2.2.2.2 Présentation des
résultats des estimations et interprétation
Pour déterminer les effets des indicateurs des
changements climatiques sur le rendement agricole dans les pays de la CEEAC
sur la période 2003 à 2011, nous avons effectué quatre
régressions. Les résultats sont présentés dans le
tableau ci-dessous.
Tableau
2.3:Présentation des résultats des estimations
Modèle
Variables
|
Modèle 1 : Rendement de banane
|
Modèle 2 : Rendement de cacao
|
Modèle 3 : Rendement de
café
|
Modèle 4 : Rendement de coton
|
Température
|
-0,528**
(0,323)
|
-0,555***
(0,131)
|
-0,001
(0,001)
|
-0,044*
(0,170)
|
Précipitation
|
0,013***
(0,003)
|
-0,003
(0,003)
|
-0,040**
(0,083)
|
0,010
(0,002)
|
Investissement agricole
|
-0,154*
(0,087)
|
0,406***
(0,110)
|
-0,013
(0,025)
|
-0,003
(0,043)
|
Taux de croissance de la main d'oeuvre
agricole
|
4,533***
(0,891)
|
-1,934*
(0,993)
|
1,396***
(0,313)
|
-3,226***
(0,466)
|
Taux d'inflation
|
-0,005
(0,003)
|
-0,002
(0,004)
|
-0,004*
(0,002)
|
-0,004**
(0,002)
|
Taux de croissance de l'économie
|
-2,117
(1,345)
|
-2,701**
(1,256)
|
0,491*
(0,570)
|
-1,336*
(0,685)
|
p-value
|
0,000
|
0,0000
|
0,0055
|
0,0000
|
Observation= 36
Nombre de pays=4
Nombre de période=9
|
Les valeurs entre parenthèses représentent les
écart-types corrigés de
l'hétéroscédasticité.*** p<0,01, **
p<0,05, * p<0,1 sont respectivement la significativité
à 1%, 5% et 10%.
Source: Auteur, estimations réalisées par
le logicielSTATA 15.1 à partir des données de FAOSTAT
(2018) et CCKP (2018) et de WDI(2018)
Interprétation des résultats des
estimations
Au regard des résultats du tableau 2.3 ci-dessus, dans
l'ensemble les estimations de nos modèles sont satisfaisantes sur le
plan économétrique et sur le plan théorique :
S'agissant du plan économétrique, les tests de
significativité global de Wald sont significatifs, indiquant que
globalement, les variables explicatives expliquent les variables
expliquées. Les probabilités associées à ces tests
sont p-value=0,0000?1%, p-value=0,0000?1%, p-value=0,0055?1% et
p-value=0,0000?1% pour le modèle 1, modèle 2, modèle 3 et
4 respectivement.
Sur le plan théorique, les résultats de nos
estimations sont pour la plupart conformes aux travaux antérieurs pour
les indicateurs des changements climatiques. En ce qui concerne l'influence des
changements climatiques sur le rendement de la banane (modèle 1), le
coefficient associé à l'indicateur température est de
signe négatif et significatif au seuil de 5% dans l'estimation.Ce
résultat est conforme à nos attentes, car lorsque les
températures augmentent les plantations de banane souffrent de stress
thermique. Elles sont plus exposées aux attaques des parasites. En ce
qui concerne l'effet des précipitations sur le rendement de la banane,
le coefficient associé à l'indicateur précipitation est
positif et significatif au seuil de 1% dans l'estimation.Ce résultat est
conforme à la théorie, car une augmentationdes
précipitations permet au bananier d'absorber les nutriments du sol pour
assurer sa croissance rapide et une meilleure production.
