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Impact socio-economique de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame: cas de la commune de Ayorou


par Maman Bassirou Yaou Abdou
Université de Tillaberi  - Licence 2019
  

Disponible en mode multipage

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Année académique 2018-2019

 

REPUBLIQUE DU NIGER
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEURE
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
UNIVERSITE BOUBAKAR BA DE TILLABERI(UBBT)
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES(FSA)
Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention de
LICENCE EN ETUDE D'IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET

SOCIAL (EIES)

Impact socio-économique de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame : cas de la commune d'Ayorou

Présenté par Yaou Abdou Maman Bassirou Soutenu devant le jury composé de :

Président : Pr Alzouma Mayaki Zoubeirou

Membre : Dr Laouli Abdoul Kadri

Directeur de Mémoire : Dr Abdou Maman Manssour

Maitre de stage : Lt Col. Mahamoudine Salé

ii

Dédicace

Je dédie ce document à toute la famille YAOU, notamment :

- Mes parents : YAOU Abdou et Harira Laouali

- Mes frères et soeurs : Sadissou, Rabia, Fati, Nadia, Ismaël et Hadiza : pour leur indéfectible soutien (aussi bien moral que financier) dans ma recherche du savoir : J'ose espérer que ce travail sera à la hauteur des sacrifices consentis.

iii

Remerciements

La réalisation de ce travail de fin d'étude a été possible grâce à la contribution de nombreuses personnes. Avant de commencer l'énumération de celles-ci et peut-être l'oubli de certains, j'aimerais donc remercier toutes les personnes ayant, de près ou de loin, participées à la réalisation de ce travail de fin d'études.

Je ne peux débuter ces remerciements sans marquer ma gratitude au Dr Abdou Maman Manssour, promoteur de ce mémoire, pour ses nombreuses corrections, ainsi que ses conseils avisés.

Je tiens particulièrement à remercier la personne à l'origine de ce travail de fin d'études, le Lieutenant-colonel Mahamoudine Salé le Directeur Départemental de l'Environnement de la Salubrité urbaine et du Développement Durable (DDE/SU/DD) d'Ayorou. Celui-ci m'a permis de vivre ma première expérience sur le terrain dans un cadre unique, je l'en remercie tant sur le plan moral, financier, matériel et humain.

Je remercie également l'ensemble du personnel de la DDE/SU/DD d'Ayorou pour leur accompagnement durant tous mes parcours sur le terrain, de leur conseils et facilitation d'intégration durant le temps passé au près d'eux.

Merci également à l'ensemble de nos enseignants chercheurs de l'université Boubakar Ba de Tillaberi (UBBT) pour leur formation, leurs conseils et patiences durant ses trois ans d'études. Je ne peux terminer sans remercier mes camarades plus particulièrement ceux de la section Etude d'Impact Environnemental et social (EIES) pour le partage de connaissance pendant les temps passé ensemble ainsi que leurs soutiens (moral) les uns vers les autres.

iv

Liste des tableaux

Tableau 1: quelques mensurations de l'hippopotame (d'après Haltenorth et al. (1985) 13

Tableau 2:Genres végétaux consommés fréquemment par l'hippopotame selon les auteurs et les

pays d'étude. 15
Tableau 3 : Effectifs des populations et des groupes d'hippopotames du Niger (inspiré de

Noirard et Gigot, 2008, p. 12). 19
Tableau 4 : Effectifs de la population de cinq (05) village insulaire selon le ménage et le sexe

(source mairie de la commune rurale d'Ayorou) 25

Liste des photos

Photo 1: Groupe d'hippopotame commun (Hippopotamus amphibus Linné 1758), sur un site

de repos de période de crue dans le fleuve Niger à Ayorou Goungo. 12

Photo 2: Bourgoutière entre Ayorou Goungo et Ayorou Goungokoré (M.Bassirou) 16

Photo 3 : un crocodile dans la guelle d'un hippopotame sans doute défendant son petit. 18

Photo 4: Un champ de riz complètement dévasté par un hippopotame a firgoun (M.Bassirou)

34

Photo 5:une maison sur laquelle il est fixé un tonneau servant de répulsif sonore (firgoum) 36

v

Liste de figure

Figure 1: zonage agro écologiques de la région de Tillaberi (Hamidou, 1995) 8
Figure 2 : Répartition géographique des hippopotames d'Afrique. Source : UICN [2001] .... 17

Figure 4: Structure des différentes catégories IUCN. Source : IUCN [2001] 22

Figure 5:activité principale des populations insulaire 28

Figure 6:activité secondaire 29

Figure 7 : type de pêche pratiqué. 29

Figure 8:les types d'animaux élevés 30

Figure 9:les différentes spéculations cultivées 30

Figure 10 : subvention alimentaire de leurs activités 31

Figure 11: les moyens de pêche 31

Figure 12: les différents moyens de transport pour la pêche 32

Figure 13: les types de culture les plus ravagés par les hippopotames 33

Figure 14 : Animaux attaqués 34

Figure 15: les raison d'attaque et divagation des hippopotames 35

Figure 16 : repartions des types de moyens de protection des cultures selon les enquêtés 36

Figure 18. : Perception de la présence des hippopotames par la population d'Ayorou 37

vi

SIGLE ET ABREVIATION

ABN : Autorité du Bassin du Niger ;

APHN : Association pour la Protection des Hippopotames du Niger

AG : Assemblée Générale ;

CITES : Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages

Menacées d'extinction ;

DFPP : Direction de la Faune, de la Pêche et de la Pisciculture ;

DDA/Ti : Direction Départementale de l'Agriculture de Tillaberi ;

DDE/SU/DD : Direction Départementale de l'Environnement de la Salubrité Urbaine et du

Développement Durable ;

DRE/LCD/Ti : Direction Régionale de l'Environnement et de la Lutte Contre la

Désertification de Tillabéri ;

RGP/H : Recensement Général de la Population et de l'Habitat ;

UICN : Union Internationale pour la Conservation de la Nature

vii

Table des matières

Dédicace ii

Remerciements iii

Liste des tableaux iv

Liste des photos iv

Liste de figure v

SIGLE ET ABREVIATION vi

Résumé ix

Abstract x

INTRODUCTION 1

Chapitre I 3

1. Etat des connaissances 3

1.1 Les conflits Homme-Faune: la problématique 3

1.1.1 Les facteurs des conflits Homme - Faune 3

1.1.2 Facteurs humains 3

1.1.2 Facteurs liés à l'habitat 4

1.1.3 Caractéristiques intrinsèques de la faune 5

1.2 Les dégâts 5

1.2.1 Décès et blessures d'humains 5

1.2.2 Destruction de récoltes 6

1.2.3 Attaques d'animaux domestiques 6

1.2.4. Transmission de maladies aux animaux domestiques et/ou aux humains 6

Chapitre II 8

2.1 Présentation de la zone d'étude 8

2.1.1 Facteurs biophysique 8

2.1.1.1 Situation géographique 8

2.1.1.3 Les sols 9

2.1.1.4 Les ressource en eau 9

2.1.1.4 La végétation 9

2.1.1.5 La faune 9

2.1.1.6 La population 10

2.1.2 Les activités socio-économiques 10

2.1.3 Généralité sur les hippopotames 11

2.1.3.1 Classification et taxonomie 11

2.1.3.2 Description 12

2.1.3.3 Mensuration 13

2.1.3.4 Reproduction 13

2.1.3.5 Alimentation 14

viii

2.1.3.5 Répartition géographique 17

2.1.3.6 Habitat 17

2.1.3.7 Prédateurs 17

2.1.3.8 Comportement social 18

2.1.3.9 Distribution au Niger 19

2.1.3.10 Dentition 21

2.1.3.11 Statuts 21

2.2 MATERIEL ET METHODES 23

2.2.1 Choix du site d'étude 23

2.2.1.1 Description du milieu 23

2.2.2 Matériel biologique 24

2.2.3.1 Recherche documentaire 24

2.2.3.2 Données quantitatives 24

2.2.3.3 Elaboration de questionnaires 25

2.2.3.4 Choix de l'échantillon 25

2.2.3.5 Le déroulement des enquêtes de terrain 26

2.2.3.6 Traitement des données 26

2.2.3.7 Limites méthodologiques 27

Chapitre III : Résultats et discussions 28

3.1 Présentation des résultats de l'enquête 28

3.1.1 Aspect socio-économique de la population insulaire 28

3.2 Caractérisation du rapport Homme-Hippopotames 32

3.2.1 Dégâts humains 32

3.2.2 Dégâts matériels 33

3.2.4 Les raisons des attaques des hippopotames 35

3.2.5 Moyens de protection des cultures 35

3.2.6 Aperçu de l'hippopotame par la population des villages insulaire 37

3.3.1 Les aspects-socio-économiques 38

3.3.1.1 Dégâts sur les cultures, l'élevage, la pêche et la navigation 38

3.3.1.2 Les dégâts matériels 39

3.3.1.3 Les dégâts humains 39

3.3.1.4 Les raison d'attaque des hippopotames 40

Conclusion et recommandation 41

Références bibliographiques 42

Liste des Annexes : 45

ix

Résumé

La présente étude s'est déroulée à Ayorou et a pour objectif général de déterminer l'impact socio-économique de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame. La méthode utilisée pour conduire cette étude a été les enquêtes dans les cinq villages insulaires.

Nos résultats ont montré que le riz à 72%, la patate douce (12%), l'oignon (6%) sont les cultures les plus dévastés par les hippopotames. Mais aussi les matériels de pêche et embarcations sont fréquemment détruit par ces pachydermes (hippopotame). Neuf (9) cas de décès humain ont été enregistrés et plusieurs cas dans les animaux, dont les bovins sont les plus attaqués, avec pour raison augmentation des hippopotames, insuffisance de bourgoutière, manque d'espace dans ces îles.

Mots clé : Hippopotamus amphibius ; Bourgoutière ; Population Insulaire ; Impact socio-économique

x

Abstract

This study was conducted in Ayorou and its general objective is to determine the socioeconomic impact of the cohabitation between island population and hippopotamus. The method used to conduct this study was the surveys in the five island villages.

