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Impacts psychologiques de la séropositivité sur les patients adultes à  l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la dépression


par Asaph-Lino Etienne
Université d'Etat d'Haïti/Campus Henry Christophe de Limonade - Licence 2018
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI

    CAMPUS HENRY CHRISTOPHE DE LIMONADE

    Faculté des Sciences de l'Éducation

    Département de psychoéducation et psychologie

    Impacts psychologiques de la séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la dépression

    Mémoire réalisé par Asaph-Lino ÉTIENNE pour l'obtention du grade de Licencié en psychoéducation et psychologie

    Sous la direction du Dr Wander NUMA

    Août 2018

    UNIVERSITÉ D'ÉTAT D'HAÏTI

    CAMPUS HENRY CHRISTOPHE DE LIMONADE

    Faculté des Sciences de l'Éducation

    Département de psychoéducation et psychologie

    Impacts psychologiques de la séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la dépression

    Mémoire réalisé par Asaph-Lino ÉTIENNE pour l'obtention du grade de Licencié en psychoéducation et psychologie

    Sous la direction du Dr Wander NUMA

    Août 2018

    Remerciements et dédicaces

    Ce travail n'aurait pu être réalisé sans le soutien et la collaboration de certaines personnes à qui je dois la reconnaissance.En premier lieu, je tiens à remercier le grand Dieu Jéhovah qui m'a donné la force, le courage, la détermination, la santé et l'intelligence nécessaires à boucler le cycle d'études en psychoéducation et psychologie et soumetre mon travail de fin d'études. 

    J'ai une grande dette envers tous les membres de ma famille qui m'ont donné l'encadrement suffisant, notamment ma mère Kettelie Étienne C., à qui je dédie ce travail, qui s'est battue comme une héroïne afin de me permettre de gravir cet échelon dans la vie. 

    Mes sincères remerciements s'en vont au professeur Wander NUMA d'avoir accepté de diriger cette recherche, mais surtout pour son encadrement incontestable, sa rigueur scientifique, sa patience, sa disponibilité, ses conseils, remarques et recommandations qui ont permis de hausser la scientificité du travail. 

    Je remercie la direction de l'hôpital de Fort-Liberté qui m'a permis d'utiliser leur institution comme terrain de recherche, et pour avoir mis à ma disposition les moyens logistiques nécessaires pour pouvoir rencontrer les patients séropositifs. D'une façon particulière, je remercie le psychologue Jacquelin Belizaire qui m'a facilité les rencontres avec les patients. J'ai un remerciement spécial à tous les patients séropositifs de l'hôpital de Fort-Liberté qui se sont mis disponibles pour participer à cette recherche, ce qui m'a permis de collecter les données pour réaliser ce travail combien important pour ma carrière professionnelle.

    Je ne pourrais oublier tous les étudiants qui faisaient partie de notre cours d'atelier de mémoire. Peut-être qu'ils peuvent l'ignorer, mais ils étaient pour moi une source de motivation. Leurs critiques, leurs conseils et leurs recommandations m'ont vraiment aidé à avancer. Merci à vous tous?! 

    Finalement, je remercie toutes les personnes et toute la communauté du CHC-UEHL qui d'une façon ou d'une autre m'ont aidé à réaliser ce travail de fin d'études. Merci à ceux qui croyaient que je n'y arriverais pas. Leur croyance a doublé ma motivation. Merci à tout le monde?!  

    Résumé

    Le VIH/SIDA est une maladie chronique ayant un caractère mortel.La chronicité, le caractère mortel du VIH/SIDA impactent le psychisme d'un sujet adulteséropositif.Ce travail de recherche vise principalement à décrire les manifestations de la dépression chez les patients séropositifs. Notre question de recherche était ainsi formulée: en quoi la séropositivité peut-elle impacter le psychisme du patient adulte ? À cela s'ajoutent deux questions spécifiques : quelles sont les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs?? Quelest le jugement clinique de cette dépression??

    Nos objectifs de recherche ont été: 1) Décrire les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs. 2) Établir un jugement clinique de la dépression chez les patients séropositifs. 3) Comprendre l'incidence de la séropositivité sur la santé mentale des patients. Dans cette recherche, l'approche mixteétait priorisée et l'entretien de type semi-directif a été adopté.

    Les résultats de cette reccherche ont démontré que parmi les huit patients étudiés cinq sont dépressifs et trois ne le sont pas. Ces résultats nous ont permis de conclure que la séropositivité a un impact psychologique négatif sur les patients séropositifs.Cet impact se manifeste essentiellement par la dépression.Cependant, les patients séropositifs qui ne sont pas dépressifs montrent qu'un patientséropositifn'est pas forcément dépressif. Ces résultats ont également démontré que plus les années de la séropositivé se multiplient plus le sujet s'adapte et accepte sa séropositivité, moins il est suceptible d'être dépressif. Donc, plus un sujet vie avec la séropositivité moins les impacts psychologiques sont considérables.

    Mots clés :VIH/SIDA?; dépression?; séropositivité?; approche mixte?; entretien

    Table des matières

    REMERCIEMENTS ET DEDICACES iii

    RESUME iii

    TABLE DES MATIERES iv

    LISTE DES TABLEAUX vii

    LISTE DES SIGLES, SYMBOLES ET ABREVIATIONS viii

    LISTE DES ANNEXES ix

    CHAPITRE I 1

    INTRODUCTION GENERALE 1

    1.1- Motivation du sujet 2

    1.2- Problème de recherche 3

    1.3- Description du sujet 4

    1.4- Questions de recherche 5

    1.5- Objectifs de la recherche 5

    1.6- Division du travail 6

    CHAPITRE II 7

    2. REVUE DE LA LITTERATURE 7

    2.1- Qu'est-ce que le VIH?? 7

    2.2- Qu'est-ce que le SIDA?? 7

    2.3- Nuance entre VIH et SIDA 8

    2.4- Statut sérologique du VIH/SIDA 9

    2.4-1. Séropositivité 9

    2.4-2. Séronégativité 9

    2.5- Situation épidémiologique du VIH/SIDA 10

    2.5-1. Au niveau mondial 10

    2.5-2. En Haïti 10

    2.6- Mode de transmission du VIH/SIDA 11

    2.7- Définition de la dépression 12

    2.8- Les causes de la dépression 12

    2.9- Les signes et symptômes de la dépression 14

    2.10- Critères de diagnostic de la dépression 17

    2.11- VIH/SIDA et dépression 20

    CHAPITRE III 23

    3. METHODOLOGIE 23

    3.1- Présentation du terrain de recherche 23

    3.2- Approche mixte 24

    3.3- Méthodes utilisées 25

    3.3-1. Entretien 25

    3.3-2. Outil utilisé : guide d'entretien 25

    3.4- Déroulement des activités et collecte des données 27

    3.4-1. Procédures de recrutement des participants 27

    3.4-2. Stratégie pour obtenir le consentement des participants 27

    3.4-3. Méthodes de notation des informations 28

    3.4-4. Lieu et durée des entretiens 28

    CHAPITRE IV 29

    4. PRESENTATION DES RESULTATS 29

    4.1- Participants 29

    4.2- Question de depart portant sur la considération du VIH/SIDA 32

    4.3- Compréhension et perception de la séropositivité 34

    4.3-1. Question portant sur le résultat communiqué 34

    4.3-2. Question portant sur le sens donné au résultat communiqué 35

    4.3-3. Question portant sur les réflexions faites après le résultat 36

    4.3-4. Question portant sur les sentiments éprouvés 39

    4.3-5. Question portant sur l'expérence de la séropositivité 40

    4.4- Impacts psychologiques de la séropositivité 42

    4.4-1. Question portant sur la difference psychique entre avant et après la séropositivité 42

    4.4-2. Question sur l'opinion des participants concernant les conséquences psychiques du VIH 43

    4.5- Signes et symptômes de la dépression 44

    4.5-1. Symptômes majoritaires 44

    4.5-2. Symptômes minoritaires 46

    4.6- Conclusion de l'entretien 47

    CHAPITRE V 49

    5. ANALYSE ET INTERPRETATION DES RESULTATS 49

    5.1- Question de départ 49

    5.2- Compréhension et perception de la séropositivité 51

    5.3- Impact psychologique de la séropositivité 56

    5.4- Signes et symptômes de la dépression 57

    5.4-1. Cas des sujets dépressifs 57

    5.4-2. Cas des sujets non dépressifs 60

    5.5- Analyse sur le facteur de nombre d'années avec la séropositivité 61

    5.6- Discussion 63

    5.6-1. Ce que cette recherche nous a appris 63

    5.6-2. Potentiel intervention psychoéducative dans le cas de VIH/SIDA 64

    5.6-2.1. Structure d'ensemble 64

    5.6-2.1.1. Axe central 64

    5.6-2.1.2. Composantes satellites 65

    5.6-2.2. Schèmes relationnel 67

    CONCLUSION 69

    Limites de la recherche 72

    Perspectives de recherche 72

    REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 74

    Annexes 0

    Annexe I : Guide d'entretien 0

    Annexe II : Les données brutes 3

    Liste des tableaux

    Tableau 2.1 : Les critères diagnostiques d'un épisode dépressif (la CIM-10)...........p. 18

    Tableau 4.2 : Profil sociodémographique de tous les patients............................ p. 31

    Tableau 4.3 : Signes et symptômes majoritaires de la dépression ..................... p. 46

    Tableau 4.4 : Signes et symptômes minoritaires de la dépression....................... p. 47

    Liste des sigles, symboles et abréviations

    APMS : Appui Psycho Medico Social

    APA : American Psychiatric Association

    ARV : Anti RétroViral

    CDS : Centre pour le Développement et la Santé 

    CHC-UEHL : Campus Henry Christophe de l'Université d'Etat d'Haïti à Limonade

    CIAT : Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire

    CIM : Classification Internationale des Maladies

    DSM : Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux)

    IST : Infection Sexuellement Transmissible

    MSPP : Ministère de la Santé Publique et de la Population

    OMS : Organisation Mondiale de la Santé

    ONUSIDA :Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA

    PVVIH : Personne Vivant avec le VIH

    SIDA : Syndrome d'immunodéficience Acquise

    UNICEF : United Nations International Children's Emergency Fund (Fonds des Nations Unies pour l'Enfance)

    VIH : Virus de l'immunodéficience Humaine

    Liste des annexes

    Annexe I : Guide d'entretien

    Annexe II : Les données brutes

    CHAPITRE I

    Introduction générale

    Le VIH/SIDA est l'un des maladies la plus mortelle à travers l'histoire de l'humanité. En raison de sa chronicité, de sa capacité d'enrayer la race humaine, son poids dans l'economie des pays et son impact psychologique sur les séropositifs et les autres membres de la société, cette maladie mobilise les chercheurs les plus experimentés des meilleurs universités, les centres de recherches les plus pointus et les centres pharmaceutiques. Le nombre de décès qu'elle provoque continueinterpeller les autorités étatiques, les autorités religieuses, les philantropes et les chercheurs en vue de soulager la misère des séropositifs et les membres de leur famille.

    Des statistiques mettant en evidence de nombre de décès annuels du VIH/SIDA, le nombre d'infectés qui ont accès au traitement (physique et psychique) pourraient susciter des répercussions psychologiques plus ou moins grave. Cependant, des réactions peuvent aider l'être humain à faire face à cette situation. Ces réactions sont probablement dues à l'instinct de survie. Cette faculté innée incite l'homme à avoir des réactions spontanées sans qu'aucun apprentissage n'ait été préalablement fait. À chaque situation qui lui met en danger tant sur le plan psychique que somatique, il s'efforce de contourner le danger, de le surmonter ou de le fuir afin de sauvegarder son existence. Ainsi, il met en exercice des conduites inscrites dans le patrimoine génétique qui influent les circonstances.

    L'instinct de suivie est un phénomène fascinant chez l'homme. Il n'est ni injectable ni stimulable, mais inné qui peut varier d'un individu à l'autre ou d'une culture à l'autre. Dans beaucoup de cultures, quelle qu'en soit la nature des difficultés, qu'elle soit d'ordre économique, physique, sanitaire ou psychique, l'être humain tente souvent de le contourner ou d'y faire face. Cet instinct de vie ou de survie peut susciter chez l'être humain le désir de vivre et de profiter de la vie même face à de grandes difficultés.

    Cependant, lorsqu'un facteur interne ou externe menace ce désir de vivre, ceci peut être une expérience traumatisante qui peut affecter la santé psychique d'un individu. Le cas d'une maladie chronique dans le quotidien d'un individu peut être considéré comme facteur exogène traumatisant.

    En ce sens, Richa (2006) estimait qu'une maladie chronique peut provoquer des problèmes psychologiques. En illustrant le SIDA, il soutient que lors de l'annonce de la séropositivité les patients ressentent des problèmes psychologiques. Il se base sur la dépression pour soutenir son idée. Cette dépression est due, pense-t-il, à la peur de la maladie et de la mort, la gêne due à la douleur provoquée par le traitement, l'isolement et la perte de l'estime de soi. C'est pourquoi, voulant mieux comprendre les impacts que la séropositivité puissent avoir sur le patient infecté, nous avions jugé bon de porter cette recherche sur cette thématique : VIH/SIDA et dépression.

    1.1- Motivation du sujet

    Suite à une période de stage d'observation et d'intervention auprès de la population séropositive à l'hôpital de Fort-Liberté, il a été constaté que les patients présentaient des troubles psychiques qui étaient causés probablement par la séropositivité. Il a été jugé necessaire de formuler notre travail de recherche ainsi « Impacts psychologiques de la séropositivité sur les patients adultes à l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté : les manifestations de la dépression. » 

    Mais qu'est-ce qui a impulsé la mise en oeuvre de ce sujet ? Suite à un stage d'environ six (6) mois auprès des personnes séropositives à l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté, en tant que stagiaire en psychoéducation et psychologie, notre attention a été retenue face aux souffrances psychiques dont faisaient face ces patients. L'image que notre société se fait du VIH/SIDA, dont le fruit est la discrimination et la stigmatisation, suscite chez ces patients encore plus de souffrances psychiques. De ce fait,dans ce travail empirique nous comptons juger le niveau de dépression chez les patients séropositifs. En effet, certains d'entre eux n'ont pas fait ou fini le deuil de leur maladie, d'autres utilisent des mécanismes de défense pour survivre.

    Une telle observation nous a interpellé en tant qu'étudiant-chercheur afin de faire de ce phenomène un objet d'etude. Une telle rechreche peut nous anemer à explorer et décrire ce phenomène. Il revient donc d'évaluer l'incidence de la séropositivité sur la santé mentale des patients infectés. Une telle recherche peut nous amener en tant qu'étudiant-chercheur à trouver une réponse appropriée à la santé mentale des personnes séropositives, spécialement celles qui fréquentaient l'hôpital de Fort-Liberté.

    1.2- Problème de recherche

    L'annonce d'une maladie chronique n'est pas toujours facile à digérer. Lacroix(1996)estimait que le premier réflexe est le choc. Ce choc peut aller de la surprise à l'angoisse. Le déni qui consiste à rejeter inconsciemment le sentiment de menace ou la situation menaçante est une autre étape souvent franchie à l'annonce d'une maladie chronique. Puis vient la révolte qui est la représentation d'une évolution nécessaire puisque le sujet peut ainsi commencer par prendre conscience que la maladie est bien réelle. L'étape du marchandage correspond à la volonté du sujet d'en tirer le meilleur compte en cherchant des accommodements. Puis vient la dépression qui se manifeste par la tristesse, le retrait et le repli sur soi. Finalement, le sujet peut passer par la résignation et l'acceptation. Ces étapes nous permettent de comprendre que l'annonce d'une maladie chronique provoque nécessairement des répercussions psychiques.

    La prévalence des troubles mentaux chez les personnes atteintes du VIH est amplement plus élevée que dans la population en général. Le VIH/SIDA est grand fardeau mental. Lesséropositifssouffrent fréquemment de dépression et d'anxiété. Pour faire face à ce fardeau psychologique que représente leVIH/SIDAles sujets infectés utilisent leur potentiel adaptatif pour surmonter la difficulté de vivre avec une maladie chronique potentiellement mortelle, une réduction de l'espérance de vie, à la stigmatisation, à des schémas thérapeutiques compliqués et à la perte du soutien social, de la famille ou des amis (OMS, 2008). Ce sont sûrement ces répercussions du VIH qui affectent la santé mentale des séropositifs au point de compromettre leur épanouissement social et spirituel. Par rapport à ce que peut représenter le VIH dans la vie d'un sujet infecté nous sommes intéressés à ce phénomène afin de mieux comprendre les impacts psychologiques de la séropositivité chez un séropositifs haïtiens. 

    1.3- Description du sujet

    Des concepts clés comme impacts psychologiques, séropositivité, patients adultes et manifestations de la dépression devraient, dans un tel sujet, retenir notre attention. Les impacts psychologiques en question renvoient aux répercussions positives ou négatives que peut avoir la séropositivité sur un patient infecté. C'est-à-dire la façon dont le VIH/SIDA affecte le psychisme du patient séropositif. Parlant de répercussions, dans notre sujet, nous prendrons en considération l'influence psychologique de la séropositivité sur le patient séropositif. Il peut s'agir d'un trouble psychologique comme la dépression, l'anxiété ou le stress. Mais nous nous sommes surtout concentrés sur la dépression.

    En ce qui concerne la séropositivité, Dimitrijevic et al. (2003) révèlaient que quand une personne a été exposée au VIH et est contaminée, son organisme réagit et produit des anticorps contre le virus. Des techniques de dépistage permettent de trouver le virus dans le sang de la personne. Après un test de dépistage, au cas où le test est positif, on dit de la personne qu'elle est séropositive. Donc, une personne séropositive est celle qui est infecté par le VIH/SIDA.

    Dans notre recherche, le facteur d'âge ou de stade de la vie est bien pris en considération. Chaque groupe d'âge n'appréhende pas la séropositivité de la même manière. Dans certains cas, il peut être psychologiquement plus difficile à un adolescent d'accepter sa séropositivité qu'un adulte du deuxième âge. De ce fait, nous considérons l'âge adulte. Il est difficile d'établir avec précision l'âge adulte. Dans la culture haïtienne, être adulte peut signifier entre autres : l'intégration du marché du travail pour certains, le départ du foyer familial ou l'obtention du premier diplôme universitaire ou le mariage ou la naissance du premier bébé pour d'autres.

    Cependant, en Haïti, la Constitution de 1987 amendée reconnaît dans l'article 16.2 que l'âge de la majorité est fixé à dix-huit (18) ans. Dans l'article 17, la Constitution haïtienne admet qu'à dix-huit (18) ans accomplis un individu peut jouir de ses droits civils et politiques dans la mesure où il répond aux exigences faites par la constitution et par la loi. De ce fait, au cours de notre recherche les sujets qui participaient à nos entrevues de recherche étaient âgés de plus de dix-huit (18) ans.

    Les manifestations de la dépression sont l'ensemble des signes et symptômes physiques, biologiques et psychologiques de la dépression. Gelabert (2007) considérait la dépression comme un trouble affectif qui se manifeste par un sentiment de tristesse persistante, irrationnelle et incontrôlable. Il soulignait plus loin que ce trouble affecte l'organisme, l'humeur, la pensée, l'appétit, le sommeil et l'estime de soi.Il argumentait que la dépression s'accompagne de l'anhédonie qui est l'incapacité à éprouver du plaisir, des pensées persistantes, d'une sensation de perte d'énergie et aussi des symptômes somatiques qui influencent le rendement vital du sujet. 

    1.4- Questions de recherche

    Dans beaucoup de sociétés, y compris la société haïtienne, le VIS/SIDA a une mauvaise représentation sociale. De plus, les personnes infectées sont stigmatisées et discriminées. Ceci impactent davantage la santé mentale des sujets séropositifs. Souad (2014) exposait plusieurs aspects psychiatriques suscités par l'infection du VIH qui sont : les troubles psychiatriques, les troubles dépressifs, des conduites suicidaires, des troubles anxieux, des épisodes maniaques, des troubles psychotiques, des troubles neuropsychiatriques, etc. En faisant du VIH un objet d'étude, beaucoup de questions de recherche peuvent être posées qui sont relatives à l'aspect psychique du VIH. En ce qui concerne notre travail de recherche, notre principale question de recherche s'intitule : En quoi la séropositivité peut-elle impacter le psychisme du patient adulte ?À cela s'ajoutent deux questions spécifiques : quelles sont les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs?? Quelest le jugement clinique de cette dépression??

