UNIVERSITÉ CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR
FACULTÉ DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
DÉPARTEMENT DE LETTRES MODERNES ÉTUDES
AFRICAINES ET FRANCOPHONES
MÉMOIRE DE MASTER II
Sujet :
LA OS UOGOC
LA POÉSIE D'AUTOGLORIFICATION EN MILIEU WOLOF DU
BAOL : L'EXEMPLE DU KAÑU EN MILIEU WOLOF : KA
Présenté par : Sous la direction
de :
Abdoulaye DIOME M.Cheick SAKHO
Maître de conférences
Annee academique 2018-2019
DÉDICACES
Je dédie ce modeste travail à :
A ma très chère mère
Quoi que je fasse ou que je disse, je ne saurai point te
remercier
Comme il se doit. Ton affection me couvre, ta bienveillance me
Guide et ta présence à mes côtés a
toujours été ma source de force
Pour affronter les différents
obstacles.
A mon très cher père
Vous avez toujours été à mes
côtés pour me soutenir et m'encourager.
Que ce travail traduit ma gratitude et mon affection.
A mes frères Abdou, Aliou, Ibrahima, Ousmane,
amis et camarade de promotion
Puisse Dieu vous donne santé, bonheur, courage et
surtout
Réussite
A mon oncle feu Ibrahima DIONE
Paix à son âme
II
REMERCIEMENTS
Je remercie profondément tous ceux qui m'ont soutenu et
encouragé moralement et financièrement.
Tout d'abord, je tiens à remercier mon encadreur M. Cheick
SAKHO pour sa disponiblité, sa générosité et pour
l'intérêt qu'il porte à ce travail qui, sans son appui ne
verrait jamais le jour.
Monsieur,
Vous nous avez soutenu pendant ces deux ans et guidé nos
premiers pas dans cette entreprise de recherche que vous saviez difficile. Nous
avons beaucoup appris à vos côtés, aussi bien sur le plan
de la recherche scientifique, que sur la dimension humaine. La rigueur que vous
imposez dans votre travail est une source de motivation pour tout apprenant
ambitieux. Nous ne trouvons pas un mot plus significatif à vous adressez
que celui-ci « Merci ».
Nous remercions ensuite tous les professeurs du
département de Lettres Modernes ainsi que l'ensemble de nos camarades
amis et Étudiant dont Ibrahima FAYE, Adama DIOP, Omar BASSE, Ousmane
DIOUF et Abdou SARR.
Nous remercions aussi toutes les personnes ressources qui nous
ont accueillis, écoutés et répondu à nos questions,
comblant ainsi sans réserve nos attentes.
III
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE : 5
PRÉSENTATION DE LA SOCIÉTÉ WOLOF DU BAOL
5
CHAPITRE I : PRÉSENTATION HISTORIQUE ET
GÉOGRAPHIQUE 6
Chapitre II : Organisation sociale et quelques productions
littéraires 9
DEUXIÈME PARTIE : 14
PRÉSENTATION DU CORPUS 14
CHAPITRE I : TRANSCRIPTION ET TRADUCTION DU CORPUS 17
CHAPITRE II : ANALYSE THEMATIQUE 63
CHAPITRE III : ETUDE SPATIO-TEMPORELLE 74
TROISIÈME PARTIE : 78
ANALYSE DU CORPUS 78
CHAPITRE I : ANALYSE DISCURSIVE 79
CHAPITRE II : ANALYSE STYLISTIQUE 82
CONCLUSION GÉNÉRALE 86
BIBLIOGRAPHIE GÉNERALE 90
TABLE DES MATIERES 96
INTRODUCTION
1
2
Le terme de « littérature orale » regroupe un
vaste champ de récits de fiction anonymes qui s'exprime diversement dans
les communautés à travers les traditions orales. Elle puise sa
source dans la culture traditionnelle fondée sur l'oralité. Cette
littérature constitue d'une part le principal moyen de communication,
d'interconnaissance et d'interaction entre les individus. D'autre part, «
ce patrimoine invisible mais audible » est un moyen d'expression de la
tradition. Selon Cheick Sakho : « les peuples qui ne connaissent pas
l'écriture, n'ont pu conserver leurs cultures et leurs civilisations que
grâce à l'oralité. »1
Ainsi à partir de cette oralité, ces
sociétés traditionnelles ont développé une riche et
abondante littérature. Malgré l'influence d'une
société de type occidentale dominée par l'écriture,
l'oralité reste toujours vivante. Cependant l'écriture pourrait
servir de tremplin pour restituer à la littérature orale sa
plénitude. Au-delà de son aspect singulier, cette
littérature repose sur une technique de communication dont la
visée est la transmission du patrimoine culturel désigné
par « l'ensemble des messages qu'un groupe social considère avoir
reçu de ses ancêtres et qu'il transmet oralement d'une
génération à l'autre »2
Ainsi, cette transmission s'effectue de
génération en génération par les
dépositaires-transmetteurs comme les griots, les sages. Ce sont eux qui
demeurent les sentinelles de la mémoire collective, les « sacs
à parole » pour parler comme Djéli Mamadou
Kouyaté3 .Ils sont souvent des « professionnels »
de la langue ou du bien-dit : par exemple les griots qui racontent les
épopées et des « non-professionnels » les femmes et les
vieillards diseurs de contes.
La littérature orale est composée de plusieurs
genres parmi lesquels on peut noter le conte, l'épopée, le mythe,
la légende et le chant.
La création poétique sous forme de chants dans
la culture wolof est l'apanage d'une classe sociale très connue, celle
des griots. C'est pour cela qu'elle est compatible avec la naissance. Un homme
de bonne naissance ne chante pas dit l'adage. Mais cette composition bien
particulière appelée kañu en wolof : « o
njom » en seereer, et poésie d'autoglorification en français
selon Amade Faye4 entre dans le registre de la poésie
liée aux activités économiques. Ces genres oraux n'ont pas
d'auteurs et sont pratiqués spontanément par toute personne qui
le désire dans toutes les circonstances de la vie. C'est dans ce
contexte que Lilyan Kesteloot affirme que « la poésie africaine
orale est liée à la vie de tous les jours. Elle ne dort pas
dans
1 SAKHO, C, « Peuls de Tièrno
Monénembo : une écriture de la parole proférée
» in Éthiopiques no79, 2eme semestre, 2007.
2 CALAME - G.G, «
Pour une étude ethnolinguistique des littératures orales
africaines », in langage, n° 18, juin 1970.
3 Djibril Tamsir NIANE Soundjiata ou
l'épopée manding, Présence Africaine, 1960.p.9.
4 Faye .A « Performance poétique et
variabilité en pays sérère, l'exemple des chants de
culture - A Kim O njoom » in oralité africaine et
création, (Acte du colloque de l'Isola, 10-12 juillet 2002 à
l'université de Savoie, Chambéry, France) Paris, Karthala, 2005
p. 363.
3
les livres. Elle n'est pas le privilège des
spécialistes. Elle peut être composée par tout le monde.
Elle est aussi composée pour tout le monde ».5Amade Faye
renchérit : « Dans les civilisations de l'oralité,
l'expression littéraire est en rapport avec l'existence quotidienne, les
expériences intimes et les conceptions sociales spécifiques
».6A ce titre, on peut dire que dans les communautés
traditionnelles, la littérature orale ou plus particulièrement la
poésie orale est liée à la vie de tous les jours.
En effet, malgré toutes les difficultés
inhérentes à la collecte de ces genres oraux, nous nous sommes
intéressés à cette poésie d'autoglorification wolof
à travers les chants de culture appelés kañu. Ces
types de chants offrent un vaste sujet de recherche et sont
déclamés au cours des travaux champêtres sans instruments
de musique. Du fait de la joie qu'ils suscitent, ils rendent le labeur plus
supportable et permettent de coordonner les efforts du groupe. Ces compositions
se scandaient dans les territoires du Bawol et du Cayor. Comme le souligne
Amade Faye
C'est dans ces zones monarchiques et inégalitaires que la
disposition individuelle à la création poétique
est cultivée comme valeur sociale distinctive et
qualifiante...Le njoom est une poésie développée
exclusivement dans l'arène des champs, au soleil vertical du
zénith.7
Cependant, il est très important de signaler que la
poésie champêtre n'équivaut pas au kañu qui
n'est qu'une catégorie de poésie champêtre
réflexive. C'est le cultivateur, en même temps locuteur, qui
chante ses propres louanges.
Le kañu est un chant laudatif « qui, par
l'exaltation et l'exhortation, amène l'individu à se surpasser en
luttant contre tout influx négatif, fût-il physique ou
psychologique » 8 note Abdoulaye Keïta. Le performateur exulte en
chantant à tue-tête, son habilité au travail et surtout son
courage et sa ténacité face à la grande étendue des
champs et la forte chaleur « dans l'arène des champs au soleil
verticale au Zénith » comme le dit A. Faye.
Par ailleurs ces chants recueillis dans la
société wolof demeurent de nos jours méconnus surtout par
la frange jeune à cause de la mécanisation de l'agriculture, le
kañu n'est plus à la mode. A cela s'ajoute le
développement exponentiel des nouveaux moyens de communication modernes
radio, télévision, qui remplacent de plus en plus les
scènes culturelles traditionnelles, en ville comme au village.
5 Lilyan Kesteloot, la poésie
traditionnelle, Paris, Fernand Nathan, 1971 p.34.
6 FAYE A, Le thème de la mort dans la
littérature seereer.Dakar Paris, NEAS, 1997 p.8.
7 Faye,A.op.cit,p.366
8« L'auto-louange dans la lutte sénégalaise
ou quand le panégyrie se substitue au panégyriste », in
corps en lutte : l'art du combat au Sénégal, sous
la direction de Dominique CHEVE, Cheikh Tidiane Wane et alii, Paris CNRS,
2014.
4
Étudier cette poésie d'autoglorification du
kañu pour cerner son caractère multidimensionnel,
nécessite une approche historique, sociologique, thématique et
stylistique pour bien mettre en lumière son aspect culturel.
Nous avons commencé par la transcription des textes en
wolof, que nous avons traduits en français ensuite, avant de
procéder à leur analyse.
Mais quelle analyse peut-on faire du kañu?
Notre étude s'articulera autour de trois grandes parties.
D'abord, nous allons en premier lieu présenter la société
wolof du Baol. Ensuite la deuxième partie sera consacrée à
la transcription et à la traduction du corpus suivie de l'analyse
thématique et de l'étude spatio-temporelle. Et enfin, dans la
troisième partie, nous allons faire l'analyse littéraire de notre
corpus en nous appuyant sur la situation d'énonciation par l'analyse
discursive et stylistique.
PREMIÈRE PARTIE :
PRÉSENTATION DE LA
SOCIÉTÉ
WOLOF DU BAOL
5
6
CHAPITRE I : PRÉSENTATION HISTORIQUE ET
GÉOGRAPHIQUE I.1 Approche historique
De nombreuses études relevant de disciplines diverses
comme l'histoire, la géographie, la sociologie se sont
intéressées à cette société wolof.
Cependant, malgré les nombreuses recherches sur cette
société, l'origine des wolofs n'a jamais été
clairement déterminée. Le professeur Cheikh Anta Diop et la
majeure partie des historiens soutiennent l'idée que les wolofs seraient
originaires de la vallée du Nil (Égypte) avant de s'implanter
dans l'espace historique de la Sénégambie. Ils rattachent donc
l'origine des wolofs ainsi que celle des différents peuples de la zone
Sénégambienne à la vallée du Nil. À ce
propos Cheikh Anta Diop estime que la vallée du Nil est le «
berceau primitif de tous les peuples noirs aujourd'hui à l'état
dispersé sur les différents points du continent. »9
En définitive Cheikh Anta Diop et la majeure partie des
historiens situent la formation des Wolof comme peuple dans l'Egypte
pharaonique.
Cependant, selon la tradition orale, le peuple wolof aurait
pris naissance au milieu du XIIIème siècle dans le
royaume du Djolof sous Ndiadiane Ndiaye10ancêtre mythique des
wolofs qui aurait fondé le royaume Djolof. Jean Boulègue
écrit : « c'est au Waalo dans sa cour (celle de Ndiadiane Ndiaye)
ou des gens de diverses origines venus lui faire soumission que la langue
aurait été créée »11. On constate
que la fondation de l'empire du Djolof ne s'éloigne guère de la
création de la langue wolof. Selon les mêmes sources, cet empire
du Djolof était un détachement du Tekruur. Il s'étendait
du fleuve Sénégal au nord jusqu'à la Gambie au sud et
englobait diverses populations qui, pour la plupart, seront
intégrées dans l'ethnie wolof. Dans son ouvrage La
société wolof : tradition et changement, Abdoulaye Bara Diop
dans le même sens, écrit : « Une version de la tradition
orale veut que l'ethnie wolof soit constituée à la faveur de
Ndiadiane Ndiaye où se seraient fondus plusieurs groupes (soose,
seereer, pular) pour donner naissance à la langue wolof
».12 Le Djolof qui regroupait en son sein des royaumes vassaux
tels que le Walo, le Cayor et le Baol a connu un déclin vers le milieu
du XVIe siècle. C'est ainsi que la majeure partie des territoires
décident de prendre leur destin en main. Le Baol en tant que royaume
existait depuis bien longtemps.
Cependant, Boubacar Barry considère le Waalo comme
étant le principal berceau de l'ethnie wolof. Il écrit à
ce propos : « Il semble que la langue wolof, ainsi que l'essentiel des
9 DIOP.C.A, L'Afrique Noire
précoloniale, Présence Africaine, 1987, p.204.
10 Ndiadiane Ndiaye : Figure mythique, selon la
légende il est venu de la mer d'où le nom que les
sérères lui donnent « Ndiadiane » (sortir de la mer)
.Il fonda le royaume du Jolof.
11 BOULEGUE J, Le grand Jolof XIII -XVI s,
Paris Karthala 1987, p.06.
12 DIOP. A. B, La Société Wolof,
traditions et changement : les systèmes d'inégalités et de
domination, Paris, Karthala, 1981, p.17.
7
institutions politiques et sociales aient pour foyer d'origine
le Walo qui est considéré comme le berceau de la civilisation
Wolof » 13 . Les sources européennes notamment avec les
témoignages portugaises, reconnaissent avoir trouvé sur place
à leur arrivée des Wolofs et Sérères. Jean
Boulègue remarque que les portugaises au XVe et XVIe siècle
connaissent cet Etat qu'elles nomment « jolof » ; « Gelofa
» ; « Gilofa », terme qu'on identifie aisément à
Djolof.Cependant, il est important de souligner que des preuves certaines font
défaut pour soutenir une telle affirmation.
I.2 Localisation géographique
L'ethnie wolof représente environ 40% de la population
du Sénégal note Bassirou Dieng. 14Elle donne au pays
une langue de communication parlée par plus de 70% des citoyens. Son
foyer originel s'étend du nord au sud, depuis l'embouchure du fleuve
Sénégal jusqu'à la latitude de Diourbel et d'est en ouest
de la côte atlantique au désert du Ferlo. Cet espace recoupe les
régions qui ont constitué dans le passé précolonial
les royaumes du Walo, du Djolof, du Cayor du Saloum et du Baol.
Le Bawol était un royaume qui se trouvait
approximativement au centre de la Sénégambie, sa superficie
était plus ou moins importante. Le Baol partageait ses frontières
avec d'autres royaumes de la Sénégambie. Au Nord avec le Cayor
jusqu'aux confins de l'Océan Atlantique. Au Sud du Bawol, nous avons le
royaume du Sine .Le royaume du Baol est limité à l'Ouest par
celui du Djolof.
La population du Baol est essentiellemet composée de
wolofs et de sereers.Leur processus d'installation s'est fait par la migration
.Nombreux sont les auteurs qui disent que les ancêtres des
bawol-bawol 15sont des
soose16.D'après Rokhaya FALL17les
premiers occupants de ce territoire furent des soose. Cela se justifie
par un nombre important de puits qu'ils avaient creusé dans cette
localité et par leur sépulture.En guise d'exemple on peut citer :
le puits de Sanjara et celui de Cenjeng.
Cependant, il est important de rappeler que cette
présentation renvoie au royaume traditionnel du Bawol mais aujourd'hui
quand on parle du Bawol on pense immédiatement à la région
de Diourbel. Cette région se trouve à 146 kilomètres
à l'est de la capitale du Sénégal (Dakar), elle est
limitée au sud, à l'ouest et au nord par la région de
Thiès au sud et à l'est par la
13 BARRY B, Le royaume du Walo, le
Sénégal avant la conquête, Paris, Karthala, 1985,
p.47.
