INTRODUCTION GENERALE
Sans un apport critique et un recyclage permanent, la
formation sacerdotale toute entière du pasteur serait privée de
son fondement nécessaire. Cette affirmation n'exprime pas seulement une
donnée toujours suggérée par la raison et confirmée
par l'expérience : c'est une exigence qui trouve son leitmotiv le
plus profond et le plus spécifique dans la nature même du pasteur
et de son ministère. Le pasteur, appelé à être
"image vivante" de Jésus Christ, lui-même Pasteur et chef de
l'Eglise, doit chercher à refléter, dans la mesure du possible,
la perfection humaine qui resplendit à travers le Fils de Dieu fait
homme. Une telle attitude transparaît avec une singulière
efficacité dans ses rapports avec les autres, comme les Evangiles les
présentent. Le ministère du pasteur consiste, certes, à
annoncer la Parole, à célébrer les sacrements, à
guider la communauté chrétienne ``au nom et dans la personne du
Christ'' mais cela, en s'adressant toujours à des hommes de
manière concrète et selon leur contexte.
C'est pourquoi la formation et le recyclage du pasteur
revêtent une importance particulière, en raison de sa relation
avec les destinataires de sa mission. En effet, pour que son ministère
soit humainement plus crédible et plus acceptable, il faut que le
pasteur modèle sa personnalité humaine de façon à
en faire un "pont" et non un obstacle pour les autres dans la rencontre avec
Jésus Christ, Rédempteur de l'homme. Il doit être
ã?ë``kâbédh''1(*) c'est-à-dire lourd en connaissance et ayant une
base intellectuelle bien solide. D'ailleurs, Jean ANSALDI dans son ouvrage
Le dialogue pastoral rappelle avec force que :
« Dans notre monde moderne, la sous-qualification ne passe
plus.»2(*)
i.1. Du sujet.
Le pasteur est appelé à travailler sur l'homme
en tant que corps et esprit, âme et conscience. Il est nécessaire
qu'il soit capable de le connaître en profondeur. Pour ce faire, il doit
avoir l'intuition de ses difficultés et de ses problèmes,
faciliter la rencontre et le dialogue, développer un climat de confiance
et de collaboration, exprimer des jugements sereins et objectifs. Dans cette
logique, nous avons orienté nos recherches vers le
thème suivant: La problématique de la formation
et du recyclage du pasteur dans l'E.E.C. : une analyse
exégético-théologique de Malachie 2 :
5-9. Devant un choix pareil, plusieurs éléments
sont entrés en jeu pour notre motivation.
i.2. Des motivations
Devant ce thème qui nous a particulièrement
marqué, nous sommes parti de plusieurs constats parmi lesquels :
- Les diplômes
académiques sont pour plusieurs le sommet de la formation.
- Certains pasteurs,
consacrés au saint ministère n'ont pas reçu au
préalable une bonne formation théologique. Or, le philosophe
Ebénézer NJOH MOUELLE estime que :
« Un homme affamé et démuni de
tout est un homme enchaîné, il en est de même d'un homme
ignorant, (...) Le mythe de la caverne est éternellement
vrai. »3(*)
- Des jeunes sont
recrutés et placés dans des communautés sans formation
théologique.
- Parmi les étudiants qui
sont inscrits à l'I.P.T.N. certains, sinon la plupart
déclarent : « On est entré, on va sortir.
Personne n'est jamais callé ici.»4(*)Ceci expliquerait alors leur manque d'engagement,
de persévérance et d'engouement pour la formation. Ils semblent
plus préoccupés par les affaires de la paroisse. Aussi
négligent-ils pour la plupart leur formation.
- Sur le terrain, les sermons du
pasteur deviennent parfois pratiquement monotones. La cause est à
rechercher dans les multiples services qu'il accomplit souvent dans la paresse
et l'incapacité à continuer sa formation. Il la trouve d'ailleurs
ennuyeuse ou embêtante. En fait, son objectif était la robe
pastorale.
- Un certain nombre
d'années après la consécration, rares sont les pasteurs
qui préparent leurs prédications en partant des langues bibliques
(l'hébreu et le grec). Ils ont vite fait de ``réchauffer'' les
anciennes prédications ou d'improviser, comptant parfois sur la seule
action du Saint Esprit.
- Face aux
événements qui secouent la société, certains
pasteurs se comportent comme si les fidèles n'étaient pas
concernés. Ils gardent ainsi un silence coupable et laissant les
chrétiens courir à la ruine.
- Nous avons été
conforté dans notre manière de penser quand le Dr POUNGUE
KEMAYOU Nestor nous a relaté qu'un pasteur avait
préféré une bouteille de bière à un livre
qu'il lui avait proposé, confirmant ainsi cette remarque : « L'anti-intellectualisme est le
propre du clergé en milieu africain »5(*).
- Plusieurs pasteurs ne sont pas
bien outillés quand il faut apporter un point de vue face à des
sujets d'actualité. Signalons que cette liste de tares
observées dans les habitudes intellectuelles des pasteurs n'est pas
exhaustive. Alors, dans quel cadre comptons-nous limiter notre
travail ?
i.3. De la
délimitation du sujet
Devant cette problématique
et par souci de mieux cerner les contours de notre travail, nous nous proposons
de circonscrire nos recherches dans les Eglises protestantes membres du
C.E.P.C.A. et particulièrement dans l'E.E.C. où nous avons par le
passé, servi comme Evangéliste durant quatre ans avant notre
entrée dans cette structure de formation. Ainsi, dans ce cadre, comment
comptons-nous aborder ce sujet ?
i.4. De la
méthodologie d'approche et du plan de travail
Pour notre travail, le plan
suivant nous semble mieux indiqué.
Dans le premier chapitre nous nous
exercerons d'abord à une approche sémantique des mots-clés
du sujet. Ensuite, nous présenterons de manière brève
notre Eglise cible (E.E.C.). Enfin, nous jetterons un regard panoramique sur la
formation des formateurs dans l'E.E.C.
Compte tenu de la
spécificité de notre institution de formation, nous avons
jugé mieux de consacrer le deuxième chapitre à
l'étude exégétique et théologique du texte de
Malachie 2 : 5-9 qui nous aidera à mieux cerner les contours de la
formation et du recyclage du clergé tel que voulu par la Bible, ceci, en
plus de la présence agissante du Saint-Esprit. Un autre détail
qui n'est pas des moindres dans ce chapitre est celui de l'étude
herméneutique du texte de Malachie 2 :5-9 afin d'y dégager
les applications nécessaires dans le domaine sociopolitique,
pédagogique, ecclésial et pastoral.
Notre troisième chapitre
sera consacré aux propositions concrètes pour répondre aux
défis et enjeux qui attendent actuellement le pasteur, la
réforme de la formation et du recyclage, en vue de l'amélioration
de la formation et la suscitation d'une envie permanente de se recycler, sans
oublier les propositions pour une utilisation rationnelle des
compétences pour un développement quantitatif et qualitatif de
notre Eglise, corps du Christ.
CHAPITRE I : DES GENERALITES
Introduction
Ce premier chapitre est composé de trois parties
importantes. Il s'agit d'abord d'un essai de définition des
mots-clés du sujet, ensuite d'une brève présentation de
l'Eglise-cible (E.E.C.) et enfin de la présentation de la formation des
formateurs dans l'E.E.C. Suivant ainsi la méthodologie annoncée,
qu'en est-il des mots considérés comme clés de notre
sujet ?
1.1. Essai de définition des
mots-clés
Afin d'éviter toute équivoque, nous proposons
dans les lignes suivantes le sens que nous donnons aux mots :
formation, recyclage et le vocable pasteur. Cela
étant, voyons ce que signifie le mot formation.
1.1.1. Le concept de formation
Selon le Dictionnaire Encyclopédique Encarta, la
formationest un nom commun, féminin
singulier qui a le sens de l'enseignement destiné à une personne
ou un groupe. Il s'agit des connaissances théoriques et pratiques
nécessaires à l'exercice d'un métier ou d'une
activité. C'est ainsi qu'on peut parler de : formation en
alternance, formation sur le tas, suivre une formation et formation
professionnelle.6(*)
La formation est aussi un ensemble des connaissances
théoriques et pratiques acquises dans un domaine, une activité ou
un métier. Dans ce sillage, elle prend donc le sens de culture.
1.1.2. Définition du terme
recyclage
Notons que ce mot est dérivé du verbe
``recycler'' qui signifie acquérir des formations
complémentaires. Selon le Dictionnaire Encyclopédique Larousse,
le recyclage est la formation complémentaire à des cadres,
à des techniciens ou à des fonctionnaires pour leur permettre de
s'adapter aux progrès scientifiques et industriels.7(*) Pour le Dictionnaire
Encyclopédique Encarta, le recyclage est un nom commun, masculin qui a
beaucoup plus trait au traitement d'un matériau ou d'un
élément en vue d'une nouvelle utilisation. On parle alors dans ce
cas du recyclage des déchets. Dans le cadre professionnel, le mot
recyclage désigne une formation destinée à
acquérir ou à compléter les connaissances
nécessaires pour l'exercice d'un métier ou pour une reconversion
professionnelle.8(*) On peut
donc dire que se recycler c'est suivre une formation destinée à
acquérir de nouvelles connaissances requises par une profession.
C'est aussi apprendre une nouvelle technique.
1.1.3. Qu'est-ce qu'un pasteur ?
Il nous semble plus judicieux, avant d'élucider le sens
de ce mot, que nous puissions examiner le contenu du vocable
ministère, car le pasteur exerce sa charge dans un ensemble connu sous
le nom de ministère pastoral, avant de définir l'expression
pasteur.
Le ministère est un nom commun, masculin singulier. Il
est polysémique. C'est ainsi qu'il désigne dans le langage
administratif, l'administration centrale dirigée par une personne d'Etat
au sein du gouvernement comme le ministère de la Culture par
exemple ; mieux encore, ministère désigne le bâtiment
où sont installés les différents services. Dans le jargon
politique c'est la fonction d'un ministre. Son synonyme ici est le
portefeuille. C'est également un groupe constitué par les
responsables du gouvernement et les secrétaires d'Etat. Sur le plan
religieux, le ministère fait référence à la
fonction de prêtre ou de pasteur. Il n'est pas superflu de signaler que
ce mot est issu de ministre qui, lui vient du latin ``minister'' et
signifie ``serviteur''. Il désigne celui qui fait le prêche et
remplit les fonctions du culte dans les Eglises protestantes. Le terme
``Pasteur'' vient du latin ``pastor''. Il dérive lui-même
de ``pasci'' qui veut dire faire paître, en hébreu
øòä9(*)
(ro'éh). Ce mot, signifiant aussi « prêtre »
correspond en hébreu aux vocables ëäï (kohen)ou
ëîø (komêr)
. Il
est celui qui garde des troupeaux, c'est-à-dire le berger en
hébreu. Ceux-ci étaient surtout composés de moutons en
Israël au temps de Jésus. Ce gardien est alors le berger. Il se
trouve dans la liste des ministères de l'Eglise cités dans Eph 4
: 11-15. Il désigne aussi le responsable d'une Eglise (Ac 20 : 28, 1 Pi
5 : 2-3). Cette désignation correspond au travail qu'ils ont à
accomplir auprès des brebis, des membres de l'Eglise.
Les pasteurs ont été plus communément
désignés du XVIème au XVIIème siècles sous
le nom de ``ministres'' ou ``ministres de la Parole de Dieu'', puis de
``ministres du Saint Évangile''. Pour Jean Jacques ALLMEN,
« La réforme a finalement opté
pour un titre nouveau. Celui de pasteur. Ce titre est reconnu à tous
ceux qui exercent le ministère essentiel. »10(*) Le vêtement
sacerdotal des pasteurs est la
robe pastorale. Selon
Bernard GILLIERON, le titre de pasteur désigne un ministre responsable
d'une communauté chrétienne11(*). Associé à la fonction
d'épiscope, le pasteur est chargé de veiller sur le troupeau qui
est la communauté, de le protéger des loups féroces
équivalents aux faux prophètes qui sortiront de ses rangs pour le
dévorer (Ac 20 :29ss ; 1Pi 5 :2). Le pasteur a plus
le rôle protecteur de la communauté imparti aux anciens qu'un type
particulier de ministère. Le pasteur, berger, prêtre ou conducteur
spirituel en charge de la paroisse assure le culte dominical et les
différents actes cultuels ou actes pastoraux (Baptêmes,
Confirmations, Sainte-Cène, Mariages, Enterrements, etc.)
Il anime différentes activités (Etudes
bibliques, Groupes divers de réflexions et de partages) et s'occupe de
l'instruction religieuse des jeunes (Culte d'enfants ou club biblique,
catéchèse, etc.) Il effectue un certain nombre de visites,
notamment chez les malades et les personnes éprouvées ou
isolées, et représente la communauté paroissiale à
l'extérieur. Mais, dans toutes ces tâches, le pasteur n'agit pas
seul. La communauté paroissiale est en effet dirigée par un
conseil d'Anciens dont le pasteur en est le président.
Cette partie élucidée, que nous réserve
alors le deuxième élément de notre chapitre, à
savoir la brève présentation de l'E.E.C. Comment cette
dernière est-elle née ? Comment est-elle organisée ? Quels
sont les ministères reconnus en son sein ?
1.2. Brève présentation de
l'E.E.C.
Le choix de la présentation de cette Eglise n'est pas
fortuit. Elle est notre Eglise cible et aussi celle qui nous a aidé
à grandir sur le plan spirituel jusqu'à la reconnaissance de
notre vocation. Quelles sont les étapes ayant contribuée à
la genèse de l'E.E.C. ?
1.2.1. De la genèse de l'E.E.C.
« L'Eglise Evangélique du Cameroun, en
abrégé E.E.C, fait partie de l'Eglise universelle, corps du
Christ, chargée d'annoncer la bonne nouvelle du salut en
Jésus-Christ et de rendre témoignage du Royaume de Dieu jusqu'au
retour du Seigneur »12(*)
Cette Eglise est un hybride de trois grandes
Sociétés de Mission entre autre la Mission Baptiste de Londres,
la Mission de Bâle et la Société des Missions
Evangéliques de Paris.
a) La Mission Baptiste de Londres
(1841-1886)
Elle est plus connue sous le nom de Baptist Missionary
Society. Elle a travaillé au Cameroun d'entente avec les Eglises
baptistes de la Jamaïque, de 1841à 1886.13(*)
Son premier contact avec le Cameroun remonte au 1er
février 1841 avec la visite du Docteur G.K. Prince et du Pasteur John
CLARKE, tous deux Afro-américains de la Jamaïque. En novembre 1843,
arrive Joseph MERRICK, âgé d'une trentaine d'année, qui
s'installe à BIMBIA près de LIMBE. Il y crée la
première station missionnaire. Ce dernier n'eut pas seulement le
mérite de persister dans le ministère avec l'apprentissage de la
langue douala, mais aussi de frayer le chemin de la Mission vers
l'intérieur. Avant sa mort en 1848, il est rejoint par Alfred SAKER
d'origine anglaise en 1845. Celui-ci créera une école
industrielle. Il a eu le mérite de traduire la Bible en langue douala.
SAKER est aidé dans sa lourde et exaltante mission par T.H. JOHNSON, G.
NKWE, J.J. FULLER. En gros, la Mission Baptiste de Londres a permis l'essor de
l'Eglise à Douala.
b) La Mission de Bâle (1886-1914)
Elle succède à la Mission Baptiste de Londres
après la prise de Douala par l'Allemagne en 1884. Les Britanniques
abandonnèrent définitivement la mission en 1888. Dès leur
arrivée, les missionnaires bâlois créèrent neuf
stations missionnaires, deux centres de formation des maîtres et des
catéchètes. De ces centres, sortirent les premiers pasteurs
camerounais au rang desquels Joseph DIEBOL, Joseph EKOLLO, Joseph KUO ISSEDU,
Jacob MODI DIN dont le rôle fut important dans l'implantation de l'Eglise
au Cameroun. C'est par la Mission de Bâle que l'Evangile
pénétra le GRASSFIELD qui comprend la partie anglophone du
Nord-Ouest, et l'actuelle région de l'Ouest. En 1914, la Mission de
Bâle comptait quatre cent quatre lieux de culte, quinze mille cent douze
membres et vingt et deux mille huit cent dix huit
élèves.14(*)
c) La Société des Missions
Evangéliques de Paris (1917-1957)
La première guerre mondiale, soldée par la
défaite de l'Allemagne entraîna l'expulsion des
missionnaires ; car tous les territoires coloniaux de l'Allemagne furent
placés sous l'égide de la S.D.N. La partie du Cameroun
placée sous mandat français n'eut plus le droit de continuer avec
la Mission de Bâle et l'avenir de son immense oeuvre fut alors mis en
cause. C'est alors qu'entra en jeu la S.M.E.P. qui commença son travail
au Cameroun en 1917 avec une tâche que nous pouvons résumer en
deux devoirs impérieux : « Entrer en relation avec
les Eglises délaissées pour les rassurer, les réconforter
et pour leur montrer des coeurs fraternels. Mais ils furent en même temps
chargés d'un devoir patriotique. »15(*)
Les travaux avec cette société de Mission
continuèrent jusqu'en 1946. A cette date, la Mission connut une crise
financière critique. Elle fit appel aux Eglises-soeurs pour l'aide.