    1.5- Objectifs de la recherche

    Dans le cadre de cette recherche des objectifs ont été fixés pour nous faciliter à mieux réaliser cette étude. Donc, nous avons trois objectifs de recherche qui consistent à :

    1. Décrire les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs.

    2. Etablir un jugement clinique de la dépression chez les patients séropositifs.

    3. Comprendre l'incidence de la séropositivité sur la santé mentale des patients.

    Ces objectifs nous servent d'apport pour nous aider à mieux étudier le phénomène à travers cette recherche appliquée et apporter de nouvelles idées qui seront utiles à la communauté scientifique.

    1.6- Division du travail

    Cette recherche comprend cinq chapitres : 1) Introduction générale 2) Revue de la littérature 3) Méthodologie 4) Présentation des résultats 5)Analyse et interprétation des résultats. La revue de la littérature comprend trois aspects : les données générales du VIH/SIDA, la dépression et une association entre le VIH/SIDA et la dépression. Au cours du cadre methodologique nous presentons les principales méthodes et techniques de recherche dont nous avions utilisé. Les principaux résultats obtenus sont presentés au chapitre quatre. L'analyse, l'interprétation des resultats et la discussion sont présentées au chapitre cinq. Nous terminons ce travail avec une conclusion dans lequel nous limitons cette recherche et proposons d'autres perspectives de recherche.

    CHAPITRE II

    2. Revue de la littérature

    Dans ce chapitre nous abordons dans un premier temps les données générales sur le VIH/SIDA dont la définition, la nuance entre le VIH et le SIDA, les statuts sérologiques, la situation épidémiologique mondiale et en Haïti et les principaux modes de transmission.Dans un second temps, nous présentons la dépression en commençant par sa définition, pour enchainer avec ses principales causes et ses principaux signes et symptômes. Dans un dernier temps, nous associons la dépression au VIH/SIDA pour étayer l'incidence psychique du VIH/SIDA. 

    2.1- Qu'est-ce que le VIH??

    Le Ministère de la Santé Publique et de la Population (MSPP, 2016) définit le sigle du VIH comme Virus de l'Immunodéficience Humaine.Ce virus se transmet d'une personne à l'autre par contact sanguin ou par transmition de la mère à l'enfant ou par le sperme et sécrétion vaginales lors des rapports sexuels à risques.Il pénètre dans l'organisme, se propage et attaque le système immunitaire qui protège l'organisme contre les maladies.

    L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2017) clarifie que le Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH) est un rétrovirus qui s'attaque aux cellules du système immunitaire et les élimine.Le premier stade de l'infection est un stade asymptomatique.Cependant, l'évolution de ce rétrovirus engendre l'affaiblissement du système immunitaire et le rend plus vulnérable aux maladies opportunistes. 

    2.2- Qu'est-ce que le SIDA??

    Le Petit Larousse Médical (2011) souligne que le SIDA (Syndrome de l'Immunodefficience Acquise) est la forme évoluée de l'infection du VIH qui est causée par une immunodépression majeure.Au cours de ce stade, des infections opportunistes liées à des micro-organismes sous formes de bactéries, de virus, demicrochampignons ou de parasitesse manifestent.Ces micro-organismes exploitent la faiblesse du système immunitaire pour se développer. 

    L'Appui Psycho Medico Social (APMS) et al. (2011) décante le sens de chaque concept du sigle SIDA.Parlant de syndrome, nous nous se réfèrons à un ensemble de symptômes et signes?; l'immunité renvoie à la capacité de l'organisme à se défendre?; déficitaire, explique l'affaiblissement du système immunitaire et acquis parce que cette déficience n'est ni innée ni héréditaire mais, le sujet l'attrape à un moment de sa vie.

    Pour le Ministère de la Santé Publique de la Population (MSPP, 2016) le SIDAse définit comme Syndrome d'Immunodéficience Acquise. L'infection du VIH détruit au fur et à mesure le système immunitaire rendant l'organisme défaillant face à des infections opportunités qui aggravent la santé de la personne infectée. A ce stade, des symptômes peuvent apparaître et cela sur une période située entre 10 à 15 ans. Donc le SIDA est la forme évoluée du VIH, la dernière phase de la maladie.

    2.3- Nuance entre VIH et SIDA

    Quand nous faisons référence au VIH, il est souvent accompagné du SIDA.C'est pourquoi nous parlons généralement de VIH/SIDA.Bien que ces deux acronymes marchent souvent de pairs, il existe une nuance entre le VIH et le SIDA. 
    Il faut rappeler que le VIH signifie Virus de l'Immunodéficience Humaine.C'est le nom donné à l'infection dès qu'une personne a été fraîchement contaminée. 

    Comme l'énonce la Santé Publique de France (2017), le VIH est responsable du SIDA.Quand une personne a été infectée par le VIH, elle peut être bien portante et ne présente aucun symptôme.À ce stade, le virus n'affaiblit pas encore le système immunitaire. 

    Cependant, comme le souligne l'Organisation mondiale de la Santé (2017), le SIDA qui est le Syndrome d'Immunodéficience Acquise (SIDA), est la phase finale de l'infection.Bien que les antirétroviraux puissent retarder l'évolution de l'infection, mais ils ne peuvent pas empêcher le patient d'atteindre la phase du SIDA. On peut parler deSIDA quand le système immunitaire se détériore au bout de quelque temps après avoir été infecté par le VIH.

    2.4- Statut sérologique du VIH/SIDA

    2.4-1. Séropositivité

    Dimitrijevic et al. (2003) révèlent que quand un individu a été exposé et contaminé par le VIH, son organisme produit des anticorps particuliers contre ce virus. Une fois que ces anticorps sont trouvés grâce à des techniques classiques de dépistage, il est évident que cet individu a été infecté par le VIH. Dans ce cas, on dit de cette personne qu'elle est séropositive.

    Le Larousse Médical (2012) considère comme séropositive toute personne dont le sérum contient des anticorps spécifiques d'une infection.Cette appellation est donnée à toute personne porteuse du VIH.Pour déterminer son statut de séropositivité, il est nécessaire de se faire dépister.Un test sérologique positif signifie que les anticorps recherchés ont été mis en évidence par le test.Pour ce qui concerne le SIDA, la séropositivité témoigne de la présence d'anticorps dirigés contre le VIH.En général, au cours de la séropositivité, le sujet ne présente pas de symptômes, il est encore en bonne santé, mais n'est pas encore malade du SIDA.Dans d'autres cas, il est séropositif et présente des symptômes.

    2.4-2. Séronégativité

    Butrin et Valnes (2011) considèrent comme séronégative une personne qui n'est pas infectée par le VIH/SIDA. Un séronégatif est quelqu'un dont le sérum (composant du sang) n'a pas d'anticorps relatifs à un agent infectieux, et qui ne révèle pas sa présence dans l'organisme ou donc de l'absence du VIH/SIDA.

    Le Larousse Médical (2012) qualifie de séronégative toute personne dont le sérum sanguin ne contient pas des anticorps recherchés. Ce terme est souvent employé à l'égard des personnes qui n'ont pas d'anticorps contre le VIH.Une personne est aussi considérée comme séronégative quand le test sérologique a été réalisé trop tôt après la contamination.Cependant, il se peut que la personne soit infectée, mais le test sérologique révèle un résultat séronégatif.Pourtant, quelque temps après, le résultat peut être positif.Si le test est effectué avant la période de séroconversion, on peut obtenir de pareils résultats.Quand le test de dépistage est passé avant la période de séroconversion (ou période fenêtre) qui est la période pendant laquelle les anticorps anti-VIH apparaissent dans le sang suite à une contamination par le virus, il est difficile de déterminer si la personne est séropositive ou pas.À ce moment, le résultat reste indéterminé parce que les anticorps sont détectables qu'à partir du 21ème jour après la contamination (ils apparaissent au plus tard dans les 3 mois qui suivent la contamination).Au cours de cette période, la personne porte le virus et peut le transmettre à d'autre personne, mais est encore considérée comme séronégative.     

    2.5- Situation épidémiologique du VIH/SIDA

    2.5-1. Au niveau mondial

    L'Organisation des Nations Unies pour la Lutte contre le SIDA (ONUSIDA) estime que plus 76,1 millions de personnes ont été infectées par le VIH depuis le début de l'épidémie.Plus de 35 millions sont déjà décédées. Elle avance également qu'en 2016,à l'échelle mondiale, près de 37 millions de personnes dans le monde vivaient avec le VIH et plus d'un million sont mortes de maladies liées au SIDA. Parmi cette totalité d'infectés enregistrés, plus de 34 millions de ces personnes séropositives étaient des adultes, plus de 17 millions étaient des femmes de 15 ans et plus, les enfants représenateint plus de 2 millions. (ONUSIDA, 2017)

    Certes, le VIH/SIDA est une maladie chronique, mais toute personne séropositive peut suivre un traitement pour le VIH/SIDA, mais ce ne sont pas toutes les personnes infectées qui ont accès au traitement.L'OMS indique le traitement antirétroviral (ARV) permet de supprimer au maximum le VIH et d'arrêter l'évolution de la maladie.Par conséquent, depuis 2015, l'OMS recommande de traiter les personnes séropositives, surtout au premier stade du virus.Toutefois, il a été constaté que parmi les 36,7 millions de personnes vivant avec le VIH en 2016, seulement 19,5 millions de personnes avaient accès à un traitement antirétroviral contre 17,1 millions en 2015 et 7,7 millions en 2010.

    2.5-2. En Haïti

    Le Programme Commun des Nations Unies sur le VIH/SIDA révèle qu'en Haïti, plus de 150?000 personnes vivaient avec le VIH/SIDA en 2016, (ONUSIDA, 2017).Environ 55 % avaient accès au traitement antirétroviral.Dans cette même année, 7?900 nouvelles infections du VIH ont été enregistrées et 4?600 de personnes décédées ont des causes liées au SIDA. 

    En ce qui concerne les enfants, le Fonds des Nations Unies pour l'Enfance révèle que 6?800 enfants et 58?000 femmes sont estimés être séropositifs en 2007. De plus, 18 % des enfants haïtiens (moins de 380?000) sont devenus orphelins à la mort d'un parent atteint du VIH/SIDA.Les efforts pour lutter contre le VHI/SIDA ont fait leurspreuves, car en 2010 une réduction de 25 % a été constatée pour les nouvelles infections à VIH et les décès liés au SIDA ont diminué de 24 % (UNICEF, 2017). 

    2.6- Mode de transmission du VIH/SIDA

    Le Larousse Médical (2012) énumère trois modes de contamination du VIH/SIDA :voie sexuelle, voie sanguine et transmission de la mère à l'enfant pendant la grossesse ou après l'accouchement.  La voie sexuelle est le mode de contamination le plus fréquent.Toutes les pratiques sexuelles sont susceptibles de transmettre le VIH/SIDA, même quandcertaines sont plus à risque que d'autres.En ce sens, on considère que le coït (vaginal ou anal) est plus à risque de transmettre le virus.À l'échelle mondiale, de 75 % à 85 % des contaminations à VIH ont été contractées lors des rapports sexuels non protégés où la transmission du virus se fait par la mise en contact des muqueuses (vagin ou rectum) avec des sécrétions sexuelles (sperme, glaire cervicale) ou avec du sang contenant le virus. 

    Un autre mode de contamination énoncée par le Larousse Médical est la voie sanguine.Cette mode de contamination peut se faire de trois manières : par transfusion sanguine ou de dérivé du sang, de piqûres accidentelles et par voie veineuse avec partage de seringue.Lors des transfusions sanguines, quand le sang transfusé a été contaminé et ne subit pas de dépistage au VIH, le patient qui reçoit la transfusion peut attraper le virus du SIDA à cause du sang contaminé.Ce cas est aussi valable quand des dérivés de sang sont utiliséss à d'autres personnes.Les piqûres accidentelles sont estimées à un risque de 0,32 %.Ce mode de transmission qui peut se faire avec une aiguille souillée par du sang contaminé est varié en fonction de la charge virale du patient déjà contaminé et de la profondeur de la piqûre.La voie veineuse consiste à utiliser une seringue contaminée pour se droguer.Sa probabilité de transmission est estimée à 0,67 %.Il faut aussi rajouter que l'utilisation des objets coupants qui mettent en contact le sang contaminé avec un autre qui ne l'est pas est également susceptible de transmettre le virus. 

    La transmission du VIH de la mère à l'enfant est probable pendant toute la période de gestation, mais essentiellement pendant l'accouchement et au cours de l'allaitement.Cependant, des médicaments antirétroviraux et des techniques obstétricales permettent de diminuer le taux de contamination maternofoetale de VIH.    

    2.7- Définition de la dépression

    Bertrand-Servais (2004) précisait que la dépression est une maladie qui se caractérise par une altération de l'humeur qui change la personnalité.Cette altération plus ou moins grave se caractérise par une tristesse, des troubles psychologiques, physiques et comportementaux qui affaiblissent et handicapent la personne concernée.Cette maladie dont les causes sont d'ordres mentaux concerne aussi bien le bébé que la personne âgée.

    Pour Hawkins (2006), la dépression est une maladie qui implique le corps, l'esprit, la pensée. La dépression affecte l'appétit et le sommeil, la vision de soi et perspective ambiante.Hawkins soulignait que c'est à la fois une difficulté biologique et psychologique, sociale et spirituelle. La dépression est différente d'une tristesse passagère, qui résulte une situation attristante. On peut faire face à la déprime sans pour autant être dépressif.La déprime est un état d'âme, un mal-être.Pourtant, la dépression est un trouble psychologique qui réunit un ensemble de symptômes bien précis. 

    2.8- Les causes de la dépression

    En ce qui concerne les causes de la dépression, Bertrand-Servais (2004) mettait surtout l'accent sur la dépression réactionnelle à une perte. La possession de quelque chose ou un lien avec quelqu'un peut engendrer un lien affectif.Quand ce lien affectif se brise, ce qui engendre une perte, cela peut créer un vide affectif chez la personne perdante, ce qui peut susciter des symptômes dépressifs.Cette perte peut s'agir de la mort d'un être proche, d'un divorce, d'une séparation, de la perte d'un emploi, d'un souci à répétition, d'un chômageou la perte de la santé ... Les causes de la dépression sont, en fait, assez variées. Quelle qu'en soit la cause, la similarité est la rupture d'un lien affectif.Cette rupture peut engendrer la souffrance chez la personne.À ce moment, la personne souffre et ne peut s'en passer, elle perd parfois le goût de vivre.Cette période vraiment douloureuse communément nommée «?période de deuil?» est vue comme normale et nécessaire, car elle représente un obstacle que la personne doit surmonter pour continuer à vivre. 

    Gelabert (2007) quant à lui énumère quatre causes de la dépression : biologique, psychologique, social et événementiel. 

    Sur le plan biologique, il aborde deux aspects : l'aspect génétique et neurochimique.Sur le plan génétique, il illustre l'exemple d'un frère jumeau.Quand un frère jumeau est déprimé, il est fréquent que l'autre en souffre aussi.En outre, il est fréquent que les parents au premier degré d'un dépressif souffrent également de dépression.L'aspect neurochimique met en évidence le lien étroit qui existe entre la dépression et une carence de certains neurotransmetteurs.Il faut tenir compte des troubles de sommeil, de la tristesse persistante, de la perte d'intérêt pour les activités habituelles, des problèmes de concentration pour mieux comprendre l'aspect neurochimique de la dépression.Par exemple, une carence en sérotonine engendre les troubles du sommeil.Il faut aussi souligner qu'un déficit en noradrénaline peut être à l'origine du symptôme de perte d'intérêt et de fatigue et une diminution en dopamine à un effet considérable sur les faibles sensations de plaisir que peut ressentir une personne dépressive.La dopamine qui est considérée comme l'hormone du bonheur, sa carence provoque l'anhédonie qui est l'incapacité à éprouver du plaisir qu'on éprouvait avant dans certaines activités habituelles. 

    Sur le plan psychologique, des pensées irrationnelles et négatives sur soi-même, sur le futur et sur le monde peuvent causer la dépression.Gelabert (2007) ajoute également que les personnalités dépendantes et obsessives liées à des traits névrotiques qui rendent le sujet vulnérable face au stress peuvent être à l'origine de la dépression.Il considère aussi que les facteurs sociaux comme la classe sociale, l'ethnie et l'appui social, l'âge et le sexe sont des facteurs sociaux pouvant causer la dépression.Pour ce qui est de la classe sociale, la dépression touche particulièrement les personnes dont le statut socioéconomique est faible.D'autre part, la dépression bipolaire touche fréquemment les personnes dont le statut socioéconomique est aisé. 

    Sur le plan ethnique, la différence significative entre les groupes ethniques et culturels peut favoriser la dépression.Par exemple dans les sociétés méditerranéennes et latines, les sujets ont des maux de tête et se plaingent de souffrir de nerf.Pourtant, chez les Asiatiques, ils se plaingent plutôt plus fréquemment de fatigue, faiblesse et de manque d'équilibre.La rareté des relations interpersonnelles essentiellement avec le manque de confidents quand on fait face à des situations de complexité peuvent affecter le psychisme qui est un facteur de mauvais pronostic de la dépression.L'âge et le sexe sont des facteurs pouvant influencer la dépression.Par exemple, les troubles bipolaires débutent habituellement entre 20 et 30 ans et le trouble dépressif est deux fois plus fréquent chez les femmes que les hommes.

    Enfin, les évènements cruciaux comme le fait de vivre une guerre, la perte d'un emploi ou d'un être cher, une maladie chronique peuvent provoquer un mal-être psychologique chez une personne au point de conduire à la dépression.

    2.9- Les signes et symptômes de la dépression

    En présentant les signes et symptômes de la dépression Bertrand-Servais (2004) considère trois aspects : l'aspect psychologique, l'aspect physique et somatique. 

    Les symptômes psychologiques se manifestent par des troubles de l'humeur et de la personnalité.La personnalité de la personne devient changeante.Tantôt, elle perçoit le monde différemment et tantôt elle le voit de la même manière.Elle est envahie par des sentiments d'inquiétude, de tristesse et d'absence de désir.Sa tristesse est souvent accompagnée de pleurs.L'isolement, le désinvestissement des plaisirs de la vie qui procuraient des bienfaits, le désintérêt pour les autres, un sentiment de culpabilité, une diminution de l'aptitude à penser et à se concentrer, la perte de confiance en soi et le pessimisme sont des signes de la dépression.Généralement, l'anxiété fait partie des symptômes dépressifs.Ce symptôme plus ou moins intense et varié est caractérisé par la peur d'un évènement majeur ou par une incertitude angoissante de l'avenir ; elle provoque des sensations d'angoisse et d'inquiétudes extrêmes. 

    Sur le plan physique, on peut noter certains symptômes comme les troubles du sommeil qui peuvent varier par des réveils matinaux précoces, des réveils fréquents, des difficultés à s'endormir ou des insomnies.Les troubles de sommeil peuvent aussi se manifester de façon excessive.Par exemple, la personne dépressive peut passer son temps à dormir.Ce sommeil ne consiste pas en un sommeil réparateur, car au réveil, la personne est encore plus fatiguée. En ce qui concerne le plan physique de la dépression, d'autres symptômes à considérer sont les modifications de l'appétit et une baisse d'énergie. Les modifications de l'appétit se traduisent par une réduction considérable de l'appétit ou une augmentation de celui-ci.Ceci peut engendrer soit une perte de poids ou une augmentation de poids.La perte d'énergie, quant à elle, se manifeste par un ralentissement psychomoteur avec une augmentation de la fatigabilité et une diminution considérable de la libido. 

    Les symptômes somatiques les plus fréquents dans la dépression sont des symptômes gastro-intestinaux (Exemple : des douleurs abdominales), des symptômes cardiovasculaires (Exemple : respiration courte sans faire d'efforts), des symptômes génito-urinaires (Exemple : sensations désagréables dans ou autour des organes génitaux), des symptômes dermatologiques (Exemple : taches cutanées), des douleurs diverses (Exemple : dans le dos, dans les membres), les migraines et la chute des cheveux.

