UNIVERSITÉ DE REIMS CHAMPAGNE-ARDENNE -
IATEUR
MÉMOIRE
Présenté en vue d'obtenir
Master
SPÉCIALITÉ : Urbanisme et
Aménagement PARCOURS : Master URB'EA
Les conseils de développement entre
« empowerment » et démocratie
participative
Yannis ALAYA
Sous la direction de : M. Jon Marco CHURCH, Maitre de
conférences
JURY
M. Jon Marco CHURCH Maitre de conférences
M. Eric QUENARD Professeur associé
2
3
REMERCIEMENTS
?
Je souhaite remercier toutes les personnes qui m'ont soutenues
et accompagnées au cours de cette recherche, ma famille, mes amis
ainsi que mon responsable de mémoire Jon Marco CHURCH pour
ses conseils et remarques toujours pertinentes.
?
Je tiens à remercier toutes les personnes m'ayant
aidé durant mon travail dans leurs conseils, écrits et
expériences. Je voudrais remercier tout spécialement les
écrits de Marie-Hélène Bacqué sur les questions
de participation et Philippe LANGEVIN pour ses écrits et
témoignages au sein des conseils de développement.
?
4
5
RÉSUMÉ
L'empowerment et la démocratie participative sont deux
notions que l'on peut penser complémentaires mais aussi opposables dans
leurs histoires et dans leurs applications dans les sociétés. Il
sera question d'analyser les impacts possibles des processus de participation
tels que les conseils de développement dans les structures de
participation. Dans un premier temps, il sera important de comprendre comment
les processus institutionnels participatifs se détachent de
participation. Ce détachement de la participation s'observe, lors des
changements de politique socialiste, mais aussi par la création d'un
nouvel espace d'échange qu'est l'Europe. Dans un deuxième temps,
nous verrons comment les conseils de développement impliquent la
société civile et les habitants dans les projets urbains de
manière différente, comparés à d'autres dispositifs
participatifs. Cette implication propre aux conseils de développement
s'opère par le cadre législatif et réglementaire
quasi-inexistant présent au sein des Intercommunalités et Pays.
Pour terminer, nous verrons les limites que les conseils de
développement ont dans la mise en oeuvre de l'empowerment dans les
projets urbains. Cette limite peut s'expliquer par l'approche trop sectorielle
des politiques de la ville dans une politique publique qui se doit transversale
les unes avec les autres, en s'organisant de manière commune.
Mots-clefs : Empowerment, démocratie
participative, instance de participation, conseils de
développement
Abstract
Empowerment and participative democracy are two words that can
be considered complementary but also opposable in their histories and
applications in societies. It is a question of analyzing the possible impacts
of participation processes such as development councils in participation
structures. First, it is important to understand how participatory
institutional processes are detached from participation. This detachment of
participation is observed during the changes of socialist policy, but also by
the creation of a new space of exchange which is Europe. Secondly, we will see
how development councils implicate civil society and the inhabitants in urban
projects in different ways. This implication of development councils is made by
the legislative laws almost not-existent in the Intercommunities and Pays.
Finally, we will see the limitations that development councils have in
implementing empowerment in urban projects. This limitation can be explained by
the too individual reading of the policies of the city in a collective public
policy by organizing together in a common way.
Keywords: Empowerment, participative democracy,
participation authority, development council,
6
LISTE DES ABRÉVIATIONS
ACDI : Agence Canadienne pour le
Développement International
ADELS : Association pour la Démocratie
Locale et Sociale
APU : Atelier Populaire d'Urbanisme
ATD : Agir Tous pour la Dignité
AUDC : Agence d'Urbanisme et de
Développement de Châlons
CD : Conseil de Développement
CESER : Conseil Économique, Social et
Environnemental Régional
CEMEA : Centre d'Entrainement aux
Méthodes d'Éducation Active
CLAJ : Clubs Loisirs Actions Jeunes
CNCD : Coordination Nationale des Conseils de
Développement
CNDP : Commission Nationale du Débat
Public
CSCV : Confédération Syndicale
du Cadre de Vie
CREDO : Conseil Rural d'Études, de
Développement et d'Orientation
DAWN: DisAbled Women`s Network
GAL: Groupe d 'Action Local
GAM : Groupes d'Actions Municipaux
LOADT : Loi d'Orientation pour
l'Aménagement et le Développement du Territoire
LOADDT : Loi d'Orientation pour
l'Aménagement et le Développement Durable du Territoire
LEADER : Liaison Entre Actions de
Développement de l'Économie Rurale
NOTRe : Nouvelle Organisation Territoriale de
la République
OMD : Objectifs du Millénaire pour le
Développement
PUCA : Plan Urbanisme, Construction et
Architecture du ministère de l'équipement
WHC: Women 's Health Coalition
7
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements 3
Résumé 5
Liste des abréviations 6
Introduction 9
Partie I La genèse du pouvoir aux habitants 13
1.1La notion d'empowerment dans les politiques publiques 14
1.1.1 Origines d'un terme aux multiples définitions 15
1.1.2 Quelle est la pertinence de l'empowerment en
aménagement et dans les instances
participatives ? 22
1.2La construction vers une démocratie participative
29
1.2.1 Une construction historique non loin de celle de
l'empowerment- de 1960 à 1980. 29
1.2.2 Vers une ingénierie spécifique à la
participation - de 1990 à nos jours 32
Conclusion de partie : La participation se détachent des
processus institutionnels participatifs. 34
Partie II Présentation d'un conseil de
développement 35
2 Présentation d'un conseil de développement.
36
2.1 Différentes instances de la démocratie
participative 36
2.1.1 Typologie des dispositifs de participation : 37
2.2 Choix du conseil de développement (CD) comme instance
d'étude 41
2.2.1 Création de la loi Voynet et des conseils de
développement 42
2.2.2 Fonctionnement et moyens des conseils de
développement 43
2.3 Portraits de conseil de développement 45
2.3.1 Relations entre les parties 51
Conclusion de partie : Les CD impliquent la société
civile et les habitants dans les projets urbains de
manières inégales 52
Partie III CRITIQUE D'UN MODELE DE GOUVERNANCE TERRITORIALE 53
3- Critique d'un modèle de gouvernance territoriale 54
3.1- Vers un modèle plus participatif : les conseils de
développement avec un fonctionnement à
« l'empowerment ». 54
3.1.1 L'empowerment dans les politiques de la ville 55
3.1.2 La limite de l'empowerment dans les instances de
participation. 58
3.2- Identification des limites des conseils de
développement face à la participation attendue 59
3.2.1 Limites des conseils de développement vers une
meilleure participation 59
8
3.2.2 Propositions pour faire évoluer les conseils de
développement et les rendre plus
participatifs 62
Conclusion de partie : Comment les conseils de
développement ne jouent pas un excellent rôle
d'empowerment dans la mise en oeuvre de projet urbain. 65
Conclusion 67
Bibliographie 70
Annexes 75
Table des annexes 76
Annexe 1. Tableau de synthèse partie I 77
Annexe 2 Tableau synthétique partie II 78
Annexe 3- Liste des interviews dans le cadre du travail de
mémoire - Réalisés le jeudi 12 et
vendredi 13 Mai 2017 79
Annexe 4- Portrait 1 le CD du Pays Dignois 80
Annexe 5- Portrait 2 -le CD de l'agglomération de
Châlons en Champagne. 84
Table des figures 87
9
INTRODUCTION
10
Le phénomène de participation qui a pour raison
de donner la possibilité aux acteurs d'un
projet d'y participer, mais surtout d'y avoir un rôle
dans son élaboration, est vu comme un idéal à atteindre et
peut correspondre à un idéal de fonctionnement et d'écoute
entre les acteurs d'un projet de territoire. Le référendum local,
le droit de pétition, les conseils de quartier, les commissions du
débat public, les chartes de concertation et les enquêtes
publiques permettent aux citoyens de s'exprimer en dehors des élections
sur des sujets importants qui les concernent directement. Ces initiatives sont
les outils donnés aux individus afin de pouvoir comprendre, dialoguer et
influencer les projets des territoires sur lesquelles ils vivent, travaillent
et consomment.
De nombreuses recherches ont été faites sur ces
questions de participation par la sphère universitaire mais aussi
professionnelle. De nombreux sociologues ont comparé la participation
que l'on pouvait atteindre auprès d'autres sociétés afin
de mieux comprendre celle de la France tout en rêvant de toujours plus,
d'une co-construction de nos projets entre les investigateurs et les
bénéficiaires. Prôner une démocratie plus
participative et plus représentative n'est autre qu'un pléonasme
apporté par la société, sur un modèle reposant
principalement sur le rôle que joue la société civile par
ses habitants, associations et institutions publiques. Il me semble important
de montrer l'incohérence que porte la définition d'une
démocratie plus participative en sachant que celle-ci repose sur une
citoyenneté politique à la source de notre démocratie,
mais soulignant comme un manque de participation de ses mêmes
citoyens.
« La démocratie participative ne s'oppose pas
à la démocratie représentative, elle la complète.
Elle n'a pas été instituée par la loi de 1999. Elle
signifie simplement que la citoyenneté ne saurait se réduire
à déposer occasionnellement un bulletin dans une urne mais
qu'elle s'exprime par la participation du peuple aux affaires publiques. On
peut la décliner à différents niveaux : on parle de
citoyenneté régionale, nationale, européenne voire
mondiale. C'est pourtant au niveau des territoires qu'elle prend tout son sens,
par la proximité qu'elle implique entre les habitants et les politiques
qui leurs sont proposées (en termes de droits à l'emploi, au
logement, à la santé, la justice, l'éducation, les
services publiques, etc).
Comme l'implication des habitants n'est pas naturelle, la
loi a défini un certain nombre d'instruments et d'obligations
destinés à la faciliter : référendum local, droit
de pétition, conseils de quartier, commissions du débat public,
chartes de concertation, enquêtes publiques, commissions consultatives
des services publics locaux permettent aux citoyens de
11
s'exprimer en dehors des élections sur des sujets
importants qui les concernent directement. »1
Nous nous retrouvons dans un brouhaha d'amalgames et de faux
dialogues critiquant un modèle politique qui se veut participatif sans
l'être réellement. Non loin de vouloir revenir sur les fondements
et les différentes approches d'une telle question je me suis
attaché à comprendre davantage le fonctionnement de la notion
« d'empowerment » se trouvant au centre des démarches
populistes et de population marginalisée à l'étranger et
arrivant comme un modèle de réussite de la participation que l'on
pourrait importer dans notre société. Les débats qui
animent les politiques publiques mais aussi le monde privé à
importer, un pouvoir d'émancipation des populations, que
représente l'empowerment et à se l'appliquer comme si notre
modèle était touché par un manque d'appartenance et de
représentation. Pouvant être perçu comme le déni
d'une société n'acceptant pas totalement de confier du pouvoir et
de la liberté d'expression aux plus grands nombres.
Dans ce travail universitaire il sera question de
définir cette notion fondamentale concernant la construction de
mouvement social à travers le monde et à travers les
époques grâce aux travaux portés par
Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener de
manière majoritaire mais aussi d'autres auteurs comme Marc
Zimmerman, Mary Parker Follett, Deepa Narayan Parker sur la
construction de l'empowerment mais aussi sur celle de la démocratie
participative faite par Simon Wuhl. Il me semble important de
pouvoir revenir sur l'étymologie ce ces termes afin d'en définir
un modèle avant d'en faire une critique par mon cas d'étude.
Concernant mes recherches sur le fonctionnement des conseils de
développement, j'ai pu trouver de nombreux écrit par
Philippe Langevin, traitant la question de la participation
dans ces instances de participation. Ce travail universitaire a pu naître
suite à l'expérience acquise durant la fin de ma première
année de master.
J'ai eu la chance de pouvoir réaliser cette
expérience au sein de deux instances de participation de la
société civile et des institutions politiques, j'ai voulu mieux
comprendre la logique de leurs créations et comprendre leurs
degrés d'implication au sein des projets. Ce qui pouvait définir
l'organisation d'une instance telle que les conseils de développement de
Pays ou bien d'agglomération mais aussi comprendre comment une instance
peut porter par ses membres la création d'une seconde instance que sont
les conseils citoyens. De nombreuses interrogations me sont venues à la
fin de mon stage, sur le rôle qui est donné et qui est attendu par
le conseil citoyen, tout en sachant que je faisais déjà partie
d'un conseil de développement, d'un tout autre fonctionnement mais ayant
comme rôle la participation sur son territoire. Dans une suite logique,
il m'a semblé important, dans un travail universitaire, de pouvoir faire
une critique pas de la réalité, mais des théories
proposées par d'autres universitaires, à l'instar de
l'empowerment.
1 Source : Philippe LANGEVIN, Conseils de
développement de Pays et d'agglomération p.89-90
12
La problématique, me permettant de répondre
à cette interrogation, est « Quels sont les
différents impacts possibles des processus de participation, tels que
les conseils de développement dans les structures de participation ?
».
Pour répondre à mon questionnement, j'ai
défini 3 hypothèses de travail que sont :
- Hypothése1 les processus institutionnels
participatifs se détachent de participation. - Hypothèse 2 : les
conseils de développement impliquent la société civile et
les
habitants dans les projets urbains de manière
différente, comparé à d'autres
gouvernances territoriales.
- Hypothèse 3 : Les conseils de développement ne
jouent pas un rôle d'empowerment dans la mise en oeuvre de projet
urbain.
Ces hypothèses permettront d'affirmer, ou bien d'infirmer,
mes propos.
La première partie de mon analyse s'efforcera de
fournir un corpus des plus complets, par une recherche documentaire sur les
mouvements forts ayant construit une certaine identité du pouvoir aux
habitants, avant de montrer comment les structures participatives se
détachent de participation comme l'entendent les chercheurs.
Dans une seconde partie, nous verrons, à partir
d'une brève analyse, les différentes instances existantes et
étudierons deux conseils de développement, dans un cas
d'étude, dont l'objectif est de montrer comment les conseils de
développement impliquent la société civile et les
habitants dans les projets urbains de manières différentes,
comparée à d'autres dispositifs participatifs.
La dernière partie permettra de formuler une
critique et de pouvoir dresser des propositions, que pourra comporter une
structure telle que le conseil de développement, avec une gouvernance
tournée autour du concept « d'empowerment » et de piste de
réflexion. Elle constituera notre partie critique nous permettant de
montrer comment les conseils de développement ne jouent pas un
rôle d'empowerment dans la mise en oeuvre de projets urbains comme on
pourrait le voir dans sa notion mais cherche tout de même à s'en
rapprocher.
13
PARTIE I
LA GENÈSE DU POUVOIR AUX HABITANTS
1.La genèse du pouvoir aux habitants.
1.1La notion d'empowerment dans les politiques
publiques
Il me semble nécessaire pour commencer ce travail
épistémologique sur le terme de « l'empowerment » de
dresser un éventail, en l'état, des définitions et
courants de pensée existants autour de ce concept. Plusieurs chercheurs
et penseurs du XIX et XX siècle ont cherché à donner une
définition à la théorie de l'empowerment sous
différents mouvements de pensée. Ces extraits font partie d'une
courte prospection des interprétations faites en la matière
à travers les années et les territoires.
« Les origines du terme sont anciennes : le verbe to
empower apparait en Grande-Bretagne au milieu du XVII siècle pour
désigner un pouvoir ou une autorité formelle accordé par
une puissance plus élevée. Mais ce n'est qu'au milieu du XIXe
siècle qu'est formé le mot empowerment qui définit
à la fois un état et une action, celle de donner du
pouvoir2. Il faut attendre les années 1970 pour
qu'il soit utilisé de façon diffuse par la société
civile dans différents contextes. »
Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener,
l'empowerment une pratique émancipatrice ?
14
2 Lily HOFFMAN, The Politics of Knowledge. Activist
Movements in Medicine and Planning, State University of New York Press,
Albany,1989.
15
1.1.1 Origines d'un terme aux multiples définitions
Afin d'avoir une plus grande représentation de la
notion qu'est l'empowerment, j'ai décidé de synthétiser
les écrits de plusieurs spécialistes en la matière, qui
traitent du sujet, à travers différents domaines
d'étude.
Marc A Zimmerman est une psychologue qui
donne des cours en tant que professeur en autonomisation de la santé et
éducation sanitaire, au centre de recherche pour la croissance et du
développement humain du Michigan. Dans ses travaux, il donne une
définition de l'empowerment. D'après lui, «
l'empowerment est à la fois une orientation de la valeur pour le
travail dans la communauté et un modèle théorique pour
comprendre le processus et les conséquences des efforts pour exercer le
contrôle et l'influence sur les décisions qui affectent la vie, le
fonctionnement organisationnel et la qualité de la vie
communautaire3 . Il est nécessaire de faire une
distinction entre les valeurs qui sous-tendent une approche d'empowerment du
changement social et la théorie de l'empowerment. L'orientation de la
valeur de l'empowerment suggère des buts et des stratégies pour
mettre en oeuvre le changement. La théorie de l'empowerment fournit des
principes et un cadre pour l'organisation de nos connaissances. Le
développement de la théorie de l'empowerment contribue
également à avancer la construction au-delà d'un effet de
mode et d'une manipulation politique ».4
Zimmermann décompose l'empowerment comme une
orientation de valeur avant d'être une théorie. Il a pour but
d'améliorer le bien-être et non pas de résoudre les
problèmes.
Il identifie les facteurs de risques et ne fait pas seulement
que les lister. L'empowerment se matérialise davantage comme un langage
distinct pour comprendre les changements et influencer nos communautés.
Il suggère que le langage traditionnel utilisé à
l'égard des professionnels crée une relation entre expert et
client venant d'une même direction et réduit la probabilité
que les gens s'aident les uns les autres. Un langage plus axé sur
l'empowerment remplacera les relations « expert » et « client
» par « participation » et « collaborateur » dans une
vision multidirectionnelle.
L'empowerment théorique repose sur des processus et des
résultats5. Il affirme que la théorie suggère
que les actions, les activités et organismes peuvent être
habilitantes et que les résultats de ces processus se traduisent par un
niveau de cette habilitation. Ces deux facteurs varient pleinement en fonction
des individus et du contexte.
Il est important de distinguer l empowerment par les processus
et les résultats pour définir une théorie de
l'empowerment. Les processus d'habilitation sont ceux dans lesquels les
3 Perkins et Zimmerman, 1995 ;Rappaport, 1981 ;
Zimmerman et Watschausky, 1998
4 -Marc Zimmerman ; Empowerment theory, ;2000
5 Swift et Levine, 1987
16
tentatives pour obtenir les ressources nécessaires et
comprendre de manière critique son environnement social sont
fondamentales. Le processus est habilitant s'il aide les gens à
développer des compétences afin qu'ils puissent devenir
indépendants et décideurs. Les processus d'habilitation varient
selon plusieurs niveaux d'analyse. Par exemple, autorisant des processus
d'adhésion à une organisation participative communautaire,
adhérer à des directions de groupe (leadership) et à des
prises de décision communautaire. Un niveau d'adhésion possible
sur les médias, ressources communautaires et gouvernement.
Mary Follett, philosophe, a écrit,
dès les années 1890, sur la question de l'empowerment dans les
entreprises. La plupart de ses conférences ont eu lieu dans les
années 1920 mais son travail n'a été reconnu qu'à
la fin du XX siècle, elle fit parti des pionniers de l'empowerment
managérial. Ses travaux se confrontaient à une époque
où le taylorisme régnait comme modèle, ce qui a
entrainé une censure de ses travaux jusqu'au siècle
suivant.6
Elle soutient l'idée que les gens souhaitent,
s'autogouverner, ils veulent être en mesure de contribuer, de
réaliser et de grandir, idée qui est à l'opposé du
modèle de Frederick Winslow Taylor. Le taylorisme est une
méthodologie d'efficacité de production qui rompt chaque action,
travail ou tâche dans les segments les plus petits et les plus simples
qui peuvent être facilement analysés et enseignés.