14 DIENG Bassirou, Société wolof et
discours du pouvoir. Presse Universitaire de Dakar, novembre 2008,
p.16.
15 Habitants du Baol.
16 Une branche du peuple mandé.
17FALL Rokhaya, le royaume du Bawol au
XVIe au XIX siècle : pouvoir wolof et rapports avec les
populations seereer, thèse pour le doctorat de 3e cycle,
Université de Paris I, 1983.p.15.
8
région de Fatick et au nord et à l'est par la
région de Louga. La superficie de la région de Diourbel est de
4769 km2.le climat est de type soudano sahélien.
I.3 Contexte de production et justification du
sujet
Ces chants sont recueillis auprès d'une
communauté paysanne wolof dans un village qui s'appelle
NDONDOL. Les performateurs de ces chants sont tous connus et
appartiennent à la communauté wolof et sérère du
Baol. Ces personnes sont détenteurs de la tradition orale, leur savoir
et leur talent suscitent le respect. Ils sont des cultivateurs et pasteurs qui
ont toujours vécu dans les campagnes. Parmi eux on peut citer les plus
célèbres dont Gorgui Thiaw, Matar Ndong qui habitent dans la
Commune de Ndondol dans le département de Bambey.
Cependant, il est important de signaler que beaucoup de
travaux universitaires ont été réalisés dont celui
de Bassirou Dieng de Lilyan Kesteloot de Momar Cissé ou encore ceux de
Serigne Ndiaye qui nous ont permis de découvrir ce domaine qui est en
voie de disparition.
C'est ainsi que, séduit par la pertinence du
thème, nous avons choisi à notre tour de nous intéresser
à la « poésie d'autoglorification du kañu en
milieu wolof du Baol » et de nous investir dans le champ de la recherche
afin d'apporter notre modeste contribution à la découverte et
à la conservation de ce riche patrimoine. Comme le dit le proverbe latin
:( verba volant, scripta manent) les paroles s'envolent, les
écrits restent, nous nous sommes fait le dessein de recueillir des
chants, de les transcrire et de les traduire malgré toutes les
difficultés inhérentes à la collecte de ces textes oraux.
Cette difficulté est connue de tous les spécialistes surtout si
les textes n'appartiennent pas aux genres très populaires, comme les
contes ou les proverbes.
Le premier obstacle demeure la réticence ou la
méfiance de nos interlocuteurs à narrer certains faits ou
évènement relevant du « secret public » mais il y'a
également la peur des nouvelles technologies de l'information et de la
communication. Un autre problème demeure la traduction. En effet, tout
passage d'une langue à une autre entraine forcément une trahison
comme dit l'adage « traduire c'est trahir ».
9
Chapitre II : Organisation sociale et quelques
productions littéraires
L'organisation de la société wolof se distingue
par la superposition de deux systèmes qui ont des fondements et des
caractéristiques différents mais ils ont la particularité
de créer des groupes marqués par l'hérédité,
la hiérarchie et l'endogamie : les castes et les ordres.
II.1 Le système des castes
En ce qui concerne l'origine des castes, Cheikh Anta dit à
ce propos :
Le système est né d'une division du travail,
mais sous un régime politique avancé, monarchique, car on ne
trouve jamais de caste sans noblesse. Cependant, il est fort probable que la
spécialisation dans le travail qui aboutit à
l'hérédité du métier dans le système
à l'échelle familiale et individuelle s'est élaboré
depuis l'organisation clanique. 18
Toutefois, il est difficile de définir la notion de
caste ou de la comparer aux autres formes de stratifications. Au
Sénégal, la société connait une bipartition,
donnant d'un côté les géer et de l'autre les
ñeeño. Les premiers sont la caste dite
supérieure, qui s'adonnent principalement à l'agriculture et
accessoirement à la pêche et à l'élevage, par
opposition aux seconds, groupe inférieur qui a le monopole de la parole
et de l'art.
Les géer constituent la caste
supérieure. Il s'agit des non-artisans de la société
wolof. Leur spécialisation professionnelle étant mal vue,
l'artisanat leur est interdit. Ils peuvent exercer toute autre activité
: agriculture, élevage, pêche etc. Mais ils étaient
généralement paysans ; les deux dernières activités
étant secondaires et marginales remarque Abdoulaye Bara
Diop.19 Les ñeeño constituent le groupe
inferieur dans la stratification sociale du travail en pays wolof. Ils sont
divisés en castes et sous-castes. Cette division repose essentiellement
sur la différence des activités professionnelles et plus
généralement des fonctions. On distingue les jëf-lekk,
les sab-lekk, et les ñoole.
Les jëf-lekk sont les artisans (l'expression
signifie ceux qui vivent d'un métier). Ils constituent une caste qui se
divise elle-même en sous castes, toujours d'après la profession :
tëgg (forgerons), uude (cordonniers), seeñ
(boisseliers), ràbb (tisserand).
Les sab-lekk sont les griots géwël
(littéralement ceux qui vivent de leurs chants). Ce sont les «
artisans de la parole » selon l'expression de D. Zahan20. Les
ñoole constituent une caste à part, marginale par
rapport à tous les autres ñeeño. Ils ne sont ni
artisans ni chanteurs
18 DIOP, Ch, A op.cit, p.11.
19 DIOP, Abdoulaye, Bara, la société
wolof tradition et changement : les systèmes d'inégalité
et de changement,
Paris, Karthala, 1981, p.61.
19 D.ZAHAN, La Dialectique du verbe chez les
Bambara, Paris, Mouton, La Haye, 1963, p.132.
10
musiciens, mais on les rapproche des sab-lekk
à cause de leur liberté et de leur excès de parole
(waxkat). Après l'étude des castes, celle des ordres
s'avère nécessaire pour comprendre les stratifications
traditionnelles secondaires de la société wolof
II.2 Le système des ordres
Ce sont les catégories de la société
politique wolof d'après Abdoulaye Bara Diop, les ordres sont des
catégories sociales constituant l' « armature » de la
société monarchique. Elles sont hiérarchiques et
héréditaires. Elles entretiennent des rapports de domination
(politique) et d'exploitation (économique). Les ordres dans la
société wolof se structurent suivant deux facteurs distincts.
L'un correspond à la dimension
liberté-servilité. Il crée une division binaire de la
société gor (jambur), jaam (homme libre / esclave). Dans
la société wolof traditionnelle la condition libre ou servile
établit la différenciation des personnes en leur conférant
un statut héréditaire supérieur ou inférieur.
L'autre facteur de structuration de la société est politique,
l'existence de la monarchie crée des ordres nouveaux par division
binaire des catégories précédentes en
référence au pouvoir politique. Chez les gor ou
jàmbur apparaît l'opposition buur /
baadoolo. Les buur sont les chefs qui détiennent le
pouvoir ou peuvent y accéder ; les baadoolo, les sujets qui
subissent le pouvoir et ne peuvent y prétendre. En termes d'ordre et non
plus de simple statut politique. Les garmi, la noblesse au sein de
laquelle se recrutent les buur, les souverains, de l'autre les
baadoolo qu'on nomme « gens du peuple ». Les esclaves
à leur tour connaissent la distinction essentielle : jaami-buur /
jaami-baadoolo (esclave de la couronne /esclave des gens du peuples) selon
le statut politique de leur maître. La société wolof
monarchique est composée de cinq ordres principaux : garmi,
jàmbur, baadoolo, jaami buur ; jaami baadoolo.
Les garmi :
Ils occupent le sommet de la pyramide sociale. Ce sont les
familles royales à l'intérieur desquelles on recrutait le roi.
Les Djàmbur :
Les Djàmbur ont une situation de vie plus ou
moins aisée. Ils occupaient une haute fonction à travers les
familles de laman (ancien chefs de communauté et
propriétaire des terres).
Les baadoolo :
Le terme désignant cette catégorie sociale
serait d'origine pular et signifierait « sans force », « sans
pouvoir ». Il s'agit en gros de la « masse du peuple », groupe
ne bénéficiant d'aucune autorité, d'aucun pouvoir. Ils
subissent le pouvoir et lui doivent redevances et prestation de travail. Ils ne
peuvent effectuer le métier des armes contrairement aux garmi
et
11
aux jàmbur. Ils sont les principales victimes
des razzias et pillage et constituent le réservoir d'esclaves de la
classe dirigeante.
Les jaam :
Ils sont des captifs de guerre et vivent
généralement dans la cour royale et leurs maitres ont sur eux le
droit de vie et de mort.
III.3 La production littéraire
La littéréture orale wolof est d'une grande
richesse tant par l'abondance des oeuvres produites que par la
variété des genres et des thèmes abordés. Cela est
du au fait que toutes les activités sociales des wolofs sont soutenues
et agrémentées par des paroles ou des chants bien composés
parmi lesquels on peut citer :
L'épopée
L'épopée est un long poème dans lequel on
chante les exploits d'un héros et ceux de sa communauté. La
production des textes épiques est généralement
assurée par les griots attitrés, attachés à une
famille royale à laquelle ils chantent les actions glorieuses. Comme le
montre l'épopée du Kajoor21
Le conte
C'est un récit imaginaire qui relate la vision du monde
d'une communauté .Il est généralement raconter le soir par
un griot ou un conteur professionnel .Sa fonction consiste à divertir et
à éduquer. Comme le justifie le conte Samba Seytané et
Amari Julit22
Le mythe
Le mythe est un récit imaginaire qui tente d'expliquer
la création de l'univers ou certaines réalités
environnementales. Le mythe de NDIADIANE NDIAYE 23 en est
une parfaite illustration
Le laabaan :
Le laabaan est un chant qu'on entonne pour la jeune
fille qui a gardé sa virginité jusqu'à son mariage. Au
lendemain de la défloration, la bajen qui est la soeur du
père, fait appel aux voisines et griottes pour leur montrer que sa
nièce était restée chaste jusqu'à son mariage.
Ainsi, la gewëlu juud c'est-à-dire « la griotte de la
case » entonne des « saxole » (cris qui expriment le
bonheur et célèbrent la gloire) pour propager la nouvelle. Elle
étale un pagne blanc maculé de sang pour célébrer
la défloration de la jeune fille. À cette occasion, les filles de
la classe d'âge sont interpelées et invitées à
suivre les traces de leur amie. On les exhorte à
21 DIENG, Bassirou, l'épopée du
kajoor, Paris, Dakar, ACCT-CAEG, 1993, p.500.
22 KESTELOOT et DIENG, B. Idem.p105.
23 KESTELOOT et DIENG, B Contes et mythe du
Sénégal, ENDA.IFA, 2001.p.221.
12
nouveau de bien nouer leur pagne pour pouvoir honorer leur
mère, leur famille et elle-même plus tard.
Le taajaboon
Le taajaboon est un rite organisé pendant la
nuit, il symbolise la fin de l'année musulmane .Après le diner
somptueux préparé pour cette occasion, les gens font du
porte-à-porte pour quémander de l'argent, des habits. Cette
quête est accompagnée de chants et de danses humoristiques.
Le kaság
Le kaság renvoie aux chants qu'on
déclame pour des circoncis au cours de leurs initiations. Ces types de
chants renforcent la virilité, la fraternité le courage, le
partage chez les initiés. Cette initiation est une étape
très importante pour les garçons africains. Elle permet de
montrer la bravoure, de s'éloigner de sa mère et de sa famille
pendant quelques temps et en fin de devenir un véritable homme qui sera
digne, responsable, et indépendant.
Le baawnaan
C'est un chant à dimension propitiatoire
prononcé par des femmes pour demander la pluie dans un contexte
où elle se fait rare à venir .Alors elles se regroupent
généralement en dehors du village avec des accoutrements
étrange. Puis, commencent à composer des chansons au cours
desquelles elles prient pour faire tomber la pluie.
Le xaxar
C'est un chant déclamé par des coépouses
à l'occasion de la venue de la nouvelle épousée dans son
domicile conjugal. Ces dernières produisent des chants très
satiriques, accompagnés d'insultes et de terrible diffamation sur la
nouvelle venue. À travers le xaxar, les coépouses avec
à leur tête la première épouse cherchent à
diminuer systématiquement les allures de la nouvelles
épousée en proférant des propos amers. De ce fait, le
xaxar leur permet de dégager toute leur catharsis et de se
libérer d'éventuelles jalousies qui pourraient causer une
atmosphère tendue entre elles.
Le céet :
C'est un chant de femmes qui accompagnent la mariée
dans son domicile conjugal. À travers ces chants, les accompagnatrices
cherchent à exhorter la jeune mariée à faire preuve de
courage, de patience pour pouvoir supporter les éventuelles
épreuves.
Le njam :
C'est un chant produit lors des opérations de tatouage
des lèvres pour inciter la femme à surmonter la douceur. En
effet, le tatouage des lèvres est une terrible épreuve. Par
conséquent,
13
au cours de cette pratique, les griottes improvisent des
chants pour honorer la femme qui a su rester digne, pour magnifier son courage,
et à l'occasion pour chanter la gloire de toute sa lignée
familiale.
Le Jat :
Ce sont des formules hermétiques à peine
défrichable, proférées pour dompter un être
dangereux, pour se protéger ou conjurer le mauvais sort.
Généralement, on rencontre le fat dans les
séances simb ou de faux-lions.
Le ndëpp :
Ce type de chant appartient à la communauté
lébou. Il est déclamé par les connaisseurs dans ce domaine
pour exorciser les esprits ou les démons qui ont hanté une
personne.
Le taaxuraan :
Ces types de chants, produits sur la place publique sont
généralement animés par les vieux chantres errant. Ces
derniers vont de village en village pour divertir les gens avec leurs
instruments de musique et leur qualité exceptionnelle de chanteurs.
Le wolofal :
C'est un chant religieux dans lequel le disciple évoque
la dimension spirituelle de son guide et magnifie les miracles qu'il a
accomplis. Le disciple cherche à retracer aussi l'itinéraire de
son guide.
Le bàkku :
C'est un chant d'autoglorification improvisé par un
lutteur. À travers le bakku le lutteur se galvanise, chante ses
propres louanges, déroule sa devise et évoque sa
généalogie avant de citer nommément les adversaires qu'il
a eu à battre. L'objectif est d'intimider son adversaire tout en
diminuant ses allures audacieuses.
Le kañu :
Le kañu est une poésie
d'activité culturale en milieu wolof pour se forger un mental fort. Le
performateur exalte son courage, le sens de l'honneur et les vertus
paysannes.
La production littéraire dans le Bawol est riche et
variée. De ce fait on note des contes, des épopées, des
mythes et des chants. Cette production littéraire surtout les chants de
culture méritent d'être étudier pour mieux comprendre et
conserver ce patrimoine.
DEUXIÈME PARTIE :
PRÉSENTATION DU CORPUS
14
15
Pour transcrire notre corpus en wolof et faciliter sa lecture,
nous nous sommes appuyés sur le décret no71-566 du 21
mai 1991.
1. Les lettres suivantes ont la même valeur
phonétique que dans l'alphabet français.
a) Consonnes p - paaka : couteau b - bakkan : nez
m - mar : avoir soif
f - for : ramasser t - taw : pluie d - daw : courir
n - nelaw : dormir
s - est toujours prononcé sourd comme si suuf : sol
r - est toujours roulé rafet : être joli
l - lam : bracelet
y - yar : éduquer
k - kër : maison
g - toujours prononcé occlusif garab : arbre
b) voyelles
i - cin- marmite é - séer : pagne
16
2) les lettres suivantes ont dans l'alphabet officiel du
sénégal, la valeur phonétique suivante :
a) consonnes
c - approximativement ce qu'on entend en français dans
tiens. caabi : clé
j - approximativement ce qu'on entend en français dans
dieu.jabar : épouse
ñ- existe en français dans agneau ; ñaw :
coudre
x - approximativement ce qu'on entend en français
standard. xalam : guitare
q - n'existe pas en français ; le son le plus approchant
est celui de k.ñaq : sueur
w -existe en français dans oui. Woo : appeler
Devant i et e,il est prononcé comme dans le
français fuite fas wi : le cheval
I- ce qu'on entend en français dans les mots
empruntés à l'anglais comme parking ; ?aam : mâchoire
b) voyelles
a - ce son est plus fermé qu'un a en français mais
plus ouvert que ë ; caabi : clé
à c'est le son du français ; làkk : parler
une langue étrangère
e c'est le son é ou è du français
(père, tête)
é sér : pagne
ë c'est le son e du français comme demain ; bët
: oeil
i itte : besoin
ô jóg : se lever
u c'est le son ou du français trou ; bukki :
hyène
NB : chaque voyelle sauf (ë) peut être
doublée
17
CHAPITRE I : TRANSCRIPTION ET TRADUCTION DU CORPUS
Chant 1: Gërëm na baay
Gërëm na baay moom mii ma jàngal mbay
Ba sama benn moroom rawuma
Gërëm na yaay
Moom mii ma nàmpal bama de gune
Duma dal ci waar diko waañi di yokk mbóoy
Rus naako
Duma deqqi ngoon diko lëmes ndajale ma tax
Rus naako
Gërëm na baay moom mii ma jàngal mbey
Ba sama benn moroom rawuma
Gërëm na yaay
Moom mii ma nàmpal bama de gune
Duma dal ci waar diko waañi di yokk mbóoy
Rus naako
Duma deqqi ngoon diko lëmes ndajalema tax
Rus naako
Chant 2 : Ana li may séen
?