    Finalement, la dépression est rarement accompagnée de délires et d'hallucinations.Toutefois, ils sont réactionnels à la phase aiguë de la maladie pour s'arrêter quand on la soigne.Ces symptômes s'inscrivent dans le cas de troubles psychotiques.

    L'Association de Psychiatrie Americaine (APA) dans le mini DSM-5 (2016) présentait les principaux types de troubles dépressifs avec leurs signes et symptômes. Il énumèrait le trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle, le trouble dépressif caractérisé, le trouble dépressif persistant, le trouble dysphorique prémenstruel, trouble dépressif induit par une substance ou un médicament et le trouble dépressif dû à une autre affection médicale. Dans le cadre de ce travail de recherche, nous nous intéressons surtout à la dépression dûe à une affection médicale.

    Le trouble disruptif avec dysrégulation émotionnelle est une forme de dépression qui se manifeste essentiellement par des crises de colère.En raison de ce symptôme, la crise de colère sévère se manifeste verbalement et/ou dans le comportement.Ils ne sont pas proportionnels en intensité et en durée par rapport à la situation.Ces crises surviennent en moyenne trois fois par semaine au plus, et doivent être présents dans au moins trois situations.

    Une autre forme de trouble dépressif est le trouble dépressif caractérisé.Il se manifeste principalement par une humeur dépressive et une perte d'intérêt.Cependant, pour parler de trouble dépressif caractérisé, au moins cinq des symptômes suivants doivent être réunis : une humeur dépressive pendant presque toute la journée, une perte d'intérêt ou de plaisir presque tous les jours, une perte ou gain de poids en l'absence de régime, une insomnie ou hypersomnie presque tous les jours, une agitation ou ralentissement psychomoteur, fatigue, sentiment de dévalorisation, baisse d'aptitude cognitive, idées de mort récurrentes.

    Une autre forme de dépression est la dysthymie.Les symptômes sont presque les mêmes (humeur dépressive pendant presque toute la journée, perte d'appétit insomnie ou hypersomnie, baisse d'énergie faible estime de soi, sentiment de désespoir, difficultés de concentration, difficultés à prendre des décisions).

    Le trouble dysphorique prémenstruel touche exclusivement les femmes.Cette forme de dépression est présente essentiellement au cours du cycle menstruel et est marquée par une labilité émotionnelle, la colère ou une augmentation des conflits interpersonnels, une humeur dépressive, une fatigue excessive, des symptômes physiques (tension ou gonflement des seins, douleur articulaire ou musculaire) de l'anxiété, une difficulté à se concentrer, un sentiment de perte de contrôle, l'hypersomnie ou insomnie et une modification de l'appétit.Pour parler de cette forme de dépression, beaucoup de symptômes doivent être réunis pendant la plupart des cycles menstruels au cours de l'année passée. 

    Le trouble dépressif induit par une substance/médicament est causé par la prise d'une substance ou d'un médicament.Les symptômes doivent survenir quand le sujet commence à prendre la substance ou le médicament.La persistance des symptômes est à prendre en considération.Il faut aussi que le résultat d'examen physique montre clairement que les symptômes se sont développés après une intoxication par une substance ou un médicament et que le médicament en question est capable d'induire les symptômes de la dépression.

    Il y a aussi le trouble dépressif dû à une affection médicale.C'est une période prononcée et persistante au cours de laquelle une humeur dépressive, une diminution de l'intérêt ou de plaisir, domine le tableau clinique.L'examen physique montre que la perturbation est la conséquence physiopathologique directe d'une autre affection médicale. 

    L'Organisation Mondiale de la Santé (2018) révèle qu'à l'échelle mondiale, la dépression est un trouble mental qui atteint plus de 300 millions d'individus. Elle a tendance à occasionner une grande souffrance et altérer la vie professionnelle, scolaire et familiale de l'individu concerné.Dans les cas extrêmes, elle est susceptible de conduire au suicide. Dépendamment du nombre de symptômes et de leur gravité, la dépression ou un épisode dépressif peut être évalué sur une échelle de léger, modéré ou sévère.

    Dans le cas de la dépression legère, la personne éprouve quelques difficultés à vaquer à ses activités professionnelles et sociales courantes, mais continue de fonctionner avec difficulté ou d'une manière très limitée.

    La dépression se manifeste également par une humeur morose, une perte d'intérêt et de plaisir, ainsi qu'une baisse d'énergie causant une diminution de l'activité de la personne concernée pendant au moins deux semaines. Les personnes qui en sont atteintes souffrent aussi d'anxiété. Elles ont des perturbations du sommeil et de l'appétit et peuvent éprouver un sentiment de culpabilité ou de dévalorisation ; elles ont du mal à rester concentrer, voire présenter des symptômes médicalement inexpliqués.

    2.10- Critères de diagnostic de la dépression

    Pour diagnostiquer la dépression chez un sujet, il faut se référer aux critères de diagnostic qui ont été établis par des instances compétentes. Pour établir les critères de diagnostic qui peuvent nous permettre de prononcer un jugement clinique de la dépression, nous nous référons aux aux critères de diagnostic de l'Association Americaine de Psychiatrie (APA) dans le mini DSM 5 et à la CIM-10.

    Pour faciliter le diagnostic de la dépression, Bertrand-Servais (2004) se base sur les critères de diagnostic de la CIM-10. Un professionnel habilité peut poser le diagnostic. Toutefois, au cas où il y a un blocage langagier, Bertrand-Servais propose un auto-questionnaire comme l'inventaire de la dépression de Beck qui est un test de dépression courant. Dans le cas contraire, la personne qui pose le diagnostic de la dépression peut se référer aux critères du tableau suivant :

    Chapitre 1 tableau 2

    Tableau 2.1 : Les critères diagnostiques d'un épisode dépressif (la CIM-10)

    A

    Le patient doit manifester ses troubles dépressifs depuis au moins deux semaines.

    B

    1) Humeur dépressive à un degré nettement anormal pour le sujet (c'est le patient qui évalue lui-même son humeur avec son médecin, en fonction de ses ?uctuations), présente pratiquement toute la journée et presque tous les jours, dans une large mesure non in?uencée par les circonstances, et persistant pendant au moins deux semaines ;

    (2) Diminution marquée de l'intérêt ou du plaisir pour des activités habituellement agréables ;

    (3) Réduction de l'énergie ou augmentation de la fatigabilité ;

    C

    (4) Perte de con?ance et de l'estime de soi ;

    (5) Sentiments injusti?és de culpabilité ou culpabilité excessive et inappropriée ;

    (6) Pensées récurrentes de mort, idées suicidaires récurrentes, ou comportement suicidaire de n'importe quel type ;

    (7) Diminution de l'aptitude à penser ou à se concentrer (signalée par le sujet ou observée par les autres) se manifestant, par exemple, par une indécision ou des hésitations ;

    (8) Modi?cation de l'activité psychomotrice, avec agitation ou ralentissement.

    (9) Perturbation du sommeil de n'importe quel type ;

    (10) Modi?cation de l'appétit (diminution ou augmentation) avec variation pondérale correspondante.

    Source : Bertrand-Servais M., 2004

    En plus de ces critères, pour évaluer l'intensité de la dépression, Bertrand-Servais (2004) soulignait qu'il y a un ensemble de symptômes qui doit être réuni. C'est ainsi qu'il propose quatre niveaux de la dépression : épisode dépressif léger, type 1?; épisode dépressif moyen, type 2?; épisode dépressif sévère sans symptômes psychotiques, type 3?; épisode dépressif sévère avec symptômes psychotiques.

    2.10-1. Épisode dépressif léger, type 1

    Il faut la présence d'au moins deux des trois symptômes dans la catégorie B et d'au moins un ou deux des symptômes de la catégorie C. Ce qui fait un total de trois à quatre symptômes (des critères B et C).

    2.10-2. Épisode dépressif moyen, type 2

    Il est nécessaire de relever la présence de huit symptômes, dont deux de la catégorie B et au moins six de la catégorie C.

    2.10-3. Épisode dépressive sévère sans symptômes psychotiques, type 3

    Il faut la présence de dix symptômes, dont les trois de la catégorie B. On note une absence d'hallucinations, d'idées délirantes ou de stupeur dépressive (état de repli total sur soi où le malade ne communique plus avec le monde extérieur). Il faut tenir compte d'un ralentissement ou d'une agitation sévère.

    2.10-4. Épisode dépressif sévère avec symptômes psychotiques

    Ces critères correspondent à un épisode dépressif sévère cité ci-dessus et avec la présence des hallucinations, les idées délirantes, ou l'état de stupeur, témoignant d'une psychose mélancolique où le malade perd conscience de la réalité.

    L'Association Américaine de Psychiatrie (APA)à travers le Mini DSM-5 (2016) proposait une échelle de trois niveaux pour mesurer la dépression caractérisée : Leger, moyen, grave.

    Dépression légère : La dépression légère réunit peu ou pas de symptômes supplémentaires par rapport au nombre nécessaire pour répondre au diagnostic?; la gravité des symptômes est originaire d'un sentiment de détresse mais qui reste gérable, et des symptômes sont originaires d'une altération du fonctionnement social ou professionnel.

    Dépression moyenne : la quantité de symptômes et/ou de l'altération du fonctionnement sont compris entre «?léger?» et «?grave?».

    Dépression grave : La quantité de symptômes est en excès par rapport au nombre nécessaire pour établir le diagnostic?; la gravité des symptômes est originaire d'une souffrance importante et ingérable et les symptômes perturbent grandement le fonctionnement professionnel et social.

    2.11- VIH/SIDA et dépression

    Le VIH/SIDA peut avoir une incidence sur la santé mentale du patient infecté. De tous les troubles psychologiques qui pourraient affecter les sujets séropositifs, nous nous intéréssons dans cette recherche à la dépression. Certaines recherches que nous avons recencé ci-dessous établissent le lien entre le VIH/SIDA et la dépression, l'incidence du VIH sur la santé mentale du patient et la vulnérabilité d'une personne dépressiveface au risque d'attraper le VIH/SIDA.

    Lyketsos et Federman (1996), cité par Suarez (2000), affirmaient qu'il y a à la fois un renforcement du risque d'une infection VIH dans la population présentant des troubles psychiatriques et une proportion élevée de troubles psychiatriques chez les personnes atteintes du VIH/SIDA.Des troubles psychiatriques ont été fréquemment retracés au cours de l'infection par le VIH, notamment, la dépression, l'anxiété, les troubles de la personnalité, etc. 

    Les états dépressifs ont la réputation de brouiller les fonctions cognitives chez certains patients séropositifs. Il a été nettement démontré dans une étude de l'Organisation mondiale de la Santé, qu'il y a un renforcement de la prévalence de la dépression chez les patients infectés par le VIH. (Lyketsos et Federman, 1996), La dépression est l'un des principaux diagnostics différentiels des troubles cognitifs modérés de l'infection par le VIH.

    En s'appuyant sur l'étude de Lyketsos et Federman(1996), Sanchez-Valero(2003)avancaient que le VIH peut conduire à un risque important de dépression.Il soutient que l'état dépressif peut augmenter au fur et à mesure que l'infection avance vers le stade du SIDA.Pour ce qui est des patientsséropositifshospitalisé, la prévalence est estimée entre 5 - 15 %.Chez les personnes séropositives, la dépression est le motif de consultation psychiatrique le plus fréquent.Plusieurs facteurs peuvent expliquer l'état dépressif chez les patients séropositifs.Premièrement, la découverte de la séropositivité n'est pas toujours bien digérée psychiquement par le patient.Car, l'évolution du VIH/SIDA à travers le temps et le nombre de décès que cette infection a déjà fait à travers son histoire peut provoquer des troubles de l'humeur.Deuxièmement, les réactions affectives sont variées d'un patient à l'autre.En raison des variations de personnalité, chaque patient ne vit pas la séropositivité de la même manière.Un patient peut présenter un état dépressif et un autre non.Il faut dans ce cas considérer les antécédents psychiatriques et la qualité de réponse socioaffective de l'entourage du patient.Mais en raison de la chronicité de la maladie, les conséquences sur la thymie peuvent être prolongées et passer d'un état dépressif réactionnel à un état dépressif majeur.Et finalement, l'incertitude face à l'évolution de l'infection, la réponse au traitement, la discrimination sociale, l'exclusion sociale sont des facteurs qui peuvent engendrer la dépression quand la personne séropositive pense à sa maladie et les phénomènes qui l'accompagnent. 

    L'Organisation mondiale de la Santé (OMS, 2008, cité par socité Canadienne du SIDA, 2014) a mené une étude dans laquelle il a été constaté que les individus ayant une maladie mentale sévère ont un risque élevé d'attraper le VIH.Diverses raisons justifient cette situation, particulièrement des facteurs de risque comportementaux graves et la possibilité que la maladie mentale interagisse avec l'aptitude de recevoir ou d'utiliser les renseignements afin de se protéger contre le VIH.L'OMS soutient aussi que les séropositifs ont plus de risque d'être exposés à des troubles mentaux que les personnes qui ne sont pas infectées par le VIH/SIDA.Le niveau de stress élevé au moment du diagnostic et la chronicité du VIH sont en partie les causes de l'incidence sur la santé mentale du sujet. 

    En comparant les personnes vivant avec le VIH/SIDA au reste de la population, la société canadienne du SIDA (2014) affirme que les PVVIH ont plus tendance d'être éteintes par les troubles dépressifs ou un trouble d'anxiété que le reste de la population.Des recherches et études ont soutenu une telle affirmation. 

    Donc, le VIH/SIDA peut avoir un impact psychique considérable sur le séropositif. La dépression est la complication psychique la plus courante chez le patient VIH.En outre, considérant la chronicité de la maladie, le nombre pesant de décès qu'elle a déjà causé, le traitement permanent que le patient doit suivre et la réponse de l'organisme à ce traitement, la perception sociale de cette maladie qui engendre souvent la discrimination et la stigmatisation, il est difficile pour un patientséropositifde ne pas être dépressif à un moment donné.

    CHAPITRE III

    3. Méthodologie

    Ce chapitre présente le cadre méthodologique de ce travail de recherche. Nous y présentons le terrain de recherche. Nous précisons l'approche qui a été adoptée et la technique de collecte de données. Une description de l'outil de collecte de données y est faite.

    3.1- Présentation du terrain de recherche

    Selon le Comité Interministériel d'Aménagement du Territoire, la commune de Fort-Liberté s'étend sur une superficie de 256 km2(CIAT, 2003). Elle est bornée au nord par l'Océan Atlantique, à l'Est par les communesde Ferrier et Ouanaminthe, au sud par celles de Carice et de Vallières et à l'Ouest par les communes de Perches et Terrier Rouge. Elle comprend de quatre sections communales : Dumas, Bayaha, l'Oiseau et Haute Madeleine. En 2012, la population était estimée à 32?861 habitants (données recensées en 2003, estimation IHSI 2012 cité par CIAT 2003). Dans cette ville, nous trouvons l'hôpital de Fort-Liberté qui constitue notre terrain de recherche.

    L'hôpital de Fort-Liberté est une institution publique qui offre des services de santé physique et mentale à la population dans la région de Fort-Liberté. En raison de notre constat, l'hôpital de Fort-Liberté est le centre hospitalier le plus important de la ville.Il se situe à la rue Anacaona au numéro et dirigé par Dr. Isnelle DECOMES. Cette institution publique offre des services sanitaires visant certainement à améliorer la santé de la population fort-dauphinoise.

    Parmi les services médicaux que l'hôpital de Fort-Liberté fournit, nous devons signaler les services de consultation externe, de psychologie, de planification familiale, de prise en charge de tuberculose, de consultation prénatale, de pédiatrie, de médecine hommes et médecine femmes, des vaccinations contre la rougeole, la rubéole, la poliomyélite, etc. Il offre aussi des services d'odontologie, de petites chirurgies pour les hommes et les femmes, des accouchements y compris des cas de césarienne.

    De tous les services médicaux offerts par l'hôpital de Fort-Liberté, nous nous intéressons dans ce travail au service qui offre des soins psychologiques.Ce service est dirigé par un psychologue spécialisé en psychologie clinique et assisté par un travailleur social.Il reçoit tous les patients nécessitant des soins psychologiques qui sont d'ordres névrotiques.Mais son travail principal est de prendre en charge les patients séropositifs.Grâce au counseling post-test, il les aide à faire le deuil de leur séropositivité, de faire face à cette situation qui semble être traumatisante.Le travailleur social remplit aussi un travail important avec la population séropositive qui fréquente l'hôpital de Fort-Liberté. 

    De tous les patients qui fréquentent l'hopital de Fort-Liberté, ce sont les patients séropositifs qui nous intéressent dans cette recherche. En fait, environ 1555 patients séropositifs visitaient l'hôpital de Fort-Liberté en 2017. 783 étaient actifs, c'est-à-dire ils suivaient leur traitement et venaient régulièrement à leur rendez-vous, que ce soit médical ou psychologique. 226 sont perdus de vue c'est-à-dire que l'hôpital n'a plus de nouvelles d'eux ; ils rataientdes rendez-vous médicaux. Ils etaient considérés comme perdus de vue à partir de 3 mois sans nouvelles. 274 sont décédés tout en suivant le traitement d'ARV. 77 personnes étaient transférées dans d'autres centres hospitaliers pour poursuivre leur traitement. (iSanté, janvier 2018)

    3.2- Approche mixte

    Dans le cadre d'une recherche, il convient d'utiliser une approche pour mieux guider cette recherche scientifique. Cette approche peut être qualitative, quantitative ou mixte. Dans le cadre de cette recherche, l`approche mixte a été pour nous le choix le plus appropriée. Cette approche est une alliance de l'approche qualitative et quantitative. Cette combinaison pourrait présenter aux chercheurs des avantages tant sur le plan qualitatif que quantitatif. Le côté qualitatif de la recherche nous a permis d'analyser les les données descriptives, comme les paroles écrites ou dites, et le comportement observable des participants (Taylor et Bogdan, 1984 cité par Deslauriers, 1991). L'aspect quantitative de son côté nous a permi de mesurertoutce qui est susceptible de croissance ou de réduction comme la dépression qui peut etre faible, moyen ou sévère (Lemelin, 2004).

    3.3- Méthodes utilisées

    3.3-1. Entretien

    Puisque l'entretien favorise l'expression et l'extériorisation du sujet, permet de connaitre l'interviewé, son histoire personnelle, ses caractéristiques psychiques et ses expériences personnelles (Benedetto, 2007) nous avions retenu l'entretien dans cette recherche empirique. Etandé donné qu'il y a plusieurs formes d'entretien, l'entretien semi-directif a été retenu. Car nous avions amenagé des thématiques dans lesquelles nous trouvons des questions ouvertes et fermées pour guider la recherche (Lefèvre, 2018). De plus, en vue d'éviter toute discrimination même parmi les séropositifs et garantir la confidentialité du statut de séropositivité nous avons opté pour l'entretien individuel. Cela a facilité le dialogue et nous a permis de mieux réorienter les questions en cas de manque de compréhension. Cette forme d'entretien nous a également permis de faire une plus ample connaissance avec le participant, de connaître son histoire propre et la façon dont il vivait sa séropositivité.

    3.3-2. Outil utilisé : guide d'entretien

    Afin de favoriser la compréhension et la clarté, les questions ont été élaborées et posées dans la langue maternelle des participants à savoir le créole haïtien.En outre, le guide d'entretien s'est appuyé sur le modèle de guide d'entretien présenté par Giroux et Tremblay (2009). On s'est inspiré de la fiche d'évaluation psychologique initiale des PVVIH du CDS (Centres pour le Développement et la Santé) pour arranger les questions de la troisième section relative à l'impact émotionnel et la façon dont le patient vit l'expérience de la séropositivité.Pour ce qui concerne la septième section, les questions relatives aux signes et symptômes de la dépression ont été conçues suivant les critères de diagnostic de la CIM-10 cité par Bertrand-Servais (2004).  

    Puisque l'entretien semi-directif a été la technique de collecte des données utilisé au cours de notre recherche, ce qui a nécessité de thématiser les questions, nous avions construit un guide d'entretien spécifiquement pour notre recherche en fonction des questions et des objectifs de rechreche. Il comporte huit (8) sections (Annexe I).Pour valider cet outil combien important pour notre recherche, le professeur encadreur l'a consulté et des remarques qui ont été produites. Des corrections ont été ensuite apportées.

