UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI
CAMPUS HENRY CHRISTOPHE DE LIMONADE
Faculté des Sciences de l'Éducation
Département de psychoéducation et psychologie
Impacts psychologiques de la
séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital
Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la
dépression
Mémoire réalisé par Asaph-Lino
ÉTIENNE pour l'obtention du grade de Licencié en
psychoéducation et psychologie
Sous la direction du Dr Wander NUMA
Août 2018
UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI
CAMPUS HENRY CHRISTOPHE DE LIMONADE
Faculté des Sciences de l'Éducation
Département de psychoéducation et psychologie
Impacts psychologiques de la
séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital
Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la
dépression
Mémoire réalisé par Asaph-Lino
ÉTIENNE pour l'obtention du grade de Licencié en
psychoéducation et psychologie
Sous la direction du Dr Wander NUMA
Août 2018
Remerciements et
dédicaces
Ce travail n'aurait pu être réalisé sans
le soutien et la collaboration de certaines personnes à qui je dois la
reconnaissance.En premier lieu, je tiens à remercier le grand
Dieu Jéhovah qui m'a donné la force, le courage, la
détermination, la santé et l'intelligence nécessaires
à boucler le cycle d'études en
psychoéducation et psychologie et soumetre mon travail de fin
d'études.
J'ai une grande dette envers tous les membres de ma famille
qui m'ont donné l'encadrement suffisant, notamment ma
mère Kettelie Étienne C., à qui je dédie ce
travail, qui s'est battue comme une héroïne afin de me permettre de
gravir cet échelon dans la vie.
Mes sincères remerciements s'en vont au professeur
Wander NUMA d'avoir accepté de diriger cette recherche, mais
surtout pour son encadrement incontestable, sa rigueur scientifique,
sa patience, sa disponibilité, ses conseils, remarques et
recommandations qui ont permis de hausser la scientificité du
travail.
Je remercie la direction de l'hôpital
de Fort-Liberté qui m'a permis d'utiliser leur institution
comme terrain de recherche, et pour avoir mis à ma disposition les
moyens logistiques nécessaires pour pouvoir rencontrer les patients
séropositifs. D'une façon particulière, je remercie le
psychologue Jacquelin Belizaire qui m'a facilité les rencontres avec les
patients. J'ai un remerciement spécial à tous les patients
séropositifs de l'hôpital de Fort-Liberté qui se sont mis
disponibles pour participer à cette recherche, ce qui m'a permis de
collecter les données pour réaliser ce travail combien important
pour ma carrière professionnelle.
Je ne pourrais oublier tous les étudiants qui faisaient
partie de notre cours d'atelier de mémoire. Peut-être qu'ils
peuvent l'ignorer, mais ils étaient pour moi une source
de motivation. Leurs critiques, leurs conseils et leurs recommandations
m'ont vraiment aidé à avancer. Merci à vous
tous?!
Finalement, je remercie toutes les personnes et toute la
communauté du CHC-UEHL qui d'une façon ou d'une autre m'ont
aidé à réaliser ce travail de fin d'études. Merci
à ceux qui croyaient que je n'y arriverais pas. Leur croyance a
doublé ma motivation. Merci à tout le monde?!
Résumé
Le VIH/SIDA est une maladie chronique ayant un
caractère mortel.La chronicité, le caractère mortel
du VIH/SIDA impactent le psychisme d'un sujet
adulteséropositif.Ce travail de recherche vise principalement à
décrire les manifestations de la dépression chez les patients
séropositifs. Notre question de recherche était ainsi
formulée: en quoi la séropositivité peut-elle impacter le
psychisme du patient adulte ? À cela s'ajoutent deux questions
spécifiques : quelles sont les manifestations de la
dépression chez les patients adultes séropositifs?? Quelest le
jugement clinique de cette dépression??
Nos objectifs de recherche ont été: 1)
Décrire les manifestations de la dépression chez les patients
adultes séropositifs. 2) Établir un jugement clinique de la
dépression chez les patients séropositifs. 3) Comprendre
l'incidence de la séropositivité sur la santé mentale des
patients. Dans cette recherche, l'approche mixteétait priorisée
et l'entretien de type semi-directif a été adopté.
Les résultats de cette reccherche ont
démontré que parmi les huit patients étudiés cinq
sont dépressifs et trois ne le sont pas. Ces résultats nous ont
permis de conclure que la séropositivité a un impact
psychologique négatif sur les patients séropositifs.Cet
impact se manifeste essentiellement par la dépression.Cependant, les
patients séropositifs qui ne sont pas dépressifs
montrent qu'un patientséropositifn'est pas forcément
dépressif. Ces résultats ont également
démontré que plus les années de la
séropositivé se multiplient plus le sujet s'adapte et accepte sa
séropositivité, moins il est suceptible d'être
dépressif. Donc, plus un sujet vie avec la séropositivité
moins les impacts psychologiques sont considérables.
Mots clés :VIH/SIDA?;
dépression?; séropositivité?; approche mixte?;
entretien
Table des
matières
REMERCIEMENTS ET DEDICACES
iii
RESUME
iii
TABLE DES MATIERES
iv
LISTE DES TABLEAUX
vii
LISTE DES SIGLES, SYMBOLES ET
ABREVIATIONS
viii
LISTE DES ANNEXES
ix
CHAPITRE I
1
INTRODUCTION GENERALE
1
1.1- Motivation du sujet
2
1.2- Problème de recherche
3
1.3- Description du sujet
4
1.4- Questions de recherche
5
1.5- Objectifs de la recherche
5
1.6- Division du travail
6
CHAPITRE II
7
2. REVUE DE LA
LITTERATURE
7
2.1- Qu'est-ce que le VIH??
7
2.2- Qu'est-ce que le SIDA??
7
2.3- Nuance entre VIH et SIDA
8
2.4- Statut sérologique du
VIH/SIDA
9
2.4-1. Séropositivité
9
2.4-2.
Séronégativité
9
2.5- Situation épidémiologique
du VIH/SIDA
10
2.5-1. Au niveau mondial
10
2.5-2. En Haïti
10
2.6- Mode de transmission du VIH/SIDA
11
2.7- Définition de la
dépression
12
2.8- Les causes de la dépression
12
2.9- Les signes et symptômes de la
dépression
14
2.10- Critères de diagnostic de la
dépression
17
2.11- VIH/SIDA et dépression
20
CHAPITRE III
23
3. METHODOLOGIE
23
3.1- Présentation du terrain de
recherche
23
3.2- Approche mixte
24
3.3- Méthodes utilisées
25
3.3-1. Entretien
25
3.3-2. Outil utilisé : guide
d'entretien
25
3.4- Déroulement des activités
et collecte des données
27
3.4-1. Procédures de recrutement des
participants
27
3.4-2. Stratégie pour obtenir le
consentement des participants
27
3.4-3. Méthodes de notation des
informations
28
3.4-4. Lieu et durée des
entretiens
28
CHAPITRE IV
29
4. PRESENTATION DES
RESULTATS
29
4.1- Participants
29
4.2- Question de depart portant sur la
considération du VIH/SIDA
32
4.3- Compréhension et perception de
la séropositivité
34
4.3-1. Question portant sur le
résultat communiqué
34
4.3-2. Question portant sur le sens
donné au résultat communiqué
35
4.3-3. Question portant sur les
réflexions faites après le résultat
36
4.3-4. Question portant sur les sentiments
éprouvés
39
4.3-5. Question portant sur
l'expérence de la séropositivité
40
4.4- Impacts psychologiques de la
séropositivité
42
4.4-1. Question portant sur la difference
psychique entre avant et après la séropositivité
42
4.4-2. Question sur l'opinion des
participants concernant les conséquences psychiques du VIH
43
4.5- Signes et symptômes de la
dépression
44
4.5-1. Symptômes majoritaires
44
4.5-2. Symptômes minoritaires
46
4.6- Conclusion de l'entretien
47
CHAPITRE V
49
5. ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS
49
5.1- Question de départ
49
5.2- Compréhension et perception de
la séropositivité
51
5.3- Impact psychologique de la
séropositivité
56
5.4- Signes et symptômes de la
dépression
57
5.4-1. Cas des sujets dépressifs
57
5.4-2. Cas des sujets non
dépressifs
60
5.5- Analyse sur le facteur de nombre
d'années avec la séropositivité
61
5.6- Discussion
63
5.6-1. Ce que cette recherche nous a
appris
63
5.6-2. Potentiel intervention
psychoéducative dans le cas de VIH/SIDA
64
5.6-2.1. Structure d'ensemble
64
5.6-2.1.1. Axe central
64
5.6-2.1.2. Composantes satellites
65
5.6-2.2. Schèmes relationnel
67
CONCLUSION
69
Limites de la recherche
72
Perspectives de recherche
72
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
74
Annexes
0
Annexe I : Guide d'entretien
0
Annexe II : Les données brutes
3
Liste
des tableaux
Tableau 2.1 : Les critères diagnostiques d'un
épisode dépressif (la CIM-10)...........p. 18
Tableau 4.2 : Profil sociodémographique de
tous les patients............................ p. 31
Tableau 4.3 : Signes et symptômes majoritaires
de la dépression ..................... p. 46
Tableau 4.4 : Signes et symptômes minoritaires
de la dépression....................... p. 47
Liste des sigles, symboles
et abréviations
APMS : Appui Psycho Medico Social
APA : American Psychiatric Association
ARV : Anti RétroViral
CDS : Centre pour le Développement et la
Santé
CHC-UEHL : Campus Henry Christophe de l'Université
d'Etat d'Haïti à Limonade
CIAT : Comité Interministériel
d'Aménagement du Territoire
CIM : Classification Internationale des Maladies
DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders
(Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux)
IST : Infection Sexuellement Transmissible
MSPP : Ministère de la Santé Publique et de la
Population
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONUSIDA :Programme Commun des Nations Unies sur le
VIH/SIDA
PVVIH : Personne Vivant avec le VIH
SIDA : Syndrome d'immunodéficience Acquise
UNICEF : United Nations International Children's Emergency
Fund (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance)
VIH : Virus de l'immunodéficience Humaine
Liste des annexes
Annexe I : Guide d'entretien
Annexe II : Les données brutes
CHAPITRE I
Introduction
générale
Le VIH/SIDA est l'un des maladies la plus mortelle à
travers l'histoire de l'humanité. En raison de sa chronicité, de
sa capacité d'enrayer la race humaine, son poids dans l'economie des
pays et son impact psychologique sur les séropositifs et les autres
membres de la société, cette maladie mobilise les chercheurs les
plus experimentés des meilleurs universités, les centres de
recherches les plus pointus et les centres pharmaceutiques. Le nombre de
décès qu'elle provoque continueinterpeller les autorités
étatiques, les autorités religieuses, les philantropes et les
chercheurs en vue de soulager la misère des séropositifs et les
membres de leur famille.
Des statistiques mettant en evidence de nombre de
décès annuels du VIH/SIDA, le nombre d'infectés qui ont
accès au traitement (physique et psychique) pourraient susciter des
répercussions psychologiques plus ou moins grave. Cependant, des
réactions peuvent aider l'être humain à faire face à
cette situation. Ces réactions sont probablement dues à
l'instinct de survie. Cette faculté innée incite l'homme à
avoir des réactions spontanées sans qu'aucun apprentissage n'ait
été préalablement fait. À chaque situation qui lui
met en danger tant sur le plan psychique que somatique, il s'efforce de
contourner le danger, de le surmonter ou de le fuir afin de sauvegarder son
existence. Ainsi, il met en exercice des conduites inscrites dans le patrimoine
génétique qui influent les circonstances.
L'instinct de suivie est un phénomène fascinant
chez l'homme. Il n'est ni injectable ni stimulable, mais inné qui peut
varier d'un individu à l'autre ou d'une culture à l'autre. Dans
beaucoup de cultures, quelle qu'en soit la nature des difficultés,
qu'elle soit d'ordre économique, physique, sanitaire ou psychique,
l'être humain tente souvent de le contourner ou d'y faire face. Cet
instinct de vie ou de survie peut susciter chez l'être humain le
désir de vivre et de profiter de la vie même face à de
grandes difficultés.
Cependant, lorsqu'un facteur interne ou externe menace ce
désir de vivre, ceci peut être une expérience traumatisante
qui peut affecter la santé psychique d'un individu. Le cas d'une maladie
chronique dans le quotidien d'un individu peut être
considéré comme facteur exogène traumatisant.
En ce sens, Richa (2006) estimait qu'une maladie chronique
peut provoquer des problèmes psychologiques. En illustrant le SIDA, il
soutient que lors de l'annonce de la séropositivité les patients
ressentent des problèmes psychologiques. Il se base sur la
dépression pour soutenir son idée. Cette dépression est
due, pense-t-il, à la peur de la maladie et de la mort, la gêne
due à la douleur provoquée par le traitement, l'isolement et la
perte de l'estime de soi. C'est pourquoi, voulant mieux comprendre les impacts
que la séropositivité puissent avoir sur le patient
infecté, nous avions jugé bon de porter cette recherche sur cette
thématique : VIH/SIDA et dépression.
1.1- Motivation du sujet
Suite à une période de stage d'observation et
d'intervention auprès de la population séropositive à
l'hôpital de Fort-Liberté, il a été constaté
que les patients présentaient des troubles psychiques qui étaient
causés probablement par la séropositivité. Il a
été jugé necessaire de formuler notre travail de recherche
ainsi « Impacts psychologiques de la
séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital
Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la
dépression. »
Mais qu'est-ce qui a impulsé la mise en oeuvre de ce
sujet ? Suite à un stage d'environ six (6) mois auprès des
personnes séropositives à l'hôpital Saint-Joseph de
Fort-Liberté, en tant que stagiaire en psychoéducation et
psychologie, notre attention a été retenue face aux souffrances
psychiques dont faisaient face ces patients. L'image que notre
société se fait du VIH/SIDA, dont le fruit est la discrimination
et la stigmatisation, suscite chez ces patients encore plus de souffrances
psychiques. De ce fait,dans ce travail empirique nous comptons juger le niveau
de dépression chez les patients séropositifs. En effet, certains
d'entre eux n'ont pas fait ou fini le deuil de leur maladie, d'autres utilisent
des mécanismes de défense pour survivre.
Une telle observation nous a interpellé en tant
qu'étudiant-chercheur afin de faire de ce phenomène un objet
d'etude. Une telle rechreche peut nous anemer à explorer et
décrire ce phenomène. Il revient donc d'évaluer
l'incidence de la séropositivité sur la santé mentale des
patients infectés. Une telle recherche peut nous amener en tant
qu'étudiant-chercheur à trouver une réponse
appropriée à la santé mentale des personnes
séropositives, spécialement celles qui fréquentaient
l'hôpital de Fort-Liberté.
1.2- Problème de recherche
L'annonce d'une maladie chronique n'est pas toujours facile
à digérer. Lacroix(1996)estimait que le premier
réflexe est le choc. Ce choc peut aller de la surprise à
l'angoisse. Le déni qui consiste à rejeter inconsciemment le
sentiment de menace ou la situation menaçante est une autre étape
souvent franchie à l'annonce d'une maladie chronique. Puis vient la
révolte qui est la représentation d'une évolution
nécessaire puisque le sujet peut ainsi commencer par prendre conscience
que la maladie est bien réelle. L'étape du marchandage
correspond à la volonté du sujet d'en tirer le meilleur compte en
cherchant des accommodements. Puis vient la dépression qui se
manifeste par la tristesse, le retrait et le repli sur soi. Finalement, le
sujet peut passer par la résignation et l'acceptation. Ces
étapes nous permettent de comprendre que l'annonce d'une maladie
chronique provoque nécessairement des répercussions
psychiques.
La prévalence des troubles mentaux chez les personnes
atteintes du VIH est amplement plus élevée que dans la population
en général. Le VIH/SIDA est grand fardeau
mental. Lesséropositifssouffrent fréquemment de
dépression et d'anxiété. Pour faire face à ce
fardeau psychologique que représente leVIH/SIDAles sujets
infectés utilisent leur potentiel adaptatif pour surmonter la
difficulté de vivre avec une maladie chronique potentiellement mortelle,
une réduction de l'espérance de vie, à la stigmatisation,
à des schémas thérapeutiques compliqués et à
la perte du soutien social, de la famille ou des amis (OMS, 2008). Ce
sont sûrement ces répercussions du VIH qui affectent la
santé mentale des séropositifs au point de compromettre
leur épanouissement social et spirituel. Par rapport à ce
que peut représenter le VIH dans la vie d'un sujet infecté nous
sommes intéressés à ce phénomène afin de
mieux comprendre les impacts psychologiques de la séropositivité
chez un séropositifs haïtiens.
1.3- Description du sujet
Des concepts clés comme impacts psychologiques,
séropositivité, patients adultes et manifestations de la
dépression devraient, dans un tel sujet, retenir notre attention. Les
impacts psychologiques en question renvoient aux répercussions positives
ou négatives que peut avoir la séropositivité sur un
patient infecté. C'est-à-dire la façon dont le VIH/SIDA
affecte le psychisme du patient séropositif. Parlant de
répercussions, dans notre sujet, nous prendrons en considération
l'influence psychologique de la séropositivité sur le patient
séropositif. Il peut s'agir d'un trouble psychologique comme la
dépression, l'anxiété ou le stress. Mais nous nous sommes
surtout concentrés sur la dépression.
En ce qui concerne la séropositivité,
Dimitrijevic et al. (2003) révèlaient que quand une
personne a été exposée au VIH et est contaminée,
son organisme réagit et produit des anticorps contre le virus. Des
techniques de dépistage permettent de trouver le virus dans le sang de
la personne. Après un test de dépistage, au cas où le test
est positif, on dit de la personne qu'elle est séropositive. Donc, une
personne séropositive est celle qui est infecté par le
VIH/SIDA.
Dans notre recherche, le facteur d'âge ou de stade de la
vie est bien pris en considération. Chaque groupe d'âge
n'appréhende pas la séropositivité de la même
manière. Dans certains cas, il peut être psychologiquement plus
difficile à un adolescent d'accepter sa séropositivité
qu'un adulte du deuxième âge. De ce fait, nous considérons
l'âge adulte. Il est difficile d'établir avec précision
l'âge adulte. Dans la culture haïtienne, être adulte peut
signifier entre autres : l'intégration du marché du travail
pour certains, le départ du foyer familial ou l'obtention du premier
diplôme universitaire ou le mariage ou la naissance du premier
bébé pour d'autres.
Cependant, en Haïti, la Constitution de 1987
amendée reconnaît dans l'article 16.2 que l'âge de la
majorité est fixé à dix-huit (18) ans. Dans
l'article 17, la Constitution haïtienne admet qu'à dix-huit
(18) ans accomplis un individu peut jouir de ses droits civils et politiques
dans la mesure où il répond aux exigences faites par la
constitution et par la loi. De ce fait, au cours de notre recherche les sujets
qui participaient à nos entrevues de recherche étaient
âgés de plus de dix-huit (18) ans.
Les manifestations de la dépression sont l'ensemble des
signes et symptômes physiques, biologiques et psychologiques de la
dépression. Gelabert (2007) considérait la dépression
comme un trouble affectif qui se manifeste par un sentiment de tristesse
persistante, irrationnelle et incontrôlable. Il soulignait plus loin que
ce trouble affecte l'organisme, l'humeur, la pensée, l'appétit,
le sommeil et l'estime de soi.Il argumentait que la dépression
s'accompagne de l'anhédonie qui est l'incapacité à
éprouver du plaisir, des pensées persistantes, d'une sensation de
perte d'énergie et aussi des symptômes somatiques qui influencent
le rendement vital du sujet.
1.4- Questions de recherche
Dans beaucoup de sociétés, y compris la
société haïtienne, le VIS/SIDA a une mauvaise
représentation sociale. De plus, les personnes infectées sont
stigmatisées et discriminées. Ceci impactent davantage la
santé mentale des sujets séropositifs. Souad (2014) exposait
plusieurs aspects psychiatriques suscités par l'infection du VIH qui
sont : les troubles psychiatriques, les troubles dépressifs, des
conduites suicidaires, des troubles anxieux, des épisodes maniaques, des
troubles psychotiques, des troubles neuropsychiatriques, etc. En faisant du VIH
un objet d'étude, beaucoup de questions de recherche peuvent être
posées qui sont relatives à l'aspect psychique du VIH. En ce qui
concerne notre travail de recherche, notre principale question de recherche
s'intitule : En quoi la séropositivité peut-elle impacter le
psychisme du patient adulte ?À cela s'ajoutent deux questions
spécifiques : quelles sont les manifestations de la
dépression chez les patients adultes séropositifs?? Quelest le
jugement clinique de cette dépression??
1.5- Objectifs de la recherche
Dans le cadre de cette recherche des objectifs ont
été fixés pour nous faciliter à mieux
réaliser cette étude. Donc, nous avons trois objectifs de
recherche qui consistent à :
1. Décrire les manifestations de la dépression
chez les patients adultes séropositifs.