Plusieurs autres facteurs vont y s'ajouter pour précipiter les jours de
la S.M.E.P. Nous pouvons citer :
Les déclarations de la conférence de Brazzaville
qui supprimèrent les travaux forcés et le régime de
l'indigénat.
La reconnaissance aux prêtres et aux pasteurs
indigènes le statut de citoyens en vue de leur confier l'enregistrement
de l'état civil.
La constitution de 1949 qui avait pour but :
« De préparer les Eglises lentement et mûrement
à leur autonomie »16(*)
Nous n'oublions pas l'« affaire
Bamoun » qui fut l'un des conflits opposant la S.M.E.P. et
l'Eglise locale. En Août 1956 à
Foumban, la Commission Synodale Générale demande l'autonomie
à la S.M.E.P. et le nom E.E.C. fut adopté après plusieurs
discussions. Ces évènements et bien d'autres ouvrirent
grandement la porte à l'autonomie de l'E.E.C. qui fut promulguée
de manière solennelle le 10 mars 1957 dans le temple du Centenaire
à Douala avec pour premier Président le Pasteur Paul JOCKY.
Depuis son autonomie, l'E.E.C. est bien organisée comme
toutes les grandes structures de sa trame. Les lignes qui suivent nous
montreront comment est régie son organisation.
1.2.2. De l'organisation de l'E.E.C
Tel que le prévoit son Règlement
Intérieur, « Le champ d'action de l'Eglise
Evangélique du Cameroun est le territoire national. »17(*)
Notons en passant que cette Eglise se trouve
déjà dans la ville de Lyon en France et projette s'implanter dans
d'autres villes européennes dans un futur proche. L'organisation de
l'E.E.C. est de type presbytéro-synodal. Elle est
presbytérale, parce qu'à la base les Anciens d'Eglise prennent
une part de décisions très importante à la vie de
l'Eglise. Elle est dite synodale, car les décisions se prennent en
assemblée et non à partir des ordonnances d'un individu. De
manière générale, nous pouvons dire qu'on retrouve dans
l'E.E.C. quatre grandes structures :
Ø La structure administrative
Elle est composée de la base au sommet du Lieu de
culte, de l'Annexe, de la Paroisse18(*), du District ecclésiastique19(*), de la Région
synodale20(*) et en
dernier ressort du Bureau de l'Eglise Evangélique du Cameroun.
Ø La structure
délibérative
Dans le même ordre que plus haut nous avons tour
à tour l'Assemblée d'Eglise, le Consistoire, le Synode
régional enfin le Synode général.
Ø La structure
exécutive
Cette autre structure est constituée du conseil
d'Anciens à la base, suivie de la commission synodale régionale,
et en dernier ressort de la commission exécutive.
Ø La structure directive
L'organisation ici part du bureau paroissial au bureau
d'Eglise en passant par le bureau du district et de la région. Les
membres du bureau de l'Eglise sont : un président pasteur, un vice
président pasteur, un vice président laïc, un
secrétaire pasteur, et un trésorier laïc. Cette
configuration du bureau s'étend aussi au niveau de la région et
du district.
Pour ne pas être refermée sur elle-même et
partager les autres expériences l'E.E.C. est ouverte aux autres Eglises.
Sa liturgie ne nous dira pas le contraire lorsque, dans sa préface nous
pouvons aisément lire : « L'E.E.C. est en communion
avec toutes les Eglises ayant pour fondement Jésus-Christ et collabore
fraternellement avec elles au Cameroun et dans le monde »21(*)
Ainsi donc, l'E.E.C. se présente comme une Eglise
ouverte qui collabore avec toutes les Eglises reconnaissant Jésus-Christ
comme Seigneur et Sauveur. En outre,
- Sur le plan national, elle fait partie du C.E.P.C.A.
- Sur le plan international, elle est membre du C.E.T.A., de
la C.E.V.A.A., du C.O.E., de l'A.R.M. et de la M.E.U.
Son organisation et son fonctionnement ainsi parcourus, les
données suivantes vont nous permettre de savoir les ministères
qui sont reconnus avec leurs contenus dans cette Eglise issue de la
Réforme.
1.2.3. Des ministères reconnus dans
l'E.E.C.
Selon son Règlement Intérieur, l'E.E.C.
reconnaît quatre ministères qui sont : le ministère
d'Anciens, des Conseillers, de l'Evangéliste et du Pasteur.
a) Le ministère d'Ancien
Un Ancien est une personne à qui l'on
reconnaît une certaine sagesse et une certaine expérience mieux
encore quelqu'un qui exerce ses fonctions de chrétien depuis un certain
temps et dans une communauté bien déterminée. C'est
pourquoi, pour être reconnu comme tel, il faut :
«Être chrétien communiant, régulièrement
inscrit dans une paroisse depuis cinq ans au moins et être
âgé d'au moins 25 ans. »22(*)
Cette élection pour un mandat de cinq ans sera suivie
d'une installation après une période de préparation. On
peut perdre ce titre pour plusieurs raisons parmi lesquelles la non
réélection, la démission, la mise sous discipline, les cas
constatés d'immoralité, de malversation, pour ne citer que
celles-ci. Les Anciens sont égaux entre eux et assistent l'ouvrier dans
sa mission. C'est un ministère de bénévolat et leur tenue
de service est bien connue. Si tel est le cas chez l'Ancien, comment est le
ministère des conseillers paroissiaux ?
b) Le ministère des Conseillers
Paroissiaux
« L'Eglise Evangélique du
Cameroun reconnaît le ministère particulier des conseillers
paroissiaux chargés d'aider de leurs compétences au
développement de la communauté. »23(*)
Ceux-ci sont des hommes et des femmes qui se sont
démarqués dans la communauté et sont choisis par le
conseil d'Anciens pour un mandat de cinq ans. Ils sont présentés
et sont en réalité les têtes pensantes et les mains
agissantes dans la communauté. Le conseil d'Anciens peut mettre fin aux
activités d'un conseiller pour inconséquences manifestes avec
l'engagement chrétien. C'est un ministère de
bénévolat. Est-ce le cas pour l'Evangéliste ?
c) Le ministère de
l'Evangéliste
C'est un ministère particulièrement important
pour l'Eglise comme son nom l'indique. C'est un officiant dans les Eglises
protestantes attachées à une interprétation
littérale et étroite des textes bibliques. Ce dernier est celui
qui pose en majorité sinon toujours les jalons d'une paroisse. Il est le
caterpillar24(*) de
l'Eglise. Son travail est un sacerdoce et son traitement laisse parfois
à désirer. Ils sont parfois recrutés sans formation et
ceux exerçant déjà ne sont pas recyclés. Or souvent
c'est parmi eux qu'on sélectionne certains pour les consacrer au saint
ministère. L'adoption d'une tenue pour ces derniers par la commission
exécutive a été purement salutaire. Comment se
présente alors le ministère pastoral ?
d) Le ministère du pasteur
C'est un ministère assez complexe. Il est à
plein temps, sauf cas de force majeure. Le pasteur est chargé d'assurer
les divers ministères de l'Eglise. En particulier : l'enseignement,
la proclamation de l'Evangile, la cure d'âme et l'administration des
sacrements.25(*) On
accède à ce ministère par la consécration. Son
exercice est pour toute la vie avec une mise en retraite à l'âge
de soixante et dix ans. Il peut être interrompu par plusieurs facteurs
comme la mise en disponibilité, la démission, et la sanction
disciplinaire. Le ministère pastoral est un sacerdoce et le traitement
qui en découle est là pour le témoigner. Le pasteur de
l'E.E.C. porte une robe de couleur noire avec un rabat blanc.
Pour exercer librement et de manière efficace ce
ministère, il faut avoir un certain bagage intellectuel, afin de faire
face au mercantilisme spirituel que la société moderne nous
présente. De ce fait, faisons une brève présentation de la
formation des responsables dans l'E.E.C.
1.3. De la formation et du recyclage des formateurs
dans l'E.E.C.
Ici, nous présenterons successivement la formation des
moniteurs du culte d'enfants, celle des Evangélistes et la formation des
pasteurs.
1.3.1. Formation et recyclage des moniteurs du culte
d'enfants « Instruis l'enfant selon la voie qu'il doit
suivre, devenu grand il ne s'en détournera point » (Pr.
22: 6.)
A travers cette déclaration biblique, nous pouvons
dire que l'éducation accompagne en fait l'enfant dans un parcours
d'initiation à la condition humaine, le long duquel des acquisitions
indispensables doivent être assurées et les expériences
réorientées selon les valeurs que l'on adopte comme
références. Ainsi donc, poser la pertinence de l'éducation
chrétienne, c'est répondre à ces questions avec la Bible,
non pas d'une façon formelle mais en appliquant à notre culture
les réponses qu'elle donne. Jill MASTERS, présentant le but
à atteindre pour la formation des enfants, écrit qu'il
faut: «Convaincre les enfants, plongés au coeur d'une
société athée, qu'ils ont un créateur et feraient
bien de penser à lui pendant leur jeunesse. »26(*) L'éducation
chrétienne agit sur la personne de l'enfant, confronté à
certaines réalités (culture, tradition, progrès
scientifiques et techniques...) ceci pour les faire connaître, les
nommer et les démystifier avec la réflexion inspirée par
la Parole de Dieu, avant d'intervenir pour fonder une pensée selon les
valeurs mentionnées dans la Bible. Pour le culte d'enfants, il
s'agit donc d'éduquer les tous petits afin qu'ils soient vraiment
imprégnés des valeurs chrétiennes et cette priorité
oriente tout naturellement les divers apprentissages. C'est pour
répondre de manière affirmative à cette
préoccupation que les Eglises ont pensé qu'il faut un cadre
approprié pour l'éducation chrétienne des enfants car,
comme le signale Jill MASTERS, le culte d'enfants est :
« Une manière de répondre aux besoins pastoraux des
jeunes croyants et d'assurer les parents (croyants ou non) que leurs enfants
reçoivent une éducation biblique. »27(*) Dans l'E.E.C.,
il existe une classe de personnes, tous âges confondus, qui travaillent
de manière bénévole pour la formation des enfants. On les
appelle les moniteurs du culte d'enfants. Leur formation est variée et
comporte plusieurs étapes. Il faut tout d'abord être
chrétien dans l'E.E.C. c'est-à-dire membre inscrit,
baptisé et confirmé ou à la rigueur, être au moins
inscrit à la catéchèse et suivant
régulièrement les cours. Une étape d'observation d'au
moins trois mois est de mise avant qu'on confie une charge au nouveau moniteur.
Après cette phase d'observation, il doit suivre des formations
organisées par la paroisse et appelées journées de
formation. Cette journée est suivie par la participation de ce dernier
aux week-ends de formation organisés par le district. Il dure en moyenne
deux jours. L'étape suivante de la formation du moniteur est
sa participation au camp régional qui dure environ dix jours, camp
organisé conjointement par la région et la plus haute
hiérarchie du culte d'enfants. Après le camp régional que
le « Pasteur des enfants » doit faire au moins deux fois,
il est attendu alors au camp national qui dure presque vingt et un jours,
organisé par le bureau national du culte d'enfants. Le couronnement de
cette formation arrive avec la participation du moniteur au camp de recyclage.
Après cette étape, le moniteur ayant rempli toutes ces conditions
peut désormais participer au camp de cadre en vue de former les autres
moniteurs en herbe. Il faut signaler que les moniteurs utilisent un canevas
pour la formation des enfants qui s'étend sur deux ans avec des
thèmes variés d'où la nécessité pour les
nouveaux moniteurs de se former et pour les anciens, de se recycler. De ce fait
que se passe-t-il chez les Evangélistes ?
1.3.2. Formation et recyclage des
évangélistes Conformément à l'article
17, alinéa a de son Règlement Intérieur,
« Tout ouvrier appelé par l'Eglise à la fonction
d'Evangéliste doit avoir suivi une formation organisée et
contrôlée par la Commission Exécutive, soit auprès
d'une Ecole Biblique, soit sur un programme assuré la Région
Synodale »28(*) Ainsi, nous comprenons aisément que
dans l'E.E.C. le ministère d'Evangéliste n'est pas subalterne,
car il faut au préalable suivre une formation soit à l'Ecole
Biblique Nationale de Foumban29(*) où les programmes sont assez
étoffés et tiennent sur une période de deux ans
intercalée par un moment de stage de trois mois dans une paroisse de
l'E.E.C. Les différents cours au programme sont :
«L'Histoire d'Israël ; l'Histoire des Religions ;
l'Histoire de l'Eglise ; L'Ancien Testament ; le Nouveau
Testament ; la Connaissance de l'Islam ; la Dogmatique ; la
Théologie Pratique ; l'Ethique ; le Français ; le
Catéchisme ; la Gestion des Ressources Humaines et
Financières »30(*) Les études s'achèvent par la
délivrance d'un diplôme attestant l'aptitude du candidat à
servir comme tel. Ce dernier est alors affecté dans une annexe ou
directement sous un pasteur dans une paroisse. D'ailleurs, le Règlement
Intérieur de l'E.E.C. parlant de l'Evangéliste stipule
qu'« Il assure les tâches du pasteur, à l'exception
du Baptême, Sainte-Cène, Mariage. »31(*) L'Evangéliste
peut également suivre une formation basée sur un programme
établi par la région synodale. Dans ce cas, la formation se
déroule généralement après les pastorales
régionales et peuvent aller de trois à quatre jours selon la
consistance de la caisse régionale. Après deux ans ou plus un
diplôme est décerné à celui qui occupait autrefois
le titre d'Aide Evangéliste et qui a régulièrement suivi
ces formations. Il est alors classé au même niveau que celui qui
sort fraîchement de l'Ecole Biblique Nationale de Foumban. Une chose est
à relever avec force ici, c'est l'écart considérable qui
existe entre les deux types d'Evangéliste sur le plan de la formation.
On a l'impression que l'un serait mieux outillé et l'autre aurait
uniquement le titre. Ici les thèmes sont survolés et les
facilitateurs n'ont pas toujours une aisance dans la discipline qu'ils ont
à transmettre. Le recyclage des Evangélistes dans l'E.E.C.
reste sûrement encore dans les tiroirs des dirigeants. Pour le moment,
ils peuvent bénéficier juste en participant à la formation
des Aides Evangélistes pour revoir les anciennes notions reçues
à l'Ecole Biblique Nationale de Foumban. Quant à un programme de
recyclage pour eux, il est peut être encore à l'état
embryonnaire ou foetal. Pourtant, leur recyclage devrait être aussi parmi
les priorités des dirigeants, vu l'oeuvre importante de ces derniers.
Karl BARTH présente cette oeuvre en ces termes :
««L'oeuvre d'un évangéliste »consiste comme
son nom l'indique (...) dans la proclamation, la prédication de
l'Evangile »32(*) Cette proclamation n'étant
possible qu'à partir d'un suivi intellectuel et un recyclage
considérable. Ainsi parcouru la formation et le recyclage des
Evangélistes, Comment se déroule la formation du pasteur dans
l'E.E.C. ?
1.3.3. Formation et recyclage des pasteurs
La Bible affirme que le pasteur devrait s'efforcer à
se :«Présenter devant Dieu comme un homme
éprouvé, un ouvrier qui n'a point à rougir, qui dispense
droitement la parole de la vérité» (2Tim 2 :15)
C'est sans doute dans cette logique que dans l'E.E.C., la
formation du pasteur prend de plus en plus largement de sens et devient
parfois l'une des voies incontournables qui conduisent à la
consécration comme le stipule son Règlement
Intérieur :
« Les futurs pasteurs (hommes ou femmes) doivent
recevoir une formation spirituelle et intellectuelle
poussée. »33(*) Sur un plan purement historique, c'est
dès le XVIe siècle que les réformateurs ont eu le souci de
la formation des pasteurs. S'ils devaient correctement prêcher
l'Évangile et administrer les sacrements, une formation solide devenait
indispensable. C'est pourquoi les pasteurs eurent en général une
formation universitaire solide pour un enseignement dépouillé de
tout dérapage. Jusqu'à ce jour, la robe noire qu'ils portent est,
précisément, l'habit universitaire et non un ornement
clérical.
Les pasteurs reçoivent une formation
post-baccalauréat de trois ou dix années dans les facultés
de théologie, une formation qui accorde une grande place aux sciences
bibliques (l'Ancien et le Nouveau Testaments sont étudiés
à partir des textes originaux hébreu et grec). De ce fait le
pasteur Simon Bolivar NJAMI-WANDI allant dans le même sillage
déclare : « L'homme de Dieu doit par ailleurs
avoir fait de bonnes études pour être à la hauteur de ses
lourdes responsabilités pastorales. Car un bon pasteur doit être
un communicateur à travers son contact quotidien avec ses ouailles ainsi
que par la prédication constante de la parole de
Dieu. »34(*)
Diplômé en théologie, l'étudiant
reçoit un complément de formation dans l'Eglise de son choix,
Eglise qui le reconnaîtra comme pasteur à travers le rite de
l'ordination ou de consécration, encore appelée
«reconnaissance de ministère» dans certaines Églises.
