VI-1-2 Réexaminer la stratégie touristique en
place
Le tourisme a toujours été un
secteur qui figure parmi les objectifs de développement que s'est
fixé le Cameroun à moyen et long terme. Malencontreusement, la
stratégie touristique mise en place au Cameroun en général
et dans le département de la Vina en particulier n'est pas efficiente
soit parce qu'elle n'est pas respectée, soit parce qu'elle est
obsolète. D'où l'importance de réexaminer cette politique
tout en mettant l'accent sur les voies et moyens pour amener les populations
locales et étrangères à s'intéresser au tourisme
dans la Vina, sur la coopération entre le secteur public et privé
et mettre en place une commission d'organisation du secteur.
VI-1-2-1 Viser une clientèle nationale et
étrangère
Il serait irrationnel et insensé de reposer le
succès du tourisme dans le département de la Vina et même
au niveau national de manière générale uniquement sur les
touristes occidentaux. Il serait même impossible de développer le
tourisme comme on le pense si la population camerounaise n'intègre pas
la culture touristique nationale dans son comportement. C'est-à-dire
visiter leur propre pays. En fait, dans tous les pays qualifiés de
destination touristique, on note une présence importante des nationaux
dans la pratique du tourisme interne ; et la création des
ministères chargés du tourisme, des loisirs et du temps libre
dans de nombreux pays comme la France, le Maroc est la preuve qu'il s'agit
d'une vraie prise de conscience de l'importance de ce secteur. Donc, en
excluant les touristes étrangers, on note tout de même l'existence
d'un tourisme national. Au Kenya par exemple, la population nationale est
particulièrement ancrée dans la pratique du tourisme, ce qui fait
de ce pays une véritable destination en Afrique. Dans le
département de la Vina, on a l'impression que le secteur touristique ne
vise aucune clientèle en ce sens que les sites sont dans l'ensemble
abandonnés et très mal entretenus malgré la
présence d'une Délégation régionale et
départementale du tourisme à Ngaoundéré. Bref, ils
ne ressemblent pas aux lieux pouvant accueillir les visiteurs. Comme dans tout
pays touristique, la clientèle visée doit être de toutes
les catégories sociales provenant de l'étranger et du territoire
national. Aucune campagne de promotion n'est faite pour vanter les
potentialités de la région et inciter les populations à la
découverte
En fait, d'un côté, la première
clientèle visée doit d'abord être les touristes
camerounais. Ceux-ci sont extrêmement variés et constituent de ce
fait un potentiel de visiteurs important. Ndamé (2010) et
Nizésété (2009) ont d'ailleurs affirmé qu'un bon
nombre de personnes dans le milieu scolaire, universitaire ; ainsi que les
employeurs et employés salariés et même les chômeurs
s'intéressent de plus en plus aux activités de distractions.
Selon Ndamé (2010), «les tendances récentes montrent
pourtant que les jeunes (...) grâce aux médias, sont de plus en
plus curieux et se laissent attirer par les activités
récréatives«. Cette assertion peut se confirmer
à travers les enquêtes de terrain que nous avons menées
auprès de la population urbaine via des questionnaires. C'est ainsi que
sur 80 enquêtés, 55 personnes affirment avoir déjà
visité un ou plusieurs sites non seulement dans la Vina, mais aussi dans
les régions du Nord et de l'Extrême-Nord. Par contre, 25 personnes
disent ne jamais avoir visité un site touristique ici ou ailleurs.
![](Le-tourisme-dans-le-departement-de-la-vina-adamaoua-cameroun--mythe-ou-realite-36.png)
Figure 18: Part de chaque
catégorie de personnes ayant visité ou pas visité un
site.
Toutefois, les raisons qu'avancent les personnes qui n'ont
jamais visité un site sont diverses, mais la majorité avance la
raison selon laquelle elles n'ont pas encore eu l'occasion de pouvoir le
faire.
Tableau 19:Les raisons
expliquant la non-visite des sites touristiques.
|
Raison expliquant la non-visite des sites
|
Fréquence
|
Pourcentage
|
Pourcentage valide
|
Pourcentage cumulatif
|
Valide
|
Pas intéressé
|
2
|
2,5
|
9,1
|
9,1
|
Pas encore eu l'occasion
|
13
|
13,8
|
50,0
|
59,1
|
pas été informé
|
3
|
3,8
|
13,6
|
72,7
|
pas d'organisation touristique
|
4
|
3,8
|
13,6
|
86,4
|
Total
|
22
|
27,5
|
100,0
|
|
Manque
|
Non répondu
|
58
|
72,5
|
|
|
Total
|
80
|
100,0
|
|
|
Le tableau ci-dessus présente les raisons qui ont
favorisé ou non la visite d'un site par les enquêtés. Nous
pouvons constater dans ce tableau que le plus grand nombre de personnes n'ont
pas encore eu l'occasion de visiter les sites ; 4 d'entre eux ne l'ont pas
encore fait à cause du manque d'organisation du tourisme pendant que 3
n'ont pas été informé sur les richesses touristiques du
département. Par contre 2 seulement ne sont pas intéressés
par le tourisme. Ce qui veut probablement dire que dans l'ensemble la plupart
de la population urbaine s'intéresse au tourisme bien que certaines
personnes n'ont pas encore eu l'occasion de se livrer à cette
activité.
Au regard de ce tableau et du comportement
qu'affichent les camerounais face aux activités
récréatives, nous pouvons dire qu'au niveau de cette
catégorie de clientèle, il y a une lueur d'espoir pour le
développement du tourisme intérieur. Mais cependant, beaucoup
reste à faire. Il faudrait par exemple que les pouvoirs publics, les
organisateurs de voyages et même les guides touristiques organisent de
temps à autre les visites qui permettront aux
populationsdécouvrir ces lieux. Justement à ce sujet, on note
dans la ville de Ngaoundéré des groupes de personnes qui
organisent (bien qu'ils ne soient pas des professionnels du tourisme) des
sorties à caractère touristique, c'est notamment le cas des
étudiants, élèves, clubs de sport, associations, etc. Les
endroits prisés pour ces sorties sont entre autres le lac Tison, les
chutes de Tello, le mont Ngaoundéré et aussi en direction du
Nord-Cammeroun comme au campement du buffle noir (vu sa proximité de
Ngaoundéré) , parc national de Waza, etc. mais il s'agit des
voyages aller et retour dans la journée qui n'ont plus valeur de
distraction que de décourverte.
D'un autre côté, les touristes étrangers
constituent une clientèle clé au regard des devises qu'ils
apportent ; autrement dit, de leur pouvoir d'achat. Bon nombre de
touristes visitent le Cameroun, et ceux-ci se répartissent au Cameroun
dans deux grands bassins touristiques : la zone du littoral camerounais,
notamment à Kribi, Douala, Limbé, etc. ; et au Nord-Cameroun
dans les régions du Nord et Extrême-Nord. Pour une zone comme la
Vina, région intermédiaire entre le Nord et le Sud, voit
plusieurs touristes traverser son territoire pour d'autres destinations. Le but
principal recherché par les touristes étrangers est le
dépaysement, l'agrément, l'immersion totale dans une autre
culture, le loisir, etc. Pour capter une telle clientèle, il faudrait
valoriser les produits et ressources touristiques tant au niveau national
qu'international, et surtout de déployer les activités afin de
satisfaire ceux-ci lors de leurs visites et séjours. Pour mener à
bien une telle action, c'est-à-dire amener les touristes nationaux et
étrangers à visiter la Vina, il faut une bonne collaboration du
secteur public et privé.
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