    La première section intitulée informations essentielles de la recherche présente d'une façon succincte quelques informations sur la recherche, les objectifs et la question principale. La deuxième section présente les trois conditions de participation à la recherche qui sont : 1) Être un adulte 2) Être séropositif (ve) et 3) être un soignant de l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté. 

    La troisième section propose une introduction à l'entretien ou la raison d'être de l'entretien a été précisée en présentant d'une façon brève et précise la recherche et ses objectifs.Pour se familiariser avec le patient, cette section contenait une brève présentation de l'étudiant finissant qui allait à conduire l'entretien.Une fois que le patient donne son accord favorable pour participer à la recherche, cette partie envisage une question pour détendre davantage l'atmosphère de l'entretien.

    La quatrième section vise à collecter des informations sociodémographiques  qui sont l'âge, le sexe, l'adresse, le niveau intellectuel, la date où ils savaient qu'ils étaient séropositifs et commencaient un traitement. La cinquième section compte cinq (5) questions.La première et la deuxième visent à déterminer l'acceptation du statut de sérologique du patient par rapport au VIH.La troisième s'interroge sur les réactions émotionnelles et la quatrième collecte des données sur l'expérience de la séropositivité. 

    Les questions de la sixième partie nous aident à déterminer l'impact psychologique de la séropositivité sur le patient.Deux (2) questions sont donc posées, la première permet d'établir la différence émotionnelle entre les deux périodes : avant d'avoir pris connaissance du statut sérologique du VIH et après en avoir être conscient.La deuxième question détermine la perception du patient interviewé par rapport à l'impact que le virus peut avoir sur le patient qui y est atteint. Considérant l'un de nos objectifs de recherche qui consisteà établir un jugement clinique de la dépression chez les patients séropositifs, la septième section vise à repérer les symptômes de dépression chez le patient et leur intensité.Chacune de ces 10 questions visaient à mesurer l'intensité de la dépression suivant les critères de diagnostic de la CIM-10. 

    Finalement, la huitième (8) partie concerne la conclusion de la recherche dans laquelle nous remercions l'interviewé pour sa participation à notre recherche.Il a été accordé à chaque participant la liberté d'ajouter d'autres informations jugées utiles et/ou de poser des questions.

    3.4- Déroulement des activités et collecte des données

    3.4-1. Procédures de recrutement des participants

    Pour recruter les participants de cette recherche nous nous sommes rendus à l'hôpital de Fort-Liberté. Après avoir eu l'autorisation de la direction de l'hôpital, il nous a été référé au psychologue de l'institution, avec qui nous avions une franche collaboration, pour recruter les participants. Ce recrutement se fait sur la base d'un échationnage par critère. De ce fait, nous sommes resté attacher aux critères de sélection de cette recherche préalablement établis qui sont : être un adulte ; être un soignant de l'hôpital Saint-Joseph de Fort-Liberté ; être séropositif (ve). De ce fait, avant de sélectionner un participant, nous avions pris le soin de vérifier qu'il respecte les conditions de participations. 

    3.4-2. Stratégie pour obtenir le consentement des participants

    Il a été pour nous important d'obtenir le consentement libre et éclairé des participants pour la réussite des entretiens, surtout sur le plan éthique. Pour cela, nous avions élaboré un formulaire de consentement libre et éclairé. Dans ce formulaire, il a été clairement expliqué le bien-fondé de notre recherche que le sujet aurait à lire. Nous avions prévu d'accorder un temps de réflexion à chaque potentiel participant avant qu'il accepte de nous accorder leur accord signé. Cependant, deux inconvénients s'étaient présentés : premièrement, certains participants ne trouvaient aucun inconvénient à participer à la recherche, mais refusaient d'accorder un consentement écrit. Ils préféraient accepter verbalement après qu'ils aient compris clairement à quoi ils allaient participer. Deuxièmement, d'autres refusaient de prendre le formulaire parce qu'ils ne savent pas lire ni écrire. De plus, ceux qui ne savaient ni lire ni écrire étaient mal à l'aise de l'avouer dans un premier. Par conséquent, il nous a été demandé par le représentant de l'institution, le psychologue qui supervisait les entretiens, de ne pas utiliser le formulaire de consentement libre et éclairé. 

    En raison de ces inconvénients majeurs, nous avions redéfini la stratégie pour obtenir le consentement des participants. Nous avions privilégié un consentement verbal où aucun des participants de cette recherche n'y trouvait d'inconvénients. Après les présentations d'usage où nous nous sommes présentés en tant qu'étudiant-chercheur, nous présentions la thématique, les objectifs et les questions de recherche. Puis, nous avions expliqué à chaque participantde quoi sa participation à notre recherche sera faite. Au cas où ils ne voulaient plus participer à notre recherche ou ne désiraient plus que les informations recueillies soient utilisées, il a été informé à chaque participant de nous le faire savoir. 

    3.4-3. Méthodes de notation des informations

    Pour assurer la fiabilité des données, nous avions prévus deux stratégies : un magnétophone pour enregistrer les participants ou un cahier de terrains pour la prise des notes. Aucun participant n'a accepté la première stratégie qui consistait à les enregistrer pour ensuite produire avec une fidélité parfaite des verbatims. Par conséquent, nous avions respecté leur décision, nous leur avions donc demandé l'autorisation de prendre des notes pendant qu'ils répondaient à nos questions. Ce qu'ils nous ont été permit de faire. 

    3.4-4. Lieu et durée des entretiens

    Tous les huit (8) entretiens se sont déroulés à l'hôpital de Fort-Liberté pendant la semaine du 20 mars 2018. Après avoir présenté la thématique, les questions et les objectifs de recherche, nous avions demandé au sujet s'il souhaiterait participer volontairement à notre recherche en acceptant de nous accorder un entretien varié entre 15 à 25 minutes au cours duquel il serait amené à répondre à une série de questions. C'est ainsi que nous avions 8 entretiens avec huit (8) participants dont quatre (4) hommes et quatre (4) femmes. Tous ces étaient des adultes séropositifs qui se soignaient à l'hôpital de Fort-Liberté. 

    CHAPITRE IV

    4. Présentation des résultats

    Ce chaphitre présente les principales données receuillies lors des entrevues de recherche. Il présente le profil sociodémographique des participants. Les résultats sont classés par section de questions. Pour chaque question, nous présentons les similarités des réponses par iddéespuis nous donnons une illustration de réponse. Enfin, ces données sont analysées et interprétées dans le chapitre suivant.

    4.1- Participants

    Comme le tableau 4.2 le montre, la somme des paraticipants était de huit(8)sujets. Comme le soulignentGiroux et Tremblay (2009) la recherche qualitative fait l'étude du phénomène en question en se basant sur un petit nombre de cas. En raison de la disponibilité des et de la nature qualitative de cette recherche, il a été jugé que huit (8) cas peuvent composer l'ensemble de nos paerticipants. Un nombre plus volumineux de cas serait certainement couteux en temps et argent pour traiter les données recueillies. De ce fait, ce n'était pas tous les patients séropositifs que nous avions rencontrés qui ont manifesté la volonté de participer à notre recherche.

    Pour établir l'équilibre entre le sexe, 4 hommes et 4 femmes ont été choisis. En ce qui concerne le statut marital, deux (2) des huit (8) éléments de notre échantillon étaient veufs : un homme et une femme.Ils nous ont confié que leurs partenairesétaient décédés à cause du VIH/SIDA.La femme ne s'est pas remariée, mais elle cohabitait avec son petit ami.L'homme nous affirme qu'il préfère rester pour le moment célibataire.Deux (2) autres personnes sélectionnées sont mariées : un homme et une femme.La femme vit avec son mari.L'homme s'est séparé de sa femme pour des raisons qu'il a préféré ne pas mentionner.Les quatre (4) autres personnes vivaient en union libre avec leurs partenaires. 

    En matière d'âge, toutes les personnes étaient des adultes.Sur le plan constitutionnel, ils sont âgés de plus de 18 ans.De ce fait, leur tranche d'âge s'étend entre 30 et 60 ans. L'âge moyen étatit de 43 ans. 

    Sur le plan académique, quatre (4) éléments de nos participants dont deux femmes et deux hommes ont pu boucler leurs études secondaires.Deux (2) d'entre eux avaient à peine commencé, les deux autres les ont complétées.Trois (3) ne savent ni lire ni écrire. Néanmoins, toutes ces personnes avaient une activité professionnelle pour pouvoir répondre à leurs besoins et à ceux de leur famille.Trois (3) d'entre elles (trois hommes) sont cultivateurs, trois (3) autres sont commerçantes, une autre travaille comme agent de terrain dans le programme VIH/SIDA et le dernier travaille dans une usine comme personnel de soutien.  

    Le tableau suivant présente le nombre de participants rencontrés au cours de ce travail. Le tableau contient égalemnet les informations sociodémographiques des patients.

    Tableau 4.2 : Profil sociodémographique des patients

    Cas

    Sexe

    Âge

    Région

    Statut marital

    Niveau scolaire

    Activité professionnelle

    Durée de la séropositivité

    Date de l'entretien

    R D 01

    M

    56 ans

    O

    U L

    NSNLE

    Culture de la terre

    2 ans 7 mois

    20 -03-18

    N J-L 02

    M

    61 ans

    O

    V

    NSNLE

    Culture de la terre

    4 ans 7 mois

    20 -03-18

    M J 03

    M

    33 ans

    R D

    U L

    S

    Personnel de soutien dans une usine

    7 mois

    20 -03-18

    B E 04

    F

    30 ans

    O

    U L

    S

    Commerce

    1 an 2 mois

    21 -03-18

    N J-P 05

    F

    37 ans

    O

    M

    NSNLE

    Commerce

    5 ans

    21 -03-18

    P J-B 06

    F

    48 ans

    O

    U L

    NSNLE

    Commerce

    3 ans 1 mois

    22 -03-18

    S T 07

    M

    36 ans

    D

    M

    S

    Maçonnerie

    4 ans

    22 -03-18

    Jo 08

    F

    43 ans

    O

    V

    S

    Agent de terrain au programme de VIH/SIDA

    12 ans

    22 -03-18

    Légende

    Sexe : M = Masculin, F = Féminin?; Région : O = Ouanaminthe, RD = République Dominicaine, D = Dumas?; Niveau scolaire : NSNLE = Ne sait ni lire ni écrire, S = Secondaire?; Statut marital : U L= Union libre, V = Veuf (ve), M = Marié (e)

    4.2- Question de depart portant sur la considération du VIH/SIDA

    Notre question de départ a été : Ki jan w konsidere maladi SIDA a ? (Traduction libre : comment considérez-vous le VIH/SIDA??). Nous avons recueilli trois (3) catégories de réponses.La première catégorie donnait des réponses similaires.D'une manière générale, ces quatre participants considèraient le VIH/SIDA comme une maladie qui rend mal à l'aise et une fois que vous en être atteint vous êtes condamné à prendre des médicaments tout le restant de votre vie.D'une manière spécifique, une de ces personnes pense que le VIH/SIDA est une maladie assez drôle et incurable.Un autre le considère comme une maladie ordinaire qui ne réduit pas l'espérance de vie dans la mesure où le patient prend régulièrement ses médicaments.Notons par exemple la réponse de ce répondant : 

    Ou mèt te tande tout sa yo te ka di de maladi sa a, se vre se yon maladi ki dwòl li ye, men depi w pran tout medikaman w nan lè w gen pou w pran yo a wap viv tan w gen pou w viv la. Bondye voye chak moun sou latè pou viv yon kantite tan, tout sa w wè ki rive w se konsa Bondye te vle l. Donk kèlkeswa maladi yon moun te ka genyen lap viv tan Bondye te voye w viv la. (Cas M J 03)

    (Traduction libre : Quel que soit ce que l'on peut dire de cette maladie, c'est une drôlemaladie.Cependant, dans la mesure où quelqu'un prend régulièrement ses médicaments, il vivra le temps qui lui a été destiné de vivre. Dieu nous a envoyé sur terre avec une esperance de vie, tout ce qui vous arrive est la volonté de Dieu. Donc, quel qu'en soit la maladie qu'une personne puisse avoir elle vivra le temps qui a été prédestiné par Dieu.)

    Le deuxième groupe de réponses à cette question va dans un autre sens, mais on y trouve des réponses semblables. Ces trois participants considèraient le VIH/SIDA comme une maladie mortelle. Une de ces répondants estime que cette maladie fait des ravages, dans le sens qu'elle cause beaucoup de décès. Une autre participante est bien consciente que cette maladie a un caractère mortel, mais dit que cela ne lui préoccupe pas. Voici comment elle considère cette maladie :

    Lontan m te konsidere l pou yon pakèt afè. Lè m te fenk pran l lan sa te konn fè m reflechi epi ap plede panse. M te wè l tankou yon maladi ki pral tiye m lòt semèn. Men kan m te kòmanse travay nan pwogram SIDA a nan fason m konsidere l te vin ap chanje ak letan. Ou konnen depi wap ede lòt moun ou tou ede tèt ou tou. Lè m jwenn moun ki gen l menm jan avè m nan kad travay mwen ki pa vle pran medikaman m konn ankouraje yo e pafwa m konn menm avwe yo ke m genyen l tou e toujou pran medikaman e m parèt anfòm tankou yon moun ki pa gen okenn maladi. Men kounye a m pa konsidere l menm jan an ankò, pou mwen se tankou yon maladi tankou tout maladi. Pou m di w byen m jis konsidere l tankou yon fyèv. (Cas Jo 08)

    (Traduction libre :Autrefois, je l'ai considéré comme quelque chose d'une très grande importance.Quand j'ai su que je l'ai attrapé, cela a augmenté mes pensées et ma réflexion.En ce qui me concerne, je l'ai vu comme une maladie qui va me tuer très vite.Une fois que j'ai été embauché pour travailler dans le programme du VIH/SIDA ma vision des choses devient différente.Quand vous aidez les autres vous vous aidez en même temps.Dans le cadre de mon travail, quand je rencontre des patients séropositifs qui ont une mauvaise adhérence, je les encourage et parfois, je leur révèle ma séropositivité pour les aider à comprendre qu'ils peuvent se sentir comme une personne en bonne santé comme moi.Maintenant, je ne la considère plus de la même manière.C'est une maladie comme les autres.D'ailleurs, je la vois comme une fièvre.)

    Une deuxième catégorie nos répondantsa une consideration differente du VIH/SIDA. Cette catégorie voit le VIH/SIDA comme une maladie transmissible qui se transmet lors des contacts sanguins, de la mère à l'enfant. Ce participant considère que cette maladie est contagieuse surtout lors des rapports sexuels non protégés. Il nous informe que :

    Bon?! M' tande yo konn di e sikolòk la te di m' sa tou se nan kontak san ou, manman ka transmèt timoun nan li. Men m' panse se yon maladi ou ka pran lè w' pa pran prekosyon, lè w' adwat agoch nan fi. Depi w'ap plede banboche pasi pala lap difisil pou w' pa pran l wi sitou si w' pa pwoteje tèt ou. (Cas RD 01)

    (Traduction libre : Comme me l'a informé le psychologue et comme j'ai l'habitude de l'entendre, c'est une maladie qui se transmet par contact sanguin. Elle se transmet aussi de la mère à l'enfant. C'est une maladie qu'on peut attraper par manque de prudence, essentiellement à cause des débauches avec la personne de l'autre sexe et des rapports sexuels non protégés.)

    4.3- Compréhension et perception de la séropositivité

    4.3-1. Question portant sur le résultat communiqué

    La première question de cette section est : Èske w ka raple m ki rezilta yo te kominike w apre w te fin fè tès SIDA ? (Traduction libre : Pouvez-vous me rappeler quel résultat vous a été communiqué après votre dépistage au VIH/SIDA??) Deux catégories de réponses ont été obtenues pour cette question. La première catégorie de sept (7) participants admet que le résultat qui leur a été communiqué était un résultat positif. Un autre participant répondait que son résultat a été négatif.

    Cependant, cet homme, qui affirmait que son résultat a été négatif donne un caractère maléfique à sa séropositivité. Voilà ce qu'il explique :

    Lè map gade janm ye parapò ak yon seri de lòt moun, sa klè, sa pa sanble bon SIDA a m' genyen. Se nan yon poud SIDA m' pran. Se yon nèg m' tap travay menm kote avè l nan kesyon jalouzi paske l' panse m gen plis kòb pase l'. Sa ka rive nou touche menm janm men mwen m' fè ekonomi e m' kòmanse yon ti kay. Se lanbisyon li genyen. (Cas ST 07)

    (Traduction libre : En comparant ma séropositivité à celle des autres, j'en conclus que je n'ai pas le vrai VIH. J'ai été empoisonné par une poudre qui m'a contaminé du VIH/SIDA. Cela est dû à cause d'un collègue de travail qui est jaloux de ce que j'ai déjà réalisé avec mon salaire. Pourtant, nous avons le même salaire, mais moi j'économise une partie de mon salaire pour construire une petite maison. Etant jaloux de cela, il m'a empoisonné par cette poudre qui m'a contaminé du VIH/SIDA.)

    4.3-2. Question portant sur le sens donné au résultat communiqué

    La deuxième question de cette section est : Ki sa rezilta sa te vle di pou ou?? (Traduction libre : quel sens avez-vous donné à ce résultat??) Cette question nous a permis de comprendre le sens que le patient donnait au résultat qui lui a été communiqué.Nous avions collecté trois types de réponses.Dans le premier type de réponse, quatre sujets sur huit interprètaient le résultat pour ce qui est en réalité à savoir qu'ils ont l'infection du VIH dans leur sang.Par exemple, un participant nous a confié :

    M te vin konprann ke m fè SIDA. Yo di di m ke m'ap gen pou m pran medikaman toutan. Pou m' di w' byen, m' dakò ke m' genyen l' men pa fouti di yon moun ni ki kote m pran l' ni ki kote m pa pran l'. Sèl bagay m konnen m gen maladi sa a. (Cas N J-L 02)

    (Traduction libre : J'ai compris que j'ai été séropositif. J'ai été informé d'un traitement permanent. Je dois admettre qu'en réalité je suis séropositif, mais je ne peux déterminer où j'ai attrapé cette maladie ni quand. La seule chose je sais que je suis atteint du VIH.)

    Le deuxième type de réponses dégagait l'idée que cette maladie engendre des problèmes d'ordres psychologiques et émotionnels. Un participant de ce groupe nous a révélé son état d'âme comme suit :

    Sa te ban m' anpil pwoblèm paske m' konnen m' pral viv ak maladi sa a tout vi m'. Se pa yon maladi ki geri l ye. Sa te fè m' yon jan strese e yon bann bouton te kòmanse leve sou mwen, men kan m' kòmanse pran medikaman yo bouton yo ale. (Cas BE 04)

    (Traduction libre : J'ai été vraiment bouleversé, car je savais que c'est une maladie incurable. Je me sentais un peu stressé et peu de temps après des boutons apparaissent sur ma peau. Mais grâce au traitement que j'ai ensuite commencé, les boutons disparaissent).

    La troisième catégorie est une réponse plutôt unique qui doute du résultat qui lui a été communiqué.La réponse de cette participante nous montre à quel point, il a été difficile pour elle d'accepter sa séropositivité et d'admettre que le résultat soit positif.Remarquons les démarches qu'elle a entreprises avant d'accepter de suivre un traitement antirétroviral (ARV) : 

    Mwen li lè yo te di m sa m te di se pa t vre. M tande pou m' te pran medikaman m'pa t' menm panse a sa paske m' konnen m pa te fè l' vre. Premye kote m' te ale a, lè yo te di m' sa m' pa t' kwè se te vre?! M te eseye ale plizyè lòt lopital paske m' te panse aparèy moun yo te ka gen pwoblèm oubyen doktè yo te ka pa fin wè byen. Men chak kote m' ale yo di m' menm bagay la. M te komanse kwè. Finalman, m' kòmanse pran medikaman yo paske m' te vin santi bon lè map pran yo a. (Cas P J-B 06)

    (Traduction libre : En ce qui me concerne, il m'a été difficile de croire que le résultat était positif.Il m'a été recommandé de commencer un traitement, mais je ne croyais pas que j'étais séropositive.Le premier endroit où j'ai été dépisté a révélé ma séropositivité, j'ai refait le même test dans plusieurs autres hôpitaux, car je pensais que les appareils pouvaient avoir des problèmes ou que les techniciens ne savent pas ce qu'ils font.Mais à chaque test, j'ai eu le même résultat.À ce moment, j'ai un peu cru.Finalement, j'ai entamé le traitement jusqu'à ce que je me sens mieux.)