Ainsi notre Eglise ne fait pas exception de cette pratique historique car, en
dehors des Evangélistes qui peuvent d'un moment à l'autre
recevoir une grâce particulière et être consacrés au
saint ministère pastoral, tous les pasteurs doivent au préalable
suivre une formation théologique soit au Cameroun (U.P.A.C., I.P.T.N)
soit à l'étranger. L'entrée d'un étudiant de
l'E.E.C. dans une institution de formation théologique tient compte d'un
certain nombre d'éléments parmi lesquels le passage
par :
« Une période préalable
d'observation avant son admission en formation après proposition
écrite du conseil d'Anciens, signée par le pasteur et deux
témoins, visée par le président du consistoire, le
président de la commission synodale et, en dernier ressort par le
président de l'Eglise Evangélique du Cameroun ou un des membres
pasteurs du bureau. »35(*) Les étudiants sortis de
l'I.P.T.N. semblent avoir une base théorique assez considérable
comme le souligne le Rév. Dr. Emmanuel TCHUINDJANG.36(*) Cette structure de formation a
pour ambition non seulement de former des pasteurs mais aussi et surtout
d'assurer un enseignement de qualité en théologie. Elle se veut
une institution qui forme à la recherche socio- religieuse, à
l'analyse sociale en vue de l'évangélisation et du
témoignage chrétien. En fait, son objectif fondamental est de
doter les étudiants des diverses Eglises fondatrices d'une nouvelle
génération de pasteurs, d'évangélisateurs et
d'animateurs théologiques capables de répondre aux besoins
profonds des chrétiens et aux quêtes essentielles des populations
surtout en ces temps où les Eglises d'Afrique sont appelées
à intensifier leur présence dans la dynamique de la renaissance
et de la reconstruction deleur continent.
Quant à la fréquentation dans cet Institut, les
étudiants viennent des Eglises membres du Conseil des Eglises
Protestantes du Cameroun (C.E.P.CA) et de l'Eglise Evangélique du Gabon
ou toute autre Eglise qui le sollicite. Ainsi, l'I.P.T.N. en collaboration avec
l'U.P.A.C. de Yaoundé reste fidèle et soumis à la parole
de Dieu, aux confessions de foi issues de la Réforme, à leur
vocation interecclésiastique, internationale et oecuménique. Le
nombre des étudiants varie entre soixante et soixante et dix
étudiants mais spécialement cette année académique
il regorge en son sein quatre vingt et seize étudiants.
L'I.P.T.N. a une bibliothèque même si elle est
un peu vétuste, qui aide les étudiants à mener à
bien leurs recherches. Elle leurs permet d'être mieux outillés non
pas seulement dans les autres disciplines mais aussi et surtout en
théologie comme le pense Karl BARTH : « Il nous faut
être des écoliers, à l'école de l'Ecriture
Sainte. »37(*)
Quant au corps enseignant, les professeurs sont
envoyés par les Eglises fondatrices et les partenaires pour les
matières d'appui aux matières fondamentales de formation
théologique. L'encadrement des étudiants est assuré par
une quinzaine d'enseignants dont sept docteurs, un historien, deux
néotestamentaires, deux vétérotestamentaires deux
historiens de religions, un théopraticien et un éthicien. De
temps en temps, l'Institut reçoit aussi des professeurs étrangers
et vacataires pour les matières complémentaires comme dans les
autres milieux universitaires.
Avec la nouvelle société fondée sur
l'informatique, l'intelligence et le savoir, cet Institut se propose de former
des pasteurs adaptés à ce contexte. Il faut donner une âme,
une spiritualité à la nouvelle société. C'est
généralement dans cet optique que les pasteurs de l'E.E.C. sont
formés. La formation à l'I.P.T.N. dure trois ans pour ceux qui
sont nantis d'un Baccalauréat de l'enseignement secondaire ou de son
équivalent. Ces derniers sortent avec une Licence en théologie et
sont placés comme pasteurs proposants dans des paroisses. Ceux qui n'ont
pas le Baccalauréat toutes séries confondues, font cinq ans
d'études avec une année de stage compris et sortent nantis d'un
Baccalauréat en théologie.
A l'U.P.A.C. qui devait en principe recevoir uniquement les
étudiants préparant une Maîtrise ou un Doctorat en
théologie, les conditions d'étude diffèrent
légèrement mais l'objectif reste le même qu'à
Ndoungué. Les formations reçues à tous ces niveaux
permettent aux pasteurs de mieux exercer dans les Eglises et
particulièrement dans l'E.E.C.
Conclusion partielle
Nous venons de faire un tour d'horizon pour voir le sens des
mots clés de notre sujet. Ces mots nous ont conduit à la
présentation de notre Eglise cible. Nous avons également
présenté la formation et le recyclage des moniteurs (pasteurs des
enfants), des Evangélistes et des pasteurs.
Pourtant, la formation et le recyclage du pasteur semblent
avoir un fondement biblique notamment dans le livre du prophète
Malachie, le chapitre deux, les versets cinq à neuf. De quoi est-il
question dans ce passage sur le plan exégétique ? A-t-il une
portée théologique ? Peut-on l'appliquer dans le
ministère pastoral actuel ? Le deuxième chapitre de notre
travail nous éclairera sûrement.
CHAPITRE II : ETUDE EXEGETIQUE, THEOLOGIQUE ET
HERMENEUTIQUE DU TEXTE DE MALACHIE 2 :5-9.
Introduction
Ce chapitre sera constitué de trois grandes parties
essentielles. Nous partirons de l'exégèse de Mal 2 :5-9
à son étude herméneutique en passant évidemment par
le parcours théologique de quelques thèmes qui nous semblent
importants. Le plan ainsi établi, commençons par
l'exégèse de Mal 2 :5-9.
2.1. Exégèse de Malachie
2 :5-9
« L'exégèse est l'étude
philologique, philosophique et doctrinale d'un texte. Elle est l'explication
d'un texte pour en dégager le sens. »38(*)
Elle comporte plusieurs étapes (introduction du livre,
une étude critique et contextuelle et un commentaire
exégétique) qui constitueront le socle de cette partie
exégétique.
2.1.1. Brève introduction au livre de Malachie
et étude des contextes
Il sera question pour nous de faire des recherches sur
l'auteur, la date de composition, les destinataires, le but et le plan du livre
de Malachie.
a) Du nom de l'auteur et
de la date de composition Malachie est le dernier en date des
prophètes envoyés à Juda après le retour de la
captivité. Le livre de Malachie est un livre totalement anonyme. En
effet, il ne s'agit pas d'un nom propre, mais simplement d'un nom commun
signifiant «l'envoyé » ou «mon
messager». Le livre ne possède aucune section autobiographique
et l'auteur ne donne aucun renseignement sur son identité. Malachie nous
est connu seulement par ce livre. Les tentatives pour identifier cet anonyme
à quelque personnage connu comme
http://fr.wikipedia.org/wiki/EsdrasEsdras39(*) par exemple sont de pures
hypothèses ne reposant sur aucun élément consistant.
Aggée et Zacharie prophétisaient au milieu des
événements rapportés au livre d'Esdras. Malachie est d'un
temps postérieur, ou encore connu comme un prophète
postexilique, car il mentionne des circonstances analogues à
celles du chapitre 13 de Néhémie. Mais tout porte à penser
que sa prophétie a été prononcée après cette
période. Quoi qu'il en soit, sa portée dépasse infiniment
ce cadre plus ou moins restreint, car Malachie décrit l'état
moral du peuple, tel qu'il existait encore en partie sous Jean-Baptiste,
dernier prophète de l'ancienne alliance, alors que Jésus, le
Messie promis à Israël, était prêt de paraître
sur la scène.
On dispose, par contre, d'indices permettant de proposer une
datation. En effet, le culte fonctionne à nouveau normalement et la
destruction d'Edom paraît bien avancée, ce qui nous amène
déjà au début du cinquième siècle avant
Jésus Christ. La situation du clergé semble très
problématique du fait de la décadence et du relâchement, ce
qui vise une époque assez éloignée de la ferveur des
recommencements du culte en
http://fr.wikipedia.org/wiki/Isra%C3%ABl
Israël. On se trouve en fait dans le même contexte que celui des
livres d'Esdras et de Néhémie (injustices sociales,
problème des mariages mixtes, etc.) et on pourrait dater ce livre
quelques années avant l'intervention de
http://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9h%C3%A9mie
Néhémie (-445) probablement vers -460. Donc environ 450 ans av.
J-C. C'est probablement les derniers mots de Dieu à son peuple, dans
l'ancienne alliance.
Rentré de l'exil de Babylone, en partie dès 536
av. J-C, le peuple d'Israël a retrouvé son pays, son
indépendance nationale, sa vie politique (non plus sous un roi, mais un
gouverneur, 1.8) et religieuse (sacrificateurs, 2.1). Mais une mentalité
nouvelle a remplacé l'enthousiasme des pionniers du retour de la
captivité (comme Israël aujourd'hui). L'élan du coeur n'y
est plus. La médiocrité s'est installée dans les moeurs.
Nous pensons comme G.L. ARCHER concernant la datation qu'
« Environ 433 av. J.-C. serait donc une estimation
raisonnable. »40(*)
Mais l'activité du prophète s'est
déroulée probablement sur plusieurs années ou mêmes
décennies, et les derniers oracles peuvent être postérieurs
à cette intervention. Malachie ne nous parle prophétiquement ni
de l'empire d'Alexandre, ni des temps héroïques des
Maccabées, ni de la conquête romaine. Mais il fait le tableau
moral très sombre de l'état du peuple, et met en relief, sur ce
fond obscur, l'existence d'un petit groupe préparé, par
l'épreuve, à saluer la venue du Libérateur.
b) Des destinataires, du but et du plan du
livre
Malachie est une personne qui annonce l'avenir et
révèle les vérités cachées de Dieu aux
hommes :
Il « s'adresse aux judéens en
général (1.1) et aux prêtres en particulier en vue de la
restauration d'un culte irréprochable. »41(*)
Ainsi, nous pouvons recenser les destinataires de ce livre en
partant d'Israël, fils de Jacob (3; 6) représentant le peuple
élu de Dieu, à ceux qui craignent l'Eternel (3.16; 4.2)
c'est-à-dire les fidèles, en passant par les sacrificateurs (1.6;
2.1) reconnus comme les conducteurs de ceux-ci.
Quant à son but, grosso modo, le livre de Malachie
apparaît comme un code de réforme dans les pratiques cultuelles et
culturelles juives. Dans les proclamations, ce prophète veut montrer le
degré d'amour de Dieu envers Israël. Ce peuple est invité
à une vie de prière, d'obéissance et de
responsabilité. Pour nous résumer, nous faisons nôtre cette
déclaration de Thomas RöMER:
« Comme d'autres livres (...), Malachie
commente, voire idéalise l'histoire ancienne du peuple en citant les
évènements et les personnages du passée (Hill). Il relit
le passé de l'élection, de l'alliance, de la prêtrise de
Lévi comme un idéal à retrouver. »42(*)
C'est pourquoi l'amour de Dieu demeure la base de ses
relations avec son peuple, même lorsqu'il l'avertit et le reprend. Dieu
n'abandonne pas son peuple aux conséquences de ses fantaisies et de ses
péchés.
Plusieurs théologiens et exégètes ont
proposé, chacun en ce qui le concerne, un plan pour le livre du
prophète Malachie. De ces plans, celui qui nous semble le mieux
indiqué est celui proposé par HIMBAZA :
-Titre ou suscription qui identifie l'auteur et le
destinataire. (1 :1)
-Le Seigneur aime Israël et prouve (1 :2-5)
-Conditions requises pour un culte authentique et
dénonciation des prêtres. (1 :6-2 :9)
-Protestation contre le divorce et le remariage avec les
femmes idolâtres (2 :10-16)
-Le jour du jugement et de la purification est proche
(2 :17-3 :5)
-Appel à la repentance et au payement de la dîme
en vue de la bénédiction de Dieu (3 :6-12)
-Annonce de la justice de Dieu et du triomphe final des justes
(3 :13-21)
-Appendice : Evocation de deux figures historiques de la
foi d'Israël: Moïse pour le passé et Elie pour le futur
(3 :22-24).43(*)Après ce plan, les éléments
suivants nous permettront de mieux appréhender les contextes.
c) Etude des contextes
Notre texte, comme tous les textes bibliques, n'est pas
isolé. Son énonciation44(*) se réfère à des contextes bien
déterminés. Nous avons pu identifier le contexte historique et le
contexte sociologique.
A défaut d'indications historiques explicites, le livre
présente cependant une orientation assez ferme quant à la
période et l'origine. Une première donnée situe les
évènements après la disparition de ZOROBABEL45(*), c'est-à-dire vers le
cinquième siècle av. J-C. Les abus signalés chez les
prêtres et les fidèles supposent un certain recul par rapport
à la reprise du culte en 515. Le livre de Malachie apporte des
informations historiques intéressantes sur la situation religieuse et
sociale en Palestine après la captivité des juifs à
Babylone entre 586 av. J.-C. et 538 av. J.-C., et avant la
réorganisation de la nation juive par Néhémie. Pour les
chrétiens, il est important en tant qu'image du précurseur
messianique.
La seconde donnée est relative au contexte et à
la situation sociologique. A ce sujet, Théophane CHARY
déclare :
« La situation sociologique, parallèle
à la situation religieuse nous rapproche nettement de la période
d'Esdras et de Néhémie »46(*)
Au regard du contexte large et d'après le plan
général du livre de Malachie que nous avons adopté, notre
portion de texte se trouve dans la partie intitulée ``Conditions
requises pour un culte authentique et dénonciation des prêtres
(1 :6-2 :9)'' que nous considérons de fait comme notre
contexte large.
Notre contexte proche est situé dans la partie
contenant les versets 1 à 9 du chapitre 2 intitulée
``Exigences d'un sacerdoce fidèle''. Dans cette partie les
prêtres reçoivent des avertissements pour avoir un sacerdoce
exemplaire.
Quant au contexte immédiat, en amont de notre texte
c'est une réprimande sévère du Seigneur à l'endroit
des prêtres qui ont négligé l'alliance conclue avec
Lévi. (Mal 2 :1-4). En aval, c'est une recommandation
vis-à-vis de la fidélité dans leurs relations sociales et
familiales. L'étude des contextes nous ouvre les portes de celle des
critiques sur le plan textuel, littéraire et historique.
2.1.2. Critiques textuelle, littéraire et
historique de Malachie 2 :5-9.
Nous étudierons tour à tour la critique
textuelle, la critique littéraire et enfin la critique historique de
notre texte.
a) Critique textuelle
La critique textuelle a pour objectif de tenter de
rétablir le texte authentique d'une oeuvre littéraire. Elle
compare les variantes des manuscrits en vue de discerner le texte original et
authentique en éliminant les déformations les ajouts, les gloses,
les corruptions et les commentaires47(*). Pour ce faire, nous allons utiliser la
méthode qui exige un passage par une étude de l'apparat
critique, l'analyse grammaticale et sémantique ainsi que les traductions
littérale et dynamique.
L'étude de l'apparat critique de notre texte
d'exégèse présente, trois versets seulement qui posent
quelques problèmes.
Le verset 5 a deux notes : l'une porte sur le mot
îåÉøÈà (môrâ') = crainte et
l'autre sur le mot ðÄçÇú(nih?ath)= abaisser,
terrifier. Pour la première note, l'éditeur moderne nous demande
de lire peut-être
åøà?åÀäÅ(wemôrâ')= et
la crainte en lieu et place de îåÉøÈà
(môrâ')= crainte parce que certains mots auraient disparu dans le
texte. L'ajout de la conjonction de coordination et de l'article au mot crainte
n'influence pas tellement le fond du texte. C'est pourquoi nous optons pour le
Texte Massorétique.
Pour la deuxième note, l'éditeur moderne
propose ðÆçÈú
(nèh?ath) ``terrifier'' au lieu de
ðÄçÇú(nih?ath) ``terrifier'' Il s'agit ici
d'un problème de conjugaison : l'éditeur moderne propose ce
verbe au niphal, tandis que les Massorètes l'ont écrit au piel
pour exprimer ainsi l'idée d'intensité. Or, étant devant
une action déjà passée et connaissant l'attitude de
Lévi devant la loi du Seigneur, nous donnons raison aux
Massorètes.
Le verset 7 possède une note relative à tout le
verset. L'éditeur moderne pense que ce verset a été
probablement ajouté dans l'ensemble du texte. Ceci nous semble un peu
anormal car le texte présente une certaine harmonie avec ce verset
compris.
Le verset 9 a deux notes portant respectivement sur
ìÀëÈì-äÈòÈí(lekhâlhâ`âm)``pour
tout le peuple'' et àÂùÑÆø
('aêr)``qui''. Pour la première note, plusieurs manuscrits comme
ceux de la LXX et la version latine de Jérôme ou Vulgate ont
écrit ce mot
(ìÀëÈì-äÈòÈ?) au
pluriel. Cet accord ne change pas de manière considérable le fond
du texte.
Pour la deuxième note, l'éditeur pense que le
mot àÂùÑÆø ('aêr) est à
supprimer a cause du mètre48(*) même si cette leçon est incertaine. Sa
présence dans le texte rend le message plus compréhensible. Que
nous dévoile l'analyse sémantique ?
L'analyse sémantique doit nous permettre
d'éclairer en les définissant le sens de certains
mots-clés, utiles pour notre travail. Ces mots sont : la vie et le
salut, le messager.