Our results showed that 72% rice, sweet potato (12%), onion (6%) are the most devastated crops by hippos. But also fishing equipment and boats are frequently destroyed by these pachyderms (hippopotamus). Nine (9) cases of human death have been recorded and several cases in animals, of which cattle are the most attacked, with the increase of hippopotamuses, lack of bourgoutière, lack of space in these islands.

Key words: Hippopotamus amphibius; Bourgoutière; Island population; Socio-economic impact

xi

1

INTRODUCTION

Contexte et justification

Les conflits entre les hommes et les hippopotames ne sont pas récents ; l'hippopotame se nourrissait dans les cultures des Égyptiens 2000 ans avant Jésus Christ (Lamarque et al, 2009). Aujourd'hui encore, l'hippopotame engendre des dégâts sur les cultures, mais il dérange aussi l'homme par sa présence, qui est potentiellement très dangereuse et qui peut gêner les activités associées à l'eau (Post, 2000).

Par ailleurs, en Afrique de façon générale et particulièrement au Niger, l'eau utilisée par les communautés rurales provient principalement de sources d'eau de surface, telles que les fleuves, rivière et lac. Ainsi, ces sources d'eau douce et les riverains qui les utilisent, sont donc particulièrement à risque (Lamarque et al. 2009). Le comportement imprévisible de l'animal oblige l'homme à rester vigilant, car l'hippopotame peut charger dans l'eau comme sur terre, qu'il soit provoqué ou non (Eltringham, 1999 ; Post, 2000).

De plus, l'utilisation de pirogues traditionnelles est encore répandue en Afrique subsaharienne et ne permet pas nécessairement de sécuriser ses passagers, de sorte que ses attaques peuvent être fatales. En effet, même sur la terre ferme les hippopotames peuvent engendrer d'importants dégâts lorsqu'ils attaquent car ils peuvent courir plus rapidement (jusqu'à 40 km/h) que l'homme. C'est d'ailleurs l'un des mammifères le plus redoutable en Afrique (Durrheim et Leggat, 1999). À titre illustratif, une attaque d'hippopotame sur deux était fatale au Mozambique entre 2006 et 2008 (Dunham et al., 2010). Au Niger, un hippopotame a renversé une embarcation près de Niamey, tuant ainsi 18 personnes, principalement des étudiants (AFP, 2014). Les incidents conflictuels entre l'homme et l'hippopotame sont nombreux, principalement là où les densités d'hippopotames et humaines sont élevées (Mkanda, 1994 ; Eltringham, 1999). En effet, la croissance démographique entraîne une augmentation des besoins en terre et eau, notamment pour l'agriculture au détriment de l'espace occupait par les hippopotames (Muruthi, 2005 ; Kanga et al., 2012). Ainsi, certaines aires de pâturages naturels qu'utilisaient les hippopotames sont dorénavant utilisés par l'homme, notamment à des fins agricoles, ce qui exacerbe la compétition et les conflits entre l'homme et l'hippopotame dans les zones insulaires (Lock, 1972 ; Eltringham, 1999 ; Noirard et al., 2004 ; Amoussou et al., 2006 ; Kendall, 2011). C'est le cas de la population d'Ayorou qui est victime de nombreuses attaques dans leurs activités telle que : l'agriculture, l'élevage, la pêche et souvent même dans leurs navigations et qui se solde parfois par des pertes en vie (humaine ou animal).

2

Or L'hippopotame responsable de ces divagations ou empiètement sur les cultures fait partie de la liste des espèces animales intégralement protégées en vertu de l'article 21 de la Loi N°9807 du 29 avril 1998 fixant le Régime de la Chasse et de la Protection de la Faune au Niger. L'abattage est donc proscrit, peu importe le contexte. Par conséquent la problématique de la cohabitation entre l'homme et les hippopotames reste un paradigme à élucider. A cet effet il serait tout à fait opportun de se demander :

Comment assurer une cohabitation pacifique entre l'homme qui dans sa quête de ses besoins alimentaires tente d'augmenter ses superficies cultivables sans pour autant se préoccuper du cadre de vie de ces animaux ?

La création d'une aire de conservation des hippopotames dans la zone d'Ayorou avec un système de zonage clairement défini ; permettrait-elle de limiter les cas de divagation des hippopotames dans les champs de culture ?

C'est pour tenter d'apporter des réponses à ces questions qu'intervient la présente étude intitulée « impacts socio-économiques de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame dans la commune d'Ayorou ».

Le présent mémoire, composé de trois chapitres est structuré comme suit : un premier qui parle sur l'état des connaissances, un deuxième expose le matériel et méthodes et un troisième présente les résultats et discussion suivi de la conclusion et recommandations.

Objectif général :

L'objectif général de cette étude est de déterminer les impacts socio-économiques de la

cohabitation entre population insulaire et hippopotames dans la commune d'Ayorou.

Objectifs spécifiques

Spécifiquement, il s'agit de :

y' Identifier les personnes victimes d'attaque ;

y' Identifier les activités de la population riveraine ;

y' Déterminer les dégâts causés par les hippopotames sur la population riveraine ;

y' Déterminer les impacts de la cohabitation sur leurs activités ;

y' Identifier les raisons de la cohabitation ;

3

Chapitre I

1. Etat des connaissances

1.1 Les conflits Homme-Faune : la problématique

1.1.1 Les facteurs des conflits Homme - Faune

Un ensemble de tendances globales concernant la démographie humaine, l'évolution de l'habitat, ainsi que la distribution et le comportement de la faune, a contribué à accroître les conflits humains-faune dans le monde entier. Les facteurs ci-après figurent parmi les principales causes des conflits entre les humains et la faune en Afrique.

1.1.2 Facteurs humains

1.1.2.1. Les besoins du développement humain.

La principale cause de conflits dans le monde est la compétition entre une population humaine en croissance et la faune sauvage pour des espaces et des ressources naturelles en diminution. La transformation de forêts, savanes et autres écosystèmes en terres agricoles ou en zones urbaines, afin de répondre à une demande accrue du foncier, de produits alimentaires, d'énergie et de matières premières, a conduit à une réduction drastique des habitats de la faune.

Cela est particulièrement vrai en Afrique, où la population humaine a pratiquement triplé en quatre décennies à partir de 1960 et où, en conséquence, l'emprise agricole a colonisé les terres les plus marginales, empiétant ainsi sur les habitats de la faune sauvage. Dans ces conditions, les conflits entre la faune sauvage et les communautés locales ne pouvaient que se développer. Le conflit entre les humains et les hippopotames illustre parfaitement cela. Au Niger on estime qu'environ 95% des hippopotames dénombrés se trouvent en dehors du parc national, unique aire protégée qui abrite quelques individus. L'accès à l'eau est un autre besoin fondamental des populations humaines. Les implantations permanentes des clôtures de protection des cultures sont généralement installées à proximité d'une source d'eau, dont l'accès est de ce fait condamné pour la faune sauvage (Hugh, et al, 2002).

1.1.2.2 Migration de populations pour des raisons de sécurité physique ou alimentaire

Les sécheresses, les inondations, les catastrophes naturelles et l'instabilité politique, perturbent la production et la distribution normale des produits alimentaires et provoquent des famines. Ces phénomènes sont en progression ; le nombre annuel de situations d'urgence alimentaire a presque triplé en Afrique depuis les années 80. Dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne, une personne sur trois est sous-alimentée (Ali, 2003). Ces facteurs génèrent une migration

4

5

continuelle des populations rurales vers les zones où elles peuvent trouver des ressources naturelles ; or ces zones sont souvent occupées par la faune sauvage.

L'envahissement par les humains de l'habitat de la faune qui en résulte conduit à des conflits. Les sécheresses successives et la désertification qui en a résulté ont provoqué une migration importante des populations du Nord vers le Sud. Ces migrants s'installent fréquemment au voisinage des dernières poches de ressources naturelles, où ils sont particulièrement exposés aux conflits avec la faune sauvage. Ces conflits sont encore plus importants dans les zones où de nombreuses espèces sauvages différentes cohabitent avec des densités élevées de populations humaines.

En réalité tel doit d'être la situation d'une manière générale, sauf que pour le cas d'Ayorou se sont les hippopotames qui sont venus trouver les populations sur au moins 3/5 de l'aire qu'ils occupent (Albachir, 2002).

1.1.2 Facteurs liés à l'habitat

La perte progressive d'habitats a conduit à l'augmentation des conflits entre les humains et la faune sauvage. Le domaine de la faune sauvage devenant de plus en plus fragmenté et la faune étant confinée dans des très petites poches d'habitat convenable restantes, les humains et la faune sauvage entrent de plus en plus souvent en contact et donc en conflit. Dans l'aire de conservation de Kakum au Ghana, la surface de forêt disponible pour les éléphants a été réduite à peu près de moitié depuis les années 70. Cette situation explique pourquoi la densité d'éléphants (environ 0,6/km2) est à présent plus élevée que dans la plupart des autres forêts d'Afrique de l'Ouest, ce qui se traduit par une augmentation des dégâts sur les cultures (Hugh et al, 2002).

Actuellement, les derniers habitats convenables subsistent généralement à l'intérieur des aires protégées. C'est pourquoi les conflits sont particulièrement fréquents dans les zones tampons des réserves, où les champs et les pâturages sont très rapidement accessibles aux populations abondantes de faune qui sortent de l'aire protégée.

À cet égard, les périphéries des aires protégées doivent être considérées comme des sortes de puits de populations, des zones critiques où le conflit Homme-Faune est un des problèmes majeurs (Ali, 2011).

Plusieurs facteurs peuvent contribuer à modifier la quantité ou la qualité des habitats de la faune sauvage.

L'une des principales conséquences de la perte d'habitats est la diminution de ressources naturelles disponibles pour la faune. La destruction de la végétation naturelle autour des aires

protégées et, dans certains cas, la disparition totale des zones tampons obligent les espèces herbivores à se nourrir dans des champs cultivés.

Cette situation répond parfaitement au cas qui nous concerne à Ayorou, certaines exploitations sont situées juste au bord du fleuve avec des clôtures de fortune quand elles existent. Bien qu'il n'y ait pas d'aire protégée nous pensons que quand l'équilibre existait entre les ressources naturelles et la faune, il y avait moins de conflits entre l'homme et l'hippopotame surtout que la taille de la population des hippopotames était moindre.