Introduit au début du 20e siècle, le taylorisme vise à
obtenir une fragmentation maximale de l'emploi afin de minimiser les besoins en
compétences et les temps d'apprentissages. La conséquence de ce
modèle est que, lorsque les personnes étaient emmenées au
travail (pour une meilleure efficacité), les salariés n'y
allaient que physiquement, la part d'intérêt étant absente.
Mary Follett, souligne que ces mêmes salariés (majoritairement des
hommes) étaient très actifs dans leurs organisations sociales et
religieuses, très actifs dans leur famille, et qu'ils avaient beaucoup
à apporter mais que les organisations ne s'y prêtaient pas...
7
S'il était donné aux personnes l'occasion de
s'autogouverner du groupe et de participer à son développement,
cela ne se ferait pas aux dépens des autres, mais au contraire, avec la
contribution de tous. En utilisant toutes ses forces, ses réalisations
et ses caractéristiques, le groupe ou l'organisation se développe
dans un processus dialectique. Ce processus dialectique prendra naissance avec
la fusion de deux forces différentes, qui vont former une force
différente qui change alors la situation, puis une autre force entrera
et il y'aura de nouveau transformation.
« Parce que les gens veulent s'autogouverner le
rôle des entreprises est de développer les individus, non
seulement parce que la société sera mieux de cette façon,
mais parce que
6 Prof. Dafna Eylon, March 7, 2011, Mary
Parker Follett and empowerment
7 Mary Parker Follett ;Prophet of Management ;1995
17
l'organisation sera également meilleure, parce que
vous gagnerez de toutes les forces qui se seront rassemblées dans ce
processus dialectique ».
La philosophie de gestion de Follett repose sur la conviction
que le souhait de gouverner sa vie est un sentiment des plus importants qui
définit chaque être humain. Toutefois, elle soutient que le
désir d'autonomie gouvernementale n'est pas incompatible avec une action
collective. 8
Elle soutient que trop souvent l'individualité
a été étouffée par des pratiques organisationnelles
qui découragent la participation collective. Elle étaye
le fait que la tendance à penser en termes de dichotomies, tels que les
leaders et suiveurs, ou une préoccupation rigide, avec hiérarchie
plutôt que de fonction, a provoqué une défaillance.
Selon Marie-Hélène Bacqué
professeure d'étude urbaine à l'université de
Paris-Ouest Nanterre et Carole Biewener professeure
américaine d'économie et d'étude du genre «
l'empowerment s'articule autour de deux dimensions. Celle du pouvoir, qui
constitue la racine du mot, et celle du processus d'apprentissage pour y
accéder. Il peut désigner autant un état (être
empowered) qu'un processus, cet état et ce processus étant
à la fois individuels, collectifs et sociaux ou politiques même
si, selon les usages de la notion, l'accent est mis sur l'une de ces dimensions
ou au contraire sur leur articulation. »9
Il n'existe pas de terme français qui rend compte
de l'ensemble de ces dimensions, ce qui explique la quasi-impossibilité
de sa traduction et sans doute, pour partie, l'intérêt
qu'éveille cette notion pour le public.10.
Marie Hélène Bacqué l'explique par une
reconnaissance de chacun d'entreprendre une démarche
d'autoréalisation et d'émancipation des individus, de
reconnaissance des groupes ou des communautés et d'une transformation
sociale.
Marie-Hélène Bacqué et Carole Biewener
ont défini une typologie d'analyse de ce que représente
l'empowerment afin d'organiser les tendances que l'on peut retrouver
auprès de structures mêlant les processus d'empowerment. Dans ces
modèles pour traduire cette notion nous retrouvons un modèle
radical, un modèle libéral et un modèle
néolibéral.
Le modèle dit radical, se base sur la reconnaissance
des groupes pour mettre fin à leur stigmatisation,
l'autodétermination, la redistribution des ressources et les droits
politiques. L'objectif d'émancipation individuelle et collective
débouche sur un projet de transformation
8 L'intégration du hors-travail dans la
gestion des ressources humaines : entre paternalisme et empowerment Francoise
De Bry, Ariane Ollier-Malaterre,2016, HAL
9 Marie Hélène Bacqué et Carole
Biewener dans leur ouvrage ; l'empowerment une pratique émancipatrice ?
;2013,
10 Yann Le Bossé, « de l'habilitation
au « pouvoir d'agir » vers une appréhension plus circonscrite
de la notion d'empowerment » Nouvelles Pratiques sociales, vol 16,
n°2,2003, p30-51.
sociale qui, dans les approches les plus radicales, repose sur
une remise en cause du système capitaliste. « Elle se
matérialise par une chaine d'équivalences qui lie les notions de
justice, de redistribution, de changement social, de conscientisation et de
pouvoir, celui-ci étant exercé par ceux d'en bas.
»11
Le modèle dit libéral, au sens anglo-saxon (le
qualificatif libéral n'est pas utilisé dans le même sens en
France et aux États Unis. En France, la tradition libérale est
renvoyée au libéralisme économique, à un «
laisser-faire contrairement aux États Unis ou le libéralisme est
classé à gauche. Il renvoi aux libertés des individus dans
un contexte d'économie mixte dans lequel l'intervention publique est
nécessaire pour contrebalancer certains effets négatifs de
l'économie de marché capitaliste ». Cette fois-ci, dans
le contexte d'après seconde guerre, celui-ci se distingue par une forme
de libéralisme social, opposant le libéralisme économique
fondé sur le laisser faire et sur la loi des marchés. Il
s'articule autour de la défense des libertés individuelles avec
une attention à la cohésion sociale. « Dans ce
modèle, l'empowerment prend place dans une chaîne
d'équivalences aux cotés des notions d'égalité,
d'opportunité, de lutte contre la pauvreté, de bonne gouvernance,
d'autonomisation et de capacité de choix. »12
« Le modèle dit néolibéral est
défini dans une logique de gestion de la pauvreté et des
inégalités, pour permettre aux individus d'exercer leurs
capacités individuelles et de prendre des décisions «
rationnelles » dans un contexte d'économie de marché.
Devenir un entrepreneur de sa propre vie. Dans une chaine
d'équivalences, il ne lie pas automatiquement l'émancipation et
la justice sociale. Tout au plus est évoquée celle de
l'accès aux opportunités sans une remise en cause des
inégalités sociales ».13
18
11 L'empowerment une pratique émancipatrice ? ;
p.15
12 L'empowerment une pratique émancipatrice ? ;
p.16
13 L'empowerment une pratique émancipatrice ? p
.16
Deepa Narayan Parker est une auteure
américaine ayant écrit sur l'empowerment à destination des
femmes et des population pauvres. D'après ses écrits, elle
définit L'empowerment comme : « une valeur intrinsèque
et instrumentale. Elle semble être pertinente au niveau individuel et
collectif, et peut être économique, social ou politique. Le terme
peut être utilisé pour caractériser les relations au sein
des ménages ou entre les pauvres et d'autres acteurs au niveau mondial.
Il existe d'importantes différences entre les sexes dans les causes, les
formes et les conséquences de l'empowerment ou de l'incapacité.
Il y a donc évidemment de nombreuses définitions possibles de
celle-ci, y compris les définitions fondées sur les
droits.14
Dans un sens plus large, l'empowerment est l'expansion de
la liberté de choix et d'action. Il Signifie l'augmentation de
l'autorité et le contrôle des ressources et des décisions
qui affectent sa vie. Comme les gens font un véritable choix, ils
gagnent un contrôle accru sur leur vie. Les populations pauvres disposent
d'un choix extrêmement limité, à la fois par leur manque
d'actifs et l'impuissance à négocier de meilleures conditions
pour eux-mêmes avec une gamme d'institutions, formelles et informelles.
Puisque l'impuissance s'inscrit dans la nature, dans le contexte de la
réduction de la pauvreté, une définition institutionnelle
de l'empowerment est appropriée ».
Elle soutient l'idée que l'empowerment est «
l'expansion des atouts et des capacités des pauvres à participer,
négocier avec influence et de contrôle auprès des
institutions responsables qui les concernent »
19
14 Deepa Narayan Parker ; « EMPOWERMENT AND
POVERTY REDUCTION - A SOURCEBOOK » ; 2002
20
L'auteur explique que les femmes et les hommes pauvres ont
besoin d'un éventail d'atouts et de capacités pour
améliorer leur bien-être, ainsi que leur confiance en
eux-mêmes, afin qu'ils puissent négocier avec influence et
contrôle, et qu'ils disposent « d'actifs », « d'atouts
» et de « capacités » pour y parvenir. Ces indicateurs
sont aussi différents qu'est différent le phénomène
de pauvreté dans la société.
« Les Actifs » désignent les
actifs matériels, tant physiques que financiers. Ces actifs y compris
les terrains, le logement, le bétail, les économies et les bijoux
permettent aux gens de résister aux chocs et définissent leurs
horizons de choix. La limitation extrême des ressources physiques et
financières restreint grandement la capacité de
négociation et leurs horizons de choix. Cela aura tendance à les
rendre plus vulnérables dans leurs limites de choix personnels.
« Les capacités » à
la différence des actifs, elles sont inhérentes aux personnes et
leur permettent d'utiliser leurs singularités, d'améliorer leur
bien-être. Les capacités humaines comprennent une bonne
santé, l'éducation et la production, ou d'autres
compétences qui améliorent la vie. Les capacités sociales
incluent l'appartenance, le leadership, les relations de confiance, le sens de
l'identité et les valeurs qui donnent du sens à la vie et la
capacité d'organisation. La capacité politique comprend la
capacité de se représenter soi-même ou les autres,
d'accéder à l'information, de former des associations et de
participer à la vie politique d'une communauté ou d'un pays.
« Les atouts » et les
capacités peuvent être individuels ou collectifs. En prenant en
compte le manque de représentation des populations dites « pauvres
», même dans de nombreuses démocraties formelles, les pauvres
sont souvent non représentés et ne peuvent pas profiter des
occasions de s'investir dans leurs actifs ou d'exercer leurs droits
individuels.
21
Après avoir dressé un bref éventail des
différents courants de pensées autour de la théorie de
l'empowerment. Il me semblait important de synthétiser sous forme de
tableau les principales divergences entres les définitions 15:
Valérie Peugeot, présente sous forme d'un
tableau les différentes approches de l'empowerment en se focalisant sur
ces principaux promoteurs ; les objectifs poursuivis et leurs liens au
capitalisme.
En m'inspirant de son analyse par vecteur, j'ai pu
définir d'après celle-ci, une analyse non pas par approche de
l'empowerment mais par l'influence porté par différents corps de
recherche comme la psychologique ou bien la philosophie. En conservant certains
ce ces vecteurs de comparaison comme analyse.
Chacun des auteurs présentent une définition de
l'empowerment d'après leurs domaines d'étude :
Marc Zimmerman, par le champ de la
psychologique, là définit comme un langage distinct pour
comprendre les changements et influencer nos communautés. Un langage
plus accès sur l'empowerment remplacera les relations « expert
» et « client » par « participation » et «
collaborateur » entre les élus et les habitants. La relation qu'il
donne avec la puissance publique est une relation multidirectionnelle
directement en réaction avec l'État.
Mary Parker Follett dans une approche par la
philosophie, le conçoit comme donner aux salariés
l'occasion de s'autogouverner du groupe et de participer à son
développement, cela ne se ferait pas aux dépens des autres, mais
au contraire, avec la contribution de tous. Elle fait une approche vers la
relation employeurs, salariés. Contrairement à Marc Zimmerman, la
relation qu'elle donne avec la puissance publique est une logique ascendante,
d'auto-organisation faisant état à une impuissance de
l'État.
Marie Hélène Bacqué et Carole
Biewener par le champ de la sociologie et de l'économie,
l'expliquent comme la reconnaissance de la société
civile, d'entreprendre une démarche d'auto-réalisation et
d'émancipation des individus, de reconnaissance des groupes ou des
communautés et d'une transformation sociale. Là aussi la relation
avec la puissance publique est vue comme une logique ascendante mais
individuelle.
Deepa Narayan Parker on fait une approche du
développement international, fait un focus sur les populations
pauvres et les femmes pour le définir comme la collecte d'atouts et de
capacités pour améliorer leur bien-être. En augmentant leur
confiance en eux-mêmes, afin de négocier avec influence et
contrôle. La relation à la puissance publique reste ascendante
axée sur la capacité à collecter par les individus
marginalisés afin d'influencer les institutions.
15 Tableau de synthèse en Annexe
1.1.2 Quelle est la pertinence de l'empowerment en
aménagement et dans les instances participatives ?
1.1.2 Construction d'un modèle à travers les
mouvements sociaux
Selon l'analyse qu'Anne Emmanuèle Calvés
fait dans la revue Tiers Mondes, elle rédige une
généalogie constructive du mouvement de l'empowerment depuis ses
débuts. Elle nous explique que « les notions d'empowerment sont
multiples et peuvent être retracées dans les domaines aussi
variés que le féminisme, le freudisme, la théologie, le
mouvement black power ou le gandhisme16 ».
1- Les Mouvement des noirs
En 1976, Barbara Solomon, une travailleuse
sociale afro-américaine, titulaire d'un doctorat de travail social et
professeur à Southern California Université, publie l'ouvrage
Black Empowerment, qui s'adresse aux travailleurs sociaux en formation ou en
activité. L'auteur s'appuie sur ses expériences de praticienne
dans le champ de la santé mentale au sein d'organisations communautaires
noires à Los Angeles et de responsable de l'association des travailleurs
sociaux noirs. Le livre est issu d'un cours enseigné dans un centre
communautaire à Los Angeles. Il interroge les limites du travail social
dans la communauté noire, dénonce la bureaucratisation de la
profession, mais aussi l'internalisation par la population noire d'une image
stigmatisée qui est à la source du manque d'estime de soi et du
pouvoir d'agir des individus. Dès cette première tentative de
théorisation, la démarche d'empowerment est ainsi associée
à la reconnaissance de groupes « sans pouvoirs » et
stigmatisés ; elle pose les questions de
l'inégalité sociale, du racisme, du patriarcat et de la
marginalisation par la pauvreté ou par les handicaps physiques ou
mentaux. Les travaux de Lorraine Gutiérrez,
travailleuse sociale latino-américaine puis professeur de travail social
et de psychologie à l'université du Michigan, ont
contribué à faire reconnaître cette théorie et
à la développer davantage. Toutes deux appartiennent à des
minorités ethniques, l'une et l'autre travailleuses sociales et
théoriciennes des démarches d'empowerment ont fait évoluer
la notion vers la théorie et la théorie vers la pratique.
Étonnamment les écrits de Barbara Solomon dans son ouvrage «
Black Empowerment » ne représentent pas la base théorique
des mouvements noirs des années 60. La notion d'empowerment est parfois
associée au mouvement noir. Elle y est pourtant utilisée que de
façon minime, ce qui s'explique par la diversité des mouvements
noirs. Les mouvements se rapprochant de la reconnaissance de pouvoir aux
États Unis correspondent au mouvement civil right movement (mouvement
des droits civiques) et black power movement, tous deux traversés par
des débats importants sur le choix de logique d'intégration ou de
nationalisme, et par le clivage entre républicains et
démocrates.
22
16 Simon1994; Cornwall; Brock;2005
23
Dans le mouvement du Black Power, le terme empowerment
apparait dès la fin des années 1960, dans le vocabulaire de
certains dirigeants noirs. Prônant le black empowerment comme la prise
d'une place dans la société américaine, sous leurs
directions et par la constitution d'un leadership noir,
même si cela implique du séparatisme.
En fait, la notion d'empowerment ne fait pas école dans
le mouvement du Black Power. Il a été vu dans la presse entre
1960 et 1980, une utilisation diffuse du terme sans que celui-ci ne s'impose
véritablement.
2- Les Mouvements féministes
C'est au mouvement féminisme des pays du Sud que l'on
doit l'apparition formelle du terme empowerment dans le champ du
développement international. La publication en 1987 du livre
Development, crises and alternatives visions : Third World women's
perspectives17 marque en effet un tournant dans la
généalogie du concept. Cet ouvrage, fruit de la réflexion
d'un réseau de chercheuses, de militantes et de responsables politiques
féministes du Sud, connu sous son sigle anglais DAWN (Development
Alternatives with Women for a New Era) qui voit le jour en 1984 à
Bangalore, en Inde, présente les grands principes d'une approche de la
question de la femme dans la problématique du développement qui
sera rapidement libellée « approche empowerment »18
.
La conférence internationale sur la population et le
développement du Caire en 1994 est une des premières
conférences onusiennes où le concept gagne une visibilité
internationale. Bien que la conférence ne porte pas
spécifiquement sur les femmes, le programme d'action qui y est
adopté, place les droits sexuels et génésiques et
l'empowerment des femmes au coeur des problématiques de populations. Les
réseaux d'activistes féministes, tels que la Coalition
internationale pour la santé des femmes (WHC) et DAWN,
très présents lors de la conférence mais aussi lors des
débats et réunions préparatoires, ont fortement
contribué à orienter l'agenda dans cette direction. Deux
chapitres du programme d'actions abordent spécifiquement les questions
de l'égalité entre hommes et femmes et du manque de pouvoir des
femmes à travers le monde. En matière de renforcement des
pouvoirs, un nombre important de sujets tels que la représentation
politique et la participation, l'éducation, l'emploi, la santé
reproductive et sexuelle, la violence et le viol, l'égalité face
à la justice, les droits de propriété, l'iniquité
des revenus, et la charge de travail y sont discutés. Selon Gita Sen,
« le chapitre 4 sur l'empowerment des femmes abandonne l'ancien langage
neutre de statut des femmes pour une reconnaissance plus proactive des
relations de pouvoir »19
17 Sen, Grown, 1987, p.32
18 Moser, 1989; p.78
19 Sen, 1995 in Halfon, 2007, p. 35
24
La quatrième conférence des Nations unies sur
les femmes qui se tient l'année suivante à Beijing marque une
autre étape décisive dans l'entrée du terme empowerment
dans le discours onusien sur les femmes et le développement. Ainsi,
d'après les documents officiels, la plateforme d'action adoptée
lors de la conférence constitue « un agenda pour l'empowerment des
femmes »20. Il y est clairement déclaré que :
« le renforcement du pouvoir des femmes et leur pleine participation
dans des conditions d'égalités dans toutes les sphères de
la société, incluant la participation aux processus de
décision et l'accès au pouvoir, sont fondamentaux pour
l'obtention de l'égalité, du développement et de la paix
»21. Suite à la conférence de Beijing, le
terme gagne rapidement les agences bilatérales d'aide au
développement comme l'Agence canadienne pour le
développement international (ACDI) qui, en 1999, fait de
l'empowerment des femmes un des huit principes de base de sa politique en
matière d'égalité des sexes22. À la fin
des années 1990, l'empowerment des femmes est devenu, comme le souligne
Bissiliat23, une des notions « politiquement correctes dont
tous les organismes internationaux, du moins sur le plan des
énoncés discursifs, ne peuvent se passer ». «
Promouvoir l'égalité des sexes et l'empowerment des femmes »
est d'ailleurs le troisième des huit objectifs du
Millénaire pour le développement (OMD) adoptés en
2000 au siège des Nations unies lors du sommet du Millénaire.
3- Prise de conscience des pauvres
La dénonciation de plus en plus virulente et
généralisée des conséquences sociales de
l'ajustement structurel des couches populaires fait progresser la
pauvreté dans de nombreux pays en développement. Les crises
financières des années 1997-1998 en Asie et en Amérique
latine notamment, l'aggravation du fardeau de la dette, et la crise de
légitimité des institutions de Bretton Woods qui en
résultent, amènent graduellement ces dernières à
recentrer leurs discours sur la question de la pauvreté.