2. Etablir un jugement clinique de la dépression chez
les patients séropositifs.
3. Comprendre l'incidence de la séropositivité
sur la santé mentale des patients.
Ces objectifs nous servent d'apport pour nous aider à
mieux étudier le phénomène à travers cette
recherche appliquée et apporter de nouvelles idées qui seront
utiles à la communauté scientifique.
1.6- Division du travail
Cette recherche comprend cinq chapitres : 1) Introduction
générale 2) Revue de la littérature 3) Méthodologie
4) Présentation des résultats 5)Analyse et interprétation
des résultats. La revue de la littérature comprend trois
aspects : les données générales du VIH/SIDA, la
dépression et une association entre le VIH/SIDA et la dépression.
Au cours du cadre methodologique nous presentons les principales
méthodes et techniques de recherche dont nous avions utilisé. Les
principaux résultats obtenus sont presentés au chapitre quatre.
L'analyse, l'interprétation des resultats et la discussion sont
présentées au chapitre cinq. Nous terminons ce travail avec une
conclusion dans lequel nous limitons cette recherche et proposons d'autres
perspectives de recherche.
CHAPITRE II
2. Revue de la littérature
Dans ce chapitre nous abordons dans un premier temps les
données générales sur le VIH/SIDA dont la
définition, la nuance entre le VIH et le SIDA, les statuts
sérologiques, la situation épidémiologique mondiale et en
Haïti et les principaux modes de transmission.Dans un second temps, nous
présentons la dépression en commençant par sa
définition, pour enchainer avec ses principales causes et ses principaux
signes et symptômes. Dans un dernier temps, nous associons la
dépression au VIH/SIDA pour étayer l'incidence psychique du
VIH/SIDA.
2.1- Qu'est-ce que le VIH??
Le Ministère de la Santé Publique et
de la Population (MSPP, 2016) définit le sigle du VIH comme
Virus de l'Immunodéficience Humaine.Ce virus se transmet d'une personne
à l'autre par contact sanguin ou par transmition de la mère
à l'enfant ou par le sperme et sécrétion vaginales lors
des rapports sexuels à risques.Il pénètre dans
l'organisme, se propage et attaque le système immunitaire qui
protège l'organisme contre les maladies.
L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS,
2017) clarifie que le Virus de l'Immunodéficience
Humaine (VIH) est un rétrovirus qui s'attaque aux cellules du
système immunitaire et les élimine.Le premier stade de
l'infection est un stade asymptomatique.Cependant, l'évolution de ce
rétrovirus engendre l'affaiblissement du système immunitaire et
le rend plus vulnérable aux maladies opportunistes.
2.2- Qu'est-ce que le SIDA??
Le Petit Larousse Médical (2011) souligne que
le SIDA (Syndrome de l'Immunodefficience Acquise) est la forme
évoluée de l'infection du VIH qui est causée par une
immunodépression majeure.Au cours de ce stade, des infections
opportunistes liées à des micro-organismes sous formes de
bactéries, de virus, demicrochampignons ou de parasitesse
manifestent.Ces micro-organismes exploitent la faiblesse du système
immunitaire pour se développer.
L'Appui Psycho Medico Social (APMS) et
al. (2011) décante le sens de chaque concept du sigle
SIDA.Parlant de syndrome, nous nous se réfèrons à un
ensemble de symptômes et signes?; l'immunité renvoie à
la capacité de l'organisme à se
défendre?; déficitaire, explique l'affaiblissement du
système immunitaire et acquis parce que cette déficience n'est
ni innée ni héréditaire mais, le sujet
l'attrape à un moment de sa vie.
Pour le Ministère de la Santé Publique de la
Population (MSPP, 2016) le SIDAse définit comme Syndrome
d'Immunodéficience Acquise. L'infection du VIH détruit au fur et
à mesure le système immunitaire rendant l'organisme
défaillant face à des infections opportunités qui
aggravent la santé de la personne infectée. A ce stade, des
symptômes peuvent apparaître et cela sur une période
située entre 10 à 15 ans. Donc le SIDA est la forme
évoluée du VIH, la dernière phase de la maladie.
2.3- Nuance entre VIH et SIDA
Quand nous faisons référence au VIH, il est
souvent accompagné du SIDA.C'est pourquoi nous
parlons généralement de VIH/SIDA.Bien que ces deux
acronymes marchent souvent de pairs, il existe une nuance entre le VIH et le
SIDA.
Il faut rappeler que le VIH signifie Virus de
l'Immunodéficience Humaine.C'est le nom donné à
l'infection dès qu'une personne a été fraîchement
contaminée.
Comme l'énonce la Santé Publique de
France (2017), le VIH est responsable du SIDA.Quand une personne a
été infectée par le VIH, elle peut être bien
portante et ne présente aucun symptôme.À ce stade, le virus
n'affaiblit pas encore le système immunitaire.
Cependant, comme le souligne l'Organisation mondiale de la
Santé (2017), le SIDA qui est le Syndrome d'Immunodéficience
Acquise (SIDA), est la phase finale de l'infection.Bien que les
antirétroviraux puissent retarder l'évolution de l'infection,
mais ils ne peuvent pas empêcher le patient d'atteindre la phase du SIDA.
On peut parler deSIDA quand le système immunitaire se
détériore au bout de quelque temps après avoir
été infecté par le VIH.
2.4- Statut sérologique du VIH/SIDA
2.4-1. Séropositivité
Dimitrijevic et
al. (2003) révèlent que quand un individu
a été exposé et contaminé par le VIH, son organisme
produit des anticorps particuliers contre ce virus. Une fois que ces anticorps
sont trouvés grâce à des techniques classiques de
dépistage, il est évident que cet individu a été
infecté par le VIH. Dans ce cas, on dit de cette personne qu'elle est
séropositive.
Le Larousse Médical (2012) considère
comme séropositive toute personne dont le sérum contient des
anticorps spécifiques d'une infection.Cette appellation est
donnée à toute personne porteuse du VIH.Pour déterminer
son statut de séropositivité, il est nécessaire de se
faire dépister.Un test sérologique positif signifie que les
anticorps recherchés ont été mis en évidence par le
test.Pour ce qui concerne le SIDA, la séropositivité
témoigne de la présence d'anticorps dirigés contre le
VIH.En général, au cours de la séropositivité, le
sujet ne présente pas de symptômes, il est encore en bonne
santé, mais n'est pas encore malade du SIDA.Dans d'autres cas, il
est séropositif et présente des symptômes.
2.4-2.
Séronégativité
Butrin et Valnes (2011) considèrent comme
séronégative une personne qui n'est pas infectée par le
VIH/SIDA. Un séronégatif est quelqu'un dont le sérum
(composant du sang) n'a pas d'anticorps relatifs à un agent infectieux,
et qui ne révèle pas sa présence dans l'organisme ou donc
de l'absence du VIH/SIDA.
Le Larousse Médical (2012) qualifie de
séronégative toute personne dont le sérum sanguin ne
contient pas des anticorps recherchés. Ce terme est souvent
employé à l'égard des personnes qui n'ont pas d'anticorps
contre le VIH.Une personne est aussi considérée
comme séronégative quand le test sérologique a
été réalisé trop tôt après la
contamination.Cependant, il se peut que la personne soit infectée, mais
le test sérologique révèle un
résultat séronégatif.Pourtant, quelque temps
après, le résultat peut être positif.Si le test est
effectué avant la période de séroconversion, on peut
obtenir de pareils résultats.Quand le test de dépistage est
passé avant la période de séroconversion (ou
période fenêtre) qui est la période pendant laquelle
les anticorps anti-VIH apparaissent dans le sang suite à une
contamination par le virus, il est difficile de déterminer si
la personne est séropositive ou pas.À ce moment, le
résultat reste indéterminé parce que les anticorps sont
détectables qu'à partir du 21ème jour
après la contamination (ils apparaissent au plus tard dans les 3
mois qui suivent la contamination).Au cours de cette période, la
personne porte le virus et peut le transmettre à d'autre personne, mais
est encore considérée comme séronégative.
2.5- Situation épidémiologique du VIH/SIDA
2.5-1. Au niveau
mondial
L'Organisation des Nations Unies pour la Lutte contre le SIDA
(ONUSIDA) estime que plus 76,1 millions de personnes ont été
infectées par le VIH depuis le début de
l'épidémie.Plus de 35 millions sont déjà
décédées. Elle avance également qu'en 2016,à
l'échelle mondiale, près de 37 millions de personnes dans le
monde vivaient avec le VIH et plus d'un million sont mortes de maladies
liées au SIDA. Parmi cette totalité d'infectés
enregistrés, plus de 34 millions de ces personnes séropositives
étaient des adultes, plus de 17 millions étaient des femmes de 15
ans et plus, les enfants représenateint plus de 2 millions. (ONUSIDA,
2017)
Certes, le VIH/SIDA est une maladie chronique, mais
toute personne séropositive peut suivre un traitement pour
le VIH/SIDA, mais ce ne sont pas toutes les personnes infectées qui
ont accès au traitement.L'OMS indique le traitement
antirétroviral (ARV) permet de supprimer au maximum le VIH et
d'arrêter l'évolution de la maladie.Par conséquent, depuis
2015, l'OMS recommande de traiter les personnes séropositives, surtout
au premier stade du virus.Toutefois, il a été constaté que
parmi les 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH en 2016, seulement 19,5
millions de personnes avaient accès à un traitement
antirétroviral contre 17,1 millions en 2015 et 7,7 millions en 2010.
2.5-2. En
Haïti
Le Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA
révèle qu'en Haïti, plus de 150?000 personnes vivaient avec
le VIH/SIDA en 2016, (ONUSIDA, 2017).Environ 55 % avaient
accès au traitement antirétroviral.Dans cette même
année, 7?900 nouvelles infections du VIH ont été
enregistrées et 4?600 de personnes décédées ont des
causes liées au SIDA.
En ce qui concerne les enfants, le Fonds des Nations Unies
pour l'Enfance révèle que 6?800 enfants et 58?000 femmes
sont estimés être séropositifs en 2007. De plus, 18 %
des enfants haïtiens (moins de 380?000) sont devenus orphelins
à la mort d'un parent atteint du VIH/SIDA.Les efforts pour lutter contre
le VHI/SIDA ont fait leurspreuves, car en 2010 une réduction
de 25 % a été constatée pour les nouvelles infections
à VIH et les décès liés au SIDA ont diminué
de 24 % (UNICEF, 2017).
2.6- Mode de transmission du VIH/SIDA
Le Larousse
Médical (2012) énumère trois modes de
contamination du VIH/SIDA :voie sexuelle, voie sanguine et
transmission de la mère à l'enfant pendant la grossesse ou
après l'accouchement. La voie sexuelle est le mode de
contamination le plus fréquent.Toutes les pratiques sexuelles sont
susceptibles de transmettre le VIH/SIDA, même quandcertaines sont
plus à risque que d'autres.En ce sens, on considère que le
coït (vaginal ou anal) est plus à risque de transmettre
le virus.À l'échelle mondiale, de 75 % à 85 %
des contaminations à VIH ont été contractées lors
des rapports sexuels non protégés où la transmission du
virus se fait par la mise en contact des muqueuses (vagin ou
rectum) avec des sécrétions sexuelles (sperme, glaire
cervicale) ou avec du sang contenant le virus.
Un autre mode de contamination énoncée par le
Larousse Médical est la voie sanguine.Cette mode de contamination peut
se faire de trois manières : par transfusion sanguine ou de
dérivé du sang, de piqûres accidentelles et par voie
veineuse avec partage de seringue.Lors des transfusions sanguines, quand le
sang transfusé a été contaminé et ne subit pas de
dépistage au VIH, le patient qui reçoit la transfusion peut
attraper le virus du SIDA à cause du sang contaminé.Ce cas est
aussi valable quand des dérivés de sang sont utiliséss
à d'autres personnes.Les piqûres accidentelles sont
estimées à un risque de 0,32 %.Ce mode de transmission qui
peut se faire avec une aiguille souillée par du sang contaminé
est varié en fonction de la charge virale du patient déjà
contaminé et de la profondeur de la piqûre.La voie veineuse
consiste à utiliser une seringue contaminée pour se droguer.Sa
probabilité de transmission est estimée à 0,67 %.Il
faut aussi rajouter que l'utilisation des objets coupants qui mettent en
contact le sang contaminé avec un autre qui ne l'est pas est
également susceptible de transmettre le virus.
La transmission du VIH de la mère à l'enfant est
probable pendant toute la période de gestation, mais essentiellement
pendant l'accouchement et au cours de
l'allaitement.Cependant, des médicaments
antirétroviraux et des techniques obstétricales
permettent de diminuer le taux de
contamination maternofoetale de VIH.
2.7- Définition de la dépression
Bertrand-Servais (2004) précisait que la
dépression est une maladie qui se caractérise par une
altération de l'humeur qui change la personnalité.Cette
altération plus ou moins grave se caractérise par une tristesse,
des troubles psychologiques, physiques et comportementaux qui affaiblissent et
handicapent la personne concernée.Cette maladie dont les causes sont
d'ordres mentaux concerne aussi bien le bébé que la personne
âgée.
Pour Hawkins (2006), la dépression est une maladie
qui implique le corps, l'esprit, la pensée. La dépression affecte
l'appétit et le sommeil, la vision de soi et perspective
ambiante.Hawkins soulignait que c'est à la fois une difficulté
biologique et psychologique, sociale et spirituelle. La dépression est
différente d'une tristesse passagère, qui résulte une
situation attristante. On peut faire face à la déprime sans pour
autant être dépressif.La déprime est un état
d'âme, un mal-être.Pourtant, la dépression est un trouble
psychologique qui réunit un ensemble de symptômes bien
précis.
2.8- Les causes de la dépression
En ce qui concerne les causes de la
dépression, Bertrand-Servais (2004) mettait surtout l'accent
sur la dépression réactionnelle à une perte. La possession
de quelque chose ou un lien avec quelqu'un peut engendrer un lien
affectif.Quand ce lien affectif se brise, ce qui engendre une perte, cela peut
créer un vide affectif chez la personne perdante, ce qui peut susciter
des symptômes dépressifs.Cette perte peut s'agir de la mort d'un
être proche, d'un divorce, d'une séparation, de la perte d'un
emploi, d'un souci à répétition, d'un chômageou la
perte de la santé ... Les causes de la dépression sont, en
fait, assez variées. Quelle qu'en soit la cause, la similarité
est la rupture d'un lien affectif.Cette rupture peut engendrer la souffrance
chez la personne.À ce moment, la personne souffre et ne peut s'en
passer, elle perd parfois le goût de vivre.Cette période vraiment
douloureuse communément nommée «?période de
deuil?» est vue comme normale et nécessaire, car elle
représente un obstacle que la personne doit surmonter pour continuer
à vivre.
Gelabert (2007) quant à
lui énumère quatre causes de la
dépression : biologique, psychologique, social et
événementiel.
Sur le plan biologique, il aborde deux aspects : l'aspect
génétique et neurochimique.Sur le plan génétique,
il illustre l'exemple d'un frère jumeau.Quand un frère jumeau est
déprimé, il est fréquent que l'autre en souffre aussi.En
outre, il est fréquent que les parents au premier degré d'un
dépressif souffrent également de dépression.L'aspect
neurochimique met en évidence le lien étroit qui existe entre la
dépression et une carence de certains neurotransmetteurs.Il faut tenir
compte des troubles de sommeil, de la tristesse persistante, de la perte
d'intérêt pour les activités habituelles, des
problèmes de concentration pour mieux comprendre l'aspect neurochimique
de la dépression.Par exemple, une carence en sérotonine engendre
les troubles du sommeil.Il faut aussi souligner qu'un déficit en
noradrénaline peut être à l'origine du symptôme de
perte d'intérêt et de fatigue et une diminution en dopamine
à un effet considérable sur les faibles sensations de plaisir que
peut ressentir une personne dépressive.La dopamine qui est
considérée comme l'hormone du bonheur, sa carence
provoque l'anhédonie qui est l'incapacité à
éprouver du plaisir qu'on éprouvait avant dans certaines
activités habituelles.
Sur le plan psychologique, des pensées irrationnelles
et négatives sur soi-même, sur le futur et sur le monde peuvent
causer la dépression.Gelabert (2007) ajoute également
que les personnalités dépendantes et obsessives liées
à des traits névrotiques qui rendent le sujet vulnérable
face au stress peuvent être à l'origine de la dépression.Il
considère aussi que les facteurs sociaux comme la classe sociale,
l'ethnie et l'appui social, l'âge et le sexe sont des facteurs sociaux
pouvant causer la dépression.Pour ce qui est de la classe sociale, la
dépression touche particulièrement les personnes dont le statut
socioéconomique est faible.D'autre part, la dépression bipolaire
touche fréquemment les personnes dont le statut socioéconomique
est aisé.
Sur le plan ethnique, la différence significative entre
les groupes ethniques et culturels peut favoriser la dépression.Par
exemple dans les sociétés méditerranéennes et
latines, les sujets ont des maux de tête et se plaingent de souffrir de
nerf.Pourtant, chez les Asiatiques, ils se plaingent plutôt plus
fréquemment de fatigue, faiblesse et de manque d'équilibre.La
rareté des relations interpersonnelles essentiellement avec le manque de
confidents quand on fait face à des situations de complexité
peuvent affecter le psychisme qui est un facteur de mauvais pronostic de la
dépression.L'âge et le sexe sont des facteurs pouvant influencer
la dépression.Par exemple, les troubles bipolaires débutent
habituellement entre 20 et 30 ans et le trouble dépressif est deux fois
plus fréquent chez les femmes que les hommes.
Enfin, les évènements cruciaux comme le fait de
vivre une guerre, la perte d'un emploi ou d'un être cher, une maladie
chronique peuvent provoquer un mal-être psychologique chez une personne
au point de conduire à la dépression.
2.9- Les signes et symptômes de la
dépression
En présentant les signes et symptômes de la
dépression Bertrand-Servais (2004) considère trois
aspects : l'aspect psychologique, l'aspect physique et somatique.
Les symptômes psychologiques se manifestent par des
troubles de l'humeur et de la personnalité.La personnalité de la
personne devient changeante.Tantôt, elle perçoit le monde
différemment et tantôt elle le voit de la même
manière.Elle est envahie par des sentiments d'inquiétude, de
tristesse et d'absence de désir.Sa tristesse est souvent
accompagnée de pleurs.L'isolement, le désinvestissement des
plaisirs de la vie qui procuraient des bienfaits, le
désintérêt pour les autres, un sentiment de
culpabilité, une diminution de l'aptitude à penser et à se
concentrer, la perte de confiance en soi et le pessimisme sont des signes de la
dépression.Généralement, l'anxiété fait
partie des symptômes dépressifs.Ce symptôme plus ou moins
intense et varié est caractérisé par la peur d'un
évènement majeur ou par une incertitude angoissante de
l'avenir ; elle provoque des sensations d'angoisse et d'inquiétudes
extrêmes.
Sur le plan physique, on peut noter certains symptômes
comme les troubles du sommeil qui peuvent varier par des
réveils matinaux précoces, des réveils
fréquents, des difficultés à s'endormir ou des
insomnies.Les troubles de sommeil peuvent aussi se manifester de façon
excessive.Par exemple, la personne dépressive peut passer son temps
à dormir.Ce sommeil ne consiste pas en un sommeil réparateur, car
au réveil, la personne est encore plus fatiguée. En ce qui
concerne le plan physique de la dépression, d'autres symptômes
à considérer sont les modifications de l'appétit et une
baisse d'énergie. Les modifications de l'appétit se traduisent
par une réduction considérable de l'appétit ou une
augmentation de celui-ci.Ceci peut engendrer soit une perte de poids ou une
augmentation de poids.La perte d'énergie, quant à elle, se
manifeste par un ralentissement psychomoteur avec une augmentation de la
fatigabilité et une diminution considérable de la
libido.
Les symptômes somatiques les plus fréquents dans
la dépression sont des symptômes
gastro-intestinaux (Exemple : des douleurs abdominales), des
symptômes cardiovasculaires (Exemple : respiration courte sans faire
d'efforts), des symptômes génito-urinaires (Exemple :
sensations désagréables dans ou autour des organes
génitaux), des symptômes dermatologiques (Exemple :
taches cutanées), des douleurs diverses (Exemple : dans
le dos, dans les membres), les migraines et la chute des cheveux.
Finalement, la dépression est rarement
accompagnée de délires et d'hallucinations.Toutefois, ils sont
réactionnels à la phase aiguë de la maladie pour
s'arrêter quand on la soigne.Ces symptômes s'inscrivent dans le cas
de troubles psychotiques.
