MINISTÈREDE L'ENSEIGNEMENTSUPÉRIEUR
RépubliquedeCôted'Ivoire
ET DELA RECHERCHESCIENTIFIQUE
Union-Discipline-Travail
UFR SCIENCES DE L'HOMME ET DELASOCIÉTÉ
AnnéeAcadémique2016-2017
CENTREIVOIRIEND'ÉTUDESET DE
RECHERCHE ENPSYCHOLOGIE APPLIQUÉE
MASTERCONSEILLERPSYCHOLOGUE
STYLESDECOPINGETNIVEAU DESTRESS SCOLAIRECHEZDES
ÉLÈVES DETROISIÈME
ETTERMINALEÀ ABIDJAN
Sousla supervisionde: Professeur
ASKAKouadio
Professeur Titulaire en Sciencesde
l'Éducation,
Directeur du CIERPA
Présenté par :
ELOYE Yaba Florence
ÉtudianteConseillerPsychologue
Directeur demémoire : Dr. KANGAKouakouBruno
Maitre-Assistant au CIERPA
Ce travail estdédié :
Àtouslesmembresde mafamille.
ParticulièrementàmatrèschèregrandesoeurEloyeEddieGeorgette,"Geola
mama",véritable modèle decourageetdedétermination
pourmoi.
DédicacespécialeàmamèrespirituellefeueEboCaroleEliequiasume
redonnerconfiance enDieulasource delaVie,etenmoi.
TousnosremerciementsauProfesseurASKAKouadio,Directeur
duCentre Ivoiriend'Étudeetde
RechercheenPsychologieAppliquée(CIERPA),pourson
écoutebienveillanteetsapatientesollicitudefaceauxdifficultésévoquéespar
lesétudiants.Sesbonnesdispositionsnousontaidéàassumernotrerôlede
sous-déléguéede
la24èmepromotion.
SincèresremerciementsauDocteurKANGAKouakouBruno,Maitre-Assistant
au Centre Ivoirien d'Étude et de Recherche en Psychologie
Appliquée (CIERPA), pouravoir
acceptéd'encadrercemémoire.Nous leremercions
particulièrementpoursadisponibilité,sacompréhensionfaceànotrestress,
ainsi queson investissementdanscette
premièreexpériencederédaction scientifique.
Grâceauclimatstimulantqu'ilasucréeràtraverssesconseils
constructifs, son regard critique, ses commentaires enrichissants et ses
nombreuxéclaircissements,biendelacunesontpuêtresurmontéespourmener
àtermecetteétude. Bénéficierd'un telguidenousa
permisdecomprendrece que signifiel'accompagnementet a fait
naitreennousleprojetd'entreprendre desétudesdoctorales.
Nosremerciementsvontégalementàl'endroitde:
- Touslesmembresdujuryquiont acceptéde
présidernotresoutenance.
- TouslesenseignantsduCIERPA,notammentDrACHI Narcisse,
DrTIEFFI Hassan, DrBENDEAkaFlore, Mme AKOSSI Marguerite etDrBONI Nestor
pourleurouverture d'esprit,leuramourdumétierdepsychologue etleur
sympathie. Grâce
àtoutescesbrillantespersonnalitésquisontdesréférences
d'identificationpour nous, notre convictionsurlanoblessedelafonctiondu
psychologue s'estrenforcée.
- Toutel'équipe administrative
duCIERPA,particulièrementMrTOUREApalo etMme FANEMariam
pourleuraccueilbienveillantetleurdévouementau travail.
Sansl'aideetl'encouragementde
nombreusespersonnes,cemémoiren'aurait paspuêtremenéà
terme; nous tenonsàexprimer notre gratitude àtousceux et
cellesquinousontaccompagnéstoutaulongde ceparcours:
- Mesenfantschéris, Fred-Elliot,
Abraham,Naomi-Abigail,etJean-Daniel.
Vousêtesmesrayonsde soleil,
lesplusbeauxcadeauxquelaviem'ait
offerts.Mercipourtousles«dégammages »etlesfousrires,mercipour
votreaffection,vosconfidences,votreconfianceenmoidanslesbonset
lesmauvaismoments,mercide donnerdu sensàmonexistence, etl'envie
d'assumerdavantage monrôledemèreetmonavenir.Cemémoirevous
esttousdédié.
-
Touslesétudiantsdela24èmepromotionduCIERPA,tousceuxquid'une
façon ou d'une autre m'ont assistée
etencouragée à ne pasabandonner. Grandmerci
notammentàDiboEudes,MmeOtémé,Mokey,Badou,
Messoum,AdjéCécile, etàMmeKoutou,
déléguéedesconseillers psychologues.
-
Touteslespersonnesdemonentouragequisesontrégulièrementenquis
de l'avancement de mon travail et m'ont soutenue moralement,
matériellement et financièrement. Merci à ma famille
spirituelle,
spécialementàmamanSarapoursesprièrespersévérantes,queDieute
lerendeaucentuple.Merci àDrFoua-bi Edwige,RolandeNomel,àmon
cherDrWilsonpoursonamitiéfidèle.MerciàMr
YéoDaoudapoursa collaborationauniveaudesstatistiques.
MerciàMrGbongué,àMr Sokory età
MrDjéréké pourtouslesservicesrendus.
-
Enfin,tousmesremerciementss'adressentàMonsieurleProviseurdu
LycéeMunicipalde Williamsville,àMrDANHOValéry Professeur
d'anglais,àtoutlepersonnelduditétablissement
;ainsiqu'àtousles élèvesquiontparticipé à
l''étude.
SOMMAIRE
Page
Résumé......................................................................................................................1
Introduction...............................................................................................................2
PREMIÈRE PARTIE : CONSIDÉRATIONS
THÉORIQUES.........................4
CHAPITREI:
Problématique...................................................................................5
CHAPITREII: Cadre
théorique.............................................................................12
CHAPITREIII: Revue
detravaux..........................................................................23
DEUXIÈME PARTIE : CONSIDÉRATIONS
MÉTHODOLOGIQUES.......33
CHAPITRE IV:
Caractérisationdesvariables......................................................34
CHAPITREV : Populationet
échantillon..............................................................42
CHAPITREVI:
Collectedesdonnées....................................................................44
TROISIÈME PARTIE :
RÉSULTATS..............................................................52
CHAPITREVII
:Présentationetanalysedesrésultats..........................................53
CHAPITREVIII :
Interprétationdesrésultats........................................................58
CHAPITREIX:Discussiondesrésultats...............................................................63
CHAPITREX :
Recommandations..........................................................................67
Conclusion...............................................................................................................69
Perspectives.............................................................................................................70
Bibliographie...........................................................................................................71
Annexes
Tabledesmatières
RÉSUMÉ
La présente recherche analyse la relation entre les
styles de coping et le niveau de stress scolaire chez des élèves
de troisième et terminale à Abidjan. Pour atteindre cet objectif,
l'enquête a porté sur un échantillon de 97
élèves de troisième (45 garçons et 52 filles) et 98
élèves de terminale (53garçons et 45 filles), soit un
effectif total de195 élèves. Ils ont un âge moyen de 15,5
années.Les scores obtenus à partir de l'échelle de stress
scolaire élaborée par Ehoussou (2015) et de l'échelle de
coping pour adolescents de Frydenberg et Lewis (1993) révèlent
que les élèves de ces deux niveaux usent en grande
majorité du style de coping productif. Par ailleurs, les stylesde coping
productif et référence aux autres sont associés à
des niveaux de stress plus faibles que le style non productif. Ces
résultats peuvent servir dans l'accompagnement des élèves
en période d'examens scolaires.
Mots clés:styles de coping, stress scolaire,
stratégiesd'adaptation,élèves en 3ème et
terminale.
INTRODUCTION
Le « stress » est un
phénomène généralement associé à
l'évolution de la vie moderne et aux contraintes qu'elle impose. Reconnu
comme une problématique sociale et sanitaire qui affecte le
bien-être des personnes(OMS, 1998), le stress a fait l'objet de
nombreuses recherches scientifiques, particulièrement chez les adultes
dans le domaine professionnel (Rivolier, 1989) et dans le milieu universitaire.
En revanche, selon Esparbès-Pistre et Bergonnier-Dupuy(2002) le stress
vécu par les élèves dans leurs cadres institutionnels
d'apprentissage (la maternelle, l'école primaire, le collège et
le lycée) est peu documenté. Pourtant être
élève est assimilé à un
« métier » (Perrenoud, 1994) qui comporte, à
l'instar de toute situation de travail,de nombreux
défis potentiellement générateurs de stress : rythme
de travail soutenu, difficultés d'acquisition des savoirs,influence des
pairs, exigences académiques et familiales.
En Côte d'Ivoire, les travaux d'Ehoussou (2015) ont
infirmé l'hypothèse selon laquelle le stress scolaire chez des
élèves en fin de cycle de l'enseignement secondaire, serait
lié à la pression perçue de l'examen. Par contre, l'effet
des différences sexuelles sur le stress scolaire s'est confirmé.
Mais qu'en est-il de leurs stratégies d'adaptation au stress
scolaire ? Le niveau de stress scolaire varie-t-il en fonction du
style d'ajustement adopté par les élèves ? En effet,
si la pression perçue de l'examen ne suffit pas à expliquer le
stress vécu dans ces classes, il parait légitime de se demander
si leurs capacités de résistance au stress ne sont pas en cause.
En effet, face aux multiples pressionsd'apprentissage provenant de
l'environnement éducatif, les réponses individuelles d'adaptation
diffèrent.
L'objectif de cette recherche est donc de mettre en relation
le style de coping et leniveau de stress scolaire vécu par les
élèves. Pour ce faire, le travail est organisé en trois
grandes parties.
La première partieconcerne les considérations
théoriqueset englobe la problématique, le cadre théorique
ainsi que la recension de quelques travaux en rapport avec le sujet. Pour
supplanter la vision fataliste qui associe systématiquement le stress
aux états pathologiques, il faudrait faire de la prévention en
favorisant le développement des compétences à faire face
au stress. Dans cette optique, la présente recherche viseà
comprendrele stress scolaire vécu par les élèves en classe
d'examen, en le reliant à leurs styles de coping. Cette première
partie du travail s'appuie sur le cadre théorique élaboré
par Lazarus et Folkman (1984) et celui de Frydenberg et Lewis (1993) ;
elle aboutira à la formulation des hypothèses de recherche.
La seconde partie de notre étude se rapporte à
la méthodologie employée pour mener cette recherche. Le style de
coping constitue une variable intéressante pour comprendre la variation
du stress scolaire. Ainsi, le niveau de stress scolaire sera estimé par
catégorie de coping, dans une perspective de comparaison intergroupe.
Cette section sera complétée par l'examen des outils
utilisés pour recueillir les données. La récolte et
l'analyse des informations obtenuesà partir de l'enquête feront
ensuite l'objet d'un traitementstatistique.
La dernière partie du travail prend en compte la
présentation et l'interprétation des résultats, suivies
d'une discussion sur la base des travaux antérieurs. Par la suite, les
implications de ces résultats donneront lieu à des
recommandations, notammentsur les pratiques professionnelles dans le domaine
psychoéducatif. Après un résumé des
éléments saillants de l'étude, les limites de la recherche
seront aussi exposées. Enfin, des pistes de réflexion pour de
futures recherches seront dégagées pour clore ce travail.
PREMIÈRE PARTIE :
CONSIDÉRATIONS THÉORIQUES
CHAPITRE I - PROBLÉMATIQUE
Avec l'évolution de la société ivoirienne
marquée par les incertitudes liées aux crises
socio-économiques, et le spectre du chômage qui s'accentue au fil
des générations, la question de l'avenir socioprofessionnel des
enfants est une préoccupation constante pour les parents, voire une
véritable hantise. La réussite professionnelle étant
communément corrélée à la réussite scolaire,
les ménages voient dans l'école, le meilleur tremplin vers un
futur radieux, et supportent à cet effet d'énormes coûts
pour l'éducation de leur progéniture. Or, l'école qui est
à la base un espace voué à l'acquisition et au partage de
savoirs, et qui devait logiquement susciter la joie d'apprendre, est devenu
pour plusieurs d'entre ces enfants, le symbole de nombreux défis et
souffrances : épreuves et examens académiques, classements,
quantité de travail en classe ou à domicile, rythme de
progression dans le programme, discipline des enseignants, violence et
insécurité... ; autant de facteurs qui pourraient exposer
les élèves au stress.
Le "stress" est un mot polysémique, communément
employé tantôt pour des causes ou évènements
stresseurs, tantôt pour des réactions de stress, oudes
perturbations provoquées dans l'organisme. En psychologie, le concept de
stress réfère à un ensemble de manifestations affectives,
cognitives, somatiques et comportementales qui suivent un continuum se situant
à l'intérieur de l'intégrité fonctionnelle (Lemyre
&Tessier, 2003).Le stress psychologique se définit commeune relation
particulière entre la personne et l'environnement, évalué
par la personne comme dépassant ou excédant ses ressources et
mettant en danger son bien-être (Lazarus & Folkman, 1984). Il est
considéré comme une relation transactionnelle
(c'est-à-dire la perception d'une situation, son interprétation
et la réaction qu'elle suscite), qui exige plus que les ressources que
possède un individu et qui nécessite des efforts d'adaptation
(Lazarus &Launier, 1978 ;Lazarus & Folkman, 1984).
Autrement dit, parler de stress, c'est parler non seulement de
stresseurs, mais aussi des ressources de l'individu et de ses réactions
au stress. Il faut doncprendre en compte les situations extérieures
(l'environnement, la nature des évènements porteurs de stress...)
et les facteurs internes (les caractéristiques de la personne, ses
croyances, son tempérament...). Dans le cas du stress scolaire, une
multitude d'agents externes et internes peuvent être mis en cause.
Le stress scolaire est défini par Lempp (cité
dansBergonnier-Dupuy, Esparbès-Pistre & Lacoste, 2005) comme l'effet
global de tous les facteurs stressants liés à l'école qui
agissent sur l'enfant. Pour affiner cette définition, Giron (2001)
précise qu'on ne peut parler de stress à l'école que si
la situation scolaire est « perçue » par
l'élève comme porteuse d'enjeu :c'est la transaction entre
cet enjeu et l'évaluation que l'élève fait de ses propres
compétences pour y répondre qui génère ou non la
perception d'un stress scolaire. En d'autres termes,le stress survient lorsque
la demande de résultats scolaires est
« perçue » par l'élève comme
inaccessibleou surpassant leurs capacités intellectuelle et
physique(Elkind, 1984).
Une réalité extrêmement importante semble
émerger de ces différentes définitions : la perception.
Finalement, le stress n'existerait pas à proprement parler s'il n'y
avait aucune sensibilité pour le percevoir.Dans cette optique,
au-delà des agents stresseurs liés à la situation scolaire
et des demandes du milieu, c'est surtout la perception qu'en a
l'élève qui donne naissance au stress scolaire.Une situation est
donc stressante si elle est interprétée comme étant
stressante.
En résumé,nous retiendrons que le stress
scolaire représente l'évaluation que l'élève se
fait de sa condition et de son travail scolaire, et cette évaluation
participeà lui faire percevoir sa situation comme supportable ou
dépassant ses capacités et les ressources dont il dispose.
De plus en plus d'études scientifiques soulignent la
relation entre le stress et différents facteurs scolaires, parmi
lesquels, la performance scolaire et la peur des examens (Dumond, Leclerc &
Deslandes, 2003 ; Dumond &Leclerc, 2007). Les travaux
d'Esparbès-Pistre, Bergonnier-Dupuy et Cazenave-Tapie (2015) ont
montré qu'un élève sur trois est très
stressé par le collège ou le lycée, avec une variation du
degré de stress qui augmente de la sixième à la terminale.
