Année académique
2018-2019
|
REPUBLIQUE DU NIGER MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT
SUPERIEURE ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE UNIVERSITE BOUBAKAR BA DE
TILLABERI(UBBT) FACULTE DES SCIENCES
AGRONOMIQUES(FSA) Mémoire de fin de cycle en vue de
l'obtention de LICENCE EN ETUDE D'IMPACT ENVIRONNEMENTAL ET
|
SOCIAL (EIES)
Impact socio-économique de la cohabitation
entre population insulaire et hippopotame : cas de la commune
d'Ayorou
Présenté par Yaou Abdou Maman Bassirou
Soutenu devant le jury composé de :
Président : Pr Alzouma Mayaki
Zoubeirou
Membre : Dr Laouli Abdoul Kadri
Directeur de Mémoire : Dr Abdou Maman
Manssour
Maitre de stage : Lt Col. Mahamoudine
Salé
ii
Dédicace
Je dédie ce document à toute la famille YAOU,
notamment :
- Mes parents : YAOU Abdou et Harira Laouali
- Mes frères et soeurs : Sadissou, Rabia, Fati, Nadia,
Ismaël et Hadiza : pour leur indéfectible soutien (aussi bien moral
que financier) dans ma recherche du savoir : J'ose espérer que ce
travail sera à la hauteur des sacrifices consentis.
iii
Remerciements
La réalisation de ce travail de fin d'étude a
été possible grâce à la contribution de nombreuses
personnes. Avant de commencer l'énumération de celles-ci et
peut-être l'oubli de certains, j'aimerais donc remercier toutes les
personnes ayant, de près ou de loin, participées à la
réalisation de ce travail de fin d'études.
Je ne peux débuter ces remerciements sans marquer ma
gratitude au Dr Abdou Maman Manssour, promoteur de ce
mémoire, pour ses nombreuses corrections, ainsi que ses conseils
avisés.
Je tiens particulièrement à remercier la personne
à l'origine de ce travail de fin d'études, le
Lieutenant-colonel Mahamoudine Salé le Directeur
Départemental de l'Environnement de la Salubrité urbaine et du
Développement Durable (DDE/SU/DD) d'Ayorou. Celui-ci m'a permis de vivre
ma première expérience sur le terrain dans un cadre unique, je
l'en remercie tant sur le plan moral, financier, matériel et humain.
Je remercie également l'ensemble du personnel de la
DDE/SU/DD d'Ayorou pour leur accompagnement durant tous mes parcours sur le
terrain, de leur conseils et facilitation d'intégration durant le temps
passé au près d'eux.
Merci également à l'ensemble de nos enseignants
chercheurs de l'université Boubakar Ba de Tillaberi (UBBT) pour leur
formation, leurs conseils et patiences durant ses trois ans d'études. Je
ne peux terminer sans remercier mes camarades plus particulièrement ceux
de la section Etude d'Impact Environnemental et social (EIES) pour le partage
de connaissance pendant les temps passé ensemble ainsi que leurs
soutiens (moral) les uns vers les autres.
iv
Liste des tableaux
Tableau 1: quelques mensurations de l'hippopotame (d'après
Haltenorth et al. (1985) 13
Tableau 2:Genres végétaux consommés
fréquemment par l'hippopotame selon les auteurs et les
pays d'étude. 15 Tableau 3 : Effectifs des populations
et des groupes d'hippopotames du Niger (inspiré de
Noirard et Gigot, 2008, p. 12). 19 Tableau 4 : Effectifs de
la population de cinq (05) village insulaire selon le ménage et le
sexe
(source mairie de la commune rurale d'Ayorou) 25
Liste des photos
Photo 1: Groupe d'hippopotame commun (Hippopotamus amphibus
Linné 1758), sur un site
de repos de période de crue dans le fleuve Niger à
Ayorou Goungo. 12
Photo 2: Bourgoutière entre Ayorou Goungo et Ayorou
Goungokoré (M.Bassirou) 16
Photo 3 : un crocodile dans la guelle d'un hippopotame sans doute
défendant son petit. 18
Photo 4: Un champ de riz complètement
dévasté par un hippopotame a firgoun (M.Bassirou)
34
Photo 5:une maison sur laquelle il est fixé un tonneau
servant de répulsif sonore (firgoum) 36
v
Liste de figure
Figure 1: zonage agro écologiques de la région de
Tillaberi (Hamidou, 1995) 8 Figure 2 : Répartition
géographique des hippopotames d'Afrique. Source : UICN [2001] .... 17
Figure 4: Structure des différentes catégories
IUCN. Source : IUCN [2001] 22
Figure 5:activité principale des populations insulaire
28
Figure 6:activité secondaire 29
Figure 7 : type de pêche pratiqué. 29
Figure 8:les types d'animaux élevés 30
Figure 9:les différentes spéculations
cultivées 30
Figure 10 : subvention alimentaire de leurs activités
31
Figure 11: les moyens de pêche 31
Figure 12: les différents moyens de transport pour la
pêche 32
Figure 13: les types de culture les plus ravagés par les
hippopotames 33
Figure 14 : Animaux attaqués 34
Figure 15: les raison d'attaque et divagation des hippopotames
35
Figure 16 : repartions des types de moyens de protection des
cultures selon les enquêtés 36
Figure 18. : Perception de la présence des hippopotames
par la population d'Ayorou 37
vi
SIGLE ET ABREVIATION
ABN : Autorité du Bassin du Niger ;
APHN : Association pour la Protection des
Hippopotames du Niger
AG : Assemblée Générale
;
CITES : Convention sur le commerce
international des espèces de faune et de flore sauvages
Menacées d'extinction ;
DFPP : Direction de la Faune, de la
Pêche et de la Pisciculture ;
DDA/Ti : Direction Départementale de
l'Agriculture de Tillaberi ;
DDE/SU/DD : Direction Départementale
de l'Environnement de la Salubrité Urbaine et du
Développement Durable ;
DRE/LCD/Ti : Direction Régionale de
l'Environnement et de la Lutte Contre la
Désertification de Tillabéri ;
RGP/H : Recensement Général de
la Population et de l'Habitat ;
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
vii
Table des matières
Dédicace ii
Remerciements iii
Liste des tableaux iv
Liste des photos iv
Liste de figure v
SIGLE ET ABREVIATION vi
Résumé ix
Abstract x
INTRODUCTION 1
Chapitre I 3
1. Etat des connaissances 3
1.1 Les conflits Homme-Faune: la problématique
3
1.1.1 Les facteurs des conflits Homme - Faune 3
1.1.2 Facteurs humains 3
1.1.2 Facteurs liés à l'habitat 4
1.1.3 Caractéristiques intrinsèques de la
faune 5
1.2 Les dégâts 5
1.2.1 Décès et blessures d'humains 5
1.2.2 Destruction de récoltes 6
1.2.3 Attaques d'animaux domestiques 6
1.2.4. Transmission de maladies aux animaux domestiques
et/ou aux humains 6
Chapitre II 8
2.1 Présentation de la zone d'étude
8
2.1.1 Facteurs biophysique 8
2.1.1.1 Situation géographique 8
2.1.1.3 Les sols 9
2.1.1.4 Les ressource en eau 9
2.1.1.4 La végétation 9
2.1.1.5 La faune 9
2.1.1.6 La population 10
2.1.2 Les activités socio-économiques
10
2.1.3 Généralité sur les hippopotames
11
2.1.3.1 Classification et taxonomie 11
2.1.3.2 Description 12
2.1.3.3 Mensuration 13
2.1.3.4 Reproduction 13
2.1.3.5 Alimentation 14
viii
2.1.3.5 Répartition géographique 17
2.1.3.6 Habitat 17
2.1.3.7 Prédateurs 17
2.1.3.8 Comportement social 18
2.1.3.9 Distribution au Niger 19
2.1.3.10 Dentition 21
2.1.3.11 Statuts 21
2.2 MATERIEL ET METHODES 23
2.2.1 Choix du site d'étude
23
2.2.1.1 Description du milieu 23
2.2.2 Matériel biologique 24
2.2.3.1 Recherche documentaire 24
2.2.3.2 Données quantitatives 24
2.2.3.3 Elaboration de questionnaires 25
2.2.3.4 Choix de l'échantillon 25
2.2.3.5 Le déroulement des enquêtes de
terrain 26
2.2.3.6 Traitement des données 26
2.2.3.7 Limites méthodologiques 27
Chapitre III : Résultats et discussions
28
3.1 Présentation des résultats de
l'enquête 28
3.1.1 Aspect socio-économique de la population
insulaire 28
3.2 Caractérisation du rapport Homme-Hippopotames 32
3.2.1 Dégâts humains 32
3.2.2 Dégâts matériels 33
3.2.4 Les raisons des attaques des hippopotames 35
3.2.5 Moyens de protection des cultures 35
3.2.6 Aperçu de l'hippopotame par la population des
villages insulaire 37
3.3.1 Les aspects-socio-économiques 38
3.3.1.1 Dégâts sur les cultures,
l'élevage, la pêche et la navigation 38
3.3.1.2 Les dégâts matériels
39
3.3.1.3 Les dégâts humains 39
3.3.1.4 Les raison d'attaque des hippopotames 40
Conclusion et recommandation 41
Références bibliographiques
42
Liste des Annexes : 45
ix
Résumé
La présente étude s'est déroulée
à Ayorou et a pour objectif général de déterminer
l'impact socio-économique de la cohabitation entre population insulaire
et hippopotame. La méthode utilisée pour conduire cette
étude a été les enquêtes dans les cinq villages
insulaires.
Nos résultats ont montré que le riz à
72%, la patate douce (12%), l'oignon (6%) sont les cultures les plus
dévastés par les hippopotames. Mais aussi les matériels de
pêche et embarcations sont fréquemment détruit par ces
pachydermes (hippopotame). Neuf (9) cas de décès humain ont
été enregistrés et plusieurs cas dans les animaux, dont
les bovins sont les plus attaqués, avec pour raison augmentation des
hippopotames, insuffisance de bourgoutière, manque d'espace dans ces
îles.
Mots clé : Hippopotamus amphibius ;
Bourgoutière ; Population Insulaire ; Impact socio-économique
x
Abstract
This study was conducted in Ayorou and its general objective
is to determine the socioeconomic impact of the cohabitation between island
population and hippopotamus. The method used to conduct this study was the
surveys in the five island villages.
Our results showed that 72% rice, sweet potato (12%), onion
(6%) are the most devastated crops by hippos. But also fishing equipment and
boats are frequently destroyed by these pachyderms (hippopotamus). Nine (9)
cases of human death have been recorded and several cases in animals, of which
cattle are the most attacked, with the increase of hippopotamuses, lack of
bourgoutière, lack of space in these islands.