    4.3-3. Question portant sur les réflexions faites après le résultat

    La troisième question de cette section est : Apre w te fin konnen rezilta w la, ki sa k te vin nan tèt ou?? (Traduction libre : après avoir eu votre résultat, que vous est-il venu à l'esprit??).Les réponses de cette question sont plus ou moins divergentes.Un premier groupe prend quelqu'un pour responsable, un deuxième groupe ne donne pas vraiment leur opinion sur cette question, un troisième groupe admet qu'il faut prendre leur médicament, et finalement l'autre groupe pourrait penser à la mort, mais confronte des contraintes religieuses. 

    Un premier groupe de deux sujets pensait qu'ils ont attrapé le VIH/SIDA à cause de quelqu'un. Dans le témoignage suivant le séropositif accusait son collègue de travail :

    Premye sa k te vin nan tèt mwen m' pa t' fin kwè, paske nan epòk sa a m' te konn gen yon bon ti djòb, m' konn travay nan mason e m toujou fè travay mwen byen. Gen yon bòs nan travay la ki pa t' vle wè m'. Pandan plizyè fwa li tann bagay sou chantye a pou mwen, men akoz m' gen Bondye avè m' anyen mal pa janm rive m'. Men yon lè m' pa konn si se manke priye, m' te vin malad. Gen yon bòkò ki konn travay pou mwen m' tal kote l' epi l' te di m' se bòs nan travay mwen an kap fè m'. Li fè remèd pou mwen epi m' te kòmanse santi m' pi bon, men apre m' vin menm jan an. M tounen kote l' li fè lòt travay pou mwen, men madanm mwen te di m' al lopital. Lè male yo fèl yon dal tès pou mwen e pami yo te gen tès SIDA a. Apre sa yo te di m' li pozitif. Lè m' vin kote sikolog la m' esplike l' se pa yon bon maladi, men l' te ede m konprann ke yo pa ka bay SIDA a konsa. Li te yon ti jan konvenk mwen e m' te eseye pran medikaman yo vre epi m' te vin santi m' mye. Se vre m' konn fè lòt remèd, men m' toujou pran medikaman yo ban m' lopital la. (Cas MJ 03)

    (Traduction libre : Dans un premier temps, j'ai douté du résultat. À l'époque, je travaillais et j'ai été bien payé. Il y a un collègue de travail qui ne m'aimait pas. À plusieurs reprises, il voulait me faire du mal. À chaque tentative, il a échoué grâce à l'aide de Dieu. Un jour, peut-être parce que je n'ai pas persévéré dans la prière, il m'a atteint et je suis tombé malade. J'ai consulté un médium qui m'a confirmé que si je suis malade c'est à cause de cet homme. Il m'a donné des remèdes et je me sentais mieux. Puis, je suis retombé malade. Je suis retourné chez le médium qui m'a donné d'autres remèdes. Ma femme m'a proposé d'aller à l'hôpital, ce que j'ai fait. On fait un tas de tests y compris le VIH qui a été révélé positif. C'était très difficile de croire que c'était le bon VIH. Cependant, le psychologue m'a convaincu de croire que le VIH ne se transmet pas de façon mystique. On m'a ensuite proposé un traitement que j'ai accepté, même si je peux utiliser d'autres remèdes.)

    Un deuxième groupe ne donnait pas vraiment leur opinion sur cette question. Par exemple, voici ce qu'un participant nous a confié : 

    Pou m onèt avè w, m pa t' gen anyen ki te vin nan tèt mwen men nan yon premye tan yo te di m' pou m' mennen madan m mwen e m' te mennen l vin fè tès la yo te di l genyen l tou. Nou te panse se voye yo te voye l' sou nou, se pa bon SIDA a. (N J-L 02)

    (Traduction libre : Pour être honnête avec vous, rien ne m'est venu à l'esprit. La seule chose, il m'a été recommandé d'amener ma femme à l'hôpital. Quand j'ai suivi cette recommandation, elle a été dépistée, et le test révèle qu'elle était séropositive. Mais nous ne pensons pas qu'on est malade du vrai VIH.)

    Un troisième groupe admetait qu'il fallait prendre leurs médicaments. Bien qu'unsujet sur deux dans ce groupe pense qu'un jour il sera certainement décédé à cause du VIH, mais il pensait qu'il faut continuer à suivre le traitement d'ARV. Il nous a expliqué que :

    M panse m t'apral mouri. Men ak sipò m' te jwenn nan lopital la, ti èd yo konn bay yo, medikaman yo nou pa menm peye pou yo m' pa fin wè bagay yo menm jan an. (Cas R D 01)

    (Traduction libre : Je pensais que j'allais mourir. Néanmoins, avec le support trouvé à l'hôpital et les médicaments fournis qui sont gratuits, en fait, ma vision des choses change au fur et à mesure.)

    La dernière categorie concerne une participantequi indiquait que le suicide pourrait être une solution envisageable, mais il peut y avoir des contraintes religieuses :

    Anvan tou m' se yon kretyèn. Gen anpil moun ki konn panse lè yo fenk konnen yo gen jèm SIDA a nan san yo sa ki ta pi bon se mete fen nan lavi yo. Se vre sa ka parèt yon bon solisyon kote w fini ak tout bagay, men ou pa t' kreye lavi ou pa gen dwa detwi lavi. Si w' fè sa Bondye pral mande w' kont e Bondye pap kite al nan syèl pou sa paske w' pa mèt tèt ou. Sa vle di m pa bay tèt mwen twòp pwoblèm paske m' pa menm jan ak anpil moun ki deyò a. M gen Jezi nan lavi m'. Sa ban m' espwa. Pi devan m' pap konsa ankò. M pa bay tèt men pwoblèm depase paske m se yon kretyèn. (Cas Jo 08)

    (Traduction libre : Avant tout, je suis chrétienne. Après un test positif, certaines personnes séropositives peuvent penser au suicide. Certes, c'est une solution vraisemblablement bonne. Cependant, personne n'a le droit de recourir à une telle solution, car ils n'ont pas créé la vie et ils n'ont pas le droit de la détruire. On n'est pas maître de soi, si quelqu'un recours à de tellesméthodes, Dieu lui demandera des comptes et n'ira pas au ciel. En ce qui me concerne, je ne me laisse pas emporter par cette situation. Je suis différente des autres, car Jésus est avec moi. Cela me donne de l'espoir de savoir que bientôt je serai guéri. Je ne me laisse pas trop tracasser car je suis une chrétienne.)

    4.3-4. Question portant sur les sentiments éprouvés

    La quatrième question de cette sectiona été portée sur les émotions ressenties lors de l'annonce de la séropositivité. La question est : Ki jan w te santi w, lè yo te di w ketès ou an pozitif?? (Traduction libre : Après qu'on vous a annoncé que votre test est positif, quels ont été vos sentiments??). Deux catégories de réponses ont été données à cette question. La première catégorie qui regroupait sept (7) répondants sur huit (8) éprouvait un sentiment de tristesse profonde ou un bouleversement émotionnel par rapport à l'annonce de la séropositivité. Par exemple, une partivipante nous a confié ceci :

    Pou m' sense avè w' sa te ban m anpil pwoblèm. M pa te imajine se yon bagay konsa ki te ka rive m'. Sa te fè m' tris anpil e m' te pran kabann pou plizyè jou. Sa te fè m' kriye anpil. Men lè m' te vin lopital la m' jwenn èd nan men sikològ la. Seyans yo, chak fwa m' vini nou fè ti pale, pafwa li remonte moral mwen. Lè medikaman yo pa fè m byen m' pale ak medsen yo yo ban m' ti esplikasyon. Pou m' di w' byen si se pa lopital la, se pa sèlman medikaman yo non, men fason moun yo te ede m te bon pou m' te ka fè fas ak sitiyasyon sa a. Sa te rekonfòte m?! Franchman?! (Cas Jo 08)

    (Traduction libre : Pour être sincère, j'ai été complètement bouleversé. Je ne m'imaginais pas en tant que séropositive. J'ai ressenti une tristesse profonde. J'ai passé plusieurs jours au lit. Toutefois, en venant à l'hôpital, j'ai reçu une assistance psychologique qui m'a aidé à faire face à cette situation. J'ai été réconforté?! Quand je subis les effets secondaires des médicaments, j'en ai parlé à mon médecin qui m'a expliqué. Franchement, c'est grâce à l'aide de l'hôpital et des médicaments que j'ai pu faire face à cette situation.)

    La deuxième catégorie de réponse concerne un homme qui ne se préoccupe pasde sa séropositivité. Il exprimait de la manière suivante le sentiment éprouvé après l'annonce de sa séropositivité :

    M pa t' ni sote ni pa sote. Sèl sa m' konnen depi w'ap manje fòk vant ou plen. (Cas N J-L 02)

    (Traduction libre : Je n'ai pas été étonné puisque je sais qu'en mangeant il faut être rassasié à un moment.)

    Pour mieux comprendre son expression ambiguë, une question de relance lui a été posée : «?Ki sa w vle di lè w di wap manje fòk vant ou plen?? (Traduction libre : Que voulez-vous dire en disant qu'en mangeant il faut être rassasié à un moment??)?» Il nous a expliqué ensuite que :

    Ou konnen depi w' gen plizyè fi wap sèvi avè yo epi w' pa aranje vi w' tout bagay ka rive. Lefetke m' konnen m' pa t' fin dwat m' lè m' vin lopital la m' yo di m' sa pa t ni sote ni pa sote. (Cas N J-L 02) 

    (Traduction libre : À cause de la débauche tout est possible. Ma vie n'a pas été ordonnée. De ce fait, en venant à l'hôpital l'annonce de la séropositivité ne m'a pas étonné.)

    4.3-5. Question portant sur l'expérence de la séropositivité

    La dernière question de cette section a été posée autour de l'expérience de la séropositivité. La question est : Ki jan w viv eksperyans sa a nan lavi w?? (Traduction libre : Comment vivez-vous cette expérience dans votre vie (celle de la séropositivité)??). Trois types de réponses ont été donnés. D'une manière générale le premier type de réponse qui regroupe six (6) participants sur huit (8) relataient des malaises face à la représentation sociale de la maladie ou aux effets secondaires des médicaments. Par exemple, un répondant se plaint :

    Li pa fasil non. Men pi gwo pwoblèm m' konn genyen se lè m'al travay, m' konn pa santi m' byen. Gen youn nan medikaman yo ki konn pa fè m byen kèk lè. Pwoblèm nan ou konnen fok ou travay, ou gen timoun pou w' jere ou gen manje chak jou, lekòl. Manman an mouri se mwen ki pou degaje m' ak timoun yo. Epi w' konnen jan moun konsidere maladi sa a. M' fon fason pou moun pa konn koze m'. Depi yo konnen yap gaye nouvèl la pou ou. (N J-L)

    (Traduction libre :Ce n'est pas si facile.Le véritable problème, c'est quand je dois me rendre au travail et que je ne me sens pas bien.Parfois, il y a un médicament que je ne supporte pas.Pourtant, je dois travailler pour prendre soin de mes enfants puisque je suis veuf. De plus vous savez la représentation sociale de cette maladie. C'est pourquoi je fais en sorte de ne pas révélér ma séropositivité. Car si elle est révélér la nouvelle serait propagée.)

    La deuxième catégorie de réponse comprend les participants qui optaient pour la confidentialité de leur séropositivité. Une participant préfèrait ne révéler sa séropositivité qu'à sa soeur et son mari afin d'éviter tout comportementdiscriminatoire :

    Sa pa twò difisil pou mwen non, paske m' pa kite moun konn sa. Jan m' te di w' sa deja se sèlman mari m' ak yon sè m' m' di sa. Sa vin fè se pa tout moun ki ka imilye w' men depi w' tande yon moun swa nan katye w' oubyen nan mache a konnen menm achte yo ka pa vle achte nan men w'. Menm timoun mwen yo m' pap kite konnen paske menm yo menm tou yo ka antre nan imilye w la. Bagay sa a konn fè m pas anti m twò alèz men .... E se sa ki fe tou ou wè m' sot jis wanament pou m vin la a. M pito vin la paske moun isit la pa konnen m yo pap pral nan di moun sa. (Cas P J-B 06)

    (Traduction libre :Dans mon cas, ce n'est pas si difficile parce que je prends le soin de ne révéler ma séropositivité qu'à mon mari et ma soeur.Par conséquent, il devient difficile d'être humilié par les autres.Si quelqu'un au quartier ou au marché est au courant de votre séropositivité, il ne voudrait même pas acheter chez vous des produits.Pas même mes enfants ne sont pas au courant de ma séropositivité.Eux aussi peuvent m'humilier.Mais parfois, je ne me sens pas à l'aise.Je viens de Ouanaminthe pour venir ici pour ne pas créer des soupçons à propos de ma séropositivité.)

    Si ces deux groupes de personnes vivaient l'expérience de leur séropositivité de cette manière, pour une autre participante ça semblait être assez difficile :

    Lè w' konnen lòt moun nap viv byen pwòp epi ou menn ou gen yon maladi nan kò w', li pa menm jan an. Lè w' tande lòt moun k'ap pale de moun ki fè SIDA se tankou moun sa yo pa nan monn nan e sa ban m' pwoblem. Mwen te vin ansent nan epòk sa a e m' te oblije retire timoun nan paske m' pa t vle li pote chay m'ap pote a. Se yon inosan li ye. Li pa t' fè anyen m' pa vle l' peye konsekans maladi m' nan. (Cas BE 04)

    (Traduction libre :C'est différent de savoir que les autres sont en bonne santé et que vous êtes malade.En entendant les autres parlant des personnes séropositives, on dirait que ces personnes-là n'existent pas.Cela m'a préoccupé.À l'époque, j'étais enceinte, j'ai avorté parce que, dans son innocence, je ne voulais pas que l'enfant subisse le même sort que moi.Il n'a rien fait.Il ne doit pas subir les conséquences.)

    4.4- Impacts psychologiques de la séropositivité

    La sectionimpact psychologique de la séropositivité compte deux questions. La première question se base sur la différence entre les sentiments éprouvés avant l'annonce de la séropositivité et après d'en être au courant. La deuxième question est portée sur l'opinion du sujet par rapport à l'impact psychologique que peut provoquer le VIH/SIDA.

    4.4-1. Question portant sur la difference psychique entre avant et après la séropositivité

    Pour la première question intitulée «?nan domèn mantal, ki diferans ki genyen ant fason w te konn santi w avan w te gen viris SIDA ak fason w vin santi w pandan w genyen l lan ??» (Traduction libre : Sur le plan psychique, quelle différence existe-t-il entre les sentiments éprouvés avant d'être au courant de votre séropositivité et maintenant??), un seul type de réponse a été donné. Tous les patients se sentaient mieux avant sur le plan psychologique et émotionnel. De ce fait, ils soulignent une grande différence entre les émotions ressenties avant leur infection et maintenant. Par exemple, un participant nous a révélé ce qui suit :

    Lontan lè m' potko te konnen m' te konn viv byen san okenn pwoblèm, men lè m' vin konn sa sa pa te twò alèz. M konn santi m' pa byen, men lè m' vin isit la m' fè ti pale ak sikològ la ki remonte moral mwen epi m santi m' nòmal apre. M vrèman remèsye lopital la pou ti èd yo ban mwen. (Cas N J-L 02)

    (Traduction libre : Autrefois, avant d'être au courant de ma séropositivité, j'allais parfaitement bien. Maintenant, je me sens parfois mal. Quand je viens à l'hôpital, je parle au psychologue qui me remonte la morale puis je me sens mieux. Je suis vraiment reconnaissant envers cet hôpital pour leur aide.)

    4.4-2. Question sur l'opinion des participants concernant les conséquences psychiques du VIH

    La deuxième question de cette rubrique est : Eske w panse viris SIDA a ka fè tèt ou pati oubyen ba w lòt problèm nan tèt ? (Traduction libre : Pensez-vous que le VIH/SIDA peut vous prendre la tête ou provoquer d'autres problèmes psychologiques??). Deux catégories de réponses ont été données : sept (7) participants déclaraient que le VIH/SIDA peut provoquer des troubles psychologiques contre une personne qui ne le pense pas. Parmi les sept sujets qui affirmaient que le VIH peut engendrer des troubles psychologiques, certains spécifient quelques troubles qu'ils pensaient que cela peut engendrer. Nous avions noté deux avis intéressants sur cette question. Le premier avis est celui d'un sujet qui soulignait que :

    Sa depann de moun nan, si moun nan ap plede panse a sa sa ka ba l' anpil pwoblèm, sa ka fè l pè, strese. Men depi moun nan pa bay sa regle anyen pou li li pap bay okenn pwoblèm. (Cas RD 01)

    (Traduction libre : Dépendamment de la personne, si quelqu'un se laisse dominer par sa situation, cela peut vraiment lui tracasser au point d'être stressé et devenir phobique. Cependant, si elle s'en fiche, il n'y aura aucun problème.)

    L'autreavis est celui d'une participante qui affirmait :

    Se yon bagay ki nòmal pou sa bay pwoblèm mantal paske maladi sa pa gen gerizon. Depi sa ap domine w menm fou w ka fou. Menm mwen pafwa m' konn rete m' lwen telman map panse.(Cas P J-B 06)

    (Traduction libre : C'est normal pour que cela provoque des troubles psychologiques, car c'est une maladie incurable. Si vous vous laissez emporter, vous pouvez même connaitre un moment de folie. Moi, parfois je suis perdue dans mes pensées.)

    4.5- Signes et symptômes de la dépression

    Cette section prend en compte les questions relatives aux signes et symptômes de la dépression.Pour chaque cas, nous regroupons les réponses positives d'un côté et les réponses négatives de l'autre côté.La question principale était :Nanomwendesemèn ki sot pase yo, kiyès nan sentom ki vin annapre yo ou konn santi ? (Traduction libre : Pendant au moins les deux semaines écoulées quels symptômes avez-vous ressentis dans la liste suivante??) Pour chaque question qui recherche les symptômes de la dépression chez le participant, il y a une autre question qui tend à mesurer l'intensité du symptôme.Cette question était : Si wi, nan ki nivo?? (Traduction libre : Si oui, à quelle intensité??).Pour répondre à cette question, nous proposons des éléments de réponses au sujet qui pouvait choisir entre faible, moyen et élevé au cas où la réponse soit positive.Nous présentons ci-dessous les résultats de cette section par participant.Les réponses positives regrouperont les symptômes manifestes de la dépression chez le participant.Nous ne considérons que les symptômes présents de la dépression chez chaque répondant. 

    On se rappel que huit (8) participants ont été sélectionnés pour cette recherche. Les réponses ont été catégorisées par cas. Pour chaque cas, nous avons pris en compte les symptômes de la dépression chez le sujet.Le premier groupe présente les patients dont les symptômes de la dépression étaient majoritaires et le deuxième groupe fait référence à ceux dont les symptômes de la dépression étaient minoritaires.Pour les symptômes majoritaires, il était nécessaire d'avoir deux symptômes importants à savoir la tristesse et la perte d'intérêt des activités quotidiennes. Ces deux symptômes doivaient être accompagnés de quatre autres.

    4.5-1. Symptômes majoritaires

    Le tableau 4.6présente les symptômes de la dépression chez chaque patient. Ils sont cinq (5) : trois (3) hommes et deux (2) femmes. Ce tableau met en évidence les personnes qui présentaient plus de cinq symptômes. Le symbole v signifie que le symptôme était manifeste et le symbole × signifie que le symbole n'était pas manifeste ou il n'y a aucune intensité. Les lettres M F É désignent l'intensité du symptôme présent. F = Faible?; M = Moyenne?; É = Élevée.