L'éradication de la pauvreté devient le credo de l'ensemble des
organisations internationales dès la fin des années 1990, comme
en témoignent les sommets internationaux comme le sommet du
Millénaire à New York en 2000, le sommet sur le
développement durable à Johannesburg en 2002 ou la
conférence de Monterrey sur le financement du développement en
2002. La publication du Rapport sur le développement dans le Monde de
2000-2001 intitulée « Combattre la pauvreté » consacre
l'institutionnalisation par la Banque mondiale du mot empowerment dans ce
nouveau discours.
L'empowerment, traduit très approximativement par le
terme « insertion » dans la version française du rapport, il y
est, en effet, présenté avec les « opportunités
» et la « sécurité », comme l'un des trois piliers
de la lutte contre la pauvreté. Comme le note Wong, cette inclusion sans
précédent du terme empowerment a suscité de la surprise
mais aussi un certain enthousiasme parmi plusieurs professionnels de
développement. Longtemps accusée d'évacuer de son discours
sur la pauvreté toute notion de pouvoir ou de la cantonner au
20 Nations unies, 1995
21 Nations unies, 1995, § 13
22 Parpart, 2002.
23 2000, p. 26
25
manque de pouvoir économique des pauvres, la Banque
mondiale reconnaît explicitement avec la notion d'empowerment, la
dimension politique du pouvoir24 . D'après le rapport,
« L'empowerment signifie que les pauvres disposent de
moyens d'influer sur les institutions d'États qui jouent un rôle
dans leur existence en participant à la vie politique et aux processus
de décision locaux »25 . Les pauvres étant «
d'abord et avant tout des gens qui n'ont ni droit à la parole ni pouvoir
»26, la lutte contre la pauvreté est donc indissociable
de l'empowerment des pauvres.
En ligne avec le discours sur la « bonne gouvernance
» déjà en vogue au sein des institutions de Bretton Woods,
la promotion de l'empowerment nécessite de « rendre les
institutions d'État plus attentives aux pauvres par la
démocratisation, la décentralisation, le développement des
associations de pauvres, la collaboration entre les communautés et les
autorités locales, notamment ».
4- Diffusion de la notion en France des années 1950
et 1960
Si le terme n'apparait que récemment en France, un
ensemble de pratiques et d'expériences émanant de
différents courants d'idées, comme le christianisme social, les
mouvements laïques ou certaines branches du mouvement socialiste,
présente beaucoup de similitudes avec les démarches dites
d'empowerment. En remontant plus avant dans l'histoire, on pourrait retrouver
les traces d'une longue conversation engagée dès la fin du XIX
siècle autour des idées de coopération, d'engagement et
d'initiative qui, comme aux États Unis, parcourent les mouvements
réformateurs français.
Au cours des années 1950 et 1960, ces idées se
concrétisent sous différentes formes, notamment celle du
mouvement dit de l'éducation populaire. Loin de
constituer un ensemble unifié, ce dernier a déjà une
histoire longue et s'est construit en France sur divers héritages, de
celui des Lumières aux réflexions de Condorcet sur
l'éducation, à celles de Fourier ou de Proudhon. Après un
essor important au cours de la période du Front populaire qui voit se
constituer les premières grandes fédérations
d'éducation populaire avec les Centre d'Entrainement aux
Méthodes d'Éducation Active (CEMEA) et les Clubs
Loisirs Actions Jeunes (CLAJ), il connaît une nouvelle
étape de structuration à la Libération : de nouvelles
associations comme Peuple et culture, Travail et culture ou la
Fédération Léo Lagrange voient le jour alors que se met en
place une politique nationale de la jeunesse. De nombreuses définitions
de l'éducation populaire ont été proposées
témoignant la diversité et les tensions interne formant cette
notion. Portant une idée d'éducation du peuple ou d'une
éducation du peuple ou d'une éducation populaire porteuse d'une
culture émancipatrice alternative. Pour autant, dans cette
période tout au moins, les associations d'éducation populaire
partagent une certaine volonté d'indépendance par rapport
à l'État. Elles développent des méthodes
d'apprentissage fondées sur l'échange et l'autonomie en
s'inspirant des méthodes d'éducation active.
24 Wong, 2003
25 Banque mondiale, 2001, p. 46
26 Banque mondiale, 2001, p. 133
26
Reposant essentiellement sur une implication militante
et non professionnelle, elles s'adressent à un public «
populaire ». Enfin, elles défendent des valeurs
démocratiques et égalitaires issues de la période de la
Résistance et développées dans des optiques et à
partir d'expérience très diverses. De ces différents
points de vue, elles s'inscrivent bien dans une perspective
émancipatrice, à la fois individuelle et
politique, proche de certaines visions radicales de l'empowerment qui
s'affirmeront plus tard au États Unis.
La philosophie du mouvement Agir Tous pour la
Dignité (ATD)-Quart monde, crée en 1957 par le
prêtre catholique français Joseph Wresinski, converge
également avec les démarches d'empowerment qui émergent
aux États Unis dans les mouvements des femmes battues au cours des
années 1960 puis dans le travail social. Joseph Wresinski est parmi les
premiers à avoir considéré la pauvreté comme une
négation des droits fondamentaux et à avoir défendu que
les pauvres, grâce au savoir de l'expérience, sont les mieux
placés pour éradiquer la misère. Issu d'un milieu
très pauvre, il a lui-même connu la misère. Devenu
prêtre, il est envoyé dans le bidonville de Noisy-le-Grand en
1957, une de ses premières initiatives est d'en faire sortir les
oeuvres caritatives (la soupe populaire notamment), qui selon lui
enfoncent les pauvres dans l'indignité. Il y engage des activités
collectives et la création de services communs, comme une
bibliothéque ou un jardin d'enfants. La responsabilité des
individus, se double de la reconnaissance des capacités et des savoirs
des personnes vivant dans la misère, est au centre de sa
démarche, articulant une réflexion sur le savoir, le pouvoir et
l'émancipation : « Être responsable, pour vous , ce sera
d'abord continuer à vous former, à vous instruire, à vous
regrouper, pour réfléchir sur votre condition, pour exiger une
école adaptée à vos enfants, un travail qui vous rende
indépendants et qui garantisse aux vôtres une vie décente.
E...] Être responsable, c'est aussi rejoindre les associations
familiales, les associations de parents d'élèves, les
comités de locataires, les syndicats, les partis politiques.
»27 Dans la même lancé, il engage des
expériences de co-formation réunissant des personnes vivant dans
la pauvreté, des professionnels et des universitaires, qui
déboucheront en 1972 sur la création de
l'Université populaire Quart Monde, laquelle se
constituera ensuite en réseau international. Elle se caractérise
par une dimension humaniste : le coeur du projet est la destruction de
la misère et non sa gestion. L'exemple de l'université
populaire est suivi par de nombreuse autre école de pensée et
expériences de mouvements sociaux caractérisant
l'émergence de l'empowerment outre Atlantique. L'évènement
majeur qui a marqué tous les esprits et a permis une relance de la
pensée émancipatrice a été le raz-de-marée
qu'ont été les mouvements populaires de 1968.
27 Joseph WRESINSKI, « Appel à la
solidarité », Fête de la solidarité 17 novembre
1977(consultable sur
www.quartmonde.fr).
27
De nombreux chercheurs ont écrit sur le changement de
la vie politique et sociale, suite à 1968, comme Michel Foucault,
Jacques Donzelot28, Robert Castel29, Ivan
Illich30, Alexander Neill31 complétant les
écrits en la matière.
La politique de la ville des années 1980 et
1990
Amorcée à la fin des années 1970 et
véritablement engagée au cours des années 1980, cette
politique est en effet inspirée pour partie par l'expérience
des Model Cities32 aux États-Unis, mais elle
est aussi soutenue par des valeurs émanant de la gauche autogestionnaire
et des réflexions tiers-mondistes sur le développement local.
Lancé en 1982 sur une vingtaine de sites expérimentaux,
baptisés « îlots sensibles »
s'organisent sur des premières expériences et les cadrages
politique et théorique couplé à des feux de contestation
urbaines des années 70, comme les groupes d'action
municipal (GAM) ou les ateliers publics d'urbanisme.
Le rapport Dubedout, qui en trace les grandes orientations en 1983,
évoque un scénario d'auto développement des quartiers, vus
comme « lieux de conflits mais aussi de solidarité, lieux de
pauvreté matérielle, mais aussi lieux du foisonnement de cultures
populaires, lieux de différences, mais aussi de métissage, lieux
du rejet, mais aussi d'insertion sociale ». Mis en oeuvre dans une
période d'affaiblissement des formes traditionnelles de structuration du
monde ouvrier, elle reste une politique conduite et décidée
« par le haut », avant tout initiée par des
professionnels.
Marie-Hélène Bacqué parle d'un «
rendez-vous manqué entre la gauche et les habitants des quartiers
populaires en raison de l'évolution même de la politique de la
ville, qui rétrécit rapidement le terrain du changement social
à celui de la modernisation de l'action publique et diminue ainsi sa
portée politique ». Il est constaté durant les
années 1990, le projet de moderniser l'État et les
collectivités territoriales au coeur de la politique de la ville. On
voit naitre le projet de décentralisation à destination des
collectivités territoriales et un projet d'intégration
européenne, qui impose une mutation de l'organisation des services
publics à destination d'un État central et l'abondant des efforts
alloués au politique local pour intégrer davantage les habitants
dans l'écriture des projets. « Ce rendez-vous manqué »
autant comme résultat de généraliser un mode de gestion
spécifique des quartiers pauvres et à en faire une politique de
la ville s'appliquant plus largement aux territoires en difficulté. Les
quartiers difficiles deviennent des quartiers d'exclusion créant le
stéréotype de « zone » concentrant des handicaps.
28 La Police des familles, 1977
29 L'ordre psychiatrique,1977
30 Une société sans école,1971
31 Libres Enfants de Summerhill,1960
32 Programme à destination des habitants afin
de s'élever socialement
28
À travers cette première partie nous avons pu
dresser un portrait de ce que représente la notion d'empowerment
à l'échelle internationale et à une échelle
nationale telle que la France. Les écrits de Marc Zimmerman, Mary Parker
Follett, Marie Hélène Bacqué, Carole Biewener et Deepa
Narayan Parker nous montrent la richesse de terme et de courant de
pensée qu'a pu représenter la définition à travers
les lieux, les époques et les disciplines. La représentation
d'une notion qui reste en perpétuel changement et aux fonctionnements
singuliers. Cette fois-ci en mettant le focus sur la seconde notion qu'est la
démocratie participative souvent rapprocher de l'empowerment mais aussi,
source de désaccords. Comme nous avons pu le voir à travers
l'intervention d'Yves Sintomer, Professeur de science
politique à l'antenne de France inter en septembre 2014, en
réponse à la question « la démocratie participative
peut faire partie de l'empowerment ? ». Il dit que celle-ci «
peut en faire partie, tout dépend de la définition que nous
faisons de la démocratie participative [...]. Si cette définition
comprend une consultation plus ou moins dynamique des citoyens, dans ce cas ce
n'est pas de l'empowerment. Pour que ce soit de l'empowerment, il doit y avoir
don d'un pouvoir d'agir ou bien faciliter, ce pouvoir d'agir aux populations de
la société civile. ». Cette définition que fait
Yves Sintomer correspond tout à fait aux possibles
représentations partielles que représente également la
notion de démocratie dite « participative » prônant une
démocratie avec plus d'implication des citoyens en contradiction
à une démocratie pas assez à l'écoute des
citoyens.
On compte de nombreux degrés de la participation, on
parle de démocratie représentative, démocratie directe,
démocratie participative et délibérative. Chacune de ces
démocraties s'organise autour d'un niveau d'échelle de
participation différent.
La démocratie directe et la démocratie
représentative s'opposent par la place qu'occupe le peuple dans
le pouvoir législatif. La démocratie directe participe activement
et directement dans les décisions politiques contrairement à la
démocratie représentative où les citoyens élisent
des représentants qui ont mandat d'exercer le pouvoir en leur nom et en
leur place pour une durée limitée.
La démocratie participative s'organise
autour de l'ensemble des dispositifs et des procédures qui permettent
d'augmenter l'implication des citoyens dans la vie politique et
d'accroître leur rôle dans la prise de décision La
démocratie participative affirme que la prise de décision ne doit
pas être réservée aux seuls élus et experts. Dans la
même idée la démocratie
délibérative, suppose qu'une décision politique
n'est légitime que si elle résulte d'un débat public qui a
confronté librement les différents points de vue et a permis de
dégager un relatif consensus. Où les décisions doivent
être prise par la délibération.
La démocratie directe et représentative comporte
chacune leur limite et il me semble plus dans l'actualité d'analyser le
modèle actuellement en place, qui est celui-ci se rapprochant de la
démocratie participative.
29
1.2La construction vers une démocratie
participative
1.2.1 Une construction historique non loin de celle de
l'empowerment- de 1960 à 1980.
Simon Wuhl, sociologue et ancien enseignant
à l'Université Paris Nanterre, a réalisé de
nombreux écrits sur les thèmes du « chômage, de
l'exclusion, de l'analyse des politiques de l'emploi et de l'insertion »
d'une part, et « de la justice sociale » d'autre part33.
Par ailleurs il écrit sur les fondements de la démocratie
participative en s'inspirant d'écrits de la politologue allemande,
Hannah Arendt34.
La construction historique qu'il fait de la démocratie
participative suit de nombreuses similitudes avec la construction du mouvement
empowerment en France. L'évolution du statut des banlieues avec la
création de dizaines de groupes d'actions municipaux (GAM)
animés par des militants appartenant plutôt aux
catégories sociales supérieures (professeurs, ingénieurs,
professions libérales), afin de peser politiquement sur le choix des
municipalités. Ils sont soutenus et même formés à la
gestion des affaires municipales par l'Association pour la
démocratie locale et sociale (ADELS).
Le point de départ de l'ascension des GAM est la
victoire d'Hubert Dubedout à Grenoble, ville emblématique de
leurs actions, aux élections municipales de 1965. Les
mouvements de luttes urbaines soutenus par le milieu associatif marquent une
réorganisation dans la prise de conscience des individus/citoyens face
aux politiques publiques. Encore une fois l'évènement de 1968
marquera une fracture plus importante pour les politiques publiques en place
mais aussi dans les mobilisations et luttes urbaines. Cette multiplication des
luttes urbaines s'accompagne, elle aussi, d'un courant de recherche en sciences
sociales dans ce domaine. Des sociologues comme Alain
Touraine35 ou Manuel
Castells36, à la suite du précurseur
Henri Lefebvre37 , vont impulser les
réflexions sur les mouvements sociaux urbains. Mais, malgré leur
ampleur, ces mouvements ne s'incarnent pas dans une pratique politique
susceptible de transformer en profondeur la situation socio-urbaine de
l'époque.
Parallèlement on voit perdurer une démarche plus
coopérative des GAM sur le plan local. Certaines municipalités
mettent en place des commissions « extra-municipales », où des
habitants peuvent confronter leur point de vue avec des élus locaux, des
experts et des chercheurs, sur des choix d'aménagement et de gestion
locale. Dans les années 1970, le cas de Grenoble mis à part, les
résultats sont peu significatifs. Mais, outre que l'état d'esprit
imprimé a largement préparé les victoires municipales de
la gauche en 1977 (et peut-être, de l'élection
présidentielle de 1981), on assiste alors à une phase
d'apprentissage culturel d'un difficile travail en commun entre des acteurs
appartenant à des univers sociaux très différents, qui
s'avèrera très précieux pour les étapes
ultérieures de développement de la démocratie
participative.
33 Article consultable depuis le site
http://www.simonwuhl.org/25.html
34 Hannah Arendt, Qu'est-ce que la politique, Seuil
(trad. franç.), 1995.
35 Alain Touraine, La production de la
société, Le Seuil, 1973
36 Manuel Castells et alii, Sociologie des mouvements
sociaux urbains, Copedtih,1974
37 Henri Lefebvre, La révolution urbaine,
Gallimard,1970.
30
Toutefois, un exemple célèbre dans les
années 1970 et 1980, celui de la mobilisation des habitants du quartier
de l'Alma-gare à Roubaix, offre un aperçu d'une initiative
socio-urbaine de contestation et de coopération, qui s'est inscrite dans
la durée. Cette démarche participative s'est
élaborée au fil des ans à travers plusieurs
phases38 :
- 1967, la phase de contestation : sous l'égide de
la Confédération Syndicale du Cadre de Vie
(CSCV), les habitants du quartier se mobilisent contre un projet
destructeur de rénovation urbaine imposé par la Ville.
- . 1973, le mouvement se structure en « contre-pouvoir
» : les militants et les habitants font appel à des experts et
à des chercheurs (grâce à des financements
expérimentaux), l'ensemble étant réuni au sein d'un
Atelier Populaire d'Urbanisme (APU). Cette instance est
ouverte aux habitants du quartier qui viennent régulièrement y
discuter de l'avenir de l'Alma-gare. L'atelier élabore un contre-projet,
basé sur la prise en compte des qualités spatiales aux
courées du Nord, il s'agit de sauvegarder les opérations de
réhabilitation et de construction neuve.
- 1978, la phase de reconnaissance : la mairie de Roubaix
retient dans ses grandes lignes le contre-projet de l'APU et accepte
l'idée d'un schéma directeur d'aménagement du quartier,
conçu en liaison étroite avec les habitants et leurs propres
experts.
Cette conception de la démocratie participative, jouant
sur les registres du conflit et de la coopération compétente avec
les instances publiques locales, sera, par la suite, une
référence importante pour tous ceux (militants associatifs,
élus locaux, chercheurs, habitants non engagés) qui souhaiteront
graver des démarches de démocratie participative dans le domaine
de la gouvernance urbaine.
La politique menée par Hubert Dubedout sous une
politique socialiste des années 80 (arrivé au pouvoir en 1981) et
dans le montage du programme de requalification urbaine et sociale des
quartiers difficiles. Il fait références aux mouvements sociaux
et participatifs de l'Alma-gare de Roubaix en mettant en avant les dynamiques
associatives formelles ou informelles, pour la réussite de cette
politique de la ville.39
38 Albert Mollet (dir.), Quand les habitants prennent
la parole, ministère du Logement, Plan Construction, 1981.
39Hubert Dubedout, Ensemble, refaire la ville, La Documentation
française, 1983.
31
Le rapport Dubedout ne se contente pas de déclarations
sur le thème participatif : il contient des innovations
institutionnelles importantes qui ouvrent des possibilités nouvelles
à l'intervention des associations et des habitants dans
l'élaboration de projets qui les concernent :
- Au niveau du quartier concerné, « une
Commission locale » réunissant l'ensemble des forces
institutionnelles (élus locaux, responsables administratifs, agents de
développement, d'une part, et de la société civile
(associations formelles ou informelles) d'autre part, est appelée
à jouer un rôle d'élaboration collective sur les projets et
programmes en débat.
- Au niveau de la ville, cette instance est élargie
à d'autres acteurs plus indirects (les forces socio-économiques
notamment), dans l'optique d'une harmonisation entre les programmes
définis au niveau du quartier et les objectifs concernant l'ensemble de
la cité.
- Au niveau central, la Commission nationale reproduit la
composition des commissions
locales - avec toutefois, une présence moins forte des
représentants de la société civile - et définit les
grandes orientations ainsi que les répartitions budgétaires entre
la quinzaine de quartiers particulièrement difficiles qui font partie de
l'expérimentation au départ.
Simon Wuhl soumet une interrogation dans ses écrits,
« peut-on porter sur ces initiatives d'encouragement à une
intervention citoyenne plus active des habitants, des associations, et des
médiateurs sociaux favorables à une démocratie plus
participative ? » Il explique le bilan
de cette politique comme « plutôt décevante
» Il s'explique par l'épuisement de la participation de
la société civile dans l'élaboration des projets et des
programmes, notamment lors de la généralisation d'une
politique, envers les quartiers difficiles, à la fin des années
80. La politique de la ville qui est venue englober les politiques sociales de
participation n'a pas permis de constituer les milieux associatifs formels et
informels comme partenaire pérenne, crédible et porteur d'une
compétence sur les questions de cohésion sociale et du vivre
ensemble face au pouvoir des institutions. Le constat fait par
Marie-Hélène Bacqué sur « le rendez-vous
manqué entre la gauche et les habitants des quartiers populaires »
marquera une rupture avec le mouvement participatif.