L'orientation scolaire et/ou professionnelle est aussi une source de stress au
secondaire (Tap, Esparbès-Pistre, Lacoste, Lamia, &Sordes-Ader,
2001).
Par ailleurs, lorsque le niveau de stress augmente au cours du
secondaire, on observe une diminution des résultats scolaires, ainsi que
l'accentuation de troubles internalisés (Dumont & Leclerc,
2007).Frydenberg (1997) notequant à elle, que ceux qui ont un sentiment
d'auto-efficacité faible peuvent vivre des taux élevés
d'anxiété et de détresse qui viennent renforcer la
croyance en leur incapacité d'affronter une situation de stress.Selon
George (2002), le stress constitue un facteur pouvant mener au
désinvestissement progressif de la scolarité, tant pour des
élèves ayant toujours connu un parcours scolaire sans
problème à l'école primaireque pour des
élèves à bon potentiel.De plus, Torsheim et Wold (2001)
observent qu'un taux de stress élevé chez des
élèves est associé à des céphalées,
des douleurs abdominales, des maux de dos et des étourdissements ;
ce qui entrave leur capacité de concentration. Dans la même veine,
Delgrande, Jordan, Kuending et Schmid (2007) ont mis en relief une relation
positive entre le degré de stress scolaire perçu et un certain
nombre de symptômes chroniques : le stress scolaire
entraînerait des difficultés d'endormissement, de la
colère, de la nervosité, de la tristesse et de
l'anxiété.Le stress scolaire ferait également partie des
facteurs précipitant lesjeunes dans des comportements à risques
(Carr-Gregg, Enderby&Grover, 2003) tels que les troubles alimentaires,
l'addiction, la violence, ou encore le suicide.
La majorité des résultats
présentés dans la littérature mettent
généralement en évidence l'existence d'un lien entre le
niveau de stress et des indices de "mésadaptation" (Michaud, 2001).
L'accent est mis notamment sur les conséquences négatives du
stress scolaire chez les élèves, laissant ainsi supposer que le
stress est une fatalité associée à une spirale de maux, et
face à laquelle les jeunes élèves sont pratiquement sans
ressources. Pourtant,le stress n'est pas pathologique en soi ; c'est
un phénomène indispensable dans la vie de chacun (Selye, 1956),
et il correspond fondamentalement à une stimulation qui prépare
l'individu à l'action.Dans cette perspective, le stress est
inévitable, car l'absencede stimulations aussi bien positives que
négatives, peut être à l'origine d'ennui, de manque de
motivation oud'insatisfaction. L'absence de stress serait même de l'avis
de certains auteurs, comparable à la mort (Loo et Loo, cité dans
Esparbès-Pistre & al., 2015). Un niveau de stress tolérable,
qui stimule la créativité et permetle dépassement de
soi, serait donc bénéfique. Toutefois, ce niveau de stress
optimal ne serait pas identique d'un individu à l'autre, car chacun
selon ses objectifs, ses ressources personnelles, sa culture, ses croyances et
ses apprentissages antérieurs,conçoit la réalité et
l'adversité à sa manière.En outre, lorsque nous sommes
confrontés à des situations difficiles ou stressantes, nous
réagissons de différentes façons.
Ces réactions sont des tentatives d'adaptation encore
appelées stratégies de coping qui, entre autres fonctions,
expliquent les actions d'un individu dans sa transaction avec l'environnement,
et aident à réduire l'intensité du stress ressenti pour le
rendre plus tolérable ou supprimer ses manifestations. En effet, le
terme « coping » dérivé de l'anglais
« to cope (with) » signifie « faire face
à » ;c'est un concept qui renvoie aux moyens ou efforts
utilisés par un individu pour s'adapter à un
événement stressant. Les stratégies de coping, plus
connues dans la littérature française sous le vocable de
« stratégies d'ajustement » (Dantchev, 1989 ;
Dantzer 1989) se définissent comme l'ensemble des efforts cognitifs,
constamment changeants, déployés par l'individu pour gérer
des exigences spécifiques, internes et/ou externes,
évaluées comme consommant ou excédant ses ressources
(Lazarus & Folkman, 1984).
Il est important de préciser quedans l'analyse du
coping,les chercheurs effectuent certaines distinctions conceptuelles (Sandler,
Wolchik, Mackinnon, Ayers et Roosa; cités dans Dumont & Plancherel,
2001). Ainsi, la notion de « styles » de coping
désigne les préférences habituelles de l'individu, dans la
manière d'aborder les problèmes face à un éventail
de stresseurs. Quant aux « stratégies » de coping,
ellesréfèrent aux moyens ou efforts utilisés pour faire
face à une situation particulière (trouver des solutions,
consommer de l'alcool ou d'autres drogues, faire du sport, etc.). Certains
auteurs utilisent les termes de « coping situationnel »
pour désigner les stratégies de coping et « coping
dispositionnel » pour parler des styles de coping (Tétreault,
2005). Les styles de coping sont toutefois à différencier des
« ressources » de coping (Dumont & Plancherel, 2001)
qui représentent quant à elles des caractéristiques
individuelles ou traits de personnalité (comme par exemple l'estime de
soi) susceptibles d'influencer la manière dont l'individu s'adapte dans
les situations stressantes.
Nous retiendrons pour la présente recherche que les
styles decopingcorrespondent à des modeshabituels de réponse face
aux situations stressantes de la vie courante. Globalement, l'étude du
coping réfère à l'examen des différentes
manières de faire face au stress ou à la façon de
s'ajuster aux situations problématiques. Guimond-Plourde (2004)
affirme qu'il n'y a pas de coping sans stress, ni de stress extérieur au
coping ;ces deux termes sont indissociables, car à
l'expérience du stress correspond le coping.D'où l'importance
accordée aux concepts de « stress » et de « coping »
dans le discours scientifique en rapport avec la santé mentale, le
bien-être et l'épanouissement humain.
La gestion du stress est même devenue une
compétence reconnue par l'Organisation Mondiale de la Santé comme
un élément influent dans la promotion de la santé et du
bien-être (OMS, 1998). En effet, une des principales
caractéristiques du développement humain consiste à
être en mesure de s'ajuster au stress (Compas, 1987) : savoir
réagir face à l'adversité fait partie de l'apprentissage
d'un individu, et les stratégies d'ajustement peuvent faire l'objet
d'enseignement,à la différence des mécanismes inconscients
de défense. Dès lors, les recherches menées sur le stress
et le coping des jeunes, qui étaient moindres que celles portant sur les
adultes, connaissent désormais une nette expansion (Guimond-Plourde,
2004), en vue de former cette frange de la population à
développer des stratégies de réponses adéquates aux
situations stressantes.
Frydenberg et Lewis (1993) se sont particulièrement
intéressés aux styles de coping utilisés par les jeunes,et
ont développé l'échelle de coping pour les adolescents.
Ils inventorient chez eux, trois groupes de styles de coping : le style
productif, le style non productif et le style référence aux
autres. Le style productif serait le plus fréquemment utilisé par
les adolescentsquébécois, suivi par le style non productif et
finalement, le style référence aux autres. Dans une autre
étudepubliée en 2003, portant sur de jeunes Australiens,
Colombiens, Allemands et Palestiniens, Frydenberg et son équipe ont
aussi noté que le style de coping le plus souvent observé chez
les jeunes, est en relation avec le type et le niveau de stress vécu
(cité dans Bergevin, 2012).
Récemment en Côte d'Ivoire, les résultats
obtenus par Ehoussou (2015) indiquent l'existence d'un stress scolaire chez des
élèves en fin de cycle du secondaire, sans pour autant mettre en
relation ce stress et le style de coping des élèves.Certes, avoir
une connaissance du niveau de stress scolaire ressenti par les
élèves de troisième et terminale est très
intéressant en raison des enjeux liés à ces classes
d'examen. Mais à notre sens, étant donné que les
recherches scientifiques ont démontré la dimension indissociable
du stress et du coping, il faudrait pousser l'étude du stress des
élèves en fin de cycle secondaire plus loin et y rajouter
l'analyse du coping, pour envisager des différences de niveau de stress
scolaire en fonction des styles d'ajustement utilisés.
D'où les préoccupations suivantes autour
desquelles seront axées nos investigations : quels sont les styles de
coping fréquemment utilisés par les élèves de
troisième et de terminale pour réguler leur stress ? Le niveau de
stress scolaire de ces élèves varierait-il en fonction du style
d'ajustement qu'ils ont l'habitude de mobiliser?
Les réponses à ces interrogations aideront
à enrichir les connaissances relatives au lien entre les styles de
coping et le stress scolaire chez les élèves en fin de cycle de
l'enseignement secondaire. Au niveau social, ce travail pourrait contribuer
à susciter une prise de conscience chez les différents acteurs du
système scolaire, sur la question du stress en milieu scolaire. Par
ailleurs, une telle étude aiderait à identifier les habitudes
d'adaptation favorisant une réduction du niveau de stress scolaire, et
à en faire la promotion auprès des élèves en
classe d'examen et des dirigeants du système éducatif. Au plan
professionnel, cette recherche peut servir de cadre de réflexion aux
intervenants du milieu scolaire, entre autres lesconseillers d'orientation
psychologues, en vue de développer des actions d'accompagnement et
d'éducation pertinentes en gestion de stress scolaire.En
conséquence, la présente recherche étudiera la relation
entre les styles de coping des élèves en classe de
troisième et terminale et leur niveau de stress scolaire.
Le problème de recherche ayant été
identifié, il est d'usage de présenter le cadre théorique
choisi pour appréhender les variables à l'étude. Cette
présentation des fondements théoriques de notre travail sera
l'objet du chapitre suivant.
CHAPITRE II - CADRE THÉORIQUE
L'objectif de la présente étude est de mettre en
évidence la relation entre les styles de coping et le niveau de stress
scolaire chez des élèves en classe de Troisième et
Terminaled'Abidjan.Dans le cadre du travail scolaire qu'ils sont appelés
à fournir, les élèves en fin de cycle secondaire ont
à faire face à certaines difficultés ou situations
stressantes,face auxquelles ils mobilisent différentes ressources
à leur disposition, dont les stratégies de coping. Comprendre la
relation entre coping et stress nécessite un fondement théorique.
Un bon nombre de théories sous-tendent l'explication du stress et du
coping. Toutefois, nous nous intéresserons au modèle
transactionnel élaboré par Lazarus et Folkman, et à
l'approche de Frydenberg et Lewis.
En effet, le modèle de Lazarus et Folkman (1984) est
l'une des approches théoriques les plus influentes (Chagnon &
Mishara, 2004) dans le champ de la recherche sur le stress-coping. Ce
modèle théorique s'appuie sur les conditions contextuelles et les
mécanismes psychologiques pour expliquer la perception du stress chez
une personne, ainsi que l'utilisation de certains types de coping. Cependant
les mécanismes socio-cognitifs en question dans ce modèle
théorique ont été beaucoup plus étudiés chez
des adultes. Cette théorie ne permet pas d'inscrire le coping dans le
processus de croissance des enfants, or ces derniers se développent en
même temps que leurs compétences à gérer les
situations stressantes. La perspective développementale montre que les
habitudes de comportements utilisés pendant l'enfance et l'adolescence,
ont tendance à se cristalliser plus tard à l'âge adulte.
D'où le recours au modèle de Frydenberg et Lewis (1993), qui met
davantage l'accent sur l'étude des styles et stratégies de coping
des adolescents, dans une approche développementale.
1- Modèle de Lazarus et Folkman
(1984)
Le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman(1984)
s'inscrit dans une approche cognitive et contextuelle du stress. Ces chercheurs
élargissent l'étude du stress au-delà des dimensions
biologiques et sociales des travaux antérieurs sur le stress (Selye,
1956), relatifs au syndrome général d'adaptation et aux
mécanismesinconscients de défense. Grâce à leur
modèle, ils ont fait connaitre les facteurs psychologiques qui
déterminent le degré du stress perçu et expliquent les
réactions cognitives et émotionnelles de l'individu face à
la situation stressante.
D'un point de vue général, lestress couvre un
large éventail de situations, qui vont des tracas quotidiens,aux
contextes pathogènes et mêmeà l'état de stress
post-traumatique.Lazarus et Folkman (1984) définissent le stress comme
une transaction particulière entre un individu et une situation dans
laquelle celle-ci est évaluée comme débordant ses
ressources et pouvant mettre en danger son bien-être.Le
« stress »est une expressionen anglais qui fait allusion
à une « tension » entre l'individu et son
environnement. Cependant, pour Lazarus et Folkman (cités dans
Bruchon-Schwitzer, 2001), le stress n'est pas simplement une
propriété destresseurs ou d'évènements
« objectifs », mais il traduit surtout l'expérience
subjective d'un individu particulier vis-à-vis de ces
évènements. En d'autres termes, ce sont les
interprétations d'évènements indésirables,
imprévisibles ou incontrôlables qui engendrent cet état
interne de tension. Le stress estainsi envisagé comme l'ensemble des
perceptions d'impuissance, de frustrations ou de malaise qui envahissent
l'individu face à des événements aversifs ou difficiles
à maîtriser.Une personne se sent stressée si elle a
l'impression d'être en danger (stress négatif), ou si au contraire
elle se sent suffisamment stimulée pour se dépasser ou relever un
défi (stress positif). Cette tension ressentie par l'individu sera donc
fonction de certains facteurs, notamment sa perception de la situation, la
signification qu'il lui attribue et ses croyances concernant ses
compétences à y faire face.Dans l'approche cognitive et
contextuellede Lazarus et Folkman (1984), le mécanisme du stress est
présenté comme des formes d'évaluations cognitives mises
en oeuvre par le sujet.
Pour ces chercheurs, l'adaptation est un processus cognitif
qui s'effectue à l'aide d'évaluations et de stratégies, en
vue de surmonter une épreuve difficile. L'impact d'un
évènement stressant sur les réponses d'un individu peut
s'appréhender de façon séquentielle à travers
différentes étapes : lors de l'étape
d'évaluation primaire qui correspond au concept de « stress
perçu », l'individu évalue les caractéristiques
de la situation stressante (la personne se demande quelle est la nature et le
sens de la situation à laquelle elle est confrontée, ainsi que
son impact sur elle). Ensuite vient une autre étape d'évaluation
secondaire, qui fait référence à la notion de
« contrôle perçu » : elle correspond
à l'évaluation des ressources disponibles pour faire face
à la situation (l'individu se demande ce qu'il peut faire pour affronter
la situation, de quelles ressources il dispose, quelle sera l'efficacité
de ses tentatives). Ce principe d'évaluation où le sujet
confronte l'environnement à ses ressources personnelles, est
identifié à une transaction et constitue un point central de
cette approche,d'où le vocable « théorie
transactionnelle »du stress. Cette conceptionréfère aux
processus impliquant des actions réciproques entre l'individu et
l'environnement (Bruchon-Schweitzer, 2001) et sous-entend qu'avant toute action
d'adaptation, il y a d'abord l'estimation de la situation et des moyens dont on
dispose.
Selon les différences d'interprétation de la
situation, un événement identique n'aura pas
nécessairement les mêmes effets sur deux individus (Paulhan,
1992). Un individu peut par exemple percevoir une expérience
vécue comme un problème insurmontable ou une menace, et ressentir
un stress élevé ; tandis qu'un autre peutconcevoir la
même situation comme une occasion de profit personnel ou comme un
défi et ressentir un stress faible. Par ailleurs, certaines personnes
affrontent simultanément de nombreux facteurs de stress, à
maintes reprises, maispeuvent rester en bonne santé ;tandis que
d'autres personnes qui sont objectivement moins exposées à ces
mêmes facteurs de stress, seront enclines à tomber malade.Ces
constats laissent supposer que dans une certaine mesure, les pensées et
les émotions influencentla résistance aux maladies.