L'Association de Psychiatrie Americaine (APA) dans le
mini DSM-5 (2016) présentait les principaux types de troubles
dépressifs avec leurs signes et symptômes.
Il énumèrait le trouble disruptif avec
dysrégulation émotionnelle, le trouble dépressif
caractérisé, le trouble dépressif persistant, le
trouble dysphorique prémenstruel, trouble dépressif
induit par une substance ou un médicament et le trouble dépressif
dû à une autre affection médicale. Dans le cadre de ce
travail de recherche, nous nous intéressons surtout à la
dépression dûe à une affection médicale.
Le trouble disruptif
avec dysrégulation émotionnelle est une forme de
dépression qui se manifeste essentiellement par des crises de
colère.En raison de ce symptôme, la crise de colère
sévère se manifeste verbalement et/ou dans le comportement.Ils ne
sont pas proportionnels en intensité et en durée par rapport
à la situation.Ces crises surviennent en moyenne trois fois par semaine
au plus, et doivent être présents dans au moins trois
situations.
Une autre forme de trouble dépressif est le trouble
dépressif caractérisé.Il se manifeste principalement par
une humeur dépressive et une perte d'intérêt.Cependant,
pour parler de trouble dépressif caractérisé, au moins
cinq des symptômes suivants doivent être réunis : une humeur
dépressive pendant presque toute la journée, une perte
d'intérêt ou de plaisir presque tous les jours, une perte ou gain
de poids en l'absence de régime, une insomnie ou hypersomnie presque
tous les jours, une agitation ou ralentissement psychomoteur, fatigue,
sentiment de dévalorisation, baisse d'aptitude cognitive, idées
de mort récurrentes.
Une autre forme de dépression est la dysthymie.Les
symptômes sont presque les mêmes (humeur dépressive
pendant presque toute la journée, perte d'appétit insomnie ou
hypersomnie, baisse d'énergie faible estime de soi, sentiment de
désespoir, difficultés de concentration, difficultés
à prendre des décisions).
Le trouble dysphorique prémenstruel touche
exclusivement les femmes.Cette forme de dépression est présente
essentiellement au cours du cycle menstruel et est marquée par une
labilité émotionnelle, la colère ou une augmentation des
conflits interpersonnels, une humeur dépressive, une fatigue excessive,
des symptômes physiques (tension ou gonflement des seins, douleur
articulaire ou musculaire) de l'anxiété, une
difficulté à se concentrer, un sentiment de perte de
contrôle, l'hypersomnie ou insomnie et une modification de
l'appétit.Pour parler de cette forme de dépression, beaucoup de
symptômes doivent être réunis pendant la plupart des cycles
menstruels au cours de l'année passée.
Le trouble dépressif induit par une
substance/médicament est causé par la prise d'une substance ou
d'un médicament.Les symptômes doivent survenir quand le sujet
commence à prendre la substance ou le médicament.La persistance
des symptômes est à prendre en considération.Il faut aussi
que le résultat d'examen physique montre clairement que les
symptômes se sont développés après une intoxication
par une substance ou un médicament et que le médicament en
question est capable d'induire les symptômes de la dépression.
Il y a aussi le trouble dépressif dû à une
affection médicale.C'est une période prononcée et
persistante au cours de laquelle une humeur dépressive, une diminution
de l'intérêt ou de plaisir, domine le tableau clinique.L'examen
physique montre que la perturbation est la conséquence
physiopathologique directe d'une autre affection médicale.
L'Organisation Mondiale de la Santé (2018)
révèle qu'à l'échelle mondiale, la
dépression est un trouble mental qui atteint plus de 300 millions
d'individus. Elle a tendance à occasionner une grande souffrance et
altérer la vie professionnelle, scolaire et familiale de l'individu
concerné.Dans les cas extrêmes, elle est susceptible de conduire
au suicide. Dépendamment du nombre de symptômes et de leur
gravité, la dépression ou un épisode dépressif peut
être évalué sur une échelle de léger,
modéré ou sévère.
Dans le cas de la dépression legère, la personne
éprouve quelques difficultés à vaquer à ses
activités professionnelles et sociales courantes, mais continue de
fonctionner avec difficulté ou d'une manière très
limitée.
La dépression se manifeste également par une
humeur morose, une perte d'intérêt et de plaisir, ainsi qu'une
baisse d'énergie causant une diminution de l'activité de la
personne concernée pendant au moins deux semaines. Les personnes qui en
sont atteintes souffrent aussi d'anxiété. Elles ont des
perturbations du sommeil et de l'appétit et peuvent éprouver un
sentiment de culpabilité ou de dévalorisation ; elles ont du
mal à rester concentrer, voire présenter des symptômes
médicalement inexpliqués.
2.10- Critères de diagnostic de
la dépression
Pour diagnostiquer la dépression chez un sujet, il faut
se référer aux critères de diagnostic qui ont
été établis par des instances compétentes. Pour
établir les critères de diagnostic qui peuvent nous permettre de
prononcer un jugement clinique de la dépression, nous nous
référons aux aux critères de diagnostic de l'Association
Americaine de Psychiatrie (APA) dans le mini DSM 5 et à la CIM-10.
Pour faciliter le diagnostic de la dépression,
Bertrand-Servais (2004) se base sur les critères de diagnostic de la
CIM-10. Un professionnel habilité peut poser le diagnostic. Toutefois,
au cas où il y a un blocage langagier, Bertrand-Servais propose un
auto-questionnaire comme l'inventaire de la dépression de Beck qui est
un test de dépression courant. Dans le cas contraire, la personne qui
pose le diagnostic de la dépression peut se référer aux
critères du tableau suivant :
Chapitre 1 tableau 2
Tableau 2.1 : Les critères diagnostiques d'un
épisode dépressif (la CIM-10)
|
A
|
Le patient doit manifester ses troubles dépressifs
depuis au moins deux semaines.
|
B
|
1) Humeur dépressive à un degré nettement
anormal pour le sujet (c'est le patient qui évalue lui-même son
humeur avec son médecin, en fonction de ses ?uctuations),
présente pratiquement toute la journée et presque tous les jours,
dans une large mesure non in?uencée par les circonstances, et persistant
pendant au moins deux semaines ;
(2) Diminution marquée de l'intérêt ou du
plaisir pour des activités habituellement agréables ;
(3) Réduction de l'énergie ou augmentation de la
fatigabilité ;
|
C
|
(4) Perte de con?ance et de l'estime de soi ;
(5) Sentiments injusti?és de culpabilité ou
culpabilité excessive et inappropriée ;
(6) Pensées récurrentes de mort, idées
suicidaires récurrentes, ou comportement suicidaire de n'importe quel
type ;
(7) Diminution de l'aptitude à penser ou à se
concentrer (signalée par le sujet ou observée par les autres) se
manifestant, par exemple, par une indécision ou des
hésitations ;
(8) Modi?cation de l'activité psychomotrice, avec
agitation ou ralentissement.
(9) Perturbation du sommeil de n'importe quel type ;
(10) Modi?cation de l'appétit (diminution ou
augmentation) avec variation pondérale correspondante.
|
Source : Bertrand-Servais M., 2004
|
En plus de ces critères, pour évaluer
l'intensité de la dépression, Bertrand-Servais (2004) soulignait
qu'il y a un ensemble de symptômes qui doit être réuni.
C'est ainsi qu'il propose quatre niveaux de la dépression :
épisode dépressif léger, type 1?; épisode
dépressif moyen, type 2?; épisode dépressif
sévère sans symptômes psychotiques, type 3?;
épisode dépressif sévère avec symptômes
psychotiques.
2.10-1. Épisode dépressif léger,
type 1
Il faut la présence d'au moins deux des trois
symptômes dans la catégorie B et d'au moins un ou deux des
symptômes de la catégorie C. Ce qui fait un total de trois
à quatre symptômes (des critères B et C).
2.10-2. Épisode dépressif moyen,
type 2
Il est nécessaire de relever la présence de huit
symptômes, dont deux de la catégorie B et au moins six de la
catégorie C.
2.10-3. Épisode dépressive
sévère sans symptômes psychotiques, type 3
Il faut la présence de dix symptômes, dont les
trois de la catégorie B. On note une absence d'hallucinations,
d'idées délirantes ou de stupeur dépressive (état
de repli total sur soi où le malade ne communique plus avec le monde
extérieur). Il faut tenir compte d'un ralentissement ou d'une agitation
sévère.
2.10-4. Épisode dépressif
sévère avec symptômes psychotiques
Ces critères correspondent à un épisode
dépressif sévère cité ci-dessus et avec la
présence des hallucinations, les idées délirantes, ou
l'état de stupeur, témoignant d'une psychose mélancolique
où le malade perd conscience de la réalité.
L'Association Américaine de Psychiatrie (APA)à
travers le Mini DSM-5 (2016) proposait une échelle de trois niveaux
pour mesurer la dépression caractérisée : Leger,
moyen, grave.
Dépression légère :
La dépression légère réunit peu ou pas de
symptômes supplémentaires par rapport au nombre nécessaire
pour répondre au diagnostic?; la gravité des symptômes est
originaire d'un sentiment de détresse mais qui reste gérable, et
des symptômes sont originaires d'une altération du fonctionnement
social ou professionnel.
Dépression moyenne : la
quantité de symptômes et/ou de l'altération du
fonctionnement sont compris entre «?léger?»
et «?grave?».
Dépression grave : La
quantité de symptômes est en excès par rapport au nombre
nécessaire pour établir le diagnostic?; la gravité des
symptômes est originaire d'une souffrance importante et ingérable
et les symptômes perturbent grandement le fonctionnement professionnel et
social.
2.11- VIH/SIDA et dépression
Le VIH/SIDA peut avoir une incidence sur la santé
mentale du patient infecté. De tous les troubles psychologiques qui
pourraient affecter les sujets séropositifs, nous nous
intéréssons dans cette recherche à la
dépression. Certaines recherches que nous avons recencé
ci-dessous établissent le lien entre le VIH/SIDA et la
dépression, l'incidence du VIH sur la santé mentale du patient et
la vulnérabilité d'une personne dépressiveface au risque
d'attraper le VIH/SIDA.
Lyketsos et Federman (1996), cité
par Suarez (2000), affirmaient qu'il y a à la fois un
renforcement du risque d'une infection VIH dans la population présentant
des troubles psychiatriques et une proportion élevée de troubles
psychiatriques chez les personnes atteintes du VIH/SIDA.Des troubles
psychiatriques ont été fréquemment retracés au
cours de l'infection par le VIH, notamment, la dépression,
l'anxiété, les troubles de la
personnalité, etc.
Les états dépressifs ont la réputation de
brouiller les fonctions cognitives chez certains
patients séropositifs. Il a été nettement
démontré dans une étude de l'Organisation mondiale de la
Santé, qu'il y a un renforcement de la prévalence de la
dépression chez les patients infectés par le VIH.
(Lyketsos et Federman, 1996), La dépression est l'un des
principaux diagnostics différentiels des troubles cognitifs
modérés de l'infection par le VIH.
En s'appuyant sur l'étude de Lyketsos et
Federman(1996), Sanchez-Valero(2003)avancaient que le VIH peut conduire
à un risque important de dépression.Il soutient que l'état
dépressif peut augmenter au fur et à mesure que l'infection
avance vers le stade du SIDA.Pour ce qui est des
patientsséropositifshospitalisé, la prévalence est
estimée entre 5 - 15 %.Chez les personnes séropositives, la
dépression est le motif de consultation psychiatrique le plus
fréquent.Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'état
dépressif chez les
patients séropositifs.Premièrement, la découverte de
la séropositivité n'est pas toujours bien digérée
psychiquement par le patient.Car, l'évolution
du VIH/SIDA à travers le temps et le nombre de
décès que cette infection a déjà fait à
travers son histoire peut provoquer des troubles de
l'humeur.Deuxièmement, les réactions affectives sont
variées d'un patient à l'autre.En raison des variations de
personnalité, chaque patient ne vit pas la séropositivité
de la même manière.Un patient peut présenter un état
dépressif et un autre non.Il faut dans ce cas considérer les
antécédents psychiatriques et la qualité de réponse
socioaffective de l'entourage du patient.Mais en raison de la chronicité
de la maladie, les conséquences sur la thymie peuvent être
prolongées et passer d'un état dépressif
réactionnel à un état dépressif majeur.Et
finalement, l'incertitude face à l'évolution de l'infection, la
réponse au traitement, la discrimination sociale, l'exclusion sociale
sont des facteurs qui peuvent engendrer la dépression quand la personne
séropositive pense à sa maladie et les phénomènes
qui l'accompagnent.
L'Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2008,
cité par socité Canadienne du SIDA, 2014) a mené une
étude dans laquelle il a été constaté que les
individus ayant une maladie mentale sévère ont un risque
élevé d'attraper le VIH.Diverses raisons justifient cette
situation, particulièrement des facteurs de risque comportementaux
graves et la possibilité que la maladie mentale interagisse avec
l'aptitude de recevoir ou d'utiliser les renseignements afin de se
protéger contre le VIH.L'OMS soutient aussi que
les séropositifs ont plus de risque d'être
exposés à des troubles mentaux que les personnes qui ne sont pas
infectées par le VIH/SIDA.Le niveau de stress élevé
au moment du diagnostic et la chronicité du VIH sont en partie les
causes de l'incidence sur la santé mentale du sujet.
En comparant les personnes vivant avec
le VIH/SIDA au reste de la population, la société
canadienne du SIDA (2014) affirme que les PVVIH ont
plus tendance d'être éteintes par les troubles
dépressifs ou un trouble d'anxiété que le reste de la
population.Des recherches et études ont soutenu une telle
affirmation.
Donc, le VIH/SIDA peut avoir un impact psychique
considérable sur le séropositif. La dépression est la
complication psychique la plus courante chez le patient VIH.En outre,
considérant la chronicité de la maladie, le nombre pesant de
décès qu'elle a déjà causé, le traitement
permanent que le patient doit suivre et la réponse de l'organisme
à ce traitement, la perception sociale de cette maladie qui
engendre souvent la discrimination et la stigmatisation, il est difficile pour
un patientséropositifde ne pas être dépressif à un
moment donné.
CHAPITRE III
3. Méthodologie
Ce chapitre présente le cadre méthodologique de
ce travail de recherche. Nous y présentons le terrain de recherche. Nous
précisons l'approche qui a été adoptée et la
technique de collecte de données. Une description de l'outil de collecte
de données y est faite.
3.1- Présentation du terrain de recherche
Selon le Comité
Interministériel d'Aménagement du Territoire, la commune de
Fort-Liberté s'étend sur une superficie de
256 km2(CIAT, 2003). Elle est bornée au nord par
l'Océan Atlantique, à l'Est par les communesde Ferrier et
Ouanaminthe, au sud par celles de Carice et de Vallières et à
l'Ouest par les communes de Perches et Terrier Rouge. Elle comprend de quatre
sections communales : Dumas, Bayaha, l'Oiseau et Haute Madeleine. En 2012,
la population était estimée à 32?861 habitants
(données recensées en 2003, estimation IHSI 2012 cité par
CIAT 2003). Dans cette ville, nous trouvons l'hôpital
de Fort-Liberté qui constitue notre terrain de recherche.
L'hôpital de Fort-Liberté est une
institution publique qui offre des services de santé physique et mentale
à la population dans la région
de Fort-Liberté. En raison de notre constat, l'hôpital
de Fort-Liberté est le centre hospitalier le plus important de
la ville.Il se situe à la rue Anacaona au numéro
et dirigé par Dr. Isnelle DECOMES. Cette institution publique offre des
services sanitaires visant certainement à améliorer la
santé de la population fort-dauphinoise.
Parmi les services médicaux que l'hôpital de
Fort-Liberté fournit, nous devons signaler les services de consultation
externe, de psychologie, de planification familiale, de prise en charge de
tuberculose, de consultation prénatale, de pédiatrie, de
médecine hommes et médecine femmes, des vaccinations contre la
rougeole, la rubéole, la poliomyélite, etc. Il offre aussi des
services d'odontologie, de petites chirurgies pour les hommes et les femmes,
des accouchements y compris des cas de césarienne.
De tous les services médicaux offerts par
l'hôpital de Fort-Liberté, nous nous intéressons dans
ce travail au service qui offre des soins psychologiques.Ce service est
dirigé par un psychologue spécialisé en psychologie
clinique et assisté par un travailleur social.Il reçoit tous les
patients nécessitant des soins psychologiques qui sont d'ordres
névrotiques.Mais son travail principal est de prendre en charge les
patients séropositifs.Grâce
au counseling post-test, il les aide à faire le deuil de leur
séropositivité, de faire face à cette situation qui semble
être traumatisante.Le travailleur social remplit aussi un travail
important avec la population séropositive qui fréquente
l'hôpital de Fort-Liberté.
De tous les patients qui fréquentent l'hopital de
Fort-Liberté, ce sont les patients séropositifs qui nous
intéressent dans cette recherche. En fait, environ 1555 patients
séropositifs visitaient l'hôpital de Fort-Liberté en 2017.
783 étaient actifs, c'est-à-dire ils suivaient leur traitement et
venaient régulièrement à leur rendez-vous, que ce soit
médical ou psychologique. 226 sont perdus de vue c'est-à-dire que
l'hôpital n'a plus de nouvelles d'eux ; ils rataientdes rendez-vous
médicaux. Ils etaient considérés comme perdus de vue
à partir de 3 mois sans nouvelles. 274 sont décédés
tout en suivant le traitement d'ARV. 77 personnes étaient
transférées dans d'autres centres hospitaliers pour poursuivre
leur traitement. (iSanté, janvier 2018)
3.2- Approche mixte
Dans le cadre d'une recherche, il convient d'utiliser une
approche pour mieux guider cette recherche scientifique. Cette approche peut
être qualitative, quantitative ou mixte. Dans le cadre de cette
recherche, l`approche mixte a été pour nous le choix le plus
appropriée. Cette approche est une alliance de l'approche qualitative et
quantitative. Cette combinaison pourrait présenter aux chercheurs des
avantages tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Le côté
qualitatif de la recherche nous a permis d'analyser les les données
descriptives, comme les paroles écrites ou dites, et le comportement
observable des participants (Taylor et Bogdan, 1984 cité par
Deslauriers, 1991). L'aspect quantitative de son côté nous a permi
de mesurertoutce qui est susceptible de croissance ou de réduction comme
la dépression qui peut etre faible, moyen ou sévère
(Lemelin, 2004).
3.3- Méthodes utilisées
3.3-1.
Entretien
Puisque l'entretien favorise l'expression et
l'extériorisation du sujet, permet de connaitre l'interviewé, son
histoire personnelle, ses caractéristiques psychiques et ses
expériences personnelles (Benedetto, 2007) nous avions retenu
l'entretien dans cette recherche empirique. Etandé donné qu'il y
a plusieurs formes d'entretien, l'entretien semi-directif a été
retenu. Car nous avions amenagé des thématiques dans lesquelles
nous trouvons des questions ouvertes et fermées pour guider la recherche
(Lefèvre, 2018). De plus, en vue d'éviter toute discrimination
même parmi les séropositifs et garantir la confidentialité
du statut de séropositivité nous avons opté pour
l'entretien individuel. Cela a facilité le dialogue et nous a permis de
mieux réorienter les questions en cas de manque de compréhension.
Cette forme d'entretien nous a également permis de faire une plus ample
connaissance avec le participant, de connaître son histoire propre et la
façon dont il vivait sa séropositivité.
3.3-2. Outil
utilisé : guide d'entretien
Afin de favoriser la compréhension et la clarté,
les questions ont été élaborées et posées
dans la langue maternelle des participants à savoir le créole
haïtien.En outre, le guide d'entretien s'est appuyé sur le
modèle de guide d'entretien présenté
par Giroux et Tremblay (2009). On s'est inspiré de la fiche
d'évaluation psychologique initiale
des PVVIH du CDS (Centres pour le Développement
et la Santé) pour arranger les questions de la troisième
section relative à l'impact émotionnel et la façon dont le
patient vit l'expérience de la séropositivité.Pour ce qui
concerne la septième section, les questions relatives aux signes et
symptômes de la dépression ont été conçues
suivant les critères de diagnostic de la CIM-10 cité
par Bertrand-Servais (2004).
Puisque l'entretien semi-directif a été la
technique de collecte des données utilisé au cours de notre
recherche, ce qui a nécessité de thématiser les questions,
nous avions construit un guide d'entretien spécifiquement pour notre
recherche en fonction des questions et des objectifs de rechreche. Il comporte
huit (8) sections (Annexe I).Pour valider cet outil combien important
pour notre recherche, le professeur encadreur l'a consulté et des
remarques qui ont été produites. Des corrections ont
été ensuite apportées.
La première section intitulée informations
essentielles de la recherche présente d'une façon succincte
quelques informations sur la recherche, les objectifs et la question
principale. La deuxième section présente les trois
conditions de participation à la recherche qui sont :
1) Être un
adulte 2) Être séropositif (ve) et 3) être
un soignant de l'hôpital Saint-Joseph
de Fort-Liberté.