åÀäÇùÌÑÈìåÉíäÇçÇéÌÄéí(hah?ayim)(wehaâlôm)ce
couple de mots signifie la « vie et le salut(paix) » et
insiste sur un maxima de vie , de paix et de bonheur. Malachie retrouve ainsi
le Deutéronome qui insiste tant sur cette plénitude de vie, de
bonheur et de fidélité. Pour avoir ces grâces, il faut une
réelle îåÉøÈ? (crainte de Dieu). C'est
cette disposition permanente de révérence qui fait observer la
loi divine. Ici, il s'agit aussi du saisissement religieux devant Dieu, traduit
par Moïse et Esaïe dans le prosternement face à terre. La
désinvolture des prêtres s'observe donc à travers des
questions insolentes et le badinage avec les choses saintes. Les conducteurs
spirituels d'avant Malachie délivraient aux fidèles un
enseignement pur et véridique qui prenait sa source en Dieu seul.
îÇìÀàÇêÀ
(male'akh)Traduit par le « messager », c'est la
première fois que le prêtre est ainsi qualifié dans la
Bible. Ce titre exprime la fonction de médiateur entre Dieu et le peuple
et exprime une certaine proximité avec Dieu. Le prêtre est
à son service direct à la façon des anges (messagers) de
la cour céleste. Il fait partie de ses intimes. Ce titre est lié
aux prêtres et ne concerne plus directement Lévi. Que peut-on
desceller de la critique littéraire
b) Critique littéraire
Le texte de Malachie renferme un mélange de formes de
discours. Avec Théophane CHARY O.F.M nous avons observé
que :
« Le texte de Malachie se présente comme
un mélange de proses et de vers, au point que la plupart des auteurs
renoncent à lui donner une structure métrique bien
déterminée.»49(*)
Plus précisément, le texte de Malachie se
présente comme un dialogue entre Dieu et son peuple. D'ailleurs, Serges
Gautier DJAKOU MBAKOP pense que ce dialogue a une pédagogie divine,
unique, cohérente et logique.50(*) Les amendements apportés à ce texte
sont minimes avec quelques corrections mineures émanant des critiques.
Les manuscrits de Qumram sont d'un faible secours pour le Texte
Massorétique. Quant au texte de la Septante, il suit le Texte
Massorétique de très près. La Version Latine suit aussi la
Septante de près. Bref, à part quelques variantes
négligeables, le texte de Malachie semble être loin des
problèmes relatifs à sa transmission.
c) Critique historique
L'histoire nous rapporte qu'Israël a été
dominé par les puissances assyrienne, perse, babylonienne et grecque
notamment avec Alexandre Le Grand. Ainsi les prophètes postexiliques,
parmi lesquels Malachie, prophétisent quand Jacob est sous la domination
Perse avec son fameux roi CYRUS. Avec lui, ce peuple va connaître de
nouveau la liberté avec leur affranchissement du joug babylonien sous
l'administration de Nabuchodonosor. Le règne de CYRUS va conduire le
peuple élu à la signature d'un décret royal autorisant la
reconstruction du temple et le rapatriement des objets cultuels emportés
par Nabuchodonosor. On comprend aisément pourquoi le prophète
Esaïe parle de CYRUS comme « l'oint de
l'Eternel » (Es 45 :1). Que dire alors du commentaire
exégétique de notre texte ?
2.1.3. Commentaire
exégétique
Beaucoup d'événements, d'une haute importance,
eurent lieu pendant les quatre siècles et demi qui
s'écoulèrent entre Néhémie, dernier historien de
l'Ancien Testament et l'incarnation du Christ. Malachie ne fait aucune allusion
prophétique aux événements qui remplirent cette
période, tandis que Zacharie, en cela semblable à Daniel, les
mentionne distinctement. Le fait est que Malachie n'a en vue que l'état
moral du peuple, appelé à recevoir le Messie, et les jugements
qui tomberont sur lui, si sa conscience oblitérée ne se
réveille pas devant cette visitation; en même temps qu'un vrai
reste attendra la venue du Seigneur.
A travers les trois derniers prophètes, Dieu avait fait
remonter Juda de la captivité de Babylone pour établir le
règne du Christ si le peuple le recevait. Mais, s'il mettait le comble
à son incrédulité en rejetant son Roi, Dieu avait en vue
d'accomplir un salut merveilleux qui serait offert à toutes les nations.
C'est pourquoi, le livre de Malachie accorde une grande place aux
problèmes cultuels et rituels. En réalité, le
prophète est un ardent défenseur de l'amour de Dieu qui a
gratuitement élu son peuple. C'est au nom de cet amour qu'il voudrait
voir l'homme répondre par un service sans faille ni faiblesse.
Après les prophéties d'Aggée et de
Zacharie, on espérait l'accomplissement de la promesse liée
à la reconstruction du Temple. Mais l'attente se prolongeait et le
scepticisme s'installait dans les esprits. Face au découragement
général, Malachie garantit le rétablissement de la justice
de Dieu par l'exaltation des vrais fidèles et le châtiment sans
rémission des impies. Malachie réagit contre cette
démission. Il mène une lutte vigoureuse contre la
dégradation du service cultuel chez les prêtres et les
fidèles, contre l'injustice toujours renaissante, et contre le laxisme
dans le mariage (divorce et mariages mixtes). Avec un style dur et peu
ordinaire, l'Eternel est représenté ici comme dialoguant avec son
peuple.
Les fils de Lévi avaient fait preuve de zèle
pour l'Éternel en deux occasions mémorables. Après
l'érection du veau d'or et le péché d'Aaron, Moïse se
tint à la porte du camp et dit :
«A moi, quiconque est pour l'Éternel ! Et
tous les fils de Lévi se rassemblèrent vers lui. Et il leur dit:
Ainsi dit l'Éternel, le Dieu d'Israël (...) Consacrez-vous
aujourd'hui à l'Éternel, chacun dans son fils et dans son
frère, afin de faire venir aujourd'hui sur vous une
bénédiction» (Ex 32: 26-29).
Le zèle des Lévites pour l'Eternel était
leur consécration, en contraste avec la consécration officielle
des sacrificateurs (Ex. 29).
Ce zèle s'était montré une seconde fois
lors de l'alliance d'Israël avec les filles de Moab, pour adorer
Baal-Péor51(*).
PINHAS, fils d'Éléazar, dans sa jalousie pour l'Éternel,
avait transpercé les coupables de débauches. En effet,
l'alliance avec Lévi dont Malachie fait allusion n'est qu'un rappel de
ce que l'Éternel avait dit à Moise dans Nb. 25: 10-13.
En vertu de la fidélité de PINHAS, le sacerdoce
perpétuel devait rester dans la famille d'Éléazar, dont ce
Lévite était fils.
C'est alors ce qui aura lieu à la fin des temps. On
voit, en Ez 48: 11, que la famille de sacrificateurs, dont les fils de TSADOK
devenus les titulaires sous le règne de David, subsistera pendant le
règne millénaire de Christ:
«L'offrande, dit-il, sera pour les sacrificateurs
qui sont sanctifiés d'entre les fils de TSADOK, qui ont fait l'acquit de
la charge que je leur ai confiée, qui ne se sont pas
égarés dans les égarements des fils d'Israël, comme
les Lévites se sont égarés.»
Nous avons ici l'un des exemples de la confusion
intentionnelle mentionnée, entre les sacrificateurs et les
Lévites, car c'étaient les sacrificateurs qui avaient corrompu
l'alliance de Lévi. Or, Lévi avait des caractères ou
principes résumés en cinq points :
-Quant à son coeur : il craignait
l'Éternel ; il différait de ces sacrificateurs profanes, dont
Dieu disait : Où est la crainte qui m'est due ? (1: 6)
- Quant à ses paroles : la loi de
vérité était dans sa bouche et l'iniquité ne
s'était pas trouvée sur ses lèvres
- Quant à sa marche : elle était avec
l'Éternel dans la paix et dans la droiture
- Quant à son ministère : il avait
détourné de l'iniquité beaucoup de gens
- Quant à son messager : il était
l'envoyé de Dieu
La Parole considère ici le faible service des
Lévites à la lumière de celui du fils
d'Éléazar. Il apprécie ce service selon son origine, de
même qu'il considère le nôtre à la lumière de
celui de Christ. Tout ce passage, en effet, nous parle de Jésus, et nous
offre une image admirable de son activité comme homme. Sur la terre,
Jésus n'était pas sacrificateur. Il ne l'est devenu qu'en vertu
de sa résurrection d'entre les morts (Ps. 110). Mais toute sa
carrière ici-bas correspondait à celle du Lévite
fidèle. Il était le parfait serviteur de l'Éternel et de
l'homme déchu. Aussi, Dieu lui a-t-il confié un sacerdoce qui ne
se transmet point. Il pouvait être désormais dans le ciel, devant
Dieu pour les hommes, parce qu'il avait été sur la terre pour
Dieu devant les hommes.
Le prophète revient ici aux sacrificateurs qui n'en ont
que l'apparence et la profession. Au lieu de marcher dans les voies du vrai
serviteur qui aurait dû être leur modèle dès le
commencement, ils avaient suivi, tout en portant son nom, des voies de
corruption, donnant ainsi l'exemple à beaucoup de gens d'abandonner la
loi, ou bien l'appliquant différemment, selon qu'il s'agissait de
pauvres ou de gens tenues en haute estime. Aussi, Dieu allait-il les couvrir de
mépris aux yeux de tous. Ce commentaire exégétique nous
introduit directement dans l'étude théologique de Mal
2 :5-9.
2.2. Etude théologique de Malachie 2 :
5-9
Nous allons nous appesantir, dans cette partie, à
l'étude de quelques thèmes parmi lesquels : le prêtre
selon Dieu et l'enseignement dans son contenu et sa finalité. Que dire
du prêtre ?
2.2.1. Le prêtre selon Dieu.
Mentionné plus de neuf cent fois dans la
littérature biblique, prêtre est un mot dérivé de
l'hébreu ëÉäÅï (khohén) qui
signifiait avant l'époque royale celui qui gardait un sanctuaire et
transmettait des oracles. C'est un personnage toujours en relation avec le
culte. Il est intronisé par l'onction. En Ephraïm, Mica construisit
une maison de Dieu et installa d'abord son fils, puis un lévite comme
prêtre pour s'occuper du temple et de la statue (Jg. 17). Dans les temps
anciens, l'administration de l'oracle fut la première chose
mentionnée pour la tribu de Lévi. Ensuite, il fut question de
l'enseignement de la loi et de l'offrande des sacrifices (Dt.8-10). Les
prêtres étaient chargés d'administrer le droit divin. Comme
nous l'avons souligné plus haut, le prêtre est un sacrificateur.
Edmond JACOB confirme cela lorsqu'il déclare à ce
sujet :
« Il doit enseigner les lois de Yahweh et les
ordonnances juridiques (torah et mishpatim) et présider à
l'offrande des sacrifices. »52(*)
Il est clair qu'autrefois tout chef de famille en avait le
droit. Plus tard, il a fallu que ce fût celui qui offrait le sacrifice
qui tuât lui-même la victime (Lv.1 :5, 3 :2, 8 :4),
et la tâche du prêtre se ramena à répandre le sang
sur l'autel et à brûler l'animal.
Le prêtre est également le chargé de
mission de Dieu quand il bénit le peuple. Nb.6 :24ss
présente cette formule : ``Que le Seigneur te bénisse et te
garde ! Que le Seigneur fasse rayonner sur toi son regard et t'accorde sa
grâce ! Que le Seigneur porte sur toi son regard et te donne sa
paix !'' Le professeur H. RINGGREN nous laisse comprendre que :
« Les prêtres pouvaient aussi prononcer
des malédictions dans le cadre du culte (...) Toutefois, ce ne sont pas
des malédictions absolues prononcées dans telle ou telle
situation, mais des menaces qui se réaliseront si les commandements ne
sont pas observés. »53(*)
L'importance grandissante de la fonction sacerdotale poussera
les prêtres à s'arroger certaines prérogatives pour mieux
exercer leur tâche. Le rôle du prêtre devint de plus en plus
important en tant que représentant du peuple (Nb. 3 :12,41 ;
8 : 16-17). Edmond JACOB pousse la réflexion plus loin quand il
dit :
« Au temps où la royauté
n'existait plus et où l'inspiration prophétique commençait
à se tarir, le prêtre éclipse le roi et le prophète
et revêt en partie leurs dépouilles. »54(*)
C'est donc dire que les prêtres, de part leur fonction,
ont joué et continuent à jouer un rôle important dans la
société ancienne et moderne. Nous n'avons qu'à lire avec
beaucoup d'intérêt le pasteur John BENTON lorsqu'il résume
la mission des sacrificateurs en ces termes :
« Avoir la crainte de Dieu, donner un sain
enseignement biblique et vivre une vie de sainteté : voilà
les caractéristiques fondamentales du responsable
spirituel. »55(*)
Dans la nouvelle alliance, il est beaucoup plus question des
hommes et femmes qui ont décidé de tout abandonner pour annoncer
le Seigneur Jésus partout. Nous avons comme exemple les disciples de
Jésus, l'apôtre Paul, Etienne pour ne citer que ceux-là.
Par prolongement de cette mission nous pouvons parler aujourd'hui des hommes et
femmes consacrés au Saint Ministère.
2.2.2. L'enseignement : son contenu
L'enseignement de
l'hébreuúÌåÉøÇú(tôrâh)
(Dt.31 :9 et 27 :33) était d'abord l'apanage des
prêtres. Il concernait vraisemblablement d'autres choses que la
distinction entre le pur et l'impur seulement.
LaúÌåÉøÇú(tôrâh)
désigne toutes les décisions et toutes les instructions divines.
A cet effet, elle se présente comme les règles et les principes
qui guident la société tant civile que religieuse. Le
prêtre doit interpréter la loi et promulguer les décisions
légales. T. Alexander DESMOND et S. Brian ROSNER résument le
contenu de l'enseignement en déclarant qu'il doit être :
« Essentiellement composé d'un assortiment de
commandements, de règles de droits et devoirs, mais aussi de quelques
impératifs moraux (Ex.22.21-23.9). »56(*)
Son message doit être le fondement moral et spirituel de
la relation des hommes avec Dieu. Les commandements issus de son contenu sont
de nature apodictique, c'est-à-dire que ce sont des commandements
absolus principalement négatifs mais pas entièrement. Le contenu
de son message peut être résumé en trois
thèmes :
1. L'homme pécheur et corrompu :
Il est sans force ni espoir pour répondre aux exigences de Dieu et pour
être accepté par lui. En langage théologique, cela signifie
la corruption totale de l'homme.
2. La grâce souveraine de Dieu : Elle
est à la fois à l'origine et le fondement de l'oeuvre
rédemptrice du Christ, qui a payé de façon suffisante et
de manière efficace pour le péché des hommes.
3. La justification par la foi seule : Elle est
offerte librement par l'Evangile à tous ceux qui croient en Dieu. Comme
chez Luther, la justification est la pierre d'angle de la prédication et
le fondement même de l'appel adressé aux hommes et aux femmes
http://www.unpoissondansle.net/rr/9812/index.php?i=3
- fn18
http://www.unpoissondansle.net/rr/9812/index.php?i=3
- fn18.
2.2.3. L'enseignement : sa finalité
La finalité du message de l'Oint de Dieu reste la
transformation physique, morale, sociale, financière et surtout
spirituelle des hommes et femmes. Ainsi, si le message est tronqué, les
auditeurs seront déroutés. Le message doit être une
révélation pleine de Dieu à son peuple. D'ailleurs, la
remarque du pasteur BENTON est très éloquente et
révélatrice :
« Des chefs spirituels peuvent se consacrer
à de nombreuses causes très louables. Il est excellent d'amener
les gens à une profession de foi en Jésus, mais si cette
confession d'amour pour Christ ne produit pas une vie changée et sainte,
elle n'a alors aucune valeur, et les espoirs du prédicateur pour cette
personne sont vains. »57(*)
C'est donc dire que le message du prêtre doit montrer
l'amour véritable de Jésus pour l'homme en général
et le pécheur en particulier, malgré les tumultes et les
injustices qui existent dans la société, domaine d'action du
chrétien. Son message doit en principe amener ce dernier à la
haine permanente du péché. Dans cette logique, quelle
interprétation pouvons nous faire a partir de ce texte ?
2.3. Herméneutique de Malachie 2 :
5-9
L'herméneutique est la science qui s'intéresse
au sens, à l'interprétation, à la compréhension et
à l'actualisation des textes. Selon René MARLE,
« Par herméneutique on doit, en effet,
entendre la recherche de la nature et des principes d'une juste
interprétation de réalités dont la signification n'est pas
immédiatement évidente. Le mot vient du grec qui signifie
à la fois : exprimer, expliquer, traduire,
interpréter. »58(*)
Nous allons mener notre réflexion herméneutique
sur un triple plan : sociopolitique, pédagogique et
ecclésial ou pastoral.
2.3.1. Sur le plan sociopolitique
Parler de l'interprétation sur le plan sociopolitique,
c'est appliquer ce texte aux membres qui constituent la société
et plus particulièrement aux différents dirigeants. Ces derniers
sont appelés à diriger la population avec droiture et
équité. Pour le faire, Malachie les exhorte à se mettre
à l'école du dialogue et de l'écoute. Ils doivent
éviter de tenir des discours juste pour chercher une place dans une
Mairie ou à l'Assemblée Nationale. Ces discours mensongers
prononcés par les leaders laissent le peuple perplexe. Combien sont les
hommes politiques qui promettent des choses pendant la campagne
électorale et les réalisent pendant leur mandat ?