Deux grands types de stresseurs sont aussi distingués
dans les travaux rattachés à cette posture théorique : les
« macro stresseurs » qui sont des évènements
critiques survenant ponctuellement et ressentis de façon aigue par le
sujet, et les « micro stresseurs »
constituésd'événements anodins, irritants et frustrants
qui caractérisent les échanges quotidiens entre la personne et
son environnement. La sensibilité aux différents facteurs de
stress varie d'un individu à un autre, mais il semblerait que la
répétition constante des problèmes mineurs de la vie
quotidienne, influence davantage l'apparition d'un syndrome de stress
chronique,qu'un événement majeur. Dès lors, n'importe quel
facteur d'un milieu considéré, constitue une source potentielle
de stress, dans la mesure où ce facteur est susceptible d'affecter la
plupart des personnes évoluant dans ledit milieu.
Le modèle transactionnel de Lazarus et Folkman
(1984)s'est par ailleurs intéressé à la capacité
des individus de s'adapter à ces situations de stress. En effet,
l'évaluation des caractéristiques de l'évènement
stressant et de ses ressources personnelles par l'individu, donne lieu aux
stratégies d'adaptation ou de coping. Le "coping" est un autre des
concepts clés de cette théorie.Cette notion réfère
à l'ensemble des efforts cognitifs et comportementaux destinés
à maitriser, réduire ou tolérer les exigences internes ou
externes qui menacent ou dépassent les ressources d'un individu (Lazarus
& Folkman, op-cit). Le coping est doncle type de réponse produite
par un individu face à une situation difficile ; il participe
à la mise en place de comportements adaptatifs, permettant de
réduire l'intensité du stressou de minimiser son effetsur le
bien-être physique et psychologique.
Lazarus etFolkman (op-cit) proposent une catégorisation
dichotomique du coping, soit les stratégies « centrées sur
le problème» et celles « centrées sur
l'émotion». La première catégorie vise la
résolution du problème par différents moyens
orientés vers l'environnement ou envers soi; l'individu entame un
processus pour faire face directement au problème. Ladeuxième
catégorie a pour objectif la régulation des émotions, ou
l'évitement. L'individu n'agit donc pas directementsur le
problème, mais les stratégies déployées ont pour
effet de rediriger lestress vers d'autres cibles ce qui rend la situation
problématique plus tolérable pour lui, sans pour autant la
modifier.
De ce qui précède, il apparait que dans
l'approche transactionnelle, l'individu n'est pas passif ou
déterminé à l'avance par son environnement physique ou
social. Les processus cognitifs et les capacités d'ajustement de la
personne agissent dans l'acquisition, le renforcement ou le non-maintien de ses
conduites de gestion du stress. En effet, le processus de stress-coping-stress
s'inscrit dans une dynamique cyclique intégrant un feed-back qui permet
à l'individu de savoir si sa stratégie de gestion du stress est
efficace ; s'il estime que la stratégie qu'il a mobilisée
pour faire face n'est pas appropriée, il peut réévaluer la
situation une nouvelle fois, de manière différente et mobiliser
d'autres formes de comportements. Le coping présente un caractère
dynamique, et peut évoluer en même temps que la situation
stressante se modifie. Il y auraitde cette façon une influence
réciproque entre coping et stress.Lazarus etFolkman (1984) soulignent
aussi qu'une stratégie de coping est fonctionnelle ou efficace si elle
permet à l'individu de maîtriser la situation stressante et/ou de
diminuer son impact sur son bien-êtrephysique et psychique. En fonction
de leur efficacité, les réponses de coping diminueront plus ou
moins l'intensité du stress et seseffets néfastes sur la
santé.Toutefois, plus les facteurs de stress sont nombreux, persistants,
indésirables, imprévisibles et incontrôlables, plus ils
peuvent à la longue, affaiblir les capacités adaptatives d'un
individu a priori résistant.
En somme, le modèle transactionnel apporte d'importants
éclairages dans la compréhension de la relation entre coping et
stress, à travers notamment le processus cognitif qui intervient lorsque
des individus sont soumis à des stresseurs dans leur environnement. Ce
processus consiste en un ensemble de filtres cognitifs (la perception de la
situation stressante, le degré du stress ressenti, le contrôle
perçu, les stratégies de coping)qui interagissent pour amplifier
ou diminuer la réaction de stress. Dans cette perspective
théorique, le stress peut être compris comme la perception chez un
individu, d'un décalage entre les exigences de l'environnement et ses
propres capacités à y répondre ; ou bien encore,
comme l'ensemble des perceptions de malaise, de frustrations ou d'impuissance
qui envahissent l'individu face à des événements
difficiles à maîtriser. Les stratégies centrées sur
le problème semblent être plus qualifiées à la
production d'une réponse adaptée à la situation
problématique, tandis que celles centrées sur l'émotion
seraient plus indiquées à court terme, juste pour réduire
les tensions internes. La théorie transactionnelle présente un
intérêt majeur, parce qu'elle offre un modèle d'analyse qui
ne se limite pas à des stresseurs spécifiques et peut convenir
pour n'importe quelle situation de la vie quotidienne (situation familiale,
scolaire, professionnelle etc...), pourvu qu'elle soit perçue comme
stressante par l'individu ; d'où sa pertinence comme cadre
théorique dans la présente recherche.
Il faut néanmoins objecter que cette théorie a
surtout servi à documenter le stress et le coping des adultes, avec des
échelles de mesure comme le «Ways of Coping Scales» de Folkman
et Lazarus (1980) spécifiquement conçues pour cette population
cible.Cette limite nous conduit par conséquent à nous
intéresser à la conception théorique de Frydenberg et
Lewis (1993) qui s'applique surtout à une population d'adolescents,
similaire à celle de notre étude.
2- Approche de Frydenberg et Lewis
(1993)
Les travaux de Frydenberg et Lewis (1993) portent surtout sur
l'étude des réponses decoping chez lesadolescents. Il s'agit
d'expliquer les mécanismes adaptatifs de coping face au stress des
adolescents, dans une perspective développementale, en tenant compte
aussi bien des aspects individuels que situationnels. Il faut rappeler que la
période de l'adolescence en tant que phase de transition entre l'enfance
et l'âge adulte, fait généralement référence
à de multiples changements physiologiques, psychologiques ou sociaux qui
surviennent : la maturation sexuelle, le développement de la
pensée formelle, la crise identitaire, les évènements et
tracas de la vie quotidienne. On peut noter par exemple, que l'adolescent et le
jeune adulte connaissent un développement important du lobe frontal qui
serait associé à une plus grande sensibilité au stress
(Kay, 2010). En outre, selon Bergonnier-Dupuy et Esparbès-Pistre (2000)
l'adolescence est également le moment où la demande d'envisager
ou d'opérer des choix engageant leur vie professionnelle
futureamènent les jeunes à se poser bon nombre de questions,qui
représentent un stress perçu de façon
particulièrement intense par certains, au point de les conduire à
l'échec scolaire. L'adolescence est aussi une période critique
dans l'apparition de nombreux troubles psychiatriques (Romer & Walker,
2007), le stress chronique durant cette période est une variable
déterminante dans le développement des problèmes de
santé mentale.
Dans le même ordre d'idées, Frydenberg
(1997) considère que l'adolescence est vécue à
travers les interactions entre les jeunes et les contextes dans lesquels ils se
développent ; ainsi, les tâches développementales
associées à l'adolescence peuvent être posées comme
un ensemble unique de facteurs de stress et de contraintes. Unique, dans la
mesure où le stress ne se manifeste pas de la même manière
aux différents âges de la vie (Marcia, 2010). Par exemple, les
soucis financiers ne sont généralement pas une source directe de
stress à l'enfance, mais le deviennent avec l'évolution de
l'âge ; en outre, les attentes de la société envers
les individus diffèrent selon leur tranche d'âge. Compas, Ledoux
et Phares (1989) divisent l'adolescence en trois étapes (12-14 ans,
15-17 ans et 18-20 ans) et identifient six sources de stress : le stress
familial (ce sont les pressions parentales, qui seraient plus présentes
chez les jeunes adolescents) ; le stress associé aux pairs (les
bagarres et les problèmes avec les amis, observés davantage entre
15 et 17 ans) ; le stress académique (performances aux examens et
aux travaux, beaucoup vécu par les adolescents plus âgés),
le stress face à l'autonomie (quitter la maison familiale), le stress
dans les relations intimes (séparations et disputes amoureuses), le
stress relié à l'amitié (amis ayant des problèmes
personnels).
La plupart des adolescents traversent
généralement cette étape de passage de l'enfance à
l'âge adulte sans difficulté majeure, tandis que certains y
parviennent moins bien (Frydenberg, 1997; Kay, 2010). L'adaptation de
l'adolescent à ces différentes exigences, est obtenue à
travers un processus qui implique des stratégies cognitives et
comportementales visant à éliminer ou à réduire les
demandes, à les redéfinir afin de les rendre plus maniables, ou
encore à gérer la tension qui est ressentie à la suite de
l'expérience de ces demandes. La capacité de parvenir à
cette adaptation dépendra du répertoire des stratégies
d'adaptation connues par l'adolescent (Frydenberg &Lewis, 1993).
En effet, l'approche conceptuellede Frydenberg et Lewis
postule un large éventail de stratégies de coping«en
théorie le nombre d'actions de coping (y compris les pensées et
les sentiments) auxquelles les personnes ont recours pour gérer leurs
préoccupations, est infini...» (Frydenberg, 1997, p.38),
quivarient selon le contexte et la nature du facteur de stress. Cette
conceptionpeut être présentée comme une extension du
modèle transactionnel de Lazarus et Folkman, qu'elle enrichit en passant
d'une catégorisation dichotomique des stratégies de coping
à trois groupes de styles de coping. Dans cette approche
théorique, le style de coping fait référence à
certaines caractéristiques relativement stables des individus ;
à la tendance d'une personne à agir d'une façon constante
face à un ensemble de circonstances ou de stresseurs. Il existerait un
style de coping propre à chaque individu, chacun mobilisant
préférentiellement certaines stratégies plutôt que
d'autres, pour faire face aux pressions internes et externes de la vie
quotidienne. Le modèle proposé et utilisé lors de leurs
recherches menées auprès des adolescents suggère trois
types de coping : le coping productif, le coping non-productif et la
référence aux autres. Le style référence aux autres
est une particularité de cette approche, comparée à la
conception dichotomique de Lazarus et Folkman.Les stratégies
centrées sur le problème ont été combinées
avec les stratégies centrées sur l'émotion ; en plus,
des stratégies de recherche de soutien social et d'évitement sont
rajoutées pour former en tout trois types de styles de coping.
Le style productifinclut les stratégies qui
fonctionnent pour résoudre des problèmes et rester optimiste, en
forme, calme et socialement engagé (Frydenberg, 1997). Lestyle
référence aux autres comprend des stratégies qui
consistent à se tourner vers autrui pour demander de l'aide. Ces deux
styles de coping sont dépeints comme des stratégies efficaces
à l'instar des stratégies centrées sur le problème
de Lazarus et Folkman(Frydenberg, op-cit; Frydenberg & Lewis, 1993). Par
contre, le coping non-productif qui réfère à
l'évitement du problème,est décrit comme non
fonctionnel.
En résumé de ce chapitre, l'état de
stress est d'après le modèle transactionnel, une
représentation interne d'une transaction particulière et
problématique entre une personne et son environnement. Le stress peut
alors se définir comme un état psychologique qui implique
à la fois des aspects cognitifs et émotionnels.La nature
subjective du stress explique que les mêmes sources de stress provoquent
des réactions différentes selon les personnes : ce qui est
stressant pour l'un peut être totalement anodin pour l'autre. Le stress
subjectif implique également que les niveaux de stress varient pour une
même personne selon les circonstances. Par conséquent, certaines
personnes sont mieux armées que d'autres face au stress et
l'efficacité des stratégies de coping varient selon l'individu et
les circonstances auxquelles il est confronté.
Les deux modèles théoriques
présentés mettent en évidence la relation qui existe entre
les styles de coping chez les adolescents et le stress. Cette relation
d'influence réciproque est conceptualisée comme un processus
psychologique élaboré par le sujet pour s'adapter et
résoudre ses difficultés à partir de certaines habitudes
cognitives et comportementales. Les différentes interprétations
positives ou négatives de l'évènement,
élaborées par l'individu pour appréhender la situation
stressante, peuvent accroitre ou réduire l'intensité du stress
perçu et influencer ses comportements d'ajustements. Ajustements qui
à leur tour, serviront à réguler le stress en vue de le
rendre plus tolérable ou faire disparaitre ses manifestations.Le style
productif et le style référence aux autres apparaissent comme les
styles de coping les plus à même de modifier la situation
stressante et de réduire les tensions, contrairement au style non
productif qui parait inadapté pour surmonter des épreuves ou des
obstacles.
En ce qui concerne notre étude dustress en contexte
scolaire, on peut s'attendreà ce qu'à chaque étape de son
« métier » d'élève,l'apprenant
obligé de fournir un travail intellectuel, de produire certaines
performancespour atteindre la réussite, soit exposé au stress
scolaire. Ce stress devrait être encore plus notoire dans les classes
d'examen, oùle risque de se voir éjecté du système
scolaire en cas d'échec est plus prégnant.D'après les
modèles théoriques présentés,le niveau de stress
scolaire perçu devrait être fort si l'élève
présente une tendance favorable à des stratégies de coping
non fonctionnelles. À l'inverse, le niveau de stress scolaire a plus de
chance d'être faible ou tolérable, en cas d'investissement de
l'élève dans des stratégies productives de
résolution des problèmes, et des styles de coping se
référant à l'aide de l'entourage.
La nécessité d'examiner les travaux
antérieurs menés sur nos variables à l'étude pour
affiner nos prédictions,s'impose. C'est l'objetdu chapitre suivant.
CHAPITRE III- REVUE DE TRAVAUX
Notre recherche vise à comparer le niveau de stress
scolaire des élèves de troisième et terminale, en fonction
de leurs styles de coping. Cela nous oriente vers la recension des travaux
scientifiques qui s'intéressent au stress à l'école,
notamment au collège et au lycée ; ainsi qu'aux travaux sur
les réponses générales de coping utilisées par les
adolescents. Cette revue des travaux portant sur nos variables à
l'étude, nous permettra de formuler avec précision nos
hypothèses de recherche.
Il est important de signaler que peu de travaux ont
traité le stress scolaire chez les élèves du secondaire.
En outre, les contributions des études menées sur le coping chez
les jeunes sont plus clairsemées que celles portant sur les adultes
(Bradette, Royer, Marcotte, Potvin&Fortin,1999; Dumont &Plancherel,
2001). L'intérêt des chercheurs s'est davantage centré sur
les jeunes qui vivent des difficultés d'adaptation, notamment des
problèmes de détresse, d'idéations suicidaires ou
d'addiction, avec une moindre attention consacrée aux jeunes biens
portants en situation scolaire. Pour notre part, les travaux retenus dans notre
revue ont été sélectionnés en regard de la
population étudiée, soit des adolescents bien portants ducycle
secondaire.
1- Le stress scolaire au collège et au
lycée
Dans l'exploration des recherches sur le stress scolaire,
notre attention s'est particulièrement portée sur l'étude
transversale d'Esparbès-Pistre, Bergonnier-Dupuy et Cazenave-Tapie
(2015), qui avait pour objectif d'analyser le stress scolaire au collège
etau lycée selon la classe et le sexe, dans la perspective
d'améliorer les conditions de travail des élèves du
secondaire et leur bien-être scolaire. La population de l'étude
était composée de 1130 adolescents âgés de 11
à 20 ans, dans une proportion de 704 filles (62,4 %) et 426
garçons (37,6 %), scolarisés dans des collèges et
deslycées de la région Île-de-France et de la région
Midi-Pyrénées (714 collégiens et448 lycéens).