La troisième section propose une introduction à
l'entretien ou la raison d'être de l'entretien a été
précisée en présentant d'une façon brève et
précise la recherche et ses objectifs.Pour se familiariser avec le
patient, cette section contenait une brève présentation de
l'étudiant finissant qui allait à conduire l'entretien.Une fois
que le patient donne son accord favorable pour participer à la
recherche, cette partie envisage une question pour détendre davantage
l'atmosphère de l'entretien.
La quatrième section vise à collecter des
informations sociodémographiques qui sont l'âge, le
sexe, l'adresse, le niveau intellectuel, la date où ils savaient qu'ils
étaient séropositifs et commencaient un traitement. La
cinquième section compte cinq (5) questions.La première
et la deuxième visent à déterminer l'acceptation du statut
de sérologique du patient par rapport au VIH.La troisième
s'interroge sur les réactions émotionnelles et la
quatrième collecte des données sur l'expérience de la
séropositivité.
Les questions de la sixième partie nous aident à
déterminer l'impact psychologique de la séropositivité sur
le patient.Deux (2) questions sont donc posées, la
première permet d'établir la différence
émotionnelle entre les deux périodes : avant d'avoir pris
connaissance du statut sérologique du VIH et après
en avoir être conscient.La deuxième question
détermine la perception du patient interviewé par rapport
à l'impact que le virus peut avoir sur le patient qui y est
atteint. Considérant l'un de nos objectifs de recherche qui
consisteà établir un jugement clinique de la dépression
chez les patients séropositifs, la septième section vise à
repérer les symptômes de dépression chez le patient et leur
intensité.Chacune de ces 10 questions visaient à mesurer
l'intensité de la dépression suivant les critères de
diagnostic de la CIM-10.
Finalement, la huitième (8) partie concerne
la conclusion de la recherche dans laquelle nous remercions l'interviewé
pour sa participation à notre recherche.Il a été
accordé à chaque participant la liberté d'ajouter
d'autres informations jugées utiles et/ou de poser des questions.
3.4- Déroulement des activités et collecte des
données
3.4-1.
Procédures de recrutement des participants
Pour recruter les participants de cette recherche nous nous
sommes rendus à l'hôpital
de Fort-Liberté. Après avoir eu l'autorisation de la
direction de l'hôpital, il nous a été
référé au psychologue de l'institution, avec qui nous
avions une franche collaboration, pour recruter les participants. Ce
recrutement se fait sur la base d'un échationnage par critère.
De ce fait, nous sommes resté attacher aux critères de
sélection de cette recherche préalablement établis qui
sont : être un adulte ; être un soignant de
l'hôpital Saint-Joseph
de Fort-Liberté ; être séropositif (ve). De
ce fait, avant de sélectionner un participant, nous avions pris le soin
de vérifier qu'il respecte les conditions de participations.
3.4-2.
Stratégie pour obtenir le consentement des participants
Il a été pour nous important d'obtenir le
consentement libre et éclairé des participants pour la
réussite des entretiens, surtout sur le plan éthique. Pour
cela, nous avions élaboré un formulaire de consentement libre et
éclairé. Dans ce formulaire, il a été
clairement expliqué le bien-fondé de notre recherche que le sujet
aurait à lire. Nous avions prévu d'accorder un temps de
réflexion à chaque potentiel participant avant qu'il accepte de
nous accorder leur accord signé. Cependant, deux
inconvénients s'étaient présentés
: premièrement, certains participants ne trouvaient aucun
inconvénient à participer à la recherche, mais refusaient
d'accorder un consentement écrit. Ils préféraient
accepter verbalement après qu'ils aient compris clairement
à quoi ils allaient participer. Deuxièmement,
d'autres refusaient de prendre le formulaire parce qu'ils ne savent pas lire ni
écrire. De plus, ceux qui ne savaient ni lire ni écrire
étaient mal à l'aise de l'avouer dans un premier. Par
conséquent, il nous a été demandé par le
représentant de l'institution, le psychologue qui supervisait les
entretiens, de ne pas utiliser le formulaire de consentement libre et
éclairé.
En raison de ces inconvénients majeurs, nous avions
redéfini la stratégie pour obtenir le consentement des
participants. Nous avions privilégié un consentement verbal
où aucun des participants de cette recherche n'y trouvait
d'inconvénients. Après les présentations d'usage
où nous nous sommes présentés en tant
qu'étudiant-chercheur, nous présentions la thématique, les
objectifs et les questions de recherche. Puis, nous avions expliqué
à chaque participantde quoi sa participation à notre recherche
sera faite. Au cas où ils ne voulaient plus participer à
notre recherche ou ne désiraient plus que les informations recueillies
soient utilisées, il a été informé à chaque
participant de nous le faire savoir.
3.4-3.
Méthodes de notation des informations
Pour assurer la fiabilité des données, nous
avions prévus deux stratégies : un magnétophone pour
enregistrer les participants ou un cahier de terrains pour la prise des
notes. Aucun participant n'a accepté la première
stratégie qui consistait à les enregistrer pour ensuite produire
avec une fidélité parfaite des verbatims. Par
conséquent, nous avions respecté leur décision, nous leur
avions donc demandé l'autorisation de prendre des notes pendant qu'ils
répondaient à nos questions. Ce qu'ils nous ont
été permit de faire.
3.4-4. Lieu et
durée des entretiens
Tous les huit (8) entretiens se sont
déroulés à l'hôpital
de Fort-Liberté pendant la semaine du 20 mars
2018. Après avoir présenté la thématique, les
questions et les objectifs de recherche, nous avions demandé au sujet
s'il souhaiterait participer volontairement à notre recherche en
acceptant de nous accorder un entretien varié entre 15 à 25
minutes au cours duquel il serait amené à répondre
à une série de questions. C'est ainsi que nous avions 8
entretiens avec huit (8) participants dont
quatre (4) hommes et quatre (4) femmes. Tous ces
étaient des adultes séropositifs qui se soignaient
à l'hôpital de Fort-Liberté.
CHAPITRE IV
4. Présentation des
résultats
Ce chaphitre présente les principales données
receuillies lors des entrevues de recherche. Il présente le profil
sociodémographique des participants. Les résultats sont
classés par section de questions. Pour chaque question, nous
présentons les similarités des réponses par
iddéespuis nous donnons une illustration de réponse. Enfin, ces
données sont analysées et interprétées dans le
chapitre suivant.
4.1- Participants
Comme le tableau 4.2 le montre, la somme des paraticipants
était de huit(8)sujets. Comme le soulignentGiroux et Tremblay (2009) la
recherche qualitative fait l'étude du phénomène en
question en se basant sur un petit nombre de cas. En raison de la
disponibilité des et de la nature qualitative de cette recherche, il a
été jugé que huit (8) cas peuvent composer l'ensemble de
nos paerticipants. Un nombre plus volumineux de cas serait certainement couteux
en temps et argent pour traiter les données recueillies. De ce fait, ce
n'était pas tous les patients séropositifs que nous avions
rencontrés qui ont manifesté la volonté de participer
à notre recherche.
Pour établir l'équilibre entre le sexe, 4 hommes
et 4 femmes ont été choisis. En ce qui concerne le statut
marital, deux (2) des huit (8) éléments de
notre échantillon étaient veufs : un homme et une femme.Ils
nous ont confié que leurs partenairesétaient
décédés à cause du VIH/SIDA.La femme ne s'est
pas remariée, mais elle cohabitait avec son petit ami.L'homme nous
affirme qu'il préfère rester pour le moment
célibataire.Deux (2) autres personnes
sélectionnées sont mariées : un homme et une femme.La
femme vit avec son mari.L'homme s'est séparé de sa femme pour des
raisons qu'il a préféré ne pas mentionner.Les
quatre (4) autres personnes vivaient en union libre avec leurs
partenaires.
En matière d'âge, toutes les personnes
étaient des adultes.Sur le plan constitutionnel, ils sont
âgés de plus de 18 ans.De ce fait, leur tranche d'âge
s'étend entre 30 et 60 ans. L'âge moyen étatit de 43
ans.
Sur le plan académique,
quatre (4) éléments de nos participants dont deux
femmes et deux hommes ont pu boucler leurs études
secondaires.Deux (2) d'entre eux avaient à peine
commencé, les deux autres les ont
complétées.Trois (3) ne savent ni lire ni
écrire. Néanmoins, toutes ces personnes avaient une
activité professionnelle pour pouvoir répondre à leurs
besoins et à ceux de leur famille.Trois (3) d'entre
elles (trois hommes) sont cultivateurs, trois (3) autres
sont commerçantes, une autre travaille comme agent de terrain dans le
programme VIH/SIDA et le dernier travaille dans une usine comme
personnel de soutien.
Le tableau suivant présente le nombre de participants
rencontrés au cours de ce travail. Le tableau contient égalemnet
les informations sociodémographiques des patients.
Tableau 4.2 : Profil sociodémographique des
patients
Cas
|
Sexe
|
Âge
|
Région
|
Statut marital
|
Niveau scolaire
|
Activité professionnelle
|
Durée de la
séropositivité
|
Date de l'entretien
|
R D 01
|
M
|
56 ans
|
O
|
U L
|
NSNLE
|
Culture de la terre
|
2 ans 7 mois
|
20 -03-18
|
N J-L 02
|
M
|
61 ans
|
O
|
V
|
NSNLE
|
Culture de la terre
|
4 ans 7 mois
|
20 -03-18
|
M J 03
|
M
|
33 ans
|
R D
|
U L
|
S
|
Personnel de soutien dans une usine
|
7 mois
|
20 -03-18
|
B E 04
|
F
|
30 ans
|
O
|
U L
|
S
|
Commerce
|
1 an 2 mois
|
21 -03-18
|
N J-P 05
|
F
|
37 ans
|
O
|
M
|
NSNLE
|
Commerce
|
5 ans
|
21 -03-18
|
P J-B 06
|
F
|
48 ans
|
O
|
U L
|
NSNLE
|
Commerce
|
3 ans 1 mois
|
22 -03-18
|
S T 07
|
M
|
36 ans
|
D
|
M
|
S
|
Maçonnerie
|
4 ans
|
22 -03-18
|
Jo 08
|
F
|
43 ans
|
O
|
V
|
S
|
Agent de terrain au programme de VIH/SIDA
|
12 ans
|
22 -03-18
|
Légende
Sexe : M = Masculin, F = Féminin?;
Région : O = Ouanaminthe, RD = République
Dominicaine, D = Dumas?; Niveau scolaire :
NSNLE = Ne sait ni lire ni écrire, S =
Secondaire?; Statut marital : U L= Union libre, V = Veuf
(ve), M = Marié (e)
|
4.2- Question de depart portant sur la considération
du VIH/SIDA
Notre question de départ a été :
Ki jan w konsidere maladi SIDA a ? (Traduction
libre : comment considérez-vous le VIH/SIDA??). Nous avons
recueilli trois (3) catégories de réponses.La
première catégorie donnait des réponses
similaires.D'une manière générale, ces quatre
participants considèraient le VIH/SIDA comme une maladie qui
rend mal à l'aise et une fois que vous en être atteint vous
êtes condamné à prendre des médicaments tout le
restant de votre vie.D'une manière spécifique, une de ces
personnes pense que le VIH/SIDA est une maladie assez drôle et
incurable.Un autre le considère comme une maladie ordinaire qui ne
réduit pas l'espérance de vie dans la mesure où le patient
prend régulièrement ses médicaments.Notons par exemple la
réponse de ce répondant :
Ou mèt te tande tout sa yo te ka di de maladi sa a, se
vre se yon maladi ki dwòl li ye, men depi w pran tout medikaman w nan
lè w gen pou w pran yo a wap viv tan w gen pou w viv la. Bondye voye
chak moun sou latè pou viv yon kantite tan, tout sa w wè ki rive
w se konsa Bondye te vle l. Donk kèlkeswa maladi yon moun te ka genyen
lap viv tan Bondye te voye w viv la. (Cas M J 03)
(Traduction libre : Quel que soit ce que l'on peut
dire de cette maladie, c'est une drôlemaladie.Cependant, dans la mesure
où quelqu'un prend régulièrement ses
médicaments, il vivra le temps qui lui a été
destiné de vivre. Dieu nous a envoyé sur terre avec une esperance
de vie, tout ce qui vous arrive est la volonté de Dieu. Donc, quel qu'en
soit la maladie qu'une personne puisse avoir elle vivra le temps qui a
été prédestiné par Dieu.)
Le deuxième groupe de réponses à cette
question va dans un autre sens, mais on y trouve des réponses
semblables. Ces trois participants considèraient le VIH/SIDA comme une
maladie mortelle. Une de ces répondants estime que cette maladie fait
des ravages, dans le sens qu'elle cause beaucoup de décès. Une
autre participante est bien consciente que cette maladie a un caractère
mortel, mais dit que cela ne lui préoccupe pas. Voici comment elle
considère cette maladie :
Lontan m te konsidere l pou yon pakèt afè.
Lè m te fenk pran l lan sa te konn fè m reflechi epi ap plede
panse. M te wè l tankou yon maladi ki pral tiye m lòt
semèn. Men kan m te kòmanse travay nan pwogram SIDA a nan fason m
konsidere l te vin ap chanje ak letan. Ou konnen depi wap ede lòt moun
ou tou ede tèt ou tou. Lè m jwenn moun ki gen l menm jan
avè m nan kad travay mwen ki pa vle pran medikaman m konn ankouraje yo e
pafwa m konn menm avwe yo ke m genyen l tou e toujou pran medikaman e m
parèt anfòm tankou yon moun ki pa gen okenn maladi. Men kounye a
m pa konsidere l menm jan an ankò, pou mwen se tankou yon maladi tankou
tout maladi. Pou m di w byen m jis konsidere l tankou yon fyèv. (Cas
Jo 08)
(Traduction libre :Autrefois, je l'ai
considéré comme quelque chose d'une très grande
importance.Quand j'ai su que je l'ai attrapé, cela a augmenté mes
pensées et ma réflexion.En ce qui me concerne, je l'ai vu comme
une maladie qui va me tuer très vite.Une fois que j'ai été
embauché pour travailler dans le programme du VIH/SIDA ma
vision des choses devient différente.Quand vous aidez les autres vous
vous aidez en même temps.Dans le cadre de mon travail, quand je rencontre
des patients séropositifs qui ont une mauvaise
adhérence, je les encourage et parfois,
je leur révèle ma séropositivité pour les
aider à comprendre qu'ils peuvent se sentir comme une personne en bonne
santé comme moi.Maintenant, je ne la considère plus de la
même manière.C'est une maladie comme les autres.D'ailleurs, je la
vois comme une fièvre.)
Une deuxième catégorie nos répondantsa
une consideration differente du VIH/SIDA. Cette catégorie voit le
VIH/SIDA comme une maladie transmissible qui se transmet lors des contacts
sanguins, de la mère à l'enfant. Ce participant considère
que cette maladie est contagieuse surtout lors des rapports sexuels non
protégés. Il nous informe que :
Bon?! M' tande yo konn di e sikolòk la te di m' sa tou
se nan kontak san ou, manman ka transmèt timoun nan li. Men m'
panse se yon maladi ou ka pran lè w' pa pran prekosyon, lè w'
adwat agoch nan fi. Depi w'ap plede banboche pasi pala lap difisil pou w' pa
pran l wi sitou si w' pa pwoteje tèt ou. (Cas RD 01)
(Traduction libre : Comme me l'a informé le
psychologue et comme j'ai l'habitude de l'entendre, c'est une maladie qui se
transmet par contact sanguin. Elle se transmet aussi de la mère à
l'enfant. C'est une maladie qu'on peut attraper par manque de prudence,
essentiellement à cause des débauches avec la personne de l'autre
sexe et des rapports sexuels non protégés.)
4.3- Compréhension et perception de la
séropositivité
4.3-1. Question
portant sur le résultat communiqué
La première question de cette section est :
Èske w ka raple m ki rezilta yo te kominike w apre w te fin fè
tès SIDA ? (Traduction libre : Pouvez-vous me rappeler
quel résultat vous a été communiqué après
votre dépistage au VIH/SIDA??) Deux catégories de
réponses ont été obtenues pour cette question. La
première catégorie de sept (7) participants admet que le
résultat qui leur a été communiqué était un
résultat positif. Un autre participant répondait que son
résultat a été négatif.
Cependant, cet homme, qui affirmait que son résultat a
été négatif donne un caractère maléfique
à sa séropositivité. Voilà ce qu'il explique :
Lè map gade janm ye parapò ak yon seri de
lòt moun, sa klè, sa pa sanble bon SIDA a m' genyen. Se nan yon
poud SIDA m' pran. Se yon nèg m' tap travay menm kote avè l nan
kesyon jalouzi paske l' panse m gen plis kòb pase l'. Sa ka rive nou
touche menm janm men mwen m' fè ekonomi e m' kòmanse yon ti kay.
Se lanbisyon li genyen. (Cas ST 07)
(Traduction libre : En comparant ma
séropositivité à celle des autres, j'en conclus que je
n'ai pas le vrai VIH. J'ai été empoisonné par une poudre
qui m'a contaminé du VIH/SIDA. Cela est dû à cause d'un
collègue de travail qui est jaloux de ce que j'ai déjà
réalisé avec mon salaire. Pourtant, nous avons le même
salaire, mais moi j'économise une partie de mon salaire pour construire
une petite maison. Etant jaloux de cela, il m'a empoisonné par cette
poudre qui m'a contaminé du VIH/SIDA.)
4.3-2. Question
portant sur le sens donné au résultat communiqué
La deuxième question de cette section est :
Ki sa rezilta sa te vle di pou ou??
(Traduction libre : quel sens avez-vous donné à ce
résultat??) Cette question nous a permis de comprendre le sens
que le patient donnait au résultat qui lui a été
communiqué.Nous avions collecté trois types de
réponses.Dans le premier type de réponse, quatre sujets sur huit
interprètaient le résultat pour ce qui est en
réalité à savoir qu'ils ont l'infection du VIH dans leur
sang.Par exemple, un participant nous a confié :
M te vin konprann ke m fè SIDA. Yo di di m ke m'ap gen
pou m pran medikaman toutan. Pou m' di w' byen, m' dakò ke m' genyen l'
men pa fouti di yon moun ni ki kote m pran l' ni ki kote m pa pran l'.
Sèl bagay m konnen m gen maladi sa a. (Cas N J-L 02)
(Traduction libre : J'ai compris que j'ai
été séropositif. J'ai été informé
d'un traitement permanent. Je dois admettre qu'en réalité je suis
séropositif, mais je ne peux déterminer où j'ai
attrapé cette maladie ni quand. La seule chose je sais que je suis
atteint du VIH.)
Le deuxième type de réponses dégagait
l'idée que cette maladie engendre des problèmes d'ordres
psychologiques et émotionnels. Un participant de ce groupe nous a
révélé son état d'âme comme suit :
Sa te ban m' anpil pwoblèm paske m' konnen m' pral viv
ak maladi sa a tout vi m'. Se pa yon maladi ki geri l ye. Sa te fè m'
yon jan strese e yon bann bouton te kòmanse leve sou mwen, men kan m'
kòmanse pran medikaman yo bouton yo ale. (Cas BE 04)
(Traduction libre : J'ai été vraiment
bouleversé, car je savais que c'est une maladie incurable. Je me sentais
un peu stressé et peu de temps après des boutons apparaissent sur
ma peau. Mais grâce au traitement que j'ai ensuite commencé, les
boutons disparaissent).
La troisième catégorie est une réponse
plutôt unique qui doute du résultat qui lui a été
communiqué.La réponse de cette participante nous montre à
quel point, il a été difficile pour elle d'accepter sa
séropositivité et d'admettre que le résultat soit
positif.Remarquons les démarches qu'elle a entreprises avant d'accepter
de suivre un traitement antirétroviral (ARV) :
Mwen li lè yo te di m sa m te di se pa t vre. M tande
pou m' te pran medikaman m'pa t' menm panse a sa paske m' konnen m pa te
fè l' vre. Premye kote m' te ale a, lè yo te di m' sa m' pa t'
kwè se te vre?! M te eseye ale plizyè lòt lopital paske m'
te panse aparèy moun yo te ka gen pwoblèm oubyen doktè yo
te ka pa fin wè byen. Men chak kote m' ale yo di m' menm bagay la. M te
komanse kwè. Finalman, m' kòmanse pran medikaman yo paske m' te
vin santi bon lè map pran yo a. (Cas P J-B 06)
(Traduction libre : En ce qui me concerne, il m'a
été difficile de croire que le résultat était
positif.Il m'a été recommandé de commencer un traitement,
mais je ne croyais pas que j'étais séropositive.Le premier
endroit où j'ai été dépisté a
révélé ma séropositivité, j'ai refait le
même test dans plusieurs autres hôpitaux, car je pensais que les
appareils pouvaient avoir des problèmes ou que les techniciens ne savent
pas ce qu'ils font.Mais à chaque test, j'ai eu le même
résultat.À ce moment, j'ai un peu cru.Finalement, j'ai
entamé le traitement jusqu'à ce que je me
sens mieux.)