On ne peut pas dire que la démocratie participative,
qui a pu naitre durant la période d'après-guerre, n'a pas eu de
rôle dans la poursuite des politiques de développement social des
quartiers en permettant de consolider la démocratie en place. Nous
retrouvons de nombreuses opérations au service des villes qui n'ont eu
de cesse que de stimuler la dimension participative autour des programmes. Mais
et surtout, soutien à des associations
32
existantes, jusqu'à l'incitation à en
créer de nouvelles, afin de mettre en valeur des groupes de jeunes ou
des mouvements de femmes.40 »
Elle a su mettre en avant et faire interagir les
différentes parties prenantes de la politique de la ville, dans une
nécessité de pérenniser les interactions entre les
sphères institutionnelles (élus locaux, représentants
administratifs, etc.) d'une part, et celle de la société civile
(associations formelles, informelles, citoyens non engagés, etc.)
d'autre part. « On a là un cadre particulièrement
approprié pour l'initiation d'une démocratie
délibérative dans le sens défini par Habermas, qui insiste
sur les conditions d'organisation continue des délibérations les
plus ouvertes aux citoyens, les plus informées et les plus
argumentées possibles, en préalable aux décisions sur les
choix publics.41 ».
1.2.2 Vers une ingénierie spécifique à
la participation - de 1990 à nos jours.
Simon Wuhl explique que « depuis longtemps
l'idée prévaut que pour crédibiliser une démarche
participative, qu'elles qu'en soient les modalités. Il faut
réduire l'asymétrie qui préexiste entre les
institutionnels et leurs experts disposant du savoir technique (et du pouvoir
ultime de décision) d'une part, et les représentants de la
société civile peu équipés sur ce plan d'autre part
».
À la fin des années 1980 et au début des
années 1990, les pouvoirs publics vont s'employer à
formaliser et institutionnaliser une véritable ingénierie
de la participation des usagers autour des grands projets
d'aménagement et d'environnement, y compris pour des projets importants
qui requièrent des compétences techniques
spécialisées comme le CNDP et le PUCA Il s'agit, pour les
autorités, de reprendre le contrôle d'un mouvement grandissant de
contestation, qui s'exprime dans le domaine du cadre de vie, en
répondant partiellement aux revendications exprimées d'une plus
grande démocratisation dans la prise de décision.
Parmi la multitude des initiatives issues de l'institution ou
de la société civile dans son acception la plus large, deux
d'entre elles sont toujours très présentes :
· La création en 1995 d'une Commission
nationale du débat public (CNDP), pour favoriser et organiser
les débats avec des représentants de la société
civile, au cours de l'élaboration de grands projets d'aménagement
(tracé de lignes à haute tension, stockage des déchets
nucléaires, construction d'un aéroport,) ayant un impact sur
l'environnement42. Elle représente un nouveau type
d'institution par sa composition (élus locaux, magistrats,
représentants d'associations de défense de l'environnement), par
son fonctionnement
40 Jean-Pierre Gaudin La démocratie
participative en France, 2007, p.48
41 Loïc Blondiaux, Le nouvel esprit de la
démocratie, 2008, pp. 42-44 ; Simon Wuhl, 2002, pp. 240-266, et
2007, pp.113-114
42 Point important : la CNDP deviendra
indépendante de toute autorité administrative en 2002
33
(consultation obligatoire pour certains cas) et par sa
conception (argumentation, équité de parole et transparence).
· La constitution d'une ingénierie de la
participation, grâce à une multitude d'acteurs aux
compétences diversifiées (experts, juristes, chercheurs,
militants, etc.) qui se mettent au service des citoyens sans compétences
sur les secteurs de l'urbain et du cadre de vie au départ,
généralisant la démarche initiée dans le cadre de
l'action entreprise à l'Alma-gare de Roubaix dans les années
1970. Comme le Plan Urbanisme, Construction et Architecture du
Ministère de l'Équipement (PUCA). Cette
ingénierie de la participation s'articule autour de l'émergence
de spécialistes de la participation et sur la monovalence de ses
compétences. Ces spécialistes de la participation s'organisent
aussi bien d'anciens militants des luttes urbaines que d'entreprises nouvelles
de communication. Se donnant comme objectifs d'informer et de former sur la
compréhension des enjeux. Ironiquement ces médiateurs doivent
demeurer dans leur rôle de spécialiste mais ne jouent aucun
rôle de pédagogue auprès des groupes associatifs ou des
groupes citoyens.
Le rôle que peuvent jouer les médiateurs se
retrouve dans certains pays où celle-ci s'organise différemment
de nos médiateurs comme en Finlande et au Danemark avec leurs concepts
d'ombudsman, ayant un rôle de traitement des plaintes aidant les citoyens
à défendre leurs droits devant un État puissant et
complexe. On peut retrouver d'autres missions à celui-ci comme dans les
politiques éducatives et de surveillance législative dans les
pays scandinaves tels que la Finlande ou le Danemark. Ce modèle de
médiateur au centre des décisions reste tout de même assez
loin de ce que l'on peut retrouver en France.
34
Conclusion de partie : La participation se détachent des
processus institutionnels participatifs.
Nous avons proposé une analyse articulée autour
de plusieurs concepts tirés de la littérature internationale qui
a permis de créer une passerelle étymologique entre ces deux
termes que sont l'empowerment et la démocratie participative.
La thématique de l'empowerment renvoie, comme celle de
participation ou de démocratie participative, à une
pluralité d'interprétations mais surtout d'expériences
sociales et politiques. Elles s'inscrivent, depuis les années 1960, dans
des perspectives de reconnaissance d'une place légitime aux groupes
marginalisés que ce soit les femmes, les pauvres ou bien les populations
des quartiers difficiles. Cette notion, comprenant l'idée de pouvoir,
est centrale dans le terme. Les exemples de ses applications ont rarement
abouti à un pouvoir politique. Elle ouvre plutôt les esprits
autour d'un pouvoir au plus près de ses citoyens dans un but d'influence
et la prise en compte dans les politiques publiques. Les similitudes que nous
avons pu constater dans l'articulation historique de ces deux termes, plus ou
moins ressemblant, nous met en garde contre la perte de vitesse qu'a pu
être cette notion de participation dans le processus institutionnel
participatif des années 1990. On ne citant que, à titre
d'exemple, l'asymétrie entre les institutions et la
société civile, entre les couches sociales favorisant
l'instrumentalisation de la participation des citoyens et le maintien de toutes
formes de pouvoir dans les sphères institutionnelles dirigeantes d'en
haut.
Le constat qui est fait dans cette première montre la
complexité de compréhension qu'il peut exister dans la lecture du
modèle démocratique en place et le montage de la
démocratie participative à travers la construction sociale et
politique française. Cette première partie représentera un
abécédaire de ce que représente la participation à
l'échelle institutionnelle, et ce qui est mis en place dans les
instances de participation en France. Elle nous servira
d'éléments de synthèse de l'histoire de la création
du phénomène de participation dans la société
d'aujourd'hui.
35
PARTIE II
PRÉSENTATION D'UN CONSEIL DE
DÉVELOPPEMENT
36
2 Présentation d'un conseil de développement.
2.1 Différentes instances de la démocratie
participative
Après avoir résumé dans une
première partie l'émergence de la participation dans la
société française mais aussi mondiale, nous allons
réduire le curseur d'analyse, cette fois ci à une échelle
nationale et locale afin de présenter les dispositifs de participation
mise en place sur le territoire et en faire un état des lieux puis une
lecture critique par rapport aux écrits universitaires de la
participation. De plus les recherches de Habermas et Wuhl ont pu montrer
précédemment la complexité des organisations de
délibération existant aux décisions des choix publics et
leurs formalisations.
Figure1 : Caricature de Alexis Laumaillé dans
l'ouvrage Conseils de développement de Pays et d'agglomération ,
Modes
d'emploi , p122
37
2.1.1 Typologie des dispositifs de participation :
« Les dispositifs n'associent pas les citoyens de la
même manière. Alors que les référendums font appel
à l'ensemble des citoyens et peuvent être à leur initiative
(référendum d'initiative populaire), les jurys de citoyens font
appel à « un échantillon représentatif » de la
population, et les comités de ligne représentent les citoyens
usagers de services publics. Les comités de quartier sont le plus
souvent informatifs ou consultatifs, alors que les budgets participatifs se
veulent des procédures de codécision... On mesure la
diversité des formes qu'emprunte la participation des citoyens à
la vie locale dans les objectifs poursuivis, les acteurs mobilisés, les
modalités de recrutement des citoyens, d'organisation du débat,
et d'articulation éventuelle des dispositifs de participation avec les
sphères de décision. »43
Cédric Polère, La « démocratie
participative » : état des lieux et premiers éléments
de bilan
Nous nous efforcerons d'organiser les dispositifs de
participations existants en France afin d'analyser dans un second temps l'un
d'eux.
Qu'est-ce que sont les instances de la démocratie
participative ?
Les instances de la démocratie participative ou aussi
appelé les instances de la démocratie locale sont des instances
consultatives ayant pour objectif de renforcer la démocratie
participative au niveau local. Ces instances ont comme finalité la
co-construction des politiques publiques territoriales en concertation avec
l'ensemble de la société civile.
L'Observatoire de la démocratie locale de
l'ADELS, recense 184 dispositifs de participation et/ou de
concertation en France en 2007. Leur site internet donne leur intitulé,
leur localisation, et pour une partie d'entre eux, renvoie à un site
spécifique.
L'observatoire de l'ADELS ne dénombre qu'une partie des
dispositifs existants. Il existe, au total en France, plusieurs milliers de
dispositifs : les plus nombreux étant les conseils des enfants ou des
jeunes : 1300, suivis sans doute par les conseils de quartier, les
comités d'usagers des services publics, les commissions
extra-municipales, les Conseils de développement, les Fonds de
participation des habitants, etc.
43 Extrais de La « démocratie
participative » : état des lieux et premiers éléments
de bilan par Cédric Polère
38
L'ADELS classe ces dispositifs selon trois critères :
la catégorie de public recherché, leur thématique, et
l'échelon territorial concerné, ce qui produit douze
catégories :
- Les grandes rencontres communales (assises
citoyennes, assises de la ville, ...).
- Instances communales généralistes
(conseils consultatifs, commissions de
concertation, ...).
- Instances thématiques (conseils de
contrat de ville, comités d'usagers des services
publics, ...).
- Instances thématiques -
urbanisme (ateliers d'urbanisme, ateliers de travail
urbain,
...).
- Instances thématiques - budget (budgets
de quartier, appels à projets, ...).
- Populations particulières
(comité d'usagers du CCAS, conseils des ainés, ...).
- Instances de quartier (comités de
voisinage, assemblées de quartier, ...).
- Observations-évaluations-chartes
(chartes des conseils de quartier, observatoires de
la démocratie locale, ...)
- Déambulation (balades urbaine, visites
de quartier, ...).
- Déconcentration - proximité
(mairies annexes, maisons de quartier, ...).
- Dispositifs intercommunaux (conseils de
développement, conseils citoyen, ...).
- Dispositifs départementaux (instituts
du débat public, conseils de développement
durable, ...).
Figure 2 : Tableau sur les dispositifs de participation et
/ou de concertation identifiés par l'ADELS
39
Ces nombreux dispositifs, présents un peu partout en
France, se sont organisés différemment les uns des autres par
leurs objectifs et par leurs membres. L'analyse faite par l'ADELS
représente une analyse non exhaustive de l'organisation des dispositifs
de participation. Il est difficile, même aujourd'hui, de pouvoir calculer
l'ensemble des dispositifs présent sur le territoire français.
La synthèse réalisée par Cédric
Polère, docteur en science politique réalisant de nombreux
travaux sur les politiques publiques et leur fonctionnement, a permis de donner
un état des lieux de la démocratie participative et de faire des
premières analyses.44
Ø Une classification, qui a été
établie par Rémi Lefèbvre et Magali Nonjon 45,
différencie les dispositifs selon les objectifs qu'ils poursuivent.
Nous retrouvons un objectif de gestion et de
management, auxquels sont reconnus une « expertise d'usage
», à l'élaboration et la conduite des services urbains. Elle
vise à améliorer et moderniser les politiques publiques locales.
Il s'agit de rendre l'action publique plus efficace, plus en phase avec les
besoins des habitants ou des usagers de services, et plus acceptable.
Un objectif social qui incite à
transformer les relations sociales. Reconstruire ou renforcer le lien social,
dans une perspective générale qui est de favoriser la
cohésion sociale. Tous les dispositifs qui découlent de cet
objectif sont ciblés vers les catégories les plus pauvres de la
population.
Un objectif politique qui s'organise
à différents niveaux. Former des « citoyens » et
favoriser leur politisation. Rendre une crédibilité au
système politique et renforcer le lien de confiance entre les citoyens
et leurs représentants élus. Redynamiser le fonctionnement
démocratique par la délibération. Reconnaître un
nouveau droit aux habitants à participer directement à
l'élaboration de la décision.
44Polère, Cédric, « La
démocratie participative » : états des lieux et premiers
éléments de bilan, Millénaire,2007
45 Lefebvre Rémi, Nonjon Magali (2003), « La
démocratie locale en France : ressorts et usages », Sciences
de la société, n°60, p.140-148
Ø
40
Une seconde classification a été établie par
Marie-Hélène Bacqué, Henri Rey et Yves Sintomer
46 qui, elle, différencie les dispositifs selon le mode de
sélection des participants
Les auteurs proposent une typologie nouvelle qui distingue
cinq formats de dispositifs selon la manière dont ils envisagent et
opèrent la sélection des acteurs qui vont y contribuer.
Les dispositifs basés sur une
représentation de secteurs, catégories, ou groupes de la
société, d'après le modèle corporatif et
« néocorportatif » développé après la
seconde guerre mondiale. Selon Marie-Héléne Bacqué, Henri
Rey et Yves Sintomer un « néocorporatisme de la seconde
génération » à vue le jour, qui tente de prendre en
compte la représentation des groupes minoritaires, dominés, ayant
peu accès à l'expression publique ou au pouvoir : conseils
municipaux d'enfants ou de jeunes, conseils consultatifs de résidents
étrangers, conseils d'anciens, conseils formés de personnes en
situation de handicap, etc. ».
Les dispositifs basés sur des citoyens
déjà organisés sous forme associative. Ce
modèle repose sur la participation des groupes d'habitants
constitués autour de projets, souvent tournés vers les secteurs
sociaux marginalisés. L'État délègue des missions
à des associations qui prennent en charge des secteurs qu'il a du mal
à couvrir, mais on ne considère pas que l'on est dans le champ de
la démocratie participative.
Les dispositifs qui en appellent à des citoyens
motivés, qui s'organisent pour l'occasion dans des assemblées.
Les assemblées de quartiers, les conseils de quartiers,
certains budgets participatifs sont, en principe, ouverts aux habitants qui
souhaitent les rejoindre.
Des dispositifs qui procèdent par tirage au
sort d'un échantillon représentatif de citoyens (en
général volontaires, ou motivés) le principe du
tirage au sort. Dans les « jurys citoyens » on arrive par cette
méthode à réunir un ensemble de citoyens qui est plus
homogène sur le plan sociologique que dans les autres modèles de
démocratie participative.
Des dispositifs qui en appellent à l'ensemble
des citoyens, à la manière d'élections : les
référendums
Il me paraît difficile de pouvoir identifier le niveau
de la participation à travers ses différents dispositifs de
manière impartiale. Il est bien-sûr important de permettre
d'identifier les raisons de leurs investissements mais aussi la source de cette
inversement mais par-là, il est possible qu'une partie de la population
évite ce genre de
46 Bacqué Marie-Hélène, Rey Henri,
Sintomer Yves (2005), Gestion de proximité et démocratie
participative. Une perspective comparative, Paris : La
Découverte
41
catégorisation, non pas par manque de volonté
à s'investir, mais par une approche
sociologique pas encore assez fine.
2.2 Choix du conseil de développement (CD) comme
instance d'étude
Le travail réalisé par l'ADELS, pour recenser et
organiser les dispositifs existants, a été un travail long, qui
n'a pas été repris et mis à jour depuis 2007. Cela montre
la difficulté de réunir les informations pour pouvoir en faire
une nouvelle analyse. Me concernant, l'analyse des CD me semble importante pour
continuer ce travail que j'ai réalisé durant mon stage au sein du
Conseil de développement du Pays Dignois, lors de ma première
année de master à IATEUR.
L'un des travaux majeurs, que j'ai pu suivre au sein du CD,
avez pour but de lancer une nouvelle instance de démocratie
participative sur la commune de Digne-les-Bains auprès des habitants
concernés. De plus, mon maitre de stage, Julie Esposito, anciennement
animatrice du Conseil de Développement du Pays Dignois et du conseil
citoyen de la ville de Digne-les-Bains, m'a fait part de ses interrogations sur
la place qu'occupe les habitants et plus largement la société
civile dans les dispositifs de participation. Le troisième volet de la
réforme territoriale de la loi de Nouvelle organisation territoriale de
la République (NOTRe) appliquée au 1er janvier 2017, a
d'avantage modifié la carte des CD sur le territoire avec son projet de
redéfinition des compétences départementales et
régionale.
Sur un aspect, cette fois-ci, plus technique, la position des
CD comme dispositif intercommunal représente un vecteur de
développement de la culture de la participation dans les territoires en
proposant des outils méthodologiques. Son champ d'application à
une échelle plus large permet la mise en place d'outils plus
adaptés à la participation des citoyens, dans le cadre de la
politique de la ville. Elle rassemble plusieurs dispositifs de participation et
d'une plus grande autonomie de décision.
Mon analyse se fera par l'intermédiaire d'une
étude de cas provenant de deux conseils de développement. Celui
du Pays Dignois, où j'ai pu suivre son travail durant une immersion
préprofessionnelle, et celui de Châlons-en Champagne, où
j'ai pu avoir un contact via le réseau d'anciens étudiants de
IATEUR. De plus, mon choix s'est porté sur l'organisation, assez
différente, de ces deux dispositifs, sur deux territoires
géographiquement opposés.
42
2.2.1 Création de la loi Voynet et des conseils de
développement
En se basant sur la définition apportée par
Alain FAURE, Directeur de recherche en science politique au CNRS, sur le site
Dicopart (dictionnaire critique et interdisciplinaire de la participation).
« Le « conseil de développement »
est un dispositif apparu dans deux lois françaises (les Lois Voynet du
25 juin 1999 et Chevènement du 12 juillet 1999) pour instituer un espace
de débat à la croisée du développement durable et
de la démocratie participative au niveau intercommunal. » [...]
« ce sont des instances de consultation qui doivent permettre la
production de choix publics plus collectifs et mobilisant des
représentants de toutes les composantes de chaque société
locale ».