Concernant les indicateurs macroéconomiques, le
résultat de l'indicateur relatif àl'investissement agricole est
de signe négatif et significatif au seuil de 10%. Iln'est pas conforme
à nos attentes et à la théorie économique qui
stipule que l'investissement agricole correspond aux dépenses
destinées à augmenter le potentiel productif, cela serait
dû à l'influence des conditions climatiques. Pour ce qui est de
l'influence du taux de croissance de la main d'oeuvre agricole sur le rendement
de la banane, le coefficient associé à cette variable est de
signe positif et significatif au seuil de 1%.Ce résultat est conforme
à nos attentes. La croissance du rendement doit être
renforcée par une main d'oeuvre disponible, en ce sens, la population
doit être un élément moteur. S'agissant du taux d'inflation
et du taux de croissance de l'économie, les coefficients associés
à ces deux indicateurs sont de signes négatifs et non
significatifs.Les résultats mettent en évidence l'influence
négative que pourraient avoir le taux de croissance de l'économie
et le taux d'inflation sur le rendement de la banane dans les pays de la
CEEAC.
Les résultats du modèle 1 corroborent à
ceux de --Salvacion (2019) qui a montré que par rapport aux
précipitations, la variable température a la plus grande
influence sur le rendement de la banane au niveau provincial au Philippine.
Ainsi, en conformité avec nos estimations, on relève
effectivement que la variable température donc les changements
climatiques influencent négativement le rendement de la banane dans les
pays de la CEEAC.
Pour ce qui est de l'influence des changements climatiques
sur le rendement de cacao (modèle 2), les résultats de
l'estimation montrent que le coefficient associé à l'indicateur
température est de signe négatif et significatif au seuil de 1%.
Ce résultat conforme à nos attentes,montre que la
températureinfluence négativement le rendement du cacao. La
température affecte les cherelles de cacao en changeant leur forme et
couleur.Elles deviennent jaunes et sont vouées à
dégénérer, ce qui engendre la baisse du rendement. Pour ce
qui est des précipitations, le signe associé au coefficient decet
indicateur est négatif et non significatif. Le signe de
cerésultat bien que conforme à nos attentes est non significatif.
La non significativité pourrait s'expliquer par le fait que les effets
négatifs des précipitations sur le rendement du cacao ne sont pas
encore perceptibles, car la production du cacao se développe dans des
régions pluvieuses.
Concernant l'influence des indicateurs macroéconomique
sur le rendement du cacao. Le coefficient associé à la variable
investissement agricole est de signe positif et significatif au seuil de 1%. Ce
résultat est conforme à la théorie économique qui
stipule que l'accroissement del'investissementagricole permet d'augmenter les
capacités de production des agriculteurs,il est bénéfique
au rendement du cacao. Pour ce qui est du taux de croissance de la main
d'oeuvre agricole, le coefficient associé à cet indicateur est de
signe négatif et significatif au seuil de 10%. Ce résultat montre
que la hausse du taux de croissance de la main d'oeuvre agricole engendre une
diminution du rendement du cacao.Ce résultat serait expliqué par
la présence des facteurs environnementaux. S'agissant du taux
d'inflation, le coefficient associé à cette variable est de signe
négatif et non significatif. Ce résultat met en évidence
l'influence négative que pourrait avoir la hausse du taux d'inflation
sur le rendement du cacao. En ce qui concerne le taux de croissance de
l'économie, le coefficient associé à cet indicateur est de
signe négatif et significatif au seuil de 5%. Ce résultat montre
que la hausse du taux de croissance de l'économie n'est pas
bénéfique au rendement du cacao. Or, en théorie, la
croissance permet de puiser les capitaux dans les secteurs porteurs pour
financer d'autres.
Nos résultats semblent êtreen accordavec ceux de
Oyekale (2012) qui analyse l'influence des changements de température et
de précipitations sur le rendement du cacao dans trois Etats du Nigeria,
il montre queles précipitations influence négativement. De cette
analyse et conformément aux résultats de notre estimation, il
ressort que les changements climatiques influencent négativement le
rendement du cacao dans les pays de la CEEAC.
S'agissant de l'influence des changements climatiques sur les
rendements du café (modèle 3), le coefficient associé
à la variable température est négatif et non significatif
dans l'estimation. Ce résultat met en évidencel'influence
négative que pourrait avoir une hausse de la températuresur le
rendement du café. La culture du café répond rapidement au
stress de températures, car le café est produit dans des
régions pluvieuses. Pour ce qui est de l'indicateur précipitation
sur le rendement du café, il est négatif et significatif au seuil
de 5%. Ce résultatest non conforme à nos attentes puisque le
café s'épanouit plus en présence d'eau douce, l'influence
négative serait due aux fortes précipitations qui tombent en
période de fleurissement.