4.3-3. Question
portant sur les réflexions faites après le résultat
La troisième question de cette section est :
Apre w te fin konnen rezilta w la, ki sa
k te vin nan tèt ou?? (Traduction libre :
après avoir eu votre résultat, que vous est-il venu à
l'esprit??).Les réponses de cette question sont plus ou moins
divergentes.Un premier groupe prend quelqu'un pour responsable, un
deuxième groupe ne donne pas vraiment leur opinion sur cette question,
un troisième groupe admet qu'il faut prendre leur médicament, et
finalement l'autre groupe pourrait penser à la mort, mais confronte des
contraintes religieuses.
Un premier groupe de deux sujets pensait qu'ils ont
attrapé le VIH/SIDA à cause de quelqu'un. Dans le
témoignage suivant le séropositif accusait son collègue de
travail :
Premye sa k te vin nan tèt mwen m' pa t' fin
kwè, paske nan epòk sa a m' te konn gen yon bon ti djòb,
m' konn travay nan mason e m toujou fè travay mwen byen. Gen yon
bòs nan travay la ki pa t' vle wè m'. Pandan plizyè fwa li
tann bagay sou chantye a pou mwen, men akoz m' gen Bondye avè m' anyen
mal pa janm rive m'. Men yon lè m' pa konn si se manke priye, m' te vin
malad. Gen yon bòkò ki konn travay pou mwen m' tal kote l' epi l'
te di m' se bòs nan travay mwen an kap fè m'. Li fè
remèd pou mwen epi m' te kòmanse santi m' pi bon, men apre m' vin
menm jan an. M tounen kote l' li fè lòt travay pou mwen, men
madanm mwen te di m' al lopital. Lè male yo fèl yon dal
tès pou mwen e pami yo te gen tès SIDA a. Apre sa yo te di m' li
pozitif. Lè m' vin kote sikolog la m' esplike l' se pa yon bon maladi,
men l' te ede m konprann ke yo pa ka bay SIDA a konsa. Li te yon ti jan konvenk
mwen e m' te eseye pran medikaman yo vre epi m' te vin santi m' mye. Se vre m'
konn fè lòt remèd, men m' toujou pran medikaman yo ban m'
lopital la. (Cas MJ 03)
(Traduction libre : Dans un premier temps, j'ai
douté du résultat. À l'époque, je travaillais et
j'ai été bien payé. Il y a un collègue de travail
qui ne m'aimait pas. À plusieurs reprises, il voulait me faire du mal.
À chaque tentative, il a échoué grâce à
l'aide de Dieu. Un jour, peut-être parce que je n'ai pas
persévéré dans la prière, il m'a atteint et je suis
tombé malade. J'ai consulté un médium qui m'a
confirmé que si je suis malade c'est à cause de cet homme. Il m'a
donné des remèdes et je me sentais mieux. Puis, je suis
retombé malade. Je suis retourné chez le médium qui m'a
donné d'autres remèdes. Ma femme m'a proposé d'aller
à l'hôpital, ce que j'ai fait. On fait un tas de tests y compris
le VIH qui a été révélé positif.
C'était très difficile de croire que c'était le bon VIH.
Cependant, le psychologue m'a convaincu de croire que le VIH ne se transmet pas
de façon mystique. On m'a ensuite proposé un traitement que j'ai
accepté, même si je peux utiliser d'autres
remèdes.)
Un deuxième groupe ne donnait pas vraiment leur opinion
sur cette question. Par exemple, voici ce qu'un participant nous a
confié :
Pou m onèt avè w, m pa t' gen anyen ki te vin
nan tèt mwen men nan yon premye tan yo te di m' pou m' mennen madan m
mwen e m' te mennen l vin fè tès la yo te di l genyen l tou. Nou
te panse se voye yo te voye l' sou nou, se pa bon SIDA a. (N J-L 02)
(Traduction libre : Pour être honnête
avec vous, rien ne m'est venu à l'esprit. La seule chose, il m'a
été recommandé d'amener ma femme à l'hôpital.
Quand j'ai suivi cette recommandation, elle a été
dépistée, et le test révèle qu'elle était
séropositive. Mais nous ne pensons pas qu'on est malade du vrai
VIH.)
Un troisième groupe admetait qu'il fallait prendre
leurs médicaments. Bien qu'unsujet sur deux dans ce groupe pense qu'un
jour il sera certainement décédé à cause du VIH,
mais il pensait qu'il faut continuer à suivre le traitement d'ARV. Il
nous a expliqué que :
M panse m t'apral mouri. Men ak sipò m' te jwenn nan
lopital la, ti èd yo konn bay yo, medikaman yo nou pa menm peye pou yo
m' pa fin wè bagay yo menm jan an. (Cas R D 01)
(Traduction libre : Je pensais que j'allais mourir.
Néanmoins, avec le support trouvé à l'hôpital et les
médicaments fournis qui sont gratuits, en fait, ma vision des choses
change au fur et à mesure.)
La dernière categorie concerne une participantequi
indiquait que le suicide pourrait être une solution envisageable, mais il
peut y avoir des contraintes religieuses :
Anvan tou m' se yon kretyèn. Gen anpil moun ki konn
panse lè yo fenk konnen yo gen jèm SIDA a nan san yo sa ki ta pi
bon se mete fen nan lavi yo. Se vre sa ka parèt yon bon solisyon kote w
fini ak tout bagay, men ou pa t' kreye lavi ou pa gen dwa detwi lavi. Si w'
fè sa Bondye pral mande w' kont e Bondye pap kite al nan syèl pou
sa paske w' pa mèt tèt ou. Sa vle di m pa bay tèt mwen
twòp pwoblèm paske m' pa menm jan ak anpil moun ki deyò a.
M gen Jezi nan lavi m'. Sa ban m' espwa. Pi devan m' pap konsa ankò. M
pa bay tèt men pwoblèm depase paske m se yon kretyèn. (Cas
Jo 08)
(Traduction libre : Avant tout, je suis
chrétienne. Après un test positif, certaines personnes
séropositives peuvent penser au suicide. Certes, c'est une solution
vraisemblablement bonne. Cependant, personne n'a le droit de recourir à
une telle solution, car ils n'ont pas créé la vie et ils n'ont
pas le droit de la détruire. On n'est pas maître de soi, si
quelqu'un recours à de tellesméthodes, Dieu lui demandera des
comptes et n'ira pas au ciel. En ce qui me concerne, je ne me laisse pas
emporter par cette situation. Je suis différente des autres, car
Jésus est avec moi. Cela me donne de l'espoir de savoir que
bientôt je serai guéri. Je ne me laisse pas trop tracasser car je
suis une chrétienne.)
4.3-4. Question
portant sur les sentiments éprouvés
La quatrième question de cette sectiona
été portée sur les émotions ressenties lors de
l'annonce de la séropositivité. La question est : Ki jan w
te santi w, lè yo te di w ketès ou an pozitif?? (Traduction
libre : Après qu'on vous a annoncé que votre test est
positif, quels ont été vos sentiments??). Deux
catégories de réponses ont été données
à cette question. La première catégorie qui regroupait
sept (7) répondants sur huit (8) éprouvait un sentiment de
tristesse profonde ou un bouleversement émotionnel par rapport à
l'annonce de la séropositivité. Par exemple, une partivipante
nous a confié ceci :
Pou m' sense avè w' sa te ban m anpil pwoblèm. M
pa te imajine se yon bagay konsa ki te ka rive m'. Sa te fè m' tris
anpil e m' te pran kabann pou plizyè jou. Sa te fè m' kriye
anpil. Men lè m' te vin lopital la m' jwenn èd nan men
sikològ la. Seyans yo, chak fwa m' vini nou fè ti pale, pafwa li
remonte moral mwen. Lè medikaman yo pa fè m byen m' pale ak
medsen yo yo ban m' ti esplikasyon. Pou m' di w' byen si se pa lopital la, se
pa sèlman medikaman yo non, men fason moun yo te ede m te bon pou m' te
ka fè fas ak sitiyasyon sa a. Sa te rekonfòte m?! Franchman?!
(Cas Jo 08)
(Traduction libre : Pour être sincère,
j'ai été complètement bouleversé. Je ne m'imaginais
pas en tant que séropositive. J'ai ressenti une tristesse profonde. J'ai
passé plusieurs jours au lit. Toutefois, en venant à
l'hôpital, j'ai reçu une assistance psychologique qui m'a
aidé à faire face à cette situation. J'ai
été réconforté?! Quand je subis les effets
secondaires des médicaments, j'en ai parlé à mon
médecin qui m'a expliqué. Franchement, c'est grâce à
l'aide de l'hôpital et des médicaments que j'ai pu faire face
à cette situation.)
La deuxième catégorie de réponse concerne
un homme qui ne se préoccupe pasde sa séropositivité. Il
exprimait de la manière suivante le sentiment éprouvé
après l'annonce de sa séropositivité :
M pa t' ni sote ni pa sote. Sèl sa m' konnen depi w'ap
manje fòk vant ou plen. (Cas N J-L 02)
(Traduction libre : Je n'ai pas été
étonné puisque je sais qu'en mangeant il faut être
rassasié à un moment.)
Pour mieux comprendre son expression ambiguë, une
question de relance lui a été posée : «?Ki sa w
vle di lè w di wap manje fòk vant ou plen?? (Traduction
libre : Que voulez-vous dire en disant qu'en mangeant il faut
être rassasié à un moment??)?» Il nous a
expliqué ensuite que :
Ou konnen depi w' gen plizyè fi wap sèvi
avè yo epi w' pa aranje vi w' tout bagay ka rive. Lefetke m' konnen m'
pa t' fin dwat m' lè m' vin lopital la m' yo di m' sa pa t ni sote ni
pa sote. (Cas N J-L 02)
(Traduction libre : À cause de la
débauche tout est possible. Ma vie n'a pas été
ordonnée. De ce fait, en venant à l'hôpital l'annonce de la
séropositivité ne m'a pas étonné.)
4.3-5. Question
portant sur l'expérence de la séropositivité
La dernière question de cette section a
été posée autour de l'expérience de la
séropositivité. La question est : Ki jan w viv eksperyans sa
a nan lavi w?? (Traduction libre : Comment vivez-vous cette
expérience dans votre vie (celle de la
séropositivité)??). Trois types de réponses ont
été donnés. D'une manière générale le
premier type de réponse qui regroupe six (6) participants sur huit (8)
relataient des malaises face à la représentation sociale de la
maladie ou aux effets secondaires des médicaments. Par exemple, un
répondant se plaint :
Li pa fasil non. Men pi gwo pwoblèm m' konn genyen se
lè m'al travay, m' konn pa santi m' byen. Gen youn nan medikaman yo ki
konn pa fè m byen kèk lè. Pwoblèm nan ou konnen fok
ou travay, ou gen timoun pou w' jere ou gen manje chak jou, lekòl.
Manman an mouri se mwen ki pou degaje m' ak timoun yo. Epi w' konnen jan moun
konsidere maladi sa a. M' fon fason pou moun pa konn koze m'. Depi yo konnen
yap gaye nouvèl la pou ou. (N J-L)
(Traduction libre :Ce n'est pas si facile.Le
véritable problème, c'est quand je dois me rendre au travail et
que je ne me sens pas bien.Parfois, il y a un médicament que je ne
supporte pas.Pourtant, je dois travailler pour prendre soin de mes enfants
puisque je suis veuf. De plus vous savez la représentation sociale de
cette maladie. C'est pourquoi je fais en sorte de ne pas
révélér ma séropositivité. Car si elle est
révélér la nouvelle serait propagée.)
La deuxième catégorie de réponse comprend
les participants qui optaient pour la confidentialité de leur
séropositivité. Une participant préfèrait ne
révéler sa séropositivité qu'à sa soeur et
son mari afin d'éviter tout comportementdiscriminatoire :
Sa pa twò difisil pou mwen non, paske m' pa kite moun
konn sa. Jan m' te di w' sa deja se sèlman mari m' ak yon sè m'
m' di sa. Sa vin fè se pa tout moun ki ka imilye w' men depi w' tande
yon moun swa nan katye w' oubyen nan mache a konnen menm achte yo ka pa vle
achte nan men w'. Menm timoun mwen yo m' pap kite konnen paske menm yo menm tou
yo ka antre nan imilye w la. Bagay sa a konn fè m pas anti m twò
alèz men .... E se sa ki fe tou ou wè m' sot jis wanament pou m
vin la a. M pito vin la paske moun isit la pa konnen m yo pap pral nan di moun
sa. (Cas P J-B 06)
(Traduction libre :Dans mon cas, ce n'est pas si
difficile parce que je prends le soin de ne révéler ma
séropositivité qu'à mon mari et ma soeur.Par
conséquent, il devient difficile d'être humilié par les
autres.Si quelqu'un au quartier ou au marché est au courant de votre
séropositivité, il ne voudrait même pas acheter chez vous
des produits.Pas même mes enfants ne sont pas au courant de ma
séropositivité.Eux aussi peuvent m'humilier.Mais parfois, je ne
me sens pas à l'aise.Je viens de Ouanaminthe pour venir ici
pour ne pas créer des soupçons à propos de ma
séropositivité.)
Si ces deux groupes de personnes vivaient l'expérience
de leur séropositivité de cette manière, pour une autre
participante ça semblait être assez difficile :
Lè w' konnen lòt moun nap viv byen pwòp
epi ou menn ou gen yon maladi nan kò w', li pa menm jan an. Lè w'
tande lòt moun k'ap pale de moun ki fè SIDA se tankou moun sa yo
pa nan monn nan e sa ban m' pwoblem. Mwen te vin ansent nan epòk sa a e
m' te oblije retire timoun nan paske m' pa t vle li pote chay m'ap pote a. Se
yon inosan li ye. Li pa t' fè anyen m' pa vle l' peye konsekans maladi
m' nan. (Cas BE 04)
(Traduction libre :C'est différent de savoir
que les autres sont en bonne santé et que vous êtes malade.En
entendant les autres parlant des personnes séropositives, on dirait que
ces personnes-là n'existent pas.Cela m'a
préoccupé.À l'époque, j'étais enceinte, j'ai
avorté parce que, dans son innocence, je ne voulais pas que l'enfant
subisse le même sort que moi.Il n'a rien fait.Il ne doit pas subir
les conséquences.)
4.4- Impacts psychologiques de la
séropositivité
La sectionimpact psychologique de la
séropositivité compte deux questions. La première question
se base sur la différence entre les sentiments éprouvés
avant l'annonce de la séropositivité et après d'en
être au courant. La deuxième question est portée sur
l'opinion du sujet par rapport à l'impact psychologique que peut
provoquer le VIH/SIDA.
4.4-1. Question
portant sur la difference psychique entre avant et après la
séropositivité
Pour la première question
intitulée «?nan domèn mantal, ki diferans ki genyen ant
fason w te konn santi w avan w te gen viris SIDA ak fason w vin santi w pandan
w genyen l lan ??» (Traduction libre : Sur le plan
psychique, quelle différence existe-t-il entre les sentiments
éprouvés avant d'être au courant de votre
séropositivité et maintenant??), un seul type de
réponse a été donné. Tous les patients se sentaient
mieux avant sur le plan psychologique et émotionnel. De ce fait, ils
soulignent une grande différence entre les émotions ressenties
avant leur infection et maintenant. Par exemple, un participant nous a
révélé ce qui suit :
Lontan lè m' potko te konnen m' te konn viv byen san
okenn pwoblèm, men lè m' vin konn sa sa pa te twò
alèz. M konn santi m' pa byen, men lè m' vin isit la m' fè
ti pale ak sikològ la ki remonte moral mwen epi m santi m' nòmal
apre. M vrèman remèsye lopital la pou ti èd yo ban mwen.
(Cas N J-L 02)
(Traduction libre : Autrefois, avant d'être au
courant de ma séropositivité, j'allais parfaitement bien.
Maintenant, je me sens parfois mal. Quand je viens à l'hôpital, je
parle au psychologue qui me remonte la morale puis je me sens mieux. Je suis
vraiment reconnaissant envers cet hôpital pour leur aide.)
4.4-2. Question sur
l'opinion des participants concernant les conséquences psychiques du
VIH
La deuxième question de cette rubrique est : Eske
w panse viris SIDA a ka fè tèt ou pati oubyen ba w lòt
problèm nan tèt ? (Traduction libre : Pensez-vous
que le VIH/SIDA peut vous prendre la tête ou provoquer d'autres
problèmes psychologiques??). Deux catégories de
réponses ont été données : sept (7)
participants déclaraient que le VIH/SIDA peut provoquer des troubles
psychologiques contre une personne qui ne le pense pas. Parmi les sept sujets
qui affirmaient que le VIH peut engendrer des troubles psychologiques, certains
spécifient quelques troubles qu'ils pensaient que cela peut engendrer.
Nous avions noté deux avis intéressants sur cette question. Le
premier avis est celui d'un sujet qui soulignait que :
Sa depann de moun nan, si moun nan ap plede panse a sa sa ka
ba l' anpil pwoblèm, sa ka fè l pè, strese. Men depi moun
nan pa bay sa regle anyen pou li li pap bay okenn pwoblèm. (Cas
RD 01)
(Traduction libre : Dépendamment de la
personne, si quelqu'un se laisse dominer par sa situation, cela peut vraiment
lui tracasser au point d'être stressé et devenir phobique.
Cependant, si elle s'en fiche, il n'y aura aucun problème.)
L'autreavis est celui d'une participante qui affirmait :
Se yon bagay ki nòmal pou sa bay pwoblèm mantal
paske maladi sa pa gen gerizon. Depi sa ap domine w menm fou w ka fou. Menm
mwen pafwa m' konn rete m' lwen telman map panse.(Cas P J-B 06)
(Traduction libre : C'est normal pour que cela
provoque des troubles psychologiques, car c'est une maladie incurable. Si vous
vous laissez emporter, vous pouvez même connaitre un moment de folie.
Moi, parfois je suis perdue dans mes pensées.)
4.5- Signes et symptômes de la dépression
Cette section prend en compte les questions relatives aux
signes et symptômes de la dépression.Pour chaque cas, nous
regroupons les réponses positives d'un côté et les
réponses négatives de l'autre côté.La question
principale était
:Nanomwendesemèn ki sot pase yo, kiyès nan sentom ki vin annapre yo
ou konn santi ? (Traduction libre : Pendant au moins
les deux semaines écoulées quels symptômes avez-vous
ressentis dans la liste suivante??) Pour chaque question qui
recherche les symptômes de la dépression chez le participant, il y
a une autre question qui tend à mesurer l'intensité du
symptôme.Cette question était : Si wi,
nan ki nivo?? (Traduction libre : Si oui, à quelle
intensité??).Pour répondre à cette question, nous
proposons des éléments de réponses au sujet qui pouvait
choisir entre faible, moyen et élevé au cas où la
réponse soit positive.Nous présentons ci-dessous les
résultats de cette section par participant.Les réponses
positives regrouperont les symptômes manifestes de la
dépression chez le participant.Nous ne considérons que les
symptômes présents de la dépression chez chaque
répondant.
On se rappel que huit (8) participants ont
été sélectionnés pour cette recherche. Les
réponses ont été catégorisées par cas. Pour
chaque cas, nous avons pris en compte les symptômes de la
dépression chez le sujet.Le premier groupe présente les patients
dont les symptômes de la dépression étaient majoritaires et
le deuxième groupe fait référence à ceux dont les
symptômes de la dépression étaient minoritaires.Pour les
symptômes majoritaires, il était nécessaire d'avoir deux
symptômes importants à savoir la tristesse et la perte
d'intérêt des activités quotidiennes. Ces deux
symptômes doivaient être accompagnés de quatre autres.
4.5-1.
Symptômes majoritaires
Le tableau 4.6présente les symptômes de la
dépression chez chaque patient. Ils sont cinq (5) : trois (3)
hommes et deux (2) femmes. Ce tableau met en évidence les personnes qui
présentaient plus de cinq symptômes. Le symbole v signifie que le
symptôme était manifeste et le symbole × signifie que le
symbole n'était pas manifeste ou il n'y a aucune intensité. Les
lettres M F É désignent l'intensité du symptôme
présent. F = Faible?; M = Moyenne?; É = Élevée.
Le cas RD 01 présentait sept (7) syptômes de la
dépression qui étaient : 1) tristesse à une
intensité moyenne 2) perte d'intérêt à une
intensité moyenne 3) fatigue à une intensité moyenne 4)
des troubles de sommeil élevés 5) ralentissement cognitif moyen
6) ralentissement moteur moyenet 7) des sentiments de culpabilité
élevés. Il n'avait pas d'idées suicidaires, ni une faible
estime de soi, ni des troubles d'appétit.