Key words: Hippopotamus amphibius; Bourgoutière; Island
population; Socio-economic impact
xi
1
INTRODUCTION
Contexte et justification
Les conflits entre les hommes et les hippopotames ne sont pas
récents ; l'hippopotame se nourrissait dans les cultures des
Égyptiens 2000 ans avant Jésus Christ (Lamarque et al,
2009). Aujourd'hui encore, l'hippopotame engendre des dégâts
sur les cultures, mais il dérange aussi l'homme par sa présence,
qui est potentiellement très dangereuse et qui peut gêner les
activités associées à l'eau (Post, 2000).
Par ailleurs, en Afrique de façon
générale et particulièrement au Niger, l'eau
utilisée par les communautés rurales provient principalement de
sources d'eau de surface, telles que les fleuves, rivière et lac. Ainsi,
ces sources d'eau douce et les riverains qui les utilisent, sont donc
particulièrement à risque (Lamarque et al. 2009). Le
comportement imprévisible de l'animal oblige l'homme à rester
vigilant, car l'hippopotame peut charger dans l'eau comme sur terre, qu'il soit
provoqué ou non (Eltringham, 1999 ; Post, 2000).
De plus, l'utilisation de pirogues traditionnelles est encore
répandue en Afrique subsaharienne et ne permet pas nécessairement
de sécuriser ses passagers, de sorte que ses attaques peuvent être
fatales. En effet, même sur la terre ferme les hippopotames peuvent
engendrer d'importants dégâts lorsqu'ils attaquent car ils peuvent
courir plus rapidement (jusqu'à 40 km/h) que l'homme. C'est d'ailleurs
l'un des mammifères le plus redoutable en Afrique (Durrheim et Leggat,
1999). À titre illustratif, une attaque d'hippopotame sur deux
était fatale au Mozambique entre 2006 et 2008 (Dunham et al.,
2010). Au Niger, un hippopotame a renversé une embarcation près
de Niamey, tuant ainsi 18 personnes, principalement des étudiants (AFP,
2014). Les incidents conflictuels entre l'homme et l'hippopotame sont nombreux,
principalement là où les densités d'hippopotames et
humaines sont élevées (Mkanda, 1994 ; Eltringham, 1999). En
effet, la croissance démographique entraîne une augmentation des
besoins en terre et eau, notamment pour l'agriculture au détriment de
l'espace occupait par les hippopotames (Muruthi, 2005 ; Kanga et al.,
2012). Ainsi, certaines aires de pâturages naturels qu'utilisaient les
hippopotames sont dorénavant utilisés par l'homme, notamment
à des fins agricoles, ce qui exacerbe la compétition et les
conflits entre l'homme et l'hippopotame dans les zones insulaires (Lock, 1972 ;
Eltringham, 1999 ; Noirard et al., 2004 ; Amoussou et al.,
2006 ; Kendall, 2011). C'est le cas de la population d'Ayorou qui est victime
de nombreuses attaques dans leurs activités telle que : l'agriculture,
l'élevage, la pêche et souvent même dans leurs navigations
et qui se solde parfois par des pertes en vie (humaine ou animal).
2
Or L'hippopotame responsable de ces divagations ou
empiètement sur les cultures fait partie de la liste des espèces
animales intégralement protégées en vertu de l'article 21
de la Loi N°9807 du 29 avril 1998 fixant le Régime de la Chasse et
de la Protection de la Faune au Niger. L'abattage est donc proscrit, peu
importe le contexte. Par conséquent la problématique de la
cohabitation entre l'homme et les hippopotames reste un paradigme à
élucider. A cet effet il serait tout à fait opportun de se
demander :
Comment assurer une cohabitation pacifique entre l'homme qui
dans sa quête de ses besoins alimentaires tente d'augmenter ses
superficies cultivables sans pour autant se préoccuper du cadre de vie
de ces animaux ?
La création d'une aire de conservation des hippopotames
dans la zone d'Ayorou avec un système de zonage clairement défini
; permettrait-elle de limiter les cas de divagation des hippopotames dans les
champs de culture ?
C'est pour tenter d'apporter des réponses à ces
questions qu'intervient la présente étude intitulée «
impacts socio-économiques de la cohabitation entre population insulaire
et hippopotame dans la commune d'Ayorou ».
Le présent mémoire, composé de trois
chapitres est structuré comme suit : un premier qui parle sur
l'état des connaissances, un deuxième expose le matériel
et méthodes et un troisième présente les résultats
et discussion suivi de la conclusion et recommandations.
Objectif général :
L'objectif général de cette étude est de
déterminer les impacts socio-économiques de la
cohabitation entre population insulaire et hippopotames dans la
commune d'Ayorou.
Objectifs spécifiques
Spécifiquement, il s'agit de :
y' Identifier les personnes victimes d'attaque ;
y' Identifier les activités de la population riveraine
;
y' Déterminer les dégâts causés par
les hippopotames sur la population riveraine ;
y' Déterminer les impacts de la cohabitation sur leurs
activités ;
y' Identifier les raisons de la cohabitation ;
3
Chapitre I
1. Etat des connaissances
1.1 Les conflits Homme-Faune : la problématique
1.1.1 Les facteurs des conflits Homme - Faune
Un ensemble de tendances globales concernant la
démographie humaine, l'évolution de l'habitat, ainsi que la
distribution et le comportement de la faune, a contribué à
accroître les conflits humains-faune dans le monde entier. Les facteurs
ci-après figurent parmi les principales causes des conflits entre les
humains et la faune en Afrique.
1.1.2 Facteurs humains
1.1.2.1. Les besoins du développement humain.
La principale cause de conflits dans le monde est la
compétition entre une population humaine en croissance et la faune
sauvage pour des espaces et des ressources naturelles en diminution. La
transformation de forêts, savanes et autres écosystèmes en
terres agricoles ou en zones urbaines, afin de répondre à une
demande accrue du foncier, de produits alimentaires, d'énergie et de
matières premières, a conduit à une réduction
drastique des habitats de la faune.
Cela est particulièrement vrai en Afrique, où la
population humaine a pratiquement triplé en quatre décennies
à partir de 1960 et où, en conséquence, l'emprise agricole
a colonisé les terres les plus marginales, empiétant ainsi sur
les habitats de la faune sauvage. Dans ces conditions, les conflits entre la
faune sauvage et les communautés locales ne pouvaient que se
développer. Le conflit entre les humains et les hippopotames illustre
parfaitement cela. Au Niger on estime qu'environ 95% des hippopotames
dénombrés se trouvent en dehors du parc national, unique aire
protégée qui abrite quelques individus. L'accès à
l'eau est un autre besoin fondamental des populations humaines. Les
implantations permanentes des clôtures de protection des cultures sont
généralement installées à proximité d'une
source d'eau, dont l'accès est de ce fait condamné pour la faune
sauvage (Hugh, et al, 2002).
1.1.2.2 Migration de populations pour des raisons de
sécurité physique ou alimentaire
Les sécheresses, les inondations, les catastrophes
naturelles et l'instabilité politique, perturbent la production et la
distribution normale des produits alimentaires et provoquent des famines. Ces
phénomènes sont en progression ; le nombre annuel de situations
d'urgence alimentaire a presque triplé en Afrique depuis les
années 80. Dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne, une personne sur
trois est sous-alimentée (Ali, 2003). Ces facteurs
génèrent une migration
4
5
continuelle des populations rurales vers les zones où
elles peuvent trouver des ressources naturelles ; or ces zones sont souvent
occupées par la faune sauvage.
L'envahissement par les humains de l'habitat de la faune qui
en résulte conduit à des conflits. Les sécheresses
successives et la désertification qui en a résulté ont
provoqué une migration importante des populations du Nord vers le Sud.
Ces migrants s'installent fréquemment au voisinage des dernières
poches de ressources naturelles, où ils sont particulièrement
exposés aux conflits avec la faune sauvage. Ces conflits sont encore
plus importants dans les zones où de nombreuses espèces sauvages
différentes cohabitent avec des densités élevées de
populations humaines.
En réalité tel doit d'être la situation
d'une manière générale, sauf que pour le cas d'Ayorou se
sont les hippopotames qui sont venus trouver les populations sur au moins 3/5
de l'aire qu'ils occupent (Albachir, 2002).
1.1.2 Facteurs liés à l'habitat
La perte progressive d'habitats a conduit à
l'augmentation des conflits entre les humains et la faune sauvage. Le domaine
de la faune sauvage devenant de plus en plus fragmenté et la faune
étant confinée dans des très petites poches d'habitat
convenable restantes, les humains et la faune sauvage entrent de plus en plus
souvent en contact et donc en conflit. Dans l'aire de conservation de Kakum au
Ghana, la surface de forêt disponible pour les éléphants a
été réduite à peu près de moitié
depuis les années 70. Cette situation explique pourquoi la
densité d'éléphants (environ 0,6/km2) est
à présent plus élevée que dans la plupart des
autres forêts d'Afrique de l'Ouest, ce qui se traduit par une
augmentation des dégâts sur les cultures (Hugh et al,
2002).
Actuellement, les derniers habitats convenables subsistent
généralement à l'intérieur des aires
protégées. C'est pourquoi les conflits sont
particulièrement fréquents dans les zones tampons des
réserves, où les champs et les pâturages sont très
rapidement accessibles aux populations abondantes de faune qui sortent de
l'aire protégée.
À cet égard, les périphéries des
aires protégées doivent être considérées
comme des sortes de puits de populations, des zones critiques où le
conflit Homme-Faune est un des problèmes majeurs (Ali, 2011).
Plusieurs facteurs peuvent contribuer à modifier la
quantité ou la qualité des habitats de la faune sauvage.
L'une des principales conséquences de la perte
d'habitats est la diminution de ressources naturelles disponibles pour la
faune. La destruction de la végétation naturelle autour des
aires
protégées et, dans certains cas, la disparition
totale des zones tampons obligent les espèces herbivores à se
nourrir dans des champs cultivés.
Cette situation répond parfaitement au cas qui nous
concerne à Ayorou, certaines exploitations sont situées juste au
bord du fleuve avec des clôtures de fortune quand elles existent. Bien
qu'il n'y ait pas d'aire protégée nous pensons que quand
l'équilibre existait entre les ressources naturelles et la faune, il y
avait moins de conflits entre l'homme et l'hippopotame surtout que la taille de
la population des hippopotames était moindre.