Pour ce qui est de l'influence des indicateurs
macroéconomiques sur le rendement du café, le coefficient
associé à l'investissement agricole est négatif et non
significatif. Ce résultat met en évidence l'influence
négative que pourrait avoir une augmentation de l'investissement
agricole sur le rendement du café. Concernant le taux de croissance de
la main d'oeuvre agricole, le coefficient associé à l'indicateur
est de signe positif et significatif au seuil de 1%. Ce résultat montre
que l'accroissement de la main d'oeuvre dans le secteur agricole engendre une
augmentation du rendement du café, car avec une main d'oeuvre
élevée, l'entretien des plantations de café est mieux
assuré, ces dernières sont ainsi moins exposé aux attaques
des rats et des insectes du café. Pour l'inflation, le coefficient
associé à cet indicateur est de signe négatif et
significatif au seuil de 10%. Ce résultat met en évidence
l'influence négative de l'inflation sur le rendement de café.
Concernant le taux de croissance de l'économie, le coefficient
associé à cette variable est de signe positif mais
non-significatif. Ce résultat montre l'influence positive que pourrait
avoir le taux de croissance de l'économie sur le rendement de
café.
De ce qui précède, nos résultats
semblent corroborer avec les orientations au sens de -`'Davis et al.
(2012) qui montrent que le café est considérécomme une
espèce sensible au climat. Au regard des résultats de nos
estimations, il ressort que les changements climatiques influencent
négativement le rendement du café dans les pays de la CEEAC.
Pour ce qui est de l'influence des indicateurs des changements
climatiques sur le rendement du coton (modèle 4).Il ressort notamment de
l'estimation que le coefficient associé à l'indicateur
température est négatif et significatif au seuil de 10%. Ce
résultat est non conforme à nos attentes, car le coton est une
plante qui se développe dans les régions à
température élevée. En ce qui concerne la
précipitation, le signe associé à cette variable est
positif et non significatif. Ce résultat ne correspond pas à nos
attentes car, en phase de maturation, les précipitations ont pour effet
de réduire le rendement de coton à travers les agents porteurs de
maladies. Ils déposent les larves sur les capsules qui donnent naissance
à des verres qui détruisent les fruits du coton. Cela a pour
effet de réduire le rendement du coton.
Concernant l'influence des indicateurs macroéconomiques
sur le rendement du coton, le coefficient associé à la variable
investissement agricole est de signe négatif et non significatif. Ce
résultat nous montre l'influence négative que pourrait avoir
l'investissement agricole sur le rendement du coton. Pour ce qui est du taux de
croissance de l'économie, le coefficient associé à cet
indicateur est négatif et significatif au seuil de 5% dans l'estimation.
Ce résultat met en évidence l'influence négative du taux
de croissance de l'économie sur le rendement du coton. Pour la variable
inflation, il ressort de l'estimation que le coefficient qui lui est
associé est négatif et significatif au seuil de 10%. Le
résultat met en évidence l'influence négative que
l'augmentation du taux d'inflation a sur le rendement du Coton. Le taux de
croissance de l'économie quant à lui est de signe négatif
et significatif au seuil de 10% dans l'estimation. Ce résultat nous
montre l'influence négative que l'augmentation du taux de croissance de
l'économie a sur le rendement du coton.
Les résultats du modèle ci-dessus semblent
être en divergence avec ceux trouver par Bodjongo (2018)qui a
montré que bien qu'il ne soit pas significatif, l'accroissement des
températures est favorable à la culture du coton au Cameroun.
Cependant, Barrios et al.(2008) indiquent que la hausse des
températures a eu une incidence négative sur la production
cotonnière ; de plus, ils trouvent que la baisse des
précipitations a entraîné la diminution de la production
cotonnière. De ces analyses, il ressort effectivement que les
changements climatiques influencent négativement le rendement du coton
dans les pays de la CEEAC.
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