SECTION II- L'estimation du modèle et
l'interprétation des résultats
La présente section se subdivise en deux sous-parties :
la première est consacrée à l'estimation du modèle
et la seconde porte sur l'interprétation des résultats.
II.1- L'estimation du modèle mesurant l'exclusion
bancaire par la détention d'un compte bancaire
Elle se fait avec le logiciel STATA/S 13. Les
résultats sont présentés dans le tableau suivant :
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Tableau 4.1 : Estimation du modèle relatif
à la détention d'un compte bancaire
variable endogène EXCLU1
|
variables exogènes
|
Coefficients
|
p-value
|
Significativité
|
Proximité
|
0,46274
|
0,001
|
1%
|
Supérieur
|
1.173662
|
0,012
|
1%
|
Richesse
|
0,0337
|
0,098
|
10%
|
Confiance
|
0,12771
|
0,0337
|
5%
|
Logistic regression
|
Nombre d'observations
|
1000
|
|
LR chi2(4)
|
7.60
|
|
Prob > chi2
|
0.0058
|
Log likelihood = -99.917048
|
Pseudo R2
|
0.0366
|
Source : calculs de l'auteur.
La qualité du modèle est évaluée
par le test du rapport de vraisemblance (LR Statistic), lequel suit une loi de
khi-deux à K degrés de liberté. C'est une procédure
qui se rapproche du test de significativité global de Wald. Le nombre de
degrés de liberté est égal au nombre de variables
explicatives, 4 dans le cas présent.
Les hypothèses de ce test sont les suivantes :
H0 : f31= f32 = ... = f3k = 0 contre H1 : il existe au moins un
f3i ? 0.
La règle de décision est telle que H1 est
acceptée si la statistique calculée est supérieure
à la probabilité de la LR statistic. Comme dans notre cas la
valeur trouvée 7,60 est bel et bien supérieure à celle de
la probabilité du rapport de vraisemblance, on accepte H1, ce qui
revient à dire que le modèle est globalement significatif.
Par ailleurs, la qualité de la régression est
analysée par le Pseudo R2 de Macfadden (1973), utilisé
pour quantifier la contribution des descripteurs dans l'explication de la
variable endogène. Nous retenons celui de Macfadden car Ménard
(2013) suggère qu'il est, non seulement le plus proche du coefficient de
détermination de la régression linéaire multiple, mais
aussi le plus adapté à la régression logistique.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Toutefois, le R2 des modèles logit prennent
généralement des valeurs proches de 0, ils tendent difficilement
vers 1. On ne saurait donc réellement les prendre en
considération pour évaluer la qualité du modèle.
C'est la raison pour laquelle on fait généralement
appel à la courbe ROC (Receiver Operating Characteristics). Celle du
présent modèle est donnée par le graphique ci-dessous :
Graphique 4.3 : Courbe ROC associée à la
détention d'un compte bancaire.
Source : calculs de l'auteur.
Dans la logique de son analyse de la courbe ROC, on
désigne par sensibilité (sensivity), la proportion d'individus
possédant un compte bancaire et par spécificité
(specificity), la proportion d'individus n'en possédant pas. Si l'on
fait varier la probabilité seuil à partir de laquelle on
considère qu'un événement doit être
considéré comme positif, la sensibilité et la
spécificité varient.
L'aire en-dessous la courbe (ou Area Under the Curve - AUC)
est un indice synthétique calculé pour les courbes ROC.
Habituellement, on considère que le modèle est bon dès
lors que la valeur de l'AUC est supérieure à 0.5. Un
modèle ayant une AUC supérieure à 0.9 est excellent.
A l'observation du graphique ci-dessus, la valeur de l'AUC
s'élève à 0,978. On peut donc conclure que l'ajustement
est de bonne qualité.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Les tests sus effectués visaient à juger de
l'adéquation du modèle. Etant donné que tous les
résultats étaient favorables, on peut dire du modèle qu'il
est adéquat : les variables exogènes choisies contribuent
significativement à expliquer la détention d'un compte
bancaire.
Il convient à présent de présenter les
résultats de l'estimation proprement dits.
Les valeurs numériques des coefficients
présentés dans le tableau 3.1 n'ont pas d'interprétation
directe. En revanche leur signe est interprétable, il permet de savoir
si la probabilité de détenir un compte bancaire est une fonction
croissante ou décroissante de la variable explicative correspondante.
D'emblée, on observe que les signes de tous les
coefficients sont positifs. Cela signifie qu'il existe une corrélation
positive entre la probabilité de détenir un compte bancaire d'une
part, et la richesse, la proximité, le niveau d'instruction, la
confiance envers les banques d'autre part.
Ces résultats appellent les commentaires suivants :
- si l'on considère la
proximité, le signe positif obtenu est conforme à nos attentes.
Ainsi, la probabilité pour un individu de détenir un compte
bancaire est une fonction croissante de la proximité des infrastructures
bancaires ;
- de même, la probabilité
d'avoir un compte bancaire est d'autant plus importante que le niveau
d'éducation de l'individu considéré est
élevé ;
- concernant la richesse, le signe positif du
coefficient y associé corrobore avec les attentes théoriques et
indique l'influence positive de cette variable explicative sur la
probabilité de détenir un compte bancaire ;
- enfin, la probabilité de
posséder un compte bancaire augmente à mesure que la confiance
envers les institutions bancaires croit.
Pour finir, les odds-ratios associés à ce
modèle sont synthétisés dans le tableau ci-après
:
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
Tableau 4.2 : odds-ratios associés à la
détention d'un compte bancaire.
Variable endogène EXCLU1
|
Variables exogènes
|
Coefficients
|
P-value
|
significativité
|
Proximité
|
0.0806
|
0.091
|
10%
|
Supérieur
|
0.03662
|
0.08
|
10%
|
Richesse
|
0.07
|
0.0198
|
5%
|
Confiance
|
0.1004
|
0.337
|
Non
|
Source : calculs de l'auteur.
Ces ratios ou rapports de chance permettent d'identifier les
variables explicatives les plus pertinentes et donc celles sur lesquelles il
convient d'agir prioritairement, en vue de réduire l'exclusion bancaire
au Cameroun.
En suivant l'ordre dans lequel les variables explicatives sont
classées dans le tableau, on peut faire les interprétations
suivantes :
- la probabilité de détenir un
compte bancaire est 8,06 fois plus élevée pour un individu
résidant à proximité des infrastructures bancaires
(agences et DAB) ;
- pour un individu ayant fait l'enseignement
supérieur, cette probabilité est 3,66 fois plus grande que pour
un individu ayant un niveau inférieur ;
- de même, la probabilité
d'avoir un compte dans une banque est d'autant plus importante que l'individu
est riche, soit 7 fois de plus qu'un individu pauvre ;
- cette probabilité est enfin 10,04
fois plus forte pour un individu ayant confiance dans les institutions
bancaires.
Au regard de ces résultats, la confiance, la richesse
et la proximité ont un impact plus élevé sur la
probabilité de détenir un compte bancaire.
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Les facteurs de l'exclusion bancaire au Cameroun
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