1.1.3 Caractéristiques intrinsèques de la
faune
Les caractéristiques intrinsèques de la faune,
telles que les préférences alimentaires, les habitudes
migratoires, les comportements d'évitement ou au contraire de
prédateur, peuvent influer sur les conflits Homme-Faune.
Certaines plantes particulièrement
appétées sont capables d'attirer la faune sur de grandes
distances. C'est notamment le cas de quelques cultures ((maïs, riz, patate
douce...)
Les hippopotames sont à l'origine de nombreux cas des
conflits avec les agriculteurs dans le terroir d'Ayorou. En effet, privé
de son pâturage naturel à cause du surpâturage, de la coupe
abusive du bourgou et de l'augmentation des surfaces cultivables pour faire
face à l'insécurité alimentaire qui est presque chronique,
alors les hippopotames sont condamnés de faire des excursions dans les
cultures pour se nourrir surtout entre les mois de janvier et mai.
1.2 Les dégâts
1.2.1 Décès et blessures d'humains
Il ressort de la consultation des archives de la Direction
Régionale de l'Environnement de Tillabéry, 8 cas de
décès dus aux hippopotames au cours de deux dernières
années (Rapports annuels 2009 et 2010). Tous les cas ont
été dénombrés dans la Commune d'Ayorou. Selon la
Direction Régionale de l'Environnement de Tillabéri (DRE/TI),
c'est des hippopotames mâles solitaires et femelles suitées qui
sont responsables des désastres sur les personnes.
En effet en 2017 il y'avait eu une tension entre les
pêcheurs et les forestiers ce qui a poussé ces derniers a
manifesté leurs colères vis-à-vis des forestier et le chef
de Canton responsable de la protection de ces pachydermes en saccagent le
bureau Départemental de l'Environnement ainsi que le hangar du chef de
canton suite à un certain nombre de dégâts
occasionné par ces hippopotames.
6
1.2.2 Destruction de récoltes
Les dégâts dans les cultures sont la forme de
conflit humains-faune le plus souvent rencontrée dans l'ensemble du
continent africain. L'occurrence et la fréquence de ces
dégâts dépendent de très nombreux facteurs, tels que
la disponibilité, la diversité et la nature des sources
alimentaires dans la région, le niveau d'activité humaine dans
l'exploitation agricole ; la culture concernée et sa date de
maturité par rapport à celle des autres aliments naturels
disponibles dans la région. Une vaste gamme d'espèces de
vertébrés peut entrer en conflit avec les activités
agricoles humaines en Afrique. Ces espèces vont des oiseaux aux
éléphants, en passant par les rongeurs, les primates, les
antilopes, les buffles, les potamochères et les hippopotames.
Les hippopotames peuvent provoquer des dégâts
significatifs dans les champs quand ils se nourrissent la nuit. Les cultures
les plus exposées sont celles qui poussent au voisinage des
rivières ou des lacs comme le riz, ou les cultures
maraîchères et les cultures de décrue, ou bien les plantes
qui poussent directement dans l'eau comme le bourgou (Echinochloa
stagnina) qui est cultivé dans le fleuve Niger pour la production
fourragère.
1.2.3 Attaques d'animaux domestiques
La prédation des animaux domestiques est une autre
forme très néfaste de conflit Homme-Faune. La quantité et
la nature des animaux domestiques tués par la faune varient en fonction
de l'espèce de prédateur, de l'époque de l'année et
de la disponibilité en proies naturelles. Dans les savanes et les
prairies où le pastoralisme reste le mode de vie principal de nombreuses
personnes, les attaques de bétail constituent un vrai problème.
Au plan national, les pertes sont rarement significatives, mais pour le
propriétaire du bétail lui-même, elles peuvent être
catastrophiques. Pour un petit éleveur, les pertes dues à la
faune peuvent représenter la différence entre l'autosuffisance
économique et le dénuement total.
1.2.4. Transmission de maladies aux animaux domestiques
et/ou aux humains
Des maladies graves sont réputées être
transmises par la faune sauvage aux animaux domestiques, voire
éventuellement aux humains (par exemple la rage). Les charognards et/ou
les prédateurs, comme les hyènes tachetées, les chacals,
les lions et les vautours, jouent aussi un rôle dans la
dissémination des agents pathogènes en ouvrant les carcasses
infectées, en les mettant en pièces et en les dispersant. Les
prédateurs peuvent par exemple ingérer des spores de bacille
charbonneux en même temps que la viande et les disséminer
largement avec leurs fèces.
7
La maladie du charbon avait tué 300 hippopotames vivant
dans les rives du lac George, à l'intérieur du parc Queen
Elizabeth. La maladie du charbon est une maladie infectieuse causée par
une bactérie appelée Bacillus anthracis et affecte
différents tissus, notamment la peau, les intestins, les
méninges. Chez les animaux, la maladie entraine
généralement une mort subite. (Hugh et al, 2002).
Dans les plaines d'Afrique, où les hivers sont doux, la
peste équine est endémique parmi les populations de
zèbres, qui constituent dès lors des réservoirs
idéaux.
Des cas de brucellose (principalement Brucella abortus
biotype 1), ont été observés notamment sur des
hippopotames et des cobes défassa dans plusieurs
écosystèmes sauvages (Hugh et al, 2002).
8
Chapitre II
2.1 Présentation de la zone d'étude 2.1.1
Facteurs biophysique
2.1.1.1 Situation géographique
Située au Nord-Ouest du département de
Tillabéri (Figure 1), la commune rurale d'Ayorou a été
créée par la loi n°2002-14 du 11 Juin 2002 portant
création des collectivités territoriales. Elle est limitée
au Nord par la République du Mali, au sud par la Commune rurale de
Déssa, à l'Est par la commune rurale d'Inates et à l'Ouest
par le département de Téra.
La commune d'Ayorou couvre une superficie d'environ 3.328
km2 soit 28,52% de la superficie du département de
Tillabéri (Ali, 1995).
2.1.1.2 Le climat
La zone d'étude est riveraine du Fleuve Niger. La
vallée du fleuve est classée comme une seule zone en dépit
de la variabilité importante qui existe du Nord au Sud (Hamidou, 1995).
Le climat de la zone est du type sahélien caractérisé par
deux saisons :
? Une saison de pluies dominée par la mousson qui
s'installe à partir de mi-mai à début juin pour se
terminer en fin septembre début octobre (soit 4 à 5 mois) ;
? Une saison sèche, dominée par l'harmattan, qui
dure le reste de l'année (Hamidou,1995) La pluviométrie moyenne
annuelle est comprise entre 150 et 350 mm (DDA/Ti, 2010). Elle est très
souvent nettement inférieure aux besoins des cultures sous pluies. En
plus, les pluies sont souvent mal réparties dans le temps et dans
l'espace. Cette situation engendre des poches de sécheresse et
pénalise très fortement les paysans dans leurs productions et de
même les ressources naturelles sont perturbées
(végétation, faune, sources d'eau...).
Figure 1: zonage agro écologiques de la région de
Tillaberi (Hamidou, 1995)
9
2.1.1.3 Les sols
Les sols sont à dominance alluvionnaires et
appartiennent aux sols hydromorphes minéraux à gley ou des sols
hydromorphes jeunes sur matériaux d'apports récents (bancs de
sable grossier dans le lit du fleuve) (Ali, 2008). Ces sols sont aptes à
la culture du riz, au maraîchage et à l'arboriculture.
2.1.1.4 Les ressource en eau
Le réseau hydrographique de la Commune rurale d'Ayorou
est composé de quelques mares temporaires et semi temporaires et le
fleuve Niger sur une longueur de 45 km. Le fleuve Niger reste le principal
cours d'eau sur lequel se pratique l'essentiel des activités humaines.
L'absence des ouvrages de régulation sur ce fleuve limite en valeur
efficiente l'importance des terres irrigables estimées à 140.000
ha qu'offre cette ressource (Younoussa & Koadako, 2004). Ayorou dispose
d'une importante quantité d'eau souterraine. La Commune Rurale d'Ayorou
dispose de 12 forages et d'une mini-adduction d'eau potable moderne.
2.1.1.4 La végétation
Au niveau de la vallée, on rencontre des parcs
agro-forestiers résiduels à base de Diospyros mespiliformis
et de Hyphaene thebaica et des steppes qui constituent les
parcours pour les animaux domestiques. La dégradation du couvert
végétal généralisée entrainant ainsi
l'accélération des processus d'érosion éolienne et
hydrique qui sont à la base de l'extension des dunes, des glacis
érodés et dénudés et au développement des
koris (DRE/LCD/Ti, 2010).
Les espèces les plus rencontrées sont : les
Combretacées, les Acacias spp, Ziziphus
mauritiana, Balanites aegyptiaca, Piliostigma reticulatum, Diospyros
mespiliformis, Hyphaena thebaica, Cenchrus biflorus,
Echinocloa stagnina et bien d'autres espèces aquatiques
(.eachinochloa stagnina)
2.1.1.5 La faune
La faune, de façon générale, est
représentée par une gamme diversifiée d'espèces.
L'avifaune comprend plusieurs représentants dont l'outarde, le
francolin, le jacana (Actophilornis africana), le dendrocyne veuf et l oiede
Gambie. Au sein de ce groupe, on note l'existence d'espèces granivores
sources de conflits faune-hommes.
Le département d'Ayorou compte également, en
plus de la faune aviaire, des amphibiens, des reptiles et des espèces de
la faune mammalienne semi-aquatique et aquatique. Les principaux
représentant de la faune mammalienne sont : les loutres (deux
espèces à savoir la loutre a cou
10
tachete, lutra maculicollis et la loutre a joues
blanches du cap, Aonyx canpensis),le lamantin d'Afrique ,l'hippopotame
commun qui constitue l'espèces la plus emblématique du
département depuis la disparition de la girafe.
2.1.1.6 La population
La population de la commune rurale d'Ayorou est
constituée des sédentaires et des nomades. Elle est de 36 574
habitants dont 15 354 femmes et 16 244 hommes selon le RGP/H 2012.
Cette population est caractérisée par sa
relative jeunesse (57,85 % de la population ont moins de 20 ans) et sa
croissance très élevée (2.1% par an). Cela n'est que le
reflet d'un fort taux de l'indice de fécondité (7,5 enfants par
femme en âge de procréer) et d'une baisse sensible de la
mortalité infantile (97%) enregistrée au niveau de la
Région de Tillabéri dans son ensemble. Dans cette Commune, cinq
groupes ethniques sont présents notamment le Songhaï, le Touareg,
le Zarma, le Peul et le Haoussa.
2.1.2 Les activités socio-économiques
Les activités exercées par la population sont
essentiellement l'agriculture, l'élevage, la pêche, le commerce et
l'artisanat.