Le cas MJ 03 présentait six (6) symptômes de
la dépression : 1) tristesse élevée 2) perte
d'intérêt moyen 3) sentiments de culpabilité
élevés 4) fatigue moyenne 5) faible estime de soi moyen 6)
ralentissement cognitif élevé. Mais ne présentait pas
d'idées suicidaires, ni des troubles de sommeil, ni des troubles
d'appétit et ni de ralentissement moteur.
La participante BE 04 présentait sept (7)
symptômes de la dépression : 1) tristesse
élevée 2) perte d'intérêt moyen 3) sentiments de
culpabilité faibles 4) faible fatigue 5) troubles de sommeil moyens 6)
troubles d'appétit moyens et 7) une estime de soi moyen. Elle ne
présentait pas des idées suicidaires, ni de ralentissement
moteur, ni de ralentissement cognitif.
Le participant ST 07 n'avait pas des idées suicidaires,
mais il présentait neuf (9) symptômesde la
dépression : 1) tristesse élevée 2) faible perte
d'intérêt 3) sentiments de culpabilité
élevées 4) fatigue moyenne 5) faible estime de soi 6) troubles de
sommeil moyens 7) troubles de sommeil moyens 8) ralentissement cognitif
élevé et 9) ralentissement moteur moyen.
La participante PJ-B 06 n'avait pas des sentiments de
culpabilité, ni d'idées suicidaires, ni de la fatigue, ni de
ralentissement moteur. Toutefois, elle présentait six (6)
symptômes de la dépression : 1) tristesse
élevée 2) perte d'intérêt faible 3) faible estime de
soi 4) troubles de sommeil moyens et 5) troubles d'appétit moyens et 6)
ralentissement cognitif moyen.
Tableau 4.3 : Signes et symptômes majoritaires
de la dépression chez les participants
|
T
|
P I
|
S C
|
I S
|
F
|
F E S
|
T A
|
T S
|
R C
|
R M
|
Cas RD 01
|
v
|
v
|
v
|
×
|
v
|
×
|
×
|
v
|
v
|
v
|
M
|
M
|
É
|
×
|
M
|
×
|
×
|
É
|
M
|
M
|
Cas MJ 03
|
v
|
v
|
v
|
×
|
v
|
v
|
×
|
×
|
v
|
×
|
É
|
M
|
É
|
×
|
M
|
F
|
×
|
×
|
É
|
×
|
Cas BE 04
|
v
|
v
|
v
|
×
|
v
|
v
|
v
|
v
|
×
|
×
|
É
|
M
|
F
|
×
|
F
|
M
|
M
|
M
|
×
|
×
|
Cas ST 07
|
v
|
v
|
v
|
×
|
v
|
v
|
v
|
v
|
v
|
v
|
É
|
F
|
É
|
×
|
M
|
F
|
M
|
M
|
É
|
M
|
Cas PJ-B 06
|
v
|
v
|
×
|
×
|
×
|
v
|
v
|
v
|
v
|
×
|
É
|
F
|
×
|
×
|
×
|
F
|
M
|
M
|
M
|
×
|
Légende
N.B : T = Tristesse?; P I = Perte
d'intérêt des activités plaisantes?; S C = Sentiment de
culpabilité?; I S = Idées suicidaires ; F = Fatigue?; F E S
= Faible estime de soi?; T A = Trouble d'appétit?; T S = Troubles de
sommeil?; R C = Ralentissement cognitif?; R M = Ralentissement moteur
Deuxième ligne de chaque cas
indique l'intensité du symptôme (F = Faible?; M = moyenne?;
É = Élevée).
|
4.5-2.
Symptômes minoritaires
La deuxième catégorie concerne les participants
dont les symptômes de la dépression étaient minoritaires.
Ils étaient au nombre de trois (3) : deux femmes et un homme. Ce
tableau 4.4 présente les symptômes qui étaient
présents chez ces participants. Le symbole v signifie que le
symptôme était manifeste et le symbole × signifie que le
symbole n'était pas manifeste ou il n'y a aucune intensité. Les
lettres M F É désignent l'intensité du symptôme
présent. F = Faible?; M = Moyenne?; É = Élevée.
La participante N J-P 05 ne présentait les
symptômes de perte d'intérêt, de sentiments de
culpabilité, d'idées suicidaires, de la fatigue, de faible estime
de soi, de troubles de sommeil, de troubles d'appétit, de ralentissement
moteur et cognitif de la dépression. Mais présentait un seul
symptôme : la tristesse.
Le participant N J-L présentait quatre symptômes
de la dépression : 1) faible estime de soi 2) sentiments de
culpabilité élevés 3) troubles de sommeil et 4) troubles
d'appétit. Il ne présentait pas pourtant les symptômes
suivants : tristesse, perte d'interêt, idées suicidaires,
fatigue, ralentissement moteur et cognitif.
La participante Jo 08 présentait également
quatre (4) symptômes : 1) tristesse moyenne 2) faible estime de soi
3) troubles de sommeil faibles 4) troubles d'appétit
élevés. Elle ne présentait pas les symptômes de
perte d'intérêt, de sentiment de culpabilité,
d'idées suicidaires, de fatigue, de ralentissement cognitif et moteur.
Tableau 4.4 : Signes et symptômes minoritaires de
la dépression
|
T
|
P I
|
S C
|
I S
|
F
|
F E S
|
T A
|
T S
|
R C
|
R M
|
Cas N J-P 05
|
v
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
É
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
×
|
Cas N J-L 01
|
×
|
×
|
v
|
×
|
×
|
v
|
v
|
v
|
×
|
×
|
×
|
×
|
É
|
×
|
×
|
F
|
F
|
É
|
×
|
×
|
Cas Jo 08
|
v
|
×
|
×
|
×
|
×
|
v
|
v
|
v
|
×
|
×
|
M
|
×
|
×
|
×
|
×
|
F
|
F
|
É
|
×
|
×
|
Légende
N.B : T = Tristesse?; P I = Perte
d'intérêt des activités plaisantes?; S C = Sentiment de
culpabilité?; I S = Idées suicidaires ; F = Fatigue?; F E S
= Faible estime de soi?; T A = Trouble d'appétit?; T S = Troubles de
sommeil?; R C = Ralentissement cognitif?; R M = Ralentissement moteur
Deuxième ligne de chaque cas
indique l'intensité du symptôme (F = Faible?; M = moyenne?;
É = Élevée).
|
Conclusion de
l'entretien
À la fin de chaque entretien, la possibilité a
été donnée à chaque sujet de soulever leur question
par rapport à l'entretien, d'ajouter un dernier mot ou quelque chose
qu'il pense pourrait nous être utile à cette recherche empirique.
Il faut remarquer que trois de nos huits (8) sujets ont soulevé une
question qui devrait avoir une importance capitale.
Une deuxième question a été posée
par une femme enceinte de quelques mois. Elle l'a formulé ainsi :
Apre w fin poze m anpil kesyon m' byen kontan w' ban m' chans
poze youn. Kesyon m' ta renmen poze sèke m' vin lopital la paske m' pa
t' wè règ mwen depi kèk mwa e m' te vin fè yon
tès grosès e m' konn tande y'ap di depi yon moun ansent e l' gen
SIDA kan timoun nan fèt y'ap pran l' nan men l'. Eske se vre ? Epi
m' bezwen konnen ki sa m' ka fè pou m' pa transmèt timoun
nan li?? (Cas B E 04)
(Traduction libre : Après m'avoir posé
autant de questions, je suis heureuse d'en poser une. Je suis venue à
l'hôpital parce que je n'ai pas remarqué mes menstruations au
cours des derniers mois et je suis venue pour un test de grossesse. J'ai
entendu dire que quand une personne est séropositive et tombe enceinte,
après son accouchement, son bébé lui sera enlevé.
Est-ce vrai?? Que puis-je faire pour ne pas transmettre le virus au
foetus)
Les deux autres questions étaient similaires. Elles
traduisent le désir des interviewé d'être guéris. Un
de ces deux patients nous a demandé :
M ta renmen konnen, èske pa gen yon remèd si
moun nan pran l' lap geri nèt li pap bezwen pran okenn lòt
remèd ankò?? (Cas N J-P 05)
(Traduction libre : J'aimerais savoir existe-t-il un
médicament à suivre pour être totalement guéri afin
que cette personne ne prenne plus de médicaments??)
CHAPITRE V
5. Analyse et interprétation des
résultats
Comme il a été mentionné dans
l'introduction, notre question de recherche principale était : en quoi
la séropositivité peut-elle impacter le psychisme du patient
adulte ? À cela s'ajoutent deux questions spécifiques :
quelles sont les manifestations de la dépression chez les patients
adultes séropositifs?? Quel est le jugement clinique de cette
dépression??L'analyse et l'interprétation des résultats
nous ont permis de répondre nos questions de recherche et d'atteindre
les objectifs de cette recherche.
5.1- Question de départ
La première catégorie de réponse
sous-entend que le VIH/SIDA rend mal à l'aise. Ce malaise peut
être d'ordre psychosomatique. Sur le plan psychologique, la perception de
la société face au VIH/SIDA peut représenter un obstacle
à la santé mentale des patients. Cet obstacle peut se manifester
par des troubles psychiques. Par exemple,
Sanchez-Valero (2003) avancait que le VIH peut résulter d'un
risque important de dépression. Ceci nous permet de comprendre que le
malaise dont parle les séropositifs pourrait bien s'agir d'impact
psychologique ou de malaise sur le plan psychique. Parlant de malaises, nos
participants n'ont pas vraiment fait référence aux effets
secondaires des médicaments qu'ils prennaient
régulièrement dans le cadre du traitement antirétroviral
(ARV).
Deux autres facteurs à prendre en compte qui peuvent
susciter des malaises, comme les patients les appellent, que nous nous appelons
impact psychologique, ce sont la stigmatisation et la discrimination. Ces deux
facteurs sont souvent liés au VIH/SIDA comme le soulignent Aggleton,
Wood et Malcolm (2006). Ces attitudes à l'encontre des PVVIH (Personne
Vivant avec le VIH) se manifestent parfois par un manque de soin et d'appui.
Elles accroissent les souffrances personnelles des personnes
séropositives. Quand la stigmatisation devient une attitude courante,
elle engendre la honte des PVVIH. Une telle honte peut empêcher les PVVIH
à chercher de l'aide médicale, et peut aussi avoir une
énorme incidence sur la santé mentale du patient
séropositif. Ces attitudes peuvent susciter des malaises chez les
personnes séropositives comme l'en témoignent certains
participants.
Donc, sur le plan psychologique, il est difficile pour une
PVVIH de vivre l'expérience de la séropositivité. Ce
malaise s'explique aussi sur le plan somatique. Puisque le VIH est une maladie
chronique, les patients qui veulent suivre un traitement sont condamnés
à prendre des médicaments régulièrement, voire au
quotidien. À un moment donné, ces médicaments peuvent
susciter des effets secondaires qui rendent souvent mal à l'aise les
patients sur le plan somatique.
Le deuxième type de
réponse considèrait le VIH/SIDA comme une maladie
mortelle causant beaucoup de décès.Cette réalité
peut avoir une incidence majeure sur la santé mentale
des PVVIH.Chaque individu a le désir de vivre.Quand une situation
exogène entrave son avenir vital, cela peut entraver le bon
fonctionnement psychique de la personne.Quand le sujet pense à demain,
il peut imaginer une éventuelle mort proche ou lointaine.Dans certains
cas, cela peut engendrer le stress, l'anxiété et la
dépression.D'une part, le caractère mortel de la maladie peut
susciter l'humeur dépressive chez le sujet.D'autre part, quand la
personne prend conscience qu'un jour la chronicité de la maladie finira
par mettre un terme à sa vie, cela peut augmenter l'humeur
dépressive de la personne ce qui pourra susciter une perte
d'intérêt pour les activités quotidiennes.Ces deux
éléments sont deux symptômes importants de la
dépression.Dans le cas des troubles de l'humeur chez les PVVIH, la
considération des personnes face au VIH peut expliquer le
résultat de la dépression.Par exemple, un de nos
interviewés nous a confié ceci : «?Quel que soit ce que
l'on peut dire de cette maladie, c'est une maladie drôle »
; « Dieu a créé chaque personne avec une
espérance de vie, tout ce qui arrive, c'est avec la permission de
Dieu. » Donc, quel qu'en soit la maladie qu'une personne puisse
avoir, elle vivra le temps qui a été prédestiné par
Dieu?» Il qualifie cette maladie de drôle, mais soutient que dans la
mesure où le sujet suit son traitement son espérance de vie ne
sera pas réduite.La considération qu'il porte au VIH pourrait
affecter son psychisme, il voit que c'est une maladie drôle.Cependant,
pour faire face à cette réalité cette personne fait du
refoulement comme mécanisme de défense.Pour pouvoir apaiser la
douleur psychique que cela peut provoquer qui se manifeste souvent par une
humeur dépressive, certains sujets refoulent la réalité
que le VIH/SIDA a un caractère mortel.Par exemple, un autre
sujet voyait le VIH comme une maladie mortelle dans un premier temps et une
fièvre dans un second temps.En réalité, le VIH n'est pas
une simple fièvre, mais une maladie mortelle et chronique.Pourtant, au
fil du temps, cette patiente, pour minimiser les impacts psychologiques de la
séropositivité elle voyait cette infection comme une simple
fièvre.Cependant, cette considération qu'elle a de cette maladie
peut l'aider à mieux faire face à l'expérience de la
séropositivité contrairement aux patients qui le
considèraient comme une maladie mortelle ou une maladie qui peut mettre
mal à l'aise.De ce fait, les impacts psychologiques ne seraient pas les
mêmes.
La troisième catégorie de réponse
concerne une réponse solitaire qui voyait plutôt le VIH/SIDA comme
une maladie contagieuse contractée surtout lors des rapports sexuels non
protégés. Ce participant nous a confié que c'est une
maladie que l'on peut contracter à cause de la débauche et par
manque de prudence. C'est probablement par rapport à ses
expériences personnelles ou celles de ses pairs séropositifs
qu'il a une telle perception du VIH. Ces expériences peuvent susciter le
regret qui peut se manifester par des sentiments de culpabilité qui
constituent un symptôme de la dépression. Les souvenirs de ces
expériences peuvent déclencher une humeur dépressive, mais
essentiellement des sentiments de culpabilité.
Donc, la considération que les personnes
séropositives ont du VIH/SIDA soulève l'impact que cette maladie
peut avoir sur la santé mentale du sujet en question. Cela peut les
aider à faire face à leur expérience de
séropositivité.
5.2- Compréhension et perception de la
séropositivité
Dans la première sectionon se rapplle que tous les
participants que nous avions rencontrés dans le cadre de cette recherche
étaient des personnes séropositives qui suivaient un
traitement antirétroviral (ARV), c'est-à-dire,
elles étaient bel et bienséropositives.Pourtant,
sept participants nous ont confiées que le résultat qui
leur a été communiqué a été un
résultat positif contre un qui affirmait que son résultat a
été négatif, mais il a commencé son traitement
antirétroviral (Cas S T 07).Tandis que, quelques mois plus tôt
(avant de l'avoir rencontré dans le cadre de cette recherche) sa charge
virale était évaluée à plus de 50 000 copies par
mililitre. Donc, il réellement séropositif.
À son discours, nous pouvons accorder deux
interprétations : le délire de persécution et le
déni.Un des rares participants présentait le délire de
persécution comme symptôme.En plus de nier sa maladie, il pense
qu'il est persécuté par son collègue jaloux de son
salaire.Il faut rappeler que Bertrand-Servais(2004) expliquait que la
dépression est rarement escortée de délires et
d'hallucinations.Ce sont deux symptômes de cas de troubles
psychotiques.Cependant, ils sont réactionnels à la phase
aiguë de la dépression.Avec neuf symptômes sur dix, ce
patient a une dépression majeure accompagnée d'un symptôme
psychotique qui est le délire de persécution.
Quand il s'agit de maladie chronique et mortelle, ce n'est pas
toujours facile d'accepter.Avant de faire le deuil d'une maladie chronique
comme le VIH, le patient peut prendre du temps avant de franchir au fur et
à mesure les étapes du
deuil.Richa (2006) énumèrait cinq étapes
que peut franchir un patient avec une maladie chronique :
a) l'annulation, b) la dénégation et le
déni c) le marchandaged)ladépression, et
e) l'acceptation.Dans ces étapes, considérons la
dénégation et le déni pour expliquer le refus du
patient.La dénégation est une négation en paroles, un
refus verbal, pourtant le déni est une négation en actes.À
ce stade, le patient nie sa maladie, nie la situation qui lui parait
catastrophique justement pour atténuer l'angoisse et se protéger
de l'idée de la venue d'une mort éventuelle.Et par déni,
il refuse la réalité qu'il vit et minimise les symptômes
ressentis et parfois refuse un traitement approprié à la maladie
chronique.
C'est ce que fait ce patient qui affirmait que son
résultat a été négatif pendant qu'il suit un
traitement d'ARV et refusait d'accepter son statut de
séropositivité.Il refusait la réalité en montrant
que ce n'était pas le vrai VIH qu'il a eu en comparant sa
situation à celle des autres personnes séropositives.Puisque la
situation lui parait catastrophique, il nie la situation pour se
protéger des angoisses que cela peut bien provoquer sur sa santé
mentale.
Pourtant, il présente 9 des 10 symptômes que nous
avions pris en considération lors de l'entretien.La tristesse profonde
se manifeste à une intensité élevée ;la perte
d'intérêt des activités plaisantes à une
intensité faible ;les sentiments de culpabilité à une
intensité élevée.Il ne présente pas le
symptôme d'idées suicidaires.Il se sent fatigué à
une intensité moyenne ;ll a une plus ou moins faible estime de
soi ; il a des troubles d'appétits à une intensité
moyenne et des troubles de sommeil à la même intensité.Son
Ralentissement cognitif est élevé et son ralentissement moteur
moyenne.
En outre, il est aussi probable que le sujet comprend mal le
résultat qui lui a été communiqué. Quand on
communique un résultat positif à une personne suite à un
test de VIH, si le counseling pré-test n'a pas été fait ou
que le counseling post-test est mal fait, positif peut signifier que tout va
bien, qu'il n'a pas le virus du VIH dans le sang. Cependant, ce patient admet
qu'il est infecté par le VIH, mais nous affirme que son résultat
est négatif.
La deuxième question a été traduite
ainsi : Quel sens avez-vous donné à ce
résultat?? Cette question nous a permis de voir le sens que le patient
donne au résultat qui lui a été communiqué lors de
l'annonce de la séropositivité. En effet, une personne peut avoir
trois attitudes lors de l'annonce de sa séropositivité :
1) interpréter le résultat pour ce qu'il est
en réalité, c'est-à-dire positif et de suivre un
traitement, bien qu'accepter la séropositivité est souvent
très difficile ;2) que cela va engendrer des
problèmes émotionnels et
psychologiques ;3) douter du résultat et tenter de
refaire le test ailleurs.
La première catégorie de réponse renvoie
à deux étapes des mécanismes de défense
de Richa (2006) :la dépression et l'acceptation.À
l'étape de la dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le
patient reconnaît les symptômes de sa maladie, son
diagnostic, l'impact de la maladie sur sa santé et l'aborde de
manière angoissante.À ce stade, les symptômes de la
dépression peuvent être manifestes.Il peut à ce moment
accepter un traitement approprié.À l'étape de la
dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le patient
reconnaît les symptômes de sa maladie, son diagnostic, l'impact de
la maladie sur sa santé et l'aborde de manière
angoissante.Cependant, une psychothérapie est indispensable pour aider
la personne à faire face à sa nouvelle situation psychologique et
médicale.
D'autres patients estiment qu'il est préférable
de croire que l'annonce d'une séropositivité procure des
problèmes émotionnels et psychologiques.Sur le plan
émotionnel, ce n'est pas une nouvelle réconfortante.Donc, cette
nouvelle affectera certainement l'humeur de la personne au point de
déclencher une tristesse profonde manifestée quelques fois par
des larmes.C'est une réaction normale, carleVIH/SIDAest une maladie
mortelle et chronique et les personnes qui en souffrent sont
souvent victimes de stigmatisation et de discrimination.
La dernière catégorie a douté du
résultat et préférer de refaire le test dans un autre
centre hospitalier.Cette attitude s'explique par le refus d'accepter
l'infection au VIH en tout premier lieu.C'est encore le déni qui traduit
une telle attitude.Dans beaucoup de cas, des patients se rendent dans plusieurs
autres centres hospitaliers pour refaire le test avant de croire que c'est
vrai.Même après plusieurs tests de confirmation des patients sont
encore retissant d'accepter qu'ils sont infectés du VIH.
