmet plus qu'elle ne se crée.

22

de l'environnement familial ne se fait pas ressentir uniquement à travers le type d'occupation des parents. Leur niveau d'instruction compte également pour beaucoup( Kim et al., 2006). Il en est de même de la contrainte de liquidité de la famille.

Dans ce cadre, Anne Laferrère (2001) a démontré l'importance significative du niveau des actifs des parents, ainsi que leurs contraintes de liquidité. Chez les parents dans l'auto-emploi, elle a souligné un important transfert de capital, et une facilité d'accès au crédit selon le niveau des actifs détenus par la famille. Par contre, dans le contexte africain, d'après une étude7 de Laure Pasquier-Doumer (2011) à la Banque Mondiale, avoir un père travailleur autonome ne fournit pas nécessairement un avantage en termes de profit ou de chiffre d'affaires et ne suffit pas pour la transmission des compétences précieuses. Mais, les entrepreneurs informels qui ont choisi une entreprise spécifique basée sur la tradition familiale ont un avantage concurrentiel. Leur avantage concurrentiel est en partie expliquée par la transmission du capital humain spécifique à l'entreprise, à travers des expériences acquises dans le même type d'activité et par la transmission d'un capital social qui garantit une meilleure clientèle et une réputation.

2.6) Personnes handicapées

Les jeunes handicapés se heurtent à des difficultés particulières à la fois pour accéder à l'éducation et pour trouver un emploi. Boutin (2010) a montré qu'un handicapé très diplômé a trois fois moins de chances d'avoir accès à l'emploi qu'un handicapé sans niveau. Les handicapés seraient donc plus incités à créer leur propre job, afin de subvenir à leur besoin, surtout en cas d'absence du soutien familial. Dans son manuel intitulé The Definitive Volume That Will Help Guide, Develop and Navigate the Incubation of a Small Enterprise by a Person with Disability, Rick Rader, directeur du Morton J. Kent Habilitation Center à Orange Grove a soulevé la question suivante : "Si une personne ne peut « ni lire ni écrire, comment peut-il ou elle initier une entreprise rentable ?". La réponse qu'il a proposé est résumée en ces termes : l'alphabétisation n'est pas un préalable à la création d'entreprises. L'inventivité et le soutien axés sur l'accomplissement de tâches particulières sont obligatoires. Par exemple, si quelqu'un ne peut pas écrire, mais il doit remplir des factures au point de vente par produit, peut-être que les clients peuvent remplir leurs propres recettes; le propriétaire peut être guidé par une interface graphique sur un écran tactile d'ordinateur; ou un employé ou un partenaire commercial peut gérer ces tâches. Cary Griffin et Dave Hammis (2011) ont mis en évidence trois hypothèses erronées dans l'approche prédominante pour les étudiants handicapés désirant travailler :

1. fausse hypothèse # 1 : Les personnes ayant des handicaps significatifs ne sont pas les

7. Une recherche financée par les gouvernements Autrichien, Allemand, Norvégien, Coréen, Suisse, et par le biais du projet Unlocking potential: Tackling economic, institutional and social constraints of informal entrepreneurship in Sub-Saharan Africa de la Banque mondiale. Le projet est dirigé par l'Institut international d'études sociales de l'Université Erasmus de Rotterdam, La Haye, et les Pays-Bas. Les autres membres du consortium de recherche sont : AFRISTAT, Bamako, Mali, le DIAL-IRD, Paris, France, l'Institut allemand de Global et d'études de la région, Hambourg, l'Allemagne et l'Institut de Kiel pour l'économie mondiale, en Allemagne.

23

bienvenues sur le marché de travail.

2. fausse hypothèse # 2 : Les personnes handicapées peuvent choisir parmi une palette très limitée d'emplois (par exemple des services alimentaires, d'entretien ménager, des tâches non répétitives complexes telles que celles trouvées dans de nombreux ateliers protégés).

3. fausse hypothèse # 3 : L'économie ne peut pas soutenir de bons emplois pour tout le monde, de telle sorte que les gens avec des handicaps significatifs doivent juste prendre ce qui est disponible.

Rees et Shah (1986) ont inclus des variables de santé dans leurs travaux sur l'auto-emploi. L'effet de la mauvaise santé sur le choix du travail indépendant est ambiguë. L'individu peut avoir du mal à trouver du travail et se tourner vers le travail indépendant comme une alternative au chômage, ou l'individu peut être moins enclin à quitter son emploi parce qu'il reçoit une assurance de santé qui couvrent ses besoins. Cependant, la création de petites entreprises est l'option la plus rapide sur le marché de l'emploi pour les personnes à mobilité réduite. Les écoles que les handicapés fréquentent ne doivent pas se limiter à l'enseignement; elles doivent aller vers la création d'entreprise, et peuvent même chercher le financement nécessaire pour créer une transition en douceur de l'école à l'entrepreneuriat. Malheureusement, la croyance de certains individus est que l'éducation à l'entrepreneuriat n'a pas besoin d'être enseignée, et donc, que l'on peut naître entrepreneur. Il convient dans ce cas de rappeler que pour un être entrepreneur à succès (ou un bon auto-entrepreneur), l'on a besoin d'apprendre les compétences requises (Griffin et Hammis, 2011).

2.7) Autres facteurs démographiques

L'âge est une autre variable que les chercheurs ont trouvé pour être toujours en corrélation avec l'auto-emploi. Les travailleurs plus âgés sont plus susceptibles d'être des travailleurs autonomes que les plus jeunes. Les raisons de cette situation sont contestées, cependant. Rees et Shah (1986) ont offert une des explications en proposant que les gens se déplacent généralement plus vers l'auto-emploi, lorsqu'ils se rapprochent le plus de la "fin de vie normale de travail comme une alternative à la retraite." Toutefois, cela devrait être tempéré, car l'aversion au risque augmente également avec l'âge, ce qui rend le projet d'entreprise moins attrayant. Le lieu de résidence des jeunes peut également déterminer leurs possibilités éducatives, les disparités entre ruraux et urbains ou entre régions étant aggravées par le genre. Ce sont les jeunes femmes des zones rurales qui ont le moins de chances d'acquérir les compétences fondamentales. Une telle inégalité des chances entre zones rurales et urbaines est certainement en partie imputable à la pauvreté, mais elle est aussi le reflet d'une distribution inégale des ressources gouvernementales, l'accès aux établissements secondaires étant souvent impossible dans les zones rurales (UNESCO,2012).

24

Chapitre

 

3

 

Méthodologie adoptée

Les méthodes sont les habitudes de l'esprit et les économies de la mémoire.

Rivarol, Rivaroliana.

Après avoir présenté la revue de littérature sur les déterminants de l'auto-emploi, nous présentons ici la démarche que nous utiliserons pour résoudre notre problématique. Cette partie est suivie d'une présentation des données avec lesquelles l'analyse sera faite.

3.1) Méthodologie retenue

La revue de littérature sera accompagnée d'une analyse descriptive et économétrique des déterminants, où nous procédons en une première étape à la caractérisation de la population des travailleurs indépendants du Bénin, à l'aide notamment de graphes bayésiens et d'une analyse des correspondances multiples. Nous y soulignerons notamment l'impact de l'environnement familial, et socio-économique sur l'auto-emploi. Deuxièmement, l'analyse sera approfondie par un volet économétrique. Pour cela, nous avons mis en oeuvre un modèle Tobit généralisé, basé sur la méthode de Wynand et Praag pour étudier les facteurs démographiques et socio-économiques influençant significativement l'auto-emploi. Ce modèle prend en compte les biais de sélection de l'échantillon, et donc nous permet d'étendre l'étude à la population des jeunes non-actifs. Les travaux récents de Mikhail ZHELONKIN sur le modèle de sélection de Heckman vont nous permettre d'aborder les questions de robustesse, et de produire des analyses fiables, i.e, moins sensibles aux valeurs aberrantes et aux écarts par rapport aux hypothèses de distribution du modèle économétrique.

3.2) Les variables retenues pour le modèle économétrique

A l'issue de la revue de littérature effectuée, les catégories de variables suivantes sont retenues pour l'étude :

1. Les caractéristiques démographiques : le sexe, la situation matrimoniale, le fait d'avoir au moins un enfant, le milieu de résidence, la région, le statut de migrant;

2.

25

Le capital humain : ici capté par le diplôme le plus élevé (ou encore le niveau d'instruction le plus élevée), le fait d'avoir suivi une formation professionnelle, le fait d'avoir reçu une éducation formelle ou non;

3. L'environnement familial : le niveau d'instruction le plus élevé des parents et le fait de recevoir des transferts d'argent ou non;

4. La structure des ménages : le fait de cohabiter avec ses parents ou non.

5. Les variables de santé : le fait de souffrir d'un handicap notoire (avoir en l'occurrence des difficultés pour voir, entendre, marcher, mémoriser, prendre soin de soi, ou communiquer, etc.).

3.3) Les données

Les données utilisées sont celles de l'Enquête sur la Transition vers la Vie Active (ETVA), une enquête conçue par l'Organisation Internationale du travail1 (OIT) en relation avec le Gouvernement Béninois et les partenaires sociaux, et avec la collaboration de la Fondation MasterCard, pour aider les jeunes et appuyer le renforcement des outils de décision pour des politiques plus efficaces. Cette enquête a eu lieu dans 28 pays (dont le Bénin) pour sa première édition en 2012, et est une partie du projet Work4Youth. Elle est l'une des premières à examiner les données au niveau individuel sous cette forme et a deux aspects principaux : une première partie pour les jeunes âgés de 15 à 29 ans, et une autre pour les entreprises. L'ETVA est donc conçue pour permettre le recueil d'informations nécessaires sur les caractéristiques du marché du travail.

L'INSAE a réalisé, en 2011, la deuxième édition de l'Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages (EMICoV) sur un échantillon de 18 000 ménages, représentatif des 77 communes et de 750 zones de dénombrement (ZD). Cet échantillon est issu de la mise à jour de la base de sondage des zones de dénombrement du quatrième Recensement Général de la Population et de l'Habitation (RGPH-4). L'enquête EMICoV 2011 a utilisé les mêmes grappes que celles de l'EMICoV-EDSB 2-III en 2006. Donc les 750 zones de dénombrement (ZD) enquêtées en 2006 sont retenues pour l'EDSB-IV. Cet échantillon est aréolaire, stratifié et tiré à 2 degrés. L'unité primaire de sondage est la ZD telle que définie au recensement de 2002. L'allocation de chaque département a été répartie proportionnellement sur les communes et selon le milieu urbain et rural. Cela correspond à une stratification au niveau des communes et par milieu urbain et rural. L'échantillon de l'Enquête sur la Transition vers la Vie Active (ETVA) est constitué d'un sous-échantillon de l'EMICoV 2011 et a porté sur 200 des 750 ZD. L'enquête a été réalisée par l'Organisation Internationale du Travail, dans le cadre du

1. Lors de sa 101-ème Conférence internationale du Travail en Juin 2012, l'OIT a adopté une résolution appelant à une action immédiate, ciblée et renouvelée pour lutter contre la crise de l'emploi des jeunes (OIT, 2012).

2. Enquête Démographique et de Santé au Bénin.

26

partenariat Work4Youth3 qui vise à renforcer la production d'information sur le marché du travail spécifique à la jeunesse et à travailler avec les institutions concernées sur l'interprétation des données, y compris sur la transition de l'école vers la vie active, dans le but de concevoir ou de faire le suivi de politiques d'emploi pour la jeunesse. Par ailleurs, en vertu du pouvoir explicatif des modèles d'intentions, tous les individus ayant déjà mené les démarches nécessaires à la création de leur entreprise à la période de l'enquête seront considérés comme travailleurs indépendants pour l'analyse économétrique.

3. La définition de la jeunesse utilisée dans le cadre du projet Work4Youth de l'OIT correspond à toutes les personnes âgées de 15 à 29 ans. L'argument derrière cette définition est d'étendre la norme de 15 à 24 ans, sachant que certains jeunes restent dans le système éducatif pendant une longue période et n'ont donc pas encore commencé leur transition à 24 ans.

27

Chapitre

 

4

 

Caractérisation socio-économique des jeunes travailleurs
indépendants du Bénin

[L'analyse de données] est un outil pour dégager de la gangue des données le pur diamant de

la véridique nature.

Jean-Paul Benzécri (Histoire et préhistoire de l'analyse de données,1976)

4.1) Une vue d'ensemble à l'aide d'une analyse des correspondances multiples

Nous avons effectué une analyse des correspondances multiples (ACM) sur 1017 individus répondant aux critères du travail indépendant dans la base de données, en tenant compte de leurs poids. A partir d'une méthode mixte, nous avons retenu le meilleur regroupement en trois classes distinctes. Dans les lignes qui suivent, nous présentons les caractéristiques générales des trois groupes d'individus identifiés, à partir de l'information concentrée sur les dix1 premiers axes factoriels2. Chaque groupe étudié manifeste une caractéristique principale de l'auto-emploi des jeunes au Bénin.

4.1.1) Le Groupe I : l'auto-emploi pour une gestion individuelle du chômage et des situations précaires

Les jeunes travailleurs indépendants du premier groupe (classe 1, la classe majoritaire) sont les Béninois par naissance ou par naturalisation, et sont essentiellement constitués de mariés (es) (civil, religieux, coutumier), de séparés(es)/divorcés(es), des conjoints ou concubins (lien avec le chef de ménage). Pour faire face aux dépenses imprévues, ils épargnent, travaillent pour augmenter leur revenu, ou font une réduction de certaines dépenses (ex : alimentaires, logement, santé) ; certains souscrivent à un emprunt selon le cas. Ils n'ont particulièrement aucun problème de santé, mais quelques-uns ont un appareil auditif déficient, et souffrent d'handicaps (difficultés à prendre soin de soi-même, à marcher, à communiquer, à mémoriser). Leur mère n'a en général reçu aucune scolarisation. Dans les moments de difficultés à la recherche d'emploi, ils ont présenté des candidatures spontanées auprès d'usines, de fermes, de marchés, de magasins, etc.,

1. Ils concentrent 34,50% de l'information.

2. Voir l'annexe D sur les résultats de la classification effectuée après l'ACM.

28

demandé à des amis, des proches de la famille, des collègues. Ils ont recherché du travail pendant plus de deux (2) ans en moyenne, avant d'établir leur entreprise actuelle. Cette période d'attente a été longue car les obstacles ne manquaient pas : ils étaient jugés trop jeunes, ou souffraient de préjugés discriminatoires. Au cours des 12 mois qui ont précédé leur emploi actuel, voici le nombre d'emploi auquel ils ont postulé : jusqu'à 10 en moyenne, et se sont rendus à au moins trois entretiens distincts. L'auto-emploi a donc été pour eux une alternative face au manque d'opportunités de travail. Toutefois, quelques-uns ont choisi l'auto-emploi, car cela était requis par leur famille (surtout les femmes). Parmi eux, on peut compter ceux qui n'emploient aucun autre salarié, et ceux dont aucun fonds n'était nécessaire à la création de leur entreprise; d'autres ont toutefois bénéficié de prêts d'institutions de micro-finance (y compris de coopératives), et aussi de prêts/aides d'organisations non gouvernementales (ONG), de projets financés par des donateurs, etc. Ils n'ont pour la majorité pas reçu d'éducation formelle, quelques-uns ont toutefois achevé le cours primaire, et leur activité est essentiellement informelle : absence de registres de commerce. Le problème le plus important auquel ils sont confrontés dans la gestion de leur entreprise est la pénurie de matières premières (ruptures d'approvisionnement), et la pénurie de main-d'oeuvre. Aucun fonds n'est également nécessaire pour faire face aux dépenses liées au fonds de roulement. Pour eux, ce qui compte le plus dans la vie, c'est avoir une bonne vie de famille. Bon nombre d'entre eux restent encore insatisfaits de leur travail, mais ne souhaitent pas pour le moment changer d'emploi principal.