Cependant, l'agriculture et l'élevage constituent les
principales activités des populations de la Commune d'Ayorou.
L'agriculture se pratique aussi bien pendant l'hivernage (Juin - Septembre),
que pendant la période de contre-saison (Octobre - Mars). Les cultures
pluviales se caractérisent par une prédominance de
céréales en association ou en pur, tandis que pendant la contre
saison, il s'agit surtout des cultures maraîchères.
Les productions forestières et halieutiques sont
également importantes dans la commune.
Les cultures maraîchères et fruitières
sont en train de prendre de l'importance en raison de la forte demande du
marché de Niamey. L'élevage intensif (bovins, aviculture) est
également en plein essor.
L'agriculture irriguée (riz) a pris de l'importance au
cours des dernières décennies. Les ressources fauniques sont
représentées par les hippopotames d'Ayorou surtout.
Ayorou dispose d'un grand Hôtel (Hôtel AMENOKAL)
depuis 1973 et de nombreux sites touristiques. Avec l'insécurité
qualifiée de résiduelle, le tourisme a perdu ses lettres de
noblesse. Grâce à ce tourisme, Ayorou était reconnu un peu
partout à travers le monde.
11
2.1.3 Généralité sur les
hippopotames
Etymologiquement hippopotame vient du grec
hippos=cheval et potamus qui veut dire rivière.
D'où son appellation «cheval de rivière». Cette
comparaison au cheval ne viendrait pas d'un quelconque 1ien de descendance mais
plutôt, de l'apparence des yeux, oreilles et naseaux quand l'animal est
immergé qui ressemble, à ce moment, au cheval (Eltringham,
1999).
Cette partie est consacré à l'hippopotame sa
classification, son statut, son aire de répartition, son comportement,
son habitat, ses préférences alimentaires et toutes les
particularités qui pourraient influencer la réponse de
l'hippopotame face à la modification de son habitat.
2.1.3.1 Classification et taxonomie
Règne: Animal
Embranchement: Chordés
Sous-embranchement: Vertébrés
Classe: Mammifères
Sous-classe: Thériens
Infra-classe: Euthériens
Ordre: Artiodactyles
Superfamille :Anthracotheriodea
Famille: Hippopotamidae
Genre: Hippopotamus
Espèce: Hippopotamus amphibius.
Plusieurs genres d'hippopotame ont évolué durant le
temps (paléontologie des vertébrés
,2010) :
Genre Hippopotamus (Linné, 1758) :
+ Hippopotamus amphibius-Hippopotame
+ Hippopotamius antiquus-Hippopotame européen
(espèce disparue)
+ Hippopotamiu screutzburgi-Hippopotame nain de
crête (espèce disparue)
+ Hippopotamus minor - Hippopotame nain de Chypre
(espèce disparue)
+ Hippopotamus meltensis - Hippopotame de Malte
(espèce disparue)
+ Hippopotamus lemerlei - Hippopotame de Lemerle
(espèce disparue)
+ Hippopotamus laloumena - Hippopotame de Madagascar
(espèce disparue)
+ Hippopotamus gorgops - Hippopotame gorgops
(fossile)
12
Il existe cinq sous-espèces de l'hippopotame amphibie
désignées surtout en fonction de leur
répartition géographique (Eltringham, 1993) :
- Hippopotamus amphibius amphibius (Afrique de l'Est
et Ouest de l'Ouganda) ;
- Hippopotamus amphibius tchadiensis (Tchad, Niger,
Nigeria et Burkina Faso) ;
- Hippopotamus amphibius kiboko (Kenya et en Somalie)
;
- Hippopotamus amphibius constrictis (Angola et
Namibie) ;
- H.ippopotamus amphibius capensis (Zambie et Sud de
la République Sud-africaine)
Photo 1: Groupe d'hippopotame commun
(Hippopotamus amphibus Linné 1758), sur un site de repos de
période de crue dans le fleuve Niger à Ayorou Goungo. (Source :
M. Bassirou)
2.1.3.2 Description
L'hippopotame se caractérise par un corps et une
tête massifs et arrondie avec de courtes pattes terminés par 4
grands doigts, une queue brève, une peau nue, des grandes canines, des
yeux et des oreilles petites. La peau nue est perforée d'une multitude
de glandes produisant un mucus apaisant pour la peau. Les glandes sous
cutanées produisent également parfois un liquide rouge
appelé « sueur de sang ». Les hippopotames présentent
aussi quelques soies sur le museau et sur la queue.
13
2.1.3.3 Mensuration
Les mâles sont en moyenne plus grands et plus lourds que
les femelles (tableau 1).
Selon Brehma (1992), la longueur du corps de l'hippopotame
adulte peut atteindre 4,2-4,5 m dont 45 cm viennent à la queue. Le poids
en moyenne est 2000 à 2500 Kg (Brehma, 1992). La femelle d'hippopotame
atteint son poids maximum en moyenne à 25 ans tandis que les males
semblent ne jamais complètement stopper leur croissance.
Tableau 1: quelques mensurations de
l'hippopotame (d'après Haltenorth et al, 1985)
Paramètres
|
Dimensions
|
Mâles
|
Femelles
|
Longueur totale du corps
|
|
|
|
320-420 cm
|
280-370 cm
|
Queue
|
|
|
|
35-50 cm
|
35-50 cm
|
Hauteur
|
|
|
poids
|
140-165 m
|
130-143 cm
|
|
1500-3500 Kg
|
1350-2500 Kg
|
Les mensurations montrent une supériorité du
mâle par rapport à la femelle sauf à la queue qui est
identique chez les deux sexes.
2.1.3.4 Reproduction
Les hippopotames ne se reproduisent pas avant l'âge de
6-13 ans pour les mâles et avant 7-15 ans pour les femelles. Les petits
naissent toujours à la saison des pluies. Si bien qu'il n'y a qu'une
vague de naissances dans les régions où il n'y a qu'une saison
des pluies par an, comme en Afrique du Sud, et deux vagues, dans l'Est de
l'Afrique, où il y a deux saisons. Ils s'accouplent de 227 à 240
jours plus tôt, pendant la saison sèche avec
généralement 1 petit par portée, les jumeaux sont rares.
L'oestrus c'est-à-dire le moment du cycle où la femelle est en
ovulation dure environ trois jours. La mise basse se déroule à
l'écart du groupe, dans l'eau peu profonde ou à terre (dans ce
cas, la femelle fait litière d'herbes ou réseaux dans un creux de
la berge). Le poids à la naissance est de 35-55Kg, l'allaitement dure 1
an et les premiers aliments solides sont pris à 3 semaines. Elle le
défend férocement, contre les grands prédateurs, et contre
les mâles adultes de sa propre espèce. Après la naissance,
la femelle reste isolée une dizaine de jours avant de rejoindre le
groupe. Le taux de mortalité infantile est très
élevé (45 %) au cours de la
14
première année ; il est de 15 % lors de la
deuxième. Au-delà, jusqu'à environ 30 ans, chaque classe
d'âge perd chaque année environ 4 % de ses effectifs (Maha,
2012).
2.1.3.5 Alimentation
L'hippopotame se nourrit d'herbes et de graminées
à proximité des berges. Il quitte l'eau après le coucher
du soleil et y retourne tôt dans la matinée, tout juste avant le
lever du soleil, ce qui lui laisse au plus 7 à 8 h pour ingérer
jusqu'à environ 2,5 % de son poids en matière
végétale, soit environ 40 kg (Owen-Smith, 1992 ; Grey &
Harper, 2002 ; Chomba, 2013 ; Chomba et al., 2014). L'animal
préfère s'alimenter à proximité du cours/plan d'eau
où il se repose durant la journée, ce qui est
généralement possible durant la saison des pluies (Oliver et
Laurie, 1974 ; O'Connor & Campbell, 1986). En effet, l'alimentation en
saison de pluies se fait généralement à moins d'un
kilomètre d'une source d'eau.
Toutefois, durant la saison sèche, l'hippopotame doit
se déplacer plus loin pour s'alimenter, parcourant parfois
jusqu'à 6-7 km en une nuit (Field, 1970 ; O'Connor et Campbell, 1986 ;
Owen-Smith, 1992).
Les hippopotames sont des brouteurs sélectifs
(grazers) (Owen-Smith, 1992) avec une préférence pour
les herbes vertes et courtes (environ 15 cm de hauteur) (Field, 1970 ; Field,
1972 ; Lock, 1972 ; Scotcher et al., 1978 ; McCarthy et al.,
1998 ; Harrison et al., 2007). Cependant, la largeur des lèvres
de l'hippopotame ne lui permet pas de sélectionner les herbes qu'il
préfère avec précision de sorte qu'il sélectionne
globalement les pâturages qui contiennent la végétation
qu'il préfère (Scotcher et al., 1978 ; Eltringham, 1999
; Noirard et al., 2004 ; Michez et al., 2013). Lorsque
l'animal doit s'éloigner considérablement pour s'alimenter, il
accélère l'ingestion des herbages et passe moins de temps
à chercher sa source de nourriture, devenant ainsi moins sélectif
(Lewison & Carter, 2004 ; Timbuka, 2012).
La diète de l'hippopotame se résume
principalement aux Graminées et aux Cyperacées, mais certaines
dicotylédones sont aussi ingérées accidentellement
lorsqu'il broute (Field, 1972 ; Eltringham, 1999 ; Michez et al.,
2013). Certains auteurs suggèrent néanmoins que les
dicotylédones peuvent représenter une part importante de
l'alimentation de l'hippopotame (Boisserie et al., 2005 ; Cerling et
al., 2008 ; Michez et al., 2013). Les genres
préférés incluent notamment Andropogon, Aristida,
Axonopus, Bothriochloa, Brachiaria, Chloris, Commelina, Cynodon, Cyperus,
Desmodium, Digitaria, Echinochloa, Eragostris, Hemarthria, Heteropogon,
Hyparrhenia, Ipomoea, Leersia, Oryza, Panicum, Paspalum, Sporobolus,
Stenotaphrum, Themeda et Urochloa (Field, 1970 ; Olivier &
Laurie, 1974 ; Scotcher et al.,
15
1978 ; Owen-Smith, 1992 ; Noirard et al., 2004 ;
Amoussou et al, 2006 ; Chansa et al., 2011b ; Michez et
al., 2013) (Tableau 2).