L'étude a évalué le stress scolaire perçu par les
collégiens etles lycéensselon la classe (de la
6èmeà la terminale) et le sexe (fille ou
garçon) en répondant aux questions suivantes : existe-t-il des
différences de degré de stress selonles classes de la
6èmeà la terminale? Les classes dites de transition
(6èmeet 2nde) sont-elles plusstressantes que
celles dites d'évaluation (3ème,
1èreet terminale)?Existe-t-il des variations
d'intensité du stress scolaire(faible, moyen ou fort) selon les niveaux
scolaires? Les filles sont-elles plus stresséesque les garçons
dans les différents niveaux scolaires? La mesure du stress scolaire a
été effectuée avec l'Échelle toulousaine de stress,
selon laquellele stress scolaire comprend quatre dimensions : les
manifestations psychologiques, physiques, psychophysiologiques et les troubles
de la temporalité.Le stress scolaire perçu se traduit par un
score compris entre 14 et 70.
Les résultats de cette recherche montrent qu'un
élève sur deux, se dit stressé, voire très
stressé, par la situation scolaire.La moyenne de stress scolaire
perçu pour la population des 1130 élèves est de35,36. Les
scores par classe vont de 14 à 66. On trouve donc dans chaque classedes
élèves n'ayant aucun stress et des élèves
très fortement stressés. Sur les1130 élèves, 45 %
ont un degré de stress au-dessus de la moyenne et 55 % ont un niveau de
stress en dessous de la moyenne. Par ailleurs, le degréde stress
scolaire augmente graduellement du collège au lycée.Les classes
dites de transition et d'orientation (6ème et
2nde) et celles dites d'évaluation etdiplômantes
(3ème et terminale) sont importantes. En effet, si le
degré de stress scolaire progresse de la classe desixième
à la classe de terminale, ce n'est cependant qu'à partir de la
classe de la 3ème, jusqu'à la terminale que
ledegré de stress passe au-dessus de la moyenne.Cette augmentation du
degré de stress scolaire peut s'expliquer selon les chercheurs, d'abord
au regard des attentes institutionnelles, toujours plus importantes de la
6ème à la terminale.La 3ème est une
classe de passagedu collège au lycée. C'est aussi une classe
d'orientation, de choix et de décision.La 2nde est une classe
d'orientation et la première année de lycée, enfin la
1èreet la terminale sont deux classes d'évaluation et
diplômantes. Ainsi, les difficultés croissantes des
contrôles, la présenced'examens, mais également les
injonctions familiales, sociales et socioéconomiques, sans oublier les
changements pubertairesqui ont unimpact important sur le
développementcognitif et la régulation des émotions,
constituent autant d'éléments d'explication.
Il faut par ailleurs souligner qu'en plus de montrer la
relation entre le niveau de stress et les classes du secondaire, l'étude
a mis en évidence une différence liée au genre :
quelle que soit la classe, les filles présentent un degré moyen
de stresssupérieur à celui des garçons. Aussi, les
chercheurs ont préconisé des analyses approfondies tenant compte
des différences degenre, et aussi des liens entre les
représentations parentales de l'école, la perception
del'école par les élèves et le stress scolaire.
C'est dans cette perspective que s'inscrivent les travaux
d'Ehoussou (2015), qui visaient l'étude de la relation entre la pression
perçue de l'examen et le stress scolaire, chez des élèves
ivoiriens de sexes différents, en fin de cycle. L'échantillon
était constitué de 206 élèves dont 103
élèves de la classe de troisième et 103 autres
élèves de la classe de terminale, âgés de 13
à 21 ans. Ils ont été soumis à des questionnaires
de type Likert, pour déterminer leur pression perçue de l'examen
et leur stress scolaire. Les résultats obtenus ont confirmé la
variabilité du stress selon le genre, avec des effectifs de filles au
stress élevé supérieurs aux effectifs masculins.
Toutefois, l'hypothèse selon laquelle le stress scolaire chez des
élèves en fin de cycle de l'enseignement secondaire serait
lié à la pression perçue de l'examen,a été
infirmée. De plus, il s'est avéré que le sexe n'avait pas
d'influence significative sur la pression perçue de l'examen. L'effet
conjoint de la pression perçue de l'examen et du sexe sur le stress
scolaire des élèves de 3ème et Terminale,n'a
également pas été confirmé.
Succinctement, il ressort des travaux examinés que le
stress scolaire des élèves du secondaire a tendance à
croitre du milieu à la fin du cycle secondaire. Par ailleurs, la
dimension genre influence le stress scolaire, puisque des différences
ont été observées dans les niveaux de stress scolaire
selon le sexe. Étant entendu que le stress est une forme de stimulation
à l'action, observer les réactions d'adaptation des
élèves aurait permis de mieux comprendre les différences
de niveaux du stress scolaire. Mais les résultats des travaux
évoqués ne révèlent rien sur l'adaptation des
adolescents, notamment sur les styles de coping qu'ils utilisent pour faire
face aux difficultés auxquelles ils se retrouvent confrontés. Il
importe de considérer maintenant les recherches effectuées sur
les réponses de copingdes adolescents en situation scolaire.
2- Les réponses générales de
coping des adolescents bien portants en situation scolaire
Quelques chercheurs se sont penchés sur l'étude
du coping dans des populations générales d'adolescents en
situation scolaire et ont permis de mettre en lumière certaines
différences. Les stratégies de coping utilisées par les
adolescents varient en fonction du type d'événement stressant, du
sexe ou de l'âge. D'autres travaux montrent aussi clairement des liens
entre les styles de coping utilisés par les adolescents et certaines
psychopathologies, toutefois dans notre revue, nous nous en tiendrons aux
études scientifiques relatives à des populations d'adolescents
bien portants.
Ainsi, Stark, Spirito, Williams et Guevremont(1989) ont
mené une recherche portant sur l'étude du coping de 704
adolescents de 14 à 17 ans issus d'écoles secondaires. Le coping
a été mesuré à la fois de façon
générale, et à partir d'un problème vécu au
cours du dernier mois, problème qui devait être identifié
par chaque adolescent(e). Leurs résultats indiquent que le choix des
stratégies utilisées ainsi que l'efficacité des
stratégies telle que perçue par les adolescents, varient en
fonction du problème rencontré. Plus exactement, lorsqueles
adolescents sont confrontés à un problème impliquant leur
soupirant (e), ils utilisent un plus grand répertoire de
stratégies à une fréquence plus élevée que
lorsque le problème concerne l'école ou un parent.
Dans une perspective similaire, plusieurs études furent
menées par Seiffge-Krenke (1993) auprès de 1028 adolescents de
nationalités différentes (allemande, finlandaise et
israélienne), dont l'âge est compris entre 12 et 19 ans. Il
ressort de ses analyses que les adolescents s'adaptent bien à leurs
difficultés et utilisent surtout un coping « fonctionnel» dans
les huit sphères de problèmes étudiées. Le style
« coping actif » domine, suivi du « coping interne » dans
toutes les sphères de problèmes. Le coping « dysfonctionnel
» n'est utilisé que rarement.
Une étude australienne faite par Frydenberg et Lewis
(1993) chez des adolescents démontre que le style le plus
fréquemment utilisé est productif, suivi par le style non
productif et, finalement, le style référence aux autres. Plus
précisément, ces chercheurs notent que les stratégies les
plus utilisées sont : se détendre, se divertir, travailler
à résoudre le problème et faire de l'activité
physique. Celles qui sont les moins utilisées sont : rechercher de
l'aide spirituelle, rechercher de l'aide professionnelle et entreprendre des
actions sociales. L'étude québécoise de
Pépin-Filion, Pronovost et Leclerc (1999) confirme les résultats
de l'étude de Frydenberg et Lewis (1993).
Les travaux de Plancherel,Bolognini et Nunez (1993),
auprès d'un échantillon d'adolescents suisses-français
démontrent que les adolescents utilisent surtout des stratégies
«productives» comme se relaxer,s'engager et s'investir auprès
d'ami(e)s proches. Par ailleurs, des stratégies comme la recherched'aide
professionnelle et la diversion étaient rarement mentionnées.
En 1994, Frydenberg et Lewis ont encore mesuré le
coping chez des étudiants australiens âgés entre 16 et 18
ans à travers trois champs de problèmes distincts
(l'accomplissement, les relations et les problèmes sociaux).
D'après leurs résultats, les stratégies utilisées
par les étudiants forment un style dominant de coping
généralement adopté pour affronter les problèmes
provenant des trois champs, avec des variations dans le choix de certaines
stratégies selon la nature du problème rencontré.Par
exemple, les stratégies de résolution de problème, de
rechercher du soutien social, de s'accuser et de garder pour soi sont
utilisées davantage pour les champs «accomplissement» et
«relations» que pour le champ «problèmes sociaux »,
alors que la pensée magique est utilisée dans la même
mesure pour les trois champs de problèmes.
Frydenberg et Lewis (1996) ont également observé
en milieu scolaire, que les adolescents masculins qui utilisent un style de
coping productif (par exemple, des stratégies comme
« travailler fort pour réussir »,
« résolution de problème » et
« soutien social ») sont avantagés dans leurs
résultats scolaires et ont tendance à performer mieux que ne
pourrait le prédire un test d'intelligence. Des stratégies comme
« ne rien faire », « ignorer le
problème »et « réduction des
tensions »sont négativement reliées à la
réussite académique des adolescents. De plus, l'acceptation, le
fait de se centrer sur le positif, de s'adonner à des activités
physiques seraient liés à un plus grand bien-être
(Frydenberg & Lewis, 2002).
Les résultats de Parsons, Frydenberg et Poole (1996)
lors d'une étude auprès d'un échantillon de garçons
adolescents surdoués appuient ces résultats; les
stratégies les plus utilisées visent la résolution de
problème (travailler fort et travailler à résoudre le
problème), la pensée positive (se centrer sur le positif) et le
divertissement (se détendre, se divertir et faire de l'activité
physique).
Morin et Pronovost (1997), à partir de leur recherche,
indiquent que les adolescents provenant d'une population d'étudiants
québécois de niveau secondaire choisissent des modes de
réponse issus d'un style de coping « productif» pour affronter
leurs difficultés. Les étudiants québécois
emploient surtout des stratégies comme chercher àse
détendre et se divertir, travailler fort pour réussir et la
résolution de problème.
Il est à noter par ailleurs que la provenance des
participants est un facteur à même d'entrainer une variance dans
les résultats. À titre d'exemple, Frydenberg et Lewis (1993)
comparent les différentes stratégies d'adaptation
utilisées par trois groupes d'adolescents: les australiens anglais, les
australiens européens et les australiens asiatiques. Les australiens
anglais ont tendance à utiliser davantage de stratégies visant la
réduction de tension et s'inquiètent moins que les autres
groupes. En revanche, les australiens européens utilisent davantage de
support spirituel que les deux autres groupes d'adolescents.Pour finir,les
australiens asiatiques seraient plus enclins que les autres à faire face
aux situations stressantes en travaillant fort et en recherchant de l'aide
professionnelle.
Dans une autre étude dont les résultats ont
été publiés en 2003, Frydenberg et ses collaborateurs ont
mis de l'avant qu'il existe des différences au niveau des
stratégies de coping utilisées par des adolescents de
différentes origines ethniques. Leur étude portait sur de jeunes
Australiens, Colombiens, Allemands et Palestiniens (cité dans Bergevin,
2012). Ils ont notamment observé que les Colombiens et Palestiniens
avaient davantage tendance à rechercher le support spirituel que les
Australiens et les Allemands. Puisque les facteurs culturels, religieux ou
ethniques amènent des différences à la fois pour les
garçons et pour les filles, il se peut que lorsque ces aspects ne sont
pas pris en compte, des différences entre les diverses études
soient observées en ce qui concerne le genre (Plourde, 2015).
Des recherches démontrent aussi quelques
différences quant aux styles de coping utilisés selon l'âge
des participants. Il semblerait qu'il y ait une proportion significative de
stratégies non productives avant l'âge de 15 ansavec une
augmentation dans l'utilisation de stratégies de coping tous styles
confondus, entre 14 et 16 ans (Frydenberg,2004). Seiffge-Krenke, Aunola et
Nurmi (2009) ont de leur côté révélé une
augmentationdu niveau de stress perçu entre le début de
l'adolescence jusqu'à l'âge d'environ 15 ans, pour ensuite
commencer à descendre. Cela pourrait expliquer l'accroissement des
stratégies d'adaptation utilisées vers l'âge de 15 ans,
même si Ebata et Moos (1991, 1994) l'expliquent par une maturation qui
rend possible l'usage de stratégies cognitives plus complexes.
En résumé, les travaux recensés montrent
que les adolescents utilisent un répertoire varié de
stratégies leur permettant de s'adapter à leurs
difficultés plutôt que de privilégier une seule
stratégie. La nature des stresseurs et des évènements de
vie, l'âge et le sexe, influence l'utilisation des stratégies de
coping. Par ailleurs, les résultats des recherches indiquent une
utilisation plus grande du style productif et du style de coping
référence aux autres, chez les adolescents en bonne santé,
pour faire face à leurs difficultés en général.
Frydenberg (1997) souligne toutefois l'importance de préciser qu'il
n'existe pas de bonnes ou de mauvaises stratégies de coping en soi, tout
dépend des particularités de la situation
problématique.
Au total, la revue des travaux révèle que le
stress scolaire est déterminé par des facteurs tels que les
classes du secondaire, le sexe, l'âge, la perception de l'école et
des tâches scolaires par les élèves. En ce qui concerne les
styles de coping utilisés par les adolescents, il ressort que leur
ajustement face aux difficultés, est le plus souvent orienté vers
le style productif et le style référence aux autres. Ces deux
styles de coping sont associés au bien-être ou à une
meilleure adaptation; ils apparaissent donc plus propices que le style de
coping non productif à réduire le stress scolaire ou
l'empêcher de s'intensifier.
En effet, le coping productifà travers des
stratégies comme « travailler fort pour
réussir », « se centrer sur le positif »
ou « se détendre,se divertir », canalise les efforts
de l'adolescent vers la mise en oeuvre de comportements visant à
résoudre les problèmes. L'élève qui a tendance
à utiliser ce type de stratégies focalise son attention sur la
résolution des problèmes etse montre assez actif en vue
d'accroitre ses performances et sa satisfaction au travail;il est
productif et sait aussi s'investir dans des loisirs et réduire ainsi le
stressscolaire par des loisirs. Un tel élève devrait donc
logiquement présenter un stress scolaire à un niveau moindre.
Le coping référence aux autres, démontre
quant à lui, des tentatives chez l'élève pour rechercher
du soutien dans l'entourage, ou imiter d'autres modèles de
réactions face aux problèmes. Demander de l'aide à des
personnes qualifiées par exemple, est une stratégie qui peut
contribuer à baisser l'intensité du stress scolairesi
l'élève obtient le soutien ou l'information recherché(e).
Toutefois, entre un élève au coping référence aux
autres et un élève au coping productif, le niveau de stress
scolaire devrait être plus bas chez l'élève au coping
productif, dans la mesure où ce dernier présente une meilleure
maitrise dans son comportement d'adaptation, compte sur ses propres
capacités à gérer ses difficultés et la tension
émotionnelle.Il est plus capable d'envisager des solutions
variées pour composer avec les problèmes quotidiens et donc de
mieux évacuer le stress scolaire.
Enfin,le style non productif dénote des
stratégies passives telles que « ne rien faire » ou
« s'accuser, se blâmer », qui ne traitent ni le
problème, ni les émotions négatives. Aussi,les efforts
d'un élève qui penche pour un tel style de coping ne
s'avèrent pas efficaces à trouver des solutions aux
problèmes. Face au stress scolaire, l'élève ne fait rien,
passe son temps à se plaindre sans chercher sérieusement à
résoudre ses difficultés. Le niveau de stress scolaire de cet
élève devrait donc être plus élevé,
comparé à un autre élève au style productif ou
référence aux autres. D'où les hypothèses
ci-après.