4.1.2) Le Groupe II : l'auto-emploi pour une gestion individuelle du sous-emploi

Dans la classe II, on retrouve beaucoup plus les célibataires (ou jamais mariés), vivant seuls ou avec leurs parents, et quelques fiancés (vivant en concubinage). Leur père a au moins achevé l'école primaire et/ou les études universitaires. D'autre part, leur mère a au moins achevé avec succès l'enseignement professionnel (secondaire), ou les études secondaires (avec un enseignement général). Ils ont reçu pour la plupart une éducation formelle, et avaient effectué une inscription dans une agence pour l'emploi au moment, où ils désiraient travailler (période avant la création de leur propre entreprise). Pour cela, ils ont dû attendre 26 à 62 mois environ, disponibles, et recherchant activement un emploi avant d'initier leur emploi actuel. Au cours des 12 mois qui ont précédé leur emploi actuel (relativement à la période de l'enquête), ils ont postulé environ à 4 à 6 emplois distincts, et se sont rendus à 2 entretiens en moyenne. Pendant la période d'attente, nombreux ont travaillé une ou deux fois, juste pour la subsistance, mais n'ont pas maintenu leur contrat pour plus de 3 mois, car cela ne correspondait ni à leur profil (ils étaient sous-employés), ni à leurs attentes. Leur activité reste pour la plupart aussi informelle, mais quelques-uns détiennent un registre de commerce.

4.1.3) Le Groupe III : L'auto-emploi comme clé de la réussite professionnelle

Le troisième groupe est caractérisé par les entreprises qui emploient entre 10 et 49 employés. Elles détiennent un registre un commerce. Le plus haut niveau d'instruction atteint par leur père est l'enseignement professionnel (secondaire), ou les études secondaires (avec un enseignement général). Pour faire face aux besoins en fonds de roulement, elles bénéficient de prêts/aides d'ONG, de projets financés par des donateurs, etc. Les problèmes les plus importants auxquels elles sont confrontées dans la gestion de leurs entreprises sont l'insuffisance de connaissances des affaires, une qualité insuffisante du personnel, et des incertitudes liées à la situation politique du pays. Elles sont pour la plupart membres d'un syndicat ou d'une autre association de travailleurs. Leur objectif, le plus important, est de réussir professionnellement leur vie.

4.2) Financement des activités et indépendance économique

Les femmes dominent le groupe de jeunes travailleurs indépendants, un taux de 56,14 % contre 43,86 % pour les hommes. Il y a peu de différence entre sexes sur la façon dont il est difficile de trouver un emploi. Mais, les données montrent que les femmes sont plus susceptibles d'être indépendantes (économiquement, voir graphique 4.1), que les garçons, et qu'elles souhaitent avoir un niveau de revenu élevé. La réalité est que l'indépendance financière est non seulement la marque d'un engagement responsable très tôt pour les femmes, mais aussi, elle leur apporte le bonheur, et la possibilité de vivre leur vie selon leurs propres termes : fini le temps où seuls les hommes de la maison allaient travailler, tandis que les femmes dépendaient exclusivement d'eux.

Motivation

Autres raisons Requis par ma famille Revenu plus élevé Horaires de travail plus flexibles Pour l'indépendance Je n'ai pas pu trouver d'emploi salarié

 

Sexe

Femme
Homme

0 20 40 60

Pourcentages

Graphique 4.1 - Motivation à l'auto-emploi
Source: Auteur

Aucun de ces jeunes n'a bénéficié de prêts bancaires pour lancer son activité. Les prêts 29

(ou aides) d'organismes publics, et les prêts d'organisations non-gouvernementales (ONG) sont quand même accordés aux personnes en difficultés (voir tableau 4.1).

Tableau 4.1 - Source de financement principale lançant l'activité

 
 
 
 

Tableau croisé

 
 
 

Source de financement principale lançant l'activité

 
 

Situation financière du ménage

 
 
 

% du total

 
 

% du total en ligne

 
 
 

Modalités

 

Aisée

Plutôt aisée

Dans la moyenne nationale

Plutôt difficile

Difficile

Total

Aucun fonds nécessaire

25,47

0,00

2,39

25,79

42,12

29,70

100,00

Mes propres économies

45,41

0,31

10,97

26,32

37,73

24,68

100,00

De l'argent provenant de la famille ou d'amis

24,26

0,53

9,22

37,47

32,16

20,61

100,00

Prêts d'institutions de

micro-finance (y compris
de coopératives)

2,04

0,00

10,17

55,63

14,00

20,19

100,00

Prêt d'opérateurs finan-

ciers informels (prêteurs,

bureaux de prêts sur
gages)

1,68

0,00

0,00

37,51

35,63

26,86

100,00

Prêt/aide d'organismes

publics

0,20

0,00

0,00

0,00

100,00

0,00

100,00

Prêt/aide d'ONG, de projets financés par des donateurs, etc

0,94

0,00

11,78

3,72

27,58

56,92

100,00

Source Calcul de l'auteur

Tableau 4.2 - Attitude face aux dépenses nécessaires aux fonds de roulement (pour maintenir leur activité)

Tableau croisé

Attitude face aux dépenses nécessaires aux fonds de roulement Situation financière du ménage

30

% du total % du total en ligne

 

Aisée

Plutôt
aisée

Dans la
moyenne

natio-

nale

Plutôt
difficile

Difficile

Total

45,01

0,22

4,87

28,34

37,37

29,20

100,00

42,11

0,40

12,82

25,54

38,53

27,92

100,00

0,68

0,80

9,64

88,00

0,00

6,35

100,00

2,40

0,00

2,95

29,61

42,77

24,67

100,00

4,78

0,00

0,00

42,59

36,47

20,94

100,00

0,32

0,00

0,00

0,00

100,00

0,00

100,00

1,40

0,00

19,62

7,08

33,53

39,77

100,00

3,29

0,00

5,14

40,34

23,61

30,92

100,00

Modalités

Aucun fonds nécessaire Argent provenant de la famille ou d'amis

Prêt bancaire

Prêts d'institutions de micro-finance (y compris de coopératives)

Prêt d'opérateurs financiers informels (prêteurs, bureaux de prêts sur gages, collecteurs d'épargne)

Prêt/aide d'organismes publics

Prêt/aide d'ONG, de projets financés par des donateurs, etc

Crédit de clients/reven-deurs/agents/fournisseurs

Source Calcul de l'auteur

Beaucoup affirment n'en avoir pas eu besoin, malgré une situation financière difficile pour le ménage. Ceci suggère deux hypothèses : un lien de solidarité fort en famille ou entre amis apportant le soutien nécessaire (on a 25%); ou bien ceci suggère des économies de subsistance au sein du groupe. Près de la moitié d'entre eux (45,41 %) ont fait recours à leur propre épargne pour commencer leur travail. Ceux-là qui vivent dans des ménages à situation financière difficile sont plus susceptibles d'utiliser leurs propres économies pour démarrer le travail (ce qui n'est plus étonnant, d'après la remarque précédente). Beaucoup d'entre eux ne dépendent pas d'un système de crédit formel. Il est remarquable dans le tableau 4.2, où juste 2,40 % d'entre eux font recours aux crédits des institutions de micro-finance (IMF) pour faire face à des dépenses sur le fonds de roulement. Juste 0,68 % et 3,29 % respectivement appellent aux prêts

31

bancaires ou au crédit des clients, revendeurs, agents ou des fournisseurs. Les banques ou les opérateurs financiers (formels et informels) ne sont donc pas des options préférées pour les jeunes travailleurs indépendants, et les institutions de micro-finance sont les affaires de ceux qui pensent que la situation financière de leur ménage est dans la moyenne nationale. Brigit Helms, spécialiste de la micro-finance , et Xavier Reille, spécialiste principal de micro-finance, tous du CGAP3 mettent en évidence certaines caractéristiques des instituts de micro-finance en 2004. Répondant à la question "Pourquoi les taux d'intérêt de micro-crédit sont plus élevés que les taux d'intérêt de la Banque?" , ils ont dit que les coûts de micro-crédit sont élevés, mais pas parce que les prêts à la clientèle démunie comporte des risques intrinsèquement supérieurs. En effet, les bons programmes de micro-crédit bénéficient souvent de taux de prêts inférieurs à ceux des banques commerciales usuelles. Mais, les coûts de micro-crédit sont élevés en raison des coûts de livraison plus élevés de transactions minuscules qui nécessitent une interaction face-à-face entre les intervenants, et parce que les institutions de micro-finance utilisent plus leurs contacts personnels comme un substitut de la garantie formelle ou informatisée de la notation de crédit. Ceci est probablement l'une des raisons pour laquelle les jeunes travailleurs indépendants décris dans cette étude n'y font pas recours.

Les jeunes travailleurs vivant dans des ménages à situation financière difficile sont plus susceptibles de rencontrer des difficultés dans la gestion de leur fonds de roulement. Dans ce cadre, ils sont les plus grands bénéficiaires des actions des organisations non-gouvernementales (ONG), même si les actions de ces dernières ne sont pas globalement représentatives (1,40 % du total). Nombreux d'entre eux qui ne nécessitent pas de fonds pour le financement de leur fonds de roulement sont en difficultés. Ceci est peut-être dû à la précarité de leur activité : un job pour juste trouver de qoi répondre aux besoins de subsistance.

4.3) Les produits de leurs activités

Les activités des jeunes travailleurs indépendants relèvent du domaine de l'agriculture (dont les produits principaux sont le maïs, le haricot, l'arachide, le manioc, le soja, le coton, les légumes, etc.), de la coiffure, la mécanique, la couture, la restauration, et bien d'autres encore (voir graphique 4.2). L'activité la plus dominante est l'agriculture : elle l'est plus encore en milieu rural.

La moitié d'entre eux (50,14 %) utilisent le produit de leur activité pour un usage personnel ou à la maison. Ce sont les jeunes vivant dans des ménages dont la situation financière est difficile qui sont le plus concernés par cette attitude : 67,06%.

3. CGAP, le Consultative Group to Assist the Poor, est un consortium de 28 organismes de développement qui soutiennent la micro-finance. Plus d'informations sont disponibles sur le site web du CGAP : Www.cgap.org

32

Graphique 4.2 - Activités/Métiers exercés par les jeunes travailleurs indépendants

Source: Auteur

Tableau 4.3 - Utilisation (personnelle/pour foyer) des produits de l'entreprise/activité économique

Tableau croisé

Utilisation des produits de l'entreprise/activité Situation financière du ménage

 

% du total

 
 

% du total en ligne

 
 
 

Modalités

 

Aisée

Plutôt aisée

Dans la moyenne nationale

Plutôt difficile

Difficile

Total

Oui Non

50,14

49,86

0,53

0,00

6,66

9,64

27,52

31,32

39,38

34,62

25,92

24,41

100,00

100,00

Source : Calcul de l'auteur

4.4) Le chiffre d'affaire mensuel

Nous avons cherché les données révélant comment le travail sur le marché de l'auto-emploi rapporte; il est indiqué dans l'histogramme ci-dessous. Les femmes sont plus concernées par les chiffres d'affaire les plus faibles, comparées aux hommes.

Le chiffre d'affaire moyen est évalué à 5525,5 fcfa pour l'ensemble : assez faible car beaucoup ont enregistré des pertes au cours du mois concerné4. Malgré la dette de nombreux, il faut reconnaître l'endurance de quelques-uns parmi les hommes qui vont jusqu'à 120000 fcfa. Peut-être, le moment de l'enquête influe sur la fiabilité des données, mais on ne peut pas vraiment vérifier cela. Ce que l'on sait du profil du marché du travail produit en 2014 par le LO/FTF Council (un Conseil syndical danois de la Coopération Internationale pour le Développement), est que les jeunes ont du mal vraiment à prospérer au Bénin.

4. Le dernier mois précédent l'enquête.

Effectifs

150000 100000 50000 0

 

sexe

Femme Homme

33

0 40000 80000

Chiffre d'affaire au dernier mois

Graphique 4.3 - Histogramme du chiffre d'affaire du dernier mois (précédant la période de l'enquête)

Source : Auteur

4.5) ...Tous vers l'informel: Pourquoi?

Les jeunes travailleurs dans l'auto-emploi entretiennent tous à une échelle de 98.94% des activités de type informel. Nous mettons en relief dans les lignes qui suivent quelques facteurs à l'origine de ce fait.

4.5.1) Le niveau d'éducation

Les graphes bayésiens5 édités dans l'analyse de l'informel montrent une forte influence du niveau d'éducation de l'individu et de ses parents, du milieu de résidence, et même du sexe. Mais l'ordre des influences n'est pas le même, en passant d'un niveau à un autre. Le sexe, ainsi que l'éducation du père par exemple influence la chance de recevoir une éducation formelle ou non. Alors que les individus dotés de peu d'éducation (les individus qui n'ont pas reçu d'éducation formelle sont majoritaire à 59,30%) vivent en milieu rural (78,62% des travailleurs ruraux n'ont pas reçu d'éducation formelle), cela augmente leurs chances d'entretenir des activités de type informel. Comme énoncé tantôt, l'éducation parentale impacte le type d'activité, puisque le cadre qu'ils offrent à leurs enfants à travers leur propre niveau d'instruction, oriente d'une façon ou d'une autre les choix de ces derniers. Le graphe bayésien III6 le montre clairement. Cela renvoie à la notion de capital culturel7 «La prise en compte du capital culturel se fait le plus souvent en tenant compte de la scolarité des parents » (Murat, 2009). Mais le type d'occupation des parents a également une place déterminante.

5. Voir annexe E pour la représentation des graphes.

6. C'est le graphique E.3 : voir annexe E pour les résultats également.

7. "La notion de capital culturel renvoie à des pratiques ayant des buts et des effets différents" (Duru-Bellat et van Zenten, 2006).