Tableau 2:Genres végétaux
consommés fréquemment par l'hippopotame selon les auteurs et les
pays d'étude. (Scotcher et al.,1978)
Field Olivier et Scotcher et Noirard et Amoussou et Chansa et
Michez et
(1970) Laurie (1974) autres (1978) autres (2004) autres (2006)
autres (2011b) autres (2013)
Ouganda Tanzanie Afrique du Sud Niger Bénin Zambie
Gabon
Andropogon X x
Aristida x
Axonopus x
Bothriochloa X X
Brachiaria X X
Cenchrus X
Chloris x x x X
Commelina x x X
Cynodon x x x x X
Cyperus x x x X
Dactyloctenim X
Desmodium x
Digitaria x X
Echinochloa x x x X
Eragrostris x x X
Hemarthria x
Heteropogon x x
Hyparrhenia x
Ipomoea x
Leersia x
Oryza x
Paspalum x x X x
Sporobolus x x x x
Stenotaphrum x
Themeda x
Urochloa x
16
La consommation des genres et des espèces
préférées varie en fonction de leur disponibilité,
mais aussi selon la saison, car celle-ci influence la palatabilité des
herbages (Field, 1970). Normalement, l'hippopotame ne s'alimente pas de
végétation aquatique (Eltringham, 1999), mais il arrive qu'il en
consomme, notamment lorsque la quantité de fourrages adéquats est
insuffisante et que l'animal subit une carence protéique, par exemple
où il y a surpopulation (Mugangu et Hunter, 1992; Grey et Harper, 2002;
Harrison et al., 2007 ) Enfin, les habitudes alimentaires de
l'hippopotame présentent beaucoup de variabilité, notamment quant
aux familles et genres consommés par l'animal, appuyant ainsi
l'hypothèse que l'hippopotame est un brouteur sélectif en terme
de pâturages et non d'espèces (area selective grazer)
(Scotcher et al., 1978). Toutefois, la préférence de
l'hippopotame pour les herbes vertes et particulièrement courtes est
indéniable et se manifeste par la formation des pâturages
très caractéristiques dits hippo lawns, parce que
l'hippopotame coupe l'herbe très près du sol et maintien des
zones de pâturage à une hauteur d'environ 15 cm (Clarke, 1953 ;
Olivier et Laurie, 1974 ; Owen-Smith, 1992)
Photo 2: Bourgoutière entre Ayorou Goungo
et Ayorou Goungokoré (M.Bassirou)
17
2.1.3.5 Répartition géographique
On rencontre les hippopotames dans une grande partie de
l'Afrique de l'Ouest et centrale : le Bénin, le Burkina Faso, la RCA, la
Guinée, le Mali, le Niger, le Sénégal, la
Côte-d'Ivoire, le Libéria, le Ghana, la RDC, le Cameroun (figure
2).
Figure 2 : Répartition
géographique des hippopotames d'Afrique (Source :fr.wikipedia.org)
2.1.3.6 Habitat
Les hippopotames préfèrent les cours d'eau, les
rivières, les fleuves ayant des berges plates, des bancs de sable, des
prairies aisément accessibles à proximité. Ils
évitent les roselières denses et hautes ainsi que les rives
boisées. Les femelles suitées évitent « les rapides
» et les rives rocheuses. La température de l'eau requise est de
18-35°, on peut rencontrer les hippopotames en plaine et montagne
jusqu'à 2000 m d'altitude et également sur les côtes
marines. Ils vivent surtout dans l'eau et ils fuient en cas de danger (Martin,
2005).
2.1.3.7 Prédateurs
En dehors de l'homme, les prédateurs de l'hippopotame
sont peu nombreux (Haltenorth et al, 1985) cité par Martin
(2005). L'homme recherche sa viande, sa graisse et son ivoire sans oublier
qu'en bien des endroits, l'animal est considéré comme nuisible au
niveau de l'agriculture. Mais aussi, sur la terre ferme les clans des lions
sont dangereux pour les sujets isolés et dans l'eau, les crocodiles le
sont pour les jeunes. La femelle défend son petit avec vigueur (photo
2), le cas échéant contre le mâle (Haltenorth et
al, 1985) cité par Martin (2005). Car il arrive que lorsqu'un
mâle prend possession d'un nouveau territoire et par la même, de
18
nouvelles femelles, qu'il tue les petits qui ne sont pas les
siens pour que les femelles redeviennent disponibles et qu'il puisse alors
s'accoupler avec elles.
Photo 3 : un crocodile dans la guelle d'un
hippopotame sans doute défendant son petit. (Source :
http://
chasseurs-arc-reunion.over-blog.com)
2.1.3.8 Comportement social
L'hippopotame est dit « socialement
schizophrène » (Estes [1992]). Hautement grégaire ainsi
que relativement sédentaire la journée, il tolère des
contacts beaucoup plus proches que n'importe quel autre ongulé.
Cependant, la nuit, il fonctionne en électron libre, pouvant parcourir
de grandes distances pour trouver sa nourriture
Il passe la plupart de sa journée en groupe
composé de 2 à 150 individus (Kingdom [1997]). Les groupes sont
généralement composés de femelles accompagnées de
leurs petits sous l'autorité territoriale d'un mâle dominant. Le
mâle n'est pas directement lié aux femelles mais plutôt
lié au territoire. Territoire qui, selon son attractivité
(proximité des herbages, profondeur de l'eau, ...), va attirer plus ou
moins les femelles. Les jeunes mâles n'ayant pas encore de
prétentions territoriales peuvent constituer des groupes à part
entière ou bien s'insérer dans une cellule sociale telle que
décrite plus haut, tant qu'ils ne revendiquent aucun droit sur ce
territoire et les femelles qui l'occupent (Eltringham [1999]).
19
2.1.3.9 Distribution au Niger
Entre 2002 et 2007, la population totale d'hippopotames
présente au Niger a été estimée à 99
individus sur le fleuve par Noé Conservation et l'APHN en collaboration
avec un travail du Laboratoire d'Écologie des Hydrosystèmes
Fluviaux de l'Université Lyon1 et en partenariat avec le
Ministère de l'Environnement du Niger. Les groupes contenaient en
moyenne 11 individus. La population du Parc du W atteignait 12 individus en
2007 tandis que les populations de Boubon, de Tillabéri et d'Ayorou
atteignaient respectivement 12, 14 et 61 individus en 2008 (Tableau 3). Tandis
que les populations de Boubon et de Tillabéri ne contenaient qu'un
groupe chacune, la population du Parc du W contenait 2 groupes et celle
d'Ayorou était constituée de 5 groupes qui s'étalaient sur
une vingtaine de kilomètres (Figure 3)., la région d'Ayorou
représente donc le refuge d'hippopotames le plus important du pays.
(Noirard et Gigot, 2008)
Tableau 3 : Effectifs des populations et des
groupes d'hippopotames du Niger (inspiré de Noirard et Gigot, 2008).
Population
|
Parc du W
|
Boubon
|
Tillaberi
|
Ayorou
|
Groupes
|
G1
|
G2
|
G1
|
G1
|
G1
|
G2
|
G3
|
G4
|
G5
|
Nombre d'h.par groupe
|
8
|
4
|
12
|
14
|
8
|
9
|
17
|
6
|
21
|
Nombre d'h.par population
|
12
|
12
|
14
|
61
|
Néanmoins, des inventaires conduits par la Direction de
la Faune, de la Pêche et de la Pisciculture (DFPP) en 2005 indiquaient
une population sur le fleuve Niger deux fois plus nombreuse, composée de
207 hippopotames, et ce, uniquement entre la frontière malienne et
Niamey. Lors de cette étude, 106 femelles, 21 jeunes, 37 mâles et
43 immatures ont été recensés (Kdel, 2015). Entre Ayorou
et la frontière malienne, puis dans le secteur en aval d'Ayorou, 23 et
12 hippopotames avaient été observés respectivement (Kdel,
2015).
20
Figure 3: Localisation des cinq groupes de la
population d'hippopotames d'Ayorou et configuration du réservoir de
Kandadji à différentes cotes (compilation d'après :
Noirard et Gigot, 2008, p. 12).
21
2.1.3.10 Dentition
Elle occupe deux fonctions cruciales dans la vie de
l'hippopotame : le combat et l'alimentation. Une division spatiale de la
dentition suivant cette répartition des fonctions peut être
réalisée ; les dents à l'avant de la mâchoire (4
canines, 8 incisives) servent au combat, les dents situées à
l'arrière de la mâchoire (12 molaires) servent à broyer les
grandes quantités d'herbes ingérées. Les canines, pouvant
atteindre 70 cm chez les mâles (racines comprises), croissent durant
toute la durée de vie de l'animal. Ces véritables défenses
constituent donc une arme terrible utilisée contre tout rival ou
prédateur éventuel. Toutefois, cette arme peut se retourner
contre son propriétaire, vu la grande valeur symbolique et surtout
marchande que prend alors pareil trophée d'ivoire.
2.1.3.11 Statuts
Selon les résultats de l'enquête 2004
(actualisation d'une enquête réalisée en 1995)
effectuée par le « Hippos specalist group » de l'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN), les populations
d'hippopotames sont en déclin dans plus de la moitié des pays
où elles sont présentes (Figure 15) et sont estimées
à 120.000 individus. Le déclin général de la
population est estimé entre 7 et 20%. Il est notamment dû au
braconnage massif dans certains « Pays clefs », comme la
République Démocratique du Congo dont la population
d'hippopotames est passé de 30.000 individus estimés en 1994
à 6.000 individus en 2004. L'enquête révèle
également une augmentation des conflits hippopotame-hommes dans de
nombreux pays.
L'IUCN, à travers ses nombreuses commissions tels les
« specialist group », regroupe un très grand nombre de
scientifiques, hommes de terrain, etc. Les données
récoltées par cet imposant réseau permettent d'entretenir
une base de données des espèces menacées à travers
le monde. Celle-ci classe un maximum d'espèces animales et
végétales dans 7 catégories (Figure 16). La
première étant la catégorie regroupant les espèces
jugées non menacées appelée «
préoccupations mineures » (LC), la dernière
regroupant les espèces éteintes (EX).
22
Figure 4: Structure des différentes
catégories IUCN. Source : IUCN [2001]
L'enquête de 1995 avait conclu en un classement de
l'espèce hippopotame dans la catégorie préoccupation
mineure. L'espèce était donc jugée largement
répandue et relativement stable. La réactualisation de
l'enquête en 2004 a débouché sur l'arrivée de
l'hippopotame dans la
« liste rouge » de l'IUCN dans la catégorie
vulnérable A4cd. Une espèce est jugée
vulnérable lorsque qu'elle est « confrontée à un
risque élevé d'extinction à l'état sauvage
» (IUCN [2001]).