    Le cas RD 01 présentait sept (7) syptômes de la dépression qui étaient : 1) tristesse à une intensité moyenne 2) perte d'intérêt à une intensité moyenne 3) fatigue à une intensité moyenne 4) des troubles de sommeil élevés 5) ralentissement cognitif moyen 6) ralentissement moteur moyenet 7) des sentiments de culpabilité élevés. Il n'avait pas d'idées suicidaires, ni une faible estime de soi, ni des troubles d'appétit.

    Le cas MJ 03 présentait six (6) symptômes de la dépression : 1) tristesse élevée 2) perte d'intérêt moyen 3) sentiments de culpabilité élevés 4) fatigue moyenne 5) faible estime de soi moyen 6) ralentissement cognitif élevé. Mais ne présentait pas d'idées suicidaires, ni des troubles de sommeil, ni des troubles d'appétit et ni de ralentissement moteur.

    La participante BE 04 présentait sept (7) symptômes de la dépression : 1) tristesse élevée 2) perte d'intérêt moyen 3) sentiments de culpabilité faibles 4) faible fatigue 5) troubles de sommeil moyens 6) troubles d'appétit moyens et 7) une estime de soi moyen. Elle ne présentait pas des idées suicidaires, ni de ralentissement moteur, ni de ralentissement cognitif.

    Le participant ST 07 n'avait pas des idées suicidaires, mais il présentait neuf (9) symptômesde la dépression : 1) tristesse élevée 2) faible perte d'intérêt 3) sentiments de culpabilité élevées 4) fatigue moyenne 5) faible estime de soi 6) troubles de sommeil moyens 7) troubles de sommeil moyens 8) ralentissement cognitif élevé et 9) ralentissement moteur moyen.

    La participante PJ-B 06 n'avait pas des sentiments de culpabilité, ni d'idées suicidaires, ni de la fatigue, ni de ralentissement moteur. Toutefois, elle présentait six (6) symptômes de la dépression : 1) tristesse élevée 2) perte d'intérêt faible 3) faible estime de soi 4) troubles de sommeil moyens et 5) troubles d'appétit moyens et 6) ralentissement cognitif moyen.

    Tableau 4.3 : Signes et symptômes majoritaires de la dépression chez les participants

     

    T

    P I

    S C

    I S

    F

    F E S

    T A

    T S

    R C

    R M

    Cas RD 01

    v

    v

    v

    ×

    v

    ×

    ×

    v

    v

    v

    M

    M

    É

    ×

    M

    ×

    ×

    É

    M

    M

    Cas MJ 03

    v

    v

    v

    ×

    v

    v

    ×

    ×

    v

    ×

    É

    M

    É

    ×

    M

    F

    ×

    ×

    É

    ×

    Cas BE 04

    v

    v

    v

    ×

    v

    v

    v

    v

    ×

    ×

    É

    M

    F

    ×

    F

    M

    M

    M

    ×

    ×

    Cas ST 07

    v

    v

    v

    ×

    v

    v

    v

    v

    v

    v

    É

    F

    É

    ×

    M

    F

    M

    M

    É

    M

    Cas PJ-B 06

    v

    v

    ×

    ×

    ×

    v

    v

    v

    v

    ×

    É

    F

    ×

    ×

    ×

    F

    M

    M

    M

    ×

    Légende

    N.B : T = Tristesse?; P I = Perte d'intérêt des activités plaisantes?; S C = Sentiment de culpabilité?; I S = Idées suicidaires ; F = Fatigue?; F E S = Faible estime de soi?; T A = Trouble d'appétit?; T S = Troubles de sommeil?; R C = Ralentissement cognitif?; R M = Ralentissement moteur

    Deuxième ligne de chaque cas indique l'intensité du symptôme (F = Faible?; M = moyenne?; É = Élevée).

    4.5-2. Symptômes minoritaires

    La deuxième catégorie concerne les participants dont les symptômes de la dépression étaient minoritaires. Ils étaient au nombre de trois (3) : deux femmes et un homme. Ce tableau 4.4 présente les symptômes qui étaient présents chez ces participants. Le symbole v signifie que le symptôme était manifeste et le symbole × signifie que le symbole n'était pas manifeste ou il n'y a aucune intensité. Les lettres M F É désignent l'intensité du symptôme présent. F = Faible?; M = Moyenne?; É = Élevée.

    La participante N J-P 05 ne présentait les symptômes de perte d'intérêt, de sentiments de culpabilité, d'idées suicidaires, de la fatigue, de faible estime de soi, de troubles de sommeil, de troubles d'appétit, de ralentissement moteur et cognitif de la dépression. Mais présentait un seul symptôme : la tristesse.

    Le participant N J-L présentait quatre symptômes de la dépression : 1) faible estime de soi 2) sentiments de culpabilité élevés 3) troubles de sommeil et 4) troubles d'appétit. Il ne présentait pas pourtant les symptômes suivants : tristesse, perte d'interêt, idées suicidaires, fatigue, ralentissement moteur et cognitif.

    La participante Jo 08 présentait également quatre (4) symptômes : 1) tristesse moyenne 2) faible estime de soi 3) troubles de sommeil faibles 4) troubles d'appétit élevés. Elle ne présentait pas les symptômes de perte d'intérêt, de sentiment de culpabilité, d'idées suicidaires, de fatigue, de ralentissement cognitif et moteur.

    Tableau 4.4 : Signes et symptômes minoritaires de la dépression

     

    T

    P I

    S C

    I S

    F

    F E S

    T A

    T S

    R C

    R M

    Cas N J-P 05

    v

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    É

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    ×

    Cas N J-L 01

    ×

    ×

    v

    ×

    ×

    v

    v

    v

    ×

    ×

    ×

    ×

    É

    ×

    ×

    F

    F

    É

    ×

    ×

    Cas Jo 08

    v

    ×

    ×

    ×

    ×

    v

    v

    v

    ×

    ×

    M

    ×

    ×

    ×

    ×

    F

    F

    É

    ×

    ×

    Légende

    N.B : T = Tristesse?; P I = Perte d'intérêt des activités plaisantes?; S C = Sentiment de culpabilité?; I S = Idées suicidaires ; F = Fatigue?; F E S = Faible estime de soi?; T A = Trouble d'appétit?; T S = Troubles de sommeil?; R C = Ralentissement cognitif?; R M = Ralentissement moteur

    Deuxième ligne de chaque cas indique l'intensité du symptôme (F = Faible?; M = moyenne?; É = Élevée).

    Conclusion de l'entretien

    À la fin de chaque entretien, la possibilité a été donnée à chaque sujet de soulever leur question par rapport à l'entretien, d'ajouter un dernier mot ou quelque chose qu'il pense pourrait nous être utile à cette recherche empirique. Il faut remarquer que trois de nos huits (8) sujets ont soulevé une question qui devrait avoir une importance capitale.

    Une deuxième question a été posée par une femme enceinte de quelques mois. Elle l'a formulé ainsi :

    Apre w fin poze m anpil kesyon m' byen kontan w' ban m' chans poze youn. Kesyon m' ta renmen poze sèke m' vin lopital la paske m' pa t' wè règ mwen depi kèk mwa e m' te vin fè yon tès grosès e m' konn tande y'ap di depi yon moun ansent e l' gen SIDA kan timoun nan fèt y'ap pran l' nan men l'. Eske se vre ? Epi m' bezwen konnen ki sa m' ka fè pou m' pa transmèt timoun nan li?? (Cas B E 04)

    (Traduction libre : Après m'avoir posé autant de questions, je suis heureuse d'en poser une. Je suis venue à l'hôpital parce que je n'ai pas remarqué mes menstruations au cours des derniers mois et je suis venue pour un test de grossesse. J'ai entendu dire que quand une personne est séropositive et tombe enceinte, après son accouchement, son bébé lui sera enlevé. Est-ce vrai?? Que puis-je faire pour ne pas transmettre le virus au foetus)

    Les deux autres questions étaient similaires. Elles traduisent le désir des interviewé d'être guéris. Un de ces deux patients nous a demandé :

    M ta renmen konnen, èske pa gen yon remèd si moun nan pran l' lap geri nèt li pap bezwen pran okenn lòt remèd ankò?? (Cas N J-P 05)

    (Traduction libre : J'aimerais savoir existe-t-il un médicament à suivre pour être totalement guéri afin que cette personne ne prenne plus de médicaments??)

    CHAPITRE V

    5. Analyse et interprétation des résultats

    Comme il a été mentionné dans l'introduction, notre question de recherche principale était : en quoi la séropositivité peut-elle impacter le psychisme du patient adulte ? À cela s'ajoutent deux questions spécifiques : quelles sont les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs?? Quel est le jugement clinique de cette dépression??L'analyse et l'interprétation des résultats nous ont permis de répondre nos questions de recherche et d'atteindre les objectifs de cette recherche.

    5.1- Question de départ

    La première catégorie de réponse sous-entend que le VIH/SIDA rend mal à l'aise. Ce malaise peut être d'ordre psychosomatique. Sur le plan psychologique, la perception de la société face au VIH/SIDA peut représenter un obstacle à la santé mentale des patients. Cet obstacle peut se manifester par des troubles psychiques. Par exemple, Sanchez-Valero (2003) avancait que le VIH peut résulter d'un risque important de dépression. Ceci nous permet de comprendre que le malaise dont parle les séropositifs pourrait bien s'agir d'impact psychologique ou de malaise sur le plan psychique. Parlant de malaises, nos participants n'ont pas vraiment fait référence aux effets secondaires des médicaments qu'ils prennaient régulièrement dans le cadre du traitement antirétroviral (ARV).

    Deux autres facteurs à prendre en compte qui peuvent susciter des malaises, comme les patients les appellent, que nous nous appelons impact psychologique, ce sont la stigmatisation et la discrimination. Ces deux facteurs sont souvent liés au VIH/SIDA comme le soulignent Aggleton, Wood et Malcolm (2006). Ces attitudes à l'encontre des PVVIH (Personne Vivant avec le VIH) se manifestent parfois par un manque de soin et d'appui. Elles accroissent les souffrances personnelles des personnes séropositives. Quand la stigmatisation devient une attitude courante, elle engendre la honte des PVVIH. Une telle honte peut empêcher les PVVIH à chercher de l'aide médicale, et peut aussi avoir une énorme incidence sur la santé mentale du patient séropositif. Ces attitudes peuvent susciter des malaises chez les personnes séropositives comme l'en témoignent certains participants.

    Donc, sur le plan psychologique, il est difficile pour une PVVIH de vivre l'expérience de la séropositivité. Ce malaise s'explique aussi sur le plan somatique. Puisque le VIH est une maladie chronique, les patients qui veulent suivre un traitement sont condamnés à prendre des médicaments régulièrement, voire au quotidien. À un moment donné, ces médicaments peuvent susciter des effets secondaires qui rendent souvent mal à l'aise les patients sur le plan somatique.

    Le deuxième type de réponse considèrait le VIH/SIDA comme une maladie mortelle causant beaucoup de décès.Cette réalité peut avoir une incidence majeure sur la santé mentale des PVVIH.Chaque individu a le désir de vivre.Quand une situation exogène entrave son avenir vital, cela peut entraver le bon fonctionnement psychique de la personne.Quand le sujet pense à demain, il peut imaginer une éventuelle mort proche ou lointaine.Dans certains cas, cela peut engendrer le stress, l'anxiété et la dépression.D'une part, le caractère mortel de la maladie peut susciter l'humeur dépressive chez le sujet.D'autre part, quand la personne prend conscience qu'un jour la chronicité de la maladie finira par mettre un terme à sa vie, cela peut augmenter l'humeur dépressive de la personne ce qui pourra susciter une perte d'intérêt pour les activités quotidiennes.Ces deux éléments sont deux symptômes importants de la dépression.Dans le cas des troubles de l'humeur chez les PVVIH, la considération des personnes face au VIH peut expliquer le résultat de la dépression.Par exemple, un de nos interviewés nous a confié ceci : «?Quel que soit ce que l'on peut dire de cette maladie, c'est une maladie drôle » ; « Dieu a créé chaque personne avec une espérance de vie, tout ce qui arrive, c'est avec la permission de Dieu. » Donc, quel qu'en soit la maladie qu'une personne puisse avoir, elle vivra le temps qui a été prédestiné par Dieu?» Il qualifie cette maladie de drôle, mais soutient que dans la mesure où le sujet suit son traitement son espérance de vie ne sera pas réduite.La considération qu'il porte au VIH pourrait affecter son psychisme, il voit que c'est une maladie drôle.Cependant, pour faire face à cette réalité cette personne fait du refoulement comme mécanisme de défense.Pour pouvoir apaiser la douleur psychique que cela peut provoquer qui se manifeste souvent par une humeur dépressive, certains sujets refoulent la réalité que le VIH/SIDA a un caractère mortel.Par exemple, un autre sujet voyait le VIH comme une maladie mortelle dans un premier temps et une fièvre dans un second temps.En réalité, le VIH n'est pas une simple fièvre, mais une maladie mortelle et chronique.Pourtant, au fil du temps, cette patiente, pour minimiser les impacts psychologiques de la séropositivité elle voyait cette infection comme une simple fièvre.Cependant, cette considération qu'elle a de cette maladie peut l'aider à mieux faire face à l'expérience de la séropositivité contrairement aux patients qui le considèraient comme une maladie mortelle ou une maladie qui peut mettre mal à l'aise.De ce fait, les impacts psychologiques ne seraient pas les mêmes. 

    La troisième catégorie de réponse concerne une réponse solitaire qui voyait plutôt le VIH/SIDA comme une maladie contagieuse contractée surtout lors des rapports sexuels non protégés. Ce participant nous a confié que c'est une maladie que l'on peut contracter à cause de la débauche et par manque de prudence. C'est probablement par rapport à ses expériences personnelles ou celles de ses pairs séropositifs qu'il a une telle perception du VIH. Ces expériences peuvent susciter le regret qui peut se manifester par des sentiments de culpabilité qui constituent un symptôme de la dépression. Les souvenirs de ces expériences peuvent déclencher une humeur dépressive, mais essentiellement des sentiments de culpabilité.

    Donc, la considération que les personnes séropositives ont du VIH/SIDA soulève l'impact que cette maladie peut avoir sur la santé mentale du sujet en question. Cela peut les aider à faire face à leur expérience de séropositivité.

    5.2- Compréhension et perception de la séropositivité

    Dans la première sectionon se rapplle que tous les participants que nous avions rencontrés dans le cadre de cette recherche étaient des personnes séropositives qui suivaient un traitement antirétroviral (ARV), c'est-à-dire, elles étaient bel et bienséropositives.Pourtant, sept participants nous ont confiées que le résultat qui leur a été communiqué a été un résultat positif contre un qui affirmait que son résultat a été négatif, mais il a commencé son traitement antirétroviral (Cas S T 07).Tandis que, quelques mois plus tôt (avant de l'avoir rencontré dans le cadre de cette recherche) sa charge virale était évaluée à plus de 50 000 copies par mililitre. Donc, il réellement séropositif.

    À son discours, nous pouvons accorder deux interprétations : le délire de persécution et le déni.Un des rares participants présentait le délire de persécution comme symptôme.En plus de nier sa maladie, il pense qu'il est persécuté par son collègue jaloux de son salaire.Il faut rappeler que Bertrand-Servais(2004) expliquait que la dépression est rarement escortée de délires et d'hallucinations.Ce sont deux symptômes de cas de troubles psychotiques.Cependant, ils sont réactionnels à la phase aiguë de la dépression.Avec neuf symptômes sur dix, ce patient a une dépression majeure accompagnée d'un symptôme psychotique qui est le délire de persécution. 

    Quand il s'agit de maladie chronique et mortelle, ce n'est pas toujours facile d'accepter.Avant de faire le deuil d'une maladie chronique comme le VIH, le patient peut prendre du temps avant de franchir au fur et à mesure les étapes du deuil.Richa (2006) énumèrait cinq étapes que peut franchir un patient avec une maladie chronique : a) l'annulation, b) la dénégation et le déni c) le marchandaged)ladépression, et e) l'acceptation.Dans ces étapes, considérons la dénégation et le déni pour expliquer le refus du patient.La dénégation est une négation en paroles, un refus verbal, pourtant le déni est une négation en actes.À ce stade, le patient nie sa maladie, nie la situation qui lui parait catastrophique justement pour atténuer l'angoisse et se protéger de l'idée de la venue d'une mort éventuelle.Et par déni, il refuse la réalité qu'il vit et minimise les symptômes ressentis et parfois refuse un traitement approprié à la maladie chronique. 

    C'est ce que fait ce patient qui affirmait que son résultat a été négatif pendant qu'il suit un traitement d'ARV et refusait d'accepter son statut de séropositivité.Il refusait la réalité en montrant que ce n'était pas le vrai VIH qu'il a eu en comparant sa situation à celle des autres personnes séropositives.Puisque la situation lui parait catastrophique, il nie la situation pour se protéger des angoisses que cela peut bien provoquer sur sa santé mentale. 

    Pourtant, il présente 9 des 10 symptômes que nous avions pris en considération lors de l'entretien.La tristesse profonde se manifeste à une intensité élevée ;la perte d'intérêt des activités plaisantes à une intensité faible ;les sentiments de culpabilité à une intensité élevée.Il ne présente pas le symptôme d'idées suicidaires.Il se sent fatigué à une intensité moyenne ;ll a une plus ou moins faible estime de soi ; il a des troubles d'appétits à une intensité moyenne et des troubles de sommeil à la même intensité.Son Ralentissement cognitif est élevé et son ralentissement moteur moyenne.

    En outre, il est aussi probable que le sujet comprend mal le résultat qui lui a été communiqué. Quand on communique un résultat positif à une personne suite à un test de VIH, si le counseling pré-test n'a pas été fait ou que le counseling post-test est mal fait, positif peut signifier que tout va bien, qu'il n'a pas le virus du VIH dans le sang. Cependant, ce patient admet qu'il est infecté par le VIH, mais nous affirme que son résultat est négatif.

    La deuxième question a été traduite ainsi : Quel sens avez-vous donné à ce résultat?? Cette question nous a permis de voir le sens que le patient donne au résultat qui lui a été communiqué lors de l'annonce de la séropositivité. En effet, une personne peut avoir trois attitudes lors de l'annonce de sa séropositivité : 1) interpréter le résultat pour ce qu'il est en réalité, c'est-à-dire positif et de suivre un traitement, bien qu'accepter la séropositivité est souvent très difficile ;2) que cela va engendrer des problèmes émotionnels et psychologiques ;3) douter du résultat et tenter de refaire le test ailleurs.

    La première catégorie de réponse renvoie à deux étapes des mécanismes de défense de Richa (2006) :la dépression et l'acceptation.À l'étape de la dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le patient reconnaît les symptômes de sa maladie, son diagnostic, l'impact de la maladie sur sa santé et l'aborde de manière angoissante.À ce stade, les symptômes de la dépression peuvent être manifestes.Il peut à ce moment accepter un traitement approprié.À l'étape de la dépression de l'annonce d'une maladie chronique, le patient reconnaît les symptômes de sa maladie, son diagnostic, l'impact de la maladie sur sa santé et l'aborde de manière angoissante.Cependant, une psychothérapie est indispensable pour aider la personne à faire face à sa nouvelle situation psychologique et médicale. 

    D'autres patients estiment qu'il est préférable de croire que l'annonce d'une séropositivité procure des problèmes émotionnels et psychologiques.Sur le plan émotionnel, ce n'est pas une nouvelle réconfortante.Donc, cette nouvelle affectera certainement l'humeur de la personne au point de déclencher une tristesse profonde manifestée quelques fois par des larmes.C'est une réaction normale, carleVIH/SIDAest une maladie mortelle et chronique et les personnes qui en souffrent sont souvent victimes de stigmatisation et de discrimination.

    La dernière catégorie a douté du résultat et préférer de refaire le test dans un autre centre hospitalier.Cette attitude s'explique par le refus d'accepter l'infection au VIH en tout premier lieu.C'est encore le déni qui traduit une telle attitude.Dans beaucoup de cas, des patients se rendent dans plusieurs autres centres hospitaliers pour refaire le test avant de croire que c'est vrai.Même après plusieurs tests de confirmation des patients sont encore retissant d'accepter qu'ils sont infectés du VIH.  