34

Tableau 4.4 - Croisement des activités du jeune travailleur avec celles de sa mère

 
 
 

Activités de la mère

 
 

Activité de l'auto-employé

Agri-
cul-
teurs

Aides de ménage à domicile

Cadres

Com-
mer-
çantes

Conductrices

Métiers
de l'ar-
tisanat

Total

Agriculteurs et ouvriers qualifiés

21,44

8,19

0,08

3,71

0,00

0,31

33,73

Aides de ménage à domicile

0,49

3,33

0,00

0,27

0,00

0,00

4,09

Cadres

0,51

1,52

0,00

0,36

0,00

0,00

2,39

Commerçants

9,12

7,65

0,37

12,74

0,15

0,45

30,48

Conducteurs

1,40

0,84

0,00

1,49

0,00

0,10

3,83

Éleveurs

0,23

0,31

0,00

0,06

0,00

0,00

0,60

Métiers de l'artisanat

5,73

4,44

0,00

8,71

0,00

1,29

20,17

Métiers du bâtiment

0,66

0,30

0,00

0,50

0,00

0,00

1,46

Pêcheurs

0,00

0,00

0,00

1,27

0,00

0,06

1,33

Autres

0,63

0,43

0,11

0,77

0,00

0,00

4,09

khi-deux = 125220, p-value < 2.2e-16

Source Calcul de l'auteur

Tableau 4.5 - Croisement des activités du jeune travailleur avec celles de son père

 
 
 
 
 
 

Activités du père

 
 
 
 

Activité de l'auto-employé

Agriculteurs

Agriculteurs

Aides de ménage à domicile

Autres

Cadres

Com-
mer-
çants

Conduc-

teurs

Éleveurs

Métiers de l'artisanat

Métiers du bâtiment

Pêcheurs

Total

et ouvriers qualifiés

31,31

0,00

0,07

0,78

0,23

0,17

0,56

0,54

0,06

0,00

33,73

Aides de
ménage à
domicile

2,88

0,34

0,00

0,00

0,00

0,18

0,07

0,53

0,09

0,00

4,09

Cadres

1,21

0,00

0,00

0,43

0,00

0,36

0,28

0,11

0,00

0,00

2,39

Commer- çants

18,34

0,00

0,00

3,01

2,63

1,20

0,30

3,21

0,83

0,96

30,48

Conducteurs

2,26

0,09

0,00

0,00

0,41

0,65

0,28

0,11

0,00

0,04

3,83

Éleveurs

0,12

0,00

0,00

0,21

0,00

0,00

0,20

0,06

0,00

0,00

0,60

Métiers de l'artisanat

11,52

0,11

0,09

2,05

0,47

1,00

0,26

3,52

0,78

0,37

20,29

Métiers du bâtiment

1,02

0,00

0,00

0,00

0,14

0,08

0,00

0,14

0,06

0,00

1,46

Pêcheurs

0,00

0,00

0,00

0,06

0,00

0,00

0,00

0,00

0,00

1,27

1,33

Autres

1,22

0,00

0,00

0,15

0,12

0,16

0,00

0,29

0,00

0,00

4,09

khi-deux = 340350, p-value < 2.2e-16

Source Calcul de l'auteur

4.5.2) Le capital culturel

Plus de 70% des activités du père sont liées à l'agriculture et au transport, et plus de 40% des activités de la mère relève du domaine de l'agriculture et du commerce. Les tableaux ci-dessous montrent une forte dépendance entre le type d'occupation du jeune travailleur, et l'occupation de ses parents (mère ou père).

Comme on peut le constater, les activités les plus exercées relèvent effectivement de l'agriculture (33,73%) et du commerce (30,48%), à plus de 30% quelque soit le domaine. Les métiers de l'artisanat couvrent la coiffure, la menuiserie, la confection de vêtements, la couture, le dessin, la photographie, la restauration, la vannerie, les métiers de la mécanique, et de la réparation de matériels ou d'engins, etc., et sont représentatifs à plus de 20%.

Mais, nous notons une forte dépendance du choix du type d'occupation avec celui des parents. Autrement dit, il y a une forte influence du capital culturel dans le choix de l'activité du jeune travailleur indépendant. Ces résultats sont en accords avec les travaux de Dilani Jayawarna, Oswald Jones et Allan Macpherson (2014), qui ont su prouver l'inter-relation entre le

35

capital humain et le capital culturel. Une meilleure compréhension de l'auto-emploi est obtenue lorsque l'on intègre la dimension du capital culturel dans les processus de formation des capacités créatives, et comme médiatrice entre l'éducation familiale et l'esprit d'entreprise.

36

Chapitre

 

5

 

Spécification du modèle économétrique

All models are wrong but some are useful.

George E. P. Box (Robustness in the strategy of scientific model building, 1979)

5.1) L'auto-emploi comme une double décision

Nous avons souligné une influence significative du niveau d'instruction dans la décision d'un individu de s'auto-employer. Or une éducation de bonne qualité ou non est en relation directe avec le niveau de confiance et de motivation. C'est dans ce cadre que Spence (1973) explique par exemple que par manque d'information sur les compétences du travailleur, les entreprises se basent sur la qualification pour appréhender certains indicateurs non mesurables comme la motivation, l'intelligence, le potentiel d'adaptation ou de formation. Le problème dans ce genre de considération est que l'implication directe est la double décision que représente l'auto-emploi: une motivation pour travailler, et une autre pour travailler de façon indépendante. En effet, l'analyse pionnière réalisée aux États-Unis par le Prix Nobel d'économie James Heckman révèle que l'estime et la maîtrise de soi mesurés à l'âge de 14 à 21 ans ont une forte incidence sur l'emploi, le choix du métier et les salaires à 30 ans. Passer de 25 % à 75 % dans la mesure de ces compétences non cognitives améliorerait les salaires à l'âge de 30 ans d'environ 10 % pour les hommes et de plus de 30 % pour les femmes (Heckman et al., 2006). De plus, les résultats d'une enquête réalisée en Éthiopie, en Inde, au Pérou et au Vietnam auprès des enfants d'âge scolaire indiquent une corrélation positive entre le niveau d'estime de soi à l'âge de 12 ans et le plus haut niveau d'études atteint à l'âge de 15 ans dans l'ensemble des quatre pays. L'estime de soi était également associée à la fois aux aspirations professionnelles et au niveau d'éducation atteint (Rolleston et James, 2012). La variable représentant la motivation et le potentiel d'adaptation servirait donc de variable explicative à la fois dans une étude sur la participation à la force active (le fait de travailler ou non), et dans une autre où la population d'intérêt est celle des actifs, et où l'on analyse le choix du travail indépendant. De façon concrète, il faut garder à l'esprit que les chiffres du chômage masquent le fait que certains jeunes cessent de chercher un emploi parce qu'ils n'ont plus l'espoir d'en trouver. Ceux qui ne sont ni étudiants, ni employés, ni en recherche active d'emploi, sont souvent rangés dans la catégorie des « inactifs », même si cette inactivité est le reflet du marché du travail, bien plus que leur motivation personnelle.

37

Lorsqu'on englobe également ceux que l'on décourage de participer à la main d'oeuvre, les taux de chômage des jeunes peuvent croître. Ne pas tenir compte de ses aspects pratiques 1 dans une modélisation économétrique conduit à un biais de sélection, dont les contours économétriques sont abordés dans cette analyse.

5.2) Sélection de l'échantillon pour l'étude économétrique

Les données d'enquête sont le plus souvent affectées par la non-participation systématique. Ceci peut se produire à travers une variété de mécanismes. Si des personnes se déclarent comme non-participantes dans l'échantillon d'intérêt sur la base d'une combinaison de caractéristiques observées et non observées, et que les modèles économétriques ignorent un tel mécanisme, cela affecte les estimations qui ne seront pas susceptibles d'être représentatives de la population d'intérêt. Le modèle d'inflation zéro (ou modèle augmenté de Poisson)2 est conçu pour ne traiter que le cas où les individus donnent des réponses "zéro" biaisées à une question donnée. Par exemple, dans une enquête correspondant à l'usage illicite de drogues, des réponses à une question telle que "à quelle fréquence utilisez-vous un médicament A ?", avec des options distinctes de niveaux de consommation, y compris "jamais/pas récemment", i.e (yi = 0), sont susceptibles d'avoir un excès d'observations "zéro". Les modèles probit traditionnels présentent des limites dans l'explication de la prépondérance des observations "zéro", en particulier lorsque les zéros en effet, se rapportent à deux sources distinctes. Dans notre cas, les modèles de sélection de l'échantillon sont les plus adaptés.

Le modèle de sélection est celui dans lequel la décision de participation (correspondant dans notre cas à la variable être actif ou non) vise à déterminer si les données sur la variable de résultat (ici l'activité d'auto-emploi) seront observées, plutôt que de savoir uniquement si l'activité d'auto-emploi est exercée ou non. Le modèle de sélection d'échantillon le plus familier, a été étendu à des modèles de choix binaires par Wynand et van Praag (1981) et Boyes, Hoffman et Lowe (1989). Ces modèles de sélectivité de l'échantillon dans ce domaine sont construits comme des extensions du modèle canonique de Heckman3 (1979).

Comme énoncé ci-haut, dans une population où la motivation des individus à travailler peut être une variable non observée qui revient au niveau de deux décisions consécutives (ici la

1. Situation dans laquelle la variable que représente la motivation et le potentiel d'adaptation, significative dans une double décision consécutive et liée au niveau d'instruction, est non-observable (et difficile à mesurer), et engendre un problème de sélection endogène.

2. Le Modèle d'inflation zéro est un modèle formel pour expliquer comme Lambert (1992), des données sur le contrôle de qualité dans une industrie. L'échantillonnage pour les déficients dans un processus de production peut produire deux types de zéros (par unité de temps). Le processus peut être sous contrôle, ou il peut être hors de contrôle et l'observateur considèrera des "zéros" anormaux dans un échantillon particulier (le "zéro" est mis pour la modalité pièce déficiente). Ceci gonfle le nombre de zéros dans un échantillon au-delà de ce qui était attendu par un modèle de comptage tels que le modèle de Poisson - le modèle est connu sous le nom de la ZIP (Zero Inflated Poisson) ou ZAP (Zero Altered Poisson), de Harris et Zhao (2004). Voir aussi Hinde et al. (1998) et Mullahy (1997).

3. En 2000, James Joseph Heckman a reçu le Prix Nobel Sveriges Riksbank en sciences économiques pour ses développements sur la théorie et les méthodes de traitements des problèmes de sélection d'échantillon.

38

participation à la population active, et la décision d'être un travailleur indépendant ou non), la seconde étudiée séparément et indépendamment de la première conduit à un biais de sélection. Il est impératif que la stratégie de modélisation tienne compte des deux raisons distinctes d'activité ou non, pour éviter d'estimer à tort les caractéristiques de l'auto-emploi dans la population active.

Soit r une variable binaire indiquant la scission entre le régime 0 (r = 0, pour les non-actifs) et le régime 1 (r = 1, pour les actifs), qui est liée à la variable latente 4 r*.

Modèle probit pour l'appartenance à la population active (sélection)

r*i = á'wi + ui,
ri
= 1[r*i > 0]

Modèle de Régression pour une activité d'auto-emploi (Si ri = 1)

y*i = â'xi + åi,
(åi, ui) ti D(åi, ui)

Observation faite si : ri = 1.

wi est un vecteur de variables comportant des caractéristiques des individus, et détermine le choix du régime, á est un vecteur de coefficients inconnus, et ui 5 un terme d'erreur. Par conséquent, la probabilité qu'un individu donné soit en régime 1 est donnée par :

Pr(ri = 1|wi) = Pr(r*i > 0)|wi)

D(åi, ui) est la distribution conjointe de åi et ui. L'approche usuelle du probit lie la variable latente y* aux résultats observés y. Conditionnelle à ri = 1, le type d'emploi (auto-emploi ou non) sous le régime 1 est représenté par y (avec yi = 0, 1), qui est généré par un modèle probit sur la base de la variable latente y*. La correspondance entre y et y* est donnée par :

?

?

?

yi =

0 if y*i < 0 1 if y*i > 0

Nous avons les probabilités suivantes :

Pr =

{ Pr(yi = 0|ri = 1) Pr(yi = 1|ri = 1)

 
 
 

4. Cette variable latente peut être interprêtée comme le gain d'un individu lié à son statut d'actif ou de non-actif.

5. Habituellement, ui est normalement distribué (Voir Harris et Zhao (2004)). Mais, nous n'adoptons pas automatiquement cette approche ici.

39

40

41

L'estimation de la régression pour l'activité d'auto-emploi tout en ignorant la question de sélection produit des estimateurs biaisés, pour tous les paramètres du modèle. L'estimation de ce modèle en deux étapes est documentée dans une volumineuse littérature, y compris Heckman (1979) et Greene (2008). Avec des variables qualitatives comme types de variables à expliquer, nous ne saurions faire une régression linéaire6 simple dans la seconde équation (la principale). Pour une méthode en deux étapes, deux estimations de type probit seront effectuées. Une fois l'ensemble des probabilités spécifiées, et ainsi que les matrices (y, w, x), nous pouvons maintenant présenter la distribution conjointe de åi et ui.

5.3) Modèle Tobit généralisé : la méthode de Wynand et van Praag

Une des possibilités est de supposer une dépendance gaussienne entre åi et ui. Dans ce cas, l'une des méthodes économétriques les plus utilisées dans la littérature est la méthode d'estimation d'Heckman 7 (voir par exemple Johnston and Dinardo (1997), Verbeek (2000), Greene (2002), Wooldridge (2003) et Cameron and Trivedi (2005)). Avec une variable dichotomique dans l'équation principale, une légère modification est nécessaire, ce qui justifie notre approche de Wynand et van Praag (1981), qui ont fait la même spécification. Dans le modèle, on suppose que les deux erreurs åi et ui sont reliées par la distribution suivante :

D(åi, ui) ~ N(0, Ó)

où Ó est une matrice symétrique définie positive 8. Le modèle se présente donc comme suit :

? ?ui

åi

avec

)N((0),(1 óñE

E[yf|xi, wi, r = 1] = â'xi + E[åi|ui = á' iwi]

= â'xi + (ñóE)[?(á'wi)/Ö(á'wi)] = â'xi + (ñóE)ë(á'wi)

et ë(·) = ?(·)/Ö(·) (l'inverse du ratio de Mills qui sera estimé dans le modèle), où Ö est la fonction de répartition d'une loi normale univariée, et ? sa densité. Si ñ est positif, on parle

6. Heckman (1979) avait proposé un probit pour la première étape et une régression avec les moindres carrées ordinaires dans la deuxième étape car sa variable dépendante (pour l'équation principale) était continue. Le choix des moindres carrées ordinaires dans la deuxième étape est basé sur le théorème de Gauss-Markov : il énonce que, parmi tous les estimateurs linéaires non-biaisés, l'estimateur par moindres carrées présente une variance minimale.

7. Elle est aussi appelée Tobit-2 model (Takeshi, 1984, 1985).

8. On peut donc lui appliquer une factorisation de Cholesky. Voir l'annexe F pour plus de développement sur le modèle, ainsi que sa construction.

d'une sélection positive, dans le sens où l'espérance y* est augmentée.

En général, deux estimations de type probit (méthode en deux étapes qui permettent de faire des inférences sur l'équation de sélection) servent d'initialisation à l'algorithme de l'estimation à partir de la vraisemblance globale du modèle9. Le modèle est mieux spécifié si l'ensemble des variables de l'équation de sélection contient l'ensemble des variables de la régression sur l'auto-emploi (règle d'exclusion). L'inverse du ratio de Mills peut engendrer une multicolinéarité 10 dans le cas où cette régle n'est pas respectée, car étant quasi-linéaire (voir graphique 5.1.), elle peut être approchée par une fonction linéaire de áw (Stolzenberg et Relles, 1997).