1.1.3 Caractéristiques intrinsèques de la faune

Les caractéristiques intrinsèques de la faune, telles que les préférences alimentaires, les habitudes migratoires, les comportements d'évitement ou au contraire de prédateur, peuvent influer sur les conflits Homme-Faune.

Certaines plantes particulièrement appétées sont capables d'attirer la faune sur de grandes distances. C'est notamment le cas de quelques cultures ((maïs, riz, patate douce...)

Les hippopotames sont à l'origine de nombreux cas des conflits avec les agriculteurs dans le terroir d'Ayorou. En effet, privé de son pâturage naturel à cause du surpâturage, de la coupe abusive du bourgou et de l'augmentation des surfaces cultivables pour faire face à l'insécurité alimentaire qui est presque chronique, alors les hippopotames sont condamnés de faire des excursions dans les cultures pour se nourrir surtout entre les mois de janvier et mai.

1.2 Les dégâts

1.2.1 Décès et blessures d'humains

Il ressort de la consultation des archives de la Direction Régionale de l'Environnement de Tillabéry, 8 cas de décès dus aux hippopotames au cours de deux dernières années (Rapports annuels 2009 et 2010). Tous les cas ont été dénombrés dans la Commune d'Ayorou. Selon la Direction Régionale de l'Environnement de Tillabéri (DRE/TI), c'est des hippopotames mâles solitaires et femelles suitées qui sont responsables des désastres sur les personnes.

En effet en 2017 il y'avait eu une tension entre les pêcheurs et les forestiers ce qui a poussé ces derniers a manifesté leurs colères vis-à-vis des forestier et le chef de Canton responsable de la protection de ces pachydermes en saccagent le bureau Départemental de l'Environnement ainsi que le hangar du chef de canton suite à un certain nombre de dégâts occasionné par ces hippopotames.

6

1.2.2 Destruction de récoltes

Les dégâts dans les cultures sont la forme de conflit humains-faune le plus souvent rencontrée dans l'ensemble du continent africain. L'occurrence et la fréquence de ces dégâts dépendent de très nombreux facteurs, tels que la disponibilité, la diversité et la nature des sources alimentaires dans la région, le niveau d'activité humaine dans l'exploitation agricole ; la culture concernée et sa date de maturité par rapport à celle des autres aliments naturels disponibles dans la région. Une vaste gamme d'espèces de vertébrés peut entrer en conflit avec les activités agricoles humaines en Afrique. Ces espèces vont des oiseaux aux éléphants, en passant par les rongeurs, les primates, les antilopes, les buffles, les potamochères et les hippopotames.

Les hippopotames peuvent provoquer des dégâts significatifs dans les champs quand ils se nourrissent la nuit. Les cultures les plus exposées sont celles qui poussent au voisinage des rivières ou des lacs comme le riz, ou les cultures maraîchères et les cultures de décrue, ou bien les plantes qui poussent directement dans l'eau comme le bourgou (Echinochloa stagnina) qui est cultivé dans le fleuve Niger pour la production fourragère.

1.2.3 Attaques d'animaux domestiques

La prédation des animaux domestiques est une autre forme très néfaste de conflit Homme-Faune. La quantité et la nature des animaux domestiques tués par la faune varient en fonction de l'espèce de prédateur, de l'époque de l'année et de la disponibilité en proies naturelles. Dans les savanes et les prairies où le pastoralisme reste le mode de vie principal de nombreuses personnes, les attaques de bétail constituent un vrai problème. Au plan national, les pertes sont rarement significatives, mais pour le propriétaire du bétail lui-même, elles peuvent être catastrophiques. Pour un petit éleveur, les pertes dues à la faune peuvent représenter la différence entre l'autosuffisance économique et le dénuement total.

1.2.4. Transmission de maladies aux animaux domestiques et/ou aux humains

Des maladies graves sont réputées être transmises par la faune sauvage aux animaux domestiques, voire éventuellement aux humains (par exemple la rage). Les charognards et/ou les prédateurs, comme les hyènes tachetées, les chacals, les lions et les vautours, jouent aussi un rôle dans la dissémination des agents pathogènes en ouvrant les carcasses infectées, en les mettant en pièces et en les dispersant. Les prédateurs peuvent par exemple ingérer des spores de bacille charbonneux en même temps que la viande et les disséminer largement avec leurs fèces.

7

La maladie du charbon avait tué 300 hippopotames vivant dans les rives du lac George, à l'intérieur du parc Queen Elizabeth. La maladie du charbon est une maladie infectieuse causée par une bactérie appelée Bacillus anthracis et affecte différents tissus, notamment la peau, les intestins, les méninges. Chez les animaux, la maladie entraine généralement une mort subite. (Hugh et al, 2002).

Dans les plaines d'Afrique, où les hivers sont doux, la peste équine est endémique parmi les populations de zèbres, qui constituent dès lors des réservoirs idéaux.

Des cas de brucellose (principalement Brucella abortus biotype 1), ont été observés notamment sur des hippopotames et des cobes défassa dans plusieurs écosystèmes sauvages (Hugh et al, 2002).

8

Chapitre II

2.1 Présentation de la zone d'étude 2.1.1 Facteurs biophysique

2.1.1.1 Situation géographique

Située au Nord-Ouest du département de Tillabéri (Figure 1), la commune rurale d'Ayorou a été créée par la loi n°2002-14 du 11 Juin 2002 portant création des collectivités territoriales. Elle est limitée au Nord par la République du Mali, au sud par la Commune rurale de Déssa, à l'Est par la commune rurale d'Inates et à l'Ouest par le département de Téra.

La commune d'Ayorou couvre une superficie d'environ 3.328 km2 soit 28,52% de la superficie du département de Tillabéri (Ali, 1995).

2.1.1.2 Le climat

La zone d'étude est riveraine du Fleuve Niger. La vallée du fleuve est classée comme une seule zone en dépit de la variabilité importante qui existe du Nord au Sud (Hamidou, 1995). Le climat de la zone est du type sahélien caractérisé par deux saisons :

? Une saison de pluies dominée par la mousson qui s'installe à partir de mi-mai à début juin pour se terminer en fin septembre début octobre (soit 4 à 5 mois) ;

? Une saison sèche, dominée par l'harmattan, qui dure le reste de l'année (Hamidou,1995) La pluviométrie moyenne annuelle est comprise entre 150 et 350 mm (DDA/Ti, 2010). Elle est très souvent nettement inférieure aux besoins des cultures sous pluies. En plus, les pluies sont souvent mal réparties dans le temps et dans l'espace. Cette situation engendre des poches de sécheresse et pénalise très fortement les paysans dans leurs productions et de même les ressources naturelles sont perturbées (végétation, faune, sources d'eau...).

Figure 1: zonage agro écologiques de la région de Tillaberi (Hamidou, 1995)

9

2.1.1.3 Les sols

Les sols sont à dominance alluvionnaires et appartiennent aux sols hydromorphes minéraux à gley ou des sols hydromorphes jeunes sur matériaux d'apports récents (bancs de sable grossier dans le lit du fleuve) (Ali, 2008). Ces sols sont aptes à la culture du riz, au maraîchage et à l'arboriculture.

2.1.1.4 Les ressource en eau

Le réseau hydrographique de la Commune rurale d'Ayorou est composé de quelques mares temporaires et semi temporaires et le fleuve Niger sur une longueur de 45 km. Le fleuve Niger reste le principal cours d'eau sur lequel se pratique l'essentiel des activités humaines. L'absence des ouvrages de régulation sur ce fleuve limite en valeur efficiente l'importance des terres irrigables estimées à 140.000 ha qu'offre cette ressource (Younoussa & Koadako, 2004). Ayorou dispose d'une importante quantité d'eau souterraine. La Commune Rurale d'Ayorou dispose de 12 forages et d'une mini-adduction d'eau potable moderne.

2.1.1.4 La végétation

Au niveau de la vallée, on rencontre des parcs agro-forestiers résiduels à base de Diospyros mespiliformis et de Hyphaene thebaica et des steppes qui constituent les parcours pour les animaux domestiques. La dégradation du couvert végétal généralisée entrainant ainsi l'accélération des processus d'érosion éolienne et hydrique qui sont à la base de l'extension des dunes, des glacis érodés et dénudés et au développement des koris (DRE/LCD/Ti, 2010).

Les espèces les plus rencontrées sont : les Combretacées, les Acacias spp, Ziziphus mauritiana, Balanites aegyptiaca, Piliostigma reticulatum, Diospyros mespiliformis, Hyphaena thebaica, Cenchrus biflorus, Echinocloa stagnina et bien d'autres espèces aquatiques (.eachinochloa stagnina)

2.1.1.5 La faune

La faune, de façon générale, est représentée par une gamme diversifiée d'espèces. L'avifaune comprend plusieurs représentants dont l'outarde, le francolin, le jacana (Actophilornis africana), le dendrocyne veuf et l oiede Gambie. Au sein de ce groupe, on note l'existence d'espèces granivores sources de conflits faune-hommes.

Le département d'Ayorou compte également, en plus de la faune aviaire, des amphibiens, des reptiles et des espèces de la faune mammalienne semi-aquatique et aquatique. Les principaux représentant de la faune mammalienne sont : les loutres (deux espèces à savoir la loutre a cou

10

tachete, lutra maculicollis et la loutre a joues blanches du cap, Aonyx canpensis),le lamantin d'Afrique ,l'hippopotame commun qui constitue l'espèces la plus emblématique du département depuis la disparition de la girafe.

2.1.1.6 La population

La population de la commune rurale d'Ayorou est constituée des sédentaires et des nomades. Elle est de 36 574 habitants dont 15 354 femmes et 16 244 hommes selon le RGP/H 2012.

Cette population est caractérisée par sa relative jeunesse (57,85 % de la population ont moins de 20 ans) et sa croissance très élevée (2.1% par an). Cela n'est que le reflet d'un fort taux de l'indice de fécondité (7,5 enfants par femme en âge de procréer) et d'une baisse sensible de la mortalité infantile (97%) enregistrée au niveau de la Région de Tillabéri dans son ensemble. Dans cette Commune, cinq groupes ethniques sont présents notamment le Songhaï, le Touareg, le Zarma, le Peul et le Haoussa.