3- Les hypothèses de la
recherche
Hypothèse
Générale
H : Il y a une relation entre le style de coping des
élèves de 3ème et terminale d'Abidjan et leur
niveau de stress scolaire.
Hypothèses
opérationnelles
H.1 :Les élèves de 3èmeet terminale au
style de coping non productif expriment un niveau de stress scolaire
supérieur à celui de leurs pairs au style de coping productif.
H.2 :Les élèves de 3èmeet
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style
référence aux autres.
H.3 : Les élèves de 3èmeet
terminale au style de coping référence aux autres expriment un
niveau de stress scolaire supérieur à celui de leurs pairs au
style de coping productif.
La vérification de ces hypothèses reposera sur
une démarche méthodologique portant sur la caractérisation
des variables à l'étude, les instruments de recueil des
informations et le traitement des données collectées. Cette
démarche est exposée au chapitre suivant.
DEUXIÈME PARTIE :
CONSIDÉRATIONS
MÉTHODOLOGIQUES
CHAPITRE IV - CARACTÉRISATION DES VARIABLES
Notre étude postule une relation entre deux
variables : les styles de coping (variable indépendante) et le
niveau de stress scolaire (variable dépendante). La compréhension
du lien entre ces variables requière auparavant leur
caractérisation. Il s'agit de définir le sens attribué
à ces variables dans notre étude.
1- Les styles de coping
Le coping selon Lazarus et Folkman (1984) est l'ensemble des
efforts cognitifs et comportementaux utilisés pour maîtriser,
réduire ou tolérer les exigences internes ou externes qui
menacent ou dépassent les ressources d'un individu. Il s'agit d'un
concept multidimensionnel que Frydenberg et Lewis (1993)
définissent comme étant l'ensemble des réponses
(pensées, émotions et comportements) émises par un
individu pour faire face à des situations problématiques de la
vie quotidienne ou à des événements particuliers. En
d'autres termes, le coping est le type d'effort ou de réponse que
produit un individu face à une situation difficile.
Cette réponse présente deux dimensions :
elle peut être de nature cognitive ou de nature comportementale. Le
coping cognitif (pensées, émotions), vise le monde interne de
l'individu pour réduire et maitriser ses conflits
intérieurs : il s'opère à travers la signification
donnée aux évènements ainsi que la modification des
états émotionnels. Le coping de nature comportementale, fait
référence à des actions visant à modifier la
situation problématique.
Cependant, tout le monde ne réagit pas de la même
façon devant une situation ou une contrainte. La variable
« style de coping » est qualitative et présente
dix-neuf stratégies au total. Elles sont regroupées en trois
modalités ou styles d'ajustement qu'une personne a l'habitude de
mobiliser pour gérer une situation aversive : le style
non-productif et le style référence aux autres,le style
productif.
La fréquence d'utilisation des stratégies de
coping représentent les indicateurs du style préférentiel
de l'individu, dans sa manière d'aborder les difficultés de la
vie quotidienne.
1.1 Le style non-productif
Le style « non productif » quant à
lui, comprend des stratégies présentées comme
dysfonctionnelles, c'est-à-dire inopérante pour s'adapter
à la situation de stress vécue (Frydenberg, 2004).Le coping non
productif tend à éviter le problème, ce qui renvoie
à une incapacité de faire face directement ou
immédiatement à celui-ci. Il est composé de 9
stratégies :
S'inquiéter : être
préoccupé face à l'avenir en général ou de
son bonheur futur.
Adopter une pensée magique :
espérer que les problèmes finiront par se régler par
eux-mêmes ou par "miracle".
Ne rien faire : ne rien entreprendre pour
résoudre le problème, être incapable de résoudre le
problème. L'individu se désengage de la situation.
Faire baisser la tension : essayer de se
sentir mieux en faisant quelque chose qui diminuera la tension (ex: pleurer,
crier, consommer de l'alcool, etc.).
Ignorer le problème : essayer de
refouler le problème ou le nier, se résigner en acceptant
l'impossibilité de résoudre le problème.
S'accuser, se blâmer : se sentir
coupable de la situation et s'en attribuer la responsabilité,
s'auto-critiquer, se lamenter.
Garder pour soi : s'éloigner des
autres et faire en sorte qu'ils ignorent tout de la situation.
Se soucier de ses liens d'appartenance :
être préoccupé par ses relations interpersonnelles,
particulièrement, les impressions que les autres ont de soi.
Éprouver des malaises physiques :
développer des symptômes psychosomatiques.
1.2 Le style référence aux autres
Le style « référence aux
autres » incite les personnes à se tourner vers les autres
pour obtenir de l'aide. Il comporte 5 stratégies :
Rechercher du soutien social : confier son
problème à un ou des membre(s) de son réseau social afin
qu'il(s) puisse(nt) y être attentif(s).
Rechercher de l'aide professionnelle :
demander de l'aide à une personne qualifiée telle qu'un
enseignant ou un intervenant.
Investir dans ses amis : s'impliquer plus
intensément dans une relation interpersonnelle (amicale, amoureuse,
etc.).
Entreprendre des actions sociales : faire
connaitre aux autres ses préoccupations et chercher du soutien en
écrivant des pétitions ou en organisant des manifestations.
Rechercher de l'aide spirituelle : prier ou
croire en l'aide de Dieu ou d'un chef spirituel.
1.3 Le style productif
Le style « productif » consiste à
résoudre un problème tout en demeurant optimiste, en forme,
détendu et en relation avec les autres. Il comprend les 5
stratégies suivantes :
Travailler à résoudre le
problème : S'attaquer au problème en cherchant à
le cerner et en prenant en considération différents points de vue
ou diverses opinions.
Travailler fort pour réussir :
S'appliquer, persévérer, mettre tous ses efforts pour
réussir.
Se centrer sur le positif : Avoir une
perspective optimiste et réconfortante de la situation, voir le
côté positif et se trouver chanceux.
Se détendre, se divertir : Faire des
activités pour se détendre (autres que le sport) telles que des
loisirs (la peinture, la lecture, la musique).
Faire de l'activité physique :
Pratiquer un sport, garder la forme.
Ces stratégies sont dites fonctionnelles (Frydenberg,
2004), c'est-à-dire aptes à permettre l'ajustement de la personne
à la situation stressante et à préserver un certain
bien-être.
La description des styles de coping fait ressortir trois
schémas fondamentaux de comportements caractérisés par
l'évitement des difficultés, la recherche d'aide et la
confrontation aux problèmes. Autrement dit, selon le style de coping,
soit l'individufocaliseson attention sur les émotions négatives
et dans ce cas, il évite de fournir des efforts pour accomplir ses
tâches ; soit il se concentre sur les émotions
positives et dans ce cas, il s'implique davantage dans la
réalisation deses tâches en recherchant du soutien ou en
exploitant ses compétences personnelles à résoudre les
problèmes. Ces différentes stratégies d'ajustement ont des
conséquences sur les tensions provoquées par les situations
stressantes.En effet, les éléments qui contribuent à
modifier le niveau de stress dans notre cadre d'analyse ne proviennent pas des
facteurs tels que l'âge ou le niveau scolaire, mais uniquement des styles
de coping.
De façon spécifique, l'individu au style
non-productif démontre en général des attitudes
d'évitement. En contexte scolaire, il s'agit d'élèves qui
présentent un état émotionnel pessimiste devant les
exigences de l'école et les compétences attendues d'eux. Ils
ne se croient pas à la hauteur face au tâches à accomplir,
ils s'autocritiquent, se dévalorisent et refusent constamment de
s'investir dans le travail. Face aux pressions de leur environnement, ces
élèves réagissent en fuyant la réalité, en
se réfugiant dans leurs rêveries. Remettre à plus tard la
résolution des problèmes et accumuler les tâches à
faire ne peuvent que renforcer le stress scolaire, dont le niveau sera
élevé.
Dans la catégorie du coping référence aux
autres, les élèves ont une vision plus optimiste et se
protègent des évènements difficiles en recherchant l'aide
des autres. Les adeptes de ce style de coping ont une attitude mitigée
face aux obstacles ; leurs réactions sont déterminées
par le soutien recherché. Pour favoriser l'avancement dans son travail,
l'élève s'emploie à chercher l'assistance de son cercle de
relations, ou à développer ses pratiques spirituelles en
espérant trouver dans ces stratégies, les réponses
à ses difficultés. Cette disposition à rechercher le
soutien social peut aider à réduire la quantité de
travail, de même que les émotions négatives, et
modérer ainsi le niveau de stress scolaire. De ce qui
précède, nous présageons un niveau de stress scolaire plus
élevé pour les élèves au style non productif que
pour celui des élèves au style référence aux
autres.
En revanche, le style de coping productif est
caractérisé par un état émotionnel positif et une
attitude de confiance en soi, qui motivent l'individu à entreprendre
personnellement de résoudre les problèmes qu'il rencontre. Les
élèves qui ont un fonctionnement psychologique de type productif
ont une vision très optimiste de la vie scolaire et de leur travail.
Quelles que soient les exigences de leur environnement, ils se concentrent sur
les aspects positifs, même lorsque les choses paraissent pénibles
ou excessives. Cette manière positive de voir les choses les
réconforte, et les dispose à mobiliser des efforts pour se
dépasser et parvenir à l'accomplissement des tâches qui
leur sont demandées. D'un autre côté, la pratique du sport
favorise leur apprentissage de l'endurance et de la persévérance,
aussi même quand ils sont confrontés à l'échec, ils
ne baissent pas les bras. Ils peuvent aussi chercher à se
détendre sans pour autant renoncer à produire et à
accomplir le travail qui leur est demandé. Au contraire, les
activités de détente les aident à se redynamiser et
à renforcer leur motivation à chercher des solutions. La
combinaison de tous ces éléments, contribuera à produire
de bonnes performances chez ceux qui développent ce profil de coping, et
à les rendre moins sensibles au stress, dont le niveau sera ainsi
faible. La particularité du style productif comparé au style
référence aux autres,réside dans la confiance que
l'individu place dans ses propres compétences plutôt que de
compter sur son entourage pour l'aider à résoudre ses
difficultés. Le fonctionnement productif devrait donc induire un niveau
de stress plus faible que celui des élèves au coping
référence aux autres, de même que celui des
élèves au coping non productif.
L'intensité du stress scolaire subit une modification
allant du niveau élevé à un niveau plus faible,
parallèlement à un fonctionnement de style non productif,
référence aux autres et productif.
2- Le stress scolaire
Notre problématique a mis en évidence que
quelques soient les difficultés objectivement liées à la
situation scolaire, c'est surtout la perception qu'en a l'élève
qui donne naissance au stress scolaire : le stress est de nature
subjective. En effet, le stress est considéré comme une relation
transactionnelle (c'est-à-dire la perception d'une situation, son
interprétation et la réaction qu'elle suscite), qui exige plus
que les ressources que possède un individu et qui nécessite des
efforts pour y répondre (Lazarus & Folkman, 1984).
Le stress scolaire représente une évaluation que
l'élève se fait de sa condition et de son travail scolaire. Cet
élève peut percevoir les résultats scolaires
demandés par son environnement comme étant supportables ou
dépassant ses capacités. Dans cette optique, Ehoussou (2015)
distingue deux niveaux de stress scolaire : le niveau faible et le niveau
élevé.
Nous retiendrons ces deux modalités pour notre variable
dépendante, toutefois dans le cadre de notre étudele stress
scolaire est une variable quantitative. Ce sont donc les styles de coping
utilisés par les élèves qui serviront à expliquer
les différences de niveaux de stress scolaire. Ainsi,
l'élève qui obtient un score supérieur à la
moyenne, est considéré comme ayant un stress scolaire
élevé, tandis que celui qui obtient un score inférieur ou
égal à la moyenne, est considéré comme ayant un
stress scolaire faible.
2.1 Niveau de stress élevé
Être en classe d'examen est une situation porteuse de
multiples épreuves ou tracas quotidiens pour l'élève, qui
peut éprouver des inquiétudes, des sentiments de gêne, de
malaise, ou d'impuissance à y faire face. Le niveau de stress
élevé s'applique aux élèves pour lesquelsles
demandes du milieu scolaire ont tendance à dépasser leurs
capacités d'ajustement. Plus l'élève a recours à un
style de coping non productif ou non fonctionnel, plus son score de stress
scolaire sera élevé. De cette façon, la moyenne obtenue
dans le groupe d'élèves qui utilisent le style de coping non
productif devrait être au-dessus de la moyenne.
2.2 Niveau de stress faible
Le niveau de stress scolaire faible signifie que les
élèves vivent peu de pression ou d'appréhension face aux
difficultés scolaires, ce qui dénote de bonnes capacités
d'adaptation face aux tracas scolaires. Plus l'élève a l'habitude
d'utiliser un style de coping productif ou un style référence aux
autres, plus son score de stress scolaire sera faible.Ainsi, les moyennes
obtenues dans le groupe d'élèves qui adoptent le style de coping
productif, et dans le groupe au style référence aux autres,
devraient être en dessous de la moyenne générale de stress.
Par ailleurs, la moyenne du groupe productif devrait également
être inférieure à celle du groupe référence
aux autres.
Pour conclure cettesection, il convient de rappeler que
l'ambition de la présente étude est de comprendre comment les
trois modalités de notre variable indépendante « styles
de coping » agissent dans la régulation du stress scolaire
qu'éprouvent les élèves en classe de troisième et
terminale.
Sur la base de nos prospections dans la littérature, il
ressort quel'utilisation de stratégies issues d'un style de coping
« non productif » reflète une incapacité à
affronter efficacement les situations stressantes de la vie scolaire, et se
rapporte àun niveau de stress scolaire élevé. Un faible
niveau de stress scolaire indique une bonne capacité à
gérer les tracas de l'environnement scolaire ;il est
associéàl'utilisation de stratégies fonctionnelles
provenant des styles de coping « productif » et
« référence aux autres ».
La relation ainsi postulée entre nos deux variables
doit nécessairement être vérifiée sur un
échantillon, d'où la présentation de notre population
d'étude dans le prochain chapitre.
CHAPITRE V - POPULATION D'ÉTUDE ET
ÉCHANTILLON
Ce chapitre présente la population d'étude sur
laquelle nos hypothèses de recherche seront testées, et
précise les critères qui justifient le choix des participants.
1- Population d'étude
La présente recherche se propose de mettre en
évidence la relation entre les styles de coping et le niveau de stress
scolaire chez des élèves de troisième et terminale
d'Abidjan. Il s'agira en d'autres termes d'expliquer les différences de
niveau de stress scolaire des élèves par leurs styles de coping.
Tous les élèves de troisième et terminale, des
écoles privées et publiques disséminées sur toute
l'étendue des dix communes de la ville d'Abidjan, sont visés par
cette étude. Cependant, compte tenu des contraintes liées aux
moyens disponibles pour effectuer cette recherche, nous avons ciblé des
établissements scolaires où nous pouvions
bénéficier de facilités d'accès par
l'intermédiaire de personnes ressources.
Au terme de différentes tractations, c'est le
Lycée Municipal de Williamsville qui a accueilli favorablement notre
sollicitation d'y effectuer notre recherche. Il s'agit d'un
établissement public de la commune d'Adjamé, qui dispose de 11
classes de 3ème avec un effectif de 705
élèves ; et 8 classes de Terminale, (2 classes de Terminale
A, 5 classes de TerminaleD et une classe de Terminale C) avec un effectif de
251 élèves.
La population totale des élèves de
3ème et Terminale du Lycée Municipal de Williamsville
s'élève donc à 956 élèves, parmi lesquels
provient notre échantillon d'étude.
2- Échantillon
L'échantillon désigne l'ensemble des
individusà qui il est possible d'administrer les instruments de la
recherche. Pour constituer notre échantillon d'étude, nous avons
employé la technique de choix raisonné.