IMR(x)

0.0 0.2 0.4 0.6 0.8

 

0 1 2 3 4 5

X

Graphique 5.1 - L'inverse du ratio de Mills
Source: Auteur

Le test du biais de sélection revient au test de significativité du coefficient de l'inverse du ratio de Mills, ou bien, dans le cas de l'estimation par la vraisemblance, un test de Wald avec comme hypothèse nulle H0 : p = 0. Dans le meilleur des cas, une convergence de l'algorithme de l'estimation à partir de la vraisemblance est obtenu après 15 itérations en moyenne (Ott et al., 2008). Mais, dans de nombreuses études, ceci n'est pas souvent le cas, car la spécification du modèle adapté n'est pas forcément linéaire, ou gaussienne, surtout pour l'équation qui prend en compte l'inverse du ratio de Mills.

5.4) Robustesse du Modèle

5.4.1) Critique du modèle d'Heckman

Les problèmes de spécification du modèle font écho dans la littérature. Bien que des progrès dans l'analyse économétrique et le traitement de sélection de l'échantillon ne peuvent être

9. Voir annexe F aussi.

10. Voir Nawata et Nagase (1996), Leung et Yu (1996, 2000), Puhani (2000).

niés, le débat est toujours ouvert sur ce qui est la meilleure procédure à suivre pour obtenir des estimations robustes. En général, la méthode basée sur le maximum de vraisemblance est reconnue pouvoir fournir des estimateurs efficaces, et asymptotiquement convergents. Mais, des réserves subsistent, car cette méthode est généralement basée sur l'hypothèse de normalité de la distribution conjointe des résidus, et des distributions marginales. Dans de nombreuses applications, cette hypothèse est trop restrictive, car elle exclut la possibilité de flexibilité de la distribution. Les estimateurs construits sur l'hypothèse de normalité sont très sensibles à de petits écarts par rapport aux hypothèses de distribution qui ne sont souvent pas satisfaites dans la pratique.

Gallant and Nychka (1987) ont proposé une approximation de la vraie densité conjointe de åi et ui par une fonction du type:

~ XK XJ ~

båu = ðkjåkuj ?å?u
k=0 j=0

?å et ?u sont les densités marginales respectives, ðkj est un paramètre inconnu à estimer. L'idée de base est de trouver un facteur de type polynomial, multipliant le produit des densités marginales, et capable de nous rapprocher le plus possible de la vraie distribution 11. Ils ont montré que les estimateurs de â et á sont convergents à condition que le nombre de termes de l'approximation soit très grand, avec une taille d'échantillon assez élevé. Toutefois, une étude rigoureuse n'est pas disponible sur la pertinence 12 de cette approche (Vella,1998), qui requiert le calcul d'un nombre assez élevé de paramètres.

Lee (1982) a suggéré aussi une alternative à la normalité des erreurs, tout en maintenant la technique de maximisation de la vraisemblance. Son idée est la suivante : supposons que åi et ui ont des distributions marginales connues respectives F(åi) et F(ui). Il est possible de retrouver des erreurs de distribution gaussienne par la transformation suivante :

å* i = Ö-1[F (åi)]
u i = Ö-1[G(ui)]

å* i et u i ont des distributions normales. Mais, vue la spécification, la détermination de F et G pose des problèmes de précision. Une autre approche est l'introduction des distributions à copules 13 (Genius et Strazzera, 2003). Le problème est que ces procédés ont leurs propres limites : ils ne sont pas forcément adaptés aux données, leur robustesse n'a pas vraiment été étudiée. C'est Hampel (1971) qui donna la définition de la robustesse, qui doit rester continue dans la topologie de la convergence faible, autrement dit, l'estimateur doit avoir une sensibilité finie à de petites déviations des hypothèses du modèle, et les statistiques semi-paramétriques ne

11. båu est dite série de Hermite.

12. Pour mettre en oeuvre une telle méthode, il est nécessaire de faire le tour des algorithmes requis à son implémentation et comparer leurs efficacités. Une seule étude ne suffit donc pas.

13. D'une manière générale, une copule est une fonction qui lie deux distributions marginales spécifiées dans une distribution multivariée (Voir annexe G sur le procédé).

42

sont pas forcément en accord avec cette exigence. Nous proposons pour la suite l'option d'une robustesse dont les principes récents sont formalisés et connus.

5.4.2) Robustesse de Zhelonkin

Dans une thèse de doctorat sur la robustesse des modèles de sélection, Zhelonkin et al. (2013) développent un cadre général pour étudier les propriétés de robustesse des estimateurs et les tests dans les modèles de sélection de l'échantillon. Ils utilisent une approche infinitésimale (Hampel et al. 1986), qui permet d'explorer les questions de robustesse et de construire des estimateurs et tests robustes. Pour comprendre son approche, nous invoquerons ici les notions de fonction d'influence, de changement de variance, et de variance asymptotiquement. Il s'est plus intéressé à l'estimateur d'Heckman en deux étapes, où l'on effectue une régression avec les moindres carrées ordinaires en deuxième étape. A partir de résultats généraux, Zhelonkin et al. (2013) :

1. dérivent les propriétés et conditions de robustesse de l'estimateur d'Heckman en deux étapes.

2. ensuite, ils montrent que les estimations et le test du modèle sont très sensibles aux valeurs aberrantes, et aux déviations par rapport aux hypothèses de distribution (l'hypothèse gaussienne surtout),

3. et proposent des estimateurs plus robustes et moins sensibles à tous ses problèmes infé-rentiels, puis prouvent leur normalité asymptotique.

Nous avons adapté leur thèse à notre modèle qui, cette fois-ci explique dans l'équation principale une variable dichotomique. Dans le paragraphe suivant, nous donnons les formules générales, et les démonstrations sont fournies dans l'annexe H.

Soit FN la distribution empirique des données de masse1 N au point zi = (z(1)

i , z(2)

i ), où

zi = (wi, ri) et z(2)

(1) i = (xi, yi), avec i = 1, ..., N. De même, soit è = (á, â) et soit F la
distribution de zi. Pour une fonctionnelle T(F) (avec T(FN) = àâ), la fonction d'influence définie par Hampel (1974) est :

IF(z; T, F) = lim

å?0[T() - T (F )]

avec Få = (1 - å)F + åÄz, où Äz est une distribution au point z. La fonction d'influence décrit le biais standard asymptotique d'un estimateur dû à une contamination å au point z. å est la proportion du nombre d'observations générées à partir de la distribution Äz, et l'idée est donc de chercher des estimateurs fiables pour la majorité des données générées à partir de la distribution paramétrique F, et non-sensibles à la contamination Äz. Zhelonkin et al. (2013) ont montré que cette fonction d'influence n'est pas bornée 14, pour le modèle spécifié ci-haut,

14. Ceci est l'origine de la grande sensibilité des estimateurs aux valeurs aberrantes, et aux déviations de la distribution d'hypothèse.

43

et ont proposé une estimation plus robuste, dont les détails sur les fonctions scores modifiées sont précisés dans leur thèse. Le tout est implémenté dans le package ssmrob sur R, dont nous nous sommes servis pour une modélisation plus robuste.

44

Chapitre

 

6

 

Résultats du modèle économétrique et discussion

Tout était mêlé, mais vint l'entendement qui sépara tout pour le mettre en ordre .

ANAXAGORE, Maître d'Aristote

6.1) Mise en oeuvre du modèle économétrique

L'algorithme1 de maximisation de la vraisemblance est le SANN (Solid-Angle based Nearest-Neighbor Algorithm). Les résultats présentés sont obtenus après au moins 10000 itérations de cet algorithme. Dans l'interprétation des données, nous portons attention à la quantité p, qui, dans le cas où son signe est positif, nous permet de valider une sélection positive. Dans le premier modèle mis en oeuvre (Voir Modèle I en annexe), toutes les variables intégrées sont significatives, à la fois pour l'équation de sélection que nous avons nommée Treatment Equation (TE) pour la suite des commentaires , et la régression sur l'auto-emploi, l'Outcome Equation (OE). Il s'agit en l'occurrence du niveau d'instruction, de la situation financière du ménage, et de l'âge (cette variable est uniquement présente dans le TE 2). En effet, la régression pas à pas nous donne une idée globale des variables les plus pertinentes pour le modèle. Elle est obtenue à partir de la vraisemblance jointe du modèle, d'une régression non linéaire en deux étapes pour l'analyse robuste, et sur un ensemble plus large de variables qualitatives. Ce qui justifie la construction étape par étape du modèle et le suivi des variables intégrées, vue que les estimations sont fixées pour une modalité de référence pour chacune d'elles. Cette construction permet aussi de tenir compte de la convergence de l'algorithme utilisé.

Le modèle II montre la pertinence et la significativité de la variable sexe, qui non seulement bénéficie d'une sélection positive, mais aussi d'une sélection augmentée. Ce qui s'explique par une forte corrélation entre les erreurs des deux équations de ce modèle. Le modèle de sélection III obtenu avec les migrants, montre que cette variable (la variable Migrant indique si l'individu est un migrant ou non) n'est pas significative pour le TE, mais l'est pour l'OE; mais son

1. L'algorithme peut être utilisé pour analyser des images en 3D. A partir d'expériences ainsi que dans la théorie, il est montré que l'algorithme dispose d'un faible coût de calcul (Jacobus et al., 2012). Il est proche du SA (Simulated annealing), qui est une technique probabiliste pour approcher l'optimum global d'une fonction donnée (Bélisle, 1992).

2. Cette approche s'inspire de la règle d'exclusion, même si avec des variables nominales uniquement, cette règle n'est plus trop valable.

45

46

47

Tableau 6.1 - Variables mesurant la santé

 
 
 

Variables

 
 

Modalités

b18 (%)

b19 (%)

b20 (%)

b21 (%)

b22 (%)

b23(%)

Non, pas de difficultés

97,11

98,49

98,46

94,16

91,07

98,65

Oui, quelques difficultés

1,63

1,24

0,97

5,11

5,53

1,04

Oui, beaucoup de difficultés

1,25

0,20

0,37

0,74

3,27

0,24

Incapacité totale

0,00

0,07

0,19

0,00

0,12

0,07

Source : Calcul de l'auteur

algorithme ne converge pas pour tous les estimateurs, dont celui du p. Elle révèle tout de même une présence non négligeable des migrants sur le marché de l'auto-emploi. Cette variable sera reprise par la suite dans un autre modèle, puisqu'elle introduit un échec dans les tests de significativité des estimateurs de certains paramètres (pour le modèle III). Il en est de même de la variable depart (indiquant le département où a eu lieu l'interview), qui malgré la significativité de quelques unes de ses modalités dans le TE, induit une sélection négative pour le modèle V. Le modèle VI montre l'influence significative du niveau d'instruction de la mère et du père, même si cela n'est pas confirmé pour le modèle robuste. Pour le modèle VII, on retient que la formation professionnelle augmente la chance d'entrer sur le marché du travail, mais a une influence négative sur l'auto-emploi. L'homogénéité des réponses a mis en mal l'estimation du modèle robuste. Sur tous les travailleurs indépendants, seuls 4 avaient effectivement reçu une formation professionnelle. Les autres facteurs démographiques tels que le milieu de résidence, le fait d'avoir d'enfants ou non (tous significatifs) sont étudiés dans le modèle VIII. Les variables Migrant et Etat civil sont reprises dans ce dernier modèle : elles demeurent significatives, et les célibataires sont les moins présents sur le marché de l'auto-emploi. Un modèle sur l'influence des handicaps n'était pas nécessaire, vu aussi le degré d'homogénéité des réponses pour les travailleurs indépendants (voir tableau 6.1). Il s'agit en l'occurrence des variables : avoir des difficultés pour voir (b18), entendre (b19), marcher (b20), mémoriser (b21), prendre soin de soi (b22), ou communiquer (b23). Aucune de ces variables n'est significative.

6.2) Discussion

Une étude de l'auto-emploi a été réalisée pour mettre en lumière le profil des travailleurs indépendants du Bénin. Dans un premier temps, une analyse factorielle multiple a permis de mettre en lumière les caractéristiques de l'auto-emploi. Nous avons identifié le travail indépendant comme une alternative au chômage et au sous-emploi. Il se développe principalement dans le secteur informel qui reste prédominant de part l'environnement familial, surtout pour les activités liées à l'agriculture et au commerce, où il ressort un transfert de capital culturel significatif. Dans cette analyse économétrique, nous dégageons de plus l'influence négative du niveau d'instruction (qu'il soit primaire, ou secondaire) le plus élevé atteint par le jeune travailleur dans l'auto-emploi (voir modèle VI). Cette influence négative comparée à ceux n'ayant reçu aucune

éducation formelle, reste particulièrement significative, et accentuée par le niveau d'instruction le plus élevé atteint par le père3 (surtout lorsqu'il est primaire), et celui atteint par la mère (lorsqu'il est primaire ou post-secondaire). Ceux des ménages à situations financières difficiles sont les plus concernés. Ils le sont encore plus dans le cas de la formation professionnelle, à laquelle ils n'ont pas forcément tous accès. Par ailleurs, bien que la formation professionnelle facilite l'insertion professionnelle (voir Modèle VII), elle n'incite pas le travailleur à s'orienter vers l'auto-emploi. Lorsque le père ou la mère a également reçu une formation professionnelle4, cela réduit davantage les chances de l'individu d'opter pour le travail indépendant. Les hypothèses H1et H2 ne sont donc pas vérifiées. Ces résultats ne sont pas en accord avec ceux de Kim et al. (2006) pour qui les travailleurs potentiels dans l'auto-emploi possèdent des niveaux élevés de capital humain. Pour eux, un enseignement supérieur et une expérience de gestion sont significativement associés positivement à l'accès aux groupes des entreprenants. En réalité, tout dépend de l'environnement socioéconomique.

Par ailleurs, en nous concentrant sur la variable sexe, il ressort que les femmes sont significativement les mieux représentées dans l'auto-emploi (voir modèle II) : un homme a deux fois moins de chances qu'une femme d'avoir un travail indépendant. Mais, l'étude révèle aussi que l'auto-emploi des femmes est grandement précarisé. Tout en créant de nouvelles opportunités d'emploi pour les femmes, le travail indépendant a plutôt renforcé leur vulnérabilité. Les femmes représentent la majorité de la main d'oeuvre du secteur informel, avec notamment des sources de subsistances précaires telles que la production pour consommation propre, les activités de personnel de maison, le travail à domicile et le travail ambulant, ou encore les ventes des marchés informels sous-comptabilisés. Elles subissent non seulement les déconvenues d'un environnement familial et culturel défavorable décrit par Sibylle Gollac (2008), mais aussi la précarité inhérente à ces secteurs à savoir l'absence de protection sociale, l'absence de réglementation déterminant leurs droits et la faiblesse des revenus. Moins instruites aussi, elles ont un accès plus réduit aux ressources (éducation, formation professionnelle). Elles sont donc par ricochet moins bien armées que les hommes pour développer leurs potentialités à créer des richesses.