La loi d'orientation pour l'aménagement et le
développement du territoire (LOADT, dite loi
Pasqua° du 4 février 1995, la loi d'orientation pour
l'aménagement et le développement durable du territoire
(LOADDT, dite loi Voynet) et la loi Urbanisme et habitat du 2
juillet 2003 ont organisé l'aménagement du territoire sur de
nouveaux espaces locaux comme les Pays et les agglomérations. L'ambition
attendue de réduire les inégalités territoriales de
développement, au développement des territoires, en donnant
à chacun d'entre eux la capacité d'être acteur de son
propre projet de développement. Les Pays et les agglomérations
sont reconnus comme plus efficaces, pour construire un projet de
développement, que les communes. À travers les Conseils de
développement les Pays et les agglomérations
bénéficient du soutien de l'État et de la région,
dans le cadre du contrat de territoire passé entre les deux partis. Ces
conseils de développement « sont des assemblées
consultatives appelées à associer la société civile
aux projets de territoires. Ils permettent aux acteurs locaux, aux corps
intermédiaires et aux citoyens de participer à la
définition et à la mise en oeuvre du projet territorial de
développement. Ils enrichissent, sans s'y substituer, la
démocratie représentative ».47
La conjonction favorable de la fin des années 90, au
développement de politique volontariste que nous avons pu voir se
construire dans la première partie, apporte un élan fort autour
des politiques de participation et de concertation institué par la loi
de décentralisation et de coopération intercommunale du 6
février 1992 relative à l'administration territoriale de la
République. La loi Pasqua du 4 février 1995, instituant les Pays
sur la thématique de l'aménagement des territoires axés
sur le développement local et la loi Voynet porté par la gauche
lors des élections législative en juin 1997.
47 Philippe Langevin, ADELS, (2009), «
Conseils de développement de Pays et d'agglomération, Modes
d'emploi », ADELS, Condé-sur-Noireau. P20.
43
2.2.2 Fonctionnement et moyens des conseils de
développement
Par l'aspect « libre » du fonctionnement et de
l'organisation des conseils de développement par la loi, il est
laissé une grande liberté dans le fonctionnement et moyens de
celui-ci. L'ensemble de ces outils et méthodes de travail sont libres
d'organisation ou de non organisation au sein des CD de Pays ou
d'agglomération. Celui-ci correspond aux organisations communes que l'on
retrouve sur le territoire.
Règles de fonctionnement
v Présidence du conseil de
développement : Dans la plupart des cas, la présidence
est confiée à une personnalité issue des milieux
économiques ou associatifs, sans qu'il n'y ait toujours un vote formel
entre plusieurs candidats. Il est possible de retrouver des présidents
de Pays ou d'agglomération comme le président, de facto, du
conseil de développement. Le rôle des élus peut être
compris dans la mesure où le système ne peut pas fonctionner s'il
n'y a pas une grande confiance entre le président du Pays, ou de
l'agglomération, et le président du conseil de
développement. Celle-ci permet la bonne entente dans le travail du CD et
de pouvoir intégrer le réseau du Pays ou de
l'agglomération.
v Règlement intérieur : Dans
la majorité des cas, les CD sont dotés d'un règlement
intérieur fixant l'organisation de leur travail. Il s'organise autour de
la durée des mandats, de la définition des collèges, de la
mise en place de commissions, des rythmes et lieux des réunions, de
l'organisation des synthèses, des rapports avec la structure politique,
et avec les citoyens. Il organise les modalités des saisines,
l'organisation des assemblées plénières, etc. Il n'est pas
rare de voir certains conseils mettre en place un guide de fonctionnement de
leurs groupes de travail expliquant, de façon synthétique, les
objectifs du conseil de développement, les rôles et le
fonctionnement de ses différentes composantes.
v Commissions et collèges : Les CD
travaillent généralement par commission ou collège
thématique. Ils peuvent être constitués de manière
permanente sur de grands domaines (économie, aménagement,
transport, énergie,) travaillant sur des sujets de saisine ou d'auto
saisine 48relevant de leurs commissions. Ou bien pour travailler sur
l'un des sujets du programme d'activités de l'année. Pour les CD
de Pays, les commissions que l'on retrouve le plus fréquemment,
concernent le cadre de vie, les transports et la mobilité, ainsi que
l'agriculture et le développement rural. Pour les CD
d'agglomération, nous retrouvons le développement
économique, le logement social, l'agenda 21 et la démocratie
participative. Les domaines de l'environnement et du développement
durable représentent un grand nombre de commissions. Ces commissions,
qui se réunissent 4 à 5 fois par an, font l'objet de
48 Définition du terme saisine et
auto-saisine : Le CD exerce d'une mission sur saisine du Pays ou de
l'agglomération ou sur auto-saisine, à l'initiative du conseil de
développement.
propositions qui sont ensuite débattues en
assemblée plénière, avant d'être transmises aux
élus.
Ressources des conseils de
développement
L'article 88 de la loi NOTRe ne prévoit pas de budget
de fonctionnement aux conseils de développement49. De ce
fait, leur fonctionnement dépend de l'engagement de ses membres, et des
moyens financier et humains que les élus injectent pour exercer leur
mission.
· Moyens humains : l'essentiel des
ressources humaines des conseils de développement sont portées
par des bénévoles, qui exercent, à ce titre, une mission
libre, sans relation d'autorité. Il est fréquent de compter la
mise à disposition d'un personnel chargé de l'animation du
conseil pour son bon fonctionnement. La présence d'un chargé
d'animation du conseil est impérative pour garantir le bon
déroulement des travaux et l'efficacité des réunions, mais
également le maintien de la mobilisation des membres et permettre de
faire le lien entre les élus et acteurs auxquelles le CD s'adresse.
v Moyens matériels : Il existe
là une différence concernant les moyens humains et
matériels des CD de Pays ou d'agglomération. Dans le cas
où les agglomérations ont la volonté, pour les
collectivités locales, de disposer de moyens propres pour leurs conseils
de développement. Au contraire, on compte dans les CD de Pays, en
moyenne, la présence d'un seul poste d'animateur à temps partiel,
intervenant tant sur la logistique et les questions matérielles, que sur
l'animation autour de projet.
44
49 Article 88 de la loi NOTRe :
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/loi/2015/8/7/RDFX1412429L/
45
2.3 Portraits de conseil de développement
Nous avons pu réaliser plusieurs portraits expliquant
l'organisation et le fonctionnement de deux conseils de développement
sur le territoire. Le premier se situe dans le département des Alpes de
Hautes Provence (04), et se réfère à mon stage de fin
d'étude réalisé l'an passé au sein du Conseil de
Développement du Pays Dignois. Et le second, se trouve dans le
département de la Marne (51) où se situe IATEUR, et où
j'ai pu avoir de nombreux contacts prêts à me donner toutes les
informations nécessaires à mon travail de
recherche.50
Ces deux portraits ont été réalisés
sous la forme de 9 thèmes et plusieurs sous thèmes :
+ Agglomération ou Pays/Populations
+ Territoire/Histoire
+ Initiateur(s) et partenaires
+ Forme
+ Moyens
+ Fonctionnement
+ Participation/Concertation
+ Objectifs/Thèmes Abordés
+ Évaluation/Place des habitants
Pour définir cette grille de questions, j'ai pu me
fonder sur des anciens travaux d'enquêtes réalisés par
l'ADELS51, et sur les travaux de Philippe LANGEVIN52
définissant des indicateurs d'analyse et de suivi des CD qui lui a
permis de comparer les conseils de développement entre eux. De plus,
j'ai croisé ses premiers indicateurs avec ceux de l'ETD (Entreprises
Territoires et Développement), qui réalisa une étude en
2005 sur le fonctionnement des CD à une échelle nationale afin de
réduire mon analyse à 9 thèmes principaux et plusieurs
sous-thèmes.
Les entretiens se sont faits par téléphone,
auprès des membres de chacun des Conseils de développement,
durant le mois de mai 2017.53
50 Portraits des CD en Annexe
51 Revue TERRITOIRES°421 consultable sur le site
www.adels.org
52 Philippe Langevin, ADELS, (2009), « Conseils
de développement de Pays et d'agglomération, Modes d'emploi
», ADELS, Condé-sur-Noireau. P.111.
53 Liste des interviews en Annexe
v 46
Agglomération ou Pays/Populations
Le conseil de développement du Pays Dignois
Pays se situe sur le Pays Dignois qui compte 32 318 habitants et regroupe 4
communautés de communes (Haute Bléone, Duyes Bléone et le
Pays de Seyne) réparties sur 38 communes. Celui du de
l'Agglomération de Châlons en Champagne compte 90 000
habitants, répartis sur 46 communes de l'agglomération de
Châlons en champagne et 90 communes pour le Pays de Châlons en
Champagne.
v Territoire/Histoire
Les démarches participatives en Pays dignois
ont été impulsées dès 1995 pour aboutir à
Digne-les-Bains en 1998, à la création du Conseil Communal de
Concertation, dans la Vallée de l'Asse, à l'émergence du
« CREDO » (Conseil Rural d'Études, de Développement et
d'Orientation), et en 2002 à la création du Conseil Communal de
Concertation de Seyne les Alpes. Suite à la loi Voynet de 1999, qui
avait pour objectif une démocratie plus participative et un
développement plus durable et harmonieux, le conseil de
développement est créé en octobre 2001.
Dans le cas de Châlons en Champagne, son conseil
communautaire a décidé, par délibération le 4
février 2016, de mettre en place un conseil de développement
à l'échelle de la communauté d'agglomération de
Cités en Champagne et d'y associer le syndicat mixte du SCoT et du Pays
de Châlons-en-Champagne. La structure du CD du Pays existait par le
passé mais elle fut arrêtée en 2014 car, celle-ci ne
correspondait pas aux orientations de l'Agglomération.
v Initiateur(s) et partenaires
L'initiative de création du CD du Pays Dignois
a été soutenu par le département des Alpes de Hautes
Provence, de la Région PACA, du Pays Dignois, du programme liaison entre
actions de développement de l'économie rurale (LEADER) du Pays
Dignois, de la commune de Digne les bains et de l'ACSE et une dizaine de
partenaires associatifs. Une relation avec la Coordination Nationale des
Conseils de Développement (CNCD)est plutôt active avec le CNCD de
PACA et l'ensemble des CD sur le territoire. Le CD de Châlons lui
est à l'initiative de l'Agence d'Urbanisme et de Développement de
Châlons (AUDC) en champagne qui anime le CD de l'agglomération. Le
CD a adhéré au CNCD et est membre de la coordination
régionale au sein de laquelle le CD s'est investi dans la
rédaction d'un livre blanc co-produit avec le CESER Grand Est.
v 47
Forme
Le CD de Digne les Bains a décidé de
créer une association loi 1901 pour représenter l'organe de
démocratie participative du Pays dignois. Le CD est défini par
des statuts associatifs et fonctionnant de façon autonome.
Contrairement à celui de Châlons qui lui ne comporte pas de
personnalité juridique propre et rattachée à l'agglo et au
pays comme instance de consultation. L'un est régi par des statuts
associatifs et l'autre par un règlement intérieur.
v Moyens
Le CD du Pays Dignois est hébergé par
convention dans les locaux du Pays Dignois. Il fonctionne avec des subventions
régionales demandées au titre d'association. Une animatrice
à temps plein était en poste jusqu'au 31 décembre 2016.
Réservation de salle communale pour les réunions. Celui de
Châlons a très peu de moyens : mille trois cents euros de
budget annuel, 1 chargée de mission à mi-temps dépendant
de l'Agence d'Urbanisme et de Développement de Châlons (AUDC), pas
de matériel, pas de locaux propres... Le conseil de développement
doit pouvoir également s'appuyer sur les moyens d'animation mis à
disposition par l'AUDC au titre de son partenariat avec la communauté
d'agglomération et le syndicat mixte.
v Fonctionnement
Le CD du Pays Dignois est une association Cette
association réunie son assemblée générale au moins
une fois par an. Cette assemblée générale fixe les grandes
orientations de l'association et délègue au Conseil
d'Administration (CA) la mise en oeuvre de ces orientations. Le Pays, La
région, le département ayant arrêté de subventionner
le CD il y'a déjà plusieurs années.
Le CA se réunit environ tous les trois mois. Les
réunions du CA sont le plus souvent ouvertes à l'ensemble des
membres du Conseil de développement. Le CA a
délégué la gestion quotidienne de l'association à
un bureau composé de 5 administrateurs exécutifs. Autour des
projets se mettent en place des groupes de travail informels, composés
des membres du conseil de développement et des personnes-ressources du
territoire, en fonction des thématiques abordées. Pour sa
communication interne, le conseil de développement utilise une liste de
discussions. L'ensemble des membres sont destinataires de cette liste. Elle
permet aux membres de faire partager des sujets d'actualité, des
informations mais aussi des invitations aux temps de travail internes à
l'association.
Les membres de l'association peuvent être, des
habitants du territoire du Pays dignois, des associations, des professions du
milieu social ou des entreprises, des Élus des collectivités
locales et des organismes divers Le CD comptent une part importante de la
société civile avec 19 membres à son actif dont 11
associations représentées. 5 au titre d'habitants, 2 au titre
d'élus et 1 au titre de syndicat.
48
On compte une proportion de 13 hommes et 6 femmes.
Répartie sur l'ensemble du Pays Dignois.
Le CD de Châlons s'est constitué en mars
2016.À l'issue de la loi NOTRe, un conseiller communautaire a pris
position auprès de l'agglomération pour sa mise en place. L'AUDC
et le Pays de Châlons sont chargés de sa gestion administrative.
Il s'organise autour d'une présidente et d'un bureau. Le CD a
constitué 4 commissions thématiques qui sont, le service à
la population, l'attractivité et tourisme, l'aménagement et
environnement et le développement économique. Les commissions se
réunissent une fois par mois, le bureau 1 fois tous les deux mois avec
les co-présidents de commissions autour de la présidente. Le CD
compte 2 à 3 séances plénières par an Le CD ne
compte pas d'élus (interdit par la loi NOTRe), mais des syndicats,
associations, citoyens bénévoles, pas de collèges au sens
que l'entend le Conseil Économique, Social et Environnemental
Régional(CESER).
On retrouve deux collèges, un premier regroupant tout
citoyen qui souhaite contribuer à la vie du territoire et à ses
réflexions. Un second collège, regroupant les
collectivités ou d'établissements publics ou de services
déconcentrés de l'État dont les représentants
pourront être entendus en tant qu'experts. Le CD est constitué de
76 membres, divisés entre des membres de la société civile
(53), du milieu associatif (11) et institutionnel (12). Avec une proportion de
26 femmes et de 50 hommes. Dans 54 habitants sur Châlons en champagne et
les autres dans le territoire de l'agglomération.
Les candidatures sont soumises au bureau du conseil de
développement qui se réserve le droit de les valider ou non. Le
choix des membres du conseil de développement est effectué au vu
de leurs expériences, de leurs compétences ou connaissances et de
leurs actions au sein du territoire.
v Participation/Concertation
Le CA de Digne est ouvert aux habitants, mais le CD
compte plus de membres associatifs et institutionnels. Il a lancé depuis
le mois de décembre 2015 le premier Conseil citoyen de Digne les bains.
Lancement du deuxième Groupe d'Action Local (GAL) sur les dossiers
LEADER. Le CD apporte des avis et force de propositions mais il a rarement un
rôle de co-construction des politiques du Pays. Le CD a un fonctionnement
assez participatif ; il cherche à allier à la fois
l'efficacité dans l'élaboration du projet avec un travail de
mobilisation et de citoyenneté active encadrée par des
règles claires et publiques. Il rédige et publie de nombreux
rapports et avis chaque année. Il organise aussi des manifestations
publiques (cité solidaire en mai, festival alimenterre, ...).
À Châlons, la place des citoyens est
bénévole. Il reste difficile pour les habitants de se sentir
représenté ou utile au sein du CD. Le CD n'anime pour le moment
aucun autre dispositif de participation (exemple : conseil citoyens, conseils
des jeunes, conseils de quartier, ...). Pour le moment, la participation n'est
pas encore bien reconnue par l'agglomération qui ne donne ni les moyens
ni l'autonomie pour fournir et trouver une ingénierie de travail
entre
49
les membres de la société civile.
L'Agglomération voit le CD comme un risque de contrepouvoir, il ne peut
pas jouer son rôle d'instance de participation. Le CD a fourni un avis
sur le SCOT du Pays de Châlons en Champagne, sans avoir eu beaucoup de
temps pour le préparer
v Objectifs/Thèmes Abordés
Le rôle du CD est d'apporter au Pays le regard de
la société civile et de construire des liens avec la population
sur l'ensemble des sujets liés au développement du territoire.
À ce titre : Il participe étroitement et en permanence à
la vie du Pays dignois. Il est associé à toutes les actions de
communications, d'informations, de sensibilisations, de mobilisations du Pays,
en lien avec les élus, ou conduites sous sa propre autorité.
Il peut être saisi pour avis sur toutes les candidatures
du Pays dignois (Contrat Montagne, de Pays, Leader...), comme sur tous les
projets structurants.
Il participe à la réflexion sur les
démarches participatives aux niveaux :
National (UNADEL, DRD, ...),
-
- Régional (ARDL, collectif régional des Conseils
de développement, PRIDES, ...),
- Local (débats citoyens, rencontres et
manifestations...).
Il répond aux sollicitations des communes et aux
collectivités locales pour organiser des temps de concertation avec la
population.
Il met en place ses propres actions (études,
organisation d'évènements...) et participe à celles du
territoire pour y apporter une dimension participative (mémoire de
résistance, souk des sciences, cité solidaire en mai, mois de
l'Économie Sociale et Solidaire, ...).
Les objectifs et thèmes du CD de Châlons
sont de rechercher une répartition territoriale prenant en compte les
différents enjeux du périmètre (ex : vallée de la
Marne, Nord "militaire", Sud "logistique"...). Mais aussi, d'inciter les
habitants à s'impliquer dans les politiques du territoire. Le CD
s'organise autour de 4 axes de travail : Service à la population,
attractivité et tourisme, aménagement et environnement,
développement économique.
v
50
Évaluation/Place des habitants
Le constat que le CD Du Pays Dignois est la
dégradation budgétaire sur les financements régionaux qui
dépendant maintenant plus que des fonds alloués à
l'Économique Sociale et Solidaire. La qualité des interactions
avec les institutions publiques s'est aussi dégradée. Une prise
en compte, moins forte, du CD dans les décisions du Pays pourrait
provenir de la reconnaissance non législative du statut des CD par la
loi.
Le conseil d'administration du CD explique un avenir
très mal pour celui-ci. Il atteste une impossibilité d'appliquer
d'après la formulation de l'article 88 sur la consultation dans
l'élaboration du projet de territoire. De plus la totale liberté
de la participation au sein des CD accentue les problèmes
d'ingénierie et le travail avec les institutions.
Au 1er janvier 2017, l'ensemble des CD de Pays ont vu leurs
reconnaissances se terminer au profit de l'Agglomération qui
récupère ce dispositif de participation. Celui du Pays reste
encore actif, par son statut associatif, et anime toujours le Conseil Citoyen
de Digne les Bains.
Un des administrateurs du CD de Châlons explique
que celui-ci a mal évolué du fait d'un conflit avec
l'agglomération sur les moyens humains et financiers. Le souhait de
l'agglomération est de pouvoir disposer du CD comme structure
rattachée à l'agglomération et non d'en faire une
structure entièrement autonome. Le CD ne compte qu'un an de formation
avec une animatrice (qui n'est) plus présente actuellement. Il est
difficile, pour le CD, de pouvoir faire une évaluation du travail
accompli depuis le mois de mars 2016.
Il traverse une grave crise morale. L'avenir est incertain
à ce jour par rapport à la relation qui maintient le CD avec
l'agglomération, qui est vu davantage comme une entrave à la
politique de l'agglomération. Les membres du CD, n'ont pas l'air de
pouvoir être une force de proposition dans l'état actuel.