Ana li may séen ?
Ana toolu baay ?
Gaañi toolu baay ñorna
Ku koy góob ?
Jáambaar a nga tool
Naaj bi tangna lool
Bey noor, bey nawet
Ñaq réerul boroom
18
Chant 1: Louange à mon
père
Louange à mon père qui m'a si bien appris
à cultiver
Aucun homme de ma classe d'âge ne me surpasse
Je rends aussi grâce à ma mère
Qui ne m'a pas sevré
prématurément24
Au champ, je ne diminue jamais la surface à cultiver
J'ai honte de le faire
Je ne récolte pas l'arachide le soir en laissant les
graines sous terre
J'ai honte de le faire
Louange à mon père qui m'a si bien appris
à cultiver
Qu'aucun homme de ma classe d'âge ne me
dépasse
Je rends aussi grâce à ma mère
Qui ne m'a pas sevré prématurément
Au champ, je ne diminue jamais la surface à cultiver
J'ai honte de le faire
Je ne récolte pas l'arachide le soir en laissant les
graines sous terre
J'ai honte de le faire.
Chant 2 : Que vois-je ?
Que vois-je ?
Où est le champ de mon père ?
Les gens le champ de père a mûri
Qui va faire la moisson ?
Le courageux est au champ
Le soleil tape fort
Cultivez en saison des pluies et en saison sèche
La sueur se paye toujours
24 L'énonciation de la différence est
une façon d'impressionner le vis-à-vis.C'est toujours dans la
logique de la concurrence que le performateur de ce chant déclame les
conditions dans lesquelles il est entretenu par ses parents pendants son
enfance.
19
Chant 3: Ndooran deeti
door
Bisimillaaxi, bisimillaaxi
Ndooran deeti door
Suma doon fas naaru goor laay doon
Suma doon jan du saamaan
Suma doon mbaam ngongk laay doon
Suma doon mbëtt di sénk
Suma doon bukki di xàmbi
Suma doon sikket di jaxaluur
Suma doon yëkk di sambasay
Suma doon gaynde di walor
Suma doon gëléem Tukal ba laay doon
Suma doon mbott xubaboye laay doon
Suma doon xar kuy ba laay doon
Chant 4: Ndaar yag nama
jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Jiin nama suba jiin nama ngoon
Jiin nama suba jiin nama ngoon
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jiin
Ndaar yàgg nama jin
Jiin nama suba jiin nama ngoon
Jiin nama suba jiin nama ngoon
Ma donn Samba Ngajal Mafan
Ma donnTéeñ ak Mafan
Ma donn Mayaasin Je? Maaroo
Jigéen ju mën góor
20
Chant 3 : Je vais encore
recommencer
Au nom de Dieu, au nom de Dieu
Je vais encore recommencer
Si j'étais un cheval, je serais un pur-sang
Si j'étais serpent, je serais un python
Si j'étais un âne, je serais
ngonk25
Si j'étais un varan, je serais le plus long
Si j'étais une hyène, je serais la plus
redoutable
Si j'étais une chèvre, je serais un bouc
Si j'étais une vache, je serais un taureau
Si j'étais un lion, je serais le plus féroce
Si j'étais un chameau, je serais le grand
Si j'étais une grenouille, je serais un crapaud
Si j'étais un mouton, je serais un bélier
Chant 4 : le tam-tam m'a toujours
loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué du matin au soir
Le tam-tam m'a toujours loué du matin au soir
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué
Le tam-tam m'a toujours loué du matin au soir
Le tam-tam m'a toujours loué du matin au soir
Je suis l'héritier de Samba Ngajal Mafan
26
Je suis l'héritier de Téeñ27
et Mafan, je suis l'héritier de Mayacine Je? Maaroo28, une
femme
plus forte que les hommes.
25 Âne adulte et fort de sexe masculin
caractérisé par sa force physique et sa capacité
d'endurance.
26 Un des aïeux de l'homme qui chante, il
était un très grand cultivateur.
27 Titre du roi au Baol
28 Mayacine Je? Maroo est un des aïeux du
chanteur, il était un vaillant guerrier qui fut tué lors d'une
bataille menée par Lat Soukabé.
Chant 5: Damay liggéey ndax mooy wàllum
ngor
Damay liggéey ndax mooy wàllum gor
Ndax xam naa ne kuko ñàkk
Di gor, sa xel di la lor
Sa nelaw dootul maase
Boo tëddee sa xel dem si for
Liggéey laa xam ndax sàmm ngor
Su dul loolu te ñaan jafe ma
Ñaq jariñu ndax ngor
Luma am ci liggéey doyloo naako
May ma duma yor
Bañ naa kuma janni ndax toppee
Rawatina gáddu ay bor
Bëgg naa sama jom ak sa ngor
Te yem ci lima yor.
Chant 6: jáambaar
Gaynde boroom àll
Ñiay boroom manding
Buki boroom mbeed
Jéego boroom yéel
Sarxole boroom jaal
Arwatam boroom taat
Suma doon jaan di saaman
Suma doon gaynde di walor
Jáambaaro, jáambaar
Kula yàpp genn am réew
Kula señu seekeek
Jáambaaro, jáambaaro
Kula yàpp genn am réew
Kula señu seekeek
21
22
Chant 5 : Je travaille car c'est le devoir de
l'honnête homme
Je travaille car c'est un devoir pour tout homme digne
L'homme qui ne travaille pas
Sera tenaillé par sa conscience
Son sommeil sera sans cesse agité
Il ne connaîtra pas de répit
Le travail me permet de préserver ma dignité
Car quémander m'est tâche difficile
Je préfère manger à la sueur de mon
front
Pour préserver ma dignité
Je ne saurais vivre d'aumône ou de dettes
J'ai peur d'être la rusée publique
À cause de choses futiles, à fortiori
des dettes
Car, je tiens à mon honneur et à ma
dignité
C'est pourquoi je me contenterai de ce que j'ai
Chant 6:
jáambaaro29
Le lion roi de la forêt
L'éléphant roi de la savane
L'hyène reine la de brousses
Pour faire de grandes foulées, il faut avoir de longues
jambes
Pour rire, il faut une bouche pourvue de dent
Si j'étais serpent, je serais un python
Si j'étais un lion, je serais le plus féroce
L'Homme courageux, le guerrier
Celui qui ose t'affronter, t'humilier, s'exilera de ce pays
Celui qui mange tes os aura les joues enflées
Jambaaro, jáambaaro
Celui qui ose t'affronter, humilié, s'exilera de ce
pays
Celui qui mange tes os
Aura les joues enflées
29 Homme courageux.
23
Chant 7: waaw góor suka
péll gi
Waaw góor suka péll gi
Ndax péll gi romb nga ndaw
Te mag mula sol wogantiku
Mbaa mu sonn lool
Ko ni bu suba flu daje
Guddi googa du nelaw
Mbaa bu nelaweet du yandoor
Ndonoy yaay Majigéen jóob
Nii nga mën a mel
Doomu flay flay laay doon
Baay Yata ku bëgg xam
Nga tojj sa mbandum yaay
Ku bëgg kula duma nga toofl ku la mën
Chant 8: Sonn muñ
Sonn mufl
Bëgga dee mufl
Ku mufl muufl
Waaye sonn daw
Bëgga dee daw
Ku daw siiw
Chant 7 : Brave Suka le «
péll » !30
Brave Suka !
Tu surclasses tous les autres jeunes
Tout adulte qui veut te porter retroussera ses manches
Sinon, il lui en coûtera
Celui qui osera te défier
Ne dormira pas la veille
S'il parvient à dormir son sommeil sera léger
Héritier de Majigéen Jóob
C'est cela ta légitime ambition
Le fils d'un éléphant ne saurait être
qu'un éléphanteau
Père Yata, qui veut le vérifier
N'a qu'à casser le canari de ma mère
Qui veut être battu, provoque plus fort que lui
Chant 8 : Se fatiguer et se
résigner
Se fatiguer et se résigner
Souffrir à mort et se résigner
Mais se fatiguer et fuir
Souffrir à mort et fuir
Qui s'enfuit sera la risée de tout le monde.
24
30 Celui à qui on s'adresse n'est pas
d'accès facile, il n'est pas non plus facile à dompter. Qui
essaie d'être comme lui découvre très tôt ses
limites.
25
Chant 9: Ndonoy cosaan lii laa
Ndonoy cosaan lii laa
Ndonoy cosaan lii laa
Alassane Ndella Njukel
Ndella baay ba dee Ñaling
Géet ma dee ndondol
Mussa ma dee Gith
Godu massa Mbul
Biram massa ya géej
Ngoone sa Lambay
Ngaañ Demba ma jox nag
Ag doomam naan ma deel nanuum sooW
Bu ferale nga jaay ko
Boroom doom jooyna
Bu doom jooye nga jox ko
Yaayam mo xam lamuy jooy
Chant 10 : Saa Jaara Ak maa jaara
Saa Jaara
Ak maa jaara
Njoogu jaara
Ndapp Kumba jeeri
Korr jeeri
Korr janx ji
Bana lepp ak gaayu góor yi
Buñuy dem tool
Dima jiin
Te buñuy lekk
Dima ñëbbu
26
Chant 9 : Voici l'héritage
traditionnel
Voici l'héritage de la tradition
Voici l'héritage de la tradition
Alassane Ndella Njukél
Ndella dont le père est mort à Ñaling
Géett est morte à Ndondol31
Mussa à Gith
Godu à Mbul32
Biram est resté au bord de la mer
Ngoone est restée à Lambay33
Ngaað Demba m'a offert une vache et son petit
Pour que je puisse boire du lait
Si la vache sevre, je la vends
L'enfant pleure
Si l'enfant pleure donne-le à sa mère, elle sait
de pourquoi il pleure
Chant 10: Saa Jaara et maa
jaara34
Saa Jaara
Et maa jaara
Njoogu jaara
Ndapp Kumba jeeri
L'amoureux de Jeeri
L'aimé des jeunes filles
Et l'ennemi des hommes
Quand ils vont au champ
Ils me louent
Et quand ils mangent
Ils se cachent de moi
31 La commune de Ndondol se trouve dans la
Région de Diourbel dans le département de Bambey.
32 Une célèbre capitale fondée
par Lat Dior durant son règne au Cayor.
33 Capitale du Baol.
34 Saa Jaara et Maa Jaara désignent des noms
que le poète utilise pour se glorifier.
27
Chant 11 : Jànj
Góor jànj warna jànj njee
Góor jànj warna jànj njee
Makumba Aaleek Baaba ma ca Weydeel
Bu jànj waree jànj, jànj waâc
jànj
Ta jànj saa yu waree jànj doon nub
jànj
Góoroo góor ! Góoroo góor !
Bo warul jànj teey jànj warla
Bo noppee war jànj, jànj war la
Góor jant ngay so
Teey nga daan góor!
Mbaa góor daan la!
Ta góor bu daanee góor ca doxiin waala
Maan nak Faal sëtub Damel Maasamba koddu
Sëtub Lat Sukkaabe jëlëm
Góoroo góor maa mën
Bu jant fenkkee ba bala jant di so
Ma wan gaañi ne
Ma mën ca tool ya
Ma mën ca kër ga
Ndax aam land fasu naaru góor la
Ku ca war jaal àll
Baa nga wàcc
Chant 12: Dog, Dog, Dog
Dog, dog, dog
Reppit ak ñeppet
Sëgg dagg, siggi dagg
Kuma daxa dagg, dagg sa loxo
28
Chant 11: La dune
Brave homme, la dune a couvert une autre dune !
La dune a couvert une autre dune !
Oh ! Brave homme,
La dune a couvert complètement l'autre !
Makumba Aaleek Baaba se trouve à Weydeel
Si la dune se forme à côté d'une
semblable, elle l'ensevelit
Chaque fois que la dune se forme à côté
d'une semblable elle devient un morne
Oh ! Homme ! Oh ! Brave homme !
Aujourd'hui, si tu ne montes pas sur la dune, elle finira par
te couvrir
Quand tu cesses de monter sur la dune elle t'ensevelira
Brave vite ! Le soleil va se coucher !
Oh! Brave homme ! Aujourd'hui tu triompheras de ton
semblable
Sinon il te vaincra !
Et si un brave homme bat son semblable, c'est à cause
de sa démarche.
Et moi, Faal petit-fils du Damel Maasamba koddu
Petit fils de Lat Sukkaabe Jëlëm
Parmi tous les hommes : « Je suis le meilleur, le plus
fort.
De l'aube jusqu'au coucher du soleil,
Je montrerai aux hommes que je suis le meilleur aux champs
Comme je le suis aussi à la maison
Puis qu'un champ est un pur - sang
Quiconque le chevauche, doit savoir galoper
Sinon ne le chevauche pas.»
Chant 12 : Coupez, coupez
Coupez, coupez, coupez
Reppet ak ñeppet35
Coupez en vous penchant et coupez en vous tenant debout
Celui qui coupe mieux que moi, coupera sa main
35 Le bruit lors qu'on coupe les épis de
mil.
29
Chant 13: Njaay Makayre
Bey nga ca Joli
Bey nga ca Mbandax
Njaay ma kayre Yaasin
Man nga bey
Man nga bey
Dem nga tool
Tey nga yendoo bey
Mbey ma nga Nduf
Pecc ma nga Ndengler
Bey nga ca Joli
Bey nga ca Mbandax
Njaay ma kayre Yaasin
Man nga bey
Man nga bey
Dem nga tool
Tey nga yendoo bay
Mbey ma nga Nduf
Pecc ma nga Ndengler
Bey nga ca Joli
Bey nga ca Mbandax
Njaay ma kayre Yaasin
Man nga bey
Man nga bey
Dem nga tool
Tey nga yendoo bay
Mbey ma nga Nduf
Pecc ma nga Ndengler
30
Chant 13: Njaay Makayre36
Cultiver à Joli
Cultiver à Mbandaax
Njaay Makayre Yaasin
Tu sais cultiver
Tu sais cultiver
Tu es allé au champ
Tu vas passer la journée à cultiver
L'agriculture c'est à Nduuf
La danse c'est à Ndengler
Cultiver à Joli
Cultiver à Mbandaax
Njaay Makayre Yaasin
Tu sais cultiver
Tu sais cultiver
Tu es allé au champ
Tu vas passer la journée à cultiver
L'agriculture c'est à Nduuf
La danse c'est à Ndengler
Cultiver à Joli
Cultiver à Mbandaax
Njaay Makayre Yaasin
Tu sais cultiver
Tu sais cultiver
Tu es allé au champ
Tu vas passer la journée à cultiver
L'agriculture c'est à Nduuf
La danse c'est à Ndengler
36 Njaay Makayre est le brave paysan à qui on a
dédié cette chanson.
31
Chant 14: Maa jomba ñaaw
Maa jomba ñaaw
Maay sëtub Seelawbe Buna Alburi Njaay
Seelawbe ak Maamur Ña?
Òoo jur Majigéen Ña?
Jur Xureyja sall,
jur Alaaji Ña?
Xureyja sall ñeenti doom la am
Faatu Ña?, Ami Ña?, Daam Ña?, Baaba
Ña?
Majigéen Ñaan moo jur:
Isaaxa Ña?, Moodu Ña?, Daaru Ña?, Aminata
Ña?
Alaaji Sàll jur: Mbay Faama Ña?, Ibra Ndongo
Maamur, Moor Gaynde, Alaaji, Maxureyja
Sala Ña?, ak Nibu Ña?
Man sëtub Faatu Ñaan mu Xureyja Ña?
Man góor gu ma làngal nga daw
Wacc ma ak sama tool baay
Man bey naa yoor yoor
Bèy naa takkusaan
Ñu naan ma ku daw ñaaw
Man naan leen man duma daw
Ndax man duma jigéen
Ñu naan suma doonoon góor
Soo doonoon góor it doo faj gàcce
Chant 14 : Moi je refuse le
déshonneur
Moi je refuse le déshonneur
Je suis la petite fille de Seelawbe Buna Alburi Njaay
37
Seelawbe et Maamur Na?