2.1.2 Les activités socio-économiques

Les activités exercées par la population sont essentiellement l'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce et l'artisanat.

Cependant, l'agriculture et l'élevage constituent les principales activités des populations de la Commune d'Ayorou. L'agriculture se pratique aussi bien pendant l'hivernage (Juin - Septembre), que pendant la période de contre-saison (Octobre - Mars). Les cultures pluviales se caractérisent par une prédominance de céréales en association ou en pur, tandis que pendant la contre saison, il s'agit surtout des cultures maraîchères.

Les productions forestières et halieutiques sont également importantes dans la commune.

Les cultures maraîchères et fruitières sont en train de prendre de l'importance en raison de la forte demande du marché de Niamey. L'élevage intensif (bovins, aviculture) est également en plein essor.

L'agriculture irriguée (riz) a pris de l'importance au cours des dernières décennies. Les ressources fauniques sont représentées par les hippopotames d'Ayorou surtout.

Ayorou dispose d'un grand Hôtel (Hôtel AMENOKAL) depuis 1973 et de nombreux sites touristiques. Avec l'insécurité qualifiée de résiduelle, le tourisme a perdu ses lettres de noblesse. Grâce à ce tourisme, Ayorou était reconnu un peu partout à travers le monde.

11

2.1.3 Généralité sur les hippopotames

Etymologiquement hippopotame vient du grec hippos=cheval et potamus qui veut dire rivière. D'où son appellation «cheval de rivière». Cette comparaison au cheval ne viendrait pas d'un quelconque 1ien de descendance mais plutôt, de l'apparence des yeux, oreilles et naseaux quand l'animal est immergé qui ressemble, à ce moment, au cheval (Eltringham, 1999).

Cette partie est consacré à l'hippopotame sa classification, son statut, son aire de répartition, son comportement, son habitat, ses préférences alimentaires et toutes les particularités qui pourraient influencer la réponse de l'hippopotame face à la modification de son habitat.

2.1.3.1 Classification et taxonomie

Règne: Animal

Embranchement: Chordés

Sous-embranchement: Vertébrés

Classe: Mammifères

Sous-classe: Thériens

Infra-classe: Euthériens

Ordre: Artiodactyles

Superfamille :Anthracotheriodea

Famille: Hippopotamidae

Genre: Hippopotamus

Espèce: Hippopotamus amphibius.

Plusieurs genres d'hippopotame ont évolué durant le temps (paléontologie des vertébrés

,2010) :

Genre Hippopotamus (Linné, 1758) :

+ Hippopotamus amphibius-Hippopotame

+ Hippopotamius antiquus-Hippopotame européen (espèce disparue)

+ Hippopotamiu screutzburgi-Hippopotame nain de crête (espèce disparue)

+ Hippopotamus minor - Hippopotame nain de Chypre (espèce disparue)

+ Hippopotamus meltensis - Hippopotame de Malte (espèce disparue)

+ Hippopotamus lemerlei - Hippopotame de Lemerle (espèce disparue)

+ Hippopotamus laloumena - Hippopotame de Madagascar (espèce disparue)

+ Hippopotamus gorgops - Hippopotame gorgops (fossile)

12

Il existe cinq sous-espèces de l'hippopotame amphibie désignées surtout en fonction de leur

répartition géographique (Eltringham, 1993) :

- Hippopotamus amphibius amphibius (Afrique de l'Est et Ouest de l'Ouganda) ;

- Hippopotamus amphibius tchadiensis (Tchad, Niger, Nigeria et Burkina Faso) ;

- Hippopotamus amphibius kiboko (Kenya et en Somalie) ;

- Hippopotamus amphibius constrictis (Angola et Namibie) ;

- H.ippopotamus amphibius capensis (Zambie et Sud de la République Sud-africaine)

Photo 1: Groupe d'hippopotame commun (Hippopotamus amphibus Linné 1758), sur un site de repos de période de crue dans le fleuve Niger à Ayorou Goungo. (Source : M. Bassirou)

2.1.3.2 Description

L'hippopotame se caractérise par un corps et une tête massifs et arrondie avec de courtes pattes terminés par 4 grands doigts, une queue brève, une peau nue, des grandes canines, des yeux et des oreilles petites. La peau nue est perforée d'une multitude de glandes produisant un mucus apaisant pour la peau. Les glandes sous cutanées produisent également parfois un liquide rouge appelé « sueur de sang ». Les hippopotames présentent aussi quelques soies sur le museau et sur la queue.

13

2.1.3.3 Mensuration

Les mâles sont en moyenne plus grands et plus lourds que les femelles (tableau 1).

Selon Brehma (1992), la longueur du corps de l'hippopotame adulte peut atteindre 4,2-4,5 m dont 45 cm viennent à la queue. Le poids en moyenne est 2000 à 2500 Kg (Brehma, 1992). La femelle d'hippopotame atteint son poids maximum en moyenne à 25 ans tandis que les males semblent ne jamais complètement stopper leur croissance.

Tableau 1: quelques mensurations de l'hippopotame (d'après Haltenorth et al, 1985)

Paramètres

Dimensions

Mâles

Femelles

Longueur totale du corps

 
 
 

320-420 cm

280-370 cm

Queue

 
 
 

35-50 cm

35-50 cm

Hauteur

 
 

poids

140-165 m

130-143 cm

 

1500-3500 Kg

1350-2500 Kg

Les mensurations montrent une supériorité du mâle par rapport à la femelle sauf à la queue qui est identique chez les deux sexes.

2.1.3.4 Reproduction

Les hippopotames ne se reproduisent pas avant l'âge de 6-13 ans pour les mâles et avant 7-15 ans pour les femelles. Les petits naissent toujours à la saison des pluies. Si bien qu'il n'y a qu'une vague de naissances dans les régions où il n'y a qu'une saison des pluies par an, comme en Afrique du Sud, et deux vagues, dans l'Est de l'Afrique, où il y a deux saisons. Ils s'accouplent de 227 à 240 jours plus tôt, pendant la saison sèche avec généralement 1 petit par portée, les jumeaux sont rares. L'oestrus c'est-à-dire le moment du cycle où la femelle est en ovulation dure environ trois jours. La mise basse se déroule à l'écart du groupe, dans l'eau peu profonde ou à terre (dans ce cas, la femelle fait litière d'herbes ou réseaux dans un creux de la berge). Le poids à la naissance est de 35-55Kg, l'allaitement dure 1 an et les premiers aliments solides sont pris à 3 semaines. Elle le défend férocement, contre les grands prédateurs, et contre les mâles adultes de sa propre espèce. Après la naissance, la femelle reste isolée une dizaine de jours avant de rejoindre le groupe. Le taux de mortalité infantile est très élevé (45 %) au cours de la

14

première année ; il est de 15 % lors de la deuxième. Au-delà, jusqu'à environ 30 ans, chaque classe d'âge perd chaque année environ 4 % de ses effectifs (Maha, 2012).

2.1.3.5 Alimentation

L'hippopotame se nourrit d'herbes et de graminées à proximité des berges. Il quitte l'eau après le coucher du soleil et y retourne tôt dans la matinée, tout juste avant le lever du soleil, ce qui lui laisse au plus 7 à 8 h pour ingérer jusqu'à environ 2,5 % de son poids en matière végétale, soit environ 40 kg (Owen-Smith, 1992 ; Grey & Harper, 2002 ; Chomba, 2013 ; Chomba et al., 2014). L'animal préfère s'alimenter à proximité du cours/plan d'eau où il se repose durant la journée, ce qui est généralement possible durant la saison des pluies (Oliver et Laurie, 1974 ; O'Connor & Campbell, 1986). En effet, l'alimentation en saison de pluies se fait généralement à moins d'un kilomètre d'une source d'eau.

Toutefois, durant la saison sèche, l'hippopotame doit se déplacer plus loin pour s'alimenter, parcourant parfois jusqu'à 6-7 km en une nuit (Field, 1970 ; O'Connor et Campbell, 1986 ; Owen-Smith, 1992).

Les hippopotames sont des brouteurs sélectifs (grazers) (Owen-Smith, 1992) avec une préférence pour les herbes vertes et courtes (environ 15 cm de hauteur) (Field, 1970 ; Field, 1972 ; Lock, 1972 ; Scotcher et al., 1978 ; McCarthy et al., 1998 ; Harrison et al., 2007). Cependant, la largeur des lèvres de l'hippopotame ne lui permet pas de sélectionner les herbes qu'il préfère avec précision de sorte qu'il sélectionne globalement les pâturages qui contiennent la végétation qu'il préfère (Scotcher et al., 1978 ; Eltringham, 1999 ; Noirard et al., 2004 ; Michez et al., 2013). Lorsque l'animal doit s'éloigner considérablement pour s'alimenter, il accélère l'ingestion des herbages et passe moins de temps à chercher sa source de nourriture, devenant ainsi moins sélectif (Lewison & Carter, 2004 ; Timbuka, 2012).

La diète de l'hippopotame se résume principalement aux Graminées et aux Cyperacées, mais certaines dicotylédones sont aussi ingérées accidentellement lorsqu'il broute (Field, 1972 ; Eltringham, 1999 ; Michez et al., 2013). Certains auteurs suggèrent néanmoins que les dicotylédones peuvent représenter une part importante de l'alimentation de l'hippopotame (Boisserie et al., 2005 ; Cerling et al., 2008 ; Michez et al., 2013). Les genres préférés incluent notamment Andropogon, Aristida, Axonopus, Bothriochloa, Brachiaria, Chloris, Commelina, Cynodon, Cyperus, Desmodium, Digitaria, Echinochloa, Eragostris, Hemarthria, Heteropogon, Hyparrhenia, Ipomoea, Leersia, Oryza, Panicum, Paspalum, Sporobolus, Stenotaphrum, Themeda et Urochloa (Field, 1970 ; Olivier & Laurie, 1974 ; Scotcher et al.,

15

1978 ; Owen-Smith, 1992 ; Noirard et al., 2004 ; Amoussou et al, 2006 ; Chansa et al., 2011b ; Michez et al., 2013) (Tableau 2).

