5.3.2 Institutions politiques
Depuis les événements de 2000 et de 2004, la
santé démocratique du pays continue de se
détériorer, en dépit de la réélection de
René Préval, en 2006, et de l'élection de Michel Martelly
en 2011. Point besoin de parler de la légitimité et de
l'efficacité des institutions politiques puisque la stabilité
politiques dépend non seulement d'es acteurs politiques (Éric
Sauray, 2015), mais aussi d'elles.
Le conseil électoral provisoire a été,
depuis au début du siècle, on ne peut plus décrié,
et n'inspirant pas confiance. En effet, la crédibilité du
processus électoral a été affectée le 5
février 2000 lorsque le Conseil électoral provisoire a
décidé de mettre à l'écart 40 des 105 candidats se
présentant aux élections sénatoriales. Aucun candidat issu
des factions adverses de Fanmi Lavalas (le parti de l'ancien président
Jean-Bertrand Aristide) n'a été accepté. Plusieurs acteurs
nationaux et internationaux ont manifesté leur inquiétude devant
cette décision controversée. Le Conseil électoral
provisoire a finalement accepté certains candidats initialement
rejetés, mais les personnes associées au parti Fanmi Lavalas
n'ont définitivement pas été retenues. La MINUSTAH affirme
que la non-participation d'un parti politique doit être
évitée. Comme conséquence, on a l'impression que la
population ne remplit pas son devoir civique pour légitimer le
politique. Au premier tour des élections sénatoriales visant
à renouveler le tiers du Sénat, le taux de participation au sein
des électeurs haïtiens n'a été que de 11 %.
L'exemple le plus flagrant dans l'histoire des
élections frauduleuses en Haïti est donné en 2010 et
rapporté par Cherubin G. qui écrit : « Dans les faits, la CI
(Communauté Internationale) a le dernier mot dans les disputes
soulevées par des irrégularités observées dans
certaines élections ; disputes concernant la validité de ces
élections et la reconnaissance de leurs résultats. [...] Parfois,
comme en 2010, c'est la communauté internationale elle-même qui
commande la conduite à suivre dans le jeu électoral et dicte les
« bons résultats » attendus du CEP (Chérubin, 2014 :
258-260). Non seulement cet exemple décrit l'ingérence de la
communauté internationale en Haïti, mais aussi que la
souveraineté du peuple est mise en jeu, que le peuple n'est pas libre et
donc pas souverain s'il n'a même la capacité de choisir son
destin. Peut-être que ça confirme très clairement ce vieux
proverbe « Qui finance commande ».
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