51
2.3.1 Relations entre les parties
À la suite de la description faite sur les deux
conseils de développement assez différent dans leurs
créations et dans leurs fonctionnements. Il me semble important de
revenir à une comparaison entre les écrits universitaires des
auteurs vus dans la première partie traitant la notion d'empowerment
d'après différents domaines d'approches en comparaison avec le
fonctionnement des conseils de développement sur deux territoires
différents et le cadre général qui les
réglemente.54
Le CD du Pays Dignois s'organise comme le CD de Châlons
en Champagne autour de membres associatifs composant son organisation. Par
rapport aux objectifs poursuivis par ces deux structures, nous avons la
structure de Pays qui travaille sur plusieurs projets sans suivre de grand axe
de travail contrairement à celui de l'agglomération
définissant des axes transversaux au sein même de son
règlement intérieur. Sur ce point, le cadre général
reste plutôt assez libre en ne précisant pas les missions
allouées au CD mais elle définit le principe de saisine et
d'auto-saisine pour atteindre leurs objectifs. Le second point important est le
travail de création de nouvelle instance provenant des CD, là
aussi le cadre général qui est défini par la loi Voynet,
la loi urbanisme et habitat et la loi NOTRe ne donnent pas de précision
sur l'ingénierie organisant le fonctionnement du CD et le rôle
exact de son animateur. La relation avec la puissance publique que l'on a pu
voir précédemment dans l'interprétation de l'empowerment
par des approches différentes fait état d'un CD que l'on peut
qualifier de participatif par son fonctionnement transparent et des
règles de fonctionnement claires dans le cas du Pays Dignois mais au
contraire pour le CD de Châlons, une instance subie avec des membres
vidés de leur capacité d'action par les élus locaux. Cette
fois-ci, le cadre général affirme une autonomie dans le pouvoir
d'action des conseils de développement dans ses textes.
Les relations avec la puissance publique étaient
davantage portées sur des logiques ascendantes dans les écrits
universitaires des auteurs traitant l'empowerment. Mais aussi reprient dans le
cadre général législatif des CD. On peut penser que cette
logique traduit un rôle des membres dans les décisions favorisant
une plus grande participation. Malheureusement, malgré la
présence d'un souhait d'autonomie de relation à la puissance
publique dans l'organisation des conseils de développement, on remarque
encore des CD n'ayant pas cette autonomie obligatoire.
L'objectif poursuivi par les CD ressemble à la
définition que font Marie Hélène Baqué et Carole
Biewener dans leurs analyses, en supposant que la société civile
cherche à atteindre une émancipation des individus et une
reconnaissance des groupes ou des communautés poussant vers une
transformation sociale.
54 Voir tableau synthétique en Annexe
52
Conclusion de partie : Les CD impliquent la
société civile et les habitants dans les projets urbains de
manières inégales
Dans cette seconde partie, il a été question
d'expliquer plus en détails et de manière contextuelle, le
fonctionnement des instances de participation existantes et ayant vu le jour
suite à la prise de position de la société civile.
La participation comme nous le voyons se retrouve à
tous les niveaux du territoire. Du comité de voisinage traitant les
questions d'animation et de bien-vivre, les maisons de quartier et les conseils
citoyens s'occupant de question liée aux inégalités du
territoire, les conseils de développement faisant un lien intercommunal
sur le développement des enjeux des territoires, en passant par les
référendums locaux sur les questions de projets nationaux en
arrivant à la mise en place de concertation sur des
problématiques mondiales. Tous ces dispositifs ont un point commun,
celui de mettre une priorité à la participation dans nos
projets.
Il existe de nombreux modes d'expression, pour la
société civile et les citoyens, pour transmettre leurs avis et
pouvoir influencer d'avantage les projets de territoire. Comme les travaux
menés par l'ADELS Philippe Langevin, Marie-Hélène
Bacqué et Cédric Polère ont pu nous montrer, trop souvent
oubliés mais aussi cachés, ceci est devenu pour beaucoup, un lien
d'aliénation des membres institutionnels mais aussi des groupes
d'appartenance. Le constat que je peux faire suite au travail de terrain
réalisé auprès des deux conseils de développement,
c'est que le territoire ne manque pas de dispositifs de participation, il ne
manque pas, non plus, de membres mais fait défaut d'après moi, de
représentation territoriale et législative dans son appareil
politique.
Cette représentation territoriale dans les CD permet
aux individus de s'identifier dans les problématiques urbaines,
péri-urbaines et rurales afin d'apporter leur voix et leur avis aux plus
près des décisions politiques. La présence que l'on
pourrait attendre ne semble pas être représentée, pour
cause, l'absence d'un cadre législatif que devrait apporter la loi et
pouvant se traduire par un manque d'implication de la sphère politique
à la reconnaissance de ces structures locales.
La critique qui est fait dans cette seconde partie, sert de
constat, et non de simple critique, d'une participation d'autant plus
perçue comme « influencée » que «
indépendante ». Elle a d'avantage un rôle d'alerte pour une
politique dite « aux citoyens » mais qui est plus une politique des
institutions et des représentants de la société civile
toujours trop représentative et non pas participative.
Cette partie nous servira d'étude de cas des
dispositifs de participation avant de conclure, dans une dernière
partie, sur les limites et piste d'amélioration à venir.
53
PARTIE III
CRITIQUE D'UN MODELE DE GOUVERNANCE
TERRITORIALE
54
3- Critique d'un modèle de gouvernance
territoriale
« Il n'y a pas de territoires sans avenir, seulement des
territoires sans projets ».
Philippe LANGEVIN
Dans cette dernière partie, il sera question de dresser
une critique sur les aspects qui opposent les conseils de développement
à une plus grande participation et concertation dans les phases de
décision. Nous nous proposerons une liste de constats et de leviers
d'actions, dans le but d'atteindre des structures participatives d'une nouvelle
génération, plus en phase avec les acteurs du territoire que sont
la société civile les habitants et les élus. Nous ferons
un premier constat sur les pistes d'amélioration des conseils de
développement d'après une vision à « l'empowerment
» avant de dresser une critique et énoncer des leviers provenant
d'un fonctionnement plus tourné sur les principes de démocratie
participative.
3.1- Vers un modèle plus participatif : les conseils de
développement avec un fonctionnement à « l'empowerment
».
Nous allons nous baser sur un des derniers travaux
réalisés par la sociologue Marie-Hélène
Bacqué accompagné de Mohamed Mechmache dans le projet
confié par la ministre délégué à la ville,
François Lamy. Pour faire une critique de l'application de l'empowerment
défini dans la partie 1 par Marie Hélène Bacqué et
Carole Biewener au sein de la politique de la ville. Nous verrons comment
l'empowerment veut s'organiser au sein de la nouvelle politique de la ville,
mais aussi les contraintes qui vont en découler.
55
3.1.1 L'empowerment dans les politiques de la ville
Le rapport Bacqué-Mechmache est un rapport
consacré à la participation des habitants dans les quartiers de
la politique de la ville. Marie-Hélène Bacqué et Mohamed,
responsable du collectif AC Le Feu veulent définir une politique autour
de l'empowerment « à la française » dans leurs rapports
à la ministre délégué à la Ville en Juillet
2013. Ce rapport est constitué de 30 propositions proposant une
réforme radicale, qui mettrait les habitants au centre d'une politique
de la ville co-élaborée. La stratégie proposée
s'appuie sur cinq principes expliqués par le Centre de ressource
politique de la ville et le centre de veille des ressources politique de la
ville, dans une synthèse faite sur le rapport de la nouvelle politique
de la ville en 2013.55
« Une politique d'empowerment à la
française suppose que la participation ne soit pas conçue comme
un moyen d'accompagner la disparition des moyens, de remplacer le droit commun
ou les services publics. Au contraire, elle s'accompagne d'une intensification
des politiques publiques, mais de politiques publiques
co-élaborées qui s'appuient sur les initiatives citoyennes. [...]
L'enjeu est d'encourager l'autonomie de la société civile
grâce à des garanties procédurales, des moyens, en
favorisant l'existence d'un réseau associatif et de collectifs
mobilisés dans une perspective de changement social et
d'émancipation »56.
Premiers enjeux : Appuyer le développement du
pouvoir d'agir ou une démarche d « empowerment »
Cette première orientation vise à encourager
l'autonomie de la société civile sous ses différentes
formes, à libérer l'initiative, à favoriser l'existence de
contre-pouvoirs c'est-à-dire d'espaces critiques et créatifs,
à favoriser une démocratie d'implication et à donner le
droit à l'interpellation.
On soutiendra la création d'un droit «
d'interpellation », sous l'initiative citoyenne participant au
débat public, sur des questions locales ou nationales, en
complément d'une démocratie de représentation, ainsi que
les enjeux de la place et de la reconnaissance du tissu associatif dans sa
diversité et les conditions de l'existence d'une démocratie
participative.
Cet enjeu s'applique de la même manière
au sein des conseils de développement et des conseils citoyens ou encore
trop d'individus ne se sentent pas reconnus.
55 Synthèse du rapport Bacqué Mechmache
(IREV et club de veille des Centres de ressources, sept. 2013)
56 Citation du rapport Bacqué -Mechmache,
p20
56
Deuxièmes enjeux : Mettre les citoyens au coeur
des services publics57
« Alors que l'insécurité sociale ne
cesse d'augmenter, les services publics constituent un enjeu fondamental dans
les quartiers populaires, à la fois comme espaces communs et comme
filets de protection. ».
La participation des citoyens ne saurait en aucun cas servir
à combler ce déficit ; elle peut par contre servir de levier vers
une transformation des logiques et des méthodes d'intervention des
services publics, afin de les transformer en outils d'émancipation. Il
ne s'agit donc pas de remettre en cause l'existence des services publics mais
de les interpeller dans leurs missions, dans leurs relations avec le public et
dans leurs recrutements.
Pour que les services publics puissent jouer leur rôle
et mieux prendre en compte les demandes locales, la prise en compte des points
de vue de leurs utilisateurs est indispensable au même titre que celle du
point de vue des agents, de même que leur contribution à
l'évaluation et au fonctionnement des services publics.
Il convient aussi de réaffirmer le rôle des
structures intermédiaires (centres sociaux, régies de quartier,
crèches parentales) qui participent à la production et à
la gestion des services publics. Elles peuvent constituer des points d'appui,
d'encouragement, de formation à l'organisation citoyenne sous
réserve d'éviter leur instrumentalisation et leur
institutionnalisation et de s'assurer pour cela des conditions
démocratiques de leur fonctionnement.
Troisièmes enjeux : Démocratiser la
politique de la ville
Au fil des réformes et de la superposition des
dispositifs, la politique de la ville est devenue une administration complexe ;
la multiplicité d'instances et de dispositifs (santé,
école, rénovation, justice...) la rend peu lisible pour les
citoyens et même parfois pour les professionnels. Ça marque une
limite d'une démocratie représentative dans la mission de
politique de la ville
Surtout, les habitants ne sont pas représentés
dans les lieux de décision. En particulier, la rénovation urbaine
s'est bien souvent faite sans eux, au prétexte de la complexité
des dossiers de financement à négocier avec l'ANRU. Hormis
quelques exceptions, les habitants ont rarement pu donner leurs avis sur le
bienfondé des projets de rénovation et sur leurs orientations.
C'est donc plutôt une démarche que nous
préconisons ici, qui donne une place aux habitants à toutes les
étapes et à toutes les échelles de la décision et
qui s'engage vers la voie de la co-construction des projets
57 Enjeux du rapport Bacqué Mechmarche au
Ministre délégué chargé de la ville, Juillet 2013 ;
p.27-30
57
Il convient donc de :
- Profiter de la négociation des contrats pour engager
en amont une démarche de co- construction des projets de
territoire,
- Assurer la représentation des habitants vivant
à proximité, dans les instances de discussion et de
décision, pendant la durée des contrats, et mettre en place des
dispositifs de codécision,
- Donner les conditions concrètes de la participation
citoyenne, à la fois en moyens financiers et en favorisant la
constitution de collectifs habitants, au niveau local comme national. De
façon générale, permettre une participation large, en
particulier des groupes sociaux les plus défavorisés et des
femmes, dont une des conditions de base est de mettre en place des
modalités de défraiement et de rémunération des
bénévoles.
L'aspect que soutient la participation dans la
politique de la ville n'est pas très loin que celle que porte les
conseils de développement par une complexité de
compréhension de la participation par les habitants.
Quatrièmes enjeux : Changer l'image des
quartiers58
Les médias participent, pour une grande part, à
façonner ces représentations et à alimenter les peurs
sociales et raciales qui sont à la source d'incompréhensions, de
tensions et fermetures. Les quartiers populaires y sont à la fois mis en
avant et en retrait.
- Mis en avant quand il s'agit de décrire des faits
divers et de mettre en scène la violence ou l'insécurité
;
- Mis en retrait quand il s'agit de traiter de la vie
quotidienne ou de la réussite individuelle et collective.
Face à l'oubli des mémoires des quartiers
populaires. Nous proposons de :
- Favoriser et aider au développement et à la
diffusion de médias locaux et d'expressions culturelles issus des
quartiers populaires,
- Reconnaître ces médias comme de vrais
médias,
- Faire évoluer la culture des médias nationaux et
y favoriser l'accès de « paroles des
quartiers populaires »
- Travailler sur les expressions culturelles et sur les
mémoires sociales des quartiers populaires.
La reconnaissance d'évènements
passés sur les quartiers populaires, ou bien sur l'histoire d'un
territoire, reprend le besoin de rappeler, aux acteurs, l'origine des actions
et l'intérêt que celles-ci portent au sein des individus se
mobilisant.
58 Enjeux du rapport Bacqué Mechmarche au
Ministre délégué chargé de la ville, Juillet 2013 ;
p.27-30
58
Cinquièmes enjeux : Renverser la démarche
par la formation et la co-formation
Les freins à la participation des citoyens, de
façon générale et dans les quartiers populaires, ne sont
pas seulement institutionnels ; ils sont aussi liés à des
cultures politiques et professionnelles, à des fonctionnements
hiérarchiques au sein des institutions qui favorisent les
démarches d'encadrement plus que d'accompagnement, et reconnaissent peu
les savoirs citoyens. Ils sont aussi liés, dans le cas de la politique
de la ville, aux représentations négatives des quartiers
populaires et à une méconnaissance sociale de leurs habitants.
La formation des professionnels et des élus,
l'ouverture d'espaces de dialogue et de co-formation aux échelles
locales, régionales et nationales, constituent autant de leviers
indispensables pour transformer en profondeur les pratiques.
Ce dernier enjeu rappel le fossé qu'il existe
entre les membres bénévoles des conseils de développement,
et les membres institutionnels et professionnels, suivant une démarche
de travail et brouillant le langage de travail.
3.1.2 La limite de l'empowerment dans les instances de
participation.
Les orientations formulées par Bacqué et
Mechmarche dans le rapport rendu à la ministre font plus
référence, non pas aux processus propres aux quartiers, mais
à des causes reposant essentiellement sur des faits externes aux
quartiers
La grande majorité des propositions relève sur
d'autres actions publiques et d'autres autorités publiques que le
ministre délégué à la Ville. La liste des questions
soulevées par le rapport, dont la solution se trouve en dehors de la
politique de la ville, est extensive : droit de vote des étrangers aux
élections locales, modes d'interventions de la police compris comme un
« service public », relations entre école et parents,
composition des conseils d'administration des organismes d'HLM, ....
Le fait d'avoir pu formuler cet état des lieux de la
participation dans les quartiers, nuira davantage à sa totale
application. La politique de la ville a certes une vocation
interministérielle, mais sa capacité à réformer les
autres politiques publiques est étroitement dépendante de la
coïncidence entre les objectifs transversaux qu'elle porte et les
objectifs sectoriels des autres organisations publiques.
Si le rapport Bacqué- Mechmache devait avoir des
retombées réellement significatives, ce serait parce que les
habitants des quartiers populaires auront su s'en saisir grâce à
leurs capacités propres d'organisation autonome.
59
3.2- Identification des limites des conseils de
développement face à la participation attendue
« Les procédures légales aboutissent
à des impasses et à des échecs en termes de participation
des habitants. La vie quotidienne des habitants dépend de plus en plus
des échelons, qui ne sont plus ceux de la commune traditionnelle. Il y a
le territoire où l'on vit, celui où l'on vote, celui où
l'on décide et ces échelons coïncident de plus en plus
rarement. Il faut inventer de nouvelles manières de créer du
dialogue utile pour les projets. L'usage des technologies modernes
d'information change la donne. Les modèles classiques de participation
ne sont pas intégrés par les jeunes générations.
Les appartenances territoriales sont multiples. Les conseils de
développement participent au passage d'une démocratie
participative à celui d'une animation territoriale
59».
Citation de Gabriel Vitré, animateur du conseil
de développement de Nantes Métropole
3.2.1 Limites des conseils de développement vers une
meilleure participation
Les habitants, grands absents de la société
civile
Les conseils de développement reproduisent les
schémas de représentation classique de la société
française : peu de femmes, peu de chômeurs, peu d'immigrés,
peu de jeunes et beaucoup de retraités, qui ne traduisent pas la
réalité démographique et sociale de leurs territoires.
Une méthode de fonctionnement difficile
Les difficultés rencontrées par les CD, pour
maintenir et enrichir le dialogue et la confiance entre ses membres, sont de
plusieurs natures. Les membres actifs, qui exercent des responsabilités,
dégagent difficilement le temps nécessaire à l'exercice de
leurs missions. Les représentants du secteur associatif sont souvent
experts dans leurs activités et fortement impliqué dans la vie
civique. Les représentants de l'État, de la région, du
département et les consulaire rencontrent les mêmes
problèmes, car ils sont sollicités par plusieurs territoires. Les
habitants peuvent vite être dépassés sur des questions
qu'ils ne maitrisent pas.
De ce fait, l'absentéisme est de règle. De plus,
certains acteurs peuvent vite se démobiliser s'ils estiment être
peu entendus, s'ils sont déçus des réponses
apportées par les élus à leurs questions ou, tout
simplement, s'ils se sentent marginalisés par les membres intentionnels
ou les leaders associatifs. Il faut aussi revenir sur le caractère
entièrement bénévole du statut de membre de conseil de
développement, qui peut constituer un handicap lorsque la charge de
travail est importante.
59 Citation de Gabriel Vitré, animateur du
conseil de développement de Nantes Métropole, Conseils de
développement de Pays et d'agglomération, Modes d'emploi,
ADELS
60
Les faibles relations avec les autres acteurs du
développement, local ou régional
Il est important de considérer le territoire, Pays ou
agglomération, comme un espace de cohérence à
géométrie variable entre les diverses initiatives dont il est
l'objet, à tous les niveaux : local, régional, national ou
international. Il ne faut pas tomber dans la caricature d'un espace
fermé, organisé sur un système productif principalement
local, disposant de toutes les ressources nécessaires pour son
développement et opposant son propre projet à ceux des autres.
Certes, les articulations ne vont pas de soi, mais les Pays et les
agglomérations doivent tenir compte de tous leurs environnements et ne
pas se positionner en concurrence par rapport aux territoires voisins mais en
complémentarité.
Dans l'accueil de nombreux habitants, dans le choix des zones
d'activités, dans l'offre d'équipements collectifs il serait
incompréhensible que chaque Pays ou agglomération
prétendent au niveau d'équipements : le projet du territoire
n'est pas la somme des demandes des communes ou des EPCI qui le constituent.
Les relations avec les conseils de développement
voisins sont évidemment primordiales. Elles restent pourtant largement
à construire. Peu de conseils, en effet, ont le réflexe de
s'intéresser à ce que font leurs voisins.
- Le statut et la composition des Conseils
Le statut informel des conseils. Un certain nombre d'entre eux
ne sont pas constitués en association, ne bénéficient pas
du droit d'auto saisine et dépendent totalement des élus
auprès desquels ils rendent des comptes. Ils ne sont pas
indépendants et risquent de perdre, de ce fait, tout « esprit
critique » sur les politiques locales de développement.
La composition des conseils est variable. Si les associations
de développement sont fortement représentées, les
entreprises le sont beaucoup moins, et les habitants rarement. Les élus
en sont souvent membres (parfois ils en assurent la présidence), ce qui
leur enlève une partie de leur autonomie. D'une façon
générale, les femmes, les jeunes, le secteur sanitaire et social
ou les associations culturelles sont faiblement impliqués. Les
entreprises se mobilisent difficilement. Les membres des conseils
éprouvent des difficultés pour instaurer des relations avec les
structures qu'ils représentent.