Ont donné naissance à Majigéen Na?
Et à Xureyja sall et Alaaji Ña?. Xureyja sall a
eu quatre enfants
Faatu Ña?, Ami Ña?, Daam Ña?, Baaba
Ña?
Majigéen Ña? a donné naissance
à
Isaaxa Ña?, Moodu Ña?, Daaru Ña?, Aminata
Ña?
Alaaji Sàll est le père de Mbay Faama
Ña?, Ibra Ndongo
Maamur, Mor Gaynde, Alaaji Maxureyja
Sala Ña?, et Nibu Ña?
Moi petit- fils de Faatu Ñaan de Maxureyja
Ña?
Tout homme que je défie prend la fuite
Pour me laisser seul avec le champ de Papa
Moi, j'ai cultivé le matin entre 10h et 12h
J'ai cultivé l'après-midi vers 17h
Qui prend la fuite sera déshonoré me
disait-on
Je leur répondis que je ne fuirai pas
Car je ne suis pas une femme
Qui se plaît à dire, si j'étais homme
Celle-là, même si elle était homme, ne
relèverait jamais un défi.
32
37 Fils de Alboury Ndiaye ancien Bourba du Djolof et
grande figure de la résistance à la pénétration
coloniale.
33
Chant 15: woyu Samba
Yaay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Baay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Yaay bóoyo ca tool ya
Baay bóoyo ca tool ya
Doom ca tool ya
Doyna ndam
Yaay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Baay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Doomu gaynde, gaynde laay doon
Yaay bóoy ca tool ya
Bay bóoy ca tool ya
Doom ca tool ya
Doyna ndam
Doomu gaynde, gaynde lay doon
34
Chant 15: Le chant de
Samba
Oh mère !
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Oh père !
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Père va au champ
Mère va au champ
Le fils va au champ
Ce sont là, des tâches nobles
Le petit d'un lion
Ne saurait être qu'un lionceau
Oh mère !
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Oh père !
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Le petit d'un lion
Ne saurait être qu'un lionceau
35
Chant 16: Bisimillaaxi jàmm
Bisimillaaxi jàmm
Raxmani jàmm
Raxiimi jàmm
Jàmm njëkk, jàmm mujj, jàmm nek ci
digante bi
Bisimillaaxi teew
Raxmaani teew
Raxiimi teew
Ku teew ma teew, ku teewul ma teew, kuma tere teew ma
teewela
Ñodil bu dangul dikk
Mangi sak seen gëmëñ
Mag ak daw, góor ak jigéen
Yalnanu yalla musal ci setan
Ak balaa ak dee gu ñaaw
Chant 17: yimbèy
Yimbèy sama yimbèy Ngala
Yimbèy saama yimbèy Ngala
Kuy jaay sa mbaam awal yoonu Ngoy
Soo yeggee Ngoy kër Móodu Sy
Buur Djolof Njaay xar lalay rayal
Yuur ga yaa koy naan
Yaw ak say gay
Yimbèy sama yimbèy Ngala
Yimbèy sama yimbèy Ngala
Chant 16 : Au nom de Dieu
!
Au nom de Dieu ! La paix
Le Clément ! La paix
Le Miséricordieux ! La paix
Paix devant ! Paix derrière ! Paix au centre
Au nom de Dieu je suis là
Au nom du Clément ! Je suis là
Au nom du Miséricordieux ! Je suis là
Je suis présent, si quelqu'un s'absente moi je suis
présent, qui veut mon absence, sera absent
Tirez ! S'il ne rompt pas, il suivra
La personne élancée rit parce qu'elle peut
atteindre le sommet
La personne de courte taille pleure parce qu'elle ne peut pas
atteindre le sommet
Je vais tous vous subjuguer
Que Dieu nous préserve de Satan, de la punition de
l'au-delà et d'une mort tragique
Chant 17 : Yimbé
Yimbèy mon yimbèy Ngala
Yimbèy mon yimbèy Ngala
Qui veut vendre son âne prend le chemin de
Ngoy38
Arrivé à Ngoy chez Móodu Sy
Le roi du Djolof Njaay, immolera un mouton pour
l'accueillir
Il mangera de la cervelle
Lui et ses compagnons
Yimbé mon yimbé Ngala
Yimbé mon yimbé Ngala
36
38 Ngoy se trouve dans la région de Diourbel
dans le département de Bambey.
37
Chant 18: Modu Njaay
Modu Njaay um Caar
Xëy ci bénn ab tool
Tool ba nër ta jeex
Lool de gace la
Modu Njaay um Caar
Xëy ci benn ab tool
Tool ba nër ta jeex
Lool de gace la
Modu Njaay um Caar
Xëy ci benn ab tool
Tool ba nër ta jeex
Lool de gace la
Modu Njaay um Caar
Xëy ci benn ab tool
Tool ba nër ta jeex
Lool de gace la
Chant 19: war na ab jànj
war na ab jànj
war na ab jànj
doomi yaay Naar
war na ab jànj
yalna buma ab jànj gawa war
38
Chant 18 : Modu Njaay
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Chant 19 : J'ai monté sur la dune
J'ai monté sur la dune
J'ai monté sur la dune
Le fils de yaay Naar
A monté sur la dune
Que Dieu fasse que la dune ne me recouvre pas
39
Chant 20 : Jappal maye ma
Japp ma def ma sa jàam
Japp ma def ma sa jàam
Japp ma def ma sa jàam
Mbaa nga japp jaay ma
Doomi buur du gawa rey
Chant 21 : Bilaaxi maa xam
Bilaaxi maa xam
Ndax Yalla miy mënale
Mootax ma mën
Ba ku flew ma wonla sama mën- mën
Te kepp ku mëna faram-facce
Xam na ni maa mën
ndax dama oyof nib sën
Ba tax far maay ki mën
Chant 22 : Bisimillaaxi tagul mako déeti tagu
warna jàam
Bismillaaxi tagul mako déeti tagu warna jàam
Abdu kura, ku Njoogu
Njoogou Dia Pël mëw
Baay Njoogu Njaay
Baay Njoogu Njaay
Bu donul kon Layti Ngoone
Luma yendo bay makoy moom
Buma flibe senn boroom jel
Baay Njoogu Njaay
Baay Njogu Njaay
Bou donul kon Layti Ngoone
Luma yendo bay makoy moom
Buma flibe senn boroom jel
40
Chant 20 : Capture et donne ton
esclave !
Capture-moi et fait de moi ton esclave !
Capture-moi et fait de moi ton esclave !
Capture-moi et fait de moi ton esclave !
Sinon capture moi et vend moi comme esclaves
Le fils du roi ne doit pas exécuter très
tôt
Chant 21 : Au nom de Dieu, c'est moi qui
connais39
Au nom de Dieu, c'est moi qui peux
Car c'est Dieu le détenteur du pouvoir
Qui m'en a donné
Je peux le prouver à qui le voudrait
Et quiconque sait traduire
En sera convaincu
Je suis humble comme un tas d'ordure
Ce qui fait que je suis celui qui est capable
Chant 22 : Louange à Dieu ! Je
vais encore recommencer
Louange à Dieu ! Je vais encore recommencer
En rendant grâce à Dieu
Abdu kura, ku Njoogu
Njoogu Dia! Le Peul offre du lait
Baay Njoogu Njaay
Baay Njoogu Njaay
Si ce n'était pas à cause de Layti Ngoone
Tout ce que je récolterais le jour m'appartiendrait
Si je rentre au village je le donnerais aux
nécessiteux
Baay Njoogu Njaay, Baay Njoogu Njaay
Si ce n'était pas à cause de Layti Ngoone
Tout ce que je récolterais le jour m'appartiendrait
Si je rentre au village je le donnerais aux
nécessiteux
39 Le performateur de se chant montre que celui qui
veut prétendre au savoir et au pouvoir doit etre humble.
41
Chant 23: Waaroo waar
Waaroo waar
Waar dem na géej
Waaroo waar
Waar dem na géej samba
Góoroo góor bu kenn daw
Bu kenn naan i
Yaay Faatu fattalikul
Lima la waxoon biig
Bu naaj tàngée
Mane bu naaj tàngée
Ci la jáambaar di féeñ
Chant 24 : mala mala
Dégg na si mala mala
Du mala bañ
Dégg na si yama yama
Du yama soof
Chant 25 : ngongk
Mbaam ngongk rëy biir
Soxor, mana màtt
Aay cium cumbur
Kuko war te mënoo ngawar
Wëqu cammooñ la lay door
Te fu mu la dal foofa nooy
42
Chant 23 : Oh labeur !
Oh labeur !
Le labeur est allé en mer
Oh labeur !
Le labeur est allé en mer
Que personne ne prenne la fuite
Que personne n'aille boire
Yaye Fatou40souviens-toi
Je t'avais dit hier soir
Quand le soleil est au zénith
Je répète, quand le soleil est au
zénith
C'est à ce moment que le brave se distingue
Chant 24: mala mala41
J'ai entendu dire mala mala
Ne veut pas dire que je te déteste
J'ai entendu dire yama yama42
Ne veut pas dire que je te minimise
Chant 25: l'âne adulte
L'âne adulte au gros ventre
Méchant assoiffé de mordre
Mauvaise pour les ânons
Qui monte sur lui sans pouvoir s'accrocher
C'est du pied gauche qu'il va te frapper
Et là où il tape, fait des
dégâts
40 Yaay fatou est la mère de l'homme qui se
glorifie.
41 Onomatopée qui imite le bruit des
rumeurs.
42 Rumeurs des racontars.
43
Chant 26: Njolor Samba
Njolor Samba moy daane góor
Duma nann i te ku nann i da nga daw
Chant 27: Jáambaar ca
waar
Jáambaar ca waar ba
Loo liggéey du yaako moom
Ngembuléen gaañi
Ñaq réerul boromam
Jáambaar góorgóorlul suuf si noy na
Tool bi yaa na
Mbay lu baax la
Ñaq réerul boromam
Chant 28: Tool bi
Tool bi dina sango njoor
Mba ma sango njoor
Chant 29: yewwul yee ma
yewwul yee ma
yewwuloo yee ma
yewwul yee ma, Ndeeroo Njaay
Bunu demee ngay lakk may bey
yewwul yee ma
yewwuloo yee ma
yewwul yee ma, Ndeeroo Njaay
Bunu demee ngay lakk may bey
yewwul yee ma
yewwuloo yee ma
yewwul yee ma, Ndeeroo Njaay
Bunu demee ngay lakk may bey
44
Chant 26 : C'est le soleil
d'après-midi qui révèle l'homme
C'est le soleil d'après-midi qui révèle
l'homme
Je ne vais pas boire quiconque ira boire aura fui
Chant 27 : le courageux au
champ
C'est au champ qu'on reconnait le brave
Tout ce que tu produis te revient de droit
Retroussez les manches les gars
La sueur se paye toujours
Homme courageux acclame toi, la terre est molle
Le champ est large
La culture est une bonne chose
La sueur se paye toujours
Chant 28 : Le champ
Le champ sera recouvert de pagne
Sinon je serais recouvert de pagne
Chant 29 : Réveille-moi dès que tu te
lèves !
Réveille-toi et réveille-moi !
Réveille-toi et réveille-moi !
Ndeeroo Njaay, Réveille-moi dès que tu te
lèves !
Arrivés sur place, tu brûleras les herbes et moi
je cultiverai
Réveille-toi et réveille-moi !
Réveille-toi et réveille-moi !
Ndeeroo Njaay, Réveille-moi dès que tu te
lèves !
Arrivés sur place, tu brûleras les herbes et moi
je cultiverai
Réveille-toi et réveille-moi !
Réveille-toi et réveille-moi !
Ndeeroo Njaay, Réveille-moi dès que tu te
lèves !
Arrivés sur place, tu brûleras les herbes et moi
je cultiverai
45
Chant 30 : Ra?, Ra?, Ra?
Ra?, Ra?, Ra?
Ba ra? ba jeex
Góoru faatu Njaay
Maa mën flile ba ra? ba jéex
Ra?, Ra?, Ra?
Ba ra? ba jeex
Góoru faatu Njaay
Maa mën flile ba ra? ba jéex
Ra?, Ra?, Ra?
Ba ra? ba jeex
Góoru faatu Njaay
Maa mën flile ba ra? ba jéex
Chant 31: Ngonka daan na Malaw
Ngonka daan na Malaw
Naaru goor daan na Buur Njaay
Taaguna saa yaay
Taaguna saa baay
Dotuma gaaw a paan
Ngonka daan na Malaw
Naaru goor daan na Buur Njaay
Taaguna saa yaay
Taaguna saa baay
Dotuma gaaw a paan
Chant 32: Ñaaju njolor
sãntabañ la
Ñaaju njolor sãntabafl la
Wante flaaju takusaan amna borom
46
Chant 30 :
Rang43
Rang, rang, rang
Jusqu'à la fin du rang
L'homme de faatu Njaay 44
Je suis plus fort que ceux -ci
Jusqu'au bout du rang
Rang, rang, rang
Jusqu'à la fin du rang
L'homme de faatu Njaay
Je suis plus fort que ceux -ci
Jusqu'au bout du rang
Chant 31 : L'âne a terrassé
Malaw45
L'âne a terrassé Malaw
Le coursier a terrassé Buur Njaay
J'ai demandé l'autorisation à ma mère
J'ai demandé l'autorisation à mon père
Je ne me fatiguerai plus facilement
L'âne a terrassé Malaw
Le coursier a terrassé Buur Njaay
J'ai demandé l'autorisation à ma mère
J'ai demandé l'autorisation à mon père
Je ne me fatiguerai plus facilement
Chant 32 : Le soleil de
Njolor46est une obligation
Le soleil de njolor est une obligation
Alors que le soleil de takusaan 47à
un propriétaire
43 Ordre, disposition de plusieurs personnes ou choses
sur une même ligne.
44 Fatou Ndiaye est l'épouse de l'homme qui se
glorifie.
45 C'est le bouleversement des choses, il est
indispensable qu'un roi avec toute sa dimension sociale tombe de cheval.
46 C'est au environ de 13 heures et 15heures quand le
soleil est au zénith.
47 Vers 17heures.
47
Chant 33: Baay Demba waar Njaay
Baay Demba waar Njaay
Waar waa ko yóbbu géej
Ba flukoy suul floo nga naan
Gasléen mu xóot a xóot
Waqileen mu xóot a xóot yaay
Jáambaar ngeen fiy suul
Ñun talunoo waxtaan tey ak yaw
Afl baanga toolu Baay jibi Combaan
Naanu baanga Baal
Ndax Malik Yaasin tukkina Ndakaaru
Kon tey flu yendoo béy
Chant 34: Ma mën gune ak baayam
Ma mën gune ak baayam
Ndax Baay ba doole ba da jeex
Té gune ba doole ba dikagul
Chant 35: Mbay Njaay
Mbay Njaayoo! Mbay Njaay
Mbay Aali Bure
Mbay Coro Codu
Mbaar ak mbaar
Mbaar ak Demba jigéen
Tog-tongi cebi
Ku bafl gaaya tiib ya tax
Mbay Njaay o Mbay Njaay
Mbay baaba Aali, Mbay baaba Biige
Mbay Aali Biige, Coro Codu
Ma Biige ak Biige
Candeela Njoogu, Samba ak Xoyan
Mbaar ak mbaar, Mbaar ak Lat Demba jigéen
48
Chant 33: Baay Demba waar Njaay
48
Baay Demba waar Njaay
Le labour l'a conduit au bord de la mer
En l'enterrant, on disait
Creusez très profondément
Retirer le sable du trou
Car vous enterrez un homme courageux
Nous n'avons pas le temps de discuter avec toi aujourd'hui
Le repas se trouve au champ de Baay jibi Combaan
La boisson se trouve à Baal
Car Malik Yaasin est allé en voyage à
Ndakaaru49
Donc on passera la journée à cultiver
Chant 34 : Je suis plus fort qu'un père et son
enfant
Je suis plus fort qu'un père et son enfant
La force du père est épuisée
L'enfant n'a pas encore acquis une force suffisante
Chant 35 : Mbay Njaay
Mbay Njaay ôh Mbay Njaay, Mbay Aali Bure
Mbay Coro Codu
Mbaar et Mbaar50, Mbaar et Demba Jigéen
Tog - tongi cébi51
Si vous détestez de tels gars, c'est dans leur
manière de manger
Mbay Njaay ôh Mbay Njaay, Mbay baba Aali, Mbay baba
Biige
Mbay Aali Biige, Coro Codou, Ma Biige et Biige
Candeela Njoogu, Samba et Xoyan
Mbaar et mbaar, Mbaar et Lat Demba jigén
48 Incité le groupe de travailleurs à
soutenir l'effort jusqu'à terme, sans que personne ne recule.