Aucune des variables de santé n'est significative : on peut donc soutenir que le marché de l'auto-emploi n'est pas un marché relégué aux handicapés. Par ailleurs, les autres facteurs démographiques restent significatifs, notamment le milieu de résidence (favorable quand il est rural compte tenu de la prédominance des activités agricole). Le statut d'immigrant a une influence considérable aussi du fait que les jeunes représentent une part importante des migrants internationaux, et forment la majorité des migrants ruraux-urbains (OIM et GIP, 2012). La migration peut servir à renforcer le capital humain de la jeunesse, mais les expose aussi à plusieurs risques. Dans l'ensemble, les immigrants sont plus susceptibles d'être des travailleurs

3. Il en est de même pour le père et la mère : c'est une analyse comparée aux parents n'ayant reçu aucune éducation formelle.

4. Comparés également aux parents ne l'ayant pas reçu.

autonomes que les citoyens nés au pays. Ils peuvent avoir des difficultés à trouver du travail en raison de l'insuffisance des compétences, ou d'information sur les opportunités de travail, et préférer la création de leur propre job, comme un moyen de mobilité et de stabilité sociale. Il serait également important de regarder le statut d'immigrant des parents, mais cette information n'est pas disponible dans notre base. Deux autres variables significatives sont dégagées par le modèle de sélection : le fait d'avoir d'enfant ou non (pour les femmes les plus âgées du groupe des mères : économie de subsistance où la production pour consommation propre est forte), le fait de cohabiter avec ses parents ou non (le goût du risque pourrait en être la raison).

Pratiquement toutes les personnes actives au Bénin sont en activité, d'après les précédentes statistiques. Avec cette étude, on comprend pourquoi paradoxalement, ces dernières demeurent pauvres : en effet, elles occupent des emplois à faible productivité, et par conséquent mal rémunérées. Peut-on miser toujours sur l'auto-emploi pour répondre à la demande des jeunes et des femmes en matière d'activités socioprofessionnelles? La réponse est oui, mais à condition que l'on ne maintienne point le secteur informel tel quel, et que l'on améliore la qualité de l'auto-emploi, tout en favorisant le basculement à terme de l'informel dans le formel.

48

Conclusion

L'auto-emploi est d'une importance économique évidente, et présente pour les jeunes l'opportunité d'une insertion professionnelle plus facile. Mais, pour mettre en oeuvre des politiques favorables à l'auto-emploi, afin de garantir un emploi décent pour tous, il faudrait identifier à la base les actions nécessaires, compte tenu de la situation actuelle. Les inquiétudes relatives à la qualité de l'environnement institutionnel, y compris le système éducatif, remontent à la surface : le Bénin est-il prêt à faire cet élan vers l'auto-emploi? Vus les problèmes inhérents au marché du travail et les difficultés rencontrées par la formation professionnelle, un diagnostic préalable est nécessaire pour identifier les actions à mettre en oeuvre.

Dans cette étude, une classification a permis de mettre en lumière les caractéristiques de l'auto-emploi au Bénin. Nous avons identifié le travail indépendant comme une alternative au chômage et au sous-emploi. Il se développe principalement dans le secteur informel qui reste prédominant de part l'environnement familial, surtout pour les activités liées à l'agriculture et au commerce, où il ressort un transfert de capital culturel significatif. Dans une analyse économétrique par la suite, nous avons dégagé une influence négative du niveau d'instruction (qu'il soit primaire, secondaire) le plus élevé atteint par le jeune travailleur dans l'auto-emploi. Cette influence négative comparée à ceux n'ayant reçu aucune éducation formelle, reste particulièrement significative, et accentuée par le niveau d'instruction le plus élevé atteint par le père5 (surtout lorsqu'il est primaire), et celui atteint par la mère (lorsqu'il est primaire ou post-secondaire). Par ailleurs, bien que la formation professionnelle facilite l'insertion professionnelle (voir Modèle VII), elle n'incite pas le travailleur à s'orienter vers l'auto-emploi. Lorsque le père ou la mère a également reçu une formation professionnelle 6, cela réduit davantage les chances de l'individu d'opter pour le travail indépendant. Par ailleurs, en nous concentrant sur la variable sexe, il ressort que les femmes sont significativement les mieux représentées dans l'auto-emploi. Mais, l'étude révèle aussi que l'auto-emploi des femmes est grandement précarisé. Tout en créant de nouvelles opportunités d'emploi pour les femmes, le travail indépendant a plutôt renforcé leur vulnérabilité.

Les autres facteurs démographiques restent significatifs, notamment le milieu de résidence (favorable quand il est rural compte tenu de la prédominance des activités agricoles), le statut

5. Il en est de même pour le père et la mère : c'est une analyse comparée aux parents n'ayant reçu aucune éducation formelle.

6. Comparés également aux parents ne l'ayant pas reçu.

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de migrant, le fait d'avoir d'enfant ou non (pour les femmes les plus âgées du groupe : économie de subsistance où la production pour consommation propre est forte), le fait de cohabiter avec ses parents ou non.

Dans ce contexte, les questions de chômage, de sous-emploi des jeunes gagne à juste titre en importance, et cet intérêt pour l'auto-emploi reste légitime, compte tenu des besoins de nombreux jeunes sans éducation formelle, présents sur le marché du travail. Ces jeunes ont souvent un travail, dans le secteur informel rural, où ils ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté ; ou bien ils sont cultivateurs sur de petites exploitations, alors que l'accès à la terre ne cesse de se réduire. Leur voix se fait rarement entendre.

Toute stratégie de développement des compétences devrait avoir pour principal objectif de leur donner les moyens d'échapper à ces emplois vulnérables. Trop souvent, l'accès aux compétences est inégal, perpétuant et exacerbant le désavantage qui frappe les pauvres, les femmes et les membres des groupes sociaux marginalisés. Les jeunes qui ont grandi dans la pauvreté et l'exclusion risquent davantage de faire peu d'études ou d'abandonner l'école. Par suite, ils ont moins de possibilités de développer les compétences menant à un emploi décent, et risquent donc d'être un peu plus marginalisés sur le marché du travail.

Pratiquement toutes les personnes actives au Bénin sont en activité, d'après les précédentes statistiques. Avec cette étude, on comprend pourquoi paradoxalement, ces dernières demeurent effectivement pauvres : en effet, elles occupent des emplois à faible productivité, et par conséquent mal rémunérés. L'informel est source d'insécurité pour les acteurs, qui ne bénéficient pas de certains avantages et protections liés pourtant à leur statut. De même, l'entrepreneur individuel et les membres de sa famille sont exclus du système de protection sociale et d'assurance maladie.

COMMENT ORIENTER L'AUTO-EMPLOI AU BÉNIN VERS UNE ÉCONOMIE DE DÉVELOPPEMENT ?

Pour faire face aux défis de l'emploi décent et à la réduction de la pauvreté, le Gouvernement Béninois doit donner une place de choix à l'auto-emploi dans sa politique en matière d'emploi. L'adoption d'une politique nationale de l'emploi et d'un plan d'action renforcera la création d'emploi, à améliorer l'employabilité ainsi que l'organisation et le fonctionnement du marché de l'emploi. Pour cela, nous recommandons les actions suivantes :

1. Encourager et promouvoir le statut de l'entreprenant pour favoriser la migration de l'informel vers le formel :

Toute initiative dans ce sens permettrait de mieux insérer certaines catégories d'acteurs économiques dans le circuit de création de la richesse. l'OHADA 7 a créé, en 2010, le statut de l'entreprenant pour offrir un statut simplifié aux micro et petites entreprises afin

7. Pour l'OHADA, l'entreprenant se veut être «un nouveau statut juridique simplifié ouvert à toute entreprise, personne physique, qui exerce une activité civile, commerciale, artisanale ou agricole et qui souhaite se déclarer au Registre du Commerce et du Crédit mobilier (RCCM)».

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de faciliter la migration de l'informel vers le formel. C'est pourquoi il faut créer les conditions d'inversion de ces réalités, de réelles mesures d'incitation, pour amener les acteurs de l'informel à se formaliser pour que leurs efforts soient reconnus et mieux appréhendés. Les stratégies idoines pour la simplification de la procédure de leur formalisation doivent être muries pour la mise en place d'une fiscalité adaptée à leur profil.

2. Promouvoir la création d'emplois décents à travers la promotion de l'entreprenariat, du développement des filières agricoles et un meilleur accès aux services financiers, aux marchés et aux technologies appropriées.

3. Un autre défi est de créer des programmes d'éducation pour offrir une deuxième chance aux jeunes qui n'ont pas eu auparavant accès à l'éducation de base, et sont dans l'informel. Il est également nécessaire de favoriser leur accès à des programmes de compétences en matière d'emploi, avec un soutien financier en appui. Cela permettra de réduire à la fois leur faible taux de scolarisation, ainsi que leur chance de tomber dans un travail de subsistance. Les stratégies associant l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et du calcul et protection sociale peuvent s'avérer payantes. Quant aux personnes qui maîtrisent déjà les compétences fondamentales, elles doivent bénéficier d'une égalité des chances pour parfaire leur formation professionnelle tout en acquérant des compétences trans-férables8 et devenir ainsi des entrepreneurs accomplis. C'est également un moyen de réduire le taux de chômage et le sous-emploi au Bénin.

4. Les jeunes femmes rurales étant souvent très défavorisées sur le plan de l'éducation comme dans le domaine du travail, il est indispensable d'intervenir pour les aider à améliorer leurs moyens de subsistance. Les jeunes femmes sont souvent astreintes à de longues heures de travail domestique ou informel, moins visible pour les responsables politiques. Il faudra procéder à une recension des besoins en formation des femmes, vérifier que les secteurs bénéficiant d'une formation sont à forte main d'oeuvre féminine, et renforcer les associations de femmes pour mieux organiser l'économie informelle. Un défi supplémentaire serait aussi l'intégration du genre pour répondre aux enjeux de la formation professionnelle concentrée sur l'enseignement technique dans le secteur formel, les actions profiterons peu aux femmes absentes de ce secteur. Par exemple, le choix des branches soutenues dans ce secteur (métallurgie, bois, automobile) exclut d'emblée les femmes. La définition des objectifs du soutien à la formation professionnelle est donc un enjeu à part entière qui dépasse largement le champ de l'égalité entre les hommes et les femmes. L'orientation stratégique en matière de formation professionnelle semble appeler une redéfinition des rôles de chacun des acteurs.

8. Elles comprennent la capacité à résoudre des problèmes, à communiquer efficacement des idées et des informations, à faire preuve de créativité, de leadership et de conscience professionnelle, ainsi que d'esprit d'entreprise. Elles permettent de s'adapter aux différents environnements de travail et d'améliorer ses chances de conserver un emploi rémunérateur.

51

Annexe

 

A

 

Importance de la formation professionnelle et technique

Udeme S. Udoetuk, Namkere J. Udoudo et Ofonmbuk Isaac Michael ont souligné l'effet potentiel de la formation technique et professionnelle sur le développement national. Les trois auteurs conclus dans un document intitulé "Achieving Sustainable Technological Development In Nigeria Through Entrepreneurship and Technical Vocational Education and Training (TVET)" que l'entrepreneuriat, l'auto-emploi, l'éducation technique et professionnelle peuvent contribuer au développement national durable au Nigeria s'ils sont promus. Ils pensent que si leurs recommandations sont prises en compte et sont fidèlement mises en oeuvre, le Nigeria saura en temps record rejoindre la ligue des nations industrialisées du monde (Udeme S. Udoetuk et al., 2013). En raison de l'importance croissante de la petite entreprise, il est nécessaire de créer une «culture d'entreprise» répandue dans les pays en développement. Les instituts de formation professionnelle (VTI) peuvent jouer un rôle dans la création de cette «culture d'entreprise» en intégrant plus de business, d'auto-emploi et l'entrepreneuriat dans les programmes de formation professionnelle et technique (Robert E. Nelson, 1996). Yangben et Seniwoliba recommandent de leur recherche qu'il faut assurer la liaison entre les écoles et les industries en service. Ainsi, des activités de formation peuvent être bien organisées et faciliter l'intégration des compétences des étudiants destiné au marché de l'emploi. Samuel Kwame Ansah du département de la Technologie de la Construction, au coût Cap Polytechnic au Ghana, et Kissi Ernest du même département à l'Université Kwame des sciences et de la technologie ont assez suggéré dans leur article intitulé Technical and Vocational Education and training in Ghana : A tool for Skill Acquisition and Industrial Development, que le certificat de compétence de base (Compétence Based Training) devrait être inclut dans la conception des programmes d'enseignement technique et professionnelle, à tous les niveaux pour aider à promouvoir l'acquisition de compétences et le développement industriel. Leur document souligne également que l'éducation scientifique et technologique reste tout de même nécessaire, ainsi que les compétences techniques qui peuvent créer de la richesse, et aider un pays à atteindre le développement économique et industriel. Le Gouvernement Béninois a lancé de nombreux projets pour la construction d'écoles agricoles et industriels. Par exemple, en 2006, le Centre de formation professionnelle de Djougou, et Kpondéhou, l'annexe du Lycée Technique Coulibaly (Cotonou) ont été ouverts. Mais, les principales questions sont les suivantes : combien d'élèves fréquentent ces écoles? Les programmes

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sont-ils vraiment adaptés aux besoins du marché du travail? Y at-il assez de sensibilisation et de valorisation pour motiver les parents à envoyer leurs enfants?

Quality and number of students : In most developing countries, science education at the pre-tertiary level is too poor to provide students with a solid knowledge foundation. As a result, the number of students at the secondary school level, who have the necessary background to enable them to pursue scientific and technical programs at tertiary level, is inadequate. In some countries, policy arrangements cause this poor scientific background of students entering higher education. [...]

Quality and number of educators : In most developing countries, there are not enough specialized TVET teachers at both secondary and post-secondary levels. This has repercussions on the quality of students that are produced. Furthermore, most of the educators do not have direct contact with the labor market (through short-term) periodic secondments which would modernize and upgrade their practical knowledge on the actual technologies being employed in the workplace, as well as offer them insight into the actual practical needs of the labor market. This knowledge could then be incorporated into lessons or be passed on to colleagues through peer-mentoring. [...]

Quality and number of TVET institutions : In most developing countries, TVET institutions are fewer in number and have lower enrollments and graduates than their academic counterparts. Although more and more developing countries wish to increase their ratio of sciences-to humanities manpower base, the enrollments remain heavily skewed towards the social sciences. This is partly due to the poor societal image of TVET and to the fact that TVET education is more expensive to provide than education program in the humanities. In addition, due to insufficient training facilities, particularly at the tertiary level, TVET institutions have a small student absorption capacity and often have to refuse entry to many applicants, since overcrowding would compromise the standard of education being offered. Qualified students who applied to study in technical fields but did not get admitted often switch to the humanities, and that is a waste of talent to the technical field. Analysis of annual sector performance reports of Ministries of Education in various developing countries shows that most developing countries are doing their best to stretch the education budget that they have available to them to adequately provide for the needs of both general education and TVET. However, the budgets and investments remain small, relative to the work that needs to be done in order to improve the state of education, particularly TVET. A large share of the ministerial budgets (r 80% on average) covers necessary recurring costs.

