CONCLUSION GENERALE
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Ce travail pose le problème de l'accès
approprié aux services bancaires auquel se heurte une grande partie de
la population camerounaise, déjà confrontée à des
inégalités socio-économiques. En renforçant ces
dernières, l'exclusion bancaire compromet la contribution du
système bancaire au financement du développement
économique et humain. De plus, elle occasionne l'instabilité
macroéconomique, néfaste pour la croissance économique
(Breen et Garcia-Pénalosa, 1999).
La thèse de l'instabilité socio-politique met en
garde contre les manifestations que pourrait entraîner un contexte de
fortes inégalités (Perotti, 1996), la conséquence
immédiate serait une réduction de l'incitation à investir
et de faibles taux de croissance économique (Alesina et Perotti, 1996).
Ces développements mettent en lumière l'urgence de repenser le
système bancaire camerounais, dans l'optique de le rendre plus
inclusif.
La contribution positive du développement bancaire et
financier à la croissance est mise en exergue par dans la
littérature économique (Beck, Demirguç-Kunt et levine,
2004). Ainsi, les banques permettent d'accroître les volumes
d'épargne et d'investissement, et de sélectionner les
investissements les plus productifs, améliorant alors la
productivité marginale du capital (Ayoub, 2009/1). Les agents
économiques exclus du système bancaire peuvent difficilement
accéder à la santé ou à l'éducation et sont
dans l'incapacité, non seulement de faire face à
d'éventuels aléas, mais aussi de réaliser des projets
d'investissement rentables. Les conséquences qui en découlent
prennent la forme de l'altération des liens sociaux, de la
stigmatisation, de la mise à l'écart et de la marginalisation
économique des personnes qui en sont victimes, lesquelles peuvent
difficilement mener une vie normale (Servet, 2000).
Le point d'ancrage de ce travail a été
d'identifier les facteurs explicatifs de l'exclusion bancaire au Cameroun,
étape essentielle et primordiale dans la construction d'un
système bancaire inclusif. L'importance de cette démarche est
démontrée à travers un ensemble de travaux visant le
même objectif et recourant à une méthodologie similaire.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Une incursion dans la littérature se rapportant
à l'exclusion bancaire nous a permis d'identifier les causes de ce
phénomène au Cameroun, aussi bien du côté de l'offre
que de celui de la demande de services bancaires.
Ainsi, du côté de l'offre, les effets pervers de
la réglementation et les politiques commerciales mises en oeuvre par les
établissements de crédit, soumis à de fortes contraintes
de rentabilité, sont à l'origine de l'exclusion bancaire.
Gloukoviezoff (2010) voit en ce phénomène, une externalité
négative de l'activité bancaire. Du côté de la
demande, un ensemble de caractéristiques sociodémographiques et
économiques de la population ont été pointées du
doigt, la pauvreté apparaissant comme la plus importante (Banque
Mondiale, 2010).
A l'issue de cette recension théorique, nous avons
modélisé les effets desdites caractéristiques sur
l'exclusion bancaire au Cameroun grâce à une régression
logistique. Pour ce faire, un modèle logit simple, inspiré des
travaux d'Allen et al. (2012), a été estimé pour
identifier respectivement, les déterminants de la détention d'un
compte bancaire et ceux de la détention d'une carte de paiement. A
l'issue de l'estimation, nous sommes parvenus aux résultats suivants
:
- du côté de l'offre de services bancaires, la
probabilité de détenir un compte bancaire est une fonction
décroissante de la richesse, de l'âge et des exigences
documentaires ; tandis que la probabilité de détenir une carte de
paiement est une fonction décroissante de l'âge et de la richesse.
Les exigences documentaires n'influencent pas significativement cette
deuxième forme d'exclusion ;
- du côté de la demande de services bancaires,
les probabilités de détenir un compte bancaire et une carte de
paiement sont des fonctions décroissantes de la richesse, de
l'éducation, de la proximité des infrastructures bancaires et de
la confiance dans les institutions bancaires.