49 La capitale du Sénégal (Dakar).
50 Mbaar le lieu d'initiation des jeunes
circoncis.
51 La manière dont les jeunes mangent les
plats de riz.
49
Chant 35: Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Jigéen nangi deedi daan góor
Ci toolu bayaam
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Jigéen nangi deedi daan góor
Ci toolu baayam
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Jigéen nangi deedi daan góor
Ci toolu baayam
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Ca Yaasin Je? Maaroo
Jigéen nangi deedi daan góor
Ci toolu baayam
Chant 35 : Thié Yaasin Je?
Maaroo52
Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin Je? Maaroo
Thié Yaasin Je? Maaroo La femme est en train de prendre le meilleur sur
l'homme dans le champ de son père Thié Yaasin Je? Maaroo
Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin
Je? Maaroo La femme est en train de prendre le dessus sur l'homme dans le champ
de son père Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin Je? Maaroo
Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin Je? Maaroo La femme est en
train de prendre le dessus sur l'homme dans le champ de son père
Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin Je? Maaroo Thié Yaasin
Je? Maaroo La femme est en train de prendre le meilleur sur l'homme dans le
champ de son père
50
52 Thié Yassine Dieng Mar a fait l'objet
d'une légende qui raconte l'histoire d'une brave fille qui parvenait
à dominer les hommes dans les champs. Elle est l'aïeule de la femme
qui chante ici.
51
Chant 36: Baay bóoy demal rabbi
njowaan
Baay bóoy demal rabbi njowaan
Tool bi dotul bóoy
Baay bóoy won ma digi tool bii
Mbaa ma jaal ci mbóoy mi
Chant 37 : Jáambaar joni joni
jáambaar legi legi
Jáambaar joni joni jáambaar legi legi
Jáambaar dikatinga tool jéme ngoon
Benn jant duma daan
Té ñaar ya duñu fenkkando
Chant 38: jáambaaro
Jáambaroo, jáambaar Jàamnaaroo,
jáambaaar
Ku sa yaay di jáambaar do daw xare
Suma nare daw dee
Toj naa àll bi
Ray na gaynde yi Ma di jàambaar
Jàambaroo, jàambaar
Jàamnaaroo, jàambaaar
Ku sa yaay di jàambaar do daw xare
Suma nare daw dee
Toj naa àll bi Ray na gaynde yi Ma di jàambaar
52
Chant 36 : Père va tisser un
hamac
Père va tisser un hamac
Le champ ne peut plus résister
Père montre-moi les limites du champ
Avant que je déborde sur le champ d'autrui
Chant 37 : Être
courageux
Être courageux sur le champ, devenir courageux à
l'instant même
Le courageux est venu au champ et travaillera jusqu'au soir
Un seul soleil ne me fatigue pas
Alors que deux soleils ne se lèvent jamais en
même temps.
Chant 38: oh guerrier
Oh guerrier, le valeureux
Oh guerrier, le valeureux
Celui dont la mère est courageuse
Ne fuit pas le combat
Plutôt mourir que de fuir
J'ai terrorisé la brousse
J'ai tué les lions
Je suis le brave
Oh guerrier, le valeureux
Oh guerrier, le valeureux
Celui dont la mère est courageuse
Ne fuit pas le combat
Plutôt mourir que de fuir
J'ai terrorisé la brousse
J'ai tué les lions
Je suis le brave
53
Chant 39: Sa sunu ñagee tool
yi
Sa sunu ñagee tool yi
Ileer yi nàmmandoo
Ndaw ñi pàacoo tool bi
Ba ku ne tiim sab waar
Jáambaar daaldi feeñ
Ca ruur ma lay tàmbalee
Naaj wi ne da?? leer
Yaafus ba tàmbaliy feeñ
Ker ga lay dàkki toog
Gàcce manula wessu lii
Tey ma won sama Baay ne
Maa ko donn ci jáambaar
Chant 40: toolu baay
Toolu baay
Fale itam toolu baay laa, jam53
Kon na ko bokk bey ko gaawoo, jam
Su mala rawee nga puuboo, jam
Soo ma rawee it tey nga puuboo, jam
Toolu baay
Fale itam toolu baay laa, jam
Kon na ko bokk bey ko gaawoo, jam
Su mala rawee nga puuboo, jam
Soo ma rawee it tey nga puuboo, jam
53 Intaduisable
54
Chant 39 : Dès lors qu'on
clôture les champs
Dès lors qu'on clôture les champs
Les houes sont aiguisées
Les jeunes se partagent le champ
Quand chacun aura sa part
Cela commence par le défrichage
Le soleil est au zénith
Le fainéant se découvre
Et va s'asseoir à l'ombre
Honte ne peut être plus grande
Je vais montrer à mon père
Que j'ai hérité son courage
Chant 40: le chant de père
Le chant de père
Là-bas aussi c'est le champ de père, jam
Labourons-le vite ensemble, jam
Si je te devance, tu vas chier, jam
Si tu me devance aussi, tu vas chier
Le chant de père
Là-bas aussi c'est le champ de père, jam
Labourons-le vite ensemble, jam
Si je te devance, tu vas chier, jam
Si tu me devance aussi, tu vas chier
55
Chant 41 : Yaasin Je? Maaroo
Ah ! Yaasin Je? Maaroo
Jigéen duma daan camiñ baamay daan
Yaasin Je? Maaroo
Jigéen duma daan camiñ baamay daan
Ee janaxoo yow mi dëkk suufo
Naka sama maam
Baay gorgi pël bu degee ngaaraadu
Dootul maye meew
Samb maye meewo
Jaarga maye nag
Baay gorgi Samb maye meew
Jaarga maye nag
Baay gorgi yoo ñax bu tenk mbaam ak caatangu naaru
góor
Baay gorgi yoo ñax bu tenk mbaam tenk geeléem
Saar
Baay gorgi yoo ñax bu tenk mbaam
Gune du ca joow
Chant 41 : Yaasin Je? Maaroo
Yaasin Je? Maaroo
La femme ne me dompte pas c'est l'homme qui me dompte
Yaasin Je? Maaroo
La femme ne me dompte pas c'est l'homme qui me dompte
Ah souris! Toi qui habites sous terre
Comment va ma mère
Baay Gorgi si un peul entend le kañu
Il n'offrira plus du lait
C'est le pâtre qui offre du lait
Le Djarga54offre une vache
Baye Gorgi c'est le pâtre qui offre du lait
Le Djarga offre des vaches
Baye Gorgi l'herbe qui entrave l'âne comme l'entrave du
coursier
Baye Gorgi l'herbe qui entrave l'âne et chameau
Baye Gorgi l'herbe qui entrave l'âne
Un enfant ne peut pas mouvoir
Baye Gorgi dans l'herbe qui entrave l'âne
Un enfant ne peut pas mouvoir
56
54 C'est celui qui possède un immense troupeau
de vache, de mouton,...
57
Chant 42: Xabu yaay Ngoone
Xabu, yaay Ngoone
Xabu Mayaay saar
Katarpala gen ci góor
Joongama gen ci jigéen
Xorxor a gen kamac
Ñaaw a gen dee
Ñambaas a gen taatunen
Chant 43: Ndaama ak ndaamari bokkul
Ndaama ak ndaamari bokkul
Ndama yeel ba day gatt
Xuuru ganaaw ga taaba
Deun ba angase
Lumu yótu jot ko
Lumu dóor mu ñibi allaaxira
Chant 44 : ndeqqi
Duma deqqi ngoon
Diko lëmës
Rus naako
Ndajale ma tax
Duma deqqi ngoon
Diko lëmës
Rus naako
Ndajale ma tax
Duma deqqi ngoon
Diko lëmës
Rus naako
Ndajale ma tax
58
Chant 42: Xabu, fils de
Ngoone
Xabu, fils de Ngoone,
Xabu, fils de MayaaySaar
Le Caterpillar55 convient mieux à l'homme
La beauté sert mieux à la femme
La lueur est préférable à
l'obscurité totale
La laideur à la mort
Le Gnambasse56 à la nudité
Chant 43 : Celui qui a une petite
taille est tout à fait différent d'un nain
Celui qui a une courte taille est tout à fait
différent d'un nain
Le petit a les os courts,
Et des jambes courtes
Une colonne vertébrale large
Et une poitrine saillante
Il atteint toujours son but
Et quiconque encaisse son coup, séjourne dans
l'au-delà
Chant 44: la récolte
d'arachide
Je ne récolte pas l'arachide
En laissant les graines sous la terre
J'ai honte de le faire
Parce que je pense au moment ou on doit les entasser
Je ne récolte pas l'arachide
En laissant les graines sous la terre
J'ai honte de le faire
Parce que je pense au moment ou on doit les entasser
Je ne récolte pas l'arachide
En laissant les graines sous la terre
J'ai honte de le faire
Parce que je pense au moment ou on doit les entasser.
55 Le performateur fait allusion à la force,
à la puissance, et à l'endurance que doit avoir le
cultivateur.
56 C'est un morceau de tissu souvent de couleurs
différentes qu'on ajoute à un pagne ou un pantalon.
59
Chant 45: kañu Samba ak Baay
Mor
Kañu Samba ak Baay Mor
Daaba ak daabali bokul
Daaba xuuru ginaawa day yaa
Loxo ya day bar jot
Lumu yôotu jot
Lumu dôor nga agg suuf
Kañ Samba ak Baay Mor
Maxuja Maram Gey
Maxuja Maram Faal
Maa ngi jooy téeñ Candeela Faal
Buurub gey ma noon ya jaaxaanal fa Ndoom
Kañu Samba ak Baay Moor
Maxuja Maram Gçy!
Maxuja Maram Faal!
Maa ngi jooy teen Candeela Faal
Buurub gey ma noon ya jaaxaanal fa Ndoom
Ñii ngi dëppu,
Ñii ngi deex
Man mane cëpp ne cëreet ni gçndel !
Di beegu nim yee
Di tàweeku nig laspeer
Saakoddu Biige linger la
Laba daðu koo bôoleek Côoni Mbayya?
Béey
Bèsub keeroog ku deewul gore woo
Sa Aanta ak Saademba ak Seeni Saañoxor
Saakoddu Biige liigeer la
Njolor fasu bay laa
Njolor njolooroo njolor
Fasu baay laa !
Ku war ma door laa !
Ku bëgga war ma door la !
Baay boy yar nag mbooyyee, man bu ma màggee mëna
bay
60
Chant 45 : Le slogan de Samba et de
Baay Mor
Le slogan de Samba et de Baay Mor
« Daaba est différent de
daabali57;Daaba au dos creux ;
Il a les mains longues et agiles, tout est à sa
portée et ses coups sont fatals
La devise de Samba et de Baay Mor
Maxuja Maram Gey! Maxuja Maram Faal
Je pleure toujours Téeñ Candeela
Faal,58
Le roi Gey que les ennemis tuèrent à
Ndoom59
La devise de Samba et de Baye Mor
Maxuja Maram Gey!
Maxuja Maram faal
Je pleure toujours Teigne Candeela Faal,
Le roi Gey que les ennemis tuèrent à Ndoom
Ceux-ci sont courbés, ceux-là sont tordus
Moi, je suis droit, puissant et complet comme un ange :
Je m'enroule sur moi-même tel un boa, je me tends telle
une lance pierre60
Saakoddu Biige est linguère
Laba affronta dans un duel mortel Côoni Mbayya?
Béey
Ce là, fut lâche celui qui ne trèpassa
Sa Aanta et Sademba Seeni Saañoxor
Sacodu Biigé sont lingère
Njolor est le cheval de mon père !
Njolor, Njolor, Njolor est le cheval de mon père !
Je frapperai quiconque le chevauche !
Je frapperai aussi quiconque essaie de me l'enlever !
Mon père a laissé son champ en
jachère61 !
Quand je serai grand je serai capable de le cultiver !
57 Dâba et dâbali : ces deux
catégories différentes l'une est plus petite que l'autre et ne
sert qu'à couper les herbes et arbusseaux, l'autre plus grand et
posséde deux branches qui ressemblent à des bras et sert à
couper les herbes et à meuler le mil.
58 Ancien roi du Baol.
59 Ndome : lieu où est tombé ce roi
cité ci-dessus.
60 Lance pierre : l'auteur utilise se même terme
dans le texte
wolof.il fait allusion à la
matière élastique qui peut prendre une dimension extraordinaire,
si on l'étire, l'auteur se compare à elle.
61 « Laisser son champ en jachère » ici ce n'est
pas le fait laisser le champ au repos mais, les parents avaient l'habitude de
tester l'efficacité et l'endurance de leurs enfants en leur donnant un
grand lopin de terre bourré d'herbes à cultiver. Si le
garçon en question pavient à cultiver le lopin en un temps
record, on lui accord le droit d'avoir ses propres champs et de fonder une
famille.
61
Njool Soda laay sëggël bay!
Baay bóoyo, baay booy, baay booy
Baay yar nag mbooyy
Baay boy yar nag mbooyy
Caali Maa Njonge Seen
Sa ma baay, baay booy
Man la doon xaar, maggënaa dama koy bay
Chant 46: Mbay Njaay
Mbay Njaayoo
Mbay Njaay
Mbay bukaari Biige
Keroog bañu koy suul
Manga naan
Gas leen mu xoot
Waxi leen mu yaa
Njaay jaata njaay
Jàambaar geeni suul
Mbay Njaay moo bay ba wallu gejj
Ndiole Soda Laye courbe toi et mets- toi au labeur !
Oh Père! Oh Père ! Mon père a
laissé son champ en jachère !
Caali Maa Njonge Seen
Mon père, mon cher père
Ce champ m'attendait
Je suis grand maintenant. Je vais le cultiver
Chant 46: Mbay Njaay !62
Mbay Njaay oh!
Mbay Njaay
Mbaye de Bukari Biige
Le jour où on l'enterrait, il disait
Creusez profondément,
Que le trou soit large
Njaay jaata njaay63
Parce que vous enterrez un homme brave
Mbay Njaay a cultivé son champ jusqu'au bord de la
mer
62
62 Ce chant s'apparente beaucoup au mythe de Baye
Demba War qui a cultiver jusqu'à la mer
63 Elle se dit pour faire l'éloge des
ndiaye.
63
CHAPITRE II : ANALYSE THEMATIQUE
La société wolof du Baol est très
conservatrice. De ce fait, l'approche thématique se révèle
interessante parce qu'à travers les thèmes, certains
mécanismes sociaux sont mis en lumière, particulièrement
la vision de l'homme et la vision du monde des wolof. Dans cette approche,
notre travail consiste à répertorier les thèmes dominants
dans notre corpus, et d'en faire une analyse. Ces thèmes englobent une
même problématique, celle de l'homme dans son environnement parmi
ces thèmes on peut citer le travail, l'altérité et
l'héroïsme.
1. Le travail
Le travail est une nécessité contraignante
entrainant peine et fatigue mais pouvant aussi susciter de satisfaction et de
joie. Imposé par la loi naturelle, le travail permet aux hommes de
vaincre une nature souvent hostile. Le Grand Robert le définit comme :
« une fatigue, une activité pénible qui apporte de la gloire
; et, par extension, une entreprise dangereuse, difficile et glorieuse
».
La société wolof plus précisément
celle du Baol accorde beaucoup d'importance au travail. C'est la raison pour
laquelle le thème du travail est toujours présent dans leurs
productions littéraires. Malgré son caractère difficile et
son aspect pénible, le travail engendre le bonheur et la gloire et
l'essence de l'homme. Cheikh Tidiane SY dit à ce propos : « Il faut
remarquer que chez les négro-africains, seul le travail donne un sens
à l'existence humaine. « Ligey rek moy deug,
littéralement, seul le travail est vérité » nous
renseigne la morale wolof».64Le travail devient ainsi une
exigence voire une obligation pour l'homme qui doit assurer sa survie. Tout le
monde est soumis au travail de la terre qui « est considéré
comme une absolue priorité aussi utile (et nécessaire) à
la vie de l'homme qu'à sa mort »65dans la mesure
où il « aide l'homme à mieux délibérer avec sa
conscience pour une vision claire de sa vie, et assumer dignement celle-ci pour
mieux gérer sa mort ». 66 Tandian, K, A écrit
à ce propos : « Etre riche, était avant tout, avoir beaucoup
de greniers remplis de mil pour l'autosuffisance alimentaire de la famille,
puis avoir du bétail (vaches, chèvres...) et accessoirement de
l'argent.»67 Cette réflexion sur l'importance du travail
agricole et de l'élevage dans la société soninké,
on peut aussi l'appliquer à la société wolof du Baol.