Au niveau du droit international, l'hippopotame a
été classé dans l'« annexe 2 » de la convention
sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages
menacées d'extinction (CITES) signée par 80 pays à
Washington, le 3 mars 1973 et entrée en vigueur le 1er juillet 1975.
L'annexe 2 reprend « les espèces qui, bien que n'étant
pas nécessairement menacées actuellement d'extinction, pourraient
le devenir si le commerce des spécimens de ces espèces
n'était pas soumis à une réglementation stricte ayant pour
but d'éviter une exploitation incompatible avec leur survie »
(CITES [1973]). Cette convention régule donc le commerce des produits ou
sous-produits provenant de l'hippopotame et délivre à certains
pays des quotas d'exportation.
Au niveau du droit Nigérien, l'hippopotame
bénéficie du statut des espèces animales
intégralement protégées en vertu de l'article 21 de la Loi
N°98-07 du 29 avril 1998 fixant le Régime de la Chasse et de la
Protection de la Faune du Niger. L'abattage est donc proscrit, peu importe le
contexte (Niger Diaspora).
23
2.2 MATERIEL ET METHODES
2.2.1 Choix du site d'étude
La zone d'étude située à environ 80 km de
Tillaberi, s'étend de Firgoun à Beybatan. Cinq (05) îles
ont été retenues, parmi les dix (10) que compte la commune
d'Ayorou : il s'agit de Firgoun, Doulsou, Ayorou Goungo Koré, Ayorou
Goungou et Garijo. Les quatre premières sont situées
respectivement à 10km, 6 km, 3km, 2km du chef-lieu de la commune
d'Ayorou et Garijo à 7km vers le Sud de la commune. Les critères
qui ont permis de sélectionner ces villages sont :
y' La proximité avec les lieux fréquentés
par les hippopotames ;
y' L'accessibilité de ces villages par rapport à
notre moyen de déplacement (la pirogue) ;
y' Le nombre de plainte déposée auprès du
DDE/SU/DD d'Ayorou sur les dégâts ou
divagation de ces hippopotames.
2.2.1.1 Description du milieu
Les écosystèmes de la vallée du fleuve
comprennent les communautés à Echinochloa stagnina
communément appelée bourgoutière qui forme un
réseau trophique pour la faune itchyenne et amphibie. Ces
bourgoutières se développement sur les berges des îles et
forment des tapis flottants mais fixés dans la vase pendant les
périodes de hautes eaux. Elles forment un habitat pour les poissons et
diverses espèces d'oiseaux et une alimentation de base pour les
hippopotames, les lamantins, les animaux domestiques et diverses autres
espèces. Les espèces végétales
caractéristiques varient en fonction de la position topographique sur
les berges et la profondeur de l'eau. Les espèces
caractéristiques de saison sèche sont Echinochloa stagnina,
Coldenia procumbens, Polygonum senegalense, Glynus lotoides. En
période des hautes eaux Coldenia procumbens et Glynus
lotoides disparaissent et Echinochloa stagnina forme des prairies
aquatiques ponctuées de plage à Polygonum senegalense
(Mahamane et Saadou, 2010). En plus de ces communautés,
Tristicha trifaria est une Podostomonaceae qui se développe sur
les rochers périodiquement inondés au niveau des chutes et
rapides. Ces milieux sont fréquentés par le Pluvian d'Egypte
(Pluvianus aegyptius).
Les mares des anses du fleuve constituent les lieux de
séjour pour plusieurs espèces de la faune aviaire. La
végétation de ces mares se structure en bandes constituées
par les communautés suivantes qui se substituent en fonction de la
profondeur de l'eau : (1) au centre se structure une communauté à
Nymphaea micrantha, Nymphaea lotus et Sphenoclea
zeilanica, (2) suivi d'une ceinture à Heteranthera
callifolia, (3) de Oryza longistaminata et (4) en fin une
ceinture à Echinochloa colona. Les organes de ces plantes
constituent la base de l'alimentation d'espèces emblématiques
dont principalement la grue couronnée (Balearica pavonina),
l'oie de Gambie
24
(Plectropteris gambensis), le dendrocyne veuf
(Endrocygna viduata), l'ibis sacré (Threkionis
aethiopica), etc
2.2.2 Matériel biologique
Le matériel biologique est l'espèce
hippopotamus amphibius connue sous le nom de « Banga »
en (Zarma) et « Dorina » en (Haoussa).
Matériel
Pour mener cette étude, le matériel suivant a
été utilisé
? Des fiches d'enquêtes pour la collecte de diverses
informations ;
? D'une pirogue pour la traversée ;
? D'un guide pour l'orientation et l'entretien dans les
différents villages ;
2.2.3 Méthodes
2.2.3.1 Recherche documentaire
Des données relatives à la zone d'étude et
sur l'espèce à étudier (Hippopotame amphibien)
ont
été collectées.
Les services suivants ont été consultés.
· La Direction Régionale de l'Environnement de
Tillaberi Niger ;
· Les Archives du chef de Canton et du Service Communale de
l'Environnement d'Ayorou ;
· La mairie de la commune rurale d'Ayorou.
· le web a été également
prospecté ;
2.2.3.2 Données quantitatives
L'approche participative été utilisé afin
de récolter des données quantitatives.
La technique que nous avons utilisée pour récolter
les données quantitatives est décrite ci-dessous :
· Les entretiens qui permettent d'explorer l'historique
d'un problème et de récolter de l'information de base. Les
entretiens sont un bon moyen de comprendre les sentiments des personnes et
leurs points de vue sur un problème.
· Certaines informations peuvent être basées
sur vos propres observations. Il est donc important de noter ce type
d'observation et d'inclure vos propres perceptions.
· Les questionnaires permettant de récolter des
informations standardisées.
25
2.2.3.3 Elaboration de questionnaires
Un questionnaire a été conçu et
utilisé pour collecter des informations auprès des populations
riveraines.
Les fiches d'enquête sont basées sur les aspects
suivants :
? Activité socioprofessionnelles des
populations insulaires ;
? Aperçu de l'hippopotame par la
population locale ;
? Menaces et contraintes pesant sur
l'hippopotame et son habitat ;
? Les formes de dégâts
occasionnés par les hippopotames ;
? Les orientations stratégiques pour les
actions à venir.
Un guide est adressé aux différentes personnes
ressources pour collecter des données. Les entretiens se sont
déroulés en deux phases. D'abord un travail a été
effectué avec le Directeur Départemental de l'Environnement et
les agents du Service Communal de l'Environnement d'Ayorou pour mieux affiner
notre méthodologie. Ces entretiens nous ont permis d'avoir un premier
aperçu sur l'état de connaissance sur les hippopotames et leur
habitat. Ensuite des personnes ressources susceptibles de donner des
informations sur les activités humaines menées par les
populations riveraines de la zone d'étude ont été
interrogées. Des entretiens ont également porté sur les
conséquences de la cohabitation homme animaux sauvages en particulier
les hippopotames.
2.2.3.4 Choix de l'échantillon
L'échantillon compte cent (100) personnes, soit un taux
de 46% des habitants de Garijo (tableau 4) de cinq (05) villages
enquêtés parmi les dix (10) villages insulaire à raison de
vingt (20) individus par localité. Il est composé de personnes
ressources et des riverains des sites. Il s'agit des leaders d'opinion locaux
présents dans la zone d'études (chefs de terre, chef de village,
chefs de quartier, responsable d'association ou de groupement), des
autorités administratives et les services techniques de l'environnement,
de l'agriculture et de l'élevage. Celles-ci ont été
choisies en fonction de leurs connaissances du site et de leurs
disponibilités.
26
Tableau 4 : Effectifs de la population de cinq (05)
villages insulaires selon le ménage et le sexe (source mairie de la
commune rurale d'Ayorou)
Village
|
Habitants
|
Ménages
|
Hommes
|
Femmes
|
Firgoune
|
3913
|
738
|
1918
|
1995
|
Doulsou
|
2080
|
495
|
1020
|
1060
|
Ayorou goungou
|
2368
|
427
|
1161
|
1207
|
Ayorou goungokoré
|
2368
|
427
|
1161
|
1207
|
Garijo
|
218
|
44
|
98
|
120
|
2.2.3.5 Le déroulement des enquêtes de
terrain
Cette partie de collecte des données a porté sur
les principales interrogations (activité socioprofessionnelles des
populations insulaires ; aperçu de l'hippopotame par la population
locale ; menaces et contraintes pesant sur l'hippopotame et son habitat ; les
formes de dégâts occasionnés par les hippopotames ; Les
orientations stratégiques pour les actions à venir et les raisons
d'attaques de ces hippopotames sur les activités humaines) dont les
réponses ont fait l'objet d'un dépouillement. Ces enquêtes
ont été menées durant deux semaines.
Compte tenu du temps impartit, de la complexité du site
et la nécessité d'interviewer un échantillon assez
représentatif.
Deux possibilités s'offraient :
y' Parcourir tous les villages insulaires du site
d'étude pour collecter des données auprès de ces
populations ;
y' Interroger des personnes qui ont été victime
des attaques d'hippopotames de la zone, et toute autre personne ressource
disponible et susceptible de nous fournir des informations.
La seconde solution a semblé la plus efficace parce que
le temps et les moyens de déplacement ne permettaient pas de parcourir
toute la zone. Les entretiens ont été réalisés
séparément.
2.2.3.6 Traitement des données
Les données cartographiques et chiffrées
recueillies ont subi respectivement un traitement informatique sur les
logiciels tels que Sphinx v.5.1 et Microsoft Excel. Ces outils nous ont permis
de réaliser les graphiques et les cartes. La saisie a été
effectuée avec le logiciel Word et les figures avec le logiciel
Excel.
27
2.2.3.7 Limites méthodologiques
Le déroulement des enquêtes de terrain a connu
quelques difficultés. Au nombre de ces difficultés on peut
retenir : la rétention de l'information au niveau des
enquêtés par peur de représailles ;
l'indisponibilité des chefs d'exploitation pour différentes
raisons (travaux champêtres, jours de marché hebdomadaire, etc.).
Néanmoins, le désir de réussir ce mémoire nous a
conduits à surmonter toutes ces difficultés pour collecter des
informations et disposer de données intéressantes pour
élaborer ce document.
.
28
Chapitre III : Résultats et discussions
3.1 Présentation des résultats de
l'enquête
Les différentes enquêtes menées au niveau
des villages insulaires de la commune rurale de Ayorou ont permis d'obtenir
assez d'information qui mettent en exergue les impacts socio-économiques
de la cohabitation entre population insulaire et hippopotame pour cette
communauté insulaire.