    La quatrième question de cette section porte sur les émotions ressenties lors de l'annonce de la séropositivité.La question est : Après qu'on vous a annoncé que votre test est positif, quels ont été vos sentiments?? Deux catégories de réponses ont été données : la première catégorie éprouvait un sentiment de tristesse plus ou moins profond et l'autre catégorie semblait ne se préoccuper pas de leur séropositivité.Ce qui mérite notre attention dans la première catégorie, c'est que sept (7) interviewés éprouvaient un sentiment de tristesse suite à l'annonce de la séropositivité. 

    Comme l'a souligné la société canadienne du SIDA (2014), chaque individu à un moment donné de la vie peut faire face à une situation difficile qui le rend mélancolique.Par exemple, des situations comme une rupture sentimentale, la perte d'un emploi, la mort d'un être cher ou le dépistage d'une maladie chronique sont susceptibles de susciter la déprime.Dans le cas de l'annonce de la séropositivité, il est normal que ces sept (7) patients ressentaient de la tristesse.Ce n'est pas comme si non vient de vous apprendre une nouvelle réconfortante, mais une nouvelle qui pourrait être perçue comme mauvaise.Certaines personnes expriment leur tristesse (par des pleurs par exemple) et d'autres par une humeur dépressive.Mais quelle que soit la façon dont une personne exprime sa déprime, il faut souligner que l'annonce de la séropositivité a un impact majeur sur le psychisme de la personne.Même avec une prise en charge psychologique ces patients présentent quelques fois des dysfonctionnements psychiques.C'est pourquoi, il est souvent nécessaire de faire une prise en charge psychologique pour cette personne, un counseling post-test par exemple. 

    Par contre, certaines personnes semblent ne se préoccuper de l'annonce de leur séropositivité.Ce n'est pas parce qu'ils ne comprennent pas la nature de leur maladie, sa chronicité et son caractère mortelle, mais c'est un mécanisme de défense, le refoulement qu'ils utilisent pour faire face à cette nouvelle réalité. 

    Un autre aspect important à prendre en considération est la façon dont les personnes séropositives perçoivent et vivent l'expérience de leur séropositivité.En ce sens, la dernière question de cette section a été posée autour de l'expérience de la séropositivité.Les réponses obtenues nous ont permis de comprendre que ces personnes souffraient sur le plan émotionnel à cause de la représentation sociale de la maladie, des effets secondaires de la maladie et étaient victimes du manque de confidentialité du personnel soignant.Comme le relatent certains patients, vivre l'expérience de la séropositivité n'est pas facile.Sur le plan social, le patient séropositif doit faire face à la discrimination et à la stigmatisation.De telles attitudes ne feront que détériorer la santé mentale du patient en plus de l'affaiblissement de sa santé physique.Donc, le sujet fait face à des difficultés à la fois sanitaires, sociales et psychologiques, ce qui pourrait avoir une incidence majeure sur sa santé mentale. 

    La confidentialité est aussi un facteur considérable qui peut jouer en faveur de la prise en charge psychologique. Par exemple, on se rappelle que nos huits sujets séropositifssont des patients de l'hôpital de Fort-Liberté. Cependant, six (6) de ces sujets viennaient de Ouanaminthe.Pourtant, ils ont la possibilité de suivre le traitement ARV et la prise en charge psychothérapeutique dans leur région de provenance.Certains d'entre eux posaient le problème de la confidentialité.Ils hésitaient de se rendre à l'hôpital de Ouanaminthe par peur que le personnel soignant ne divulguent l'information pour qu'ils ne soient pas victimes de discrimination et de stigmatisation.De ce fait, ils préfèraient parcourir environ 20 Km pour venir aux rendez-vous avec le médecin ou le psychologue.

    Après un test de dépistage, il est important que le personnel soignant sauvegarde en toute confidentialité les informations de la personne.Le sujet peut se fier au personnel hospitalier, il devrait pas trouver d'inconvénients pour que quelques membres du personnel soignant soient au courant de sa maladie, mais cela peut lui poser quand l'information est révélée à d'autres personnes par un personnel soignant. Voilà pourquoi, quelques-uns préfèraient se rendre dans un centre hospitalier hors de leur quartier, région voire commune.C'est une façon pour eux de lutter contre le souci de la confidentialité, la discrimination et la représentation sociale que les gens de leur région auraient de leur séropositivité.

    5.3- Impact psychologique de la séropositivité

    L'annonce de la séropositivité peut être également perçue comme déstabilisant.Les réactions et la capacité de résilience varient d'une personne à une autre.Dépendamment, de la personne, la séropositivité a un impact considérable sur la santé mentale du patient.C'est pourquoi, dans presque tous les cas les patients sont affectés psychologiquement.Avec le diagnostic du VIH, il peut y avoir une différence sur le plan mental, entre la période avant que le patient soit au courant de sa séropositivité et après.La première question de cette section impacts psychologiques de la séropositivité nous a permis de différencier la santé mentale du sujet avant et après l'annonce de la séropositivité. 

    Tous les patients interviewés dans le cadre de cette recherche se sentaient mieux sur le plan psychologique et émotionnel avant la découverte de leur séropositivité.Ils établissaient une grande différence entre les émotions éprouvées après la découverte de leur séropositivité et l'impact psychique.Ceci démontre que la séropositivité affecte grandement la santé mentale d'un patient au point de déclencher des troubles psychologiques qui méritent une prise en charge thérapeutique.Une prise en charge thérapeutique est nécessaire par rapport à l'impact que le VIH provoque.Par rapport à la deuxième question de cette sous section qui détermine la perception du patient par rapport à l'impact du VIH sur leur santé mentale, nous estimons que le VIH a une grande influence psychologique.Par exemple, sept (7) participants sur huit (8) affirmaient que le VIH/SIDA peut provoquer des troubles psychologiques. Certains faisaint référence aux symptômes de la dépression et d'autres soulèvaient des symptômes de troubles psychotiques. 

    Bien entendu, l'impact généré après le diagnostic dépend de la personnalité de la personne.Certaines personnes sont peu affectées que d'autres.Richa(2006)soulignait que certains patients acceptent calmement le diagnostic d'une maladie chronique, mais d'autres souhaitent la mort et refusent de continuer à vivre.Il soulignait également que la dépression suscitée par une maladie chronique, la gêne, la peur des résultats du traitement, l'angoisse due aux dépenses peuvent être de la source de l'isolement et de la faible estime de soi.

    5.4- Signes et symptômes de la dépression

    5.4-1. Cas des sujets dépressifs

    Cette section nous a permis d'atteindre deux des trois objectifs de notre recherche.Ces deux objectifs étaient de : 1) Décrire les manifestations de la dépression chez les patients adultes séropositifs. 2) Établir un jugement clinique de la dépression chez les patients séropositifs. Nous avions deux groupes de patients : ceux qui présentent des symptômes majoritaires de la dépression que nous jugeons de patients dépressifs.Ils présentent plus de cinq symptômes dont deux la tristesse profonde et la perte d'intérêt pour les activités quotidiennes qui sont accompagnés de quatre autres symptômes.

    Le premier groupe de cas concerne les patients séropositifs dépressifs qui étaient au nombre de cinq (5) :trois (3) hommes et deux (2) femmes. Quatre sont dépressif à une intensité moyenne, un autre à une sévère avec un symptôme psychotique et trois autres présentaient un ou plusieurs symptômes de la dépression, mais n'étaient pas dépressifs.

    Le premier cas concernait un homme dénommé «?Cas RD 01?». Le sujet était de 56 et était au courant de sa séropositivité depuis environ deux ans.Il ne savait ni lire ni écrire. Il est venait de Ouanaminthe.Il était cultivateur.Ce patient présentait sept (7) des 10 symptômes de la dépression que nous avions pris en considération.Il présentait symptômes suivants : tristesse profonde à intensité moyenne, perte d'intérêt des activités plaisantes à intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte intensité, fatigue à intensité moyenne, troubles de sommeil à forte intensité, ralentissement cognitif à intensité moyenne et ralentissement moteur à intensité moyenne.En raison de ces signes et symptômes, il était évident que ce patient est dépressif à une intensité moyenne.

    Pour établir un jugement clinique de la dépression chez les patients séropositifs, nous nous basons sur les critères de diagnostic de la CIM-10 cité par Bertrand-Servais (2004). C'est pourquoi nous estimons qu'il présentait une dépression moyenne. De plus, malgré que ce sujet prenne conscience de sa séropositivité depuis 2 ans et sept mois, il n'est pas épargné de l'un des impacts de la séropositivité chez lui qui est la dépression.

    Nous donnons le nom de «?cas MJ 03?» à ce cas.Ce patient était un homme de 33 ans qui était au courant de sa séropositivité depuis sept (7) mois.Il présentait six (6) des 10 symptômes de la dépression que nous considérons.Ces symptômes étaient : tristesse à forte intensité, perte d'intérêt des activités plaisantes à intensité moyenne, sentiment de culpabilité à forte intensité, fatigue à intensité moyenne, faible estime de soi à faible intensité et ralentissement cognitif à forte intensité.Par conséquent, nous situons le niveau de la dépression de ce sujet à une intensité moyenne si nous nous référons aux critères de diagnostic du DSM 5. En fait, il présentait 6 symptômes sur 10 (une majorité). De plus, les symptômes qu'il présente étaient majoritairement élevés. Donc, nous pouvons affirmer que sa dépression est moyenne.

    Le troisième cas de ce groupe est celui d'une femme âgée de 30 ans qui habitait à Ouanaminthe.Nous appelons ce cas «?BE 04?».Elle était au courant de sa séropositivité depuis environ un an.Elle n'est pas mariée, nais vit une relation d'union libre.Elle avait complété ses études secondaires.Cette participante présentait sept (7) symptômes de la dépression sur 10 que nous avions pris en considération.Ses symptômes étaient : tristesse à forte intensité, perte d'intérêt des activités plaisantes à intensité moyenne, faible sentiment de culpabilité, fatigue à faible intensité, estime de soi moyenne, troubles d'appétit à intensité moyenne et troubles de sommeil à intensité moyenne.Donc, par rapport aux signes et symptômes qu'elle présentait, nous estimons que cette patiente était bien dépressive.Puisque le DSM 5 (2016) montre que la dépression moyenne nécessite une quantité de symptômes et/ou de l'altération du fonctionnement qui sont compris entre «?léger?» et «?grave?». Or le nombre de symptômes est de 7 sur 10, donc nous pouvons mesurer sa dépression à une intensité moyenne.

    Notre quatrième de ce groupe s'appelle «?ST 07?».C'est un homme de 36 ans qui était au courant de sa séropositivité depuis quatre (4) ans.Il était marié.Il a achevé ses études secondaires. Il pratiquait la maçonnerie comme activité professionnelle. Il présentait neuf (9) de nos 10 symptômes de dépression qui étaient : tristesse à intensité élevée, perte d'intérêt des activités plaisantes à faible intensité, sentiment de culpabilité à une forte intensité, fatigue à intensité moyenne, faible estime de soi, trouble d'appétit à une intensité moyenne, troubles de sommeil à une intensité moyenne, ralentissement cognitif élevé et ralentissement moteur moyen.

    Pour juger le niveau de la dépression de cet homme, faisons une comparaison entre les critères qui mesurent l'intensité de la dépression entre la CIM-10 cité par Bertrand-Servais et le DSM 5, en considérant l'intensité sévère. Pour Bertrand-Servais (2004), l'épisode dépressif ou la dépression à une intensité sévère nécessite la présence de dix symptômes. Le DSM 5 (2016) ne précise pas la quantité de symptômes qui doivent être réunis pour parler de dépression sévère, mais soutient que la quantité de symptômes est en excès par rapport à la quantité nécessaire pour établir le diagnostic. Dans le ce cas, ce participant présentait 9 symptômes sur 10. Donc, la quantité de symptômes est en excès par rapport à la quantité suffisante pour poser le diagnostic de la dépression sévère. En outre, ce participant présentait le symptôme de délire de persécution. Il pensait que sa séropositivité avait une portée maléfique et qu'il est dû à cause de la jalousie de son collègue de travail qui lui a inssufflé le VIH sous forme de poudre. En plus d'être atteint d'une dépression sévère, sa dépression est accompagnée d'un symptôme psychotique. Il faut souligner aussi qu'il était au courant de sa séropositivité depuis quatre ans, mais le nombre d'année qu'il vit avec le virus du SIDA dans le sang ne lui épargne pas d'une dépression sévère.

    Le «?cas PJ-B?» concerne une femme de 48 ans qui était au courant de sa séropositivité depuis 3 ans.Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle était commerçante et est dans une relation d'union libre. Elle présentait six (6) des 10 symptômes de la dépression considérés qui étaient : tristesse à une intensité élevée, perte d'intérêt des activités plaisantes à faible intensité, faible estime de soi, trouble d'appétit à intensité moyenne, trouble de sommeil à intensité moyenne, ralentissement cognitif à intensité moyenne.En raison de ces signes et symptômes nous estimons en plus d'être séropositive, elle est dépressive. Puisqu'elle présentait une majorité (6 sur 10), nous pouvons déterminer qu'elle avait une dépression moyenne.

    5.4-2. Cas des sujets non dépressifs

    Parmi les huit patients sélectionnés, nous venons de constater que cinq d'entre eux étaient dépressifs. Il y a trois autres qui n'étaient pas dépressifs. Il y a trois intensités de la dépression : légère, moyenne, sévère. Des critères de diagnostic qui se situent dans le cadre conceptuel nous a permis de mieux les situer. De ce fait, même si un sujet peut présenter quelques symptômes de la dépression, dans le cas où tous les critères ne sont pas réunis nous ne pouvons pas parler de dépression.

    Le premier niveau est le niveau léger. Bertrand-Servais (2004) estime qu'il faut la présence d'au moins deux des trois symptômes dans la catégorie B qui est présent dans le tableau 2.1 et d'au moins un ou deux des symptômes de la catégorie C. Ce qui fait un total de trois à quatre symptômes (des critères B et C). En se basant sur de tel argument nous pouvons déterminer que les cas «?Jo 08?», «?N J-L 01?», «?N J-P 05?» n'étaient pas dépressifs.

    Le cas «?Jo 08?» concerne une femme de 43 ans qui était au courant de sa séropositive depuis 12 ans.Elle travaillait comme agent de terrain au programme de VIH/SIDA. Elle venait de Ouanaminthe, elle était veuve et a complété ses études secondaires. Elle ne présentait que quatre (4) des 10 symptômes considérés qui sont : tristesse à l'intensité moyenne, une faible estime de soi, faible trouble d'appétit et des troubles de sommeil élevés. Elle pourrait avoir une dépression légère, mais les symptômes et leur intensité n'étaient pas suffisants.

    Le cas «?N J-L 01?» est celui d'un homme 61 ans était au courant de sa séropositivité depuis environ cinq (5) ans. Il ne savait ni lire ni écrire, il était cultivateur et habitait à Ouanaminthe.Il était veuf. Il présentait quatre (4) symptômes de la dépression sur 10 par rapport aux questions posées.Ses symptômes étaient : sentiments de culpabilité à intensité élevée, une faible estime de soi, de faible trouble d'appétit et des troubles de sommeil élevés.Donc, il n'était pas dépressif. 

    Le cas «?N J-P 05?» concerne une femme de 37 ans qui était au courant de sa séropositivité depuis cinq (5) ans.Elle était commerçante. Elle venait de Ouanaminthe. Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle ne présentait qu'un symptôme : tristesse à une forte intensité.Elle n'était pas dépressive. 

    Les résultats de cette section signes et symptômes de la dépression révèlent que sur les huit patients participants cinq étaient dépressifs contre trois qui présentent des symptômes de la dépression, mais qui ne l'étaient pas. À la lumière de ces résultats, nous rejoignons Lyketsos et Federman (1996), cité par Suarez (2000) qui affirmaient que le VIH est un facteur qui renforce les troubles psychiatriques. Le VIH peut impacter le psychisme du patient pour y provoquer des troubles psychologiques, comme il est le cas dans notre étude.

    En outre, presque tous les patients, sept sur huit (7/8) présentaient le symptôme de tristesse profonde.Cela explique le pouvoir du VIH/SIDA sur l'humeur de la personne, sur ses sentiments et émotions.Presque tous ceux qui étaient dépressifs présentaient des symptômes communs (tristesse profonde, perte d'intérêt pour les activités habituelles, sentiment de culpabilité). Ces sympômes sont en fait les symptômes les plus courants de la dépression qui existent chez les patients séropositifs selon ces résultats. 

    Toutefois, les trois (3) patients qui nétaient pas dépressifs démontrent qu'une personne séropositive n'est pas forcément dépressive ou ne sera pas forcément atteinte de la dépression ou d'un trouble psychique. 

    Nous comprenons que quel qu'en soit l'âge, le sexe, le niveau scolaire, le statut social, le statut marital, le nombre d'année qu'un sujet puisse vivre avec le VIH/SIDA, tout séropositif peut être dépressif à un moment de leur expérience de séropositivité.  

    5.5- Analyse sur le facteur de nombre d'années avec la séropositivité

    Il faut rappeler que Sanchez-Valero(2003)soutenaient qu'il y a un risque important de la dépression au fur et à mesure que l'infection avance vers le stade du SIDA. Les résultats de notre recherche ont démontré le contraire. Ces résultats soutiennent que les participants ayant plus de temps avec le VIH s'adaptent le mieux, comparativement à ceux qui ont que quelques mois ou une ou deux années avec leur séropositivité. Trois exemples soutiennent notre affirmation. La participante « Jo 08 » est séropositive depuis plus de 12 ans. Elle est certes triste, à cause de sa situation, elle a une faible estime de soi, elle a des troubles de sommeil et d'appétit, mais elle s'adapte à sa situation en acceptant sa séropositivité. Nous pouvons comparer son cas à celui de « BE 04 » qui présentait sept symptômes dépressifs (Tristesse élevée ; perte d'intérêt moyen ; sentiments de culpabilité faibles ; faible fatigue ; troubles de sommeil moyens ; troubles d'appétit moyens et une estime de soi moyen) et qui est dépressive depuis 1 an 2 mois. Elle (BE 04) est donc dépressive. Pourtant, le cas « Jo 08 » n'est pas dépressif. 

    Un autre exemple est celui du participant « N J-L 02 » qui est séropositif depuis 4 ans 7 mois. Nous avions catégorisé ce participant parmi ceux qui ne sont pas dépressifs, car il ne présentait pas les symptômes suffisants (Faible estime de soi ; sentiments de culpabilité élevés ; troubles de sommeil et troubles d'appétit) pour établir un jugement clinique dépressif. Il faut comparer ce participant au participant « M J 03 » est au courant de sa séropositivité depuis sept (7) mois. Il présentait six (6) symptômes (Tristesse élevée ; perte d'intérêt moyen ; sentiments de culpabilité élevés ; fatigue moyenne ; faible estime de soi moyen et ralentissement cognitif élevé) qui nous a permis d'établir le jugement qu'il est dépressif. Pourtant, le participant « N J-L 02 » ne l'est pas. 

    Le dernier exemple est celui d'une participante « N J-P 05 » qui est au courant de sa séropositivité depuis cinq (5) ans. Elle ne présentait qu'un seul symptôme de la dépression : la tristesse. Elle accepte sa séropositivité et estime qu'un sujet séropositif doit accepter sa séropositivité et suivre le traitement nécessaire. Nous la comparons au participant « R D 01 » qui est au courant de sa séropositivité depuis 2 ans 7 mois. Ce dernier a plus de difficulté à surmonter sa situation. Car il est considéré comme dépressif en présentant sept (7) symptômes de la dépression (Tristesse à une intensité moyenne ; perte d'intérêt à une intensité moyenne ; fatigue à une intensité moyenne ; des troubles de sommeil élevés ; ralentissement cognitif moyen ; ralentissement moteur moyen et des sentiments de culpabilité élevés).  

    Ces trois exemples nous permettent de conclure que plus les années de la séropositivité se multiplient plus le sujet s'adapte, et également plus les années se multiplient moins le sujet est susceptible d'être dépressif. Toutefois, il est bon de signaler que cette situation ne se répète pas toujours, car l'un de nos participants nous incite à avoir une réserve. Le participant « ST 07 » présentait neuf (9) symptômes de la dépression (Tristesse élevée ; faible perte d'intérêt ; sentiments de culpabilité élevés ; fatigue moyenne ; faible estime de soi ; troubles de sommeil moyens ; troubles de sommeil moyens ; ralentissement cognitif élevé et ralentissement moteur moyen). Pourtant, il est au courant de sa séropositivité depuis 4 ans. 