Les wolofs du Baol étaient des paysans dont les
ressources économiques étaient tirées pour l'essentiel du
travail de la terre. L'exaltation au travail est due au fait que le travail
étant la seule activité qui leur permettait de sauvegarder leur
dignité et leur dépendance.
64 Cheikh Tidiane Sy, « Mouridisme et tradition
négro-africaine du travail », in Ethiopiques
no21, janvier, 1980.
65 FAYE, A Le thème de la mort dans la
littérature seereer, Dakar, NEAS, ACCT, 1992.p268.
66 FAYE, A Idem.p268.
67 Tandian, K, A. Poésie soninké et
Education traditionnelle, Dakar, NEAS, 1999, p.195.
64
Le travail apporte le bonheur matériel et permet de
conserver l'honneur, l'un des biens les plus précieux dans la
société wolof. Refuser de travailler revient à accepter la
vie de dépendance, la soumission, l'humiliation. Le travail apporte le
respect des autres car celui ou celle qui travaille et produit ne se plie pas
devant son semblable pour quémander. C'est pour cette raison que les
paysans du Baol exaltent et exhortent au travail. Comme le souligne le chant
intutilé « Damay liggéey ndax mooy wàllum gor
» ou « Je travaille car c'est le devoir de l'honnête homme
» ou on note :
Damay liggéey ndax mooy wàllum gor
Ndax xam naa ne kuko ñakk
Di gor, sa xel di la lor
Sa nelaw dootul maase
Boo tëddee sa xel dem si for
Liggéey laa xam ndax sàmm ngor
Su dul loolu te ñaan jafe ma
Ñaq jarñu ndax ngor
Luma am ci liggéey doyloo naa ko
May ma duma yor
Bañnaa kuma janni ndax toppe
Rawatina gáddu ay bor
Bëgg naa sama jom ak sa ngor
Te yem ci lima yor
Je travaille car c'est un devoir pour tout homme digne
L'homme qui ne travaille pas
Sera tenaillé par sa conscience
Son sommeil sera sans cesse agité
Il ne connaîtra pas de répit
Le travail me permet de préserver ma dignité
Car quémander m'est tâche difficile
Je préfère manger à la sueur de mon front
Pour préserver ma dignité
Je ne saurais vivre d'aumône ou de dettes
J'ai peur d'être la risée publique
À cause de choses futiles, à fortiori des
dettes
Car, je tiens à mon honneur et à ma
dignité
C'est pourquoi je me contenterai de ce que j'ai. (Chant 5)
Ce texte met l'accent sur l'effort personnel comme gage d'une
promotion sociale. L'homme apprend le respect de soi-même par le refus de
l'affront, il cultive l'honnêteté comme une
65
vertu indispensable à toute l'harmonie sociale. Une
telle conduite l'élève au rang de la hiérarchie sociale.
Dans cette société agraire wolof, on ne peut qu'inviter les gens
à prendre au sérieux ce secteur qui est vital car celui qui ne
travaille pas ne pourra que vivre sur le dos des autres ou vivre par des moyens
illégaux tels que le vol, la tricherie. Le performateur de ce chant
exalte les valeurs ancestrales du travail basées sur l'honneur et la
dignité qui permettaient de s'écarter de certains défauts
comme la paresse, la propension à la facilité. La dérision
dans ce chant permet de fustiger certains comportements des marabouts
d'aujourd'hui qui se nourrissent de pitance, donc du fruit du travail des
autres comme dans le conte « Samba seytané et Amari jullit 68
» mais aussi comme le souligne la morale wolof : « Jëf
Jël, ñaq ted » « Agir pour posséder, suer
pour jouir ». C'est dans ce sens que Voltaire affirme dans Candide :
« le travail éloigne de nous trois grands maux, l'ennui, le vice et
le besoin»69et dans le même sens, Alain le
pédagogue de la méthode austère a déjà dit
dans Propos sur l'éducation : « l'homme se forme par la
peine ; ses vrais plaisirs, il doit les gagner, il doit les mériter. Il
doit donner avant de recevoir ». Autrement dit l'homme doit gagner son
pain à la sueur de son front.
Cependant contrairement à ceux qui pensent que le
travail est une contrainte, chez les baol-baol, le travail est
valorisant et permet à l'homme de jouer un rôle dans la
société. Cette exaltation de l'effort est source de noblesse car
celui qui travaille peut assumer ses responsabilités en assurant sa
survie et celle de sa famille. Comme l'illustre le chant suivant :
Yaay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Baay bóoyo
Samba nga ca tool ya
Doyna ndam
Yaay bóoy ca tool ya
Baay boy ca tool ya
Doom ca tool ya
Doy na ndam
Doomu gaynde, gaynde lay doon
Oh mère !
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Oh père !
68 Kesteloot, L et Bassirou Dieng, op.cit,
p.105.
69 Voltaire, Candide, Genève, 1759,
p.83.
66
Samba laboure dans les champs
C'est là, tâche noble
Père va au champ
Mère va au champ
Le fils va au champ
Ce sont là, des tâches nobles
Le petit d'un lion
Ne saurait être qu'un lionceau. (Chant 15)
En milieu wolof plus précisément dans le Baol,
le travail est en outre valorisé et élevé au rang de
culte. L'attachement au travail a inspiré plusieurs personnes parmi
lesquelles le guide du mouridisme qui a fondé toute son idéologie
sur deux piliers essentiels « ligeey ba mel ni dotoo de te ;
jaamu yalla ba mel ni tay ngay de »70 (travaille comme
si tu ne devais jamais mourir et prie comme si tu devais mourir aujourd'hui).
L'expression de la pensée religieuse, l'évocation de la
divinité est souvent très fréquente dans les
récits. Le wolof semble toujours prendre conscience d'une certaine
faiblesse qui le pousse à aller auprès de l'autre. Le paysan
wolof étend la chaine de solidarité aux autres êtres
surnaturels dont il sollicite avec les prières ou d'autres pratiques
rituels soutiens et l'assistance. Ainsi dans les textes il n'est pas rare de
voir apparaitre la référence religieuse. C'est le cas de figure
qu'on retrouve dans ce chant.
Bismillaaxi jàmm
Raxmaani jàmm
Raxiimi jàmm
Jàmm njëk, jàmm mudj, jàmm nek ci
digante bi
Bismillaaxi tew
Raxmaani tew
Raxiimi tew
Au nom de Dieu ! La paix
Le Clément ! La paix
Le Miséricordieux ! La paix
Paix devant ! Paix derrière ! Paix au centre
Au nom de Dieu je suis là
Au nom du Clément ! Je suis là
Au nom du Miséricordieux ! Je suis là. (Chant
16).
Le cultivateur wolof manifeste sa foi dans toutes les
activités quotidiennes, notamment dans le travail. Le héros est
confronté à des difficultés qui semblent le
dépasser et pour s'en sortir,
70 Recommandation du Coran reprise par Cheikh Ahmadou
Bamba.
67
il est obligé de s'en remettre aux êtres
supérieurs. Sa foi en Dieu et ses croyances animistes ou païennes
se confondent.
En somme on peut dire que dans une société qui a
fait du travail son crédo et de la terre son noyau
référentiel, seul le travail permet à l'homme
d'éviter la dépendance.
2 .L'altérité
L'altérité est un concept utilisé dans de
nombreuses disciplines comme la philosophie, l'anthropologie, l'ethnologie et
la géographie. Le mot vient du latin alteritas, qui signifie
différence, l'antonyme d' « altérité » est
« identité ». L'altérité renvoie à ce qui
est autre, à ce qui est extérieur à un « soi »,
à une réalité de référence, qui peut
être l'individu, le groupe, la société, la chose, le
lieu.
Le thème de l'altérité est très
présent dans la poésie champêtre wolof. Au champ le jeune
cultivateur n'est pas seul, il est avec d'autres jeunes de sa
génération. Cependant, l'autre qui peut être homme ou objet
est très présent dans nos textes. Cette altérité
dans le kañu trouverait sans doute sa justification, d'une part
par la concurrence car les jeunes se lancent des défis et excellent dans
le geste et la parole. Et d'autre part, elle est centrée sur le
performateur afin de le galvaniser par le biais de l'autoglorification. Le
discours s'adresse à ses concurrents dans le même champ. Il
cherche à se distinguer et à montrer ses différences par
rapport à eux. Amade Faye ajoute à ce propos : « toute
parole était agression ou allusion agressive, de part en part
traversée par une métaphore guerrière ou s'entrecroisent
défis et provocation ».71L'altérité dans
cette expression poétique, a comme point focal une agressivité
verbale dans tous les instants. Cependant il est important de signaler que
cette agressivité n'est pas physique, elle est discursive. Comme le
montre le chant ci-dessous :
Ma mën guné ak baayam
Ndax Baay ba doolé ba da jeex Té gune ba doole ba
dikagul
Je suis plus fort qu'un père et son enfant
La force du père est épuisée
L'enfant n'a pas encore acquis une force suffisante. (Chant
35)
Dans ce chant, l'énonciateur s'adresse à ses
concurrents dans les champs. Les destinataires du message sont les jeunes de la
même classe d'âge et de la même force physique. Cette parole
lancée est un défi à soi-même, à l'autre
destinataire et témoin. Le but du poète est de faire
71 FAYE, A.op.cit.p.363.
68
naître un sentiment d'exaltation et de
supériorité. Le performateur fait recours à des parole
imagées et symboles qui lui permettent de s'identifier aux autres comme
l'illustre ce chant :
Ndama akk ndamari bokkul Ndama yeel ba day gatt Xuuru ganaaw ga
taaba Deun ba angase
Lumu yótu jot ko
Lumu dóor mu ñibi allaaxira
Celui qui a une courte taille est tout à fait
différent d'un nain
Le petit a les os courts,
Des jambes courtes
Une colonne vertébrale large
Une poitrine saillante
Il atteint toujours son but
Et quiconque encaisse son coup, séjourne dans
l'au-delà. (Chant 43)
Dans ce chant la personne de petite taille se voit comme le
meilleur au champ en glorifiant sa personnalité et ses caractères
physiques. En se comparant aux autres, il se déclare le meilleur et
lance un défi.
Dans ce poème ci-après, le cultivateur ne fait
que relater ses prouesses et exprimer fièrement sa personnalité.
Le héros « apparait comme hors norme, excessif et
foncièrement inimitable : il n'est pas à proprement parler un
exemple, ni un modèle, il est plutôt « un moteur » qui
donne l'élan et la tension nécessaires pour permettre la mise en
pratique d'une idéologie commune dont il symbolise l'une des composantes
».72C'est ce cas de figue qu'on retrouve dans ce chant
ci-après ou le performateur met en avant sa force physique et son
courage.
Waaw góor suka péll gi Ndax péll gi romb nga
daw Te mag mu la sol wogantiku
Mbaa mu sonn lool
Koo ni bu suba ñu daje Guddi googa du nelaw
Mbaa bu nelaweet du yandoor
Ndonoy yaay Majigen jóob Nii nga mën a mel
Doomu ñay ñay lay doon
72 C.Seydou « Réflexion sur les
structures narratives du texte épique : l'exemple des
épopées peules et bambara », in l'Homme, vol.23,
no23, no3, 1983, p.46.
69
Baay Yata ku bëgg xam
Nga toji sa mbandum yaay
Ku bëgg kula duma nga tooñ ku la mën
Brave Suka !
Tu surclasses tous les autres jeunes
Tout adulte qui veut te porter retroussera ses manches
Sinon, il lui en coûtera
Celui qui osera te défier
Ne dormira pas la veille
S'il parvient à dormir son sommeil sera léger
Héritier de Majigen jóob
C'est cela ta légitime ambition
Le fils d'un éléphant ne saurait être qu'un
éléphanteau
Baay Yata, qui veut le vérifier
N'a qu'à casser le canari de ma mère
Qui veut être battu, provoque plus fort que lui. (Chant
7)
C'est précisément dans le but de singulariser en
montrant sa différence avec autrui que les noms des ancêtres
peuvent être associés à la performance. Il faut comprendre
que les ancêtres cités sont glorieux et par conséquent le
cultivateur cherche à s'identifier à eux. Le fait
d'évoquer le nom de l'ancêtre donne l'illusion d'avoir
personnellement participé à la geste par laquelle l'ancêtre
a acquis son nom. Ce besoin de s'identifier à l'ancêtre s'explique
par l'importance que la société wolof se fait du sens de
l'honneur. C'est ainsi que Senghor affirme dans un de ses interviews : «
Pour les Sénégalais, comme pour la plupart des
Soudano-sahéliens, il y a deux mots importants et qui sont à la
base de notre conception de la vie : C'est le jom, le sens de
l'honneur et le kersa, la maitrise de soi ou la retenu, la pudeur. Ces
traits sont caractéristiques du modèle épique en milieu
wolof qui de par un comportement héroïque accomplir des actions
d'éclat individuelles pour mériter un renom et sauver l'honneur
des ancêtres. L'extrait du chant ci-après est un exemple
illustratif :
Ma donn Samba Ngajal Mafan Ma donnTéeñ ak Mafan
Ma donn Mayaasin je? maaroo Jigéen ju mën
góor
Je suis l'héritier de Samba Ngajal Mafan Je suis
l'héritier de Teeñ et Mafan
Je suis l'héritier de Mayaasin je? maaroo
Une femme plus forte que les hommes. Chant 4 (v13 à la
fin).
70
Dans cette poésie d'autoglorification du
kañu, l'autre peut aussi désigner la chose ou un objet
:
Daaba ak daabali bokul
Daaba xuuru ginaawam day ya Loxo ya day bar jot
Lu mu yootu jot
Lu mu dôor nga agg suuf
Daaba est différent de daabali ;
Daaba au dos creux ;
Ales mains longues et agiles
Tout est à sa portée,
Ses coups sont fatals. Chant 45 (v2 au v6).
Dans ce chant, le locuteur attaque ses protagonistes qui sont
probablement ces concurrents ou l'auditoire. Ainsi par le biais de la
comparaison, de la métaphore et de la parole imagée, il montre sa
supériorité par rapport aux autres.
3. L'héroïsme
Défini par le Robert comme « une vertu
supérieure, force d'âme qui fait le héros »,
l'héroïsme est une donnée essentielle dans la poésie
d'autoglorification en milieu wolof. En effet cet héroïsme est
presque présent dans tous les poèmes wolofs et s'exprime de
diverses manières. D'après le contexte de production du
kañu, il est important de signaler que pendant longtemps, les
paysans wolofs ne comptaient que sur leur seule force physique pour affronter
une nature qui ne leur faisait aucun cadeau note Abdoulaye Keita. À ces
circonstances s'ajoutent le fait que le travail des champs était une
occupation très physique et se faisait dans un contexte spatio-temporel
hostile : au moment le plus chaud de l'année.
Pour vaincre toutes ces contraintes, le paysan wolof a
développé une performance orale dont le but essentiel est de
s'autoglorifier pour tirer du plus profond de son être cette
énergie qui le distingue et qui fera la différence. Cependant,
qu'il s'agisse des chants de luttes, des chants de culture, la poésie
d'autoglorification, l'héroïsme se manifeste par l'exaltation de
valeurs telles que le courage, la bravoure, le sens de l'honneur qui
contribuent à la formation de l'homme. Comme l'illustre ce chant :
Jáambaar ca waar
Loo liggéey du yaa ko moom
Ngembuléen gaañi
Ñaq réerul boroomam
Jáambaar góorgóorlul suuf si noy na
71
Tool bi yaa na
Mbay lu baax la
Ñaq réerul boroomam
C'est au champ qu'on reconnait le brave
Tout ce que tu produis te revient de droit
Retroussez les manches les gens
La sueur se paye toujours
Homme courageux glorifie- toi, la terre est molle
Le champ est large
La culture est une bonne chose
La sueur se paye toujours. (Chant 27)
L'héroïsme se manifeste par la capacité du
paysan à faire preuve de détermination et de courage. Le champ
n'offre aucune possibilité de tricherie, on n'y récolte que ce
que l'on a semé. Les travaux champêtres dans la
société wolof traditionnelle permettaient de mesurer la
capacité de l'individu car, ils fournissaient beaucoup de renseignements
sur sa capacité de dépassement, sa témérité,
son endurance. Dans la société traditionnelle wolof, chaque
membre de la famille avait l'obligation de lutter contre tout acte
déshonorant. L'honneur de l'individu dépend de son comportement,
le respect de certains principes du groupe était fondamental pour sauver
son honneur et celui de sa famille. C'est l'exemple du chant suivant :
Maa jomba ñaaw
May sëtub Seelawbe Buna Alburi Njaay
Man góor gu ma làngal nga daw
Wacc ma ak sama tool baay
Man bey naa yoor yoor
Bèy naa takkusaan
Ñu naan ma ku daw ñaaw
Maa naan leen man duma daw
Ndax man duma jigéen
Ñu naan suma doonoon góor
Soo doonoon góor it doo faj gàcce
Moi je refuse le déshonneur
Je suis la petite fille de Seelawbe Buna Alburi Njaay
Tout homme que je défie prend la fuite
Pour me laisser seul avec le champ de Père
Moi, j'ai cultivé le matin entre 10h et 12h
J'ai cultivé l'après-midi vers 17h
Qui prend la fuite sera déshonoré me disait-on
72
Je leur répondis que je ne fuirai pas
Car je ne suis pas une femme. Chant14 (v1.v2 et v15 à la
fin)
Ici, le performateur se glorifie de ses exploits et son
honneur en rabaissant son adversaire au point de le tourner en dérision.