3.1.1 Aspect socio-économique de la population
insulaire
Les résultats de la figure 5 montrent que l'agriculture
occupe 70% des activités de ces populations insulaires, tandis que la
pêche et le commerce respectivement 11 à 19%. D'autres
activités comme l'élevage, l'artisanat, la traverse des personnes
par pirogue, vente de fourrage et bois ...etc. ; qui sont
considérées comme activités secondaires, contribuent
beaucoup à l'économie de cette population.
80
70
Pourcentage (%)
60
50
40
30
20
10
0
Agriculture pêche commerce
Activités
Figure 5: Principales activités des
populations insulaires
Comme l'indique la figure 6 ci-dessous les activités
secondaires sont dominées par l'élevage à 41% dans tous
les villages. Mais aussi la vente du poison à 18%, vente de fourrage
(Bourgou) à 10%, la pêche 7%, l'artisanat à 4%, le commerce
du bois à 1% sont pratiquée dans l'ensemble des villages.
Les autres activités représentent : les passeurs
des populations dans les pirogues, quelques agents auxiliaires de la mairie de
la commune d'Ayorou qui représentent 3%.
45
Pourcentage(%)
40
25
20
35
30
15
10
0
5
29
Activités
Figure 6:Activités secondaire
Sur le plan agriculture, pêche et élevage
:
Pourcentage(%)
50
40
30
20
10
0
pêche commerciale
pêche sportive
Pêche
autre
Figure 7 : Type de pêche
pratiqué.
Dans ces villages insulaires 37% pratique la pêche
commerciale (pêche destinée exclusivement pour la vente) dont la
forte proportion se trouve à Garijo. Quant à la pêche
sportive (pêche pour sa propre consommation) elle représente 19%
et le 44% par ceux qui ne pratique ni la pêche commerciale ni celle
sportive.
La figure 8 présente les types d'animaux
élevés dans les zones insulaires d'Ayorou
Ovin
31%
Caprin
12%
Asin Vo
1%4
laille
%
Bovin
52%
30
Figure 8:Les types d'animaux
élevés
L'élevage des bovins est le plus pratiqué à
52%, suivi de celui des ovins 31%, caprins 12%, asines 1% et volaille 4% sont
aussi importantes.
Les différentes spéculations cultivées dans
la zone d'étude et leur proportion sont données par la figure
9.
tomate choux autres
riz sorgho maîs manioc mil tabac oignon patate
douce
Cultures
60
50
40
30
20
Pourcentage (%)
10
0
Figure 9:Les différentes
spéculations cultivées
Le riz est quasi exploité dans tous ces villages
à (51%) et constitué l'aliment de base suivi respectivement du
mil (13%), de l'oignon (8%), patate douce (7%), du sorgho (6%)...etc., qui
contribué au revenu économique (les autres représentent
les cultures de gombo, courge).
La figure 10 donne un aperçu sur la satisfaction
alimentaire dû à leurs activités. .
40%
60%
Non Oui
31
Figure 10 : Satisfaction alimentaire dû
à leurs activités
La population à 60% n'arrivent pas à satisfaire
leurs besoins alimentaires dû aux moyens de pêche, navigation et
agricole qui sont toujours rudimentaires mais aussi avec la part importante des
dégâts causés par ces pachydermes (hippopotame).
Pour ce qui est des matériels de pêche la figure 11
donne leurs proportions.
hameçon
25%
harpon
9%
rien
13%
nasse
13%
40%
filet
Figure 11: Les moyens de pêche
Le filet est le matériel le plus utilisé suivi
respectivement du hameçon, la nasse et le harpon. Pour ce qui est du
reste (non réponse) correspond aux personnes qui sont indiffèrent
par rapport au questionnaire.
60
50
40
30
20
Pourcentage (%)
10
0
Pieds pirogue sans moteur pirogue a moteur
Moyens
32
Figure 12: Les différents moyens de
transport pour la pêche
En ce qui concerne les déplacements pour la
pêche, ces populations à 46% le font souvent à pieds et
à 54% à pirogue sans moteur. Cependant, à Garijo la
pirogue sans moteur est le moyen de transport le plus utilisé tandis que
dans les autres villages soit c'est à pieds ou à pirogue sans
moteur.
Pour ce qui concerne l'utilisation des pirogues à
moteurs par les pêcheurs, elle représente zéro pourcent.
3.2 Caractérisation du rapport
Homme-Hippopotames
Les rapports entre l'Homme et l'hippopotame sont surtout
conflictuels. Il en résulte d'après 100% des
enquêtés des dégâts humains et matériels.
3.2.1 Dégâts humains
Ils sont très nombreux. A Firgoun et Doulsou, nous
avons noté 9 décès en 2 ans. Les attaquent semblent
s'intensifier avec le temps. Il a été constaté que ces
animaux attaquent quasiment de la même manière. L'hippopotame
reste immergé et, au passage des pirogues des pêcheurs, des
traversiers, les renverses et prennent les Hommes en chasse. Très
souvent les hippopotames bloquent le passage pendant des heures qui causent
beaucoup de préjudice aux écoliers qui devraient se rendre de
l'autre côté du fleuve pour aller à l'école et les
malades qui devraient se rendre dans les centres de soin. Ce qui cause beaucoup
d'accouchement et des décès dans leurs villages dû à
ces agissements de blocage.
Pendant la nuit lorsque ces ongulés (hippopotame)
pâturent les agriculteurs sont obligés de passer la nuit dans
leurs champs pour les effrayer lorsqu'ils s'aventurent près de leurs
cultures.
33
C'est le cas du témoignage d'un enquêté
qui dit : « cette année à l'approche de la récolte du
riz je quitte ma maison à la tombé du soleil pour me rendre dans
mon champ de riz pour ne revenir qu'au lever du soleil, et durant toute la nuit
je reste éveillé avec ma lampe torche en faisant des projections
dans toute les directions pour qu'ils ne s'approchent pas ».
3.2.2 Dégâts matériels
Ceux-ci concernent principalement les champs agricoles, les
matériels de pêches, les pirogues mais aussi les animaux sans
oublier les pertes de marchandise lorsqu'ils renversent les pirogues. La figure
13 révèle les spéculations les plus ravagés par les
hippopotames.
riz manioc patate
douce
|
oignon courge autre
|
Cultures
Pourcentage(%)
40
80
70
60
50
30
20
10
0
Figure 13: Les types de culture les plus
ravagés par les hippopotames
Le riz a été la culture la plus
appétée avec 72% de préférence contre 12% pour la
patate douce. Ensuit suivent l'oignon 6%, le manioc 5%, la courge 3% et les
autres 2%(gombo, tabac, tomate, choux). Le riz occupe les plus grandes
parcelles estimées à 25ha. Ces divagations dans les champs
s'expliquent par la proximité des villages et des champs qui se trouve
le plus souvent sur l'aire de pâturage des hippopotames. La photo 4
illustre le cas d'une parcelle rizicole dévastée par les
hippopotames à Firgoune.
34
Photo 4: Un champ de riz complètement
dévasté par un hippopotame à firgoun (M. Bassirou,
2018)
La figure 14 donne un aperçu des animaux les plus
d'attaque par les hippopotames.
brebis
7%
bouc
6%
chevre
7%
mouton
10%
ane
5%
aucun
10%
vache
20%
boeuf
35%
Figure 14 : Animaux attaqués
35
On constate à travers cette figure que les bovins
à 55% subissent le plus d'attaque de la part des hippopotames, suivis
respectivement par les ovins (17%) et les caprins (13%). Les ânes sont
rarement attaqués du fait qu'ils sont faiblement présents dans
ces zones insulaires (5%).
3.2.3 Période de dégât
A l'unanimité dans les villages, ils disaient que la
période où les cultures sont les plus dévastées par
les hippopotames est la saison sèche. En effet, pendant la saison
sèche les animaux vont plus loin à la recherche du
pâturage. Ainsi, la coupe du bourgou est intensifiée pour
l'alimentation des animaux domestiquent. D'où des fréquentes
rencontres des hippopotames avec l'homme.
3.2.4 Les raisons des attaques des hippopotames
La figure 15 révèle les causes des attaques
d'hippopotames.
manque de bourgoutiere;
10%
manque d'aire de paturage;
4%
manque d'espace; 20%
augmentation des hippos;
66%
Figure 15: Les raison d'attaque et divagation
des hippopotames
Les personnes enquêtées à 66% affirment
que les raisons d'attaque des hippopotames sont dues à l'augmentation
des individus d'hippopotames, 20% au manque d'espace. Les 10% et 4% pensent
qu'il y a insuffisance de bourgoutière et d'aire de pâturage pour
les hippopotames.
En ce qui concerne les raisons de cohabitation des
hippopotames avec la population insulaire est due tout simplement aux
augmentations des nombres d'hippopotames et à la raréfaction des
ressources naturelle dans certaine zone d'après les
enquêtés. Mais aussi le besoin en espace cultivable de cette
population en pleine croissance continuelle.
3.2.5 Moyens de protection des cultures
Pour se prémunir des attaques des hippopotames dans
leurs activités agricoles 54% font la surveillance et/ou le gardiennage,
25% font le refoulement de ces hippopotames. Pour 12%, il
36
n'y a rien à faire face à ces attaques vues les
moyens de défense vétuste qu'ils possèdent comme l'indique
la photo 5 de dessous et 9%, pense que c'est le devoir des services Eaux &
Forêts.
9%
25%
12%
54%
refoulement abattage rien
surveillance et ou gardiennage
Figure 16 : Répartitions des types de
moyens de protection des cultures selon les enquêtés
Photo 5:une maison sur laquelle il est
fixé un tonneau servant de répulsif sonore firgoum (M. Bassirou,
2018).
Les paysans utilisent une grande variété de
bruits (tambours, boîtes de conserves, hurlements et sifflement) pour
repousser les hippopotames. Les populations utilisent également des
lances
37
pierres, des harpons contre les hippopotames au péril
de leur vie, un hippopotame effrayé revient toujours à la charge
pour savoir le pourquoi de sa fuite.
3.2.6 Aperçu de l'hippopotame par la population des
villages insulaire
Les personnes interviewées ont dans leur
majorité (75%) déclarés que la présence des
hippopotames n'a aucun intérêt pour les terroirs, 20% sont
indifférents et seulement 5% constitués essentiellement par les
guides touristiques pensent que la présence des hippopotames est
bénéfique pour la Commune d'Ayorou (figure 17).
Les raisons évoquées par le premier groupe se
résument aux propos du chef de canton d'Ayorou, qui dit : « Nous
subissons impuissamment les dégâts des hippopotames. Aucune voie
de recours, ni aucune compensation ne nous sont offertes, même en cas de
mort d'homme. Quant aux autorités, elles ne font rien ».
