VI-1-1-2 Création et gestion des activités
afférentes au tourisme
Pour mieux retenir un visiteur sur un site, il doit pratiquer
ou participer aux activités créées à cet effet. Par
exemple sur une station balnéaire les activités comme le surf, le
bronzage, la pêche, la nage, etc., attirent et retiennent les visiteurs
sur les lieux. Autrement dit, sur chaque type d'attraction doit correspondre un
type d'activité. Un sport d'ascension ne peut être pratiqué
sur un site lacustre ou encore sur un site culturel. La création des
activités afférentes au tourisme doivent donc correspondre et
dépendre de chaque catégorie de sites. Etant donné qu'il
existe plusieurs catégories de sites dans la Vina, notamment les lacs,
les chutes et cascades, les sommets, les ranchs, les attractions culturelles,
etc., il serait donc de ce fait important de créer les activités
en fonction de ces catégories.
Les lacs : Tchotsoua (1996) a décrit les lacs de
l'Adamaoua en général et ceux de la Vina en particulier comme des
«haut lieux touristiques« où peuvent se
développer des sports nautiques comme la voile, des safaris photo et
comme lieu privilégié de la détente. Bien que ces
propositions soient importantes pour la mise en valeur d'un lieu, elles sont
cependant insuffisantes. Car il existe des milliers de lacs de ce genre dans le
monde et quelques uns seulement, au prix des investissements conséquents
ont été transformés en sites touristiques où se
déploient des activités connexes. L'on pourrait donc de ce fait
ajouter à ces proposition «la pêche«. Certains
plans d'eau du département de la Vina sont impressionnants et
recèlent une richesse aquatique inestimable. Si l'on créait sur
les différents plans d'eau, notamment au lac Tison, Mballang, Ngaoundaba
et Wakwa, les activités de pêche, nous pensons qu'en plus des
aménagements, cela attirerait un nombre impressionnant de personnes qui
ne demandent qu'à passer un moment de détente sur les lieux loin
des bruits sonores de la ville en toute sécurité.
Les chutes et les cascades : Cette catégorie
d'attraction n'offre pas les mêmes avantages que les lacs. Vu la
dangerosité des eaux sur les lieux, les animaux aquatiques ne peuvent
vivre au niveau des chutes et des cascades (rapides), par conséquent, la
pêche est impossible. Vu également la rapidité des eaux et
la présence des blocs rocailleux dans le lit de ces eaux, la natation ou
toute activité nautique et aquatique est proscrite. Nous pensons que les
seules activités possibles sur ces lieux sont la détente et
l'observation, comme c'est le cas à Kribi avec les chutes de la
Lobé qui sont une attraction touristique qui attire annuellement des
milliers de visiteurs nationaux comme étrangers.
Les sommets : Ce sont les montagnes, les monts, et les
grottes par ricochet. Ces ensembles de roches aux versants abrupts sont des
hauts lieux ou peuvent se développer des activités sportives
comme l'ascension, l'alpinisme, etc. Tchotsoua (1996) voit en ces lieux
uniquement la pratique des safaris photo et des hauts lieux pour des recherches
en science naturelles et humaines ; pourtant, l'idée est de
créer et développer les activités pouvant drainer un grand
nombre d'adeptes ; c'est dans ce sens que les activités telles que
l'ascension et l'alpinisme peuvent apparaitre comme des activités de
choix pour la pratique du tourisme dans ces lieux. Mais cela ne veut pas dire
que les safaris photo et études doivent être balayés du
revers de la main ; mais tout comme les autres, ils drainent aussi des
visiteurs. De plus, la détente est tout aussi importante, car ces
sommets offrent aux visiteurs des paysages sur les plaines, plateau et
vallée de la Vina.
Les ranchs : De manière générale, la
région de l'Adamaoua est une zone par excellence du développement
des ranchs. Dans le département de la Vina en particulier, on note la
présence de plusieurs ranchs dont les plus célèbres sont
le ranch de Ngaoundaba, le ranch pastoral de Gounjel et le Ranch AMAO. Les
ranchs de la Vina sont des ranchs totalement dépourvus
d'activités relatives au tourisme. De ce fait, il serait donc crucial de
mettre sur pied des activités capables d'amener les visiteurs à
séjourner dans les ranchs. Mais avant, il serait important de construire
des gîtes ruraux dans ces ranch afin d'héberger les visiteurs.