Tableau 2:Genres végétaux consommés fréquemment par l'hippopotame selon les auteurs et les pays d'étude. (Scotcher et al.,1978)

Field Olivier et Scotcher et Noirard et Amoussou et Chansa et Michez et

(1970) Laurie (1974) autres (1978) autres (2004) autres (2006) autres (2011b) autres (2013)

Ouganda Tanzanie Afrique du Sud Niger Bénin Zambie Gabon

Andropogon X x

Aristida x

Axonopus x

Bothriochloa X X

Brachiaria X X

Cenchrus X

Chloris x x x X

Commelina x x X

Cynodon x x x x X

Cyperus x x x X

Dactyloctenim X

Desmodium x

Digitaria x X

Echinochloa x x x X

Eragrostris x x X

Hemarthria x

Heteropogon x x

Hyparrhenia x

Ipomoea x

Leersia x

Oryza x

Panicum

x x x

Paspalum x x X x

Sporobolus x x x x

Stenotaphrum x

Themeda x

Urochloa x

16

La consommation des genres et des espèces préférées varie en fonction de leur disponibilité, mais aussi selon la saison, car celle-ci influence la palatabilité des herbages (Field, 1970). Normalement, l'hippopotame ne s'alimente pas de végétation aquatique (Eltringham, 1999), mais il arrive qu'il en consomme, notamment lorsque la quantité de fourrages adéquats est insuffisante et que l'animal subit une carence protéique, par exemple où il y a surpopulation (Mugangu et Hunter, 1992; Grey et Harper, 2002; Harrison et al., 2007 ) Enfin, les habitudes alimentaires de l'hippopotame présentent beaucoup de variabilité, notamment quant aux familles et genres consommés par l'animal, appuyant ainsi l'hypothèse que l'hippopotame est un brouteur sélectif en terme de pâturages et non d'espèces (area selective grazer) (Scotcher et al., 1978). Toutefois, la préférence de l'hippopotame pour les herbes vertes et particulièrement courtes est indéniable et se manifeste par la formation des pâturages très caractéristiques dits hippo lawns, parce que l'hippopotame coupe l'herbe très près du sol et maintien des zones de pâturage à une hauteur d'environ 15 cm (Clarke, 1953 ; Olivier et Laurie, 1974 ; Owen-Smith, 1992)

Photo 2: Bourgoutière entre Ayorou Goungo et Ayorou Goungokoré (M.Bassirou)

17

2.1.3.5 Répartition géographique

On rencontre les hippopotames dans une grande partie de l'Afrique de l'Ouest et centrale : le Bénin, le Burkina Faso, la RCA, la Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Côte-d'Ivoire, le Libéria, le Ghana, la RDC, le Cameroun (figure 2).

Figure 2 : Répartition géographique des hippopotames d'Afrique (Source :fr.wikipedia.org) 2.1.3.6 Habitat

Les hippopotames préfèrent les cours d'eau, les rivières, les fleuves ayant des berges plates, des bancs de sable, des prairies aisément accessibles à proximité. Ils évitent les roselières denses et hautes ainsi que les rives boisées. Les femelles suitées évitent « les rapides » et les rives rocheuses. La température de l'eau requise est de 18-35°, on peut rencontrer les hippopotames en plaine et montagne jusqu'à 2000 m d'altitude et également sur les côtes marines. Ils vivent surtout dans l'eau et ils fuient en cas de danger (Martin, 2005).

2.1.3.7 Prédateurs

En dehors de l'homme, les prédateurs de l'hippopotame sont peu nombreux (Haltenorth et al, 1985) cité par Martin (2005). L'homme recherche sa viande, sa graisse et son ivoire sans oublier qu'en bien des endroits, l'animal est considéré comme nuisible au niveau de l'agriculture. Mais aussi, sur la terre ferme les clans des lions sont dangereux pour les sujets isolés et dans l'eau, les crocodiles le sont pour les jeunes. La femelle défend son petit avec vigueur (photo 2), le cas échéant contre le mâle (Haltenorth et al, 1985) cité par Martin (2005). Car il arrive que lorsqu'un mâle prend possession d'un nouveau territoire et par la même, de

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nouvelles femelles, qu'il tue les petits qui ne sont pas les siens pour que les femelles redeviennent disponibles et qu'il puisse alors s'accoupler avec elles.

Photo 3 : un crocodile dans la guelle d'un hippopotame sans doute défendant son petit. (Source : http:// chasseurs-arc-reunion.over-blog.com)

2.1.3.8 Comportement social

L'hippopotame est dit « socialement schizophrène » (Estes [1992]). Hautement grégaire ainsi que relativement sédentaire la journée, il tolère des contacts beaucoup plus proches que n'importe quel autre ongulé. Cependant, la nuit, il fonctionne en électron libre, pouvant parcourir de grandes distances pour trouver sa nourriture

Il passe la plupart de sa journée en groupe composé de 2 à 150 individus (Kingdom [1997]). Les groupes sont généralement composés de femelles accompagnées de leurs petits sous l'autorité territoriale d'un mâle dominant. Le mâle n'est pas directement lié aux femelles mais plutôt lié au territoire. Territoire qui, selon son attractivité (proximité des herbages, profondeur de l'eau, ...), va attirer plus ou moins les femelles. Les jeunes mâles n'ayant pas encore de prétentions territoriales peuvent constituer des groupes à part entière ou bien s'insérer dans une cellule sociale telle que décrite plus haut, tant qu'ils ne revendiquent aucun droit sur ce territoire et les femelles qui l'occupent (Eltringham [1999]).

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2.1.3.9 Distribution au Niger

Entre 2002 et 2007, la population totale d'hippopotames présente au Niger a été estimée à 99 individus sur le fleuve par Noé Conservation et l'APHN en collaboration avec un travail du Laboratoire d'Écologie des Hydrosystèmes Fluviaux de l'Université Lyon1 et en partenariat avec le Ministère de l'Environnement du Niger. Les groupes contenaient en moyenne 11 individus. La population du Parc du W atteignait 12 individus en 2007 tandis que les populations de Boubon, de Tillabéri et d'Ayorou atteignaient respectivement 12, 14 et 61 individus en 2008 (Tableau 3). Tandis que les populations de Boubon et de Tillabéri ne contenaient qu'un groupe chacune, la population du Parc du W contenait 2 groupes et celle d'Ayorou était constituée de 5 groupes qui s'étalaient sur une vingtaine de kilomètres (Figure 3)., la région d'Ayorou représente donc le refuge d'hippopotames le plus important du pays. (Noirard et Gigot, 2008)

Tableau 3 : Effectifs des populations et des groupes d'hippopotames du Niger (inspiré de Noirard et Gigot, 2008).

Population

Parc du W

Boubon

Tillaberi

Ayorou

Groupes

G1

G2

G1

G1

G1

G2

G3

G4

G5

Nombre d'h.par groupe

8

4

12

14

8

9

17

6

21

Nombre d'h.par population

12

12

14

61

Néanmoins, des inventaires conduits par la Direction de la Faune, de la Pêche et de la Pisciculture (DFPP) en 2005 indiquaient une population sur le fleuve Niger deux fois plus nombreuse, composée de 207 hippopotames, et ce, uniquement entre la frontière malienne et Niamey. Lors de cette étude, 106 femelles, 21 jeunes, 37 mâles et 43 immatures ont été recensés (Kdel, 2015). Entre Ayorou et la frontière malienne, puis dans le secteur en aval d'Ayorou, 23 et 12 hippopotames avaient été observés respectivement (Kdel, 2015).

20

Figure 3: Localisation des cinq groupes de la population d'hippopotames d'Ayorou et configuration du réservoir de Kandadji à différentes cotes (compilation d'après : Noirard et Gigot, 2008, p. 12).

21

2.1.3.10 Dentition

Elle occupe deux fonctions cruciales dans la vie de l'hippopotame : le combat et l'alimentation. Une division spatiale de la dentition suivant cette répartition des fonctions peut être réalisée ; les dents à l'avant de la mâchoire (4 canines, 8 incisives) servent au combat, les dents situées à l'arrière de la mâchoire (12 molaires) servent à broyer les grandes quantités d'herbes ingérées. Les canines, pouvant atteindre 70 cm chez les mâles (racines comprises), croissent durant toute la durée de vie de l'animal. Ces véritables défenses constituent donc une arme terrible utilisée contre tout rival ou prédateur éventuel. Toutefois, cette arme peut se retourner contre son propriétaire, vu la grande valeur symbolique et surtout marchande que prend alors pareil trophée d'ivoire.

2.1.3.11 Statuts

Selon les résultats de l'enquête 2004 (actualisation d'une enquête réalisée en 1995) effectuée par le « Hippos specalist group » de l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), les populations d'hippopotames sont en déclin dans plus de la moitié des pays où elles sont présentes (Figure 15) et sont estimées à 120.000 individus. Le déclin général de la population est estimé entre 7 et 20%. Il est notamment dû au braconnage massif dans certains « Pays clefs », comme la République Démocratique du Congo dont la population d'hippopotames est passé de 30.000 individus estimés en 1994 à 6.000 individus en 2004. L'enquête révèle également une augmentation des conflits hippopotame-hommes dans de nombreux pays.

L'IUCN, à travers ses nombreuses commissions tels les « specialist group », regroupe un très grand nombre de scientifiques, hommes de terrain, etc. Les données récoltées par cet imposant réseau permettent d'entretenir une base de données des espèces menacées à travers le monde. Celle-ci classe un maximum d'espèces animales et végétales dans 7 catégories (Figure 16). La première étant la catégorie regroupant les espèces jugées non menacées appelée « préoccupations mineures » (LC), la dernière regroupant les espèces éteintes (EX).

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Figure 4: Structure des différentes catégories IUCN. Source : IUCN [2001]

L'enquête de 1995 avait conclu en un classement de l'espèce hippopotame dans la catégorie préoccupation mineure. L'espèce était donc jugée largement répandue et relativement stable. La réactualisation de l'enquête en 2004 a débouché sur l'arrivée de l'hippopotame dans la

« liste rouge » de l'IUCN dans la catégorie vulnérable A4cd. Une espèce est jugée vulnérable lorsque qu'elle est « confrontée à un risque élevé d'extinction à l'état sauvage » (IUCN [2001]).