- Les moyens
Les moyens mis à disposition sont
généralement insuffisants pour leur permettre de fonctionner
efficacement. Ils se limitent le plus souvent à la mise à
disposition par la structure politique d'un technicien, davantage occupé
à des tâches administratives que d'animation. Les membres des
Conseils sont bénévoles. Ils n'ont pas les moyens de voyager, de
commander des études ou de mobiliser des experts.
- Des missions très inégales
Elles sont précisées dans le cadre de
règlements intérieurs, le plus souvent de façon
très générale. Tous les conseils ne
bénéficient pas de la capacité d'autosaisir sur les
questions estimées importantes. Mais beaucoup ont vu leurs missions
évoluer vers l'animation du territoire. Quelques-uns, après avoir
donné un avis sur le projet de territoire, n'ont plus eu de missions
clairement définies. Très peu ont été
sollicités pour participer à l'élaboration des
61
contrats de territoire. La majorité d'entre eux n'ont
pas de mission de communication et d'animation. Peu saisis par les élus,
ils s'estiment insuffisamment associés à la définition et
au suivi des actions.
Vers une évolution de l'organisation des conseils
développement
Les conseils de développement s'installent dans
la démocratie. Même s'ils n'ont pas été
créés à cette fin, beaucoup ont su conquérir la
confiance de leurs élus, sont entendus et suivis par le pouvoir
politique. Ils prennent progressivement leur place dans les structures de
concertations mises en place à différents niveaux par certaines
communes et conseils généraux.
Le statut des conseils se précise
progressivement. Après quelques temps de fonctionnement sous
forme informelle, certains conseils se structurent en association et deviennent
davantage autonomes. Leurs règlements intérieurs sont plus
précis, leur fonctionnement davantage démocratique. Ils
fonctionnent par délégation à leur bureau et à leur
conseil d'administration.
La composition des conseils évolue vers
davantage de représentativité. Ce sont rarement les
premiers membres qui sont toujours en place. Non seulement ces membres se
renouvellent, mais les nouveaux sont plus représentatifs que les
anciens. De nouvelles dimensions de la société civile font leur
entrée dans les conseils de développement qui s'efforcent de
s'ouvrir aux jeunes et aux représentants d'activités
spécifiques du territoire. Les élus interviennent moins
fréquemment dans leur désignation.
Les missions des conseils de développement
évoluent plutôt favorablement. Certains d'entre eux
bénéficient maintenant de la capacité d'auto-saisine et se
penchent sur les grandes questions du développement de leur territoire.
Aprés la période de doute qui a suivi la réalisation des
projets de territoire, les conseils se sont mobilisés dans l'animation
des territoires. Ils s'engagent vers d'autres missions que le projet de
territoire. Ils se mobilisent sur les SCOT, les programmes LEADER, l'insertion.
Ils explorent de nouveaux sujets : services à la personne,
problématiques du temps, impacts du vieillissement sur le territoire.
Les conseils de développement ont davantage de
moyens. Les élus comprennent qu'ils ont besoin de moyens de
travail et sont moins réservés sur leurs budgets. Ils ont
quasiment tous maintenant un agent de développement local qui ne se
limite plus à des tâches administratives. L'appui des
régions est déterminant à cet égard.
62
3.2.2 Propositions pour faire évoluer les conseils de
développement et les rendre plus participatifs
1- Construire une véritable fonction d'animation
partagée :
L'animation se réduit souvent à
l'animateur ou l'animatrice, qui construit sa pratique comme il le
peut, face à une commande publique le plus souvent floue. La situation
des professionnels est parfois intenable, « entre le marteau et l'enclume
». C'est notamment le cas lorsque l'instance de participation n'est pas
son employeur, mais qu'il est le salarié d'une collectivité et
des élus locaux. Les animateurs ne disposent pas toujours de mandat
explicite, de marge de manoeuvre suffisante pour mettre en dialogue les
représentants élus et la population.
Plus qu'un animateur, il convient de mettre en place une
« fonction animation » responsabilisant également les non
professionnels ; concevant l'animation comme un processus d'évolution de
la démocratie et plus seulement comme un outil de conduite du projet.
Là encore, l'animation doit être le produit d'un travail
collectif, identifiant les tâches, les responsabilités et les
rôles de chacun en fonction de leurs disponibilités. La fonction
animation est la garante de la qualité du processus participatif.
À ce titre, elle doit veiller à ce que le groupe participatif
puisse acquérir les moyens de son organisation et de son autonomie. Elle
doit être vigilante, afin que les règles soient respectées.
Elle est garante de la qualité de l'accueil et du respect des personnes
; de l'équité et de l'égalité de la parole ; de la
qualité de la délibération ; de la recherche du bien
commun. Concernant la production du groupe participatif, la fonction animation
doit orienter son rôle vers la mise en débat en traduisant, en
reformulant et en favorisant l'organisation et la confrontation des points de
vue.
63
2- Définir une organisation efficace :
L'organisation et le suivi de la participation du conseil de
développement, aux projets du territoire, sont indispensables pour
être efficaces, et surtout donner aux participants l'assurance que leur
implication est importante, que les règles du jeu sont claires et que
les travaux auxquels ils sont associés amènent à des
résultats.
La rigueur, si elle s'accompagne de
convivialité, est un facteur d'efficacité de l'action du conseil
de développement, donc de reconnaissance et de lisibilité. Elle
ne vise pas la formalisation à l'excès des modes de
fonctionnement, qui peut rapidement conduire à l'institutionnalisation,
mais d'avantage à une force de travail et à la définition
d'une méthode de travail.
Les relations avec les élus
apparaissent comme complémentaires à la finalité
du rôle des conseils de développement. Celles-ci peuvent prendre
diverses formes, selon les territoires et les habitudes de travail. Il peut
s'agir, par exemple, de programmer à l'avance les apports attendus du CD
(saisines) sur l'année à venir, d'obtenir une formalisation de
cette demande par l'instance élue (cahier des charges à
l'élaboration auquel le conseil de développement peut être
associé), d'obtenir une mise à disposition de ressources
documentaires et techniques pour traiter la demande, gérer les
rencontres avec les instances élues du Pays ou de
l'agglomération.
Les activités du CD doivent être
proposées et décidées par ses membres de manière
démocratique, en toute autonomie. Les sujets de travail du CD
ne doivent pas être décidé à huit clôt,
réunissant seulement le président du CD et le président de
la structure élue, mais proposés par les membres
eux-mêmes.
Le fonctionnement démocratique doit également
être la règle dans la manière de traiter des sujets, des
projets, le plus souvent dans des commissions librement composées. Tous
les points de vue doivent pouvoir s'exprimer librement, en confiance et dans un
esprit de respect mutuel. Les débats doivent conduire à faire
émerger des points de convergence, qui ne doivent pas conduire, à
tout prix, à gommer les divergences de points de vue.
64
3- Donner des moyens d'actions :
Il ne peut pas y avoir de CD efficace sans
moyens. Les conseils informels sans moyen financiers ou en personnel
tombent rapidement en sommeil. La loi ne fait aucune obligation aux élus
sur ce point, mais dans l'idée d'atteindre les objectifs de production
assignés aux conseils, les moyens dont ils disposent sont primordiales
pour son efficacité
La possibilité de procéder à des
auditions, de commander et de financer des études et des travaux, la
prise en charge des frais de fonctionnement et notamment de déplacements
des membres du conseil qui sont tous bénévoles ne sont pas des
mesures optionnelles. Ces outils doivent se définir dans le cadre d'une
convention pour mettre en rapport ce qui est demandé au conseil et les
moyens dont il dispose. Cette disposition a toute sa place comme partie
intégrante des contrats de territoire.
Toutefois, les conseils ne doivent pas simplement attendre
qu'on leur donne des moyens de fonctionnement, Ils doivent aussi les rechercher
eux-mêmes. Beaucoup d'entre eux ont su, à cet égard,
mobiliser des fonds européens de programme comme INTERREG ou LEADER.
La question du caractère bénévole de
l'implication des membres des CD doit être clairement posée. Elle
écarte tout un ensemble de personnes aux ressources modestes. Elle
limite les implications et décourages les mobilisations pour un travail
important. Il doit être envisageable, à l'image des conseils
économiques et sociaux régionaux, de rémunérer les
membres du conseil au prorata de leur implication et de prendre en charge leurs
frais de déplacement.
Il n'y a pas d'animation sans animateur.
L'organisation du travail du CD, la recherche et la diffusion à ses
membres d'informations et de documentation, la rédaction des
comptes-rendus et des synthèses, la mobilisation des membres du conseil
et des citoyens, la coordination entre les membres du conseil et les
élus relevant d'une mission difficile que l'animateur partage avec son
président. Les compétences requises, pour exercer ce
métier difficile d'acteur du développement local, doivent
être tout à la fois techniques dans sa connaissance du territoire
et des stratégies d'acteur, relationnelles pour savoir être
à l'écoute des membres du conseil et de passer les conflits pour
construire du débat public, mais surtout personnelles : diplomatie,
accueil, curiosité, polyvalence, organisation, neutralité,
ténacité, dialogue, ouverture, écoute. L'animateur du CD
doit avoir un engagement fort sur le sens de son métier, croire
évidemment aux démarches participatives qu'il organise et veiller
aux exigences démocratiques d'une assemblée consultative. Il doit
aussi pouvoir faire face à toutes les situations par de fortes
capacités d'adaptation et ne pas confondre animation et
décision.
65
Conclusion de partie : Comment les conseils de
développement ne jouent pas un excellent rôle d'empowerment dans
la mise en oeuvre de projet urbain.
Dans cette dernière partie il a été
question de pouvoir dresser une critique sur les aspects qui opposent les
conseils de développement à une plus grande participation au sein
de ces structures. Pouvoir définir une liste de constats et de leviers
d'actions dans le but d'atteindre des structures participatives d'une nouvelle
génération, plus en phase avec les acteurs du territoire.
Le premier constat provient de la politique de l'empowerment
menée autour de la politique de la ville en 2013 par la ministre
délégué à la ville, pensant pouvoir apporter des
solutions novatrices sur des questions de mixité sociale et
d'équité mais la réalité est tout autre.
L'application des nouveaux dispositifs apportés par Bacqué et
Mechmache sont encore trop irréalistes pour une mise en action et une
prise en compte des autres ministères sur des questions de droit commun,
service publique et sécurité intérieure.
Les Conseils de Développement pourraient se comprendre
comme un outil de plus, susceptible de rencontrer les mêmes limites que
les conseils de quartier, les commissions extramunicipales, etc. Ce n'est pas
le cas. En les rendant obligatoires, pour pouvoir prétendre à des
financements contractualisés, la loi leur reconnaît un rôle
majeur, sans pour autant leur garantir de devenir, de ce fait, un outil de
dialogue social territorial. Il faut d'abord que les élus, maîtres
du jeu, le souhaitent, il faut ensuite que les conseils eux-mêmes
s'organisent en conséquence. Car les conseils ne sont pas uniquement des
instruments de démocratie participative, se sont aussi des lieux de
débats susceptibles de déboucher sur des choix collectifs. La
qualité des CD dépend de nombreux outils tels que ses
compétences d'ingénierie portées par son animateur et par
la formation de ses membres, apportant une plus grande autonomie dans le
fonctionnement et la recherche de financement. La qualité du dialogue,
entre les membres du CD et leur capacité à faire émerger
des idées partagées vectrices d'amélioration de la vie sur
le territoire, dépend de l'esprit dans lequel ils travaillent, des
membres impliqués, de son organisation et de l'écoute dont il
bénéficie auprès des élus du Pays ou de
l'agglomération.
De nombreuses incohérences existent et nous
questionnent sur l'évaluation et la mise en commun des travaux
menés par les différentes instances, en sachant que leurs
fonctionnements restent très individualistes. De nombreuses solutions
existent pour arriver à définir et poser un socle commun dans le
fonctionnement des conseils de développement. Il semble évident
d'instaurer des directives claires, mais aussi de laisser une certaine
souplesse d'action dans l'identité des dispositifs
66
67
CONCLUSION
Ce mémoire avait pour objectif d'étudier la
place de « l'empowerment » au sein des dispositifs de participation
locaux présents dans le territoire français. Comme nous l'avons
vu tout au long de cette analyse, l'empowerment et la démocratie
participative ne sont pas deux notions complétement
détachées l'une de l'autre. La thématique de l'empowerment
renvoie, comme celle de participation ou de démocratie participative,
à une diversité d'interprétations mais surtout
d'expériences sociales et politiques. Elles s'inscrivent, depuis les
années 1960, dans des perspectives de reconnaissance d'une place
légitime aux groupes marginalisés que ce soient les femmes, les
pauvres ou bien les populations des quartiers difficiles.
La notion de l'empowerment, définissant, l'idée
d'un pouvoir, est centrale dans le terme. À la suite de ce premier
constat, il a été question de suivre son application, au sein
même d'une structure, organisée autour de cette même
participation des habitants en nous focalisant sur le fonctionnement et
l'organisation des conseils de développement. À la suite de cette
seconde analyse, nous avons pu constater un territoire ne manquant pas de
dispositifs de participation, ni de membres mais faisant défaut de
représentation égale au niveau du territoire et de ces textes
législatifs. Il existe encore un trop grand nombre de gestion et
fonctionnement différent dans un même dispositif apportant une
complexité. Il ne faut pas oublier l'essence même de ces instances
de la démocratie locale permettant aux individus de posséder un
rôle de consultation dans les problématiques urbaines,
périurbaines et rurales afin d'apporter leur voix et leur avis au plus
près des décisions politiques. Cette présence citoyenne ne
semble pas occuper sa place dans les Conseils de développement, l'une de
ces raisons est, sans aucun doute, l'insuffisance du cadre législatif
que devrait apporter les lois Voynet et NOTRe se traduisant par un manque
d'implication de l'appareil politique. Malgré la présence d'un
cadre législatif, celui-ci laisse une trop grande souplesse d'action ou
de non-action des politiques publiques complexifiant le travail de
bénévole, voulant participer et être une force de
concertation sur des questions qui les concernent. Dans cette dernière
partie, il a été question de nombreuses incohérences dans
la mise en forme de ces instances face à la participation que l'on
attend au sein de ces instances. Marquant les fortes inégalités
de participation sur le territoire et nous questionne sur
l'intérêt de définir et de poser un socle commun dans le
fonctionnement des conseils de développement en instaurant des
directives claires, mais aussi en laissant une certaine souplesse d'action dans
le choix des missions propres à l'identité des territoires.
68
L'analyse que j'ai pu mener, tout au long de ce travail, m'a
permis de mieux comprendre les définitions de la participation, du
pouvoir d'agir au sein de structures qui mettent en place une multitude
d'outils afin de s'en rapprocher toujours plus. Le fait de penser que la notion
et les valeurs portées par l'empowerment qui a tant fait parler, et
questionner les professionnels et les chercheurs, nous a montrés que
celle-ci n'était pas si loin de la définition que font Simon Wuhl
et Marie-Hélène Bacqué de la démocratie
participative et comment les politiques publiques et la société
civile l'appliquent dans les méthodologies de participation dans les
projets urbains. Les territoires évoluent plus vite que les
collectivités qui les portent. Admettre que le territoire est à
« géométrie variable », dessinés à partir
du projet ou des projets portés par leurs acteurs, bouscule nos
façons de voir le rôle des bénévoles dans les
instances et de leurs animateurs pour l'avenir et remet en cause nos outils
d'animations et d'ingénierie de travaux présents. Les Pays et les
agglomérations ont initié une profonde « révolution
des territoires », dans la réorganisation territoriale mais aussi
dans la légitimité donnée, et vont rapidement poser la
question de leurs relations comme nous l'avons en exemple depuis la disparition
des Pays en janvier 2017. La disparition des Pays et la réorganisation
des périmètres administratifs aura probablement un impact fort
dans l'avenir concernant le rôle de la société civile dans
la construction de projets sur des territoires qui a pu se faire à
proximité d'eux et passera à une autre échelle, avec des
cultures différentes et des élus plus ou moins
réceptifs.
Aujourd'hui encore, la loi Voynet laisse aux élus la
responsabilité d'organiser comme ils l'entendent leur conseil de
développement. Nous sentons encore une forte institutionnalisation d'une
démocratie participative « à la carte » manquant de
contrôle et de gestion. Le choix de la disparition des Pays et l'abandant
des dispositifs de participation, à l'échelle de Pays ou
d'agglomération, me semble être le reflet de la
considération portée par les pouvoirs publics de « la valeur
» que soutiennent ces structures et ses bénévoles. Les
conséquences de cette abandant rendront le travail encore plus ardu,
pour les animateurs de conseils de développement et autres instances,
d'acquérir leur légitimité propre mais pas obligatoirement
soutenue par des bénévoles déçus.
Le questionnement que nous nous faisons sur les
différents impacts des structures de participation telles que les
Conseils de développement dans le processus de participation est assez
mitigé. Il a été d'abord question de montrer comment les
processus institutionnels participatifs étaient détachés
des processus de participation. Nous avons vu que la construction
institutionnelle de la participation avait suivi un modèle se
rapprochant de celle de l'empowerment, avant de subir un frein dans son
application et de perdre toute crédibilité dans la participation
de la société civile dans les projets urbains.
69
Puis il a été question de voir l'implication de
la société civile et des habitants au sein de deux conseils de
développement. Notre analyse nous a amené à un dispositif
très hétérogène dans son fonctionnement suivant un
cadre législatif trop libre, manquant de cadrage.
Avant de se poser la question d'un rôle, ou non,
d'empowerment des conseils de développement, là encore, il s'est
avéré que notre analyse montrait de limites importantes dans la
représentativité de ces conseils et d'un outil de
démocratie participative, justifiée par un problème de
fond, reposant sur la prise sur les autres politiques publiques pour
reconnaitre la participation comme objectif transversal et non seulement propre
à la politique de la ville.
Le constat que j'ai pu faire tout au long de cette analyse est
que la participation est imparfaite au sein des instances de participation. Il
serait inexact d'oublier le rôle que joue les conseils de
développement dans la participation en sachant que celle-ci
évoluera. Je souhaite en tout cas rester optimiste sur
l'évolution de la pensée qui intéresse de plus en plus de
monde par rapport aux débats que l'on entend concernant la place de la
société civile faisant avancer la réflexion et les
initiatives populaires.