La quatrième question de cette section porte sur les
émotions ressenties lors de l'annonce de la
séropositivité.La question est : Après qu'on
vous a annoncé que votre test est positif, quels ont été
vos sentiments?? Deux catégories de réponses ont
été données : la première catégorie
éprouvait un sentiment de tristesse plus ou moins profond et l'autre
catégorie semblait ne se préoccuper pas de leur
séropositivité.Ce qui mérite notre attention dans la
première catégorie, c'est que
sept (7) interviewés éprouvaient un sentiment de
tristesse suite à l'annonce de la séropositivité.
Comme l'a souligné la société canadienne
du SIDA (2014), chaque individu à un moment donné de la vie
peut faire face à une situation difficile qui le rend
mélancolique.Par exemple, des situations comme une rupture sentimentale,
la perte d'un emploi, la mort d'un être cher ou le dépistage d'une
maladie chronique sont susceptibles de susciter la déprime.Dans le cas
de l'annonce de la séropositivité, il est normal que ces
sept (7) patients ressentaient de la tristesse.Ce n'est pas comme si
non vient de vous apprendre une nouvelle réconfortante, mais une
nouvelle qui pourrait être perçue comme mauvaise.Certaines
personnes expriment leur tristesse (par des pleurs par exemple) et d'autres par
une humeur dépressive.Mais quelle que soit la façon dont une
personne exprime sa déprime, il faut souligner que l'annonce de la
séropositivité a un impact majeur sur le psychisme de la
personne.Même avec une prise en charge psychologique ces patients
présentent quelques fois des dysfonctionnements psychiques.C'est
pourquoi, il est souvent nécessaire de faire une prise en charge
psychologique pour cette personne, un counseling post-test par
exemple.
Par contre, certaines personnes semblent ne se
préoccuper de l'annonce de leur séropositivité.Ce n'est
pas parce qu'ils ne comprennent pas la nature de leur maladie, sa
chronicité et son caractère mortelle, mais c'est un
mécanisme de défense, le refoulement qu'ils utilisent pour faire
face à cette nouvelle réalité.
Un autre aspect important à prendre en
considération est la façon dont les personnes
séropositives perçoivent et vivent l'expérience de leur
séropositivité.En ce sens, la dernière question de cette
section a été posée autour de l'expérience de la
séropositivité.Les réponses obtenues nous ont permis de
comprendre que ces personnes souffraient sur le plan émotionnel à
cause de la représentation sociale de la maladie, des effets secondaires
de la maladie et étaient victimes du manque de confidentialité du
personnel soignant.Comme le relatent certains patients, vivre
l'expérience de la séropositivité n'est pas facile.Sur le
plan social, le patient séropositif doit faire face à
la discrimination et à la stigmatisation.De telles attitudes ne feront
que détériorer la santé mentale du patient en plus de
l'affaiblissement de sa santé physique.Donc, le sujet fait face à
des difficultés à la fois sanitaires, sociales et psychologiques,
ce qui pourrait avoir une incidence majeure sur sa santé
mentale.
La confidentialité est aussi un
facteur considérable qui peut jouer en faveur de la prise en charge
psychologique. Par exemple, on se rappelle que nos huits sujets
séropositifssont des patients de l'hôpital
de Fort-Liberté. Cependant, six (6) de ces sujets
viennaient de Ouanaminthe.Pourtant, ils ont la possibilité de
suivre le traitement ARV et la prise en
charge psychothérapeutique dans leur région de
provenance.Certains d'entre eux posaient le problème de la
confidentialité.Ils hésitaient de se rendre à
l'hôpital de Ouanaminthe par peur que le personnel soignant ne
divulguent l'information pour qu'ils ne soient pas victimes de
discrimination et de stigmatisation.De ce fait, ils préfèraient
parcourir environ 20 Km pour venir aux rendez-vous avec le médecin
ou le psychologue.
Après un test de dépistage, il est
important que le personnel soignant sauvegarde en toute confidentialité
les informations de la personne.Le sujet peut se fier au personnel hospitalier,
il devrait pas trouver d'inconvénients pour que quelques membres du
personnel soignant soient au courant de sa maladie, mais cela peut lui poser
quand l'information est révélée à d'autres
personnes par un personnel soignant. Voilà pourquoi, quelques-uns
préfèraient se rendre dans un centre hospitalier hors de leur
quartier, région voire commune.C'est une façon pour eux de lutter
contre le souci de la confidentialité, la discrimination et la
représentation sociale que les gens de leur région auraient de
leur séropositivité.
5.3- Impact psychologique de la
séropositivité
L'annonce de la séropositivité peut être
également perçue comme déstabilisant.Les réactions
et la capacité de résilience varient d'une personne à une
autre.Dépendamment, de la personne, la séropositivité a un
impact considérable sur la santé mentale du patient.C'est
pourquoi, dans presque tous les cas les patients sont affectés
psychologiquement.Avec le diagnostic du VIH, il peut y avoir une
différence sur le plan mental, entre la période avant que le
patient soit au courant de sa séropositivité et après.La
première question de cette section impacts psychologiques de la
séropositivité nous a permis de différencier la
santé mentale du sujet avant et après l'annonce de la
séropositivité.
Tous les patients interviewés dans le cadre de cette
recherche se sentaient mieux sur le plan psychologique et émotionnel
avant la découverte de leur séropositivité.Ils
établissaient une grande différence entre les émotions
éprouvées après la découverte de leur
séropositivité et l'impact psychique.Ceci démontre que la
séropositivité affecte grandement la santé mentale d'un
patient au point de déclencher des troubles psychologiques qui
méritent une prise en charge thérapeutique.Une prise en
charge thérapeutique est nécessaire par rapport à
l'impact que le VIH provoque.Par rapport à la deuxième question
de cette sous section qui détermine la perception du patient par rapport
à l'impact du VIH sur leur santé mentale, nous estimons que le
VIH a une grande influence psychologique.Par exemple,
sept (7) participants sur huit (8) affirmaient que
le VIH/SIDA peut provoquer des troubles psychologiques. Certains
faisaint référence aux symptômes de la dépression et
d'autres soulèvaient des symptômes de troubles
psychotiques.
Bien entendu, l'impact généré
après le diagnostic dépend de la personnalité de la
personne.Certaines personnes sont peu affectées que
d'autres.Richa(2006)soulignait que certains patients acceptent calmement le
diagnostic d'une maladie chronique, mais d'autres souhaitent la mort et
refusent de continuer à vivre.Il soulignait également que la
dépression suscitée par une maladie chronique, la gêne, la
peur des résultats du traitement, l'angoisse due aux dépenses
peuvent être de la source de l'isolement et de la faible estime de
soi.
5.4- Signes et symptômes de la dépression
5.4-1. Cas des
sujets dépressifs
Cette section nous a permis d'atteindre deux des trois
objectifs de notre recherche.Ces deux objectifs étaient de : 1)
Décrire les manifestations de la dépression chez les patients
adultes séropositifs. 2) Établir un jugement clinique de la
dépression chez les patients séropositifs. Nous avions deux
groupes de patients : ceux qui présentent des symptômes
majoritaires de la dépression que nous jugeons de patients
dépressifs.Ils présentent plus de cinq symptômes dont
deux la tristesse profonde et la perte d'intérêt pour les
activités quotidiennes qui sont accompagnés de quatre autres
symptômes.
Le premier groupe de cas concerne les
patients séropositifs dépressifs qui étaient au
nombre de cinq (5) :trois (3) hommes et
deux (2) femmes. Quatre sont dépressif à une
intensité moyenne, un autre à une sévère avec un
symptôme psychotique et trois autres présentaient un ou plusieurs
symptômes de la dépression, mais n'étaient pas
dépressifs.
Le premier cas concernait un homme dénommé
«?Cas RD 01?». Le sujet était de 56 et était
au courant de sa séropositivité depuis environ deux ans.Il
ne savait ni lire ni écrire. Il est venait
de Ouanaminthe.Il était cultivateur.Ce patient présentait
sept (7) des 10 symptômes de la dépression que nous
avions pris en considération.Il présentait symptômes
suivants : tristesse profonde à intensité moyenne, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte
intensité, fatigue à intensité moyenne, troubles de
sommeil à forte intensité, ralentissement cognitif à
intensité moyenne et ralentissement moteur à intensité
moyenne.En raison de ces signes et symptômes, il était
évident que ce patient est dépressif à une
intensité moyenne.
Pour établir un jugement clinique de la
dépression chez les patients séropositifs, nous nous basons sur
les critères de diagnostic de la CIM-10 cité par Bertrand-Servais
(2004). C'est pourquoi nous estimons qu'il présentait une
dépression moyenne. De plus, malgré que ce sujet prenne
conscience de sa séropositivité depuis 2 ans et sept mois, il
n'est pas épargné de l'un des impacts de la
séropositivité chez lui qui est la dépression.
Nous donnons le nom de «?cas MJ 03?» à
ce cas.Ce patient était un homme de 33 ans qui était au courant
de sa séropositivité depuis sept (7) mois.Il
présentait six (6) des 10 symptômes de la
dépression que nous considérons.Ces symptômes
étaient : tristesse à forte intensité, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte
intensité, fatigue à intensité moyenne, faible estime de
soi à faible intensité et ralentissement cognitif à forte
intensité.Par conséquent, nous situons le niveau de la
dépression de ce sujet à une intensité moyenne si nous
nous référons aux critères de diagnostic du DSM 5. En
fait, il présentait 6 symptômes sur 10 (une majorité). De
plus, les symptômes qu'il présente étaient majoritairement
élevés. Donc, nous pouvons affirmer que sa dépression est
moyenne.
Le troisième cas de ce groupe est celui d'une femme
âgée de 30 ans qui habitait à Ouanaminthe.Nous
appelons ce cas «?BE 04?».Elle était au courant de
sa séropositivité depuis environ un an.Elle n'est pas
mariée, nais vit une relation d'union libre.Elle avait
complété ses études secondaires.Cette participante
présentait sept (7) symptômes de la dépression
sur 10 que nous avions pris en considération.Ses symptômes
étaient : tristesse à forte intensité, perte
d'intérêt des activités plaisantes à
intensité moyenne, faible sentiment de culpabilité, fatigue
à faible intensité, estime de soi moyenne, troubles
d'appétit à intensité moyenne et troubles de sommeil
à intensité moyenne.Donc, par rapport aux signes et
symptômes qu'elle présentait, nous estimons que cette patiente
était bien dépressive.Puisque le DSM 5 (2016) montre que la
dépression moyenne nécessite une quantité de
symptômes et/ou de l'altération du fonctionnement qui sont compris
entre «?léger?» et «?grave?». Or le nombre de
symptômes est de 7 sur 10, donc nous pouvons mesurer sa dépression
à une intensité moyenne.
Notre quatrième de ce groupe s'appelle
«?ST 07?».C'est un homme de 36 ans qui était au courant
de sa séropositivité depuis quatre (4) ans.Il
était marié.Il a achevé ses études secondaires. Il
pratiquait la maçonnerie comme activité professionnelle. Il
présentait neuf (9) de nos 10 symptômes de
dépression qui étaient : tristesse à intensité
élevée, perte d'intérêt des activités
plaisantes à faible intensité, sentiment de culpabilité
à une forte intensité, fatigue à intensité moyenne,
faible estime de soi, trouble d'appétit à une intensité
moyenne, troubles de sommeil à une intensité moyenne,
ralentissement cognitif élevé et ralentissement moteur moyen.
Pour juger le niveau de la dépression de cet homme,
faisons une comparaison entre les critères qui mesurent
l'intensité de la dépression entre la CIM-10 cité par
Bertrand-Servais et le DSM 5, en considérant l'intensité
sévère. Pour Bertrand-Servais (2004), l'épisode
dépressif ou la dépression à une intensité
sévère nécessite la présence de dix
symptômes. Le DSM 5 (2016) ne précise pas la quantité
de symptômes qui doivent être réunis pour parler de
dépression sévère, mais soutient que la quantité de
symptômes est en excès par rapport à la quantité
nécessaire pour établir le diagnostic. Dans le ce cas, ce
participant présentait 9 symptômes sur 10. Donc, la
quantité de symptômes est en excès par rapport à la
quantité suffisante pour poser le diagnostic de la dépression
sévère. En outre, ce participant présentait le
symptôme de délire de persécution. Il pensait que sa
séropositivité avait une portée maléfique et qu'il
est dû à cause de la jalousie de son collègue de travail
qui lui a inssufflé le VIH sous forme de poudre. En plus d'être
atteint d'une dépression sévère, sa dépression est
accompagnée d'un symptôme psychotique. Il faut souligner aussi
qu'il était au courant de sa séropositivité depuis quatre
ans, mais le nombre d'année qu'il vit avec le virus du SIDA dans le sang
ne lui épargne pas d'une dépression sévère.
Le «?cas PJ-B?» concerne une femme de 48 ans qui
était au courant de sa séropositivité depuis 3 ans.Elle
ne savait ni lire ni écrire. Elle était
commerçante et est dans une relation d'union libre. Elle
présentait six (6) des 10 symptômes de la
dépression considérés qui étaient : tristesse
à une intensité élevée, perte
d'intérêt des activités plaisantes à faible
intensité, faible estime de soi, trouble d'appétit à
intensité moyenne, trouble de sommeil à intensité moyenne,
ralentissement cognitif à intensité moyenne.En raison de ces
signes et symptômes nous estimons en plus d'être
séropositive, elle est dépressive. Puisqu'elle présentait
une majorité (6 sur 10), nous pouvons déterminer qu'elle avait
une dépression moyenne.
5.4-2. Cas des
sujets non dépressifs
Parmi les huit patients sélectionnés, nous
venons de constater que cinq d'entre eux étaient dépressifs. Il y
a trois autres qui n'étaient pas dépressifs. Il y a trois
intensités de la dépression : légère, moyenne,
sévère. Des critères de diagnostic qui se situent dans le
cadre conceptuel nous a permis de mieux les situer. De ce fait, même si
un sujet peut présenter quelques symptômes de la
dépression, dans le cas où tous les critères ne sont pas
réunis nous ne pouvons pas parler de dépression.
Le premier niveau est le niveau léger. Bertrand-Servais
(2004) estime qu'il faut la présence d'au moins deux des trois
symptômes dans la catégorie B qui est présent dans le
tableau 2.1 et d'au moins un ou deux des symptômes de la
catégorie C. Ce qui fait un total de trois à quatre
symptômes (des critères B et C). En se basant sur de tel argument
nous pouvons déterminer que les cas «?Jo 08?», «?N
J-L 01?», «?N J-P 05?» n'étaient pas
dépressifs.
Le cas «?Jo 08?» concerne une femme de 43 ans
qui était au courant de sa séropositive depuis 12 ans.Elle
travaillait comme agent de terrain au programme de VIH/SIDA. Elle venait
de Ouanaminthe, elle était veuve et a complété ses
études secondaires. Elle ne présentait que
quatre (4) des 10 symptômes considérés qui
sont : tristesse à l'intensité moyenne, une faible estime de
soi, faible trouble d'appétit et des troubles de sommeil
élevés. Elle pourrait avoir une dépression
légère, mais les symptômes et leur intensité
n'étaient pas suffisants.
Le cas «?N J-L 01?» est celui d'un homme 61
ans était au courant de sa séropositivité depuis
environ cinq (5) ans. Il ne savait ni lire ni
écrire, il était cultivateur et habitait
à Ouanaminthe.Il était veuf. Il présentait
quatre (4) symptômes de la dépression sur 10 par rapport
aux questions posées.Ses symptômes étaient : sentiments de
culpabilité à intensité élevée, une faible
estime de soi, de faible trouble d'appétit et des troubles de sommeil
élevés.Donc, il n'était pas dépressif.
Le cas «?N J-P 05?» concerne une femme de 37
ans qui était au courant de sa séropositivité depuis
cinq (5) ans.Elle était commerçante. Elle venait de
Ouanaminthe. Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle ne présentait
qu'un symptôme : tristesse à une forte intensité.Elle
n'était pas dépressive.
Les résultats de cette section signes et
symptômes de la dépression révèlent que sur les huit
patients participants cinq étaient dépressifs contre trois
qui présentent des symptômes de la dépression, mais qui ne
l'étaient pas. À la lumière de ces résultats, nous
rejoignons Lyketsos et Federman (1996), cité par Suarez
(2000) qui affirmaient que le VIH est un facteur qui renforce les troubles
psychiatriques. Le VIH peut impacter le psychisme du patient pour y provoquer
des troubles psychologiques, comme il est le cas dans notre étude.
En outre, presque tous les patients, sept sur
huit (7/8) présentaient le symptôme de tristesse
profonde.Cela explique le pouvoir du VIH/SIDA sur l'humeur de la
personne, sur ses sentiments et émotions.Presque tous ceux qui
étaient dépressifs présentaient des symptômes
communs (tristesse profonde, perte d'intérêt pour les
activités habituelles, sentiment de culpabilité). Ces
sympômes sont en fait les symptômes les plus courants de la
dépression qui existent chez les patients séropositifs selon
ces résultats.
Toutefois, les trois (3) patients qui
nétaient pas dépressifs démontrent qu'une personne
séropositive n'est pas forcément dépressive ou ne sera pas
forcément atteinte de la dépression ou d'un trouble
psychique.
Nous comprenons que quel qu'en soit l'âge, le sexe, le
niveau scolaire, le statut social, le statut marital, le nombre d'année
qu'un sujet puisse vivre avec le VIH/SIDA, tout séropositif peut
être dépressif à un moment de leur expérience de
séropositivité.
5.5- Analyse sur le facteur de nombre d'années avec la
séropositivité
Il faut rappeler que Sanchez-Valero(2003)soutenaient qu'il y a
un risque important de la dépression au fur et à mesure que
l'infection avance vers le stade du SIDA. Les résultats de notre
recherche ont démontré le contraire. Ces résultats
soutiennent que les participants ayant plus de temps avec le VIH s'adaptent le
mieux, comparativement à ceux qui ont que quelques mois ou une ou deux
années avec leur séropositivité. Trois exemples
soutiennent notre affirmation. La participante « Jo 08 » est
séropositive depuis plus de 12 ans. Elle est certes triste,
à cause de sa situation, elle a une faible estime de soi, elle
a des troubles de sommeil et d'appétit, mais elle s'adapte à sa
situation en acceptant sa séropositivité. Nous pouvons
comparer son cas à celui de « BE 04 » qui
présentait sept symptômes dépressifs (Tristesse
élevée ; perte d'intérêt moyen
; sentiments de culpabilité faibles ; faible fatigue
; troubles de sommeil moyens ; troubles d'appétit moyens et
une estime de soi moyen) et qui est dépressive depuis 1 an 2
mois. Elle (BE 04) est donc
dépressive. Pourtant, le cas « Jo 08 » n'est pas
dépressif.
Un autre exemple est celui du participant «
N J-L 02 » qui est séropositif depuis 4 ans 7
mois. Nous avions catégorisé ce participant parmi ceux qui
ne sont pas dépressifs, car il ne présentait pas les
symptômes suffisants (Faible estime de soi ; sentiments de
culpabilité élevés ; troubles de sommeil et troubles
d'appétit) pour établir un jugement
clinique dépressif. Il faut comparer ce participant au
participant « M J 03 » est au courant de sa
séropositivité depuis sept (7) mois. Il
présentait six (6) symptômes (Tristesse
élevée ; perte d'intérêt moyen
; sentiments de culpabilité élevés ; fatigue
moyenne ; faible estime de soi moyen et ralentissement cognitif
élevé) qui nous a permis d'établir le jugement qu'il
est dépressif. Pourtant, le participant « N J-L 02
» ne l'est pas.
Le dernier exemple est celui d'une participante «
N J-P 05 » qui est au courant de sa séropositivité
depuis cinq (5) ans. Elle ne présentait qu'un seul
symptôme de la dépression : la tristesse. Elle accepte
sa séropositivité et estime qu'un
sujet séropositif doit accepter sa
séropositivité et suivre le traitement
nécessaire. Nous la comparons au participant « R D 01 »
qui est au courant de sa séropositivité depuis 2 ans 7
mois. Ce dernier a plus de difficulté à surmonter sa
situation. Car il est considéré comme dépressif en
présentant sept (7) symptômes de la
dépression (Tristesse à une intensité moyenne
; perte d'intérêt à une intensité moyenne
; fatigue à une intensité moyenne ; des troubles de
sommeil élevés ; ralentissement cognitif moyen
; ralentissement moteur moyen et des sentiments de culpabilité
élevés).