Série1; Idifférent;
20; 20%
Série1; Inconvenient;
75; 75%
Série1; Avantage; 5;
5%
Avantage Inconvenient Idifférent
Figure 17. : Aperçu de la présence des
hippopotames par la population insulaire
38
3.3 Discussion
3.3.1 Les aspects-socio-économiques
Les différentes enquêtes effectuées sur
les îles du fleuve ont été très efficace pour
atteindre nos objectifs. Ainsi, les principales activités des habitants
de cette zone sont la culture pluviale (mil, niébé...), le
maraichage, la pêche, l'élevage et le tourisme. L'écrasante
majorité de la population (70%) sont des agriculteurs et les 11% et 19%
représente les pêcheurs et commerçants. Ces
résultats sont similaires à ceux de Ben Mohamed (2010). Les
formes indirectes des dégâts jouent beaucoup plus sur la
communauté à travers des impacts sociaux, après un cas de
mort ou d'agression physique d'une personne ou d'animal domestique, il va y
avoir un ralentissement des activités quotidiennes de la population.
Plusieurs scolaires ne peuvent plus participer régulièrement aux
cours, le calendrier cultural aura du mal à être respecter, avec
pour conséquence une mauvaise récolte, aggravant ainsi la
précarité qui affecte déjà plusieurs personnes. On
assistera également à une baisse des activités de
pêche qui se traduit par un manque à gagner en terme
nutritionnelle et monétaire. Alors l'économie déjà
fragile prendra un coût sérieux.
3.3.1.1 Dégâts sur les cultures,
l'élevage, la pêche et la navigation
En effet notre étude démontre que les cultures
des riz, patate douce, oignon, courge sont les plus attaquées des
cultures. Les dégâts sont occasionnés essentiellement de
nuit sur les cultures aussi bien sur la terre ferme pour celles dites de contre
saison et eau peu profonde pour le riz. Les dégâts causés
aux cultures par les hippopotames résultent du piétinement et de
prélèvements alimentaires importants ayant des
conséquences néfastes sur la production agricole. Ces
résultats sont conformes à ceux de Maha (2012) qui affirme que le
maïs, le riz et le sorgho sont les cultures les plus dévasté
au Cameroun par les hippopotames et au Benin Amoussou (2006) affirme que les
incidents de dévastation des cultures par les hippopotames surviennent
surtout sur les cultures bien feuillues (maïs, manioc, coton) ou
prêtes pour la récolte.
Quant aux animaux les bovins représentent 55% des
animaux les plus attaqué suivi respectivement des ovins 17% et caprin
13%. Le 4 avril 2010 un hippopotame mâle solitaire a tué 10
brebis, 6 vaches et 1 boeuf de trait et la nuit suivante 2 boeufs de trait
à nouveau. Les autorités n'ont quant à elles pas
prévues des mesures de compensation et pire la population n'est pas
assez sensibilisée sur l'importance économique et
écologique des hippopotames. Les quelques rares personnes qui juge qu'il
est important de préserver les hippopotames sont celles
39
qui bénéficient des retombés de
l'écotourisme (Ali, 2011). Et dans les activités de pêche
et navigation, le dégât causé par les hippopotames
d'après nos enquêtes concerne la destruction des filets, nasse,
hameçon et les pirogues. Certains pêcheurs auraient
abandonné la pêche à cause de la répétition
de ces incidents et d'autres évitent simplement les pêches
nocturnes. Le filet, l'hameçon et la nasse sont les matériels de
pêche les plus détruits par ces pachydermes d'après les
réponses collectées auprès des enquêtées. Un
peu plus du tiers des personnes enquêtées ont été
pourchassé par les hippopotames au moins une fois sur l'eau lors de la
pêche ou de la navigation. Les hippopotames détruisent de
façon fréquente les filets qui sont installés sur leur
passage. Selon Ollo et al (2009), les hippopotames seraient
responsables de dégâts sur l'élevage et les filets de
pêche (soit respectivement 49,5% et 28,6% de citation) ainsi que de
quelques accidents mortels sur les pêcheurs par des femelles
suitées au Burkina. Aussi Ali (2011) affirme que les hippopotames
occasionnent des dégâts sur les cultures, le bétail, les
embarcations, les engins de pêche et les accidents physiques avec des
blessures souvent graves et mortels sur les humains.
3.3.1.2 Les dégâts matériels
Les dégâts des hippopotames se sont
intensifiés sur les cultures. Ils sont intenses en saison des pluies
où les hippopotames se dispersent. La forme et l'intensité des
dommages causés aux cultures sont variables suivant les cultures et leur
stade phénologique. Les populations locales s'inquiètent de plus
en plus de l'incidence croissante des cas de dévastation des champs par
les hippopotames au cours de ces dernières années. Ces
populations se demandent de plus en plus si les hippopotames sont devenus
tellement plus importants que les hommes au point de leur permettre de
récolter les produits alors que les paysans en manquent
énormément. Il y a de ce fait un appel continuel à
l'abattage ou au dégagement des hippopotames destructeurs.
Selon Amoussou (2006) l'influence de l'anthropisation des
habitats et les effets de voisinage sont les facteurs qui concourent à
la naissance et la persistance des conflits hippopotame-homme dans la zone
d'étude. Les conséquences sont dommageables aussi bien pour les
hippopotames que pour les hommes : diminution des récoltes agricoles et
se corollaires ; climat d'insécurité sur les aires d'occupation
des hippopotames ; décimation de la population d'hippopotames ; pertes
en vies humaines.
3.3.1.3 Les dégâts humains
Les dégâts les plus perceptibles sont ceux qui
sont directs. La plupart des cas sont dû à une occupation des
terres ne répondant à aucun plan d'aménagement et de
gestion de terroir, donc
40
aux mépris des bonnes pratiques d'utilisation
rationnelle de l'espace et de ces ressources. Les accidents sur les hommes
interviennent dans leurs grandes majorités en eau profonde quand
l'animal est en nage (enquêtes). Mais par contre de cas d'accident sur la
terre ferme sont également rapportés. Les paysans face à
la destruction de leur bien tentent par tous les moyens de repousser
l'hippopotame. La cohabitation hippopotames/Hommes semble rencontrer des
difficultés dans plusieurs pays. Selon les auteurs (Kabré et
al, (2006) depuis des années, il était devenu impossible
de travailler les terres et si on osait le faire, le produit revenait toujours
à ces nouveaux prédateurs. Il n'y a pas que l'agriculture qui est
menacée du fait du danger que constituent ces bêtes dans le
fleuve. La navigation est elle aussi devenue périlleuse au point
où, dans beaucoup de zones, personne n'ose prendre la pirogue la nuit,
quand le jour ne donne aucune garantie aux piroguiers téméraires.
Autant qu'on le peut, on évite le fleuve surtout quand dans la zone il y
a des jeunes hippopotames- mères et des mâles violents. Au terme
de nos travaux nous n'avons pas pu obtenir des données nous permettant
de mesurer la gravité des dégâts directs. Néanmoins
durant notre séjour, des exploitants agricoles nous ont convié
à constater des dégâts sur les cultures, ils affirment que
ces genres de situations s'observent régulièrement sans qu'aucun
recours n'est possible au prés de l'administration. Les seules
données enregistrées étaient les cas de
décès d'hommes, même les blésés n'ont pas
été pris en compte et ceci seulement à partir de 2009. En
deux ans de tenu statistique il a été dénombré le
chiffre de huit (08) morts d'homme.
3.3.1.4 Les raison d'attaque des hippopotames
Les principales raisons des attaques des hippopotames dans ces
îles sont dû à 66% aux augmentations des hippopotames, 20%
au manque d'espace, 10% à l'insuffisance des Bourgoutières et 4%
au manque d'aire de pâturage. Tous ces résultats sont dus à
une augmentation exponentielle des populations insulaire et à des
occupations de terre de manière anarchique. Kabré et al (2006)
rapportent que les cultures occupent souvent les berges des barrages et
même dans certains endroits la cuvette. Cette occupation qui ignore
l'existence de l'hippopotame oblige les populations de cette espèce
à s'alimenter dans ces zones de cultures et cause en conséquence
des pertes de production. D'après Isak (2017) en bien d'endroits, dans
les îles et autour du fleuve, il était devenu quasiment impossible
de travailler des jardins, de travailler des champs et des rizières, les
nouveaux maîtres du fleuve, pouvant souvent juste avant de
récolter, tout détruire ou en mangeant les cultures, ou en les
piétinant carrément. Les principales causes résident dans
le fait que les hippopotames ne font qu'augmenter.
41
Conclusion et recommandation
La présente étude a porté sur
l'étude des impacts socio-économiques de la cohabitation entre
population insulaire et hippopotame dans la commune d'Ayorou. Nos
résultats ont montré que la cohabitation population insulaire et
hippopotame engendre beaucoup de conflits d'une part ; ces populations occupent
et utilisent de manière irrationnelle les aires de pâturages et
les ressources naturelles et d'autres part ces hippopotames ne font
qu'augmenter en nombre et occasionne fréquemment des dégâts
sur les activités de cultures, de pêche, navigation,
d'élevage...etc.
La cohabitation n'est cependant plus évidente, surtout
avec la croissance démographique de ces populations sur ces îles,
alors que ces espaces sont déjà saturés. D'où des
conflits allant de la destruction répétée des champs (de
préférence de riz, patate douce, et courge) aux attaques directes
qui occasionnent assez souvent, une mort d'Homme. Les attaques sur les humains
semblent s'accentuer en saison sèche, quand l'aliment se fait rare. Les
moyens de lutte contre ces attaques se résument au refoulement ou
à l'intervention du service chargé de la faune. L'utilité
de l'animal ne semble pas être reconnue car une des doléances
principales des pécheurs et agriculteurs est l'élimination
complète de celui-ci.
Recommandation
- protéger les aires de vie de ces hippopotames des
activités humaines ;
- réserver une superficie déterminée et
protégée par des clôtures de panneaux solaires aux
différentes cultures pour les riverains ;
- réglementer l'exploitation du bourgou par les habitants
;
- S'assurer que les populations locales perçoivent les
taxes fauniques du fait de la
protection des hippopotames.
- La promotion de l'image de l'hippopotame commun à
travers des mécanismes de sensibilisation du grand public et de la
population rurale afin d'aboutir à une meilleure intégration de
l'hippopotame dans les terroirs ;
- La poursuite de la sensibilisation et de la mobilisation de
la population riveraine à la gestion durable de ressources naturelles
;
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Liste des Annexes :
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