À la population mère,des critères de
sélection ont été appliqués, en tenant compte des
facteurs qui pourraient influencer le niveau de stress scolaire et qui doivent
être contrôlés pour prévenir d'éventuels
biais. Il s'agit entre autres de l'âge, de la classe et du sexe
(Esparbès-Pistre, Bergonnier-Dupuy & Cazenave-Tapie, 2015). Pour
éviter que des différences de niveau de stress scolaire ne soient
dues à ces facteurs il fallait respecter un équilibre des
proportions d'effectifs en fonction de la classe, du sexe et de l'âge.
Ainsi, pour neutraliser les effets de la variable sexe, nous
avons retenu les sujets de sexe masculin et ceux de sexe féminin. Par
ailleurs, dans notre étude, les niveaux de stress des
élèves de 3ème et terminale doivent être
mis en relation avec leurs styles de coping. Pour évaluer cette
dernière variable, nous utilisons un instrument qui s'applique aux
adolescents à partir de 13 ans. C'est la raison pour laquelle tout sujet
dont l'âge est inférieur à 13 ans et supérieur
à 20 ans ne fait pas partie de l'échantillon.
Parmi les volontaires qui remplissaient les critères,
205 se sont effectivement présentés le jour de la passation. Dix
(10) d'entre eux ont été retirés du lot après le
dépouillement, en raison de réponses incomplètes aux items
des questionnaires.
En définitive, l'échantillon d'étude est
constitué de 195 élèvesde 3ème et
Terminale d'âge moyen = 15,5, dont 98 garçons et 97 filles. Ils
sont répartis de la manière suivante : 97
élèves de 3ème(45 garçons et 52 filles)
et 98 élèves de Terminale (53 garçons et 45 filles).
CHAPITRE VI - COLLECTE DES DONNÉES
Ce chapitre porte sur les instruments et les techniques
mobilisés dans la présente recherche pour le recueil des
données sur le terrain. Ainsi, il sera successivement question des
instruments de recherche utilisés, du déroulement de la collecte
des données, et des techniques statistiques utilisées pour le
traitement des données.
1- Instruments de la recherche
Il s'agit de présenter les instruments qui nous
permettent d'obtenir des informations relatives aux styles de coping des
élèves d'une part, ainsi qu'à leurs niveaux de stress
scolaire d'autre part.
1.1 Présentation de l'instrument de mesure des
styles de coping
Les recherches sur le coping à l'adolescence ont connu
une progression considérable ces dernières années, avec de
continuelles mises au point des instruments de mesure utilisés. Au
départ, c'est le «Ways of Coping scales » de Folkman et
Lazarus (1984), un instrument conçu pour les adultes, qui était
utilisé auprès des adolescents, jusqu'à ce que des
instruments spécifiques au coping des adolescents soient
développés, au nombre desquels on peut citer le « Kidecope
» de Spirito, Stark et Williams (1988), le « Coping Across Situation
Questionnaire» (CASQ)de Seiffge-Krenke et Shulman (1990), et
l'«Adolescent Coping Scale» (ACS) de Frydenberg et Lewis (1993) qui
est un peu plus récent ; d'où l'utilisation de ce dernier
instrument dans la présente recherche.
L'ACS mesure la fréquence d'utilisation de
stratégies de coping selon le style productif, le style non productif,
le style référence aux autres. Il existe sous deux formes :
une forme générale et une forme spécifique.La forme
générale ne délimite pas de champs de problèmes
particuliers. On demande alors à l'adolescent de dire dans quelle mesure
il utilise dans sa vie en général les stratégies de coping
présentées.Tandis que dans la forme spécifique
l'adolescent est invité à identifier les stratégies qu'il
utilise face à un problème qu'il identifie librement. Le milieu
scolaire étant un domaine spécifique de la vie de
l'élève, il aurait été cohérent d'utiliser
la forme spécifique dans la présente étude. Cependant, des
chercheurs comme Patterson et McCubbin, (cités dans Plancherel,
Bolognini & Nunez, 1993)sont d'avis que la pré-adolescence et
l'adolescence donnent lieu à de multiples sources de stress qui agissent
de façon concomitante et que l'utilisation d'un questionnaire qui ne
fait pas référence à des champs de problèmes
spécifiques est plus appropriée ; ce qui fonde notre choix
d'utiliser la forme générale del'ACSpour la présente
étude.Elle évalue les stratégies de coping
utilisées pour l'ensemble des problèmes rencontrés par
l'adolescent et permet de dresser un profil général de son
coping.
En effet, l'ACS est un instrument dont le but est d'obtenir le
profil de l'ensemble des pensées et des actions
développées par l'adolescent pour résoudre les
problèmes anxiogènes auxquels il est confronté. Il peut
être utilisé en passations individuelles ou collectives. Une
étude de validation de l'ACS (Leclerc, Pronovost & Dumont, 2009)a
été menée auprès de 492 adolescents francophones
à la suite de laquelle deux items ont étéretirés de
l'instrument original, car ils saturaient trop faiblement pour qu'ilssoient
retenus dans la version francophone. Ainsi, la traduction française de
l'instrumentcomprend 77 items.
1.2 Cotation de l'échelle de coping pour
adolescents
La version française de l'ACS comporte 19
sous-échelles qui représentent les19 stratégies de coping
(voir Annexe II). Chaque stratégie est identifiée par 2 à
5 items, soit un total de 77 items plus une question ouverte. C'est un
questionnaire d'auto-évaluation de type Likert à cinq (5) points,
soit : « jamais utilisé ou ne s'applique pas »
(1), « utilisé rarement » (2),
« utilisé quelque fois » (3),
« utilisé souvent » (4), « utilisé
très souvent » (5).
La moyenne pondérée de chaque stratégie
se calcule en faisant la sommedes notes obtenues pour tous les items d'une
même stratégie et en la multipliant ensuite par un
coefficient.Celui-ci varie selon le nombre d'items compris dans une
stratégie. Le score pondéré est compris entre 20 et 105
points. L'interprétation des scores se fait de la façon suivante
pourchaque stratégie ainsi que pour la moyenne de chacun des styles de
coping :
- 20 et 49, très peu utilisé par le sujet ;
- 50 et 69, parfois utilisé par le sujet ;
- 70 et 89, souvent utilisé par le sujet ;
- 90 et 105, beaucoup utilisé par le sujet.
Les 3 modalités de la variable style de coping sont
classées par ordre, selon le score moyen obtenu pour chaque
catégorie. Le style de coping qui recueille le score moyen le plus
élevé est considéré comme le style
préférentiel de l'élève.
1.3 Présentation de l'instrument de mesure du stress
scolaire
Plusieurs instruments sont utilisés pour évaluer
la perception du stress, en mesurant l'importance avec laquelle des situations
de la vie (évènements majeurs ou mineurs) sont perçues
comme menaçantes, incontrôlables ou pénibles.
Dans notre étude, la variable dépendante est
évaluée à l'aide de l'échelle
élaborée par Ehoussou (2015) pour mesurer le stress scolaire
d'élèves ivoiriens en fin de cycle du secondaire
(3ème et terminale). Cette mesure du stress scolaire a
été conçue sur la base d'entretiens semi-directifs
menés auprès de 24 élèves de troisième et
terminale d'Abidjan qui a permis d'avoir un répertoire
d'énoncés. À partir d'une analyse de contenu des
énoncés produits par les enquêtés, une
sélection des descriptions qui semblaient être les meilleurs
indicateurs de leurs tensions scolaires a été faite pour la
construction d'une échelle de stress scolaire. Elle comporte 28 items
(voir AnnexeI) qui traduisent donc les difficultés scolaires
vécues par les élèves ainsi que les tensions ou les
gênes qu'elles produisent en eux.Pour chaque item, les
élèves doivent cocher selon leur degré d'accord avec les
affirmations inscrites. La rubrique des items a été
précédéed'une rubrique d'identification pour renseigner le
sexe, l'âge, la classe et le redoublement de l'enquêté (voir
Annexe I).
Le choix de cette échelle se fonde sur la nature de la
population sur laquelleelle a été utilisée
(élèves de fin de cycle secondaire d'Abidjan). Étant
donné que notre étude se rapporte à des
élèves abidjanais en classe de troisième et terminale, il
nous a paru pertinent d'utiliser cette échelle.
1.4 Cotation de l'échelle de stress scolaire
L'échelle de stress scolaire est un questionnaire de
type Likertà 5 points, allant de « pas du tout
d'accord » à « tout à fait
d'accord » auquel les élèves sont invités
à répondre.La cotation est effectuée en attribuant des
notes allant de 1 à 5 selon les réponses cochées pour les
différents items.
Le score global est de 140 (5x28), avec un score médian
de 84 (3x28). Lorsque le score est inférieur à 84,
l'élève est considéré comme ayant un stress
scolaire faible ; lorsque le score est supérieur ou égal
à 84, l'élève est considéré comme ayant un
stress scolaire élevé.Dans le cadre de notre étude, nous
ne tiendrons pas compte du score médian, mais de la moyenne globale de
stress obtenue dans notre échantillon, pour définir au-dessus de
ce seuil, le stress élevé.
2- Procédure decollecte des
données
La collecte des données s'est déroulée en
plusieurs étapes. Pour s'entrainer à la passation des instruments
de la recherche, et cerner les difficultés susceptibles d'être
rencontrées lors du recueil des données, il était
nécessaire de réaliser des pré-tests au cours d'une
pré-enquête.
Lapré-enquête s'est effectuée avec 40
élèves (10 filles et 10 garçons de troisième ;
10 filles et 10 garçonsde terminale) issus d'établissements
publics ; cela a permis de recueillirquelques avis des
élèves sur les instruments de mesure. Ils ont ainsi relevé
le fait que parmi les items de l'échelle scolaire certaines
réalités stressantes de leur vécu scolaire
n'étaient pas mentionnées. À cet effet, nous avons
rajouté une question ouverte à la version originale de
l'échelle, libellée comme suit : « s'il existe
d'autres situations que tu vis à l'école et qui te stressent,
cite-les ici. ».La formulation de certains items de l'échelle
de stress scolaire a également été modifiée, en
raison des nombreuses incompréhensions signalées. Il s'agit des
items n° 4, 6, 8, 10, 19 et 24.
L'item 4 « certaines matières me
tourmentent à cause de l'humeur de l'enseignant » a
été remplacé par « certaines matières
m'embêtent à cause de l'humeur de l'enseignant ».
L'item 6 « à chaque fin de trimestre, je
suis anxieux(se) suite aux notes et aux moyennes »a
été remplacé par « à chaque fin de
trimestre, je suis soucieux(se) suite aux notes et aux
moyennes ».
L'item 8 « Je suis tourmenté(e) lors d'un
examen lorsque le surveillant est trop sérieux dans ces
tâches » a été remplacé par
« je suis dérangé(e) lors d'un examen lorsque le
surveillant est trop sérieux dans ces tâches ».
L'item 10 « Je manque d'énergie lorsque
la leçon est difficile » a été
remplacé par « Je manque de courage lorsque la
leçon est difficile ».
L'item 19 « l'accumulation des cours me
surcharge » a été remplacé par
« le rythme des cours qui s'ajoutent les uns aux autres, me
surcharge ».
L'item 24 « Je suis anxieux(se) à cause
de l'examen à venir » a été remplacé
par « Je suis beaucoup inquiet(e) à cause de l'examen
à venir ».
Concernant l'instrument de mesure du coping, les
élèves l'ont trouvé très long. En plus, sur le
format original de l'échelle de coping pour adolescents, les
significations des différentes modalités de réponse (1=
"jamais utilisé" ou "ne s'applique pas" ; 2 = "utilisé
rarement" ; 3 = "utilisé quelquefois" ; 4 = "utilisé
souvent" ; 5 = "utilisé très souvent") n'apparaissent que
sur la première page (voir AnnexeII). Sur les deux autres pages, seules
les numéros des modalités de réponse figurent ; il
est donc difficile pour l'enquêté de se souvenir du contenu de
chaque numéro de réponse. Il leur fallait chaque fois se
référer à la première page pour s'y retrouver.
Toutes ces entraves ont eu une forte incidence sur le temps de passation de
cette échelle qui est normalement d'environ 15 mn. Malgré toutes
les consignes et les explications, le temps de passationdurant le
pré-test a avoisinéen moyenne 45mn pour les élèves
de terminale et 60 mn pour les élèves de troisième.Par
conséquent pour l'enquête proprement dite, nous avons reproduit
l'échelle de coping en mettant sur chaque page la signification de
chaque modalité de réponses.Cela a permis au final d'obtenir une
durée de passation d'environ 30mn pour les élèves de
troisième et de terminale.
Ensuite,la deuxième étapede la procédure
de collecte des données a consisté à faire des
séances d'information au Lycée Municipal de Williamsville,
quelques jours avant la passation des questionnaires. Le but était
d'expliquer le contexte, le thème et les objectifs de la recherche.Avec
le concours des éducateurs des classes de troisième et Terminale,
des appels à participation ontétélancés aux
élèves, à la suite desquels des volontaires se sont
désignés pour participer à l'étude.La participation
était entièrement volontaire et il était
précisé aux élèves qu'aucune sanctionne serait
prise en cas de refus decoopérer.Après cela, quatre condisciples
de notre promotion ont été contactés et
familiarisés aux instruments, afin de nous aider à bien mener les
passations.
Enfin, pendant la dernière étape de
l'enquête, les questionnaires ont été administrés de
façon collective aux volontaires qui se sont effectivement
présentés le jour de la passation. Les élèves de
3èmetout comme ceux de terminale ont respectivement
été rassemblés pendant la pause de midi, en quatre groupes
d'environ 50 personnes, dans quatre classes du Lycée Municipal de
Williamsville mises à notre disposition à cet effet par le
proviseur.
Les questionnaires de stress scolaire ont d'abord
été distribués. Les consignes ont été lues
avec un exemple du fonctionnement de l'échelle et des explications sur
les termes qui semblaient difficiles à comprendre. Des directives quant
à la possibilité de poser desquestions en levant la main tout au
long de la passation du questionnaire, l'interdiction et l'inutilité de
recopier les mêmes réponses que son voisin ont été
données. Le même procédé était reproduit pour
l'échelle de coping. Après chaque passation, les
élèves ont eu la possibilité de réagir et
d'échanger avec les enquêteurs.
2.1 Difficultés rencontrées
Il faut noter que la période de l'enquête
(février - mars 2017) coïncidait avec différentes grognes
sociales (grève des fonctionnaires, climat socio-politique assez
troublé...). Cette atmosphère socialetendue n'a pas
facilité les déplacements ainsi que le déroulement des
activités.Le lycée Municipal de Williamsville a été
à plusieurs reprises la cible de manifestants désireux
d'empêcher la tenue des cours, et les responsables de l'école
étaient continuellement sur le qui-vive, prêts à
déguerpir les élèves à la moindre alerte.
Par ailleurs, en raison de la longueur des questionnaires et
de l'emploi du temps chargé des élèves, il nous a fallu
opter pour une passation collective, par groupes de 50
élèves.Cette formule de passation s'est avérée
difficile à gérer en raison de l'agitation et des bavardages des
élèves. Il y avait un enquêteur pour canaliser 50
élèves dans chaque salle. Tous ces éléments ont pu
influencer les réponses recueillies et modifier la qualité des
informations recueillies.
2.2 Techniques statistiques
Notre étude vise à mettre en évidence une
corrélation entre les styles de coping des élèves de
troisième et terminale, et leur niveau de stress scolaire. Nous avons
une variable indépendante qualitative à trois modalités et
une variable dépendante quantitative à deux modalités.
Les données recueillies ont été
traitées à partir du logiciel SPSS 16.0, et Excel 2007.L'analyse
de variance et le t de Student ont aidé à la comparaison
des groupes. Au terme de ces différents traitements, l'on a obtenu des
résultats exposés dans la partieci-après.
