4.2.2 Gestion d'ordre externe : les bailleurs de fonds
Traditionnellement, la majorité des fonds
décaissés en tant qu'aide au développement a
été canalisée à travers des projets de
développement qui se sont caractérisés par des budgets,
des objectifs et des calendriers spécifiques en dehors des
systèmes de gestion du pays bénéficiaire (CREFAS, 2013).
Ce qui explique bien des fois pourquoi de fortes sommes sont
dépensées sans pourtant atteindre un objectif de
développement pour les bénéficiaires. C'est pour
répondre à cette problématique qu'un grand nombre
d'États et d'agences multilatérales se sont entendus sur le
besoin d'une meilleure harmonisation des interventions afin que l'aide au
développement puisse générer des résultats positifs
et sur le long terme. Dans la Déclaration de Paris sur
l'efficacité de l'aide en 2005, les pays donneurs se sont donc
engagés à simplifier leurs procédures et à utiliser
des dispositifs communs, notamment en fournissant 66% de leur aide à
travers des programmes jusqu'en 2010.
La déclaration de Paris le cadre de
référence en ce qui concerne la gestion de l'aide tant de la part
des bailleurs que des bénéficiaires. Ces principes sont :
79
Tableau 12 : Les grands principes adoptés lors
de la conférence de Paris sur l'efficacité de l'aide au
développement (2005)
Principes Titre
Principe 1 Prendre le contexte comme point de
départ
Principe 2 Ne pas nuire
Principe 3 Faire du renforcement de
l'État l'objectif fondamental
Principe 4 Accorder la priorité à
la prévention
Principe 5 Reconnaître qu'il existe des
liens entre les objectifs politiques, sécuritaires
et de développement
Principe 6 Promouvoir la non-discrimination
comme fondement de sociétés stables et sans exclus
Principe 7 S'aligner sur les priorités
locales d'une manière différente selon le contexte
Principe 8 S'accorder sur des
mécanismes concrets de coordination de l'action des
acteurs internationaux
Principe 9 Agir vite ... mais rester
engagé assez longtemps pour avoir des chances de réussite
Principe 10 Éviter de créer des
poches d'exclusion
Source : voir DAC OCDE, Aide aux Etats Fragiles :
Focus sur Haïti (Paris, 2009)
Alors que beaucoup d'organismes continuent à
privilégier des procédures plus rapides, la construction
d'institutions solides ainsi que de programmes durables et indépendants
de l'aide semble souvent être remise au second plan (CREFAS, 2013).
Ainsi, au lieu de créer un climat de bonne gouvernance, fortifiant le
cadre institutionnel du pays, les bailleurs de fonds ont transgressé les
principes de l'accord de Paris surtout en ce qui concerne le principe 3 (Faire
du renforcement de l'État l'objectif fondamental) et le principe 7 :
l'alignement, et ils plutôt agi en lieu et place des autorités
haïtiennes, transgressant ainsi les principes de la souveraineté
politique du pays. L'exemple de la CIRH illustre bien cet état de fait :
tous les postes décisionnels ont été assurés par la
communauté internationale, même le président de la
République n'est pas au courant de certaines décisions.
Contextuellement, la CIRH, comme l'a écrit R. Seitenfus (2015), a
été créée pour remplacer définitivement un
Etat inexistant avec pour
80
fonction principale de veiller à une administration
transparente, efficace et cohérente des ressources envoyées par
la communauté internationale dans un Etat haïtien fraichement
ravagé par un tremblement de terre a causé la perte de 120 % du
PIB. Au lieu d'utiliser l'aide pour la reconstruction et le
développement du pays, la CIRH avait plutôt utilisée l'aide
à sa guise, selon sa volonté. L'aide n'était donc pas
alignée sur les priorités nationales.
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