NICHE a,

NICHE strategy on Technical and Vocational Education and Training (TVET),

July 2010.

a. NICHE (Netherlands Initiative for Capacity development in Higher Education) is a Netherlands-funded development cooperation program aimed at strengthening capacity in post-secondary education and training institutions in 23 countries (Afghanistan, Bangladesh, Benin, Bhutan, Colombia, Egypt, Ethiopia, Ghana, Guatemala, Indonesia, Kenya, Kosovo, Mozambique, Nicaragua, Rwanda, South Africa, South Sudan, Suriname, Tanzania, Uganda, Vietnam, Yemen and Zambia).

53

The TVET Sector in Developing Countries

54

Annexe

 

B

 

International Classification by Status in Employment
(ICSE) : ICSE-1993

The 15th International Conference of Labor Statisticians adopted (ILO, 1993), in January 1993, a resolution concerning the ICSE which states [extract] :

II. THE ICSE-93 GROUPS1

4 The ICSE-93 consists of the following groups, which are defined in section III :

1. Employees; among whom countries may need and be able to distinguish "employees with stable contracts" (including "regular employees");

2. Employers;

3. Own-account workers;

4. Members of producers' cooperatives;

5. Contributing family workers;

6. Workers not classifiable by status.

III. GROUP DEFINITIONS

5 The groups in the ICSE-93 are defined with reference to the distinction between "paid employment" jobs on the one side and self-employment jobs on the other. Groups are defined with reference to one or more aspects of the economic risk and/or the type of authority which the explicit or implicit employment contract gives the incumbents or to which it subjects them.

6 Paid employment jobs are those jobs where the incumbents hold explicit (written or oral) or implicit employment contracts which give them a basic remuneration which is not directly dependent upon the revenue of the unit for which they work (this unit can be a corporation, a non-profit institution, a government unit or a household). Some or all of the tools, capital equipment, information systems and/or premises used by the incumbents may be owned by others, and the incumbents may work under direct

1. For linguistic convenience the group titles and definitions have been formulated in a way which corresponds to the situation where each person holds only one job during the reference period.

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supervision of, or according to strict guidelines set by the owner(s) or persons in the owners' employment. (Persons in "paid employment jobs" are typically remunerated by wages and salaries, but, may be paid by commission from sales, by piece-rates, bonuses or in-kind payments such as food, housing or training.)

7 Self-employment jobs are those jobs where the remuneration is directly dependent upon the profits (or the potential for profits) derived from the goods and services produced (where own consumption is considered to be part of profits). The incumbents make the operational decisions affecting the enterprise, or delegate such decisions while retaining responsibility for the welfare of the enterprise (in this context "enterprise" includes one-person operations.)

8.1 Employees are all those workers who hold the type of job defined as "paid employment jobs" (cf. paragraph 6). Employees with stable contracts are those "employees" who have had, and continue to have, an explicit (written or oral) or implicit contract of employment, or a succession of such contracts, with the same employer on a continuous basis. "On a continuous basis" implies a period of employment which is longer than a specified minimum determined according to national circumstances. (If interruptions are allowed in this minimum period, their maximum duration should also be determined according to national circumstances.) Regular employees are those "employees with stable contracts" for whom the employing organization is responsible for payment of relevant taxes and social security contributions and/or where the contractual relationship is subject to national labor legislation.

9.2 Employers are those workers who, working on their own account or with one or a few partners, hold the type of job defined as a "self-employment job" (cf. paragraph 7), and, in this capacity, on a continuous basis (including the reference period) have engaged one or more persons to work for them in their business as "employee(s)" (cf. paragraph 8). The meaning of "engage on a continuous basis" is to be determined by national circumstances, in a way which is consistent with the definition of "employees with stable contracts" (cf. paragraph 8). (The partners may or may not be members of the same family or household.)

10.3 Own-account workers are those workers who, working on their own account or with one or more partners, hold the type of job defined as "a self-employment job" (cf. paragraph 7), and have not engaged on a continuous basis any "employees" (cf. paragraph 8) to work for them during the reference period. It should be noted that during the reference period the members of this group may have engaged "employees", provided that this is on a non-continuous basis. (The partners may or may not be members of the same family or household.)

11.4 Members of producers' cooperatives are workers who hold a "self-employment" job (cf. paragraph 7) in a cooperative producing goods and services, in which each member takes part on an equal footing with other members in determining the organization

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of production, sales and/or other work of the establishment, the investments and the distribution of the proceeds of the establishment among their members. (It should be noted that "employees" (cf. paragraph 8) of producers' cooperatives are not to be classified to this group.)

12.5 Contributing family workers are those workers who hold a "self-employment" job (cf. paragraph 7) in a market-oriented establishment operated by a related person living in the same household, who cannot be regarded as a partner, because their degree of commitment to the operation of the establishment, in terms of working time or other factors to be determined by national circumstances, is not at a level comparable to that of the head of the establishment. (Where it is customary for young persons, in particular, to work without pay in an economic enterprise operated by a related person who does not live in the same household, the requirement of "living in the same household" may be eliminated.)

13.6 Workers not classifiable by status include those for whom insufficient relevant information is available, and/or who cannot be included in any of the preceding categories.

57

Annexe

 

C

 

Self-employment and Treatment Of Particular Cases

The following text is part of the resolution concerning statistics of employment in the informal sector, adopted by the Fifteenth International Conference of Labor Statisticians in January 1993 (ILO, 1993).

12 1. Different members of a household may be engaged as self-employed persons in different kinds of informal sector activities during a given reference period. In order to determine whether such activities should be regarded as separate enterprises or as parts of a single enterprise, due consideration should be given to the definitional requirements of an enterprise as specified in the International Standard Industrial Classification of All Economic Activities (ISIC, Rev.3). Where it is difficult in practice to apply these requirements, different activities carried out by different household members should be treated as separate enterprises if they are perceived as such by the household members themselves.

2. A household member or group of household members may be engaged as self-employed

persons in different kinds of informal sector activities during a given reference period. For practical purposes, all activities carried out at a time by the same household member or group of household members should be treated as parts of a single enterprise rather than as separate enterprises.

13 In the case of informal sector units which are engaged in different kinds of production activities during a given reference period, efforts should be made to collect as much separate information as possible in respect of each activity, even when the enterprises concerned need not or cannot be partitioned into establishments as defined by the International Standard Industrial Classification of All Economic Activities(ISIC, Rev.3). In particular, such separate information should be collected in respect of all activities of the enterprise which are horizontally integrated (i.e. producing different kinds of goods or services for sale or exchange and carried out parallel with each other), irrespective of their share in the total value added of the enterprise.

14 Household enterprises, which are exclusively engaged in non-market production, i.e. the production of goods or services for own final consumption or own fixed capital formation as defined by the United Nations System of National Accounts (Rev.4), should be excluded from the scope of the informal sector for the purpose of statistics of employment

58

in the informal sector. Depending on national circumstances, an exception may be made in respect of households employing domestic workers as referred to in paragraph 19.

15 With account being taken of paragraph 14, the scope of the informal sector should include household enterprises located in urban areas as well as household enterprises located in rural areas. However, countries which start to conduct surveys of the informal sector may initially confine data collection to urban areas. Depending upon the availability of resources and appropriate sampling frames, the coverage of the surveys should gradually be extended to cover the whole national territory.

16 For practical reasons, the scope of the informal sector may be limited to household enterprises engaged in non-agricultural activities. With account being taken of paragraph 14, all non agricultural activities should be included in the scope of the informal sector, irrespective of whether the household enterprises carry them out as main or secondary activities. In particular, the informal sector should include secondary non-agricultural activities of household enterprises in the agricultural sector if they fulfill the requirements of paragraphs 8 or 9.

17 Units engaged in professional or technical activities carried out by self-employed persons such as doctors, lawyers, accountants, architects or engineers,should be included in the informal sector if they fulfill the requirements of paragraphs 8 or 9.

18 1. Outworkers are persons who agree to work for a particular enterprise, or to supply a certain quantity of goods or services to a particular enterprise, by prior arrangement or contract with that enterprise, but whose place of work is not within any of the establishments which make up that enterprise.

2. In order to facilitate data collection, all outworkers should be potentially included in the scope of informal sector surveys, irrespective of whether they constitute production units on their own (self-employed outworkers) or form part of the enterprise which employs them (employee outworkers). On the basis of the information collected, self-employed and employee outworkers should be distinguished from each other by using the criteria recommended in the United Nations System of National Accounts (Rev.4). Outworkers should be included in the informal sector, or in the population employed in the informal sector, if the production units which they constitute as self-employed persons or for which they work as employees fulfill the requirements of paragraphs 8 or 9.

3. In situations where the number of outworkers is significant or where outworkers represent a group of particular concern for data users,self-employed outworkers should be identified as separate sub-categories of informal own-account enterprises and enterprises of informal employers or of the owners of such enterprises.

4. For purposes of distinction between employment on a continuous basis and employment on an occasional basis, and in application of the definition of registered em-

59

ployees according to paragraph 9(6), employee outworkers should be treated in the same way as other employees. Where relevant, employee outworkers may be identified as a separate sub-category of informal sector employees.

19 Domestic workers are persons exclusively engaged by households to render domestic services for payment in cash or in kind. Domestic workers should be included in or excluded from the informal sector depending upon national circumstances and the intended uses of the statistics. In either case, domestic workers should be identified as a separate sub-category in order to enhance international comparability of the statistics.

20 Activities excluded from the scope of the informal sector, such as domestic services, non-market production and agricultural activities, may be identified as separate categories outside the distinction between the informal and formal sectors.

60

Annexe

 

D

 

Résultats de la classification

Graphique D.1 - Dendogramme de la classification
Source : Auteur

Graphique D.2 - Histogramme partiel des valeurs propres
Source: Auteur

61

Graphique D.3 - Position des trois classes retenues après classification sur le graphe des individus (graphe sur les deux (2) premiers axes factorielles)

Source : Auteur

62

Annexe

 

E

 

Représentation des graphes

La relation entre une ou plusieurs variables discràtes peut être représentée à partir d'un graphe bayésien. Cette relation est dite directe (A -+ B, c'est- dire que la variable B dépend de la variable A ), ou indirecte (lorsqu'elle existe par l'intermédiaire d'autres variables). La représentation est basée sur le DAG (Directed Acyclic Graph), qui est un graphe dans lequel on exclut la possibilité A -+ ... -+ A (cycles) . La schématisation du graphe est basé sur les arcs. Chaque noeud du graphe est une variable. Lorsque deux variables sont reliées par d'autres variables, on dit que la liaison est un chemin (path).

Il est important de canaliser l'interprétation : pour un arc donné, la variable de départ est appelée cause, et celle au bout de la flèche appelée effet. Cependant, l'arc n'indique qu'une dépendance entre les deux variables. Quelques hypoth£ses sont nécessaires sur le réseau bayé-sien construit pour étudier les relations causales. La structure du DAG est l'objet de notre enquête. Il est commun dans l'étude de la génétique et des systèmes la biologie, par exemple, de reconstruire des voies et des réseaux moléculaires sous-jacents de maladies complexes et les processus métaboliques. Un exemple remarquable de ce genre d'étude peut être trouvé dans Sachs et al. (2005).

L'élaboration d'un DAG est une tâche complexe, pour deux raisons. Tout d'abord, l'espace des possibles est très grand; le nombre de DAGs possible augmente super-exponentiellement lorsque le nombre de noeuds augmente. Nous allons nous limiter à deux catégories de critères statistiques utilisés par les algorithmes pour évaluer un DAG : les tests de l'indépendance conditionnelle et les scores de réseau. Il y a plusieurs algorithmes qui savent rechercher le DAG qui maximise le score d'un réseau donné. Un des plus simples est le hill-climbing: à partir d'un DAG sans arcs, il ajoute, supprime et renverse un arc à la fois, ainsi de suite jusqu'à trouver le DAG qui maximise le score d'un réseau, à partir de données fournies. Le Bayesian Information Criteria (BIC) est le score par défaut. Pour plus de détails sur les tests d'indépendance bayésiens requis, voir l'ouvrage récent de Marco Scutari et Jean-Baptiste Denis (2015). Un utilitaire sur R adapté est le package bnlearn (Bayesian network learning).

63

Tableau E.1 - Variables retenues pour la modélisation bayésienne

Variables et libellés

sex Une variable dichotomique indiquant le sexe

de l'individu

b14 Une variable catégorielle indiquant la situa-

tion financière du ménage de l'individu (facile, plutôt facile, dans la moyenne nationale, plutôt difficile, difficile)

c01 Une variable dichotomique indiquant si l'in-

dividu a reçu une éducation formelle

urbrurf Une variable dichotomique indiquant le mi-

lieu de résidence (rural ou urbain)

FEGlobal Une variable catégorielle indiquant le niveau

d'instruction le plus élevé atteint par le père (aucun, primaire, secondaire, universitaire, post-universitaire)

MEGlobal Une variable catégorielle indiquant le niveau

d'instruction le plus élevé atteint par la mère (aucun, primaire, secondaire, universitaire, post-universitaire)

informal Une variable dichotomique donnant le type

d'activité (formel ou non) de l'individu

sex

informal

c01

b14

64

Graphique E.1 - Graphe bayésien I
Source : Auteur

urbrurf

sex

c01

informal

b14

65

Graphique E.2 - Graphe bayésien II
Source : Auteur

urbrurf

sex FEGlobal

c01

b14

MEGlobal

informal

66

Graphique E.3 - Graphe bayésien III
Source : Auteur

67

Annexe

 

F

 

Spécification et vraisemblance du modèle

Dorénavant, rappelons qu'il n'est pas nécessaire d'intégrer les pondérations des individus dans le modèle : un document récent addresse la question, il s'agit de celui de Gary Solon, Steven Haider, and Jeffrey Wooldridge (Février 2013). Nous restons dans le cadre de la spécification amorcée à la section présentant le modèle Tobit généralisé (5.3).

Dans le modèle, on suppose que les deux erreurs ez et uz sont reliées par la distribution suivante :

D(ez, uz) ti N(0, E)

où E est une matrice symétrique définie positive. On peut donc lui appliquer une factorisation de Cholesky 1. Autrement dit, il existe une matrice D0, triangulaire supérieure, telle que E = D0D'0, avec :

? ?

a1 a2

D0 = ?

0 a3

On peut écrire

6 = a1e1 + a2e2 u = a3e3

e1 et e2 sont des variables suivant des lois normales centrées réduites, indépendantes. Ce qui implique pour les variables latentes :

{

y* = /3'x + a1e1 + a2e2 r* = á'w + a3e3

Puisque nous nous intéressons seulement au signe de r*, sans perte de généralités, nous fixons a3 = 1. La matrice E donne :

E

(a21+ a22 a2a3 = ?

a2a3 a23

? (a21 + a22 a2

a2 1

1. Toute matrice A symétrique définie positive possède une factorisation du type A = TT', où 0 est une matrice triangulaire supérieure. Le théorème principal est dû à André-Louis Cholesky (1875-1918). Les algorithmes de détermination de T les plus connus sont : l'algorithme de Cholesky (original), l'algorithme de Cholesky-Banachiewicz et l'algorithme de Cholesky-Crout.