Au niveau du droit international, l'hippopotame a été classé dans l'« annexe 2 » de la convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) signée par 80 pays à Washington, le 3 mars 1973 et entrée en vigueur le 1er juillet 1975. L'annexe 2 reprend « les espèces qui, bien que n'étant pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient le devenir si le commerce des spécimens de ces espèces n'était pas soumis à une réglementation stricte ayant pour but d'éviter une exploitation incompatible avec leur survie » (CITES [1973]). Cette convention régule donc le commerce des produits ou sous-produits provenant de l'hippopotame et délivre à certains pays des quotas d'exportation.

Au niveau du droit Nigérien, l'hippopotame bénéficie du statut des espèces animales intégralement protégées en vertu de l'article 21 de la Loi N°98-07 du 29 avril 1998 fixant le Régime de la Chasse et de la Protection de la Faune du Niger. L'abattage est donc proscrit, peu importe le contexte (Niger Diaspora).

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2.2 MATERIEL ET METHODES

2.2.1 Choix du site d'étude

La zone d'étude située à environ 80 km de Tillaberi, s'étend de Firgoun à Beybatan. Cinq (05) îles ont été retenues, parmi les dix (10) que compte la commune d'Ayorou : il s'agit de Firgoun, Doulsou, Ayorou Goungo Koré, Ayorou Goungou et Garijo. Les quatre premières sont situées respectivement à 10km, 6 km, 3km, 2km du chef-lieu de la commune d'Ayorou et Garijo à 7km vers le Sud de la commune. Les critères qui ont permis de sélectionner ces villages sont :

y' La proximité avec les lieux fréquentés par les hippopotames ;

y' L'accessibilité de ces villages par rapport à notre moyen de déplacement (la pirogue) ;

y' Le nombre de plainte déposée auprès du DDE/SU/DD d'Ayorou sur les dégâts ou

divagation de ces hippopotames.

2.2.1.1 Description du milieu

Les écosystèmes de la vallée du fleuve comprennent les communautés à Echinochloa stagnina communément appelée bourgoutière qui forme un réseau trophique pour la faune itchyenne et amphibie. Ces bourgoutières se développement sur les berges des îles et forment des tapis flottants mais fixés dans la vase pendant les périodes de hautes eaux. Elles forment un habitat pour les poissons et diverses espèces d'oiseaux et une alimentation de base pour les hippopotames, les lamantins, les animaux domestiques et diverses autres espèces. Les espèces végétales caractéristiques varient en fonction de la position topographique sur les berges et la profondeur de l'eau. Les espèces caractéristiques de saison sèche sont Echinochloa stagnina, Coldenia procumbens, Polygonum senegalense, Glynus lotoides. En période des hautes eaux Coldenia procumbens et Glynus lotoides disparaissent et Echinochloa stagnina forme des prairies aquatiques ponctuées de plage à Polygonum senegalense (Mahamane et Saadou, 2010). En plus de ces communautés, Tristicha trifaria est une Podostomonaceae qui se développe sur les rochers périodiquement inondés au niveau des chutes et rapides. Ces milieux sont fréquentés par le Pluvian d'Egypte (Pluvianus aegyptius).

Les mares des anses du fleuve constituent les lieux de séjour pour plusieurs espèces de la faune aviaire. La végétation de ces mares se structure en bandes constituées par les communautés suivantes qui se substituent en fonction de la profondeur de l'eau : (1) au centre se structure une communauté à Nymphaea micrantha, Nymphaea lotus et Sphenoclea zeilanica, (2) suivi d'une ceinture à Heteranthera callifolia, (3) de Oryza longistaminata et (4) en fin une ceinture à Echinochloa colona. Les organes de ces plantes constituent la base de l'alimentation d'espèces emblématiques dont principalement la grue couronnée (Balearica pavonina), l'oie de Gambie

24

(Plectropteris gambensis), le dendrocyne veuf (Endrocygna viduata), l'ibis sacré (Threkionis aethiopica), etc

2.2.2 Matériel biologique

Le matériel biologique est l'espèce hippopotamus amphibius connue sous le nom de « Banga »

en (Zarma) et « Dorina » en (Haoussa).

Matériel

Pour mener cette étude, le matériel suivant a été utilisé

? Des fiches d'enquêtes pour la collecte de diverses informations ;

? D'une pirogue pour la traversée ;

? D'un guide pour l'orientation et l'entretien dans les différents villages ;

2.2.3 Méthodes

2.2.3.1 Recherche documentaire

Des données relatives à la zone d'étude et sur l'espèce à étudier (Hippopotame amphibien) ont

été collectées.

Les services suivants ont été consultés.

· La Direction Régionale de l'Environnement de Tillaberi Niger ;

· Les Archives du chef de Canton et du Service Communale de l'Environnement d'Ayorou ;

· La mairie de la commune rurale d'Ayorou.

· le web a été également prospecté ;

2.2.3.2 Données quantitatives

L'approche participative été utilisé afin de récolter des données quantitatives.

La technique que nous avons utilisée pour récolter les données quantitatives est décrite ci-dessous :

· Les entretiens qui permettent d'explorer l'historique d'un problème et de récolter de l'information de base. Les entretiens sont un bon moyen de comprendre les sentiments des personnes et leurs points de vue sur un problème.

· Certaines informations peuvent être basées sur vos propres observations. Il est donc important de noter ce type d'observation et d'inclure vos propres perceptions.

· Les questionnaires permettant de récolter des informations standardisées.

25

2.2.3.3 Elaboration de questionnaires

Un questionnaire a été conçu et utilisé pour collecter des informations auprès des populations

riveraines.

Les fiches d'enquête sont basées sur les aspects suivants :

? Activité socioprofessionnelles des populations insulaires ;

? Aperçu de l'hippopotame par la population locale ;

? Menaces et contraintes pesant sur l'hippopotame et son habitat ;

? Les formes de dégâts occasionnés par les hippopotames ;

? Les orientations stratégiques pour les actions à venir.

Un guide est adressé aux différentes personnes ressources pour collecter des données. Les entretiens se sont déroulés en deux phases. D'abord un travail a été effectué avec le Directeur Départemental de l'Environnement et les agents du Service Communal de l'Environnement d'Ayorou pour mieux affiner notre méthodologie. Ces entretiens nous ont permis d'avoir un premier aperçu sur l'état de connaissance sur les hippopotames et leur habitat. Ensuite des personnes ressources susceptibles de donner des informations sur les activités humaines menées par les populations riveraines de la zone d'étude ont été interrogées. Des entretiens ont également porté sur les conséquences de la cohabitation homme animaux sauvages en particulier les hippopotames.

2.2.3.4 Choix de l'échantillon

L'échantillon compte cent (100) personnes, soit un taux de 46% des habitants de Garijo (tableau 4) de cinq (05) villages enquêtés parmi les dix (10) villages insulaire à raison de vingt (20) individus par localité. Il est composé de personnes ressources et des riverains des sites. Il s'agit des leaders d'opinion locaux présents dans la zone d'études (chefs de terre, chef de village, chefs de quartier, responsable d'association ou de groupement), des autorités administratives et les services techniques de l'environnement, de l'agriculture et de l'élevage. Celles-ci ont été choisies en fonction de leurs connaissances du site et de leurs disponibilités.

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Tableau 4 : Effectifs de la population de cinq (05) villages insulaires selon le ménage et le sexe (source mairie de la commune rurale d'Ayorou)

Village

Habitants

Ménages

Hommes

Femmes

Firgoune

3913

738

1918

1995

Doulsou

2080

495

1020

1060

Ayorou goungou

2368

427

1161

1207

Ayorou goungokoré

2368

427

1161

1207

Garijo

218

44

98

120

2.2.3.5 Le déroulement des enquêtes de terrain

Cette partie de collecte des données a porté sur les principales interrogations (activité socioprofessionnelles des populations insulaires ; aperçu de l'hippopotame par la population locale ; menaces et contraintes pesant sur l'hippopotame et son habitat ; les formes de dégâts occasionnés par les hippopotames ; Les orientations stratégiques pour les actions à venir et les raisons d'attaques de ces hippopotames sur les activités humaines) dont les réponses ont fait l'objet d'un dépouillement. Ces enquêtes ont été menées durant deux semaines.

Compte tenu du temps impartit, de la complexité du site et la nécessité d'interviewer un échantillon assez représentatif.

Deux possibilités s'offraient :

y' Parcourir tous les villages insulaires du site d'étude pour collecter des données auprès de ces populations ;

y' Interroger des personnes qui ont été victime des attaques d'hippopotames de la zone, et toute autre personne ressource disponible et susceptible de nous fournir des informations.

La seconde solution a semblé la plus efficace parce que le temps et les moyens de déplacement ne permettaient pas de parcourir toute la zone. Les entretiens ont été réalisés séparément.

2.2.3.6 Traitement des données

Les données cartographiques et chiffrées recueillies ont subi respectivement un traitement informatique sur les logiciels tels que Sphinx v.5.1 et Microsoft Excel. Ces outils nous ont permis de réaliser les graphiques et les cartes. La saisie a été effectuée avec le logiciel Word et les figures avec le logiciel Excel.

27

2.2.3.7 Limites méthodologiques

Le déroulement des enquêtes de terrain a connu quelques difficultés. Au nombre de ces difficultés on peut retenir : la rétention de l'information au niveau des enquêtés par peur de représailles ; l'indisponibilité des chefs d'exploitation pour différentes raisons (travaux champêtres, jours de marché hebdomadaire, etc.). Néanmoins, le désir de réussir ce mémoire nous a conduits à surmonter toutes ces difficultés pour collecter des informations et disposer de données intéressantes pour élaborer ce document.

.

28

Chapitre III : Résultats et discussions

3.1 Présentation des résultats de l'enquête

Les différentes enquêtes menées au niveau des villages insulaires de la commune rurale de Ayorou ont permis d'obtenir assez d'information qui mettent en exergue les impacts socio-économiques de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame pour cette communauté insulaire.

3.1.1 Aspect socio-économique de la population insulaire

Les résultats de la figure 5 montrent que l'agriculture occupe 70% des activités de ces populations insulaires, tandis que la pêche et le commerce respectivement 11 à 19%. D'autres activités comme l'élevage, l'artisanat, la traverse des personnes par pirogue, vente de fourrage et bois ...etc. ; qui sont considérées comme activités secondaires, contribuent beaucoup à l'économie de cette population.