Comme activité dans les ranchs, nous proposons au propriétaire et
responsable des ranchs d'inventer les activités autour du bétail,
destinées à émerveiller les visiteurs, comme amener le
bétail paître, les regrouper et les entretenir, les nourrir, etc.,
bref jouer le rôle d'un vrai berger pendant leurs séjours, en
mettant en exergue le rôle de ce dernier dans la gestion des troupeaux,
car il s'agit d'une race de travailleurs en voie de disparition. Et pourquoi
pas construire dans ces ranchs des petits musées à la gloire de
la race bovine locale comme il existe ailleurs le musée du cheval.
Les attractions culturelles : Sur le plan culturel,
toutes les régions du monde présentent des potentialités
culturelles de part les différentes cultures qui s'y trouvent. Ce qui
veut dire que bien que le tourisme culturel ne soit pas développé
dans la Vina, il reste néanmoins une pratique incontournable dans cette
région. Le tout est de mettre sur pied des activités culturelles
afin de rehausser l'inertie de la culture de cette partie du pays. Les
activités touristiques sur ce plan se limitent uniquement à la
visite du lamidat de Ngaoundéré. Autour de ce site devaient
pourtant graviter des activités annexes comme musées et autres
qui mettraient en exergue les symboles de la culture locale comme l'ont si bien
réussi à Foumban autour du Palais des Bamouns.
Pour mieux vanter ce secteur, il serait souhaitable de
revaloriser toutes les pratiques culturelles et traditionnelles de chaque
peuple en ce sens que ces pratiques sont en voie de disparition. Par exemple,
au Kenya, le peuple Massaï est une véritable attraction culturelle
justement parce que ce peuple a su conserver ses pratiques culturelles et
ancestrales, ce qui fait donc de ce peuple l'un des peuples les plus
exceptionnels au monde. De ce fait, compte tenu des différences
culturelles entre le peuple Massaï et ceux du Cameroun en
général, l'on devrait, dans le département de la Vina
créer un rassemblement culturel des différents peuples en
présence chaque année pour deux ou trois jours, afin que ceux-ci
redonnent une importance certaine à leur pratique ancestrale telle que
la danse ; les festivals comme le Mbor yanga, la fantasia et bien
d'autres. A côté de ces pratiques, les différents peuples
de l'Adamaoua en général et ceux de la Vina en particulier
cachent une importante richesse qui n'attend qu'à être
exploitée. C'est le cas des objets ancestraux des Mboum et des
Foulbés qui moisissent dans les palais sans qu'on ne leurs accorde une
importance touristique. Au Sénégal par exemple, les musées
sont la plaque tournante du tourisme culturel, tout y est
représenté et draine ainsi des milliers de visiteurs chaque
année. En ce qui concerne le patrimoine culturel du Cameroun en
général et celui de la Vina en particulier,
Nizésété (2007) déclare les ressources culturelles
sont «sous-valorisés, des pans entiers du patrimoine
matériel se dégradent progressivement, livrés à la
merci des intempéries et des vandales, pendant que des
éléments du patrimoine immatériel à l'instar des
rites, langues et certaines prestations ludiques disparaissent tout
simplement«. Ce qui demande donc une revalorisation du patrimoine
culturel, et cela passe forcément par la création d'un
musée interculturel dans la Vina. De ce fait, nous pensons que s'il y a
un musée digne de ce nom, qui rassemble tous les objets des
différents peuples, et qu'il y a aussi des moments des manifestations
interculturelles où les différents peuples viennent faire des
prestations à l'intention de la population locale et
étrangère ; ce que le tourisme pourrait prendre son envol.
Il est donc crucial de développer ces activités afin de
promouvoir le tourisme dans la Vina.
Par ailleurs, créer les activités
afférentes au tourisme demande des lourds investissements et une bonne
organisation du secteur.
|