Il s'ensuit donc que cov(åi, ui) = a2. Pour des raisons de simplifications, nous posons a2 = ñ. Étant donné que ñ peut être nul, nous imposons a1 soit strictement positif pour conserver la qforme générale du modèle. Pour la suite, on pose : óå = a2 1 + a22. Le modèle se présente donc comme suit :

(ui ?åi

avec

ñ ó

)N(()(1 ñå

E[yz |xi, wi, r = 1] = â'xi + E[åi|ui = á'iwi]

= â'xi + (ñóå)[?(áwi)/ (áwi)] = â'xi + (ñóå)ë(áwi)

et ë(·) = ?(·)/0(·) (l'inverse du ratio de Mills qui sera estimé dans le modèle), où 0 est la fonction de répartition d'une loi normale univariée, et ? sa densité. Si ñ est positif, on parle d'une sélection positive, dans le sens où l'espérance yz est augmentée. Un estimateur de ó2å peut être obtenu à partir de :

Si

n0 n0

~2 =

àç'àç

P

i

+

(b)2

si = âi(

àëi+â'xi)

çà est le vecteur des résidus obtenu par moindres carrés ordinaires de l'équation yz = â'xi + (ñóå)ë(â'xi) + çi

, n0 est le nombre d'observations retenues pour la régression de cette équation,

68

et ri'ë l'estimateur du coefficient ñó. Un estimateur de la corrélation entre åi et ui est :

ñà= :6ë/a.

Pour une estimation par les moindres carrées, ñà peut être en dehors de l'intervalle [-1, 1], car sa valeur est basée sur une estimation de ë(·) 2 (Heckman, 1979, p.157). Ce qui n'est pas pertinent toutefois. Un estimateur convergent de la matrice de variance-covariance est donnée par :

V[AR[àâ, â] = 6-2[X'ë]-1[X'ë(I - P2 Ô)+ Q][X'ë]

Q = àñ2(X'ë ÔXs)V[AR[â](X'sà0)

avec Xs, la matrice de toutes les observations wi, est la matrice des observations xi et ),i, I

2. Ceci est valable pour la matrice de variance-covariance

la matrice identité, Äà une matrice diagonale avec comme éléments les àäi, et V[ARá] la matrice de variance-covariance du modèle probit de sélection (Greene 1981, 2002).

Pour obtenir la vraisemblance, la probabilité que yi ne soit observé est donnée par :

P[ri = 1|xi, wi] = P[rz < 0|xi, wi]

= P[ui < á'wi] = 1 - Ö(á'wi)

où Ö est la fonction de répartition d'une loi normale centrée réduite. La distribution conditionnelle de y sachant r = 1 est :

H(yi|ri = 1, xi, wi) = (P[yi < 0|ri = 1, xi, wi])1-yi x (P[yi > 0|ri = 1, xi, wi])yi

= (P[åi < â'xi|ri = 1, xi, wi])1-yi x (P[åi > â'xi|ri = 1, xi, wi])yi

P[åi < â'xi, ri = 1|xi, wi]

= P[ri = 1|xi, wi]

y-yi P[åi > â'xi,ri= 1|xi,wi]!yi

x P[ri = 1|xi, wi]

P[åi < â'xi, ui > á'wi|xi, wi]

= Ö(á'wi)

)1-yi P [åi

> â'xi, ui > á'wi|xi, wi] !yi

x Ö(á'wi)

69

Ce calcul invoque les intégrales pour plus de finesse. On vient donc de retrouver la probabilité conjointe suivante :

P[ri = 1, yi] = Ö(á'wi) x H(yi|ri = 1, xi, wi)

Puisque si r = 0, on a nécessairement y = 0, on en déduit :

P[ri = 0, yi = 0|xi, wi] = P[ri = 0|xi, wi] = 1 - Ö(á'wi)

La log-vraisemblance est donc donnée par :

lnr(è) = Xn (1 - ri)ln(1 - Ö(á'wi)) + Xn riln(Ö(á'wi)) + Xn rilnH(yi|ri = 1, xi, wi)

i=1 i=1 i=1

70

Annexe

 

G

 

Copula distributions

Usually, D(åi, ui) is considered to be Gaussian. The classic bivariate probit model with non-random sample selection (which relies on bivariate normality and on linear or pre-specified non-linear covariate-response relationships) mainly consists of two equations, describing the underlying unobserved binary outcomes, which are linked through a standard bivariate Gaussian distribution where the correlation coefficient captures the presence of unobservables influencing the two decision-makers 1. But, data can possibly require another distribution approach. To account for non-Gaussian dependence between treatment (ri) and outcome (yi), Winkelmann (2011) discussed the use of copula. Radice, Marra, and Wojtys (2015) proposed an approach to make it possible to deal simultaneously with unobserved confounding, non-linear covariate effects and non-Gaussian dependence between treatment and outcome 2. It is possible in fact to run a selection model for binary data which allows for Gaussian and nonGaussian dependencies through copulae and for the mean and association parameters to be heterogeneous by employing several types of smooth functions of covariates ; this work extended the scope of the approaches presented in Marra and Radice (2013) and McGovern, Barnighausen, Marra, and Radice (2015).

The probability of event (y1i = a, y2i = b), for a, b E {0, 1}, can be defined as 3 :

pabi = P(y1i = a, y2i = b) =

{

CD(P(y1i = a),P(y2i = b); è) if a = b CD+90°(P(y1i = a), P(y2i = b); è) if a =6 b

where D E {0°, 90°, 180°, 270°}, P(yvi = 1) = 0(çvi for v = 1, 2. 0 is the cumulative distribution function (cdf)of the standard univariate Gaussian distribution. çvi E 118 is a linear regressor, C00 is a two-place copula function (Sklar 1959, 1973), èi is an association parameter measuring the dependence between P(y1i = a) and P(y2i = a), and :

C900(ui, vi) = vi - C00(1 - ui, vi; èi) C1800(ui, vi) = ui + vi - 1 + C00(1 - ui, 1 - vi; èi)

C2700(ui, vi) = vi - C00(ui, 1 - vi; èi)

1. It can be fitted in in R using sampleSelection (Toomet and Henningsen 2008).

2. These developments are incorporated in an R package SemiParBIVProbit.

3. A 2-dimensional copula is a distribution function on [0,1] x [0,1], with standard uniform marginal distributions.

71

avec ui = P(y1i = a) and vi = P(y2i = b)

The marginal cdfs are conditioned on covariates (through r71i and 172i), but for notational convenience we have suppressed this when expressing them. Since the strength and direction of the association between the two marginals may, for instance, vary across groups of observations, the dependence parameter is specified as a function of a linear predictor : ei = m(ri3i), where m is a one-to-one transformation which ensure that ei lies in its range. Phi2 is the cdf of a standard bivariate normal distribution with correlation coefficient e. Quantity e is set to the machine smallest positive floating-point number multiplied by 106, and is used in some cases to ensure that the dependence parameters lie in their respective ranges.

Tableau G.1 - Definition of copulae with corresponding ranges of association parameter Oi

Copulae
Clayton

C0°(u, v; ei)

(u+ v- 1)- 1

è

Range of e
e
E]0, +oo[

m(.)

exp(.) + e

Frank

-e-1log[1 + (e-èu - 1)(e-èv - 1)/(e- 1)]

e E 118 {0}

· +6

Gaussian

02(0-1(u), 0-1(v); e)

e E [-1, 1]

tanh(.)

Gumbel

e E [1, +oo[

exp(.) + 1

exp{-[(-logu)è + (-logv)è]é }

Joe

1 - [(1 - u)è + (1 - v)è - (1 - u)è(1 - v)è

e E]1, +oo[

exp(.) + 1 + e

72

Annexe

 

H

 

Les fonctions d'influence du Modèle estimé en deux

étapes

Nous restons avec les hypothèses énoncées au paragraphe de la robustesse de Zhelonkin. La fonction d'influence de l'estimateur en deux étapes du modèle de sélection est donnée par :

(IF(z; T, F) = M-1 Ø2(z(2); h(z(1); S(F)), T(F)

+ f ? Ø2(z(2); è, T(F))

? h((z(1); ç)dF(z).IF(z; S, F))

avec M = - f 4Ø2(z(2); è, î)dF(z),

Ø2(z(2); h(z(1); S(F)),T(F)) = ?logf2

avec f2 la vraisemblance du modèle à l'étape 2, S une fonctionnelle de la distribution des observations z, de telle sorte que S(F) = á, S(FN) = àá, h(z(1); S(F)) étant l'inverse du ratio de Mills.

La log-vraisemblance de la première étape (première régression) étant donnée par :

N

E [ylog{Ö(á0w)} + (1 - y)log{1 - Ö(á'w)}]

i=1

et donc on a : IF(z; S, F) = M(Ø1, F)-1Ø1(z(1); S(F)), avec :

Ø1(z(1); S(F )) = ?logf1

y - Ö(á0w)

= ,
Ö(á'w){1 - Ö(á'w)(á w)w,

et

M(Ø1, F) = [(á'w){1

(á'w)2f - Ö(á w)}J

Ce calcul peut être fait pour la deuxième étape également en remplaçant dans la log-vraisemblance le terme /3'x par /3'x + /3Ah(z(1); S(F)).

La variance asymptotique a pour formule :

fV (T, F ) = IF(z; T, F)IF(z; T, F)TdF(z)

et la fonction de changement de variance1 qui mesure l'influence de la moindre contamination sur la variance de l'estimateur (et donc par conséquent l'influence sur l'amplitude de l'intervalle de confiance de l'estimateur) est donnée par :

[CV F (z; T, F ) = (a/aå)V (T, FE)]E=0

Pour borner la fonction d'influence, Zhelonkin et al. (2013) ont modifié la fonction score, dont les détails sont précisés dans leur thèse.

73

1. The change-of-variance function (CVF) (en anglais).

Annexe

I

 

Tableaux générés pour l'analyse économétrique

Dans cette partie, les abréviations TE et OE, signifiant Treatment Equation et Outcome Equation, désignent respectivement dans les régressions l'équation de sélection et l'équation de régression sur l'auto-emploi.

Tableau I.1 - Modèle de sélection I avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique Coefficients

(Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée -0.8852***

(0.3359)

-1.0878***

(0.3252)

Dans la moyenne nationale

Plutôt difficile -1.1835***

(0.3247)

-2.636 0.2282***

5.0050

5.2410

4.9570

(0.0456)

-3.3450 0.2173***

(0.0415)

-3.3460 0.2064***

(0.0416)

Difficile -0.4845

(0.3270)

-1.4820 0.2251***

(0.0421)

5.3540

Niveau d'instruction Modalité de référence : Aucune éducation formelle

Primaire 0.5941***

11.882 -0.1799***

-9.5050

(0.0500) (0.0182)

Secondaire 0.2982***

(0.0522)

Post-secondaire 1.4051***

(0.0900)

24.8740 -0.4007***

(0.0204)

15.6160 -0.2596***

(0.0259)

-19.6770

-10.0300

Constante 0.6509***

5.0870 0.2351***

5.271

(0.3246) (0.0446)

Age Modalité de référence : 15-20 ans

20-25 -0.7804*** -15.5150 - - - - - -

(0.0503)

25-29 -0.8498** -14.4310 - - - - - -

(0.0589)

sigma(ó) 0.3670*** 87.2760 ; rho(ñ) 0.1928*** 3.0560

(0.0042) (0.0631)

74

Nombre d'itérations = 10000

 

Algorithme de maximisation : SANN Log-Likelihood : -4801.2600 (dl=20)

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

75

Tableau I.2 - Modèle de sélection II avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique Coefficients

(Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée -0.6292**

2.1340 0.3439***

6.9130

(0.2949) (0.0497)

Dans la moyenne nationale

-0.1177 -0.4290 0.2132***

(0.2743) (0.0445)

4.7880

Niveau d'instruction Modalité de référence : Aucune éducation formelle

Primaire 0.2499***

4.9820 -0.1443***

-7.1390

(0.0502) (0.0202)

Secondaire 0.4388***

(0.0587)

Post-secondaire 1.9125***

(0.1623)

7.4710 -0.2997***

(0.0212)

11.7850 -0.1804***

(0.0327)

-14.1580

-5.5100

Sexe Modalité de référence : Homme

Femme 0.3722*** 9.7090 0.0522*** 4.5090

(0.0383) (0.0116)

Constante 0.1709***

(0.2785)

4.2050 0.0834

(0.0513)

1.6250

Age Modalité de référence : 15-20 ans

20-25 -0.5331*** -9.8620 - - - - - -

(0.0541)

25-29 -1.0791** -19.6800 - - - - - -

(0.0548)

sigma(ó) 0.3980*** 47.08 ; rho(ñ) 0.6620*** 11.64

4.8720

Plutôt difficile -0.6239**

(0.2761)

-2.260 0.2173***

(0.0446)

4.7650

Difficile -0.1267

(0.2771)

-0.4570 0.2167***

(0.0455)

(0.0085) (0.0569)

Nombre d'itérations = 10000

Algorithme de maximisation : SANN Log-Likelihood : -4870.9980 (dl=22)

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

76

Tableau I.3 - Modèle de sélection III avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique Coefficients

(Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée -0.4266

0.7530 0.1744***

3.1400

(0.5668) (0.0555)

Niveau d'instruction Modalité de référence : Aucune éducation formelle

Primaire 0.5178***

(0.0435)

Secondaire 0.8079***

(0.0460)

Post-secondaire 1.0058***

(0.0819)

11.9140 0.1192***

(0.0180)

17.5640 0.0842***

(0.0158)

12.2760 0.1568***

(0.0261)

6.6420

5.3210

6.0100

0.7150

Plutôt difficile -0.7010

(0.5445)

-1.2870 0.0360

(0.0503)

3.8190

Difficile -0.3405

(0.5449)

-0.6250 0.1956***

(0.0512)

Dans la moyenne nationale

-0.6985 -1.2820 0.0918*

(0.5446) (0.0503)

1.826

Migrant Modalité de référence : Non

Oui -0.1434

-6.665 -0.3358***

-4.2030

(0.2157) (0.0799)

Constante 0.9413*

1.7300 -0.0717

-1.3980

(0.5442) (0.0513)

Age Modalité de référence : 15-20 ans

20-25 -0.0393

(0.0345)

25-29 -0.2869***

(0.0363)

-1.1390 - - - - - -

-10.9110 - - - - - -

sigma(ó) 0.4490***

(0.0056)

80.45 ; rho(ñ) 0.9585 - -----

Nombre d'itérations = 10000

Algorithme de maximisation : SANN Log-Likelihood : -4898.495

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

77

Tableau I.4 - Modèle de sélection IV avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique Coefficients

(Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée -0.3022

-1.0430 0.0366

0.8460

(0.2896) (0.0432)