80

70

Pourcentage (%)

60

50

40

30

20

10

0

Agriculture pêche commerce

Activités

Figure 5: Principales activités des populations insulaires

Comme l'indique la figure 6 ci-dessous les activités secondaires sont dominées par l'élevage à 41% dans tous les villages. Mais aussi la vente du poison à 18%, vente de fourrage (Bourgou) à 10%, la pêche 7%, l'artisanat à 4%, le commerce du bois à 1% sont pratiquée dans l'ensemble des villages.

Les autres activités représentent : les passeurs des populations dans les pirogues, quelques agents auxiliaires de la mairie de la commune d'Ayorou qui représentent 3%.

45

Pourcentage(%)

40

25

20

35

30

15

10

0

5

29

Activités

Figure 6:Activités secondaire

Sur le plan agriculture, pêche et élevage :

Pourcentage(%)

50

40

30

20

10

0

pêche commerciale

pêche sportive

Pêche

autre

Figure 7 : Type de pêche pratiqué.

Dans ces villages insulaires 37% pratique la pêche commerciale (pêche destinée exclusivement pour la vente) dont la forte proportion se trouve à Garijo. Quant à la pêche sportive (pêche pour sa propre consommation) elle représente 19% et le 44% par ceux qui ne pratique ni la pêche commerciale ni celle sportive.

La figure 8 présente les types d'animaux élevés dans les zones insulaires d'Ayorou

Ovin

31%

Caprin

12%

Asin Vo

1%4

laille

%

Bovin

52%

30

Figure 8:Les types d'animaux élevés

L'élevage des bovins est le plus pratiqué à 52%, suivi de celui des ovins 31%, caprins 12%, asines 1% et volaille 4% sont aussi importantes.

Les différentes spéculations cultivées dans la zone d'étude et leur proportion sont données par la figure 9.

tomate choux autres

riz sorgho maîs manioc mil tabac oignon patate

douce

Cultures

60

50

40

30

20

Pourcentage (%)

10

0

Figure 9:Les différentes spéculations cultivées

Le riz est quasi exploité dans tous ces villages à (51%) et constitué l'aliment de base suivi respectivement du mil (13%), de l'oignon (8%), patate douce (7%), du sorgho (6%)...etc., qui contribué au revenu économique (les autres représentent les cultures de gombo, courge).

La figure 10 donne un aperçu sur la satisfaction alimentaire dû à leurs activités. .

40%

60%

Non Oui

31

Figure 10 : Satisfaction alimentaire dû à leurs activités

La population à 60% n'arrivent pas à satisfaire leurs besoins alimentaires dû aux moyens de pêche, navigation et agricole qui sont toujours rudimentaires mais aussi avec la part importante des dégâts causés par ces pachydermes (hippopotame).

Pour ce qui est des matériels de pêche la figure 11 donne leurs proportions.

hameçon

25%

harpon

9%

rien

13%

nasse

13%

40%

filet

Figure 11: Les moyens de pêche

Le filet est le matériel le plus utilisé suivi respectivement du hameçon, la nasse et le harpon. Pour ce qui est du reste (non réponse) correspond aux personnes qui sont indiffèrent par rapport au questionnaire.

60

50

40

30

20

Pourcentage (%)

10

0

Pieds pirogue sans moteur pirogue a moteur

Moyens

32

Figure 12: Les différents moyens de transport pour la pêche

En ce qui concerne les déplacements pour la pêche, ces populations à 46% le font souvent à pieds et à 54% à pirogue sans moteur. Cependant, à Garijo la pirogue sans moteur est le moyen de transport le plus utilisé tandis que dans les autres villages soit c'est à pieds ou à pirogue sans moteur.

Pour ce qui concerne l'utilisation des pirogues à moteurs par les pêcheurs, elle représente zéro pourcent.

3.2 Caractérisation du rapport Homme-Hippopotames

Les rapports entre l'Homme et l'hippopotame sont surtout conflictuels. Il en résulte d'après 100% des enquêtés des dégâts humains et matériels.

3.2.1 Dégâts humains

Ils sont très nombreux. A Firgoun et Doulsou, nous avons noté 9 décès en 2 ans. Les attaquent semblent s'intensifier avec le temps. Il a été constaté que ces animaux attaquent quasiment de la même manière. L'hippopotame reste immergé et, au passage des pirogues des pêcheurs, des traversiers, les renverses et prennent les Hommes en chasse. Très souvent les hippopotames bloquent le passage pendant des heures qui causent beaucoup de préjudice aux écoliers qui devraient se rendre de l'autre côté du fleuve pour aller à l'école et les malades qui devraient se rendre dans les centres de soin. Ce qui cause beaucoup d'accouchement et des décès dans leurs villages dû à ces agissements de blocage.

Pendant la nuit lorsque ces ongulés (hippopotame) pâturent les agriculteurs sont obligés de passer la nuit dans leurs champs pour les effrayer lorsqu'ils s'aventurent près de leurs cultures.

33

C'est le cas du témoignage d'un enquêté qui dit : « cette année à l'approche de la récolte du riz je quitte ma maison à la tombé du soleil pour me rendre dans mon champ de riz pour ne revenir qu'au lever du soleil, et durant toute la nuit je reste éveillé avec ma lampe torche en faisant des projections dans toute les directions pour qu'ils ne s'approchent pas ».

3.2.2 Dégâts matériels

Ceux-ci concernent principalement les champs agricoles, les matériels de pêches, les pirogues mais aussi les animaux sans oublier les pertes de marchandise lorsqu'ils renversent les pirogues. La figure 13 révèle les spéculations les plus ravagés par les hippopotames.

riz manioc patate

douce

oignon courge autre

Cultures

Pourcentage(%)

40

80

70

60

50

30

20

10

0

Figure 13: Les types de culture les plus ravagés par les hippopotames

Le riz a été la culture la plus appétée avec 72% de préférence contre 12% pour la patate douce. Ensuit suivent l'oignon 6%, le manioc 5%, la courge 3% et les autres 2%(gombo, tabac, tomate, choux). Le riz occupe les plus grandes parcelles estimées à 25ha. Ces divagations dans les champs s'expliquent par la proximité des villages et des champs qui se trouve le plus souvent sur l'aire de pâturage des hippopotames. La photo 4 illustre le cas d'une parcelle rizicole dévastée par les hippopotames à Firgoune.

34

Photo 4: Un champ de riz complètement dévasté par un hippopotame à firgoun (M. Bassirou, 2018)

La figure 14 donne un aperçu des animaux les plus d'attaque par les hippopotames.

brebis

7%

bouc

6%

chevre

7%

mouton

10%

ane

5%

aucun

10%

vache

20%

boeuf

35%

Figure 14 : Animaux attaqués

35

On constate à travers cette figure que les bovins à 55% subissent le plus d'attaque de la part des hippopotames, suivis respectivement par les ovins (17%) et les caprins (13%). Les ânes sont rarement attaqués du fait qu'ils sont faiblement présents dans ces zones insulaires (5%).

3.2.3 Période de dégât

A l'unanimité dans les villages, ils disaient que la période où les cultures sont les plus dévastées par les hippopotames est la saison sèche. En effet, pendant la saison sèche les animaux vont plus loin à la recherche du pâturage. Ainsi, la coupe du bourgou est intensifiée pour l'alimentation des animaux domestiquent. D'où des fréquentes rencontres des hippopotames avec l'homme.

3.2.4 Les raisons des attaques des hippopotames

La figure 15 révèle les causes des attaques d'hippopotames.

manque de bourgoutiere;

10%

manque d'aire de paturage;

4%

manque
d'espace; 20%

augmentation des hippos;

66%

Figure 15: Les raison d'attaque et divagation des hippopotames

Les personnes enquêtées à 66% affirment que les raisons d'attaque des hippopotames sont dues à l'augmentation des individus d'hippopotames, 20% au manque d'espace. Les 10% et 4% pensent qu'il y a insuffisance de bourgoutière et d'aire de pâturage pour les hippopotames.

En ce qui concerne les raisons de cohabitation des hippopotames avec la population insulaire est due tout simplement aux augmentations des nombres d'hippopotames et à la raréfaction des ressources naturelle dans certaine zone d'après les enquêtés. Mais aussi le besoin en espace cultivable de cette population en pleine croissance continuelle.

3.2.5 Moyens de protection des cultures

Pour se prémunir des attaques des hippopotames dans leurs activités agricoles 54% font la surveillance et/ou le gardiennage, 25% font le refoulement de ces hippopotames. Pour 12%, il

36

n'y a rien à faire face à ces attaques vues les moyens de défense vétuste qu'ils possèdent comme l'indique la photo 5 de dessous et 9%, pense que c'est le devoir des services Eaux & Forêts.

9%

25%

12%

54%

refoulement abattage rien

surveillance et ou gardiennage

Figure 16 : Répartitions des types de moyens de protection des cultures selon les enquêtés

Photo 5:une maison sur laquelle il est fixé un tonneau servant de répulsif sonore firgoum (M. Bassirou, 2018).

Les paysans utilisent une grande variété de bruits (tambours, boîtes de conserves, hurlements et sifflement) pour repousser les hippopotames. Les populations utilisent également des lances

37

pierres, des harpons contre les hippopotames au péril de leur vie, un hippopotame effrayé revient toujours à la charge pour savoir le pourquoi de sa fuite.

3.2.6 Aperçu de l'hippopotame par la population des villages insulaire

Les personnes interviewées ont dans leur majorité (75%) déclarés que la présence des hippopotames n'a aucun intérêt pour les terroirs, 20% sont indifférents et seulement 5% constitués essentiellement par les guides touristiques pensent que la présence des hippopotames est bénéfique pour la Commune d'Ayorou (figure 17).

Les raisons évoquées par le premier groupe se résument aux propos du chef de canton d'Ayorou, qui dit : « Nous subissons impuissamment les dégâts des hippopotames. Aucune voie de recours, ni aucune compensation ne nous sont offertes, même en cas de mort d'homme. Quant aux autorités, elles ne font rien ».