2.3.2. Sur le plan pédagogique
La pédagogie est la théorie de l'enseignement,
qui s'est imposée à partir du XIXe siècle comme science de
l'éducation ou didactique expérimentale. Elle s'interroge
aujourd'hui sur les conditions de réception du savoir, sur le contenu et
l'évaluation de celui-ci, sur le rôle de l'éducateur et de
l'enseigné dans le processus éducatif. Plus globalement, elle
s'intéresse aux finalités de l'apprentissage, indissociable de la
norme sociale et culturelle. Ainsi définie, la pédagogie a pour
mission de constituer un projet, susceptible de préparer
l'intégration sociale de l'enseigné.
Ainsi nous pensons que si les éducateurs que nous
assimilons aux prêtres transmettent un enseignement dénoué
de toutes fraudes ou de malversations, les récepteurs du message seront
bien formés pour affronter voire éradiquer les fléaux qui
gangrènent notre société. Pour ce faire, il lui faut
recevoir une formation sérieuse et rigoureuse car toute sa vie est en
principe un enseignement dans tous les domaines.
Or, Il semblerait que nous souffrons aujourd'hui parce que les
leaders n'ont plus sur les lèvres un langage de vérité et
de justice. Peut-être, pouvons nous le dire, ils n'ont pas reçus
une formation convaincante. Ils se sont écartés des directives du
Seigneur pour pactiser avec les milieux proposant des voies faciles pour
atteindre un niveau de responsabilité énorme. Ces dirigeants ne
prennent plus au sérieux les recommandations des hommes d'Eglise et le
résultat est imminent : nous n'avons qu'à le voir dans Mal.
2 :9.
2.3.3. Sur le plan ecclésial et
pastoral
Dans ces versets, Dieu explique aux sacrificateurs
d'Israël et par ricochet aux pasteurs de nos jours, comment ils ont perdu
et continuent à perdre leur saveur, leur influence
bénéfique sur la société. Ils attirent ainsi sur
eux et sur les autres le jugement divin. Le Seigneur leur présente une
comparaison entre la vie et les attitudes des lévites antérieurs
et les leurs. Alors il devient intéressant pour nous d'étudier
l'attitude et le comportement ainsi que l'enseignement des prêtres.
L'attitude et le comportement des prêtres : C'est
l'opinion adoptée par une personne ou par un groupe et qui
détermine une façon d'agir ou encore la manière de se
comporter qui traduit une disposition d'esprit habituelle ou
particulière. Le verset 5 nous enseigne que les sacrificateurs de
l'ancien temps répondirent à Dieu avec révérence,
se tenaient devant lui avec une crainte respectueuse. Ils avaient un respect
profond envers les choses de Dieu et prenaient grand soin de leur conduite.
Combien tout cela contrastait avec l'attitude cynique et blasée des
contemporains de Malachie et des nôtres. Combien de pasteurs ont de nos
jours le souci de la chose sainte ? Pour la plupart, ils sont plus
préoccupés par des gains sordides et des choses mondaines au
point de ne plus répondre aux attentes de Dieu. La chasse aux
trésors a poussé certains hommes d'Eglise à embrasser des
milieux occultes aux mépris des recommandations divines, ceci pour
avoir un confort matériel, hiérarchique et social
considérable.
De toute façon un faux docteur ne met jamais en
pratique ce qu'il prêche. Partout, on observe des écarts de
comportement (détournement des biens de l'Eglise, acception pour la
personne du riche au détriment du pauvre, ivrognerie, gloutonnerie,
faux et usage de faux avec des âges truqués et des diplômes
pas authentiques, pratiques magiques, désordre sexuel,
pédophilie et biens d'autres encore.) Avec ces tares, que disent-ils
dans leur message ?
L'enseignement : Le verset 6 nous présente des
sacrificateurs antérieurs comme des vrais messagers du seigneur. Ils
avaient à coeur de ne rien enseigner de faux contrairement à
certains responsables qui, de nos jours au nom d'une théologie
pseudo-chrétienne, font malheureusement des affirmations et des
déclarations juste pour détourner les nouveaux convertis vers une
direction très peu connue. L'enseignement de certains pasteurs, mal
formés ou mal intentionnés, résonne comme une simple
cymbale aux oreilles des auditeurs. Ils ne sont plus déterminés
à donner des principes saints, des jugements justes et des vraies
directives en toutes occasions.
Ils sont corrompus et se soucient peu de l'avenir spirituel
des fidèles. Ces derniers oublient que « le pasteur est
responsable devant Dieu.»59(*) N'avons-nous pas vu et entendu des pasteurs
promettre des sacs de ciment ou des camions de sable pour la construction des
temples pendant des cultes sans jamais tenir à leurs promesses ? Le
pasteur doit vivre ce qu'il prêche et prier sans cesse afin que Dieu le
préserve de la chute pour qu'il ne soit pas un obstacle et une occasion
de chute pour les chrétiens.
Conclusion partielle
Ce deuxième chapitre était consacré
à l'étude exégétique, théologique et
herméneutique du texte de Mal. 2 :5-9. L'exégèse nous
a permit d'introduire ce livre, d'analyser les contextes ainsi que les
critiques et de faire un commentaire sur le plan exégétique. Le
prêtre et l'enseignement étaient l'objet de la théologie.
L'herméneutique de Mal.2 :5-9 sur le plan sociopolitique,
pédagogique et ecclésial a bouclé la boucle de ce
chapitre.
CHAPITRE III : NECESSITE DE REFORMER LA
FORMATION
ET LE RECYCLAGE DANS LE MINISTERE PASTORAL
Introduction
Comme les autres, ce chapitre sera tripartite. Nous parlerons,
d'une part du rôle que joue la formation et le recyclage dans la
réalisation des défis et enjeux qui attendent le pasteur. D'autre
part, nous analyserons la nécessité de la réforme de la
formation et du recyclage. Par ailleurs, nous suggèrerons des
propositions concrètes pour former et recycler le pasteur de
l'E.E.C.
3.1. Rôle de la formation et du recyclage dans la
réalisation des défis et enjeux du pasteur actuel
Aujourd'hui, le pasteur a autant de défis que d'enjeux
à relever. Dans cette société pluraliste, il lui faut
avoir un certain bagage intellectuel et spirituel solide pour vaincre et
convaincre, pour débattre, négocier et convertir. Devant cette
exigence, décryptons d'abord quelques défis avant de nous
plonger dans les enjeux.
3.1.1. Quelques défis à relever par le
pasteur actuel
Évoquer les défis à relever par le
pasteur revient à parler des grandes difficultés contemporaines
qui demeurent autant d'appels à la mobilisation et à la lutte
pour un véritable avenir tant de nos institutions que de notre
personnalité. Le Rév. Dr. Emmanuel BISSU fait bien de le
remarquer lorsqu'il stipule :
« Le monde bouge et change à grande
vitesse et les églises avec. La globalisation fait que l'on ne sait plus
de nos jours qui dit quoi sur Dieu. On a l'impression d'avoir
dépassé l'époque où Dieu se choisissait des hommes
particuliers pour parler en son nom. Aujourd'hui, c'est chacun qui sait tout
(ou qui prétend tout savoir sur Dieu). Nous sommes tout simplement
à l'heure du défi lancé aux institutions de formation
théologique et pastorale. »60(*)
Ces défis, envisagés comme des formes
de provocation et d'appel à plus d'engagement, sont simultanément
intérieurs et extérieurs au ministère pastoral. Ils
s'inscrivent tout autant dans l'Église que dans le monde mais ils ne se
confondent pas et n'ont pas la même forme. A supposer, pour de multiples
raisons, qu'ils soient esquivés, alors il est à craindre que le
ministère pastoral s'atrophie progressivement et perde son rayonnement
dans le monde. Par ailleurs, nous savons que la vie n'est dynamique qu'en
surmontant ses propres obstacles, jamais en se repliant sur elle-même.
C'est pourquoi, Il n'y a pas lieu pour nous ici d'entrer dans une
énumération ou un catalogue de défis dont il resterait
à mesurer l'importance pour le ministère pastoral
confronté à sa propre existence.
L'un des défis est tout autant spirituel
qu'institutionnel. Il s'agit ici d'une sorte de
réévangélisation de l'Eglise elle-même. Elle passe
par la promotion d'une Eglise de la communion dans l'esprit de la
hiérarchie à la base. Sans doute y a-t-il une certaine urgence,
éprouvée par certains pasteurs aujourd'hui, à sortir de
l'enlisement institutionnel dans des structures rigides du passé et
même actuelles. Une telle attitude favorisera une solide
expérience de la foi dans la pluralité des cultures. Il ne s'agit
pas d'une volonté d'effacement de l'autorité, mais d'une
reconsidération des avis et aspirations du peuple de Dieu.
Il y a aussi une certaine urgence éprouvée par
les pasteurs aujourd'hui à acquérir, devant les multiples
évolutions culturelles de la société, une formation
théologique en vue de l'approfondissement de la foi et de l'annonce de
l'Évangile dans le monde contemporain.
Il y a une autre exigence éprouvée par les
pasteurs actuels à pouvoir mettre en valeur au sein même de
l'Eglise, la diversité des charismes et des vocations
(nécessité de consentir à une utilisation rationnelle des
compétences des pasteurs dans l'Église) pour un meilleur
rayonnement de la sainteté. Tel est ce défi du renouveau de
l'Église qui insiste sur la spiritualité (avec ses effets
institutionnels) de la communion comme dynamisme de soutien à la mission
de l'Église.
Un autre défi qui n'est pas des moindres, est celui de
l'unité des pasteurs eux-mêmes. Il s'agit de récuser
l'idée d'un christianisme ou d'un ministère pastoral
déchiré. En effet, comment vouloir annoncer l'Évangile de
l'unité des hommes dans le Christ et continuer de vivre dans la division
au sein du même ministère pastoral ? L'unité des
pasteurs reste une exigence fondamentale de l'Évangile, une
nécessité pour la mission dans le monde.
Nous pourrons étendre la réflexion plus loin et
voir que l'oecuménisme doit constituer un véritable défi
à relever par les pasteurs et les autres conducteurs spirituels en
particulier et pour l'Eglise en général. Le témoignage
à donner pour une humanité nouvelle dans le Christ passe par la
réalisation de l'unité du clergé. Sans cette
unité, le clergé perd toute crédibilité aux yeux
des hommes. Nous sommes là devant une urgence : celle de la
réconciliation (à distance de tout syncrétisme61(*) et de tout
éclectisme62(*))
qui s'offre aussi comme un témoignage d'espérance pour demain
dans notre humanité. Cette tâche suppose un long travail en
profondeur pour retrouver en vérité le Christ dans notre propre
histoire. Mais il est nécessaire de faire progresser l'unité des
pasteurs et des chrétiens à la fois pour donner au christianisme
un nouveau dynamisme et pour conforter la crédibilité du
témoignage des Eglises dans le monde.
Pour contribuer à la réalisation de ses
défis, la formation théologique du pasteur doit avoir des buts
à atteindre. La théologie est reliée de manière
indissociable à la vie spirituelle. Une définition ancienne de la
théologie la considère comme étant la foi en quête
d'intelligence. Sans foi, pas d'intelligence; sans intelligence, la foi est
aveugle et immature (He.5 : 11-14). Ainsi, l'essentiel de la
théologie est de former des disciples libres du Christ (Ga. 5). Libres,
c'est-à-dire réfléchis, ayant le sens du discernement et
le courage de suivre Christ plutôt que les modes de notre époque.
Pour ce faire, le pasteur doit être vertueux et généreux,
pieux, sage et ouvert aux autres. L'enseignement théologique ne
donne pas des techniques pour faire «grandir l'Eglise». Ce qui
importe est que l'Eglise soit fidèle au Christ, recherche le Royaume de
Dieu et soit dirigée par l'Esprit, et la quantité de personnes
nous sera donnée par surcroît.
C'est mettre la charrue avant les boeufs que de vouloir faire
croître l'Eglise avant de s'assurer de donner une formation solide
à la fois aux leaders et à l'ensemble du peuple de Dieu. Nous
devons être capables de discerner si notre action et nos discours sont
vraiment chrétiens, et en cela les aînés dans la foi et les
docteurs del'Eglise, sont là pour nous aider, car ils ont une largeur de
vue qui vient d'une connaissance approfondie de la Bible et de son contexte
(biblistes); de l'histoire de l'Église jusqu'à présent
importante pour apprendre les erreurs de nos ancêtres dans la foi
(historiens de l'Église); de la situation contemporaine dans laquelle
s'insère le discours sur Dieu (théologiens
systématiciens); des liens entre notre expérience de Dieu et nos
représentations que nous nous faisons de Lui (théologiens
praticiens); des liens entre la connaissance humaine et la
révélation de Dieu (théologiens philosophes,
apologètes). Nous n'oublions pas de signaler l'importance de lire les
grands critiques anciens et modernes de l'Église (par exemple, Freud,
Marx, Nietzsche) afin de purifier la foi de ce qui est scandaleux (pasteurs
exploiteurs, pasteurs remplis de ressentiment envers la vie et les autres,
pasteurs qui ne font pas de différence entre Dieu et leurs
représentations de Dieu (= idolâtrie)).
Un pasteur ou un enseignant sans connaissances est comme un
ouvrier sans outils. Il ne peut rien construire de valable. Le pasteur
théologien devient un "bricoleur", il utilise tout ce qui existe comme
matériel pour articuler sa théologie (romans, poèmes,
films, textes scientifiques, textes philosophiques, etc.). En effet, le monde
est rempli de la grandeur de Dieu.
La théologie sert à examiner l'enseignement du
pasteur, afin de s'assurer qu'il est porteur de paroles de vie et non de
paroles vides, ignorantes ou légalistes. Elle ne doit pas dire au
pasteur ce qu'il veut entendre : elle doit demeurer prophétique. Une
critique constructive est toujours utile, afin de faire progresser le pasteur
vers la sanctification. Le théologien doit être un
exégète/interprète pur car pour parler de Dieu de
manière compréhensible aujourd'hui, il faut comprendre les
préoccupations de nos contemporains (autant les lettrés que les
gens de la rue). Il convient de voir Ac 17, où Paul utilise des mots
compréhensibles par les gens de son époque : il est donc un
véritable pédagogue qui part de ce que les gens savent de Dieu et
les mène petit à petit au Christ.
Rien ne diminue davantage un serviteur de Dieu, aux yeux des
fidèles, que les erreurs grammaticales. Il est hélas tellement
fréquent d'entendre ceux qui détiennent la responsabilité
d'annoncer l'Évangile, de prêcher les richesses
impénétrables de Christ, se couvrir de ridicule en violant
outrageusement les simples règles de langage! Si, en évitant de
telles erreurs, nous pouvons travailler plus efficacement au service du
Seigneur, qui oserait prétendre qu'un tel effort soit
préjudiciable? 63(*)Que dire des enjeux ?
3.1.2. Les enjeux du ministère pastoral sur le
plan intellectuel et social
Une formation intellectuelle solide et diversifiée est
indispensable pour devenir pasteur et mieux assurer sa mission. Jean RILLET le
dit autrement en ces termes :
« Le pasteur doit aujourd'hui tout
connaître, tout comprendre, les problèmes sociaux les plus
délicats, les propositions philosophiques les plus
abstraites. »64(*)
La formation est nécessaire pour remplir le
ministère de transmission de la parole de Dieu dans la diversité
des situations. D'ailleurs, la nouvelle évangélisation tout comme
la première évangélisation exige une éducation de
la foi des chrétiens, une formation de la conscience chrétienne
dans le monde complexe où de nouveaux problèmes se posent. Il
faut annoncer l'Evangile qui est la plénitude de la
révélation,c'est-à-dire le faire de manière
intelligible, en rejoignant le coeur de l'homme, en tenant compte des cultures,
en l'éclairant, de la lumière de l'Evangile et de l'enseignement
de l'Eglise, les situations où il se trouve. Cette compétence
doctrinale et cette capacité à transmettre la doctrine de la foi,
à la manière du Pasteur et pour l'Eglise, sont indispensables. La
formation du pasteur a pour finalité une acquisition de cette
compétence et non une promotion culturelle. Le Professeur
béninois Célestin Gb. KIKI fait si bien de le souligner en ces
termes :
«Les pasteurs doivent s'imposer par leur formation,
leur conduite, leur développement spirituel et leur connaissance. Il
faut qu'ils inspirent par leur présentation et la maîtrise avec
laquelle ils conduisent les rituels »65(*)
C'est dans cet esprit apostolique que le pasteur est
appelé à s'engager dans le travail intellectuel. Le nombre de
pasteur est considérable dans notre Eglise. Le Dr. Nestor POUNGUE
KEMAYOU fait un constat alarmant quant à la formation de certains
d'entre eux, lorsqu'il dit : « le nombre des
Pasteurs et Evangélistes dans nos Eglises se compte à la pelle.