    5.6- Discussion

    5.6-1. Ce que cette recherche nous a appris

    Cette recherche est pour nous une nouvelle expérience qui sera très bénéfique à notre carrière de psychoéducateur et psychologue. Elle nous a permis de nous familiariser avec la population séropositive, de connaitre leur force et leur faiblesse. Elle nous a aussi facilité l'acquisition de nouvelles connaissances. En tant que futur licencié en psychoéducation et psychologie, cette recherche nous a aidé à cerner le problème adaptatif des patients séropositifs. Le centre de santé et de services sociaux de la Vieille-Capitale (2013) soutient que la psychoéducation permet d'évaluer des difficultés d'adaptation et des capacités adaptatives. Une telle évaluation permet de déterminer un plan d'intervention et d'en garantir la mise en oeuvre, de restaurer et déployer les capacités adaptatives de la personne ainsi que contribuer au développement des conditions du milieu. Ceci favorisera une adaptation optimale de l'être humain en interaction avec son milieu.

    Quand une personne est séropositive, sa vision du monde devient différente. Par rapport à la considération que la société a du VIH/SIDA, la stigmatisation et la discrimination, il devient difficile à un séropositif de s'adapter à sa maladie chronique. Cette inadaptation a une répercussion sur la santé mentale du patient.

    Les résultats de cette recherche ont soutenu que le VIH/SIDA peut engendrer des troubles psychiques chez les patients séropositifs.Il a été démontré que 5 patients sur 8 ont une dépression, certains parmi eux ont une dépression majeure.L'impact du VIH/SIDA sur la santé mentale du patient est probablement à l'origine du problème d'adaptation.Ces mêmes résultats soulèvent que certains patients ont une capacité d'adaptation à leur situation séropositive, car trois d'entre eux n'étaient pas dépressifs.

    5.6-2. Potentiel intervention psychoéducative dans le cas de VIH/SIDA

    Par rapport à cette réalité, il est donc nécessaire de planifier un plan d'intervention psychoéducative adaptée à cette situation.Dans le cadre de cette intervention, on peut tenir compte de deux aspects : 1) la structure d'ensemble 2) des techniques d'intervention (schèmes relationnel). 

    5.6-2.1. Structure d'ensemble

    Les composantes de la structure d'ensemble peuvent être un atout dans les interventions chez les patients séropositifs. Renou (2005) énumèrait les différentes composantes de la structure d'ensemble qui se divisent en deux : 1) axe central 2) composantes satellites.

    5.6-2.1.1. Axe central

    L'axe central comprend le sujet et les groupes de pairs, les éducateurs et les objectifs.Dans notre sujet, les sujets concernent les patients séropositifs et leurs pairs.Dans l'intervention, ces patients constituent l'aspect le plus important de l'intervention.L'objectif quant à lui est le centre de l'intervention.Il s'agit de la finalité des interventions.Par exemple, environ sept (7) sur huit (8) patients qui faisaient partie de l'étude présentaient des symptômes communs de la dépression (Tristesse profonde?; perte d'intérêt pour les activités habituelles?; sentiment de culpabilité).C'est une faiblesse. Aucun ne présentait des idées suicidaires comme symptômes de la dépression.C'est une force.En faisant une intervention avec ce groupe par exemple, l'objectif de l'intervention pourrait être de renforcer les forces et d'améliorer les faiblesses. La réduction de l'intensité des symptômes communs pourrait constituer un objectif pour améliorer les faiblesses. Les éducateurs représentent toutes les personnes qui sont impliquées dans la réalisation de l'intervention.Il peut s'agit de l'intervenant lui-même, de parents, d'amis et d'éducateurs.Ces personnes ont un rôle important à jouer dans la réduction de l'impact psychologique de la dépression.Par exemple, si les parents et les proches qui sont impliqués dans l'intervention culpabilisent le sujet pour avoir eu des relations sexuels non protégés, ce qui pourrait être la cause de son infection au VIH, cela peut augmenter l'impact psychologique.Cela intensifiera certainement le symptôme de sentiment de culpabilité qui peut conduire aux idées suicidaires. 

    5.6-2.1.2. Composantes satellites

    Les composantes satellites sont : programme et contenu, système de responsabilité, moyens de mise en interaction, code et procédures, temps, espace et système d'évaluation et de reconnaissance. 

    Programme et contenu

    Le programme est un ensemble de contenus à accomplir.Ils sont préparés en fonction des objectifs à atteindre.Le contenu quant à lui est ce que l'éducateur (l'intervenant) désire faire accomplir le sujet pour atteindre ses objectifs.Ces composantes ont une importance capitale pour aider les patients séropositifs.Si l'intervention a un programme et un contenu pauvre pendant que l'impact de la séropositivité sur le patient adulte est riche, l'intervention et les objectifs auront un sens vide.Ceci n'améliora pas la santé psychique du sujet. 

    Système de responsabilité

    Pour que l'intervention soit effective, chaque acteur a un rôle à jouer.La composante système de responsabilité permet de définir le rôle de chaque acteur dans le programme.Quand il s'agit de VIH/SIDA, de même que l'entourage du sujet peut influencer l'impact que la maladie a sur le sujet, c'est pour cela la définition de fonction de chaque acteur, chaque éducateur peut influencer d'une manière positive son psychisme.Cependant, il est nécessaire que le sujet lui-même connaisse sa fonction dans l'impact psychologique qu'il pourrait permettre que la séropositivité ait sur son psychisme. 

    Moyens de mise en interaction

    Les moyens de mise en interaction sont aussi importants dans l'intervention.Certains sujets séropositifs sont stigmatisé et dans certains cas s'auto stigmatisent.Parmi eux, certains font des résistances face aux entretiens, aux interventions.Les moyens de mise en interaction pourraient être un moyen de réduire ou écarter professionnellement les résistances.Dans une première intervention, il peut avoir de résistances, mais la multitude des moyens de mise en interaction pourrait être un moyen sûr pour varier les interventions et limiter les résistances. 

    Code et procédures

    La composante code et procédures joue son rôle dans l'intervention, puisqu'il établit un ensemble de règles, principes et procédures cohérents à appliquer dans la pratique pour l'atteinte des objectifs dans le cadre de d'intervention

    Espace

    Il s'agit du contexte spatial de l'intervention. Il peut être objectif ou subjectif. Puisqu'ils peuvent victimes de discrimination et de stigmatisation, l'espace de l'intervention des PVVIH a une importance capitale.Cet espace devrait respecter un cadre de confidentialité.Ce n'est pas sans raisons que six (6) des personnes qui participaient à cette recherche venaient de Ouanaminthe.Pourtant, l'hôpital de Ouanaminthe fournie des services médicaux et psychologiques pour les PVVIH.Cependant, en raison des personnes qui fréquentaient ce même hôpital, ils hésitaient de se rendre à l'hôpital de leur zone d'habitat. À cause des doutes de confidentialité, ils préfèraient fréquenter un espace où ils estimaient que la confidentialité de leur information était plus ou moins garantie.De ce fait, ni l'espace de l'intervention, ni l'espace de l'annonce de la séropositivité ne devrait en aucun cas être un espace public.

    Temps

    La composante temps réfère au contexte temporel de l'intervention qui peut être objective (durée de l'intervention, horaires) et subjective (perception par le jeune et l'éducateur). C'est aussi important dans le cas des sujets séropositifs, car cela leur permet de rencontrer et de passer du temps avec l'éducateur qui jouera de rôle d'intervenant afin d'accompagner le sujet et l'aider à l'adapter à sa situation.

    Système d'évaluation et de reconnaissance

    C'est l'ensemble des moyens établis par le milieu pour analyser et évaluer le sujet en fonction de l'échelle de valeurs du milieu, et de l'atteinte de ses objectifs (évaluation) ainsi que l'ensemble des moyens pour communiquer cette appréciation au sujet (reconnaissance). À la fin de l'intervention, il serait vivement conseillé de faire une évaluation des objectifs, d'évaluer et analyser le sujet.Si par exemple, dans le cas de la séropositivité l'objectif a été de réduire les symptômes d'un trouble psychologique, cette composante est un moyen d'évaluer les objectifs, d'analyser le sujet pour déterminer si l'intervention mérite une continuité.

    5.6-2.2. Schèmes relationnel

    Un autre élément qui serait judicieux dans une prise en charge des PVVIH c'est les schèmes relationnels. Gendreau (2001) mentionnait les différents composants des schèmes relationnels qui sont : schème de l'empathie, schème de la congruence, schème de la considération, schème de la confiance, schème de la sécurité et schème de la disponibilité.Ces schèmes relationnels composent le cadre de référence pratique qui est ajouté au Savoir et au Savoir-faire dans le modèle psychoéducatif développé par Gendreau (Beaudoin, 2007).

    Dans le cadre de l'intervention avec des sujets séropositifs nous allons considérer trois (3) aspects des schèmes pour soulever leur importance dans l'intervention psychoéducation, notamment chez l'intervenant : schème de l'empathie, schème de la considération et schème de la disponibilité.

    Empathie

    Le schème de l'empathie est la capacité d'une personne se mettre à la place de l'autre.C'est une attitude qui permet de comprendre ce que vit l'autre en interaction avec son milieu.Pour qu'un éducateur soit plus efficace dans une intervention auprès des sujets séropositifs, il est indispensable qu'il développe ce schème relationnel.Une compréhension approfondie de l'expérience du sujet, de ses émotions et sentiments pourrait faciliter les interventions. 

    Considération

    Le respect mutuel est vraiment important.De ce fait, la considération en tant schème traduit ce respect mutuel.Ce qui favorise le progrès de l'intervention.La considération est aussi une conviction que l'autre possède les capacités de changement.Donc, avec une telle idée en tête, l'intervenant suppose que ses efforts ne sont pas vains, ce qui l'encourage à poursuivre et croire que des changements sont possibles chez le sujet. 

    Disponibilité

    Le schème de la disponibilité suppose une attitude d'écoute vraie.C'est de se rendre disponible d'aider l'autre, de lui accorder du temps.Pour toute personne rencontrant des difficultés psychologiques, l'écoute active est une qualité qui peut favoriser l'intervention et influencer l'atteinte des objectifs de l'intervention.  

    Donc, cette recherche nous a permis de comprendre que les sujets séropositifs ont le plus souvent des difficultés adaptatives.Par conséquent, il est nécessaire pour tout intervenant de développer les schèmes relationnels comme cadre de référence pratique et la structure d'ensemble.Cette nouveauté dans l'accompagnement psychoéducatif des PVVIH pourrait apporter de nouveaux résultats par rapport à la santé mentale des sujets séropositifs.

    Conclusion

    Ce travail de recherche empirique avait pour objectif principale de répondre à cette question de recherche principale : En quoi la séropositivité peut-elle avoir un impact psychologique sur un patient adulte?? Pour conclure, un bref rappel sera présenté des concepts clés de notre sujet qui sont : VIH, SIDA et dépression. Puis une synthèse des résultats de leur analyse sera faite. Enfin, l'évidence des nouvelles connaissances sera apportée avec des perspectives de recherches futures et les limites de notre travail seront présentées.

    Le Virus de l'Immunodéficience Humaine est un rétrovirus qui se propage d'une personne à l'autre. Il se répand dans l'organisme et affaiblit le système immunitaire de la personne infectée. Sa phase avancée est le SIDA qui se définit par Syndrome d'immunodéficience Acquise. Au cours de ce stade, des maladies opportunistes ont la possibilité de pénétrer facilement l'organisme à cause de l'affaiblissement du système immunitaire et dégrade physiquement l'état de santé du sujet.

    Probablement à cause du caractère mortel du VIH/SIDA, de sa chronicité, sa représentation sociale, la discrimination et la stigmatisation dont sont victimes les PVVIH, cette maladie en plus de dégrader la santé physique du sujet infecté, mais aussi sa santé mentale. Lyketsos et al. (1996) cité par Sanchez-Valero (2003)  mentionnaient que le VIH peut être le résultat d'un risque important de dépression.

    Comme il a été constaté au cours de notre stage universitaire et présenté dans notre cadre conceptuel, le VIH/SIDA a tendance à causer la dépression chez les sujets infectés. Cette dépression, comme le soutenaitHawkins (2006) affecte l'appétit et le sommeil, la vision de soi et perspective ambiante. Elle suscite une difficulté biologique et psychologique, sociale et spirituelle.

    Les résultats de cette recherche démontraient comment la séropositivité aient un impact psychologique de susciter la dépression chez les patients séropositifs. Ainsi, au cours de cette étude, il a été constaté que les patients séropositifs étaient confrontés à des difficultés psychologiques, certainement à cause de leur séropositivité. Certains de ces patients considèraient le VIH/SIDAcomme une maladie qui rend mal à l'aise ; d'autres se préoccupaient surtout de son caractère mortel et des ravages en perte de vie humaine qu'il fait. Ces considérations et d'autres facteurs sociaux peuvent impacter le psychisme du patient, quels qu'en soient l'âge, le statut marital, le niveau scolaire, l'activité professionnelle et la durée de l'expérience de la séropositivité. Ceci est tellement vrai que sept (7) patients sur huit (8) souffraient de tristesses profondes. Cette tristesse est présente malgré certains participants vivaient cette expérience depuis des années. Le même jour de leur rendez-vous médical, ils avaient la possibilité de rencontrer le psychologue pour une prise en charge psychothérapeutique. En dépit de tout, la tristesse de leur maladie persiste. Cela souligne l'influence psychologique de la séropositivité.

    Cette influence était si forte que certains sujets niaient leur statut de séropositivité à l'annonce du diagnostic positif du VIH. D'autres n'admettaient pas qu'ils étaient séropositifs malgré qu'ils acceptaient un traitement antirétroviral (ARV). Des mécanismes de défenseétaient utilisés pour surmonter le choc de l'annonce de la séropositivité. Ces mécanismes cheminaient tout au cours de l'évolution du virus chez les patients. Comme le soulève Richa (2006) ils passaient par l'annulation pour écarter la possibilité que ce soit vrai, le déni pour refuser d'accepter la réalité, le marchandage où ils étaient dans l'incapacité d'accepter la douleur et négociait (essentiellement avec le médecin), la dépression qui consiste pour nous l'étape la plus critique où le sujet reconnaît son diagnostic avec la gravité de sa maladie et aborde d'une manière angoissante sa nouvelle réalité. En raison de l'impact psychologique de la séropositivité, la gravité du VIH/SIDA, son caractère mortel et sa représentation sociale, il est difficile à une personne d'accepter dès la première annonce une séropositivité. C'est ce qui pourrait expliquer l'utilisation des mécanismes de défense pour diminuer l'angoisse que peut provoquer cette maladie mortelle qui est le VIH/SIDA.

    De ce fait, c'est en raison de la perception du sujet du VIH/SIDA que cela peut avoir un impact psychologique. Par exemple, sept patients sur huit supposent que le VIH peut susciter des impacts psychologiques qui peuvent être néfastes à la santé mentale du sujet. Certains faisaient référence au stress, à la déprime et d'autres à quelques symptômes de troubles psychotiques. Comme le supposent ces sept patients, la séropositivité a la tendance d'impacter la santé mentale du sujet.

    Au cours de notre recherche, nousavions eu des entretiens avec huit sujets séropositifs. Grâce aux questions qui ont été posées dans différentessections, mais surtout les questions de la rubrique signes et symptômes portant sur les critères de diagnostic de la CIM-10, il a été constaté que cinq des participants interrogés étaient dépressifs contre trois qui présentaient que quelques symptômes de la dépression. Ces résultats nous permettaient de soutenir que la séropositivité a l'impact d'engendrer la dépression chez les patients séropositifs. Toutefois, ce n'est pas la totalité des participants qui est dépressive, mais la majorité. Cela nous permet de dire que la majorité des sujets séropositifs étaient dépressifs ; ceux qui ne le sont pas, l'ont été peut-être ou à un moment de leur séropositivité.

    Ces résultats nous ont permis d'acquérir de nouvelles connaissances. Ces connaissances peuvent être bénéfiques à la communauté scientifique. Nous pouvons nous appuyer sur deux idées pour démontrer la mise en évidence de nouvelles connaissances. Premièrement, certaines recherches se contentent de parler de la dépression comme trouble qui peut être provoqué par le VIH/SIDA. Cependant, notre recherche en plus de mentionner la dépression comme impact psychologique, faisait une description de la manifestation de cette dépression chez les patients adultes qui sont en Haïti. Puisque nous sommes dans un contexte haïtien, des facteurs culturels ont été pris en considération. Par exemple, deux de nos répondants s'étaient rendus chez un médium au lieu de se rendre à l'hôpital pour suivre un traitement. L'un d'eux accusait son collègue. Cet aspect est considéré comme un délire de persécution. C'est une façon pour démontrer que la dépression peut être accompagnée de symptômes psychotiques. Donc, en ce sens notre recherche montre que la dépression peut se faire accompagner de symptômes psychotiques.

    De plus, une recherche a soulevé que le VIH est un risque important de dépression (Sanchez-Valero, 2003). Cependant, notre recherche ne se contente pas de nommer la dépression comme trouble psychologique, mais de décrire les manifestations chez chaque sujet. Ce qui pourra de mieux cerner les symptômes communs des séropositifs afin de mieux les accompagner. C'est un atout pour des recherches futures.

    Deuxièmement, nous avons avancé que la psychoéducation peut apporter du nouveau en termes de méthodes de prise en charge des séropositifs. Dans certains centres hospitaliers la méthode de prise en charge la plus utilisée est le counseling. Il existe en ce sens le counseling appliqué au VIH/SIDA. Ce counseling selon l'Organisation Mondiale de la Santé(2011) est un entretien sous la couverture de la confidentialité entre un sujet et un personnel soignant permettant au sujet de surmonter le stress et de prendre des décisions personnelles par rapport au VIH/SIDA. Il consiste particulièrement à évaluer le risque personnel de transmission du VIH et à soutenir l'adoption de comportements de prévention. Voulant apporter une touche nouvelle, nous proposons que des techniques d'intervention psychoéducative épaulent le counseling appliqué au VIH. Ces techniques d'intervention pourraient se baser notamment sur la structure d'ensemble est les schèmes relationnels, ce qui pourrait rendre les interventions auprès des PVVIH plus efficaces.

    Limites de la recherche

    Notre travail comporte deux limites principales. La première se situe sur la représentativité. 783 patients actifs ont été estimés,selon un état des lieux des patients séropositifs de l'hôpital de Fort-Liberté.Pourtant, nous avons un petit groupe composé de huit (8) patients étudiés.Une limite de représentativité est présente. Les cas étudiés ne sont pas représentatifs.Toute généralisation de type statistique peut ne pas refléter la réalité. 

    Notre deuxième limite est l'espace. Notre travail se limite dans l'espace dans le sens qu'il concerne que les patients de l'hôpital de Fort-Liberté. On ne peut pas généraliser les résultats sur toute la population séropositive haïtienne ou de l'hôpital. Un autre chercheur peut reprendre la même recherche à l'hôpital de Trou du Nord et aboutit à d'autres résultats.

    Perspectives de recherche

    Un travail est déjà fait dans notre recherche est portée essentiellement sur la description des signes et symptômes d'un impact psychologique important et fréquent des sujets séropositifs :la dépression.D'autres recherches pourraient viser à proposer un accompagnement essentiellement psychoéducative. Les psychoéducateur pourraient intervenir auprès de la population séropositive à côté d'autres éducateurs (psychologues et travailleurs sociaux) afin d'apporter une approche nouvelle qui pourrait faire ses preuves.Cependant, des études scientifiques pourraient être portées sur une approche psychoéducative adaptée aux sujets séropositifs.D'autres recherches pourraient aussi évaluer les méthodes qui sont en cours d'utilisation et vérifier leur efficacité pour ensuite proposer de nouvelles méthodes d'interventions dans lesquelles la psychoéducation sera certainement proposée. 

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"Piètre disciple, qui ne surpasse pas son maitre !"   Léonard de Vinci