L'homme d'honneur est celui qui est capable de maintenir l'estime que les
autres ont de lui. Il cherche toujours à faire son devoir et à
éviter tout acte qui peut l'en éloigner. La société
wolof est une société virile où la problématique de
la bravoure hante le quotidien des hommes. Une société ou l'acte
guerrière est mis en avant. L'exemple de Lat-Joor en est une parfaite
illustration. Ce dernier pour sauver son honneur décide de s'acheminer
vers la mort.
« Avant que le soleil ne se couche, je rejoindrai mon
maitre Maba Jaxu. »73
Au combat toujours, il fallait vaincre et faute de pouvoir le
faire, en vertu toujours du principe selon lequel « le malheur est
préfèrable à la honte ». La mort était
préfèrable à la défaite et par delà à
la honte de la mise à mort par l'ennemis ou de la captivité.
Nous avons l'exemple du chant de Baye Demba war Njaay :
Baay Demba waar Njaay Waar waa ko yóbbu géej Ba
ñukoy suul ñoo nga naan Gasléen mu xóot a
xóot Waqileen mu xóot a xóot yaay
Jáambaar ngeen fiy suul
Baay Demba waar Njaay
Le labour l'a conduit au bord de la mer
En l'enterrant, on disait
Creusez très profondément
Retirer le sable du trou
Car vous enterrez un homme courageux. (Chant 33)
Dans l'éducation en milieu wolof, le culte de l'honneur
et de la résistance à la douleur physique et morale était
privilégié. C'est ainsi que Alfred de Musset affirme dans
Nuit d'octobre : « L'homme est un apprenti, la douleur est son
maitre .Et nul ne se connait tant qu'il n'a pas souffert
»74.Abdoulaye Sokhna Diop75abordant dans le
même sens écrit : « cette crainte de la honte au point d'en
mourir, se trouve également au fondement de la dimension militaire du
code d'honneur des wolofs et des toucouleurs, disons de l'idéal «
jambar » c'est-
73 DIENG, Bassirou, op.cit.p.129.
74 Musset, A ; Nuit d'octobre, Paris
Gallimard 1951, p.327.
75 Diop, A .Sokhna, « les valeurs morales
à travers l'évolution socioculturelles du Sénégal
» in Ethiopiques N31revue socialiste de culture négro africaine
,3e trimestre, 1982.
73
à-dire du brave héros ». C'est ainsi que
l'homme fait étalage de sa bravoure et de sa
témérité en chantant ses qualités. En effet, le
recours à cette poésie d'autoglorification choisie par le
poète suscite chez le cultivateur wolof un sentiment d'orgueil, d'amour
propre. L'individu atteint est dans l'obligation de se surpasser. Comme le
montre le chant suivant :
Waaroo waar
Waar dem na géej
Waaroo waar
Waar dem na géej samba
Góoroo góor bu kenn daw
Bu kenn naan i
Yaay Faatu fattalikul
Lima la waxoon biig
Bu naaj tángée
Mané bu naaj tangée
Ci la jàambaar di féeñ
Oh labeur !
Le labeur est allé en mer
Oh labeur !
Le labeur est allé en mer
Que personne ne prenne la fuite
Que personne n'aille boire
Yaay Faatu souviens-toi
Je t'avais dit hier soir
Quand le soleil est au zénith
Je répète quand le soleil est au zénith
C'est à ce moment que le brave se distingue. (Chant 23)
Ce chant souligne l'orgueil et la fierté du
poète wolof à exalter publiquement ses capacités de
résistance. Le performateur atteint son degré de paroxysme
puisqu'il est même interdit de se désaltérer. C'est
à la limite de la démesure parce qu'il s'agit non seulement de
braver le soleil, mais aussi de s'abstenir de boire. Le code l'honneur exigeait
de « ne rien faire moins que ses égaux ». Autrement dit, il ne
fallait jamais se laisser dépasser par ceux avec qui l'on partageait une
position sociale ou une situation vécue ensemble.Il fallait toujours
être en concurrence avec eux et faute de pouvoir les dépasser, ne
jamais se laisser dépasser par eux.
74
CHAPITRE III : ETUDE SPATIO-TEMPORELLE
1. Etude de l'espace
La poésie orale africaine est pratiquée
spontanément par toute personne qui le désire dans
toutes les circonstances de la vie. Cependant en milieu wolof,
l'espace de déclamation du kañu varie en fonction du
lieu où le poète cultivateur mène ses activités.
Cette poésie s'effectue généralement en milieu Baol dans
les champs d'arachide et de mil.
? Dans le champ de mil
Les wolofs cultivent différentes variétés
maïs, arachide, haricot, sorgho mais les cultures dominantes dans le Baol
sont le mil et l'arachide.Le performateur de ce chant s'adresse à des
jeunes conquérants de la même classe d'âge, et leur annonce
l'arrivée de la période de récolte du mil. Le cultivateur
met sa supériorité physique en avant. Il chante ses exploits mais
surtout les justifie pour faire deviner la conclusion, à savoir qu'il
est plus courageux que les autres.
Ana li may séen? Ana toolu baay? Gaañi toolu baay
ñorna Ku koy góob? Jáambaar a nga tool Naaj bi tang na lol
Bey noor, bey nawet Ñaq réerul boroom
Que vois- je ?
Où est le champ de mon père ?
Les gens le champ de père a mûri
Qui va faire la moisson ?
Le courageux est au champ
Le soleil tape fort
Cultivez en saison des pluies et en saison sèche
La sueur se paye toujours. (Chant 2).
Ici, le locuteur met en avant l'immensité du champ et
son envie d'accomplir le travail qui l'attend. Il s'autoglorifie en montant
qu'il travaille mieux et beaucoup plus vite que les autres. C'est ainsi que
dans le but d'accélérer le rythme, il lance un défi
à ses protagonistes.
75
Dog, dog, dog
Reppit ak ñeppet
Sëgg dagg , siggi dagg
Kuma daxa dagg ,dagg sa loxo
Coupez, coupez, coupez !
Reppit ak ñeppet
Coupez en vous penchant, coupez en vous tenant debout. Celui qui
coupe mieux que moi, coupera sa main. (Chant 12).
? Dans le champ d'arachide
Le champ d'arachides est un lieu propice pour déclamer
le kañu. Du fait de la joie que ses chants suscitent, ils
rendent la récolte plus facile. Ici pour préserver son honneur et
celui de sa famille, le performateur de ce chant loue ses parents qui l'ont
assisté pendant son enfance et lui ont appris à gagner sa vie
dignement en travaillant.
Gërëm na baay moom mii ma jàngal mbay
Ba sama benn moroom rawuma
Gërëm na yaay
Moom mii ma nàmpal bama de gune
Duma dal ci waar diko wañi di yok mbóoy
Rus naako
Duma deqqi ngoon diko lëmes ndajale ma tax
Rus naak
Louange à mon père qui m'a si bien appris à
cultiver
Aucun homme de ma classe d'âge ne me surpasse
Je rends aussi grâce à ma mère
Qui ne m'a pas sevré prématurément
Au champ, je ne diminue jamais la surface à cultiver
J'ai honte de le faire
Je ne récolte pas l'arachide le soir en laissant les
graines sous terre
J'ai honte de le faire. (Chant 1).
2. Étude du temps
En milieu wolof, plus précisément dans le Baol, les
travaux champêtres s'effectuent pendant
la saison des pluies qui coïncident avec la
période des vacances au Sénégal. Elle s'étend de
juin en octobre et correspond à plusieurs phases de la vie paysanne.
76
? Le défrichage
Elle commence avant la tombée de la pluie, le
défrichage permet de préparer les champs pour les semailles de ce
fait, on coupe tous les arbustes et on remit toutes les terres incultes pour
les besoins de semailles.
Yewwul yee ma
Yewwuloo yee ma
Yewwul yee ma,Ndeeroo Njaay Bu nu demee ngay lakk may bey
Réveille-toi et réveille-moi !
Réveille-toi et réveille-moi!
Ndeeroo Njaay réveille-toi et réveille-moi !
Arrivés sur place, tu brûleras les herbes et moi je
cultiverai. (Chant 29).
? Le sarclage
Elle commence après les semailles, elle est une des
périodes les plus longues et les plus difficiles de la saison des
pluies. Pendant cette période, le jeune paysan doit lutter contre les
mauvaises herbes qui envahissent les champs de mil et d'arachide. Pour faire
face et gérer cette chaleur, le paysan wolof développe sa
performance en se glorifiant de ses exploits pour se surpasser et accroitre son
énergie.
Modu Njaay um Caar Xëy ci benn ab tool Tool ba nër ta
jeex Lool de gace la Modu Njaay um Caar Xëy ci benn ab tool Tool ba
nër ta jeex Lool de gace la Modu Njaay um Caar Xëy ci benn ab tool
Tool ba nër ta jeex Lool de gace la Modu Njaay um Caar Xëy ci benn ab
tool Tool ba nër ta jeex Lool de gace la
77
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte
Modu Njaay de Caar
A passé une journée dans un champ
Sans finir de labourer
Ça c'est une honte. (Chant 18) ? La
récolte
Comme dit l'adage « après la pluie, c'est le beau
temps ».Elle est une récompense à l'acharnement du travail.
Cette période clôt les activités agricoles, qu'il soit dans
le champ de mil ou d'arachide. Dans les champs de mil, les paysans
récoltent le mil en coupant les épis de mil comme l'illustre ce
chant :
Dog, dog, dog
Reppit ak ñeppet
Sëgg dagg, siggi dagg
Kuma daxa dagg, dagg sa loxo
Coupez, coupez, coupez !
Reppit ak ñeppet !
Coupez en vous penchant, coupez en vous tenant debout. Celui qui
coupe mieux que moi, coupera sa main. (Chant 12).
Les chants d'activités culturales plus
précisément le kañu, renseignent le plus souvent
sur le temps et l'espace où le cultivateur se trouve. En milieu wolof,
ces chants sont déclamés le plus souvent pendant la saison des
pluies dans les champs de mil et d'arachide. Le poète cultivateur fait
usage d'un langage conflictuel et d'un style élevé que nous
proposons d'étudier dans les lignes qui suivent.
TROISIÈME PARTIE :
ANALYSE DU CORPUS
78
79
CHAPITRE I : ANALYSE DISCURSIVE
La parole en milieu wolof constitue un instrument
privilégié lors des joutes oratoires qui se passent entre le
cultivateur et ses paires au moment des travaux champêtres. L'analyse
discursive se fera par le biais de la parole proférée :
? La parole proférée
Cette parole proférée « sous le soleil
vertical » est soit stimulante, soit agressive, A. Faye
révèle l'effet pragmatique de la parole, c'est-à-dire
l'instant où elle est produite et l'effet qu'elle produit sur son
destinataire. Les mots de cette poésie champêtre du
kañu sont dotés de pouvoir. Ils sont
réévalués et rendus supérieurs par une pratique
poétique qui permet de transformer la fatigue du cultivateur en repos.
D'où une parole stimulante qui galvanise le cultivateur, « le
pousse à se surpasser en faisant fi de l'étendue et de la
densité du champ et de la chaleur ». Cependant, cette parole peut
être aussi un défi lancé à autrui donc une parole
agressive.
? L'autoglorification ou parole stimulante
Le kañu est une poésie
d'autoglorification qui, durant l'hivernage accompagne le geste du cultivateur
wolof. Cette poésie est une survivance du xas qui est une
autoglorification qui tient de la prestation de serment animant la
veillée d'arme avant les batailles dans l'épopée. Il est
déclamé avec un ton dur, élevé ou du moins avec un
ton épique qui laisse apparaitre toute la force de celui qui le
déclame. Une telle stimulation se justifie par le caractère
héroïque des exploits du cultivateur. Ces morceaux de poèmes
valorisants sont entonnés par le cultivateur célébrant ses
qualités. Une des interprétations du kañu, comme
l'affirme Bassirou Dieng et Lilyan Kesteloot et donné par «
jambar » diggi bêccëk lay sap : « le
valeureux pousse son cri de guerre quand le soleil est au Zénith, ce
terrible soleil de la savane, yoor-yoor-ub-góor, (temps de
l'homme, l'heure du valeureux)»76.Celui qui continue à
travailler sur le même rythme chante ses exploits. Comme l'illustre ce
chant :
Jáambaar joni joni jáambaar legi legi
Jáambaar dikatinga tool jémm ngoon Bend jant duma daan
Té ñaar ya duñu fenkkando
76 DIENG, B.et KESTELOOT, L., Les
épopées d'Afriques noire, Paris, UNESCO/Karthala, 1997,
p.60.
80
Être courageux sur le champ, devenir courageux à
l'instant même
Le courageux est venu au champ et travaillera jusqu'au soir
Un seul soleil ne me fatigue pas
Alors que deux soleils ne se lèvent jamais en même
temps. (Chant 37).
Le performateur de ce chant exalte son courage et sa
capacité de résistance sous la chaleur. C'est dans ce contexte
qu'on peut évoquer la légende de Demba War, qui mu par une force
irrésistible, cultiva jusqu'à la mer où il finit par se
noyer.
Baay Demba waar Njaay Waar waa ko yóbbu géej Ba
ñukoy suul ñoo nga naan Gasléen mu xóot a
xóot Waqileen mu xóot a xóot yaay
Jáambaar ngeen fiy suul.
Baay Demba waar Njaay
Le labour l'a conduit au bord de la mer
En l'enterrant, on disait
Creusez très profondément
Retirer le sable du trou
Car vous enterrez un homme courageux. Chant 33 (v1au v6).
En outre, cette poésie champêtre s'accompagne de
la généalogie pour exalter et participer à la gloire des
ancêtres mais aussi pour s'identifier à eux. La
généalogie déclamée par le performateur est une
manière de se glorifier d'une ascendance prestigieuse, de clamer un
droit à la parole, un droit légitime à s'exprimer dans
l'air ou se déroule la performance.
Mangi jôoy téeð ca Ndeela Faal
Buurub gçej ma nôon ya jaaxaanal fa Ndoom
Kañ Samba ak Baay Moor
Maxuja Maram Gçy!
Maxuja Maram Faal !
Je pleure toujours téeñ ca Ndeela Faal, Le roi
Guedj que les ennemis tuèrent à Ndoom La devise de Samba et de
Baay Moor Maxuja Maram Gçy!
Maxuja Maram Faal ! Chant 45 (v10 au v14)
81
? La parole agressive
Cette parole peut être un défi lancé
à un adversaire. Elle porte atteinte à son
intégrité psychologique devient alors agressive. En fait, au
cours de ces travaux champêtres un cultivateur surexcité peut se
moquer de la défaillance des autres et lancer des défis qui
outragent ses adversaires. Comme le souligne cet extrait :
Man góor gu ma làngal nga daw
Wacc ma ak sama tool bay
Man bey naa yoor yoor
Bèy naa takkusaan
Nu naan ma ku daw ñaaw
Man naan leen man duma daw
Ndax man duma jigéen
Ju naan suma doonoon góor
Soo doonoon góor it doo faj gàcce
Tout homme que je défie prend la fuite
Pour me laisser seul avec le champ de mon père
Moi, j'ai cultivé le matin entre 10h et 12h
J'ai cultivé l'après-midi vers 17h
Qui prend la fuite sera déshonoré me disait-on
Je leur répondis que je ne fuirai pas
Car je ne suis pas une femme.Chant 14 (v15 au v21).
Ce chant de défi empreint de dérision est
lancé dans le feu de l'action entrainant le redoublement d'effort
à l'endroit du cultivateur qui refuse le déshonneur. Dans les
chants d'auto-louanges, la dérision met en jeu l'honneur par le respect
de la parole donnée qui se veut concrète comme le souligne
Raphael Ndiaye : « Si l'affirmation d'auto-louange poétique est
faite à l'avance comme une sorte de dette contractée face
à l'avenir et devant le corps social attentif, l'on a le devoir
d'être à la hauteur de sa parole pour continuer de valoir aux yeux
des autres ».