Par ailleurs, à l'instar d'Allen et al. (2010) et de
Beck et al. (2008), nous trouvons que les exigences bancaires sont le facteur
qui affecte le plus la probabilité de détenir un compte bancaire
ou une carte de paiement. En effet, les rapports de côté
révèlent qu'un individu disposant de toutes les pièces
requises pour bénéficier d'un produit ou
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
d'un service bancaire a 49,81% de chances en plus d'être
inclus qu'un autre ne pouvant remplir ces exigences.
De même, du côté de la demande, les
rapports de chance révèlent que la richesse, la proximité
et la confiance dans les institutions bancaires sont des facteurs «
clés » de l'exclusion bancaire au Cameroun. Ces résultats
vont dans le même sens que ceux de Honohan et King (2012). La
probabilité de détenir un compte ou une carte de paiement est
19,59 fois plus élevée pour un individu riche et 16,6 fois plus
forte pour un individu résidant à proximité des
infrastructures bancaires. En outre, la confiance envers les banques influence
significativement la probabilité de détenir une carte de
paiement. Cette probabilité est 10,04 fois plus élevée
pour un individu ayant confiance dans les institutions bancaires.
Sur la base de ces résultats, les recommandations
suivantes peuvent être formulées, en vue de réduire la
proportion de personnes non, faiblement ou mal bancarisées au
Cameroun.
Du côté de l'offre, conscients de ce que la
responsabilité sociale des banques est de faire du profit, il serait
difficile d'agir directement sur leurs critères de sélection de
la clientèle. La marge de manoeuvre restante pour les autorités
monétaires consisterait à renforcer le dispositif
réglementaire existant. L'objectif étant d'encadrer la
détermination des taux d'intérêt et de limiter à un
niveau raisonnable les exigences documentaires. Des sanctions dissuasives
devraient être prévues et appliquées en cas de non-respect
des normes. Par ailleurs, l'adoption d'un tel cadre réglementaire aurait
aussi pour effet d'améliorer la confiance des individus envers le
système bancaire.
Du côté de la demande, étant donné
que la possession d'un minimum de ressources financières est la
condition sine qua non pour pouvoir recourir aux services bancaires,
le Gouvernement camerounais devrait accélérer la mise en oeuvre
de sa stratégie pour la croissance et l'emploi, dont les
retombées devraient améliorer les conditions de vie des
populations. Cette stratégie devrait notamment induire une
création massive d'emplois décents, ce qui assurerait aux agents
économiques un revenu régulier et facilitera leur accès
aux services bancaires. Elle devrait également
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
entrainer un accroissement de la scolarisation et de
l'alphabétisation. Parallèlement, dans la perspective de
réduire les difficultés d'usage, les banques et le Gouvernement
pourrait mettre sur pied des programmes visant à accroître la
culture financière des populations.
Par ailleurs, pour pallier l'inégale répartition
géographique des bancaires, les autorités monétaires
devraient encourager les banques à développer la Mobile banking.
La téléphonie mobile étant suffisamment répandue
dans le pays, aussi bien en zone urbaine que dans les zones reculées,
vulgariser cette pratique pourrait contribuer à l'extension de la
bancarisation. Les banques pourraient également relever ce défi
géographique en s'associant à des opérateurs
économiques déjà installés dans les zones les moins
couvertes. Elles pourraient installer dans les commerces desdits
opérateurs, des guichets ou des DAB, de manière rapprocher les
services bancaires de la population. Cette solution présente le double
avantage de réduire les coûts de transaction pour les individus
et, pour les banques, de réduire les coûts de fonctionnement
qu'occasionnerait l'ouverture d'une agence.
Bien qu'une telle étude contribue à
l'élaboration d'un cadre analytique mettant en perspective les
mécanismes du processus d'exclusion bancaire au Cameroun, de nombreuses
questions y abordées restent encore largement à approfondir. Si
les résultats qui y sont présentés constituent une base
solide pour l'action, il convient néanmoins de relever quelques limites.
Bien que la méthodologie retenue soit reconnue comme standard, les
données de l'analyse ne sont peut-être pas assez raffinées.
Une autre faiblesse réside dans la petite taille de l'échantillon
due à la rareté de données fiables sur l'accès et
l'usage des services bancaires.
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