La communication du tourisme est aussi fragilisée par
une communication parallèle menée par des acteurs de la
communication non spécialisés dans le domaine du tourisme. A cela
s'ajoute une corporation sur internet. Hormis la présence de la presse
en ligne et des réseaux sociaux comme le montre le tableau ci-dessus,
nous avons décelé d'autres sources qui relaient des informations
sur le conflit et le tourisme en Casamance. Cette corporation n'appartient ni
aux journalistes ni aux professionnels du tourisme. C'est pourquoi nous nous
sommes intéressés à ses sources et à ses articles
en ligne, surtout sur les réseaux sociaux ou les médias sociaux
dans leur ensemble. En même temps, nous avons alors posé ces
questions : cette corporation de la communication est-elle une source
autorisée ou non ? Les articles qu'elle publie répondent-ils aux
normes sur la publication d'images ? Voici ce que l'enquête a
donné comme résultat via le tableau suivant. Bref, ce sont entre
autres des personnes ayant un simple compte Facebook ou
YouTube, des individus faisant partie d'un groupe
Facebook, certains blogs et des publications extraites des articles de
la presse en ligne et que l'on peut retrouver sur des pages
indépendantes.
Figure 3 : Les sources relayeurs
d'information
Les relayeurs d'informations x Les images
non
100
85
oui
archives(anciennes) actualisées
24
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Source : Enquête de terrain, avril 2019.
0
8
7
61
Ce graphique, à la suite de l'enquête
quantitative, croise deux données : la nature des images que l'on
retrouve sur des articles de la presse en ligne et des médias sociaux et
ceux des relayeurs d'information qui ne font pas partie des professionnels de
l'information et du tourisme.
Concernant les relayeurs d'informations sur le tourisme en
rapport avec le conflit, bien entendu, il est ressorti que les individus
interrogés sur la question ont tous été confrontés
à la situation sur internet. Autrement dit, le constat est
général. A cet effet, 61% des répondants ont
affirmé que les informations auxquelles ils ont fait face étaient
issues d'une autre source différente de celle des professionnels de la
communication et du tourisme. Seulement 7% ont affirmé que des
informations venaient de journalistes ou d'un site de presse en ligne. C'est un
fait inédit car on en arrive à constater un remue-ménage
sur le plan de la communication ; internet est en train justement de prendre
une proportion énorme ; s'il n'a fini de le faire avec une forte
audience (des millions, voire 1 milliards et plus ; voir tableau 5) laissant
une petite marge de manoeuvre aux médias physiques, c'est-à-dire
non virtuelles.
Sur la question de la nature de la plupart de ces images que
l'on retrouve sur les articles en ligne, 61% des interrogés affirment
que ce ne sont pas des images actualisées. Cela qui signifie
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qu'on peut tomber sur des images montées provenant
d'ailleurs et qui n'ont aucun rapport avec conflit. En revanche, les 24%
soutiennent que ces images sont réelles. C'est une révolution qui
est en train de s'opérer dans l'espace médiatique et du
traitement de l'information. Mais, elle a des impacts négatifs à
cause du conflit en Casamance. Imaginez-vous la publication d'un supposé
« braquage » en Casamance sur internet avec une fausse image de fond.
Cela va créer forcément une situation très
délicate. Non seulement des millions d'internautes vont ignorer qu'ils
ont reçu une fausse information, mais ils vont sans doute la propager
dans le monde entier. En plus, l'image illustrative est caduque,
inadaptée et incohérente à la situation. Enfin, cette
intoxication médiatique va aggraver la situation touristique de la
Casamance tout en détériorant considérablement cette
activité au plan national. La désinformation sur le conflit
casamançais a eu des conséquences déplorables sur ce
secteur. De façon laconique, M. Ba en a mesuré l'ampleur en ces
termes : « Un élu local m'a appelé et m'a fait savoir
qu'à cause de ça, des touristes ont renoncé de venir
». Donc, il y a un réel problème concernant le
traitement de l'information de la part des acteurs de la communication : les
journalistes (radio, télévision...), ceux de la presse en ligne
où l'on retrouve aussi les relayeurs sur les réseaux sociaux pour
lesquels nous nous sommes rendu compte qu'ils sont seulement des sources non
autorisées pourtant « légalisées »54
par la liberté d'expression.