70
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Tuteur, Fournier, Jean-Mars,Rouault,Rémi , Projet tuteuré ,
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[Consulté le 14/03/2017]. Disponible à l'adresse :
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France Inter Empowerment et démocratie participative : les
citoyens s'approprient les leviers de décisions politiques, LE
TÉLÉPHONE SONNE :28minutes ,24/12/2014. [Consulté le
14/03/2017]. Disponible à l'adresse :
https://www.franceinter.fr/emissions/le-telephone-sonne/le-telephone-sonne-24-septembre-2014
ANNEXES
75
TABLE DES ANNEXES
76
Annexe 1. Tableau de synthèse partie I 77
Annexe 2 Tableau synthétique partie II 78
Annexe 3- Liste des interviews dans le cadre du travail de
mémoire - Réalisés le jeudi 12
et vendredi 13 Mai 2017 79
Annexe 4- Portrait 1 le CD du Pays Dignois 80
Annexe 5- Portrait 2 le CD de l'agglomération de
Châlons en Champagne 84
77
Annexe 1. Tableau de synthèse partie I
|
Marc Zimmerman
|
Mary Parker Follett
|
Marie Hélène Bacqué et Carole
Biewener
|
Deepa Narayan Parker
|
Domaines d'approche
|
Psychologie
|
Philosophie
|
Sociologie, Économie
|
Développement international
|
Principaux promoteurs
|
Institutions territoriales
|
Entreprise, employeurs salarié
|
Société Civile
|
Populations pauvres, femmes
|
Objectifs poursuivis
|
Définir un langage distinct pour comprendre les
changements et influencer nos communautés. Un langage plus accès
sur l'empowerment remplacera les relations
« expert » et
« client » par
« participation » et « collaborateur » dans
une vision multidirectionnelle
|
Donner aux salariés l'occasion de s'autogouverner du
groupe et de participer à son développement, cela ne se ferait
pas aux dépens des autres, mais au contraire, avec la contribution de
tous
|
La reconnaissance de chacun d'entreprendre une démarche
d'autoréalisation et
d'émancipation des individus, de reconnaissance des
groupes ou des
communautés et d'une transformation sociale
|
Femmes -hommes pauvres collecter des atouts et de
capacités pour améliorer leur bien-être, augmenter leur
confiance en eux-mêmes, afin de négocier avec influence et
contrôle
|
Relation à la puissance publique
|
Logique multidirectionnelle réaction aux relations avec
l'État
|
Logique ascendante. Auto-organiser réaction à
l'impuissance de l'État.
|
Logique ascendante individuelle
|
Logique ascendante de collectes de capacité pour
influencer les institutions
|
Mots annexes et valeurs clés
|
Processus habilitant et ressources
|
Autonomie gouvernementale
|
Modèle radical, un modèle libéral et un
modèle néolibéral
|
Atouts - capacités - actifs -
|
78
Annexe 2 Tableau synthétique partie II
|
Marc A. Zimmerman
|
Mary Parker Follett
|
Marie Hélène Bacqué et Carole
Biewener
|
Deepa Narayan Parker
|
CD Pays Dignois
|
CD de Châlons en Champagne
|
Cadre Général des CD
|
Domaines d'approches
|
Psychologie
|
Philosophie
|
Sociologie, Économie
|
Développement international
|
CD de Pays (avant 2017)
|
CD d'agglomération
|
L.Pasqua, L. Voynet, L. UH, L. NOTRe
|
Principaux promoteurs
|
Institutions territoriales
|
Entreprises,
employeurs salariés
|
Société civile
|
Populations pauvres, femmes
|
Membres associatifs
|
Membres associatifs
|
Société Civile-grande liberté de
formation
|
Objectifs poursuivis
|
Définir un langage distinct pour comprendre les
changements et influencer nos communautés. Un langage plus accès
sur l'empowerment remplacera les relations « expert » et «
client » par « participation » et « collaborateur »
dans une vision multidirectionnelle
|
Donner aux salariés l'occasion de s'autogouverner du
groupe et de participer à son développement, cela ne se ferait
pas aux dépens des autres, mais au contraire, avec la contribution de
tous
|
La reconnaissance de chacun d'entreprendre une démarche
d'autoréalisation et d'émancipation des individus, de
reconnaissance des groupes ou des communautés, et d'une transformation
sociale
|
Femmes -hommes pauvres collecter des atouts et de
capacités pour améliorer leur bien-être, augmenter leur
confiance en soi, afin de négocier avec influence et contrôle
|
Travaux sur plusieurs projets non organisés en grands
axes. La mise en place de nouvelles instances participatives (GAL, Conseil
Citoyen). Suivi des projets LEADER, de projet environnemental Organisation de
manifestations
|
Travaux sur plusieurs axes transversaux des compétences de
l'agglomération (économique, Social, urbain). Les objectifs de
l'ancien CD de Pays ne font plus partis des objectifs du nouveau CD.
|
Le statut juridique des CD reste assez libre.
Principe de saisine et d'auto-saisine pour les objectifs des CD.
Une grande liberté d'actions est laissée aux CD
|
Relation à la puissance publique
|
Logique multidirectionnelle réaction aux relations avec
l'État
|
Logique ascendante. Auto- organisée, réaction
à l'impuissance de l'État.
|
Logique ascendante individuelle
|
Logique ascendante de collecte de capacité pour influencer
les institutions
|
CD participatif, par un fonctionnement transparent et des
règles de fonctionnements claires.
|
CD subi, Les membres sont vidés de leurs capacités
d'actions par les élus locaux.
|
Une autonomie et un pouvoir d'actions
|
Mots
annexes et valeurs clés
|
Processus habilitant et ressources
|
Autonomie gouvernementale
|
Modèle radical, modèle libéral et
modèle néolibéral
|
Atouts - capacités - actifs
|
Non-légitime, associations,
|
Habitants, contre- pouvoir,
|
Cadre législatif, autonomie
|
79
Annexe 3- Liste des interviews dans le cadre du travail
de mémoire - Réalisés le jeudi 12 et vendredi 13 Mai
2017
Interviews d'un membre du Conseil de développement
du Pays Dignois :
Ø Jean Paul CHEYLAN, membre du bureau du conseil de
développement du Pays-Dignois. Interview téléphonique du
vendredi 12 Mai 2017.
Interviews de plusieurs membres du Conseil de
développement de l'agglomération de Châlons en Champagne
:
Ø Bruno MALTHET, co-président de la commission 2
du conseil de développement de l'Agglomération de Châlons
en Champagne. Interview téléphonique du Jeudi 10 Mai 2017.
Ø Geoffrey DARMENCIER, Chargé de mission
auprès du Directeur Général des Services de la
communauté d'Agglomération de Châlons-en-Champagne.
Interview téléphonique du vendredi 12 Mai 2017.
Annexe 4- Portrait 1 le CD du Pays Dignois
Tableau du CD du Pays Dignois
CONSEIL DE DEVELOPPEMENT DE Pays Dignois regroupe 4
communautés de communes (Haute
PAYS
PAYS DIGNOIS (04) 32 318 habitants
TERRITOIRE/HISTOIRE
Bléone, Duyes Bléone et le Pays de Seyne)
réparties sur 38
communes
Les démarches participatives en Pays dignois ont
été impulsées dès 1995 pour aboutir à
Digne-les-Bains en 1998, à la création du Conseil Communal de
Concertation, dans la Vallée de l'Asse, à l'émergence du
« CREDO » (Conseil Rural d'Études, de
Développement et d'Orientation), et en 2002 à la création
du Conseil Communal de Concertation de Seyne les Alpes.
Suite à la loi Voynet de 1999, qui avait pour objectif
une démocratie plus participative et un développement plus
durable et harmonieux, le Conseil de développement est
créé en octobre 2001.
INITIATEUR(S) ET PARTENAIRES
FORME
La forme juridique du CD
Règlements intérieurs, charte de fonctionnement.
MOYENS
Les moyens que disposent le CD
(financier, humain, matériel, administratif, technique,
...) ?
80
Soutenu par le département des Alpes de Hautes
Provence, de la Région PACA, du Pays Dignois, du programme liaison entre
actions de développement de l'économie rurale (LEADER)
du Pays Dignois, de la commune de Digne les bains et de l'ACSE et une
dizaine de partenaires associatifs.
Ce Conseil de développement est une association loi 1901
et représente l'organe de démocratie participative du Pays
dignois.
Le CD est défini par des statuts associatif.
Le CD est hébergé par convention dans les locaux
du Pays Dignois. Il fonctionne avec des subventions régionales
demandé au titre d'association. Une animatrice à temps pleins
était en pause jusqu'au 31 décembre 2016. Réservation de
salle communale pour les réunions.
FONCTIONNEMENT
Depuis combien de temps l'instance est mise en place.
Qui sont les Initiateurs et les partenaires de la création
du conseil.
Comment fonctionne le CD (méthode de travail,
réunion, AG, Sessions plénières,).
Qui sont les personnes constituants le CD (élus,
société civile, organisation des col lèges...).
81
Le Conseil de développement du Pays dignois est une
association loi 1901.
Cette association réunit son assemblée
générale au moins une fois par an. Cette assemblée
générale fixe les grandes orientations de l'association et
délègue au Conseil d'Administration la mise en oeuvre de ces
orientations.
Le Pays, La région, le département ayant
arrêté de subventionner le CD il y'a déjà plusieurs
années. Un travail est fait avec le CD du Pays A3V (Aisses, Verdon,
Voire et Var).
Le Conseil d'Administration (CA) se réunit environ tous
les trois mois. Les réunions du CA sont le plus souvent ouvertes
à l'ensemble des membres du Conseil de développement. Le CA a
délégué la gestion quotidienne de l'association à
un bureau composé de 5 administrateurs exécutifs. Autour des
projets se mettent en place des groupes de travaux informels, composés
des membres du conseil de développement et des personnes ressources du
territoire, en fonction des thématiques abordées.
Pour sa communication interne, le conseil de
développement utilise une liste de discussion. L'ensemble des membres
sont destinataires de cette liste. Elle permet aux membres de faire partager
des sujets d'actualité, des informations mais aussi des invitations aux
temps de travail internes à l'association.
Les Membres
Le Conseil de développement est le lieu de rencontre
des acteurs locaux. Les membres de l'association peuvent être :
-Des Habitants du territoire du Pays dignois
-Des associations
-Des professions du milieu social ou des Entreprises
-Des Élus des Collectivités locales et des
organismes divers (communes, communautés de communes, organismes
à vocation générale, personnes qualifiées...).
Le CD compte une part importante de la société
civile avec 19 membres à son actif dont 11 associations
représentées. 5 au titre d'habitants, 2 au titre d'élus et
1 au titre de syndicat.
On compte une proportion de 13 hommes et 6 femmes.
Répartie sur l'ensemble du Pays Dignois.
PARTICIPATION/CONCERTATION
Le CA est ouvert aux habitants, mais le CD
compte plus de membres associatifs et institutionnels.
Quelles places ont les habitants.
Le CD anime-t-il d'autres dispositifs de participation
(budget participatif conseil citoyen, comité de quartier,
...).
Où se situe le travail du conseil de
développe dans les décisions politique.
Est-il possible pour vous dévaluer le niveau
d'échelle de participation du CD dans son travail d'accompagnement et
mise en place d'ingénierie de projet.
Productions du CD (avis, rapport, ...(.
82
Le CD de Digne a lancé depuis le mois de
décembre 2015 le premier Conseil citoyen de Digne les bains. Lancement
du deuxième Groupe d'Action Local (GAL) sur les
dossiers LEADER
Le CD apporte des avis et force de propositions mais il a
rarement un rôle de co-construction des politiques du Pays.
Le CD a un fonctionnement assez participatif ; il cherche
à allier à la fois l'efficacité dans l'élaboration
du projet avec un travail de mobilisation et de citoyenneté active
encadré par des règles claires et publiques.
Le CD rédige et publie de nombreux rapports et avis
chaque année. Il organise aussi des manifestations publiques
(cité solidaire en mai, festival alimenterre, ...).
OBJECTIFS/THÈMES ABORDES Objectifs du conseil de
développement Grandes missions du CD
Le râle du Conseil de développement est
d'apporter au Pays le regard de la société civile et de
construire des liens avec la population sur l'ensemble des sujets liés
au développement du territoire. A ce titre :
Il participe étroitement et en permanence à la
vie du Pays dignois. Il est associé à toutes les actions de
communications, d'informations, de sensibilisations, de mobilisations du Pays,
en lien avec les élus, ou conduites sous sa propre autorité.
Il peut être saisi pour avis sur toutes les candidatures
du Pays dignois (Contrat Montagne, de Pays, Leader...), comme sur
tous les projets structurants.
Il participe à la réflexion sur les
démarches participatives aux niveaux :
- National (UNADEL, DRD, ...),
Régional (ARDL, collectif régional des Conseils de
développement, PRIDES,...),
Local (débats citoyens, rencontres et
manifestations...).
Il répond aux sollicitations des communes et aux
collectivités locales pour organiser des temps de concertation avec la
population.
Il met en place ses propres actions (études,
organisation d'évènements...) et participe à celles du
territoire pour y apporter une dimension participative (mémoire de
résistance, souk des sciences, cité solidaire en mai, mois de
l'Économie Sociale et Solidaire....].
Évaluation/Place des habitants
Comment diriez-vous que le CD a évolué (En interne,
dans les projets, dans la
relation avec les élus/habitants/technicien,
Évaluation t donner du CD Avenir du CD
Relation avec le CNCD
83
La relation s'est dégradée budgétairement
sur les financements régionaux dépendant essentiellement des
fonds alloués à l'Économique Sociale et Solidaire. La
qualité des interactions avec les institutions publiques s'est aussi
dégradée. Une prise en compte, moins forte, du CD dans les
décisions du Pays. Cela provient du coté non législatif du
statut des CD paria loi.
Un avenir très mal vu par le Conseil d'Administration
du CD. La loi NOTRe est inapplicable dans la formulation de l'article 88 sur la
consultation dans l'élaboration du projet de territoire. De plus la
totale liberté de la participation au sein des CD accentue les
problèmes d'ingénierie et le travail avec les institutions.
Au ler janvier 2017, l'ensemble des CD de Pays ont vu leurs
reconnaissances se terminer au profit de l'Agglomération qui
récupère ce dispositif de participation. Celui du Pays reste
encore actif, par son statut associatif, et anime toujours le Conseil Citoyen
de Digne les Bains.
Une relation avec la Coordination Nationale des Conseils de
Développement (CNCD)est plutôt active avec le CNCD de PACA et
l'ensemble des CD sur le territoire.
Annexe 5- Portrait 2 -le CD de l'agglomération
de Châlons en Champagne.
Tableau du CD de Châlons en Champagn-
CONSEIL DE DEVELOPPEMENT D'AGGLOMERATION
AGGLOMERATION DE CHALONS EN CHAMPAGNE (51)
90000 habitants
TERRITOIRE/HISTOIRE
Réparti sur 46 communes de l'agglomération de
Châlons en champagne et 90 communes pour le Pays de [hâlons en Cham
pagne.
Compte tenu des dispositions de la loi NOTRe, le Conseil
communautaire a décidé, par délibération du 4
février 2016, de mettre en place un conseil de développement
à l'échelle de la Communauté d'Agglomération de
Cités en Champagne et d'y associer le Syndicat mixte du SCoT et du Pays
de Châlons-en-Cham pagne.
La structure du CD du Pays existant précédemment
ne correspondait pas aux orientations de l'Agglomération et fût
arrêtée en 2014.
84
INITIATEUR(S) ET PARTENAIRES À l'issue de la loi NOTRe, un
souhait de l'agglomération de
constituer son propre CD.
Agence d'urbanisme de Châlons en champagne qui
anime le CD de l'agglomération.
FORME Sans personnalité juridique propre.
Instance de consultation
La forme juridique du CD rattachée à l'agglo et au
pays
Règlements intérieurs, charte de Règlements
intérieurs
fonctionnement.
|
|
|
MOYENS
Les moyens que disposent le CD
(financier, humain, matériel, administratif, technique,
...).
|
|
- Très peu de moyens : mille trois cents euros de
budget annuel, 1 chargée de mission à mi-temps dépendant
de l'Agence d'Urbanisme et de Développement de Châlons (AUDC), pas
de matériel, pas de locaux propres...
Le conseil de développement doit pouvoir
également s'appuyer sur les moyens d'animation mis à disposition
par l'AUDC au titre de son partenariat avec la communauté
d'agglomération et le syndicat mixte.
|
FONCTIONNEMENT
Depuis combien de temps l'instance est mise en place.
Qui sont les Initiateurs et les partenaires dela création
du conseil.
Comment fonctionne le CD (méthode de travail,
réunion, AG, Sessions plénières,).
Qui sont les personnes constituants le CD (élus,
société civile, organisation des collèges...).
85
Depuis mars 2016
À l'issue de la loi NOTRe, un conseiller communautaire
a pris position auprès de l'agglomération pour sa mise en place.
L'Agence d'Urbanisme et de Développement de l'Agglomération et du
Pays de Châlons est chargée de sa gestion administrative.
Organisé autour d'un(e) président(e) et d'un
bureau.
4 commissions thématiques (Service à la
population, attractivité et tourisme, aménagement et
environnement, développement économique). Se réunissant
une fois par mois, bureau bimestriel des co-présidents de commissions
autour de la présidente, 2 à 3 séances
plénières par an
Pas d'élus (interdit par la loi NOTRe), mais des
syndicats, associations, citoyens bénévoles, pas de
collèges au sens que l'entend le CESER. Collège : membres,
personnes physiques réunissant tout citoyen qui souhaite contribuer
à la vie du territoire et à ses réflexions,
2e collège : membres, personnes morales : il ne peut
pas s'agir de collectivités ou d'établissements publics ou de
services déconcentrés de l'État dont les
représentants pourront être entendus en tant qu'experts.
Membres : 76 membres, divisés entre des membres de la
société civile (53), du milieu associatif (11) et institutionnel
(12). Avec une proportion de 26 femmes et de 50 hommes. Dont 54 habitants sur
Châlons en champagne et les autres dans le territoire de
l'agglomération.
Les candidatures sont soumises au bureau du conseil de
développement qui se réserve le droit de les valider ou non. Le
choix des membres du conseil de développement est effectué au vu
de leurs expériences, de leurs compétences ou connaissances et de
leurs actions au sein du territoire.
PARTICIPATION/CONCERTATION
Quelles places ont les habitants.
Le CD anime-t-il d'autres dispositifs de participation (budget
participatif conseil citoyen, comité de quartier, ...).
Où se situe le travail du conseil de développe
dans les décisions politique.
Est-il possible pour vous d'évaluer le niveau
d'échelle de participation du CD dans son travail d'accompagnement et
mise en place d'ingénierie de projet.
Productions du CD (avis, rapport, ...).
La place des citoyens est bénévole
Il reste difficile pour les habitants de se sentir
représenté ou utile au sein du CD
Le CD anime pour le moment aucun autre dispositif de
participation (exemple : conseil citoyens, conseils des jeunes, conseils de
quartier, ...).
Pour le moment la participation du CD n'est pas encore bien
reconnue par l'agglomération qui ne donne ni les moyens ni l'autonomie
pour fournir et trouver une ingénierie de travail entre les membres de
la société civile.
Le CD est vécu comme un risque de contre-pouvoir, il ne
peut pas jouer son rôle d'instance de participation.
Le CD a fourni un avis sur le SCOT du Pays de Châlons en
Champagne, sans avoir eu beaucoup de temps pour le préparer.
Les objectifs du CD sont de :
OBJ ECT I F S/TH EMES ABORDES
Objectifs du conseil de développement Grandes missions
du CD
86
Rechercher une répartition territoriale prenant en
compte les différents enjeux du périmètre (ex :
vallée de la Marne, Nord "militaire", Sud "logistique"...)
Inciter les habitants à s'impliquer dans les politiques
du territoire. Le CD s'organise autour de 4 axes de travail : Service à
la population, attractivité et tourisme, aménagement et
environnement, développement économique.
ÉVALUATION/PLACE DES HABITANTS
Comment diriez-vous que le CD a évolué ? (En
interne, dans les projets, dans la
relation avec les élus/habitants/technicien, ...).
Évaluation à donner du CD. Avenir du CD.
Relation avec le CNCD.
Il a mal évolué du fait d'un conflit avec
l'agglomération sur les moyens humains et financiers. Le souhait de
l'agglomération est de pouvoir disposer du CD comme structure
rattachée à l'agglomération.
Le CD rie compte qu'un an de formation avec une animatrice
(qui n'est) plus présente actuellement. Il est difficile, pour le CD, de
pouvoir faire une évaluation du travail accompli depuis le mois de mars
2016.
Il traverse une grave crise morale. L'avenir est incertain
à ce jour par rapport à la relation qui maintient le CD avec
l'agglomération, qui est vu davantage comme une entrave à la
politique de l'agglomération. Les membres du CD, n'ont pas l'air de
pouvoir être une force de proposition dans l'état actuel.
Le CD a adhéré au CNCD et est membre de la
coordination régionale au sein de laquelle le CD s'est investi dans la
rédaction d'un livre blanc co-produit avec le CESER Grand Est.
87
TABLE DES FIGURES
Figure 1: Caricature de Alexis Laumaillé dans l'ouvrage
Conseils de développement de Pays
et d'agglomération , Modes d'emploi , p122 36
Figure 2 : Tableau sur les dispositifs de participation et /ou
de concertation identifiés par
l'ADELS 38
88
89
|