Série1;
Idifférent;

20; 20%

Série1;
Inconvenient;

75; 75%

Série1;
Avantage; 5;

5%

Avantage Inconvenient Idifférent

Figure 17. : Aperçu de la présence des hippopotames par la population insulaire

38

3.3 Discussion

3.3.1 Les aspects-socio-économiques

Les différentes enquêtes effectuées sur les îles du fleuve ont été très efficace pour atteindre nos objectifs. Ainsi, les principales activités des habitants de cette zone sont la culture pluviale (mil, niébé...), le maraichage, la pêche, l'élevage et le tourisme. L'écrasante majorité de la population (70%) sont des agriculteurs et les 11% et 19% représente les pêcheurs et commerçants. Ces résultats sont similaires à ceux de Ben Mohamed (2010). Les formes indirectes des dégâts jouent beaucoup plus sur la communauté à travers des impacts sociaux, après un cas de mort ou d'agression physique d'une personne ou d'animal domestique, il va y avoir un ralentissement des activités quotidiennes de la population. Plusieurs scolaires ne peuvent plus participer régulièrement aux cours, le calendrier cultural aura du mal à être respecter, avec pour conséquence une mauvaise récolte, aggravant ainsi la précarité qui affecte déjà plusieurs personnes. On assistera également à une baisse des activités de pêche qui se traduit par un manque à gagner en terme nutritionnelle et monétaire. Alors l'économie déjà fragile prendra un coût sérieux.

3.3.1.1 Dégâts sur les cultures, l'élevage, la pêche et la navigation

En effet notre étude démontre que les cultures des riz, patate douce, oignon, courge sont les plus attaquées des cultures. Les dégâts sont occasionnés essentiellement de nuit sur les cultures aussi bien sur la terre ferme pour celles dites de contre saison et eau peu profonde pour le riz. Les dégâts causés aux cultures par les hippopotames résultent du piétinement et de prélèvements alimentaires importants ayant des conséquences néfastes sur la production agricole. Ces résultats sont conformes à ceux de Maha (2012) qui affirme que le maïs, le riz et le sorgho sont les cultures les plus dévasté au Cameroun par les hippopotames et au Benin Amoussou (2006) affirme que les incidents de dévastation des cultures par les hippopotames surviennent surtout sur les cultures bien feuillues (maïs, manioc, coton) ou prêtes pour la récolte.

Quant aux animaux les bovins représentent 55% des animaux les plus attaqué suivi respectivement des ovins 17% et caprin 13%. Le 4 avril 2010 un hippopotame mâle solitaire a tué 10 brebis, 6 vaches et 1 boeuf de trait et la nuit suivante 2 boeufs de trait à nouveau. Les autorités n'ont quant à elles pas prévues des mesures de compensation et pire la population n'est pas assez sensibilisée sur l'importance économique et écologique des hippopotames. Les quelques rares personnes qui juge qu'il est important de préserver les hippopotames sont celles

39

qui bénéficient des retombés de l'écotourisme (Ali, 2011). Et dans les activités de pêche et navigation, le dégât causé par les hippopotames d'après nos enquêtes concerne la destruction des filets, nasse, hameçon et les pirogues. Certains pêcheurs auraient abandonné la pêche à cause de la répétition de ces incidents et d'autres évitent simplement les pêches nocturnes. Le filet, l'hameçon et la nasse sont les matériels de pêche les plus détruits par ces pachydermes d'après les réponses collectées auprès des enquêtées. Un peu plus du tiers des personnes enquêtées ont été pourchassé par les hippopotames au moins une fois sur l'eau lors de la pêche ou de la navigation. Les hippopotames détruisent de façon fréquente les filets qui sont installés sur leur passage. Selon Ollo et al (2009), les hippopotames seraient responsables de dégâts sur l'élevage et les filets de pêche (soit respectivement 49,5% et 28,6% de citation) ainsi que de quelques accidents mortels sur les pêcheurs par des femelles suitées au Burkina. Aussi Ali (2011) affirme que les hippopotames occasionnent des dégâts sur les cultures, le bétail, les embarcations, les engins de pêche et les accidents physiques avec des blessures souvent graves et mortels sur les humains.

3.3.1.2 Les dégâts matériels

Les dégâts des hippopotames se sont intensifiés sur les cultures. Ils sont intenses en saison des pluies où les hippopotames se dispersent. La forme et l'intensité des dommages causés aux cultures sont variables suivant les cultures et leur stade phénologique. Les populations locales s'inquiètent de plus en plus de l'incidence croissante des cas de dévastation des champs par les hippopotames au cours de ces dernières années. Ces populations se demandent de plus en plus si les hippopotames sont devenus tellement plus importants que les hommes au point de leur permettre de récolter les produits alors que les paysans en manquent énormément. Il y a de ce fait un appel continuel à l'abattage ou au dégagement des hippopotames destructeurs.

Selon Amoussou (2006) l'influence de l'anthropisation des habitats et les effets de voisinage sont les facteurs qui concourent à la naissance et la persistance des conflits hippopotame-homme dans la zone d'étude. Les conséquences sont dommageables aussi bien pour les hippopotames que pour les hommes : diminution des récoltes agricoles et se corollaires ; climat d'insécurité sur les aires d'occupation des hippopotames ; décimation de la population d'hippopotames ; pertes en vies humaines.

3.3.1.3 Les dégâts humains

Les dégâts les plus perceptibles sont ceux qui sont directs. La plupart des cas sont dû à une occupation des terres ne répondant à aucun plan d'aménagement et de gestion de terroir, donc

40

aux mépris des bonnes pratiques d'utilisation rationnelle de l'espace et de ces ressources. Les accidents sur les hommes interviennent dans leurs grandes majorités en eau profonde quand l'animal est en nage (enquêtes). Mais par contre de cas d'accident sur la terre ferme sont également rapportés. Les paysans face à la destruction de leur bien tentent par tous les moyens de repousser l'hippopotame. La cohabitation hippopotames/Hommes semble rencontrer des difficultés dans plusieurs pays. Selon les auteurs (Kabré et al, (2006) depuis des années, il était devenu impossible de travailler les terres et si on osait le faire, le produit revenait toujours à ces nouveaux prédateurs. Il n'y a pas que l'agriculture qui est menacée du fait du danger que constituent ces bêtes dans le fleuve. La navigation est elle aussi devenue périlleuse au point où, dans beaucoup de zones, personne n'ose prendre la pirogue la nuit, quand le jour ne donne aucune garantie aux piroguiers téméraires. Autant qu'on le peut, on évite le fleuve surtout quand dans la zone il y a des jeunes hippopotames- mères et des mâles violents. Au terme de nos travaux nous n'avons pas pu obtenir des données nous permettant de mesurer la gravité des dégâts directs. Néanmoins durant notre séjour, des exploitants agricoles nous ont convié à constater des dégâts sur les cultures, ils affirment que ces genres de situations s'observent régulièrement sans qu'aucun recours n'est possible au prés de l'administration. Les seules données enregistrées étaient les cas de décès d'hommes, même les blésés n'ont pas été pris en compte et ceci seulement à partir de 2009. En deux ans de tenu statistique il a été dénombré le chiffre de huit (08) morts d'homme.

3.3.1.4 Les raison d'attaque des hippopotames

Les principales raisons des attaques des hippopotames dans ces îles sont dû à 66% aux augmentations des hippopotames, 20% au manque d'espace, 10% à l'insuffisance des Bourgoutières et 4% au manque d'aire de pâturage. Tous ces résultats sont dus à une augmentation exponentielle des populations insulaire et à des occupations de terre de manière anarchique. Kabré et al (2006) rapportent que les cultures occupent souvent les berges des barrages et même dans certains endroits la cuvette. Cette occupation qui ignore l'existence de l'hippopotame oblige les populations de cette espèce à s'alimenter dans ces zones de cultures et cause en conséquence des pertes de production. D'après Isak (2017) en bien d'endroits, dans les îles et autour du fleuve, il était devenu quasiment impossible de travailler des jardins, de travailler des champs et des rizières, les nouveaux maîtres du fleuve, pouvant souvent juste avant de récolter, tout détruire ou en mangeant les cultures, ou en les piétinant carrément. Les principales causes résident dans le fait que les hippopotames ne font qu'augmenter.

41

Conclusion et recommandation

La présente étude a porté sur l'étude des impacts socio-économiques de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame dans la commune d'Ayorou. Nos résultats ont montré que la cohabitation population insulaire et hippopotame engendre beaucoup de conflits d'une part ; ces populations occupent et utilisent de manière irrationnelle les aires de pâturages et les ressources naturelles et d'autres part ces hippopotames ne font qu'augmenter en nombre et occasionne fréquemment des dégâts sur les activités de cultures, de pêche, navigation, d'élevage...etc.

La cohabitation n'est cependant plus évidente, surtout avec la croissance démographique de ces populations sur ces îles, alors que ces espaces sont déjà saturés. D'où des conflits allant de la destruction répétée des champs (de préférence de riz, patate douce, et courge) aux attaques directes qui occasionnent assez souvent, une mort d'Homme. Les attaques sur les humains semblent s'accentuer en saison sèche, quand l'aliment se fait rare. Les moyens de lutte contre ces attaques se résument au refoulement ou à l'intervention du service chargé de la faune. L'utilité de l'animal ne semble pas être reconnue car une des doléances principales des pécheurs et agriculteurs est l'élimination complète de celui-ci.

Recommandation

- protéger les aires de vie de ces hippopotames des activités humaines ;

- réserver une superficie déterminée et protégée par des clôtures de panneaux solaires aux

différentes cultures pour les riverains ;

- réglementer l'exploitation du bourgou par les habitants ;

- S'assurer que les populations locales perçoivent les taxes fauniques du fait de la

protection des hippopotames.

- La promotion de l'image de l'hippopotame commun à travers des mécanismes de sensibilisation du grand public et de la population rurale afin d'aboutir à une meilleure intégration de l'hippopotame dans les terroirs ;

- La poursuite de la sensibilisation et de la mobilisation de la population riveraine à la gestion durable de ressources naturelles ;

42

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Liste des Annexes :






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"Et il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède le voyage, l'instant ou l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"   Milan Kundera