Mais là où le bât blesse, c'est que certains ont une
formation théologique approximative et gèrent de ce fait le
service ecclésial comme une épicerie (...) De source digne de
foi, nous apprenons que certains ont été formés dans les
séminaires des Régions synodales ou dans des structures anonymes,
au plan théologique, comme le CAFRAD »66(*) Avec ces
pasteurs à la formation douteuse, peut-on espérer qu'ils
répondent aux besoins des fidèles sur le plan
intellectuel ? Surtout, Il ne suffirait pas seulement d'acquérir un
savoir (même si cela est nécessaire), mais aussi et surtout un
savoir-faire et un savoir-être. Il doit assimiler personnellement et de
manière réfléchie les enseignements qu'il reçoit,
progresser dans une intelligence personnelle et cohérente de la foi
transmise par les enseignements de l'Eglise. Nous pensons à cet effet
que tous les enseignements qui lui sont donnés, sont d'une importance
incommensurable. Cette formation intellectuelle s'avère aussi
essentielle à la formation sacerdotale. Ceci est spécialement
vrai aujourd'hui où les études humanistes et théologiques
sont en développement constant. Si le pasteur veut bien remplir son
ministère, il doit faire tous ses efforts pour rester au courant des
nouveaux développements des études ecclésiastiques, aussi
bien que celles des domaines de l'éthique sociale, de la
bioéthique et de la psychologie. C'est seulement en faisant cela qu'il
sera capable d'entretenir un dialogue effectif avec les hommes et les femmes
modernes. D'ailleurs, le Professeur Célestin KIKI corrobore en
déclarant ceci : « En général, l'homme
peu cultivé est attiré et fasciné par le
phénoménal, le miraculeux, le mystérieux et il est facile
aux charismatiques d'abuser de la conscience et de la naïveté de
leurs brebis. »67(*) La formation intellectuelle doit relayer
la prière et y plonger ses racines ; elle doit la nourrir et, en retour,
la vie de prière soutiendra l'effort intellectuel. Qu'en est-il des
enjeux du ministère pastoral sur le plan pastoral et spirituel ?
3.1.3. Les enjeux du ministère pastoral sur le
plan pastoral et spirituel
La formation pastorale se réalise par des insertions
apostoliques et pastorales dans une paroisse ou une aumônerie où
le pasteur exerce une responsabilité avec une équipe de pasteurs
et de laïcs. Les activités sont fort variées :
catéchèse, animation liturgique, préparation au
baptême et à la confirmation, visite des malades, participation
à l'équipe pastorale. A côté de tout ceci le pasteur
est appelé à accomplir des services tels que : la
célébration des baptêmes, des mariages et des
obsèques sans oublier les cultes d'action de grâces, de
commémoration et surtout la prédication dominicale. Ces
différentes activités et expériences pastorales
nécessitent une formation pour leur accomplissement.
La formation spirituelle revêt la plus grande importance
dans la formation pastorale. Bien que la vie spirituelle soit nécessaire
à tout chrétien, pour le pasteur, elle est le coeur de sa vie.
Sans elle, le ministère pastoral perd ses bases. La spiritualité
est la relation de la personne à Dieu. Cette relation est un besoin
religieux de base pour tout être humain. Naturellement, le pasteur qui
agit au nom du Christ doit constamment développer sa relation avec Dieu.
En dépit de la faiblesse de la nature humaine, il doit rechercher la
perfection. Ceci pour réaliser ce que dit le Seigneur :
« Vous devez être parfaits comme votre Père
céleste est parfait. » (Mat 5 :48).
La spiritualité est aussi la relation de la personne au
Christ. Le pasteur doit toujours chercher à imiter le Christ. C'est
à travers le Christ qu'il vivra intimement avec le Père dans
l'Esprit. Sa nourriture spirituelle importante sera la méditation des
Écritures, la prière et l'office divin, le culte et l'union au
Christ à travers les sacrements. En plus, il faut trouver le Christ dans
les hommes et les femmes, spécialement dans les pauvres, les enfants,
les malades, les pécheurs et même ceux qui n'ont pas la foi. La
spiritualité du pasteur doit être constituée de divers
éléments : la prière, le jeûne, les retraites, la
méditation quotidienne de la parole de Dieu.
La formation spirituelle constitue l'élément le
plus important de l'éducation pastorale. Elle commence d'ailleurs
même à l'I.P.T.N. où chaque jour, les étudiants se
retrouvent chaque matin en communauté pour la prière matinale et
le dimanche pour la célébration du culte. On leur demande de
prendre un temps de prière personnelle avec la lecture
méditée de la parole de Dieu. La formation spirituelle comporte
également un enseignement de la spiritualité et une
découverte des grands auteurs spirituels.
Nous sommes appelés à suivre le Christ, à
mettre nos pas dans ses pas, comme le disciple qui adopte peu à peu la
pensée de son maître. La spiritualité du pasteur doit
l'aider à porter sa croix, afin de s'approcher de la perfection. Le
chemin de la perfection, c'est aussi une vie de prière
persévérante. Le pasteur continuera à avoir une vie de
prière pendant et après sa formation. L'on n'a jamais fini
d'apprendre à rencontrer Dieu en vérité. La
méditation, la lecture des livres spirituels, les louanges, la
SainteCène sont les moyens traditionnels de la vie spirituelle que le
pasteur ne doit jamais négliger.
La sainteté du pasteur grandit à travers le
ministère vécu dans l'Esprit. Elle suppose la pratique et
l'esprit des conseils évangéliques : l'obéissance loyale,
la pauvreté dans le détachement, la stabilité de son
ménage. Le succès du ministère pastoral est impossible
sans une profonde vie de prière. Devant ces multiples enjeux et
défis, il y a comme une sorte d'urgence de réformer la
manière de former les pasteurs.
3.2. Vers une réforme de la formation et du
recyclage des pasteurs de l'E.E.C.
Sans toutefois récuser les techniques traditionnelles
de formation, nous voulons montrer ici que la formation doit tenir compte des
mutations sociales. Ainsi, nous allons nous focaliser sur la réforme de
l'I.P.T.N., celle de la formation et à une revalorisation du recyclage.
Que dire de la réforme de notre Institut de formation
théologique ?
3.2.1. Réforme des institutions de
formation
Notre préoccupation à ce niveau s'étendra
plus sur l'I.P.T.N. que sur les autres institutions de formation
théologique. Cet institut a la responsabilité de donner une
formation de base presque à tous les pasteurs de l'E.E.C. Charly
MOUSSIMA le considère comme: « La plus vieille des
institutions de formation des ouvriers au Cameroun. »68(*)
Sur ce, la réforme de l'I.P.T.N. peut se faire sur un
double plan : infrastructurel et humain.
Sur le plan infrastructurel, cet établissement est
vétuste certes, mais on dirait qu'il vieillit avec les
mentalités. Il est impensable que depuis sa création cet Institut
n'ait pas eu plus de cinq nouveaux bâtiments si oui un nouveau bloc
administratif, un bâtiment de trois salles de classe un peu moderne et un
logement pour quatre familles récemment construit par la C.E.V.A.A. En
dehors de ses dons, plus rien n'est fait pour que le titre d'université
que réclame l'I.P.T.N. soit concluant. Les mêmes structures qui,
hier, accueillaient moins de trente étudiants célibataires,
accueillent de nos jours près de cent familles avec plus du quart
marié. Dans ce cas la promiscuité est alors de mise. On constate
de ce fait que les logements ne contribuent pas toujours de façon
positive à la qualité des études. Des latrines sont
pleines, les coupures d'eaux fréquentes, la rareté du bois de
chauffage, la vie chère dans cette partie du Moungo pour ne citer que
ses quelques tares.
Malgré l'autorisation par les dirigeants de l'I.P.T.N.
aux étudiants de loger au quartier, tout laisse croire que cela reste un
cadeau empoisonné car, au quartier les maisons sont parfois pires que
celles de l'I.P.T.N., la distance par rapport à la bibliothèque
est considérable, l'insécurité est de taille et surtout il
y a des bourses d'étudiants très limitées.
Face à tous ces problèmes, nous proposons aux
dirigeants de notre Institut :
- D'encourager les Eglises fondatrices et les partenaires
à investir dans la logistique.
- De faire des prêts auprès des banques pour
construire de nouveaux logements dans l'optique de les mettre en location
auprès des étudiants désireux, afin de rentrer dans les
fonds prêtés et de se décharger auprès des banques.
- D'entretenir les logements qui existent déjà
avec notamment les vielles salles de classe.
- D'envisager des mesures sévères pour ceux des
étudiants qui négligent les locaux ou les
détériorent de manière volontaire.
- D'avoir un bus pour le transport des étudiants pour
des sorties et bien d'autres évènements.
- De monter des bons projets et de les soumettre aux
dirigeants de notre pays ou aux partenaires en vue de l'obtention d'aides.
- De rendre le sein du campus beau et attrayant avec des bancs
publics et des pancartes pour orienter les nouveaux.
- L'I.P.T.N. peut proposer aux âmes de bonne
volonté ou aux structures industrielles et commerciales de construire
des amphis qui porteront leurs noms à la fin des travaux.
Sur le plan académique, il faut dire que l'I.P.T.N.
reste sûrement la seule institution théologique au Cameroun qui
forme en même temps les candidats pour l'obtention du Baccalauréat
et de la Licence en théologie. Nous remarquons avec beaucoup de regret
que les niveaux d'étude pour y être admis varient d'une personne
à une autre. C'est ainsi que pour préparer un baccalauréat
en théologie on trouvait certains étudiants avec le Probatoire,
d'autres avec un B.E.P.C., certains seulement avec le C.E.P.E. et pire encore
d'autres sans aucun niveau ou en possession d'un faux diplôme. Ceci
discrédite la structure et laisse croire qu'ici, rien n'est pris au
sérieux. Face à tout ceci, nous proposons à l'I.P.T.N.
- De faire un contrôle systématique des
diplômes avant l'admission d'un candidat, car la disparité
observée dans le ministère est traduite sûrement par le
fait que, des gens n'ayant pas le niveau requis pour la classe, s'y trouvent et
les leçons dispensées ne sont pas à leur niveau de
compréhension ; alors soit ils confondent tout, soit ils ne
saisissent plus la réalité de leurs responsabilités.
- De rester en droite ligne avec sa logique universitaire en
renvoyant la formation des postulants pour le Baccalauréat en
théologie dans d'autres centres. Autrement dit, que le cycle de
Baccalauréat soit purement et simplement supprimer de l'I.P.T.N. Dans le
même ordre d'idée, que le cycle de Maîtrise soit
envisagé avec beaucoup de sérieux et sans empressement, car la
substance grise est là. Il ne manque que les structures et une
bibliothèque capable d'aider les postulants à ce grade
académique.
- D'exhorter les Eglises à envoyer des candidats assez
jeunes pour faciliter la tâche aux enseignants.
- De recruter les candidats en fonction de la
disponibilité des accessoires de formation (tables, chaises, achalandage
de la bibliothèque, etc.)
- Que le personnel enseignant soit traité à
juste titre comme ceux des autres facultés de théologie du
Cameroun, voire de l'Afrique et du monde.
- Que les autres Docteurs en théologie regagnent dans
la mesure du possible le campus, ou se rendent au moins disponibles, afin que
leurs cadets bénéficient de leurs expériences. Comme le
pense Jean COMBY,
« L'office propre des docteurs est d'enseigner
les fidèles en saines doctrines, afin que la pureté de l'Evangile
ne soit corrompu ou par ignorance ou par mauvaise opinion. »69(*)
En plus ces défenseurs de la doctrine et de la
théologie de l'Eglise doivent travailler en permanence sur le plan de la
production littéraire. La remarque de Samuel C. NANA-SINKAM est
clair :
« Combien d'enseignants camerounais ont
écrit et publié 2 articles scientifiques en dix ans
d'enseignement ? Très peu. »70(*)
Cette réforme de l'Institution conduit
inéluctablement à celle de sa raison d'être : la
formation.
3.2.2. Réforme de la formation
Notre préoccupation ici sera beaucoup plus basée
sur le contenu de la formation pastorale. Les pasteurs qui sortent d'une
formation doivent être différents et non de la trame de ceux que
la D.E.C. décrit en ces termes
« La pauvreté, en effet, comme nous le
dit le pasteur DJIOKOU, `` fait des vocationnaires de fortune qui remplissent
ensuite l'Eglise après quelques années dites de sacrifice
passées dans un institut de théologie et où quelques
bribes de connaissances et d'arguments de place sont donnés.'' Une fois
sur le terrain, on sait ce qui se passe : la ``course à la
robe''(...) le manque de conviction et l'absence d'une bonne formation pratique
réduisent le futur pasteur en un combattant pour `` les postes juteux
des paroisses `` nanties'' ou des oeuvres à moitié
mortes''. »71(*)
Il apparaît ainsi clair que c'est chacun qui sait ce
qu'il va chercher dans les instituts. Le ministère pastoral est
aujourd'hui dépravé comme annonçait déjà
Malachie le prophète. Est-ce à raison ou à tort que
certains pensent que le pasteur actuel n'est plus comme celui d'hier du point
de vue éthique et moral? Le contenu des enseignements a-t-il
changé ? Nous pensons le contraire. Les pasteurs en formation
doivent s'atteler à mettre en pratique les enseignements qu'ils
reçoivent. Si la formation est alors assimilée, elle peut
être mise en oeuvre. Ainsi pour éviter l'oubli, il est
nécessaire qu'après une certaine période, qu'il soit
organisé des moments de recyclage.
3.2.3. Revalorisation du recyclage
Le recyclage professionnel consiste à faire des
formations qui permettent aux personnes qui ne peuvent ou qui ne veulent plus
exercer leur activité professionnelle habituelle d'en changer pour en
exercer une autre. Il s'agit souvent de cours spécifiques
élaborés en partie en fonction de l'expérience
professionnelle des participants. Le recyclage, qui est pratiquement en perte
de vitesse dans le milieu pastoral, doit obligatoirement être
revalorisé. Le Dr. Josué NKOAGNE, par rapport à cette
situation, pense que le manque de recyclage crée parfois un
complexe chez certains pasteurs au moment où un plus jeune vient avec
des choses nouvelles.72(*)Ainsi, lorsque la société évolue
avec ses multiples changements, le pasteur doit se remettre à
l'école du recyclage pour pouvoir répondre aux besoins de ses
fidèles. Tenez, face au phénomène de la crise mondiale, de
l'épidémie du S.I.D.A., bref des mouvements politiques,
économiques et religieux, plusieurs pasteurs gardent un silence
inquiétant et souvent complice. Pour certains, ils
connaissent et refusent d'en parler et pour d'autres ils ne savent pas de quoi
il est question et ne cherchent même pas à en savoir. Agissant
ainsi, l'Eglise perd sa crédibilité devant certains de nos
chrétiens. Le pasteur Simon Bolivar NJAMI-NWANDI. le dit autrement en
ces termes : « Etre assidu au travail ; se
recycler continuellement par la recherche permanente, le perfectionnement de
ses études, les séminaires et les stages ; car qui cesse
d'apprendre doit cesser d'enseigner. »73(*) Face à tout
ceci, nous pensons que la pastorale nationale ne doit plus être seulement
l'objet des résolutions lors de nos Synodes généraux ou
encore l'occasion pour certains de former des blocs pour intriguer les autres.
Qu'elle soit effective et reste des moments de travail, de recherche,
d'échange, d'exposition des thèmes faisant l'actualité, de
réactualisation des connaissances et bien d'autres bonnes choses encore
sur le plan de la connaissance. Ce recyclage doit par ailleurs aider
les Evangélistes qui ont eu la grâce d'être consacrés
d'améliorer leur niveau de réflexion, étant donné
qu'ils représentent pratiquement plus du tiers des pasteurs en service
actuellement. Nous n'avons qu'à lire Francis MBECK lorsque, parlant de
ces Evangélistes il déclare : « L'EEC en a
consacré à trois reprises : environ 65 en 1979 soit
antérieurement à l'adoption de l'article 88 sus
évoqué qui l'institue ; un seul en 1993 et environ 45 en
1995. »74(*) A ces derniers, il faut augmenter ceux
consacrés lors du premier jubilé de l'E.E.C. à FOUMBAN et
à DOUALA au nombre de soixante et un. En comptant ceux qui sont en
retraite et ceux qui sont décédés, le nombre reste quand
même important pour une Eglise qui se veut concurrente sur le
marché de la foi où nos produits doivent être revus,
polis, bien emballés et bien présentés, pour que les
pasteurs évitent d'être : «des sacrés soutaneux
très aptes à confondre les articles avec les pronoms lors des
prédications. »75(*) L'Eglise regroupe les
``Evangélistes consacrés'' au C.P.F. de MBOUO pendant deux ou
trois jours pour essayer de les ``recycler''. C'est bien, mais cela n'est pas
suffisant. On ne peut pas penser recycler des gens sans leur avoir au
préalable donner une formation initiale. Alors, l'Eglise devrait
plutôt penser à un regroupement d'un à deux ans dans un
centre de formation théologique, si possible par vague dans le but
d'inculquer ne serait ce que les notions théologiques introductives dans
leurs têtes et ceci par les hommes doués et bien moulés en
la matière : les professeurs de l'I.P.T.N. ou de l'U.P.A.C. car,
comme le dit si bien le pasteur Sadrack DJIOKOU : «Il vaut
évidemment mieux que le pasteur soit avant tout théologien, ou du
moins qu'il soit imprégné de quelques connaissances
théologiques nécessaires pour son ministère. Un pasteur
sans une base de connaissance théologique est un risque pour
l'Eglise ; il peut à tout moment la mettre en danger et la
dévier de sa mission. »76(*) Ainsi donc, un futur pasteur devrait d'abord
penser à sa formation avant de réfléchir sur la robe
pastorale.