Ces trois exemples nous permettent de conclure que plus
les années de la séropositivité se multiplient plus le
sujet s'adapte, et également plus les années se multiplient moins
le sujet est susceptible d'être dépressif. Toutefois, il est
bon de signaler que cette situation ne se répète pas toujours,
car l'un de nos participants nous incite à avoir une
réserve. Le participant « ST 07 »
présentait neuf (9) symptômes de la
dépression (Tristesse élevée ; faible perte
d'intérêt ; sentiments de culpabilité
élevés ; fatigue moyenne ; faible estime de soi
; troubles de sommeil moyens ; troubles de sommeil moyens
; ralentissement cognitif élevé et ralentissement moteur
moyen). Pourtant, il est au courant de sa séropositivité
depuis 4 ans.
5.6- Discussion
5.6-1. Ce que cette
recherche nous a appris
Cette recherche est pour nous une nouvelle expérience
qui sera très bénéfique à notre carrière de
psychoéducateur et psychologue. Elle nous a permis de nous familiariser
avec la population séropositive, de connaitre leur force et leur
faiblesse. Elle nous a aussi facilité l'acquisition de nouvelles
connaissances. En tant que futur licencié en psychoéducation et
psychologie, cette recherche nous a aidé à cerner le
problème adaptatif des patients séropositifs. Le centre de
santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale (2013) soutient que
la psychoéducation permet d'évaluer des difficultés
d'adaptation et des capacités adaptatives. Une telle évaluation
permet de déterminer un plan d'intervention et d'en garantir la mise en
oeuvre, de restaurer et déployer les capacités adaptatives de la
personne ainsi que contribuer au développement des conditions du milieu.
Ceci favorisera une adaptation optimale de l'être humain en interaction
avec son milieu.
Quand une personne est séropositive, sa vision du monde
devient différente. Par rapport à la considération que la
société a du VIH/SIDA, la stigmatisation et la discrimination, il
devient difficile à un séropositif de s'adapter à sa
maladie chronique. Cette inadaptation a une répercussion sur la
santé mentale du patient.
Les résultats de cette recherche
ont soutenu que le VIH/SIDA peut engendrer des troubles
psychiques chez les patients séropositifs.Il a été
démontré que 5 patients sur 8 ont une dépression, certains
parmi eux ont une dépression majeure.L'impact du VIH/SIDA sur
la santé mentale du patient est probablement
à l'origine du problème d'adaptation.Ces mêmes
résultats soulèvent que certains patients ont une capacité
d'adaptation à leur situation séropositive, car trois d'entre eux
n'étaient pas dépressifs.
5.6-2. Potentiel
intervention psychoéducative dans le cas de VIH/SIDA
Par rapport à cette réalité, il est donc
nécessaire de planifier un plan d'intervention psychoéducative
adaptée à cette situation.Dans le cadre de cette intervention, on
peut tenir compte de deux aspects : 1) la structure
d'ensemble 2) des techniques d'intervention (schèmes
relationnel).
5.6-2.1. Structure d'ensemble
Les composantes de la structure d'ensemble peuvent être
un atout dans les interventions chez les patients séropositifs.
Renou (2005) énumèrait les différentes
composantes de la structure d'ensemble qui se divisent en deux :
1) axe central 2) composantes satellites.
5.6-2.1.1. Axe central
L'axe central comprend le sujet et les groupes de pairs, les
éducateurs et les objectifs.Dans notre sujet,
les sujets concernent les
patients séropositifs et leurs pairs.Dans l'intervention, ces
patients constituent l'aspect le plus important de l'intervention.L'objectif
quant à lui est le centre de l'intervention.Il s'agit de la
finalité des interventions.Par exemple, environ sept (7) sur
huit (8) patients qui faisaient partie de l'étude
présentaient des symptômes communs de la
dépression (Tristesse profonde?; perte d'intérêt
pour les activités habituelles?; sentiment de
culpabilité).C'est une faiblesse. Aucun ne présentait des
idées suicidaires comme symptômes de la dépression.C'est
une force.En faisant une intervention avec ce groupe par exemple, l'objectif de
l'intervention pourrait être de renforcer les forces et
d'améliorer les faiblesses. La réduction de l'intensité
des symptômes communs pourrait constituer un objectif pour
améliorer les faiblesses. Les éducateurs représentent
toutes les personnes qui sont impliquées dans la réalisation de
l'intervention.Il peut s'agit de l'intervenant lui-même, de parents,
d'amis et d'éducateurs.Ces personnes ont un rôle important
à jouer dans la réduction de l'impact psychologique de la
dépression.Par exemple, si les parents et les proches qui sont
impliqués dans l'intervention culpabilisent le sujet pour avoir eu des
relations sexuels non protégés, ce qui pourrait être la
cause de son infection au VIH, cela peut augmenter l'impact psychologique.Cela
intensifiera certainement le symptôme de sentiment de culpabilité
qui peut conduire aux idées suicidaires.
5.6-2.1.2. Composantes satellites
Les composantes satellites sont : programme et
contenu, système de responsabilité, moyens de mise en
interaction, code et procédures, temps, espace et système
d'évaluation et de reconnaissance.
Programme et contenu
Le programme est un ensemble de contenus à
accomplir.Ils sont préparés en fonction des objectifs à
atteindre.Le contenu quant à lui est ce que
l'éducateur (l'intervenant) désire faire accomplir le
sujet pour atteindre ses objectifs.Ces composantes ont une importance capitale
pour aider les patients séropositifs.Si l'intervention a un
programme et un contenu pauvre pendant que l'impact de la
séropositivité sur le patient adulte est riche, l'intervention et
les objectifs auront un sens vide.Ceci n'améliora pas la santé
psychique du sujet.
Système de responsabilité
Pour que l'intervention soit effective, chaque
acteur a un rôle à jouer.La composante
système de responsabilité permet de définir le rôle
de chaque acteur dans le programme.Quand il s'agit de VIH/SIDA, de
même que l'entourage du sujet peut influencer l'impact que la maladie a
sur le sujet, c'est pour cela la définition de fonction de chaque
acteur, chaque éducateur peut influencer d'une manière positive
son psychisme.Cependant, il est nécessaire que le sujet lui-même
connaisse sa fonction dans l'impact psychologique qu'il pourrait permettre que
la séropositivité ait sur son psychisme.
Moyens de mise en interaction
Les moyens de mise en interaction sont aussi importants dans
l'intervention.Certains sujets séropositifs sont
stigmatisé et dans certains cas s'auto stigmatisent.Parmi eux, certains
font des résistances face aux entretiens, aux interventions.Les moyens
de mise en interaction pourraient être un moyen de réduire ou
écarter professionnellement les résistances.Dans une
première intervention, il peut avoir de résistances, mais la
multitude des moyens de mise en interaction pourrait être un moyen
sûr pour varier les interventions et limiter les
résistances.
Code et procédures
La composante code et procédures joue son
rôle dans l'intervention, puisqu'il établit un ensemble de
règles, principes et procédures cohérents à
appliquer dans la pratique pour l'atteinte des objectifs dans le cadre de
d'intervention
Espace
Il s'agit du contexte spatial de l'intervention. Il peut
être objectif ou subjectif. Puisqu'ils peuvent victimes de discrimination
et de stigmatisation, l'espace de l'intervention des PVVIH a une
importance capitale.Cet espace devrait respecter un cadre de
confidentialité.Ce n'est pas sans raisons que six (6) des
personnes qui participaient à cette recherche venaient
de Ouanaminthe.Pourtant, l'hôpital de Ouanaminthe fournie
des services médicaux et psychologiques pour les PVVIH.Cependant,
en raison des personnes qui fréquentaient ce même hôpital,
ils hésitaient de se rendre à l'hôpital de leur zone
d'habitat. À cause des doutes de confidentialité, ils
préfèraient fréquenter un espace où ils estimaient
que la confidentialité de leur information était plus ou moins
garantie.De ce fait, ni l'espace de l'intervention, ni l'espace de l'annonce de
la séropositivité ne devrait en aucun cas être un espace
public.
Temps
La composante temps réfère au contexte temporel
de l'intervention qui peut être objective (durée de
l'intervention, horaires) et subjective (perception par le jeune et
l'éducateur). C'est aussi important dans le cas des sujets
séropositifs, car cela leur permet de rencontrer et de passer du temps
avec l'éducateur qui jouera de rôle d'intervenant afin
d'accompagner le sujet et l'aider à l'adapter à sa situation.
Système d'évaluation et de
reconnaissance
C'est l'ensemble des moyens établis par le milieu pour
analyser et évaluer le sujet en fonction de l'échelle de valeurs
du milieu, et de l'atteinte de ses objectifs (évaluation) ainsi que
l'ensemble des moyens pour communiquer cette appréciation au sujet
(reconnaissance). À la fin de l'intervention, il serait vivement
conseillé de faire une évaluation des objectifs, d'évaluer
et analyser le sujet.Si par exemple, dans le cas de la
séropositivité l'objectif a été de réduire
les symptômes d'un trouble psychologique, cette composante est un moyen
d'évaluer les objectifs, d'analyser le sujet pour déterminer si
l'intervention mérite une continuité.
5.6-2.2. Schèmes relationnel
Un autre élément qui serait judicieux dans une
prise en charge des PVVIH c'est les schèmes relationnels.
Gendreau (2001) mentionnait les différents composants des
schèmes relationnels qui sont : schème de l'empathie,
schème de la congruence, schème de la considération,
schème de la confiance, schème de la sécurité et
schème de la disponibilité.Ces schèmes relationnels
composent le cadre de référence pratique qui est ajouté au
Savoir et au Savoir-faire dans le modèle psychoéducatif
développé par Gendreau (Beaudoin, 2007).
Dans le cadre de l'intervention avec des
sujets séropositifs nous allons considérer
trois (3) aspects des schèmes pour soulever leur importance
dans l'intervention psychoéducation, notamment chez l'intervenant :
schème de l'empathie, schème de la considération et
schème de la disponibilité.
Empathie
Le schème de l'empathie est la capacité d'une
personne se mettre à la place de l'autre.C'est une attitude qui permet
de comprendre ce que vit l'autre en interaction avec son milieu.Pour qu'un
éducateur soit plus efficace dans une intervention auprès des
sujets séropositifs, il est indispensable qu'il développe ce
schème relationnel.Une compréhension approfondie de
l'expérience du sujet, de ses émotions et sentiments pourrait
faciliter les interventions.
Considération
Le respect mutuel est vraiment important.De ce fait, la
considération en tant schème traduit ce respect mutuel.Ce qui
favorise le progrès de l'intervention.La considération est aussi
une conviction que l'autre possède les capacités de
changement.Donc, avec une telle idée en tête, l'intervenant
suppose que ses efforts ne sont pas vains, ce qui l'encourage à
poursuivre et croire que des changements sont possibles chez le sujet.
Disponibilité
Le schème de la disponibilité suppose une
attitude d'écoute vraie.C'est de se rendre disponible d'aider l'autre,
de lui accorder du temps.Pour toute personne rencontrant des difficultés
psychologiques, l'écoute active est une qualité qui peut
favoriser l'intervention et influencer l'atteinte des objectifs de
l'intervention.
Donc, cette recherche nous a permis de comprendre que les
sujets séropositifs ont le plus souvent des difficultés
adaptatives.Par conséquent, il est nécessaire pour tout
intervenant de développer les schèmes relationnels comme cadre de
référence pratique et la structure d'ensemble.Cette
nouveauté dans l'accompagnement psychoéducatif
des PVVIH pourrait apporter de nouveaux résultats par rapport
à la santé mentale des
sujets séropositifs.
Conclusion
Ce travail de recherche empirique
avait pour objectif principale de répondre à cette question de
recherche principale : En quoi la séropositivité peut-elle
avoir un impact psychologique sur un patient adulte?? Pour conclure, un bref
rappel sera présenté des concepts clés de notre sujet qui
sont : VIH, SIDA et dépression. Puis une synthèse des
résultats de leur analyse sera faite. Enfin, l'évidence des
nouvelles connaissances sera apportée avec des perspectives de
recherches futures et les limites de notre travail seront
présentées.
Le Virus de l'Immunodéficience Humaine est un
rétrovirus qui se propage d'une personne à l'autre. Il se
répand dans l'organisme et affaiblit le système immunitaire de la
personne infectée. Sa phase avancée est le SIDA qui se
définit par Syndrome d'immunodéficience Acquise. Au cours de ce
stade, des maladies opportunistes ont la possibilité de
pénétrer facilement l'organisme à cause de
l'affaiblissement du système immunitaire et dégrade physiquement
l'état de santé du sujet.
Probablement à cause du caractère mortel du
VIH/SIDA, de sa chronicité, sa représentation sociale, la
discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les PVVIH, cette maladie
en plus de dégrader la santé physique du sujet infecté,
mais aussi sa santé mentale. Lyketsos et al. (1996)
cité par Sanchez-Valero (2003) mentionnaient que le VIH peut
être le résultat d'un risque important de dépression.
Comme il a été constaté au cours de notre
stage universitaire et présenté dans notre cadre conceptuel, le
VIH/SIDA a tendance à causer la dépression chez les sujets
infectés. Cette dépression, comme le
soutenaitHawkins (2006) affecte l'appétit et le sommeil, la
vision de soi et perspective ambiante. Elle suscite une difficulté
biologique et psychologique, sociale et spirituelle.
Les résultats de cette recherche démontraient
comment la séropositivité aient un impact psychologique de
susciter la dépression chez les patients séropositifs. Ainsi, au
cours de cette étude, il a été constaté
que les patients séropositifs étaient confrontés
à des difficultés psychologiques, certainement à cause de
leur séropositivité. Certains de ces patients
considèraient le VIH/SIDAcomme une maladie qui rend mal à
l'aise ; d'autres se préoccupaient surtout de son caractère
mortel et des ravages en perte de vie humaine qu'il fait. Ces
considérations et d'autres facteurs sociaux peuvent impacter le
psychisme du patient, quels qu'en soient l'âge, le statut marital, le
niveau scolaire, l'activité professionnelle et la durée de
l'expérience de la séropositivité. Ceci est tellement vrai
que sept (7) patients sur huit (8) souffraient de tristesses profondes. Cette
tristesse est présente malgré certains participants vivaient
cette expérience depuis des années. Le même jour de leur
rendez-vous médical, ils avaient la possibilité de rencontrer le
psychologue pour une prise en charge psychothérapeutique. En
dépit de tout, la tristesse de leur maladie persiste. Cela souligne
l'influence psychologique de la séropositivité.
Cette influence était si forte que certains sujets
niaient leur statut de séropositivité à l'annonce du
diagnostic positif du VIH. D'autres n'admettaient pas qu'ils étaient
séropositifs malgré qu'ils acceptaient un traitement
antirétroviral (ARV). Des mécanismes de
défenseétaient utilisés pour surmonter le choc de
l'annonce de la séropositivité. Ces mécanismes cheminaient
tout au cours de l'évolution du virus chez les patients. Comme le
soulève Richa (2006) ils passaient par l'annulation pour écarter
la possibilité que ce soit vrai, le déni pour refuser d'accepter
la réalité, le marchandage où ils étaient dans
l'incapacité d'accepter la douleur et négociait (essentiellement
avec le médecin), la dépression qui consiste pour nous
l'étape la plus critique où le sujet reconnaît son
diagnostic avec la gravité de sa maladie et aborde d'une manière
angoissante sa nouvelle réalité. En raison de l'impact
psychologique de la séropositivité, la gravité du
VIH/SIDA, son caractère mortel et sa représentation sociale, il
est difficile à une personne d'accepter dès la première
annonce une séropositivité. C'est ce qui pourrait expliquer
l'utilisation des mécanismes de défense pour diminuer l'angoisse
que peut provoquer cette maladie mortelle qui est le VIH/SIDA.
De ce fait, c'est en raison de la perception du sujet du
VIH/SIDA que cela peut avoir un impact psychologique. Par exemple, sept
patients sur huit supposent que le VIH peut susciter des impacts psychologiques
qui peuvent être néfastes à la santé mentale du
sujet. Certains faisaient référence au stress, à la
déprime et d'autres à quelques symptômes de troubles
psychotiques. Comme le supposent ces sept patients, la
séropositivité a la tendance d'impacter la santé mentale
du sujet.
Au cours de notre recherche, nousavions eu des entretiens avec
huit sujets séropositifs. Grâce aux questions qui ont
été posées dans différentessections, mais surtout
les questions de la rubrique signes et symptômes portant sur les
critères de diagnostic de la CIM-10, il a été
constaté que cinq des participants interrogés étaient
dépressifs contre trois qui présentaient que quelques
symptômes de la dépression. Ces résultats nous permettaient
de soutenir que la séropositivité a l'impact d'engendrer la
dépression chez les patients séropositifs. Toutefois, ce n'est
pas la totalité des participants qui est dépressive, mais la
majorité. Cela nous permet de dire que la majorité des sujets
séropositifs étaient dépressifs ; ceux qui ne le sont
pas, l'ont été peut-être ou à un moment de leur
séropositivité.
Ces résultats nous ont permis d'acquérir de
nouvelles connaissances. Ces connaissances peuvent être
bénéfiques à la communauté scientifique. Nous
pouvons nous appuyer sur deux idées pour démontrer la mise en
évidence de nouvelles connaissances. Premièrement, certaines
recherches se contentent de parler de la dépression comme trouble qui
peut être provoqué par le VIH/SIDA. Cependant, notre recherche en
plus de mentionner la dépression comme impact psychologique, faisait une
description de la manifestation de cette dépression chez les patients
adultes qui sont en Haïti. Puisque nous sommes dans un contexte
haïtien, des facteurs culturels ont été pris en
considération. Par exemple, deux de nos répondants
s'étaient rendus chez un médium au lieu de se rendre à
l'hôpital pour suivre un traitement. L'un d'eux accusait son
collègue. Cet aspect est considéré comme un délire
de persécution. C'est une façon pour démontrer que la
dépression peut être accompagnée de symptômes
psychotiques. Donc, en ce sens notre recherche montre que la dépression
peut se faire accompagner de symptômes psychotiques.
De plus, une recherche a soulevé que le VIH est un
risque important de dépression (Sanchez-Valero, 2003). Cependant, notre
recherche ne se contente pas de nommer la dépression comme trouble
psychologique, mais de décrire les manifestations chez chaque sujet. Ce
qui pourra de mieux cerner les symptômes communs des séropositifs
afin de mieux les accompagner. C'est un atout pour des recherches futures.
Deuxièmement, nous avons avancé que la
psychoéducation peut apporter du nouveau en termes de méthodes
de prise en charge des séropositifs. Dans certains centres hospitaliers
la méthode de prise en charge la plus utilisée est le counseling.
Il existe en ce sens le counseling appliqué au VIH/SIDA. Ce counseling
selon l'Organisation Mondiale de la Santé(2011) est un entretien sous la
couverture de la confidentialité entre un sujet et un personnel soignant
permettant au sujet de surmonter le stress et de prendre des décisions
personnelles par rapport au VIH/SIDA. Il consiste particulièrement
à évaluer le risque personnel de transmission du VIH et à
soutenir l'adoption de comportements de prévention. Voulant apporter une
touche nouvelle, nous proposons que des techniques d'intervention
psychoéducative épaulent le counseling appliqué au VIH.
Ces techniques d'intervention pourraient se baser notamment sur la structure
d'ensemble est les schèmes relationnels, ce qui pourrait rendre les
interventions auprès des PVVIH plus efficaces.
Limites de la
recherche
Notre travail comporte deux limites principales. La
première se situe sur la représentativité. 783 patients
actifs ont été estimés,selon un état des lieux des
patients séropositifs de l'hôpital
de Fort-Liberté.Pourtant, nous avons un petit groupe composé
de huit (8) patients étudiés.Une limite de
représentativité est présente. Les cas
étudiés ne sont pas représentatifs.Toute
généralisation de type statistique peut ne pas refléter la
réalité.
Notre deuxième limite est l'espace. Notre travail se
limite dans l'espace dans le sens qu'il concerne que les patients de
l'hôpital de Fort-Liberté. On ne peut pas
généraliser les résultats sur toute la population
séropositive haïtienne ou de l'hôpital. Un autre chercheur
peut reprendre la même recherche à l'hôpital de Trou du Nord
et aboutit à d'autres résultats.
Perspectives de
recherche
Un travail est déjà fait dans
notre recherche est portée essentiellement sur la description des
signes et symptômes d'un impact psychologique important et
fréquent des sujets séropositifs :la
dépression.D'autres recherches pourraient viser à proposer un
accompagnement essentiellement psychoéducative. Les
psychoéducateur pourraient intervenir auprès de la population
séropositive à côté d'autres
éducateurs (psychologues et travailleurs sociaux) afin
d'apporter une approche nouvelle qui pourrait faire ses preuves.Cependant, des
études scientifiques pourraient être portées sur une
approche psychoéducative adaptée aux
sujets séropositifs.D'autres recherches pourraient aussi
évaluer les méthodes qui sont en cours d'utilisation et
vérifier leur efficacité pour ensuite proposer de nouvelles
méthodes d'interventions dans lesquelles la psychoéducation sera
certainement proposée.
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