Difficile -0.2388

(0.2765)

-0.8610 -0.0480***

(0.0398)

-1.207

Niveau d'instruction Modalité de référence : Aucune éducation formelle

Primaire 0.3992***

(0.0523)

Secondaire 1.2566***

(0.0546)

Post-secondaire 0.8661***

(0.0977)

7.6250 0.0365**

(0.0176)

23.009 -0.0132

(0.0208)

8.8670 -0.0143

(0.0258)

2.0670

-0.6340

-0.5560

Sexe Modalité de référence : Homme

Femme -0.0136 -0.3170 0.0225** 2.3140

(0.0428) (0.0097)

Etat civil actuel Modalité de référence : Célibataire/jamais marié (e)

2.4570

-0.7170***

(0.2752)

Dans la moyenne nationale

-2.6050 0.0964**

(0.0392)

2.6660

Plutôt difficile -0.5521**

(0.2749)

-2.0080 0.1046***

(0.0392)

Fiancé (e) (concubinage)

-0.4336***

(0.0926)

-4.6830 -0.1061***

(0.0267)

-3.9730

Marié (e) (civil, religieux, coutumier)

-0.6369***

(0.0676)

-9.4180 0.4727***

(0.0146)

32.4150

Séparé(e)/divorcé(e) -0.0560 0.276 0.1046 2.6660

(0.2030) (0.0392)

Veuf(ve) 0.1271 0.2930 0.5821 5.0130

(0.4335) (0.1161)

Constante 0.0851***

3.9110 -0.0556

-1.2820

(0.2775) (0.0434)

Age Modalité de référence : 15-20 ans

20-25 0.1172** 2.0390 - - - - - -

(0.0575)

25-29 0.0460 0.6820 - - - - - -
(0.0675)

sigma(ó) 0.3491*** 54.0660 ; rho(ñ) 0.3085*** 4.2280

(0.0065) (0.0730)

Nombre d'itérations = 10000

Algorithme de maximisation : SANN Log-Likelihood : -4416.1060 (dl=30)

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

78

Tableau I.5 - Modèle de sélection V avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique Coefficients

(Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée -0.3556

-1.1080 0.0827

2.1220

(0.3211) (0.0390)

Dans la moyenne nationale

-0.6877**

(0.3087)

-2.228 0.0750**

(0.0355)

2.1120

 
 
 

2.3370

Plutôt difficile -0.7194**

(0.3081)

-2.3350 0.0847**

(0.0356)

0.6410

Difficile -0.3146

(0.3097)

-1.0160 0.0231

(0.0360)

-13.5550

Primaire 0.3843***

6.9540 -0.1917***

Niveau d'instruction Modalité de référence : Aucune éducation formelle

(0.0553) (0.0141)

Secondaire 1.1272***

(0.0597)

Post-secondaire 1.3423***

(0.1317)

18.8880 -0.3248

(0.0131)

10.1890 -0.4153

(0.0203)

-24.7270

-20.5080

Sexe Modalité de référence : Homme

Femme 0.2688*** 5.9820 0.0335*** 3.8510

(0.0449) (0.0087)

Etat civil actuel Modalité de référence : Célibataire/jamais marié (e)

Fiancé (e) (concubinage)

-0.5225***

(0.0924)

-5.6540 0.1957***

(0.0222)

8.8230

38.2370

-0.5375***

(0.0594)

Marié (e) (civil, religieux, coutumier)

-9.0430 0.4494 ***

(0.0118)

Séparé(e)/divorcé(e) -0.3640*

(0.1922)

-1.8940 0.5845***

(0.0493)

11.868

Veuf(ve) -0.0186

(0.4097)

-0.0450 0.5773***

(0.1020)

5.6580

Atacora 0.1992**

2.1610 -0.0262

-1.0350

Département Modalité de référence : Alibori

(0.0922) (0.0253)

Atlantique 0.4174***

(0.0910)

Borgou -0.3043***

(0.0882)

4.5880 0.0186

(0.0235)

-3.4490 -0.0129

(0.0251)

0.7910

-0.5130

Collines 1.5026***

(0.1297)

Couffo 1.5273***

(0.1177)

Donga 0.0998

(0.1028)

12.502 -0.0723**

(0.0254)

12.9820 -0.0044

(0.0252)

0.9710 -0.1737***

(0.0274)

-2.8500

-0.1740

-6.3390

0.3170

-0.5800

-0.7610

Littoral 0.4415***

(0.1004)

Mono 1.2475***

(0.1167)

Ouémé 0.6504***

(0.0962)

4.3990 0.0078

(0.0245)

10.6860 -0.0152

(0.0261)

6.8240 -0.0185

(0.0244)

Plateau 0.8676***

(0.0986)

8.7960 0.0279(0.0256)1.0870

Zou 0.7437***

(0.1043)

7.1320 -0.0686***

(0.0243)

-2.8210

7.3300

Constante 0.7133**

(0.3113)

2.2910 0.2932

(0.0400)

20-25 -1616***

-2.7210 - - - - - -

Age Modalité de référence : 15-20 ans

(0.0593)

25-29 -0.1216* -1.8610 - - - - - -
(0.0653)

sigma(ó) 0.3154*** 96.2000 ; rho(ñ) -0.6731*** -45.8100

(0.0033) (0.0147)

Nombre d'itéra-

Algorithme de maximisation : SANN Log-Likelihood : -3812.6510 (dl=52)

tions = 10000

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

79

- 4.6999e05 (0.0001)

1.6068e04

(0.0002)

-

0.0968***

(0.0134)

-

0.0366***

(0.0156)

-0.0189 (0.0654)

0.1160 (0.0991)

2.4632e04

(0.0003)

Post-secondaire

-0.1975

(0.1465) 0.0872*** 0.1338 (0.1980)
(0.0293)

Femme 0.0553***

(0.0414)

4.4066e-

04**

(0.0002)

-

0.0247**

(0.0096)

0.2665*** (0.0437)

Tableau I.6 - Modèle de sélection VI

Variables

TE :Co-

OE :Co-

OE :Co-

efficients (Ecart-type)

efficients (Ecart-type)

efficients (Ecart-type)

TE :Coefficients (Ecart-type)

Régression simple Régression robuste

Situation financière du Ménage Modalité de référence Situation facile

-0.0096

(0.2894) 0.1978*** -0.4045 (0.3727)

(0.0433)

-0.4985*

(0.2720) 0.1898*** -0.7570** (0.3577)

(0.0393)

-0.8597** (0.3571)

-0.1485

(0.2739) 0.1553*** -0.3620 (0.3589)

(0.0401)

Difficile

Niveau d'instruction Modalité de référence Aucune éducation formelle

Niveau d'instruction du pere Modalité de référence Aucune éducation formelle

-0.0301

(0.0810)

-

1.4696e04

(0.0002)

Primaire

-

0.0419***

(0.0159)

-0.0867 (0.0831)

Niveau d'instruction de la mere Modalité de référence Aucune éducation formelle

-

Post-secondaire 0.7937***

(0.2404)

-0.0406 -0.5902 (0.3164)

(0.0567)

0.2084

Secondaire (0.1462) 0.1695*** 0.1107 (0.1655)

(0.0232)

1.7022e04

(0.0002)

- 9.2809e04 (0.0008)

Sexe Modalité de référence Homme

Age Modalité de référence 15-20 ans

0.0762***

-

0.5094***

(0.0530)

(0.0123)

0.4513***

-

0.4365***

(0.0518)

(0.0132)

9.9350e-

01***

(0.0035)

Constante 1.0095***

(0.2731)

0.0230 1.0267*** (0.3572)

(0.0424)

0.2301 (0.2735)

0.3888*

Oui (0.2332)

73.2260 (T-stat.);

sigma(ó) 0.3485***

(0.0048)

5.1260

rho(ñ) 0.2749*** (0.0536) (T-stat.)

Nombre d'itérations = 10000

Algorithme de maximisation SANN Robust IMR 7.4506e-03 ** (0.0033) Log-Likelihood -4433.6600 (dl=37)

-0.2844*** (0.0551)

-0.2439*** (0.0533)

- 3.4499e04** (0.0002)

7.0565e04

(0.0012)

Bénificaire de transferts d'argent Modalité de référence Non

20-25

25-29

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%) * ( signif. au seuil de 10%)

0.1251***

Plutôt difficile

(0.0394)

-

0.5867**

(0.2715)

- 9.9403e01*** (0.0032)

1.4124*** (0.1391)

0.4590*** (0.0547)

1.1979*** (0.0607)

- 9.9545e01*** (0.0026)

- 9.9397e01*** (0.0032)

-

0.0743***

(0.0171)

Primaire 0.5628***

(0.0536)

-

0.1714***

(0.0177)

Secondaire 1.3818***

(0.0587)

-

0.3071***

(0.0245)

Post-secondaire 1.1332***

(0.1061)

Primaire 0.2184***

(0.0648)

0.2345**

Secondaire (0.0925)

Plutôt aisée

Dans la moyenne nationale

-

1.3999e04

(0.0002)

- 6.7968e04** (0.0003)

- 8.8371e04** (0.0004)

- 8.8371e04** (0.0004)

80

Tableau I.7 - Modèle de sélection VII avec dépendance gaussienne

Variables

Equation de Sélection Régression sur l'auto-emploi

 

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique

Coefficients (Ecart-type)

Z-statistique

Situation financière du Ménage

 

Modalité de référence : Situation facile

Plutôt aisée

0.1430

0.5760

-0.2672***

-6.2230

 

(0.2483)

 

(0.0429)

 

Dans la moyenne

-0.3163

-1.3300

-0.4282***

-10.7560

nationale

(0.2379)

 

(0.0398)

 

Plutôt difficile

-0.6862***

-2.8580

-0.4141***

-10.1610

 

(0.2401)

 

(0.0407)

 

Difficile

-0.5238**

-2.2220

-0.3377

-8.3540

 

(0.2357)

 

(0.0404)

 

Avoir reçu une formation professionnelle Modalité de référence : Non

Oui 0.8157***

4.2230 -0.3819***

-10.8870

(0.1932) (0.0351)

Le père a reçu une formation professionnelle

Modalité de référence : Non

Oui

-0.4060**

(0.1708)

-2.3770

-0.2076*** -5.0530

(0.0411)

 
 
 
 

La mère a reçu une formation professionnelle

Modalité de référence : Non

Oui

0.0624

(0.2471)

0.2520

-0.3540*** -6.9160

(0.0512)

Sexe

 
 

Modalité de référence : Homme

Femme

0.2453***

(0.0367)

6.6840

-0.2672*** -6.2230

(0.0429)

Constante

1.5882***

(0.2379)

12.441

0.4889*** 12.4410

(0.0393)

Age

 

Modalité de référence : 15-20 ans

20-25

25-29

0.04169*** (0.0129) 0.4561*** (0.0124)

3.2290

36.685

0.0417*** 3.2290

(0.0129)

0.4561*** 36.6850
(0.0124)

Bénéficaire de transferts d'argent

 

Oui

Oui

1.1296***

(0.2614)

4.3210

 

sigma(ó)

0.3409***

(0.0036)

94.3370 ; rho(ñ)

0.07292*** 0.8090

(0.0901)

Nombre d'itéraAlgorithme de maximisation : SANN

tions = 10000

*** ( signif. au seuil de 1%) ** ( signif. au seuil de 5%)

Log-Likelihood : -5129.707 (dl=25) * ( signif. au seuil de 10%)

81

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Table des matières

Remerciements iv

Avant-propos v

Sommaire vii

Sigles et abbréviations viii

Liste des tableaux ix

Liste des graphiques x

Résumé xi

1

Faits stylisés et problématique de l'auto-emploi au Bénin

1.1 Importance économique de l'auto-emploi

1.2 Pourquoi parler d'auto-emploi au Bénin?

1.2.1 Un bref aperçu du marché du travail

1.2.2 La formation professionnelle et technique

1.2.3 L'auto-emploi : l'alternative fatale

1.3 Problématique, objectifs et hypothèses de recherche

8

8

9

9

11

12

14

2

Revue de littérature sur l'auto-emploi et ses déterminants

16

 

2.1

Qu'est-ce que l'auto-emploi?

16

 

2.2

La place du capital humain à travers l'influence de l'éducation

18

 
 

2.2.1 La garantie d'une réussite professionnelle pour le travailleur autonome le

 
 
 

plus diplômé

18

 
 

2.2.2 L'éducation : corrélation positive avec l'auto-emploi à travers le sous-emploi 18

 
 

2.2.3 L'éducation : corrélation positive avec l'auto-emploi à travers le chômage

19

 

2.3

La formation professionnelle et l'intention entrepreneuriale

19

 

2.4

L'auto-emploi : une réponse aux disparités du genre

20

 

2.5

L'environnement familial et la contrainte de liquidité

21

 

2.6

Personnes handicapées

22

90

2.7 Autres facteurs démographiques 23

3 Méthodologie adoptée 24

3.1 Méthodologie retenue 24

3.2 Les variables retenues pour le modèle économétrique 24

3.3 Les données 25

4 Caractérisation socio-économique des jeunes travailleurs indépendants du

Bénin 27
4.1 Une vue d'ensemble à l'aide d'une analyse des correspondances multiples . . . . 27 4.1.1 Le Groupe I : l'auto-emploi pour une gestion individuelle du chômage et

des situations précaires 27
4.1.2 Le Groupe II : l'auto-emploi pour une gestion individuelle du sous-emploi 28 4.1.3 Le Groupe III : L'auto-emploi comme clé de la réussite professionnelle . . 29

4.2 Financement des activités et indépendance économique 29

4.3 Les produits de leurs activités 31

4.4 Le chiffre d'affaire mensuel 32

4.5 ...Tous vers l'informel: Pourquoi ? 33

4.5.1 Le niveau d'éducation 33

4.5.2 Le capital culturel 34

5 Spécification du modèle économétrique 36

5.1 L'auto-emploi comme une double décision 36

5.2 Sélection de l'échantillon pour l'étude économétrique 37

5.3 Modèle Tobit généralisé: la méthode de Wynand et van Praag 39

5.4 Robustesse du Modèle 40

5.4.1 Critique du modèle d'Heckman 40

5.4.2 Robustesse de Zhelonkin 42

6 Résultats du modèle économétrique et discussion 44

6.1 Mise en oeuvre du modèle économétrique 44

6.2 Discussion 45

A Importance de la formation professionnelle et technique 51

Annexes 51

B International Classification by Status in Employment (ICSE) : ICSE-1993 54

C Self-employment and Treatment Of Particular Cases 57

D Résultats de la classification 60

91

E Représentation des graphes 62

F Spécification et vraisemblance du modèle 67

G Copula distributions 70

H Les fonctions d'influences du Modèle estimé en deux étapes 72

I Tableaux générés pour l'analyse économétrique 74

Bibliographie 81






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"La première panacée d'une nation mal gouvernée est l'inflation monétaire, la seconde, c'est la guerre. Tous deux apportent une prospérité temporaire, tous deux apportent une ruine permanente. Mais tous deux sont le refuge des opportunistes politiques et économiques"   Hemingway