TROISIÈME PARTIE :
RÉSULTATS
CHAPITRE VII - PRÉSENTATION ET ANALYSES DES
RÉSULTATS
La présentation des résultats se fera suivant
deux axes.Dans le premier, l'on exposera la répartition des
élèves selon les styles de coping et le niveau de stress
scolaire. Dans le second, l'on mettra en évidence la relation entre ces
2 variables à partir de la mise à l'épreuve des
hypothèses de recherche.
1- Répartitiondes élèves selon
les styles de copinget selon le niveau de stress scolaire
1.1 Répartition des élèves selon les
styles de coping
Comme l'indique le tableau ci-après, les effectifs
dénombrés indiquent une prédominance du style de coping
productif dans notre population d'étude. Ainsi, 162
élèves (soit 83,1% des élèves
enquêtés) marquent une préférence d'utilisation pour
le style de coping productif, contre 18 élèves (soit 9,2%) pour
le style non productif et 15 élèves (soit 7,7%) pour le style
référence aux autres. Par ailleurs, qu'ils soient en
3ème ou en terminale, ils exploitent leur registre de styles
de coping de la même façon : le style productif vient en
premier, suivi du style non productif etdu style référence aux
autres.
Tableau 1 : Statistiques
Descriptives
|
|
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Erreur standard
|
Intervalle de confiance à 95% pour la moyenne
|
Minimum
|
Maximum
|
Borne inférieure
|
Borne supérieure
|
Style productif
|
162
|
79,8210
|
16,07085
|
1,26264
|
77,3275
|
82,3145
|
35,00
|
116,00
|
Style référence
aux autres
|
15
|
80,8000
|
17,40361
|
4,49359
|
71,1622
|
90,4378
|
53,00
|
111,00
|
Style non productif
|
18
|
93,6111
|
16,34603
|
3,85280
|
85,4824
|
101,7398
|
54,00
|
115,00
|
Total
|
195
|
81,1692
|
16,59826
|
1,18863
|
78,8249
|
83,5135
|
35,00
|
116,00
|
1.2 Répartition des élèves selon
le niveau de stress scolaire
L'analyse du tableau 1 montre que le niveau moyen de stress
scolaire varie entre 93,61 pour les élèves qui
sont du style non productif, 80,80 pour ceux du style
référence aux autres et 79,82 pour ceux du style
productif. Ainsi, le niveau de stress scolaire observé dans le groupe
d'élèves qui a recours au style de coping non productif est
au-dessus de la moyenne, tandis que le niveau de stress scolaire des
élèves qui adoptent les styles de coping productif et
référence aux autres présentent un niveau de stress
scolaire en dessous de la moyenne.
Il faut également souligner comme le montre le tableau
2, que plus de la moitié des élèves en classe d'examen
enquêtés (106 élèves, soit 54,4% de l'effectif
total) ont un niveau de stress au-dessus de la moyenne ; cela signifie
qu'un élève sur deux se sent stressé. Les
élèves de 3ème ont un niveau de stress plus
élevé que ceux de la terminale, mais cette différence
n'est pas statistiquement significative (voir tableau 2).
Tableau 2 : Niveau moyen de stress selon le
niveau d'études.
|
|
Niveau moyen de stress
|
Total
|
Stress faible
|
Stress élevé
|
Classe
|
3ème
|
Effectif
|
39a
|
58a
|
97
|
% du total
|
20,0%
|
29,7%
|
49,7%
|
Terminale
|
Effectif
|
50a
|
48a
|
98
|
% du total
|
25,6%
|
24,6%
|
50,3%
|
Total
|
Effectif
|
89
|
106
|
195
|
% du total
|
45,6%
|
54,4%
|
100,0%
|
Chaque lettre en indice indique un sous-ensemble de Niveau
moyen de stress catégories dont les proportions de colonne ne
diffèrent pas de manière significative les unes des autres au
niveau ,05.
|
2- Vérification des hypothèses
opérationnelles
2.1 Analyse de variance
La vérification des hypothèses de recherche
consiste à tester si les différences de variation du niveau moyen
de stress scolaire, définies par les trois modalités de la
variable style de coping, sont statistiquement significatives. Pour y arriver,
nous devons auparavant vérifier que la dispersion des moyennes des trois
groupes n'est pas un effet du hasard ; nous utilisons donc l'analyse de
variance pour échantillons indépendants (voir Annexe V pour les
détails de calcul de l'analyse de variance).
Tableau 3 : comparaison des
échantillons à l'aide de l'analyse des
variances
|
N
|
Moyenne
|
Écart-type
|
Erreur standard
|
Limite inférieure
|
Limite supérieure
|
Min.
|
Max.
|
F
|
Sig.
|
Style productif
|
162
|
79,82
|
16,07
|
1,26
|
77,33
|
82,31
|
35,00
|
116,00
|
5,88
|
,00
|
Style non productif
|
18
|
93,61
|
16,35
|
3,85
|
85,48
|
101,74
|
54,00
|
115,00
|
|
|
Style référence aux autres
|
15
|
80,80
|
17,40
|
4,49
|
71,16
|
90,44
|
53,00
|
111,00
|
|
|
Total
|
195
|
81,17
|
16,60
|
1,19
|
78,82
|
83,51
|
35,00
|
116,00
|
|
|
Fc= 5,88, significatifà P < .05.Ces
résultats indiquent qu'il y a une différence significative entre
les trois groupes d'élèves. Aussi, la relation postulée
entre les styles de coping et le niveau de stress scolaire mérite
d'être prise compte. Il faut approfondir cette relation
générale en effectuant des comparaisons deux à
deux. Le t de Student nous y aidera.
2.2 Tests de Student
Il faut souligner que les effectifs présentés
dans le précédent tableau, montrent un écart
considérable d'effectifs entre les élèves au style de
coping productif et ceux des deux autres styles. Pour éviter que cette
dissymétrie des effectifs ne se répercute sur les comparaisons
à mener, il nous aparu nécessaire de réduire
l'échantillon des élèves au style productifà un
effectif proche de celui des groupes d'élèves au style non
productif et référence aux autres. Pour cela, nous avons
procédé à un tirage aléatoire de 18
élèves dans la catégorie de style productif, grâce
à la fonction nombre aléatoire dans le logiciel Excel 2007 :
ALEA.ENTREBORNES(minimum;maximum). Après le tirage au sort, les scores
des 18 élèvesau coping productif ont été
relevés pour le calcul de la moyenne (Voir Annexe VI).Ce sont ces scores
qui ont servi à effectuer les vérifications des hypothèses
opérationnelles.
Hypothèse opérationnelle
H.1 : Les élèves de3ème et
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celuide leurs pairs au style de coping
productif.
Tableau 4 : Test d'échantillons
indépendants pour vérifier l'hypothèse
H1.
|
|
Style de coping
|
N
|
Moyenne
|
Écart-type
|
Erreur standard moyenne
|
Niveau de stress scolaire
|
Style Productif
|
18
|
93,6111
|
16,34603
|
3,85280
|
Style non productif
|
18
|
79,3333
|
16,16459
|
3,81003
|
Test-t pour égalité des moyennes
|
t
|
ddl
|
Sig. (bilatérale)
|
Différence moyenne
|
Différence écart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
2,635
|
34
|
,013
|
14,27778
|
5,41852
|
3,26602
|
25,28954
|
t = 2,635 (tcalculé= 2,64) ; significatif à
P <.05 . L'hypothèse H1 est confirmée :le niveau de
stress scolaire des élèves au style non productif est
supérieur à celui des élèves au style productif.
Hypothèse opérationnelle
H.2 : Les élèves de3ème et
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celuide leurs pairs au style
référence aux autres.
Tableau 5 : Test d'échantillons
indépendants pour vérifier l'hypothèse H2.
|
|
Style de coping
|
N
|
Moyenne
|
Écart-type
|
Erreur standard moyenne
|
Niveau de stress scolaire
|
Style non productif
|
18
|
93,6111
|
16,34603
|
3,85280
|
Style référence aux autres
|
15
|
80,8000
|
17,40361
|
4,49359
|
Test-t pour égalité des moyennes
|
t
|
ddl
|
Sig. (bilatérale)
|
Différence moyenne
|
Différence écart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
2,177
|
31
|
,037
|
12,81111
|
5,88447
|
,80965
|
24,81258
|
t = 2,177 (tcalculé= 2,17) ;significatif à P
<.05.L'hypothèse H2 est confirmée. Les élèves au
style non productif ont un niveau de stress supérieur à celui de
leurs pairs au style référence aux autres.
Hypothèse
opérationnelle H.3 : Les élèves
de3ème et terminale au style de coping
référence aux autresexpriment un niveau de stress scolaire
supérieur à celuide leurs pairs au style de coping
productif.
Tableau 6 : Test d'échantillons
indépendants pour vérifier l'hypothèse
H3.
|
|
Style de coping
|
N
|
Moyenne
|
Écart-type
|
Erreur standard moyenne
|
Niveau de stress scolaire
|
Style référence aux autres
|
15
|
80,8000
|
17,40361
|
4,49359
|
Style Productif
|
18
|
79,3333
|
16,16459
|
3,81003
|
Test-t pour égalité des moyennes
|
t
|
ddl
|
Sig. (bilatérale)
|
Différence moyenne
|
Différence écart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
,251
|
31
|
,804
|
1,46667
|
5,85078
|
-10,46609
|
13,39942
|
t = ,251 (tcalculé= 0,25) ; non significatif
à P > .05. L'hypothèse H3 est infirmée.Le niveau de
stress des élèves au style référence aux autres
n'est pas supérieur à celui de leurs pairs au style productif.
En définitive, les résultats de nos
investigations démontrent que les styles de coping que
l'élève a tendance à utiliser, ont une influence sur son
niveau de stress scolaire. Ainsi d'après la hiérarchie des
niveaux moyens de stress scolaire mesurés dans la population globale, le
style productif(stress faibleavec une moyenne de 79,82) est
suivi du style référence aux autres (stress faibleavec une
moyenne de 80,80) et du style non productif (stress
élevéavec une moyenne de 93,61).
L'interprétation de ces résultats constitue
l'objet du prochain chapitre ; elle servira à donner une
signification au phénomène observéafin d'en
éclairer la compréhension.
CHAPITRE VIII - INTERPRÉTATION DES
RÉSULTATS
En vued'établir une relation entre le style de coping
et le niveau de stress scolaire chez des élèves de
troisième et terminale d'Abidjan, trois hypothèses de recherche
ont été formulées.
Selon la première hypothèse, les
élèves de 3èmeet terminale au style de coping
non productif, expriment un niveau de stress scolaire supérieur à
celui de leurs pairs au style de coping productif.La seconde hypothèse
présume que les élèves de 3èmeet
terminale au style de coping non productif expriment un niveau de stress
scolaire supérieur à celui de leurs pairs au style
référence aux autres. Quant à la troisième
hypothèse, elle prétend que les élèves de
3èmeet terminale au style de coping référence
aux autres expriment un niveau de stress scolaire supérieur à
celui de leurs pairs au style de coping productif.Ces pronostics ont
été soumis à l'épreuve des statistiques ; le
test du t de Studenta confirméles deux premières
hypothèseset contredit la dernièreprédiction.
De façon globale, les résultats montrent que le
style de coping productif est le plus exploité par les
élèves,suivi du style non productif et du style
référence aux autres. En outre, lesniveaux moyensde stress
scolaire prouvent que le style non productif est associé à un
stress plus élevé que le style productif et le style
référence aux autres, qui génèrent (tous les deux)
un stress faible. Ces résultats corroborent la thèse de
Frydenberg et Lewis (1993) selon laquelle la capacité des adolescents
à s'adapter aux différentes exigences de leur environnement
dépendde leur répertoire de stratégies d'ajustement. Il
est reconnu que certaines stratégies favorisent l'adaptation, alors que
d'autres la rendent plus difficile.
Nos résultats indiquent une similarité entre le
style productif et le style référence aux autres dans le sens
d'une réduction du niveau de stress, à l'opposé du style
non productif qui agit différemment des deux autres. Si l'on se
réfère à l'approche théoriquede Lazarus et Folkman
(1984),les résultats obtenus s'expliquent par leprocessus psychologique
mis en place par les utilisateurs de ces styles de coping pour surmonter leurs
difficultés.
Dès lors qu'un individu juge une situation
menaçante,les processus d'évaluation cognitive et de coping
entrent en interaction. Quelques soient les différentes sortes de
craintes éprouvées par les élèves vis-à-vis
de l'école, les stratégies qu'ils mettent en place sont
essentiellement en rapport avec la façon dont ils jugent leur
environnementetleurs compétences. Face à une situation
stressante, l'individu traite l'information et évalue
l'événement auquel il est confronté, ainsi que ses
compétences ou ses ressources pour l'affronter (traitement cognitif). Il
procède à une analyse du contexte dans lequel il va pouvoir
mettre en oeuvre telle ou telle stratégie. Le contexte correspond
à la fois à l'environnement externe et à l'état
interne provoqué par la perception qu'a le sujet de cet environnement.
Il faut souligner que la situation scolaire est une situation où
l'élève doit produire publiquement une performance, et il existe
une incertitude quant au résultat qu'il peut obtenir ; son estime
de soi est donc menacée en cas d'échec. Devant lui se profile
l'inconnu, l'imprévisible : « Puis-je m'en sortir ?
Que va-t-il arriver ? »
Une fois cette analyse réalisée,
l'élève s'organise pour chercher à diminuer ou à
faire disparaître le stress en déployant un certain nombre de
stratégies, en tenant compte de ses buts d'accomplissement. Elliot et
Dweck (1988) expliquent à ce sujet que chaque butd'accomplissement
évoque des pensées, des émotions et des comportements
spécifiques, déclenche un programme avec des règlesde
décision, et des modes de raisonnement distincts. En d'autres termes,
chaque butprovoque des conséquences cognitives, affectives et
comportementales qui lui sont propres.
Avec le style de coping non productif,il y a une focalisation
sur les émotions et ce qui compte pour les élèves, c'est
de réduire à court ou à moyen terme les effets
négatifs du stress au niveau de leur ressenti et de leurs
pensées.Leur but, c'est juste d'éviter la situation qu'ils jugent
menaçante etl'inconfort qu'elle leur occasionne. Ces
élèves évaluent négativement leurs
compétences :ils s'auto-dévalorisent, pensent que le
contexte leur est défavorable et n'escomptent donc pas la
réussite. Ils ont une vision pessimiste, aussi ils
préfèrent fuir toute réalité qui leur est
désagréable, et ne se donnent pas de chance de vaincre leurs
faiblesses. Ils choisissent des stratégies d'évitement des
difficultés. Ils espèrent échapper à la
réalité en ignorant lestâches scolaires et en laissant le
travail s'accumuler. Des stratégies comme « adopter une
pensée magique » « s'inquiéter » ou
« ne rien faire » révèlent une posture
passive et de non contrôle. À force de subir les
évènements sans chercher à résoudre les
problèmes, les élèves de ce groupe de coping se laissent
envahir par la situation et par les émotions
négatives.L'inquiétude s'amplifie, et ils ont de plus en plus de
mal à résister psychologiquement. Dans ces conditions, le niveau
de stress augmente. C'est pourquoiles résultats obtenusattestent que les
élèves au style de coping non productif expriment plus que leurs
pairs de styleréférence aux autres, et productif, un niveau de
stress scolaire élevé.
Par ailleurs,les tests statistiques établissent un
niveau de stress faible pour le style de coping productif et le style
référence aux autres ; ces résultats suggèrent
une similarité entreces deux catégories de coping. Cela
s'explique vraisemblablement par la caractéristique communeque partagent
les élèves de ces deux groupes : l'optimisme. En raison de
la vision positivequ'ils se font de leur situation, ces élèves
visent le même objectif de réduire ou d'éliminer les
demandes du stresseur. Cependant, les stratégies qu'ils élaborent
devant les problèmes sont différentes.