3.3. Des propositions concrètes pour une
réforme dynamique et profonde Il s'agira pour nous ici de
faire des suggestions à la principale structure de formation des
ouvriers de l'E.E.C. et à l'Eglise elle-même quant, à la
continuité de la formation de ses ouvriers et à sa
pluridimentionnalité. Ainsi, quelles réformes l'I.P.T.N.
peut-elle apporter dans son programme de formation ?
3.3.1. Pour une refonte des programmes dans nos
Instituts et Facultés
Parlant d'une refonte des programmes, nos ambitions sont
celles d'une pédagogie qui intègre toutes les dimensions de la
formation, la transmission des savoirs, le partage d'expériences et une
vision futuriste comme nous l'avons vu plus avec l'herméneutique de
Mal.2 :5-9 sur le plan pédagogique. Ainsi un coup d'oeil
historique nous a permis de comprendre que les matières
enseignées depuis la création de l'I.P.T.N. ont subi des
modifications avec le temps. De nos jours, les matières au programme
sont :
L'étude des langues bibliques (hébreu et grec),
l'introduction scientifique (Ancien et Nouveau Testament)
l'Exégèse et la théologie des deux Testaments. A
coté de ses matières théologiques fondamentales avec ses
huit branches77(*), nous
pouvons citer des disciplines complémentaires telles que la Dogmatique,
la Systématique, l'Ethique, la Philosophie, la Théologie
Pratique, l'Histoire du Christianisme, L'Histoire des Religions, l'Histoire
d'Israël, la Psychologie, la Sociologie, la Musicologie, le
Français, l'Anglais, la Comptabilité, la Méthodologie,
l'Agro-pastoral, et l'Informatique. En plus de ses disciplines, il y a des
journées consacrées à l'interdisciplinarité en
théologie et des séminaires de formation sur des thèmes
variés (théologique ou non). Notons que beaucoup de choses ont
été faites au niveau du programme, mais moult
éléments restent encore à améliorer. Nous pouvons
ainsi relever :
L'agro-pastoral qui a profité seulement à
quelques étudiants (ceux de l'année 2007/2008) doit être
une réalité permanente pour ceux qui suivent une formation
à l'I.P.T.N. surtout que l'espace et la texture du sol s'y
prêtent.
L'informatique doit sortir des tiroirs pour être
enseignée, car le pasteur illettré de nos jours n'est plus
seulement celui qui n'a pas fréquenté, mais celui qui ne
maîtrise pas l'outil informatique.
Vu l'importance de la psychologie et de la sociologie, ces
matières doivent être enseignées soit tout le long du cycle
soit à la dernière année du cycle pour que son
applicabilité soit effective directement sur le terrain.
Certaines disciplines comme l'Anthropologie et la Missiologie
doivent être au programme et enseignées à l'I.P.T.N. Pour
le chercheur KÄ MANA, il faut ajouter les cours de leadership,
de stratégie humaine, et de psychologie humaine.78(*)
Entre la deuxième et la troisième année,
l'étudiant doit suivre un stage de 60 jours au moins de sensibilisation
à la réalité professionnelle et paroissiale. Ceci pour
préparer certains qui sont entrés à l'I.P.T.N. sans
être Evangéliste et pour réveiller les anciens
réflexes paroissiaux pour les autres qui ont été
préalablement Evangélistes avant leur entrée à
l'I.P.T.N.
L'I.P.T.N devrait avoir, dans le cadre de la Théologie
Pratique, des appareils rétro projecteurs pour la diffusion de
certaines cérémonies dans l'optique d'y apporter des
modifications ceci pour éviter la disparité dans les actes
pastoraux ; car, ces actes pastoraux constituent l'annonce de l'Evangile
au carrefour des rites.79(*)
Conscient que l'enseignant ne peut pas tout donner, la
structure gagnerait à mettre sur pied, en plus de la
bibliothèque, une salle multimédia connectée au
réseau Internet pour permettre la fluidité dans les programmes et
l'ouverture vers le monde.
Pour éviter une sorte de redite et d'évasion
dans les enseignements, l'administration devra établir un planning de
cours par année et par matière et veiller scrupuleusement
à son respect par les professeurs. En le faisant, les cours seront plus
crédibles et respecteront le calendrier universel des programmes
théologiques. Alors les étudiants d'ici auront la même
promptitude que ceux des autres facultés de théologie, notamment
sur la pratique comme le pense si bien Samuel C. NANA-SINKAM :
« Une des déficiences les plus graves de
l'éducation au Cameroun, est qu'elle ne dispose pas de mécanismes
qui permettent aux étudiants de systématiser ce qu'ils
apprennent, du fait de l'accent mis sur la
mémorisation »80(*)
L'I .P.T.N doit également penser à la
Licence Appliquée qui sera destinée aux étudiants qui ne
souhaitent pas dépasser le niveau Licence en théologie. Dans ce
sillage, un accent particulier sera mis sur les éléments
pré-professionnalisants, proposant un choix multiple: théologie
pratique, sociologie, musicologie, diaconie, accompagnement pastoral,
psychopédagogie, droit, administration, etc. Cette formation sera plus
particulièrement destinée aux étudiants souhaitant devenir
catéchètes, éducateurs spécialisés ou
travailleurs sociaux dans les oeuvres ecclésiales, musiciens d'Eglise,
visiteurs en hôpital, etc.
Vu la grande pluralité du champ de la
théologie, une initiation à une recherche interdisciplinaire est
un paramètre fondamental dans la formation de l'étudiant. Le
travail interdisciplinaire permet de comprendre la cohérence et
l'interdépendance des diverses matières composant le champ de la
théologie. Dans ce but, la semaine interdisciplinaire ne doit plus
seulement faire l'objet des programmations pour meubler le calendrier
académique, mais elle doit être une réalité. Nous
proposons que, ces séances interdisciplinaires auxquelles participeront
obligatoirement tous les étudiants et l'ensemble du corps enseignant
soient biannuelles. Ces journées doivent être
préparées par des équipes d'étudiants et
d'enseignants.
Nous proposons qu'au terme de chaque semestre, celles et ceux
qui ont échoué à une ou plusieurs matières ou qui
ne se sont pas présentés aux examens, qu'ils reçoivent un
courrier les invitant à indiquer les raisons qui peuvent expliquer, de
leur point de vue, leur découragement ou leur échec. Ils ont tout
intérêt à répondre à ce courrier pour
reprendre contact avec l'I.P.T.N. et mettre en place, avec le responsable de
l'Équipe de formation, un plan de travail leur permettant de rebondir.
Il ne faut pas seulement les appeler à l'oral ou les renvoyer en
Septembre. Le conseil des Professeurs doit les écouter (lecture de la
réponse au courrier) et dans la mesure du possible jeter un coup d'oeil
sur leur copie avant la prise de n'importe quelle décision.
Nous pensons qu'il est temps que l'I.P.T.N. organise un
enseignement ``in absentia'' à l'intention des personnes qui sont
empêchées de suivre les cours dans les locaux de l'Institut. Ces
études conduiront à des grades en théologie selon les
études qui seront faites par la structure. Pour le faire, nous
suggérons des cours en ligne pour la totalité de ce cursus. La
nécessité d'avoir un site Internet s'imposera alors.
Avec les connaissances reçues, le futur pasteur, une
fois sur le terrain pourra t-il dormir sur ses lauriers ? Nous pensons que
non, car la formation continue est nécessaire.
3.3.2. Pour une formation continue
La formation continue peut se définir comme un
processus qui permet à un professionnel d'adapter ses compétences
aux exigences spécifiques d'un métier dans une organisation
donnée, afin de se spécialiser dans un domaine ou au contraire
d'élargir son champ d'intervention. Elle permet à un travailleur
de prendre du recul par rapport à sa pratique et de repenser ou
repositionner son projet professionnel. Dans cette logique, il apparaît
clair que celui qui porte un regard sur l'évolution de la conception de
la formation continue professionnelle est amené à constater le
passage d'un système fermé (on forme pour former) à un
système ouvert à son environnement missionnaire (on forme pour
répondre aux besoins de l'Eglise et de ses membres : on forme pour
investir).
Néanmoins, les modes de mise en oeuvre d'un
système de formation continue sont multiples, tant pour les
décideurs que pour les chercheurs, il est intéressant de disposer
d'outils qui permettent de caractériser les actions et les
systèmes de formation. C'est dans cet esprit que nous proposons ici un
essai de modélisation de la formation continue en organisant certaines
dimensions qui, selon les réalités de notre société
et les attentes des fidèles, structurent différentes
modalités de mises en place et d'encouragement d'un système de
formation continue. Nous proposons les fonctions suivantes à
notre Eglise et à ses ouvriers :
a)La fonction de
spécialisation
Par cette fonction, la formation continue vise
essentiellement le développement des capacités pastorales
orientées vers la productivité (vraie
évangélisation) et l'entraînement de compétences
existantes et requises par la profession, quelle que soit la paroisse, lieu de
travail du pasteur. La formation continue doit alors répondre aux
problèmes de l'érosion des connaissances et des
compétences.
Elle peut également se comprendre comme une fonction
d'entretien ou de réactualisation des capacités
nécessaires au ministère pastoral. Dans cette optique, elle
maintient et entretient une compétence technique liée à la
profession de pasteur. Cette fonction de professionnalisation s'exercera
à travers des formations généralement ponctuelles,
limitées dans le temps et communes à plusieurs secteurs.
D'ailleurs André BIRMELE est du même avis, quand il
déclare :
« Le contexte de la société
moderne demande la révision des enseignements traditionnels du
protestantisme. Des éléments nouveaux doivent être pris en
considération. »81(*)
Ainsi donc, elle s'inscrit directement dans le prolongement de
la formation initiale et aboutit à améliorer les
compétences de base dans l'exercice du ministère pastoral;
à actualiser les compétences et à se recycler
professionnellement ; à mettre à jour les connaissances et
à corriger les pénuries de qualification ; etc.
b) La fonction d'adaptation
professionnelle.
Par cette fonction, la formation continue vise essentiellement
à former un bon pasteur bien intégré dans sa paroisse et
dans la société. Dans ce cas, la formation continue veille
à adapter un niveau de compétences actuelles à un autre
niveau de compétences requises par l'exercice du ministère dans
une paroisse ou un milieu précis. Le souci de changement dans l'Eglise
doit entraîner un ensemble de projets qui exigeront de nouvelles valeurs.
Car : « Les défis de l'Eglise sont aussi ceux du
monde et des autres structures de lutte contre le mal. »82(*)
C'est ainsi que par cette fonction, la formation continue
vise à acquérir une maîtrise qui peut prendre deux
directions complémentaires : l'adaptation et l'élargissement
- Adaptation dans le cadre d'aspects convergents, car ces
formations viseront l'acquisition des compétences spécifiques et
pointues en rapport étroit avec la profession du pasteur. Par ces
formations, le pasteur accède au statut d'«expert», ce qui
semble surtout être le cas en période de crise chez les
paroissiens.
-Elargissement dans le cadre d'aspects divergents, parce
que ces formations visent l'acquisition de compétences
complémentaires à celles qu'exige la profession. Par ces
formations, le pasteur élargit son spectre de compétences pour
accéder à la «polyvalence».
Les formations qui poursuivent cette fonction peuvent
être de courte ou de longue durée, selon le degré
d'écart plus ou moins important entre les niveaux de compétences.
Elles sont d'habitude très ancrées dans le projet professionnel
développé soit par le pasteur, soit par l'Eglise. Dans ce cas
les activités de la formation continue viseront à :
· Maintenir un niveau professionnel répondant
aux exigences actuelles des chrétiens
· Permettre l'adaptation du pasteur au changement
des techniques et des conditions de vie
· Diversifier les compétences
· Spécialiser le personnel (pour les
dirigeants de l'Eglise). Pour nous convaincre, le pasteur Sadrack DJIOKOU
pense que :
« L'erreur vient de ce que notre Eglise, comme
les autres d'ailleurs, ont toujours voulu former des pasteurs pleins de la
chose théologique, même en étant consciente que la seule
théologie ne suffit pas pour faire de bons pasteurs, bien qu'elle soit
indispensable. Elle a semblé ne pas comprendre qu'il y a plus à
acquérir si l'on veut servir l'Eglise et non se servir
d'elle. »83(*)
D'ailleurs le pasteur KÄ MANA pense pour sa part, qu'il
faut « détecter les talents »84(*)pour permettre à
chacun de bien faire ce qu'il sait faire, afin de permettre une meilleure
compréhension du travail à effectuer dans chaque fonction et
donc, à mieux le réaliser.
c) La fonction d'engagement
professionnel
Cette fonction a pour objet principal l'adéquation
entre le pasteur et son milieu de travail avec une visée transformatrice
et anticipative.Par ce type de fonction, la formation continue doit permettre
au ministre de culte de gérer le changement et la transformation des
trajectoires personnelles, professionnelles ou sociales dans l'Eglise. Ces
changements peuvent s'exprimer en des termes aussi différents que ceux
:
· D'envisager une promotion et le
développement de la paroisse
· De se réorienter selon les besoins la
paroisse et même de l'Eglise
· De devenir un agent de changement à
l'intérieur de son Eglise, de la paroisse ou dans la
société
· De gérer l'apparition de nouvelles
technologies et de nouveau comportement dans la paroisse et dans l'Eglise
Ce type de formation se caractérise par un
démantèlement des savoirs anciens, le développement et
l'appropriation progressive de nouveaux savoirs et de nouveaux outils. La
dimension collective des pasteurs en formation est une autre
caractéristique de ce type de formation continue. Cette formation
pourra aider l'Eglise et les pasteurs à développer l'autonomie
et la prise d'initiatives, à la responsabilisation, la recherche et
l'anticipation, à la préparation des pasteurs à de
nouvelles fonctions, à une réorganisation pour anticiper les
besoins et les attentes des chrétiens.
A la fin de notre investigation concernant la formation
continue, nous pouvons dire que cette dernière pourrait permettre au
pasteur :
- De contribuer à une plus grande attractivité
de la profession pastorale
- De répondre à la nécessité de
susciter ou de promouvoir de nouvelles idées
- De contribuer au décloisonnement de l'Eglise
- De contribuer à l'élaboration d'une politique
d'établissement et de présence
- D'améliorer les relations dans le milieu pastoral
- D'accroître la qualité des services
dispensés par le pasteur
- D'augmenter et stimuler la motivation du pasteur au
travail
- De permettre la satisfaction du personnel sur le terrain et,
par là, une amélioration de la qualité des services. Celui
qui doit grandir doit se remettre en cause en apprenant pour mieux
connaître, apprendre à regarder ailleurs pour voir si ce qu'on
fait est meilleur ou pas.85(*)
La formation cléricale doit être continue. Ceci
est un mandat même lorsque la formation de base a lieu dans des
conditions idéales. Chaque pasteur doit avoir conscience que cette
formation continue fait partie intégrante de sa vie, quels que soient
son âge, les circonstances ou les conditions de travail. En plus, cette
formation doit être étendue et inclure la théologie et les
autres sciences. Une formation continue correspond aux besoins personnels de
chacun et en même temps elle répond aux exigences de l'Eglise.
Bref, le pasteur est appelé à être un étudiant
jusqu'à ce que le Seigneur le rappelle à lui.
La formation continue ne suffit pas. Elle se présente
comme un processus pour valoriser le ministère pastoral et doit
être complétée par la formation pluridimensionnelle.
3.3.3. Pour une formation
pluridimensionnelle
La pluridimentionnalité du pasteur est une exigence
sociale incontournable. Le pasteur est un agent de développement dans
tous les plans. En ce moment, les yeux sont tournés vers l'Eglise pour
sa contribution concrète au changement positif du monde. Une telle
transformation passe par la formation globale de l'Homme. Le pasteur actuel
doit se former dans plusieurs domaines afin d'acquérir des aptitudes
pouvant l'aider dans les différentes situations sociales.
Un pasteur est, pour une grande part, un enseignant ; il
est appelé à communiquer l'Evangile. Ministre de la Parole, la
prédication, l'exhortation, l'application de l'Evangile à une
situation donnée tiennent une place essentielle dans son
ministère. Il est donc nécessaire qu'il ait de solides
connaissances bibliques et théologiques. Il est condamné à
être capable de répondre aux vrais besoins de ceux qui
l'écoutent. Non seulement il devra enseigner dans sa paroisse et dans
les évènements publics , dans le cadre de la prédication,
des études bibliques ou d'autres groupes, mais il devra être apte
à répondre à des questions que pourront lui poser les
membres de son Eglise et les personnes en recherche. Il est donc souhaitable
qu'il ait une bonne culture générale, une ouverture aux questions
de notre époque, et une capacité à y
réfléchir à partir de la révélation
chrétienne.
Il apparaît clair que le pasteur est un homme public et
doit de ce fait savoir se tenir. A côté de l'enseignement, le
ministère pastoral suppose la capacité d'établir des
relations personnelles avec de nombreuses personnes, dans et hors de l'Eglise.
Ce sera pour accompagner des personnes dans leur démarche spirituelle,
parfois dans leurs difficultés. Le "conseil pastoral", ainsi que la
relation d'aide, supposent expérience et sagesse, aptitude à
l'écoute, capacité de discerner ce qui peut aider et connaissance
de ses propres limites.
Il est bon d'avoir une certaine connaissance des formes
variées que peut prendre la croissance spirituelle en fonction des
personnes. En effet, un pasteur qui cherche à imposer ce qui a
été vrai pour lui peut être néfaste pour certains
qui n'ont pas le même profil. Une connaissance minimale en psychologie
n'est pas à négliger, ne serait-ce que pour savoir discerner ce
qui peut dépasser les compétences personnelles.