82
CHAPITRE II : ANALYSE STYLISTIQUE ? Les figures de
rhétorique
Le chant ou le poème, quel que soit sa nature, son
origine, présente des caractéristiques morphologique et
expressive qui le différencient de la parole ordinaire. Dans notre
corpus les figures de rhétorique sont très présentes. Le
poète fait recours à ses éléments soit pour
insister sur une situation quelconque (répétition, anaphore) soit
pour créer un effet de sens par l'emploie de formule analogique :
L'Anaphore
Elle désigne la répétition d'un mot ou
d'un groupe de mot au début de plusieurs énoncés. Elle
traduit généralement un effet d'insistance ou d'exposition .Dans
le chant intitulé Ndooran deeti door, (Je vais encore
recommencer) le locuteur énumère toute la
série de choses auxquelles il souhaiterait s'identifier à travers
la reprise de « suma doon (si j'étais) » :
Suma doon fas naaru goor laay doon
Suma doon jan du saamaan
Suma doon mbaam ngongk laay doon
Suma doon mbëtt di sénk
Suma doon bukki di xàmbi
Suma doon sikket di jaxalluur
Suma doon yëkk di sambasay
Suma doon gaynde di walor
Suma doon gëlém Tukal ba laay doon
Si j'étais un cheval, je serais un pur-sang
Si j'étais serpent, je serais un python
Si j'étais un âne, je serais le plus endurant
Si j'étais un varan, je serais le plus long
Si j'étais une hyène, je serais la plus
redoutable
Si j'étais une chèvre, je serais un bouc
Si j'étais une vache, je serais un taureau
Si j'étais un lion, je serais le plus féroce
Si j'étais un chameau, je serais le grand. (Chant 3).
Dans ce chant l'anaphore permet non seulement de renforcer
l'idée du poète mais elle donne une certaine musicalité au
poème. Cette répétition en début de phrase permet
au poète de mettre en relief la série des animaux auxquelles il
souhaiterait s'identifier. L'exaltation qui résulte de l'expression de
sa différence avec autrui crée une excitation. Les
références animalières dans ce chant (pur-sang, python,
âne), symbolisent la vaillance du poète dans un environnement
hostile où la tricherie est bannie.
83
La répétition
La répétition est une figure de
rhétorique qui consiste à revenir sur l'idée ou sur le
même mot. Dans les textes oraux wolofs, la répétition est
très récurrente, surtout dans les chants d'activités
culturales. Elle permet au poète d'attirer l'attention de l'auditoire
sur un fait. C'est ce que fait le performateur de ce chant :
Ca Yaasin je? maaroo Ca Yaasin je? maaroo
Jigéen nangi deeti daan góor
Ci toolu baayam
Ca yaasin je? maaroo Ca yaasin je? maaroo Ca yaasin je? maaroo Ca
yaasin je? maaroo Jigéen nangi deeti daan góor
Ci toolu baayam
Thié Yaasin je? maaroo
Thié Yaasin je? maaroo
La femme est en train de prendre le dessus sur
L'homme dans le champ de son père
Thié Yaasin je? maaroo
Thié Yaasin je? maaroo
Thié Yaasin je? maaroo
Thié Yaasin je? maaroo
La femme est sur le point de battre
L'homme dans le champ de son père. (Chant 35).
Dans ce chant la répétition du nom Ca yaasin je?
maaroo est source de motivation pour la femme qui chante. La déclamation
du chant traduit la bravoure dont est capable une jeune fille dans une
société apparemment phallocratique. Ce chant est un exemple de
valorisation du courage
féminin.la
répétition permet de pointer du doigt l'effort et la bravoure
d'une femme qui bat un homme dans le champ.C'est dans ce contexte que le
kañu est comparable à l'épopée qui exalte
les valeurs d'un groupe à travers les exploits embéllis d'un
personnage historique proposé et reconnu comme modèle.
La métaphore
La métaphore consiste à donner à un mot
un sens qu'on ne lui attribue que par analogie. Cette figure est
omniprésente dans notre corpus. Comme l'illustre l'extrait de ce champ
:
84
Njolor fasu baay laa ! Njolor fasu baay laa ! Njolor fasu baay
laa ! Ku war ma dôor la Ku bëgga war ma dôor !
Njolor est le cheval de mon père
Njolor est le cheval de mon père
Njoloor est le cheval de mon père
Je frapperai quiconque le chevauche !
Je frapperai aussi quiconque voudrait me l'arracher.Chant 45 (v22
au v26).
Dans ce chant, la métaphore traduit la
témérité du poète en comparant le chant à un
pur-sang que lui seul est capable de chevaucher. Le performateur exalte sa
supériorité, son orgueil, son arrogance de manière
démesurée. La métaphore sert ici à
dévaloriser ses semblables qui ne sont pas des modèles de
virilité et de vertu. le poète se glorifier en se comparant soit
à des êtres surnaturels, à des choses ou tout simplement
à des animaux venimeux pour montrer sa virilité ou sa
férocité face à un adversaire réduit à
l'état inferieur comme l'illustre cet extrait.
Gaynde boroom àll Ñiay boroom manding Buki boroom
mbend Jego boroom yéel sarxol boroom jaal Arwatam boroom taat Suma doon
jan di saaman Suma doon gaynde di walor Jáambaaro, jáambaar Kula
yapp genn am rew Kula señu seekeek
Le lion roi de la forêt
L'éléphant roi de la savane
L'hyène reine des brousses
Pour faire de grandes foulées, il faut avoir de longues
jambes
Pour rire, il faut une bouche pourvue de dent
Si j'étais serpent, je serais un python
Si j'étais un lion, je serais le plus féroce
L'Homme courageux, le guerrier
Celui qui ose t'affronter, t'humilier, s'exilera de ce pays
85
Celui qui mange tes os aura les joues enflées. (Chant
6).
Cette vaillance du performateur est transmise par les
métaphores animaliers (lion, l'éléphant, l'hyène).
La présence des références au bestiaire dans ces
différents textes est fonction d'un symbolise animalier particulier dans
l'imaginaire africain qui opère une certaine catégorisation des
bêtes. Ainsi certaines bêtes symbolisent la nobles, tandis que
d'autres renvoient à la bassesse et la férocité.
L'hyperbole
L'hyperbole désigne une réalité par un
discours exagéré. Elle consiste à exagérer,
à amplifier une idée ou une réalité, dans le but de
la renforcer et la mettre en avant. Elle fait en général
référence à quelque chose d'impossible dans un but
ironique ou de dramatisation. Dans les textes wolofs, l'hyperbole est
employée pour mettre en exergue le courage ou la
témérité du héros. C'est le cas dans ce chant de
labeur à travers lequel le performateur exalte ses valeurs :
Iii ngi dëppu
Man mane cëpp ne cëreet ni gçndel !
Di beegu nim yeew
Di tàweeku nig laspeer
Njool Soda Laay sëggal bay
Ceux-ci sont courbés
Moi, je suis droit, puissant et complet comme un ange :
Je m'enroule sur moi-même tel un boa
Je me tends telle une lance pierre
Njool Soda Laay penche toi et mets- toi au travail.Chant 45 (v15
au v19).
Dans ce chant, le performateur par le biais de l'hyperbole :
« Je me tends telle une lance-pierre »
«Je m'enroule sur moi-même tel un boa »
Agrandit ses actions et mit en avant ses qualités
portées à leur paroxysme. Ce procédé suscite
respect et admiration chez les destinataires car le locuteur apparait comme une
personne hors norme, excessive et inimitable dans les champs. Cependant dans
cet extrait le performateur utilise un ton épique pour déclamer
sa performance. L'hyperbole a pour but de valoriser et d'exalter les valeurs
héroïques du cultivateur et de le hisser au rang le plus
élevé d'où la comparaison à un ange. Elle met en
scène des situations extraordinaires dans lesquelles le personnage
accède au statut de héros véritable.
CONCLUSION GÉNÉRALE
86
87
En somme, le traitement du sujet « La poésie
d'autoglorification en milieu wolof : l'exemple du kañu »,
nous a donné l'occasion de revisiter le riche répertoire de la
société wolof du Baol mais aussi d'apporter notre modeste
contribution à la revalorisation et à la sauvegarde de nos
langues maternelles. Malgré l'influence d'une société de
type occidentale dominée par l'écriture, l'oralité reste
toujours vivante en Afrique. Elle est un moyen efficace pour véhiculer
les valeurs culturelles africaines. Ainsi, l'oralité est un domaine
très large qui offre un champ de recherche très varié. La
littérature orale africaine est composée de plusieurs genres
parmi lesquels le conte, l'épopée, le mythe et le chant.
Cette société wolof produit un nombre important
de chant surtout pendant les travaux champêtres parmi lesquels le
kañu ; qui est une poésie réflexive où
l'auteur fait ses propres louanges en montrant ses qualités et parfois
son appartenance. Cette catégorie de poésie champêtre par
laquelle le cultivateur chante ses propres louanges, constitue notre corpus. Il
convient de préciser que nous avons d'abord procédé
à la présentation de la société wolof du Baol dans
laquelle les chants sont recueillis. Ensuite nous avons traduit et transcrit le
corpus et nous avons abordé l'étude thématique avant de
faire l'analyse discursive et stylistique.
L'ethnie wolof est la plus représenté au
Sénégal. Elle représente environ 40% de la population note
Bassirou Dieng. Elle donne au pays une langue de communication parlée
par plus de 70% des citoyens. Cependant, malgré les nombreuses
recherches sur cette société, l'origine n'a jamais
été clairement déterminée. La société
wolof se distingue par la superposition de deux systèmes celui des
castes et celui des ordres. Cette société garde encore
aujourd'hui beaucoup d'aspect de cette stratification sociale mais les plus
notoires restent la division géer
/ñéeño « caste/non caste » et les
barrières sont encore maintenues par l'endogamie et au niveau des
ordres, seule la notion de badoolo subsiste encore mais sans
opposition avec le buur d'autrefois.
L'intérêt majeur de ce travail qui se situe dans
une perspective à la fois littéraire, sociologique et
linguistique, est d'abord la volonté réelle de participer
à la conservation et la divulgation de la culture wolof
sénégalaise méconnus par la frange jeune. Notre but est de
mettre à l'abri ce type de langage et de le porter aussi à la
connaissance du public car « la culture, c'est ce qui demeure dans l'homme
lorsqu'il a tout oublié »77. Mais aussi, elle permet
d'être en contact direct avec cette société et de
connaître leur mode de vie et leur manière de faire dans leurs
différentes manifestations culturelle.
77 HENRIOT, Emile écrivain et critique
littéraire français
88
A travers l'analyse, nous avons abordé quelques
thèmes que nous avons jugés essentiels pour la
compréhension de ses textes oraux. Ces thèmes sont
étudiés en rapport avec les textes. Autrement dit leur
explication est à chaque fois illustrée par des passages
tirés de différent poème. Par ailleurs, il est important
de souligner que la poésie d'autoglorification du kañu
est créée dans un contexte spatio-temporel bien
défini. La déclamation du kañu varie en fonction
du lieu où le poète cultivateur mène ses activités.
L'analyse thématique de notre corpus montre que la
poéticités des textes et la richesse des thèmes ont fait
que notre étude est loin d'être exhaustive, mais comme le dit
l'adage wolof « su yoon jeexul, waaxisul du jeex » (tant
qu'il y a la matière, on peut toujours continuer à oeuvrer).
Cependant l'étude des différents genres littéraires est
nécessaire pour mieux se rendre compte de la richesse de la culture
wolof. Chaque chant répond à un contexte de création, et
se spécialise par sa visée particulière comme le souligne
Assane SYLLA :
« Dans la société wolof, toutes les
activités sont soutenues et argumentée par la parole
composée d'où la richesse de la littérature tant par
l'abondance des oeuvres produites que par la variété des genres
et des thèmes abordés »78.
Le chant wolof est le reflet d'une société,
l'illustration d'une existence et d'une vision du monde. L'analyse discursive
révèle l'effet pragmatique de la parole, c'est-à-dire
l'instant où elle est produite et l'effet qu'elle produit sur son
destinataire. Quant à l'analyse stylistique, elle montre la dimension
poétique du kañu. Pour séduire son public, le
chanteur wolof fait recours aux figures de styles et aux images qui lui
permettent d'élever son langage au-dessous du langage courant. Le but du
poète est de faire naître un sentiment d'exaltation avec
l'utilisation de procéder propre à l'épopée comme
l'exagération, la comparaison.
Par ailleurs, l'analyse de notre sujet de recherche montre les
valeurs ancestrales de la société wolof comme le culte du travail
et le refus du déshonneur. Mais malheureusement l'éducation
traditionnelle wolof est délassée au profil de l'éducation
moderne occidentale. Ce qui n'est pas sans conséquence, car les valeurs
de jom (dignité) de ngor (refus du déshonore)
de courage d'amour du travail, en somme toutes les vertus qui faisaient la
fierté de la communauté wolof sont en disparition.
Toutefois, en raison de la mécanisation de
l'agriculture et le développement exponentiel des nouveaux moyens de
communication moderne le kañu est en voie de disparition et
il
78 SYLLA, Assane « la poésie religieuse
wolof », in Notre librairie ; la littérature
sénégalaise, no 81 Octobre-Novembre ,1985.p.16.
89
serait important de sauvegarder ce riche patrimoine culturel
pour cerner son caractère multidimensionnel et en faire une étude
comparative avec d'autres genres comme l'épopée.
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maîtrise, UCAD, 2015 - 2016
YOUM SALIOU, La poésie orale wolof à travers les
chants de culture et de meulage, mémoire de maîtrise, UCAD, 2007
/2008
95
4) Thèse
CISSE MOMAR, Parole chantée ou psalmodiée
wolof : collecte, typologie et analyse des procédés argumentatifs
de connivence associés aux fonctions discursives de satire et de
l'éloge, thèse de doctorat d'Etat, Université Cheikh
Anta Diop de Dakar, FLSH, 2006.
FALL, Rokhaya., Le royaume du Bawol du XVIe au
XIXe siècle: Pouvoir wolof et rapport avec les populations
sereer, thèse pour le doctorat de 3e cycle,
Université de Paris I, 1983.
FAYE, Amade ; La littérature orale seereer
typologie des genres et problématique d'analyse, thèse, de
doctorat d'État, U.C.A.D.2011-2012.
KEÏTA Abdoulaye, La Poésie orale d'exhortation
.L'exemple des bàkku des lutteurs wolof (Sénégal),
thèse de doctorat, Paris, INALCO ,2008 .
MBAYE Lamane. Rôle et statut du griot dans la
littérature wolof, thèse de doctorat de 3ecycle,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, FLSH, 2003.
SAKHO, Cheick. La Révolution des toorodbe de 1776
et sa mise en récit, thèse de doctorat 3e cycle
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, FLSH, 2016
WANE Ibrahima., Chanson moderne et modèle de
communication orale, thèse de doctorat de 3e cycle,
Université Cheikh Anta Diop de Dakar, FLSH, 2003.
96
TABLE DES MATIERES
DÉDICACES i
REMERCIEMENTS ii
SOMMAIRE iii
INTRODUCTION 1
PREMIÈRE PARTIE : 5
PRÉSENTATION DE LA SOCIÉTÉ WOLOF DU BAOL
5
CHAPITRE I : PRÉSENTATION HISTORIQUE ET
GÉOGRAPHIQUE 6
I.1 Approche historique 6
I.2 Localisation géographique 7
I.3 Contexte de production et justification du sujet 8
Chapitre II : Organisation sociale et quelques productions
littéraires 9
II.1 Le système des castes 9
II.2 Le système des ordres 10
III.3 La production littéraire 11
DEUXIÈME PARTIE : 14
PRÉSENTATION DU CORPUS 14
CHAPITRE I : TRANSCRIPTION ET TRADUCTION DU CORPUS 17
CHAPITRE II : ANALYSE THEMATIQUE 63
1. Le travail 63
2 .L'altérité 67
3. L'héroïsme 70
CHAPITRE III : ETUDE SPATIO-TEMPORELLE 74
1. Etude de l'espace 74
2. Étude du temps 75
TROISIÈME PARTIE : 78
ANALYSE DU CORPUS 78
CHAPITRE I : ANALYSE DISCURSIVE 79
CHAPITRE II : ANALYSE STYLISTIQUE 82
CONCLUSION GÉNÉRALE 86
BIBLIOGRAPHIE GÉNERALE 90
TABLE DES MATIERES 96
97
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