Dans le style productif,les élèves
évaluent positivement leurs compétences, et ont confiance en
eux-mêmes. Ilsorientent donc leurs stratégies dans le sens de
contrôler l'impact des difficultés et desurmonter les obstacles
par leurs propres moyens. Les actions qu'ils déploient démontrent
une volonté de travailler de façon autonome, de maitriser leur
potentiel et d'accroitre leurs performances. Les habitudes cognitives et
comportementales développées, impliquent des efforts
intellectuels soutenus,une attention focalisée sur la réflexion
et le travail. Les stratégies telles que « travailler à
résoudre le problème », « se centrer sur le
positif »,« travailler fort pour
réussir », montrent que ces élèves s'engagent
dans les activités scolaires parce qu'ils les considèrent comme
quelque chose de cohérent avec leurs valeurs et leurs buts. Ils ne
réalisent pas les tâches scolaires pour répondre à
une pression externe, mais parce qu'ils jugent cela important pour atteindre
leurs buts de réussite.Qu'il s'agisse par exemple d'acquérir de
nouvelles connaissances, de rédiger des travaux ou de présenter
un exposé, les élèves au style productif ont plus de
chancede d'obtenir un bon rendement. La stratégie « se
détendre, se divertir » renforce leur état
affectifpositifet a pour effet la baisse des tensions ou du stress.
À côté de cette catégorie, les
comportements affichés dans le coping référence aux
autres, expriment plutôt l'intention de profiter de l'aide des autres
pour atteindre leurs objectifs. Par contraste avec le coping productif, dans le
style référence aux autres les élèves ont plus
tendance à faire confiance aux autres qu'à leurs propres
aptitudes. Ils comptent sur leur entourage et pour répondre aux
exigences de leur environnement. Ainsi, pour surmonter les craintes
liées à la situation menaçante, l'élève
s'engage dans des stratégies telles que « investir dans ses
amis », « entreprendre des actions sociales » ou
« rechercher de l'aide professionnelle ». Il profite de
l'opportunité que lui offre son réseau relationnel et
s'évertue à obtenir le concours et les ressources des autres,
afin de réaliser ses tâches. S'il reçoit le soutien
recherché la pression éprouvée sera réduite ;
dans le cas contraire, il risque d'être perturbé. Cela peut
expliquer le fait que les élèves du groupe
référence aux autres, ont obtenu une moyenne plus
élevée que les élèves du groupe productif.
En définitive, les résultats de nos
investigations permettent de se rendre compte que le stress scolaire est un
défaut d'adaptation à l'environnement scolaire ; il est
rattaché selon divers degrés, à des réponses
psychologiques de type "non productif", "référence aux autres" et
"productif".L'élève confronté à un décalage
entre les exigences de son environnement scolaire et ses propres
capacités, puise dans ses tendances habituelles pour produire ses
réponses de coping. Ces styles d'ajustement traduisent le processus qui
débouche sur le choix d'éviter de faire face à la
situation stressante,de l'affronter en la résolvant, ou de chercher de
l'aide auprès d'autrui.
Nos résultats ainsi interprétés feront
l'objet d'une confrontation avec ceux des travaux antérieurs et le
prochain chapitre de notre étudeest consacré à cette
discussion.
CHAPITRE IX - DISCUSSION DES RÉSULTATS
Dans l'ensemble, les résultats de nos investigations
démontrent chez les élèves interrogés, une bonne
capacitéd'adaptation à leurs difficultés scolairesqui
s'exprime dans l'ensemble par des niveaux de stress scolaire relativement
modérés.De façon plus concrète, les
élèves mettent majoritairement à contribution le style
productif, suivi par le style non productif et le style référence
aux autres. Par ailleurs, le style productif et le style
référenceauxautres se rapportent à un niveau de stress
scolaire faible,contrairement au style non productif qui est associé
à un niveau élevé de stress.
Cesconstats rejoignent les conclusions de recherches
antérieuresréalisées auprès de groupesculturels
variés, notammentsur le copingdesadolescents Australiens,
Québécois, Suisses, Américains (Frydenberg & Lewis,
1994; Seiffge-Krenke & Shulman, 1990; Stark & al., 1989)qui utilisent
un large répertoire de stratégies associées au style«
productif ».Les recherches de Seiffge-Krenke (1993) portant sur le coping
ont conclu que l'utilisation de stratégies « fonctionnelles»
caractérise les groupes d'adolescents normaux, alors que l'utilisation
des stratégies « dysfonctionnelles » prédomine dans les
groupes d'adolescents cliniques.
En accord avec les résultats de notre première
hypothèse, plusieurs études confirment que les stratégies
productives sont associées au bien-être psychologique
(Frydenberg& Lewis, 2004; Pronovost & al., 2003; Compas, 1987)tandis
que les stratégies non productives sont liées à une
mauvaise adaptation psychosociale.Ebata et Moos (1991, 1994) ont montré
que l'utilisation de stratégies comme l'évitement (coping non
productif), place l'adolescent dans une situation où il risque de faire
preuve d'une faible adaptation aux stress et aux crises qui surviennent au
cours sa vie. Par ailleurs, les jeunes qui emploient l'évitement comme
stratégie de coping semblent présenter plus de détresse
psychologique, et vivre des stress chroniques.
Dans une étude longitudinale sur les styles de coping
approche (style productif) et évitement (style non productif), en
relation avec la santé mentale des adolescents,Herman-Stahl, Stemmler,
et Petersen(1995) relèvent que ce n'est pas seulement la faible
fréquence d'utilisation du coping évitementqui est
bénéfique à une adaptation optimale, mais c'est aussi et
surtout la présence du coping approche. Ainsi, les adolescents qui
utilisent un coping approche (qu'ils privilégient ce style ou qu'ilsen
usent avec un emploi réduit du style évitement) ont moins de
symptômes dépressifs. En revanche, ceux qui utilisent uniquement
un style évitement présentent plus de ces symptômes. En
outre, les sujets qui après une année sont passés d'un
style de coping évitement à un style approche ont vu leurs
symptômes dépressifs diminuer significativement, alors que
l'inverse s'est produit chez ceux qui sont passés d'un style approche
à un style évitement.
En ce qui concerne la seconde hypothèse, les
résultats sont comparables à ceux d'une étude
longitudinale effectuée par Jonhson et Pandina (1993), où le
coping utilisé par 1270 adolescents vivant différents niveaux de
stressa été examiné, mais cette fois en association avec
des problèmes de consommation d'alcool. Leurs résultats indiquent
que les adolescents très stressés qui utilisent souvent la
recherche de soutienaffectif (coping référence aux autres)disent
vivre moins de problèmes reliés à la consommation
d'alcool. Par contre, les adolescents qui vivent un niveau de stress
élevé et qui utilisent des stratégies de coping
dysfonctionnelles dans le but de faire baisser la tension ou de la
réprimer connaissent le plus grand nombre de problèmes
reliés à la consommation d'alcool. Jorgensen et Dusek (1990) ont
aussi mesuré le coping et l'adaptation psychosociale de 139 adolescentes
et 192 adolescents. Les adolescents qui ont des problèmes au niveau
psychosocial, en comparaison avec ceux qui sont mieux adaptés, utilisent
davantage un style de coping non productif; comme la
rêverie, blâmer les autres pour leurs problèmes,
écouter de la musique, dormir, crier... pour réduire la tension.
Ils utilisent aussi des stratégies d'évitement comme consommer
des substances, rester loin de la maison aussilongtemps que possible et/ou
essayer de minimiser leurs problèmes. Toutes ces stratégies sont
non productives puisqu'elles tentent uniquement de réduire la tension
plutôt que de produire des comportements qui pourraient vaincre la
difficulté.
Les résultats portant sur la troisième
hypothèse n'ont pas permis d'établir de différence
significative entre le coping productif et le coping référence
aux autres, même si les moyennes obtenues vont dans le sens de
l'hypothèse formulée.La moyenne du stress scolaire obtenue pour
le coping référence aux autres est plus élevée que
pour celle du coping productif.Il est intéressant de noter à ce
sujet les études qui témoignent que le fait de recevoir du
soutien est une bonne gestion de stress et favorise une adaptationplus
adéquate. En effet, desrecherches ontdémontré que le
soutien social notamment familial (assimilable au coping
référence aux autres),favorise le bien-être psychologique
des personnes qui le reçoivent (Pronovost & al., 2003).Hess et
Copeland (2001)expliquent aussi que les élèves ayant des
activités sociales limitées et recourant rarement à des
stratégies de recherche de soutien social sont plus à risque
d'abandon scolaire.Ces chercheurs, à partir d'une étude
effectuée auprès de 92 adolescents américainsont
confirmé l'hypothèse selon laquelle l'utilisation du support
familial comme stratégie d'adaptation prédit la réussite
scolaire et l'apprentissage de stratégies d'adaptation telles que la
résolution de problèmes aide les adolescents à diminuer
leur stress.Menna et Ruck (2004) renchérissent que s'adapter
efficacement est important dans l'apprentissage des mathématiques, de la
lecture et des sciences. Il s'agit de conclusions remarquables qui soulignent
l'intérêt et l'importance de fournir un appui aux
élèves pour les aider à améliorer leurs
performances. Toutefois, ces recherches mesurent le coping de type social
à partir d'échelles non comparables aux trois styles
répertoriées par Frydenberg et Lewis.
En résumé de ce qui précède, nous
pouvons retenir que les adolescents qui ne savent pas comment résoudre
leurs difficultés et qui se montrent plus vulnérables au stress,
peuvent voir leur adaptation et leur réussite scolaires compromises.
L'état de stress correspond à une expérience subjective
qui est susceptible d'amoindrir les facultés intellectuelles, les
émotions, les comportements et l'organisme d'une personne. Le coping
peut être considéré comme une forme de résolution de
problèmes qui se rapporte spécifiquement aux contraintes ou
demandes de l'environnement, vécues par l'individu comme productrices de
stress.Il faut donc nécessairement prendre conscience de ces modes
habituels de réactions et d'ajustement au stress, pour parvenir à
opérer les changements nécessaires à une
amélioration des performances chez les élèves. C'est ce
qui justifie les recommandations ci-après.
CHAPITRE X - RECOMMANDATIONS
Les recommandations qui découlent de notre
étude, concernent un ensemble de bonnes pratiques proposées aux
acteurs du système éducatif, afin d'aider les
élèves à gérer leur stress. Ces suggestions
s'adressent aux élèveseux-mêmes, aux enseignants, aux
parents d'élèves et auxdécideurs.
1- Aux élèves
Il est utile de rappeler que le stress n'est pas une
fatalité. Une certaine dose de stress est utile pour l'apprentissage. Il
peut être considéré comme une occasion de tester ses
capacités, d'apprendreet de parvenir à une plus grande
performance. Le stress ne devient pathologique que lorsqu'il dépasse un
certain seuil, ou qu'on n'arrive pas à le gérer. Dans ce casil ne
faut pas hésiter à recourir à un conseiller psychologue
dont la mission principale est d'offrir des accompagnements
personnalisés à ceux qui le sollicitent. À travers des
séances de dépistage du stress, de coaching et d'accompagnement
psychologique, il est possible de prendre conscience de ses propres
défaillances psychologiques et d'y remédier.Cela pourrait avoir
des répercussions positives sur les résultats scolaires et
augmenter le taux de réussite aux examens.
2- Aux enseignants
La présente étude a permis de mettre en
lumière des pratiques des enseignants,perçues par les
élèves comme des sources de stress (voir Annexe VIII). Il s'agit
entre autres, dunon-respect du programme académique, de la
dévalorisation et l'humiliation des élèves par certains
professeurs et éducateurs, de l'impatience des enseignants face aux
questions ou aux incompréhensions des élèves, durappel
insistant du reste du temps par l'enseignant pendant les devoirs et
interrogations.Ces observations doivent attirer l'attention des enseignants et
les interpeller à une prise de conscience suivie d'actions correctives
idoines, afin de ne pas stresser davantage les élèves. Il
faudrait donc organiser des formations continues sur ces pratiques
dénoncées, afin de rendre l'environnement scolaire plus
agréable à l'apprentissage.
3- Aux parents d'élèves
L'école est manifestement une source de stress pour les
enfants. Il faut que les parents comprennent la réalité scolaire
que vivent leurs enfants. Il est nécessaire qu'ils soient
sensibilisés sur ces réalités, afin d'être des
accompagnateurs plutôt que des sources supplémentaires de stress
pour leurs enfants. C'est pourquoi il faut entreprendre la démarche de
s'adresser à des professionnels du domaine tels que les conseillers
psychologues, pour les aider dans ce sens.
4- Auxdécideurs du système
éducatif
Notre étude peut être exploitée comme
outil de promotion et d'élaboration d'un programme de dépistage
et d'accompagnement psychologique auprès des élèves,
particulièrement ceux de l'enseignement secondaire.
En effet, d'après les statistiques du Ministère
de l'Éducation Nationale et de l'Enseignement Technique (2014), les
redoublants sont plus nombreux en troisième et en terminale que dans les
autres classes, avec des taux d'achèvement du secondaire relativement
bas.Or, les données du Rapport d'État du Système
Éducatif National pour la Côte d'Ivoire (2016),indiquent que le
taux des dépenses familiales est plus élevédans les deux
cycles de l'enseignement secondaire. Face à ces enjeux, il urge d'agir
en faveur de ces élèves. Les décideurs doivent donc
recruter des psychologues scolaires pour le suivi personnalisé des
élèves stressés, afin de les accompagner vers
l'utilisation du style de coping productif.
CONCLUSION
Au terme de l'étude, il ressort que le stress scolaire
est une réalité chez les élèves de troisième
et terminale à Abidjan. Toutefois, ils disposent de stratégies de
coping plus ou moins adaptées pour le réguler. Ainsi, les styles
productif et référence aux autres se présentent comme
étant les plus appropriés pour juguler ce stress. Le style non
productif est le moins adapté. Cela dit, des difficultés
rencontrées au cours de cette recherche, nous invite à être
prudents dans la généralisation de ces résultats. Il
s'agit de l'effectif et des conditions de passation.
En ce qui concerne l'effectif, il se présente faible
par rapport à l'effectif des élèves de troisième et
terminale vivant à Abidjan. Les études ultérieures
devraient donc prendre en compte cet aspect des choses. Les conditions de
passation ont pu influencer le stress scolaire, car comme mentionné dans
les difficultés, l'environnement socio-politique était
perturbé. Les futures recherches devront veiller à maitriser les
autres sources de stress sur les élèves. Il faut également
souligner que les mesures du stress scolaire ont été
réalisées près de 5 mois avant les examens à grands
tirages. Nous n'avons pas pu évaluer la constance des résultats
dans le temps (à des intervalles plus rapprochés de la
période d'examen). Cela aurait permis de voir l'évolution du
stress, de consolider les résultats et de tester la
fidélité de l'échelle de stress scolaire utilisée
(Ehoussou, 2015).
Hormis ces écueils, des précautions ont tout de
même entourées la réalisation de cette étude, de
sorte que les résultats obtenus sont de nature à aider les
élèves en classe d'examen.
PERSPECTIVES
Les perspectives dégagées par cette étude
concernent les points à prendre en compte lors de futurs travaux. Il
s'agit entre autres de prendre en compte un effectif plus élevé
d'élèves, de prendre des dispositions pour contrôler toutes
les autres sources de stress susceptibles d'agir sur les élèves.
Par ailleurs, étant donné que le style non
productif est le plus utilisé après le style productif, des
travaux ultérieurs devraient s'y intéresser afin de nous aider
à comprendre la propension des élèves à utiliser ce
type de coping. En effet, il faudrait que cette clientèle sache
l'identifier et reconnaitre le caractère non adaptatifde ce style de
coping, au regard du niveau élevé de stress qu'il produit.
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