L'aptitude à collaborer se manifestera aussi au sein du
conseil d'anciens, ou auprès de ceux et celles qui ont des
responsabilités dans la communauté. Le pasteur a le devoir de
travailler en équipe, d'entendre la contradiction et manifester une
certaine capacité à gérer les conflits. Dans ce dernier
domaine, une formation spéciale s'avère nécessaire. Cette
formation doit également permettre une amélioration de l'image du
pasteur en ce sens que ce dernier doit connaître les règles de la
déontologie pastorale et accepter pleinement d'y conformer sa pratique
du ministère.
Le pasteur est appelé à être le
modèle du troupeau que Dieu lui a confié (1 Pi 5 :2 et 3).
Pour être formé dans plusieurs domaines il faut du temps ; ce
qui permettra aussi au futur pasteur d'avoir une sorte de maturité.
C'est pourquoi, être un trop jeune chrétien peut rendre fragile
celui qui est appelé à tenir un rôle en vue dans la
communauté86(*). La
vie de piété du pasteur sera au coeur de son ministère et
l'alimentera dans la vie quotidienne. Discipline sans légalisme et
liberté sans relâchement seront utiles et au pasteur et à
l'Eglise dont il a et continuera d'avoir des charges.
Un pasteur doit aussi pouvoir assumer la relation avec les
autres Eglises protestantes ou plus largement chrétiennes, du quartier
ou de la ville, ainsi qu'avec les autorités locales (municipale,
départementale, régionale et surtout traditionnelle etc.).
L'autre atout de la formation pluridimensionnelle est cette adaptation à
l'animation
Nous savons que certains pasteurs peuvent être plus
doués que d'autres dans ce domaine. Mais l'animation (au sens propre,
donner vie et âme) de la communauté fait partie de tout
ministère pastoral. Le pasteur est tenu à aider l'Eglise à
avancer, favoriser les engagements des uns et des autres et stimuler la
capacité d'initiative de la communauté. Conseils et
assemblées doivent être formés à une
réflexion et une prise de décision qui correspondent à une
véritable recherche commune de la volonté de Dieu.
Il est important que le pasteur discerne bien ce qui distingue
l'animation de la prise de pouvoir qui impose à une communauté
ses vues personnelles.
Un autre avantage de ce type de formation est que le pasteur
développe des stratégies pour essayer de satisfaire ses
fidèles.
Conclusion partielle
Ce chapitre tripartite avait pour objectif principal de
montrer le rôle que joue la formation et le recyclage dans la
réalisation des enjeux et défis qui attendent le pasteur actuel.
Nous avons également étudié les réformes possibles
de la formation et du recyclage des pasteurs de l'E.E.C. Ce chapitre a
été refermé par des propositions concrètes pour une
réforme dynamique et profonde de la formation du Pasteur.
CONCLUSION GENERALE
Devant les réalités et les mutations sociales,
le pasteur est condamné à se mettre à la page pour
satisfaire ses fidèles. Une telle oeuvre ne peut aboutir s'il ne se met
pas en permanence à l'école du savoir. Face à cette
problématique, nous avons fait nos investigations en trois chapitres.
Au premier chapitre, nous sommes parti des définitions
des mots-clés du sujet nous permettant de comprendre les contours de
notre sujet, pour aboutir à la présentation de la formation des
formateurs dans l'E.E.C. en passant par la présentation de
l'Eglise-cible.
Au deuxième chapitre, l'étude
exégétique et théologique de Mal.2 :5-9 nous a permis
de comprendre la notion de la formation dans ce qu'elle est fondamentalement.
En effet, selon Malachie, le pasteur est le garant de l'éducation du
peuple car c'est à sa bouche qu'on doit rechercher la connaissance.
(Mal.2 :7) Ce dernier doit être constamment à l'écoute
du peuple pour le guider et le sauver des dangers. L'interprétation de
ce texte nous a donné de comprendre que les recommandations faites dans
ce livre pouvaient s'appliquer sur les plans sociopolitique,
pédagogique, ecclésial et pastoral.
Au troisième et dernier chapitre de notre
réflexion, nous avons noté qu'il était temps de
réformer la formation et le recyclage des pasteurs de l'E.E.C. au regard
des défis et des enjeux de l'heure. Quelques pistes de solutions ont
été envisagées avec la réforme des programmes
à l'I.P.T.N., le contrôle systématique des diplômes,
la suppression du cycle de baccalauréat et une réflexion
sérieuse pour la création du cycle de maîtrise afin que
l'I.P.T.N. soit une Faculté de théologie, fiable, réelle
et non virtuelle. Les étudiants doivent mettre en valeur les
enseignements reçus pour ne plus être seulement des chercheurs
d'emploi, mais des hommes moulés pour la cause de Christ. Ainsi le
passage à l'I.P.T.N. cessera d'être un moyen parmi tant d'autres
pour obtenir la robe, pour devenir un moment de préparation, de
réflexion, d'initiation et surtout de formation en vue de
répondre aux besoins du peuple de Dieu.
Nous croyons que l'Eglise qui déjà, investit des
sommes colossales sur la formation des pasteurs gagnerait à y jeter un
coup d'oeil parfois pour constater si ses doléances sont assouvies. Dans
une société où le mercantilisme spirituel offre des choix
variés, le pasteur en particulier et l'Église en général gagneraient à
contrôler la qualité de leur marchandise. Une amélioration
n'est possible que si l'accent est mis sur une bonne formation et des
recyclages périodiques.
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à l'Eglise Evangélique du Cameroun, Collection : Pour une
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41. DOUNTIO KENNE, Moise. Problématique de la
formation du peuple de Dieu dans l'E.E.C. à la lumière
d'Osée 4/6.Mémoire de fin d'études
théologiquesen vue de l'obtention du diplôme de
Baccalauréat, I.P.T.N., 2006.
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recrutement au saint ministère à l'Eglise Evangélique du
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COURS DES PROFESSEURS ET EXPOSES
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Moniteurs du Culte d'Enfants, Mbouo, 2001.
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Année académique 2009/2010.
48. POUNGUE KEMAYOU, Nestor. Cours d'Histoire des
Religions etde Missiologie,Cycle de licence, Niveau III, I.P.T.N.,
Année académique 2009/2010.
49. POUNGUE KEMAYOU, Nestor. ``Apport des valeurs
culturelles africaines dans la construction spirituelle de l'Eglise'',
Exposé fait lors de la semaine interdisciplinaire, I.P.T.N., Avril
2010.
TEXTES DE BASE DE L'E.E.C
50. SEYAZE TCHOUTCHUI, Claude. Cours de Théologie
Pratique, Cycle de licence, Niveau III, I.P.T.N., Année
académique 2009/2010.
VII-
51. Liturgie de l'Eglise Evangélique du
Cameroun, Synode général à Foumban, 02 Mars 2002.
52. Règlement Intérieur de L'Eglise
Evangélique du Cameroun,Synode général de Mbouda, 06
Mars 1998.
INTERVIEW
VIII-
53. NKOAGNE Josué, Docteur en Pharmacie et Ancien
d'Eglise, âgé d'environ quarante cinq ans, Bafoussam, 15 Janvier
2010.
SITE WEB
IX-
54. http: //www.wagne.net/
* 1 Benjamin, KOUONGA CHIBOUME.
Cours d'exégèse de l'Ancien Testament, Cycle de licence,
Niveau II, I.P.T.N., Année académique 2008/2009.
* 2 Jean, ANSALDI. Le
dialogue pastoral, Editions Labor et Fides, Genève, 1986, P. 153.
* 3Ebénézer, NJOH
MOUELLE. De la médiocrité à l'excellence (essai sur la
signification humaine du développement), Editions CLE,
Yaoundé, 1996, P.33.
* 4 Cette expression est le
propre de certains étudiants qui sont passés ou qui sont encore
à l'I.P.T.N. Ces derniers pensent que le passage dans une Institution de
formation reste un moyen, parmi tant d'autres, pour avoir la robe pastorale
sans être taxé de « pasteur du jubilé »
* 5 Achille MBEMBE cité
par Nestor, POUNGUE KEMAYOU. Cours d'Histoire des Religions et de
Missiologie, Cycle de Licence, niveau III, I.P.T.N., Année
académique 2009/2010.
* 6 Microsoft Encarta 2007,
1993-2006 Microsoft Corporation.
* 7Dictionnaire
Encyclopédique Larousse, 1 volume en couleur, Editions Librairie
Larousse, Paris, 1979. P.58.
* 8 Microsoft Encarta 2007,
Op.Cit.
* 9 Maurice, HOROWITZ.
Dictionnaire Français- Hébreu et Hébreu-
Français, Editions Institut de la connaissance
hébraïque, Paris, 1974. P.17.
* 10 Jean Jacques, ALLMEN
(Von). Prophétisme sacramentel, Editions Delachaux et
Niestlé, Paris, 1964, P.85.
* 11 Bernard, GILLIERON.
Dictionnaire Biblique, Editions du Moulin, Renens, 1998, P. 151.
* 12Liturgie de l'Eglise
Evangélique du Cameroun, approuvée par le Synode
Général de Foumban, 02 Mars 2002 P. 5.
* 13 Jaap, SLAGEREN (Van).
Les origines de l'Eglise Evangélique du Cameroun, Editions CLE,
Yaoundé, 1972, P.17.
* 14 Charles, MBEMI
MAKOUA.Camp national de formation des moniteurs du culte d'enfants,
Mbouo, 2001,
* 15 Jaap, SLAGEREN (Van), Op.
Cit. P.134.
* 16Jaap, SLAGEREN (Van), Op.
Cit. P.134.
* 17 Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun adopté
au synode général de Mbouda le 06mars 1998, P. 5.
* 18 Une paroisse peut
être constituée d'une ou de plusieurs annexes.
* 19 Un district est le
rassemblement d'au moins deux paroisses.
* 20 Une région synodale
est le regroupement d'au moins quatre districts.
* 21Liturgie de l'Eglise
Evangélique du Cameroun, Op. Cit., P. 5.
* 22Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit. P.
8.
* 23Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit. P.
9.
* 24 Engin destiné
à creuser le sol et y frayer un passage pour tous.
* 25 Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit. P.
11.
* 26 Jill, MASTERS.
Leçons pour la vie, Editions EUROPRESSE, Chalon-sur-Saône,
2004, P. 74.
* 27 Jill, MASTERS. Op. Cit. P.
3.
* 28Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit. P.
9.
* 29 Selon certaines sources,
cette Ecole aurait été fermée.
* 30 Moise, DOUNTIO KENNE.
Problématique de la formation du peuple de Dieu dans l'E.E.C. à
la lumière d'Osée 4/6, Mémoire de fin d'études
théologiques en vue de l'obtention du diplôme de
Baccalauréat, I.P.T.N., 2006, P.6.
* 31Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit., P.
9.
* 32 Karl, BARTH. Le
ministère du pasteur, Editions Labor et Fides, Genève, 1961,
P.33.
* 33Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit., P.
10.
* 34 Simon Bolivar,
NJAMI-NWANDI. Traité de déontologie pastorale, Editions
CLE, Yaoundé, 2005, P. 75.
* 35Règlement
Intérieur de L'Eglise Evangélique du Cameroun, Op. Cit., P.
19.
* 36 http :
//www.wagne.net/
* 37 Karl, BARTH.Op. Cit. P.
43.
* 38 Emmanuel, BISSU ;
Philémon, MBELE et Al. Initiation à l'exégèse
biblique Ancien Testament et Nouveau Testament, Editions CLE,
Yaoundé, 2003, P. 9.
* 39 La tradition targumique
selon laquelle il s'agirait d'Esdras n'est guère solide.
* 40 Gleason L, ARCHER.
Introduction à l'Ancien Testament, Editions EMMAUS,
Saint-légier, 2001, P. 480.
* 41 Thomas, RöMER ;
Jean-Daniel, MACCHI et Al. Introduction à l'Ancien Testament,
Editions Labor et Fides, Genève, 2004, P.472.
* 42 Thomas, RöMER ;
Jean-Daniel, MACCHI et Al. Op. Cit. P 473.
* 43Thomas, RöMER ;
Jean-Daniel MACCHI et Al. Op. Cit. P. 471.
* 44 Une énonciation est
un ensemble d'éléments de communication ayant une signification
qui se suffit à elle-même.
* 45 Membre de la famille
royale, responsable du rapatriement peu après SHESBATSAR.
* 46 Théophane, CHARY
O.F.M.Aggée-Zacharie Malachie, Librairie, Lecoffre, Paris,
1969, P. 224.
* 47Rév. Dr. Bernard,
NJOUENWET KOPP. Cours d'exégèse de l'Ancien
Testament,Cycle de licence, Niveau III, I.P.T.N., Année
académique 2009/2010.
.
* 48 Le mètre introduit
souvent des conjectures basées sur des hypothèses à propos
de la métrique poétique hébraïque.
* 49 Théophane, CHARY
O.F.M. Op. Cit., P. 226.
* 50 Serges Gautier DJAKOU
MBAKOP. Malachie 3 :10 : Paradigme pour une relecture du
système financier de l'E.E.C. Mémoire de fin d'études
théologiques en vue de l'obtention de la Licence, I.P.T.N., 2008, P.
20.
* 51 Il s'agit du dieu de la
fertilité commun à de nombreux peuple sédentaire, tel
qu'il était adoré à Péor.
* 52 Edmond, JACOB.
Théologie de l'Ancien Testament, Editions Delachaux et Niestle,
Neuchâtel, 1968, P. 200.
* 53 H, RINGGREN. La
religion d'Israël, Editions Payot, Paris, 1966, P. 225.
* 54 Edmond, JACOB. Op. Cit.,
P. 202.
* 55 John, BENTON. Plus
loin de toi mon Dieu : le message du prophète Malachie,
Editions Europresse, Chalon sur Saône cedex, 1989, P. 45.
* 56 T. Alexander,
DESMOND ; S. Brian ROSNER et Al. Dictionnaire de théologie
biblique, Editions Excelsis, Charols, 2006, P. 733.
* 57 John, BENTON. Op. Cit., P.
45.
* 58 René, MARLE. Le
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* 59 Rév. Dr. Emmanuel,
BISSU. Cours de Théologie du Nouveau Testament, Cycle de
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* 60 Emmanuel, BISSU.
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Yaoundé, 2002, P. 6.
* 61 Le syncrétisme est
une doctrine constituée d'emprunts philosophiques ou religieux divers,
organisés pour former un tout cohérent.
* 62 L'éclectisme est
une attitude d'esprit conduisant à faire des choix très divers
sans exclusive.
* 63 Remarquons qu'il n'est
pas nécessaire de posséder une grande culture pour respecter les
règles élémentaires de sa langue.
* 64Jean, RILLET. Le
pasteur et son métier, Editions Fayard, Paris, 1961, P.26.
* 65 Célestin, Gb. KIKI.
La réforme du culte : une nécessité pour les
Eglises d'Afrique, Editions CLE, Yaoundé, 2001, P. 252.
* 66 Nestor, POUNGUE KEMAYOU.
``Apport des valeurs culturelles africaines dans la construction
spirituelle de l'Eglise'', Exposé fait lors de la semaine
interdisciplinaire, I.P.T.N., Avril 2010.
* 67Célestin, Gb. KIKI.
Op. Cit. P. 263.
* 68 Charly MOUSSIMA
cité par Moise, DOUNTIO KENNE. Op. Cit., P. 7.
* 69 Jean, COMBY. Pour lire
l'histoire de l'Eglise :Des origines au XXIe siècle, Editions
du Cerf, Paris, 2003, P. 214.
* 70Samuel C., NANA-SINKAM.
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développement durable, Editions CLE, Yaoundé, 1999,
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* 71 Sadrack, DJIOKOU. La
formation du pasteur proposant à l'Eglise Evangélique du
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* 72 Interview fait à
Josué NKOAGNE, Docteur en Pharmacie et Ancien d'Eglise, âgé
d'environ quarante cinq ans, Bafoussam, le 15 Janvier 2010.
* 73 Simon Bolivar,
NJAMI-NWANDI. Op. Cit. P. 23.
* 74 Francis, MBECK. Le
ministère pastoral : recrutement au saint ministère à
l'Eglise Evangélique du Cameroun, Mémoire de fin
d'études théologique en vue de l'obtention du diplôme de la
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* 75 Nestor, POUNGUE KEMAYOU.
Op.Cit.
* 76 Sadrack, DJIOKOU.Op.
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* 77 Emmanuel, BISSU. Op. Cit.
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* 78KÄ MANA. Cours
d'Ethique, Cycle de licence, Niveau III, I.P.T.N., Année
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* 79 Claude, SEYAZE TCHOUTCHUI.
Cours de Théologie Pratique, Cycle de licence, Niveau III,
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* 80 Samuel C., NANA-SINKAM.
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* 81André, BIRMELE.
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* 82 Sadrack, DJIOKOU. Op.
Cit., P.17.
* 83 Sadrack, DJIOKOU.
Op.Cit., P.59.
* 84 KÄ MANA. Op. Cit.
* 85Josué, NKOAGNE. Op.
Cit.
* 86 Comme la vie sociale, la
vie spirituelle est échelonnée. Ainsi, il faut avoir une certaine
expérience et maturité spirituelle pour accéder à
certains postes de responsabilité.
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